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CHAPITRE

1 Le corps des nombres réels

1.1 Rappels
Une proposition est l’énoncé d’une hypothèse ou supposition et d’une conclu-
sion ou conséquence d’une hypothèse.
Un axiome est une proposition évidente par elle-même.
Un postulat est une proposition qu’on admet sans démonstration.
Un théorème est une proposition qui devient évidente à l’aide d’une démonstra-
tion.
Un lemme est une proposition destinée à faciliter la démonstration d’un théo-
rème.
Un corollaire est une conséquence immédiate d’un théorème déjà démontré ou
d’un postulat.

1.2 Ensembles ordonnés


Définition 1.1.
Soit E un ensemble non vide. Un ordre sur E est une relation, notée ď, qui vérifie
les propriétés :
(i) p@x P Eq px ď xq
(ii) p@x, y P Eq ppx ď yq et py ď xq ñ x “ yq
(iii) p@x, y, z P Eq ppx ď yq et py ď zq ñ x ď zq

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Définition 1.2.
On appelle ensemble ordonné tout ensemble muni d’un ordre.
Définition 1.3.
Soit E un ensemble ordonné. On associe à la relation ď les relations notées ă, ě et
ą et définies par :

@x, y P E
x ă y ô x ď y et x ‰ y
xěyôyďx
x ą y ô x ě y et x ‰ y

Définition 1.4.
Soit E un ensemble ordonné. Soit A une partie de E. On appelle majorant (resp.
minorant) de A un élément m P E tel que pour tout x P A, on ait x ď m (resp.
x ě m). S’il existe un tel élément, A est dite majorée (resp. minorée). Si m P A, il
est appelé élément maximum (resp. minimum) de A et noté max A (resp. min A). La
borne supérieure (resp. inférieure) de A est l’élément minimum (resp. maximum) de
l’ensemble des majorants (resp. minorants) de A que l’on note sup A (resp. inf A).
A est dite bornée si elle admet un majorant et un minorant.
Définition 1.5.
On dit d’un ensemble ordonné E qu’il possède l’axiome de la borne supérieure si
«toute partie non vide et majorée de E admet une borne supérieure».
Exemple 1.1.
L’ensemble ordonné Q ne possède pas l’axiome de la borne supérieure.
Théorème 1.1.
Soit E un ensemble ordonné qui possède l’axiome de la borne supérieure. Soit A une partie
non vide et minorée de E. Soit B l’ensemble de ses minorants. Alors sup B existe et on a
inf A “ sup B. Autrement dit E possède l’axiome de la borne inférieure.

1.3 Les corps


Définition 1.6.
Un corps est un ensemble E muni de deux lois de composition internes, appelées
addition et multiplication qui vérifient les axiomes suivants :
(A) Axiomes de l’addition
(A1) @x, y P E, x ` y “ y ` x

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(A2) @x, y, z P E, px ` yq ` z “ x ` py ` zq
(A3) E contient un élément neutre noté 0 : @x P E, 0 ` x “ x.
(A4) Tout x P E possède un élément symétrique noté ´x : x ` p´xq “ 0.
(M) Axiomes de la multiplication
(M1) @x, y P E, xy “ yx
(M2) @x, y, z P E, pxyqz “ xpyzq
(M3) E contient un élément neutre différent de 0 noté 1 : @x P E, 1¨ x “ x.
(M4) Tout x P E avec x ‰ 0 possède un inverse noté x´1 : xx´1 “ 1.
(D) Axiome de la distributivité
(D1) @x, y, z P E, xpy ` zq “ xy ` xz.
Remarque 1.1.
On écrira
1 x
x ´ y, , , x ` y ` z, xyz, x2, x3, x´3, . . .
y y
à la place de x`p´yq, y ´1 , xy ´1 , px`yq`z, pxyqz, xx, xxx, x´1 x´1 x´1 , . . .
On notera E ˚ l’ensemble E privé de 0.
Proposition 1.2.
@x, y, z P E, on a :
(a) x ` y “ x ` z ñ y “ z
(b) x ` y “ x ñ y “ 0
(c) x ` y “ 0 ñ y “ ´x
(d) ´p´xq “ x

Preuve.
Démontrons paq. On a : y “ 0 ` y “ ´x ` x ` y “ ´x ` x ` z “ 0 ` z “ z
Proposition 1.3.
@x P E ˚ , y, z P E, on a :
(a) xy “ xz ñ y “ z
(b) xy “ x ñ y “ 1
(c) xy “ 1 ñ y “ x´1
(d) px´1 q´1 “ x

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Preuve.
Démontrons paq. On a : y “ 1¨ y “ x´1 xy “ x´1 xz “ 1¨ z “ z

Proposition 1.4.
@x, y, z P E, on a :
(a) 0x “ 0
(b) x ‰ 0, y ‰ 0 ñ xy ‰ 0
(c) p´xqy “ ´pxyq “ xp´yq
(d) p´xqp´yq “ xy

Preuve.
Démontrons paq. On a : 0x “ p0 ` 0qx “ 0x ` 0x. D’où 0x “ 0, d’après la
proposition (1.2)pbq.
Démontrons pbq. On a : xy “ 0 ñ xy “ x0 d’après ce qui précède. D’où y “ 0
d’après la proposition (1.3)paq.
Démontrons pcq. On a : p´xqy ` xy “ p´x ` xqy “ 0y “ 0, xp´yq ` xy “
xp´y ` yq “ x0 “ 0.
D’où p´xqy “ ´pxyq “ xp´yq.
Démontrons pdq. On a : p´xqp´yq ` p´pxyqq “ p´xqp´yq ` p´xqy “ p´xqp´y `
yq “ 0.
D’où p´xqp´yq “ xy.

Définition 1.7.
Un corps ordonné E est un corps muni d’un ordre tel que :
(i) @x, y, z P E, x ď y ñ x ` z ď y ` z
(ii) @x, y P E, x, y ě 0 ñ xy ě 0
Les éléments x tels que x ě 0 sont dits positifs et les éléments x tels que x ď 0
sont dits négatifs.
Proposition 1.5.
@x, y, z P E,
(a) x ě 0 ñ ´x ď 0
(b) x ě 0 et y ď z ñ xy ď xz
(c) x ď 0 et y ď z ñ xy ě xz
(d) x ‰ 0 ñ x2 ą 0. En particulier, 1 ą 0
(e) 0 ă x ď y ñ 0 ă y ´1 ď x´1

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1.4 Corps des nombres réels
On appelle corps des nombres réels l’ensemble R des nombres réels muni de
l’addition `, de la multiplication ˆ, de la relation d’ordre ď, vérifiant :
(1) L’axiome de la borne supérieure : toute partie non vide et majorée de R admet
une borne supérieure.
(2) pR, `q est un groupe commutatif (ou abélien).
(3) La multiplication est distributive par rapport à l’addition.
(4) pR˚ , ˆq est un groupe commutatif.
(5) pR˚ , `, ˆ, ďq est totalement ordonné :
(i) @a, b P R, a ď b ou b ď a.
(ii) @a, b, c P R, a ď b ùñ a ` c ď b ` c
(iii) @a, b P R, c P R` , a ď b ùñ ac ď bc
Nous désignerons par R` (resp. R˚` , R´ , R˚´ ) l’ensemble des réels tels que x ě 0
(resp. x ą 0, x ď 0, x ă 0).
Théorème 1.6.
(i) R est additivement archimédien, i.e., @a, b P R˚` , Dn P N { na ą b.
(ii) R est multiplicativement archimédien, i.e., @a, b ą 1, Dn P N { an ą b.
Théorème 1.7.
@a P R, Dq P Z { q ď a ă q ` 1.
L’entier relatif q est appelé partie entière de a et noté Epaq ou ras.
Théorème 1.8 (Caractérisation de la borne supérieure et de la borne inférieure).
Soit A une partie de R.
(i) M “ sup A ðñ M est un majorant de A et pour tout ε ą 0, il existe x P A tel
que M ´ ε ă x.
(ii) m “ inf A ðñ m est un minorant de A et pour tout ε ą 0, il existe x P A tel que
m ` ε ą x.
On appelle valeur absolue d’un nombre réel x P R l’élément maximum de la
paire tx, ´xu que l’on note |x|.
Théorème 1.9.
(i) |x| “ 0 ðñ x “ 0.

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(ii) |x| “ x si x ě 0 et |x| “ ´x si x ď 0.
(iii) | ´ x| “ |x|.
(iv) |x|2 “ x2 .
(v) x ď |x| et ´x ď |x|.
(vi) |x| ď r ðñ ´r ď x ď r.
(vii) |xy| “ |x||y|.
(viii) |x ` y| ď |x| ` |y|.
(ix) ||x| ´ |y|| ď |x ´ y|.
Soient a, b P R. On appelle intervalle fermé d’origine a et d’extrémité b, noté ra, bs,
l’ensemble des x P R tel que a ď x ď b. Soient a, b P R { a ă b. On appelle intervalle
ouvert (resp. semi-ouvert à droite, semi-ouvert à gauche) d’origine a et d’extrémité
b, noté pa, bq (resp. ra, bq, pa, bs), l’ensemble des x P R qui vérifient la propriété
a ă x ă b (resp. a ď x ă b, a ă x ď b). L’ensemble R (resp. R` , R˚` , R´ , R˚´ )
est un intervalle ouvert (resp. fermé, ouvert, fermé, ouvert) noté p´8, `8q (resp.
r0, `8q, p0, `8q, p´8, 0s, p´8, 0q).

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CHAPITRE

2 Suites numériques

Une suite numérique est une application de N dans R notée pxn q, où xn est
la valeur de cette application en n. Le nombre xn est appelé terme général de la
suite pxn q. Une suite sera dite tronquée si son terme général n’est défini qu’à partir
d’une certaine valeur de n, soit pour n ě n0 . Par exemple, le terme général de la
suite p1{nq n’est défini que pour n ě 1.
Une suite numérique pxn q est dite majorée (resp. minorée, bornée) s’il existe
m P R tel que @n P N, xn ď m (resp. xn ě m, |xn | ď m). Par exemple, la suite pnq
est minorée par 0, la suite p1 ´ nq est majorée par 1 et la suite p1 ´ 1{nq est bornée
par 1.
Une suite numérique est dite croissante (resp. strictement croissante, décrois-
sante, strictement décroissante) si p@n P Nqpxn ď xn`1 q (resp. xn ă xn`1 , xn ě xn`1 ,
xn ą xn`1 ). Elle est dite monotone si elle est croissante ou décroissante. Elle est dite
strictement monotone si elle est strictement décroissante ou strictement croissante.

