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(U.A.C)
MEMOIRE DE MAÎTRISE
Sujet :
maris »
A ma famille ;
orientations ;
A la famille OGOUWOLE ;
A Etienne AGOSSA,
A tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, ont aidé et soutenu la
réalisation de ce travail.
1
La Glexwenu (éthonyme fon) indique littéralement la ressortissante de Glexwe. (Ouidah est connu sous
l’appelation Glexwe). La Glexwenu est la femme de ouidah
INTRODUCTION
L’encyclopédie Fa enseigne par le signe divinatoire YEKU que « par la
femme, la mort a envahi la terre » (ADJOU-MOUMOUNI, 2007: 47). Un
conte relaté par Maximilien QUENUM, sur « Le chasseur et la biche » indique
qu’il faut : « se méfier de la langue des femmes » (QUENUM, 1999 : 39). De
même, la double entité divinatoire DI-ABLA enseigne qu’il faut : « se méfier
du charme des femmes, il peut y avoir des aspects pervers et cyniques »
Aussi dénote t-on dans un étymologisme qui ne revendique rien de
Griaule ni de la tradition « Sillon Noir » (Mewui whendo), le fonnu voyant dans
l’énoncé de la femme, une mise en garde, un avertissement : Gnonnu : Savoir
boire ! Un peu pour dire qu’il faut se rapprocher de la femme avec modération.
Nul doute en effet que depuis l’origine, la femme a toujours fait l’objet
d’une certaine crainte qui se dénote tant dans les principes divinatoires, les
contes que dans les mythes. Tout semble conférer à la femme un pouvoir inouï
au point qu’il faut faire attention à ne pas susciter sa colère car dit-on, par sa
redoutable langue et par son pouvoir, elle peut non seulement maudire mais
aussi bénir. Dans tous les cas, la femme reste un être énigmatique et occupe une
place considérable dans la culture béninoise et précisément dans l’éducation des
enfants. Dans le système traditionnel : «les femmes s’occupent de quelques
petits travaux domestiques ; sont à leur compte personnel, elles font le
commerce de friandises, de denrées alimentaires, de grains, etc. (…) c’est une
erreur de se figurer l’homme dans la famille dahoméenne, comme jouissant de
tous les droits, pourvoyant seul à tous les besoins matériels de la famille et la
femme comme une sorte d’automate mené au doigt et à l’œil. (…) la femme
partage également la vie de son mari, blâme ou loue ce dernier (…) »
(QUENUM, 1999 : 101). Tout ceci révèle la réalité multiple et ambivalente de la
femme.
Inès Y. Olive ZOUNNON 8
Cependant, la femme, quelle que soit son origine culturelle, fait l’objet de
nombreuses perceptions. C’est ainsi qu’on enregistre dans le langage populaire
au Bénin, différentes manières d’apprécier la femme béninoise selon qu’elle soit
d’une région ou d’une autre :
1.1. Problème
Dans toutes les sociétés, des faits se produisent, des idées de toutes
natures se forment autour de ces mêmes faits, des opinions diverses prennent
corps. C’est de la même manière que naissent les rumeurs qui comme le dit
(KAPFERER, 1987) « A un moment donné un groupe se mobilise et se met à
‘’rumorer’’, il y a contagion d’actes de parler autour d’un témoignage, d’une
information, d’un évènement. La rumeur est la plus ancienne des mass médias ».
Cela veut dire donc qu’il y a un besoin de communiquer entre acteurs dans une
société, qu’importe leur appartenance sociale, culturelle et religieuse ; ce qui
compte pour eux, est le besoin d’informer, de s’informer, de comprendre, de
pousser loin leur curiosité afin d’être au parfum de ‘’nouvelles’’ : « la
communication est consubstantielle à la vie »1.
Les rumeurs, quand bien même elles apparaissent comme dérivant très
souvent de sources incontrôlées, peuvent endormir, susciter, éveiller tout un
peuple selon la nature qu’elles portent et l’ampleur de la nouvelle qu’elles
répandent parce qu’en réalité : « ce qui est passionnant, ce n’est pas sa source,
mais ce que le public en fait » (KAPFERER, 1997 : 35). Au Bénin, la question
des rumeurs se pose désormais avec acuité. La rumeur structure les conduites
sociales de nombreux acteurs sociaux et fonde de multiples interactions.
Combien de fois les médias n’ont-ils pas démenti après parution, tel ou tel fait
publié pourtant par eux ? Ou mieux, mis à l’impersonnel une affirmation ?
Combien de fois n’a-t-on pas mis certaines déclarations au conditionnel pour
signifier le caractère à peine évident de ces dernières ? La force agissante de la
rumeur apparaît, de manière évidente lorsqu’on se réfère au débat sur la
révision de la constitution qui a prévalu plusieurs mois avant les élections
présidentielles de Mars 2006, (bien sûr qu’il n’y a pas eu finalement révision de
1
(DUVIGNAUD J. cité par ASSABA C, Anthropologie de la Communication, cours et textes, 2003).
