Lycée Louis-Le-Grand, Paris Pour le 23/09/2022

MP2I – Mathématiques
A. Troesch

DM no 3 : Applications, relations

Suggestion de travail supplémentaire (à ne pas me rendre) : Le très beau problème du DS 2 de l’année dernière
(disponible sur mon site web) étudie les cochaînes d’un ensemble partiellement ordonné. Le problème 2 de la sélection
disponible sur ma page web a pour but de démontrer l’équivalence entre l’axiome du choix et le lemme de Zorn. Ces
deux problèmes sont de bonne difficulté, mais cela ne doit pas vous décourager, au contraire !

Problème 1 –
Soit E et F deux ensembles. On dit que :
(i) E est moins puissant que F s’il existe une injection f : E Ñ F ;
(ii) E est plus puissant que F s’il existe une surjection f : E Ñ F ;
(iii) E et F sont équipotents s’il existe une bijection f : E Ñ F ;

On se donne Ω un ensemble constitué d’ensembles (ainsi, d’après une remarque du cours Ω ne peut pas être constitué
de tous les ensembles, il faut se restreindre à des collections plus petites). On définit sur Ω les relations „ et R de la
façon suivante :
‚ pour tout pE, F q P Ω2 , E „ F si et seulement si E est équipotent à F ;
‚ pour tout pE, F q P Ω2 , ERF si et seulement si E est moins puissant que F .
Nous démontrons dans ce problème que „ est une relation d’équivalence sur Ω, et que R induit sur l’ensemble des
classes d’équivalence de Ω pour „ (c’est-à-dire l’ensemble quotient) une relation S qui est une relation d’ordre. Nous
démontrons au passage quelques résultats sur le cardinal de R.
1. (a) Montrer que la relation „ est une relation d’équivalence. La relation R est-elle une relation d’équivalence ?
une relation d’ordre ?
(b) Montrer que si E „ E 1 et F „ F 1 , et si ERF , alors E 1 RF 1 .
(c) En déduire que la relation R définit une relation S sur l’ensemble Ω̃ des classes d’équivalences de Ω pour la
relation „.
2. (Avec AC) Soit E et F deux ensembles. Montrer que E est moins puissant que F si et seulement si F est plus
puissant que E.
3. Théorème de Bernstein
Soit E et F deux ensembles. Le but de cette question est de montrer que si E est moins puissant que F , et si
F est moins puissant que E, alors E et F sont équipotents (théorème de Bernstein).
Soit f : E ÝÑ F et g : F ÝÑ E deux injections. On note :
č
h “ g ˝ f, R “ EzgpF q, F “ tM P PpEq | R Y hpM q Ă M u, et A“ M.
MPF

(a) Vérifier que E P F et A P F .

(b) Montrer que : @M P F , R Y hpM q P F .
(c) On note B “ AE A, A1 “ f pAq et B 1 “ g ´1 pBq. Vérifier que R Y hpAq “ A et que B 1 “ AF A1 .
(d) Soit f 1 : A ÝÑ A1 et g 1 : B 1 ÝÑ B les restrictions de f et g. Montrer que f 1 et g 1 sont bijectives.
(e) Montrer que l’application :
ϕ: E ÝÑ #
F
f 1 pxq si x P A
x ÞÝÑ
pg 1 q´1 pxq si x P B
est bien définie et bijective.

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 (f) Montrer que S est une relation d’ordre.
4. Cardinal de R et cardinal de PpNq.
sinpxq
(a) En considérant la fonction tan : x ÞÑ cospxq , montrer que R et r0, 1s sont équipotents.
(b) En utilisant le développement en base 2 d’un réel x P r0, 1s, montrer qu’il existe une surjection de PpNq sur
r0, 1s.
(c) En utilisant le développement en base 3, montrer qu’il existe une injection de PpNq sur r0, 1s.
(d) En déduire que PpNq et R sont équipotents.
5. (avec AC). Soit F l’ensemble des fonctions f , définies sur un sous-ensemble Ef de E, et injectives de Ef dans
F . on définit sur F une relation ď par :

f ď g si et seulement si Ef Ă Eg et g|Ef “ f.