2.1 Suites convergentes


Une suite pxn q de nombres réels est dite convergente s’il existe l P R tel que
@ε ą 0, il existe r P N tel que n ą r ñ |xn ´ l| ă ε. S’il n’existe pas un tel nombre,
la suite est dite divergente. Notons bien que l’entier r est fonction du nombre ε.
Théorème 2.1.
Le nombre l, s’il existe, est unique.
On l’appelle limite de la suite pxn q et on le note lim xn ou simplement lim xn .
nÑ`8

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Théorème 2.2.
Toute suite convergente est bornée.
Théorème 2.3.
Soit pxn q une suite numérique qui converge vers un nombre réel x. Soit b P R.
(i) Si x ă b, alors il existe r P N tel que n ě r ñ xn ă b.
(ii) Si x ą b, alors il existe r P N tel que n ě r ñ xn ą b.
(iii) S’il existe r P N tel que @n ě r, xn ă b alors x ď b.
(iv) S’il existe r P N tel que @n ě r, xn ą b alors x ě b.
Théorème 2.4.
(i) pxn q converge vers x si, et seulement si, p|xn ´ x|q converge vers 0.
(ii) Si pyn q converge vers 0 et s’il existe n0 P N tel que n ě n0 ñ |xn ´ x| ă |yn |, alors
pxn q converge vers x.
Théorème 2.5 (Opérations algébriques).
Soient pxn q et pyn q deux suites numériques qui convergent respectivement vers x et y.
(i) p|xn |q converge vers |x|.
(ii) pxn ` yn q converge vers x ` y.
(iii) pxn ´ yn q converge vers x ´ y.
(iv) @c P R, pcxn q converge vers cx.
(v) pxn yn q converge vers xy.
(vi) pxn {yn q converge vers x{y, pourvu que y ‰ 0.
Lemme 2.6.
Soient pxn q et pyn q deux suites numériques qui convergent vers 0. Alors
(i) pxn ´ yn q converge vers 0
(ii) @c P R, pcxn q converge vers 0.
Une suite numérique pxn q tend vers `8 (resp. ´8, 8) quand n tend vers `8
lorsque pour tout A ą 0, il existe r P N tel que n ě r ñ xn ą A(resp. xn ă A, |xn | ą
Aq.
Théorème 2.7.
(i) Toute suite croissante converge vers sa borne supérieure si elle est majorée, sinon,
elle tend vers `8 lorsque n tend vers `8.
(ii) Toute suite décroissante converge vers sa borne inférieure si elle est minorée, sinon,
elle tend vers ´8 lorsque n tend vers `8.

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2.2 Suites adjacentes. Intervalles emboîtés
Deux suites pxn q et pyn q sont dites adjacentes si l’une est croissante, l’autre
décroissante et si leur différence converge vers 0.
Théorème 2.8.
Si pxn q et pyn q sont deux suites adjacentes telles que pxn q est croissante et pyn q est décrois-
sante, alors @n P N, xn ď yn .
Théorème 2.9.
Deux suites adjacentes convergent vers la même limite.
Une suite d’intervalles pIn q est dite croissante (respectivement décroissante) si
on a
@n P N, In Ď In`1 (resp. In Ě In`1 ). On appelle suite d’intervalles emboîtés toute
suite décroissante pran , bn sq d’intervalles fermés bornés de R, avec @n P N, an , bn P
R. Le nombre bn ´ an est appelé longueur de l’intervalle d’origine an et d’extrémité
bn .
Théorème 2.10.
L’intersection d’une suite d’intervalles emboîtés dont la longueur converge vers 0 est un
singleton.

2.3 Droite achevée R̄


On appelle droite achevée la réunion de l’ensemble R avec la paire t´8, `8u
qui satisfait aux propriétés suivantes :
(i) @x P R, x ` p`8q “ p`8q ` x “ `8
(ii) @x P R, x ` p´8q “ p´8q ` x “ ´8
(iii) @x P R˚` , x ˆ `8 “ `8 ˆ x “ `8
(iv) @x P R˚` , x ˆ ´8 “ ´8 ˆ x “ ´8
(v) @x P R˚´ , x ˆ `8 “ `8 ˆ x “ ´8
(vi) @x P R˚´ , x ˆ ´8 “ ´8 ˆ x “ `8
(vii) `8 ` p`8q “ `8; `8 ˆ `8 “ `8
(viii) ´8 ` p´8q “ ´8; ´8 ˆ ´8 “ `8
(ix) ´8 ˆ `8 “ ´8

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2.4 Valeurs d’adhérence. Suites extraites
Soient pun q une suite à valeurs dans R̄ et a P R. On dit que a est une valeur
d’adhérence de pun q si :
p@ε ą 0q p@p P Nq pDn ě pq pun P pa ´ ε, a ` εqq.
On dit que `8 est une valeur d’adhérence de pun q si :
p@A ą 0q p@p P Nq pDn ě pq pun P pA, `8qq.
On dit que ´8 est une valeur d’adhérence de pun q si :
p@A ą 0q p@p P Nq pDn ě pq pun P p´8, ´Aqq.
Une suite pvk q est dite extraite (ou sous-suite) de la suite pun q`à l’aide d’une ˘
application strictement croissante ρ : N Ñ N, k ÞÑ nk si p@k P Nq vk “ uρpkq . La
suite pvk q est alors notée puρpkq qkPN ou punk qkPN . L’application ρ vérifie la propriété
p@k P Nq pnk “ ρpkq ě kq que l’on peut démontrer par récurrence.
Proposition 2.11.
Soient pun q une suite à valeurs dans R̄ et a P R̄. Les assertions suivantes sont équivalentes :
(i) a est une valeur d’adhérence.
(ii) Il existe une suite extraite de pun q qui converge vers a.

2.5 Limites inférieures. Limites supérieures


Soient pun q une suite à valeurs dans R̄. On définit les suites pvp q et pwp q par vp “
inf un et wp “ sup un . La suite pvp q est croissante et la suite pwp q est décroissante.
něp něp
Ces deux suites convergent dans R̄.
On appelle limite inférieure (resp. supérieure) de la suite pun q la limite dans R̄
de la suite pvp q (resp. pwp q) notée limun (resp. limun ).
On a limun “ lim pinf un q “ sup inf un , limun “ lim psup un q “ inf sup un
pÑ`8 něp pě0 něp pÑ`8 něp pě0 něp

Proposition 2.12.
(i) limun ď limun
(ii) limun et limun sont respectivement la plus petite et la plus grande des valeurs
d’adhérence.
(iii) Il existe une suite extraite de pun q qui converge vers limun (resp. limun ).
(iv) pun q converge dans R̄ si, et seulement si, limun “ limun .

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(v) pun q et pvn q sont deux suites dans R̄ et k P R, on a : lim pun ` vn q ď limun ` limvn
dès que le second membre a un sens. limkun “ klimun si k ě 0 et limkun “ klimun
si k ă 0. lim pun ` vn q ě limun ` limvn dès que le premier membre a un sens.
limkun “ klimun si k ě 0 et limkun “ klimun si k ă 0

2.6 Suites de Cauchy.


Une suite pxn q de nombres réels est dite de Cauchy si pour tout ε ą 0, il existe
r P N tel que p ą q ě r ñ |xp ´ xq | ă ε.
Théorème 2.13.
Toute suite de Cauchy est bornée.
Une partie A de R est supposée contenir une infinité de termes de la suite pxn q
lorsque l’ensemble tn|xn P Au est infini. Elle est supposée contenir presque tous
les termes ou bien tous les termes de la suite à partir d’un certain rang lorsque
l’ensemble tn|xn R Au est fini.
Théorème 2.14 (Bolzano-Weierstrass (BW)).
De toute suite bornée de nombres réels, on peut extraire une suite convergente.
Théorème 2.15 (Critère de Cauchy).
Une suite numérique converge si, et seulement si, elle est de Cauchy.

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CHAPITRE

3 Limites. Continuité

3.1 Limites
Soit I un intervalle, x0 P I, f une fonction réelle définie sur I sauf peut-être en
x0 . On dit que f admet pour limite (resp. limite à gauche, limite à droite) au point
x0 le nombre réel l, et on note lim f pxq “ l (resp. lim` f pxq “ l, lim´ f pxq “ l)
xÑx0 xÑx0 xÑx0
lorsque pour tout ε ą 0, il existe α ą 0 tel que
x P I et 0 ă |x ´ x0 | ă α (resp. x0 ´ α ă x ă x0 , x0 ă x ă x0 ` α) ñ |f pxq ´ l| ă ε.
La limite à droite (resp. à gauche) de f en x0 est notée f px0 ` 0q (resp. f px0 ´ 0q).
Une fonction f est dite réglée sur ra, bs si elle admet une limite à droite en tout
point de ra, bq et une limite à gauche en tout point de pa, bs.
Exemple 3.1.
Montrer que la fonction f pxq “ |x|Ep1{|x|q admet pour limite en 0 le nombre 1.
Théorème 3.1.
Les deux propositions suivantes sont équivalentes :
(i) lim f pxq “ l
xÑx0

(ii) f px0 ` 0q “ f px0 ´ 0q “ l


Théorème 3.2.
(i) f admet l pour limite en x0 si, et seulement si, |f pxq ´ l| admet 0 pour limite en x0 .
(ii) Si g admet 0 pour limite en x0 et s’il existe γ ą 0 tel que
x P I et 0 ă |x ´ x0 | ă γ ñ |f pxq ´ l| ă |gpxq|, alors f admet l pour limite en x0 .

