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Université GRENOBLE ALPES

Institut Universitaire de Technologie 2

Département GESTION DES ENTREPRISES ET DES ADMINISTRATIONS

La volonté d’expérience unique est-elle


compatible avec le tourisme de masse en Inde ?

Etienne COLTAT

2016-2017

Parallels and Meridians


Université GRENOBLE ALPES

Institut Universitaire de Technologie 2

Département GESTION DES ENTREPRISES ET DES ADMINISTRATIONS

La volonté d’expérience unique est-elle


compatible avec le tourisme de masse en Inde ?

Enseignant tuteur : Irina EROGOVA-LEGON

Tuteur d’entreprise : Ravi BHANDARI


Remerciements
Je tiens à adresser mes remerciements à Ravi Bhandari, « Chief Inspiration Officer » de Parallels
and Meridians, de m’avoir fait confiance en m’accueillant dans son entreprise et de m’avoir aidé en
me fournissant des informations précises sur l’industrie du tourisme.

Je voudrais aussi remercier Daniels Kasende et Mimi Ruivah de m’avoir accueilli respectivement
dans les départements des ventes et des réseaux sociaux et de m’avoir expliqué et enseigné leur
métier.

Je tiens à remercier Matthieu Renard et particulièrement Irina Erogova-Legon, ma tutrice


universitaire, pour m’avoir guidé dans mon travail et aidé à trouver des solutions pour avancer.

J’aimerais également remercier toutes les personnes qui ont pris le temps de répondre à mes
questions. Elles ont été d’une grande aide pour résoudre les difficultés auxquelles j’ai été confronté
dans l’élaboration de mon mémoire.

Je souhaite remercie aussi Françoise Allan-Pattoglia, directrice du parcours Collaborateur en


Affaires Internationales, ma famille, ma classe ainsi que toutes les personnes qui m’ont soutenu pour
faire face aux événements survenus durant ces 6 mois à l’étranger.

Enfin, je remercie l’IUT 2 département GEA de Grenoble, et toutes les personnes qui ont participé
à la mise en place de ce parcours international, qui m’ont ainsi permis de faire ce stage à l’étranger et
de vivre une expérience très enrichissante tant sur le plan professionnel que culturel et personnel.

5
Sommaire
Remerciements ................................................................................................................... 5
Avant-propos ......................................................................................................................... 7
Introduction ........................................................................................................................... 9

I. Constat sur l’évolution du marché du tourisme en Inde ................................................ 10


I.1 L’Inde, une nouvelle étoile montante dans le tourisme ........................................................ 11
I.1.1 Bref historique du tourisme ............................................................................................ 11
I.1.2 La croissance touristique de l’Inde ................................................................................. 13

I.2 L’Inde, un marché très spécifique .......................................................................................... 15


I.2.1 Les difficultés liées au sous-continent indien ................................................................. 15
I.2.2 Le rôle des agences de voyages ...................................................................................... 17

II. Répondre au mieux à la quête d’expérience unique...................................................... 19


II.1 L’obligation de toujours améliorer ses services.................................................................... 20
II.1.1 Les impacts de l’action du tourisme .............................................................................. 20
II.1.2 Rendre son action bénéfique à tous pour demain ........................................................ 21

II.2 Le tourisme expérientiel : un nouveau type de tourisme..................................................... 23


II.2.1 Les limites de l’offre des agences de voyages ............................................................... 23
II.2.2 Faire par soi-même reste peut-être la meilleure solution............................................. 24

III. Etude de cas : quel potentiel pour le tourisme solidaire ................................................ 26


III.1 Analyse du marché français ................................................................................................. 27
III.1.1 La réponse d’associations à la demande ...................................................................... 27
III.1.2 Le nombre de personnes intéressées ne cessent d’augmenter ................................... 28

III.2 Les impacts du tourisme solidaire en Inde .......................................................................... 28


III.2.1 Actions concrètes réalisées par les agences de voyages en Inde ................................. 29
III.2.2 Le faible apport réel du tourisme solidaire dans les pays émergents .......................... 29

Conclusion ........................................................................................................................... 31
Expérience culturelle ............................................................................................................ 32
Bibliographie ........................................................................................................................ 38
Annexes ............................................................................................................................... 41

6
Avant-propos
Ce mémoire est issu d’un stage de 6 mois que j’ai réalisé dans le cadre de mon IUT Gestion des
Entreprises et des Administrations en Parcours Collaborateur en Affaires Internationales.

Ce stage était à faire hors Europe et j’avais choisi le Bangladesh. J’ai effectué un mois de stage
à la Grameen Bank (littéralement « Banque des villages »), la première banque à proposer des micro-
crédits. Cette dernière a été créée par le Professeur Muhammad Yunus en 1976 suite à une grande
famine au Bangladesh. Elle dispose de près de 1 400 succursales et travaille dans plus de 50 000 villages
à travers tout le pays. La banque et son fondateur ont été Prix Nobel de la Paix en 2006 pour leurs
efforts entrepris pour offrir aux pauvres un moyen de sortir de la misère. Ce stage a été l’occasion
d’acquérir une connaissance détaillée du micro-crédit et du monde de la banque notamment par une
vision globale des procédures financières, logistiques, managériales de la banque au siège à Dhaka et
dans les villages et par des interviews auprès des emprunteurs et des managers de la Grameen Bank.

Cependant, suite à des attaques terroristes, le pays n’était plus assez sûr pour y rester. Ainsi,
je suis parti en Inde où j’ai trouvé un nouveau stage chez Parallels and Meridians à New Delhi, une
entreprise franco-indienne créée en octobre 2015. P&M essaye d’apporter un regard différent au
tourisme, notamment par ses voyages participatifs. C’est-à-dire, penser que les étrangers qui voyagent
sont prêts à prendre de leur temps pour transmettre leurs connaissances par le biais d’un échange
avec les locaux comme par exemple apprendre une langue à des enfants ou au chauffeur, dans le but
qu’ils deviennent guides et/ou puissent s’adresser à un plus grand nombre de personnes ; ou participer
à la construction et l’élaboration d’un restaurant. 225 personnes ont voyagé avec cette nouvelle
entreprise, dont 100 qui ont fait un voyage participatif. Ainsi, son chiffre d’affaires pour les 8 mois qui
se sont écoulés entre le premier voyageur et aujourd’hui, s’élève à 266 000 €.

Cette entreprise est présente sur 3 marchés : le marché anglophone regroupant


principalement les États-Unis et l’Australie, le marché français et le marché espagnol. Elle emploie 12
personnes pour répondre à la demande de ces différents marchés. Les employés ont pour la plupart
différentes tâches entre les ventes, la création de programmes, la gestion des réseaux sociaux ou
encore le partenariat avec le Routard. Parallels and Meridians et le très connu site français ont conclu
un partenariat car ce dernier était très intéressé par les voyages participatifs. Ce partenariat permet à
Parallels and Meridians de bénéficier, sur le site du Routard, de bandeaux publicitaires, de la
publication d’itinéraires de différents types et de liens vers son site sur les pages concernant l’Inde.

J’ai été accueilli dans l’entreprise Parallels and Meridians pendant 18 semaines. Etant une
entreprise de petite taille et très récente, j’ai eu l’opportunité de participer à plusieurs tâches. Ainsi,
j’ai créé des programmes dans différents pays que je publiais ensuite sur le site de l’entreprise par le
biais du système de gestion de contenus WordPress. En parallèle, je me suis occupé des réseaux
sociaux. Je devais donc analyser ce qui convenait sur les réseaux sociaux pour la France et ensuite

7
choisir avec la responsable du département des réseaux sociaux ce que nous publions. Une fois que
j’ai acquis suffisamment de connaissances sur les itinéraires grâce à la réalisation de programmes pour
le site de Parallels and Meridians ou le Routard, j’ai effectué des ventes pour les clients français. Je
devais comprendre leur demande et ensuite leur créer un programme qui leur corresponde. Par
conséquent, j’ai eu la chance d’avoir un aperçu du codage informatique et d’acquérir des compétences
de ventes directes et d’analyse de réseaux sociaux.

Cette période de stage a été très enrichissante du fait des imprévus qui m’ont obligé à réagir
vite et à retrouver un nouveau stage rapidement. Ainsi, ces 6 mois ont été très intéressants et
formateurs sur le plan professionnel.

8
Introduction
Comme le disait Ruth Prawer Jhabvala, « l’Inde change toujours les gens ». Cette citation induit
une expérience forte lorsque quelqu’un se rend au pays des Maharajas, non pas seulement par ce qu’il
y voit mais également par ce qu’il y vit. En effet, l’Inde a beaucoup plus à offrir que simplement des
paysages ou des monuments, c’est une expérience humaine que l’Etranger, souvent Occidental, peut
vivre ici. C’est d’ailleurs ce que beaucoup de personnes viennent chercher. Ils veulent une expérience
unique. Ainsi, presque qu’un tiers des touristes ne souhaitent plus uniquement voir les
incontournables, mais également s’aventurer hors des sentiers battus et 17 % souhaitent uniquement
aller hors des sentiers battus1. De plus, le nombre de touristes en Inde a presque quadruplé ces 15
dernières années. Les agences de voyages ont donc, suite à cette croissance, tenté de répondre à la
demande croissante d’expérience unique. Dans un même temps, des organisations et des personnes
ont tenté de promouvoir des nouvelles manières de voyager en faisant par soi-même et/ou en
essayant d’avoir un impact positif sur les acteurs locaux.

Alors que les voyageurs ont, maintenant, une multitude de choix pour faire leur voyage, nous
pouvons nous poser la question suivante : la volonté d’expérience unique est-elle compatible avec le
tourisme de masse en Inde ?

Dans un premier temps, nous verrons les paramètres du tourisme avec la montée fulgurante du
tourisme en Inde et tout ce que cela implique pour les agences de voyages puis nous étudierons les
autres possibilités pour répondre à une volonté d’expérience unique Enfin, nous verrons ce que cette
envie d’expérience unique, notamment avec le tourisme solidaire, peut apporter aux pays émergents.

1
Étude réalisée sur un échantillon de 100 demandes passées par le site http://www.evaneos.com/

9
I. Constat sur l’évolution du marché du tourisme en Inde
I.1 L’Inde, une nouvelle étoile montante dans le tourisme

I.1.1 Bref historique du tourisme

Avant d’évoquer le tourisme, on parlait de voyages qui concernaient dans un premier temps, les
déplacements de personnes puis dans un second temps le commerce. Au cours de l’histoire, il y eut
également de grands explorateurs tels que Marco Polo, Vasco De Gama, Collomb, Magellan qui
arpentèrent le monde pour le découvrir. Au même moment, se développèrent les pèlerinages, très
importants en Inde notamment, avec l’Empereur Askoda, qui a voyagé à travers l’Inde afin de diffuser
la doctrine bouddhiste. Il ne s’agissait toujours pas de voyages pour le plaisir. Nous en trouvions sous
l’Empire Romain, mais ils ont réellement commencé sous la Renaissance avec les voyages de nombreux
intellectuels à travers l’Europe pour voir d’autres cultures et s’en inspirer.

