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NOAH PÉPIN

LA DEMOISELLE DU
NUNAVUT

TROIS ENQUÊTES:

SIURAQ QUAQ

ALERTE À ALERT

ANNIE À GRISE FJORD


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LA DEMOISELLE DU NUNAVUT

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DU MÊME AUTEUR:

LA SÉRIE SAMANTHA-HATEYA:

1- La reine des tartes aux pacanes

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NOAH PÉPIN
LA DEMOISELLE DU NUNAVUT

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LIVRE UN: SIURAQ QUAQ

Une femme est retrouvée morte au bout d’un quai à Quamani’tuaq. L’affaire
s’avère plus complexe lorsqu’on apprend que ça concerne une vieille malédi-
ction de sorcières.

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1.

Je regarde le ciel. Les flocons de neige tombent sur mon visage. Je flatte ma joue
gauche avec ma paume de main. Je lèche la neige qui est restée collée dans ma
main, puis qui a fondue et qui s’est infiltrée dans ma peau. Je regarde la glace se
former à la surface de la mer. Une mince couche. Le sable mi-gelé de la plage flottait
dans l’air, grâce aux vents nordiques. Puis le sable tombait doucement comme une
plume d’oie sur la glace. Il se glissait sous quelques couches de glace, puis remont-
ait à la surface. Comme les vagues de l’océan.
Je ne suis jamais descendu dans le Sud. Je suis resté à Quamani’tuaq toute ma vie.
Je n’ai pas l’intention de la quitter après quatre-vingt-sept ans. Le village de près
de deux milliers d’habitants, était auparavant qu’un petit village entouré de mines
d’uranium d’une trentaine de résidents, où je faisais partie de l’un des 25 inuits. Je
n’avais que 12 ans lorsque mon père et mon petit-ami sont partis à la mine. Mon
copain est revenu en m’annonçant la nouvelle de la mort de mon père, Adriel. J’ai
toujours aimé la manière dont mes parents m’ont nommé. C’est un nom amérindien,
puisque j’en suis une. C’est Chilali, qui signifie «Oiseau des neiges». Ma petite sœur,
Chumani, signifie «Goutte de rosée». Mais le meilleur est celui de mon copain: Isha.
Qui signifie «Protecteur». C’est pour cette raison que je l’ai choisi. Et je ne le reg-
rette pas.

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«Le ciel laisse échapper ses plus beaux flocons ce soir.» se dit Hateya. On est
Janvier, le mois le plus magnifique de l’année. Le mois le plus beau à Quamani’tuaq,
en tout cas. Le vent, la neige et la lumière du ciel reflètent sur ce petit visage
paisible.
Hateya est au poste de police, tranquille avec une tasse de café, en lisant le
journal. Le poste de police était souvent tranquille. Il n’y avait jamais rien qui se
passait à Quamani’tuaq, excepté quand un conducteur dépasse la vitesse demandée
sur la route, ou sinon quand il y a des conflits entre amoureux quand l’un boit trop,
ce qui est assez fréquent à Quamani’tuaq. Ce qui est étonnant, c’est que les
adolescents du village ne consomment ni drogue, ni alcool, et ne font aucun
vandalisme. C’est surtout les jeunes adultes qui agissent d’une manière moins
civilisée.
Hateya n’avait que 26 ans, elle a rejoint le poste après avoir fini ses études en
droit civil. Elle aurait pu aller juger quelques personnes malveillantes au tribunal,
mais ce n’était pas ses intentions. Elle n’avait pas encore de petit-ami, mais tous les
hommes se tournent vers elle après l’avoir regardé. Elle avait des cheveux bruns lis-
ses qui tombent jusqu’à ses épaules. Hateya avait des yeux bruns, comme tous les
inuits, et tous les jours, elle change de vêtements. Quelques fois, elle portait de la
lingerie plus chic, d’autres plus, mou et confortable.
Ils n’étaient que trois au poste. Il n’avait pas de secrétaire. Il y avait que Jolan, le
policier le plus vieux d’entre nous, il aime toujours sculpter du bois. Il sculpte quand
il n’a rien à faire. Ensuite, il y avait son autre et dernier collègue, Tekoa. Il plait
beaucoup trop à Hateya, incluant que la signification de Tekoa est «Magnifique».
Hateya a renversé son café quand le téléphone de son bureau sonnait. Sans savoir
qui c’est, elle décroche.
- Oui allô? L’inspectrice Hateya à l’appareil.
La voix à l’autre bout du fil n’augure rien de bon.

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- Madame! Venez,! Là! Au port! VITE!!! crie l’homme au téléphone. Il y a… une
femme…gisant sur…la glace…sur le lac Baker… VENEZ VITE!!!
Hateya raccroche tout de suite, sans comprendre vraiment ce que l’homme dit.
Elle se dépêche d’aller au port. L’homme était accroupi sur le quai, immobile.
- Hum? Monsieur? Où est la femme?
Immédiatement, l’homme se tourne et la regarde tristement. Son visage tourne au
vert et il vomit sur le sol.
- Pardon, inspectrice. Je suis Ratonhnhaké:ton - qui veut dire «vie éraflée» - et je l’ai
trouvé là, sur la glace, au bout du quai… Je ne sais pas ce qui s’est passé… Je n'ai
rien fait, je vous le jure…
L’homme tomba et pleura sur le sol de bois franc. Il était jeune cet homme, contr-
airement à la femme sur la glace. Il avait des cheveux et yeux bruns, le combo inuit.
- Je vous crois, Ratonhnhaké:ton. dit Hateya paisiblement.
- Appelez-moi «Haké», je vous prie.
Hateya s’approche du bout du quai et regarde la femme. Elle vomit à son tour.
C’est une cruauté gratuite! S’en prendre à une vieille femme inuit! Le meurtre, ce
n’est qu’une horreur! Une femme morte, au bout du quai, gisant sur le lac. Surtout
que Quamani’tuaq était toujours paisible. Il n’y avait jamais eu de meurtre. Juste en
regardant la scène de crime, c’est un meurtre. La vieille femme était couchée nor-
malement. Mais ce qui s’avérait complexe était qu’elle avait une main qui se plaçait
au-dessus de sa tête, plus éloigné de son corps. Sa main était semi-ouverte, conte-
nant du sable.
Hateya regarde le ciel, c’était le soir, elle a passé toute la journée à regarder la
femme. Haké était encore là. Elle brise l’agréable silence.
- Connaissez-vous cette femme?
Haké se tourne précipitamment vers la jeune femme.
- Malheureusement, non. Mais voulez-vous prendre un thé chez moi? J’habite au
coin de la rue.
Il montre du doigt une charmante jolie maison, typique du Nunavut. Elle est petite,
comme toutes les autres. Hateya examine Haké de la tête aux pieds. Puis elle hoche
la tête.

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- Avec plaisir! dit-elle, joyeuse. Je dois juste passer au bureau avant. Pour chercher
quelques affaires. Mais on se revoit vers 7:30 ce soir? C’est correct?
Haké acquiesça et lui sourit. Elle rendit son sourire.

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2.

Je continue de regarder la mer. Parfois, je passe mes journées entières à faire ceci.
C’est tellement amusant! Même si tous les résidents me regardent d’un regard sou-
cieux. À Quamani’tuaq, la vie est éternelle.
Mais jusqu’à ce que «quelqu’un» passe devant moi, et s’arrête. Ce «quelqu’un»
me pousse sur le sol de bois franc et me torture de plusieurs manières. Je sens une
terrible douleur monter en moi, mais je ne peux pas crier, puisque la peur me retient.
Je ne sais pas comment réagir. Ça fait mal! Je ne comprends pas! Comment un rési-
dent de Quamani’tuaq peut-il faire du mal à quelqu’un comme moi? Qu’ai-je fait de
mal? Je ne suis que la vieille femme qui passe ses journées à regarder la mer et à
manger du poisson et du pain. Parfois des chocolatines. La souffrance affaiblit ma
vue. Je ne peux pas distinguer la personne devant moi. Après, il prend une poignée
de sable, et il me force à faire un truc cruel avec. Mais ce «quelqu’un» se fâche
puisque je ne suis pas capable de savoir où est le sable. Mes mains ont plongé dans
la neige. Le froid s’empare de mes mains. Et ça commence à brûler. On dit toujours
que la glace nous fait brûler. Là, je comprends. Là, l’inconnu(e) me pousse sur la
glace au bout du quai. Je suis paralysée, je ne peux plus bouger. Et je commence à
m’affaiblir. Et je sais que je vais mourir. La mort va s’emparer de mon corps… et de
mon âme…

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Hateya n’est pas vraiment allé au poste, mais plutôt à sa maison. Elle s’est mis du
maquillage, des vêtements plus chics que son uniforme de police, et a sorti une
bouteille de vin. Elle ne voulait pas décevoir Haké. Et puis, elle déteste le thé. Avant
de se rendre chez Haké, elle s’est arrêté à la meilleure bâtisse de toute Quamani’tu-
aq: La boulangerie! Hateya s’est acheté quelques brioches aux bleuets et une ba-
guette française.
Rendue chez Haké, elle cogne trois coups sur la porte de pin. Après un moment,
Haké ouvre la porte et s’écarte pour la laisser entrer après avoir dit un chaleureux:
«Bonjour Hateya! C’est un plaisir de vous revoir! Entre!»
- Inutile de me vouvoyer, Haké. Alors, explique-moi qui tu es. Je vais préparer le
souper.
Les deux résidents de Quamani’tuaq sont à la table de cuisine après avoir fini la
cuisine: Du spagetti. C’est simple et délicieux.
- J’habite temporairement. Je travaille pour mesurer la température ici. Aujourd’hui,
j’ai pris congé après avoir vu cette femme sur le lac. Je voulais mesurer la tempéra-
ture du lac. Bref, ma présentation hors du meurtre: J’ai 28 ans, scientifique, céliba-
taire. Je pars de Quamani’tuaq dans un mois pour retourner à Churchill, ma ville
natale. J’ai ma mère, encore vivante, mon père est décedé, je suis enfant unique. Et
mes parents sont aussi sans frère, ni sœur. Voici une brève description de moi.
Hateya le regarde, surprise. Il était plutôt sympa, ce Haké.
- Pourquoi pars-tu de Quamani’tuaq bientôt? dit Hateya, curieuse et triste à la fois.
- Raison financière. dit-il, tout en observant attentivement Hateya ouvrir la bouteille
de Shiraz. J’ai deux appartements, l’un à Churchill, et l’autre, ici. Je vais juste rester
à Churchill.
Hateya y pense toute la soirée, tout en parlant de leurs passés et en riant de cer-
tains événements de leur vie. Elle pense aux appartements. Puis, elle est tellement
incapable d’ignorer ses idées.
- Viens chez moi. dit-elle, sans précision.

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- Pardon? Tu veux dire quoi par là, «Viens chez moi.»?
Hateya éclatte de rire, après un moment que Haké la regarde, perplexe, elle
retourne à la série.
- Je dis que tu devrais loger chez moi pendant un moment. Je suis seule chez moi,
j’ai rien à faire que de sortir un bouquin, faire des bonhommes de neige ou faire des
heures supplémentaires de travail. J’aimerais bien avoir un peu de compagnie.
Haké semble hésiter, ne sachant pas trop quoi penser. Déconcerté. Après un mo-
ment, il dit un simple: «J’en serais ravi!». Hateya a dû passer une nuit blanche à
force de transporter des meubles d’une maison à l’autre. Haké s’est couché sur un
matelas à côté du lit d’Hateya puisque la maison n’a qu’une simple cuisine, un petit
salon, avec un divan pour une personne, et une chambre incluant la salle de bain.
Le lendemain matin, la sonnerie du téléphone retentit dans toute la maison. Hateya
se réveille, terriblement fatiguée. Il était 11 heures. Elle regarde l’écran du télé-
phone, elle soupire. C’était Tekoa.
- Hateya, tu es où? Tu n’es pas au poste! Que fais-tu? Tu étais endormie? Tu es avec
quelqu’un?
- Du calme, Tekoa. Dis à Jolan que je prends congé, je suis malade. J’arrive au poste
vers 3 heures cet après-midi. Au revoir!
Hateya raccroche avant même que Tekoa répond. Haké se réveille et lâche un gros
baîllement. Il était en camisole et short.
- C’était qui? - Il arrête de parler avant de continuer - Pardon, ce n’est pas de mes
affaires.
- Non, tu as le droit de le savoir, c’est juste le travail. Ils me cherchent. J’ai pris
congé pour ce matin. Tu viens? On va faire le dîner.
Haké sort des armoires des patates, des piments et des onions. Ils vont faire des
omelettes. Hateya s’approche de Haké. Leurs visages étaient près, au point où Haké
senti l’haleine d’Hateya.
- Les piments ne sont pas encore près. Tu dois les… essaie de dire Haké mais Hateya
met ses mains autour du cou d’Haké et l’embrasse. Hateya voulut arrêter, craignant
une mauvaise réaction de la part d’Haké, mais lorsqu’elle a détaché ses lèvres des

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siens, il les recolla immédiatement. Lorsqu’ils se sont retournés vers les piments, ils
ont brûlé.
Vers 3 heures, au poste, Tekoa et Jolan attendaient Hateya à l’entrée. Hateya ne
voulait plus travailler là, avec eux, ils ne sont pas endurables. Jolan est plus agréable
même si Tekoa est plus beau. Mais Tekoa se fait du souci pour tout. Surtout pour
Hateya. Haké est arrivé au poste avec Hateya. Jolan aimait bien Hateya. Et Hateya
l’appréciait beaucoup. C'est un très bon policier. Même qu’aujourd’hui, il a annoncé
que quelqu’un était renfoyé. Hateya croyait que c’était elle, mais c’est Tekoa. Tekoa
avait pour fonction de technicien scientifique. Mais c’était inutile à Quamani’tuaq.
Jusqu’à maintenant. Tekoa avait laissé un bisou sur la joue d’Hateya en quittant le
bureau. Mais elle lui rendit en retour une grimace.
En échange, Jolan a recruté un nouveau médecin légiste ainsi que technicien
scientifique. C’est Haké.

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3.

TROIS MOIS PLUS TÔT

J’ai voulu savoir pourquoi Chumani m’a crié dessus tout à l’heure. Comment ma
sœur peut-elle me faire ça? J’ai juste dit: «Le sable est gelé.» Je ne comprends pas
ce qui se passe. Comment une simple phrase peut-elle déclencher une aussi grosse
vague d’événements? Je crois tout simplement qu’elle a dû avoir une crise. Je regar-
de mon neveu, il secoue la tête avant de partir. Je suis triste, je monte dans ma cham-
bre et je pousse un énorme cri en voyant: «Le sable est gelé.» écrit partout dans ma
chambre…AVEC DU SANG!!! Je m'évanouie juste après avoir constaté que c’est
écrit avec du sang.
Plus tard, quand je me suis réveillée, je touche le sang avec le bout de mon index.
Il s’est coagulé, mais il a une odeur particulière. Une odeur parfumée. Une belle od-
eur. Ça sent les roses. Je lèche le sang qui est sur ma paume, puis je m’en mets par-
tout dans mon cou. Je n’ai pas compris pourquoi les humains détestent le sang. Suis-
je seule qui adore le sang? Probablement. Je n’ai jamais compris comment Chumani
élève son fils. Comment peut-elle le baptiser d’un nom aussi ridicule: Ratonhnhaké-
:ton.
Bref, j’ai beau aimer tout le monde, mais en tout cas, la pire de toutes les femmes
de Quamani’tuaq est sans aucun doute, Chumani…

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Hateya était super excitée d’avoir Haké comme collègue de travail. Mais avec la
mort de la vieille femme, Quamani’tuaq n’était plus très tranquille, le bouche-à-
oreille existait bien ici. Et c’était rapide pour que la nouvelle se répande même au
nord de l’île d’Ellesmere. À Alert et Eureka plus précisément. Les journalistes du
Nunavut ont fouiné dans l’affaire. Et maintenant, les journalistes québecois, ontar-
iens et manitobatiens sont au courant et ils sont assoifés et dépendants d’explica-
tions. Quamani’tuaq n’a jamais reçu au moins un journaliste depuis des lustres. Mais
maintenant, avec la mort de la jeune femme, tout à changer. Les habitants paniquent
et veulent s’en aller dans le Sud, à voir vers Ivujivik ou Salluit. Ils ne veulent pas
rester à Iqualuit, c’est le Sud qui compte, c’est le Québec, l’Ontario et le Manitoba.
Haké rentre dans le bureau sans cogner.
- Je te dérange? dit-il, mais il poursuivit: J’ai apporté la femme au centre médico-
légal d’Iqualuit. Ils vont l’analyser et donner des résultats. J’ai pris plusieurs emp-
reintes sur la scène de crime et…
Hateya échappe des rires plutôt étranges.
- Arrête, arrête. Un, tu dois cogner à la porte. Puis deux, merci de la faire analyser
mais je crois que c’est une mauvaise idée qu’un de nos suspects travaille sur l’
affaire. Je me trompe?
Haké est un suspect, plutôt, le seul puisqu’on ne connaît même pas qui est la
femme, qui est de sa famille, on ne sait absolument rien sur elle. C’est juste une
vieille femme qui est morte, sans la moindre indice. Elle soupire et penche sa tête
pour sortir du tiroir une pastille à la menthe. Elle regarde Haké, qui semble déses-
péré.
- Tu en veux une? propose Hateya.
Haké ne veut même plus la regarder. Il sort du bureau, triste, puis il se retourne.
- À ce soir, dit-il.
Puis, il s’en va.
Chumani était dans la maison de Chilachi, sa sœur, lorsque son fils rentre du travail.

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Elle avait passé une terrible nuit en apprenant qu’elle était décédée. Ratonhnhaké-
:ton dit à sa mère:
- Je vais passer la nuit chez moi, on se voit demain? En passant, j’ai quitté mon appa-
rtement à Churchill, tous mes meubles sont en route. Je vais prolonger mon séjour
ici.
Chumani ne fait que lever la tête pour le voir, et elle finit par hocher la tête après
un moment de silence. Haké est rentré dans l’appartement d’Hateya après avoir
chercher la dernière brioche à la cannelle de la boulangerie. Il rentre dans leur
chambre et il s’appuit sur la table de chevet, les mains moites et en sueur. Haké
tremble et il pleure dans ses poignets. Il appelle Hateya sur son portable, mais elle ne
répond pas. Il se lève, essuie ses larmes sur sa joue avant de regarder le mur une
deuxième fois. Sur le mur est écrit: «Le sable est gelé.»

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4.

DEUX MOIS PLUS TÔT

Je ne sais pas trop comment réagir. Une sœur qui panique à cause de: «Le sable est
gelé.» et maintenant j’ai un père qui refuse de m’expliquer ce que ça veut dire! Eh
bien, il y a de quoi à vérifier là. Je suis allée à la bibliothèque et j’ai passé la jour-
née à essayer de trouver un article sur l’affaire du sable gelé. J’ai demandé à la
bibliothécaire et elle a réagit comme: «Je ne peux pas donner cette information.»
J’ai demandé à la boulangière, au menuisier, à certains pêcheurs, à tout le monde
du village, et ils ont tous dit: «Je ne peux pas donner cette information.» Qu’est-ce
qui se passe? Pourquoi on me cache tout ça? J’ai parcouru tout le village pendant
tout un mois entier, je suis allée à Chesterfield Inlet pour des explications, mais ils
ont juste dit: «C’est quoi ça?» Pourquoi tout le monde de Quamani’tuaq sait ce que
veut dire «Sable gelé.» et moi je ne sais rien?! Je veux le savoir!