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Théorème 3.3 (Opérations algébriques).
Soient f et g deux fonctions numériques admettant pour limites en x0 l et l1 , respective-
ment.
(i) |f pxq| admet |l| pour limite en x0 .
(ii) f pxq ` gpxq admet l ` l1 pour limite en x0 .
(iii) f pxq ´ gpxq admet l ´ l1 pour limite en x0 .
(iv) @c P R, cf pxq admet cl pour limite en x0 .
(v) f pxqgpxq admet ll1 pour limite en x0 .
(vi) f pxq{gpxq admet l{l1 pour limite en x0 , pourvu que l1 ‰ 0.
Lemme 3.4.
Soient f et g deux fonctions numériques admettant 0 pour limites en x0 .
(i) f pxq ` gpxq admet 0 pour limite en x0 .
(ii) @c P R, cf pxq admet 0 pour limite en x0 .
On dit que f tend vers `8 (resp. ´8, 8) quand x tend vers x0 , et on note
lim f pxq “ `8 (resp. lim f pxq “ ´8, lim f pxq “ 8), lorsque pour tout A ą 0,
xÑx0 xÑx0 xÑx0
il existe α ą 0 tel que x P I et 0 ă |x ´ x0 | ă α impliquent f pxq ą A (resp.
f pxq ă ´A, |f pxq| ą A ).
Si I “ R, on dit que f tend vers l P R (resp. `8, ´8, 8) quand x tend vers `8
(resp. ´8, 8) lorsque @ε ą 0 (resp. @A ą 0), il existe B ą 0 tel que x ą B (resp.
x ă ´B, |x| ą B ) ñ |f pxq ´ l| ă ε (resp. f pxq ą A, f pxq ă ´A, |f pxq| ą A).
Exemple 3.2.
La fonction f pxq “ x{px ` 1q tend vers 1 quand x tend vers 8.
Exemple 3.3.
La fonction f pxq “ x3 {px2 ` 1q tend vers 8 quand x tend vers 8.
Exemple 3.4.
La fonction f pxq “ ex {x tend vers 8 quand x tend vers 0.
Théorème 3.5.
f admet pour limite en x0 le nombre l si, et seulement si, pour toute suite pyn q d’éléments
de Iztx0 u convergeant vers x0 , la suite pf pyn qq converge vers l.

3.2 Continuité
Une fonction numérique f définie sur un intervalle ouvert I est dite continue
en un point x0 de I si elle admet f px0 q pour limite en ce point. Ce qui signifie que

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pour tout ε ą 0, il existe α ą 0 tel que x P I et |x ´ x0 | ă α ñ |f pxq ´ f px0 q| ă ε.
Elle est dite discontinue dans le cas contraire. Elle est dite continue à droite (resp.
à gauche) au point x0 si elle admet f px0 q pour limite à droite (resp. à gauche). On
dit que f présente une discontinuité de première espèce en x0 si les limites à droite
et à gauche existent et sont distinctes. Le nombre f px0 ` 0q ´ f px0 ´ 0q est appelé
saut de discontinuité de f au point x0 .
La fonction f est dite continue sur I si elle est continue en tout point de I. Elle
est dite continue sur un intervalle fermé borné ra, bs, a, b P R, si elle est continue
sur pa, bq, continue à droite en a et continue à gauche en b. Elle est dite continue
par morceaux sur un intervalle d’origine a et d’extrémité b s’il existe une suite
finie pxk q0ďkďn strictement croissante, avec
a “ x0 ă x1 ă ¨ ¨ ¨ ă xn´1 ă xn “ b, telle que la restriction de f à pxk´1 , xk q soit
continue et f pxk´1 ` 0q, f pxk ´ 0q existent pour tout 1 ď k ď n, f est dite réglée
continue par morceaux. Lorsque la restriction de f à pxk´1 , xk q est affine, i.e., de
la forme αx ` β, elle est dite affine par morceaux. Elle est dite en escalier si sa
restriction à pxk´1 , xk q est constante.
Exemple 3.5.
La fonction f pxq “ x|x| est continue sur R.
Exemple 3.6.
La fonction f pxq “ x{|x| présente une discontinuité de première espèce en 0.
Exemple 3.7.
La fonction $
&Epxq, 0 ď x ď 3

f pxq “ x, xă0

%x ´ 3, x ą 3

est affine sur R` et en escalier sur r0, 3s.


Corollaire 3.6.
f est continue en x0 si, et seulement si, pour toute suite pyn q d’éléments de I qui converge
vers x0 , la suite pf pyn qq converge vers f px0 q.

Preuve.
Résulte du théorème (3.5).

Théorème 3.7.
Soient a, b P R. Si f est une fonction continue sur ra, bs et vérifiant f paqf pbq ă 0, alors il
existe c P pa, bq tel que f pcq “ 0.

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Corollaire 3.8 (Théorème des valeurs intermédiaires).
Si f est une fonction continue sur ra, bs, alors pour tout γ P pf paq, f pbqq, il existe c P pa, bq
tel que γ “ f pcq.

Preuve.
Appliquer le théorème (3.7) à la fonction gpxq “ f pxq ´ γ.

Théorème 3.9.
Si f est une fonction de I dans R admettant une limite y0 au point x0 P I et si g est
continue en y0 , alors

lim gpf pxqq “ gp lim f pxqq “ gpy0 q.


xÑx0 xÑx0

Corollaire 3.10.
La composée de deux fonctions continues est continue.
La fonction f est dite majorée (resp. minorée, bornée) sur une partie X de
R si l’ensemble f pXq “ tf pxq|x P Xu est majoré (resp. minoré, borné). Lorsque
f est majorée (resp. minorée) sur X, la borne supérieure (resp. inférieure ) de
f pXq est appelée borne supérieure (resp. inférieure) de f sur X et notée sup f pxq
xPX
(resp. inf f pxq) ou simplement sup f pxq (resp. inf f pxq). On dit que f présente un
xPX
maximum (resp. un minimum) absolu en un point a de X si f paq “ sup f pxq (resp.
xPX
f paq “ inf f pxq). Ce maximum (resp. minimum) est dit strict si @x P X, f pxq ă f paq
xPX
(resp. f pxq ą f paq). On dit que f présente un maximum (resp. un minimum)
relatif en un point a de X s’il existe un intervalle ouvert I contenant a tel que
@x P I X X, f pxq ď f paq (resp. f pxq ě f paq). Les minima et maxima (relatifs ou
absolus) sont appelés extrema de f .
Théorème 3.11.
Soient a, b P R. Si f est une fonction continue sur ra, bs, alors f est bornée et f atteint sur
ra, bs sa borne supérieure et sa borne inférieure. Autrement dit il existe c, d P ra, bs tels
que f pcq “ inf f pxq et
xPra,bs
f pdq “ sup f pxq.
xPra,bs

Une fonction f est dite croissante (resp. strictement croissante, décroissante,


strictement décroissante) sur une partie X de R si pour tous x, y P X, on a x ă
y ñ f pxq ď f pyq(resp. f pxq ă f pyq, f pxq ě f pyq, f pxq ą f pyq).
Elle est dite monotone sur X si elle est croissante ou décroissante et strictement
monotone si elle est strictement croissante ou strictement décroissante.

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Théorème 3.12.
Soient a, b P R. Toute fonction f monotone sur ra, bs est réglée.
Théorème 3.13.
Soient a, b P R et f une fonction continue sur ra, bs. Alors f est injective si, et seulement
si, f est strictement monotone.
Théorème 3.14.
Soit I un intervalle de R et f une fonction numérique monotone sur I. Si f pIq est un
intervalle, alors f est continue sur I.
Théorème 3.15.
Si f est une bijection continue d’un intervalle I sur un intervalle J “ f pIq, sa réciproque
est continue sur J.
Une fonction f est dite uniformément continue sur un ensemble A si, pour tout
ε ą 0, il existe α ą 0 tel que x, y P A et |y ´ x| ă α impliquent |f pyq ´ f pxq| ă ε
Théorème 3.16.
Toute fonction uniformément continue est continue
Théorème 3.17.
Toute fonction f continue sur ra, bs est uniformément continue

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CHAPITRE

4 Dérivabilité

4.1 Dérivées
Une fonction numérique f définie sur un intervalle I est dite dérivable en un
point x0 de I si la fonction

f pxq ´ f px0 q
ϕx0 : x ÞÑ
x ´ x0

admet une limite en x0 notée f 1 px0 q et appelé nombre dérivé de f en x0 ou simple-


ment dérivée de f en x0 . Elle est dite dérivable à droite (resp. à gauche) en x0 si
ϕx0 admet une limite à droite (resp. à gauche) en x0 notée fd1 px0 q (resp. fg1 px0 q). Elle
est dite dérivable sur I si elle est dérivable en tout point de I.
Exemple 4.1.
Etudier la dérivabilité de
#
x, xą1
f pxq “
2 ´ x, x ď 1

Théorème 4.1.
Une fonction dérivable en x0 est nécessairement continue en x0 .
Théorème 4.2 (Opérations algébriques).
Si f et g sont deux fonctions dérivables en x0 , alors il en est de même de αf ` βg, pour
tous α, β P R, de f g et de f {g, pourvu que gpx0 q ‰ 0, et on a

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(i) pαf ` βgq1 “ αf 1 ` βg 1 .
(ii) pf gq1 “ f 1 g ` f g 1 .
(iii) pf {gq1 “ pf 1 g ´ f g 1 q{g 2 .
Théorème 4.3.
Si f est une fonction dérivable en x0 et g une fonction dérivable en y0 “ f px0 q, alors g ˝ f
est une fonction dérivable en x0 et on a

pg ˝ f q1 px0 q “ g 1 pf px0 qqf 1 px0 q.

Théorème 4.4.
Si f est une bijection d’un intervalle I sur un intervalle J, dérivable en x0 tel que
f 1 px0 q ‰ 0, alors sa réciproque f ´1 est dérivable en y0 “ f px0 q et on a pf ´1 q1 py0 q “
1 1
“ .
f 1 ˝ f ´1 py0 q f 1 px0 q
Théorème 4.5 (Condition d’extrema).
Si f est une fonction dérivable sur un intervalle ouvert I et si f présente un extremum en
x0 P I, alors f 1 px0 q “ 0.

