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Manipulations internes

Le traitement par voie interne présente l’avantage d’être plus précis et plus spécifique, les doigts
intravaginaux étant au plus près des structures à libérer. Rappelez-vous que les ligaments du système
vésico-utérin possèdent des fibres musculaires. De ce fait, ils sont très riches en mécanorécepteurs, ce
qui rend nos techniques très réactives, non seulement au niveau local mais aussi au niveau central. Cette
richesse en éléments proprioceptifs nous fait préférer des techniques d’induction plutôt que des
étirements parfois mal supportés par la patiente. Là, plus que nulle part ailleurs, la douceur est de mise.
Gardez toujours en mémoire que le but du traitement est de redonner une bonne mobilité au corps et au
col utérins et non pas de les « repositionner ».
Nous allons vous présenter dans un premier temps les manipulations générales concernant l’utérus, puis
plus loin, d’autres techniques vous seront détaillées dans les paragraphes consacrés aux différentes
pathologies utérines.
Une dernière chose, devant une dysfonction utérine, posez-vous toujours la question suivante : « Est-ce
que la position de l’utérus est due à une tension excessive de certains ligaments, ou au contraire au
relâchement voire la rupture de certains autres? »

Manipulation d’une hyperantéversion


Technique en décubitus
 La patiente est en décubitus, genoux fléchis et légèrement écartés.
 Vous êtes debout à droite, votre genou droit est posé sur la table afin que la patiente puisse y
reposer sa cuisse.
 Votre main abdominale vient contacter le fond utérin, au-dessus de la symphyse pubienne.
 Avant d’étirer les ligaments utéro-sacrés, placez vos doigts intravaginaux dans le cul-de-sac
antérieur. Avec leur face unguéale, poussez le col en arrière, comme si vous vouliez augmenter
l’antéversion, en suivant l’induction. Cette manoeuvre a pour but de détendre les ligaments
utéro-sacrés qui présentent souvent une tension excessive.
 Placez ensuite vos doigts dans le cul-de-sac postérieur. Par une poussée douce, antériorisez le
col, tandis que simultanément votre main abdominale entraîne le fond utérin en direction crâniale
et postérieure.
 Répétez la technique trois à quatre fois afin d’obtenir un relâchement.
 Si vous sentez un ligament utéro-sacré plus tendu d’un côté, procédez de la manière suivante : le
doigt correspondant au côté le plus fixé prend appui sur la face postérieure du col, tandis que
l’autre est en contre-appui sur la paroi vaginale postérieure. Les deux doigts travaillent dans un
mouvement d’écartement.
Figure 18.10. Manipulation d’une hyperantéversion.
Dans les hyper-antéversions, le cul-de-sac postérieur est très fermé et le col parfois très difficile à
atteindre, n’hésitez surtout pas à jouer avec l’angle de flexion des coxo-fémorales de la patiente. Si en
dépit de cela le col est inaccessible, placez votre patiente en latérocubitus, face à vous, avec les hanches
très fléchies (Figure 18.10).
Technique par toucher rectal
Si malgré tout, vous ne pouvez pas accéder au culde- sac postérieur par voie vaginale, adoptez la
technique du toucher rectal. La patiente est en procubitus ou en latérocubitus face à vous, vous pourrez
de cette façon antérioriser le col plus aisément.

Manipulation d’une rétroversion


Technique en décubitus
 La patiente est en décubitus, genoux fléchis.
 Vous êtes debout latéralement en direction crâniale.
 Ici encore, nous vous conseillons de faire précéder la phase d’étirement ligamentaire d’une phase
de relâchement des ligaments pubovésico- utérins, souvent responsables de la fixation de l’utérus
en rétroversion.
 Pour ce faire, placez vos doigts vaginaux dans le cul-de-sac postérieur, le placement est aisé car
celui-ci est ouvert. Avec la pulpe des doigts, poussez le col en avant en suivant l’écoute, ce qui
favorise la détente tissulaire.
 Dans un second temps, placez-vous dans le culde- sac antérieur et amenez le col vers l’arrière
afin d’étirer le système ligamentaire ; attendez son relâchement. Répétez la manoeuvre autant de
fois que nécessaire. Au départ, la main abdominale est peu utile, le fond utérin étant non
accessible du fait de sa position ; ce n’est qu’en fin de technique qu’elle peut aider le travail de
vos doigts vaginaux, en ramenant le corps utérin vers l’avant.
 En cas de tension plus importante d’un des ligaments pubo-vésico-utérins, procédez comme nous
l’avons vu pour les ligaments utéro-sacrés. Le doigt du côté de la tension refoule le col en
arrière, l’autre prenant appui sur la paroi vaginale antérieure. (Figure 18.11)

