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L'incroyable Pouvoir de L'esprit Sur La Santé !

Henri Durville
L'incroyable Pouvoir de L'esprit Sur La Santé !

©2012 Published by NewLife at Smashwords.

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CHAPITRE 1
L’action de la pensée sur nos muscles
"Désirer de la confiture, c’est déjà, pour l’enfant gourmand, faire
le geste pour attraper le pot".

La puissance motrice des idées conscientes


La pensée est par elle-même une véritable force motrice. Même la
simple irritabilité cellulaire et la sensation la plus élémentaire
contiennent en elles une puissance agissante. Démonstration de la
puissance motrice des sensations par l’étude d’une démente et d’un
sujet hypnotisé en catalepsie.
La suggestion pour démontrer l’action motrice des idées : le cas
de notre sujet Jane ; celui de notre alcoolique Marcel. – Les
suggestions à terme. – Peut-on suggérer le crime ?
Les expériences de Chevreul qui prouvent que nos pensées
s’accompagnent de mouvements involontaires.
Comment Cumberland lisait la pensée des gens en observant leurs
mouvements musculaires, ou en les provoquant. Détail des expériences
de "trans​mission de pensée à la Cumberland". Vous pouvez les
réaliser facilement ; technique en tenant la main et sans contact.
Exemples de la vie pratique qui prouvent la puissance motrice de
la pensée : l’idée de chute donne le vertige et fait tomber ; le
somnambule tombe du toit si on le réveille, parce qu’il est envahi par
l’idée de chute...

Tout mouvement est déclenché par une pensée


La pensée est le moteur de tout ce qui vit. On peut dire sans
exagération que, à travers toute l’échelle des êtres, il n’est pas un
mouvement qui ne soit déterminé, déclenché par une pensée.
Sans pensée, pas de mouvement, donc pas de vie.
Tout mouvement d’un être vivant est une "réponse" à une pensée, que
cette pensée soit ce que nous appelons d’ordinaire une pensée ou qu’elle
soit seulement un rudiment d’idée : sensation, irritabilité, tactisme.
Si l’on place des microbes dans le voisinage de globules blancs, ces
derniers se précipitent sur leurs ennemis.

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Si l’on touche une feuille de sensitive, elle ne tarde pas à se fermer.
Si un insecte se pose sur la feuille du drosera, cette plantule carnivore
abaisse ses poils sur l’imprudent et le capture.

Les mouvements réflexes


L’excitation que produit l’électrisation d’une patte de grenouille
détermine la contraction de celle-ci. Si je marche sur la patte d’un animal,
celui-ci traduit sa sensation douloureuse par un mouvement.
L’enfant étourdi met-il son doigt dans le feu, avant même que la
sensation ne soit devenue pensée consciente, le bras s’est vivement retiré
du foyer. Tous ces mouvements, tant dans la série des infiniment petits que
dans les séries végétale ou animale, qui succèdent à des irritations, à des
sensations, sont des mouvements réflexes. Mais entre l’acte réflexe et
l’acte volontaire, il n’y a que des différences de degré.
L’incitation qui crée un réflexe, c’est une pensée élémentaire.
La pensée supérieure est la seule puissance capable d’avoir par​fois
sur les réflexes un pouvoir inhibiteur.
Quand cette puissance a disparu, l’effet moteur des sensations est à
son comble, et il est très facile de le mettre en évidence.

Toute sensation déclenche automatiquement des mouvements


Étudions, par exemple, comment réagissent à la sensation les
organismes de 2 individus privés de pensée supérieure, celui du dément
précoce et celui du cataleptique.
Je prends les bras d’une de nos petites malades de la Salpetrière, Ou
..., atteinte de démence précoce dite catatonique, et je les élève en croix.
Au lieu de retomber, les membres restent dans la position où je les ai mis.
Ils y restent si bien que je puis achever ma visite dans les salles.
Quand je reviens, 10 minutes après, les bras de Ou... sont encore
comme je les ai placés. Si j’incline le torse dans la position fatigante de
l’arc de cercle, il reste comme je l’ai mis. Je puis parler à ma malade : elle
me répond en grimaçant, mais ne se redresse pas.
De la même façon, la démente conserve un moment l’attitude du
génie de la Bastille ou telle autre qu’il me plaira de lui imprimer. Que se
passe-t-il en elle pour qu’elle garde ainsi les attitudes ? Chaque sensation
musculaire occasionnée par les gestes imposés à son corps se comporte
dans ce cerveau vide de volonté, comme se comporte une sensation type :

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elle est l’origine d’un ordre de mouvement.
L’ordre, de suite, automatiquement, s’exécute et immobilise le
membre ou le corps dans l’attitude correspondant à la sensation.
Chez le sujet cataleptique, il en est de même. Plaçons sur la langue de
Mme Vix, un des sujets de Hector Durville, un aliment. Elle mastique et
déglutit. Mettons un verre dans sa main. Elle fait le geste de boire et, au
besoin, elle s’enivre. Débouchons sous son nez un flacon d’essence de
rose, elle se croit dans un jardin et fait le geste de cueillir des roses.
Si nous imitons le son des cloches, le sujet s’agenouille dans l’attitude
de la prière. Nous multiplierions à l’infini les exemples. Toujours, toute
sensation, qu’elle soit gustative, visuelle, tactile, olfactive, auditive,
déclenche automatiquement des mouvements. La sensation est une
véritable force motrice.

Toute pensée est un véritable commencement d'acte


De la sensation passons à l’idée, et nous allons, de la même façon,
constater que toute pensée s’accompagne de mouvements musculaires ;
c’est-à-dire que toute pensée est un véritable commencement d’acte.
Je dis à notre sujet, Jane, en état d’hypnose : "Vous êtes un vieillard :
vous avez 70 ans". Instantanément, cette idée implantée en son
esprit "descend dans les muscles". Jane tremble, se courbe, fléchit sur ses
jambes et s’appuie aux meubles pour ne pas tomber. – "Vous êtes un
vigoureux gendarme", lui disons-nous. Jane se dresse altière, serre les
poings.
Si on lui indique que son voisin est un voleur, elle le saisit avec une
poigne bien masculine. Mais, me direz-vous, ces expériences ne signifient
rien ; on peut si aisément les simuler. – C’est vrai, mais en voici d’autres
qu’on ne simule pas.
Nous mettons un dynamomètre dans la main de Jane, sans la prévenir
de l’expérience qui va suivre. Nous lui disons : "Je veux voir combien
vous êtes forte. Réunissez toutes vos énergies et serrez l’appareil tant que
vous pouvez".
Elle s’exécute et marque au dynamomètre 14 kg. Nous laissons le
sujet se reposer, puis nous lui disons : "Vous êtes maintenant un hercule
extrêmement fort. Vous avez des muscles d’acier. Serrez à nouveau
l’instrument." Elle marque 26 kg. La seule idée d’augmentation de force a
presque doublé la pesée dynamométrique de Jane.

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Plaçons Jane dans cet état de sommeil léger que Hector Durville a
nommé état suggestif, et que de Rochas appelait état de crédulité. Nous
disons : "Quelle chaleur il fait ici, comme on transpire ! Vous êtes toute
rouge, votre visage ruisselle de sueur." De suite Jane fait comme si elle
avait chaud, tire son mouchoir, s’éponge le visage.
Bientôt, la sueur perle à grosses gouttes sur son front. "Pourquoi avez-
vous si chaud, disons-nous alors. Est-ce parce que vous avez couru pour
échapper au chien enragé qui allait vous mordre ?... Alors Jane prend
visiblement peur et son cœur qui, avant l’expérience, battait à 76
pulsations à la minute, bat maintenant à 90.

L'idée suggérée se dévoile comme étant une puissante force


motrice
Sauriez-vous simuler une augmentation de votre force musculaire,
l’augmentation s’inscrivant sur un dynamomètre ? Sauriez-vous simuler de
la transpiration ? Faites-vous, si vous ne vous êtes pas spécialement
entraîné, battre votre cœur plus vite ou moins vite, à votre gré ?
L’idée suggérée se dévoile comme étant une puissante force motrice.
L’effet moteur de l’idée est encore mis en évidence par les
suggestions "à terme" ou suggestions post-hypnotiques. Depuis longtemps,
les auteurs qui se sont occupés d’hypnologie en ont parlé. Ordonnez à un
somnambule suggestible que demain l’idée lui viendra d’exécuter tel acte,
à telle heure. Il l’exécutera plus ou moins. Dans quelles limites le plus ou
le moins ?
Peut-on, par exemple, suggérer le crime ? Question complexe et qui
sort du cadre de ce livre. Disons seulement ici les conclusions que l’un de
nous (Dr Gaston Durville) a données dans un mémoire au Premier
Congrès International de Psychologie expérimentale. Il y a lieu de
distinguer 2 cas :
1° Le sujet est un dégénéré mental, éminemment suggestible : alors la
suggestion a toute prise sur lui. Il est soumis aveuglement à l’ordre reçu, si
le suggestionneur a sur le sujet donné l’autorité voulue ;
2° Le sujet n’est pas un dégénéré mental : la suggestion aug​mentera
ses tendances. A-t-il naturellement des penchants au crime, la suggestion
pourra le rendre criminel ; sinon, non.

Le cerveau est capable de transformer immédiatement des

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idées en actes
Citons un fait qui n’est pas une vraie suggestion post-hypnotique,
mais qui est plutôt un petit accident post-hypnotique de la suggestion. L’un
de nous endort, un jour, un de ses alcooliques en traitement, Marcel, et lui
dit (1) :
"Vous êtes l’homme énergique, maître de lui et du monde... Vous êtes
Napoléon !" Puis on le réveille et le laisse rentrer chez lui. Marcel incarna
si bien Napoléon que sa première occupation fut d’entrer chez un coiffeur
pour se faire raser…comme Napoléon. Puis, il courut les théâtres de Paris
demandant à se faire engager comme artiste pour jouer le rôle de
Napoléon.
Le lendemain, sa mère qui nous l’amena, nous demanda si nous
savions pourquoi, depuis la veille son Marcel ne parlait que de Pyramides,
de Coup d’État et de campagne de Russie. Il nous fallut provoquer à
nouveau le sommeil pour retirer de ce cerveau et l’idée suggérée et tous les
actes qu’elle avait déclenchés.
C’est parce que le cerveau est capable de transformer immédiatement
des idées en actes que Charcot a pu, sans s’en apercevoir, fabriquer la
grande hystérie. Avant lui, elle n’existait pas, et elle disparut avec son
école.
Le maître de la Salpetrière suggère un jour à une de ses névropathes
les spasmes de la grande attaque de nerfs. Toutes les névropathes du
service assistent à cette exhibition théâtrale. Paul Richer en immortalise les
étapes par l’image : tétanisation de tout le corps d’abord, puis grands
mouvements désordonnés, puis extase, et pleurs enfin.
La suggestion était puissante, l’exemple tentant, la leçon facile. Toute
la Salpetrière allait désormais être la scène où l’idée de crise régnait en
maîtresse, agitant des membres, et créant des spasmes.
Ah, certes, comme le dit M. de Fleury, il n’est pas difficile de
reproduire à volonté des "Belles au bois dormant, des Walkyries de la
légende scandinave, des Possédées du Démon"…

La puissance d'une pensée sur nos muscles est grande


Ce n’est pas seulement sur le terrain du sommeil provoqué ou chez les
hystériques qu’on peut constater l’effet puissamment moteur des idées.
Les expériences déjà anciennes de Chevreul (1850) l’ont mis en
évidence d’une façon incontestable chez les gens éveillés et parfai​tement

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sains. Comme ces expériences sont très connues, disons-en un mot
seulement :
Chevreul s’attachait au doigt un fil au bout duquel était fixé un
anneau. Il faisait plonger cet anneau dans l’intérieur d’un verre, sans en
toucher les parois ni le fond, et de telle sorte que le fil fût dans l’axe du
verre. Quand l’anneau était bien immobile, Chevreul pensait fortement un
nombre. Alors, bientôt, le pendule improvisé commençait à osciller et
frappait sur le verre un nombre de coups égal au nombre pensé. (Chevreul.
– De la baguette divinatoire, du pendule dit explorateur, etc.)
C’est une variante de cette expérience qu’imagina Gley en 1889.
Un opérateur invite une personne, dont la main est armée d’un crayon
ou d’une plume, à penser fortement à un mot ou à un nombre. Il tient sa
main appuyée sur celle du sujet en expérience, attentif à enregistrer les
mouvements qui sont inconsciemment trans​mis à celle-ci. Le sujet se
trouve bientôt avoir involontairement écrit le mot ou le nombre pensé.
Cumberland n’a-t-il pas, en utilisant cette puissance motrice des idées,
créé un système original de "lecture de pensée", qui n’est qu’une lecture de
mouvements. Il prie un individu de cacher un objet dans une salle,
n’importe où, et cet objet, il se charge de le découvrir. Il prend alors la
main de l’individu, et lui recommande de concentrer énergiquement sa
pensée sur l’objet caché.
La "concentration" est sensée diriger "mentalement" l’opérateur. En
réalité elle a simplement pour but de créer chez le "transmetteur" des
mouvements musculaires. – L’opérateur tire, pousse le membre dont il
tient la main et en observe les résistances. La direction dans laquelle le
membre va le plus aisément indique celle où est caché l’objet.
L’opérateur n’a qu’à suivre le chemin qu’il se fait tracer par les
tractions du sujet. Sent-il une résistance, il est allé trop loin : il s’arrête,
recule. S’il sent une détente, c’est qu’il approche du but. Il est, par
exemple, devant un monsieur ; c’est sur lui qu’est caché l’objet.
Tenant toujours la main du sujet, il recommande à ce dernier de
penser toujours fortement. S’il lui semble que les contractions faiblissent ;
il touche alors le chapeau, puis le veston. Une détente survient chez son
sujet : c’est là, dans la poche, sans doute qu’est l’objet. Il saisit le
portefeuille. C’était l’objet à trouver.
Il faut avoir essayé soi-même de telles expériences pour pouvoir
croire combien est grande la puissance d’une pensée sur nos muscles.