4.2 Théorème de Rolle et ses applications


Théorème 4.6 (Rolle).
Soient a, b P R. Si f est continue sur ra, bs, dérivable sur pa, bq et vérifie f paq “ f pbq,
alors il existe c P pa, bq tel que f 1 pcq “ 0.
Théorème 4.7 (Accroissements finis).
Soient a, b P R. Si f est continue sur ra, bs et dérivable sur pa, bq, alors il existe c P pa, bq
tel que f pbq “ f paq ` pb ´ aqf 1 pcq.
Théorème 4.8 (Accroissements finis généralisés).
Soient a, b P R. Si f et g sont continues sur ra, bs, dérivables sur pa, bq, alors il existe
c P pa, bq tel que pf pbq ´ f paqqg 1 pcq “ f 1 pcqpgpbq ´ gpaqq.
Théorème 4.9 (Règle de l’Hospital).
Soient a, b P R, f et g deux fonctions continues sur ra, bs, dérivables sur pa, bq et vérifiant
f paq “ gpaq “ 0. On suppose par ailleurs que g 1 ne s’annule pas sur pa, bq. Alors si
f 1 pxq{g 1 pxq admet une limite en a, il en est de même de f pxq{gpxq et on a

f pxq f 1 pxq
lim “ lim 1 .
xÑa gpxq xÑa g pxq

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Cette conclusion reste valable lorsqu’on remplace l’hypothèse f paq “ gpaq “ 0 par
lim f pxq “ lim gpxq “ 8.
xÑa xÑa

Si f est une fonction dérivable sur I, on appelle dérivée seconde de f au


point x0 P I, et on note f 2 px0 q, la dérivée, si elle existe, de la fonction dérivée
f 1 : x ÞÑ f 1 pxq. Pour tout n ě 1, on définit ainsi, par récurrence, la dérivée d’ordre
n de f au point x0 , notée f pnq px0 q, comme étant la dérivée, lorsqu’elle existe, de la
fonction dérivée d’ordre n ´ 1 de f au point x0 : f pnq px0 q “ pf pn´1q q1 px0 q. On pose,
par convention, f p0q “ f.
La fonction f est dite indéfiniment dérivable en un point x0 , si pour tout
n P N, f pnq px0 q existe. Elle est dite de classe C n sur une partie A de R si la fonction
x ÞÑ f pnq pxq est continue sur A. Elle est dite de classe C 8 sur A si elle est indéfini-
ment dérivable sur A.

Théorème 4.10 (Formule de Taylor-Lagrange d’ordre n).


Soient a, b P R. Si f est une fonction de classe C n sur l’intervalle ra, bs et si f admet une
dérivée d’ordre n ` 1 sur pa, bq, alors il existe c P pa, bq tel que
n
ÿ pb ´ aqk pb ´ aqn`1
f pbq “ f paq ` f pkq paq ` f pn`1q pcq .
k“1
k! pn ` 1q!

Remarque 4.1.
La formule de Taylor-Lagrange peut être mis sous la forme
n
ÿ
pkq pb ´ aqk pn`1q pb ´ aqn`1
f pbq “ f paq ` f paq `f pa ` pb ´ aqθq . où 0 ă θ ă 1.
k“1
k! pn ` 1q!
Quand on remplace a par 0 et b par x, on obtient la formule de Mac-Laurin
n
ÿ
pkq xk pn`1q xn`1
f pxq “ f p0q ` f p0q ` f pxθpxqq . où 0 ă θpxq ă 1.
k“1
k! pn ` 1q!

Si f est une fonction dérivable jusqu’à l’ordre n au point a, la fonction polyno-


miale n
ÿ f pkq paq
Pn pxq “ f paq ` px ´ aqk est appelée développement de Taylor d’ordre
k“1
k!
n de f au point a. On dit que f est développable en série de Taylor au voisi-
nage de a s’il existe un intervalle ouvert J contenant a tel que, pour tout x P J,
lim Pn pxq “ f pxq.
nÑ`8

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4.3 Développement limité
Développer f à l’ordre n au voisinage d’un point x0 , c’est écrire f sous la forme
n
ÿ
f pxq “ ak px´aqk `px´x0 qn εpx´x0 q où εptq est une fonction telle que lim εptq “ 0.
tÑ0
k“0
n
ÿ
Le polynôme Pn pxq “ ak px ´ aqk est appelé développement limité d’ordre n de
k“0
f au voisinage de x0 .
Exemple 4.2.
Développer au voisinage de 0 les fonctions suivantes, à l’ordre indiqué :
A l’ordre n : ex , lnp1 ` xq, p1 ` xqα .
A l’ordre 2n : sin x, cos x.
Théorème 4.11.
Si f admet un développement limité d’ordre n au voisinage de x0 , il est unique.
Théorème 4.12.
Si f admet pour développement limité d’ordre n ě 1 au voisinage de l’origine le polynôme

Pn pxq “ a0 ` a1 x ` ¨ ¨ ¨ ` an xn ,

alors, pour m ă n, elle admet un développement limité d’ordre m au voisinage de l’origine


donné par
Pm pxq “ a0 ` a1 x ` ¨ ¨ ¨ ` am xm .

Preuve. ˜ ¸
n´m
ÿ
f pxq “ Pm pxq ` xm am`i xi ` xn´m εpxq .
i“1

Théorème 4.13.
Si f est une fonction paire (resp. impaire) admettant un développement limité au voisinage
de l’origine, ce développement ne contient que des puissances paires (resp. impaires).
Théorème 4.14.
Soit I un intervalle ouvert de R contenant l’origine, f et g deux fonctions réelles d’une
variable réelle définies sur I et admettant des développements limités d’ordre n ě 1 au
voisinage de l’origine. Alors les fonctions f ` g et f g admettent des développements limités
d’ordre n en ce point, et il en est de même de f {g si g ne s’annule pas sur I :
(i) le développement limité de f ` g est la somme des développements limités de f et g.

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(ii) le développement limité de f g s’obtient en gardant uniquement les termes d’ordre
inférieur ou égal à n du produit des développements limités de f et g.
(iii) le développement limité de f {g s’obtient en effectuant une division suivant les
puissances croissantes, jusqu’à l’ordre n, du développement limité de f par le déve-
loppement limité de g.
Théorème 4.15.
Soit I et J deux intervalles ouverts contenant l’origine, f une fonction numérique définie
de I dans J, admettant au voisinage de l’origine un développement limité d’ordre n ě 1,
noté Pn . Soit g une fonction numérique définie sur J et admettant au voisinage de l’origine
un développement limité d’ordre n ě 1, noté Qn . Si f est nulle à l’origine, la fonction
g ˝ f admet le même développement limité d’ordre n que le polynôme Qn ˝ Pn , obtenu en
conservant uniquement ses termes d’ordre inférieur ou égal à n.
Théorème 4.16.
Si f 1 pxq admet un développement limité d’ordre n ´ 1 au voisinage de 0 donné par
n´1
ÿ
Pn´1 pxq “ ak x k ,
k“0

alors f pxq admet un développement limité d’ordre n au voisinage de 0 donné par


n´1
ÿxk`1
Pn pxq “ f p0q ` ak
k“0
k`1

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CHAPITRE

Intégrale de Riemann et ses


5 applications

5.1 Intégrale d’une fonction en escalier


Soit I “ ra, bs un intervalle fermé borné de R. On appelle subdivision, ou
partage, de I toute suite finie et strictement croissante d’éléments de I dont le
premier terme est a et le dernier b. Une subdivision σ “ pa “ x0 ă x1 ă ¨ ¨ ¨ ă
xn´1 ă xn “ bq détermine n sous-ensembles rxk´1 , xk s1ďkďn de I appelés intervalles
de la subdivision et le nombre h “ suppxk ´ xk´1 q appelé pas de la subdivision. A
k
chaque subdivision σ “ pa “ x0 ă x1 ă ¨ ¨ ¨ ă xn´1 ă xn “ bq, faisons correspondre
l’ensemble
S “ txk | 0 ď k ď nu de ses éléments. Réciproquement, à chaque partie finie S
de I contenant a et b, on peut associer une subdivision σ, obtenue en rangeant
ses éléments dans l’ordre naturel de R. Soient σ et σ 1 deux subdivisions de I. La
subdivision σ 1 est dite plus fine que σ, ou consécutive à σ, si les ensembles S et
S 1 , respectivement associés à σ et σ 1 , vérifient la relation S Ă S 1 . Dans ce cas, la
subdivision σ est dite moins fine que σ 1 . On appelle réunion des subdivisions σ et
σ 1 , la subdivision σ 2 obtenue en rangeant, dans l’ordre naturel de R, les éléments
de la réunion des ensembles S et S 1 , respectivement associés à σ et σ 1 . Rappelons
qu’une fonction f est dite en escalier sur l’intervalle fermé borné I s’il existe une
subdivision
σ “ pa “ x0 ă x1 ă ¨ ¨ ¨ ă xn´1 ă xn “ bq telle que sa restriction à pxk´1 , xk q soit
constante. Une telle subivision est dite associée à f .
Théorème 5.1.