1.3. Objectifs
1.3.1. Objectif Général
- Etablir le lien entre le recours aux forces occultes de la Glexwenu avec les
discours et anecdotes qui participent de la construction de la rumeur à son
sujet ;
- Déterminer à travers les rivalités historiques entre royaumes (Abomey et
Savi), les motifs liés à la persistance réelle ou symbolique de la rumeur
autour de la femme Glexwenu.
2
Toute connaissance dont la pratique relève du mystère ou du secret et capable d’agir, de produire un effet.
(Larousse, 1964)
0 2
1
1
schéma présenté par STERN (1902) et contenu dans FROISSART (1995) « la rumeur ou la survivance de
l’intemporel dans une société d’information », in Recherches en communication (Louvain-la-Neuve Belgique)
pp103-131
3. ETAT DE LA QUESTION
3
Actes du colloque international sur le tricentenaire pays guin ‘’ Aneho 18-20 Septembre 2000-2001
dans Aneho, citée fantastique ou l’image des guins dans les communautés éwé (P525).
4
(Actes du colloque international sur le tricentenaire du pays guin, Aneho 18-20 Septembre 2000 volume 2)
Les Ewés vont plus loin dans leurs perceptions de guins d’Aneho : « Ainsi, des
Ewés qui estiment que les gens d’Aneho affichent trop souvent leur air de
suffisance, ne manquant jamais l’occasion de proclamer qu’ « ils sont les
premiers à avoir accueilli les blancs et qu’ils se sont dessillés à leur eau». Les
Ewés tiennent alors sur les Guins – Mina les mêmes propos que sur les blancs.
« Ces chiens trop malicieux, les ayevuwo », prêts à jouer tous les tours aux fins
d’occuper les positions dominantes. C’est d’ailleurs ce seul héritage que ces
blancs auraient légué à ces guins qui ignorent comment tenir une houe pour
sarcler et une machette pour défricher. Tout au plus savent – ils montrer dans
leur barque pour aller pêcher des carpes, les « anexoviwo », ces petits poissons
du même nom que ceux qui les pêchent : s’il y en a qui osent monter an haute
mer, c’est qu’ils l’auraient appris de nos frères, les anlon. » (P 527)
Par ailleurs, des origines controversées sur l’origine des guns sont
révélatrices de stéréotypes :
4. PERTINENCE DE L’ETUDE
4.1. Raisons subjectives
En effet, depuis notre jeune âge, nous avons souvent entendu parler de la
femme Glexwenu. A priori, bien sur cela nous laissait indifférent. Néanmoins
combien d’informations sont stockées dans le cerveau depuis le jeune âge et qui
au contact d’un élément "incitatif" ne resurgissent-elles pas dans la mémoire de
l’individu ?
Ainsi, ce n’est pas ce seul fait d’avoir été au contact de discours liés à la
Glexwenu, à la méfiance qu’elle suscite qui constitue le seul motif lié à l’intérêt
porté sur elle, mais on note la persistance de la rumeur encore aujourd’hui.
Combien de fois n’a-t-on pas entendu certains proches ou même inconnus
dire : « Glexwenu nou bada bada, man té demé » (citée en goun, cela dénote
l’invite à la méfiance vis-à-vis de la femme de Glexwe).
L’intérêt particulier porté sur le sujet réside dans les premiers résultats issus de
l’enquête exploratoire effectuée auprès d’étudiants de 18 à 25 ans. Les résultats
obtenus à cet effet révèlent que la rumeur au sujet de la femme Glexwenu
structure les interactions. Les cinq questions qui furent posées aux étudiants à
cette occasion sont les suivantes :
1- Est-ce que la localité figure parmi vos critères en matière de choix de
conjointe ?
2- Dans quelles localités ne souhaiteriez vous pas prendre femme ?
3- Quand je dis « femme de Ouidah », quelle est l’image qui s’impose à
vous ?
4- Etes vous aujourd’hui prêts à prendre une femme de Ouidah malgré tout
ce qu’on en dit ?
5- Telle que vous connaissez vos parents, dites nous, si aujourd’hui vous leur
présenter votre futur conjointe comme étant de Ouidah, quelle serait leur
première réaction ?
Les graphiques qui suivent rendent compte des réponses des enquêtés et fondent
par là même, la pertinence de l’étude.
