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Démonologie tibétaine

En astrologie tibétaine il existe un grand nombre


de démons, de déités locales et d’esprits élémentaires. Les plus connus sont les Nâgas ou Lou, les
Mamos, les Gyalpo, etc. Selon certaines  sources, le nombre de forces démoniaques correspond au
nombre d’émotions perturbatrices, soit 84 ‘000. Nous distinguons les démons extérieurs qui causent
des obstacles extérieurs, il s’agit ici de nos problèmes liés  à toutes les interactions que nous avons
avec le monde extérieur telles que nos ressources financières,  notre habitation, notre nourriture,
notre voiture, notre ordinateur, etc. Les obstacles de type intérieur qui sont causés par les maladies
et les perturbations énergétiques internes, un mal de tête ou de dos, une fièvre ou encore un cancer
sont des obstacles internes. Et enfin les obstacles secrets, qui sont nos pensées et nos émotions
perturbatrices, se manifestant aux travers de nos névroses, nos peurs inconscientes, nos problèmes
psychologiques, nos haines refoulées, nos confusions, nos pièges affectifs, etc. En tibétain nous les
appelons les gDon  que l’on peut traduire par démons ou effets malins. Les gDon sont rangés sous
le nom plus vaste de bGegs, terme qui signifie littéralement obstacle ou obstruction. Dans les
Soutras, on parle de 84’000 bGegs, ou impuretés mentales, ou encore des 84’000 maladies qui en
découlent. Généralement les bGegs sont classés en trois groupes :
1. Les esprits démoniaques d’en haut, qui sont  les effets négatifs des énergies planétaires, elles
peuvent causer l’épilepsie, la paralysie soudaine, les tics, les crispations nerveuses des membres,
l’apoplexie et les attaques. Le traitement par les mantras et les rituels est recommandé. Ces forces
attaquent surtout le système nerveux et frappent brusquement, des évanouissements soudains sont
par exemple un de leurs symptômes. Elles incarnent un poison obscurcissant et voyagent au travers
du temps et l’espace. Ces forces démoniaques frappent périodiquement et ces périodes dépendent
des relations planétaires qui sont calculées à l’aide de l’astrologie.
2. Les esprits démoniaques d’en bas, sont les effets négatifs des esprits-serpents, les Nâgas, ils
causent la lèpre et une multitude d’autres maladies et perturbations. La lèpre est décrite comme la
maladie causée en raison de l’irréparable mauvais karma de l’humanité. On peut étudier leur cycle à
l’aide de l’astrologie.
3 Les esprits démoniaques du milieu causent les maladies mentales de la légère dépression à la folie
complète. Ils attaquent le centre psychique du cœur où les consciences résident et engendrent la
perte de contrôle de l’esprit. Ces forces entrent par le canal énergétique des annuaires et des 4 ème
doigts de pieds. Ils sont de trois types : masculin (colère), féminin (attachement) et neutre
(ignorance). Ils sont classé en 4 groupes : 1. Démons royaux 2. Démons aristocratiques 3. Démons
populaires 4. Démons bouchers qui sont les plus agressifs. Le moyen le plus efficace sont les
mantras et la méditation pour traiter de telles maladies. L’astrologie permet de distinguer de quel
type de démon le patient est victime, grâce à l’étude des cycles qui indique les périodes durant
lesquelles les démons ont davantage de force.