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Pour chaque subdivision σ “ pa “ x0 ă x1 ă ¨ ¨ ¨ ă xn´1 ă xn “ bq associée à f ,
n
ÿ
soit Ipf, σq “ pxk ´ xk´1 qfk , où fk désigne la valeur constante de f sur l’intervalle
k“1
ouvert pxk´1 , xk q. Alors le nombre Ipf, σq ne dépend que de f et non du choix de la
subdivision σ associée à f .
Le nombre Ipf, σq du théorème (5.1) est appelé intégrale de f sur I et noté
ż żb
f pxqdx ou f pxqdx.
I a
Théorème 5.2.
Si c P pa, bq, alors f est en escalier sur chacun des intervalles ra, cs et rc, bs et on a :
żb żc żb
f pxqdx “ f pxqdx ` f pxqdx.
a a c

Théorème 5.3.
Si
ż f et g sont en escalier
ż sur I et α, βż P R, alors αf ` βg est en escalier sur I et on a :
b b b
pαf ` βgqdx “ α f pxqdx ` β gpxqdx.
a a a
Théorème 5.4.
Si f est une fonction positive et en escalier sur I, alors son intégrale sur I est positive.
Corollaire 5.5.
Si f et g sont deux fonctions en escalier vérifiant f pxq ď gpxq sur I, alors
żb żb
f pxqdx ď gpxqdx.
a a

Théorème 5.6.
Si f est une fonction en escalier sur I, alors |f | est en escalier sur I et on a :
żb żb
| f pxqdx| ď |f pxq|dx.
a a

5.2 Fonction intégrable au sens de Riemann


Une fonction f définie sur I est dite intégrable au sens de Riemann sur I si,
pour tout ε ą 0, il existe deux fonctions φ et θ en escalier sur I telles que

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(i) @x P I, |f pxq ´ φpxq| ď θpxq ;
żb
(ii) θpxqdx ď ε.
a
Remarque 5.1.
La fonction f , étant minorée et majorée sur I par les fonctions φ ´ θ et φ ` θ, est
forcément bornée sur I.
Théorème 5.7.
Pour que f soit intégrable sur I il faut, et il suffit, qu’il existe deux suites pφn q et pθn q de
fonctions en escalier sur I telles que :
(i) @x P I, @n P N, |f pxq ´ φn pxq| ď θn pxq ;
żb
(ii) la suite de terme général εn “ θn pxqdx converge vers 0.
a

La suite pφn , θn q du théorème (5.7) est appelée suite associée à la fonction f .


Théorème ˆż 5.8.
b ˙
La suite φn pxq est de Cauchy, donc convergente, et sa limite ne dépend que de f .
a
ˆż b ˙
La limite de la suite φn pxq est appelée intégrale de f sur I et notée
a
ż żb
f pxqdx ou f pxqdx.
I a

Théorème 5.9.
Si c P pa, bq, pour que f soit intégrable sur I, il faut, et il suffit, que ses restrictions à chacun
żb żc żb
des intervalles ra, cs et rc, bs le soient ; et on a alors : f pxqdx “ f pxqdx ` f pxqdx.
a a c

Théorème 5.10.

żb żb żb
@α, β P R, pαf pxq ` βgpxqqdx “ α f pxqdx ` β gpxqdx.
a a a

Théorème 5.11.
Si f est positive, alors
żb
f pxqdx ě 0.
a

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Corollaire 5.12.
Si f pxq ď gpxq, x P R, alors
żb żb
f pxqdx ď gpxqdx.
a a

Théorème 5.13.
Si f est intégrable, alors |f | est intégrable et on a :
żb żb
| f pxqdx| ď |f pxq|dx.
a a

Corollaire 5.14.
S’il existe k P R tel que @x P I, |f pxq| ď k, alors
żb
| f pxqdx| ď kpb ´ aq.
a

Corollaire 5.15.
Si f et g sont intégrables, il en est de même des fonctions x ÞÑ suptf pxq, gpxqu et
x ÞÑ inftf pxq, gpxqu.
Théorème 5.16.
Si f et g sont intégrables, il en est de même de la fonction x ÞÑ f pxqgpxq.
Théorème 5.17.
Si f est une fonction réglée sur un intervalle fermé borné ra, bs, alors elle est intégrable
sur cet intervalle.
Théorème 5.18.
Si f est bornée sur I et intégrable sur tout intervalle rα, βs contenu dans pa, bq, alors f
est intégrable sur I.
Corollaire 5.19.
Toute fonction bornée sur ra, bs et réglée sur pa, bq est intégrable sur ra, bs.
Corollaire 5.20.
Pour que f soit intégrable sur ra, bs, il suffit que l’ensemble de ses points de discontinuité
soit fini.

5.3 Somme de Riemann


Etant donnée une subdivision σ “ pa “ x0 ă x1 ă ¨ ¨ ¨ ă xn´1 ă xn “ bq de I, n
points

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ξk P rxk´1 , xk s, on appelle somme de Riemann d’une fonction f définie sur I, le
nombre n
ÿ
Spf, σ, ξ1 , . . . , ξn q “ pxk ´ xk´1 qf pξk q.
k“1
Théorème 5.21.
Si f est intégrable au sens de Riemann, alors pour tout ε ą 0, il existe h ą 0 tel que pour
toute subdivision σ “ pa “ x0 ă x1 ă ¨ ¨ ¨ ă xn´1 ă xn “ bq de I de pas au plus égal à h
et toute suite pξk q1ďkďn de points rxk´1 , xk s, on ait
żb
|Spf, σ, ξ1, . . . , ξnq ´ f pxqdx| ď ε.
a

Corollaire 5.22.
Si σp “ pa “ xp,0 ă xp,1 ă ¨ ¨ ¨ ă xp,np q est une suite de subdivisions de I dont le pas
np
ÿ
converge vers 0, alors la somme de Riemann définie par Sp “ pxp,k ´ xp,k´1 qf pξp,k q, où
k“1
ξp,k P rxp,k´1 , xp,k s tend vers l’intégrale de f sur I lorsque p tend vers `8. En particulier
la suite n ˆ ˙
b´a ÿ b´a
Sn “ f a`k
n k“1 n
tend vers l’intégrale de f sur I lorsque n tend vers `8.

5.4 Intégrale indéfinie


Si f est intégrable sur I, on pose par convention
ża żb
f pxqdx “ ´ f pxqdx.
b a
żb żc żb
Nous avons pour tout triplet pa, b, cq la relation f pxqdx “ f pxqdx ` f pxqdx
a a c
dite de Chasles, pourvu que deux quelconques de ces intégrales existent. La
fonction F pxq définie sur I par
żx
F pxq “ f ptqdt
a

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est appelée intégrale indéfinie de f .
Théorème 5.23.
L’intégrale indéfinie de f est lipschitzienne de rapport k “ sup |f pxq|.
xPI
Théorème 5.24.
Si f est une fonction intégrable sur I, alors son intégrale indéfinie admet f px ` 0q (resp.
f px ´ 0q) pour dérivée à droite (resp. à gauche) partout où cette limite existe.
Corollaire 5.25.
Si f est intégrable sur I, son intégrale indéfinie est dérivable et admet f pxq pour dérivée
en tout point x où f est continue.

5.5 Primitive d’une fonction


On appelle primitive d’une fonction f sur I toute fonction F telle @x P I,
1
F pxq “ f pxq. Notons que si f est continue, alors son intégrale indéfinie est une
primitive de f , d’après le corollaire (5.25).
Théorème 5.26.
Si f est continue sur I et G une primitive de f , alors
żb
f pxqdx “ Gpbq ´ Gpaq.
a

On notera ż
f pxqdx

une primitive quelconque de f et

rGpxqsba

le nombre Gpbq ´ Gpaq.


Théorème 5.27.
Si φ est une fonction de classe C 1 sur I et f une fonction continue sur φpIq, alors on a la
formule de changement de variable suivante :
ż φpbq żb
f pxqdx “ f pφptqqφ1 ptqdt.
φpaq a

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Théorème 5.28.
Si f et g sont intégrables sur I, alors si g est positive, on a :
żb żb żb
m gpxqdx ď f pxqgpxqdx ď M gpxqdx. où m “ inf f pxq, M “ sup f pxq. Si,
xPI
a a a ż b xPI
par ailleurs, f est continue, alors il existe au moins un point c de I tel que f pxqgpxqdx “
żb a

f pcq gpxqdx.
a
Théorème 5.29.
Si f est continue et g continue et positive sur I, alors il existe c P pa, bq tel que
żb żb
f pxqgpxqdx “ f pcq gpxqdx.
a a

Théorème 5.30 (Première formule de la moyenne).


Pour toute fonction f continue sur ra, bs, il existe c P pa, bq tel que
żb
1
f pcq “ f pxqdx
b´a a
Théorème 5.31 (Deuxième formule de la moyenne).
Pour toute fonction f décroissante et positive sur ra, bs et toute fonction g intégrable sur
ra, bs, il existe c P ra, bs tel que
żb żc
f pxqgpxqdx “ f pa ` 0q gpxqdx
a a

5.6 Calcul de longueur, d’aire et de volume


Théorème 5.32.
Si C est la courbe représentative du graphe d’une fonction f de classe C 1 sur I, alors sa
longueur est donnée par la formule
żba
LpCq “ 1 ` f 1 pxq2 dx.
a

Théorème 5.33.
L’aire de la région plane limitée par deux fonctions f et g intégrables sur ra, bs, décrite par

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R “ tpx, yq P R2 | f pxq ď y ď gpxq, x P ra, bsu est donnée par :
żb
ApRq “ pgpxq ´ f pxqqdx.
a

Théorème 5.34.
Si S est la surface de révolution engendrée par rotation autour de l’axe des x d’une fonction
f positive et de classe C 1 sur I, alors son aire est donnée par la formule
żb a
ApSq “ 2πf pxq 1 ` f 1 pxq2 dx.
a

Théorème 5.35.
Si S est le solide engendré par rotation d’une fonction f positive et continue sur ra, bs
autour de l’axe des x, alors son volume est donné par la formule
żb
VpSq “ πf pxq2 dx.
a

Théorème 5.36.
La région plane R “ tpx, yq | x P ra, bs, f pxq ď y ď gpxqu, où pa, bq ne contient pas 0,
engendre par rotation autour de l’axe des y le solide S dont le volume est donné par la
formule
żb
VpSq “ 2πxpgpxq ´ f pxqqdx
a