Le tourisme est né et a longtemps été associé à la création des « Annual Holidays » au début du
19 siècle et plus généralement avec les congés payés au 20e siècle car les employés avaient du temps
e

réservé à leurs loisirs. Ainsi, en parallèle, l’offre a émergé vers le milieu du 19e siècle. Nous pouvons
noter le premier voyage organisé : un voyage en train organisé en 1841 par Thomas Cook. Ce train
transporta 570 personnes de Leicester à Loughborough aller-retour pour une conférence de la Ligue
de tempérance dont faisait partie Cook. Nous pouvons également parler de l’apparition des premiers
guides de voyage dès 1836 avec la publication à Londres des Murray’s Handbooks for Travellers qui
furent les ancêtres de nombreux guides au 20e siècle comme les Blue Guides.

Les voyages pour le plaisir se sont accrus au début du 20e siècle. Cependant, jusqu’à la fin des
années 1920, ils restèrent considérés comme un produit de luxe ce qui n’empêcha pas le
développement de ceux-ci. Nous pouvons noter un boom sans précédent en 1929 où près d’un million
et demi de personnes visitèrent la Suisse, un million l’Italie et deux millions l’Autriche. Nous pouvons
lier ce boom avec le développement des transports, notamment des voitures et l’amélioration des
conditions de circulation sur les routes. Suite à ce fort accroissement du nombre de voyageurs, le
tourisme de masse était en quelque sorte né. En 1936, l’Organisation Internationale du Travail (OIT)
adopta une convention afin de promouvoir les congés payés dans le but d’être bénéfiques au tourisme,
ce qui montre bien la corrélation entre les congés payés et le développement des voyages.

Le nombre de touristes n’a cessé de croitre dans la seconde partie du 20e siècle jusqu’à nos jours.
Les Nations Unies ont rapporté qu’entre 1955 et 1965 le nombre de touristes a plus que triplé en
passant de 51 millions à 157 millions dans plus de 65 pays. En 1975, il y avait plus de 213 millions de
touristes et l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) estima le nombre de touristes à 674 millions
dans le monde entier en 2000 et 1,184 milliard en 2015. Le phénomène du tourisme de masse est donc
réellement apparu à la fin du 20e siècle et est en particulier dû au fait du développement et de la
démocratisation des transports aériens.

11
Tourisme entrant dans le monde – Arrivées internationales de touristes (en millions)

La première définition du tourisme est due à Guyer Fuler et date de 1905. Néanmoins, nous nous
tiendrons à la définition de l’OMT : « Le tourisme correspond aux activités de personnes qui voyagent
et restent dans des lieux extérieurs à leur environnement habituel pas plus d’une année consécutive
pour les loisirs, les affaires ou d’autres buts2 ». Cependant, tous les voyages ne sont pas considérés
comme du tourisme. En effet, il existe 3 critères : le tourisme implique un déplacement en dehors de
l’environnement habituel et un séjour qui doit inclure une activité, il n’y a pas de durée minimale mais
elle ne doit pas excéder un an consécutif, et le voyage doit avoir lieu dans un objectif différent de
devenir un résident permanent ou d’avoir un emploi rémunéré. Ainsi, le tourisme est temporaire,
volontaire et se manifeste par un aller-retour. De plus, il y a plusieurs types de tourisme : le tourisme
pour le travail, le tourisme pour les loisirs et le tourisme culturel.

Le tourisme est une réelle aubaine et une opportunité économique pour de nombreux pays. Il
s’avère très bénéfique pour les emplois et les revenus d’un pays. Ainsi, il occupe une place importante
au sein de l’économie mondiale comme nous pouvons le voir sur l’image ci-dessous. Il représente le
troisième montant de recettes d’exportations avec 1,522 billion de dollars, après le carburant (3,068
billions de dollars) et les produits chimiques (2,054 billions de dollars) dans le monde. Afin de profiter
au maximum de ce moteur économique, les pays construisent des infrastructures et essayent d’attirer
de plus en plus de touristes. Qu’en est-il de l’Inde dans cet échiquier mondial ?

2
Définition originale « Tourism comprises the activities of persons traveling to and staying in places outside
their usual environment for not more than one consecutive year for leisure, business and other purposes. »

12
Contribution du tourisme au bien-être économique

I.1.2 La croissance touristique de l’Inde

En 1880, John Masson Cook, fils de Thomas Cook, partit pour l’Inde et ouvrit des bureaux à Mumbai
et Calcutta : le « Département des Provinces de l’Est3 », 15 ans après la création du premier bureau de
tourisme Cook and Sons à Londres. Le « Département des Provinces de l’Est » organisa en 1887 la visite
de princes indiens pour la célébration du Jubilé de la Reine Victoria. Ainsi, il est possible de dire que
l’Inde est fascinante aux yeux de nombreuses personnes depuis longtemps et le tourisme en Inde, dans
sa définition de l’OMT, a quasiment toujours existé.

Cependant, nous pouvons considérer que le tourisme en Inde s’est réellement développé depuis
2002 avec le lancement de la campagne « Incredible India » qui avait pour but de promouvoir, à
l’étranger, le tourisme en Inde sous toutes ses facettes que ce soit ses monuments à visiter mais
surtout concernant sa culture à découvrir. En effet, depuis cette date le nombre de touristes étrangers
en Inde a quasiment quadruplé en treize ans, en passant de 2,38 millions en 2002 à 8,03 millions en
2015. Selon l’India Tourist Statistics, les principales raisons de voyages sont : les affaires, les loisirs et
la visite d’amis ou de famille. En 2013, le nombre de personnes venant en Inde pour les loisirs
représentent presque un tiers des touristes (30,3 %) contre 20,9 % pour les affaires et 25,9 % pour
voir des amis ou de la famille.

3
Nom original « Eastern Provinces’ Department »

13
Nombre d’arrivées de touristes étrangers en Inde entre 1999-2015
(Source : India Tourism Statistics at a Glance, 2015)

À l’instar du reste du monde,


l’augmentation du nombre de touristes
en Inde est bénéfique économiquement
pour le pays. Selon le rapport 2016 du
World Travel & Tourism Council (WTTC)
sur l’Impact économique du tourisme en
Inde4, la contribution totale du tourisme
au PIB indien en 2015 est de 8,309 billions
de roupies, dont 2,668 billions de roupies
de manière directe. Le rapport estime
que la contribution globale au PIB en
2026 sera de 18,000 billions de roupies5.
De plus, le tourisme offre plus de
37 millions d’emplois en Inde, dont
23 millions de manière directe.

Détail de la contribution totale du tourisme au PIB et à


l’emploi en 2015
(Source : Travel & Tourism Economic Impact 2016, India (WTTC))

4
Travel & Tourism Economic Impact 2016, India
5
1 EUR ≈ 72 INR donc respectivement environ 115,403 milliards d’euros, 37,056 milliards d’euros et 250
milliards d’euros

14
Le sous-continent indien compte une multitude de cultures du fait des nombreuses langues
différentes – 22 langues constitutionnelles dans tout le pays ; des nombreuses religions : l’Hindouisme,
le Bouddhisme, le Jaïnisme, le Sikhisme qui sont d’ailleurs nées en Inde, ainsi que le Judaïsme, le
Christianisme, l’Islam et le Zoroastrisme. Ce pays a également, du point de vue occidental, des
manières de faire et de penser très différentes ce qui attire de nombreuses personnes. Dans Branding
India: An Incredible Story, d’Amitabh Kant, nous voyons que l’Inde apparaît comme première
destination authentique aux yeux des gens, troisième artistiquement et culturellement, cinquième
d’un point de vue historique. Avant même que le tourisme ne soit très développé, de nombreuses
personnes se sont laissées tenter par l’expérience indienne. Nous pouvons citer les Beatles qui, suite
à la mort de leur manager, Brian Epstein, en 1968, se rendent à Rishikesh, en Inde, pour avoir un
« repos dépaysant ». La ville de Rishikesh s’est depuis autoproclamée « capitale mondiale du yoga » et
attire des Occidentaux souhaitant apprendre le yoga. Ainsi, de nombreuses chambres d’hôtes se sont
construites pour accueillir ces nouveaux touristes.

Enfin, nous pouvons dire que de nombreuses personnes sont venues ou viennent en Inde à la
recherche d’une expérience. Par exemple, William de Tamaris écrit dans un article de Vice Le syndrome
indien, avec les Français qui pètent les plombs en Inde qu’il « [a] souvent ressenti ce désir de tout
plaquer et de vivre sur les routes de ce pays-continent, où [il] se sentai[t], plus qu’ailleurs, chez [lui],
sans qu’[il] ne puisse pourtant expliquer ce qui [l]’attirait irrésistiblement ». Cet aspect inexplicable qui
peut être lié à une dimension spirituelle est une raison importante pour laquelle des personnes par
elle-même ou par le biais d’une agence souhaitent découvrir les lieux saints hindous tels que Bénarès
ou Pushkar.

Par conséquent, de nombreuses personnes sont au courant de l’expérience qu’il est possible
d’avoir en Inde et veulent venir dans ce pays, pas uniquement pour voir des lieux mais justement pour
vivre une expérience unique. Néanmoins, l’Inde a de nombreuses subtilités qui peuvent être difficiles
à comprendre depuis la France. C’est pourquoi les agences de voyages peuvent avoir un rôle important
pour aider les personnes désireuses de découvrir ce sous-continent.

I.2 L’Inde, un marché très spécifique

L’Inde a des particularités sur de nombreux sujets tels que les transports ou le nombre
impressionnant de langues parlées. Ainsi, il peut être très difficile pour des personnes ne connaissant
pas l’Inde et se trouvant géographiquement loin de s’y retrouver dans cet univers si particulier.

I.2.1 Les difficultés liées au sous-continent indien

I.2.1.1 Les transports

Tout d’abord, nous pouvons parler de la difficulté causée par les transports, en premier lieu, par
l’achat de billets de bus ou de train. En effet, il est possible d’acheter des billets de bus ou de train sur
internet sur des sites comme www.redbus.in ou www.makemytrip.com, uniquement avec des cartes

15
de crédit indiennes. Même se trouvant déjà sur le territoire indien, cela oblige donc à se rendre à la
gare ferroviaire ou routière, qui pour cette dernière peut être inexistante. De plus, il peut s’avérer
difficile et surtout coûteux en temps de se rendre à une gare du fait du trafic important. Charandeep
Singh6, important hôte Airbnb à Delhi, propose aux personnes qu’il accueille de leur acheter leurs
billets, même si cela sort de sa fonction d’hôte Airbnb, qui n’est actuellement que de loger des
personnes. En second lieu, les infrastructures, qu’il s’agisse du réseau ferroviaire ou routier, ne sont
pas nécessairement en bon état et peuvent présenter des lacunes en matière de sécurité. Ainsi, il
convient de faire attention au mode de transport utilisé.

I.2.1.2 Les différentes langues

Ensuite, l’Etat indien compte deux langues officielles qui sont l’Anglais et l’Hindi, mais la réalité sur
place est bien différente. S’ajoutent aux deux langues officielles, 22 langues constitutionnelles qui sont
principalement réparties en deux familles de langues bien distinctes entre le Nord et le Sud. En outre,
11 langues sont parlées par plus de 25 millions de personnes et 40 par plus d’un million de personnes
et les Etats indiens sont organisés selon une séparation linguistique. Certes, l’Hindi est majoritairement
parlé en Inde, par 180 millions de personnes pour lesquelles il s’agit de la langue maternelle et de 340
à 400 millions de personnes en tant que langue secondaire, cependant il n’est pas universel et en
particulier dans le Sud de l’Inde. C’est la raison pour laquelle l’Anglais est également langue officielle.
Néanmoins, la langue de Shakespeare sert uniquement de langue véhiculaire et n’est utilisée que par
les élites indiennes. La proportion d’Indiens parlant l’anglais n’excède pas les 5 %, soit environ 65,55
millions de personnes à travers l’Inde.