UN MOIS PLUS TÔT

Je suis allée voir un ancien habitant de Quamani’tuaq, qui habite à Iqualuit. Il


s’appelle Kwanita. Il est professeur de la langue inuktituk au secondaire. Il m’a
expliqué que c’est une vieille malédiction de Quamani’tuaq. Que c’est juste une
histoire de sorcellerie. Et qu’il y ait des possibilités que je sois la sorcière. Une
affaire de sorcières? Que personne ne peut révéler? C’est quoi ces conneries?! Je
ne suis pas une sorcière! Comment est-ce que je pourrais être une sorcière? Qu’ai-je
fait de mal? Je ne suis que la pauvre vieille femme veuve qui regarde la mer, le rytme
des vagues, qui couvrent le sable, et qui l’expose quelques instants plus tard du
matin au soir! J’ai demandé plus d’informations, à voir aussi des références biblio-
graphiques, mais il a dit: «C’est tout ce que je sais.» Est-il sûr? Je sens qu’il me

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cache quelque chose, mais je me demande ce que c’est. Encore quelqu’un qui me
cache un secret. Est-ce que cette malédiction qui concerne ma famille? Ou juste moi
personnellement? Une affaire du passé qui s’est répandue de génération en généra-
tion? Je ne sais rien! On me cache tout ce qui a un lien avec cette histoire. Mais
pourquoi?! Quamani’tuaq cache ses sombres secrets sous une apparence si joyeuse
pour avoir une meilleure réputation pour plaire aux touristes, avoir une meilleure
économie, mais tout ça n’est qu’un secret enfoui sous la glace. Mais ça commence à
dégeler. On rouvre la plaie. C’est tout de ma faute…

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Hateya est rentrée après le travail. Quand elle a vu les inscriptions sur le mur, elle
était surprise, mais plus tard, c’est de la curiosité qui a dominé tout le mélange de ses
sentiments. Elle se sent observée, explosée ou même envahie comme si un intru l’ob-
serve jour et nuit, sans arrêt. Elle se demande quelle est cette affaire du sable gelé.
Qu’est-ce que c’est? Elle se tourne vers Haké, qui l’attendait depuis un moment. Elle
serre les poings, en colère.
- C’est toi qui a fait ça?! Avoue-le! Tu tentes de me faire peur, hein?! Eh bien, - Elle
crache sur le sol avant de porsuivre - tu ne me fais pas peur.
Haké la regarde, étonné. Il se penche vers l’étagère, et il choisit un de ses livres.
Et il le montre à Hateya. Elle regarde le livre, le prend et le jète sur le lit.
- C’est pas ça que je veux, connard! Je veux savoir si c’est toi qui m’a joué un mau-
vais tour, qui est en fait une idée très stupide de la part d’un scientifique de ton
genre!
Haké se lève et la regarde, se sentant insulté. Pour lui, Hateya était une femme
d’une beauté exceptionnelle mais qui avait beaucoup de mal à s’auto-gérer. Elle
avait du mal à se contrôler, un certain moment elle est triste, d’autres, joyeuse et
enthousiaste, et certains elle est en colère contre tout! Hier, elle se fâchait après une
simple chaise parce qu’elle avait de la difficulté à la tenir dans ses mains. S' il faisait
un résumé d’Hateya, ce serait: Enthousiaste, jolie, trop énergique, jamais tranquille
et bien organisée.
- Du calme, Hateya. Respire profondément. Inspire, res…
- DIS-MOI TOUT SIMPLEMENT SI C’EST TOI!!! C’EST PAS DIFFICILE!!!
Haké plaque sa main sur son visage. Après, il met ses bras autour des épaules
d’Hateya.
- Regarde-moi. dit-il, puis Hateya lève doucement la tête. Ce n’est pas moi, compris?
Je ne fais pas ce genre de truc. Je suis scientifique, pas un homme d’une gang de rue
de Montréal, OK? Je ne veux que la paix, pas l’inverse.

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Hateya finit par prendre un oreiller et le lancer sur Haké. Il la regarde, il rit et en
lance un à son tour. Ils ont passé toute la soirée à se chamailler avec de simples
oreillers toute la soirée. À Quamani’tuaq, on s’amuse avec les choses les plus
simples, pas les plus complexes…

C’était la nuit, maintenant. Et minuit approche à grands pas. Hateya continue à


regarder Haké dormir sur le matelas. Elle penche sa main sur l’oreille de celui-ci. Il
finit par pivoter sa tête vers Hateya.
- Viens à côté de moi. dit-elle paisiblement. Elle s’écarte et tape sur l’oreiller à côté
d’elle.
Haké la regarde, soucieux. Et il saute sur le lit à côté d’elle. Le lendemain matin, il
y avait un gros tas de vêtements sur le sol…

Jolan avait appelé pour savoir où sont Hateya et Haké. Ils se sont arrêtés à la boulan-
gerie pour se chercher des danoises aux bleuets, le classique du village. Mais quand
ils sont rentrés au travail, Jolan les attendait. Il avait une mauvaise mine. Ça n’au-
gure rien de bon. Il avait des mauvaises nouvelles à annoncer.
- Il y a un blizard qui va isoler le village pendant un moment, c’est une bonne pour
nous puisque les suspects ne s’enfuiront pas. - Il se tourne vers Haké. - Et l’autre,
c’est qu’un homme est retrouvé mort près d’où la femme nous avait quitté. Tout ce
que nous savons, c’est que la femme et l’homme n’ont rien en commun.
Hateya se frotte les yeux, sort les trois danoises et les place sur la table. Ils s’en
prendent une et les dévorent en moins d’une minute, excepté Jolan qui n’a que
manger une bouchée.
- Qu’est-ce que vous avez mangé ce matin? plaisante Jolan.
Hateya préfère ne rien dire, mais Haké relance la balle vers Jolan.
- Deux œufs, quatre tranches de bacon, deux harengs en entier, une livre de patates
et cinq saucisses.
Jolan éclate de rire. Il ne voulait pas, mais il ne pouvait pas s’en empêcher. Il n’est
pas si mal, ce Haké. Je me demande s' il sculpte du bois, lui aussi? pense-t-il, mais il
préfère garder ça pour lui-même.

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- Je crois qu’il faudrait commencer l’enquête, non? propose Hateya. Je veux dire, on
ne peut pas laisser la femme là, sans explication. Il faut savoir si elle a de la famille,
des amis, ensuite s’il y a des témoins de la scène, etc. Même opération pour l’autre.
Hateya ne comprend toujours pas pourquoi Jolan ne semblait pas au moins un peu
nerveux d’avoir une enquête pour homicide sur les épaules. Elle semblait si excitée,
curieuse et nerveuse à la fois. Elle ne sait pas si Haké a la même sensation. Mais en
tout cas, l’enquête va être plus complexe qu’elle se l’imaginait…

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5.

UNE SEMAINE PLUS TÔT

Kwanita est venu me voir ici, à Quamani’tuaq. Il m’a révélé le reste, en disant qu’il
risquait sa vie. C’est ridicule! Il m’a dit que le sable gelé signifiait que j’allais tuer
quelqu’un. Que du sable gelé veut dire que la sorcière va tuer quelqu’un?! Idioterie!
Qui vais-je tuer? Qui mérite de mourir?!Je ne suis pas la sorcière! Au point que ma
sœur m’évite en déclinant mes invitations pour le thé, en refusant de me visiter et en
s’éloignant de moi, de me voir. Pourquoi moi? Qu’ai-je fait de mal?
Kwanita a ajouté que je ne suis pas seule. Qu’une autre femme dedans Quamani’-
tuaq est comme moi, ou en d’autres mots: Mon clône, mon double, mon identique…
Est-ce qu’il y a une troisième sorcière dans le village? C’est possible, mais d’après
Kwanita: NON. Je sens qu’il me cache quelque chose, mais je ne le sais pas. J’ai
beau chercher partout dans le Nunavut: Rien ne m’explique cette foutue malédiction
de sorcières! Je veux déterrer les secrets de ce maudit village, mais ils sont trop pro-
fondément enfouis. Lorsque je creuse dans l’âme humaine, autant dire le cerveau, ça
les alarme et se renterre automatiquement. Lorsque je veux remonter les ténèbres à
la surface pour supprimer les secrets et les misérables révélations, ils se mettent
contre moi, ou la sorcière, puisque j’en suis une. Je suis détestée, et ma vie est fi-
chue. Comment arrêter tout ce bordel? Comment? C’est facile à vingt ans, mais à
quatre-vingt-sept, j’en doute. Je suis la femme folle ici. Je suis détestée, pour tou-
jours…

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Hateya regarde Jolan et Haké, sans dire un mot. Le silence a envahi la pièce, et
l’ambiance est plus tendue, puis le malaise embarque et domine les corps du trio. Ils
se regardent, et Jolan brise le désagréable silence.
- Oui, l’enquête. Eh… - Il regarde dans son bureau. - Hateya, trouve les noms de la
femme et de l’homme, discute avec leurs familles, trouve un lien entre eux. Raton-
hnhaké:ton je dois prendre tes empreintes et je vais les envoyer à Iqualuit. Tu vas
devoir chercher des empreintes de n’importe quoi sur les scènes de crime. Je vais
devoir t’interroger, Ratonhnhaké:ton. Bon, allons ici.
- C’est Haké, monsieur.
- Et moi, c’est Jolan. réplique celui-ci sèchement.
Haké se tourne vers Hateya, mais celui-ci s’est enfuie dans son bureau. Il baisse
tristement la tête, au moment où elle sort les mains moites qui tremblent et les yeux
embrumés.
- Oh, asseies-toi. dit-il en montrant la chaise.
Hateya s’assit doucement et regarda Haké dans les yeux. Celui-ci affiche un sou-
rire qui se dissipe assez rapidement lorsqu’elle lui donne une gifle. Haké recule et
formule une question qui eut de la difficulté à prononcer.
- Qu’est-ce…qui s’est…passé...au juste?
- Je suis une sorcière, j’ai lu ton livre hier que tu as tenté de me donner. Ça y est,
tues-moi, je suis la sorcière de Quamani’tuaq! Je mets en danger tout le monde! Vas-
y, je te dis!
Haké ne prend même pas la peine de me regarder. Mais celle-ci se frustre et sort
une arme à feu de sa poche et le met sur sa tempe.
- Vas-y, fais-le ou je vais me le faire moi-même! Qu’est-ce que tu attends?! crie-t-
elle.
Haké saute sur la chaise et l’embrasse sur la bouche. Elle tente de l’éloigner mais
il refuse. Jolan est rentré dans la cuisine et les regarde d’un air dégoûté, bouche bée.

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Il ne comprenait pas pourquoi les adultes doivent toujours s’embrasser et s’envoyer
en l’air! Il n’a jamais eu une copine, excepté celle au secondaire qui l’a quittée deux
mois plus tard pour aller avec un autre mec du lycée. Qui est aujourd’hui, heureuse-
ment mort. Toute sa vie, Jolan sculptait du bois, travaillait pour la police, mangeait
des danoises la fin de semaine, allait à la pêche avec son frère l’été ou l’hiver les
journées de congé et aussi quand il allait faire des promenades dans la forêt avec son
chien, Nashoba.
Mais il y a six mois, il aimait les femmes, ou bien, une femme. Puisque c’est celle
qui s’est faillie noyer dans l’eau lorsqu’il promenait son chien. Elle s’appelle Olathe.
Elle est belle, comme le dit son prénom. Et elle était si douce. Olathe a deux ans de
moins que lui: Elle a 44 ans. Il avait beau détester les femmes pour son attitude
«Badasse», ou comme des «Karen»*. (Je m’excuse pour les femmes qui se nomment
«Karen». J’ai utilisé une expression québécoise assez inappropriée. Pardonnez-moi, c’est juste
pour exprimer Jolan, lui donner une valeur, un caractère. Toutes les notes sont de l’auteur)
Mais Olathe était charmante. Elle n’était pas une «Karen». Elle était plus sage, polie
et même civilisée.
Jolan reçoit un appel, il décroche sans avoir pris la peine de regarder qui c’est.
- Oui? Jolan de la police de Quamani’tuaq est à l’appareil. Eh… Quoi?! Vraiment?!
Oh…c’est…splendide! - Il fait une grimace, les autres le regardent d’un œil suscep-
tible. - Bon, je vais leur annoncer. Au revoir! Oui, on se parle tout à l’heure. Désolé
chérie, je suis occupée. On se voit ce soir? - Hateya et Haké entendent la femme
protester, ils éclatent de rire. - Bye! Je te parle plus tard, je dois y aller!
Il raccroche. Il hurle dans tout le poste de police. Heureusement qu’ils ne sont que
trois. Olathe est finalement devenue une «Karen». Maudit, soit-il. se dit Jolan.
- Qu'est-ce que Olathe a dit? tente Hateya.
Jolan plaque ses mains sur son visage. Il ne voulait pas ça, vraiment pas ça! Même
si Olathe est super fière et contente. Il se tourne vers Hateya, qui avait mis sa main
sur son épaule. Il est assis sur une chaise. Il essaie d’articuler, mais sa gorge l’em-
pêche de parler. Il finit après un moment de dire quelques mots.
- Je vais devenir papa…

36
6.

QUATRE JOURS PLUS TÔT

J’étais sur le quai lorsque Chumani m’a apporté des danoises aux bleuets: Mon
coup de cœur! Elle est venue pour faire quoi après m’avoir ignoré tout ce temps?
Elle veut se foutre de ma geule, c’est ce que je crois. Ça ne m’étonnerait pas. Elle
fait tout le temps. Elle se croit meilleure que moi. Elle veut dominer et posséder le
monde. C’est son but, depuis qu’elle est née. Mais elle n’a fait aucun progrès. Elle
n’a même pas réussi à devenir membre du conseil de Quamani’tuaq!
Chumani me regarde et soupire.
- Chilachi, je m’excuse de m’avoir mal comporté quand tu as dit: «Le sable est
gelé.» J’ai juste mal compris. Je croyais que tu voulais me tuer, mais tu ne faisais
que dire que le sable où on est actuellement, est gelé. Je ne croyais pas que…
- Laisse tomber. dit Chilachi et elle prend une poignée de sable puis elle en dépose
petite pincée par petite pincée sur le bord du lac.
Chilachi regarde le sable, hyptonisée, se combiner avec l’eau glaciale, et qui
forme des tourbillons. Le sable commence à s’emplacer l’un morceau dans un autre
et se solidifie pour former une mince croûte sur la surface de l’eau. Chumani, dé-
concertée, prend un morceau de glace qui est collé au bois franc du quai pour le
lancer sur la croûte sableuse. Chilachi regarde sa sœur paisiblement, inexpressive.
- Tu es le contraire de moi, sœur. Tu tentes de détruire la nature. Et je recolle les
morceaux brisés des mauvaises choses que tu as fait face à la nature, elle-même. Tu
te crois pour un ange, mais je suis l’ange. Toi la sorcière. Ils croient que c’est moi,
mais c’est toi la véritable sorcière.
Chilachi prend la danoise aux bleuets, qui est sur les barreaux du quai, et elle
l'émiette en morceaux pour les jeter dans l’eau, qui va finalement se glisser sous la
glace. Chumani regarde sa sœur, furieuse. Et elle commence à hurler. Mais elle

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s’arrête quand sa sœur commence à chanter une chanson ridicule: «Petits poissons,
mangez ce que je vous donne. Regarder ce que j’ai à vous donner. Entendez ce que
j’ai à dire. Goûter ce qui a à manger. Et sentez ce qui a une bonne odeur. Petits
poissons, mangez mes danoises aux bleuets.» Chilachi regarde sa sœur crier.
Pourquoi suis-je le contraire de ma sœur? Pourquoi elle hurle à plein poumons puis-
que je donne ma danoise aux poissons? Elle est folle.
- Arrête de crier, ça ne sert à rien. Les petits poissons méritent plus la danoise que
toi et moi.
Puis Chumani s’enfuit en pleurant. Chilachi affiche un énorme sourire. «Bon
débarras!» penset-elle.

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Hateya et Haké regardent Jolan avec surprise. Ils ne comprenaient pas ce qui était
triste. Avoir un enfant, c’est splendide, magistral! Pourquoi Jolan est frustré?
- C’est splendide! Toutes mes félicitations, Jolan! dit-elle avec joie.
Jolan plaque sa main gauche sur son visage tandis que la droite tient un stylo dans
sa main, prêt à écrire quoi que ce soit de négatif.
- Non! Je ne veux pas d’enfants! Bordel de merde! Comment suis-je censé m’en
occuper?! Je ne sais pas comment on fait ça, moi! J’ai 44 ans. Je ne voulais pas
d’enfants!
Hateya regarde Haké avec une grimace et des gros yeux, en signe qu’ils doivent
changer de sujet. Ne jamais fâcher Jolan, ou il risque de te renvoyer. Jolan est un
homme autoritaire. Il n’est pas le plus sympathique et loyal. Mais il sait comment
fonctionne une enquête. Il a eu des formations. Mais cette enquête n’est que sa
première. Et le premier meurtre de Quamani’tuaq depuis des lustres. À Quamani’-
tuaq, tout le monde connaît tout le monde.
- Le blizzard arrive quand? questionne Hateya.
- Ce soir, c’est pour ça qu’on doit absolument commencer l’enquête. Faîtes ce que je
vous ai dit de faire.
Hateya saute sur le téléphone. Elle va appeler son père. Il est historien, il doit pro-
bablement connaître la vieille femme et l’homme. Son père, Anoki, est un homme
comique mais qui ne se laisse pas marcher sur les pieds. Elle adore son père. Elle
aimait sa mère, qui est malheureusement décedée l’an dernier, d’une manière
étrange. Son père est allé habiter à Iqualuit après la mort de sa mère. Mais il était à
Quamani’tuaq l’an dernier.
Hateya prend son téléphone portable et compose le numéro de son père. Après un
moment, il décroche.
- Salut Pop! Ça va à Iqualuit? J’ai besoin de ton aide, oui j’ai appelé pour ton aide. Je
sais. Je vais te voir à Iqualuit pour Pâques. Non t’inquiète, ça va. Oui, je me suis
trouvé un petit ami. Il vient de l'Ontario. Je t’en parlerai plus tard. Dis-moi, tu as vu

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la femme assassinée aux journaux? Tu l’as vue? C’est qui? Chilachi? Chilachi quoi?
Chilachi tout court? Elle a de la famille? Elle a juste une soeur? Chumani? Son
adresse? OK parfait. Merci Papa. On se reparle ce soir. Au revoir, j’ai une enquête
sur le dos. Bye!
Hateya retourne voir Jolan. À trois, ils partagent la table de travail, qui sert aussi
de table à dîner. Le poste n'est qu’une grande salle, où il y a les archives dans une
différente pièce, sous clé. Il y a la cuisine avec une grosse table de travail. Et il y a la
salle d’interrogation, qui n’est utilisée que très rarement. Voilà, c’est ça un poste de
police au Nunavut, excepté celui d’Iqualuit qui est trois fois plus gros que celui-ci.
- Jolan, le nom de la femme est Chilachi. Elle n’a pas de noms de famille. Elle a une
sœur, Chumani. Chumani habite près du quai, elle partage la maison familiale avec
sa sœur, qui maintenant la partage avec son fils. Je ne sais pas qui est le fils de
Chumani.
Sur ces mots, Haké lève précipitamment la tête. Il regarde Hateya. Il fallait qu’il
lui dise. Ça pourrait aider pour trouver qui a tué sa tante. Mais il ne voulait pas qu’
Hateya le repousse de sa vie privée. Il aime Hateya, il ne veut pas l’abandonner.
- C’est moi. dit-il.
Hateya et Jolan font un 180 degrés hyper rapide. Ils le regardent, confus.
- Toi? dit Jolan, et il éclatte de rire. Toi? Sérieux? Ta mère a 84 ans et toi tuen as que
28! C’est impossible. Ta mère ne peut pas t’avoir à…
Haké baisse la tête, déçu. C’est une réponse populaire quand il annonçait ça à ses
amis. Ils se moquaient de lui. Et même encore aujourd’hui.
- À 56 ans. Oui, c’est quaisiment impossible. Mais ça arrive.
Alors que Jolan se ridiculise en riant comme un psycopathe, Hateya se place
derrière lui et met ses bras autour des épaules d’Haké. Ensuite, elle lui masse le
derrière de la nuque.
- Jolan n’est pas toujours l’homme le plus sympathique du Nunavut. lui chuchote-t-
elle. Il se moque des autres pour se sentir le maître de la planète entière. Tout ce qu’-
il faut, c’est lui relancer la balle encore plus fort. Il va arrêter. Je te le dis. Moi, je me
moque souvent de sa compétence au travail. Mais ça fonctionne si tu lui dis qu’il
sent le parfum pour femme.