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Expérience : Découvrir un objet caché en étant conduit par une
pensée
Nous nous sommes personnellement exercés à ces essais "à la
Cumberland", et nous arrivons souvent à les réussir même sans contact
avec le sujet. Avec ceux-là seuls, dont la synthèse mentale est très
vigoureuse et qui peuvent par leur volonté forte dompter leurs
mouvements involontaires, l’expérience échoue. Mais ils sont une
minorité.
Voici comment nous faisons :
Dans une pièce assez vaste (pour avoir la place d’y évoluer librement
et d’y faire évoluer celui qui va servir de sujet), nous prions un ami de
cacher où il voudra un petit objet que nous ne demandons pas à connaître.
Nous annonçons que nous allons décou​vrir cet objet si l’ami sait
penser comme il faut et nous conduire "par la pensée". Nous plaçons l’ami
derrière nous, tout près, à 50 cm environ et le prions de nous regarder la
nuque. "Pensez de toutes vos forces à votre objet, disons-nous, et suivez-
nous de très près."
Nous avançons alors doucement, mais ces premiers pas ne sont
qu’une fausse manœuvre pour "tâter" les réactions du sujet. Nous revenons
au point de départ et réitérons la prière de penser fort et de bien nous
suivre, en conservant fidèlement la distance de 50 cm.
Nous faisons alors vite 3, 4 ou 5 pas en avant, en observant avec la
plus grande attention par l’oreille, et au besoin la vue, ce que fait le sujet.
Nous a-t-il suivi de très près ? Tend-il même à se rapprocher de nous, c’est
que nous sommes dans la bonne direction ; il n’y a qu’à continuer à
avancer.
A-t-il suivi d’abord, puis s’est-il laissé distancer ensuite, nous étions
en bonne route, mais nous sommes allés trop loin ; il faut reculer. S’est-il,
au contraire, laissé distancer dès le début, c’est que nous nous éloignons de
l’objet ; il faut chercher une autre direction.
Quand on a ainsi trouvé l’emplacement, il reste à trouver l’objet.
Supposons que nous avons acquis la conviction que ce que nous cherchons
est près du piano. Il va falloir maintenant chercher à provoquer des
mouvements inconscients dans un bras du sujet.
"Étendez le bras, lui disons-nous, comme nous-même, vers ce piano.
Pensez toujours très vigoureusement à l’objet à trouver, et faites le même
geste que nous avec votre bras "suivez exactement notre bras, très
exactement, mais sans nous toucher."

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Nous passons alors la main le long du meuble, doucement, et nous
observons attentivement, sans en avoir l’air, le bras du sujet qui vous suit.
Si, tout à coup, ce bras se laisse distancer par le nôtre c’est qu’on vient de
passer tout près de l’objet ; le sujet arrêtait sur lui sa pensée, il a aussi
arrêté sur lui son bras. On saisit l’objet voisin de sa main, c’est le bon.
N’allez pas croire, d’ailleurs, que ce remarquable pouvoir moteur des
idées n’a qu’un intérêt expérimental. Il joue un rôle considérable, mais par
trop ignoré, dans la vie courante.

Croire qu'on va tomber, c'est déjà presque être par terre


Voici quelques exemples entre mille :
"Vous montez sur une tour. Penchez-vous pour regarder en bas sans
toucher le garde-fou. Vous n’avez pas le vertige ? – Non. Eh bien !
puisque ce garde-fou ne vous sert de rien, supposez que brus​quement on
le fasse disparaître.
Vous savez ce qui arrivera ; inutile de réaliser l’expérience : vous êtes
sûr d’avoir le vertige alors et d’être précipité.
Pourquoi ? Vous ne vous serviez pas du garde-fou ! – Non, mais vous
saviez qu’il était là. En le supprimant je vous donne l’idée d’une chute
possible, et l’idée se réalise" (Eymleu).
C’est cette même idée de chute, qui tend à faire tomber le jeune
soldat, quand on veut lui faire traverser la poutre du portique. Ce serait jeu
d’enfant que de la franchir si elle était plus près du sol.
Le cycliste débutant, qui s’imagine qu’il va tomber sur l’obstacle qui
est devant lui, sur la route, se précipite sur celui-ci.
Croire qu’on va tomber, c’est déjà presque être par terre. De même
que vouloir un pot de confiture, c’est déjà, pour l’enfant, grimper sur une
chaise pour le saisir.
Le somnambule ne se promène sur les toits que parce qu’il n’a pas
l’idée du danger. Réveillez-le, il pense qu’il pourrait bien tomber, et cette
idée le précipite.
"Je me lèverai, dit le Prodigue, j’irai vers mon père et lui dirai..."

Or, qu’arrive-t-il ? Il se lève, il


va, il dit.

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La puissance motrice des idées subconscientes
Même nos pensées ignorées de notre moi conscient sont des
puissances motrices. Le subconscient des médiums les fait agir à leur
insu. L’écriture automatique et les mouvements de table des spirites
sont dus au pouvoir moteur de pensées subconscientes. Expériences à
l’appui de cette thèse. Comment obtenir l’écriture automatique. Le
cas de Mme Piher. Celui de Mme Raynaud.
Les gens les plus normaux peuvent traduire en actes leurs pensées
subconscientes. Nous sommes tous un peu médiums. Marcher dans la
rue en lisant son journal est un phénomène médiumnique. Notre
pensée subconsciente burine nos traits, fabrique notre attitude et nos
gestes.
Une forme curieuse du pouvoir moteur de l’idée : son pouvoir
inhibiteur. Comment, par suggestion, vous pouvez empêcher
quelqu’un de séparer ses mains. Les paralysies par autosuggestion. Le
cas de Mme Kin. : comment nous l’avons guéri. Les augmentations
imaginaires de poids par suggestion. Com​ment on les réalise.
L’action puissante qu’exerce notre pensée, même à notre insu, sur
nous-mêmes, peut être aisément mise en évidence expérimentalement.

L'idée, même ignorée de notre conscient, peut se traduire par


des actes
J’installe à une table, a écrit l’un de nous (Dr G. D., Journal du
Magnétisme), un de mes nerveux à synthèse psychologique faible. Je le
prie de tenir dans la main droite un crayon appuyé sur un papier blanc,
dans la position où d’ordinaire on écrit.
Je lui recommande de ne pas se soucier le moins du monde de sa main
droite et du crayon, et je fixe toute son attention volontaire sur un livre un
peu aride dont je lui impose la lecture à haute voix.
Pendant que mon sujet est bien occupé à lire, je prends sa main, et je
fais tracer à celle-ci sur le papier des boucles toutes pareilles. Le sujet sent
sa main remuer.
Il me demande ce que je lui fais et ce que je veux de lui : "Rien, dis-
je, ne vous souciez pas de moi ; lisez attentivement". Je continue à faire
dessiner des boucles à la main armée du crayon, puis, insensiblement,
pendant que le sujet lit toujours, je lâche la main.

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Alors, à l’insu de son intelligence pensante, la main de mon sujet
continue à tracer des boucles. Je reproduis l’expérience chaque jour. Au
bout d’un temps, je peux faire écrire des mots, voire même une courte
phrase sans que le sujet en ait le moins du monde conscience.
Par exemple, je prononce machinalement, toujours pendant que le
sujet lit, et je répète sur un ton monotone : "maman est bonne, maman est
bonne..." Cette phrase s’incruste dans le subconscient. Là, elle subit le sort
commun à toute idée entrée dans la mentalité : elle "ressort par les
muscles". Le sujet écrit : "Maman est bonne". Je lui montre alors ce qu’il a
écrit ; il s’en étonne.
Un auteur, Binet, a attiré, longtemps avant nous, l’attention du monde
savant sur de comparables expériences qui prouvent que l’idée, même
ignorée de la conscience pensante, peut se traduire par des actes.
C’est en vertu de ce même pouvoir moteur des idées subconscientes
que combien de médiums poussent à leur insu la table devant laquelle ils
expérimentent avec la meilleure foi du monde. Ils font dire à celle-ci, par
des coups frappés, ce qu’il y a dans leur propre subconscient.

Le cerveau humain contient des connaissances que le


conscient ignore
Une de nos malades s’était ainsi retracée, en des "communications"
qu’elle attribuait à l’au-delà, une foule de détails de sa vie passée que sa
conscience pensante avait totalement oubliés.
Elle tombait toute seule en une sorte d’état somnambulique. Dans cet
état, elle prenait une plume ou un crayon et écrivait de nombreuses pages.
Quand elle revenait à l’état de veille, elle trouvait sur sa table les feuillets
qu’elle n’aurait pas reconnus pour être écrits par elle-même, si elle n’avait
été obligée d’y reconnaître ses signes graphologiques personnels.
Fait qu’elle considérait comme inconcevable : les phrases lui
révélaient des circonstances précises de son existence passée, avec dates et
détails vérifiables à l’appui, circonstances précises qu’elle affirmait
ignorer. Elle pouvait les ignorer, en effet, mais son subconscient les
connaissait. Et c’est en lui qu’elle allait les chercher.
Un autre de nos malades, Grec d’origine (il était né à Athènes), et qui
avait quitté la Grèce à l’âge de 4 ans pour vivre en Amérique, n’avait plus,
jusqu’à l’âge de 38 ans, parlé que l’anglais et croyait avoir oublié sa
langue maternelle...
Un jour, une voix lui parle à l’oreille. Mystère ! Ce n’est pas en

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anglais qu’elle lui parle, c’est en grec ! Et elle lui parle de si étrange façon
qu’il ne comprend même pas tous les mots qu’elle lui dit. Il lui faut ouvrir
son dictionnaire gréco-anglais pour comprendre tout ce que la voix
exprime. Il avait commencé à croire à des hallucinations, mais comment
continuer à admettre cette thèse, puisque la voix lui disait des mots qu’il ne
connaissait pas.
De là à conclure qu’un "esprit" lui parlait, il n’y avait qu’un pas. Il fit
ce pas, et, obéissant à l’ordre de l’au-delà, il quitta Chicago pour revenir en
Grèce où il croyait trouver une camarade d’enfance pour se marier.
Quand il rejoignit, à Athènes, la promise, elle était mariée et mère de
famille. Il conclut, non pas qu’il était dément, mais que "l’esprit qui
l’incarnait" était un mauvais guide, dont Durville seul pouvait le
débarrasser. C’est cette pensée qui le fit sans tarder s’embarquer pour la
France, et qui nous l’amena.
N’est-elle pas puissamment étrange cette capacité qu’a le cerveau
humain de contenir des connaissances que notre conscience pensante
ignore. Connaissances enfouies qui peuvent déclencher des actes,
bouleverser une existence.
Voilà un homme qui brise toute sa situation en Amérique, s’en va en
Grèce, puis vient en France uniquement parce que des mots grecs qu’il a
connus autrefois quand il avait 4 ans, tombés au fond de sa subconscience
sous 34 années de vie américaine, reparaissent un jour à la surface de son
moi conscient sous forme d’hallucinations verbales...