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CHAPITRE

Espaces Vectoriels et
6 Applications lineaires

6.1 Espaces et sous-espaces vectoriels


Définition 6.1.
Un espace vectoriel sur un corps K ou un K-espace vectoriel E est un groupe abélien
additif muni d’une loi de composition externe pλ, xq ÞÑ λx définie de K ˆ E dans
E qui vérifie les propriétés suivantes :
(A) Axiomes de l’addition
(A1) @x, y P E, x ` y “ y ` x
(A2) @x, y, z P E, px ` yq ` z “ x ` py ` zq
(A3) E contient un élément neutre noté 0 : @x P E, 0 ` x “ x
(A4) Tout x P E possède un élément symétrique noté ´x : x ` p´xq “ 0
(M) Axiomes de la multiplication externe
(M1) @λ, µ P K, x P E, pλµq x “ λ pµxq
(M2) @λ, µ P K, x P E, pλ ` µq x “ λx ` µx
(M3) @λ P K, x, y P E, λ px ` yq “ λx ` λy
(M4) @x P E, 1x “ x
Remarque 6.1.
En général K “ R ou K “ C. Pour tout n P N˚ , l’ensemble Kn muni des lois de
composition définies pour tous x “ px1 , . . . , xn q, y “ py1 , . . . , yn q éléments de Kn
et pour tout λ P K par : x ` y “ px1 ` y1 , . . . , xn ` yn q et λx “ pλx1 , . . . , λxn q est un

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espace vectoriel. Notons que pour n “ 1, les deux lois sont les lois de composition
interne définies sur le corps K.
Définition 6.2.
Dans un K´espace vectoriel E, les éléments de E sont appelés des vecteurs et les
éléments de K des scalaires.
Définition 6.3.
Une partie non vide F d’un K´espace vectoriel E est un sous-espace de E si les
deux propiétés suivantes sont vérifiés :
(i) @x, y P F , x ` y P F
(ii) @λ P K, x P F , λx P F
Remarque 6.2.
Une partie non vide F qui vérifie la propriété piq est dite stable pour l’addition et
une partie non vide F qui vérifie la propriété piiq est dite stable pour la multiplica-
tion par un scalaire.
Proposition 6.1.
Soit pFi qiPI une famille quelconque de sous-espaces vectoriels d’un espace vectoriel E.
Alors XiPI Fi est un sous-espace vectoriel de E.
Corollaire 6.2.
Si A est une partie non vide d’un espace vectoriel E, l’intersection de tous les sous-espaces
vectoriels de E contenant A est un sous-espace vectoriel de E appelé sous-espace engendré
par A et noté xAy ou VectpAq.
Définition 6.4.
Une combinaison linéaire de vecteurs v1 , . . . , vk d’un K´espace vectoriel E est un
vecteur de E de la forme λ1 v1 ` ¨ ¨ ¨ ` λk vk avec λ1 , . . . , λk P K.
Définition 6.5.
Soit A une partie non vide d’un K´espace vectoriel E. Une combinaison linéaire de
vecteurs de A est une combinaison lineaire d’un nombre fini de vecteurs de A.
Proposition 6.3.
VectpAq est l’ensemble des combinaisons linéaires de A.
Définition 6.6.
Une famille pv1 , . . . , vk q d’éléments d’un K´espace vectoriel E est libre si

p@λ1 , . . . , λk P Kq pλ1 v1 ` ¨ ¨ ¨ ` λk vk “ 0 ñ @i, λi “ 0q .

On dit alors que les vecteurs v1 , . . . , vk sont linéairement indépendants.

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Définition 6.7.
Une famille pv1 , . . . , vk q d’éléments d’un K´espace vectoriel E est génératrice si

p@x P Eq pDλ1 , . . . , λk P Kq px “ λ1 v1 ` ¨ ¨ ¨ ` λk vk q .

Définition 6.8.
Une famille pv1 , . . . , vk q d’éléments d’un K´espace vectoriel E est libre si

p@λ1 , . . . , λk P Kq pλ1 v1 ` ¨ ¨ ¨ ` λk vk “ 0 ñ @i, λi “ 0q .

On dit alors que les vecteurs v1 , . . . , vk sont linéairement indépendants.


Définition 6.9.
Une famille pv1 , . . . , vk q d’éléments d’un K´espace vectoriel E est une base de E si
elle est à la fois libre et génératrice.
Définition 6.10.
Un K´espace vectoriel E ‰ t0u est de dimension finie si elle possède une base
dont le nombre d’éléments est fini.
Proposition 6.4.
Pour qu’un K´espace vectoriel E ‰ t0u soit de dimension finie, il faut, et il suffit qu’il
possède une famille génératrice finie. Dans ce cas toutes les bases de E ont le même nombre
d’éléments, et ce nombre est appelé la dimension de E et notée dimpEq.
Remarque 6.3.
On dira par convention que le K´espace vectoriel E “ t0u est de dimension 0.
Proposition 6.5.
Soit E un K´espace vectoriel de dimension n ě 1. Soit pv1 , . . . , vk q une famille génératrice
de E. Alors k ě n. Si k “ n, alors pv1 , . . . , vk q est une base de E. Si k ą n, il existe
1 ď i1 ă i2 ă ¨ ¨ ¨ ă in ď k tels que pvi1 , . . . , vin q soit une base de E.
Proposition 6.6.
Soit E un K´espace vectoriel de dimension n ě 1. Soit pv1 , . . . , vk q une famille libre de E.
Alors k ď n. Si k “ n, alors pv1 , . . . , vk q est une base de E. Si k ă n, il existe une famille
pvk`1 , . . . , vn q telle que pv1 , . . . , vn q soit une base de E.
Corollaire 6.7.
Soit E un K´espace vectoriel de dimension finie. Soit F un sous-espace vectoriel de E.
Alors F est de dimension finie et on a dimpF q ď dimpEq. Si dimpF q “ dimpEq, alors
F “ E.
Définition 6.11.
Le rang d’une famille pv1 , . . . , vk q de vecteurs d’un K´espace vectoriel est la di-
mension du sous-espace vectoriel xv1 , . . . , vk y.

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6.2 Somme de sous-espaces vectoriels
Définition 6.12.
Soient F et G deux sous-espaces vectoriels d’un K´espace vectoriel E. La somme
de F et G est le sous-espace vectoriel noté F ` G et défini par :

F ` G “ tx ` y | x P F, y P Gu.

Proposition 6.8.
Soient F et G deux sous-espaces vectoriels d’un K´espace vectoriel E. Alors
F ` G “ xF Y Gy.
Définition 6.13.
Deux sous-espaces vectoriels F et G d’un K´espace vectoriel E sont dits supplé-
mentaires si E “ F ` G et F X G “ t0u. Dans ce cas, on dit que E est la somme
directe de F et G et on écrit E “ F ‘ G.
Proposition 6.9.
Soient F et G deux sous-espaces vectoriels d’un K´espace vectoriel E de dimension finie.
Alors
dimpF ` Gq “ dim F ` dim G ´ dim pF X Gq.

6.3 Applications linéaires


Définition 6.14.
Soient E et F deux K´espaces vectoriels. Une application f : E Ñ F est dite
linéaire si :
(i) p@x, y P Eq pf px ` yq “ f pxq ` f pyqq
(ii) p@λ P Kq pf pλxq “ λf pxqq
Notation 6.1.
On note L pE, F q l’ensemble des applications linéaires de E dans F et L pEq
l’ensemble des applications linéaires de E dans E.
Remarque 6.4.
Si f P L pE, F q, alors f p0E q “ 0F
Vocabulaire 6.1.
Soient E et F deux K´espaces vectoriels.
— Un homomorphisme de E dans F est une application linéaire de E dans F

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— Un endomorphisme de E est une application linéaire de E dans E
— Un isomorphisme de E dans F est une application linéaire bijective de E sur
F
— Un automorphisme de E est une application linéaire bijective de E sur E
— Une forme linéaire sur E est une application linéaire de E dans K
Définition 6.15.
Soient E et F deux K´espaces vectoriels. Pour tous f, g P L pE, F q, on définit
f ` g : E Ñ F par pf ` gq pxq “ f pxq ` gpxq. Pour tous λ P K, f P L pE, F q, on
définit λf : E Ñ F par pλf q pxq “ λf pxq.
Proposition 6.10.
L’ensemble L pE, F q muni de l’addition et de la multiplication externe définies en 6.15
est un K´espace vectoriel.

6.4 Image et noyau d’une application linéaire


Définition 6.16.
Soit f P L pE, F q. L’image de f noté Im f est le sous-espace de F défini par
Im f “ tf pxq | x P Eu.
Le noyau de f noté ker f est le sous-espace de E défini par
ker f “ tx | f pxq “ 0F u.
Si E est de dimension finie, le rang de f noté rg f est la dimension de Im f .
Proposition 6.11.
Soient E et F deux K´espaces vectoriels de dimensions finies, f P L pE, F q. Alors
dim E “ dim ker f ` rg f
Proposition 6.12.
Soient E et F deux K´espaces vectoriels, f P L pE, F q. Alors f est injective si, et
seulement si ker f “ t0E u
Proposition 6.13.
Soient E et F deux K´espaces vectoriels, f P L pE, F q.
(i) Si f est injective et si pv1 , . . . , vk q est libre, alors pf pv1 q, . . . , f pvk qq est libre
(ii) Si f est surjective et si pv1 , . . . , vk q est génératrice de E, alors pf pv1 q, . . . , f pvk qq
est génératrice de F
(iii) En particulier si f est bijective, l’image par f d’une base de E est une base de F

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Corollaire 6.14.
Soient E un K´espace vectoriel, f P L pEq. Alors f est injective si, et seulement si
ker f “ t0E u si, et seulement si Im f “ E
Propriétés 6.15.
Soient E et F deux K´espaces vectoriels de dimensions finies, f P L pE, F q. Alors
(i) rg f ď dim E
(ii) f est surjective si, et seulement si rg f “ dim F
(iii) f est injective si, et seulement si rg f “ dim E
(iv) f est bijective si, et seulement si rg f “ dim E “ dim F

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CHAPITRE

7 Matrices

7.1 Opérations sur les matrices


Définition 7.1.
Une matrice d’ordre (de type ou format) pn, mq à coefficients dans K est un tableau
rectangulaire de n lignes et m colonnes que l’on note :
» fi
a11 a12 ¨ ¨ ¨ a1m
— a21 a22 ¨ ¨ ¨ a2m ffi
A “ paij q1ďiďn,1ďjďm ou A “ paij q ou A “ —
– ... .. .. ffi
. . fl
an1 an2 ¨ ¨ ¨ anm
où aij P K est l’élément de A qui se trouve à la ligne i et à la colonne j.
Notons Mn,m pKq l’ensemble des matrices d’ordre pn, mq à coefficients dans K,
Mn pKq l’ensemble des matrices carrées d’ordre n à coefficients dans K.
Définition 7.2.