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Haké éclatte à son tour. Jolan arrête de rire, perplexe. Il serre les poings.
- C’est moi qui rit ici, pas toi! crie-t-il. Tu n’as pas le droit de rire si je ris. Ne reco-
mmence pas ou je te casse le cou.
Haké se tourne vers Hateya, incertain de comment il doit réagir. Mais Hateya ne
fait qu’hocher la tête en signe d’approbation.
- Jolan, ta voix me fait vraiment penser à ma mère. Qu’est-ce qui se passe? C’est
quoi cette odeur? Est-ce du parfum pour femme? Explique-toi.
Hateya ne peut pas s’en empêcher, elle hurle de rire dans tout le poste de police.
Quant à Jolan, il claque une gifle sur la joue d’Haké. Celui-ci crie de douleur sur le
cou. Il flatte sa joue, qui est devenue rouge. Il va chercher de l’eau du robinet dans
la cuisine. Il ouvre la poignée, l’eau coule dans sa main gauche. Haké déplace sa
main et la met sur sa joue rosée. L’eau est froide, elle coule sur le long de sa joue,
puis le cou. Ça s’arrête petit à petit, en attendant que sa peau absorbe toute l’eau, ça
continue à couler jusque dans sa poitrine. Haké prend une petite serviette et essuie
l’eau dans son cou. Mais Hateya a remarqué qu’il a reçu une gifle et elle a arrêté
pour le rejoindre. Elle rentre sa main dans le chandail d’Haké et elle capture l’eau
qui y est restée. Hateya sort sa main et elle lèche l’eau qui est encore là. Haké se
tourne vers elle et ne peut s’empêcher.
- Je vais rentrer à la maison. Je te voie tout à l’heure. Jolan est fou dans la tête. Je
n'en peux plus. dit-il.
Hateya le regarde partir sans un mot. Elle se tourne vers Jolan. La journée va être
dangeureusement longue…

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42
7.

LA VEILLE

« Il se peut que je sois déjà morte en vous écrivant cette lettre. Je suis en danger. Je
risque ma vie quand je sors à l’extérieur pour voir les vagues arriver et disparaître
sous d’autres vagues, sans arrêt. Quand je vois le sable flotter dans l’air pour re-
tomber dans la mer plus tard. Quand je m’arrête à la boulangerie m’acheter une
danoise aux bleuets tous les matins. Quand je regarde les autres personnes de mon
âge dans des centres de retraite, alors qu’ils peuvent être libres comme moi. Quand
je rend visite à ma sœur avec son fils. Alors, demain, je vais mourir. Je le sais puis-
que je l’ai senti en regardant la mer. La mer était plus violente ce matin. C’est ét-
range. Alors, même si j’ai 87 ans, ma vie continue. Elle va s’arrêter un jour. Je ne
sais quand. Je ne le saurai jamais quand je vais mourir. Mais il y a de fortes possi-
bilités que ce soit demain. Je vous en prie, ne me tuez pas. Ne m’en voulez pas. Je ne
veux que vivre en paix. Je n’ai jamais fait mal à qui que ce soit. Mais vous pouvez
me tuer, si vous voulez. Alors, chers citoyens de Quamani’tuaq, laissez-moi finir mes
jours en paix, et ne pas les finir en souffrance. Après avoir fini cettre lettre, elle
serait diffusée dans toutes les maisons du village. Je vous souhaite une bonne St-
Valentin à tous, qui n’est que dans un mois, mais bon, vous comprendrez. Soyez en
bonne santé, libres et passez votre vie du mieux que vous pouvez.

À plus tard, on se verrait au ciel, certains dans quelques années, et d’autres dans
des décénnies. Je vous aime tous,
Chilachi»

Après avoir fini de l’écrire, Chilachi l’imprime chez elle et en fait des centaines de
photocopies. Et elle les plie tous pour les placer dans des enveloppes. Toute la
soirée, elle dépose une lettre à chaque maison. Certains ont ouvert la porte pour

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prendre la lettre. Et d’autres, qui ont peur d’elle, ou qui sont absents, elle a juste
déposé la lettre sur le perron. Chilachi rentre chez elle les larmes aux yeux.

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Hateya déverouille la porte de sa maison. Sa journée au poste de police avec Jolan,
qui était plus qu’insupportable, est finalement terminée. Elle se glisse dans son lit et
elle ferme l'œil. Il n’était que cinq heures. Une heure plus tard, Haké lui chuchote
dans l’oreille:
- Viens manger, le souper est servi.
Elle prend son temps pour se lever. Elle est épuisée. Après un moment, elle de-
scend les escaliers rejoindre Haké, qui avait cuisiné du saumon arctique à la poêle. Il
avait coupé un citron pour assaisonner le poisson. Hateya tire la chaise près de la
porte d’entrée et s’asseoie dessus. Elle tourne la fourchette, dans ses réflexions. Les
yeux au plafond. Elle pense à l’enquête. Il y a quelque chose qui cloche. Pourquoi
Haké lui a caché qu’il est le neveu de Chilachi? Elle a un mauvais pressentimment.
Haké la regarde, d’un œil interrogatoire.
- Ça va? Tu n’as pas touché à ton assiette, ça fait une demi-heure.
Hateya sursaute, renversant son verre d’eau sur le beurrier. Elle jure intérieure-
ment. Pourquoi faut-il que ça arrive au pire moment?! Elle était en train de chercher
des réponses, et il l' a empêché de les trouver.
Hateya se lève et sort des serviettes. Elle nettoie la table. Mais le bois a déjà
absorbé une grande partie de l’eau. Il a pris une teinte verte. Elle jète la serviette
dans un panier. Après, elle sort de la maison. Hateya marche dans la rue enneigée.
Elle s’arrête à la boulangerie et elle salue Eyota, la boulangère. Eyota est une femme
très sympathique. Elle est grande, cheveux-yeux bruns, le duo inuit. Ses cheveux
sont toujours en chignon avec un filet qui recouvre ses cheveux, pour ne pas avoir
plein de cheveux dans ses produits.
Hateya commande une danoise aux bleuets, comme toujours. Les danoises sont le
grand best-seller de Quamani’tuaq. Eyota avait annulé plusieurs produits pour pro-
duire plus de danoises ou de pains ordinaires.
Hateya s'arrête ensuite à la Co-op du village pour faire la commande. Tout ce qu’-
elle a besoin, c’est la paix. Mais Haké, aujourd’hui, est «le clône de Jolan». La

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caissière de la Co-op est très antipathique, comme tout le monde aujourd’hui. C’est
étrange. Tout le monde est vraiment désagréable. Hateya arrête au poste prendre le
dossier «Chilachi et Homme inconnu». Jolan était parti et elle est allée fouinée dans
le bureau de celui-ci. Elle a tout ouvert les tiroirs et elle a trouvé quelque chose. Elle
a trouvé une photo de lui avec sa femme. Mais sa femme n’est pas Olathe, c’est l’ex-
femme d’Haké. Jolan nous a menti.

46
8.

QUATRE-VINGT ANS PLUS TÔT

Je regarde ma mère. J’ai 7 ans. Elle cuisine le dîner «TOP SECRET» comme elle le
disait toujours. J’entends des bruits de pas à l’entrée. Je cours. C’est Papa. Je crie
un gros «PAPA!» du quotidien. Mais je me tais tout de suite quand je vois qui c’est.
Chumani descend les escaliers, sa poupée à la main. Un homme est rentré dans la
pièce. Il nous pousse sur le sol et se dirige dans la cuisine. J’entends ma mère crier.
- Je t’en prie, Ohanzee. ne fais pas ça. Mais il l’ignore. Il la frappe. Et j’entends plus
d’hurlements. C’est fini…

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Hateya est assise sur sa chaise au bureau. Elle reprend le combiné et recompose le
numéro d’Anoki, son père. Après un moment, il décroche.
- Oui?
- Je suis de retour! C’est un homme qui est retrouvé mort à Quamani’tuaq, il était
professeur de la langue inuktituk à Iqualuit. Serais-tu c’est qui par hasard?
Anoki grogne, déçu. Pourquoi ne peut-elle jamais parler de sa vie privée?
- Kwanita. Tout court.
Avant qu’Hateya réponde ou le remercie, il a déjà raccroché. Pourquoi son père
n’est pas content? Parce qu’elle n’a pas parlé d’Haké, se dit Hateya. C’est ridicule!
Ce n’est pas une raison de raccrocher au nez de sa fille. Je devrais aller le voir à
Iqualuit, après le blizzard. se dit-elle.
Quand Hateya est allée voir Jolan pour lui dire le nom de l’homme, il se dispute
avec Haké. Comme toujours. Depuis qu’Haké a appris que la petite-amie de Jolan,
maintenant enceinte, est son ex-femme, l’atmosphère au poste est plus sombre, plus
malaisante. Une mauvaise ambiance au travail. Hateta sort une danoise de son sac et
la montre du doigt.
- Le dernier à se taire aura la danoise.
Mais les deux se sont tus, ils sont tombés dans le piège.
- C’est moi qui ai parlé en dernier, je vais la manger. La prochaine fois, - Elle se
tourne vers Haké. - arrêtez de vous chamailler comme deux cons. Jolan, l’homme se
nomme Kwanita. Tout court.
Hateya jète la «napkin» à la corbeille, prend ses affaires et elle quitte le travail.
Haké la suit, ne sachant quoi faire. Hateya se tourne.
- Reste au travail. Et quand tu seras rentré, tu utiliseras le matelas pour te coucher
dessus. Je ne veux pas dormir avec quelqu’un comme toi.
Elle sort à l’extérieur. Hateya lève la tête vers le ciel et laisse quelques flocons
tomber dans sa bouche. Après, elle s’enfuit vers sa maison, craignant que le blizzard
arrive. Mais elle voit une grande vague de neige arriver vers elle. Ne sachant quoi

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faire, elle court dans tous les sens, cogne à tous les portes, n’attendant pas que
quelqu’un lui ouvre. Jusqu’à une vieille femme lui ouvre la porte. Elle rentre rapide-
ment dans la maison, essuie ses bottes et enlève son manteau, sa tuque, ses gants,
etc. Elle regarde la femme.
- Qui êtes-vous? dit la vieille femme.
- Hateya, de la police. Et vous?
La vieille femme lui montre la chaise. Hateya s’assit sur la chaise et regarde la
femme préparer du thé.
- Je suis Chumani. La soeur de la vieille femme retrouvée morte au bout du quai.
C’est triste, non? Vous êtes venue pour m’interroger?
Hateya ne répond pas, elle s’est endormie sur la table. Chumani se tourne vers elle
et la met sur une pile d’oreillers. Elle l’a enfermée dans le sous-sol. Elle ne s’enfui-
era jamais.
Quelques heures plus tard, Hateya se réveille et tente de s’enfuir du vieux sous-sol
pourri. Heureusement, Chumani a été aussi conne pour avoir oublié de prendre le
téléphone d’Hateya. Elle compose le numéro d’Haké. Et Jolan, par simple prudence.
Elle se demande juste pourquoi la vieille femme l’a juste poussé là sans enlever
toute aide pour s’enfuir. Étrange, non? Elle doit avoir l’Alzeihmer. se dit Hateya.
(Pardon à tous ceux ayant l’Alseihmer, encore une fois, c’est pour donner une précision au
caractère du peronnage.)
Le duo de policiers rentre dans la maison de Chumani. Ils ont menotté la vieille
dame, ont libéré Hateya et sont retournés au poste, avec la genre de «Mme Alzei-
hmer mode psycopathe».
Ils sont dans la salle d’interrogation, avec Chumani devant eux. Le magnétophone
est posé sur la table, prêt à enregistrer. Hateya est retournée à la maison. Mais par
pure expérience, elle a voulu qu’ils placent un deuxième magnétophone pour elle.
Jolan n’avait nul intention d’interroger la vieille dame. Haké, comprenant ce que son
collègue tente de faire, il décide de parler. La «criminelle d’une certaine façon»
avait le regard dans le vide. En d’autres termes, elle est dans la Lune. Haké ne
supporte plus le noir silence. Il démarre le magnétophone.
- Madame…

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La vieille femme lève doucement la tête. Elle regarde avec un regard triste. Ses
yeux sont tout rouges.
- C’est Chumani. réplique-t-elle glacialement. Qu’est-ce tu veux?!
Haké regarde Jolan, qui lui aussi regarde ses doigts claquer sur la table. Haké
déteste Jolan. Il est un homme paresseux, naïf et égoïste. Il est le diable incarné. Il a
conquérit son ex-femme. Qu’est-ce qui a de plus chiant que son collègue, son ami
ou son frère, qui vole son ex?!
- Je veux enquêter sur la mort de ta sœur, Chilachi. Je l’ai découvert. Savez-vous
quelque chose sur votre sœur qui pourrait nous conduire quelque part?
- C’est toi le gars qui l’a découvert morte, hein?!
Haké acquiesçie. Mais il laisse Chumani parler.
- Ma soeur est une sorcière. Elle est folle. Elle a dit «Le sable est gelé.» Ça veut dire
«Je vais te tuer.» dans un langage de sorcellerie. Chilachi est une psycopathe. La
personne qui l’a tué a bien fait. Maman a choisi ma soeur au lieu de moi. Heureus-
ement!
Chumani affiche un sourire macabélique. Haké et Jolan se regardent, pétrifiés. Ils
hochent la tête. Pour une fois qu’ils s’entendent. Ils apportent Chumani dans une
cellule.
- Vous allez le regretter! crie Chumani, les joues qui coulent du sang. La policière
est la deuxième sorcière! Elle va vous tuer! Je sais qu’elle a écrit «Le sable est
gelé.» dans votre chambre avant de partir au travail! C’est évident! Elle va vous
tuer! Ratonhnhaké:ton, sauve-toi d’elle!
Ils enferment la femme dans la cellule et la ferme à double tour. Haké finit par
dire:
- Jamais. Je l’aime trop pour ça. En fait, je crois que c’est toi la sorcière.
Et il quitte le poste pour rejoindre Hateya, en avertissant Jolan de son absence. Et
qu’il devrait être de garde. Chumani est une folle. Elle est bien la «Madame Alzei-
hmer mode psycopathe»…

51
52
9.

SOIXANTE ANS PLUS TÔT

Ce n’est pas évident de vivre sans mère. J’ai maintenant 27 ans. Je suis retournée à
ma maison d’enfance. Je suis allée fouinée dans la chambre de Maman, tout en
espérant ne pas tomber sur Chumani. En retrant, je tombe sur deux choses étranges
que ma mère m’a laissé pour moi, d’ici les 20 dernières années qu'on ne s'est pas
vues: Une lettre et une phrase sur le mur, tracer au sang. Je ne comprends pas trop
la signification de la phrase: «Le sable est gelé.» Je regarde la lettre ensuite, ne
sachant pas trop quoi dire à la fin de la lecture. Pourquoi m’a-t-elle laissé ça?
Comment est-elle venue ici? Est-elle encore vivante? Mais en bas, je me suis
trompé, c’est Grande-mère qui m’a écrit ça.

« Chère Chulachi,

en espérant que ta sœur n’ait pas lu cette lettre, sache que ta mère n’a pas écrit
cette lettre, c’est moi. Tu vas comprendre tôt ou tard qui tu es véritablement. Je ne
peux pas te le dire, car je ne veux pas que quelqu’un d’autre que toi tombe dessus.
Ce serait probablement la dernière lettre que je t’envoierai. Donc je vais prendre
le temps de te l’écrire comme il le faut. J’ai passé vingt ans dans l'ennui total.
Sans voir mes petites-filles. Je vous ai toujours aimé. Bientôt, on me découvrira.
Ils sauront que je suis une psycopathe. Même si je n’ai pas fait mal à un seul
poisson. Je suis une psycopathe génétiquement. Tu vas bientôt comprendre sa
signification. Bref, je t’aime Chilachi. Et on se verra au ciel.
Grand-Maman»

Je repose la lettre dans l’enveloppe jaunie avec le temps et sort de la maison. Je


croise Chumani qui marchait dans la rue. Elle me scrupte du regard, curieuse. Et

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elle hausse les épaules et continue sa marche, sans m’adresser la parole. Ça m’a
serré le cœur et je n'ai pas dormi de la nuit. De quoi parlait-elle de «Psycopathe
génétiquement»?