(a) Montrer que F est un ensemble inductif, et en déduire l’existence d’un élément maximal f .
(b) En déduire que ERF ou F RE.
(c) En déduire que S est un ordre total.

Problème 2 – Treillis et algèbres de Boole

Partie I – Treillis
Soit E un ensemble, et ď une relation d’ordre sur E. On dit que E est un treillis si tout couple px, yq P E 2 admet une
borne supérieure et une borne inférieure. On notera dans ce cas x a y la borne inférieure et x ` y la borne supérieure.
1. Montrer que si pE, ďq est un ensemble totalement ordonné, alors E est un treillis.
2. Les ensembles ordonnés suivants sont-ils des treillis ? Si oui, donner l’expression x a y et x ` y pour tout couple
px, yq :
(i) N˚ muni de la relation de divisibilité
(ii) PpXq, muni de la relation d’inclusion (X étant un ensemble quelconque)
On dit qu’un treillis est borné s’il admet un minimum, qu’on notera 0 et un maximum, qu’on notera 1. Un treillis
E borné est dit complémenté si et seulement si pour tout élément x il existe un élément xc , appelé complémentaire,
vérifiant x a xc “ 0 et x ` xc “ 1. On dit qu’il est distributif si a est distributif sur `, et inversement.
3. Montrer que pour tout ensemble X, PpXq est un treillis borné complémenté et distributif.
4. Soit pE, ďq un treillis borné, complémenté et distributif.
(a) Soit x P E. Que valent x a 0, x ` 0, x a 1 et x ` 1 ?
(b) Montrer que a est associatif, à savoir : @px, y, zq P E 3 , infpinfpx, yq, zq “ infpx, infpy, zqq.
On admet sans justification que ` est également associatif.

(c) Montrer que tout x P E admet un unique complémentaire xc .

Indication : Si x1 et x2 sont deux complémentaires, on pourra considérer y “ px a x1 q ` x2 .

(d) Montrer que pour tout couple px, yq P E, on a les relations (appelées lois de de Morgan) : px a yqc “ xc ` y c
et px ` yqc “ xc a y c .
5. On définit deux lois ` et ˆ sur E par :

@px, yq P E, x ` y “ px a y c q ` pxc a yq et xˆy “xay

(a) Déterminer, pour tout x P E, x ` 0, x ˆ 1, x2 et x ` x.

(b) Montrer que ` est commutative et associative, que ˆ est associative et distributive sur l’addition.
Ces propriétés montrent que tout treillis borné complémenté et distributif peut être muni d’une structure d’algèbre
de Boole dans le sens défini dans la partie suivante.

