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INTERNATIONAL • ÉTATS-UNIS
Viola Fletcher, survivante du massacre de Tulsa, reçoit des fleurs, le 31 mai 2021, à l’occasion d’une
cérémonie du souvenir. ANDREW CABALLERO-REYNOLDS / AFP
« J’entends les cris et je revis le massacre chaque jour. Un pays peut oublier son
histoire, mais je ne peux pas. » En l’espace de six minutes d’un témoignage
bouleversant, Viola Ford Fletcher est devenue le visage de ce que les Etats-Unis ont
refusé d’affronter pendant près d’un siècle. Agée de 107 ans, cette femme noire
déterminée à réclamer justice et réparations a pris la parole le 19 mai devant la
commission judiciaire de la Chambre des représentants.
« Nous avons tout perdu ce jour-là, nos maisons, nos églises, nos journaux, nos
théâtres, nos vies. Personne ne s’est soucié de nous pendant près de cent ans, notre
histoire a été plongée dans l’oubli », a dénoncé Viola Ford Fletcher.
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Des incendies ont ravagé le quartier noir de Greenwood, le 1er juin 1921, dans la ville de Tulsa,
Oklahoma. Il s’agit de l’un des pires déchaînements de violence raciale qu’aient connus les Etats-Unis. AP
Il y a un siècle, le 31 mai 1921, dans cette ville du sud des Etats-Unis, l’arrestation
de Dick Rowland, un jeune homme noir de 19 ans accusé d’avoir agressé une
femme blanche de 17 ans, a déclenché l’un des pires déchaînements de violence
raciale qu’ait connu le pays. Se rendant dans les seules toilettes du quartier
autorisées aux Noirs, le jeune cireur de chaussures aurait malencontreusement
écrasé le pied d’une opératrice blanche, selon une enquête de l’Oklahoma Historical
Society. Tout s’enchaîne rapidement : la jeune femme crie, l’accusation d’agression
sexuelle se répand vite, Dick Rowland est interpellé.
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Des avions utilisés pour l’épandage agricole sont même transformés en armes de
guerre, larguent des bombes incendiaires sur les maisons et des exécutions ont lieu
en pleine rue. Entre 100 et 300 personnes auraient été tuées en l’espace de
quarante-huit heures, mais le chiffre reste incertain et pourrait se révéler encore
plus élevé, de nombreux corps n’ayant jamais été retrouvés. Quelque 8 000 des
11 000 Noirs vivant alors à Tulsa se retrouvent sans foyer. Aucun des responsables
blancs n’est poursuivi, tandis que plusieurs Noirs accusés d’avoir provoqué les
violences sont condamnés.
Cent ans plus tard, le 21 mai, l’ONG Human Rights Watch a fait remarquer que les
autorités municipales de Tulsa et de l’Etat de l’Oklahoma n’avaient toujours pas
fourni de réparations financières pour ce massacre. Même si cela reste insuffisant
pour l’ONG, l’ouverture d’un grand musée consacré à l’histoire du quartier, le
centre historique Greenwood Rising, qui sera inauguré mercredi 2 juin, reste
néanmoins saluée comme une première étape vers la fin du déni.
Ces dernières années, les séries télévisées s’emparent, elles aussi, de ce drame. A
l’image de l’épisode 9 de la première saison de Lovecraft Country (2020), ou de la
scène d’ouverture de la série fantastique Watchmen (2019) qui avait déjà permis de
mettre en lumière le massacre de Tulsa. « Une grande partie du public entend
parler de ce massacre pour la première fois », avait d’ailleurs noté à l’époque The
Washington Post.
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Brice Laemle
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