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Hateya a réinvité Haké à monter sur le lit. Mais cette fois, ils ont été plus sérieux.
Plus… Vaut mieux pas rentrer dans les détails. Elle et son copain rentrent au poste à
l’avance. Jolan rentre, silencieux. Sans dire un mot. Que se passe-t-il avec lui de-
puis l’arrivée d’Haké au poste? Mais aujourd’hui, c’était différent. Il a blêmit. Son
visage d’une blancheur inquiétante. Ça signifiait que quelque chose de mal s'était
passé. Hateya doit lui demander la raison de son changement d’humeur. Il est rendu
où le sculpteur sympathique de Quamani’tuaq?
- Que s’est-il passé, cette fois, Jolan? Je t’en prie, dis-moi ce qui s’est passé. C’est
important.
- Elle m’a quittée. Olathe m’a quittée. Sale pétasse. Elle n’est qu’une prostituée, je
parie. Elle m’a rencontré, je suis tombé sous son charme, je l’ai fécondé et elle m’a
quitté. Haké, elle a fait pareil?
- Oui. Mais son nom n’est pas Olathe, c’est Anaba. répond Haké. Elle a changé de
nom, la maudite…
Mais il s’arrête avant de jurer devant ses collègues. Au même moment, quelqu’un
rentre dans le poste en courant et les rejoint. Il enlève ses vêtements de l’extérieur
recouverts de neige et s’asseoie sur une chaise pour les patients. Les policiers le
regardent, sans rien comprendre. Il finit par lever la tête.
- Je pourrais avoir du café?
Une question tout à fait inattendue de la part de l’homme.
- Oui bien sûr, qui êtes-vous? dit Hateya.
- Atasá:ta, je suis résident d’ici. Je suis photographe. Je connaissais l’homme
retrouvé mort. Je suis son frère. Quelques semaines auparavant, une femme lui
avait rendu visite. Elle est morte aujourd’hui, assassinée. Elle habitait ici. La femme
au bout du quai.
Hateya est revenue avec quatre tasses de café noir. Elle met deux sucres et laisse
échapper quelques gouttes de lait crémeux dans sa tasse. Le mélange blanchâtre
avec le brun foncé forme un tourbillon, comme une fumée beige prise dans une

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tasse. Elle fait la même procédure dans les trois autres tasses, avant de reposer le
plateau sur le comptoir de la cuisine, où il est ensevelli de papiers provenant de la
boulangerie, de notes, de l’horaire de garde, etc. Ils prendent tous leur tasse avant
de poursuivre:
- Vous parlez de Chilachi, Atasá:ta?
- Oui, c’est bien elle. Et appelez-moi «Ata».
Le trio se regarde. Ça commence à se clarifier, mais les questions ne font que
doubler, et les réponses ne font que rester dans leur cachette. Comment résoudre
une enquête pour meurtre alors qu’ils n’ont que des dépassements de vitesse de
conduite sur la route à s’occuper?
- Très bien, Ata. De quoi parlait ton frère avec cette dame?
- Je n’ai pas trop bien entendu. Mais les mots «Malédictions», «Sorcière», «Sable
est gelé» et «Pourquoi moi?» revenaient souvent.
Hateya remercie Ata et elle sort à l’extérieur pour le dîner de 3 heures. Mais
toutes les rues sont impraticables, l’aéroport est en mode HS. Le commerce entier
est fermé. Quamani’tuaq est mort temporairement…

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10.

QUARANTE ANS PLUS TÔT

Chumani a accouché de Ratonhnhaké:ton. Le petit m’avait l’air diabolique dès le


départ. En vrai, diabolique comme sa mère. Je regarde le lac depuis que j’ai atteint
quarante-cinq ans, toujours sans enfants, je ne veux que passer mes journées à
regarder le lac. Je vois les vagues s’empiler les uns sur les autres, en répétition.
J’ai toujours détesté Haké, le surnom que tout le monde lui donne. Il est macabé-
lique, il a dessiné un homme qui se pend dans sa classe à la garderie. Depuis ce
temps, la boulangerie a fait ses ouvertures et a acclamé un grand nombre de clients
fidèles. Le classique est sans aucun doute la fameuse danoise aux bleuets. Tout le
monde s’en procure! La boulangère est plus que débordée en ce moment. Je me
retourne vers le lac. Un blizzard approche.

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Hateya est retournée au poste avec le dîner dans ses bras. Mais elle s’arrête tout de
suite quand elle voit une femme morte au centre de la rue. Elle a de la neige dans
les cheveux. Un liquide bleu coule sur son menton. Mais quand elle s’approche,
elle recule et court au poste du plus vite qu’elle le peut. Il ne fallait pas que ça
arrive. Vraiment pas.
- Jolan, mauvaise nouvelle. dit-elle en déposant les sacs sur le comptoir. J’ai
retrouvée une femme morte, empoisonnée sur la rue. Elle tient une danoise aux
bleuets dans sa main. Devines qui c’est.
Elle se tourne tristement vers Haké, qui travaille doucement sur son ordinateur.
Jolan l’interroge du regard.
- Je ne veux pas jouer aux devinettes. C’est qui?
Hateya retourne au comptoir, Jolan sur ses talons. Elle sort les produits des sacs et
les pose sur la table. Elle se tourne vers Jolan. Mais aucun mot ne sort de la bouche.
Juste un mélange d’excitation, de joie, de curiosité, de pitié et de peine. Un mélange
étrange. Elle ne comprend pas comment ça a pû y arriver. C’est vraiment louche tout
ça. Ça a un lien avec l’affaire de sorcière, elle en est sûre. C’est comme si tu dévoiles
à la sorcière le secret que tout le village a conservé pendant des décennies, la consé-
quence est la mort, la cruauté, la souffrance, et on en passe. Elle réussit malgré tout à
dire quelques mots.
- C’est Chumani…

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11.

VINGT ANS PLUS TÔT

Chumani ne comprend rien de ce que je dis. Elle doit savoir ce qui est arrivé à Mère.
Mais elle refuse de me dire quoi que ce soit. J’ai beau lui supplier de me raconter,
mais elle dit quelque chose du genre: «Si j’te l'dis, j’vais m’faire tuer!» Ridicule! Je
me connais. Je ne suis que la femme qui regarde le lac tous les jours du matin au
soir. Je ne suis pas une mauvaise femme. J’en veux tellement à ma sœur. Mais il est
possible que ce soit génétique. Grande-mère qui m’envoie une lettre annonçant
qu’elle risque de se faire tuer. Maman qui se fait enlever. Et maintenant, ce serait
mon tour. D’une minute à l’autre. Depuis 67 ans que j’attends ce moment. Mais ça ne
s’est pas encore créé. Une coïncidence? En tout cas, je ne veux tout simplement pas
mourir…

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Haké essaie de capter au moins un mot de la conversation entre Hateya et Jolan.
C’est étrange. Il a l’impression qu’ils parlent de lui. Sinon, ils leur en informeraient,
non? Il aime tant Hateya, mais elle est si mystérieuse. Elle cache un secret. Il le sait.
Mais quoi? Ça concerne l’enquête? Ou elle personnellement? Il se lève et rej- oint le
duo.
- De quoi parliez-vous? dit-il curieusement.
Les deux policiers tournent vivement leurs têtes vers le jeune homme. Ils croisent
leurs regards et Hateya hoche la tête.
- De ta…mère… Je suis terriblement désolée de te l’annoncer, mais j’ai trouvé Chu-
mani morte dans la rue.
Elle met une main sur l’épaule mais Haké la repousse et court à l’extérieur, sans
mettre son manteau. Il va voir sa mère. Mais avec le blizzard, Hateya ne voit pas
grand chose.
Après avoir fini leur journée de travail, le couple rentre à la maison. Hateya a
préparé une tasse de thé pour lui. Mais elle a rajouté un ingrédient qui l’aiderait pour
l’enquête: Du sérum de vérité. Elle en échappe quelques gouttes. Il est grand temps
qu’il lui dise tout ce qu’il sait. Hateya sait que Haké cache une terrible confidence.
Et c’est ce qu’elle tente de découvrir. Elle appelle Jolan sur son portable. Elle lui
annonce de prendre le corps et l’envoyer pour une autopsie à Iqualuit. Encore…
Elle apporte les tasses de thé sur un plateau et Haké prend une tasse, en la remer-
ciant. Il en boit une gorgée, il échappe une grimace.
- C’est chaud.
- Désolée. Je peux la faire refroidir?
Il secoue la tête. Il boit une deuxième gorgée. Et il tombe sur le sol. Elle avait
aussi ajouté du somnifère. Hateya se penche vers lui et lui fait une bise sur le front.
- Dors bien, mon amour. Il est grand temps que je prenne ton ADN.
Elle lui sourit et elle prend tout ce qu’il lui faut. Mais celui-ci se redresse un peu à
l'avance. Plus tôt que prévu. Il regarde autour de lui, semi-conscient.

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- Où suis-je? dit-il.
Hateya se retourne vers lui et lui sourit doucement.
- En quelque part. Tu le sauras plus tard. Bien! Commençons! dit-elle en regardant
son bloc-notes plein de questions. Tu devras répondre à toutes ses questions.
La première est: Es-tu le coupable des meurtres de ta tante, ta mère et un homme
d’Iqualuit?
La deuxième est: Où étais-tu tout à l’heure pendant que je cherchais le dîner?
La troisième est: Quelle est la relation entre ta mère et sa soeur?
La quatrième est: Quelle est la substance injectée dans la danoise de ta mère?
La cinquième est: Tu as couché avec combien de femmes?
La dernière est: Es-tu marié?
Bien, tu peux répondre.
Haké reste bouche bée. Il réfléchit à la manière qu’il explique tout ça. Et il finit
par en avoir marre et il se lance.
- 2: J’étais dehors.
3: Maman et Chichi ne s'entendent pas trop bien.
4: Du cyanure, à voir les effets.
5: Deux, toi et mon ex, Olathe.
6: Je ne suis pas marié.
- Et quant à la première question? Es-tu le tueur? Tu n’y as pas répondu. C’est
louche.
Haké ne fait que rire. Mais la face que celle-ci signifie qu’elle est sérieuse.
- Qu’est-ce que tu en penses?
- J’en dis que j’en sais rien. Mais je suis plus confiante du côté négatif.
- Alors c’est un «NON»! Hahahaha!
Hateya regarde avec dégoût Haké rire comme un psycopathe. Il est étrange. Il
croit qu’il est parfait, tout d’un coup. On dirait qu’il est ivre, ou qu’il est saoul, l’un
des deux. En tout cas, aujourd’hui, Haké est loin d’être l’homme le plus charmant du
Nunavut, pas comme il l’a été hier…

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12.

DIX ANS PLUS TÔT

On m’a envoyé dans un asile. Plutôt, Chumani m’a envoyé dans un asile. Elle a
raconté aux autorités que je suis folle. Que je mérite de finir mes jours ici. Mais je
sais que c’est faux. Je veux finir ma vie devant le lac Baker, regardant le sable flotter
dans l’air. L’air pur. Je veux la paix. Mais Chumani veut la guerre. Comme toujours,
la sale pétasse! Elle me prend pour une folle et raconte des bêtises sur moi pour ne
plus jamais me voir devant le lac, ou me voir errer dans les ruelles, cherchant
d’autres vieilles dames pour jouer aux cartes avec une tasse de thé à la main. Mais
elle est libre. Et moi enfermée, bordel! Encore une fois, qu’ai-je fait de mal? Le der-
nier meurtre que j’ai fait se déroule quand j’avais 15 ans. J’étais partie en camping
avec mes amis et mon copain. Une mouche me dérangeait et je l’ai tué. C’est consi-
déré comme un meurtre. Mais les humains s’en fichent. Les meurtres, c’est tuer un
humain qui tue un autre humain. Et les cariboux? Les bélugas? Les harengs? À voir,
les petits arbustres? Les phoques? Ils valent quoi, eux? Pour la quaisi-population
modiale humaine, ils ne valent rien. Mais ils valent autant que nous. À voir, plus que
nous. On est idiot. Mais pas eux. Ils sont carrément intelligents! On est les psyco-
pathes. Et eux, ce sont des anges. Ils tuent pour survivre. Pas pour vendre de la
fourrure ou des cornes. Peu importe c’est quoi qu’on vend, mais les animaux ne sont
pas de la marchandise commerciale. Ils sont des êtres vivants.
Bref, je déteste ma sœur. Elle veut que je brûle en enfer. En tout cas, ce n’est pas
moi qui vais brûler dans les flammes de Satan, ce sera elle. Avec certitude…

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Haké finit par retourner à la réalité après une petite sieste. Il regarde Hateya, et il se
penche sur elle. Il lui donne un baiser. Et il commence à déboutonner sa chemise,
mais Hateya le regarde d’un regard glacial.
- Non, tu vas le regretter. Reboutonne cette chemise.
Il la laisse déboutonner, espérant qu’elle changerait d’avis. Toute la soirée, ils ne
se parlent pas du tout. Mais il finit par en avoir assez, Hateya n’a pas collaboré dans
son plan. Un plan qui renforcera leur relation: Avoir un enfant. Dans son regard, elle
dit que c’est trop tôt. Trop tôt de quoi?! Rien n’est trop tôt, comme rien n’est trop
tard. Il finit par s’approcher d’elle et il tente de se débarrasser du chandail de celle-
ci, qui finit par lui donner une gifle. Elle secoue la tête et rentre dans la chambre. Et
elle ferme la porte. Il court et tente d’ouvrir la porte, qui est vérouillée.
- OK, ouvre cette porte, maintenant. Je suis censé dormir où, moi?
Elle ne dit rien. Mais il finit par comprendre qu’il doit dormir sur le canapé.
Hateya lui jète des oreillers dans sa figure.
- Tu en auras assez! crie-t-elle.
Elle doit avoir une petite crise, se dit-il. Ça arrive à tout le monde! Il s’asseoie sur
une chaise, immobile. Il doit trouver un moyen de la convaincre de le laisser entrer
dans cette chambre. Il finit par se décourager et fermer les yeux. La nuit va être lon-
gue…

Le lendemain matin, Hateya se réveille et sort de la chambre. Dans le salon, Haké


dort profondément. Elle ne comprend pas ce qu’il lui a pris hier soir de lui jeter le
matela et lancer des oreillers dans sa figure. Elle doit avoir eu une crise de claustro-
phobie qu’elle a quotidiennement. Ou une dépression. Elle n’a pas aimé la soirée.
Surtout avec tout ce qui est lié à l’enquête.
Elle se fait un chocolat chaud, le classique d’un matin ensoleillé. Hateya s’asseoie
sur l’une des deux chaises. Plutôt, sa chaise habituelle. Elle boit quelques gorgées
avant que le téléphone sonne, ce qui fait réveiller Haké. Elle décroche, hésitante.

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- Oui allô? dit-elle.
La voix au bout du fil semble si nerveuse. C’est Jolan. Il panique, inhabituell-
ement, il est toujours sérieux et sans réaction. En fait, il est énervé. Ou excité. Elle
n’en est pas sûre. Jolan est un homme vraiment gentil, mais il n’est pas très sympa-
thique avec les autres. Il est plus ou moins aimé par les résidents de Quamani’tuaq. Il
est du genre à éloigner les gens dans la rue. Mais il ne se fait pas non plus lancer des
tomates sur son manteau.
- Oui. Parle à ta grand-mère. En fait, elle veut te parler d'une chose qu’elle considère
urgente. Je ne sais pas vraiment de quoi elle veut parler mais…
Hateya l’interrompt tout de suite, surétonnée. Comment c’est possible?! Elle est
censée être morte, sa grand-mère! Elle sort sur le perron après avoir enfilé un man-
teau, des bottes et une tuque.
- Ma grand-mère?! Elle est vivante?! Tu dis des bêtises! Elle est morte!
- Elle est au poste. Viens et je t’en reparlerai.
Il raccroche. Hateya se tourne vers Haké, lui donne un bisou sur le front et elle
court au poste.
Haké a tout écouté ce qu’Hateya a dit au téléphone. Il tente de retenir celle-ci,
mais elle a déjà fui au poste.

Hateya court dans la rue rejoindre Jolan et sa grand-mère. Elle n’en pouvait plus
d’Haké. Il est juste un addicté à la sexualité. Elle a compris pourquoi il s’est
rapidement placé avec elle. Et elle se demande pourquoi elle a collaboré. Mais après
tout, elle l’aime, et il l’aime probablement en retour. Elle croit juste que c’est un peu
tôt pour un enfant. Ils n’ont que 28 ans. Plutôt, il a 28 et elle a 26. En tout cas, les
enfants, ça peut attendre un peu.
Hateya rentre dans la bâtisse aux murs démodés gris, qui au fil du temps, a comm-
encé à se dégrader. Ils ont beau placer des aquariums ou des plantes. Même des
cadres pour essayer de donner une personnalité au poste, mais c’est un échec. Un
poste de police reste un poste de police.

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Jolan la salue et il montre du doigt la grand-mère d’Hateya, qui est assise sur une
chaise d’attente, dans ses pensées. Hateya se dépêche d’aller la rejoindre et la serrer
dans les bras.
- Grand-mère! Je suis si contente de te voir! dit-elle en la serrant au point que la
vieille dame lui crie de la lâcher. Oh pardon, je ne voulais pas…
- C’est correct, je comprends que tu t'es ennuyé de moi. Il se peut que tu as crû que je
sois morte. répond la vieille dame comme si elle lit dans les pensées de sa petite-fille
qu’elle n’a pas vu depuis une éternité. Elle chuchote dans l’oreille d’Hateya: As-tu
lu ma lettre que la grand-maman de Chilachi lui a envoyée? Je l’ai pris, mais je
crains qu’elle l’ait lu. Bref, je voulais te parler de quelque chose.
Elle se tourne vers Jolan. Il finit par comprendre qu’il fallait qu’il les laisse tran-
quille. Elles entrent dans une pièce isolée pour parler.
- Tu es une sorcière. Comme Chilachi, sa mère et sa grand-mère. J’en suis une, et ta
mère aussi. On s'est presque fait tuer. On est des sorcières par le sang. C’est d’une
génération à l’autre. Il faut que personne le sache. T’inquiète, ta mère est saine et
sauf. Fais semblant que de rien n’était. En plus, c’est vraiment désolant que ma soeur
et mon frère ne le sont pas, ce ne sont que les plus vieux. Non, Chumani n’en est pas
une. Quamani’tuaq est un village maudit. (Non, en fait Quamani’tuaq est un village
splendide du nord du Canada. Ce n’est pas un lieu dangereux et maudit. Encore une fois, c’est
un œuvre de fiction et c’est pour donner au village un certain caractère.)Sors de ce village le
plus rapidement que tu peux. Lorsque le blizzard va partir. Habite seule dans ton
appartement. Ne vis avec personne. Il risque de te tuer. Je dis la vérité. Tu es en
danger, ma p’tite fille! Viens avec moi, on va rejoindre ta mère et ton père. Si tu
refuses, tu risques de mourir…

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13.

CINQ ANS PLUS TÔT

Aujourd’hui est le jour! Celui que je vais m’enfuir de l’asile. C’est simple, après
tout, je suis une vieille folle! Je dois avoir des méthodes macabéliques pour fuir une
simple bâtisse clôturée. Je vais faire la morte, ils vont m’apporter dehors chercher
un cerceuil. Et pendant ce temps, me lever et courir. Et c’est ce qui s’est passé. C’est
si simple! Pourquoi creuser dans des murs ou casser des vitres alors qu’on peut
juste faire le mort et fuir quand ils vont t’apporter dehors?! Les prisonniers sont des
idiots. C’est peut-être le fait que j’ai des pouvoirs de vieille mais pas eux? Ou bien
c’est juste que les criminels sont des idiots?
J’entends les sirènes hurler alors que je me suis sauvée dans la forêt. Je vois une
jeune fille devant moi, elle me regarde. Elle s’apprête à hurler autant fort que les
sirènes en sachant que je suis celle qui s’est échappée. Je ne sais pas quoi faire,
mais mon instinct me dit qu’il faut que je mette une main sur sa bouche. Je mets ma
main, elle tente de la repousser mais je force, mais j’ai accidentellement aussi
bloqué le nez. Elle cherche sa respiration, mais elle tombe brutalement sur le sol
couvert de racines d’arbre. J’essaie de la réanimer, mais je ne peux pas. J’entends
des pas s’approcher et je m’enfui en sanglotant et en hurlant de chagrins et de
regrets. Je ne voulais pas la tuer.
Rendue chez moi, je verrouille la porte et s’asseoie sur le canapé, essouflée.
Qu’est-ce qui m’a pris de tuer une pauvre fillette, qui n’a vécu que des petites
années? En tout cas, il ne faut pas qu’ils trouvent la fille…

Je suis Tyee, je suis un chasseur de cariboux expérimenté. J’adore me promener


dans la forêt à la recherche de bêtes. Principalement des grosses. J’ai 65 ans. Je me
promène dans la forêt près de la petite asile, d’à peine une dizaine de chambres.