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Partie II – Algèbres de Boole
Une algèbre de Boole est un ensemble A, muni d’une loi d’addition notée `, et d’une loi de multiplication notée ˆ,
telles que :
‚ les lois ` et ˆ sont associatives, c’est-à-dire, pour tout px, y, zq P A3 , px ` yq ` z “ x ` py ` zq et px ˆ yq ˆ z “
x ˆ py ˆ zq ;
‚ la loi ` est commutative (donc vérifie x ` y “ y ` x) ;
‚ il existe un élément neutre 0 pour la loi d’addition, c’est-à-dire vérifiant : @x P A, x ` 0 “ x ;
‚ il existe un élément neutre 1 pour la loi de multiplication ˆ, c’est-à-dire vérifiant : @x P A, x ˆ 1 “ x ;
‚ la multiplication est distributive sur l’addition, c’est-à-dire, pour tout px, y, zq P A3 , xˆpy`zq “ pxˆyq`pxˆzq ;
‚ tout élément x admet un opposé ´x pour l’addition (donc vérifiant x ` p´xq “ 0) ;
‚ tout élément x de A est idempotent pour ˆ, à savoir : pour tout x P A, x2 “ x, où x2 désigne x ˆ x.
Pour simplifier les notations, on se permettra d’omettre le signe ˆ, donc d’écrire xy à la place de x ˆ y.
Dans ce qui suit, on se donne A une algèbre de Boole.
1. Soit X un ensemble quelconque. En se servant de certains résultats établis précédemment, montrer que PpXq
est une algèbre de Boole, lorsqu’on le munit des opérations suivantes :
‚ @pY, Zq P PpXq2 , Y ` Z “ Y △Z “ pY X AX Zq Y pAX Y X Zq (différence symétrique)
‚ @pY, Zq P PpXq2 , Y ˆ Z “ Y X Z.
Quels sont les éléments 0 et 1 ?
2. (a) En considérant px ` yq2 , montrer que pour tout px, yq P A2 , xy ` yx “ 0.
(b) En déduire que :
i. pour tout x P E, ´x “ x ;
ii. la loi ˆ est commutative.
3. On définit sur A une relation ď par :

@px, yq P A, x ď y ðñ xy “ x.

(a) Montrer que ď est une relation d’ordre sur A.

(b) Montrer que pour cette relation d’ordre 0 est le minimum de A, et 1 le maximum.
(c) Montrer que pour tout px, yq P A2 , x a y existe, et vaut xy.
(d) Montrer que pour tout px, yq P A2 , x ` y existe et vaut x ` y ` xy.
(e) Montrer que a et ` sont associatives, commutatives, et distributives l’une par rapport à l’autre.
(f) Montrer que tout élément x de A admet un complémentaire xc , dans le sens défini dans la partie I.
Ainsi, toute algèbre de Boole peut être muni d’une relation d’ordre qui en fait un treillis borné complémenté distributif.
La réciproque avait été établie dans la partie I.

Partie III – Description des algèbres de Boole finies

Le but de cette partie est d’établir que toute algèbre de Boole est isomorphe (c’est-à-dire en bijection, avec conservation
de la structure) à l’algèbre de Boole PpEq des parties d’un ensemble.
Étant donné deux algèbres de Boole A et B, munies des relations d’ordre décrites dans la partie II, on dit que l’appli-
cation h : A ÝÑ B est un homomorphisme d’algèbres de Boole si pour tout px, yq P A2 , hpx a yq “ hpxq a hpyq et si
hpxc q “ hpxqc . On dit qu’il s’agit d’un isomophisme si de plus h est bijective.
Étant donné une algèbre de Boole A, on appelle atome de A tout élément minimal de Azt0u, donc tout élément a tel
que les seuls éléments x tels que x ď a sont 0 et a lui-même.
Soit A une algèbre de Boole finie.
1. En considérant mpxq l’ensemble des minorants stricts de x, montrer que tout x non nul de A est minoré par au
moins un atome.
2. (a) Soit px, yq P A2 , et a un atome de A. Montrer que si a ď x ` y et si a ę x, alors a ď y
Indication : on pourra considérer a a px ` yq.

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 (b) En déduire que pour tout px1 , . . . , xn q P An et tout atome a, si a ď x1 ` x2 ` ¨ ¨ ¨ ` xn , alors a ď x1 ou
a ď x2 ou ... ou a ď xn .
3. Soit E l’ensemble des atomes de A, et h : A ÝÑ PpEq définie par :

@x P A, hpxq “ ta P E | a ď xu.

(a) Montrer que h est un homomorphisme d’algèbres de Boole

(b) Soit X “ ta1 , . . . , ak u P PpEq, et x “ a1 ` ¨ ¨ ¨ ` ak P A. Montrer que hpxq “ X. Qu’en déduit-on sur h ?
(c) Montrer que h est injective. Conclure.