Phénomène de cérébration inconsciente


Nous avons publié (Dr G. D., Journal du Magnétisme, février 1912),
un exemple curieux du pouvoir moteur des idées subconscientes. Nous en
extrayons l’essentiel :
"Une dame Piher... vint nous consulter de Tunisie pour nous exposer
ses curieux phénomènes spirites dont elle était l’objet". Son fils, mort il y a
quelque temps, "venait", dit-elle, chaque fois qu’elle s’installait devant une
table médiumnique, "parler avec elle, et l’avertir de ce qu’il fallait faire ou
ne pas faire. Il réglait les moindre actes de sa vie".
C’était ce fils "désincarné" qui lui avait dit : "Prends de suite le
paquebot et vas à Paris voir Durville ; il fera de toi le plus merveilleux des
médiums" (sic).
Nous examinons cette femme. Elle était visiblement une névrosée,
presque une démente. Nous résolûmes, néanmoins, de tenter avec elle

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quelques expériences. Dès la première séance, elle nous expliqua comment
elle s’y prenait d’ordinaire pour "faire venir son fils".
Nous nous empressâmes de réaliser les conditions expérimentales,
d’ailleurs bien simples, qu’elle réclamait : elle s’installa devant une petite
table à 4 pieds, légère et mobile. Elle y posa les mains, l’attente fut courte.
Bientôt la table commença à s’agiter, et, par le langage conventionnel des
coups frappés, elle se mit à dire et à répéter "maman, maman...".
Un examen, même superficiel du "médium" prouvait indubitablement
que c’était lui-même qui, consciemment ou non, faisait marcher la table.
"Mon fils n’est pas disposé à parler dans la table, dit Mme Piher. Alors, il
va certainement "écrire". Et elle prit un crayon. Bientôt le crayon s’agitait,
et écrivait encore "maman, maman, maman..."
– " Est-ce tout ce que peut me dire votre fils ! disons-nous. Puisqu’il
vous a envoyé à nous d’Afrique, c’est pour nous montrer mieux !..."
– "Attendez, ajouta-t-elle, mon fils va se manifester à une personne de
votre entourage, et la faire écrire. Ce sera intéressant".
Étaient témoins Mme Raynaud, directrice de notre Maison de Santé,
et son mari. "L’esprit" désigna Mme Raynaud.
Mme Raynaud, personne parfaitement équilibrée au moral et au
physique, partageait visiblement notre scepticisme au sujet des soi-disant
phénomènes spirites de Mme Piher. Elle prit, néanmoins, un crayon, du
papier et se plaça dans l’attitude de quelqu’un qui écrit...
Nous la prions de ne pas regarder sa main et de penser à tout ce
qu’elle voudrait, sauf à écrire. La main, néanmoins, commença bientôt à
glisser sur le papier. Mme Raynaud, sentant sa main bouger, en fut très
surprise et regarda le papier. La main alors s’arrêta. Elle recommença à
penser à autre chose, la main recommença à griffonner.
Une signature termina la communication. Nous prenons alors le
papier, et parmi les griffonnages, nous y lisons distinctement le mot
maman.
Que signifie cette courte, mais curieuse communication ? Beaucoup
de spirites seraient tentés de croire que c’est l’esprit du fils de Mme
Piher... qui est venu manifester sa présence à Mme Raynaud.
Il s’est tout simplement passé chez cette dernière un phénomène de
cérébration inconsciente qui s’est manifesté par un mouvement dans le
bras. Mme Piher..., convaincue que l’esprit de son fils était là, avait fait, en

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la poussant, prononcer à la table de nombreuses fois, le mot "maman".
Ce mot a été saisi par l’inconscient de Mme Raynaud. À l’insu de son
intelligence pensante, il s’est incrusté dans cet inconscient. Puis, toujours à
l’insu de l’intelligence, il a subi le sort commun à tant d’idées : il s’est
traduit par des mouvements et s’est inscrit sur le papier.
Si Mme Piher... ne nous donna aucun des phénomènes dont elle se
prétendait le siège, elle nous démontra une fois de plus que même les gens
les plus normaux, comme la directrice de notre Maison de Santé, peuvent
être mus par des pensées dont ils ne soupçonnent même pas l’existence en
eux.

Nos pensées subconscientes sont très puissantes


Combien de fois, dans la vie courante, notre pensée subconsciente
meut-elle nos muscles à notre insu ! "Quand on sort dans la rue, dit le Dr
de Sermyn, avec l’intention de se rendre chez un ami ou ailleurs, il arrive
des fois que l’on est distrait et que les jambes fonctionnent
inconsciemment.
On contourne des rues, on évite des obstacles, et cela sans le moindre
effort volontaire... On ne songe pas que ce phénomène d’automatisme ne
diffère pas des phénomènes présentés par la plupart des médiums
hypnotisés, ni de celui des tables tournantes ou de l’écriture automatique."
Nos pensées subconscientes sont si puissantes en nous-mêmes
qu’elles créent nos gestes, nos attitudes, nos expressions de physionomie :
"La force silencieuse de la pensée agissant constamment dans le
même sens, dit Hector Durville (Magnétisme personnel), façonne notre
corps, burine nos traits, dirige nos manières, assure nos gestes et règle
notre démarche. En imprimant à tout notre être une série de mouvements
correspondant à notre état mental, elle nous rend agréable, attractif et
sympathique, ou désagréable, répulsif et antipathique. Les empreintes de
nos qualités et défauts se voient sur notre physionomie, dans nos manières,
dans notre contenance (2)".

L'idée devient un acte positif ou elle devient un acte négatif


La pensée peut manifester son puissant pouvoir moteur non pas
seulement d’une façon active, mais également d’une façon inverse,
inhibitrice. Ainsi que le dit fort bien Lévy : "La transformation de l’idée en
acte peut s’opérer suivant 2 voies différentes : ou bien l’idée devient un

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acte positif, ou bien elle devient un acte négatif, autrement dit elle
neutralise l’acte".
Le baron du Potet enfermait les gens dans un simple cercle tracé à
terre à la craie, uniquement en leur affirmant qu’ils n’en pouvaient sortir.
Qui n’a vu des hypnotiseurs de foire river sur une chaise, par une
seule phrase accompagnée d’un geste énergique et d’un regard de feu, une
personne qu’on ne pouvait soupçonner de compérage ?
Vous voulez expérimenter ce pouvoir inhibiteur de l’idée ? Choisissez
dans une société une personne impressionnable. Placez-la debout devant
vous, face vers vous. Priez-la de joindre ses 2 mains devant elle, et
encastrez les doigts de l’une entre les doigts de l’autre. Affirmez alors
énergiquement que vous "collez les mains l’une à l’autre". Dites, par
exemple : "Je défends à vos mains de se séparer...".
Ajoutez la suggestion du regard, du geste. Souvent le sujet improvisé
est dans l’impossibilité de séparer ses mains.
Hak Tuke raconte qu’un monsieur découvrit, dans un verger, un
garçon qui, étant grimpé sur un arbre, était sur le point d’y cueillir une
pomme. Il le menaça de l’ensorceler sur place et s’en alla, croyant que
l’enfant allait se sauver au plus vite.
Revenu cependant du service divin, il le retrouva dans la même
position le bras levé et tendu vers la pomme. Il le désensorcela par une
suggestion contraire et le laissa courir.

Nous sommes tous influençables à des degrés différents


Voici maintenant quelques exemples personnels.
On nous amène un jour une femme, Mme Kin... Elle était dans
l’impossibilité absolue de se tenir sur les jambes depuis la veille, et son
état nerveux était indescriptible. Son mari nous conta ce qui suit.
Un individu de leur connaissance avait demandé à Mme Kin... la
permission de faire sur elle quelques expériences de suggestion. Celle-ci
accepta. Lors des premières séances, tout allait bien.
Le "maître" était satisfait de son sujet. Mais, bientôt, il devint
autoritaire et exigeant. Il se prétendit autorisé à être familier avec la dame.
Un jour, il osa même lui suggérer l’ordre de devenir sa maîtresse. Celle-ci
résista. Elle résista si bien que, comme il se permettait un geste risqué, elle
s’éveilla brusquement.

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Lui, avec des yeux furieux, chercha à fasciner sa victime. Mais celle-
ci trouva assez d’énergie pour lui donner l’ordre de sortir. "C’est bien,
s’écria le criminel en claquant la porte sur lui, dans 3 jours, à midi, vous
tomberez paralysée ! Adieu".
Un jour s’était passé déjà : Mme Kin... riait du "maléfice", et son mari
aussi. Mais, le soir, de sourds engourdissements apparaissaient dans les
membres... La suggestion s’exécutait. Le lendemain matin, les jambes
étaient devenues atrocement lourdes... Décidément, la paralysie venait.
Vers midi, la marche devenait impossible. On porta la malade dans
une voiture, et on nous la conduisit. Il était aisé de voir que l’entourage
avait largement contribué à la réalisation du "sort". Sous les aspects du
plus grand calme, le moi était un impressionnable.
Il s’était affolé le premier, avait commenté, raisonné la malédiction,
avait cité les exemples de succès dans des cas analogues et il s’était montré
fort inquiet. "Ces gaillards-là sont si puissants !" disait-il. Il avait rivé dans
l’esprit de sa femme l’idée d’une réalisation possible : elle se réalisait.
On ne peut supposer le mal que nous eûmes pour réparer le dommage
causé dans le cerveau de la pauvre malade, par le cri​minel
suggestionneur. Nous essayâmes de produire le sommeil, mais en vain !
Elle sentait qu’"il" ne voulait pas qu’elle s’endormît, qu’"il" l’influençait
encore à distance, et que nous aurions "bien du mal" pour la guérir. Les
banales suggestions furent impuissantes.
Nous pensons alors qu’une inhibition de ce genre ne pouvait céder
que devant une émotion égale à celle qui l’avait produite. Mais comment
produire cette émotion ?
Songeant alors aux conditions psychiques qui régissent la suggestion,
nous nous disons que le coupable lui-même était seul capable de détruire
son œuvre. Le bon moyen était de le faire "apparaître" à la malade. Pour ce
faire, il fallait l’halluciner. Nous dessinâmes dans ce but, sur le tapis, un
cercle qui fut baptisé "miroir".
– "Dans ce miroir l’individu va venir : je le veux… regardez... Il va
venir retirer ce qu’il vous a dit, et vous serez guérie. Vous ren​trerez chez
vous à pieds. D’ailleurs, je fais renvoyer la voiture qui vous attend...".
– "Non, il ne vient pas..."
– "Il va venir, je le veux...".
Il est difficile de s’imaginer la peine que nous eûmes pour convaincre
la malheureuse qu’"il" était là, qu’"il" la regardait, et qu’"il" retirait son

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sort. Enfin, la malade poussa de gros soupirs, pleura. Elle était guérie. La
séance avait duré 3 grandes heures !
Une idée avait produit tout cela.
Nous avons suivi pendant fort longtemps Mme Kin... Ce n’est
nullement une névropathe. C’est une personne fort bien équilibrée, et sans
aucune tare appréciable.
Tous, on peut dire tous, nous sommes influençables à des degrés
différents. Ah ! comme beaucoup s’illusionnent, qui se croient les maîtres
d’eux-mêmes !

Le pouvoir inhibitoire d'une idée


Voici comment on démontre le pouvoir inhibitoire d’une idée.
Je fais prendre un poids de 5 kg à quelqu’un. Je dis à ce quelqu’un en
accentuant comme il convient, et en m’aidant d’un regard impératif : "ce
poids, parce que je le veux, pèse maintenant 10 kg. Vous allez vous en
convaincre en le soulevant : il devient lourd, très lourd, et votre bras
devient faible, très faible. Il s’engourdit."
J’accompagne ma suggestion d’une sorte d’énergique friction sur le
membre que je cherche à affaiblir. Cette friction n’a d’autre but que de
renforcer l’image mentale que je crée dans le cerveau de mon patient. Je
dis alors : "à présent, ça y est, le poids de 5 kg pèse 10 kg et votre bras est
totalement affaibli. Soulevez !".
Certains sujets sont si influencés que le poids reste rivé à l’endroit où
il repose et que le bras ressent une vive douleur. D’au​tres, moins
sensibles, enlèvent le poids avec difficulté, mais accusent une fatigue nette
dans le membre et une augmentation réelle du poids.
Enfin, presque tous les autres éprouvent, au moins pendant que je
prononce ma suggestion, un engourdissement net dans le bras.
Chez quelques individus, le résultat affecte un aspect spécial : nul si je
ne cherche qu’à doubler ou tripler le poids, il devient véritablement
cataclysmique si je le décuple ou le centuple.
Ainsi, tel homme à l’aspect très vigoureux qui sourit quand je lui
affirme que le poids de 5 kg en pèse 10 et l’enlève comme une plume,
s’effondre à terre, littéralement sidéré, si je lui affirme brusquement que le
poids pèse 100 kg.

Il suffit de savoir s'imposer pour pouvoir influencer

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Retenons que les expériences d’augmentation imaginaire de poids
réussissent, à des degrés différents, on peut dire sur tout le monde.
Elles réussissent toujours mieux quand l’assistance est nombreuse (les
foules sont bien plus suggestibles que les individus). Elles réussissent
mieux aussi si les premières personnes soumises à l’essai ont été fortement
influencées.
Nous avons toujours constaté que les assemblées d’intellectuels et de
savants sont aussi accessibles aux suggestions que les assemblées où le
niveau intellectuel est moyen.
Dans une réunion composée surtout de médecins passablement
sceptiques, à Nancy, l’un de nous (Dr G. D.), a réussi ces expériences
d’une façon surprenante.
Tout l’art consiste à savoir s’imposer.
Pour parvenir à plus de précision dans les expériences, nous avons
pensé à construire un appareil qui pût traduire par un chiffre
l’influençabilité de chacun. C’est ainsi qu’est né le Suggestomètre.