Ainsi, nous pouvons voir qu’il n’est pas facile de voyager en Inde sans l’aide d’un Indien maîtrisant
l’anglais (et possédant une carte de crédit), ni de communiquer avec les Indiens. De surcroît, l’usage
de l’Anglais à l’oral mais également à l’écrit, sur les panneaux par exemple, devient de plus en plus rare
si l’on sort des sentiers battus et si l’on s’éloigne des lieux touristiques et des villes. Tout dépend donc
de l’expérience « unique » que l’on souhaite vivre.

I.2.1.3 L’aspect sécuritaire

Enfin, l’Inde comporte quelques risques. D’après le site du Ministère des Affaires étrangères
français, il y a 5 risques majeurs qui sont le risque terroriste, les risques spécifiques pour les femmes,
le risque dans les transports, les risques naturels et la délinquance. Cependant, France Diplomatie dit
également que « l’Inde est, dans son ensemble, un pays relativement sûr, dans lequel on peut voyager
sans grande difficulté, à condition de respecter un certain nombre de règles » notamment pour éviter
les risques spécifiés ci-dessus comme de se rendre dans la région du Jammu-et-Cachemire ou à la
frontière indo-pakistanaise en raison de la situation actuelle tendue entre l’Inde et le Pakistan ou pour

6
Voir interview complet en Annexe 1

16
les femmes d’avoir une tenue vestimentaire « correcte », c’est-à-dire de porter des vêtements longs
et d’avoir les épaules couvertes.

Selon Charandeep Singh, les personnes avec une situation stable « veulent avoir une expérience,
ils ne veulent pas dormir n’importe où, mais dans une maison. Ils veulent également du confort ».
Ainsi, ne serait-ce que pour le confort, pourrait-il être préférable de partir avec une agence de voyages.
Mais quel est vraiment leur rôle ?

I.2.2 Le rôle des agences de voyages

I.2.2.1 De manière formelle

Les agences de voyages font part intégrante de l’industrie du tourisme et du voyage (« Travel &
Tourism Industry ») car près de 70 % des voyages internationaux sont organisés par des agences de
voyages. Ces dernières sont régies par les Principes de conduite professionnelle et éthique7 de
l’American Society of Travel Agents (ASTA), l’avocat principal des agences de voyages, de l’industrie du
tourisme et du public voyageur ainsi que la plus grande association au monde des professionnels du
voyage. Le préambule du Code de conduite de 1996 résume parfaitement l’importance du rôle des
agences de voyages : « Nous vivons dans un monde où le voyage est devenu de plus en plus important
et complexe dans sa multitude de moyens de transports et de choix. Les voyageurs font face à une
myriade d’alternatives pour les transports, les logements et d’autres services touristiques. Les
voyageurs doivent dépendre des agences de voyages et d’autres dans l’industrie pour les guider de
manière honnête et compétente »8.

I.2.2.2 Dans les faits

Les agences de voyages représentent donc un gage de sûreté ce qui est très important pour les
clients. Ravi Bhandari, « Chief Inspiration Officer » chez Parallels and Meridians (P&M) disait que les
personnes qui viennent en Inde « veulent être en sécurité comme par exemple les femmes en solo ou
les familles. Ils ont besoin d’avoir un voyage détaillé fait par une agence de voyages. »9 En effet, pour
les personnes voyageant seules et les familles, il peut être rassurant de ne pas avoir à se soucier de
l’itinéraire, du choix des logements et des activités en étant sur place et de laisser faire les
professionnels. De plus, nous pouvons dire que les agences de voyages font le lien entre les touristes
et les acteurs locaux par exemple en choisissant des guides et chauffeurs qui parlent anglais, et
potentiellement une autre langue, et qui sont à même d’échanger avec les touristes afin de permettre
à ces derniers d’acquérir des connaissances sur la région qu’ils visitent et d’avoir un échange avec des
personnes locales.

7
Nom original « Principles of Professional conduct and ethical »
8
Préambule original en anglais en Annexe 2
9
Voir interview complet en Annexe 3

17
Ensuite, les agences de voyages doivent en effet permettre aux clients de voir plus clair dans la
multitude de choix et les différentes alternatives possibles et de leur proposer un voyage qui lui
correspond. Maintenant, toutes les agences proposent des voyages « sur-mesure », « adapté [aux]
envies » des clients comme nous pouvons le voir sur la capture d’écran ci-dessous provenant du site
Evaneos. Nous pouvons donc dire que, sur le papier, les agences de voyages offrent vraiment un
voyage unique. D’autant plus que sur la page du site Evaneos, il y a une rubrique « Décrivez votre projet
tel que vous l’imaginez » avec une question à choix multiples « Vous avez envie d’un voyage plutôt »
avec 4 réponses dont « Hors des sentiers battus (loin de la foule) » et « Où vous ne raterez pas les
incontournables de la destination ». Nous pouvons donc en conclure que les agences de voyages
proposent des expériences de plus en plus uniques comme des « safaris »10 dans les villages Bishnoï
ou encore des nuits chez l’habitant.

(Source : http://www.evaneos.com/inde/expressquote/?traveler=alone&dates=2017-02-02)

Néanmoins, il est possible d’essayer de faire vivre une expérience différente aux clients en se
disant « en quoi je peux organiser les visites différemment ? ». Cette problématique a été soulevée par
Ravi Bhandari à la création de son agence de voyages Parallels and Meridians et il maintient, en prenant
l’exemple de la Tour Eiffel, qu’on ne peut pas la louper, c’est un « must », mais que plutôt que de la
visiter de 10 h à 17 h comme la plupart des touristes, pourquoi ne pas faire un footing autour le matin
ou marcher le long de la Seine le soir en direction de la Tour Eiffel et d’ensuite visiter la Dame de fer.

Ainsi, les agences de voyages offrent des voyages sur-mesure et donc en théorie unique à leurs
clients. Elles essayent de les agrémenter d’expériences qui sortent de l’ordinaire mais cette quête
d’expérience unique n’est pas finie. Jusqu’où les agences de voyages iront-elles et existent-ils des
alternatives dans cette masse ?

10
Terme utilisé notamment par http://www.bishnoivillagesafari.com/

18
II. Répondre au mieux à la quête d’expérience unique
II.1 L’obligation de toujours améliorer ses services

D’un côté, d’un point de vue global, les Objectifs de Développement Durable ont été adoptés en
2015 et le tourisme est concerné par trois d’entre eux pour sa capacité à participer à une croissance
durable, une consommation et une production durable ainsi qu’un usage durable des ressources des
mers et océans. D’un autre côté, les clients sont de plus en plus friands d’expériences.

II.1.1 Les impacts de l’action du tourisme

Le tourisme a un impact positif direct et indirect sur les emplois et le PIB d’un pays comme nous
l’avons vu précédemment mais nous nous intéresserons dans cette partie plus particulièrement aux
conséquences indirectes de l’action du tourisme.

Tout d’abord, certaines activités peuvent poser un problème d’éthique sur le respect de la vie
privée d’autrui. Amitabh Kant dans son livre Branding India: An Incredible Story, affirme que les
expériences rurales proposées par les agences de voyages, s’agissant d’emmener les touristes dans
des villages, s’avèrent être positives car elles permettent de restimuler les arts populaires et l’artisanat
qui avaient pu se perdre au fil du temps. Ainsi, les visites de villages locaux comme les « safaris »
Bishnoï permettent aux populations autochtones de vivre comme leurs ancêtres et de rester dans leur
environnement d’origine. Cependant, notamment du fait de leur nom de « safari », ces activités
peuvent sonner comme des « zoos humains ». Même s’il existe un accord monétaire entre les locaux
et les agences de voyages, cette pratique peut se rapprocher en quelque sorte du « paparazzisme ».
Ce fait est notable pour la ville sainte de Bénarès. Toutes les agences de voyages11 proposent dans
leurs programmes incluant la découverte de Bénarès, des tours en bateau plus près des ghâts12 où des
hindous suivent le rituel sacré de la baignade matinale dans le Gange, comme nous pouvons le voir sur
la photo ci-dessous.

Hindous se baignant dans le Gange à Bénarès (Bénarès, le 25 septembre 2016)

11
Etude faite sur les 4 sites mis en avant par Google suite à la recherche « bénarès inde agences de voyages »
12
Berge et ensemble de marches qui recouvrent les rives d’un cours d’eau, souvent sacré

20
Ensuite, le tourisme de masse a un impact sur l’environnement qui l’entoure. Il tend à permettre
de préserver des sites historiques et naturels. En effet, le pays ou la région où se trouve ce site peut
avoir les fonds nécessaires grâce à l’attrait touristique du site pour en prendre soin. Nous pouvons par
exemple citer l’important travail de protection de l’environnement dans les Parcs nationaux au Népal
du fait du droit d’entrée se caractérisant notamment par un nombre impressionnant de poubelles, afin
que les déchets ne finissent pas par terre ; ou le Taj Mahal qui, grâce à l’UNESCO notamment, a été
totalement nettoyé de la poussière noire causée par les usines aux alentours. Ces dernières ont
d’ailleurs été fermées afin de ne pas détériorer davantage cette Merveille du monde et de permettre
aux touristes d’admirer sa splendide blancheur. Néanmoins, l’action du tourisme s’avère aussi très
polluante et nocive pour l’environnement et les animaux. Comme le relève Constance Maria dans un
article publié par Le Monde en mars 201613, monter à dos d’éléphants, d’un point de vue général, est
mauvais pour l’animal car il faut user de la violence pour apprivoiser cet animal. Il reste donc encore
de nombreuses améliorations à mener sur ce point ; mais également d’un point de vue
environnemental. Ainsi, le tourisme peut altérer voire même détruire l’écosystème d’un lieu, comme
c’est le cas à Goa où l’écosystème est très riche et est en réel danger du fait du nombre important de
touristes. In fine, cela peut amener à des modifications culturelles et sociales forcées pour les
habitants.

Ainsi, le tourisme tend et doit tendre à être un tourisme durable qui doit trouver un équilibre entre
les aspects environnementaux, économiques et socio-culturels. Mais nous pouvons nous demander
comment la « Travel & Tourism Industry » peut-elle devenir plus bénéfiques pour tous ses acteurs tout
en continuant de vendre des expériences « uniques » aux voyageurs ?

II.1.2 Rendre son action bénéfique à tous pour demain

II.1.2.1 D’un point de vue global

Tout d’abord, l’OMT, lors de sa 21e Assemblée Générale, a établi un groupe de travail pour
convertir le Code mondial d’éthique du tourisme en une Convention internationale sur l’éthique du
tourisme, notamment pour booster la responsabilité des gouvernements en matière d’éthique. Cette
convention doit être adoptée en 2017 lors de la 22e Assemblée Générale de l’OMT. Ce changement
peut se traduire par une réelle avancée sociale notamment concernant la protection des enfants dans
l’industrie du tourisme. En effet, en Inde, on trouve encore de nombreux enfants qui font office de
guide ou qui vendent des souvenirs à la sortie des monuments touristiques, et réalisent ces tâches
souvent aux dépens de leurs études.