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C’est ma promenade matinale. Mais je remarque une silhouette étendue près d’un
arbre. C’est une petite fille, d’après mes connaissances. Elle est enfouie dans les
racines de l’arbre. Je touche sa paume, au lieu de crier «AU SECOURS!» Je flatte sa
joue. Et je colle ma bouche sur la sienne. Elle ne se réveille pas. Je l’apporte chez
moi. Je commence à la déshabiller mais j’ai trouvé des marques de strangulations
sur son cou, et c’est là que je crie: «AU SECOURS!» Personne ne vient à l’aide. Je
cache le corps dans mon sous-sol. En fait, je suis veuf. Je cours au poste, mais je
décide de retourner chez moi. Je veux garder le secret. La petite fille est à moi, pas
aux journalistes. Quamani’tuaq doit rester le village parfait.

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Hateya regarde sa grand-mère. Elle ne comprend pas, mais en même temps, elle
comprend tout. L’enquête se clarifie. Mais il a encore des problèmes. Qui serait le
tueur? Ou les tueurs? Sa grand-mère la regarde.
- Je vais pouvoir sortir d’ici bientôt. Mais il faut que j’en parle à mon copain.
- Tu as un copain?! Non, parles-lui en pas! Décris-moi-le!
Hateya soupira avant de commencer son récit. Jamais elle n’aurait crû que sa
grand-mère était en vie, et encore moins qu’elle lui demandait de décrire Haké. Elle
se tourne vers la cafétière, avant de poser la question:
- Grand-maman, veux-tu du café?
- Non merci, je vais faire une attaque de coeur! Mais tu peux t’en faire pour toi.
Hateya hoche la tête et se lève pour aller dans la cuisine. Elle entend le téléphone
dans le bureau de Jolan, et en regardant autour d’elle, s’empare du téléphone et
décroche.
- Oui?
- Hateya, c’est toi? La nouvelle copine d’Haké?! Celle que j’ai enfermée dans mon
sous-sol?
- Oui. Pourquoi? Vous le connaissez?
- Je suis sa mère.
Hateya regarde sa grand-mère en lui montrant le téléphone et elle écrit sur une
feuille: «C’est Chumani.». Elle plie la feuille pour faire un avion et l’envoie dans les
airs vers celle-ci. Sa grand-mère acquescie. Hateya se tourne vers le téléphone avec
une face surprise.
- Pour vrai?! Il ne m’en a pas mentionné. C’est pourquoi cet appel?
- Ça concerne ma sœur, Chilachi. Elle a tué une fille il y a 5 ans. Un chasseur m’en a
informé. Le chasseur est Tyee, il a 65 ans et il habite près du poste, comme au coin
de rue quand tu sors du poste, tu tournes à droite, il est sur le coin. J’espère que j’ai
été utile. Le chasseur cache la fille dans son sous-sol, dans son congélateur. C’est
triste qu’il ne vous en ait pas informé. Bon, au revoir, j’ai le ménage à faire.

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Chumani raccroche. Hateya dépose le téléphone sur la table et regarde sa grand-
mère. Elle lui dit tout. C’est fini les secrets, ou presque…

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14.

UN AN PLUS TÔT

Tyee est assis sur son lit. Il a gardé la fille quatre ans dans son congélateur. Il ne sait
pas trop quoi faire avec. Ni qui sont ses parents. Pourquoi il n’y a pas eu d’affiches
annonçant sa disparition? C’est louche. Ses parents ont-ils abandonné leur fille?
Quelqu’un sonne à la porte. Il regarde par la fenêtre du salon et il échappe un
juron. C’est Chilachi. Elle veut quelque chose. D’habitude c’est pour jouer aux
cartes.
Il finit par ouvrir la porte, hésitant. Il ne comprend pas l’utilité de sa visite.
- Oui? Qu’est-ce que tu veux? dit-il, d’un ton un peu trop bête, refusant qu’elle
rentre dans la maison.
- Je peux rentrer? Ça te concerne.
Tyee hurle dans sa tête. Il n’aurait jamais dû en parler à Chumani. Mais elle ne
voit que son visage, qui semble si ravi et enthousiaste.
- Oui, bien sûr, entre! dit Tyee en s’écartant, frustré.
Le duo s’assoie sur le sofa et Chilachi finit par commencer.
- Qu’est-ce que toi et soeur cachez sur moi? En fait, je vais aller me chercher une
glace, je reviens en bas.
- Laisse-moi y aller.
Chilachi secoue vivement la tête et elle court vers le congélateur. Quand elle
l’ouvre, elle hurle de peur. Elle se tourne vers Tyee.
- OÙ L’AS-TU TROUVÉ?! COMMENT AS-TU TROUVÉ LA FILLE?!
- Alors, c’est toi qui l’a tué. Eh bien, il y a de quoi à dire là.
Chilachi sourit et dit:
- Fais ce que tu veux. Mais ils vont croire que c’est toi, tu as la fille dans ton congé-
lateur. Échec et mat, Tyee. Je suis la gagante, et si tu en parles, tu seras détruit en
morceaux. Alors, c’est ta décision.

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Elle quitte la maison et retourne chez elle. Il est grand temps qu’elle prenne une
belle petite sieste bien méritée.

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Haké prépare le souper quand la porte s’ouvre et se referme. Hateya rentre. Elle
semble si nerveuse. Il a un mauvais pressentiment. Il s’approche de celle-ci et masse
son dos. Elle tente de le repousser, mais il s’est déjà accroché.
- Que se passe-t-il, ma douceur?
Elle se tourne vers lui en pleurant.
- Je dois quitter Quama…
Elle s’arrête et elle vomit sur le sol. Elle s’excuse et elle essuie son dégât. Elle
absorbe la substance jaunâtre avec des serviettes quand elle revomit dessus. Elle
court aux toilettes après qu’Haké dit: «Je m’en occupe.» Hateya ferme la porte et
sort un test «Enceinte ou pas enceinte». Après un certain moment, la machine in-
dique: «Enceinte» Elle crie dans la salle de bain. Elle ne sait pas trop comment réagir
maintenant. Elle doit être fâchée? Triste? Heureuse? Curieuse? Terrifiée? Elle peut
nommer une liste de réaction pendant encore longtemps. Elle court vers Haké et lui
crie: «JE SUIS ENCEINTE!» Celui-ci hurle de joie et l’embrasse. Mais il s’éloigne
en goûtant le goût du vomi dans la bouche d’Hateya. Ils ont ri pendant un bon
moment, mais Hateya retourne au sérieux.
- Je disais que je devais quitter Quamani’tuaq. Le village conspire contre moi. Je
suis censée y aller avec ma mère et ma grand-mère, elles sont encore en vie. Mais je
vais y aller seule, mais je veux que tu viennes avec moi.
Haké écarquille les yeux. Pourquoi faut-elle qu’elle quitte Quamani’tuaq? Il finit
par répondre poliment:
- Où?
Hateya regarde le plancher, il n’y a plus aucune trace du vomi. Mais le bois a
commencé à se dissoudre. Le liquide jaunâtre a dû être très acide.
- On va partir pour Alert, sur l’île d’Ellesmere. J’ai rêvé d’aller là, c’est un petit
village pour des recherches scientifiques. Mais c’est beaucoup plus intéressant
qu’ici.
Hateya démarre la cafétière et elle prépare son café tandis qu’Haké respire pro-

75
fondément. Ils aiment tous les deux très bien Quamani’tuaq, mais c’est dangereux.
Après un moment, Hateya retourne dans le salon avec deux tasses de café noir
brûlantes.
- Je dois conclure l’enquête avant, dit-elle, mais je ne sais toujours pas qui aurait tué
tous ses gens. Mais je sais que ça a un lien avec une malédiction de sorcière de
Quamani’tu- aq à l’époque. Comment je suis censé trouver le ou les coupables du
crime?!
À ce moment, le téléphone d’Haké sonne sur la table. Hateya court le chercher, qui
Haké tente de l’éloigner de la machine. Elle ne décroche pas, mais elle regarde le
nom qui est indiqué: Tyee. Elle se tourne vers Haké, qui la regarde, perplexe.
- Qui est Tyee? Dis-moi-le, je détecte d’une certaine manière les mensonges. Dis-moi
qui est Tyee!
Haké prend une respiration avant de prendre sa décision: Vérité ou mensonge? Il
décide de choisir la vérité.
- C’est un ami, d’une certaine façon. Il habite dans le village. je peux te donner son
adresse. Tu lui rendras visite. - Il tend un papier qui sort de sa poche - C'est là où il
habite. Alors, tu pourrais lui parler.
Hateya prend le papier avec l’adresse dessus. Elle finit par juste sortir de la mai-
son pour aller chez Tyee. Elle court dans le blizzard et l’épaisse neige qui couvre
toute la rue.
Après une demi-heure à essayer d’au moins marcher dans la neige, elle est devant
la porte de l’homme mystérieux. Elle cogne à la porte et il finit par ouvrir.
- T’é qui toi?! Fiche le camp, journaliste de merde!
Hateya fut surprise de voir la réaction de l’homme. Il n’est pas très sympa.
- En fait, je suis Hateya, une policière. Je peux entrer.
Tyee s’écarte et il jure intérieurement. À l’intérieur, ils s’asseoie sur le sofa.
- Je peux vous faire quelque chose? Du café?
- Non merci. Par contre, je vais pouvoir aller me chercher une glace dans votre con-
gélateur. Je vais y aller, je ne veux pas vous forcer à vous lever.
Il tente de retenir Hateya, mais elle est déjà dans la cave. Chilachi 2.0. se dit Tyee.

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Plus tard, on entend celle-ci crier en bas. Tyee court au sous-sol pour lui expliquer
mais elle a déjà son flingue pointé sur lui.
- Qu’est-ce que tu fais avec une jeune fille morte dans ton congélateur?! Pourquoi
est-elle couverte de sable?! Pourquoi c’est comme Chilachi?!
- En fait, c’est Chilachi qui l’a tué.
Hateya n’en croit pas un mot de ce qu’il dit. Il ment, il n’y a aucun doute là-de-
ssus.
- Explique-moi alors qu’est-ce qu’elle fout dans ton congélateur?! crie Hateya.
Chilachi avait raison, c’est un échec et mat pour moi. Je suis fichu. se dit Tyee.
Puis il finit par répondre:
- En tout cas, je ne l’ai pas tué. Chilachi l’a tué, je te le jure. Je l’ai vu courir dans la
forêt quand je suis parti chassé. J’ai vu la fillette et je l’ai mise dans mon congé-
lateur. C’est il y a 5 ans.
Encore là, elle ne croit pas du tout ce que Tyee dit. Il comprend qu’elle croit qu’il
ment. Il poursuit:
- J’ai une preuve. Un enregistreur. Écoutez-le. Je vais le chercher, attendez un peu.
Il monte les escaliers pour le chercher dans sa chambre. Sale pétasse de flic. pense
Tyee. Il faut toujours qu’elle fouine dans ses affaires. Une connasse. Il aurait dû
refuser qu’elle entre. Tyee revient avec l’enregistreur. Hateya regarde l’enregistreur
et dit tout simplement:
- C’est un magnétophone. Fais-moi écouter.
Il démarre le magnétophone et Hateya l’écoute attentivement.
« - Oui? Qu’est-ce que tu veux?
- Je peux rentrer? Ça te concerne.
- Oui, bien sûr, entre!
- Qu’est-ce que toi et sœur cachez sur moi? En fait, je vais aller me chercher une
glace, je reviens en bas.
- Laisse-moi y aller.
- OÙ L’AS-TU TROUVÉ?! COMMENT AS-TU TROUVÉ LA FILLE?!
- Alors, c’est toi qui l’a tué. Eh bien, il y a de quoi à dire là.
- Fais ce que tu veux. Mais ils vont croire que c’est toi, tu as la fille dans ton congé-

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lateur. Échec et mat, Tyee. Je suis la gagante, et si tu en parles, tu seras détruit en
morceaux. Alors, c’est ta décision.»
Hateya regarde Tyee, surprise avant de sortir de la maison, avec le magnétophone
dans la main. Il y a vraiment de quoi à dire là. se dit intérieurement Hateya. Il y a
vraiment de quoi à dire là…

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15.

Hateya regarde par la fenêtre du poste de police. Elle a dit la même chose à Jolan
qu’elle a dit à Haké: Elle doit partir de Quamani’tuaq. Elle est retournée chez elle et
ses bagages sont faits. Elle prend ses valises.
- Haké, tu viens?!
Il sort des toilettes et il se dirige vers le comptoir de la cuisine. Il prend le couteau
le plus gros entre tous ceux qui sont présents et il le pointe vers Hateya. Celle-ci le
regarde, stupéfait. Elle finit par reculer, doucement. Elle regarde derrière elle, prin-
cipalement sa poche de son manteau. Haké continue d’avancer vers Hateya. Elle
court vers le porte-manteau et sort de la poche le pistolet. Elle le pointe à son tour
sur Haké.
- Sale sorcière de pute! Tu vas rejoindre tante Chilachi, ma douceur. Bien oui, j’ai tué
belle et bien tante Chilachi et l’autre homme, c’est qui encore… - Il réfléchit - C’est
ça, c’est Kwanita! Je les ai tués tous les deux. Va savoir qui a tué ma maman! C’est
plutôt dur à dire, hein?! Eh bien, tu seras morte avant de dire tout ce que je t’ai dit
actuellement.
Celle-ci déclenche l’arme et elle pèse sur la cartouche. Il est mort, et elle est en-
ceinte, quelle histoire macabre. Elle se tourne vers la chaise la plus proche mais elle
s’évanouit sur le plancher de bois franc. Elle n’aurait jamais crû de tuer son copain.
C’est vraiment triste de savoir que sa grand-mère avait raison. Qu’il faut vivre seule
lorsque tu es au centre d’une enquête que tout le village tente de cacher. Hateya finit
par dormir profondément…

Jolan ne comprend pas pourquoi Hateya ne répond pas au téléphone. Même Haké ne
répond pas. C’est vraiment louche. Il finit par prendre les clés de sa voiture, mais la
voiture ne démarre pas, à cause du blizard. Donc il court dans la neige et se rend
après de longues minutes, chez Hateya et Haké. Il cogne à la porte. Sans réponse. Il

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regarde par la fenêtre, Hateya est assise sur le canapé, mais Haké est mort par terre,
une grosse flaque de sang recouvre le sol. Pourquoi Hateya aurait-elle tué Haké?!
Depuis quand elle décide de le tuer?! C’est quoi son problème ?! Il défonce la porte
et s’asseoie à ses côtés. Il la regarde, celle-ci continue à regarder le corps. Elle est
dans ses pensées, ou sous le choc. Il ne le sait pas. Il finit par dire paisiblement:
- Que s’est-il passé, Hateya? Pourquoi est-il mort?
Elle se tourne vers Jolan, et elle baisse la tête, encore une fois. Elle sait quoi ré-
pondre, mais ça ne sort pas de sa bouche. C’est comme coincé, elle a une grosse
boule dans sa gorge qui l'empêche de dire quoi que ce soit. Mais elle réussit à dire
quelques mots.
- Il est…le tueur…Il voulait…me tuer…donc je l’ai tué…Je ne voulais pas…mais ce
qui est fait…est fait…
Elle se tait, signe qu’elle a fini ce qu’elle voulait dire. Jolan la regarde encore une
fois et il dit:
- Il les a tous tués?
- Sauf…la fille, c’est Chilachi…et on ne sait…pas qui a tué…Chumani…
Hateya ajoute qu’elle doit partir de Quamani’tuaq et qu’il faut nettoyer l’appar-
tement. Puis après plusieurs heures de ménage, Hateya prend ses valises au moment
où Jolan la retient.
- Tu dois finir l’enquête avant de partir.
Hateya hoche la tête et met ses valises à l’arrière de son char. Mais elle jure inté-
rieurement pour la seule et unique raison que la voiture ne démarre pas. Il faut
attendre la fin du blizzard. Mais Quamani’tuaq va bientôt s’enparer de son âme…

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16.

Tyee regarde le blizzard faire tourbillonner la neige dans les airs par la fenêtre de
son salon. Mais il voit une femme avec un homme courir dans son stationnement. Ils
cognent à la porte. Merde! se dit-il quand il remarque que c’est cette Hateya, sale
garce de pute! Avec le vieux sculpteur, Jolan.
Il ouvre la porte, d’un air maussade. Il bloque le chemin, les empêchant de rentrer.
Il ne voulait pas ces types dans son salon.
- Oui? Que voulez-vous, encore? dit-il amèrement.
- On peut entrer? dit Hateya. En revanche, son ton était plus aimable.
Il secoue la tête.
- Vous venez pour quoi?
- Vous interrogez, Tyee. dit Jolan.
Il finit par hocher la tête. Il pointe le canapé du salon.
- Dépêchez-vous, j’ai autre chose à faire. dit Tyee.
Les policiers acquiescia et se regardèrent et Jolan prit la parole.
- Vous êtes actuellement notre seul suspect. Sans aucun doute, vous êtes le coupable.
Vous avez tué Chumani pour lui empêcher de dire que vous avez la fillette dans
votre congélateur. On vous arrête pour le meurtre de Chumani sans de nom de fam-
ille.
Ils le menottent et le duo l’apporte à l’extérieur, où la tempête a cessé. Le cou-
pable est enfin trouvé. Il ne reste plus que pour Hateya de quitter le village. Mais
elle se tourne vivement vers Tyee lorsqu’il dit:
- Vous vous trompez. Je ne suis pas coupable. Tout le village est le coupable.
Il affiche un sourire machiavélique. Il est grand temps de partir pour Alert.

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Hateya court dans l’aéroport, Jolan derrière elle. L’agente de bord la regarde.
- Vous êtes arrivés à temps. Entrez, mais montrez vos passeports ainsi que toutes vos
assurances médicales.
Jolan ne fait dire qu’il n’est pas parmi le vol. Hateya sort tous ses papiers et les
montre à l’agente. Elle dit un simple: «Entrez.» et Hateya s’asseoie sur une chaise.
Une heure plus tard, l’hôtesse de l’air arrive avec le chariot.
- Du café?
Hateya secoue sa tête et finit par la lever vers l’hôtesse. Elle lui affiche un sourire,
elle le lui rend. Il est grand temps de quitter Quamani’tuaq. Et d'accueillir Alert à
bras ouverts…

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LIVRE DEUX: ALERTE À ALERT

Un vieil homme est retrouvé gelé dans sa charue. Ce qui est étrange, c’est
qu’une balle a été retrouvée à l’arrière de son crâne. Ce qui signifie qu’il a été
tué avant de geler…

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17.

