Université des Sciences et de la Technologie Houari Boumediene
Faculté d’Electronique et Informatique
I. Organisations de la normalisation électrique
En normalisation, la notion de marché mérite une attention particulière.
L’organisation d’un marché quelconque s’appuie sur l’énoncé de règles
techniques acceptées d’un commun accord entre le fournisseur et son client. Ce
consensus est un critère fondamental pour aborder la notion de normalisation :
lorsqu’il est admis par un grand nombre de fournisseurs vis-à-vis d’un grand
nombre de clients, ce consensus devient la base d’une norme. Il est essentiel de
dire en conséquence, et aujourd’hui plus encore qu’hier, que chaque marché a
besoin de son catalogue de normes, qu’il soit national, international ou régional.
L’organisation d’un marché se base sur des règles techniques, éventuellement
énoncées dans des normes, mais également sur des règlements édictés par les
autorités administratives.
De nos jours, la réglementation reste l’acte d’une autorité administrative ; la
normalisation est toujours un acte volontaire éventuellement réalisé sous tutelle
administrative ; mais les relations entre normalisation et réglementation ont très
largement évolué ces dernières années et principalement grâce ou à cause de la
naissance de l’Europe.
Nous examinerons les différents niveaux de normalisation électrique, du niveau
international géré par la
Commission Électrotechnique Internationale (CEI) au niveau national, en France
géré par l’Union Technique de l’Électricité (UTE) et en Algérie géré par l’IANOR,
en passant par le niveau européen géré par le Comité Européen de Normalisation
Électrique (CENELEC). Il sera nécessaire également d’examiner les liens de ces
différents organismes avec leurs homologues non électriciens qui sont l’ISO
(l’Organisation de Normalisation Internationale), le CEN (le Comité Européen de
Normalisation)
I.1. La CEI
La Commission Electrotechnique Internationale (CEI) est une organisation
mondiale de normalisation composée de l'ensemble des comités électrotechniques
nationaux (formée de Comités Nationaux qui représentent une cinquantaine de
pays dans le monde).
a. Rôle de la CEI :
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Organisations de la normalisation électrique et leurs méthodes de travail
La CEI a pour objet de favoriser la coopération internationale pour toutes les
questions de normalisation dans les domaines de l'électricité et de l'électronique. A
cet effet, la CEI – entre autres activités – publie des Normes internationales, des
Spécifications techniques, des Rapports techniques, des Spécifications accessibles
au public et des Guides (dénommés "Publication(s) de la CEI"). Leur élaboration
est confiée à des comités d'études, aux travaux desquels tout Comité national
intéressé par le sujet traité peut participer. Les organisations internationales,
gouvernementales et non gouvernementales, en liaison avec la CEI, participent
également aux travaux. La CEI collabore étroitement avec l'Organisation
Internationale de Normalisation (ISO), selon des conditions fixées par accord entre
les deux organisations
b. Objectif de la CEI : elle se fixe pour objectifs :
• d'améliorer la sécurité des personnes
• d'évaluer la qualité des produits et services
• de contribuer à la protection de l'environnement
c. Les Publications de la CEI : elles se présentent sous la forme de
recommandations internationales et sont agréées comme telles par les
Comités nationaux de la CEI. Tous les efforts raisonnables sont entrepris
afin que la CEI
s'assure de l'exactitude du contenu technique de ses publications; la CEI ne peut
pas être tenue responsable de l'éventuelle mauvaise utilisation ou interprétation qui
en est faite par un quelconque utilisateur final.
Dans le but d'encourager l'uniformité internationale, les Comités nationaux de la
CEI s'engagent, dans toute la mesure possible, à appliquer de façon transparente
les Publications de la CEI dans leurs publications nationales et régionales. Toutes
divergences entre toutes Publications de la CEI et toutes publications nationales ou
régionales correspondantes doivent être indiquées en termes clairs dans ces
dernières.
La CEI elle-même ne fournit aucune attestation de conformité. Des organismes de
certification indépendants fournissent des services d'évaluation de conformité et,
dans certains secteurs, accèdent aux marques de conformité de la CEI.
