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ACTES
de la Journée d’étude du 21 octobre 2006
organisée par
la Section de Langue française et de Linguistique
du Département de Langue et Littérature françaises
Éd i te u r s sc i e n ti fiq u e s : A. Pr osc o ll i e t K. Fo r a k i s
Mi se e n pa ge : A. Pr osc o lli , K . F or a k i s e t S. M a r k a n t on a ki s
© U n ive r si té d ’A t hè ne s, 200 7
30, av . E. Ve n i ze l ou , 1 06 79 A thè ne s
Des enfants et des lang ues : orientations pour une éducation pluriling ue
par Véronique C A S T E L L O T T I ……………………………………… 11
Apprendre le flé à l’éco le primaire : de l’épanouissement affectif
au dévelo ppement cognitif
par Ar gyro P R O S C O L L I ……………………………………………… 27
Le concept de l’intercompr éhension pour enseig ner le français au primaire
par Ar gyro M O U S T A K I ……………………………………………… 61
L’enseignement de la pho nétique au primaire : str atégies et techniques
par Maro P A T É L I ……………………………………………………. 89
Des actes de lang age aux contenus morphosy ntaxiques : pour un
développement rationnel de la compétence gr ammaticale chez
les enfants apprenant le fr ançais
par Ioanna K A R R A et Kyriakos F O R A K I S .……………………….. 103
Introduire la littérature de jeunesse dans une classe de FLE du pr imaire
par Marie-Christine A N A S T A S S I A D I ……………………………… 123
Intégrer les TIC dans l’enseignement du FLE au primaire
par Stélios M A R KA N T O N A K I S ……………………………………. 137
Travailler à l’école pr imaire avec la bande dessinée
par Théodora T S O L KA …..………………………………………… 157
Le pro jet européen EU+i (European awareness and Intercomprehension)
par Rhéa D E L V E R O U D I ……………………………………………. 171
Pour une pédagogie de l’action à tr avers le conte
par Eva B E N E T O U …………………………………………………. 181
Une classe de F LE dans la ville : le mythe d’Europe dans
la littérature française
par Marie P A P A D O P O U L O U .………………………………………. 195
Enseig ner le FLE à l’école primaire : pro blèmes à r ésoudre
par Christina T H É O D O R O U ………………………………………. 203
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Ioanna KARRA et Kyriakos FORAKIS
Université d’Athènes
Des actes de langage aux contenus morphosyntaxiques
1. Désormais C.E.C.R.L.
est plutôt bien familiarisé avec une notion telle que l’acte de langage (ou
parole), indispensable à qui cherche à déchiffrer un guide pédagogique de
FLE pour la meilleure rentabilité possible de son cours. C’est justement cette
notion-là qu’intègrent les textes officiels mis au service de l’enseigne-
ment/apprentissage du FLE au sein du primaire grec lorsqu’il s’agit de
délimiter des contenus plus strictement langagiers, et que nous
entreprendrons – en bons linguistes francisants tout d’abord – d’élucider
brièvement dans le but de suggérer des pistes de réflexion autour des axes
suivants : qu’est-ce qu’un acte de langage ? comment l’exploiter en classe de
langue après avoir déployé l’éventail des contenus morphosyntaxiques censés
le matérialiser ? enfin, quels points devraient entrer dans la composition d’un
programme « rationnel » de morphosyntaxe, qui soit en accord aussi bien avec
la réalité de la classe de français au primaire, telle qu’elle se dessine
actuellement, qu’avec le niveau du C.E.C.R.L. qui y correspond ? Autant de
questions auxquelles nous tenterons de fournir des réponses dans les lignes
qui suivent.
5. Ce n’est plus nous qui traduisons ; nous ne faisons que citer cette fois-ci, les éléments en
question étant – à côté des actes de langage dont il est fait mention plus haut – seuls à faire
leur apparition en français dans le texte du Programme.
6. Se reporter à Calliabetsou-Coraca (1995 : 300-301) pour une synthèse des réserves émises à
ce sujet.
7. Germain et Séguin (1998 : 117) observent que, de cette façon, « l’accent est mis sur le
message […], sans que ne soient négligées pour autant les formes linguistiques nécessaires
pour la réalisation de ces fonctions. Le point de départ n’est pas grammatical mais
fonctionnel car ce sont les formes grammaticales qui viennent se greffer sur les fonctions
langagières, et non l’inverse. »
aux effets fort douteux8 a fortiori lors des premières étapes de l’apprentissage,
dont les classes de langue du primaire, par excellence celles de la
sensibilisation au système de la langue par le truchement du ludique et du
visuel.