1. Une matrice d’ordre pn, 1q est appelée matrice colonne d’ordre n.


2. Une matrice d’ordre p1, nq est appelée matrice ligne d’ordre n.
3. Une matrice d’ordre pn, nq est appelée matrice carrée d’ordre n.
4. Une sous-matrice ou matrice extraite est une matrice obtenue en supprimant
un certain nombre de lignes ou de colonnes.
5. La diagonale d’une matrice paij q est l’ensemble des éléments aii .

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6. Une matrice triangulaire supérieure est une matrice carrée d’ordre n telle que
aij “ 0 pour 1 ď j ă i ď n.
7. Une matrice triangulaire inférieure est une matrice carrée d’ordre n telle que
aij “ 0 pour 1 ď i ă j ď n.
8. Une matrice diagonale est une matrice carrée d’ordre n telle que aij “ 0 pour
1 ď i ‰ j ď n.
9. Une matrice tridiagonale est une matrice carrée d’ordre n de la forme :
» fi
b1 c1 0 ¨¨¨ 0
... .. ffi
—a b
— 2 2 c2 . ffi
— 0 ..
— . . .. . .. ffi
0 ffi
— . . ffi
– .. . . an´1 bn´1 cn´1 fl
0 ¨¨¨ 0 an bn

Définition 7.3.
Deux matrices A “ paij q et B “ pbij q sont égales si elles sont de même ordre et si
on a aij “ bij , @i, j.
Exemple 7.1.
Considérons
»fi
„  „  1
1 2 3 1 2 “ ‰
A“ , B“ , C “ – 2 fl , D “ 1 2 3 ,
3 2 1 2 1
3
» fi » fi » fi
1 2 3 4 5 1 0 0 0 0 2 ´1 0 0 0

— 0 2 3 4 5 ffi
ffi

— 2 2 0 0 0 ffi
ffi

— ´1 4 ´1 0 0 ffi
ffi
E“—
— 0 0 3 4 5 ffi , F “ —
ffi — 3 3 3 0 0 ffi , G “ —
ffi — 0 ´1 4 ´1 0 ffi
ffi
– 0 0 0 4 5 fl – 4 4 4 4 0 fl – 0 0 ´1 4 ´1 fl
0 0 0 0 5 5 5 5 5 5 0 0 0 ´1 3
A est une matrice d’ordre p2, 3q ; B est une matrice carrée d’ordre 2 ; C est une
matrice colonne d’ordre 3 ; D est une matrice ligne d’ordre 3 ; E une matrice
triangulaire supérieure d’ordre 5 ; F est une matrice triangulaire inférieure d’ordre
5 ; G est une matrice tridiagonale d’ordre 5.
Définition 7.4.
Soient A “ paij q et B “ pbij q deux matrices d’ordre pn, mq, λ P K. La somme de A et
B est la matrice C “ paij ` bij q d’ordre pn, mq. La matrice pλaij q d’ordre pn, mq est
appelé produit de A par le scalaire λ noté λA.

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Définition 7.5.
Soient A P Mnp pKq et B P Mpm pKq. Le produit de A par B noté AB est une matrice
d’ordre pn, mq définie par :
p
ÿ
AB “ pcij q avec cij “ aik bkj
k“1

Remarque 7.1.
Le produit de A par B n’est pas commutatif en général et n’est défini que si le
nombre de colonnes de A est égal au nombre de lignes de B.
Propriétés 7.1.
L’ensemble Mnm pKq muni de l’addition et de la multiplication par un scalaire est un
K´espace vectoriel.
La multiplication des matrices est associative, distributive à gauche et à droite par
rapport à l’addition.
Exemple 7.2.
Pour
„  „  „  „ 
1 3 3 1 15 7 5 13
A“ , B“ , on a AB “ , BA “ .
2 4 4 2 22 10 8 20

Par conséquent AB ‰ BA.


Remarque 7.2.
Un produit de deux matrices peut être nul sans qu’aucune ne le soit :
„ „  „ 
1 1 1 ´1 0 0

1 1 ´1 1 0 0

Définition 7.6.
La transposée d’une matrice A “ paij q appartenant à Mnm pKq est une matrice notée
At appartenant à Mmn pKq et dont les éléments cij sont définis par cij “ aji , @i, j.
Propriétés 7.2.
On suppose que les opérations ont un sens.
1. pA ` Bqt “ At ` B t
2. pλAqt “ λAt
3. pABqt “ B t At
` ˘t
4. At “ A

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Le rang d’une matrice
Soient A “ paij q P Mnm pKq , li “ paij q1ďjďm , cj “ paij q1ďiďn .
Notons L pAq “ xl1 , . . . , ln y le sous-espace vectoriel de Km engendré par les lignes
de A et C pAq “ xc1 , . . . , cm y le sous-espace vectoriel de Kn engendré par les
colonnes de A.
Proposition 7.3.
dim L pAq “ dim C pAq.
Définition 7.7.
Le rang de A est la dimension du sous-espace vectoriel engendré par les colonnes
de A. C’est aussi la dimension du sous-espace vectoriel engendré par les lignes de
A
Proposition 7.4.
rg A “ rg At

7.2 Matrices carrées


Définition 7.8.
La matrice identité ou matrice unité d’ordre n notée In est une matrice carrée d’ordre
n avec des 1 sur la diagonale et des 0 partout ailleurs. On peut écrire In “ pδij q où
δij est le symbole de Kronecker défini par :
#
1 si i “ j
δij “
0 si i ‰ j

Exemple 7.3.
» fi
» fi 1 0 ¨¨¨ 0
1 0 0 ..
0 ... ...
„ 
1 0 .
“ ‰ — ffi
I1 “ 1 , I2 “ , I3 “ – 0 1 0 fl , In “ —
— ffi
0 1 .. . . . . . . ffi
0 0 1 – . 0 fl
0 ¨¨¨ 0 1
Propriétés 7.5.
Pour tout A P Mnm pKq, on a In A “ AIm “ A.
Définition 7.9.
Une matrice carrée A d’ordre n est dite inversible s’il existe une matrice carrée
d’ordre n notée A´1 telle que AA´1 “ A´1 A “ In .

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Proposition 7.6.
Soit A P Mn pKq. S’il existe B P Mn pKq telle que AB “ In alors B “ A´1 .
Proposition 7.7.
Soient A, B P Mn pKq deux matrices inversibles, λ P K˚ , x, b P Mn,1 pKq. Alors
` ˘´1
1. A´1 “A
2. pABq´1 “ B ´1 A´1
` ˘t ` ˘´1
3. A´1 “ At
4. pλAq´1 “ λ´1 A´1
5. Ax “ b ñ x “ A´1 b
6. Ax “ 0 ñ x “ 0
7. rg AB “ rg B “ rg A “ rg At “ n
Définition 7.10.
Une matrice orthogonale est une matrice carrée A d’ordre n telle que AAt “ In .
Autrement dit une matrice carrée A est orthogonale si At “ A´1 .
Définition 7.11.
Une matrice symétrique est une matrice carrée A telle que At “ A.

7.3 Cordonnées et changement de base


Définition 7.12.
Soit B “ pv1 , . . . , vn q une base d’un K´espace vectoriel V et x P V tel que
x “ x1 v1 ` ¨ ¨ ¨ ` xn vn . Alors les scalaires x1 , . . . , xn sont appelés coordonnées de x
par rapport à la base B. On écrit
» fi
x1
rxsB “ px1 , . . . , xn q ou rxsB “ x1 ¨ ¨ ¨ xn ou rxsB “ – ... fl
“ ‰

xn

On écrit simplement rxsB “ x s’il n’y a pas de confusion possible.


Définition 7.13.
Soient V un K´espace vectoriel non nul, B “ pv1 , . . . , vn q et B 1 “ pv11 , . . . , vn1 q deux
bases de V . On appelle matrice de passage de B à B 1 et on note PB,B1 la matrice carrée
d’ordre n dont la colonne j est constituée des coordonnées de vj1 dans la base B.
On la notera simplement P s’il n’y a pas de confusion possible.

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Soit x P V . Notons x1 , . . . , xn ses coordonnées dans la base B et x11 , . . . , x1n ses
coordonnées dans la base B 1 .
Propriétés 7.8.
La relation entre les matrices de coordonnées de x dans les deux bases est :
» fi » 1 fi
x1 x1
– .. fl “ PB,B1 – ... fl
.
xn x1n

7.4 Matrices et applications linéaires


Définition 7.14.
Soient V et W deux K´espaces vectoriels non nuls de dimensions n, et m res-
pectivement, B “ pv1 , . . . , vn q une base de V , B 1 “ pw1 , . . . , wm q une base de W ,
f : V Ñ W une application linéaire. On appelle matrice associée à f par rapport aux
f
bases B et B 1 la matrice MB,B 1 dont la colonne j est formée par les coordonnées de
1
f pvj q dans la base B .
Proposition 7.9.
Soient V et W deux K´espaces vectoriels, B une base de V , B 1 une base de W , f une
application linéaire de V dans W , x P V , X la matrice colonne des coordonnées de x dans
la base B et Y la matrice colonne des coordonnées de f pxq dans la base B 1 . Alors, on a
f
Y “ MB,B 1X

Proposition 7.10.
Soient E, F et G trois K´espaces vectoriels non nuls de dimensions finies, B une base de
E, B 1 une base de F , B 2 une base de G, f P L pE, F q, g P L pF, Gq, x P E, X la matrice
colonne des coordonnées de x dans la base B et Y la matrice colonne des coordonnées de
f pxq dans la base B 1 , Z la matrice colonne des coordonnées de g ˝ f pxq dans la base B 2 .
Alors, on a
f g g f
Y “ MB,B 1 X et Z “ MB 1 ,B 2 Y ñ Z “ MB 1 ,B 2 MB,B 1 X