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Le suggestomètre de Durville
Un appareil pratique pour doser la réceptivité de chacun de nous
à la suggestion : le suggestomètre. C’est un simple ressort ellipsoïdal
d’acier muni d’un cadran et d’une aiguille indicatrice.
On le fait serrer par celui dont on veut doser la suggestibilité. On
lui donne ensuite la suggestion que sa force musculaire diminue et on
lit le résultat sur le cadran. – Les 5 degrés de la suggestibilité. –
Suggestibilité névropathique et suggestibilité normale. Dans quelle
catégorie vous placez-vous ?
Le suggestomètre a fait l’objet d’une importante communication, avec
expériences à l’appui, au IIè Congrès International de Psycho​logie
expérimentale.
Cette communication étant un peu longue, nous croyons préférable de
citer ici seulement quelques passages d’un des meilleurs articles parus
dans la presse à son sujet. L’article est signé Dr de Régare, et il a pour titre
: Le Suggestomètre de Durville.

L'expérimentateur agit comme il veut


"... Jusqu’à présent, malgré les efforts de plusieurs auteurs, ce n’est
que d’une façon bien imprécise qu’on dosait la suggestibilité des gens. Un
tel reconnaissait les individus très suggestibles à leur façon de se tenir, de
se présenter, de parler, aux traits, à la forme, à l’aspect général de leur
visage.
D’autres, à certaines expériences plus ou moins longues et délicates
sur lesquelles je ne puis insister ici, à leur manière d’écrire, de réagir ou
d’obéir aux ordres imposés, etc..."
"Toutes ces méthodes d’investigation sont certes intéressantes, mais
elles ne valent que pour celui qui les emploie, le "coefficient personnel" y
jouant le rôle dominant. En les employant, tel expérimentateur réussissait
parfaitement, alors que d’autres ne savaient qu’échouer.
"C’est qu’en effet ces méthodes manquent vraiment par trop de point
de repère fixe, et l’interprétation y tient trop de place. Non seulement
l’expérimentateur agit comme il veut, comme il peut, d’après son
expérience propre, mais il conclut encore de ce qu’il obtient sur son sujet
comme il veut ou comme il peut. Tout flotte dans ces méthodes."
"Nous attendions une méthode plus sûre, plus parfaite, plus

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scientifique. Une méthode qui supprime le coefficient personnel et qui
traduise son résultat par un chiffre."
"Le Dr Gaston Durville a eu le mérite de résoudre le problème. En
tout cas – il m’excusera de cette réticence – il a résolu au moins la moitié
du problème et la plus importante. Son Suggestomètre supprime les
errements du côté du sujet, car il écrit, si je puis le dire, le résultat
automatiquement. Je ne vois pas, d’ailleurs, comment on pourra parvenir à
supprimer l’élément personnel du côté de l’expérimentateur."

Tout le monde peut utiliser le suggestomètre


"Le Suggestomètre de Durville n’est ni compliqué, ni d’un maniement
difficile. N’importe qui peut s’en servir sans le moindre apprentissage."
"C’est un dynamomètre, le dynamomètre que nous, médecins,
employons pour évaluer la force musculaire de nos malades. C’est un
simple ressort d’acier ellipsoïde, muni d’une aiguille indicatrice mobile sur
un cadran." Voici comment Durville s’en servit :
Prier le patient qu’on soumet à l’expérience de se placer debout, les
bras tombant verticalement, de prendre l’appareil en la main forte et, après
l’avoir solidement installé entre la paume et les pre​mières phalanges, de le
serrer une fois de toutes ses forces. On lit alors le chiffre indiqué par
l’aiguille. On laisse ensuite reposer le sujet pendant 5 à 10 minutes.
"Lorsque le sujet est bien reposé, le prier de se mettre à nouveau
comme tout à l’heure, debout, les bras verticaux, l’appareil tenu de la
même façon dans la même main."
"Faire alors pendant une minute environ, la suggestion suivante :
votre bras devient lourd, extrêmement lourd, l’épaule s’engourdit
considérablement. Le bras, l’avant-bras s’engourdissent. Les doigts
deviennent raides, extrêmement raides.
Ils sont maintenant absolument incapables de serrer, et de suite dire au
sujet : "serrez maintenant". Et on lit le chiffre indiqué à l’aiguille. On
constate que la force musculaire a diminué plus ou moins suivant la "dose
de suggestibilité" du patient.
Chez certains la force tombe à 0, chez d’autres elle diminue de 3/4, de
1/2, de 1/4. Chez un petit nombre – les réfractaires – elle est identique."
"Durville a même rencontré un certain nombre d’individus parmi
lesquels certains hystériques, et des gens à esprit de contradiction puissant
– qui sont plus forts après la suggestion qu’avant. C’est là une exception

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très rare."

Les 5 catégories des sujets suivant le résultat obtenu


"Au dos de l’appareil, Durville a fait graver une échelle de
suggestibilité qui permet de classer les sujets en 5 catégories, d’après le
résultat obtenu."
"La première catégorie comprend les gens dont la force musculaire,
après suggestion, tombe à 0. Ce sont les gens à "suggestibilité
névropathique".
"Presque tous, d’après Durville, sont de vrais malades de l’esprit,
quoique beaucoup d’entre eux vivent de la vie normale. Ce sont les gens
dont "on fait tout ce qu’on veut". Ce sont souvent des impulsifs, ils ont
besoin d’être guidés dans la vie. Ce sont les meilleurs sujets pour les
hypnotiseurs et les suggestionneurs."
"Les 3 catégories suivantes comprennent les gens dont la force
musculaire, après suggestion, diminue de 3/4, de 1/2, de 1/4. Quoique cela
semble assez étrange à première vue, c’est dans ces 3 catégories qu’il faut
faire rentrer la très grande majorité des gens. On ne peut donc dire que
ces gens sont malades, à moins d’admettre que personne n’est en bonne
santé."
"J’ai assisté à plusieurs conférences expérimentales de mon confrère
Gaston Durville, et je me suis convaincu qu’il est dans le vrai. Il est arrivé
à influencer à peu près tout le monde, moi compris, et à classer dans une
des catégories précédentes des gens qui, de l’avis de tous, sont équilibrés
sous tous les rapports.
Je l’ai vu notamment, dans une démonstration qu’il faisait dans une
réunion de médecins, influencer fortement plusieurs confrères parfaitement
réfractaires à nos idées, et qui résistaient de toutes leurs forces.
L’un d’eux, Dr André C..., un gaillard qui pèse environ 80 kg, qui est
remarquablement musclé, qui excelle dans les sports violents et qui se
flatte d’avoir une volonté solide, vit sa force musculaire tomber
brusquement d’un bon quart après quelques injonctions faites par
Durville !"
"Dans la 5è catégorie, Durville classe les réfractaires. Ils sont peu
nombreux. J’ignore le chiffre exact indiqué dans la statistique faite par
l’auteur (1 personne sur 10 environ). Mais il est à retenir qu’on peut, je l’ai
dit déjà, trouver exceptionnellement de vrais névropathes très suggestibles,

22
des hystériques à esprit de contradic​tion, qu’on ne peut influencer au
suggestomètre."

"Je souhaite vivement que


l’usage du suggestomètre se
généralise…"

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La puissance motrice des idées intuitives
L’intuition existe-t-elle ? – Une intuition de Sarah B..., qui
manifeste son pouvoir moteur par des mouvements de table. – Est-ce
l’intuition des sourciers qui, descendant dans leurs muscles, fait
tourner leur baguette, leur pendule explorateur ?
Curieuses découvertes des sourciers au IIè Congrès International
de Psychologie expérimentale : délimitation de cavernes souterraines
au Bois de Vincennes, de conduites d’eau au Jardin des Plantes, de
châssis de fonte au Château de Mirabeau, reconnaissance de métaux
contenus dans des enveloppes closes.
La baguette, pour tourner, a besoin des muscles du sourcier. Le
sourcier est un médium intuitif.

Les pensées intuitives sont aussi des sources d'énergie


motrice
Si l’on admet en psychologie que nos pensées conscientes,
subconscientes même, ont en elles des réserves de puissance agissante, on
admet moins que l’intuition a les mêmes pouvoirs.
D’abord, bon nombre de philosophes se refusent à admettre
l’existence de l’intuition, cette faculté supérieure de l’esprit grâce à
laquelle on sait sans avoir raisonné, sans avoir déduit.
L’étude attentive des médiums de toutes sortes incite à faire admettre
que l’intuition existe vraiment. Et que les pensées intuitives sont, elles
aussi, des sources d’énergie motrice.
Nous avons bien des fois constaté qu’un sujet, endormi ou non,
révélait par de l’écriture automatique ou des mouvements de table des
choses qui semblaient ne pouvoir être ni dans son moi conscient, ni dans
son subconscient. La "communication" avait une allure prophétique.

Le pouvoir moteur des idées intuitives


Mme Sarah B..., par exemple, assise un jour devant une table sur
laquelle nous l’avons priée de poser les mains, constate tout à coup que la
table remue (elle la pousse à son insu).
Et, par le langage conventionnel des coups frappés, la table dit : "Une
dame grande, mince, très brune, en deuil, 40 ans, franchit actuelle​ment la

24
porte cochère. Elle a de la métrite". Coup de sonnette, c’est la dame,
totalement inconnue de Sarah et de nous-même. Tout est exact dans la
description qui avait été faite à l’avance.
Sarah croit que c’est "son guide de l’espace" qui a poussé la table.
Pour nous, Sarah a eu une intuition, et celle-ci s’est manifestée par des
mouvements involontaires. Si dire que "Sarah a eu une intuition" est une
explication insuffisante du phénomène, celle-ci nous semble néanmoins
préférable à celle des spirites qui croient à l’intervention d’un esprit
désincarné.
L’étude des baguettisants, des sourciers, nous confirme dans notre
thèse, et nous invite à admettre le pouvoir moteur des idées intuitives.
Il n’est pas douteux pour ceux qui se sont donnés la peine d’étudier
avec soin les sourciers que certains d’entre eux découvrent des sources,
des mines, etc., grâce à leur "baguette divinatoire" ou à leur "pendule
explorateur".

Quelques exemples
Au IIè Congrès International de Psychologie expérimentale (Paris.
Mars 1913), nous eûmes la bonne fortune de pouvoir étudier de près plus
de 20 sourciers.
Il s’agissait de gens de toutes classes, braves paysans, commerçants,
rentiers, plusieurs ingénieurs, des prêtres, des architectes, un professeur
d’université, etc., venus pour se soumettre au rigoureux contrôle
expérimental qu’Henri Mager et Henri Durville leur imposaient.
Emmenés sur une pelouse du Bois de Vincennes sans avoir reçu la
moindre explication, on leur dit : il existe ici des cavernes souterraines,
délimitez-les. MM. Pélaprat, Lebrun, Probst, Coursange, leur appareil en
main, indiquèrent des tracés précis.
Probst indiqua, en outre, 16 points qu’il disait former les angles de
masses pleines, alors que tout autour, "c’était du vide". Quand les
opérateurs déclarèrent avoir terminé, M. Diénert, ingénieur en chef des
carrières, sortit de sa poche des plans absolument inédits et qu’il n’avait
montrés à personne.
On constata que les tracés de Pélaprat, Lebrun, Coursange
correspondaient de façon impressionnante avec la limite de vides
souterrains (anciennes carrières). Quant aux 16 points indiqués par Probst,
ils correspondaient rigoureusement aux 4 angles de 4 piles de soutènement
dans la carrière.

25
Au Jardin des Plantes, M. Viré, du Muséum, place un des
baguettisants, l’abbé Mermet, au voisinage de l’aquarium des catacombes.
Celui-ci, se servant de sa montre suspendue à la chaîne, comme d’une
pendule, indique d’une façon précise le passage des conduites d’eau qui
aboutissent à l’aquarium.
Au château de Mirabeau, la commission du contrôle de la baguette
enfouit dans le potager du propriétaire des châssis de fonte et des bassines
de cuivre.
On prend la peine de tasser la terre et de faire disparaître tout indice
extérieur. 5 baguettisants sont l’un après l’autre introduits dans le potager.
Personne ne trouve les bassines de cuivre. M. Coursange indique très
exactement l’endroit où est la fonte.
Chez le Dr Gustave Le Bon, enfin, plusieurs sourciers reconnurent de
l’aluminium, du cuivre, de l’argent, du plomb, du zinc, enfermés dans des
enveloppes semblables scellées. Ils n’ont ni touché, ni pesé ces
enveloppes. Ils n’ont fait que promener au-dessus leur baguette ou leur
pendule.