100%
O; 90%
90%
O; 80% O; 80%
80%
O; 70% O; 70%
70%
O; 60% O; 60%
60%
N; 50%
O; 50% O; 50% I; 50% O
50% N
I
N; 40% N; 40%
40%
O; 20% N; 20%
N; 20%
20%
0%
Abomey Agonlin Bèbérèkè Dassa Dogbo Djougou Lokossa Ouidah Pobè Porto nov
Figure 1:
Opinion des enquêtés sur l’importance de la localité d’appartenance
de leurs conjoints
indiff; 9%
Non; 28%
Oui; 63%
Figure 2:
Cumul des intentions de mariage suivant l’importance de la localité
d’appartenance de leurs conjoints
60%
54%
50%
40%
30%
21%
20%
14%
10%
4%
3%
2%
1% 1%
0% 0% 0%
0%
Abomey Agonlin Dogbo Grd-pop Lokoss Djougou Ouidah Pobè Porto N Savalou Indiff
Figure 3: Répartition des enquêtés par localité de mariage non souhaité en 2007.
Djougou; 3%
Ouidah; 54%
120%
Négat; 100%
100%
Négat; 90%
Négat; 40%
40%
INDIFF; 30% INDIFF; 30% INDIFF; 30%
INDIFF; 10%
0%
Abomey Agonlin Bèbérèkè Dassa Dogbo Djougou Lokossa Ouidah Pobè Porto nov
Figure 5: Répartition des enquêtés selon leur opinion sur la femme de Ouidah en 2007.
Positive; 2%
INDFF; 23%
Négat; 75%
100%
indiff; 10% indiff; 10% indiff; 10% indiff; 10% indiff; 10%
70%
Non; 50%
60%
Non; 70%
Non; 100% Non; 80% Non; 80% Non; 80%
50%
Non; 30%
30%
Oui; 40%
20%
Oui; 30%
Oui; 20% Oui; 20%
10%
Oui; 10% Oui; 10% Oui; 10%
0%
Abomey Agonlin Bèbérèkè Dassa Dogbo Djougou Lokossa Ouidah Pobè Porto nov
de Ouidah en 2007.
Non; 69%
100%
60%
Contre; 70%
40% Contre; 80% Contre; 80%
Contre; 60%
Contre; 70%
Contre; 40%
20%
0%
Abomey Agonlin Bèbérèkè Dassa Dogbo Djougou Lokossa Ouidah Pobè Porto nov
Figure 9: Répartition des enquêtés selon l’opinion de leurs parents sur une éventuelle union avec une femme
de Ouidah en 2007.
Pour; 3%
Indifférent; 36%
Contre; 61%
Figure 10: Répartition des enquêtés selon la réaction probable de leurs parents sur un
éventuel projet de mariage avec une femme de Ouidah
5
L’essentiel des données présentées sur le cadre de l’étude est tiré du Plan de Développement Communal de la
ville de Ouidah.
2. Nature de l’étude
La collecte des données a été faite avec des techniques appropriées que
sont : la recherche documentaire, les entretiens de groupe (focus group pour les
étudiants relativement nombreux), et les entretiens individuels pour les cibles.
Les outils utilisés sont le guide d’entretien pour les personnes ressources (le
guide d’entretien a été choisi ceci en raison des objectifs poursuivis et de
l’importance des différents thèmes abordés). Enfin, le questionnaire a été utilisé
pour toutes les autres cibles identifiées (femmes Glexwenu, hommes de Glexwe,
etc.…). Le questionnaire a été choisi à ce titre parce que nous sommes à la quête
de réponses précises, ponctuelles à partir des questions de même nature. Ainsi,
le questionnaire nous permet d’être prompte, précis et de quantifier un certain
nombre d’éléments importants pour une analyse appropriée. Par ailleurs, les
données recueillies ont été traitées à partir de logiciels spécifiques (Word,
Excel….).
L’analyse des données a été faite au regard des résultats issus du
traitement des données, (Discours hiérarchisés, statistiques) et de l’apport
différents ouvrages à travers leurs auteurs spécifiques. (Confère Références
bibliographiques)
Nous sommes en dernière analyse dans une démarche compréhensive qui nous
permettra de mieux appréhender le phénomène dans ses différents aspects.
100
Etudiants ; Célibataires (toute catégorie
confondue, de18 à 25 ans)
10
Hommes mariés de Glexwe ayant épousé ou
non une femme de Glexwe
10
Sachants (bokonons)
10
Femmes de Glexwe (21 ans et plus)
10
Autres femmes (21 ans et plus)
10
Personnes ressources
50
Veuves
200
Total
4. Limites et difficultés
Nous passerons ici en revue les problèmes ou difficultés liés à chaque rubrique
du présent travail : (de la méthodologie utilisée aux résultats obtenus)
5. Durée de l’étude
Le temps choisi pour la présente étude s’étale sur une durée de 14 mois
(Novembre 2006 à Décembre 2007). La durée de l’étude quoi que relativement
longue compte tenu du caractère sensible que revêt l’objet sur lequel porte le
sujet de recherche. Il est donc important pour assurer une part d’objectivité
considérable à cette recherche de s’attarder sur des questions essentielles qui
méritent qu’on ne s’y précipite pas - (méfiance liée à la Glexwenu ? La
Glexwenu tueuse de mari ? Etc.…)
L’entièreté du mois d’Août 2007 a été consacrée à l’enquête proprement
dite sur le terrain privilégié : Glexwe.