Ensuite, le tourisme est un secteur prospère et qui se développe de manière croissante. Ainsi, ces
richesses créées peuvent être mises au profit des populations les plus pauvres en redistribuant les

13
Constance Maria. Maltraitance animale : les dix attractions touristiques les plus cruelles. IN Le Monde [en
ligne]. Publié le 22/03/2016

21
bénéfices aux personnes les plus vulnérables de la société. Concrètement, une partie des plus beaux
joyeux touristiques est détenue par une population pauvre, comme par exemple la mosquée Jama
Masjid à Delhi. Ainsi, le principe serait de faire participer cette population par le biais, par exemple,
des entreprises touristiques et en créant de petites structures communautaires. Il s’agit du « Pro-Poor
Tourism » qui représenterait une réelle opportunité pour les plus démunis, notamment dans les pays
en développement comme l’Inde. Cela implique simplement de continuer à avoir un marché du
tourisme croissant tout en augmentant la part pour les pauvres comme le montre le schéma ci-
dessous. De plus, le tourisme peut également être utile afin d’acquérir de nouvelles connaissances, il
peut donc et doit être utile pour un apprentissage en faveur des personnes, que ce soit les touristes
par ce qu’ils voient ou les locaux par l’action même du tourisme. Dans un même temps, le tourisme
est un outil pour le développement durable qu’il soit environnental, économique ou socio-culturel. Les
efforts entrepris doivent continuer. Qu’en est-il sur le terrain ?

II.1.2.2 Sur le terrain

Dans les faits, les agences de voyages ont eu ces dernières années une prise de conscience et
tendent pour la plupart à créer un tourisme davantage durable. En effet, nous pouvons citer le fait que
de nombreuses agences de voyages dont P&M ont retiré de leur programme la montée à dos
d’éléphant au Fort Amber à Jaipur du fait de la maltraitance des animaux, ici des éléphants.

En outre, le tourisme veut changer de visage en incorporant des éléments culturels et éducatifs
aux touristes mais également aux locaux. Déjà en 2009, l’ancien ministre du tourisme indien Amitabh
Kant affirmait que le tourisme était en train de changer. Il prenait l’exemple des traditionnels hôtels
en bord de mer qui doivent incorporer des éléments éducatifs et culturels à leurs activités pour
s’adapter aux nouvelles aspirations des clients. Ensuite, l’entreprise P&M a développé un concept de
« voyage participatif » qui a pour but d’être bénéfique autant aux touristes qu’aux locaux. En effet, en
voyageant, les touristes découvrent forcément des connaissances ou des manières de faire qui leur
étaient jusqu’alors inconnues. Dans un même temps, ils apprennent beaucoup de ces découvertes.
Ravi Bhandari s’est donc demandé ce que les locaux, impliqués ou non dans le tourisme, pourraient
apprendre des étrangers. Le concept qui lui est venu à l’idée est simple : le touriste peut décider de

22
prendre une heure ou un après-midi sur son temps de vacances pour partager ses connaissances et
compétences avec des locaux. Ainsi, « Si je tiens un restaurant, dans une partie du monde reculée, qui
ne marche pas très bien et qu’un chef voyage dans mon pays et dit ‘’Ok, je vais passer une heure avec
vous pour vous aider à faire ce plat plus présentable ou plus goûteux.’’ ». Le but est qu’il y ait un
échange et une transmission car le fait d’enseigner quelque chose apporte de la joie commune. Enfin,
dans le cadre de ces voyages participatifs, P&M essaye également d’œuvrer pour le sort des enfants-
marchands. Ainsi, l’entreprise est en relation avec un enfant qui vendait des souvenirs devant le Taj
Mahal afin de le faire rencontrer avec les touristes et que ces derniers puissent l’aider à améliorer ses
connaissances en langues étrangères et un jour peut-être avoir l’opportunité de devenir guide.

Néanmoins, malgré tous ces efforts faits par les agences de voyages, certaines personnes préfèrent
vivre leur expérience par elle-même. Ainsi, un nouveau type de tourisme s’est créé : le tourisme
expérientiel.

II.2 Le tourisme expérientiel : un nouveau type de tourisme

« Doucement, le voyage en indépendance est devenu à la mode plutôt que les effrénés voyages
organisés »14. Certes, les agences de voyages proposent également des voyages en toute
indépendance, mais certaines personnes n’en sont pas satisfaite et veulent aller au-delà.

II.2.1 Les limites de l’offre des agences de voyages


Les programmes des agences de voyages peuvent être considérés comme très voire trop chargés.
D’un côté, les agences de voyages mettent en ligne des programmes avec beaucoup d’activités et d’un
autre côté les clients veulent voir et faire beaucoup de choses. Mais cette idée de « check-list »
commence à être remise en cause et notamment par les agences de voyages elle-même. Par exemple,
Ravi Bhandari trouve que ce n’est pas juste pour une ville, si on considère qu’elle a une limite, en
prenant l’exemple de la ville de Delhi qui est devenu une ville transit. Par conséquent, une nouvelle
manière de voyager, le « slow travel », commence à s’étendre. Il s’agit tout simplement de prendre
son temps pour voyager et découvrir en profondeur l’endroit où l’on se trouve. Nous trouvons ce type
de voyages dans les programmes des agences de voyages mais en trop petit nombre. En effet, le
« Flashpacking » chez P&M ne représente que 3 programmes sur presque une centaine présents sur
le site français : http://parallelsandmeridians.fr/ .

Ensuite, nous pouvons soulever un problème d’unicité avec les programmes proposés par les
agences de voyages. En effet, si nous définissons le concept du tourisme expérientiel, celle-ci pourrait
coller à merveille avec l’offre des agences de voyages. Un couple de voyageurs belges nous donne leur

14
Citation originale « Slow, independent travel is becoming the ‘in thing’ rather than the hectic package
tour » Amitabh Kant. Branding India: An Incredible Story. Première Edition. Collins Business, 2008. p. 34

23
vision du tourisme expérience sur le site de Mr Mondialisation15 : « L’idée est relative[ment]
simple. Sortir des sentiers battus tracés par les agences de tourisme pour aller à la rencontre
d’habitants d’une région visitée et partager leur mode de vie. Faire ‘’l’expérience’’ de vivre chez
l’habitant, avec lui et comme lui. »16. Les agences de voyages proposent dans leur choix de voyage
l’option « sortir des sentiers battus » ainsi que des nuits chez l’habitant. Cependant, ces locaux qui
accueillent des étrangers sont en permanence en présence de touristes. Ainsi, nous pouvons nous
demander en quoi cette expérience est-elle vraiment unique ?

Cette nouvelle manière de voyager a des adeptes qui, bien évidemment, n’entendent pas arriver
à l’improviste chez les habitants. Il faut préparer son voyage, mais, même s’il est très difficile de traiter
directement avec les locaux, il est possible de passer par des organismes locaux ou des organisations
impliquant des locaux comme par exemple Airbnb.

II.2.2 Faire par soi-même reste peut-être la meilleure solution

Faire par soi-même implique que l’on planifie, organise son voyage à l’aide de nos recherches dans
des guides de voyage ou sur internet ou encore d’après les conseils que l’on a pu entendre sur la
destination où l’on va. Il est également possible de réserver uniquement la première nuit et de choisir
ensuite sur place son programme pour la ou les journées suivantes en fonction de nos recherches et
de ce que les personnes que l’on rencontre, locaux ou étrangers, nous indiquent. Ces 2 types de
personnes constituent les « voyageurs », des personnes qui voyagent sans l’aide d’une agence de
voyages. Ils peuvent être différenciés des « touristes » qui passent par des agences de voyages. Ils sont
dans l’ensemble soit des « des ‘’bagpackers’’ ou des personnes qui sont plus aventurières » pour
reprendre les mots du Chief Inspiration Officer de P&M.

Alors que les touristes, car ils mettent le prix, veulent un voyage sans accroc, les voyageurs sont
prêt à plus d’imprévus et de changements de programme. À en croire Théophile Gautier, nous tendons
à vivre dans un monde où tout est « pré-écrit ». En effet, il écrit « Un des grands malheurs de la vie
moderne, c'est le manque d'imprévu, l'absence d'aventures. Tout est si bien réglé, si bien engrené, si
bien que le hasard n’est plus possible »17. Cependant, de plus en plus de personnes optent pour des
logements Airbnb en Inde. Ainsi, en 2015, une augmentation de 184 % a été constatée sur les
réservations en Inde sur les 118 000 logements disponibles sur le sous-continent. Pour accroître cette
augmentation, Airbnb a lancé, en novembre 2016, deux nouvelles options dans le menu :
« expériences », quand les hôtes deviennent « experts locaux » et « lieux », une plateforme de partage

15
Amandine et François de « Un sac sur le dos ». Tourisme expérientiel : cette autre façon de voyager. IN Mr
Mondialisation [en ligne]. Publié le 23/09/2015. Disponible sur : https://mrmondialisation.org/tourisme-
experientiel-cette-autre-facon-de-voyager/ [Consulté le 20 novembre 2016]

17
Voyage en Espagne (1843), Théophile Gautier

24
de bons plans. « La plateforme en ligne américaine ambitionne d'étendre son influence à toutes les
activités de ses utilisateurs durant leur séjour »18 et souhaiterait venir titiller les agences de voyages.

Ravi Bhandari et Charandeep Singh s’accordent à dire que les agences de voyages ne seront
probablement pas touchées par ces modifications car Airbnb et les agences de voyages ne
représentent pas les mêmes marchés. En effet, il est dit que les voyageurs sont plutôt des jeunes et/ou
« budget travellers » qui utilisent les services d’Airbnb. Avec les agences de voyages tout comme par
soi-même, il est possible et très intéressant pour l’expérience, d’avoir recours à des « experts locaux »,
car ils peuvent nous expliquer mieux que personne l’histoire d’un lieu par exemple.

Ainsi, les agences de voyages et des plateformes comme Airbnb ne s’adressent pas, en théorie, à
la même cible. Il est possible de trouver une autre volonté d’expérience unique dans le tourisme
solidaire car, à défaut de sortir nécessairement du circuit des agences de voyages, le voyageur connait
la destination de son argent et/ou son action et aide ainsi les acteurs locaux. Où en est le marché
français sur ce type de tourisme ?

18
http://www.francetvinfo.fr/, Après l’hébergement, Airbnb veut proposer des services d’agences de
voyages (17/11/2016)

25
III. Etude de cas : quel potentiel pour le tourisme solidaire
III.1 Analyse du marché français

Après l’apparition des termes d’ « écotourisme » et de « tourisme durable » qui implique le


respect de l’environnement et des acteurs locaux, le « tourisme solidaire » tend à se développer au
sein des agences de voyages et au sein du marché français.

III.1.1 La réponse d’associations à la demande

Le terme d’ « écotourisme » est apparu au milieu des années 1990, bien après la création de
certaines associations de « tourisme responsable et durable, […] propos[ant] une autre manière de
voyager » comme ARVEL Voyages, fondée en 1968. Cette dernière est, d’après la présentation sur son
site http://www.arvel-voyages.com/, « une association sans but lucratif qui œuvre pour un tourisme
contribuant à la compréhension et au respect mutuel des populations ». Ainsi, depuis sa création,
ARVEL a pour but d’offrir à ses voyageurs une manière différente de voyager, en allant au-delà de la
simple visite de monuments. Elle implique même clairement ceux-ci dans l’action de l’association
puisqu’en effet, chaque voyageur devient ensuite adhérent de l’association et peut donc participer
pleinement à la vie associative. De plus, du fait de son statut d’association, ARVEL Voyage n’a pas pour
but de faire des bénéfices. Cependant, si tout de fois, elle a des excédents budgétaires, ceux-ci sont
entièrement utilisés pour l’amélioration de la proposition de découvertes, rencontres et solidarités.