Je regarde la neige s’accumuler dans les rues d’Alert. C’est un petit village comp-
tant moins de 60 habitants. Puis je me tourne vers les rues enfouies de neige du petit
village, plutôt, la rue. Je sens mes os craquer à chaque pas que je fais vers la cha-
rrue que j’utilise chaque semaine pour recouvrir la neige de sel. La neige est
blanche, puis elle tourne brune au contact du sel. C’est triste de voir que non
seulement les forêts, océans, rivières, lac, villes et autres lieux sont pollués, mais
aussi la neige!
Je finis par tourner la clé de la charrue, mais elle refuse de partir son moteur. Je
sors pour vérifier et j’ouvre la capeau. Mais je sens que quelque chose s’approche
de moi. Mes cheveux blancs s’irissent et ma peau ratatinnée forme quelques bosses.
Ensuite, il y a le sentiment d’être observé, mais je continue d’arranger le système
mécanique du véhicule. L’âge a fini par me rattraper et je sens le froid traverser mes
petits os et ma mince peau. En revanche, j’ai été tellement habitué au froid, l’avan-
tage de vivre à Alert, que je ne suis pas vraiment en train de grelotter.
Je regarde les tuyaux et les fils qui s'entre-croisent devant moi. Je ne sais pas trop
lequel placer à la bonne place. Même si j’ai été mécanicien à l’époque, ça ne signi-
fie pas que j’ai encore toutes les connaissances encore ancrées dans ma cervelle de
vieux. Surtout qu’à mon âge, 77 ans, ce n’est pas évident de tout se rappeler. À
chaque jour, des souvenirs, des connaissances autant théoriques que physiques,
commencent à fuir notre cerveau. Et on ne peut pas toujours essayer de les retrou-
ver. J’aimerais tant revenir jeune, revenir le jeune garçon que j’ai été à Alert. Celui
qui jouait dans la neige, qui bâtissait des forts. Et qui lors de l’adolescence, celui
qui a bâti fièrement des igloos avec sa petite sœur et ses amis d’enfance, où plus de
la moitié ont soit quitté la Terre pour rejoindre le paradis, ou bien qu’il a quitté le
paradis réel: Alert.
Je continue de regarder les tuyaux, puis je reçois un gigantesque pincement à
l’arrière de mon crâne. Je tente de comprendre ce qui s’est passé, et je touche le

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derrière de ma tête. Je sens un trou, et le sang qui dégoûline sur le sol. J’ai compris:
Je vais mourir. Quelqu’un s’en voulait à moi et tente de me tuer. Il en veut à moi.
Même si je n’ai absolument rien fait de tant grave dans ma vie, je sais que quelqu’un
s’est rappelé d’un des gestes terribles que j’ai fait. On ne peut pas tou- jours
prendre les bonnes décisions. Et je suis bien placé pour le savoir.
Tout à coup, ma vue, qui est déjà en mauvais état, commence à se brouiller et c’est
comme si tout tournait autour de moi. Ou bien sinon c’est moi qui tourne. Je ne sais
pas, je ne veux pas le savoir. Une chose est certaine: Je vais mourir. Et maintenant,
j’ai senti mon coeur ralentir, au point que je ne sens plus rien, et je soupire pour une
dernière fois…

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Hateya meurt d’envie de sortir prendre l’air. Mais la température a fait son point le
plus haut de l’année, soit disant: -53 degrés celsius. Ça fait maintenant trois ans
qu’elle est à Alert. Quaisiment la seule femme du village. Il n’y a qu’une cinquan-
taine d’hommes et 8 femmes, dont une de son âge. Cette femme est Nuna. Elle est
d’une sympathie hors du commun.
Après être sortie de l’aéroport après l’incident de Quamani’tuaq, elle est restée à
Alert pour avoir la paix. Maintenant, à Alert, il n’y a pas de poste de police, et elle
est la seule police. À ce petit village, elle n’a plus que les bagarres de coqs, appelait-
elle. Mais cette fois-ci, elle préfère s’éloigner des hommes, ils sont dangereux.
Maintenant, la petite fille qu’elle a eu il y a deux ans, se nomme Dena. Elle lui
ressemble tant. On pourrait croire qu’Haké ne serait même pas le père de la petite
fille. Hateya apprécie énormément Alert. Le quitter serait trop dommage. Elle habite
dans une petite maison bleue, sur la rue Principale. La seule rue, exceptée la rue de
l’aéroport.
Quelqu’un sonne à la porte. Hateya ouvre la porte et regarde avec joie Nuna qui
est entrée dans la maison. Mais elle comprit que Nuna n’était pas d’humeur. Elle
s’assit sur le sofa. Dena court à quatre pattes donner un gros câlin à Nuna. Celle-ci
regarde la petite fille avec tristesse et ses larmes doublent. Hateya prend Dena dans
ses bras et l’apporte dans sa petite prison, nommée: «Son lit de bébé super protégé».
Hateya s’asseoie à côté d’elle et la prend dans ses mains et Nuna met sa tête dans la
poitrine de celle-ci en sanglotant. Hateya la regarde pleurer et elle ne voit pas la
même femme super gentille aux cheveux bruns tout lisses avec des yeux de la même
couleur qui semblent toujours ouverts, excités. Maintenant, elle voit une nouvelle
Nuna, la Nuna triste. Celle qui n’est pas celle qu’elle est censée être. Hateya ne
pouvait plus l’entendre et se mit à parler:
- Que s’est-il passé, Nuna?
Nuna lève la tête d’une lenteur exagérée et elle la rabaisse beaucoup plus vite.
Elle finit par marmoner:

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- Papa…mort…charue…Tu sais…c’est où…Va le voir…et enquête…pour moi…
Hateya écarquille ses yeux, surprise et désespérée. Ne pourrait-t-elle jamais
trouver la paix, une fois pour toute?! Il y a trois ans, la malédiction de sorcière, et là
un homme retrouvé mort dans une charue?! Sa grand-mère est à sa recherche depuis
longtemps, mais elle craint qu’elle arrive d’un jour à l’autre.
- Toutes mes condoléances pour ton père, Nuna. Et oui, je vais faire de mon mieux
pour savoir ce qui s’est passé. Mais serais-tu en mesure de passer un petit interro-
gatoire?
Nuna hoche la tête. Hateya réfléchit à ses questions avant de les poser:
- Je vais te demander une description assez basique de ton père. Puis quand tu l’as
trouvé. Et décris moi la scène.
- Eh bien… Papa s'appelait Wapi. Il avait 72 ans… Il est…veuf…Je suis fille…
unique… Je l’ai trouvé ce matin… vers 9 heures, je crois… Il était gelé dans sa…
charrue… Mais vérifie…c’est louche…
Hateya acquiescie et elle racompagne à la porte après avoir donné un sachet de
thé avec quelques biscuits pour qu’elle se prépare du thé. Puis elle sort de la maison
et Hateya se dirige vers la charrue.

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18.

La scène n’était pas très jolie à voir. Un vieil homme mort, gelé, dans sa charrue. Un
accident avec le froid. Hateya lève la tête de l’homme et recule de quelques pas en
hurlant. Nuna arrive en courant.
- Qu’est-ce qui s’est passé à mon père?!
Hateya la regarde, les larmes qui coulent sur ses joues.
- Ton père a été assassiné.
Nuna pleure de tout son corps et Hateya rentre chez elle, triste. Elle regarde la
radio parler des nouvelles du Sud. Jusqu’à…
«Une avalanche va entourer le village d’Alert d’ici ce soir. Cachez-vous dans vos
maisons dès maintenant. C’est un avertissement très urgent. Rentrez chez vous!»
Puis Hateya entend les sirènes crier et elle regarde la charrue par la fenêtre.
L’homme va être caché sous la neige, il faut que j’aille le prendre. se dit-elle. Et elle
sort tout son équipement: gants stériles, combinaison simple, chaussures lors des
perquisition, etc. Elle sort dehors et ramasse Wapi avec l’aide du voisin. Il est rentré
chez elle dans le congélateur. Ça lui rappelle des choses horribles et ça la frissonne.
C’est comme si elle a pris la place de Tyee et imagine ce qu’il a fait.
Elle regarde Dena, qui dort dans «son lit super sécurisé». Puis tout se défait, elle
entend rien, puis des vibrements, qui se font de plus en plus forts. Et là, les vitres se
blanchissent et finalement, plus un seul bruit, excepté le cri de Dena lorsqu’elle
entend l’avalanche est arrivée dans le petit village. Puis elle voit un avion passer et
s’arrêter à l’aéroport. Elle court et sort de la maison. C’est l’avion de sécurité. Ils
fallaient qu’ils montrent vert en signe de «non-blessé» dans leur résidence. Il n’y a
qu’un seul rouge, mais là, Hateya s’évanouit quand elle voit la personne descendre
de l’avion: Sa grand-mère…

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Hateya se réveille et elle voit sa grand-mère quitter la maison… avec Dena dans les
bras. Hateya court et tire les cheveux de sa grand-mère. Celle-ci émit un gémisse-
ment sonore.
- Oh non! Tu iras nulle part avec ma fille!
- C’est mon arrière-petite-fille, je t’en prie! Elle est dans de mauvaises mains!
Hateya claque une gifle à sa grand-mère.
- Je tente de retrouver la paix, et tu viens ruiner tout ce que j’ai fait!
- Tu ne comprends pas, Dena est une sorcière, et si le village l’apprend? Maintenant,
passe-moi la petite!
Hateya secoue la tête.
- Les sorcières n’existent pas à Alert. Maintenant, vas t’en.
La vieille dame quitte la maison et court dans la rue. Heureusement. Elle appelle
Jolan immédiatement. Celui-ci répond assez rapidement.
- Hateya! Ça fait un bail qu'on ne s'est pas parlé! Quoi de neuf?
Ça fait du bien pour elle d’entendre la voix du vieux sculpteur.
- J’ai besoin de toi! À Alert! Immédiatement, je t’en prie! On a affaire à une enquête
pour homicide et ça s’avère compliqué. S’il te plaît!
Celui-ci tente de protester, mais un «Oui» sort de sa bouche. Il jura intérieurement.
- Merci merci merci merci! crie Hateya. Tu prends le vol quand?
- Je prends la route maritime. Le vol aérien est bloqué avec votre avalanche.
Hateya dit un simple: «Ah c’est vrai!» Elle avait hâte de retrouver Jolan, et elle
raccroche et tombe endormie profondément.

Adsila, la grand-mère d’Hateya, retourne chez sa petite-fille. Il est grand temps


qu’elle reprenne Dena. Hateya est dangereuse en mettant sa fille en danger. Elle
avance vers la maison et tente de déverouiller la porte. Elle finit par défoncer par la
défoncer. Elle regarde la pièce. Hateya n’est pas là, et elle voit Dena dans le lit clô-

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turé. Elle la prend et s’enfuit de la maison. Elle laisse une note sur la table. «Je pars
à Grise Fjord avec Dena.» Maintenant, il est temps d’y aller.

Hateya se réveille à cause du claquement de la porte. Elle regarde la porte, qui est
entrouverte. Et elle voit une feuille sur la table, qui dit que Dena est partie avec
Adsila à Grise Fjord. Hateya pèse tellement fort sur la table qu’une des pattes casse,
et elle se maudit d’avoir mis tant de pression dessus.
Puis elle ouvre le congélateur et regarde le vieil homme, puis elle tente d'appeler
Nuna, mais les lignes satellites ne fonctionnent pas en ce moment, à cause de l’ava-
lanche. Hateya finit par appeler le maire du village pour lui annoncer la mort de
Wapi et de faire en sorte que l’aéroport ne fonctionne pas pour ne pas que l’assassin
s’échappe du village. L’avalanche a ses avantages et ses inconvénients. Comme par
exemple, le coupable est coincé à un endroit précis, mais il est diffile de s’entre-
contacter.
Elle entend un avion arriver pour prendre Adsila avec sa fille. Sa petite fille à elle,
c’est tout ce qui lui était précieux au monde, et sa putain de grand-mère lui enlevait
son trésor, son seul trésor. Comment elle osait lui enlever sa fille?! Elle espère bien
qu’Adsila brûle en enfer. On ne peut pas détacher un enfant de ses parents! Surtout
pour partir avec sa grand-mère qu’elle n’a jamais connu auparavant. Bordel de
merde! se dit Hateya. Il faut vraiment que je retrouve ma fille!
Alors, l’avion s’apprête à partir quand Hateya court vers l’avion. Elle a beau
hurler pour que quelqu’un arrête Adsila, mais ils sont tous réfugiés chez eux. À ce
moment, Jolan sort de l’avion et salue la grand-mère d’Hateya avec un «Bon voyage,
Adsila.». Il la connaissait à cause de l’enquête de Quamani’tuaq il y a trois ans. Puis
il vit Hateya hurler en la pointant, lorsqu’il prit le bras d’Adsila, celle-ci le pousse et
rentre dans l’avion, et ils partent. Hateya sanglote et s’asseoie dans la neige. Et elle
lève sa tête vers l’homme qui se tient devant lui.
- Contente que tu sois avec moi, Jolan.

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Puis elle se lève et lui donne un gros câlin sincère. Celui-ci met la tête d’Hateya
dans sa poitrine. Elle est triste, mais pas parce qu’il est là, mais bien parce que sa
fille a été enlevée par l’arrière grand-mère de Dena. Puis elle lui montre la maison et
ils rentrent au chaud.

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19.

« Lundi, le petit lapin arrive. Mardi, le renard passe. Mercredi, ils se rencontrent.
Jeudi, le renard invite le lapin chez lui. Vendredi, il l’emprisonne. Samedi, il le
mange. Et puis Dimanche, son âme va monter voir Dieu.» Ça, c'était notre secret. Ce
que Wapi a tenté de dévoiler. Il voulait me mettre en danger. Il veut me mettre entre
les barreaux pour ce qu’on a fait il y a 15 ans. Il voulait conclure ce chapitre. Mais
ne jamais oublier le passé. Puisque ça va faire encore plus mal lorsque quelqu’un a
déterré les vieux os. Va faire revenir les vieux secrets. Va démêler le lait et l’huile.
Pour séparer le bien et le mal. C’est ce que Wapi veut faire. Mais je tente de les
rassembler. Mais avec quelqu’un comme lui, c’est impossible.
Je regarde Wapi qui essaie de réparer sa charrue. Il n’en serait pas capable. Il ne
pourrait plus passer du sel sur la neige. Le patrimoine hivernal d’Alert va rester
intact. Et le sel ne doit pas gâcher ça. Puis le moment vient. Le moment de le tuer.
C’est la seule façon de garder les cerceuils dans leurs tombes. Le capeau lui tombe
dessus. Et j’arrive derrière lui, le fusil à la main. Et puis j’appuie sur la cartouche.
Et un gros trou apparaît derrière sa tête. Le sang coule le long de son cou, puis sur
son manteau vert kaki. Et il finit par tomber sur le sol. Je le mets dans la charrue, en
cachant le trou. Ils vont croire qu’il est gelé en tentant d’ouvrir son machin. Les
secrets vont rester des secrets. Et il n’y aurait aucune révélation à faire…

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Hateya regarde Jolan avec admiration. Ça faisait un long moment qu’ils ne se sont
pas vus. Un trop long moment. Un moment de tristesse et d’impatience. Ils sont
chacun sur leur chaise à table. Ils se regardent.
- Alors, dit Hateya, brisant le silence, comment c’était les 3 dernières années à Qua-
mani’tuaq? Dis-moi, je parle des enquêtes, du poste de police, ou juste Quamani’
tuaq en personne.
Jolan lève brusquement la tête.
- Mauvais. Heureusement, pas de meurtres ou de suicides. C’est retourné à la vie
normale. Mais on s’est beaucoup ennuyé de toi, tout le village. Le poste de police a
énormément changé. De nouvelles recrues sont rentrées et c’est un désastre, ça fait
du bien de partir un moment en dehors du village. Honnêtement.
Hateya y pense encore. Adsila l’a trahi, et il est temps de briser ses «règles» pour
pouvoir vivre normalement.
- Reste chez moi. Il me manque de compagnie. Surtout le fait que ma grand-mère
vient juste de partir avec…ma fille Dena…
Jolan s’excuse d’avoir mal empêcher la grand-mère d’Hateya. Puis il la remercie
de pouvoir séjourner chez celle-ci. Puis ils sortent des oreillers et un matelas pour
qu’il puisse dormir quelque part. Mais cette fois, Hateya a promis qu’elle dormira
seule cette fois. Pas d’Haké ni de Jolan dans son lit.

Nuna ne comprend pas le fait que quelqu’un ait pu assassiner son père. C’est insen-
sé! Elle décide d’aller chez Hateya pour lui parler, pour fuir le terrible silence qui
règne dans sa maison. Les 18 maisons du village sont entourées de neige, mais pas
un seul flocon les a touchées. Ils sont entourés de neige. Mais ils ne sont pas dans la
neige, heureusement.

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Elle cogne à la porte de la maison d’Hateya. Puis elle finit par ouvrir. Et elle voit
un homme derrière. Un vieil homme, d’après son jugement. De l’âge de son père.
Elle ne l’a jamais vu avant. Il scuptait du bois lorsqu’elle l’a vu. Il faisait une mai-
son. C’était magnifique. Elle entre dans la maison et elle se présente, et il se présente
en retour. Elle s’asseoie à la table, encore de la tristesse sur son visage. C’est à cause
de son père.
- Tu peux me montrer? dit Nuna à Jolan, curieuse.
Jolan n’en croyait pas ses yeux. Une femme qui s’intéresse à la sculpture! Il hoche
vivement la tête et lui explique la base. Ils passent la nuit entière à sculpter sur du
bois et à parler de leurs vies.
Le lendemain matin, les deux sont évachés, l’un sur le matelas et l’autre sur le ca-
napé. Hateya s’est levée avant eux et elle les regarde d’un œil interrogateur et un
visage s’illumine et elle prépare le déjeuner. Le pétillement des œufs les fait réveiller
brutalement. Nuna se frotte les yeux et elle remercie Hateya après avoir déjeuner.
Elle dit:
- Je peux passer la journée ici? Je m’ennuie chez moi et mon père revient…toujours
dans ma tête…
- Oui, bien sûr. dit Hateya.
Jolan acqueiscie. Ils vont finir leur sculpture. Nuna a commencé cette nuit une
jolie maison et Jolan a fait un bouquet de fleurs. Il le tend à Nuna. Et il lui dit de le
garder. Et que c’est pour son père aussi.
- Je dois par contre, moi et Jolan, relever des empreintes sur le corps de ton père.
dit-elle et elle se tourne vers Jolan, qui fait un «oui» déprimant. Celle-ci comprend et
ajoute:
- Ne t’inquiète pas, tu vas pouvoir sculpter après.
Ils descendent les escaliers, mais Nuna les arrête.
- Mon père est dehors, pas en bas.
Hateya lui dit qu’elle l’a mis dans un congélateur pour ne pas perdre les emprein-
tes sur le corps de Wapi. Puis ils ouvrent le congélateur, et Jolan dégueule sur le sol.
Hateya lui pointe les nettoyants et un tas de serviettes, puis il nettoie son dégât. Elle
sort son équipement et elle prend une écoutille et récolte quelques empreintes sur le

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corps du vieil homme. Elle sert le tout quelque part dans la maison, caché. Il est
maintenant temps de trouver le coupable.