Le sourcier perçoit intuitivement ce qui est caché


On a expliqué le mécanisme, cause de la découverte de sources,
mines, etc. par les sourciers de diverses façons. Une des thèses en faveur
au IIè Congrès International de Psychologie expérimentale fut la suivante :
le sourcier est un galvanomètre sensible à la radiation émise par la source,
le métal ..., et l’aiguille de ce galvanomètre, c’est la baguette ou le pendule
entre les mains de l’homme.
Quoique à l’appui de cette thèse, M. Henri Mager dise avoir trouvé un
appareil qui remplace le sourcier, nous préférons admettre, jusqu’à plus
ample informé, que c’est non pas physiquement que le sourcier perçoit ce
qui est caché, mais psychiquement, intuitivement. Et son intuition, il la fait
comprendre à son moi conscient par un mouvement de baguette.
De même qu’un médium se révèle à lui-même ses propres pensées
subconscientes par des mouvements qu’il imprime à son insu à une table,
de même un sourcier prend conscience de son intuition en imprimant sans
s’en douter une rotation à sa baguette.
La baguette du sourcier a, selon nous, la même valeur que la table ou
que le crayon du médium.

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Le subconscient du sourcier réagit à des vibrations de la
matière
D’ailleurs, de même que les mouvements de baguette du sourcier
traduisent ses pensées intuitives, de même la table ou le crayon que le
médium conduit à son insu peut traduire de véritables intuitions.
C’est précisément parce que, quelquefois, la table ou le crayon fait de
véritables révélations que certaines gens sont tentées d’expliquer le
phénomène par l’intervention d’esprits désincarnés.
Pour ce qui nous concerne, et en attendant d’autres preuves, nous
aimons mieux choisir l’explication la plus simple : si révélation il y a,
pourquoi ne pas l’expliquer par l’intuition du sujet lui-même, intuition se
révélant par des mouvements ?
Un des baguettisants les plus intéressants qui se soumirent au contrôle
du IIè Congrès International de Psychologie expérimentale, M. Hémon,
professeur de l’Université de Dijon, crut devoir comparer les phénomènes
de la baguette à des phénomènes médiumniques.
"Le sourcier est un médium", dit-il. Et il ajoutait : "son subconscient
réagit à des vibrations subtiles de la matière", "vibrations électriques",
ajouta Fabius de Champville.

En tout cas, la présence ou


l’absence de vibrations ne
change rien à l’explication
médiumnique du
phénomène.

27
CHAPITRE 2
L’action de la pensée, les muscles de nos
organes (estomac, intestin, utérus)
"Puisque l’émotion, phénomène psychique inférieur, meut les
fibres de l’estomac, de l’intestin, de l’utérus, pourquoi la pensée
supérieure, volontaire, ne les ferait-elle pas aussi mouvoir ?"

L’idée qui remue l’estomac


La classification de nos muscles en striés ou volontaires d’une
part, et en lisses ou involontaires d’autre part, est loin d’avoir la
valeur qu’on lui attribue en physiologie.
L’énergie du sympathique, qui meut nos muscles lisses sans que
nous le sachions, c’est de la volonté déchue, et qui s’ignore. Chez
l’étoile de mer, les mouvements de l’estomac sont commandés par la
volonté. Si nous exerçons notre volonté, elle peut descendre vers nos
organes et en réharmoniser les fonctionnements.
Preuves de l’action de la pensée sur l’estomac : l’émotion qui pro​
duit le spasme gastrique et le vomissement ; le cas du Dr C..., celui de
Van Swieten, celui de notre grand’mère.
L’émotion qui décrispe l’estomac ; atonie émotionnelle ; guérison
par suggestion de vomissements chez la femme enceinte, dans un cas
d’hémorragie gastrique, dans la gastrite.
L’art de savoir digérer : on digère plus avec son cerveau qu’avec
l’estomac. Comment vider de son contenu un estomac par suggestion.
La cure suggestive pour les dyspeptiques.

Muscles volontaires et involontaires


La pensée n’est pas susceptible de faire mouvoir seulement nos
muscles "dits volontaires". Elle actionne aussi à des degrés différents ceux
de nos organes les plus profonds "dits involontaires".
Un mot d’explication s’impose à propos de ce que nous venons
d’appeler muscles dits volontaires et dits involontaires.
La physiologie classique a, jusqu’à ce jour, enseigné que nous
possédons 2 espèces de muscles. D’une part, ceux sur lesquels notre
volonté a prise : ce sont tous les muscles qui nous permettent de remuer

28
(muscles des membres, du dos, du thorax, de la paroi abdominale, etc.). On
les groupe sous la dénomination générale de muscles de la vie de relation.
Ils sont anatomiquement caractérisés par la striation de leurs fibres.
D’autre part, ceux sur lesquels notre volonté passe pour n’avoir pas de
prise : ce sont tous les muscles de nos organes (estomac, intestin, cœur,
etc.).
Ils assurent les mouvements de ces organes. Ils sont constitués de
fibres lisses (sauf le cœur qui est constitué de fibres striées spéciales), et
c’est le système nerveux sympathique (au lieu d’être le cerveau) qui leur
envoie les ordres de fonctionnement.
Cette distinction classique et partout admise entre muscles volontaires
et muscles involontaires, ou si l’on préfère entre muscles striés et lisses, ou
encore entre muscles volontaires et sympathiques, a-t-elle la valeur qu’on
lui attribue ? Nous ne le pensons pas.
La dissemblance anatomique entre la fibre striée et la fibre lisse
n’implique pas nécessairement une dualité absolue de fonctionnement.
D’ailleurs, les fibres striées spéciales du cœur sont rangées parmi les
involontaires, ce qui prouve que le sympathique peut très bien envahir le
domaine de la volonté.

Les muscles de notre estomac sont involontaires


Pour nous, volonté et sympathique ne s’opposent pas plus que ne
s’opposent volonté et subconscience ou inconscience. L’énergie du
sympathique, c’est de la volonté devenue inconsciente. (L’un de nous, Dr
G. D., a développé dans son livre, La Cure Naturiste, cette conception de
l’unité de la pensée, qu’elle soit consciente ou non).
L’étude de l’anatomie comparée montre que le cerveau et le
sympathique peuvent souvent se suppléer. Alors que la volonté ne
commande habituellement pas notre estomac, elle commande celui de
l’étoile de mer.
L’étoile de mer a un tube digestif très simple. Il est réduit à la poche
de l’estomac, et celle-ci n’a pas d’orifice de sortie. Il n’existe ni intestin, ni
anus. Quand l’animal a fini de digérer ce que con​tenait son estomac, c’est
consciemment et volontairement qu’il retourne l’envers cet organe, pour le
vider de ses résidus.
Autrement dit, alors que les muscles de notre estomac sont
involontaires, ceux de l’estomac de l’étoile de mer sont volontaires.

29
À mesure que les êtres évoluent et se perfectionnent, leur volonté cède
progressivement la place à l’inconscience, c’est-à-dire au sympathique,
dans des fonctions qui lui incombaient primitivement.
C’est pour cela que nous n’avons plus besoin de penser à digérer.
Notre sympathique assure cette fonction pendant que nous travaillons,
pendant que nous dormons, … Mais cela ne veut pas dire qu’il y ait
opposition entre muscles volontaires et muscles dits involontaires. La
preuve ?

Réparer les troubles de fonctionnement et les lésions par la


pensée volontaire
Exerçons notre volonté, apprenons-la à redescendre dans nos organes.
Elle reconquerra tout le domaine qu’elle a cédé au sympathique.
C’est en vertu de la loi du moindre effort fonctionnel, en vertu du
perfectionnement organique auquel nous sommes parvenus, que notre
volonté n’a plus à intervenir dans nos fonctionnements profonds.
Mais ce perfectionnement lui-même devient une cause de maladies
parce que le sympathique, n’étant qu’un automate, un second, moins
intelligent, peut se laisser aller à des accoutumances morbides, créatrices
de troubles maladifs.
De ce bref exposé doit logiquement découler une méthode nouvelle de
traitement des maladies de nos organes profonds, sur laquelle nous
reviendrons plus loin.
Cette méthode enseigne à faire redescendre la volonté vers les
organes, pour en réparer les troubles de fonctionnement et les lésions
même graves. Autrement dit, elle enseigne la rééducation du sympathique
par la pensée volontaire.

Tout ce que peut la pensée sur les fibres lisses du tube digestif
de l'estomac
Mais revenons aux fibres lisses du tube digestif de l’estomac, et
montrons tout ce que peut la pensée sur elles.
L’idée, avons-nous dit, peut arrêter la digestion gastrique, arrêter des
contractions antipéristaltiques de vomissements.
Il est des émotions qui immobilisent le bol alimentaire dans un
estomac rendu tout à coup inerte.
Combien de fois avons-nous, par suggestion, fait cesser des

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vomissements, chez des femmes enceintes, par exemple. Il suffit toujours
d’affirmer à la femme que son estomac se décrispe pour qu’il le fasse, et le
spasme du diaphragme cède en même temps. La friction sur l’estomac
augmente l’effet, soit qu’elle agisse par voie calmante réflexe, soit qu’elle
renforce l’image mentale de décrispation. Les 2 mécanismes doivent,
croyons-nous, s’aider mutuellement.
Une femme, Mme Colo..., vomit sans arrêt du sang, atteinte qu’elle
est d’hémorragie gastrique. Nous détendons son spasme diaphragmatique
par suggestion douce : "votre estomac se détend... il est décrispé...". Les
vomissements cessent alors.
Bernheim (La Suggestion, p. 225), avait déjà écrit : "J’ai, par
suggestion, inhibé des vomissements liés à une gastrite catarrhale ou
cancéreuse."

Penser à manger quand on est à table est un bon moyen de


digérer mieux
Se mettre à table sans plaisir, c’est se condamner à mal digérer. C’est
pour cela qu’un beau repas en belle compagnie peut parfois être un remède
utile dans certains cas de dyspepsie atone.
Le mangeur de nouilles impénitent condamne souvent son estomac à
l’inertie. S’il est indispensable à la santé d’avoir un sain régime
alimentaire, il faut aussi savoir de temps à autre sortir de son régime et
faire ce que l’un de nous (Dr G. D., l’Art de vivre longtemps), a
appelé une escapade alimentaire.
Se mettre à table avec des préoccupations d’affaires, ou bien lire
pendant le repas, c’est dériver vers le cerveau des forces qui seraient
mieux à leur place dans les centres digestifs. C’est s’imposer une digestion
laborieuse.
Penser à manger quand on est à table, est un bon moyen de digérer
mieux car, ainsi que l’a dit avec raison Lemoine, "on digère beaucoup plus
avec son cerveau qu’avec son estomac".

L'estomac peut se vider sous l'action de l'idée


Nous avons plusieurs fois constaté qu’une émotion (occasionnée, soit
par un évènement extérieur, soit par une suggestion donnée par nous) est
susceptible de hâter les mouvements péristaltiques de l’estomac au point
d’évacuer tout le contenu de l’organe en quelques minutes.

31
L’estomac inerte d’un de nos nerveux clapote bruyamment, preuve
qu’il contient des aliments. Nous faisons la suggestion que l’estomac se
vide. Nous ne tardons pas à voir les contractions de l’organe se dessiner à
travers la paroi abdominale, et nous entendons le contenu s’évacuer.
Nous palpons et secouons à nouveau l’organe, comme tout à l’heure,
il ne clapote plus. Il s’est vidé sous l’action de l’idée.
C’est par le même mécanisme suggestif que de grandes fringales
succèdent parfois à des chocs émotionnels.
Affirmer à un dyspeptique que son estomac se contractera mieux,
qu’il se contracte mieux déjà, c’est canaliser vers l’organe malade des flux
de forces qui n’étaient pas disposés à y aller.
Il n’est pas de dyspeptique qui ne bénéficie d’une cure suggestive.

L'action de la volonté sur l'estomac


On peut souvent se prouver à soi-même l’action de la volonté sur
l’estomac de la façon suivante :
Choisir un moment où l’on sent l’organe distendu de gaz, à travers la
paroi. Se coucher sur le dos et poser, à nu, une main plat sur le ventre, au-
dessus de l’ombilic. Penser alors avec énergie : j’envoie à mon estomac
des ordres de contraction.

Se représenter mentalement
la cornemuse gastrique et
des ondes musculaires par​
tant dans la région du cardia
vers le pylore, c’est-à-dire de
gauche droite. On sent
souvent les contractions se
faire sous la main.

32
L’idée qui remue l’intestin
Preuves de l’action de la pensée sur l’intestin : l’émotion qui
donne la diarrhée ; les pilules de mie de pain qui purgent.
La cure de la constipation par la rééducation motrice intestinale.
Expériences qui démontrent l’action de la volonté sur l’intestin.
Comment les réaliser sur soi-même. Une curieuse expérience de
Sollier.
La musculature intestinale est, comme celle de l’estomac, très
sensible à l’idée. Si l’émotion donne la diarrhée, c’est peut-être presque
autant par stimulation motrice de l’intestin que par stimulation sécrétoire.