Pistes d’exploitation
8. En effet, « les recherches empiriques montrent qu’un accent mis exclusivement sur la
précision et sur la pratique de formes linguistiques particulières, en début d’apprentissage, ne
conduit pas nécessairement à une utilisation éventuelle correcte de ces formes
grammaticales » (Germain et Séguin, 1998 : 148).
9. Entendons-nous sur ce point subtil : ce qui est à exclure au niveau en question dans la
perspective qui est la nôtre, c’est bien un métalangage poussé, affectant un caractère de
terminologie, et non pas ce que Cicurel (1985 : 24) appelle « un discours métalinguistique non
spécialisé comportant des termes comme dire, comprendre, répéter, etc. », particulièrement utile à la
communication entre les membres du groupe-classe. On ne manquera pas, au reste, de
souligner avec cette même analyste que le rejet de la dimension métalinguistique « équivaut à
occulter l’objet essentiel de la communication dans la classe qui consiste à communiquer à
propos de la langue-cible » (ibid. : 27). Pour plus de détails sur l’usage à faire du métalangage
en classe de FLE, on consultera avec fruit les p. 112-117 de l’ouvrage cité de F. Cicurel, ainsi
que Besse et Porquier (1984 : 102-115).
10. Encore que cette dichotomie ait vivement été contestée au nom du rapport de
complémentarité que semblent entretenir en fait ses éléments constitutifs ; pour une synthèse
des critiques dont elle a fait l’objet, voir Cuq et Gruca (2003 : 110-111).
relèvent d’un même acte de langage /décrire/, l’un des peu nombreux retenus
dans la liste du Programme :
Terminons notre parcours dans les manuels par l’activité suivante, dont le
contenu fonctionnel, résidant dans l’expression des goûts et des préférences,
est explicitement prévu dans l’inventaire des champs thématiques que dresse
– plus ou moins arbitrairement, semble-t-il, en définitive – le Programme, mais
curieusement non pas dans celui, subséquent, des actes de langage propres à
valoriser linguistiquement les champs thématiques en question :
12. Prévu par les consignes, le recours au code écrit devrait pourtant rester prudent, tout au
moins en première année, où l’on privilégiera les activités orales à l’aspect ludique, participant
d’un cadre de communication forcément in præsentia, bien plus propice au type de classe qui
nous intéresse. Les tâches imposant la production de l’écrit, quant à elles, devraient être
proposées à dose homéopathique, et être en tout cas exclusives d’exercices dénués d’ancrage
communicatif.
qui permet en même temps de mettre l’accent sur les formes grammaticales dans des
contextes signifiants, qui réussit le mieux13.
Il suffit, pour cela, que l’enseignant soit parfaitement en mesure de se
rendre compte de « l’envergure » morphosyntaxique de l’activité après en
avoir déterminé le statut fonctionnel (en termes d’actes de langage/parole ou
d’objectifs communicatifs), ce qui implique une bonne familiarisation avec les
outils des sciences du langage actuelles, notamment les concepts
fondamentaux de la linguistique (française et générale), le métalangage et,
évidemment, les stratégies conformes aux apports de la recherche en
didactique des langues/cultures étrangères14.
15. Ainsi l’imparfait de l’indicatif ou le présent du subjonctif, respectivement dans les unités 8
et 9 de Grenadine 2 (Poletti et Paccagnino, 2003b), dont on pourrait dispenser les jeunes élèves
du primaire.
16. Cuq (1996 : 103) nous rejoint parfaitement en cela : « l’idée […] qu’on peut se passer
totalement de formalisation grammaticale (méthodologie communicative et grammaire
notionnelle) se heurte à des constatations fortes d’insuffisance de résultats ».
Références bibliographiques
1. Dans un souci de rigueur terminologique – qu’avait quelque peu écarté la commodité de la présentation ayant présidé à la version du tableau distribuée au public de notre intervention –, nous
distinguons ici ce que nous avions regroupé sous une même étiquette de « déterminants numéraux » – à l’instar, au demeurant, de sérieux ouvrages grammaticaux dont, entre autres, celui
d’Eluerd (2004 : 56-57).
2. Dépassant par là le niveau de la phrase pour atteindre celui du discours, on se trouve aborder la compétence pragmatique, qui, au dire du C.E.C.R.L. (2001 : 98), devrait se réduire à l’usage
des seuls éléments et, alors au niveau A1. Il y aurait cependant lieu, à notre sens, d’en étoffer un tout petit peu le contenu en introduisant ces facteurs élémentaires pour l’articulation du récit
simple, activité particulièrement profitable aux jeunes apprenants.