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100
20.

Hateya fait du porte-à-porte. Elle prend les empreintes de tous les habitants. Les 64.
Elle les sert tous dans sa «cachette». Elle en sort quelques-unes pour les analyser.
Mais aucunes ne correspondent, pour l’instant. Elle va trouver le coupable assez
rapidement.

Je regarde discrètement Hateya analyser les empreintes une à la fois. C’est si lent
faire tout ça. Lorsqu’elle monte les escaliers, je vais dans sa «cachette» et j’échange
les noms. Le mien, et celui de mon pire ennemi. C’est si facile de s'introduire chez
elle. Je ne veux pas me faire repérer, et mettre ça sur le dos de quelqu’un. Comme ça,
je serais libre, et l’autre serait derrière les barreaux. J’éclate de rire juste à y pen-
ser mais je m’arrête quand j’entends des pas descendre les escaliers. Je me cache
derrière le premier meuble que je vois. Ça doit suffir.
La femme devant moi qui analyse, Hateya, est si jolie. Elle est vraiment à craquer.
Mais elle est stupide, et les femmes stupides comme elle ne méritent que d’être en
tôle! Une jeune femme célibataire avec une fille. Ça doit être une flic en même temps
d'être une prostituée. Il n’y a pas d’autres conclusions à se présenter. C’est une sale
pétasse. Elle est dans la police pour faire croire qu’elle est la boss du monde et qu’
elle suit la loi, mais en fait, elle passe ses journées à sucer des bites en échange d’
argent. C’est tout ce que j’ai à dire. Elle fait la parade toute nue devant tous les
hommes du Nunavut pour pouvoir avoir du fric, du sale fric. Du fric volé. Puis, elle
est tombée enceinte «accidentellement» comme toutes les prostituées le disent. Et là,
elle continue à coucher avec tout le monde pour qu’elle et sa fille survivent. Ça doit
être ça.

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Je la regarde analyser celui qui est le mien, mais qu’en fait est celui de quelqu’un
d’autre. Elle crie «Négatif» en soupirant. Je suis prêt à gager qu’elle ne serait pas
assez compétente pour bien analyser tout ça. Puis une heure ou deux plus tard, elle
hurle un «Positif» dans toute la maison. Puis je vois le nouveau sculpteur descendre
les escaliers. Elle finit par dire du genre: «C’est Chayton!» Puis l’autre qui dit:
«Très bien! On va l’arrêter!» Puis j’affiche un sourire. Et quand ils sont montés, je
suis sortie de la maison par une fenêtre et je suis retourné chez moi. Fini les soucis,
je suis libre et l’autre serait en tôle, heureusement.

Hateya et Jolan sont chez Chayton et ils rentrent sans avoir cogné. Et ils se placent
devant lui. Un petit interrogatoire vaudrait le coup avant de passer à l’action. Chay-
ton regarde les deux policiers.
- Oui, que puis-je faire pour vous? - Il se tourne vers Jolan - Toi, tu es nouveau?
Dans ce cas, bienvenue à Alert!
Jolan remercie avant de prendre la parole:
- Pourquoi l’avez-vous tué? Quel est votre mobile? Donnez-moi une très bonne
raison pour nous faire croire que c’est quelqu’un d’autre parce que les analyses ont
dit que c’est toi! dit-il sèchement.
Chayton semble ébloui au début, puis il se calme avant de répondre d’un ton un
peu trop amer au goût d’Hateya.
- J’ai tué personne. Vous avez dû vous tromper. Peut-être que quelqu’un a échangé
les empreintes. Lorsqu’il est mort, j’étais chez moi. J’étais malade. Ma femme peut le
confirmer, lorsqu’elle va rentrer du travail. Wapi était un si bon homme. Je ne com-
prends pas que quelqu’un ait pu lui en vouloir!
Hateya fait signe à Jolan de se taire, pour qu’elle parle.
- Je vous crois, d’une certaine façon. Mais nommez-moi quelqu’un qui aurait pu
échanger les écoutilles et donnez-moi un bon mobile pour qu’il puisse faire un tel
acte.

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Chayton ne sait pas trop quoi répondre. Il réfléchit, ne sachant quoi dire. Comme
si Hateya lit dans ses pensées, elle ajoute: «Prends ton temps.». Après un moment, il
dit:
- Nuna. C’est mon ex-petite-amie. Elle m’a parlé de sa relation entre père-fille. Que
ça allait mal. Il fallait «Garder des vieux os enterrés». Je pense que ça peut vous
aider. Mais je ne peux pas vraiment vous confirmer qu’elle est coupable.
Hateya bouillonne dans son corps, et la vapeur est insupportable qu’elle ne peut
plus retenir d’hurler:
- Nuna n’aurait fait mal à une mouche!
Puis elle court à l’extérieur, mais elle rentre rapidement après avoir senti de la
neige jusqu’à ses genous. Elle s’excuse et elle s’asseoie sur la même chaise qu’elle y
était il y a moins de deux minutes. Qu’est-ce qu’il lui avait pris de se comporter
ainsi?! C’était idiot et vraiment «mauvaise allure» de sa part! Puis Chayton ajoute:
- Je crois que vous devriez lui parler. Elle doit sûrement vous avoir caché quelque
chose de très important…

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104
21.

Hateya et Jolan arrivent chez Nuna, et Hateya frappe sur la vitre de la maison, puis
Nuna vient leur ouvrir la porte. Elle est retournée chez elle après la veille. Elle scrute
les deux policiers du regard, puis elle s’écarte. Ils s’asseoie à la table, puis Nuna
propose du café, dont ceux-ci déclinent la tête. Hateya prit la parole, craignant que
Jolan dit une bêtise.
- Alors, une personne anonyme croit que tu caches un terrible secret. Cette personne
prétend que vous avez échangé les échantillons et que vous «devez enterrer les
vieux os», j’aurais besoin d’une confirmation.
- Je le confirme. J’ai bien échangé les échantillons. Mais c’était uniquement que
vous ne croyez pas que c’est moi car je l’ai touché quand je l’ai trouvé. Je n’y suis
pour rien! Et concernant les «vieux os», je ne sais pas de quoi vous parlez.
Hateya et Jolan croisent leurs yeux. Ils ont une piste qui tient. Elle mourait si
d’envie de juste partir retrouver sa fille à Grise Fjord.
- Alors, commence maladroitement Jolan, tu veux bien continuer ta session de scul-
pture?
Nuna hoche la tête et elle leur fait signe de partir s' ils n’ont rien à ajouter. Et les
deux policiers quittent la maison. Mais l’avalanche entoure quand même le village
d’Alert…

105
106
22.

De quoi parlait Chayton à propos des «vieux os enterrés»? C’était quoi ce bazar?!
Alors que Jolan sculptait en présence de Nuna, Hateya est dans son petit bureau, en
train de réféchir à tout ça. Qui peut bien en vouloir à ce vieux monsieur?! À ce
Wapi?! C’est cruel de tuer quelqu’un de sang-froid, sans aucune volonté!!! Seul
Nuna cache le terrible secret des «vieux os enterrés», alors s’il faut utiliser la vio-
lence pour découvrir le secret machiavélique, elle n’hésitera pas à l’utiliser.
Hateya monte en haut des marches puis elle pousse Nuna sur le mur, Jolan, en face
des deux femmes, est pétrifié. Elle regarde Nuna avec intensité avant de commencer
de parler:
- ALLEZ PUTAIN! DIS-MOI C’EST QUOI TON SECRET DES VIEUX OS ENTE-
RRÉS AVANT QUE JE PÈTE TA MAUDITE GUEULE!
Nuna reste plantée là, silencieuse et terrifiée. Elle tente de repousser la policière,
mais c’est impossible. Hateya est deux fois plus forte qu’elle, alors essayer de la tuer
est un risque au point de mourir juste à la frapper.
Elle regarde Hateya, puis elle marmonne quelque chose. Elle dit: «Laisse-moi
m'asseoir et je t’explique…» Celle-ci a compris et la repousse. Nuna fixe ses ongles
tout en s’exprimant.
- La chanson, de moi et papa. Papa a tué Maman, à cause de son orientation sexuelle.
Maman était lesbienne. Elle a trompé mon Papa. Il l’a tué. La chanson signifiant
«sans regret», dont je regrette d’avoir chanté, est: « Lundi, le petit lapin arrive.
Mardi, le renard passe. Mercredi, ils se rencontrent. Jeudi, le renard invite le lapin
chez lui. Vendredi, il l’emprisonne. Samedi, il le mange. Et puis Dimanche, son âme
va monter voir Dieu.» C’est une chanson macabre. Mais Papa la chantait chaque fois
qu’il voyait une femme. Ça me tapait sur les nerfs. Papa était un psycopathe, mais je
l’aimais. Après tout, c’est mon père!

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Puis elle sanglote. Hateya et Jolan quittent la pièce pour la laisser tranquille un
moment. Ils sont face-à-face.
- Est-ce un assez bon mobile de tuer son père pour avoir tuer sa femme à cause de
son orientation sexuelle? se questionne Hateya, en parlant à Jolan. Nuna a proba-
blement été témoin. Il va falloir qu’on lui demande si il a été témoin de la mort de
Wapi.
Sur ces mots, quelqu’un frappe bruyamment à la porte. Puis Hateya, après avoir
monté les escaliers en disant à Jolan de rester en bas, va ouvrir la porte. Nuna
regarde celle-ci et elle frissonne en ressentant le vent entrer. Devant, Hateya est
Chayton.
- Je suis témoin du crime de Wapi. dit-il.
Hateya s’évanouit sur le sol, puis Jolan, en entendant ses mots, vient rejoindre
Chayton et il vient à la rescousse d’Hateya…

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23.

Après un moment, Hateya se réveille. Elle regarde autour d’elle. Elle a le vertige et
elle finit par distinguer Jolan et Nuna, qui dorment sur le canapé. Puis Chayton la
regarde, attendant qu’elle se réveille. Il finit par s’animer et avertir les autres. Le trio
la regarde, puis elle se lève, avec l’aide des autres.
Puis elle regarde Nuna et hurle du plus fort qu’elle peut: «C’EST ELLE!!! ARRÊ-
TEZ-LA!!! ELLE A TUÉ WAPI!» Mais Nuna se tourne vers elle en éclatant de rire.
- Voyons! Tu sais pas ce que tu dis!
Jolan acquescie. Mais Chayton frappe un grand coup dans la figure de Nuna.
- Je suis du bord d’Hateya. Nuna est la coupable. Jolan ne l’est pas, mais il tente de
protéger Nuna.
Puis, pendant que les trois se battent à grand coup de poing, Hateya prend le cou-
teau, puis elle s’avance vers Nuna et enfonce la lame dans le derrière de son cou, la
place parfaite! Celle-ci tombe vivement sur le sol, puis Hateya s’asseoie sur une
chaise, en regardant les objets tourner autour d’elle. Puis les deux hommes s’arrêtent
et remarquent le coup de poignard. Ils crient à plein poumon, puis les hommes fuient
la maison.
Pendant ce temps, Hateya fait ses bagages, le strict minimum, emportant aussi les
choses de Dena. Puis quand elle finit de faire ses valises, elle sortit de la maison, les
rayons du soleil pénètrent les fenêtres, puis la neige fonda peu à peu en la couvrant
de sel. Elle se rend à l’aéroport, puis elle finit par rentrer dans l’avion. Encore une
fois, trois ans plus tard, l’hôtesse de l’air vient lui apporter des gâteries à mi-chemin.
Il est grand temps de retrouver ma fille! se dit Hateya. Il est grand temps de trouver
mon trésor. Avant qu'il ne soit trop tard.

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24.

CINQ HEURES PLUS TARD

Hateya sort du petit avion et elle trouve directement le village qu’elle voulait voir.
Un beau petit village. Elle observe autour d’elle, puis un grand panneau affiche:

Welcome to Grise Fjord


NUNAVUT

Puis Hateya examine du regard tous les passants, puis elle voit sa grand-mère avec
sa fille. Sa petite fille, son trésor, ce qui lui est de plus précieux. Et Adsila lui a arra-
ché de ses mains. Et son cœur était réduit en cendre, mais maintenant qu’elle l’a
retrouvé, elle a retrouvé son sourire…temporairement…

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LIVRE TROIS: ANNIE À GRISE FJORD

Adsila et Dena sont retrouvés au pied du fjord. Plus tard, le collègue d’Ha-
teya, Jolan, est trouvé pendu sur une église. Alors qu’Annie est arrivée à Grise
Fjord après avoir quitté Ste-Améthyste, elle annonce que ses deux enfants ju-
meaux ont été assassinés sur le bateau. Les trois affaires sont-elles liées?

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25.

L’AFFAIRE ANNIE

Je regarde mes deux enfants jumeaux jouer sur le bateau, Mathis et Françoise. Ils
sont si jolis ensemble. Je les aime de tout mon cœur. On est neuf sur le bateau. Nous
avons suffisamment de provisions pour tenir une autre semaine. J’ai tant aimé ça les
années à Ste-Améthyste, avec Samantha et mon cher Peter. Et sa mère Vanessa et
l’autre… Claire! Malgré tous les crimes qui se sont passés sur cette île diabolique,
j’ai tant aimé ça vivre là. C’est un enfer dans un paradis. Surtout quand on nommait
Samantha: «La reine des tartes aux pacanes» puisqu’elle cuisinait 200 tartes dans
le mois et qu’elle apportait tout ça dans des chariots. Avec son chat Mavo sur le
dessus. Ça me fait de la peine d'y penser! Je manque tellement Ste-Améthyste! Ça a
été pour moi un bonheur de vivre là-bas. Et je me demande comment serait le monde
sur le continent. Si on les trouve, bien sûr. Je m’ennuie tellement de tout ça! J’ai
juste perdu la motivation de rester sur une île comme Ste-Améthyste. (Sincèrement, j’ai
vraiment ressenti exactement ce que le narrateur a dit. Ça m’a fait de la peine de voir la fin de
Ste-Améthyste. À la fin de mon ouvrage La reine des tartes aux pacanes, je pleurais car je
m’attachais tellement trop à l’île. Toutes les notes sont de l’auteur.)
Je me tourne vers mes jumeaux. Ils ont disparu! Où sont rendus mes deux petits
coquins?! Je rentre dans ma petite chambre que je partage avec mes enfants, c’est là
que j’ai compris qu’il y a un psycopathe sur le bateau.

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L’AFFAIRE DENA ET ADSILA

Je me promène avec Dena près de la falaise pour lui montrer le paysage. Je vois les
montagnes devant moi. Elles sont si belles, comme mon arrière-petite-fille. Dena a
de si beaux cheveux, bruns comme sa mère, et moi plus jeune, bien sûr. J’ai tellement
été fière de ma Dena, mais si déçue de ma petite-fille. Hateya. Juste à penser à ce
nom-là, ça me dégoûte.
Je vois une silhouette au loin qui nous fixe. Un homme ou une femme? La question
n’a pas de réponse. Mais j’ai finalement distingué le sexe quand cette personne
s’est approchée. Ça me donne des frissons, et l’être humain devant moi nous pousse
après que j’ai tout simplement dit: «Allez-vous en!»
J’avais beau dire à Dena de fuir, mais ça a été impossible. Lorsque je descends
avec la gravité la falaise, ma petite fille à mes côtés, je sens en une fraction de
seconde mes os se déchirer. La douleur est insupportable pendant une courte durée,
puis le silence.

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L’AFFAIRE JOLAN

Je suis à l’église ce dimanche. Je tente de me cacher. Je sens que quelque chose de


très grave va bientôt arriver. Je tente de savoir ce que ça pourrait être. Mais j’ai le
goût de m’enfuir. J’entends un cri, puis un deuxième cri. Deux cris de femmes. Un cri
de jeune fille et l’autre d’une vieille dame. Il les reconnut rapidement: Adsila et
Dena. Il court à l’extérieur, mais quelqu’un l’attend et Jolan est poussé sur la porte
de l’église.
- Alors, tu es seul? dit la personne masquée en regardant derrière Jolan pour véri-
fier la salle religieuse.
Alors, il a été poussé dans l’église. Violé et mutilié. Les gémissements de la perso-
nne lors du moment qui habituellement est excitant, mais qui actuellement n’est que
terrifiant, sadique et torride. Avant d’être monté pendu en haut de l’église. Devant le
clocher, et pendu sous la croix. Une affaire autant cruelle que religieuse. Il ne pou-
vait rien faire, puisqu’il était mort. Et maintenant, il ne reste plus qu’à trouver le
coupable, ou la coupable, avant que ce soit trop tard…

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26.

Doli avait entendu le cri. Le cri de mort. Un cri macabre. Un son qui résonne dans
ses oreilles, qu’elle ne voulait pas entendre. C’est si dur de cacher une vérité, comme
l’autre le lui a demandé. Elle ne peut rien y faire. Sinon, elle crève. Comme a dit l’in-
connu. Elle est prise dans sa maison. Et personne ne peut lui venir à son secours, en
tout cas, pas à Grise Fjord.
Doli s’asseoie sur le canapé, en sanglotant. L’étranger est parti, et il ne tardera pas
à revenir. Elle allume la télé et met l’un des seuls canaux disponibles. C’est Family
Feud qui joue. Steve Harvey se promène vers une femme et lui tend le micro lorsque
quelqu’un frappe à la porte. Elle a comme habitude de vérifier par la fenêtre avant.
Puis elle est soulagée lorsqu’elle remarque que c’est la police. D’habitude, la police
rend tout le monde nerveux, mais en ce moment, elle préfère avoir la visite des flics
que l’étranger qui vient la menacer.
Doli ouvre la porte avec enthousiasme. Elle résiste à la tentation de leur dire de
rentrer boire du thé, mais que ça se fasse au plus vite, et surtout, qu’elle leur dit à
propos des menaces. Ils doivent la protéger, ou elle mourra.
- Oui? Que puis-je faire pour vous? dit-elle tout en bloquant le chemin d’entrée.
La policière se présente. Étrangement, elle est seule.
- Je m'appelle Hateya. Je peux entrer?
À la grande surprise d’Hateya, Doli secoue la tête. Habituellement, lorsque la
police débarque chez quelqu’un, celui-ci se sent obligé de les laisser entrer, et c’est
rendu une mauvaise habitude aux policiers de se sentir mal si quelqu’un refuse.
Hateya ne fait qu’ignorer et elle pose la seule question qui lui intéresse qu’elle a
posé à tous les habitants du village:
- Avez-vous entendu quelque chose d’anormal? Un cri?