Avoir un intestin bien réglé c'est s'imposer chaque jour une


heure fixe pour exécuter la fonction
Une des causes fréquentes de la constipation, c’est l’absence d’heure
fixe pour se présenter à la selle. À ne pas se contracter tous les jours à la
même heure, le muscle intestinal perd l’habitude de fonctionner.
Qui veut avoir un intestin bien réglé doit s’imposer chaque jour une
heure fixe pour exécuter la fonction. On s’éveille à heure fixe, on se lève
de suite, on déjeune puis, invariablement, le petit endroit.
La présentation à heure fixe vaut beaucoup mieux que le meilleur des
laxatifs et guérit, on peut dire toujours, les paresses intestinales les plus
invétérées. Elle est une magnifique suggestion motrice.
Les pilules de mie de pain, et quantité de remèdes que le médecin
emploie souvent, doivent leur pouvoir laxatif à l’idée. N’importe quel
produit peut donner des coliques, c’est-à-dire créer des con​tractions
intestinales douloureuses, si l’on croit qu’il peut donner la colique.
Une de nos malades qui croyait s’être empoisonnée (elle croyait avoir
avalé de la strychnine, alors qu’elle avait, en réalité, bu du sirop d’écorce
d’orange amère), eut des coliques terribles, tant que nous ne lui eûmes pu
démontré, en buvant nous-même au même flacon, qu’elle s’était
lourdement trompée.

Ce que la suggestion réalise, la volonté consciente peut le


réaliser
Combien de constipations rebelles, de cause musculaire, avons-nous

33
améliorées ou guéries par rééducation motrice de l’intestin, nous ne
saurions le dire.
Nous nous efforçons d’abord de prouver à notre constipé que nous
pouvons, par simple affirmation, faire apparaître dans son colon des
contractions. Nous lui faisons sentir ces contractions sous sa main posée
sur le ventre.
Lorsqu’il a acquis la certitude expérimentale que son intestin remue
par l’effet de notre suggestion, nous l’aidons à produire le même résultat
par autosuggestion : "Vous pouvez, par vos propres énergies nerveuses,
faire mouvoir vous-même votre intestin…, essayez...".
Et le patient ayant réussi, nous l’engageons à se livrer, régulièrement
chaque matin, au moment où il s’efforce d’exécuter sa fonction, à une
sorte de gymnastique interne qui imposera au colon des ondes contractiles
allant lentement, régulièrement de la région droite de l’abdomen (cœcum),
à la région gauche (rectum), et montant d’abord verticalement vers le foie,
puis traversant l’abdomen horizontalement au niveau de l’ombilic pour
redescendre enfin vers la fosse iliaque droite.
Ce que la suggestion réalise, la volonté consciente peut le réaliser.

Un organe sain obéit mieux qu'un organe malade


Au cours de la série de Conférences 1922-1923, faite à l’Institut de
Médecine Naturelle, nous avons exposé qu’on peut, par un entraînement
assez facile, parvenir à faire mouvoir son gros intestin presque à son gré.
On choisit un moment où l’on sent dans la partie droite du gros
intestin (dans le cœcum et le colon ascendant) la présence de quel​ques
gaz, présence qui se manifeste par une sensation de gêne, de tension, à
l’endroit en question, et qui se fait voir par une saillie plus ou moins
ovoïde sur la paroi abdominale. S’allonger sur le dos, mettre à plat une
main, à nu sur le cœcum.
S’assurer que la région est bien immobile. Alors, et sans bouger la
main, et sans contracter le moins du monde la paroi (car ce serait tricher),
envoyer mentalement au colon ascendant un ordre de contraction.
Se dire, par exemple : "sous ma main, mon intestin se contracte ; il
pousse les gaz en haut...". Si l’on sait se servir de sa pensée, une onde con​
tractile ne tarde pas à se créer, qui chasse devant elle les gaz.
Quand on a l’habitude, on peut, à son gré, créer une onde con​tractile
dans un sens, l’arrêter à peu près où l’on veut, par exemple à l’angle du

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colon ou au milieu du colon transverse. On peut même créer une onde
inverse, allant du colon descendant vers l’ascendant. Cette expérience est
plus difficile.
Les gens à gros intestin très mou, trop mou, réalisent difficilement ces
curieux essais. Nous avons d’autre part constaté que certains, qui réalisent
assez facilement des mouvements à volonté dans leur colon lorsqu’ils ont
un intestin à peu près normal, ne peuvent plus les réaliser s’ils font une
crise de fermentation, d’entérite ou de cons​tipation un peu sévère. Cela,
d’ailleurs, se conçoit : un organe sain obéit mieux qu’un organe malade.

L'action que peut exercer la pensée sur l'intestin


Voici maintenant une curieuse observation due à Paul Sollier, qui
vient à l’appui de ce que nous venons de dire sur l’action que peut exercer
la pensée sur l’intestin. Le fait que la malade de Sollier a "vu" le
phénomène se produire, ne change rien au phénomène lui-même.
"La malade dont il s’agit, dit Sollier, avait avalé au mois de mars 1912
une épingle. Toutes les tentatives pour la lui faire rendre avaient échoué.
Un jour, où je lui disais, au cours d’une séance d’hypnose, de réveiller la
sensibilité de son intestin, de la sentir, elle s’arrêta tout à coup en disant
que "ça la piquait". J’insistai.
Elle fit encore quelques mouvements et s’arrêta de nouveau en disant
que "ça lui faisait réellement trop mal...". Mais je la vois très bien
(continue la malade), ce n’est pas la petite épingle que j’ai avalée il y a 2
mois, c’est celle que j’ai avalée il y a 6 mois, je la recon​nais.Mais je
croyais bien l’avoir rendue depuis longtemps. Elle est piquée dans mon
intestin de telle façon qu’elle ne pourra plus sortir. Je souffre beaucoup.
J’interrompis la scène.
"Le lendemain, je rendors la malade et la questionne à nouveau. Elle
me décrit, comme la veille, la situation exacte de l’épingle. Je lui demande
alors si elle peut la déplacer. Elle fait quelques mouvements et me dit que
c’est très difficile, car chaque mouvement l’enfonce davantage.
"Il faudrait, me dit-elle, que je fasse remuer mon intestin en sens
inverse, et c’est très difficile." – "Essayez !" Elle fait d’autres mouvements
et me dit : "Elle bouge, je l’ai fait bouger d’un centimètre, elle commence
à ressortir, mais ça saigne et je n’ose plus bouger."
J’arrête la séance. Journée mauvaise avec hoquets, nausées, sensation
de douleur et de chaleur dans l’abdomen."

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"Le 3è jour, je la rendors. Elle me dépeint tout l’intérieur de son
ventre rouge. Je lui dis de faire partir l’épingle de la place occupée. Elle
fait des efforts...
"Je comprends à ses explications qu’elle est obligée de faire faire à
son intestin des contractions anti-péristaltiques. Elle me dépeint les
positions successives que prend cette épingle : elle se repique, elle
s’accroche, elle tourne, elle bouge, elle se heurte à la paroi, etc.
"Enfin, après 15 minutes environ, elle est sortie. Elle est maintenant
libre dans l’intestin, mais il faut que je la fasse descendre. – J’arrête la
séance.

"Le 5è jour, je recommence.


Elle me dit que l’épingle est
passée dans le gros intestin.
Enfin, le 6è jour, je l’endors et
lui dis de faire avancer
l’épingle... Je lui fais
administrer un lavement pour
en faciliter l’expulsion..., et
elle rend cette épingle".

36
L’idée qui meut l’utérus
L’émotion peut frapper d’inertie un utérus prêt à accoucher.
Peut-on retarder l’accouchement par suggestion ? La suggestion pour
calmer les douleurs utérines.
L’émotion qui fait avorter et accoucher avant terme. L’idée de
tétanisation utérine crispe l’utérus. Un bel exemple de clientèle où
l’idée aida une femme infectée et mourante à expulser, sans
intervention chirurgicale, son fœtus mort.
La suggestion pour arrêter les hémorragies de l’utérus : le muscle
utérin étrangle les vaisseaux qui saignent. Comment nous avons arrêté
l’hémorragie de la malade que le Dr A… nous amenait.
Un fibrome peut guérir par suggestion. Le cas étrange de Mme
R…, qui accoucha, après suggestion, de son fibrome.

L'action que peut exercer la pensée sur l'utérus


La fibre musculaire de l’utérus est des plus sensibles à l’action de
l’idée.
On a plusieurs fois accusé l’émotion de frapper tout à coup d’inertie
un utérus qui allait expulser l’enfant qu’il contenait. Une femme est en
voie d’accoucher, on lui apprend une impressionnante nouvelle, les
douleurs cessent, l’utérus se refuse à se contracter. Il faut stimuler, masser
manuellement l’organe pour le remettre en travail.
Hector Durville affirmait, dans ses leçons, qu’on peut faire accoucher
une femme quelques jours avant le terme, en la "magnétisant". Il affirmait,
ce qui est plus grave et qui n’est pas admis des accoucheurs, qu’on peut
retarder l’accouchement, en détendant l’utérus.
Sans vouloir discuter ici si la "magnétisation" à la Hector Durville, et
si la suggestion telle que nous l’appliquons, peuvent reculer la date d’un
accouchement, nous nous contenterons d’affir​mer qu’il est facile d’arrêter
momentanément le travail d’expulsion utérine.
Voici une parturiente qui souffre et crie. Nous lui disons le plus
gentiment possible, mais néanmoins avec l’autorité et la conviction
nécessaires : "votre utérus se détend, la douleur cesse, vous êtes très bien".
Nous avons pris la précaution d’appuyer la représentation mentale de
détente que nous suggérons en faisant sur l’abdomen, à nu, une légère
friction tournante.

37
Nous ne tardons pas à voir la figure de la femme s’éclairer et sourire,
la douleur abdominale a disparu, et la main qui a frictionné constate que le
spasme de l’utérus n’est plus.

L'idée de tétanisation utérine tétanise l'utérus


Par le mécanisme de la suggestion, il est des femmes qu’on peut faire
accoucher presque sans douleur. On dirige à son gré le travail d’expulsion.
Hector Durville disait souvent à ses élèves que sa femme avait accouché
de ses trois fils "sans s’en apercevoir", parce qu’il avait fait le nécessaire.
L’émotion, si elle détend parfois, crispe généralement l’utérus.
On a parfois reproché à l’émotion d’avoir mis le spasme à une matrice
gravide au point de produire l’avortement.
Une femme que nous soignons est grosse de 3 mois. Elle assiste en
spectatrice à un accident de chemin de fer, qui "lui fait beaucoup de mal
dans le ventre". 3 jours après, elle saigne et le lendemain elle expulse son
fœtus.
Un fœtus solidement fixé dans un utérus très sain eût
vraisemblablement résisté mieux à l’action compressive de l’idée, mais la
femme en question était atteinte de métrite. Il n’est pas douteux, d’autre
part, que le même fœtus fixé dans le même utérus infecté, serait resté
accroché à son poste si l’émotivité de la femme avait été moindre.
Un facteur moral et un facteur physique s’ajoutent s’ils sont dans un
même sens. Ils se contrarient s’ils sont de sens inverse.
Il est connu des accoucheurs qu’une émotion fait accoucher avant
terme. Combien de femmes enceintes, chassées de leur foyer par l’invasion
allemande, ont, avant le terme normal, accouché par émotion, les douleurs
les ayant prises en voiture, en chemin de fer, pendant l’évacuation.
C’est parce que l’idée de tétanisation utérine tétanise l’utérus que
l’accoucheur, la sage-femme aident réellement l’accouchement en
encourageant la femme. Leur parole réconfortante dynamise les énergies
chargées de vider l’utérus.

Fœtus expulsé par suggestion mentale


On nous appelle un jour d’urgence, avec le Professeur J…, auprès
d’une femme Mme Carl..., depuis 17 jours en instance de fausse couche :
grossesse d’environ 2 et demi, fœtus mort, malade infectée, ayant une
température oscillant entre 38 et 40°.

38
Le professeur J... est d’avis de vider d’urgence par curettage l’utérus
qui se refuse à se vider de lui-même. Nous obtenons du chirurgien qu’il
attende au lendemain, confiant que nous sommes dans la possibilité d’une
expulsion uniquement par l’action de l’idée.
Un de nos assistants, M. P..., envoyé immédiatement de notre
clinique, pose les mains sur l’abdomen de Mme Carl... Il la fait se
concentrer de toute sa pensée sur l’idée suivante : mon utérus se serre, se
vide. M. P... aide la représentation mentale de la malade en redisant : votre
utérus va se vider ; je veux qu’il se vide, et il décrit au-dessus du ventre,
avec les mains, des gestes d’extraction.
Au bout de 45 minutes de cette séance, Mme Carl... est prise de
violentes douleurs au bas-ventre. Elle pousse comme pour accou​cher. M.
P... voit quelque chose apparaître à la vulve. Il tire, c’était le fœtus complet
et tout le délivre, très malodorant.
Le soir même, il y avait une séance à la Société Magnétique de
France. M. P... y apporta la pièce anatomique. Les collègues purent
l’examiner à leur gré. Naturellement Mme Carl... entra rapidement en
convalescence. Elle n’a jamais souffert de son ventre depuis.