Ensuite, en 2000 a été créée l’association Rencontres au Bout du Monde qui organise « des
voyages de découverte en très petits groupes, privilégiant l’échange et la rencontre avec les
populations d'accueil, ainsi que la responsabilisation et le respect des environnements ethniques et
naturels »19. L’action de cette association est sensiblement la même que celle d’ARVEL Voyages. Ainsi,
les voyageurs deviennent également membres à part entière de l’association et sont donc associés à
la décision et à l’action. Dans leur revue de presse, elle prône l’action des associations en expliquant
que « Le monde associatif reste une alternative “lisible” et transparente pour le public ».

Ces deux associations ont voulu aller plus loin. Elles ont donc toutes deux été membres fondateurs
de l’Association pour le Tourisme Equitable et Solidaire (ATES) en 2006. Cette dernière représente un
réseau d’acteurs et de spécialistes du tourisme équitable et solidaire avec 27 membres qui couvrent
63 pays et ont organisé plus de 320 voyages. Elle a 3 piliers qui sont : le commerce équitable, la
solidarité internationale et l’économie sociale et solidaire. Ils assurent, respectivement, de rémunérer
de manière juste les acteurs locaux, d’allouer une part du prix des voyages à un projet de
développement et d’allier performance économique et utilité sociale. Les différentes missions de cette
association sont, notamment, de sensibiliser le public français aux voyages solidaires, d’en faire la
promotion auprès des instances internationales et d’accompagner les membres porteurs de projets
en France ou à l’étranger.

19
D’après la présentation sur le site http://boutdumonde.eu/

27
Nous venons de voir que l’offre de tourisme solidaire en France est occupée, pour l’instant, par
des associations. Où en est la demande ?

III.1.2 Le nombre de personnes intéressées ne cessent d’augmenter

Le tourisme solidaire n’est pas encore très démocratisé auprès des Français si l’on en croit l’étude
Tourisme et développement durable. En effet, 6 Français sur 10 confondent encore « voyage
responsable » et « séjour humanitaire » ou « bénévolat ». De plus, seulement 4 % des touristes français
reconnaissaient avoir déjà acheté des produits ou des services relevant du tourisme durable.
Cependant, le nombre d’adeptes augmente considérablement. Ainsi, Parallels and Meridians qui prône
le voyage participatif a eu 225 voyageurs dont 100 qui ont effectivement fait un voyage participatif,
ces 8 derniers mois. De plus, l’association Rencontres au Bout du Monde n’avait que 10 voyageurs à
ses débuts en 2000, mais ce nombre est passé à 175 en 2009 et à 250 en 2015.

Cette croissance fulgurante peut laisser


les voyagistes espérer qu’il s’agisse
d’entreprises ou d’associations. Ainsi,
d’après cette même étude, 30 % des
personnes interrogées, ce qui représente
85 % des touristes français, se déclarent
intéressés voire très intéressés par le
concept du tourisme durable. De plus, 8
personnes sur 10 connaissant ce concept se
disent prêts à voyager de manière durable.
Ensuite, en nous basant sur une étude sur
le profil philanthropique du voyageur
américain20, nous constatons que les
Milleniums (18-34 ans) sont les personnes Age des personnes sondées
qui proportionnellement donnent le plus
que ce soit en argent, en temps ou en nature. De plus, ces personnes ont tendanciellement moins
d’argent, nous rappelle également cette étude. Par conséquent, la jeune génération est prête à utiliser
ces nouveaux services, mais nous pouvons nous demander quel est le réel impact de leurs actions.

III.2 Les impacts du tourisme solidaire en Inde

La contribution au PIB par habitant du tourisme en Inde est d’environ 92 € par personne. Ce chiffre
est près de 32 fois inférieur à la contribution en France : environ 2974 € alors que le nombre de
touristes n’est que 10 fois supérieur (84 millions en France contre 8 millions en Inde en 2015). Outre

20
Charuta Fadnis. Good Travels: The Philantropic Profile of the American Travelers (P. 12) [en ligne]. 2015

28
l’apport monétaire, la contribution, par des actions concrètes, des agences de voyages est censée être
très importante pour les populations locales.

III.2.1 Actions concrètes réalisées par les agences de voyages en Inde

Les membres de l’ATES ne cèdent pas à la pression pour pousser toujours les prix vers le bas,
souvent au détriment des acteurs locaux. Pour ces associations, être un voyagiste responsable signifie
opérer, en France ou à l’étranger, avec des professionnels rémunérés dans le respect des normes
sociales du pays ; de maintenir des relations durables et équitables avec leurs prestataires ; de
privilégier des structures et des moyens bénéficiant aux acteurs locaux et d’informer les voyageurs des
réalités du pays au-delà des clichés touristiques. Ils appliquent donc les principes du commerce
équitable.

Concrètement, l’association Rencontres au Bout du Monde a une dizaine de projets en Inde


comme par exemple le fait de faire du soutien scolaire et de construire des écoles au Ladakh, d’équiper
le village de Photoksar, au Ladakh, en fours solaires ou encore le soutien aux ONGs du Rajasthan, du
Karnataka, et du Kerala concernant les droits des femmes, les droits sociaux, la réhabilitation des sols,
semences et agriculture biologique, la gestion de l’eau, de la santé, de l’éducation, des énergies
renouvelables. Quant à eux, Parallels and Merdians ont plusieurs projets qui vont d’actions simples,
mais très utiles, comme d’apprendre une langue à un chauffeur ou à un guide afin qu’il puisse faire
croître sa clientèle, à des actions plus tangibles comme la participation à la construction et à
l’organisation de restaurant dans le but que les acteurs locaux gardent leur authenticité tout en
profitant pleinement du tourisme. Quel est l’apport réel de ces actions à la population locale ?

III.2.2 Le faible apport réel du tourisme solidaire dans les pays émergents

D’un point de vue mondial, comme du point de vue national, il est très difficile de savoir la part du
tourisme solidaire dans la totalité de l’industrie du tourisme. Cependant, selon la Banque Mondiale,
en 2006, 55 % des recettes du tourisme reviennent aux pays du Nord. Ce chiffre est même sous-estimé
pour de nombreux spécialistes.

Ainsi, le tourisme solidaire soutient des projets dans les pays du Sud à destination des populations
des pays du Sud comme nous l’avons vu précédemment. Outre les projets de protection de
l’environnement, de la flore et de la faune déjà connus, ces projets visent l’assistance aux enfants et/ou
l’insertion des jeunes dans le domaine de la santé, de l’éducation et du sport ; le développement
économique, via une aide à la création et/ou au développement de petites entreprises ; le
développement des infrastructures locales ; l’humanitaire. Néanmoins, la manière de mener les
projets et l’apport local peuvent être en adéquation. En effet, comme le raconte Kristin Lamoureux,
doyenne du centre pour l’hospitalité et le tourisme à New York University, dans un article de
Travel+SocialGood, l’action solidaire de touristes américains est de peindre un mur. Le prêtre du village

29
reconnaissait que cette action n’apportait pas une réelle évolution, mais qu’elle permet aux touristes
d’avoir un sentiment d’accomplissement et surtout d’apporter un gain monétaire pour le village.

Cependant, malgré l’argent que ce type de tourisme peut apporter aux locaux et les nouveaux
emplois qu’il crée, comme l’atteste une étude de Géraldine Frogner, il est décrié par certaines
organisations. En effet, une part croissante des voyageurs souhaite en savoir plus sur les
problématiques locales et comment aider, mais d’ « engager ces nouveaux voyageurs est de plus en
plus important pour… les affaires »21. Le Service Volontaire International va même plus loin en
affirmant que les « entreprises [du tourisme solidaire] utilisent les méthodes commerciales du
tourisme de masse sous couvert de l’image du volontariat international afin de pouvoir faire du profit
sur la misère et la détresse, mais aussi sur [la] bonne volonté et [le] sentiment de culpabilité [des
voyageurs] » ce qui a dégouté certains de ce type de tourisme.

21
Citation originale : « Engaging this new traveler is increasingly important for…business. » Charuta Fadnis.
Good Travels: The Philantropic Profile of the American Travelers [en ligne]. 2015

30
Conclusion
La volonté d’expérience unique est clairement croissante. L’industrie du tourisme a pris en compte
cette attente des touristes et n’est pas restée sur les clichés à propos de ces derniers. L’industrie du
tourisme répond donc présent par plusieurs moyens. Tout d’abord, les agences de voyages qui
proposent toutes des voyages sur-mesure et pour les plus avant-gardistes des voyages où les
voyageurs ont des interactions et même réalisent des actions pour la population locale. Ensuite, les
personnes souhaitant voyager par elle-même ont de plus en plus de possibilités.

La volonté d’expérience est certes croissante mais elle n’est pas pour autant unique. En effet, une
personne qui ne s’est jamais rendue en Asie trouvera impressionnant la vie ambiante en Inde alors
qu’une personne ayant déjà voyagé ou habité en Asie recherchera sûrement quelque chose de plus
intense. Les agences de voyages devraient donc et tentent déjà d’offrir des expériences adéquates à
ces deux types de voyageurs. Ainsi, même si l’on choisit des moyens différents : de passer par une
agence de voyages ou non, on restera tout de même dans le tourisme de masse et on aura
probablement une expérience unique relative à son parcours.

Tout touriste aura un impact de près ou de loin sur la population locale. La question est de savoir
si les agences de voyages et les offreurs modifieront suffisamment leur modèle afin de répondre à
l’envie croissante de la jeune génération d’aider la population du pays visité et surtout en quelle
mesure cette modification sera vraiment bénéfique à la population locale ?

31
Expérience culturelle
Mon choix s’était porté sur l’Asie du Sud-Est pour être confronté à des situations totalement
différentes et vivre une expérience particulièrement exceptionnelle. Ce séjour a vraiment été hors-
norme et, ce, clairement au-delà de mes attentes. Cependant, cela ne s’est pas produit forcément
comme je l’aurais imaginé.

Ainsi, avant de partir à Dhaka, au Bangladesh, je voulais à tout prix trouver un logement car
l’idée de ne rien avoir à mon arrivée, m’effrayait un peu. Je ne dirais pas que cette crainte était justifiée
ou ne l’était pas, mais il s’est avéré qu’il est très facile de trouver un appartement, certes qui ne répond
pas forcément à tous les critères fixés et notamment le coût du loyer. A Dhaka comme à Delhi, on
trouve des offres de logement sur un groupe Facebook. De plus, il y a un grand turnover, ce qui permet,
si l’on n’est pas satisfait par son logement, de changer assez aisément. Une petite différence entre
l’Inde et le Bangladesh, en tout cas entre Delhi et Dhaka, est tout de même notable : à Dhaka, les
expatriés (et riches Bangladais) vivent dans 3 quartiers et à l’entrée de presque tous les immeubles,
également dans d’autres quartiers de la ville, nous trouvons des gardes pour ne pas laisser rentrer
n’importe qui dans l’immeuble. Alors qu’à Delhi, il y a certes la partie Nord c’est-à-dire Delhi qui est
plus pauvre et populaire et la partie Sud, New Delhi qui est plus aisée, mais où les étrangers et les
Indiens de différentes classes sociales sont mélangés. De plus, les immeubles ne sont pas gardés
individuellement. La plupart des quartiers ont des grilles qui sont fermées la nuit, seules quelques-
unes restent ouvertes, et les quartiers résidentiels ont des gardes à l’entrée de chaque rue pour garder
le calme, la sérénité et la sécurité dans les rues du quartier.