Ce mois a été choisi parce qu’il se situe dans une période relativement
relaxe où les élèves et étudiants, enseignants sont en vacances, les places
publiques sont peuplées et aussi on a plus la facilité d’approcher ces apprenants
qui dans leur rôle d’intermédiaire, nous ont introduit chez les leurs, sans
compter ses nombreuses autorités qui nous ont tendu leurs mains. Nous
présentons dans le tableau ci- dessous le calendrier de déroulement de la
recherche.
« Les expressions ou images sont les particularités idiomatiques les plus aptes à
révéler les richesses littéraires d’un peuple » (QUENUM, 1999 : 48)
Dans les propos rapportés ici, ce que nous appelons (HO-GBE : images,
discours) ne sont rien d’autre que ces expressions qui existent dans l’imaginaire
sociale et que nous avons particulièrement recensé à Glexwe. Ces propos
recueillis lors de l’enquête renvoient à un certain nombre d’images qui semblent
colorer, au quotidien le vécu et les attitudes des acteurs sociaux. :
« GON TCHE DJIN E NAN KPON », qui veut dire : le mari ne regardera que
moi de toute façon)
« OUN KO GO XO TCHO GUI WA HONTO » dont la traduction veut dire je
suis déjà rassasié avant même que l’on amène l’akassa au marché ;
« NOU E WAN NAN DOU O, AMAN OU WE EDE », pour dire que la
nourriture de la chenille se trouve sur la feuille ;
« ILE TANI AGO OUN BO » qui signifie : chez qui se dirige la troupe ?
« CHIGAN WE GNI NON DO, OUN NON DO VEDOME AN ! » qui signifie :
Je ne porte pas de friperie, mais de la super qualité ;
« ASSOU NON DO DJE DO KOLI », se dit de la belle mère qui vient
s’immiscer dans les affaires de couple ;
« YIN DE SOU GLEXWENOU VIA ? », pour dire : Moi-même fille de
Glexwe ?
« YE BIO HA GLEXWENU : E DO XO DE DEOU A » : on demande
l’intimité à la Glexwenu, elle n’y trouve aucun inconvénient ;
« YI KAKA BOYI HAN DOUI BO ZE WA XLEMI » : retourne le mordre et
viens me montrer ;
« KIN NON VOA » : il n’y a pas de limite à la rancœur ou aux querelles ;
« NAN DO BO WE » : je t’attaquerai par des forces occultes.
Inès Y. Olive ZOUNNON 50
2. Une vue sur la personnalité de la Glexwenu
2.1. La GLEXWENU : une réalité ambivalente
« il est interdit de prendre une femme de Ouidah. J’ai un oncle qui de son vivant
a vu sa femme originaire de Ouidah intégrer l’association des femmes veuves.
Cette femme a commis l’adultère avec un proche, elle enterre des choses dans le
salon et l’oncle tombe, cela veut dire qu’elle veut l’éliminer… »
« elles ont criminelles ; des femmes mauvaises ; tueuses de maris ; elles ont tué
des cadres de chez nous ; elles envoûtent les hommes ; leurs hommes deviennent
pour elles des enfants placés… »
« quel que soit l’amour, le jour où ma copine va me dire qu’elle est de Ouidah,
je vais réfléchir, car souvent l’homme ne vit pas longtemps… »
7
http://www.reunion.iufm.fr/Dep/listeDep/exposes/effet%20pygmalion.pdf
Les propos qui suivent constituent les énoncés justificatifs le plus souvent
utilisés par les personnes qui stigmatisent la femme Glexwenu :
Inès Y. Olive ZOUNNON 56
« Elles fréquentent les charlatans » ;
« Elles mettent des produits dans leur vagin pour que l’homme soit à elles
seules » ;
« Elles font gbotémi » ;
« Ce sont les filles qui adorent les pratiques occultes pour s’accaparer de leur
mari et avoir ses biens » ;
« Si les envoûtements ne marchent pas, elles font disparaître le mari » ;
« Parfois, elles usent de verres cassés moulus comme ‘’poison lent qu’elles
mélangent au repas du mari pour l’envoyer petitement dans la tombe » ;
« Elles aiment le bô ».
Ces différentes expressions sont revenues très souvent dans les propos de nos
différents interlocuteurs et font partie des constantes les plus fréquentes. Le vécu
de la ‘’femme Glexwenu’’ semble s’assimiler à l’envoûtement, au poison, à
l’accaparement et à la disparition de son mari, au bô, bref aux ‘’pratiques
occultes’’.