Par conséquent
g˝f g f
MB,B 2 “ MB 1 ,B 2 MB,B 1

Corollaire 7.11.
Soient E un K´espace vectoriel non nul de dimension finie, B une base de E, f P L pEq.
f
Alors f est bijective si, et seulement si MB,B est inversible et on a
´ ¯´1
f f ´1
MB,B1 “ MB,B 1

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Proposition 7.12.
Soient V et W deux K´espaces vectoriels non nuls de dimensions finies. Soient B1 , B2
deux bases de V , B11 , B21 deux bases de W , f : V Ñ W une application linéaire. Alors

MBf2 ,B1 “ PB´1


1 ,B 1 M
f
B1 ,B 1 PB1 ,B2
2 1 2 1

Corollaire 7.13.
Soient V un K´espace vectoriel non nul de dimension finie, B1 , B2 deux bases de V ,
f : V Ñ V une application linéaire. Alors

MBf2 ,B2 “ PB´1


1 ,B2
MBf1 ,B1 PB1 ,B2

7.5 Déterminants
Pour n, m P N tel que n ď m, posons vn, mw “ tn, n ` 1, . . . , mu. On note Sn
le groupe de permutations d’ordre n, autrement dit l’ensemble des bijections de
l’ensemble v1, nw sur lui-même muni de la composition des applications. Pour
σ P Sn , on pose σ “ pσp1qσp2q ¨ ¨ ¨ σpnqq.
Proposition 7.14.
Le nombre d’éléments de Sn est égal n!
Exemple 7.4.
S2 “ tp12q , p21qu, S3 “ tp123q , p312q, p231q , p213q , p132q , p321qu
Définition 7.15.
Soient i ă j deux entiers compris entre 1 et n. On dit que la paire ti, ju est en
inversion pour σ si σ piq ą σ pjq.
Une permutation est dite paire si elle présente un nombre pair d’inversions,
impaire sinon.
La signature d’une permutation σ notée ε pσq est définie par :
#
1 si σ est paire
ε pσq “
´1 sinon

Proposition 7.15.
ź σpjq ´ σpiq
ε pσq “ , ε pσ1 ˝ σ2 q “ ε pσ1 q ε pσ2 q
1ďiăjďn
j ´ i

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Définition 7.16.
Soit k P v2, nw un entier. Une permutation σ P Sn est appelée cycle de longueur k s’il
existe i1 , i2 , . . . , ik entiers distincts tels que
σ pi1 q “ i2 , σ pi2 q “ i3 , . . . , σ pik´1 q “ ik , σ pik q “ i1 , @j R ti1 , i2 , . . . , ik u, σ pjq “ j
Définition 7.17.
On appelle transposition un cycle de longueur 2.
Définition 7.18.
Soit A P Mn pKq. On définit le déterminant de A par la formule
ÿ
det pAq “ ε pσq a1σp1q a2σp2q ¨ ¨ ¨ anσpnq
σPSn

On note ˇ ˇ
ˇ
ˇ a11 a12 ¨ ¨ ¨ a1n ˇˇ
ˇ a21 a22 ¨ ¨ ¨ a2n ˇˇ
det pAq “ |A| “ ˇˇ .. .. .. ˇ
ˇ . . . ˇ
ˇ an1 an2 ¨ ¨ ¨ ann ˇ
Exemple 7.5.
Pour A P M2 pKq, on a
ˇ ˇ
ˇa a ˇ
det pAq “ ˇˇ 11 12 ˇ “ a11 a22 ´ a12 a21
a21 a22 ˇ

Pour A P M3 pKq, on a
ˇ ˇ
ˇ a11 a12 a13 ˇ
ˇ ˇ
det pAq “ ˇˇ a21 a22 a23 ˇˇ
ˇ a31 a32 a33 ˇ
“a11 a22 a33 ` a12 a23 a31 ` a13 a21 a32 ´ a13 a22 a31 ´ a11 a23 a32 ´ a12 a21 a33
Nous avons cette formule mnémotechnique de Sarrus pour calculer le détermi-
nant d’une matrice carrée d’ordre 3.
` ` ` ´ ´ ´
a11 a12 a13 a11 a12

a21 a22 a23 a21 a22

a31 a32 a33 a31 a32

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Propriétés 7.16.
Soient A, B P Mn pKq
ˇ ˇ
1. ˇAt ˇ “ |A|
ˇ ˇ
L’application X ÞÑ ˇA pXqˇ où Apiq pXq est la matrice obtenue en remplaçant la
ˇ piq
2.
ˇ
ligne i de A par un vecteur ligne X est une application linéaire de Kn dans K pour
tout i P v1, nw.
ˇ ˇ
3. L’application Y ÞÑ ˇApjq pY qˇ où Apjq pY q est la matrice obtenue en remplaçant la
colonne j de A par un vecteur colonne Y est une application linéaire de Kn dans K
pour tout j P v1, nw.
4. Si tous les éléments d’une ligne ou d’une colonne de A sont nuls, alors |A| “ 0.
5. Si B est obtenue à partir de A en multipliant chaque élément d’une ligne ou d’une
colonne par un scalaire k, alors |B| “ k |A|
6. Si B est obtenue à partir de A en échangeant deux lignes ou deux colonnes de A,
alors |B| “ ´ |A|.
7. Si deux lignes ou deux colonnes de A sont égales ou proportionnelles, alors |A| “ 0.
8. Si B est obtenue à partir de A en ajoutant à une ligne de A une combinaison linéaire
des autres ou en ajoutant à une colonne de A une combinaison linéaire des autres,
alors |B| “ |A|.
9. |λA| “ λn |A|
10. |AB| “ |A| |B|
ˇ ˇ
11. Si A est inversible ˇA´1 ˇ “ p|A|q´1
ˇ ´1 ˇ
12. ˇP AP ˇ “ |A|
Définition 7.19.
Soit A P Mn pKq ; soit Aij la matrice obtenue à partir de A en supprimant la ligne i
et la colonne j. On appelle mineur de A relatif à aij le déterminant ∆ij “ |Aij |. On
appelle cofacteur de A relatif à aij le nombre Cij “ p´1qi`j ∆ij . On appelle comatrice
de A ou matrice des cofacteurs de A la matrice com pAq “ pCij q.
Proposition 7.17 (développement suivant la ligne i).
On a n
ÿ
|A| “ aij Cij
j“1
Proposition 7.18 (développement suivant la colonne j).
On a n
ÿ
|A| “ aij Cij
i“1

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Proposition 7.19.
On a
A pcom pAqqt “ pcom pAqqt A “ |A| In
En particulier
´1 pcom pAqqt
A “
|A|

7.6 Systèmes linéaires


Définition 7.20.
Soient A P Mnm pKq , x P Mm1 pKq , b P Mn1 pKq. Un système linéaire de n équations
à m inconnues est une équation de la forme

(S) Ax “ b

Définition 7.21.
On appelle matrice augmentée du système linéaire (S) la matrice de genre
pn, m ` 1q » fi
a11 a12 ¨ ¨ ¨ a1m b1
“ ‰ — a21 a22 ¨ ¨ ¨ a2m b2 ffi
A b “— – ... .. .. .. ffi
. . . fl
an1 an2 ¨ ¨ ¨ anm bn
Notons Sol pSq l’ensemble de solution de (S).

Opérations élémentaires sur les lignes d’une matrice


Définition 7.22.
On se donne deux numéros de lignes i ‰ k et un scalaire λ ‰ 0. L’opération de
transvection de rapport λ sur la ligne Li le long de la ligne Lk est l’opération notée
Li Ð Li ` λLk qui consiste à remplacer la ligne Li par la ligne Li ` λLk .
Définition 7.23.
On se donne un numéro de ligne i et un scalaire λ ‰ 0. L’opération de dilatation de
rapport λ sur la ligne Li est l’opération notée Li Ð λLi qui consiste à multiplier la
ligne Li par le scalaire λ.
Définition 7.24.
On se donne deux numéros de lignes i ‰ k. L’opération de permutation des lignes
Li et Lk , notée Li Ø Lk , consiste à échanger les lignes Li et Lk .

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Matrice échelonnée
Définition 7.25.
Soient A P Mnm pKq et k P v1, w. Si la ligne Lk de A est nulle, on pose jk pAq “ m.
Sinon, on appelle pivot de la ligne Lk son premier coefficient non nul en partant de
la gauche. On note alors jk pAq le nombre de zéros de la ligne situés à gauche du
pivot. L’entier jk pAq sera nommé la profondeur de la ligne Lk .
Notons que la ligne Lk est nulle si, et seulement si jk pAq “ m.
Définition 7.26.
Soit A P Mnm pKq. Nous dirons que la matrice A est échelonnée si les deux conditions
suivantes sont satisfaites :
(i) la suite pjk pAqq1ďkďn est croissante
(ii) si k est un entier tel que 1 ď k ă n et jk pAq ă m, alors jk pAq ă jk`1 pAq
Définition 7.27.
Une colonne d’une matrice échelonnée est dite principale si elle contient un pivot.
Sinon elle est dite auxiliaire.
Définition 7.28.
Soit A P Mnm pKq. Un échelonnement de A est une matrice échelonnée B déduite de
A par une suite d’opérations élémentaires sur les lignes.
Proposition 7.20.
Soit A P Mnm pKq. Il existe au moins un échelonnement de A.
Définition 7.29.
Soit A P Mnm pKq. On dira que A est échelonnée réduite si A est échelonnée, si les
pivots sont tous égaux à 1 et si chaque colonne principale de A ne possède qu’un
seul coefficient non nul : le pivot de cette colonne. Autrement dit A est échelonnée
et chaque colonne principale de A est un vecteur de la base canonique de Kn .
Proposition 7.21.
Soit A P Mnm pKq. Il existe un unique échelonnement réduit de A.
Proposition 7.22. “ ‰ “ 1 1‰
Soient pSq et pS 1 q deux systèmes
“ 1 1‰linéaires de matrices augmentées
“ ‰ A b et A b res-
pectivement. Si la matrice A b peut se déduire de A b par une suite d’opérations
élémentaires sur les lignes, alors Sol pSq “ Sol pS 1 q.

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