En matière de
sécurité, je ne me suis jamais
senti aussi sûr qu’en Asie.
Enfin, c’est un peu vite dit
peut-être, le poids de la
misère était clairement
palpable au Bangladesh, les
personnes n’étaient pas
agressives mais
s’accrochaient quand même
à nos bras pour avoir de
Un enfant-mendiant, dont on voit la main, qui s’est accroché à l’arrière
l’argent et on pouvait voir
que les auto-rickshaw22, qui de notre rickshaw (Dhaka, le 25 juin 2016)

étaient d’ailleurs grillagés,

22
Tricycle motorisé servant généralement de taxi. On utilise généralement simplement « auto » ou
« rickshaw » en Inde, « CNG » au Bangladesh et « tuk-tuk » en Thaïlande.

32
avaient des traces de cutter dans la toile… Mais qui suis-je pour juger ? Ces personnes ne vivent pas
dans la pauvreté mais dans la misère et le réel danger n’est, pour les étrangers, finalement,
aucunement venu de cette population-là. Ainsi, à Delhi, mais également lors de mes voyages en Inde,
pendant les weekends, je ne me suis jamais senti en danger ou insécurité, quel que soit l’heure du jour
ou de la nuit. Par contre, j’ai eu une fois particulièrement un malaise, pas de peur, mais plutôt d’une
certaine honte. En effet, je rentrais de soirée en rickshaw et le chauffeur n’avait pas pris la route
habituelle et les routes, où nous étions, étaient fermées. J’ai donc dû finir le chemin à pied et je devais
passer par des sortes de bidonvilles où les gens dormaient sur des planches de bois ou même sur une
chaise à l’extérieur. J’ai été mal à l’aise d’être confronté à une réalité qui n’est pas la mienne, j’avais
passé la soirée avec des amis et je me rendais compte que ces personnes qui venaient, par exemple,
de vendre des fruits ou d’avoir conduit un auto-rickshaw toute la journée, essayaient de trouver le
sommeil par la chaleur ambiante de la rue. Il y a une grande différence entre avoir une idée, savoir,
être conscient de ce que l’on va voir ou vivre et y être réellement confronté.

Cependant, j’ai réussi à m’adapter à la vie sur place, malgré la pauvreté visible, les inégalités
ambiantes, et à avoir un quotidien vivable. Il est, par exemple, très facile d’obtenir une carte SIM et la
3G marche bien de partout ou presque, en Inde ou au Bangladesh. Par exemple, j’ai même pu appeler
mes parents par WhatsApp, depuis Sreemangal, à 200 km (5 heures de voiture) de la capitale Dhaka,
un certain 1er juillet dans la nuit23. Ensuite, pour ce qui est d’acheter des denrées, à Delhi, il est possible
d’acheter de tout un peu partout dans la rue, sur les marchés. Si l’on veut aller dans une vraie
superette, on en trouve beaucoup également. Il n’est pas facile de trouver des produits spécifiques
exportés, comme du fromage, ou c’est très cher mais on peut acheter suffisamment de produits pour
se faire bien à manger. Quelques produits m’ont surpris. Avec mon colocataire, nous avions acheté de
la sauce « Hot and sweet », qui n’est pas très forte en France, et avons été très étonnés par le goût
très pimenté : ce qui est après coup totalement logique. Enfin, concernant les transports quotidiens,
bien évidemment, c’est très différent et peut être choquant mais je m’y suis vite fait. Le plus difficile
pour moi a été d’être « obligé » de, tout le temps, prendre le rickshaw ou un Uber. La marche est une
option que si c’est utilitaire car il faut être constamment concentré, en alerte pour éviter les motos,
les rétroviseurs des voitures et parfois les vaches. J’arrivais tout de même à rentrer du travail en
marchant. Néanmoins, ce point m’a tout de même gêné, on rentre vite dans une routine (peut-être
est-ce la vie professionnelle également ?) maison – rickshaw – travail – rickshaw – maison – salle de
sport ou Uber/ rickshaw – sortie… J’avais besoin d’aller les weekends quand j’étais à Delhi, dans un
parc pour courir au grand air, malgré l’extrême pollution.

23
J’ai tenu à appeler mes parents, juste après les attaques pour qu’ils ne l’apprennent pas par la presse et
prennent peur inutilement

33
En outre, je peux dire que, dans l’ensemble, ce n’est pas tant le cadre de vie qui m’a posé
problème, j’ai trouvé même qu’il était assez facile de s’y faire, mais ce sont plutôt les personnes que
l’on côtoie qui rendent l’expérience quelque fois difficile mais du coup très intéressante.

Des vaches au milieu de la chaussé et les voitures, rickshaws, motos qui zigzaguent sur la route, que
j’empruntais pour revenir au travail (Delhi, le 6 septembre 2016)

Le paradoxe indien

J’ai eu le sentiment que les Indiens sont à l’image de l’Inde et représentent tout un paradoxe.
Bien sûr, j’étais chez eux donc c’est à moi de m’adapter mais il n’empêche que certaines situations ont
été surprenantes ou sont devenues énervantes. Par exemple, on arrivait en rickshaw à un gros
carrefour et les voitures et rickshaw d’un côté comme de l’autre ne se posaient pas trop de questions
à tel point que nous pouvions rester vraiment bloqués. Dans ces moments-là, j’avais parfois envie de
dire « Ce ne serait pas plus facile de passer l’un après l’autre ? ». Réaction bien occidentale, certes,
mais il est difficile de cacher tous les jours d’où l’on vient. De même, les Indiens ne connaissent pas le
« principe » de faire la queue à la caisse du supermarché ou lorsque qu’il y a beaucoup de monde en
groupe, ils ne se gênent pas pour pousser. Même avec de la tolérance, ces situations à répétitions
dans un court lapse de temps peuvent énerver. Mais à l’inverse, lorsque l’on a une question, que l’on
cherche son chemin, par exemple, les Indiens sont ravis d’aider et prennent même sur leur temps pour
nous accompagner. D’un côté, cela fait oublier toutes les fois où j’ai pu être un peu énervé par leur
« manque de logique » (de mon point de vue) et d’un autre côté, ça fait réfléchir pour savoir en quelle
mesure je ferais de la même façon en France : en principe oui, en pratique rien n’est moins sûr…

Delhi vs Dhaka : la « petite ville » vs le « village de campagne »

Cette comparaison n’a aucun rapport avec la taille et le nombre d’habitants des deux villes,
mais avec la façon dont j’ai ressenti mon intégration et les gens que je côtoyais. A Dhaka, j’ai eu la
chance d’être accueilli royalement par un ancien de GEA Grenoble, qui m’a présenté à ses amis. Locaux
ou étrangers, ils se sont tous montrés extrêmement accueillants. Je sentais clairement une entraide
commune. On m’a plusieurs fois invité à des soirées où je ne connaissais qu’une ou deux personnes et
pas forcément la personne qui organisait, mais cela ne dérange aucunement. Tout le monde est passé

34
par là et connait la difficulté d’arriver (et de rester) au Bangladesh si l’on n’est pas entouré. Ainsi, cela
correspondait à l’image du village de campagne où tout le monde se connaît, au moins indirectement,
et est prêt à s’aider, se soutenir, être de bonne volonté et avoir de vraies relations. Avec la plupart des
personnes que j’ai rencontrées au Bangladesh, j’ai l’impression d’avoir tissé des liens forts et pas
nécessairement liés aux attaques qui nous ont tous bouleversés. A l’inverse, à Delhi, on côtoie
beaucoup plus de monde, mais j’ai trouvé dans un premier temps que les relations étaient très
superficielles. Toute la sphère « expat-étrangers-indiens middle & high class » se connait mais je n’ai
pas senti directement cette chaleur réelle qui régnait à Dhaka. Cependant, une fois que j’ai commencé
à me sentir chez moi, j’ai réussi à trouver des personnes très chaleureuses également et j’ai créé des
liens très forts avec mes collègues ou mon colocataire notamment.

Une soirée qui a donné un autre visage à mon séjour et changé ma vie

Le premier jour de la semaine nationale de vacances pour l’Aïd, la fin du ramadan, où j’étais
parti avec 11 amis de la Grameen Bank, un attentat a eu lieu à Dhaka dans l’un des trois quartiers
d’étrangers, perpétré par des Bangladais riches ayant été élevés à l’occidentale. J’étais le seul des
douze à avoir un appartement dans ce quartier, mes amis ne restaient que pour un ou deux mois et
étaient donc à l’hôtel près de la Grameen Bank, loin de ce quartier. J’ai donc été particulièrement
effondré par les attaques car elles ont eu lieu à 5 min de chez moi. J’ai beaucoup apprécié l’entraide
et le soutien mutuel qu’il y a eu entre nous. Cependant, on a pu voir que les réactions étaient
différentes, pas tant au niveau des personnalités mais surtout des nationalités. Dans notre groupe, il y
avait trois Américains, un Vénézuélien étudiant aux États-Unis, un Japonais et six Européens (deux
Français, deux Italiens, un Allemand et un Suisse). Les Américains étaient clairement « réactifs ». Ils
voulaient que nous quittions le pays au plus vite, ils étaient en contact avec leur ambassade plusieurs
fois par jour. Le plus impressionnant était que le Ministère de la Défense américaine connaissait les
identités de toutes les personnes du groupe, le soir même des attaques. Cela donnait l’impression
qu’ils étaient prêts à nous évacuer tous. On pourrait dire qu’il s’agit d’aide, mais je l’ai plutôt ressenti
comme une volonté de montrer la toute-puissance américaine, j’étais mal à l’aise. A l’inverse,
l’Ambassade de France que j’ai eue au téléphone, le lendemain matin des attaques, m’a dit qu’il ne
fallait pas paniquer, qu’il fallait simplement respecter à la lettre les consignes qui étaient écrites sur le
site internet et qu’elle nous donnerait des consignes supplémentaires plus tard. Même mot d’ordre du
côté allemand ou suisse et même pour les Italiens dont 9 ressortissants sont décédés lors des attaques.
Le fait que l’Ambassade italienne dise à nos amis de retourner à Dhaka et d’attendre qu’ils analysent
la situation, a fait se lever une question à notre ami vénézuélien : « Les Européens, n’en avez-vous rien
à faire de la sécurité ? ». Nous avons eu une discussion très intéressante où je lui ai notamment
expliqué qu’en Europe nous étions plutôt « analytiques ».

Toutes ces rencontres m’ont fait beaucoup réfléchir et m’ont beaucoup appris. Mais ces 6 mois
ont été d’une grande intensité. Le message que j’ai envoyé à ma famille dans l’avion du retour en
témoigne bien.