En effet, le gbotémi, le gbass, l’envoûtement, le poison sont l’endroit et l’envers
d’une même réalité : le bô. Le bô est : « la pratique par laquelle l’homme arrive
à forcer la nature pour faire sa volonté. (…) un objet naturel que l’homme
transforme en un objet symbolique pour en faire un objet culturel. (…) le
pouvoir psychologique dont l’individu investit ce symbole lui permet de se
sentir en sécurité, de vaincre sa crainte, sa peur de l’environnement physique
et son anxiété, son angoisse issue de la vie en société, en collectivité »
(APOVO, 2005 :88). L’auteur distingue en effet deux catégories de bô selon les
besoins : le ylo (qui signifie en fon, appeler ou faire venir, qui est utilisé pour
donner la chance, faciliter la réussite, le succès. Il donne la prospérité dans les
affaires, en amour et dans les études. Il a diverses formes : savon de toilette que
l’on utilise dans des conditions précises ; voie alimentaire ‘’gbotémi’’ (écoute
moi) etc.) et le glo (dont on distingue le ‘’bô d’attaque’’, le ‘’bo de protection’’,
les ‘’retours à l’envoyeur’’).
Êtes-vous Convaincue
excessivement d'avoir perdu Avez-vous des
jalouse, Êtes-vous votre mari au amies ou des
possessive, capable d'user profit d'une connaissances
capable à tout de forces autre, ou pour veuves
pour garder votre occultes pour toute une autre originaires de
mari? régler des raison, êtes- Glexwe
problèmes vous capable soupçonnées
conjugaux? par vengeance d'avoir tué leur
de tuer votre mari
mari?
Oui 90% 80% 95%
Non 10% 10% 100% 5%
Indécises 10%
Récapitulatif 100% 100% 100% 100%
40%
mal adi e; 40%
accident
myst èr e; 30%
myst èr e; 30%
acci dent ; 30% acci dent ; 30% maladie
30%
10%
acci dent ; 10%
acci dent ; 0
0%
Figure 11: Répartition des veuves selon la cause du décès de leurs maris par localité en 2007
Le graphe ci-dessus traduit une répartition des veuves (10 veuves par localité
choisie) selon les causes du décès de leur époux. Les causes retenues pour
l’enquête sont : maladie, accident, mystère. Les veuves interrogées déclarent
avoir partagé avec leur époux une vie de couple dont la durée varie entre [15 ans
et 30 ans]. On constate que les causes liées à un cas d’accident sont moindres,
celles qui se réfèrent à une maladie sont d’un pourcentage relativement élevé
alors que les décès survenus de façon mystérieuse restent les plus prononcés.
(Agonlin 20% ; Abomey 50% ; Porto-Novo 30% ; Ouidah 60% ; Lokossa 30%).
Ouidah et Abomey sont les localités les plus indexées en matière de décès
mystérieux. Les veuves qui se situent dans ce schéma déclarent ne pas pouvoir
dire exactement à quoi est dû le décès de leur mari et l’attribuent à un mystère :
« ses parents l’ont tué ; il s’est disputé avec un membre ou un proche ; c’était
une affaire de parcelle ; il ne souffrait de rien ; il a fait l’objet d’une menace ; il
souffrait d’une maladie dont personne n’en connaissait les causes…). 80% de
ces femmes déclarent avoir été soupçonné d’avoir tué le mari. Seulement 10%
de ces femmes déclarent que leurs maris avaient des biens. Les autres femmes
déclarent vivre dans une pauvreté remarquable avec leurs enfants, ceci du vivant
même de leur époux. En outre, remarquons déjà à partir du graphe que les morts
« Fondée et habitée par des cultivateurs HUELA de SAHE, Glexwe qui n’était
qu’une ferme au 16e siècle vit le jour sous le signe oraculaire GBE-SA ».(
IROKO, 2003 : 59). Cette thèse est corroborée par de nombreux écrits. Elle
révèle que la ville de Ouidah ne fut pas créée sur fonds de conflits
hégémoniques, contrairement à ce qu’on peut noter dans la constitution de
plusieurs autres royaumes. Un tel constat ne permet pas cependant de tirer une
conclusion sur la nature des relations entre ce royaume et les autres. Seul
l’examen de l’histoire politique permettra de le faire.
Le retour à l’histoire des rivalités antérieures entre royaumes parait d’une utilité
remarquable pour comprendre les origines probables de la rumeur sur la
Glexwenu. Il est clair que nous ne saurions lister toutes les séries de rivalités, de
guerres entre différents royaumes dans le Bénin précolonial, mais nous en
retiendrons principalement, celles qui opposaient Abomey et d’autres royaumes,
y compris Ouidah. Glexwe a-t-il été impliqué dans des rivalités dont les
‘’séquelles’’ constitueraient des motifs suffisants à la formation dans le corps
social de stéréotypes, d’étiquettes vis-à-vis d’elle et, par ricochet, de ses
femmes ? Glexwe a-t-il livré des guerres à d’autres royaumes voisins dont les
ressortissants nourrissaient jadis, une haine quelconque et dont les
manifestations seraient encore présentes et vivaces dans les esprits aujourd’hui ?
