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COCHINCHINE SEPTENTRIONALE 

Confesseurs de la foi de 1848 à 1862 


M. THÉODORE PROSPER BERNARD, 
Missionnaire apostolique.
https://www.irfa.paris/fr/annales/confesseurs-de-la-foi-de-1848-a-1862-1
Un missionnaire de la Cochinchine septentrionale, M. Théodore Prosper Bernard (1),
originaire du diocèse de Langres, mort il y a déjà longtemps, s'attacha durant ses heures de loisir à
rechercher des renseignements sur un certain nombre de chrétiens, confesseurs de la foi pendant les
grandes persécutions de Tu-duc, de 1848 à 1862 « Les plus illustres de nos martyrs, disait-il, sont
connus du monde catholique par les récits qu'ont publiés de leurs souffrances et de leur mort les
Annales de la Propagation de la Foi. Mais combien d'autres confesseurs de Jésus-Christ restent
ignorés ! Combien d’humbles chrétien et chrétien dont les noms sont connus de Dieu seul ! Et
cependant ils ont souffert la prison, les tourments, la maladie, la mort pour leur foi. Ils sont allés à
Dieu moins vite que les martyrs décapités ou étranglés; mais leurs souffrances si longues, si
douloureuses ne seraient-elles pas plus méritoires?
(1). Voici un fait de la vie du P, Bernard, qui ne manque pas d'intérêt : vers la fin de l'année
1864, le missionnaire habitait la résidence épiscopale à Hué pendant que Mgr Sohier était en France
; il y fut attaqué par des païens que soudoyaient des lettrés, et qui cherchèrent à le tuer après avoir
incendié sa maison. Il leur tint tête, écrivit au ministre, et par sa courageuse attitude, amena la
découverte du complot que les lettrés avaient formé contre les chrétiens et contre le roi Tu-Duc.
« J'ai recherché leurs souvenirs, et j'ai consigné dans ces pages les détails que j'ai pu
recueillir. Tout incomplets et secs qu'ils soient, ils m'ont édifié ; je crois qu'ils en édifieront d'autres
».
Nous avons eu la même pensée que le saint missionnaire, et voilà pourquoi nous publions son
travail, bien digne de figurer dans les annales de l'Eglise militante.
Ce travail s'occupe des deux provinces de Thua Thien ou Hué et de Quang Tri.
A l'époque où le P. Bernard écrivit, chacune de ces provinces était ecclésiastiquement divisée en
cieux districts. Chaque district comprenait un certain nombre de chrétientés. Le missionnaire a suivi
cette division.

PROVINCE DE THUA THIEN


Ier DISTRICT
Archives du Séminaire des M.-E., vol. 776, pp. 1 et suiv.
I. — Chrétienté d'An Van.
1. Jean-Baptiste Dang Van Cu, père de famille, âgé d'environ 40 ans, était maire de son
village, An Vau, dans la province royale, où il était né. La 9e année du règne de Tu Duc eut lieu le
martyre du grand mandarin chrétien Michel Hy. Ce mandarin, interrogé au ministère des supplices
et cruellement torturé, avait fini par avouer la présence, dans la chrétienté d'An Van, du prêtre Oai
auquel il avait autrefois confié son jeune fils, dont les mandarins voulaient maintenant se saisir à
tout prix. Cette indiscrétion fut cause de l'arrestation de Jean-Baptiste Cu, maire de ce village et
chrétien fervent. Amené au ministère des supplices, il y fut d'abord interrogé au sujet du prêtre Oai,
puis sommé de renoncer à sa religion. Vaincu par la crainte et par l'atrocité des tortures, il eut la
faiblesse de faire ce qu'on exigeait de lui, ce qui ne l'empêcha point d'être condamné à une détention
perpétuelle dans la prison de la préfecture. En la 10e année du règne de Tu Duc, les mandarins,
jugeant qu'il était assez puni, lui rendirent la liberté, mais il demanda instamment la grâce de rester
prisonnier. « Autrefois, dit-il, par faiblesse, par crainte, et épuisé de souffrances, j'ai commis une
faute grave, j'ai apostasié ; maintenant, sachez que je me repens de tout mon coeur, je garde ma
religion à la vie, à la mort ; Dieu m'aide à l'observer fidèlement ».
Le 5e mois de cette même année, le mandarin porta contre lui une nouvelle sentence; c'était
l'exil dans la province de Cao Bang, la plus éloignée de toutes, au nord de l'empire. Il partit après
quelques jours d'une prison plus sévère, à la chaîne, comme un malfaiteur. Il arriva le 5e mois de
l'année suivante au lieu de son exil, qui fut aussi celui de sa mort, la même année, par suite de
maladie.

2. Alexis Dang Luu, vieillard de plus de 60 ans, père d'une nombreuse famille et chef de la confrérie
du Saint Rosaire, fut arrêté la 9e année du règne de Tu Duc, dans la même circonstance que le
précédent. Conduit au tribunal, après avoir répondu prudemment aux questions qui lui furent faites
touchant le prêtre Oai et le jeune fils du martyr Michel Hy, il supporta courageusement la torture. Il
fut condamné à la prison perpétuelle, à la capitale. Le 5e mois de l'année suivante, le mandarin
rendit contre lui une sentence nouvelle qui le condamnait à l'exil dans la province de Cao Bang.
Chargé aussitôt d'une lourde chaîne malgré son grand âge, il tomba malade assez gravement. Alors
il osa demander une faveur qui lui fut accordée, c'était de rester à perpétuité dans la prison de la
capitale : « Autrement, disait-il, je crains que mes forces ne me permettent pas d'arriver au lieu si
éloigné de mon exil ». Mais sa prison fut plus pénible qu'auparavant, jamais on ne lui enlevait sa
chaîne ; jamais il ne pouvait sortir, comme on l'accorde de temps en temps aux prisonniers
ordinaires. En 1861, quand vint la grande et dernière persécution, on le força à partir enfin pour cet
exil qu'il redoutait. Il n'y parvint que l'année suivante, malade et cassée de vieillesse. Cependant;
après quelques mois de cachot, les soldats manquant pour la défense et la garde des citadelles
menacées par les rebelles, il fut enrôlé pour ce service périlleux. Cinq jours après, il succombait à la
fatigue et à la maladie qui ne l'avait pas quitté. C'était le 11e mois de l'année 1862. Les prisonniers
chrétiens, soldats comme lui par nécessité, l'enterrèrent dans la citadelle où il était mort, mais sans
cercueil, n'ayant pu malgré leur désir s'en procurer.
3. Jacques Le Khue, âgé de près de 40 ans, avait femme et enfants ; il fut maire d'An Van
après Jean-Baptiste Cu. En 1856, il fut arrêté un peu après celui-ci et peur les mêmes raisons.
Amené devant le tribunal, il répondit, aux questions qui lui furent faites sur le prêtre Oai et sur le
fils du martyr Michel, qu'il ne savait rien. On voulut ensuite le contraindre par menaces et par
supplices à apostasier, ce fut en vain. Condamné d'abord à une réclusion perpétuelle dans la prison
de la capitale, il fut en 1857, sur un nouveau refus d'apostasie, condamné à l'exil dans la province de
Hung Hoa. Il partit après quelques mois de chaîne et de cachot, et arriva assez vite à la capitale de
cette province. Là, le premier mandarin lui désigna pour exil définitif un lieu plus éloigné, où il
parvint le 25 du dernier mois de la même année. Le mandarin, assez bien disposé pour les chrétiens,
lui ôta sa chaîne ; mais le captif était souvent malade ; en 1859, une dysenterie très forte vint
s'ajouter à ses autres infirmités. En même temps, tous les autres chrétiens exilés avec lui recevaient
ordre de revenir bien vite au chef-lieu de la province. Ils furent obligés de louer des païens pour y
rapporter aussi le pauvre malade, qui put y arriver, encore vivant, vers la fin de l'année. Là, il
retrouva la chaîne et le cachot ; de plus, la nuit, on le mettait aux ceps. Il languit dans ce triste état
jusqu'au 21 du 6e mois de l'année suivante, jour où il rendit l'esprit. Deux jours auparavant, sentant
venir sa fin, il avait appelé près de lui le caporal Thu et le caporal Han, tous deux chrétiens,
prisonniers pour Jésus-Christ, et leur avait dit : « Je me sens défaillir, je n'en reviendrai pas,
certainement; quant à mon âme, je la remets avec humilité et confiance entre les mains de Dieu,
dont je suis disposé à suivre en tout la sainte volonté ; pour ce qui est de mon corps, je vous prie,
mes frères, de l'enterrer convenablement, et de faire savoir à ma femme et à mes enfants comment
les choses se sont passées ; dans le cas où plus tard vous-mêmes retourneriez au pays, alors, je vous
en supplie, veuillez y emporter mes restes avec vous ». Ce furent presque ses derniers mots, Un
clerc veilla près de lui, récitant les prières des agonisants, et lui prodiguant les dernières
consolations jusqu'à sa mort. Les chrétiens, ses compagnons d'exil, prirent soin d'inhumer son corps
au lieu de son décès, et tous l'accompagnèrent religieusement jusqu'à la tombe.
II. — Chrétienté de Bau Dong.
4. Le lettré Philippe Dinh, né dans la chrétienté de Bau Dong, sous-préfecture de Huong Tra,
était fils du bourgeois Dan, maire de son village, et mort depuis longtemps. Sa mère, bien que
nouvellement convertie, n'en était pas moins une solide et fervente chrétienne ; il avait femme et
enfants. En 1846, il s'engagea dans l'état militaire, et grâce à sa rare intelligence, il ne tarda pas à
avancer rapidement. En 1848 et en 1852 sous Tu Duc, il fut promu à de nouveaux grades, de sorte
que bientôt, il compta parmi les lettrés comme parmi les militaires distingués. Employé d'abord
dans l'intérieur de la capitale même, il dut, à cause de sa qualité de chrétien, la quitter en 1859, pour
surveiller l'entretien des routes et des canaux. Le 5e mois, afin de l'éloigner encore plus, on l'envoya
remplir les mêmes fonctions dans la province de Quang Tri, Il ne tarda pas à être ramené au port de
la capitale, pour y partager le sort des soldats chrétiens qui alors, en haine de la foi, privés de toutes
les dignités, étaient exclusivement employés aux travaux les plus rudes, tels que terrassements,
curages, fortifications. Le 12e mois, il fut cité devant ses chefs et sommé de renoncer à sa religion ;
il n'hésita point, et refusa hardiment. Le 2e mois de l'année suivante, ayant comparu devant le
ministre des supplices, il refusa d'apostasier, puis fut renvoyé chargé de la cangue à la prison où il
était détenu et très maltraité depuis son premier interrogatoire. Peu de jours après, un autre ministre
fit une tentative aussi infructueuse que les précédentes pour le faire renier son Dieu, puis finit par le
faire reconduire à son cachot. Peu de temps après, Dinh confessa de nouveau sa foi, et enfin fut
marqué à la joue des caractères Ta Dao (Religion perverse). Le 29 du même mois, les mêmes
persécuteurs le mirent à la torture, mais ne purent vaincre son inébranlable constance. Chargé de la
chaîne, il attendit pendant 29 jours, dans la prison de la préfecture, sa sentence définitive. Cette
sentence fut rendue le 4e mois : le généreux confesseur était condamné à l'exil dans la province de
Nghe An. Là-bas, le mandarin le chargea d'une plus lourde cangue avec des clous de fer ; puis, au
bout de quatre à cinq jours, il l'envoya à Phu Dieu, à cieux jours de la ville principale, souffrir
jusqu'à la mort. Il était en effet continuellement à la cangue et à la chaîne : pendant la nuit, il avait
de plus les eps aux pieds. Le quinzième jour du 4e mois de l'année 1861, il fut attaqué du choléra.
D'une patience et d'une piété, admirables, au plus fort de sa maladie, il disait aux autres confesseurs
ses compagnons : « Je vous supplie, mes frères, de beaucoup prier pour moi, afin de m'obtenir de
Dieu une entière résignation à sa sainte volonté, soit qu'il me donne de vivre encore, soit qu'il me
fasse mourir ici ». Chaque jour il renouvelait plu_ sieurs fois cette même demande, et ne cessa de la
répéter avec humilité et grande componction, jusqu'à son dernier soupir. Les confesseurs se
relayèrent, quand ils virent que sa dernière heure était proche, pour l'exhorter et le consoler. Enfin,
le matin du troisième jour du 5e mois (1861), ce vaillant serviteur de Dieu s'endormit dans le
Seigneur. Le lendemain, les autres confesseurs l'ensevelirent et l'enterrèrent solennellement à Phu
Dieu. En 1862, quand parut l'édit royal permettant à tous les exilés chrétiens de rentrer dans leurs
foyers, le soldat Thong, son compatriote et son compagnon d'exil, rapporta les restes du lettré Dinh
à Bau Dong, leur pays. Là, sa pieuse mère et son frère, à peine de retour d'exil, et encore sans
maison, sans propriétés, ni ressource aucune, furent réduits à enterrer ces reliques dans le cimetière
commun du village de Bau Dong, en grande partie païen. Philippe Dinh était mort âgé d'une
trentaine d'années.
Mars Avril 1918, n° 120.
III. — Chrétienté de Son Qua.
5. Le soldat Paul Luu, né à Son Qua, était âgé d'environ 30 ans et nouvellement marié. Entré
dans la milice en 1854, il fit son service à la capitale.
En 1857, le 6 du 5e mois, il refusa d'apostasier devant ses chefs ; le lendemain, il refusa une
seconde fois devant le ministre des supplices. Il fut aussitôt lié et conduit en prison. Le 8 du 6e mois
de la même année, il fut enchaîné et reconduit au cachot, qu'il abandonna bientôt pour un autre plus
affreux, où il ne pouvait quitter sa chaîne un instant. Le 6e mois de l'année suivante, condamné à
l'exil dans la province de Hung Hoa, il s'embarqua le 20 au port de la capitale. Dix jours après, on le
débarquait dans la province de Nam Dinh, d'où il fit route à pied pour Hanoi ; de là, toujours à pied,
il traversa la province de Son Tay et arriva enfin, épuisé de fatigues, au chef-lieu de la province de
Hung Hoa. Le grand mandarin voulut d'abord l'envoyer seul dans un lieu séparé des autres chrétiens
; mais ceux-ci, par une charité dont nous retrouverons souvent l'exemple dans la suite, se cotisèrent,
et obtinrent à prix d'argent qu'il resterait avec eux, afin que tous ensemble ils pussent se soutenir
dans la foi, se consoler et s'assister mutuellement pendant la vie, et à la mort. Le mandarin l'envoya
donc, avec beaucoup d'autres confesseurs, à Sao Phong, à 27 jours de distance. Il y arriva le 2 du 9e
mois ; dix jours après, il fut attaqué du choléra, puis devint hydropique. Le 27 du 9e mois, il rendit
son âme à Dieu ; ses compagnons chrétiens l'assistèrent à ses derniers moments et prirent soin de
l'enterrer aussi convenablement que possible.
6. Sa jeune femme, Catherine Huong, qui l'avait voulu suivre dans son exil, fut en même
temps que lui attaquée du choléra. La mort de son mari acheva ce que la maladie avait commencé ;
elle ne put lui survivre qu'une semaine. Les autres exilés chrétiens, qui l'avaient aussi préparée à la
mort, inhumèrent son corps non loin du tombeau de son époux.