Figure 18.11. Manipulation d’une rétroversion.

Manipulation d’une latéroversion


Technique en décubitus
 La patiente est en décubitus, genoux fléchis.
 Vous êtes debout latéralement en direction crâniale.
 Contrôlez l’utérus avec votre main abdominale, tandis que vos doigts vaginaux se placent de part
et d’autre du col utérin.
 Cette fois encore, commencez avec votre main supra-pubienne, par amener l’utérus vers sa
dysfonction. Par la poussée d’un de vos doigts intravaginal, entraînez le col du côté opposé.
Maintenez l’ensemble corps/col dans cette position et suivez les tissus. Cette manoeuvre permet
un relâchement tissulaire, notamment au niveau du ligament large, souvent responsable de la
latéroversion.
 Votre main abdominale mobilise ensuite le fond utérin dans le sens de la correction. L’un de vos
doigts vaginaux pousse le col dans la direction opposée afin d’étirer le ligament large. Répétez
trois à quatre fois la technique jusqu’à sentir le relâchement et l’utérus retrouver sa position.
 En présence d’une fixation importante d’un ligament large, placez l’un de vos doigts le plus haut
possible dans le cul-de-sac latéral du côté fixé, contre la paroi latérale du vagin. Vous êtes ainsi
au contact du ligament large. Effectuez une série de deux à trois inductions qui permettent au
ligament de se détendre. (Figure 18.12)
Les dysfonctions en latéroversion ne sont pas à négliger, quelques degrés suffisent à perturber la
mécanique utéro-annexielle et, comme nous le verrons plus loin, entraîner une tension tubaire anormale
qui peut être la cause d’infertilité.
Le corps utérin en inclinaison peut aussi venir appuyer de façon anormale sur la face supérieure de la
vessie, modifiant ainsi le mécanisme des pressions. Il peut être ainsi à l’origine d’impériosités
mictionnelles ou d’incontinence urinaire.
N’oubliez pas, à la fin de la séance, de prévenir la patiente des éventuels effets secondaires
postmanipulatifs : douleur au « bas-ventre » à type de courbatures, pouvant irradier dans le bassin ou la
région lombaire, voire quelques microsaignements qui doivent céder rapidement et ne pas inquiéter la
patiente.
Plusieurs séances peuvent s’avérer parfois nécessaires pour résoudre le problème, mais ne tombez pas
dans le piège de l’acharnement thérapeutique, sachez passer la main.
Laissez toujours un ou deux cycles entre deux séances. La période la plus favorable pour optimiser
l’effet de nos manipulations semble être celle juste après les règles.
Nous venons de vous présenter un ensemble de techniques de traitement correspondant aux
dysfonctions utérines les plus fréquentes. Sachez toutefois que toutes les combinaisons sont possibles;
c’est à vous, dans votre pratique, de trouver les manœuvres les mieux adaptées aux diverses
dysfonctions/ malpositions que présenteront les patientes.
Dans les chapitres qui vont suivre, nous allons étudier un certain nombre de pathologies; cette
présentation sera l’occasion de vous décrire d’autres techniques. Figure 18.12.

Figure 18.12. Manipulation d’une latéroversion.


Extrait de Manipulations des dysfonctions pelviennes féminines: Chapitre 18 extrait de Manipulations
des dysfonctions pelviennes féminines par Olivier Bazin et Marc Naudin

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