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La CEI diffuse une série cohérente de normes approuvées à l'échelon international
en vue de leur utilisation, partout dans le monde. Plus de 100 pays dans le monde
utilisent les publications listées dans le catalogue de l’IEC. Elle certifie que ses
normes garantissent la compatibilité des appareils ou systèmes électriques et
électroniques. La charte de l’IEC couvre l'ensemble de l'électrotechnique, c'est à
dire l'électronique, le magnétisme, l'électromagnétisme, les fibres optiques et
l'électroacoustique, ainsi que les sujets annexes, tels que la terminologie, les
symboles, la métrologie, la conception, le développement, la sécurité, la durabilité
et l'aptitude à la fonction.
I.2. CENELEC (Comité Européen de Normalisation Electrotechnique)
Lors de sa création en 1973, le rôle du CENELEC était d’harmoniser les
normalisations nationales divergentes de ses membres. Depuis la publication de
l’Acte Unique Européen et l’ouverture du Grand Marché Européen, le CENELEC
a évolué vers l’élaboration des normes européennes nécessaires au nouveau
marché européen.
L’organisation européenne est constituée par 18 pays d’Europe occidentale.
L’Assemblée Générale gère les travaux du CECC (comité du CENELEC pour les
composants électroniques) dont la structure couvre à la fois les aspects de
normalisation des composants électroniques et les modes de certification.
Pour ce qui concerne la norme européenne, les comités nationaux membres du
CENELEC (ceci est également valable pour le CEN) se sont engagés à reprendre
dans leur normalisation nationale sans aucune modification, ni de forme ni de fond,
les textes élaborés par les organismes de normalisation européens.
I.3. UTE (Union Technique de l’Electricité)
L’UTE regroupe l’ensemble des parties prenantes représentatives des intérêts
français du domaine électrotechnique. A ce titre, l’UTE constitue le Comité
Electrotechnique Français, membre fondateur des organisations non
gouvernementales de normalisation - la Commission Electrotechnique
Internationale (CEI) et le Comité Européen de Normalisation Electrotechnique
(CENELEC).
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Dans le cadre du Système Français de Normalisation, l’UTE est le bureau de
normalisation du domaine « électrotechnique ». Grâce à plus de 3 000 experts,
regroupés en plus de 160 commissions de normalisation, l’UTE produit les normes
et documents normatifs français du secteur et contribue à l’élaboration des normes
européennes et internationales, qui représentent à l’heure actuelle 2 tiers de la
production des normes du secteur. L’UTE publie et diffuse ces documents.
L’UTE participe en effet activement aux travaux internationaux et européens, et
élabore les positions françaises qu’elle transmet à ces organismes.
Des structures presque identiques existent au plan national. L’Union Technique de
l’Électricité couvre les aspects de normalisation et de certification dans les
domaines électrique et électronique ; cette association à but non lucratif fonctionne
sous l’autorité de son Président et de son Directeur Général et oriente ses travaux
selon les axes proposés par son Assemblée Générale.
Dans les commissions où s’élaborent les normes françaises et les points de vue
français aux travaux européens et internationaux participent des représentants des
membres de l’UTE ainsi que les organismes techniques traditionnellement associés
aux travaux de normalisation (laboratoires, associations de consommateurs, centres
techniques, ministères, grands utilisateurs). De façon très exceptionnelle, les
experts indépendants ou les importateurs, autres catégories susceptibles d’apporter
une connaissance technique des sujets abordés, peuvent être acceptés comme
membres d’une commission de normalisation.