7. Le caporal Paul Thu, âgé de 50 ans, au service depuis longtemps, n'avait jamais quitté
Hué. En 1857, il refusa de renoncer à sa religion devant le tribunal du préfet, et deux jours après,
une seconde fois, devant le ministre des supplices. Sa peine fut d'abord la détention en diverses
prisons de la province ; ensuite, le sixième mois, la condamnation à l'exil dans la province de Hung
Hoa. Mis à la chaîne aussitôt, il dut rester au cachot sans en pouvoir sortir jamais, pour quoi que ce
fût, jusqu'au jour du départ. La barque qui l'emportait partit le 22 du 6e mois 1858 du port de la
capitale, et dix jours après le déposa à Nam Dinh, Il en partit à pied pour Hanoi, et de là, par la
province de Sontay, il arriva exténué à Hung Hoa. Après 77 jours de dur cachot, le mandarin songea
à l'exiler définitivement dans un endroit séparé des autres chrétiens prisonniers, Ceux-ci obtinrent,
avec un peu d'argent qu'ils purent trouver, qu'il n'en serait point ainsi. Le mandarin fléchit devant les
sapèques, et l'envoya avec beaucoup d'autres confesseurs à Bao Phong Tho, où ils arrivèrent après
29 jours de marche, le 2 du 11e mois de la même année. Là, le mandarin qui était bon, lui ôta sa
chaîne. Un an après, rappelé au chef-lieu de la province, il retrouva le cachot, la chaîne et les ceps
pendant la nuit: Il vécut ainsi deux années. Ensuite, il fut aux entraves le jour comme la nuit, malgré
sa faiblesse et sa maladie toujours croissantes. Le 3e mois de l'année 1852, il fut attaqué du
choléra ; malgré ses douleurs et ses réclamations, il ne fut rien changé à sa position, sinon deux
jours avant sa mort ; on eut alors l'humanité de le deliver des entraves. Avant d'expirer, il dit à ses
compagnons chrétiens : « Je vais mourir et vous quitter, je ne veux plus que me préparer à paraître
devant mon Juge : j'ai confiance en sa miséricorde et suis résigné à sa volonté sainte; seulement,
mes frères, je vous recommande mon jeune enfant, que je laisse avec vous, orphelin ». C'était le 3e
jour du 11e mois, 1852, Les confesseurs récitèrent dévotement les prières des agonisants, et puis,
quand tout fut fini, ils achetèrent un cercueil et enterrèrent le corps dans l'endroit même,
8. Le soldat Pierre Deu, de la garde urbaine, né à Son Qua, refusa d'apostasier une première
fois à la préfecture, et une seconde au ministère. Jeté immédiatement en prison, on lui signifia un
mois après (1850) sa sentence d'exil dans la province de Tuyen Quang; en même temps on lui passa
au cou et aux jambes une lourde chaîne. En attendant le départ, traîné de prison en prison, il y fut
continuellement gardé, lié et enchaîné. Le 22 du 6e mois 1851, il fut embarqué pour la province de
Nam Dinh ; ensuite pour celle de Hanoi. De là, il dut se rendre à pied, par les provinces de Sontay et
Hung Hoa, à celle de Tuyen Quang. Là, au cachot, à la chaîne et aux ceps, il supporta ses
souffrances avec patience. Au bout de deux ans, il eut la dysenterie, sans qu'on daignât adoucir en
rien sa triste position, et sans que personne pût le secourir, les autres confesseurs étant tous isolés et
attachés comme lui. Il mourut ainsi, dans le délaissement, après trois mois de maladie. Les
chrétiens, ses compagnons, ne le surent que plus tard, et en prévinrent le nouveau mandarin. Celui-
ci, assez favorable à la religion, leur remit le corps décomposé du défunt, avec permission de
l'enterrer près du nouveau marché, voisin du chef-lieu de la province.
9. Le soldat Dominique Duc, de la milice urbaine, né à Son Qua, âgé de 30 ans, refusa
plusieurs fois d'apostasier devant les tribunaux de la capitale. Condamné à la chaîne et à l'exil dans
la province de Thai Nguyen, il y arriva le 17 du 7e mois 1858. Après qu'on l'eut gardé 15 jours en
dehors de la citadelle, on l'envoya dans la sous-préfecture do Dong Hi, sur la frontière de la
province. Il était sans cesse à la chaîne et attentivement surveillé. Le 8e mois 1861, on le rappela à
la préfecture, et on le mit en prison pendant dix mois, avec l'ordinaire accompagnement, c'est-à-dire
chaîne au col et entraves aux pieds. Plus tard, le mandarin craignant qu'il ne se réunît aux rebelles
tonquinois, nombreux en ces parages, le fit entrer à l'intérieur des fortifications. Comme les soldats
n'étaient pas en nombre pour défendre et garder la ville, on arma les prisonniers, et Dominique Duc,
comme les autres. Celui-ci prit même part à cinq expéditions, qui eurent lieu les trois premiers mois
contre les rebelles; la victoire, souvent incertaine, était tantôt d'un côté, tantôt d'un autre. Enfin, les
rebelles eurent l'avantage, et s'emparèrent de la citadelle qu'ils ruinèrent entièrement. Alors
officiers, soldats, prisonniers, tous les vaincus prirent la fuite. Un clerc, qui se trouvait avec les
vainqueurs, faute d'endroit plus sûr, sauva la vie à notre soldat. Celui-ci, ne sachant comment faire,
se laissa mettre dans les rangs des rebelles qui venaient de l'épargner. Quelques jours après,
grièvement atteint d'un coup de lance, il put recevoir les sacrements, en toute connaissance, de la
main d'un prêtre qui, grâce à la rébellion, se trouvait libre, Cinq jours après, il mourut ; il fut
solennellement enterré près de l'église de Ca To.
(A suivre.)
Code: 1918/426-433
Document: 426-433
Année: 1918

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suite
IV. — Chrétienté de Nhu Lam.
Ce que j'ai à dire de cette chrétienté peut ne pas paraître édifiant, mais je tiens à exposer les
faits dans leur vérité. Du reste, qui sait si au dernier moment, malgré les apparences, la contrition et
la miséricorde n'ont pas eu leur place ? Voici : le chrétien Joseph Luong suivait les exilés pour la
foi, dans la province de Ha Noi, où il est mort au bout d'un mois de maladie. Il n'avait jamais été
d'une conduite exemplaire; on ne pouvait guère louer en lui que son obligeance envers tout le
monde. Arrivé au lieu du bannissement, il y prit pour épouse une femme païenne. Vainement, les
autres chrétiens lui prodiguèrent-ils les exhortations jusqu'à la mort; il parut toujours ne rien
écouter. Son corps est enterré près des murs de la ville où il est décédé.
Les détails me manquent touchant le reste de ce premier district de la province royale.
1. Ann. M.-E, 1918, n° 120.

IIe DISTRICT
I. — Chrétienté de Phu Cam.
1. Mienne Loo, de Phu Cam, père de famille, âgé de 60 ans, auparavant soldat dans la garde
du roi Thieu Tri, depuis élevé au grade de capitaine, fut compromis dans l'affaire du martyr Michel
Ho-dinh-Hy. Comme on demandait au martyr affaibli par les plus cruelles tortures, si, parmi les
chrétiens, il y en avait d'autres que lui de la classe mandarine, il finit par nommer le capitaine
Etienne Loc. Des soldats furent aussitôt envoyés pour se saisir de celui-ci et l'amener devant le
tribunal, où il confessa avec une noble assurance sa qualité de chrétien. En conséquence, il fut
condamné à la prison pour le reste de ses jours. Néanmoins, on l'appela encore à plusieurs reprises,
pour le contraindre à l'apostasie par toutes sortes de menaces, de promesses et de tourments ; on ne
fut pas plus heureux que la première fois. Vint la persécution générale, le 3e mois de l'an 10 de Tu
Duc ; alors sa peine fut aggravée : on le condamna à l'exil dans la province éloignée de Tuyen
Quang. Sa sentence portée, il demeura à la chaîne et au cachot en attendant le départ ; la nuit, on le
mettait aux entraves. Le 8e mois, le chrétien Paul Huynh, aussi de Phu Cam, étant allé à la prison
visiter les nombreux confesseurs qui s'y trouvaient, fut pris et fouillé par les gardiens. Par malheur,
ils trouvèrent sur lui un paquet de lettres en caractères latins. De là, grande affaire ! Le chrétien
Paul, pour éviter de plus grands maux, crut devoir dire que ces lettres lui avaient été remises par le
capitaine Loc. Aussitôt, les mandarins, auxquels la chose avait été portée, firent comparaître ce
capitaine pour l'interroger à ce sujet. Lui, pour sauver le chrétien Paul et éviter des perquisitions qui
auraient amené de nouvelles calamités sur la masse des chrétiens, reconnut les lettres pour siennes.
Après quoi, il retourna à sa prison. Ce fut l'an 11 de Tu Duc, le 21 du 6e mois, qu'il partit pour
l'exil, en barque jusqu'à Nam Dinh, et à pied, par les provinces de Ha Noi Son Tay, Hung Hoa,
jusqu'à Tuyen Quang. Il y vécut encore deux ans, au cachot et à la chaîne sans interruption, et la
nuit aux ceps. Trois jours de dysenterie le mirent aux portes du tombeau. Les confesseurs,
nombreux autour de lui, l'assistèrent à ses derniers moments, et recueillement au milieu des larmes
son dernier soupir. Au plus fort de ses souffrances, on ne l'entendit jamais proférer la moindre
plainte, ni le moindre murmure ; mais invoquant Dieu, la Sainte Vierge et ses saints Patrons, il se
préparait de son mieux à entrer dans son éternité. Les confesseurs enterrèrent son corps, non sans
quelque solennité, tout près du marché de Tan An, voisin du chef-lieu de la province de Tuyen
Quang. 
MAI JUIN 1918, N° 121
2. Le chrétien Mathieu Linh, ayant suivi pour les aider dans leurs besoins la troupe des
fidèles exilés dans la province de Ha Noi, y fut atteint de démence trois ou quatre jours après son
arrivée. Il ne tarda pas à mourir dans le même état. Les confesseurs prirent soin d'enterrer son corps
ait même lieu, tout près des murs de la citadelle.
3. Le chrétien Simon Phuoc, ayant suivi, pour les mêmes motifs que le précédent, les
confesseurs exilés dans la province de Bac Ninh, y mourut de maladie, un mois environ après son
arrivée. On s'accorde à louer sa douce gaieté et sa grande charité.
4. Le soldat Jacques Hoang, fils du médecin Chung renommé pour sa foi, était lui-même très
pieux dès sa première jeunesse. Devenu grand, il se maria et eut trois enfants, L'an 3 de Tu Duc, il
entra au service à la capitale. A l'époque de la persécution générale, la 10e année du même roi, il
refusa d'apostasier devant le tribunal du Préfet, et le lendemain devant le Ministre des supplices.
Incarcéré pour ce fait, sa sentence d'exil fut rendue le 8 du 6e mois, il reçut la chaîne et retourna en
prison ; seulement, il était continuellement enchaîné, et la huit il avait lès pieds serrés dans les
entraves. Le 20 du 6e mois, il partit en barque pour la province de Nam Dinh ; de là, à pied, par lés
provinces de Ha Noi, Son Tay ét Hung Hoa, il arriva à Tuyen Quang, lieu de son bannissement. Il y
resta deux ans prisonnier avec la chaîne au cou et les pieds aux ceps durant la nuit. Pendant ce laps
de temps, il refusa deux fois sa liberté qu'il aurait dû acheter au prix de sa foi. Enfin, attaqué du
choléra, il dit aux autres confesseurs ses compatriotes : « Je consens à prendre des médecines, mais
c'est inutile ; je sais que je dois mourir cette fois ; si plus tard vous retournez au pays, ne prenez pas
la peine d'y remporter mon corps, à moins que les supérieurs ecclésiastiques ne l'ordonnent ». Etant
donné les moeurs du pays, ces paroles sont une preuve de la plus profonde humilité. Pendant sa
maladie qui dura un mois entier, on ne l'entendit jamais se plaindre de ses souffrances, mais il priait
sans cesse et se recommandait aux prières des autres confesseurs. Après sa bienheureuse morte, son
corps fut très honorablement enterré par ses compagnons, près du nouveau marché de Tan An, non
loin de la ville de Tuyen Quang.
5. Anna Nan, plus que centenaire, veuve depuis trente ans, fut exilée pour la foi, avec sa
fille, dans le village de Tanh Lam. Elle se tenait toujours à la maison de détention, avec une petite
cangue, encore bien lourde pour sa faiblesse, et les pieds aux entraves. Après environ un an, elle y
mourut de faim et de vieillesse, le 10 du 7e mois, an 15 de Tu Duc, après avoir reçu dévotement les
derniers sacrements, Son corps a été rapporté et enterré à Phu Cam, sa patrie.
6. Paul Chan, âgé de 70 ans, veuf depuis longtemps, fut exilé avec ses enfants au village de
Phu Bai, le 7e mois de l'année 14 de Tu Duc. Il portait une cangue plus légère que les autres à cause
de son grand âge et de ses continuelles infirmités. Il mourut de faim et de vieillesse à la maison de
détention, lé 4e jour du 11e mois de la même année, Son corps fut enterré au dît village de Phu Bai,
mais sans cercueil, faute d'argent pour en acheter un.
7. La veuve Agnès Buu, femme très pieuse, âgée de 72 ans, fut envoyée avec ses enfants au
village de Tan Phu, le 8e mois de l'année 14 de Tu Duc. On lui épargna la cangue et les entraves, à
cause de son extrême faiblesse. Elle mourut de langueur un mois après, munie des sacrements de
l'Eglise, Son corps est enterré près de la maison de détention, lieu de sa mort.
8. Marie Loc, âgée de près de 70 ans, femme d'un des chefs de la chrétienté de Phu Cam
détenu en cette qualité dans les prisons de la préfecture à la capitale, fut elle-même exilée avec ses
enfants au village de Luong Van, le 8e mois de la 14e année de Tu Duc. Elle y mourut de misère et
y fut enterrée le 22 du même mois. Elle n'eut à souffrir ni la cangue, ni les ceps, à cause du
misérable état de sa santé.
9. Marie Hap, âgée de 5 ans, fille des époux Thanh, suivit ses parents lors de la dispersion au
village de Thanh Thuy ha, Sept mois après, elle y mourut, dans la maison de détention (3e mois, an
15 de Tu Duc). Son corps a été rapporté et inhumé à Phu Cam, son pays.
10. Agnès Phuoc, jeune femme dé 30 ans, fut envoyée avec son mari et ses enfants au
village de Da Le (an 14 de Tu Duc, 8e mois) ; elle était à la cangue par intervalles. Elle est morte
d'hydropisie (an 15 de Tu Duc, 6e mois) dans la maison de détention du dit village, où elle est aussi
enterrée. 
Paul Chut, son dernier enfant, né depuis un mois seulement, mourut quelques jours après sa mère, et
fut enterré près d'elle, Il me Semble que ces petits enfants, nés et morts dans les prisons, ne doivent
pas être oubliés.
11. Pierre Minh, âgé d'environ 60 ans, veuf et sans enfants, très fervent catéchiste dans sa
chrétienté, fut exilé pour la foi au village de Da Le, le 8e mois de la 14e année de Tu Duc. Là, il
était souvent à la cangue et quelquefois aux Ceps. De plus, trois fois il fut frappé de coups de rotin
sain vouloir jamais se prêter à un semblant d'apostasie. La première fois, il reçut 13 coups ; la
deuxième, 20 ; et la troisième, 17. Quinze jours après ce dernier mauvais traitement, il devint
paralytique. Ses parents, voyant qu'ils allaient le perdre, le rapportèrent à Phu Cam, où il reçut avec
piété les derniers sacrements avant sa mort, arrivée e 15 du 7e mois de l'an 15 de Tu Duc. Son corps
est enterré dans son pays (Phu Cam), près des morts de sa far nille, faveur .insigne à laquelle les
Annamites tiennent par-dessus tout, et que tant d'autres hélas ! N’ont pu obtenir Heureux ceux,
assez peu nombreux, pour lesquels on a pu trouver un cercueil !
12. Etienne Tuong, de Phu Cam, âgé d'environ 40 ans, exilé quoique déjà très malade alors,
avec sa femme et ses enfants, au village de Da Le, y mourut deux mois après, dans la maison de
détention, et y fut enterré l'an 14 de Tu Duc 10e mois. Il ne fut mis ni à la cangue ni aux entraves à
cause de sa maladie qu'on jugeait mortelle.
13. Joseph Muu, fils des époux Thi, âgé de 30 ans, non encore marié, fut exilé avec ses
parents au village de Da Le, le 8e mois de l'année 14 de Tu Duc. La plupart du temps, il était à la
cangue ; et, parfois, la nuit on le mettait aux ceps. Un jour qu'il refusait obstinément de se rendre
aux raisons des païens qui voulaient le faire apostasier, ceux-ci se préparèrent à le frapper. Quand il
se vit attaché, il eut peur et fit signe qu'il se rendait, et cela même avant d'avoir reçu un seul coup.
Peu après, attaqué de la dysenterie, il se confessa avec une grande douleur et mourut dans la maison
de détention (6e mois, an 15 dé Tu Duc). Son corps est enterré au lieu de son décès.
14. La veuve Anna Tu, âgée de plus de 60 ans, fut à la même époque envoyée au même
village avec ses enfants. Elle eut la cangue, mais de temps à autre seulement. Plusieurs fois, les
païens par leurs discours tentèrent de la porter à renoncer à sa foi ; mais elle n'en fit jamais rien. Elle
mourut du choléra à la maison de détention, le 7e mois de l'année suivante (an 15 de Tu Duc). Son
corps est enterré au lieu de sa mort.