Nous retrouvons également dans notre culture une foule de déités populaires telles que les nains, les
elfes, les gnomes, les goblins, les trölls, les nymphes, les satyres, etc. En astrologie tibétaine, ces
forces naturelles des lieux, des arbres, des montagnes et des éléments sont attachées à la terre et
reliées aux planètes et aux constellations. Par conséquent toutes sont soumises à des cycles de
manifestation et de déplacement annuels, mensuels et journaliers que nous pouvons calculer à l’aide
de l’astrologie. Afin de ne pas perturber ces forces l’homme doit être attentif et veiller à ne pas
perturber de telles forces s’il désire conserver une relation harmonieuse avec la nature. Si l’homme
perturbe ces esprits, ils sont susceptibles de provoquer de mauvaises récoltes, la maladie, ou encore
s’attaquer au bétail, à nos richesses, etc. L’astrologie nous permet dans ce cas de respecter une sorte
« d’écologie magique » en maintenant des relations harmonieuses avec les déités locales, ou
planétaires. Dans la plupart des rituels tibétains on retrouve ces déités, auxquelles nous faisons des
offrandes. Parfois certaines déités deviennent des protecteurs après avoir été soumises et avoir
établies un serment avec un grand maître, tel que cela s’est produit avec Padmasambhava lors de
son arrivée au Tibet, où il lia par exemple par serment le Seigneur des épidémies et de la peste, le
roi des esprits vils et tenaces, les esprits cannibales, les forces planétaires hostiles, tous furent liés
par serment au Dharma. Les enseignements bouddhistes exposent les causes de telles existences de
manière très détaillée, par exemple, si lors de la mort, la conscience s’échappe du corps par les
narines, c’est le signe d’une renaissance parmi les esprits de la nature. Les catégories de ces êtres
sont très vastes, il est difficile d’en dresser une liste complète, claire et cohérente. Nous
présenterons dans ce document les huit classes de dieux et démons principaux.
Ces esprits, pour des raisons karmiques mais aussi en raison d’un affaiblissement  de la vitalité de la
personne sont capable de provoquer des maladies ou de voler la vitalité. Il est dit également, que si
ces forces ne parviennent pas à voler la vitalité d’un individu, elles peuvent  toutefois nuire à la
personne la plus faible de la famille. Aussi parmi les Sadaks, figure un démon ancestral qui
correspond à l’héritage génétique.
L’astrologie joue un rôle de prévention, et permet également de soigner, en identifier la force qui
peut nuire à un malade. Dans ce cas, elle nous indique le rituel nécessaire pour la guérison, et
comment réparer les préjudices causés aux esprits dans le passé.

Il existe principalement deux sortes de Démons, ceux qui sont


nés de l’espoir et ceux qui sont nés du doute, tous naissent de l’ignorance fondamentale qui se fixe
sur l’illusion d’un « soi » permanent, qui est le premier Grand Démon qui cause toutes les maladies,
toutes les souffrances et toutes les peurs. Le mot « démon » doit ici être compris comme un vaste
éventail de forces et d’émotions qui dépassent le contrôle conscient et empêchent le bien-être et le
développement spirituel. Un démon dans la tradition tibétaine peut par exemple être la paresse, la
sensualité, les mauvais compagnons, la pensée dualiste, l’hypersensibilité, l’émotivité accrue,
l’attachement aux richesses, la gourmandise, le sectarisme, l’orgueil spirituel, l’attachement à la
quiétude, etc. Un démon est donc un phénomène psychologique qui naît de nos obscurcissements
mentaux et émotionnels. Tout ce qui fait obstruction à la réalisation de la libération est un
« démon ». Même l’affection envers notre famille peut devenir un Démon si elle entrave notre
progression spirituelle. Tant que nous sommes sous l’emprise de la croyance en un soi qui est
indépendant et permanent nous serons mal traités, continuellement soulevés et laissés retomber.
Cependant, bien que les démons soient compris comme des facteurs psychologiques, certains types
de démons ont une existence extérieure, ou soi-disant extérieurs et font partie d’une interaction
entre microcosme et macrocosme, ils restent toutefois liés à la psyché. Ce sont alors des entités ou
projections mentales, des forces psychiques, parfois liées aux éléments de la nature, comme par
exemple les  « esprits élémentaux » qui causent la schizophrénie. Dans le processus nous retrouvons
souvent le schéma suivant : les émotions négatives perturbent les éléments internes, qui perturbent
alors les éléments externes et entraînent une attaque par les esprits élémentaux tel que par exemple
le démon du vent, de la grêle, etc. Un désastre naturel est donc un événement qui se manifeste en
réponse aux perturbations émotionnelles collectives des êtres humains. En quelque sorte, nos forces
obscures qui sont trop terribles pour que nous puissions les admettre en notre conscience sont alors
projetées à l’extérieur et se retournent ensuite contre nous-même.
Les démons sont aussi nos empreintes et habitudes mentales, nos modes de pensée dont l’emprise
inconsciente est très forte et qui sont constamment dans le monde et créent des distorsions de la
perception de la réalité et des comportements inadaptés voir même insensés.
D’un point de vue ultime ou secret, la véritable nature des démons est la vacuité. Ils n’ont aucune
existence en tant que tels.