C1 C2 C1= combien ?
N1
Y N2
C2= comment ?
N1= résultat
N2= rang du résultat
Y= messager
Prétendre à une conclusion définitive sur les motifs liés à la méfiance nourrie à
l’égard de la Glexwenu serait faire preuve d’une tricherie à la science. Scruter,
analyser et comprendre le phénomène lié à la rumeur qui fait de la Glexwenu
une « tueuse de mari », nécessite un travail plus approfondi mais aussi
comparatif c'est-à-dire étendu à d’autres cités historiques comme Glexwe et qui
dépasserait le cadre d’un mémoire de maîtrise. On ne saurait se prévaloir d’avoir
vraiment et suffisamment approché toutes les facettes du phénomène.
Cependant, certains éléments sont d’une évidence à ne plus démontrer :
- la crainte que suscite la Glexwenu dans le corps social est une réalité ;
- la conviction qu’il faut se méfier de la Glexwenu s’étend à plusieurs
localités ;
- la Glexwenu dans l’imaginaire de ses pairs suscite des réactions diverses
et controversées (40% des hommes mariés ressortissants de Ouidah
rencontrés ne veulent plus prendre une femme de Ouidah s’ils devaient se
remarier !) ;
- près de 40% des hommes mariés d’ailleurs ayant épousé une femme de
Ouidah ne sont pas prêts à l’épouser encore, si ceux-ci devraient se
remarier ;
- les régions d’Agonlin, du Nord sans distinction, certaines régions du
Mono-Couffo et même Abomey semblent être d’une hostilité réelle face à
Ouidah ;
- les femmes de Ouidah sont conscientes de la rumeur dont elles font l’objet
et l’imputent à l’histoire faisant de Ouidah une ville d’esclavage mais
aussi de forte ‘’tradition’’ ;
- près de 80% des femmes Glexwenu interrogées déclarent être capables
d’user de ‘’forces occultes’’ pour entretenir leur foyer ;
- près de 90% des hommes originaires d’ailleurs et ayant épousé une femme
de Ouidah, déclarent que leurs femmes seraient capables d’user de "forces
Inès Y. Olive ZOUNNON 77
occultes" dans les conditions suivantes : la délaisser pour une autre, la
femme désire hériter de toutes les richesses de son mari, etc. ;
- la caricature de la Glexwenu diabolisée d’aujourd’hui correspond aux
attributs de la Na guézé d’hier : femme rusée, tenant l’homme par son
ventre, perce les secrets de son mari, fait des gris-gris, trahit son mari,
s’accapare de ses biens.
Il aurait, en effet, fallu pour la présente recherche :
- répartir les conceptions sur la femme de Ouidah selon les statuts socio
professionnels, le niveau d’instruction des acteurs interrogés pour sérier
les informations ;
- disposer d’un registre indiquant les catégories d’acteurs qui fréquentent le
plus les bokonons selon leur âge, statut, origine, car même si le bokonon
affirme accueillir plus de femmes que d’hommes, rien ne certifie si ces
femmes sont réellement originaires de Ouidah, étant donné que même
l’origine de la Glexwenu est plurielle et que d’autres femmes quittent
d’autres contrées pour venir consulter le fa chez les pratiquants de
Ouidah ;
- les autres femmes non originaires de Ouidah auraient pu dans un
échantillon bien déterminé, être approchées pour confronter les opinions
des femmes non originaires de Ouidah face à leurs sœurs de Ouidah ;
- aboutir à l’identification de la catégorie de femme Glexwenu la plus
indexée (est ce l’intellectuelle ? l’aguda ? celle ayant grandi et résidant à
Ouidah ?) serait d’un atout considérable.
De tout ce qui précède, et des résultats obtenus il apparaît que :
- on ne peut pas tabler la justification de la rumeur sur le seul recours des
femmes de Ouidah aux ‘’forces occultes’’, mais aussi sur les discours
qu’elles tiennent sur elles-mêmes, l’univers historique pluriel (contact
avec l’européen, rencontre d’une diversité de cultures à Ouidah, Ouidah
ville sanctuaire à forte ‘’tradition’’ etc.) dont elles sont le produit.
3. AMELA, J. 2000 : « Aneho, cité fantastique ou l’image des guins dans les
communautés Ewés », in : GAYIBOR, T., Le tricentenaire d’Aneho et du
pays Guin, Lomé : Presses de l’UB : pp 532-535.
Seuil
10.NUBUKPO, K.M. 2000, « regards croisés inter-togolais : la perception des
guins par les non guins », in : GAYIBOR, T., Le tricentenaire d’Aneho et
du pays Guin, Lomé : Presses de l’UB : pp 524-531.