15. Ambroise Tri, âgé de 50 ans, bien que très gravement malade, fut envoyé avec sa femme
et ses enfants au village de Chan Chu, le 7e mois de la 14e année de Tu Duc. Sa maladie
s'aggravant de jour en jour, il ne quittait point la .maison de détention où on le laissait du reste assez
libre. Ordre ayant été donné de le transférer dans un autre lieu, il fallut l'y porter en filet, car il était
trop faible pour faire un seul pas. Il mourut dans cette nouvelle prison, le 11e mois de la même
année. Là comme ailleurs, les païens jugèrent que c'était assez dé sa maladie et ne lui firent subir
aucun tourment. Il est enterré à Van Duong.
16. Agnès Thanh, âgée de 40 ans, tille du premier catéchiste de Phu Cam, fut exilée avec
son mari à An Cuu, le village voisin. D'abord traitée avec quelques égards, elle eut ensuite à porter
la cangue très souvent. Elle mourut au bout de six mois, d'une maladie de coeur, après avoir reçu les
derniers sacrements (2e mois, an 15 de Tu Duc). Son corps est enterré au lieu de sa mort.
17. Pierre Bai, fils du sculpteur Su, pendant que son père était exilé pour la foi dans une
province lointaine du Tonkin, fut envoyé, avec sa mère, au village de Duong Xuan ; ensuite, on les
transféra au village de An Cuu. Là, Pierre mourut dans la maison de détention, à l'âge de quatre ans.
Son corps a été rapporté et enterré à Phu Cam (an 11 ou 15 de Tu Duc).
18. Lucie Beo, fille des époux Chan, fut exilée avec ses parents au village de Buong An,
ensuite, transférée au village de Cong Luong, enfin, à An Cuu, où elle est morte, après cinq mois de
détention, de la petite vérole, à l'âge de cinq ans, (ans 14 ou 15 de Tu Duc), Son corps a été rapporté
et enterré à Phu Cam par ses parents,
19. Pierre Tan, fils des époux Vien Tuong, âgé de 4 ans et exilé avec eux, mourut à la
maison de détention du village de Nguyet Bieu, le 15 du 3e mois, an 15 de Tu Duc. Son corps est
enterré au dit lieu.
20. Paul Dieu, fils des époux Van, âgé de 3 ans ; mort au même lieu et la même année que
pour le précédent.
21. Marie Gianh, âgée de 5 ans, fille des époux Thien, envoyée avec eux au village de Bao
Vang, y mourut et y fut enterrée le 10 mois de l'an 14 de Tu Duc.
22. Marie Du, âgée de plus de 80 ans, veuve après quelques mois de mariage et sans enfant,
fut avec son neveu exilée pour la foi au village de Nam Pho. Il fallut l'y porter en filet, à cause de
son grand âge et de ses infirmités ; elle y mourut peu après, le 10e mois de l'an 14 de Tu Duc. On
l'enterra dans les broussailles qui environnaient ce village.
23. La veuve Anna Chuong, âgée de 50 ans, fut d'abord envoyée au village de La Son,
ensuite transférée au village d'An Tach. Là, elle fut mise à la cangue, mais pas continuellement. Un
an après, quand les chrétiens purent retourner chacun à son village, elle était bien gravement
malade. Ses parents la rapportaient en filet quand elle mourut en route. Son corps a été le lendemain
enterré à Phu Cam (An 15).
24. Agnès Chiu, âgée de 12 ans, fut exilée pour sa foi avec ses parents, les époux Vinh au
village de Phu Mon ; ensuite, transférée au village de Phuoc Lam. Deux fois, le mandarin du lieu lui
offrit la liberté si elle se résignait à apostasier, et deux fois, elle refusa nettement. Plus tard, la
maison de détention pour les chrétiens fut transportée en dehors du village, afin qu'on pût plus
facilement se défaire d'eux sans danger, si l'autorité le commandait. L'air était malsain ; Agnès Chiu
tomba malade et mourut quelques jours après. Le mandarin vint pour constater son décès et permit
de l'enterrer près de là. On ne put lui procurer de cercueil. (Ans 14 ou 15 de Tu Duc).
25. Anna Toan, âgée de 25 ans et nouvellement mariée, fut envoyée avec son époux au
village de An Nong. Timide et malade, on fut obligé de la porter à bras jusqu'à ce lieu, où elle
mourut, résignée, après trois jours de grandes douleurs (8 mois, an 14 de Tu Duc). On l'enterra au
lieu de sa mort ; mais l'année suivante, ses parents ont rapporté ses restes à Phu Cam, et les ont
inhumés dans une propriété particulière à An Cuu.
26. La veuve Anna Nghiem, âgée de 50 ans, fut exilée pour la foi avec son fils au village de
An Nong, La plupart du temps elle était à la cangue. Bien des fois le gardien lui offrit la liberté si
elle voulait faire un semblant d'apostasie ; elle refusa constamment, Le 4e mois de l'année suivante,
elle mourut d'hydropisie dans la maison de détention. Le mandarin, ayant constaté sa mort, la fit
enterrer non loin de là, dans les broussailles.
27. Marie Tiep, âgée de 13 ans, née à Duong Son, mais alors habitant Phu Cam, fut exilée au
village de Than Phu. Sa jeunesse la sauva de la cangue. Elle est morte de maladie dans la prison, le
3e mois de l'année suivante (15e de Tu Duc).
Je crois à propos de dire quelques mots du passé et du présent de cette chrétienté de Phu
Cam, si intéressante à plus d'un titre pour les coeurs catholiques : La chrétienté de Phu Cam est
située dans un endroit très sain, sur un sol pierreux, ombragé seulement de quelques touffes de
bambous, sur la rive d'un beau cours d'eau qui va se perdre à une demi heure, plus bas, dans le
grand fleuve, en face des murs de Hu.
Autrefois elle était nombreuse et riche, comptant près de 1000 chrétiens, fervents et
industrieux. Elle a donné à l'Église de Dieu des martyrs, des confesseurs, des prêtres et des
religieuses, plus qu'aucune autre chrétienté du Vicariat apostolique, et aujourd'hui, malgré ses
malheurs, cet éloge peut encore lui être donné. Complètement bouleversée par la dernière
persécution, c'était pitié et joie tout ensemble de voir ses fidèles habitants, au retour de la
dispersion, refaire, en place de leurs maisons ruinées, de pauvres baraques en bambou ; en place de
leur belle église, un triste hangar trop étroit ; et puis, reprendre leur vie d'autrefois, faisant des
chapeaux pour gagner leur vie.
Malheureusement le choléra est venu, terrible plus qu'ailleurs ; le travail a manqué ; la
famine a sévi ; le commerce des chapeaux est tombé et la chrétienté a été obligée de se disperser
d'elle-même. Elle ne compte plus guère aujourd'hui que 600 âmes. Toutefois la ferveur ne semble
pas avoir diminué, la prière s'y récite très bien, et toujours en commun ; l'archiconfrérie du saint et
immaculé Coeur de Marie y. fleurit de plus en plus ; un couvent de vierges chrétiennes s'y abrite
pauvrement. Enfin, il est permis d'espérer que Phu Cam recouvrera peu à peu son ancienne
splendeur.
La chrétienté suivante n'est, à vrai dire, qu'une dépendance de la chrétienté de Phu Cam.
II. — Chrétienté de Van Duong.
1. Antoine Hot, enfant de deux ans, fils du capitaine Nhi, exilé avec ses parents
successivement en deux villages, mourut dans la maison de détention à Duong Xuan le 1er mois de
la 15e année de Tu Duc. Il est enterré à An Cuu.
2. Joachim Nho naquit et mourut cinq jours après, dans le même lieu que le précédent.
Ses parents les époux No, dispersés pour la fol, l'inhumèrent près du village de An Cuu.
3. Anna Tong, âgée de six ans, fille des époux Tinh, exilée avec eux au village de Nguyet
Bieu, y mourut de la petite vérole dans la maison de détention, le 9e mois de l'année 14 de Tu Duc.
Elle est enterrée au dit lieu.
III. — Chrétienté de Tho Duc.
1. La veuve Anna Huu, âgée de plus de 60 ans, fut détenue en haine de la religion, au village
de Van The, le 8e mois de la 14e année de Tu Duc. On ne la mit ni à la cangue, ni aux ceps, à cause
de son âge de venue avancé et de sa mauvaise santé. Le 9e mois de cette même année, étant
hydropique, elle mourut au bout de quinze jours de souffrances, dans la maison de détention, Elle
est enterrée près du même village de Van The.
2. La veuve Marie Loan, âgée de près de 60 ans, fut exilée avec son fils le même mois et la
même année que la précédente, au village de Nam Pho, sans la cangue, ni les ceps. Environ un mois
après, elle mourut de la fièvre, dans la maison de détention. Après que les autorités eurent constaté
le décès, son corps fut enterré près du dit village de Nam Pho.
3. Michel Qui, orphelin nouvellement baptisé, âgé de 25 ans, non encore marié, fut exilé, à
la même époque que les précédentes, au village de Nam Pho. Il était à la cangue, mais seulement de
temps en temps ; au bout d'un mois il est mort de la fièvre, dans la maison de détention, Après que
les autorités eurent constaté la mort, son corps fut inhumé dans les brousses, tout près de là.
4. La veuve Anne Thông, âgée d'environ 65 ans, distinguée par sa piété, fut envoyée, en
haine de la religion, en compagnie de ses enfants, au village de Su Lô (8e mois, an 14 de Tu Duc).
Elle n'était ni à la cangue, ni aux ceps ; seulement, plus d'une fois le village lui offrit sa liberté en
échange de l'apostasie; ce qu'elle refusa avec indignation. Elle est morte de la dysenterie dans la
maison de détention, le 9e mois de la même année. Son corps a été convenablement inhumé au lieu
de sépulture du village de Su Lô.
5. La femme Kha, âgée d'environ 30 ans, native de Phu Cam, belle fille de la précédente, fut
exilée au même lieu qu'elle et à la même époque. La cangue et les ceps lui furent aussi épargnés.
Comme sa belle-mère, elle refusa plusieurs fois la liberté que le village lui offrait, si elle consentait
à apostasier. Le 9e mois de la même année, elle mourut de la dysenterie, à la maison de détention.
Son corps est enterré au même lieu que celui de sa belle-mère.
6. Le catéchiste Pierre Mau, connu pour sa piété, âgé d'environ 60 ans, veuf depuis
longtemps, fut exilé pour la foi et détenu au village de Cao Hai (8e mois, 14e année). La plupart du
temps, il portait la cangue ; deux ou trois fois, on lui offrit sa liberté, s'il voulait abandonner sa
religion. Ce fut inutile. On eut alors recours au rotin pour vaincre sa constance. Au troisième coup,
il dit qu'il consentait à ce qu'on voudrait. Néanmoins, ramené en prison, il y est mort huit jours
après, de maladie et d'inanition. Avant sa mort, ses enfants, dispersés au même lieu et rassemblés
autour de lui, l'entendirent faire hautement des actes de repentir accompagnés de larmes, priant
Dieu de lui pardonner sa faute. Les autorités constatèrent son décès et le firent enterrer dans la
plaine, près du lieu de sa mort.
7. Barthélemy Hi, âgé de 27 ans, non marié, chrétien très fervent, fils des époux Tuyen tous
deux défunts, fut envoyé avec sa parenté au village de Van Duong (8e mois, an 14). Bien souvent, il
avait la cangue, moins souvent les ceps. Il refusa toujours d'apostasier en échange de la liberté que
le village voulait lui rendre à ce prix. Il est mort du choléra, le 12e mois de la même année, dans la
maison de détention. Avant sa mort, il reçut les sacrements ; son corps repose près de la rive nord
du fleuve qui passe près du village.
8. Agnès Quien, bonne chrétienne, âgée de 50 ans, fille des époux Khuong, non mariée
parce quelle n'avait point voulu quitter sa vieille mère aveugle, fut détenue au village de Van Duong
(8e mois, an 14). La plupart du temps, elle dut porter la cangue ; les tentatives qu'on fit pour la
contraindre à apostasier demeurèrent constamment inutiles. Elle finit par mourir du choléra, à la
maison de détention, le 1er mois de la 15e année du même règne, munie des derniers sacrements.
Son corps est enterré près de la rive nord de la rivière de l'endroit.
9. La veuve Agnès Khuong, excellente chrétienne, âgée de près de cent ans, aveugle et
infirme, mère de la précédente, fut exilée au même village et à la même époque. En considération
de sa vieillesse, elle y fut traitée avec beaucoup d'égards. Mais après la mort de sa fille, personne
n'étant là pour lui donner les soins particuliers que sa position demandait, elle s'éteignit dans la
maison de détention, le 2e mois de la 15e année de Tu Duc, après avoir reçu les derniers
sacrements. Son corps est enterré sur la rive droite de la rivière de Van Duong.
10. Michel Cay, nouvellement baptisé, orphelin, âgé d'environ 30 ans, marié depuis peu à
une femme chrétienne, fut détenu avec elle au village de Huynh An (8e mois, 14e année de Tu
Duc). La plupart du temps il portait la cangue. Après son arrivée, il fut mis aux ceps pendant deux
jours ; on voulut depuis l'y remettre encore une fois, s'il se refusait à apostasier ; au cas contraire, on
lui rendrait la liberté. Il tint ferme, sans hésitation aucune. Peu de temps après, il mourait d'une
maladie de foie, le 10e mois de la même année. Son corps est enterré au lieu de sépulture du susdit
village.
11. Anna Mui, enfant de 3 ans, fille des époux Thoi, fut exilée avec ses parents au village de
Xuan Hoa. Au bout de deux mois, elle y mourut de la petite vérole, dans la maison de détention.
Son corps fut rapporté et enterré à Tho Duc (10e mois, 15e année de Tu Duc).
12. Paul Huynh, père de famille âgé de 45 ans, fut détenu avec sa femme et ses enfants au
village de Bao Vang, le 25 du 7e mois, an 14 de Tu Duc. Il était souvent mis à la cangue, mais peu
de temps chaque fois au commencement ; plus tard, il y fut continuellement ; puis, de nouveau,
seulement par intervalles. Trois ou quatre fois, le village lui proposa en vain d'apostasier pour
recouvrer sa liberté. Le 2e mois de l'année suivante (an 15 de Tu Duc), le village le fit lier à un pieu
et frapper du rotin. Au dixième coup, il se rendit, promettant de renoncer à sa religion. Il fut
cependant reconduit en prison. Le 3e mois, la maison de détention ayant été transportée en dehors
du village, afin de se défaire plus aisément des prisonniers si l'ordre en était donné, il y fut transféré
comme les autres, avec la cangue nuit et jour. Le 4e mois, ramené à sa première prison, il y fut
attaqué de la dysenterie et mourut dans de bons sentiments, dit-on, le 5e mois de la même année. Il
est enterré au même lieu dans la partie sud du cimetière.
13. La veuve Anna Than, domiciliée près du marché de Kim Long, fut exilée aveu sa
parenté et détenue au village de Phu Xuan ; elle était âgé de 90 ans environ (8e mois, an 14 de Tu
Duc). Déjà malade depuis longtemps, elle y est morte au bout d'un mois environ. Après que
l'autorité eut constaté sa mort, son corps fut porté et inhumé à Phu Cam.
14. Anna Na, enfant de 4 ans, fille des époux Nhien ou Nhieu, exilée avec eux-mêmes au
village de Truong Giang, puis au village de Trieu Son Tay Giap, y mourut d'hydropisie dans la
maison de détention, le 7e mois de l'an 15e de Tu Duc. Elle y fut enterrée tout près de la grande
route. Depuis, on n'a pu retrouver son corps pour l'enterrer dans un autre lien.
15. Pierre Nhien, âgé de 40 ans, domicilié près du marché de Kim-long fut envoyé avec sa
femme et ses enfants au village de Phu Xuan, ensuite détenu à Trieu Son Tay Giap. Souvent à la
cangue ; il reçut, de plus, 17 coups de rotin, sans vouloir apostasier. Quand parut l'édit d'amnistie,
les mauvais traitements l'avaient rendu malade depuis près d'un mois. Il est mort en chemin, quand
ses proches le rapportaient à sa maison, le 7e mois, an 15 de Tu Duc. Il est enterré près des autres
défunts de sa famille.
16. André Quyen, père de famille, âgé d'environ 40 ans, vieux soldat de la marine royale,
apostasia d'abord devant le tribunal. De retour â sa maison, il fut cependant exilé avec sa femme et
ses enfants, et détenu au village de Duong Xuu ha (8e mois, an 14 de Tu Duc), et plus tard, transféré
à la prison de An Cuu. Il avait parfois la cangue et les ceps. C'est là qu'il est mort de maladie (6e
mois, an 15 de Tu duc), Près de mourir, il se repentit et témoigna extérieurement, devant ses
parents, un profond regret de sa faute antérieure, Son corps est enterré au cimetière du village où il
est mort.