Les forces démoniaques s’élèvent d’état d’esprit négatif, et peuvent


naître par exemple au moment de la mort, il s’agit dans ce cas des « esprits fantômes », ceci peut se
produire lorsqu’un mourant panique ou est empli de haine, de peur ou d’un fort attachement, la
projection de l’énergie de la peur se solidifie et devient un « fantôme ». Par exemple, une personne
fortement attaché à un bien, au moment de sa mort, une partie de sa conscience  restera attachée à
l’objet et rôdera autour, il s’agira dans ce cas d’un « fantôme astral » qui peut gêner ou perturber les
personnes qui hériteront de cet objet. Souvent les suicides et les meurtres engendrent des
« fantômes » en raison de la panique que cette mort implique. La tradition tibétaine dit que les
« fantômes» ont une durée de vie de neuf ans, après quoi ils se dissolvent.
Un sorcier peut également créer des démons en créant des entités négatives spécialement destinées à
nuire aux autres, il s’agit dans ce cas de magie noire. Ce genre de perturbations est de plus en plus
présent dans nos sociétés modernes, ils sont appelés dans le Gyü-zhi, les « esprits des mauvais
sorts ».
Le troisième Tantra du Gyü-zhi, dans la section de la psychiatrie, contient cinq chapitres consacrés
aux maladies causées par les esprits, ou forces invisibles.  Trois chapitres concernent les démons
(gDon) qui causent la maladie mentale. Ce sont le chapitre 77 des « Esprits élémentaux » pour
lesquels il existe des calculs astrologiques spécifiques, le chapitre 78 des « Esprits de la folie » et le
chapitre 79 des « Démons de l’amnésie ».
Le chapitre 79 présente les démons maîtres des planètes qui causent l’épilepsie, les calculs 
astrologiques représentent dans ce cas une précieuse protection contre les attaques des énergies
planétaires. Et le chapitre 81 présente les « Démons-serpent » qui causent la lèpre.
Traditionnellement, l’astrologie DJOUNGTSI est utilisée pour établir un horoscope qui à pour but
de diagnostiquer, parmi les 404 maladies causées par les esprits élémentaux et les conditions de nos
actions passées, quel démon affecte un malade et par conséquent  permet  de prescrire le remède le
plus approprié. La présence d’un esprit peut également être diagnostiqué à l’aide de divinations
établies par la prise du pouls et l’analyse de l’urine.
Les pratiques et rituels utilisés pour pacifier les forces négatives sont très
nombreuses. Traditionnellement il s’agit de techniques tantriques complexes qui opèrent au travers
des pouvoirs de la sagesse et de la compassion. Les énergies négatives sont transformées par des
moyens et une sagesse qui dépassent les limites du rationnel. L’exorcisme est utilisé lorsque
mandalas, mantras et amulettes n’opèrent pas et ne parviennent pas à empêcher les influences
néfastes des démons. Dans ce cas, il est nécessaire de faire appel à un Lama-médecin-exorciseur
compétent. Le premier exorcisme qui ne comprend pas la destruction des démons est le gLud, qui
détourne les esprits nuisibles en leur donnant un dessin de rançon qui les attire et les détournera de
la personne. Une autre pratique est de détourner les esprits sur une effigie gLud-tshab  qui
représente la personne malade, on jette l’effigie dans la direction d’où vient le démon, ainsi il est
satisfait et laisse la personne en paix. Une autre pratique est le mDos, cette pratique est similaire à
l’œil-de-Dieu mexicain, il s’agit d’une structure en forme de croix de fils de couleurs tendues. Il
existe ensuite des pratiques tantriques d’exorcisme par la menace, la mort, l’enterrement, ou encore
où l’on brûle ou lance un projectile pour détruire les démons. Toutes ces méthodes ne peuvent être
pratiquées que par des maîtres tantriques authentiques qui ont une compréhension de la vacuité et
de la compassion suffisante. Compassion et vacuité sont les armes et la médecine ultimes. Parfois la
pratique de Tcheu est utilisée pour pacifier les forces négatives. Pour les médecins tibétains, les
enseignements du Yuthok Nyingthig comportent également des pratiques de protecteurs qui peuvent
agir et aider le malade.
LES HUITS CLASSES DE DEMONS ET DIEUX

NAGA (LU) Les LU ou déités aquatiques. Elles sont d’origine


pré-bouddhique, et sont assimilées aux Nâgas  des
Indiens. Elles résident dans les sous-sols, les
sources, les lacs et les rivières. Elles proviennent
du Patala qui est un royaume au pied du Mont
Sumeru rempli de richesse, et gardent les trésors
souterrains. Le Roi des Nâgas  est Nada Takshaka
ou Djokpo en tibétain. Les  Nâgas  se répartissent
en cinq castes semblables à celles des hindous :
royale, noble, brahmane, vaishya et sudra. Leur
corps est mi-humain, mi-serpentin. Lorsqu’on
perturbe leur milieu naturel en polluant les eaux, en
construisant un barrage, en détournant un ruisseau,
les Nâgas sont capables de vengeance en envoyant
des maladies comme la lèpre. En pratiquant les
travaux au bon moment astrologique et en leur
faisant des offrandes ,ces problèmes peuvent être
évités.