I.4. IANOR
L‘Institut Algérien de Normalisation (IANOR) a été érigé en établissement public
à caractère industriel et commercial (EPIC) par Décret Exécutif n° 98-69 du 21
Février 1998 modifié et complété par le Décret exécutif Décret exécutif n° 11-20
du 25 janvier 2011. Il est sous tutelle du Ministère de l’Industrie, de la Petite et
Moyenne Entreprise et de la Promotion de l'Investissement. Il est chargé de :
1. l’élaboration, la publication et la diffusion des normes algériennes
2. La centralisation et la coordination de l’ensemble des travaux de normalisation
entrepris par les structures existantes et celles qui seront créées à cet effet
3. l’adoption de marques de conformité aux normes algériennes et de labels de
qualité ainsi que la délivrance d’autorisation de l’utilisation de ces marques et le
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contrôle de leur usage dans le cadre de la législation en vigueur
4. De la certification obligatoire des produits (décret 465)
5. la promotion de travaux, recherches, essais en Algérie ou à l’étranger ainsi que
l’aménagement d’installations d’essais nécessaires à l’établissement de normes et à
la garantie de leur mise en application
6. La constitution, la conservation et la mise à la disposition de toute
documentation ou information relative à la normalisation
7. l’application des conventions et accords internationaux dans les domaines de la
normalisation auxquels l’Algérie est partie
8. Assure le secrétariat du Conseil National de la Normalisation (CNN), et des
Comités Techniques Nationaux de Normalisation.
I.5. Relation entre les instances de normalisation électrique avec leurs
homologues non électrique :
Au plan international, deux organisations indépendantes de normalisation existent
: la Commission Électrotechnique Internationale et l’Organisation Internationale de
Normalisation (ISO). Une coopération existe entre ces deux instances dès lors que
des sujets communs doivent être normalisés. L’ISO et la CEI, dans ce cas, envoient
des observateurs aux réunions de travail de l’autre organisation. Au cours des
dernières années, les liens entre l’ISO et la CEI ont été renforcés par l’acceptation
de directives de travail communes. Par ailleurs, plusieurs guides portant le double
logo ISO et CEI existent.
Une situation analogue existe au niveau européen. Le CEN et le CENELEC ont
un règlement intérieur commun pour l’organisation des travaux et ont établi des
modes de coopération aux travaux de normalisation à cinq niveaux, du niveau un –
une simple information au niveau cinq – l’établissement de comités de
normalisation communs.
Au plan français, l’AFNOR est l’organisation française de normalisation
qui, par voie légale, est responsable de l’ensemble de la normalisation française. À
ce titre, l’UTE joue un rôle similaire aux autres bureaux de normalisation auxquels
l’AFNOR a délégué la tâche d’établir les normes françaises dans leur domaine.
Néanmoins, c’est l’UTE qui, de manière indépendante, est membre du CENELEC
(l’AFNOR est membre du CEN) et, via le Comité Électrotechnique Français
(CEF), l’UTE est membre de la CEI (l’AFNOR est membre de l’ISO).
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En Algérie, l’IANOR est responsable de l’ensemble de la normalisation
algérienne, elle est membre dans l’ISO.
II. Méthodes de travail des organisations de normalisation
Pour mieux comprendre la façon dont les normes internationales, européennes
ou nationales sont élaborées, il convient de garder en mémoire le fait que la norme
internationale est une recommandation que la CEI demande à ses comités membres
d’utiliser dans la mesure du possible sans modifications ou après adaptation aux
pratiques nationales. Pour ce qui concerne la norme européenne, les comités
nationaux membres du CENELEC (ceci est également valable pour le CEN) se
sont engagés à reprendre dans leur normalisation nationale sans aucune
modification, ni de forme ni de fond, les textes élaborés par les organismes de
normalisation européens. Par ailleurs, lorsqu’une norme nationale existe, elle peut
servir de base aux transactions dans les marchés publics ou privés
II.1. Élaboration d’une norme internationale
Lorsque, dans un pays membre de la CEI, un besoin de norme
internationale ou de modification d’une norme internationale existante se révèle, le
comité membre adresse à la CEI une demande d’étude nouvelle.
Les autres pays membres ont trois mois pour se prononcer sur l’intérêt de cette
étude au plan international. Si un nombre suffisant de pays est favorable à la mise à
l’étude du sujet proposé, celui-ci est confié à un comité d’études. À l’issue des
travaux, un document du secrétariat est soumis aux commentaires des pays
membres. Ces commentaires sont discutés au cours d’une réunion du comité
d’études et cette phase de l’élaboration de la norme peut se reproduire plusieurs
fois.