17. Marie Ngoi, âgée d'un peu plus de 30 ans, née à Van Duong, depuis mariée à Tho Duc,
fut exilée pour la foi avec son époux, au village de Duong Xu-uu ha, le 8e mois, 14e année de Tu
Duc). Là, le sous-préfet la fit comparaître et frapper de six coups de rotin, pour l'obliger à renier sa
foi ; ce fut sans succès. Transférée un mois après à la prison de An Cuu elle y tomba gravement
malade. En ce temps là, elle reçut encore douze coups de rotin, sans que sa constance défaillit. Son
hydropisie s'aggravant de jour en jour, elle mourut saintement dans sa prison, le 27 du 11e mois de
la même année ; son corps fut rapporté peu après dans son pays natal où il restait encore quelques
chrétiens libres, elle y a été inhumée convenablement. 
18. Anna Nu, enfant de trois ans, fille des époux Hao, les accornpagna a Duong Xu-uu ha,
puis à la prison de An Cuu où elle mourut le 1er mois de l'an 15 de Tu Duc. Sen corps est enterré
Tho Duc.
19. Michel Lien, enfant de trois ans, fils des époux Nhung, les suivit au même lieu que ci-
dessus. Transféré avec eux à la prison de An Cuu, il y fut attaqué par la petite vérole juste au
moment où paraissait l'édit du roi pour l'élargissement des chrétiens. Il rendit sa jeune lime à Dieu à
la maison paternelle et lut enterré dans le tombeau de sa famille (an 15). Laudate pueri Dominum !
Deux mots sur la chrétienté de Tho Duc :
La chrétienté de Tho Duc, ainsi nommée parce que jadis ses habitants étaient employés
presque tous aux fonderies royales, est agréablement située sur une petite éminence, près de la rive
gauche, en remontant le grand fleuve, à une demi-heure environ de la capitale assise sur la rive
opposée. C'est sans contredit une des plus anciennes chrétientés du royaume d'Annam ; elle a eu une
longue suite de beaux jours qui, hélas ! Semblent ne devoir pas revenir de sitôt. Elle a servi d'asile à
de nombreux missionnaires dont les restes précieux y reposent encore ; elle était le séjour des
officiers européens, quand les rois supportaient les étrangers par reconnaissance ou par besoin ; elle
avait une belle église et un couvent situés sur un site choisi. Elle vit plus d'une fois couler le sang
des martyrs, parmi lesquels il y a eu de ses enfants. La persécution l'a détruite. Maintenant, les
païens possèdent les beaux lieux consacrés par la prière et le sang des fidèles ; ceux-ci sont
relégués, au nombre d'environ 400, dans la partie la moins saine du village, où ils s'occupent à prier
Dieu et à travailler la soie, métier dans lequel ils ont la réputation d'exceller.
(A suivre.)
- Code 1918/469-479
- Document 469-479
- Année 1918

https://archives.mepasie.org/fr/annales/confesseurs-de-la-foi-de-1848-a-1862-3-
suite
IV. — Chrétienté de Ngoc Ho. 
1. La veuve Marthe Sam, âgée de 72 ans, fut tout d'abord détenue pour la foi à la sous-
préfecture, en attendant qu'on voulût bien désigner le lieu où elle devait être exilée avec sa parenté.
Ce lieu fut le village de Lai Buong. Elle y mourut d'épuisement et de maladie, dans la prison, sept
jours après y être arrivée, le 9e mois de la 14e année de Tu Duc. Son corps est enterré en ce même
village, mais sans cercueil, personne n'ayant eu les moyens, sinon la volonté, de lui en procurer. 
Ann. M.-E., 1918, n° 120 et 121. 
2. Pierre Kieng, père de famille âgé de 40 ans, exilé en haine de la religion avec sa femme et
ses enfants, le 8e mois, an 14 de Tu Duc, fut d'abord détenu au village du Xuut Du pendant trois
mois, puis au village de La Khé, sans la cangue, ni les ceps. Plus tard, il dut passer dans une autre
sous-préfecture, et puis dans une troisième, sans que son sort fût décidé; le temps qu'il n'était pas en
voyage, il le passait en prison. Enfin, il fut définitivement exilé au village de Mi Xuyen ; ses parents
durent l'y porter, car ses infirmités ne lui permettaient pas de s'y rendre d'une autre manière. Là, le
gardien des détenus et les notables du village le sollicitèrent à l'apostasie, en le menaçant du rotin et
en lui promettant la liberté s'il se rendait à leurs conseils ; il tint ferme constamment malgré la
gravité de sa maladie. Il est enterré sans cercueil, au village de Mi Xuyen, tout près de la grande
route royale. 
3. Joseph Dang, fils du précédent, naquit et mourut un mois après, dans la prison de Mi
Xuyen où ses parents étaient détenus. Son corps est enterré au même lieu, et de la même -manière
que Pierre Kieng. 
4. Philippe Doan, âgé de 30 ans, fils du premier catéchiste de la chrétienté, fut d'abord
conduit et détenu à la sous préfecture, puis envoyé au village de Lai Thanh, seul ; ce ne fut que plus
tard que sa femme et ses enfants l'y vinrent rejoindre, traînés par les payens (8e mois, an 14 de Tu
Duc). Il était là le plus souvent à la cangue ; les efforts réitérés des notables du village pour le faire
apostasier échouèrent toujours. La maison de détention ayant depuis été transportée en dehors du
village, cela nuisit à la santé de Philippe Doan qui tomba gravement malade (3e mois, an 15 de Tu
Duc). Il mourut le 25 du même mois ; son corps est enterré au pied de la montagne voisine de Lai
Thanh. 
5. Anna Than, fille du précédent, âgée de 2 ans, mourut de la petite vérole dans la prison où
son père était détenu, le 2 du 9e mois, an 14. Elle est enterrée dans les brousses du village de Lai
Thanh. 
6. Philippe Chung, veuf âgé de 70 ans, natif d'An Van, mais habitant Ngoc Ho, fut enfermé
à la sous-préfecture, le 8e mois, année 14 de Tu Duc, en attendant la dispersion. Dix jours après, il
s'acheminait au village de Tay Thanh. A cause de sa vieillesse, il n'avait point la cangue, ni les
entraves. Plusieurs fois, les païens l'engagèrent à apostasier sans jamais y réussir. Il est mort
d'épuisement causé par la faim, dans la maison de détention dont il ne sortait jamais, le 11e mois de
la même année. Son corps est enterré au village de Tay Thanh. 
7. Mari Tai, âgée de huit ans, fille unique des époux Huon, exilée avec eux au village de Tay
Thanh, le 8e mois de la 14e année de Tu Duc, mourut de faim dans la prison, le 11e mois de la
même année. Son corps est enterré convenablement au même lieu. On doute qu'elle ait eu l'usage de
la raison. 
8. Marie Thin, âgée de 30 ans, d'abord détenue 20 jours à la sous préfecture (8e mois, an
14), fut ensuite envoyée au village de Buong, puis au village de Lai Thanh. A la cangue de temps à
autre et plus tard sans discontinuer, on ajouta les entraves pendant quelques nuits. Trois fois
menacée, et invitée à apostasier, elle refusa avec une noble fermeté. Transférée à la nouvelle maison
de détention en dehors du village, on eut recours au rotin, pour l'obliger à renier sa foi, sans plus de
succès que précédemment. Dix jours plus tard, elle fit semblant d'apostasier au 10e coup de rotin.
Le village la conduisit aussitôt à la sous préfecture, afin qu'elle fît la chose en règle sous les yeux du
mandarin. Elle eut le malheur de le faire. Ramenée malgré cela à la prison, elle y est morte trois
jours après, pleurant, sans doute sa faute. On se hâta de l'enterrer sans cercueil, au pied de la
montagne voisine. 
9. Pierre Tu, âgé de 50 ans, marié à une païenne, voulut se faire passer lui aussi pour païen,
en plaçant dans sa maison un autel et des superstitions comme les gentils, et même en blasphémant
la religion chrétienne de toutes ses forces. Le mandarin ne s'y laissa point prendre et l'exila au
village de La Khé, où il demeura, sans cesse chargé de la cangue. De là, transféré un mois après au
village de Thu Le, il y apostasia deux fois, sur la simple invitation des païens, sans pour cela
recouvrer la liberté promise à sa lâcheté. Ce que voyant, bourrelé de remords, il dépérit eu quelques
jours et mourut sans apparence d'autre maladie. Il est enterré au même lieu (an 14 de Tu Duc). Il
paraît qu'il n'a pas donné de signe patent de conversion. 
10. Marie Sau, enfant de six ans, fille des époux Nhuong, exilée avec ses parents au village
de La Y, le 9e mois de l'année 14, y est morte dans la prison, le 16 du 6e mois de l'année suivante
(an 15 de Tu Duc). Sou corps est enterré près des morts de sa famille à Thanh Loi. 
V. — Chrétienté de Buong Tam. 
1. Joseph Can, âgé de 26 ans, fils des époux Ti, fut avec eux exilé pour la foi au village de
Tien Non, le 15 du 7e mois de l'an 14 de Tu Duc. De temps à autre, il portait la cangue. Attaqué du
choléra, il en est mort dans la maison de détention, le 16 du 1e, mois de l'an 15, du même roi. Un an
après, ses restes ont été rapportés et inhumés à Buong Tam. 
2. Joseph Dien, âgé de 80 ans, veuf, catéchiste de sa chrétienté, fut détenu avec ses enfants
au village à moitié chrétien de Kim Long, le 24 du 10e mois, 14e année du roi. Il y est mort de
maladie, le 14 du 2e mois de la 15e année de Tu Duc, Son corps, enterré d'abord au lieu de sa mort,
a été depuis rapporté par ses enfants et inhumé près des autres membres de sa famille, à Buong
Tam, son pays (16e année du règne). Cette petite chrétienté, la plus éloignée au pied des montagnes
peuplées de tigres, n'est guère qu'une dépendance de la suivante. 
VI. — Chrétienté de Da Han. 
1. Jacques Khoang, âgé de 63 ans, maire de l'endroit, fut d'abord en cette qualité détenu dix
jours à la sous-préfecture, ensuite exilé avec sa femme et ses enfants au village de An Hoa, (9e
mois, an 14 de Tu Duc) où, par intervalles, il dut porter la cangue. Il y est mort de la dysenterie à la
maison de détention, le 11e mois de la même année. Il est enterré dans la plaine, au sud de ce
village. 
2. Marie Dat, âgée de 65 ans, fut envoyée avec son mari au village de An Bang (9e mois, an
14) ; de là, un mois après, transférée au village de An Hoa. Une fois, on lui offrit de la renvoyer
libre, si elle voulait apostasier, ce qu'elle refusa, Un mois après, elle fut encore transférée au village
de Xuun Hoa où elle eut la cangue, après avoir de nouveau refusé de renoncer à sa foi. Elle ne
sortait jamais de la maison de détention ; elle y est morte du choléra, le 9 du 2e mois, an 15 du
règne, munie des derniers sacrements. Après que l'autorité eut constaté son décès, on l'enterra à
Thanh Loi. 
3. Elisabeth Nho naquit et mourut au bout de 3 mois dans la prison du village de Truoc Lam
où ses parents, les époux Thuan étaient détenus pour la foi (2e mois de la 150 année de Tu Duc).
Son petit corps a été rapporté et enterré près des défunts de la famille à Da Han. 
4. Pierre Nghi, âgé de 55 ans, fut exilé avec sa femme et ses enfants au village de Qui Lai, et
mis à la cangue le jour et la nuit (8e mois, an 14). Il refusa de se libérer par l'apostasie comme on l'y
conviait. Le 3e mois de l'an 15, il fut transféré à la nouvelle prison en dehors du village, et la nuit,
outre la cangue, il eut les entraves aux pieds. Frappé de trois coups de rotin, il refusa derechef
l'apostasie et la délivrance qui devait s'ensuivre. Attaqué de la dysenterie, il mourut dans sa prison,
le 8 du Ge mois de la même année. Son corps a été rapporté et enterré à Da Han, son pays natal. 
5. André Che, âgé de 16 ans, fils du précédent, détenu avec ses parents au village de Qui
Lai, fut à la cangue la plupart du temps, et mourut de la dysenterie dans la maison de détention, en
dehors du village (4e mois, an 15 de Tu Duc). Son décès constaté, il fut enterré, sans cercueil, au
même lieu, tout près du fleuve. 
6. Paul Vinh fut envoyé avec sa femme et ses enfants au village de Qui Lai (8e mois, an 14).
Il avait 55 ans et dut porter la cangue jour et nuit jusqu'à sa mort. Transféré à la nouvelle prison en
dehors du village, il fut, de plus; aux entraves pendant la nuit. Le 14 du 50 mois de l'an 15, il eut la
faiblesse d'apostasier devant le chef de canton. Le 20, il fut pris d'un violent choléra. Quand parut
l'édit d'amnistie qui renvoyait chez eux les chrétiens dispersés, on le rapporta à Da Han où il mourut
six jours après, le 2 du 7e mois, même année. Près de mourir, il se repentit et reçut les derniers
sacrements dans les meilleures dispositions. Il est enterré au cimetière du village. 
7. André Tuyen, âgé de 13 ans, fils du précédent, exilé au même village et à la même
époque, fut à la cangue seulement de temps en temps il est mort du choléra dans .la maison de
détention, en dehors du village (4e mois, an 15). Son décès constaté par les autorités, on l'enterra
près du fleuve voisin. 
8. Joseph Chien, orphelin âgé de 29 ans, fut exilé le 9e mois, an 14 de Tu Duc, au village de
Qui Lai ; sans cesse à la cangue, transféré depuis à la nouvelle prison en dehors de ce village, il
avait de plus les pieds aux ceps pendant la nuit. Le 5e mois de l'an 15 du même roi, affligé d'un flux
de sang continuel, il fut conduit devant le sous-préfet pour apostasier, ce qu'il eut le malheur de
faire. Reconduit en prison malgré sa faiblesse, il y mourut et fut enterré près de là (3 du 6e mois,
même année). On dit qu'il s'est bien repenti. 
9. Marie Dan, envoyée au même lieu et à la même époque que le précédent, y est morte du
choléra dans la maison de détention, le 19 du 10e mois de l'an 14 de Tu Duc, à l'âge de 27 ans. Son
décès une fois constaté par le mandarin, on la fit inhumer tout près du fleuve, sur la rive droite. Elle
n'eut à porter qu'une cangue très légère pendant qu'elle était en bonne santé. 
10. Agnès Khanh, âgée de plus de 40 ans fut exilée avec son mari et ses enfants au village
de The Vinh, le 9e mois, an 14 de Tu Duc. Elle portait la cangue de temps en temps. Le 12e mois de
la même année, on la transféra à la maison de détention de Qui Lai où, engagée à apostasier, elle s'y
refusa énergiquement. Quand parut l'édit d'amnistie, elle se trouvait malade à la prison en dehors du
même village. On dut la rapporter tout doucement à sa maison de Da Han, où elle est morte
quelques jours après, fortifiée par les derniers sacrements (7e mois, an 15 de Tu Duc). Elle est
enterrée à côté des défunts de sa famille. 
11. Pierre Phuong, enfant de quatre ans, fils d'Agnès Khanh, mourut danla maison de
détention de Qui Lai, le 4e mois, an 15 de Tu Duc. Son corps est enterré non loin de là, sur la rive
du fleuve. 
12. La veuve Magdeleine The fut exilée avec ses enfants au village de Qui Lai (7e mois, an
14 de Tu Duc). Transférée depuis à la nouvelle prison en dehors de ce village, elle y tomba
gravement malade. Vint l'édit d'amnistie ; on dut la rapporter dans son pays et dans sa maison
désolée ; elle y est morte au bout de deux jours, après avoir reçu les derniers sacrements (6e mois,
an 15). Son corps repose à Da Han. 
13. André Tinh, âgé de 12 ans, fils des époux Luong, fut exilé avec eux au village de Tien
Non ; puis, le 10e mois, an 14 de Tu Duc, transféré et détenu à Qui Lai. Il y mourut de la grippe un
mois après. Son décès dûment constaté par les autorités locales, son corps fut enterré sans cercueil
au nord du dit village. Ce village de Qui Lai s'est distingué par la dureté avec laquelle il a traité les
prisonniers chrétiens, et par les nombreuses propositions d'apostasie qu'il leur faisait. 
14. Pierre Nghiem, enfant de 5 ans, exilé avec ses parents, les époux Phap, au village de Kun
ou Kuu Bong, y est mort d'hydropisie, dans la maison de détention, le 3e mois, an 15 de Tu Duc. Il
est enterré près du fleuve, à l'est de ce village. 