Hémorragie utérine cessée grâce à une suggestion bien faite


La contraction du muscle utérin sous l’action de l’idée est encore bien
mise en évidence par l’action magnifique qu’exerce une suggestion bien
faite sur une hémorragie utérine.
Quand un utérus saigne, si l’endroit qui saigne est en pleine région
musculaire de l’organe, il suffit de créer un spasme musculaire pour faire
cesser très vite la perte de sang. Nous avons eu à intervenir de très
nombreuses fois pour faire cesser, par la méthode psychique de graves
hémorragies utérines.
Quelle qu’en fût la cause, mais à la condition que l’endroit saignant
fût dans une zone musculaire, nous avons, on peut dire, toujours réussi.
Voici un exemple particulièrement instructif, publié par l’un de nous,
en 1913 (Dr G. D., Journal du Magnétisme).
"Un de mes élèves, le Dr Al…, m’amène un jour en voiture et
d’extrême urgence une de ses malades, en proie à la plus violente
hémorragie utérine. La voiture était inondée de sang, malgré le
tamponnement, et tous les vêtements étaient traversés.
La malade était décolorée, livide, défaillante. Je la fis étendre, et, sans

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prendre le temps de la déshabiller, car le temps pressait, je lui plaçai la
main sur l’abdomen, et lui affirmai, avec toute la conviction nécessaire,
"que l’utérus se serrait, que les vaisseaux se fermaient, que le sang ne
coulait plus".
Mon poing, crispé devant elle avec énergie, lui faisait comprendre le
mécanisme physiologique que j’exigeais d’elle : "sentez votre organe se
serrer comme se serre ma main..."
Un simple coup d’œil sur les voies génitales externes nous montra que
du sang coulait encore. Je répétai. On examina à nouveau, il nous sembla
que le flux diminuait. "Ça y est, disons-nous, ça diminue" Cette dernière
affirmation fit pencher la balance.
La malade sentit son utérus se serrer douloureusement. L’hémorragie
avait cessé. La séance n’avait pas duré un quart d’heure. Le Dr Al…
remmena sa malade en voiture. La chaleur de la nuit détermina une petite
récidive.
J’intervins le lendemain matin et la malade fut totalement débarrassée.
Je pus alors l’examiner profondément et constatai que l’hémorragie était
due à un petit fibrome".
L’hémorragie due au fibrome est la plus facile à faire cesser. C’est
très naturel, puisque le fibrome est, en réalité, un fibromyome, c’est-à-dire
une tumeur essentiellement musculaire, donc susceptible de se contracter.

Soigner le fibrome par la méthode psychique


– Nous avons suivi pendant des mois la malade dont nous venons de
parler. Ajoutons que nous l’avons guérie, toujours par la méthode
psychique, non seulement de ses hémorragies, mais aussi de la cause qui
les provoquait, le petit fibrome.
Le mécanisme de la crispation musculaire est-il celui qui explique la
guérison d’un fibrome par l’idée ? C’est bien possible, à moins que la
cause de cette guérison soit dans l’action vasoconstrictrice exercée par
l’idée sur les vaisseaux qui alimentent le fibrome.
Nous avons soigné de très nombreux cas de fibromes par la méthode
psychique. Dès 1913, l’un de nous écrivait : "dans 18 cas que j’ai soignés,
j’ai arrêté les hémorragies et évité l’opération. 7 cas ont été totalement
guéris, 8 plus ou moins améliorés. Chez les 3 autres, la masse fibreuse a
gardé le même volume".
Depuis 1913, plusieurs cas nous ont donné des résultats

40
particulièrement impressionnants. Celui d’une Mme Lebl..., entre autres,
soigné par nous en 1921.
En février 1921, au premier examen, fibrome énorme, complètement
enclavé dans le bassin, immobile, déterminant des troubles de
compression. Il est gros : en avant de l’utérus comme une belle pomme, en
arrière de l’utérus comme une orange.
Traitement psychique tous les 3 jours environ. Le 7 avril, la tumeur
est devenue mobile. Les troubles de compression ont disparu. Le volume
total ne dépasse plus celui d’une pomme. Le 29 août le volume est celui
d’une mandarine très petite. Plus aucun trouble.

Une malade a accouché de sa tumeur


Un cas particulièrement curieux de guérison d’un fibrome par l’action
de l’idée est le suivant :
Une dame R… se présente à notre clinique pour que nous la soignions
d’un fibrome qui saigne chaque mois avec abondance. À l’examen, nous
trouvons un utérus dont le volume nous donne l’impression d’être celui
d’une moyenne orange.
Première séance de magnétisation par application des mains sur
l’abdomen, à travers les vêtements. Pas de résultat appréciable. 2è séance,
2 jours après, identique : pas davantage de résultat. 3è séance 2 jours après
: la malade s’en va en disant que le ventre lui fait mal.
Elle arrive chez elle, elle souffre de plus en plus, comme si l’utérus
expulsait un enfant, et, stupeur, elle constate qu’elle vient d’évacuer "une
boule rouge".
Le lendemain, la malade va bien, elle nous apporte la boule en
question. Nous constatons qu’il s’agit d’un polype gros comme une
pomme. À un endroit de la surface, nous trouvons un reste de pédicule.
Conclusion : notre malade était porteuse d’un polype pédiculé qui
était à l’intérieur de l’utérus. Il était fixé par le pédicule quelque part dans
l’utérus. La suggestion, en faisant contracter l’utérus, a pressé sur le corps
étranger. La pression continuant, le pédicule s’est rompu, et la malade a
accouché de sa tumeur. Nous avons présenté la pièce anatomique à la
Société Magnétique de France.

41
CHAPITRE 3
L’action de la pensée sur la circulation du sang
Ce chapitre est la reproduction fidèle de la Thèse de doctorat
soutenue devant la faculté de Paris par l’un de nous (Dr André
Durville), sous le titre : L’Action de la pensée sur les phénomènes de
nutrition cellulaire (ouvrage épuisé).
Le professeur Charles Richet, toujours à l’avant des recherches
psychiques, a bien voulu présider le jury qui discuta ce travail. Il y a
quelques années à peine, celui-ci eût semblé révolutionnaire.
Ceux qui ont suivi de près les travaux psychiques pourraient se
souvenir qu’en 1911, c’est-à-dire il y a tout juste 13 ans, la thèse de
doctorat de l’autre de nous (Dr Gaston Durville), parue sous le titre
Étude étiologique de l’hypnose (ouvrage épuisé), fut, reçue à la Faculté
avec la mention "médiocre", parce qu’on ne pouvait lui mettre
"mal" ! Les temps ont évolué...

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L’idée qui meut les vaisseaux sanguins
L’autosuggestion agissant sur les nerfs vasodilatateurs peut
produire la rougeur de la peau. Elle explique les stigmatisations des
saints et des mystiques sous l’action de l’émotion religieuse. Les
grands stigmatisés de l’église : St-François, Ste-Claire. Ste-Catherine,
Ste-Thérèse, Ste-Véronique...
Les stigmatisés mystiques : Catherine Emmerick et Louise
Lateau. Les discussions à leur sujet : Dieu, le diable ou l’idée ? Qui
marqua leur peau des clous du christ ? Observations intéressantes du
P. Coconnier, de Ch. Richet, de Goubeyre, de du Prel, de Duchâtel et
Warcollier, de Liébault.
Comment reproduire par suggestion les stigmatisations chez un
sujet endormi ou non. Comment faire pâlir ou rougir par suggestion ?
La suggestion pour réchauffer la peau froide ; expériences faciles à
faire.
L’action vasoconstrictrice exercée par l’idée mise en évidence par
la guérison des verrues par l’idée : procédés de sorciers, procédés
scientifiques.

L'émotion religieuse mystique a été la grande productrice des


réactions autosuggestives circulatoires
Il est depuis longtemps connu que, chez les gens à synthèse mentale
faible, l’autosuggestion peut créer sur les vaisseaux capillaires de violents
phénomènes de vasodilatation qui peuvent produire, soit la simple
rubéfaction sur une partie du corps, soit de véritables exsudations plus ou
moins sanguines.
On a même relaté des cas sur lesquels il semble qu’il faille faire des
réserves, où l’action autosuggestive aurait provoqué de véritables plaies (?)
L’émotion religieuse mystique, a été, à travers l’histoire, la grande
productrice des réactions autosuggestives circulatoires. C’est elle qui a fait
reproduire sur les fanatiques les stigmates du Christ.
Citons quelques cas parmi les plus connus :
Saint-François d’Assise vit, disent les textes religieux, apparaître sur
lui, au mont Alverne, des plaies analogues à celles qui fixèrent le Christ à
la croix. Frère Elie écrit à ce sujet : "On n’a jamais vu miracle pareil qu’en
la personne du Fils de Dieu… Notre frère nous est apparu crucifié, portant

43
sur son corps les 5 plaies qui sont réellement les stigmates du Christ."
François fut canonisé par Grégoire IX en 1228, à cause de sa
stigmatisation, et le 5 avril 1237, le même pape écrivait à toute la
chrétienté pour certifier le miracle des stigmates, et il lui attribua une
origine divine.
Parmi les autres stigmatisations reconnues d’origine divine par
l’église, il y a lieu de citer celles de Sainte Claire de Montefalco, de Sainte
Catherine de Sienne, de Sainte Thérèse, de Sainte Véronique Giuliani.
Maurice de Fleury relate que Mgr de Ségur, qui fut un très pieux et
très digne prélat, considérait la stigmatisation comme une preuve de
l’intervention du diable sur la terre.
Il écrivit, à l’appui de sa thèse, un petit ouvrage "destiné à propager
l’horreur et l’effroi du Malin, en racontant d’une manière saisissante ses
plus récentes incursions sur terre." Il y est, notamment, question d’un
jeune homme "qui reçut, une nuit, la visite du diable." Le lendemain, il
portait à l’épaule une tache brunâtre, "trace évidente d’un attouchement
infernal."

L'imagination est capable de produire des exsudations


sanguines de la peau
À côté des stigmatisés divins et des stigmatisés diaboliques, il y a lieu
de citer les stigmatisés profanes, qu’ont surtout étudiés les médecins : tels
sont le cas de Louise Lateau et de Catherine Emmerich.
Louise Lateau, jeune fille hystérique, atteinte d’attaques d’extase
religieuse, fut pour la première fois stigmatisée le 24 avril 1868. Si ces
stigmatisations sont réelles, c’est-à-dire si elles ne sont pas le résultat
d’une automutilation volontaire ou inconsciente, elles sont intéressantes.
Laissons la parole au Dr Imbert Goubeyre, qui a longuement étudié
Louise, et qui a publié sur elle une étude intitulée Les Stigmatisées. "Le
vendredi 1er mai, le sang s’échappa du côté et par la face dorsale des 2
pieds... Le Dr Gonne enleva la pellicule des ampoules et ordonna des
médicaments... M. le curé estime à 1 litre la quantité de sang répandue
chaque vendredi…
Le vendredi suivant, la stigmatisation se complétait par l’apparition de
la couronne sanglante : on remarqua au front 4 petites tâches de sang
comme provenant de 4 piqûres d’épingles. Plus tard, cette hémorragie a
pris un grand développement..."

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Quand le Dr Goubeyre examina Louise, il lui trouva : un stigmate au
dos de la main gauche, elliptiforme, couvert d’un feu de sang.... Une large
tâche rose circulaire de la grandeur d’une pièce de 10 centimes à la paume
gauche. Un stigmate au dos de la main droite ayant même forme et même
aspect que le correspondant de la main gauche. Un stigmate palmaire droit
de même forme qu’à gauche.
C’est une ampoule circulaire soulevée par le liquide sous-jacent. Les
stigmates des pieds sont constitués par des ampoules. Le stigmate du côté
gauche de la poitrine est grand comme la paume de la main..."
Le Dr Lefebvre, professeur à Louvain, a publié sur Louise un
important travail : (L. Lat. de Bois d’Haine, sa vie, ses extases, ses
stigmates, par le Dr Lefebvre, Louvain, Picters VIII).
Nous extrayons sa conclusion :
"Une jeune fille soumise à notre observation présente 2 phénomènes
importants : le premier consiste dans un écoulement de sang qui se produit
tous les vendredis… qui se montre sur des points toujours les mêmes, aux
2 faces des pieds et des mains, au côté gauche de la poitrine, au front et au
pourtour de la tête. – Le second phénomène est une extase...
"J’ai suivi ces phénomènes pendant près de 2 ans. Des milliers de
témoins, parmi lesquels une centaine de médecins et plus de 200
théologiens, les ont vus comme moi."
"Leur existence est donc démontrée de la manière la plus certaine..."
À l’encontre du Dr Lefebvre qui juge les stigmates comme un
évènement surnaturel, et qui croit démontrer que "les saignements
périodiques de Louise Lateau n’appartiennent à aucune des espèces
hémorragiques admises dans les cadres réguliers de la science", et que "les
lois de la physiologie pathologique ne permettent pas d’expliquer leur
genèse", se place l’opinion du père Coconnier.