N
Commune de
Tori-Bossito
Source : pdc Ouidah
6°30' 6°30'
COMMUNE DE
DEPARTEMENT DE L'ATLANTIQUE
OUIDAH
Commune de Ouidah
Villages et Commune de
Tori-Bossito N
Quartiers de ville #
Evèdjrèhoué
Assogbénou Daho
#
Bossouvi
#
Amoulèhoué#
Adjarra Kpovié
Assogbénou Kpèvi Gnnoukpankon #
#
Sèhlinhoué
#
#
# Gakpé Honhoué
#
#
Monso Houéyiho #
Dodji
#
Houéton Agbassazounmè #
6°25' Adjagbéhocon
#
#
Commune 6°25'
Ecole Ouessè
Adjarra Adovié
# d'Abomey-Calavi
Lokohoué
Commune Ouessè
#
#
de
#
Sèmè #
Tchiakpècodji
Kpomassè Kinguè # #
Djissoukpa
LobagbomèDekonénou
#
#
#
Bazounkpa
Gahatin PAHOU #
Godonoutin #
# #
Hounganglo #
# Gbéto #
## Akadjamey
Houndjava Djikpotomè
#
Gbèna Zongo
#
# #
# Houndjava Kpèvi #
#
#
Gomè #
Hounhamèdé
Tovè II #
# #
Ahouicodji
#
#
Ahouandjigo #
# # #
#
Assogbénou Daho
#
Sodotéhocon Zomaï Womey #
# ##
# #
Agban
#
#
Gbamè #
Abota I #
#
AVLEKETE #
Zoungbodji Aholobé
Gbézounmè
#
Ahouandjigba Hio Houta
Co rand
#
#
#
#
Gohouncodji Dossou Yovo
G
#
Gbéhonou
#
Agbessikpè
#
Aziagbo Kodji
mm -Po
Gbloudoumé
#
Fadékoucondji #
6°20' # #
#
#
Avlékété Plage 6°20'
Djègbamè Houakpè Kouvènanfidé
un po
#
Toligbé # Guédoucodji Djègniba Kodji #
#
Dégoué #
#
Azizakoué
# #
Djègbadji Plage #
e
Ganhoué # Adjankancodji
#
OCEAN ATLANTIQUE
#
#
Village
Agglomération
Gakpé
(51.28 Km²) Commune
6°25' Savi 6°25'
(74.80 Km²) d'Abomey-Calavi
Commune
de
Kpomassè
Ouidah2 Pahou
(7.45 Km²) (2.72 Km²) (91.97 Km²)
Ouidah4
(2.57 Km²)
Commune Ouidah1
(26.58 Km²) Avlékété
(20.82 Km²)
Houakpè-Daho
de (43.85 Km²) Djègbadji
6°20' (25.02 Km²) 6°20'
Grand-Popo
Océan Atlantique
Légende
QUESTIONNAIRES
QUESTIONNAIRE N°2
QUESTIONNAIRE N°3
Groupe cible : les hommes mariés ressortissants d’ailleurs ayant une femme de
Glexwe ou non.
QUESTIONNAIRE N°4
Groupe cible : femmes de Glexwe.
QUESTIONNAIRE N°5
Groupe cible : Sachants
1-quelles sont les catégories d’acteurs qui vous consultent le plus ? (Hommes,
femmes, fréquence de fréquentation)
2- quels sont les principaux motifs, selon la catégorie d’acteurs, de leur recours à
la divination et à d’autres pratiques occultes.
Questionnaire utilisé
- Porto-Novo
Inès Y. Olive ZOUNNON 91
- Ouidah, Abomey (Oumako)
- J’ai des préjugés sur les femmes sombas (Savè)
- Mahi
- Adja
- Femmes du Nord
- Nord- Zou-Adja
- Peu importe
- Pas de femme évangéliste ni musulmane
- Collines et plateau
- Femme d’Abomey (il y a trop de pression)
- Ouidah
- Ouidah
- Ouidah
- Toutes les localités
- Pas une femme du sud, surtout pas les adjas
- Ouidah et Abomey (3 personnes du Couffo)
- Peut prendre une femme de Ouidah (Savalou)
- Peut composer avec toutes les localités, mais, il n’y a pas de fumée sans
feu (Agonlin)
- Ouidah, mais avec distinction (Dogbo)
- Jamais Ouidah (Dogbo)
- Comè (Djakotomè)
- Couffo (Abomey, Ouidah, Ouidah, Ouidah)
- Fon, Abomey, Ouidah, Porto-Novo
- Sud Ouidah
- Ouidah
- Porto novo ; Ouidah
- Agonlin, Agonlin
- Couffo (pas de localité)
- Importe peu
Inès Y. Olive ZOUNNON 92
- Adja, Avrankou (plateau)
- RAS (Agonlin)
- Abomey, Porto novo (Ouidah)
- Nord (Ouidah)
- RAS (sahouè)
- Grand Popo, Ouidah (Bopa)
- Pas de chez lui (Houéyogbé)
- Couffo (Ouidah)
- RAS (Adjohoun)
- Nord (à cause de la distance)
- Peu importe, à condition qu’elle réponde à mes attentes.