15. La veuve Marie Mêe, âgée de 76 ans, fut envoyée avec ses enfants au village de Tien
Non (6e mois, an 14 de Tu Duc). On lui offrit la liberté en échange de l'apostasie, ce à quoi elle ne
voulut aucunement consentir. Transférée à une nouvelle prison, en dehors du susdit village, elle
refusa deux fois encore de renier sa foi pour obtenir son élargissement. Elle est morte de la
dysenterie, le 13 du 3e mois de l'an 15 de Tu Duc, après avoir reçu les derniers sacrements. Son
corps est enterré près de la rive droite du fleuve. Le choléra, la dysenterie et autres maladies dont les
chrétiens étaient si souvent victimes étaient, soit dit une fois pour toutes, provoqués par les mauvais
traitements dont on les accablait. 
16. La veuve Marie Hien, âgée de 70 ans, fut exilée avec ses enfants au village de Lai An
(6e mois, an 14 de Tu Duc). Elle y est morte en prison, le 5e mois de l'an 15 du même roi. Son
corps est enterré à l'est de cet endroit. 
17. Joseph Phuc, âgé de 8 ans, fils des époux Uon, exilé avec eux à Tien Non, y est mort
dans la prison, le 10e mois de l'année 14 de Tu Duc. Il est enterré à l'ouest, près du fleuve. 
18. La veuve Elisabeth Hau, âgée de 82 ans, fut exilée avec ses enfants, détenue au village
de Co Vuu, le 28 du 66 mois, an 14 de Tu Duc. Deux mois après, elle fut transférée à la prison de
An Hoa, et depuis le 13 du 12e mois, au village de Mau Tai où elle est morte du choléra le 20 du
même mois, après avoir souffert toutes sortes de privations. Son corps a été dans la suite rapporté et
enterré convenablement à Da Han son pays. 
19. Marie Hanh, âgée de 35 ans, fut à la même époque que la précédente détenue avec son
mari et ses enfants au village de Co Vuu ; de là, trois mois après, transférée à la prison de An Hoa ;
ensuite, le 12e mois, à celle du village de Mau Tai. Elle porta toujours la cangue, et quelquefois les
entraves pendant la nuit. La prison ayant été transférée pour la cause qu'on sait en dehors de ce
dernier village dans un lieu malsain, Marie Hanh tomba gravement malade. Malgré ses douleurs,
elle refusa d'apostasier pour obtenir sa délivrance. Le 6e mois, 15e année du roi, en vertu de l'édit
d'amnistie, ses parents la rapportèrent à Da Han, à l'endroit où avait été sa maison, C'est là qu'elle
est morte au bout de douze jours, munie des derniers sacrements qu'elle reçut avec la plus grande
ferveur. Son corps repose au cimetière de la chrétienté. Pendant la dispersion, les maladies étaient
presque toujours mortelles, à cause du manque de secours, de remèdes, de bon air et d'aliments. 
20. Joseph Thang, enfant de 7 ans, fils des époux Li Chien ou Chieu, exilé avec eux à Co
Vuu, à An Hoa et à Mau Tai, comme les précédents, mourut de maladie dans là prison de ce dernier
village, le 6e mois, an 15 de Tu Duc. Ses restes ont été depuis rapportés etenterrés à Da Han son
pays. 
21. Joseph Huon, âgé de 60 ans, fut détenu avec sa femme et ses enfants au village de Mau
Tai, le 12 du 9e mois, an 14 de Tu Duc. Le plus souvent, il avait la cangue. Deux fois, on lui promit
la liberté s'il voulait apostasier, ce dont il se garda bien. Il mourut de la dysenterie dans la prison, le
16 du 12e mois, même année. Son corps a été rapporté et inhumé à Da Han. 
22. Magdeleine Chut, fille des époux Binh, naquit et mourut au bout de 4 mois (2e mois, an
15 de Tu Duc) dans la prison du village de Mau Tai, où étaient détenus ses parents. Ses restes ont
été rapportés et enterrés à Da Han. 
23. Une autre Magdeleine Chut, fille des époux Luc, naquit et mourut au même lieu que la
précédente, après un mois seulement d'existence (3e mois, an 15 de Tu Duc). Son corps a été
rapporté et inhumé à Da Han par ses parents. 
24. Françoise Loi, orpheline âgée de 17 ans, fut envoyée avec ses deux jeunes soeurs au
village de Mau Tai (7e mois, an 14 de Tu Duc), Ce village, la voyant pauvre, malade et délaissée,
ne voulut point l'accepter dans la prison. Elle resta donc abandonnée près du fleuve, ne sachant que
faire, ni où aller. Elle est morte de faim et de misère au bout de 5 jours. Son corps est enterré à la
place même où elle mourut. 
25. La veuve Marthe Huyen, âgée de 62 ans, fut exilée et détenue au même village de Mau
Tai. Elle ne tarda pas à y mourir de maladie dans la maison de détention (8e mois, an 14 de Tu
Duc). Son corps a été dans la suite rapporté et inhumé à Da Han. 
26. La veuve Françoise Yen, âgée de 78 ans, fut exilée avec ses petits-enfants au village de
Thai Lai, ensuite détenue à la sous-préfecture (7e mois, an 14 de Tu Duc), puis de nouveau exilée
au village de Hien Si. Une fois invitée à se libérer par l'apostasie, elle refusa net. Elle est morte du
choléra, le 17 du 1er mois, an 15 de Tu Duc. Plus tard, ses restes ont été apportés et enterrés dans la
chrétienté de Da Han. 
27. Jacques Dong, âgé de 56 ans, fut envoyé avec sa femme et ses enfants au village de Bao
Mi (9e mois, an 14 de Tu Duc). La plupart du temps, il était à la cangue et parfois aux ceps. Il eut la
faiblesse d'écouter les gens du village qui le pressaient depuis longtemps de renoncer à sa religion.
Le 12e mois, transféré à la prison de Hien Si, il portalacangue continuellement et les entraves
pendant toutes les nuits. Là, plusieurs fois invité à apostasier, il refusa toujours énergiquement,
témoignant en public son repentir d'avoir faibli une première fois. Il est mort du choléra, en prison
(6 du 1er mois, an 15). Son corps a été depuis rapporté et enterré à Da Han. 
28. La veuve Magdeleine Tuan, âgée de 30 ans, fut exilée au village de Thai Lai (7e mois,
an 14). Elle eut le plus souvent la cangue et moins souvent les entraves. Le 12e mois, on la transféra
à la prison du village de Hien Si, où elle refusa de se délivrer par une feinte d'apostasie que le
village lui demandait, Elle est morte en prison, de la dysenterie, le 21 du 1er mois, an 15 de Tu Duc.
Ses restes ont été rapportés et inhumés à Da Han. 
29. La veuve Elisabeth Dieu, âgée de 50 ans, fut avec ses enfants exilée au village de Thai
Lai, où elle portait quelquefois la cangue (7e mois, an 14 de Tu Duc). Bien des fois, le village
voulut la forcer à apostasier, ce fut toujours sans y réussir. Plus tard, emprisonnée quelques jours à
la sous-préfecture, puis détenue au village de Hien Si, elle y refusa derechef plusieurs fois d'obtenir
sa liberté par l'apostasie. Elle mourut du choléra dans la prison, le 9 du 1er mois, an 15 du même
règne. Son corps est enterré au dit lieu, misérablement, sans cercueil. 
30. Magdeleine Ua, âgée de 50 ans, détenue avec son mari au village de Hien Si, où elle est
morte du choléra (11 du 1er mois, an 15 de Tu Duc) dans la maison de détention. Ses restes ont plus
tard été rapportés et inhumés à Da Han. 
31. Joseph Thau, âgé de 40 ans, nouvellement converti, baptisé, et marié à une chrétienne,
fut d'abord détenu à la sous-préfecture pendant un mois, puis envoyé avec son épouse au village de
Hien Si (10e mois, an 14). Il consentit à l'apostasie, après avoir fait quelques difficultés. On ne lui
rendit cependant point la liberté qu'on lui avait promise pour récompense de sa faiblesse. Il mourut
en prison, le 17 du 4e mois, an 15 de Tu Duc, on ne sait pas en quelles dispositions. Son corps a été
enterré au lieu de sa mort. 
32. Jacques Ngai, âgé de 25 ans, fils des époux Huynh, exilé avec eux au village de Thanh
Can, y est mort dans la prison, le 2e mois, an 15 de Tu Duc. Il est enterré à l'est de ce village. 
33. André Hao, âgé de 30 ans, et Marie Hao son épouse, âgée de 17 ans, tous deux
nouvellement convertis à la religion, furent exilés au village de Thanh Can (l1e mois, an 14). Ils
eurent pendant quelque temps la cangue et les ceps, trois fois le rotin, pour les amener à apostasier.
Les deux premières fois, ils tinrent ferme; mais la troisième, ils se rendirent après quelques coups.
Ils n'eurent pas pour cela leur liberté, mais furent gardés en prison; ils y tombèrent tous deux
malades du choléra dont ils moururent à cinq jours de distance, dans la contrition de leur faute (2e
mois, an 15). Ils sont enterrés ensemble non loin de là. 
34. Pierre Phan, enfant de cinq ans, fils des époux Hao, mourut de maladie dans la prison, le
12e mois de l'an 14 de Tu Duc. Son corps est enterré au lieu de sa mort. S'il n'a pas empêché ses
parents d'apostasier, c'est lui sans doute qui leur aura obtenu la grâce du repentir. 
35. La veuve Anna Tan, âgée d'environ 60 ans, fut exilée avec ses enfants au village de Tien
Non, le 16 du 7e mois, an 14 de Tu Duc ; ensuite, transférée au village de Mai Xuu. Deux fois, on
entreprit de lui persuader de renier sa foi, mais on n'y parvint pas. Depuis, elle fut de nouveau
transférée au village de Chanh Loc où elle est morte de la grippe, en prison (11 du 1er mois, an 15).
Après avoir constaté son décès, l'autorité fit enterrer son corps au lieu de sépulture ordinaire du
village. 
36. Françoise Ut, orpheline âgée de 17 ans, avait été adoptée par Anna Tan ; elle
l'accompagna dans la dispersion à Tien Non et à Mai Xuuu où elle devint hydropique. Elle est
morte de cette maladie, dans la prison de Chanh Loc (12e mois, an 14 de Tu Duc). Son corps est
enterré au même lieu que celui de sa mère adoptive. 
La chrétienté de Da Han, dont nous venons de voir tant de fidèles mourir dans les prisons,
est située au pied d'une haute montagne, près du point de jonction de deux grandes branches du
fleuve de Hué. Eloignée de la capitale, voisine des tigres, elle avait rarement reçu la visite d'un
missionnaire européen. De plus, placée non loin des tombeaux des rois d'Annam, et préposée à leur
garde une partie de l'année, elle avait pu difficilement se garder de certaines superstitions obligées
en pareil cas. Cependant, elle ne s'est montrée inférieure à nulle autre chrétienté : au temps de la
grande épreuve se sont révélés son courage et sa foi. Dieu en soit béni ! 
Voilà ce que j'ai pu recueillir touchant les chrétiens de la province royale de Thua Thien, Il y
a dans le 1er district de cette province trois grandes chrétientés : Kim Long, Duong Son, Ho Chuon,
dont il n'a pas été question. Cependant, nombre de leurs habitants sont partis pour un lointain exil,
après avoir confessé leur foi ; le reste a subi la commune dispersion ; mais par une particulière
protection de Dieu, je ne sache pas que personne ait succombé. Il y a encore dans cette province un
3e district, plus petit que les deux autres (Thanh Huong), sur lequel je n'ai pas eu de documents. 
(A suivre). 
- Code 1918/508-517
- Document 508-517
- Année 1918
PROVINCE DE QUANG TRI
PREMIER DISTRICT (DINH CAT)
https://archives.mepasie.org/fr/annales/confesseurs-de-la-foi-de-1848-a-1862-4-
suite

I. — Chrétienté de Nhu Ly. 


1. Dans la province de Quang Tri sous-préfecture de Dang Xuong, canton de Dien Cu,
village et chrétienté de Nhu Ly, les soldats Nhiem, Lanh, Hien (j'ignore les noms de baptême),
ayant généreusement refusé tous trois d'abandonner leur religion, furent pour ce fait, à deux reprises
différentes, d'abord détenus trois mois à la préfecture de la capitale en attendant leur sentence.
Ayant été condamnés à l'exil dans la province de Bac Ninh, on les mit à la chaîne aussitôt leur
sentence rendue. L'année suivante ils arrivèrent, après bien des opprobres et des fatigues, au lieu de
leur déportation. Là, on les mit au cachot, sans avoir jamais permission de sortir ; jour et nuit, ils
gardaient leur lourde chaîne ; ils ne recevaient d'aliments qu'une fois le jour, de sorte que la faim les
tourmentait cruellement. L'année 1862, ils furent mis aux entraves le jour et la nuit ; de plus, on les
tint étendus sur le sol humide, par une traverse en bambou qui leur pressait la poitrine, fixée qu'elle
était solidement à deux autres bambous plantés de chaque côté des patients. Leurs mains et leurs
pieds furent encore serrés avec plus de barbarie qu'auparavant, Dès cette époque, on ne leur donnait
plus rien à boire; ils n'avaient qu'une fois le jour un tout petit bol de riz, Cela dura près de 2 mois,
Le 4e jour du 10e mois, on les délivra des entraves et des liens. C'était trop tard ; épuisé de faim et
de souffrances, ils tombèrent tous trois malades de la même maladie, et moururent ensemble de la
même sainte morte. On les trouva, leur traverse encore sur la poitrine, les pieds près des ceps,
étendus sur leur mauvaise natte, sans aucune espèce de vêtements. On sait le mois, mais non le jour
de leur mort. Les soldats chrétiens enterrèrent leurs corps, on ignore en quel lieu. 
1. Voir Ann. M,-E. n 120, 121, 1 22. 
2. Le catéchiste Sam souffrit pour la foi trente coups de rotin, sans vouloir apostasier à
aucun prix, Il fut jeté en prison et attaché continuellement à un pieu. C'est là qu'il est mort, après
quelques jours de souffrance, fortifié par les sacrements de l'Eglise. 
3. Le bourgeois Quon, la dame Can, le chrétien Tuy et le chrétien Sac, détenus en prison
pour avoir vaillamment confessé leur foi, y sont morts tous les quatre, ayant reçu les derniers
sacrements avec une grand piété. 
NOTA. — La chrétienté de Nhu Ly s'est de tout temps distinguée par sa ferveur, son
dévouement, et une dévotion particulière à la très sainte Vierge. 
II. — Chrétienté de Bo Lieu. 
1. Le dernier mois de la 12e année de Tu Duc, tous les notables de cette chrétienté furent
arrêtés en haine de la religion, envoyés au prétoire de la capitale, mis à la cangue, jetés en prison,
puis, plus tard, confiés pour la plupart à la surveillance des villages païens du voisinages. Parmi
eux, un seul est mort en prison, c'est le bourgeois Thuong. 
2. Les chrétiens Nhuan et Le, les chrétiennes Quyen, Hoa et Tuu, exilés et emprisonnés pour
la foi, sont tous les cinq morts de maladie à la maison de détention, après avoir reçu les derniers
sacrements. 
3. La jeune fille Mat, ne voulant pas apostasier, reçut 30 coups de rotin ; elle mourut en
prison quelques jours après, par suite de ce barbare traitement. 
4. Le catéchiste Que, pris, ratiné et détenu pour la foi, était tellement souffrant, que par pitié
on le renvoya de la prison chez lui. Il y est mort quelques jours après. 
5. Le bourgeois Luong, emprisonné pour avoir généreusement confessé sa religion, fut de
plus chargé de la cangue et mis aux entraves, le tout treize jours et treize nuits durant, Au bout de ce
temps, il est mort d'épuisement et de douleurs dans la prison. 
III. — Chrétienne de Co Vuu, 
1. Le lettré Luong fut d'abord détenu, pour cause de religion, sept mois à la préfecture du
Quang Tri, à la cangue et aux entraves. Sa sentence rendue, il reçut la chaîne et dut partir pour l'exil
dans la province de Bac Ninh, Durant les vingt premiers mois de sa détention il ne quitta jamais son
cachot ; pendant la nuit, il avait les pieds aux ceps. Quelque chose de plus pénible l'attendait
ensuite. Pendant 28 jours, couché sur le dos entre deux pieux qui lui serraient les côtés et servaient à
fixer un bambou passant sur la poitrine én forme de traverse, les pieds aux entraves et les mains
liées fortement, on ne lui donna à manger qu'une pincée de riz chaque jour. Plus tard, on lui délia
les mains, mais on lui laissa sa traverse et sa chaîne ; il put avoir du riz en suffisante quantité, mais
pas autre chose à manger. Quand parut l'édit d'amnistie, il était malade ; son corps était tout enflé.