35
« Bonjour à tous,
[…]
Je repensais à mon expérience et me disais que si l'on me demandait comment c'était, j'aurais du mal
à répondre brièvement à part par ‘’Extraordinaire’’ car oui c'est le cas pour le coup.
[…]
A- ‘’Mon expérience a été à la fois la plus dure, mais également la plus bénéfique, formatrice et pour
sûr la meilleure expérience que je n'ai jamais vécue.’’

1) Je me sens plus Bangladesh qu'Inde. J'ai passé plus de temps en Inde et ce pays ne m'a pas laissé
indifférent mais le Bangladesh était mon pays, le pays que j'avais choisi.

2) Objectivement, la vie quotidienne est loin d'être facile en Inde. Le contexte qui m'a obligé à m'y
rendre contre mon gré n'a pas arrangé les choses.

- Je peux dire ‘’Thanks God, I am still alive’’24 suite aux attaques de Dhaka. Je me rends vraiment compte
maintenant et ai eu les larmes aux yeux en me le disant.

- Du 5 juillet, quand on est rentré de vacances et que j'ai quitté mes potes de la Grameen Bank avant
qu'ils ne partent au Népal, jusqu'au 4 août, après mon trek au Népal ou au 9, mon arrivée (la ‘’vraie’’)
en Inde, ça a clairement été le mois le plus horrible de ma vie.
Malgré l'aide et la présence à distance de mes proches et le très bon accueil de ma pote Anaëlle, j'étais
entièrement livré à moi-même. Je me demandais ce que je faisais sur Terre. Aucune idée noire je vous
rassure, mais simplement ce que littéralement j'étais censé faire sur Terre, j'étais dans une impasse.

- Si on classe le chaos, bordel dans un pays, l'Inde est beaucoup moins pire que le Bangladesh donc
aucun souci d'adaptation mais ça reste l'Inde donc il y a quand même eu des coups durs. Parfois, les
émotions liées aux attaques me revenaient dans la ‘’gueule’’ sans prévenir.

- Mais c'était ma décision d'aller dans ces pays, j'avais la volonté de voir autre chose, de changer en
quelque sorte. Une phrase dit ‘’If you want to change, you have the will to be uncomfortable’’25. C'est
ce qui a rendu en partie cette expérience si belle.

- Je suis doublement chanceux d'avoir vécu cette expérience hors norme.


1. Je n'ai que 19 ans et ça rend en quelque sorte cette expérience encore plus exceptionnelle. J'ai dû me
débrouiller tout seul (avec de l'aide à distance certes), faire mes propres choix et les assumer ainsi que
leurs conséquences. --> Ça m'a forgé
2. Pour le reste de ma vie, j'ai réussi à trouver du confort et du bien-être, bonheur, dans l'inconfort de
Delhi et de l'Inde. Je suis donc très adaptable et n'ai en aucun cas envie d'avoir une vie bien rangée dans

24
« Dieu merci, je suis encore en vie »
25
« Si vous voulez changer, vous avez la volonté d’être dans l’inconfort »

36
mon confort (occidental) et ça annonce donc, je l'espère, une vie pleine de rebondissements et en aucun
cas monotone.
Bref, I lived in Dhaka and Delhi.

Merci de m'avoir accompagné dans ces choix.

Et pour conclure, je peux reprendre la phrase que Manu26 a utilisée l'autre jour ‘’Great things never
came in the comfort zone’’27 (mais également jamais sans le soutien sincère des proches). »

Un des aléas en Inde : les rues inondées après de grosses pluies pendant la période de la mousson (Bénarès,
le 24 septembre 2016)

26
Surnom de mon grand frère, Emmanuel
27
« Les grandes choses ne viennent jamais de zones de confort »

37
Bibliographie
Ouvrages

 Arjun Kumar Bhatia. International Tourism Management. Edition Revisée. Sterling


Publishers Private Limited, 2006
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fragile. IN Courrier International [en ligne]. Publié le 25/01/2011. Disponible sur :
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http://www.tourismesolidaire.org/ [Consulté le 21 janvier 2017]
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http://www.evaneos.com/inde/expressquote/?traveler=alone&dates=2017-02-02
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[en ligne]. 2016. Disponible sur : http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/conseils-aux-
voyageurs/conseils-par-pays/inde/ [Consulté le 26 novembre 2016]
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[Consulté le 20 novembre 2016]
 Rencontres au Bout du Monde. Rencontres au Bout du Monde [en ligne]. Disponible sur :
http://boutdumonde.eu/ [Consulté le 21 janvier 2017]

40
Annexes
Annexe 1 – Interview de Charandeep Singh, Hôte Airbnb à Delhi (29/11/2016)
Depuis quand accueillez-vous des personnes avec Airbnb ? Tous les combien de temps avez-vous des
hôtes ?
J’accueille des personnes avec Airbnb depuis 1 an et demi mais j’en accueillais avec « couch surfing »
avant. J’ai des hôtes depuis 2 ans et demi au total. J’accueille toujours les deux mais principalement
des hôtes d’Airbnb afin de gagner un peu d’argent supplémentaire.
Désormais, ça fait un an et demi et j’ai de bonnes critiques. Je suis donc toujours réservé en avance.
Par exemple, je suis plein en décembre et en janvier et j’ai déjà quelques réservations pour février.
Quand j’ai de la place, je la donne aux « couch surfers » mais quand je n’en ai pas, soit je ne les accueille
pas ou je leur propose de rester dans le salon.

Combien de personnes avez-vous accueillies avec Aibnb ?


Je ne peux pas compter exactement, mais je peux vous donner une idée avec les critiques que laissent
les hôtes sur Airbnb. Sur mon profil Airbnb, j’ai 150 critiques, mais certaines personnes ne laissent pas
de commentaires, ainsi on peut dire environ 180 personnes. Ensuite, j’ai 130 critiques sur Couch
Surfing donc j’ai dû avoir 150 hôtes donc 350 environ en tout sur 2 ans et demi.

Ce nombre a-t-il augmenté depuis que vous avez commencé à accueillir du monde ? Pensez-vous
que de plus en plus de personnes réservent des logements via Airbnb ?
Je ne peux pas comparer ces 5 dernières années mais sur ces derniers 2 ans et demi, j’ai le sentiment
que le nombre de personnes a augmenté. De plus, je réalise que pour la saison prochaine, l’hiver
prochain, je chercherai peut-être à louer un second appartement parce que je dois maintenant refuser
des personnes parce que je suis complet. Des personnes que j’accueille quand ils arrivent en Inde,
passent une ou deux nuits et voudraient revenir à la fin de leur séjour mais ils ne peuvent pas, je n’ai
plus de place, tout a été réservé. Parfois, je leur propose de dormir dans le salon et ils acceptent car ils
ne veulent pas aller ailleurs.

Concernant vos hôtes, les accueillez-vous simplement ou leur recommandez-vous des lieux à voir et
des expériences ?
En principe, je suis juste censé uniquement les accueillir mais je fais de mon mieux pour être avec eux.
Le matin, avant de partir au travail, je leur fais un plan pour la journée, je leur écris sur un papier où
aller et comment se rendre à ces endroits, combien ils devraient payer le tuk-tuk, où ils devraient
manger. Ainsi, je les conseille et je leur demande d’être de retour à 18 h, quand je rentre du travail
afin que nous puissions manger ensemble. « Full package ».

Pour vous, comment Airbnb pourrait-il améliorer ses services ?


Ces dernières 2 années et demie, Airbnb s’est continuellement amélioré, en apportant de nouvelles
particularités. Ils essayent de répondre au mieux d’après le retour des gens. Je peux donc clairement
dire qu’ils améliorent leurs services mais ne font pas uniquement des améliorations, ils ajoutent de
nouvelles particularités, de nouvelles offres. Quelques jours auparavant, ils ont lancé un service appelé
« expériences ». Un ami m’en a parlé, je me suis donc inscrit et ai réservé le package « vie nocturne ».
Ils vont revenir vers moi dans 4 semaines et peut-être que je commencerai à emmener des gens en
soirée. Je suis également intéressé pour leur montrer la ville. Je réserverai peut-être un autre package
« organisateur de tour de la ville » car je veux vraiment apprendre sur l’industrie du tourisme. Mes
plans futurs pourraient être d’ouvrir une auberge, je ne sais pas encore ou une petite agence de
voyages. Essayer de donner une réponse aux besoins des voyageurs à un même endroit.

41
J’avais pris connaissance de ces nouveaux services : des « lieux » dans un guide interactif avec des
recommandations des utilisateurs ou des hôtes et des « expériences » proposées par les hôtes.
Pensez-vous que ça peut marcher ?
Je pense que oui. J’étais très content en apprenant ces nouveautés. J’accueille déjà des hôtes et leur
propose déjà ces services en quelque sorte. Si des gens veulent réserver ces services, je serai ravi. Je
gagnerai plus d’argent, mais ce n’est pas l’essentiel, c’est à propos de l’expérience car pour moi c’est
normal de le faire, je le fais déjà. Je leur dis les endroits où aller, je leur réserve des tickets de train s’ils
ont un problème.

Pensez-vous qu’Airbnb, grâce à ces nouveaux services, peut devenir un vrai concurrent des agences
de voyages et cela représenterait-il un danger pour elles ?
Je ne sais pas quels sont les plans d’Airbnb pour le futur mais actuellement Aibnb offre uniquement
des logements alors qu’une agence de voyages fait beaucoup plus. Ils ne font pas que réserver le
logement et le transport, ils arrangent tous les plans de voyages, ils vous guident et vous trouvent un
guide, ils font tous les itinéraires pour vous en avance. Personnellement, je le fais également pour les
gens que j’accueille, mais tous les hôtes ne le font pas, ils n’ont pas le temps. Je le fais parce que j’aime
ça. La plupart des hôtes ont de la place en plus et veulent donc profiter de cette place supplémentaire
pour de l’argent. Pour moi, une agence de voyages est un gros concept et Airbnb un seul concept pour
l’instant. Je ne pense pas que dans les prochaines années proches Airbnb puisse être dangereux pour
les agences de voyages. J’ai le sentiment qu’il y a 2 types de voyageurs : les voyageurs à petit budget
(« budget travellers ») et les voyageurs à gros budget (« rich travellers »). Les voyageurs à petit budget
sont principalement des jeunes de 19 à 25 ans. Ils sortent tout juste de l’université, ont de l’argent et
veulent voyager. Mais ils n’ont pas tant d’argent, ils veulent voyager pour pas cher. Ils ne peuvent donc
pas s’offrir les services d’une agence de voyages. Ils vont sur internet, regardent et réservent un Airbnb
et partent comme ça. À l’inverse, il y a des gens qui sont déjà installés, avec une situation stable, qui
ont la trentaine ou la quarantaine et ont plus d’argent. Ils veulent avoir une expérience, ils ne veulent
pas dormir n’importe où, mais dans une maison. Ils veulent également du confort parce qu’ils sont
prêts à mettre le prix pour et les agences de voyages leur donnent ce confort. Airbnb peut ou ne peut
pas. Par exemple, je peux donner du confort à mes hôtes mais pas du luxe. Certains Airbnb sont très
luxueux, comme des hôtels. Par exemple, au Rajasthan, il y a certaines Havelis qui sont des hôtels et
également des Airbnb. Ils offrent certes les 2 services également mais je pense que les agences de
voyages font bien plus. Ils peuvent avoir leurs propres clients qu’Airbnb ne peut pas atteindre.