 NYEN (gnyan) Les Nyen sont des esprits mal intentionnés qui
résident dans l’atmosphère ou à la surface du sol,
dans les prairies et les bois. Beaucoup d’entre eux
habitent les arbres. C’est pourquoi les almanachs
tibétains nous indiquent de ne pas couper les arbres
certains jours. Ils causent de nombreuses maladies,
certains cancers leur sont attribués. Ils ont une
forme animale comme des bovins et sont de
couleur jaune ou verte.

 SADAK (sa-bdag) Les SADAK  constituent un groupe important et


très présent en astrologie. Le Vaidurya Karpo ou le
White Beryl  en donne des listes complexes.Ils sont
soumis à des cycles et nous trouvons dans les
almanachs tibétains des indications qui nous
informent de la localisation de certains d’entre
eux.Certains jours sont donc déconseillés pour
entreprendre la construction d’une maison ou d’un
temple, traditionnellement on leur fait des
offrandes et on leur demande l’autorisation
d’utiliser un lieu. Ils ont un Roi Thé Sé, dont le
corps est rouge. Il porte un manteau rouge et tient
un Garuda en cuivre. C’est le chef des SADAK  du
cycle de douze ans. Il est accompagné de sa
première épouse, Thé Khyim, brune foncée, qui
tient un vase et un miroir. Dans les almanachs, les
diagrammes indiquent les directions occupées par
différents Sadak,  et sont accompagnés de
commentaires expliquant la conduite à suivre.

GYALPO (rgyal-po) Les Gyalpo ou Esprit-Rois, sont dits être les esprits
de mauvais rois ou de lamas de haut rang ayant
failli à leurs vœux. Blancs, ils portent souvent
l’armure et sont souvent des déités locales de
grande importance, comme des déités-montagnes.
Ils provoquent des dissentions dans les
communautés, des troubles d’irritation et de
nervosité aux pratiquants, ceux qui se lient avec les
Gyalpo se sentent d’abord gonflés d’une grande
puissance mais finissent par sombrer dans la folie.

 MAMOS (ma-mo) Les Mamo sont des déités féminines féroces très
nombreuses. Ces déesses noires personnifient les
forces naturelles qui deviennent dévastatrices
quand on les dérange. Elles portent des sacs emplis
de germes de maladies et forment la suite des
Grandes Protectrices des Tantras.
 DUD (rgyal-po) Les Dü ou Mâra sont des esprits maléfiques, qui se
sont farouchement opposés au Dharma dans leur
vie passée. Ils créent des obstacles dans la pratique
des yogis et se nourrissent de chair humaine. Leur
couleur est noire.

 ZA (gnam-the) Les Za ou Graha sont les esprits planétaires


maléfiques qui causent les maladies du type
  épilepsie. Nous avons par exemple le Chien noir au
printemps, le Monstre à queue de Dragon en été, le
Cavalier monté sur un cheval noir à l’automne, le
Phénix en hiver. Pour se protéger on tient compte
de leurs déplacements et l’on établit des
diagrammes de protection.
 TSEN (btsan) Les Tsen sont des esprits rouges qui hantent les
rochers. Tous de sexe masculin, ce sont les esprits
d’anciens moines qui se sont détournés du droit
chemin. Les Tsen qui ont été maîtrisés par de
grands pratiquants deviennent souvent protecteurs
de temples,  sanctuaires et monastères. On leur fait
offrande de substances rouges.

On rajoute souvent aux huit classes les Nödjin ou Yaksha qui sont les déités gardiennes des
richesses naturelles de la terre. Vaishravana, le Roi-gardien du Nord est leur chef. Elles sont aussi
associées à la médecine. Douze de leurs généraux firent vœu au Bouddha de Médecine de protéger
ceux qui liraient son sutra ou son mantra. Les Lha, qui sont une classe de déité blanche, bien
disposées envers les humains. Et enfin les Shindjé le Seigneur de la mort, qui constituent la suite de
Yama qui personnifie  la mort.

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