Malgré cela, il se mit en route pour regagner sa patrie. Arrivé à Nghe An, Il mourut (an 15 de Tu
Duc). Peu de jours auparavant, il s'était confessé et avait reçu l'extrême-onction à Ha Noi. On put
lui procurer un cercueil, et on l'enterra au lieu de sa mort. 
2. Le soldat Guong, fils du bourgeois Ninh et de sa femme Sang, refusa d'abandonner sa
religion. Après dix mois de détention à la préfecture de la capitale, avec la cangue sur les épaules, il
fut condamné à l'exil pour quatre ans, dans la province de Hung Yen. Il partit après avoir reçu une
lourde chaîne, et arriva épuisé de fatigue. Là, sommé de nouveau d'apostasier, il refusa et fut
décapité. 
IV. — Chrétienté de An Long. 
1. Le lettré Hoc et le soldat Dung, arrêtés à cause de leur religion, la confessèrent
vaillamment (1859). Ils furent d'abord détenus à la cangue pendant sept mois, à la préfecture de leur
province. Leur entente arriva : c'était la chaîne et l'exil pour deux ans, dans la province de Hung
Yen. Après une prison continuelle et affreuse, le 2e mois de l'année 1862, ils furent de nouveau
sommés de renoncer à leur religion, s'ils ne voulaient pas mourir. Ils choisirent la mort et furent
décapités sur-le-champ. On n'a pu savoir où les corps de ces martyrs ont été enterrés. 
2. Le lettré De, refusa d'apostasier, l'an 13 de Tu Duc ; il d'ut en conséquence porter la
cangue et rester en prison six mois, en attendant sa sentence ; ce fuient la chaîne et l'exil, dans la
province de Tuyen Quang. Il y arriva malade et épuisé. Les horreurs du cachot l'achevèrent bientôt.
C'est ainsi qu'il est mort exilé et prisonnier pour Jésus-Christ. 
3. Le soldat Muu, fut, après sa glorieuse confession, détenu un an dans les prisons de la
préfecture de la capitale, la cangue sur les épaules sans interruption. Il est mort ainsi, quelques jours
après la sentence qui le condamnait à l'exil avec la chaîne. 
4. Le soldat Nhien ou Nhieu, après la détention et la cangue pendant quelques mois, fut
condamné, en punition de son attachement à sa foi, à la chaîne et à l'exil, dans la province de Hung
Hoa. Il en revint, mais mourut de suite après son retour, d'une maladie contractée en exil. 
5. Le soldat De, confesseur de la foi, et pour cela soumis à une longue prison préventive,
condamné à l'exil avec la chaîné dans la province de Son Tay; y est mort au cachot, de maladie et de
privations. 
6. Le lettré Sam, d'abord détenu un an avec la cangue, pour cause dè religion, dans les
prisons de la préfecture de la capitale, fut depuis condamné à l'exil avec la chaîne, dans la province
de Thanh Hoa. Il y est mort en prison. 
V. — Chrétienté de Duong Loc 
1. Le premier catéchiste de cette chrétienté, nommé Can, fut détenu en cette qualité à la
préfecture du Quang Tri, à la cangue et aux entraves pendant un an et trois mois. Ensuite, placé sous
la surveillance d'un village païen du voisinage, il y est mort de maladie et de…. 
2. Le second catéchiste de la même chrétienté, nommé Hoang, reçut, en punition de sa
fidélité à la religion chrétienne, 60 coups de rotin. Il est mort quelques jours après, dans sa prison,
par suite de ce cruel traitement. 
VI. — Chrétienté de Dai Loc. 
1. Les soldats Duc et Thanh, arrêtés pour leur religion et détenus à la cangue durant un
grand mois, dans les prisons de la préfecture de la capitale, puis condamnés à l'exil avec la chaîne
dans la province de Thanh Hoa, y sont morts au cachot de maladies et d'afflictions. 
2. Le médecin Khue, ayant reçu sans s'émouvoir près de deux cents coups de rotin, un
moment vaincu par la douleur, apostasia : il se repentit et se rétracta de suite. On le renvoya mourir
chez lui, et en effet, à peine était-il entré dans sa maison qu'il expira. 
VII. — Chrétienté de Dong Giam. 
1. Le lettré Nhuong, homme très considéré, était scribe depuis la 9e année de Tu Duc. Il
remplissait cet office à la capitale qu'il dut quitter, perdant sa place à cause de sa qualité de chrétien,
la douzième année du même roi. Il refusa une première fois d'apostasier devant ses supérieurs, et
une seconde fois devant le ministre des supplices qui ne lui épargna point les plus cruelles tortures.
Il dut quitter les pénibles travaux de curage et terrassement, auxquels on l'avait d'abord employé,
pour la cangue à clous de 1er et une prison préventive à la préfecture; cela dura l'espace de seize
mois. Sa sentence portait la chaîne et l'exil dans la province de Tuyen Quang. En route, il eut le
bonheur de pouvoir se confesser deux fois. Arrivé le 8e mois, 13e année de Tu Duc, au lieu de son
exil, on le mit au cachot. Bientôt victime du choléra, il mourut le 4 du 12e mois, la même année,
dans l'après-midi. Avant d'expirer, il témoigna le désir de se confesser, ce qui fut impossible, faute
de prêtre. Le lendemain, les chrétiens ses compatriotes, et les autres compagnons de son exil,
l'enterrèrent solennellement. Son corps a la tête tournée du côté du village de Xa Tai, les pieds vers
Tan An ; à gauche se trouve le tombeau de Doi Loc et à droite le tombeau de Ong Tu. 
2. Lé nommé Day, aussi lettré, déjà bien faible, put cependant recevoir 20 coups de rotin
sans s'émouvoir. Renvoyé en prison, à cause de cette noble persistance dans la foi, il y est mort
d'épuisement, avant que sa sentence d'exil ait été portée. 
VIII. — Chrétienté de Phan Xa. 
La vierge chrétienne Nuong, ayant reçu généreusement 55 coups de rotin pour Jésus-Christ,
mourut des suites de ces coups dans la maison de détention où elle était prisonnière. 
IX. — Chrétienté de Duong Le. 
1. Le lettré Lan, détenu au ministère pendant trois mois pour cause de religion, fut transféré
ensuite à la grande prison de la capitale, où neuf mois après, il mourut de maladie, la chaîne au cou
et les pieds aux ceps. 
2. Le soldat Kim, détenu au ministère pendant trois mois, comme le précédent, sans vouloir
apostasier, fut ensuite mis a la chaîne et conduit dans la même prison que lui. Il y est mort de
maladie environ un an après. Son corps est enterré dans la chrétienté de Phu Cam. 
3. Le bourgeois Boi est mort en prison pour la foi, avant toutefois d'avoir confessé Jésus-
Christ, mais bien décidé à le faire aussitôt qu'on l'appellerait pour l'interroger. 
X. Chrétienté de An Dôn. 
Le soldat Antoine Ky, sur son refus d'apostasier, fut détenu pendant deux mois, la cangue
sur les épaules, à la prison de la préfecture de la capitale, en attendant sa sentence. Il fut condamné à
la chaîne et à l'exil, dans la province de Hung Yen, pour quatre ans. Là, sommé par le préfet de
fouler la croix, il refusa net, et fut aussitôt décapité. 
Le district de Dinh Cat est celui de tout le Vicariat qui renferme le plus de chrétiens ; les
défections, de même que les morts, y ont été rares, mais les vexations n'ont pas manqué. Sans y
comprendre les quelques lâches qui ont apostasié, les chrétiens de ce district ont reçu, en masse,
l'énorme chiffre de 13400 coups de rotin pour leur foi ; j'en ai fait le dénombrement, et le total est
rigoureusement exact. 

DEUXIÈME DISTRICT (DI LOAN)


I. — Chrétienté de Di Loan. 
1. Le catéchiste Pierre Thuan, âgé de 60 ans, chef de la chrétienté, fut pris plusieurs fois et
refusa toujours d'apostasier ; aussi à la fin fut-il détenu à la préfecture de sa province, à la cangue
sans relâche pendant 10 mois et 10 jours. Etant alors tombé gravement malade, on le délivra de sa
cangue, ce qui néanmoins ne put l'empêcher de mourir d'épuisement un mois après. Il reçut les
derniers sacrements avec une grande piété. Son corps est enterré à Bon Quoan. Son épouse,
intrépide comme lui, souffrit de même sans apostasier ; elle vit encore. Leurs enfants se sont aussi
tous montrés dignes de tels parents. 
2. Le catéchiste Pierre Thanh, âgé d'environ 30 ans, soldat de la marine royale, confessa
intrépidement sa foi, disent ses chefs, l'an II de Tu Duc. Livré en conséquence au ministère des
supplices, il refusa d'apostasier ce qui lui valut d'être condamne à la chaîne et à l'exil, dans la
province de Hung Hoa. En attendant le départ, il fut un mois aux entraves et au cachot à la capitale.
Le 6e mois; il partit du port sur une barque jusqu'à Nam Dinh ; de là, par les provinces de Ha Noi et
Son Tay, il arriva enfin à Hung Hoa. Comme les autres confesseurs exilés en ce lieu, il put obtenir à
prix d'argent de n'être point séparé complètement de tout autre chrétien. On l'envoya donc en
compagnie de beaucoup d'autres à Bao Phong Tho, où ses souffrances diminuèrent, grâce aux
bonnes dispositions du mandarin local, Néanmoins, il tomba malade et perdit la raison. Il est Mort
depuis, le 9 du 9e mois, an 14 de Tu Duc, entouré des autres chrétiens qui priaient pour lui ; il ne
recouvra cependant point ses facultés. Son corps est enterré non loin du lieu de sa mort. 
3. Le catéchiste Dominique Nguyen, second Chef de la chrétienté, âgé de 51 ans, fut arrêté
en cette qualité et envoyé à Ha Thuong. Il n'eut à souffrir ni la cangue, ni la chaîne, ni le rotin, en
considération de son grand âge ; mais faible, et rigoureusement gardé à vue, il ne put chercher sa
nourriture, de sorte qu'il mourut bientôt de faim. Son corps est enterré convenablement à Ha Tuong.
Il laissait femme et enfants qui sont maintenant encore vivants. 
4. Le soldat Tu, de la marine impériale, refusa d'apostasier devant le mandarin, la 11e année
de Tu Duc. Pour ce refus, il fut condamné à l'exil dans la province de Thai Nguyen (5e mois, même
année). Mis à la chaîne, il fut détenu un mois au cachot dans la province royale, en attendant le
départ qui eut lieu le 20 du 6e mois, même année, sur une barque du port de la capitale. Débarqué
dans la province de Thanh Hoa, notre soldat fit le reste de la route à pied jusqu'à Thai Nguyen, où il
parvint le 17 du 7e mois, même année. Après 15 jours de cachot en ce lieu, il fut renvoyé dans une
autre prison, à trois jours de distance ; il portait continuellement une lourde chaîne ; la nuit, il était
aux ceps, et souvent, il n'eut pas de quoi manger. Le 8e mois de la 14e année du roi; on le rappela
au chef-lieu de la province, où il fut incarcéré dix mois, en dehors des murs de la citadelle; ensuite
dans la citadelle même, parce qu'on craignait qu'il ne s'adjoignit aux rebelles qui approchaient.
Quelques jours après, on l'envoya parmi les soldats de la garde des forts. Il est mort la même
seizaine, tué d'un coup de lance par les rebelles, dans une attaque qu'ils firent contre la citadelle.
Son corps n'a pu être retrouvé. 
5. Le nommé Dominique So, païen converti âgé de 46 ans, exilé à Phan Xa en haine de là
religion, fut quatre fois battu de verges, et reçut 120 coups de rotin, sans jamais consentir à renoncer
à sa foi. Depuis, il fut mis à la cangue et aux entraves bien longtemps, jusqu'à ce que la maladie
forçât de l'en délivrer. Ayant souffert le rotin encore une fois avec la même constance, malgré ses
douteurs, il ne put survivre que 25 jouis. Il est mort saintement et encore couvert de blessures. Son
corps fut enterré honorablement à Phan Xa. Deux de ses enfants, encore en bas âge, furent comme
lui cruellement frappés et refusèrent constamment d'apostasier. 
6. Le sergent Simon Bang, âgé de 55 ans, soldat depuis vingt ans, fut pris et sommé
d'apostasier, ce qu'il refusa courageusement à trois reprises différentes, Au bout de 15 jours d'attente
dans la prison de la préfecture, à la cangue et aux ceps sans discontinuer, il reçut sa sentence : c'était
la chaîne et l'exil dans la province de Lang Son. En attendant le départ, il était au cachot, déjà en
possession de sa chaîne. Il tomba malade de la dysenterie, au lieu de son exil, au bout d'un an, sept
mois, dix jours ; la fièvre ne l'avait point quitté non plus depuis le commencement de son séjour ; il
est mort ainsi, la 12e année de Tu Duc. Très pieux, il demandait sans cesse à recevoir les derniers
sacrements, et il eut ce bonheur un mois avant de mourir. Sur le point d'expirer, il dit aux
confesseurs, ses compagnons de prison, qui priaient autour de lui et lui prodiguaient leurs suprêmes
consolations : « Cette fois, mes frères, c'en est fait de moi, priez pour mon âme et enterrez mon
corps ». Jamais on n'avait entendu aucune plainte sortir de sa bouche, quelles qu'aient été ses
souffrances. Son corps, enterré le 22 du 12e mois, 12e année de Tu Duc, au lieu de son décès, a été
depuis rapporté et inhumé à Diloan (20 du 3e mois, an 16). Sa femme, encore vivante, a montré le
même courage pendant la persécution. 
7. Le soldat Pierre Du, âgé de 37 ans, était au service depuis six années, à la capitale même.
Il fut obligé d'en sortir, en sa qualité de chrétien (an 12 de Tu Duc), pour être employé à l'extérieur
aux plus rudes travaux, comme terrassements, curage des canaux, etc. Le dernier mois de cette
même année, il refusa d'apostasier devant ses supérieurs et fut pour cela livré au ministère des
supplices, où il refusa une seconde fois, avec la même intrépidité. Il portait la cangue et avait les
ceps aux pieds depuis sa première confession. Quand fut rendue la sentence qui le condamnait à
l'exil dans la province de Tuyen Quang, il reçut la chaîne et fut mis au cachot, en attendant le départ
qui eut lieu quatre mois après. On arriva péniblement au lieu désigné ; là, Pierre Du fut atteint du
choléra, au bout de dix jours, et en mourut, Il est enterré au lieu de sa bienheureuse mort ; son
épouse encore vivante, a de même fièrement confessé sa foi. 
8. Le soldat Dominique Ngu Truong Huy, âgé de 36 ans, était au service depuis huit ans ; la
12e année de Tu Duc, il refusa trois fois d'apostasier ; la dernière fois devant le ministre des
supplices. Avant la sentence qui le condamna à l'exil dans la province de Lang Son, il avait été 15
jours dans les prisons de la préfecture de la capitale, à la cangue et aux entraves. Sa sentence
rendue, il fut au cachot et à la chaîne l'espace de quatre mois ; alors arriva le moment du départ pour
Lang Son, Dominique y parvint très affaibli, fut continuellement malade pendant deux ans au bout
desquels il y est mort de la manière la phis édifiante. Pendant sa dernière maladie, il désirait
ardemment recevoir les derniers sacrements ; il put au moins se confesser, ce qu'il parut faire avec
les meilleures dispositions. On ne pouvait l'empêcher de réciter sans cesse des prières qui le
devaient sans doute affaiblir de plus en plus ; il implorait ainsi la miséricorde de Dieu pour ses
fautes passées, avec une persistance admirable. Sur le point d'expirer, il dit aux chrétiens, ses
compagnons d'exil, qui l'entouraient priant et l'aidant à bien mourir : « Mes frères, je me
recommande à vos prières, je remets tout ce que je suis entre les mains de Dieu, soit que je vive
encore ou que je doive mourir je bénis sa volonté sainte ; j'ai un peu d'argent, vous le prendrez pour
m'enterrer et faire dire des messes pour mon âme ». Il mourut immédiatement après (27 du 12e
mois, an 13) ; son corps, d'abord enterré au lieu de son décès, a été depuis rapporté et inhumé à
Diloan (20 du 3e mois, an 16) ; sa femme, encore de ce monde, a également montré beaucoup de
fermeté dans la persécution. 
(A suivre). 
