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§229 - Thème et propos.

Du point de vue de la communication, le thème (on dit parfois : sujet psychologique ) est ce dont on parle — et qui est généralement
connu de l’interlocuteur —, ce dont on affirme (ou nie) quelque chose, tandis que le propos (ou le rhème ) est la chose qu’on en dit — c’est
souvent l’information nouvelle apportée à l’interlocuteur. R1
Dans la phrase Ève dort , Ève est à la fois le sujet et le thème, dort le prédicat et le propos. Mais ces identifications ne sont pas toujours
possibles. Si un locuteur dit : Dans cette maison naquit Victor Hugo , le thème est dans cette maison , le reste étant le propos.
L’ordre des mots est souvent déterminé par la répartition entre thème et propos ; de même le choix de la voix passive : Le policier a arrêté
le voleur → Le voleur a été arrêté par le policier . La construction impersonnelle transforme le thème en propos : Une aventure m’est arrivée
→ Il m’est arrivé une aventure .

Pour un certain nombre de fonctions, la thématisation entraîne une redondance, le terme mis en tête de la phrase étant représenté par un
pronom à sa place ordinaire : Cette loi sainte , il faut s’y conformer (Hugo, Contempl., I, 1). Voir § 373, b.

Le thème peut être un pronom personnel, surtout moi , qui n’a pas de fonction véritable dans la phrase, soit qu’il forme une sorte de
redondance avec un possessif, soit qu’il ne soit repris sous aucune forme ; on pourrait parler d’anacoluthe : cf. § 226. Ces tours sont surtout
fréquents dans la langue parlée. H
Moi , mon âme est fêlée (Baudel., Fl. du m., Cloche fêlée). — Moi , en général, c’est comme ça que ça se passe (entendu à la télévision
et cité par Sauvageot, Analyse du fr. parlé, p. 155). — Mais moi , la barre du bourreau s’était […] brisée comme un verre, les torches des
pénitents noirs s’étaient éteintes […] , la foule s’était écoulée […] , – et je poursuivais d’autres songes vers le réveil (Al. Bertrand, Gaspard de
la nuit, Rêve).

Thème nominal : Le Poète , l’Amour du Beau, voilà sa foi, / L’Azur, son étendard, et l’Idéal, sa loi ! ( Verl., Poèmes sat., Prol.) R2

Ne pas confondre ce phénomène avec le mot en apostrophe : § 376.

H
Ces constructions disloquées étaient assez courantes dans l’ancienne langue écrite, moins soucieuse de logique et plus proche du style parlé
: L’escare [un poisson] , quand il a avalé l’ameçon du pescheur, ses compagnons s’assemblent en foule autour de luy et rongent la ligne (
Montaigne, II, 12). — Comp., avec une proposition relative, § 1112, b, 1° .

R1
Le thème ne s’identifie pas nécessairement avec le début de la phrase :
Longtemps, je me suis couché de bonne heure (Proust, Rech., t. I, p. 3). Dans ce cas-ci, ce qui est au début n’est pas le thème. — La mise
en relief par c’est … que et l’interrogation transforment souvent le propos en thème : C’est le matin que je travaille le mieux. Quand
travailles-tu ?
Au lieu de thème et de propos , on dit aussi topique et commentaire . Mais, pour d’autres linguistes, ce ne sont pas des synonymes.

R2
La langue parlée met parfois cet élément à une autre place. Tantôt pour insister, tantôt pour assurer la compréhension, confirmer l’interpré-
tation, corriger un oubli. Dans l’ex. suivant, l’éclaircissement porte plutôt sur le possessif (cependant on attendrait plutôt à Robinson : cf. §
373, d ), mais en même temps il concerne aussi le pronom sujet : La sienne Robinson d’enfance, il ne savait plus par où la prendre quand il y
pensait (Céline, Voy. au bout de la nuit, F˚, p. 419).

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