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Doli hésite et elle finit par répondre:
- Je suis surveillée. Je vais mourir si je dis oui. Donc je dis non. Tu comprends? Je
vais mourir. Aide-moi, ou il me tuera!
Puis, un autre hurlement rententit…

Hateya était si contente de venir à Grise Fjord. Peu après son arrivée, deux cris se
font entendre dans le village. En fait, trois. Mais à deux différents moments. Le pre-
mier n’a pas vraiment été bien repéré, ni d’où, quand et pourquoi il y a eu ça. Le
deuxième vient d’une femme qui marchait à l’église. Hateya a tant couru à l’église
qu’elle en a du mal à respirer. Ensuite, elle regarde le corps pendu à la croix, et elle
comprend que Grise Fjord n’est pas mieux qu’Alert ou Quamani’tuaq. Le corps de
son collègue Jolan y est. Et elle ne voulait pas trop le voir. C’est dégueulace! Le
sang collé sur sa peau d’une teinte violette. Il est en sous-vêtements. Les cheveux
gris flottant dans le vent nordique. Les griffures sur son corps. Les plaies par-ci et
par-là. Les pieds qui sont devenus noirs. Il a été violé! déduit Hateya. Depuis quand
un homme se fait violer? Habituellement ce sont les enfants ou les femmes! Elle ad-
mire la couleur de la peau de Jolan. D’un mauve étincellant! Mais qui malheureus-
ement, Jolan est mort. Et Hateya ne peut rien y faire.
Ainsi, son portable vibre dans sa poche. Et la sonnerie se déclenche. Elle le prend
immédiatement et décroche.
- Oui bonjour?
La voix à l’autre bout du fil n’est guère joyeuse, comme toutes les autres per-
sonnes qui composent le 9-1-1. Ça grince énormément et Hateya eût du mal à capter
ce qu’elle tente de dire.
- QUOI?! crie-t-elle. Où? J’arrive immédiatement!
Puis elle décroche et démarre sa voiture, qui le moteur ne fait que partir après plu-
sieurs tentatives. Elle se rend au fjord et elle regarde l’homme devant lui. D’après le
coup de fil de tout à l’heure, son nom est Yancy. Il a pointé deux cadavres du doigt et
il finit par marmonner quelque chose. Quelque chose qu’on ne peut pas comprendre.

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- Comment l’avez-vous découvert?! Que ma grand-mère brûle en enfer pour s’être
suicidée en compagnie de ma fille!!!
Avant que Yancy répond, le téléphone d’Hateya vibre à nouveau dans sa poche de
son manteau. Elle fixe l’écran et soupire avant de répondre.
- Salut Papa.
Anoki, son père, veut juste capter des informations hors du travail sur sa fille. De-
puis que Chilachi est morte, elle ne veut plus rien dire à Anoki. C’est triste.
- Chérie, ma cocotte, je veux juste prendre de tes nouvelles. Il annonce une grosse
chute de verglas cette nuit dans presque toute le Nunavut. Où es-tu? Avec qui? Je
t’en prie, parle-moi! Que s’est-il passé ces trois dernières années?!
- Papa, je suis désolée mais je ne peux pas te parler au téléphone. Je suis occupée.
Anoki trouve ça insupportable d’entendre les nombreuses excuses d’Hateya pour
dire qu’elle ne peut pas lui parler.
- Non, là tu vas m’expliquer peu importe comment. Tu vas me dire que s’est-il passé.
C’est au tour d’Hateya de soupirer.
- Tu veux savoir qu’est-ce qui s’est passé, hein?! Eh bien, mon cher père, j’ai dû en-
quêter sur une poignée de crimes à Quamani’tuaq après ton appel. Ensuite, j’ai fui à
Alert craignant que le village me repère. J’y suis resté trois mois. Là bas, j’ai dû inv-
estiguer sur le meurtre d’un vieil homme dans une charue. Et finalement, je suis de-
scendue à Grise Fjord cette semaine et là, mon collègue Jolan est pendu à une église,
violé. Grand-maman et ma belle fille Dena sont mortes au pied de la falaise dans le
fjord! Tu es content maintenant?!
Anoki ne sait plus trop quoi répondre. C’est terrible! Moi qui voulait voir ma
petite-fille. Je ne savais même pas que j’en avais une en plus! Et elle est morte! Et
ma belle-mère aussi! Le pauvre vieil homme aussi dans la charue, terrible! se dit-il.
Et la curiosité s’empare de lui et il dit:
- Qui sont les coupables?
Hateya est surprise par la question, et elle finit par répondre:
- Pour les meurtres à Quamani’tuaq, Chilachi avait tué une jeune fille cinq ans avant
qu’elle soit assassinée. Un homme, Tyee, l’a mis dans un congélateur. Je parle de la
fillette. Puis, Ratonhnhaké:ton, mon chum pendant un moment, m’a mis enceinte

123
puis il s’avère que c’est lui qui a tué sa tante, Chilachi. Tyee avait tué Chumani, la
sœur de Chilachi, car Chumani avait trouvé la fille dans le congélateur. Donc il l’a
tué craignant qu’elle le dénonce à la police. Et finalement, Ratonhnhaké:ton avait
tué Kwanita, un vieux historien dont Chilachi s’avait informé sur ses origines. À
Alert, c’est Nuna, la fille de Wapi, le vieux messieur assassiné dans la charue, qui
avait tué son père. Elle avait un terrible secret à cacher et Wapi voulait le dévoiler à
tout le monde. Elle a voulu le cacher en le tuant. C’est tout ce que j’ai à dire.
Anoki écarquille les yeux avant de lui annoncer:
- J’ai pris le vol ce matin pour Grise Fjord, j’arrive dans moins d’une heure.

124
27.

L’AFFAIRE JOLAN

LA SCÈNE PLUS EN DÉTAIL

Alors que j’entends l’étrangère hurler de douleur devant moi, je tente toujours de
fuir. Mais elle ne fait que m’embrasser de nouveau. Je n’aime pas ça, puisque actu-
ellement, je me fais violer par une femme. Elle me pousse et tire, à un rythme irré-
gulier. Je n’ai jamais fait ça auparavant, mais actuellement, ça me donne la trouille.
Elle continue à crier alors que je tente de la pousser, ce qui est impossible. J’ai
mordu ses seins quand ils ont flatté mes lèvres. Et l’étrangère hurle à nouveau, mais
de plus belle cette fois. Mais lorsque je tente de fuir, nu, elle s’approche avec un
couteau et je sens des fourmilliements à l’arrière de ma tête. Puis une douleur si
terrible que je ne ressens rien d’autre sauf ça. Et là, quand j’ai mis ma main pour
tenter d’arrêter l’hémorragie, je sens une chaleur dans ma paume. Un liquide
traverse ma main et s'infiltre dans ma peau. Je retire ma main et je la regarde. Je la
vois immaculée de sang. C’est horrible. Puis je ne sens plus rien. Mes pattes tombent
sur le sol, suivies par mes jambes, mon torse lui-même et finalement, le reste de mon
corps. Je ne peux plus me relever. Ensuite, je vois un brouillard blanc, et puis un noir
intense. Un noir permanant. C’est fini pour moi.

125
Un bateau surgit de nulle part sur le quai du petit village. Sept individus sort à l’ex-
térieur. Hateya, qui questionnait Yancy, regarde le truc qui sert à aller sur l’eau où on
croise souvent au Nunavut. La septième, en détresse, court dans tous les sens et
Hateya la rejoint.
- Je suis de la police, Madame. Tout est correct?
Annie se tourne vers la policière tristement.
- Mes enfants jumeaux ont été assassinés sur le bateau. Arrêtez les six autres, l’un
d’eux est un psycopathe… Faîtes quelque chose, je vous en prie.
Hateya court vers le petit groupe et les menotte avant de les mettre dans un vieux
logement. Elle dit à Annie de rester auprès de l’enquêtrice. Mais celle-ci refuse et
elle remarque autour d’elle: Un homme pendu à une église, une vieille femme et une
jeune fillette mortes en bas du fjord, elle se dit tout simplement qu’Hateya n’est
qu’une incompétente. Il est temps qu’elle enquête à la place de cette conne-là! Sam-
antha était bien meilleure! Elle veut savoir qui a tué ses enfants, et ce n’est pas une
femme inuit qui va trouver ça! Mais il faut rester discret.
- Madame la police, pourquoi vous êtes si nulle pour trouver le coupable de ce
pauvre homme-là et ces deux là en bas? dit Annie.
Hateya se dit qu’il serait probablement mieux d’ignorer la question. Plusieurs
témoins ou proches de la victime disent des choses déplacées de ce genre.
Annie doit y aller par élémination. Les six suspects sont Arianne, Jacques, Gérald,
Sofia, Réjean et André. En les connaissant, elle sait tout de suite que ce n’est ni
Jacques ni Arianne. Son suspect #1 sera sans aucun doute Réjean. Ça peut être aussi
Sofia ou Gérald. André, ce serait possible, mais pas impossible non plus.
Elle rentre dans la pièce avec les six individus. Elle les scrute du regard, puis elle
retourne voir Hateya à l’extérieur.
- Libère Jacques et Arianne, ce ne sont pas eux. Je les connais sufisamment pour
confirmer qu’ils n’y sont pour rien.

126
Hateya hoche la tête d’un regard incertain. Puis elle laisse sortir le duo. Elle doit
se fier sur Annie, car elle les connaît tous du fond de sa poche.

Annie a décidé de vivre dans la pièce avec eux. Elle va les interroger. Elle a fait un
deal avec Hateya. Elle est en train de discuter avec Sofia.
- Ok, Fifi, entre filles, tu vas bien me dire où étais-tu pendant les deux dernières
minutes avant que je hurle sur le bateau?
Sofia soupira.
- Alors que tes enfants sont morts il y a à peine dix heures, tu ne verses pas une
larme et tu joues la détective?! Tu es cinglée, tu sais ça? Pour te faire plaisir, je vais
te répondre honnêtement. J’aime tes enfants. J’étais même jalouse de toi que tu en
ailles et que moi j’ai eu une quantité industrielle de fausses couches! À quoi bon les
tuer si je les aimais? Et en passant, j’étais dans la cuisine.
- Qui peut le confirmer?
- Jacques.
Annie se lève et remercie Sofia. Elle sort de la bâtisse et elle va voir Jacques, qui
est dans l’hôtel pendant un moment.
- Jacques, avant que je hurle quand j’ai vu mes enfants morts, Sofia était bel et bien
dans la cuisine?
Jacques acquiescie.
- Pourquoi? tente-il de dire, mais elle est déjà partie.
C’est si facile de trouver un coupable quand il reste quatre suspects. Maintenant
trois si on élémine Sofia. C’est ce qu’elle fait. Elle avertit Hateya puis elle laisse
sortir Sofia.
- Tu es libre.
Elle va voir les autres.
- André, Réjean et Gérald, l’un de vous est un meurtrier, et je tente de savoir qui
c’est. Qui est-ce qui a osé tuer mes deux enfants?!
Ils ne disent pas un mot. Un silence désagréable. Un silence qui cache le coupable.

127
128
28.

Le trio se chamaille pour trouver des arguments pour passer ça sur le dos de l’autre.
Ridicule! Annie regarde les trois puis elle ne fait que soupirer.
- J’ai une liaison avec Sofia. On voulait des enfants. Mais bon! Si on en voulait à tes
enfants, on les aurait kidnappés, pas tuer bordel!
- Ah vas-t-en, toi! Je sais que tu es correct! Je suis mon instinct. dit Annie.
Puis elle se tourne vers les deux qui restent.
- Montrez-vous! Et disiez-vous qui est le coupable! J’ai appelé un médiateur, il
arrive ce soir. Alors trouvez de bons arguments.
Elle tourne les talons vers la porte de sortie et elle rejoint Hateya.
- Apporte-moi le médiateur.
- Je suis de la police, et toi, non. Donc ne me donnes pas d’ordres, Annie. répond
Hateya.
Mais Annie va chercher le médiateur qui est descendu. Elle le tire par le bras et le
mène vers la pièce avec les deux suspects.
- Bien! Tu es d’avance! Tu les assisteras et tu me diras dans quelques moments qui a
tué mes enfants. Et tu libèras l’autre.
Le médiateur fait un mouvement avec sa tête qui semble signifier un «Oui».

Annie reposait tranquillement dans une chambre du petit hôtel du village lorsque le
téléphone tintinnabule sur sa table de chevet. Elle le prend vivement et décroche.
- Oui?
- Je vous réveille? répond le médiateur.
Annie se frotte les yeux.
- Non. mentit-elle. Vous avez des nouvelles?

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- Oui. Celui qui a tué vos enfants est Gérald. Il craignait qu’il manquerait de pro-
visions, donc il s’en ait pris à vos enfants. Il les a tués.
Annie le savait. Elle voulait juste une confirmation. Elle fait semblant que tout va
bien.
- Très bien, merci pour votre travail. Je vous donne l’argent ce soir. Passez me voir à
22 heures à la chambre 4 de l’hôtel.
Mais au fond d’elle, il ne reste plus qu’une chose à faire: En finir avec Gérald. La
vengeance par la manière la plus cruelle qui ne puisse exister dans ce monde machi-
avélique: Le meurtre.

130
29.

Une douce vengance. Mais qui mérite d’être présente aujourd’hui. Gérald a tué mes
enfants, et il mérite de mourir. C’est si cruel d’être témoin d’un meurtre, mais si
excitant d’être la coupable.

Plus tard, il est mort. Je l’ai tué. Gérald est sous une voiture. Comme s’il était écra-
sé. Le crime parfait. Placé comme s’il a été tué. J’ai fait quelques coups de marteau
sur la voiture pendant que le propriétaire de celui-ci est parti à la Co-op. En atten-
dant que l’enquête soit bouclée, je ne vais pas me livrer. En fait, je me demande qui a
tué ces trois autres personnes. Mais d’après quelques recherches Google, les trois
victimes ont une relation, autant familiale qu’amicale ou professionnelle, avec Hate-
ya, la flic du coin. D’après moi, je crois bien que c'est Hateya qui les a tué. Je dois
l’arrêter. Je vais me livrer, après que cette bonne-femme de flic soit mise en tôle.

Annie contacte la police d’Iqualuit. Elle va se rendre, et elle sera mise sous les
verrous. Mais Hateya passe devant elle.
- Oui, j’aimerais bien faire une déclaration. J’ai toutes les preuves et mobiles suffi-
sant pour faire arrêter la policière de Grise Fjord, Hateya. J’aimerais vous voir. Je
vais descendre, ne vous en faîtes pas.
Elle appuie sur le bouton rouge avec un téléphone blanc au centre avant de faire
ses valises. Iqualuit l’attend maintenant.

131
Annie descend de l’avion. Elle regarde la magnifique capitale du Nunavut: Iqualuit.
Une couche de verglas couvre le sol enneigé. Lorsqu’elle se rend au commissariat, la
secrétaire lui montre du doigt un officier de police. Elle est donc au courant, elle! se
dit Annie.
Elle tend la main au policier, qui lui rend sa main à lui-aussi.
- Annie, celle qui vous a parlé au téléphone hier soir.
- L’officier de police Raymond Duchêne.
- Québécois?
Le policier ne fait qu’ignorer la remarque et il passe droit au but.
- Tu es là pour mettre une policière, Hateya, en prison? Allons dans mon bureau pour
en discuter.
Annie hoche la tête et se rend dans une pièce dénudée de personnalisation. Char-
mant! pense-t-elle.
- Ouais en fait, commence Annie. Les preuves sont qu’elle a une relation, familiale,
professionnelle ou amicale avec les trois victimes.
Elle tend une dizaine de feuilles brochées avec des captures d’écran de ses recher-
ches. Raymond les survole.
- Bien. Et le mobile?
- Elle a tué Adsila, qui les grand-mère d’Hateya, pour ravoir sa fille Dena, qui est
accidentellement tombée avec Adsila. Elle voulait un enfant pour remplacer Dena,
elle a donc forcé Jolan à la féconder, mais celui-ci a refusé et après avoir violé Jolan,
elle l’a tué et pendu à l’église pour un «manque de loyauté».
Elle finit la dernière phrase en levant ses doigts pour faire des guillemets.
- Bon, elle serait partie dans un centre de détention dès maintenant. J’envoie mes
collègues la capturer.
Annie reste plantée devant Raymond.
- Autre chose? ajoute-t-il.
Annie respire profondément avant de se lancer.
- Mes deux enfants sont morts. Ils ont été tué par un certain Gérald, qui est mainte-
nant en prison. J’ai voulu me venger et je l’ai…tué en le maquillant pour un acci-
dent de voiture. Je suis désolée.

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Raymond la dévisage, sans aucune réaction de sa part avant de dire aux autres
officiers: «Emmenez-la en détention avec la flic de Grise Fjord.» Annie réagit très
rapidement.
- Non! Pas avec Hateya! Je t’en prie!
Mais c’est trop tard. Elle a été menottée, apportée à l’arrière de la voiture de
police et emprisonnée dans le centre de détention d’Iqualuit.

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30.

ÉPILOGUE: UNE SEMAINE PLUS TARD

Annie est désespérée. Elle est prise dans une bâtisse sous haute surveillance avec
Hateya et Gérald. Celle qui est censée honorer la justice, et celui qui a tué ses en-
fants. Une fin macabre, comme celle que Ste-Améthyste a vécu. Mais pas un lieu,
mais bien la vie d’une femme qui est ruinée. Elle a cherchée partout à la recherche
d’une corde et d’un crochet pour se pendre. Mais c’est impossible. Toute la bâtisse
n’a aucun objet de vue. Comment se suicider dans cette prison de merde?!
Annie doit malheureusement vivre le restant de ses jours avec deux personnes
qu’elle haïe plus que d’autres choses, exceptée sa propre vie.

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REMERCIEMENTS

Je tiens à remercier tous mes lecteurs qui ont suivi cette histoire qui vous
berce dans le monde nodique canadien. Vous me donnez l’envie de partir
un nouveau projet. Je vous adore! Puis, je veux remercier mes grand-
mères Irène Foucault et Louise Lacelle, qui attendent mon nouveau livre
avec impatience, et qui me donnent de précieuses informations. Je veux
remercier mon frère Nikko Pépin, qui lit quelques extraits et donne son
avis. Encore une fois, mes parents Julie Mercier et Marc-Olivier Pépin, je
vous remercie de me donner vos avis et d’être patient lorsque vous avez
besoin de mon aide pour quelque chose, mais que je suis en train
d’écrire. Un gigantesque merci à mes amis, principalement Naomy
Lacroix et Mélina Dalia Cooke pour m’encourager dans la rédaction de
La demoiselle du Nunavut! Merci à tous!

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LA DEMOISELLE DU NUNAVUT

Une femme est trouvée morte assassinée au bout d’un quai

à Quamani’tuaq, un village du Nunavut. Plus tard, un

homme est trouvé lui aussi près d’elle. Ce qui est étrange,

c’est que cette femme a rendu visite à l’autre victime pour

s’informer sur une malédiction de sorcière qui repose sur

elle et le village en entier.

Trois ans plus tard, Hateya se cache à Alert, le village le

plus habité au nord de la Terre. Elle doit enquêter sur un

homme trouvé mort gelé dans sa charue. Mais une balle

est trouvée derrière sa tête, ce qui signifie qu’il a été tué

avant d’être gelé.

Alors qu’elle tente de fuir son passé, Hateya doit faire

une investigation sur des crimes se déroulant autour de

sa vie personnelle: Sa fille et sa grand-mère sont mortes

au pied d’une falaise et son collègue est pendu à une

église. Mais une visite inattendue rend l’enquête plus

complexe que jamais.

La suite de la reine des tartes aux pacanes!

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