- Mono, Borgou, zou
- Abomey, Covè, Ouidah
- Partout
- Partout
- Pas de femme sudiste (Ouidah)
- Ouidah, nordiste
- Abomey, Ouidah
- Abomey, Agonlin, Ouidah
- Ouidah, fon, nordiste
- Pas de localités trop éloignées « dans ma famille, on dit que les femmes
de Ouidah ne sont pas bonnes à prendre ; entre ouidaniens c’est bon ».
- Abomey, elles sont fortes dans les pratiques occultes. Pour sauver sa tête,
il vaut mieux ne pas insérer dans ces genres d’affaires.
- C’est vrai que je ne suis pas encore marquée par une fille, mais c’est aussi
vrai que les régions en vue sont Ouidah, Abomey. Ce qu’il faut, c’est
l’amour, la compatibilité.
- Il y a des localités qui n’inspirent pas confiance, seulement on peut être
d’une même localité sans avoir les mêmes comportements. Ce qui
importe, c’est l’éducation de la fille, l’histoire de sa maman
Inès Y. Olive ZOUNNON 93
particulièrement et de son vieux. Mais il y a beaucoup de préjugés et de
superstitions.
- Pas d’importance
- Pas de femme en milieu fon (Ouidah,…)
- Pas d’importance
- Pas de femme somba
- Pas d’importance pour moi seul, mais en milieu nago, on évite les femmes
fons en particulier de Ouidah
- Pas important
- Pas de femme de Ouidah et d’Abomey
- Il y a des personnes qui ne reflètent pas toujours les préjugés. 3 localités :
Kétou, Abomey, Ouidah
- Maxi
- Bariba
- Peuhl
- Beri beri
- Mes parents me mettaient en garde contre les femmes de Ouidah,
Abomey, Sahouè
- Mes parents me disaient de ne pas fréquenter les adjas
- La femme de Ouidah
5-
-oui
-oui
-oui, si il n’y a rien de négatif
-il peut faire avec (Couffo)
-jamais (Couffo)
-si la femme de Ouidah peut changer de caractère d’accord, mais du tout pas
- Non
- ça peut arriver
- c’est possible
Inès Y. Olive ZOUNNON 102
- Jamais, c’est impossible, mais possible dans le rêve (Parakou)
-même si il y a l’amour, il y aura méfiance et doute
-oui
- peut être, ça dépend de l’amour
- ça peut arriver
- je ne ferai jamais fi de tout ce qui se dit à propos d’elle, je peux l’aimer à
n’importe quel degré, je ne peux pas mourir de l’amour, je suis catégorique
- tout dépend de ses comportements
- ça peut arriver, il suffit qu’elle m’aime
- pas prêt !
- A condition que je l’isole de ses parents. La probabilité est très faible de la
laisser revenir à Ouidah.
- deux positions : tout dépend de celle qu’on a en face ; la guerre annoncée ne
tue pas l’handicapé « ogun agbptêlê ki dja aro », donc faire attention surtout si
c’est des idées qui viennent des parents
- en Afrique, la femme épousée appartient à ses parents et quand on est au nord,
la distance….
- si tu prends la viande du porc et tu as les maux de ventre, il faut éviter
- en Afrique, c’est deux familles qui se marient et donc il faut faire attention.
- papa, ça lui importe peu, ma mère sera gênée tout de suite
- mes parents seront gênés et vont chercher à savoir si les parents de la fille sont
de Ouidah ; si la maman de la fille est de Ouidah, c’est très grave
- mon papa non, ma maman non plus
- ma mère va bien observer la fille
- il y aura rien.
R E C A P I T U L A T I F DES D O N N E E S T O U T E S L O C A L I T E S C O N F O N D U E S
1 - La localité figure t-elle parmi vos critères en matière de choix de conjoint?
Nombre 100
OUI 63%
NON 28%
INDIFF 9%
3 - Quand je dis "femme de Ouidah" quelle est l'image qui s'impose à vous?
Nombre 100
Positive 2%
Négative 75%
Indifférent 23%
OUI 14%
NON 69%
Indifférent 17%
OUI 3%
NON 61%
Indifférent 36%
Enquête 3 : Opinion des hommes mariés d’ailleurs ayant épousé une femme de Ouidah
2 - Données statistiques
120%
Positif; 100%
100% Positif; 95%
Positif; 90%
80%
Indécis; 60%
60%
Indécis; 50%
20%
Indécis; 5% Négatif; 10%
Négatif; 5% Négatif; 5%
0%
Question N°1 Question N°2 Question N°3 Question N°4 Question N°5