Avec ces nouveaux services, Airbnb a la volonté de concurrencer les agences de voyages …
J’ai le sentiment que les agences de voyages peuvent fournir un tour pour un pays entier ou une région.
Airbnb est plus local. Ainsi, si vous voyez ces services et que vous réservez une nuit et ces services,
vous devrez quand même vous occuper des tickets de train Delhi – Agra par exemple et de trouver
quelqu’un pour vous récupérer à la gare. Les agences de voyages peuvent donc faire un meilleur travail
que les hôtes Airbnb. Si je suis prêt à mettre le prix, je veux n’avoir aucun problème, je veux que tout
soit planifié. Un jeune est prêt à dormir dans un train, à avoir moins de confort. Cependant, vous
pouvez différencier ces personnes, celles qui voyagent avec des agences de voyages sont des touristes
et celles qui voyagent avec Airbnb sont des voyageurs. Un voyageur est plus fou, prévoit moins dans
sa tête alors qu’un touriste, parce qu’il paye, veut que tout soit planifié de A à Z.

42
Annexe 2 – Preamble of ASTA’s Principle of Professional Conduct and Ethics (1996)
We live in a world in which travel has become both increasingly important and complex in its
variety of modes and choices. Travelers are faced with a myriad of alternatives as to transportation,
accommodations and other travel services. Travelers must depend on travel agencies and others in
the industry to guide them honestly and competently. [Similarly, carriers, hotels and other suppliers
must provide to the traveler the product as it was advertised. All ASTA members pledge themselves to
conduct their business activities in a manner that promotes the ideal of integrity in travel and agree to
act in accordance with the following Principles of the ASTA Code of Ethics. Complaints arising under
this Code should be filed in writing with the ASTA Consumer Affairs Department.]

43
Annexe 3 – Interview de Ravi Bhandari, « Chief Inspiration Officer » de Parallels and Meridians
(21/11/2016)
Depuis combien de temps travaillez-vous dans l’industrie du tourisme et dans quel département ?
Je travaille dans l’industrie du tourisme depuis plus de 12 ans. Tout d’abord, j’ai commencé pour les
clients britanniques puis je suis passé aux autres clients européens. Je me suis ensuite principalement
occupé des personnes qui voyageaient dans les pays asiatiques, en priorité l’Inde, le Népal, le Sri Lanka
et le Bhoutan. La plupart du temps, j’ai été responsable pour les ventes et les opérations.

P&M est la première entreprise à proposer des voyages participatifs. Pouvez-vous nous expliquer en
quoi ça consiste exactement ?
Quand je voyageais d’une ville à une autre avec des clients, j’avais la sensation que les personnes qui
voyageaient en Inde ou en Asie ou même dans tout pays étranger, ont leurs propres ressentis comme
par exemple comment on aurait fait ceci ou cela dans son pays. J’ai pensé qu’il était très important
pour nous, les agences de voyages ou les pays, d’avoir un engagement avec les voyageurs et les
communautés locales. Je me suis toujours posé la question suivante : peut-on apprendre également
quelque chose des étrangers ? Oublions les dollars ou les euros, je ne suis pas fan de ces pratiques
quand les gens viennent et donnent 10 ou 15 € puis repartent. Je parle du temps. Si je tiens un
restaurant, dans une partie du monde reculée, qui ne marche pas très bien et qu’un chef voyage dans
mon pays et dit « Ok, je vais passer une heure avec vous pour vous aider à faire ce plat plus présentable
ou plus goûteux. » C’est le concept des voyages participatifs. C’est très important pour nous. D’autres
entreprises le font, mais je ne sais pas dans quelle mesure. Pour nous, c’est quelque chose que l’on fait
directement avec les locaux sans passer par l’intermédiaire d’organisations caritatives où on se rend
pour faire un don de vêtements ou d’argent à l’organisation caritative qui le transmettra aux locaux.
Cet aspect charitable n’est pas notre métier. Je pense que les voyages participatifs ne sont pas
uniquement d’apprendre à des enfants le Français ou de donner des conseils à un photographe mais
également la joie que l’on a à apprendre à ces personnes. C’est phénoménal, exceptionnel, ça n’a pas
de coût. C’est ce que j’ai envie de faire.

Ce concept est-il dû à une modification de la demande ? Les clients veulent-ils plus d’expérience
maintenant ?
Bien sûr, une demande de voyage sur deux souhaite que son voyage comporte une activité
participative où il n’y a pas une transmission de connaissances dans un seul sens mais un échange, un
dialogue, une sorte d’engagement avec la communauté. Les gens apprécient beaucoup ces activités.
Auparavant, les gens voulaient également vivre une expérience et je dois dire que nous ne devons pas
considérer les voyageurs rassasiés et leur montrer uniquement ce que nous voulons. Ce temps est
révolu. Aujourd’hui, avec internet tout le monde est conscient des réalités sur place. Pour nous, il est
très important de voir comment nous pouvons accompagner les clients dans ces expériences.
Comment les étrangers se sentiraient si nous les emmenions dans un village, que nous marchions 2
heures et avions un pique-nique ? Ils seront bouleversés, fatigués. Ce sont des idées préconçues. Nous
faisions les choses comme nous pensions que les clients aimeraient mais ce n’était pas le cas. Les gens
sont très entreprenants, ils viennent et veulent explorer, ainsi toutes ces activités participatives ou
toutes les expériences proviennent également des clients étrangers. C’était déjà un peu le cas avant
mais aujourd’hui, tout le monde parlent d’expériences. Les clients veulent vivre une expérience.

En termes d’expérience, pensez-vous que les agences de voyages peuvent aller plus loin et
comment ?
Evidemment. Ne serait-ce que mon expérience en France il y a 10 ans. J’étais à Paris pour 11 jours mais
je n’avais toujours pas l’impression d’avoir vu l’ensemble de Paris parce que cette ville a beaucoup à
offrir. Lorsque je suis revenu et que j’ai rencontré des Français en Inde, j’avais l’impression d’avoir
manqué tellement d’endroits. Ainsi, si on commence à considérer qu’une ville a une limite, alors on

44
n’est pas juste avec cette ville. Par exemple, Delhi est considérée comme une ville de transit. Avant,
les gens restaient 3 nuits à Delhi puis petit à petit, les gens ont commencé à ne plus rester qu’une nuit.
En tant qu’agence de voyages, nous devons encourager les gens à rester plus longtemps à Delhi. Tout
dépend de comment nous voulons présenter les programmes. Dans nos programmes, nous proposons
des spectacles culturels, des séances de cinémas indiens ou des musées en soirée. C’est le genre de
choses que les gens apprécient, c’est important.

De plus en plus de personnes voyagent. Pensez-vous que le tourisme de masse représentera-t-il un


frein à l’offre d’expérience aux clients ?
Je ne pense pas car toutes les découvertes ont été faites par une seule personne ou un groupe de
personnes. Ils partent, explorent et disent « Nous avons trouvé quelque chose de nouveau », puis les
gens commencent à les suivre et le tourisme de masse commence. Mais même avec le tourisme de
masse, les gens font des activités raisonnables, ils vont à un endroit et en profitent en faisant des
choses très intéressantes au sein de cette activité, c’est suffisamment juste. Prenons comme exemple
la Tour Eiffel. Chaque jour, tellement de personnes viennent pour la voir et y passer du temps. Il s’agit
bien de tourisme de masse mais cela ne veut pas dire que l’on peut ne pas la visiter, c’est un « must ».
Cependant, si je participe à ce tourisme de masse en envoyant une centaine de milliers de personnes
en France ou à la Tour Eiffel, je dois penser en quoi je peux organiser les visites différemment ?
Probablement, nous pouvons prévoir la visite de la Tour Eiffel le matin, mais faire d’abord un footing
à côté de la Tour Eiffel au lieu de commencer la visite à 10h jusqu’à 17h comme la plupart des autres
touristes. Ou nous pouvons faire une marche de nuit près de la Tour Eiffel. Cela dépend de nous. Si on
a 20, 50, 100 personnes qui voyagent avec soi, on doit trouver un moyen de leur faire vivre cette
expérience qui est célèbre au sein des touristes d’une manière différente. Il s’agira d’un tourisme de
masse un peu différencié, ce qui représente un bon équilibre.

Que dire d’entreprises comme Airbnb ? Représentent-elles une concurrence pour les agences de
voyages ?
Je ne pense pas parce pour moi ce sont 2 approches différentes de l’industrie du tourisme. Airbnb a
un style de travail fantastique, ils ont ces « Bed & Breakfast » et donnent beaucoup de liberté aux gens,
ce ne sont pas des hôtels. C’est un concept très puissant mais qui, en même temps, n’empiète pas sur
le business des agences de voyages parce qu’ils ne couvrent pas les spécificités des pays. Par exemple,
l’Inde est un pays très chaotique. Personne ne peut voyager en Inde en restant simplement dans un
Airbnb ou simplement en réservant un logement et dire ensuite « Ok, je vais en Inde et j’organise moi-
même ». Bien sûr, il y a un certain pourcentage, probablement des « bagpackers » ou des personnes
qui sont plus aventurières, ils réservent uniquement la première nuit et ils voient ensuite ce qu’ils
feront. Néanmoins, ce n’est pas une part représentative de l’industrie du voyage. 100 000 personnes
viennent en Inde et veulent être en sécurité comme par exemple les femmes en solo ou les familles.
Ils ont besoin d’avoir un voyage détaillé fait par une agence de voyages. Chacun a ses parts de marché.

Concernant la sécurité, je comprends tout à fait et suis d’accord, cependant Airbnb souhaite
désormais proposer des services d’agences de voyages: des « lieux » dans un guide interactif avec
des recommandations des utilisateurs ou des hôtes et des « expériences » proposées par les hôtes.
La création de ces services change-t-elle votre point de vue ?
Le business deviendra plus compétitif. Quand les gens ont plus d’informations, on doit leur offrir de
nouvelles expériences pour rester en avance sur la compétition. Mais en même temps, lorsque l’on a
plus de choix, on est plus confus. C’est également quelque chose de sûr. Ainsi, les organisations de
voyage conventionnelles ne mourront jamais. Les gens qui veulent voyager par le biais de tours
opérateurs et réserver en avance, parler à des experts locaux et avoir un tour conçu pour eux
continueront à faire de la sorte, ça ne s’arrêtera pas. De plus, 50 ou 60 % du business se passent en
ligne mais les agences physiques ou tours opérateurs ont toujours des parts de marché, même si l’on
pensait que les agences offline mourraient.

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Résumé
Dans ce mémoire, nous avons abordé différents types de tourisme, de manières de voyager et
essayons de voir en quelle mesure le tourisme offrait une expérience unique. Nous avons donc vu que
le tourisme de masse était un réel essor économique pour de nombreux pays, notamment les pays
émergents comme l’Inde. Cependant, il faut être vigilent à l’impact que l’on laisse sur l’écosystème et
la sphère socio-culturelle. Soyons responsable. De plus, l’envie d’expérience unique peut se manifester
de plusieurs manières. Pour certains, il s’agit d’essayer d’améliorer les conditions de vie des
populations locales grâce au tourisme solidaire. D’autre, préfèrent partir par eux-même avec des
plateformes comme Airbnb. Enfin, l’industrie du tourisme et les agences de voyages en général doivent
prendre en compte toutes ces données pour le tourisme de demain.

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