- Code 1918/574-581
- Document 574-581
- Année 1918
https://archives.mepasie.org/fr/annales/confesseurs-de-la-foi-de-1848-a-1862-5-
suite
9. Le soldat Pierre Ho, refusa d'apostasier l'an 11 de 'ru Duc ; il fut en conséquence livré au
ministère des supplices, où il renouvela sa confession avec le même courage. Son châtiment fut
l'exil dans la province do Cao Bang. En attendant le départ, il fut chargé de la chaîne et mis au
cachot à la capitale. Parti et arrivé seulement le 6e mois de l'année suivante, après 3 mois de chaîne
et de cachot, on lui laissa une sorte de liberté. Pendant ce temps-là, le préfet de Cao Bang le fit
comparaître trois fois, et trois fois l'engagea, mais sans réussir, à renoncer à sa foi. Vint le 10e mois
de l'an 45 de Tu Duc, les rebelles apparaissaient en ce lieu ; Pierre Ho fut enrôlé parmi les gardiens
de la citadelle. Le 12e mois, sa qualité de chrétien l'ayant fait soupçonner, il fut obligé de retourner
au cachot, de reprendre sa Chaîne et même les ceps pendant quelque temps. Il était en cet état et
malade, quand parut l'édit d'amnistié du roi ; on lui donna la liberté d'aller chercher sa vie au dehors,
mais non encore de retourner dans sa patrie. Sa maladie allait s'aggravant ; il Mourut dans un
marché païen où il gagnait sa vie. D'abord enterré au lieu de sa mort, son corps a été depuis rapporté
et inhumé près des murs de la citadelle voisine.
(Voir Ann. M,-E., n° 120, 121, 122, 123)
10 Le soldat Pierre Cuu, vulgairement appelé Lan, de la marine royale, sommé d'apostasier
par ses chefs, ne le voulut faire à aucun prix. Livré en conséquence au ministère des supplices, il
refusa de nouveau d'abjurer. On rendit peu après lui une sentence d'exil dans la province de Hung
Hoa ; én attendant le départ, il était à la cangue, à la chaîne, aux entraves et au cachot (5e mais, an
11 de Tu Duc). Embarqué au port de la capitale le 20 du 6e mois, il arriva par les provinces de Nam
Dinh, Ha Noi, Son Tay, à la ville de Hung Hoa. Là, il dut obtenir à prix d'argent de n'être, pas
séparé de tout autre chrétien, comme il était question de le faire. Envoyé avec beaucoup d'autres à
Bao Phong Tho, il y est mort de la dysenterie au bout d'un mois (10e mois, an 11 de Tu Duc). Avant
d'expirer, on l'entendit souvent s'écrier : « Mon Dieu ! Mon Dieu ! Je remets mon esprit entre vos
mains. Mon âme et mon corps sont entre vos mains, ô mon Dieu ! » Les autres confesseurs étaient
présents et prièrent jusqu'à son dernier soupir. Son corps est enterré au lieu de sa mort.
La chrétienté de Di Loan est une des plus anciennes, des plus illustres et des plus
nombreuses du Vicariat. Rien n'égalé son dévouement à la cause de Dieu. Elle a abrité, à ses risques
et périls, le collège de la mission et un couvent de religieuses, dans l'es bons comme dans les
mauvais jours. Chassés de partout ailleurs, c'est là que les missionnaires persécutés trouvaient
toujours un refuge assuré. Souvent compromise par son zèle généreux, elle n'a jamais reculé devant
aucun sacrifice dont la gloire de Dieu devait être le résultat. Située au centre de la mission, tout près
de la mer, elle a un part très fréquenté, fait grand commerce de sel se relève très vite des ruines de la
persécution. Le Seigneur récompense ceux qui sont à lui tout son coeur.
II. — Chrétienté de An Ninh.
1. Le soldat Philippe De, âgé de 23 ans, non marié, au service depuis un an, refusa plusieurs
fois d'apostasier. Pour ce fait, emprisonné dans la province royale, confié un an et de à la garde des
villages payens environnants, remis à la cangue et aux entraves à la prison de la préfecture pendant
trois mois, il fut enfin condamné à l'exil dans la province de Hung Yen. Là, au bout de deux ans et
demi d'une horrible prison, ne voulant point apostasier, il eut la tête tranchée. On ne sait rien de sa
sépulture. C'était le fils du catéchiste Tong. Toute la famille de ce martyr a souffert généreusement
l'exil et ses misères, sans jamais faiblir dans la foi.
2. Le soldat Philippe Xa, âgé de 26 ans, non marié, au service depuis deux ans, refusa
constamment d'apostasier, fut détenu à la préfecture de la province royale avec la cangue sur les
épaules, confié dix-huit mois à la surveillance des villages payens des environs, remis à la cangue et
la chaîne trois mois encore dans les prisons de la capitale, sa sentence une fois portée ; puis,
définitivement arrivé à Hung Yen, lieu de son exil, fut décapité pour la foi après deux ans et demi
de cachot. On ne sait rien de sa sépulture, C'était le fils du bourgeois Hien ; sa mère et ses frères ont
aussi beaucoup souffert et néanmoins sont restés invariablement fidèles à leur religion.
3. Le soldat Philippe Toan, âgé de 26 ans, non marié, au service depuis un an, sommé,
d'apostasier, ne voulut s'y résoudre à aucun prix. Détenu d'abord pour cela à la préfecture de la
province royale, à la cangue et en prison, il fut ensuite donné a garder aux, villages payens du
voisinage, remis à la cangue et à là chaîne trois mois encore dans a prison de la capitale, en
attendant son départ pour l'exil dans la province de Bac Ninh, comme le portait sa sentence. C'est
dans ce dernier lieu qu'il est mort au cachot, de maladie, 15 jours après y être arrivé. La, ses
compatriotes et ses compagnons d'exil ont pris solin de l'enterrer. Sa mère et ses frères ont aussi
souffert peur la foi avec force et constance.
4. Le soldat Pierre Thien, au service depuis dix ans, refusa devant les divers tribunaux
l'apostasie qu'on lui demandait. Pour ce crime, détenu d'abord à la cangue à la préfecture, puis
confié 18 moie à la garde des payens des villages voisins, remis à la cangue et à la chaîne trois
mois, en attendant son départ pour Hung Hien où il était condamné à l'exil ; une fois arrivé, il tomba
malade et mourut au bout d'un mois, par suite des mauvais traitements dont il fut victime ; son corps
repose à Hung Hien. Son fils unique, dont la mère était morte a été aussi exilé pour la foi.
5. La chrétienne Anna Ha, âgée de 60 ans, fut exilée à Gia Lam; sur son refus d'apostasier,
on la garrotta dix jours durant. Dans cet état, comme elle ne pouvait aller mendier son riz de chaque
jour, elle mourut de faim.
Son fils, Pierre Bang, non marié, âgé de 25 ans, exilé au même lieu que sa mère, comme elle
garrotté onze jours durant, parce qu'il ne voulait en aucune façon apostasier, fut enfin délivré de ses
liens. C'était trop tard, la faim l'avait tué ; il est mort immédiatement après.
Son autre fils, Pierre Hoan, non marié, âgé de 43 ans, fut de même attaché pendant II jours,
parce qu'il ne voulut pas même donner un semblant d'apostasie ; trop faible après cela pour aller
mendier sa vie, il dut aussi mourir de faim. Les corps de ces trois confesseurs sont enterrés au lieu
de leur glorieuse mort, mais sans cercueil. Il reste de cette famille une jeune fille, soeur des deux
Pierre ; elle a aussi tenu ferme dans sa foi, malgré les mauvais traitements qui lui ont été prodigués.
6. Le bourgeois Joseph Cam, âgé de 60 ans, fut pris et invité à renoncer à sa religion, à la
préfecture de la capitale. S'y étant refusé obstinément, il fut emprisonné, à la cangue et aux ceps
pendant deux mois et demi, tomba malade et mourut. Son corps, d'abord inhumé dans la province
royale, a été depuis transporté dans sa patrie.
III. Chrétienté de Da Mon.
1. Le catéchiste André Nhon, âgé de 50 ans, fils du capitaine Kham, fut pris et incarcéré à la
préfecture de sa province pendant 6 mois, toujours à la cangue. Il subit le rotin à six reprises
différentes, à peu près 20 coups chaque fois. La dernière fois, vaincu par la douleur, il apostasia
extérieurement, ce dont il se repentit bientôt. Six mois après, chargé de la chaîne et condamné à
l'exil dans la province de Hung Hoa, il y demeura plus de deux ans au cachot. Le mandarin du lieu
le fit ensuite transférer dans une autre prison où l'air et l'eau ont la réputation d'être le plus souvent
mortels. Environ 4 ou 5 mois après y être arrivé, il y tomba malade et mourut. Il est enterré en ce
même lieu.
2. Le bourgeois Lu, père de famille âgé de plus de 50 ans, était parent du prêtre Oai. Dans
l'affaire du martyr Hy, grand mandarin, l'atrocité des tortures lui ayant fait dire que le prêtre Oai
était dans les chrétientés d'An Van ou de Da Mon, des satellites furent envoyés dans cette dernière
pour l'arrêter. N'ayant point trouvé ce prêtre, ils prirent avec beaucoup d'autres chrétiens, le chrétien
Lu. Amené devant le ministre des supplices, il répondit qu'il ne savait rien du Père au sujet duquel
on l'interrogeait, ce qui lui valut la cangue et la détention à la prison de la capitale. L'an 10 de Tu
Duc, la persécution reprenant avec plus de force, il fut condamné à l'exil dans la province de Cao
Bang. Après sa sentence, il attendit quelque temps encore à la chaîne et au cachot, puis partit pour
le lieu de son exil, qui fut celui de sa mort, car la maladie l'emporta trois jours après qu'il y fut
arrivé. Son corps est enterré près de la citadelle.
3. Le soldat Paul Tuyen, âgé de 40 ans, au service depuis 20 années, fut arrêté, et, sur son
refus d'apostasier, détenu six mois à la préfecture de sa province. A la cangue continuellement,
battu quatre à cinq fois de 40 coups de rotin chaque fois, rien ne put vaincre sa constance. On lui
donna donc une chaîne, outre la cangue, et on l'envoya en exil dans la province de Hung Hoa. Après
un peu plus de deux ans de dur cachot, le mandarin du lieu l'ayant transféré dans la prison de Than
Hao où l'air est mauvais, il y mourut de maladie, 5 mois après son arrivée. Son corps y fut enterré.
- Code 1918/626-629
- Document 626-629
- Année 1918
https://archives.mepasie.org/fr/annales/cochinchine-septentrionale-confesseurs-de-la-foi
3. Le soldat Paul Tuyen, âgé de 40 ans, au service depuis 20 années, fut arrêté, et, sur son
refus d'apostasier, détenu six mois à la préfecture de sa province. A la cangue continuellement,
battu quatre à cinq fois de 40 coups de rotin chaque fois, rien ne put vaincre sa constance. On le
chargea donc d'une chaîne, eu plus de la cangue, et on l'envoya en exil dans la province de Hung
Hoa. Après un peu plus de deux ans de dur cachot, le mandarin du lieu l'ayant transféré dans la
prison de Than Hao où l'air est mauvais, il y mourut de maladie, 5 mois après son arrivée. Son corps
y fut enterré convenablement. 
4. Le soldat Soan, parent du prêtre Oai, fut pris à son occasion et amené à la capitale devant
le tribunal des supplices. Il répondit prudemment aux questions relatives à ce Père, et, malgré la
rigueur des tortures, refusa l'apostasie qu'on exigeait en plus. On le mit en prison avec la cangue ; il
n'en sortit que pour aller en exil, la chaîne au cou, dans la province de Hung Hoa, comme le portait
sa sentence (5° mois, an 10 de Tu Duc). De là, il fut expédié à Bao Phong Tho, où il tomba malade,
le 6e mois, an 12 du même roi. Près de mourir, on l'entendit maintes fois implorer la miséricorde de
Dieu par de ferventes prières. Les confesseurs, ses compagnons, l'entouraient, le préparant à la mort
et récitant les prières des agonisants. Il fut enterré près de Bao Phong Tho (6e mois, an 12 de Tu
Duc).
(Voir Ann. M.-E., numéros 120, 121, 122, 123, 124.)
5. Le chrétien Jean-Baptiste Thiet, âgé de 17 ans, non marié, fut pris à l'occasion du prêtre
Oai dont il était parent, la 10e année de Tu Duc. Il demeura fidèle à Dieu ; pour cela, après 6 mois
de détention à la préfecture de la province, à la cangue et aux ceps, il reçut la chaîne et dut partir
pour l'exil à Hung Hoa. Depuis, il fut transféré à Thu Bao, où il tomba bientôt malade, mourut et fut
enterré (9e mois, an 12 de Tu Duc). A sa mort, il avait à peu près perdu depuis trois jours ses
facultés intellectuelles ; les autres chrétiens l'exhortèrent à bien mourir et prièrent autour de lui
jusqu'à son dernier soupir.
6. Le soldat Joseph Uyen, autre parent du prêtre Oai, âgé de 35 ans, fut aussi pris à son
occasion et détenu à la préfecture six mois durant. Sans jamais quitter la cangue, il fut rotiné quatre
ou cinq fois, de 20 coups chaque fois. Toujours intrépide et ferme, il fut condamné à la chaîne et à
l'exil dans la province de Tuyen Quang. Un peu plus d'un an s'était écoulé, quand il tomba malade et
mourut dans sa prison. On ne sait rien touchant le lieu de sa sépulture.
7. Le bourgeois Thoan ou Si, père de famille âgé d'un peu plus de 30 ans, fut pris l'an 9 de
Tu Duc, à l'occasion du prêtre Oai. Amené à la capitale devant le Ministre des supplices, les plus
cruelles tortures ne purent lui arracher d'aveu compromettant ; ensuite, sommé d'apostasier, il
répondit : « Jamais ! » Jeté en prison, on l'en tira un jour pour l'inviter de nouveau à renoncer à sa
foi ; on n'obtint de lui que la même réponse : « Jamais ! » Il fut condamné à la chaîne et à l'exil à
Hung Hoa (5° mois, an 10 de Tu Duc). Arrivé à Hung Hoa, on renvoya à Bao Phong Tho (13e
mois, an 10) où il est mort de maladie (5e mois, an 12). Les autres exilés chrétiens l'assistèrent
pieusement à ses derniers moments, et prirent soin de l'enterrer.
8. Le jeune Thoan, fils du précédent, suivit son père afin de le soulager dans ses besoins.
Quand il l'eut perdu, ne sachant où aller, il resta volontairement en prison avec les autres
confesseurs qu'il entourait de soins. Malade du même mal que son père, il en mourut le 7e mois de
l'an 12 de Tu Duc. Près d'entrer en agonie. Il dit aux chrétiens qui l'entouraient : « Mes frères, je
mourrai cette nuit, vous le ferez savoir à ma famille, afin qu'elle prie pour mon âme et qu'elle
s'occupe de mon corps comme elle le jugera à propos ». Les confesseurs le lui promirent tous, le
préparèrent de leur mieux et, au milieu de la nuit, il rendit l'esprit. Son corps est resté enterré au lieu
de sa mort. Il était très aimé, aussi ses funérailles furent relativement pompeuses.
9. Le chrétien Simon Quan, àge de 19 ans, arrêté pour la foi, détenu six mois à la préfecture
de sa province, à la cangue nuit et jour, rotiné 5 fois sans vouloir abandonner sa religion, fut ensuite
mis à la chaîne et condamné a l'exil dans la province de Lang Son, où il est mort de maladie, après
un peu plus d'un an de souffrances. Son corps a été rapporté à Da Mon par sa femme qui l'avait
suivi. 
(A suivre.)
- Code 1919/33-34
- Document 33-34
- Année 1919
https://archives.mepasie.org/fr/annales/cochinchine-septentrionale-confesseurs-de-la-foi-1
10. Le catéchiste André Thong, âgé de 45 ans environ, arrêté pour cause de religion, détenu
6 mois à la préfecture de la province, à la cangue constamment, ne consentît jamais à apostasier.
Plus tard, cela lui valut la chaîne et l'exil à Tuyen Quang. C'est en route qu'il mourut de fatigue et de
maladie. Son corps est enterré dans la province de Nam Dinh. Sa femme est morte aussi laissant
deux petits enfants orphelins. Dieu veille sur eux !
11. La veuve An, âgée de plus de 50 ans, connue dans la chrétienté pour sa grande dévotion,
sa ferveur à prier et à entendre la sainte messe, fut arrêtée elle aussi lors de l'affaire du martyr Thoi,
à propos du prêtre Oai. Amenée à la capitale, au ministère des supplices, la pieuse veuve dut
plusieurs fois subir de rudes tortures qui ne purent la faire apostasier. Sa constance fut punie d'exil
dans la province de Thai Nguyen. Arrivée là, elle fut d'abord livrée au mandarin chargé de la garde
de la citadelle et nommé Uy. Comme il était de mauvaises moeurs, elle demanda et obtint d'être
confiée à la garde du second chef militaire de la province. Au bout de 6 mois, le 14 du 12e mois, an
XI de Tu Duc, elle tomba malade du choléra et mourut le 17 du même mois, dans la maison de ce
dernier mandarin, sans que personne pût le savoir et l'assister à ses derniers moments. Le jour
suivant, l'autorité en lit donner nouvelle au prêtre Si et aux autres prisonniers chrétiens. Ils
achetèrent un cercueil, ensevelirent le corps et l'enterrèrent le même jour, au village de Huong
Thuong. Le prêtre Si présidait la cérémonie.