Lorsque le comité a décidé que le document obtenu à l’issue des discussions
représente le meilleur compromis possible en vue de l’élaboration d’une norme
internationale, il décide de soumettre ce document aux commentaires des comités
nationaux pour la dernière fois et leur demande en même temps de se prononcer
sur l’opportunité de soumettre ce texte à leur approbation formelle sous la forme
de projet de norme internationale. À ce stade, les comités nationaux peuvent
toujours refuser le transfert de ce document comme projet de norme internationale
et peuvent formuler des observations tant techniques que rédactionnelles. Si cette
étape est franchie avec satisfaction, le document devient ensuite projet de norme
internationale et les comités nationaux n’ont à ce moment là que la possibilité de se
prononcer en faveur ou contre le document sans possibilité de le modifier.
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origine soit une norme de la CEI en l’absence de travaux européens, soit

II.2. Élaboration d’une norme européenne par le CENELEC l’endossement de documents établis par le CENELEC.
Le CENELEC a deux modes d’élaboration de normes européennes. Le plus
fréquemment utilisé jusqu’à présent était l’endossement des normes internationales Endossement des normes de la CEI
publiées. En l’absence de travaux européens, l’UTE peut reprendre, avec ou sans
modifications, des normes de la CEI en vue de les transformer en normes
françaises. Lorsque l’endossement de normes internationales par le CENELEC est
Endossement de normes de la CEI en cours, les comités nationaux (donc l’UTE en France) doivent attendre la fin des
Lors de la parution d’une norme internationale de la CEI, le CENELEC travaux européens avant de publier une norme nationale. Lorsqu’une norme
interroge ses comités membres sur l’opportunité de transformer cette norme européenne a été établie par le CENELEC, l’UTE en a élaboré la version française.
internationale en norme européenne. Chaque comité national formule des L’UTE demande à l’AFNOR l’homologation de la norme européenne et la
observations au CENELEC soit pour lui suggérer de diffuser la norme transformer en norme française. Cette demande est formulée en mentionnant le
internationale comme projet de norme européenne, soit pour lui suggérer quelques numéro de référence de la norme française qui portera la référence NF EN suivie
modifications permettant d’adapter le texte international aux pratiques du numéro de la norme européenne.
européennes, soit pour refuser l’endossement du texte international comme norme
européenne. Procédure de Vilamoura
En effet, il est de la responsabilité de ses comités nationaux d’endosser sans Lorsqu’il n’existe aucun travail international ni étude européenne sur un sujet
aucune modification les textes publiés comme normes européennes par le déterminé et qu’un besoin de normalisation est exprimé au Comité de Direction de
CENELEC. Par ailleurs, dans chaque pays, il est impossible de publier une norme l’UTE par l’un de ses membres, le Comité de Direction accepte cette proposition
nationale qui soit en contradiction avec la réglementation. Si les projets de normes d’étude nouvelle d’un projet de norme française.
européennes proposés se trouvent dans ce cas, le comité national est tenu de
déclarer au CENELEC son impossibilité d’endosser le texte
Études européennes originales
Des besoins de normalisation strictement européenne peuvent se révéler Annexe
soit du fait de la parution de réglementations européennes particulières, soit du fait
d’un besoin spécifique du marché européen. Une telle étude est soumise par le Normalisation Domaine général Domaine électrotechnique
comité national concerné au Bureau Technique. Ce dernier confie cette étude à mondiale ISO (international standard CEI
l’un de ses comités techniques. Un projet de norme européenne est élaboré. Le
organisation)
comité technique décide à l’issue de ces discussions de soumettre le texte en
Européenne CEN (comité européen de CENELEC
question à une enquête publique auprès de ses comités nationaux pour vérifier que
normalisation)
le projet en question est susceptible de devenir à terme une norme européenne.
française AFNOR (Association UTE
II.3. Élaboration d’une norme nationale Française de
Cas français : NORmalisation)
Dans le passé, la majorité des normes établies par l’Union Technique de Algérienne IANOR (Institut Algérien IANOR
l’Électricité étaient des normes strictement françaises. Ce cas existe encore, mais de NORmalisation)
devient de plus en plus rare. Les normes françaises établies aujourd’hui ont pour