(Voir Ann. M.-E., numéros 120, 121, 122, 123, 124.)
12. Le prêtre Si, que je viens de nommer, était âgé de près de 50 ans, natif de Diem Dien,
village de la province du Binh Dinh ; il avait été ordonné par Mgr Cuenot. Il était exilé depuis
longtemps pour la foi dans la province de Thai Nguyen. La 14e année du dernier mois de cette
même année, avant de le mener au supplice, défense fut faite aux chrétiens détenus avec lui de sortir
de la prison pour l'accompagner, de sorte qu'il est difficile de savoir au juste comment les choses se
sont passées. Il eut la tête tranchée. Son corps fut d'abord enterré au lieu même de son martyre ; plus
tard, le prêtre Van le fit rapporter et enterrer dans le sable, près de la chrétienté de Ke Bang. Les
payens l'ayant su, pour éviter les maux qui pouvaient s'ensuivre, il fallut de nouveau l'exhumer et
l'enterrer dans un autre endroit. On put remarquer une chose extraordinaire, c'est que, dans les
diverses translations, le corps du martyr n'exhalait aucune mauvaise odeur.
13. La chrétienne Anna Thu, âgée de 32 ans, détenue pour la foi à la préfecture de la
province six mois et demie durant, sans cesse à la cangue, quatre fois battue de dix coups chaque
fois, ne voulut point renier sa religion. Condamnée à deux ans d'exil dans une province du Tonkin,
elle y est morte d'épuisement. Son corps y est enterré. Elle a une fille religieuse. Son mari et ses
autres parents sont morts.
14. Le soldat Joseph Luong, âgé de 40 ans, au service depuis 13 ans, trois fois requis
d'apostasier, s'y refusa toujours avec énergie ; durant un an il fut gardé à vue par le village payen,
puis deux mois en prison et à la cangue, il fut enfin mis à la chaîne et condamné à l'exil. Il est mort,
avant le départ, de misère et maladie, dans la prison de la capitale. Son corps est honorablement
enterré à Phu Cam.
15. Le soldat Jean Tham, âgé de 18 ans, non marié, au service depuis 4 mois, fut quatre fois
invité à l'apostasie, mais ce fut peine perdue, malgré les 60 coups de rotin dont on le frappa. Il fallut
donc le condamner à la chaîne et à l'exil. Ce fut vers la province de Hung Yen qu'il s'achemina.
Après deux ans et trois mois de souffrances dans un obscur cachot, le mandarin du lieu lui fit
trancher la tête, après lui avoir proposé inutilement d'abandonner sa religion. On ne sait rien
touchant sa sépulture.
16. Le bourgeois Lieu, âgé de 30 ans, fut arrêté à l'occasion du prêtre Oai (an 9 de Tu Duc).
Après avoir répondu avec une rare prudence aux autres questions qui lui furent faites, il refusa
nettement quand on lui demanda d'apostasier. D'abord mis à la cangue et en prison, sa peine fut
aggravée (5e mois, an 11) par l'exil dans la province de Tuyen Quang. Il se mit en route après
quelque temps encore de chaîne et de cachot à la capitale. Peu de jours après y être arrivé, il est
mort du choléra. Son corps est enterré non loin de là, près du nouveau marché de Than An.
IV. — Chrétienté de Ba Nhoai.
Le chrétien Thaddée Linh, âgé de 48 ans, soldat depuis 15 ans, mais ayant son congé, fut
exilé à Don Than ; il reçut une fois 20 coups de rotin sans vouloir apostasier ; une autre fois, après
avoir reçu le même nombre de coups, il fut garrotté pendant 20 jours. Affaibli outre mesure par ses
souffrances, il tomba malade ; ce que voyant, on lui dit de retourner chez lui ; il y mourut le
lendemain et y fut enterré. C'est le seul de la chrétienté qui ait succombé ; mais les catéchistes et les
soldats ont souffert dans l'exil des tortures qui font frémir.
V. — Chrétienté de Cao Xa.
1. Le soldat Thomas Dieu, âgé de 50 ans, au service depuis 24 ans, invité à renier sa foi
devant les tribunaux, refusa opiniâtrement. D'abord détenu à la capitale, puis livré pendant 18 mois
aux insultes et à la garde des payens du voisinage, il fut derechef incarcéré après sa sentence d'exil,
avec la chaîne et la cangue, pendant trois mois et demi. C'est alors qu'il partit pour la province de
Bac Ninh, lieu de son bannissement. Là, au bout d'un an de chaîne, il fut remis au cachot qu'on lui
avait épargné jusqu'alors, les mains liées derrière le dos pendant deux jours. On le délia ensuite pour
le soumettre à un plus dur supplice. Couché sur le sol humide, il y fut retenu près d'un mois, au
moyen d'un gros bambou qui lui passait sur la poitrine, et se fixait à deux autres plantés solidement
de chaque côté et auxquels il avait les mains attachés. Il avait faim ; les gardiens de la prison lui
fournirent par pitié quelques pincées de riz, assez pour l'empêcher de mourir. Débarrassé pour un
temps de sa traverse, et les mains libres, il reprit un peu de forces ; mais bientôt on le remit dans son
ancienne et cruelle position qu'il garda 5 mois entiers. Il faut dire cependant que deux fois par jour
on l'en délivrait, afin qu'il pût manger sans le secours d'autrui. Après ces cinq mois de torture, il
n'eut plus que sa chaîne à porter et les entraves à souffrir jour et nuit. Il put vivre de la sorte encore
huit mois. A sa mort, les soldats enterrèrent son corps on ne sait en quel endroit.
2. Le soldat Thaddée Giam, âgé de 39 ans, non marié, au service depuis 18 ans, refusa
d'abjurer sa religion devant les tribunaux. D'abord détenu à la préfecture avec la cangue, puis confié
pendant un an et demi à la garde d'un village payen proche de la capitale, il fut ensuite incarcéré de
nouveau pendant trois mois et mis à la chaîne après sa sentence d'exil dans la province de Hung
Yen. Au bout de 2 ans et demi d'affreux tourments en ce lieu, il y fut décapité pour la foi. On ne sait
où son corps a été enterré.
3. Le soldat Thomas Huan, âgé de 55 ans, non marié, au service depuis 20 ans, refusa
d'apostasier, quoi qu'on pût faire pour l'y contraindre. Détenu d'abord à la préfecture, puis livré à un
village payen pendant 1 an et demi, sur un nouveau refus d'apostasier, il dut partir pour l'exil à
Hung Yen, après trois mois encore de prison à la capitale avec la chaîne au cou. Après 2 ans et demi
de dur séjour au lieu de son exil, il eut la tête coupée, en haine de la religion. On n'a rien su touchant
sa sépulture.
VI. — Chrétienté de Liem Cong.
Le soldat Joseph Loi, âgé dé 32 ans, non marié, après avoir passé par les mêmes épreuves,
avec le même courage que les deux précédents, fut comme eux condamné à la chaîne et à l'exil dans
la province de Hung Yen. Là, pour l'amener à l'apostasie, on lui brûla les cuisses et on lui fit subir
d'autres supplices, si infâmes qu'on ne peut les indiquer. Il tint ferme néanmoins, mais ne put
survivre à ses atroces souffrances. Un autre soldat de la même chrétienté, Ignace Truong, subit à
peu près les mêmes horribles tourments, avec le même courage, dans la province de Thai Nguyen
où il était exilé. On ne sait s'il en est mort, car jusqu'à ce jour on n'a pu avoir de lui, comme de
beaucoup d'autres, aucune nouvelle.
VIL — Chrétienté de An Do Do.
1. Le chrétien Pierre Tuu, âgé de 22 ans, non marié, exilé à Den Do, et invité à renier sa foi,
se garda bien de le faire. En conséquence il fut chargé do la cangue et retenu au cachot pendant
deux mois ; il fut aussi six fois battu avec le rotin : la première fois de 40 coups, la seconde de 25 et
les quatre autres ensemble environ de 100. Après cela, on le renvoya ; mais arrivé chez lui il mourut
aussitôt, épuisé par la perte du sang qu'il avait répandu pour la foi avec une constance qui ne se
démentit jamais.
2. Le soldat Can, de Phu Oc, province de Quang Tri, dut, l'an 12 de Tu Duc, quitter la
capitale où il se trouvait, pour être employé à l'extérieur et aux terrassements ou autres pénibles
travaux, d'après l'ordre du roi, et en haine de la religion. Au bout de deux ans de ce dur métier, il fut
mis à même par ses chefs d'abjurer la religion, et refusa tout semblant d'apostasie. Tiré de prison
pour paraître au ministère des supplices (an 13 de Tu Duc), il refusa encore, malgré les tortures qui
ne lui furent point épargnées. Sa sentence fut l'exil. En attendant le départ, il était à la chaîne, à la
cangue et au cachot. Arrivé à Tuyen Quang, lieu de son bannissement, épuisé de fatigue, il est mort
trois jours après. Son corps est enterré près du marché de Tan An, non loin de la capitale de la
province.
3. Le chrétien Philippe Co, âgé de 21 ans, non marié, fut arrêté pour la foi, détenu avec la
cangue à la préfecture de province royale durant trois mois et demie. C'est là qu'il est mort, refusant
toujours d'apostasier, et outre la cangue au cou, il avait encore les pieds aux ceps dans sa prison. Il
est enterré près de la capitale.
VIII. — Chrétienté de Loan Ly.
La chrétienne Agathe Lai, exilée à Nha Thuong, reçut deux fois le rotin et fut mise aux
entraves une demi-journée, sans qu'on pût la faire apostasier. Ce que voyant, on eut recours aux
pinces rougies au feu. Si elle tint bien ferme, ce n'est pas certain ; mais ce qui est hors de doute,
c'est que deux jours après, elle fut prise de maladie et mourut dans la maison de détention, sinon
innocente, du moins repentante. Elle est enterrée à Phuong Xa.
IX. — Chrétienté de An Binh.
1. Le nommé Simon Doat, exilé à Chau Thi, fut chargé de la cangue et emprisonné pour
Jésus-Christ. Comme on le garda ainsi sévèrement pendant longtemps, sans qu'il pût pourvoir à sa
nourriture, il mourut de faim. Son corps est enterré au lieu de sa mort. Il avait un enfant de sept ans
qui, exilé avec lui, mourut également de faim et fut enterré près de son père.
2. La femme Anna Khac, exilée à Phuc Lam, fut battue de dix coups de rotin et n'apostasia
point. Ordinairement malade, elle mourut de faiblesse un mois après, dans la maison de détention.
Son unique enfant, âgé de 12 ans, qui l'avait suivie dans l'exil, la suivit dans sa tombe. Les deux
corps sont enterrés au lieu de leur décès. 
NOTA. — J'omets de parler, dans quatre précédentes chrétientés, de plusieurs soldats qui
ont beaucoup souffert, mais dont la mort est incertaine. On n'en a jamais eu de nouvelles depuis leur
départ pour l'exil.
X. — Chrétienté de Mai Xa Thi.
1. Dans la province de Quang Tri, sous-préfecture de Minh Linh, canton de Thanh Mi,
village et chrétienté de Mai Xa Thi, le nommé Dam raconte ce qui suit :
« J'avais un frère cadet nommé Simon, soldat artilleur depuis la 1re année de Tu Duc. La
12e année du même roi, requis par les autorités du lieu où il se trouvait, de répudier notre sainte
religion, il s'y refusa énergiquement. Il fut par suite renvoyé de son service, employé à tirer des
pierres, à porter de la terre et à creuser les canaux. Le 2e mois de l'an 13, cité devant le ministre des
supplices, il refusa de nouveau l'apostasie qu'on lui demandait. A cause de ce refus, il fut détenu à la
préfecture, à la cangue et aux entraves, puis placé sous la surveillance des payens des environs. Le
8e mois, même année, il dut une seconde fois comparaître devant le ministre des supplices pour être
marqué sur la joue des lettres infamantes. Le 12e jour du 3e mois de l'année suivante, le même
ministre le fit mettre à la chaîne et conduire à la prison de la préfecture. Il n'en sortit que pour se
rendre en exil, le 3e jour du 5e mois, dans la province de Bac Ninh où il parvint le 7e mois
seulement, tout épuisé de fatigue. Il fut mis au cachot sans pouvoir sortir même un seul instant : en
outre, la nuit, il avait les entraves aux pieds ; cela dura 20 mois. L'an 15 de Tu Duc, le mandarin
tenta de le faire apostasier, sans pouvoir y réussir ; c'était le 3e jour du 3e mois. En punition de sa
constance, Simon fut étroitement garrotté et obligé de se tenir dans une position douloureuse les
jambes horriblement écartées ; pendant 15 jours, on ne lui donna presque rien à manger ni à boire.
On lui enleva ses liens, on les remplaça par un bambou qui, en passant sur la poitrine, le fixait
immobile sur le sol fétide. Ainsi couché sur le dos, s'il venait à remuer les mains, on les frappait ; si
c'étaient les pieds, on frappait sur ses pieds ; s'il ouvrait la bouche pour se plaindre, on le bâillonnait
sans pitié. Le 19e jour du 5e mois, il expira dans cette triste position, consumé par ses cruelles
souffrances. Trois jours après, le mandarin donna ordre de lui brûler les tempes et la plante des
pieds avec une torche enflammée. Comme il était bien mort, son corps fut emporté et enterré on ne
sait juste en quel endroit ».
Dans la même chrétienté, le nommé Da raconte ce qui suit : « J'avais depuis l'an 8 de Tu
Duc un frère soldat artilleur, qui sommé une fois d'apostasier n'avait point voulu le faire. L'an 12 du
même roi, il tint, dans une autre circonstance, la même conduite. Son châtiment fut d'être exclu de
son service à la capitale, pour être employé à l'extérieur aux travaux de terrassements. Le 2e mois
de l'an 13, il refusa une 3e fois d'abjurer sa religion devant le ministre des supplices. Par suite il fut
chargé de la cangue et de la chaîne ; puis le mandarin le renvoya à la prison de la préfecture d'où il
sortit pour être livré à la surveillance des payens du voisinage. Le 3e mois, il eut à comparaître de
nouveau au ministère des supplices pour y être marqué sur la joue des lettres infamantes 1. Le 12e
jour du 3e mois de l'année suivante, encore amené au ministère des supplices, il fut remis au préfet
pour attendre sa sentence en prison, avec cangue et chaîne. Il partit le 3e jour du 5e mois pour se
rendre en exil dans la province de Bac Ninh ; il y arriva seulement le 7e mois, bien fatigué. Là, il fut
mis dans un obscur cachot, sans en sortir jamais, pour quoi que ce fût, et, de plus, les ceps aux pieds
; cela dura l'espace de 20 mois. L'an 15 de Tu Duc, le 3 du 3e mois, il refusa encore d'apostasier
devant le préfet. Pour ce crime, il fut garrotté et forcé de se tenir debout sur un seul pied pendant 15
jours, qui furent aussi des jours de jeûne pour lui. Peu après, fixé à terre sur le dos par un bambou
qui lui pressait la poitrine, il ne pouvait remuer ni mains ni pieds sans être brutalement frappé ; un
bâillon lui tenait la bouche démesurément ouverte et l'empêchait de crier. On lui refusait presque
tout aliment ; trois chrétiens, alors habitant la même prison, pourvurent suffisamment à sa
nourriture, de sorte qu'il put vivre jusqu'au 15e jour du 8e mois. Il mourut en prison pour la foi ; son
corps est enterré au même endroit. De tout ceci, André Da se porte garant et peut jurer au besoin ».
(Ta Dao, religion perverse).
XI. — Chrétienté de Mai Xa,
Dans la même sous-préfecture, canton de Bay An, village et chrétienté de Mai Xa, le nommé
Sy raconte ce qui suit :
« Can, mon jeune frère, était soldat depuis la 7e année de Tu Duc ; l'an 11 du même roi, il
refusa d'apostasier devant les tribunaux. En conséquence de sa fermeté, il fut condamné à la chaîne
et à l'exil dans la province de Tuyen Quang (6e mois, même année) ; il était âgé de 35 ans. Depuis
on n'en a jamais entendu parler ».
- Code 1919/79-84
- Document 79-84
- Année 1919

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