Les stigmates sont dus à l'ardeur de l'imagination


Le P. Coconnier, religieux de St. Dominique, qui a publié en 1897, un
livre intitulé l’Hypnotisme franc, s’élève avec raison contre l’origine
divine des stigmates : "l’imagination, dit-il, est capable, à elle seule, de
produire, en certains sujets, des exsudations sanguines de la peau", et il
cite entre autres les exemples suivants :
Une femme voit un enfant sur le point d’avoir le pied écrasé par une
porte en fer. Elle est prise d’une douleur intense au même pied. Elle croît

45
l’enfant blessé. Par suite, rougeur et enflure autour de la cheville, ce qui
l’oblige à rester au lit quelques jours.
Second fait : une cuisinière de Bordeaux, voyant saigner sa maîtresse,
est tellement saisie au moment où le chirurgien enfonce sa lancette qu’elle
ressent au pli du coude une sensation de piqûre, et bientôt apparaît une
ecchymose en ce point.
Troisième fait : un matelot, dans l’effroi d’une horrible tempête, a
peur d’être englouti dans les flots. Une sueur sanguinolente apparaît sur
son visage et les parties supérieures de son corps.
Déjà au XVIè siècle, Pierre Pomponace avait soutenu que les
stigmates de Saint François d’Assise étaient dus à l’ardeur de son
imagination. Cornelius Agrippa et Giordano Bruno avaient soutenu la
même thèse.
Le prof. Ch. Richet a récemment cité le cas suivant :
"Une jeune mère est occupée à ranger, dans une armoire, des
porcelaines dont elle a les mains pleines. Son petit enfant joue, à terre, à
l’autre extrémité de la chambre, près du foyer sans feu.
À force de toucher la crémaillère, le rideau de la cheminée menace de
tomber sur le cou de l’enfant, qui se trouve à genoux et dans la position du
guillotiné, le rideau de la cheminée jouant le rôle du couperet.
C’est à ce moment, précédant immédiatement la chute du rideau
métallique, que la mère se retourne subitement. Elle entrevoit le danger
que court son petit enfant.
Sous l’influence du saisissement "son sang", selon l’expression
consacrée, "ne fait qu’un tour". Comme cette femme est très
impressionnable et nerveuse, il se forme, paraît-il, sur-le-champ, un cercle
érythémateux et saillant autour du cou, dans le point même où l’enfant
allait être frappé. Un médecin, venu quelques heures après, put encore le
constater."

La sueur du sang
Rosinus Lentilius rapporte qu’un jeune enfant fut mené devant
l’échafaud où l’on pendait 2 de ses frères, et qu’il sua du sang par tout le
corps pendant l’exécution.
Fagon raconte qu’une religieuse tombée aux mains de soldats effrénés
dans une ville prise d’assaut, mourut d’une sueur de sang.
Alliot de Mussey, docteur-régent de la Faculté de Paris, fit de

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nombreuses recherches sur les sueurs de sang. C’est d’après les matériaux
qu’il recueillit que Dom Calmet écrivit sa dissertation sur la sueur du sang
du Christ. Il conclut à la possibilité des sueurs sanguines.
Goubeyre (L’Hypnotisme et la stigmatisation, p. 33), dit que Suarez
explique la sueur du Christ par la tristesse et l’agonie durant la prière.

L'idée de la mère peut marquer le corps de son enfant


Le Dr Baron Carl du Prel croit pouvoir affirmer qu’une émotion vive
ressentie par la mère peut créer un stigmate sur la partie correspondante du
fœtus. Nous estimons l’affirmation très osée.
D’ailleurs, même si les faits étaient certains, il n’est pas établi que le
mécanisme de production de ces stigmates soit le même que celui qu’on
constate chez les vrais stigmatisés.
Avec toute la prudence et la réserve désirables, citons, pour
documentation, quelques faits relatés par du Prel :
Une femme ayant été effrayée par les mains bleues d’un tein​turier,
donna le jour à un garçon dont les 2 mains étaient bleues (?)
Une femme enceinte se réfugie, pendant un orage, dans les gerbes
d’un champ. Elle sent tout à coup une souris lui grimper sur le ventre.
Affolée, elle frappe la bête et la tue sur elle. Elle donne naissance à une
fille qui portait sur le ventre l’image d’une souris et des raies d’un rouge
sang (?)
Le sage Montaigne avait déjà relaté un cas analogue.
Duchatel et Warcollier, dans "Les miracles de la Volonté", rappellent
que Van Swieten voulut un jour enlever une chenille du cou d’une belle
jeune personne qui la pria, en riant, de la laisser tranquille. Elle la portait,
dit-elle, de tout temps.
Un examen plus attentif permit au savant de voir distinctement les
vives couleurs et les poils hérissés de la chenille. La mère de la jeune fille,
sur ce, raconta qu’étant grosse de cette enfant, il lui était tombé sur la
nuque une chenille qu’elle n’avait pu enlever qu’avec peine (?)
Liébault parle d’une jeune fille dont la peau était tachetée de petites
marques couvertes de poils bruns rappelant la fourrure du tigre. Sa mère
enceinte avait eu peur à la vue d’un tigre (?)
Le même Liébault cite le cas d’un vigneron qui ressemblait
d’étonnante façon à la statue du saint patron de son village qui se trouvait à
l’église. Pendant sa grossesse, la mère avait eu l’idée fixe que son enfant

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ressemblerait à ce saint.
Si le cas de Liébault nous semble quelque peu exorbitant, nous
voulons cependant bien admettre que l’idée de la mère puisse marquer le
corps de son enfant.
Si la femme enceinte a l’idée fixe de donner le jour à un enfant
intelligent, fort et beau, il est logique qu’elle galvanise en elle des énergies
qui peuvent construire le petit être autrement que si elle pensait de façon
inverse.
Si les derniers faits cités ont besoin d’être constatés à nouveau et bien
étudiés pour faire partie du domaine de la science, il n’en est pas moins
acquis que la stigmatisation est désormais un phénomène incontestable. Il
est d’ailleurs relativement facile de la reproduire expérimentalement.

Vésications par suggestion sur la peau


Dès 1885, Focachon, pharmacien près de Nancy, produisait des
vésications par suggestion sur la peau d’un somnambule.
Bourru et Burot (de Rochefort) reproduisaient, la même année, par la
même méthode, chez un malade qu’ils présentèrent au Con​grès de
Grenoble, un "dermographisme" allant même jusqu’à l’ex​travasation
sanguine.
D’autres expérimentateurs les suivaient dans la même voie.
Pierre Janet a récemment cité un cas de dermographisme par
suggestion, et notre frère, le Docteur Gaston Durville, en a étudié un très
bel exemple sur son sujet hystérique Jane. Il suffisait de coller sur le bras
de la malade un timbre-poste, en lui affirmant que celui-ci était un
vésicatoire, pour voir apparaître, quand on retirait le petit papier, une
boursouflure rouge comme n’en provoquent que les plus puissants
révulsifs.
La simple affirmation avait créé, exactement à l’endroit choisi, une
telle réaction vasodilatatrice que l’exsudation de sérum sanguin s’en était
immédiatement suivie.
Hector Durville, dans son livre Le fantôme des vivants, relate
comment, chez son sujet endormi magnétiquement, Mme Lambert, il
obtint sans aucun contact, sur l’épaule de celle-ci, une large ecchymose
ressemblant à celle que produirait un vésicatoire.
Charles Lancelin, dans sa Sorcellerie des Campagnes, publie la
discussion critique de ce fait, discussion qui eut lieu à la Société

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Magnétique de France, entre Hector Durville et le Dr Gaston Durville, ce
dernier regrettant que la constatation de l’ecchymose n’ait été faite que le
lendemain de l’expérience, ce qui peut laisser soupçonner une fraude de la
part du médium.

La pensée exerce une action puissante sur le système


circulatoire
Les médecins spécialisés dans le traitement des maladies par l’action
de l’idée savent quelle puissance considérable peuvent avoir sur la
circulation sanguine la suggestion et l’autosuggestion.
Certes, nous ne pensons pas comme le Dr Imbert Goubeyre, qui
estimait que "dire à un sujet endormi : ce soir, à 4 heures, tu saigneras de
ce bras, et constater que l’hémorragie a lieu, est chose renversante au
premier chef.
Nous sourions même quelque peu quand nous le voyons considérer le
phénomène comme extra naturel, et soupçonner même celui-ci d’être
diabolique (!)
Si les grands exemples de stigmatisation sont exceptionnels, ils sont
légion les petits faits qui prouvent d’une façon incontestable l’action
puissante qu’exerce la pensée sur le système circulatoire.
Nous nous sommes souvent amusé à provoquer, par une sugges​tion
indirecte, une brusque action vasoconstrictrice sur le visage d’une
personne émotive.
"Tiens, mais qu’est-ce que vous avez", disons-nous, en ajoutant
l’appoint suggestif d’une attitude, d’un regard convaincus et inquiets,
"comme vous êtes pâle !" Même si elle se sentait très bien, instantanément
la personne pâlit.
La suggestion a stimulé les nerfs vasoconstricteurs qui entourent les
capillaires de la face et produit la pâleur.
Chez les grands sensibles, chez les gens amoindris par un choc moral
quelconque, l’expérience peut prendre des proportions extraordinaires.
Un de nos sujets s’évanouissait (évanouissement avec syncope
cardiaque) quand on lui donnait cette suggestion de la pâleur.

La puissance de la suggestion
Pendant la guerre, nous avons vu un courageux lieutenant de chasseur
à pieds qui venait de recevoir une balle dans l’épaule, perdre tout à coup

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connaissance parce qu’un de nos brancardiers, particulièrement maladroit,
venait de lui dire : "Mais, mon lieutenant, comme vous êtes pâle !"
La douleur, l’inquiétude de la lésion produites par le projectile
n’avaient pas ébranlé la sérénité de l’homme, mais il n’avait pu résister à
la suggestion de pâleur.
Toujours dans le même ordre d’idée, nous disons à quelqu’un, avec
toute l’assurance désirable : "Vous avez donc chaud ? Votre figure est
rouge." Si ce quelqu’un est émotif, il rougit. Il est presque toujours facile
de constater ce rougissement en regardant les oreilles.
Nous disons à notre sujet Marthe D... : "Il fait bien chaud ici !"
Marthe ne tarde pas à sentir son front et ses mains moites de chaleur. Si on
insiste, la sueur perle sur le front et aux paumes des mains. Il n’est pas
nécessaire que Marthe soit en hypnose pour que le phénomène se produise.
On l’obtient aisément à l’état de veille.

S'autosuggérer pour avoir chaud


Ce que la suggestion peut sur autrui, l’autosuggestion peut le réaliser
sur soi-même. Notre frère le Dr Gaston Durville relate, en 1911,
l’expérience suivante, réalisée sur lui-même :
Il se refroidit les pieds en mettant ceux-ci dans l’eau très froide. Puis,
il s’étend sur son lit et envoie, par un effort de concentration mentale, à un
de ses pieds, un ordre de réchauffement. Au bout d’un temps très court (2,
3 minutes), le pied qui reçoit l’ordre de réchauffement est chaud et l’autre
demeure froid.
Le Dr Coste de Lagrave a reproduit la même expérience. À cheval ou
dans une salle non chauffée, s’il souffrait du froid aux pieds, il
s’autosuggérait la sensation de chaleur, et ses pieds, dit-il, se réchauffaient
en moins de 5 minutes.
Coste de Lagrave a remarqué que l’élévation de température se
produisait plus facilement et plus rapidement du côté droit. Selon lui, la
cause probable de cette différence vient de ce qu’étant droitier, il a mieux
exercé ce côté et l’a rendu plus sensible aux excitations et aux émotions.
L’explication est plausible.

Vouloir se réchauffer c'est créer une réaction vasodilatatrice


qui amène du sang à l'endroit froid
À l’aube d’un glacial matin d’avril 1915, mouillé jusqu’aux os et

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couvert de pieds en tête de la boue des tranchées de Woëvre, nous venions
d’achever le chargement de la dernière voiture de blessés.
Le véhicule était plus que complet. Pour parcourir les 7 km de route
qui séparaient l’endroit du combat de l’ambulance, au pied des Hauts de
Meuse, il nous fallut nous contenter d’une place debout hors de la voiture,
en plein vent, un de nos pieds étant sur le marche-pied, et une main
cramponnée au pare-brise.
Pas une couverture pour s’entortiller, toutes celles disponibles étant
sur les blessés. Il est difficile d’imaginer condition physiologique pire : la
boue, l’eau, le froid de 4 heures du matin en avril, et l’immobilité forcée
sous le vent.
Est-ce la dynamisation physiologique créée par le combat, est-ce la
formidable autosuggestion dont nous ne nous départîmes pas une minute
pendant le parcours : "Tu vas bien, tu n’as pas froid, tu n’auras pas même
un rhume".
Toujours est-il qu’arrivé à l’ambulance, le déchargement des blessés
étant opéré, il nous suffit d’une solide friction, d’un bon grog et d’un
sommeil de 12 heures pour être aussi normal qu’avant le terrible coup de
froid.
Nansen a insisté, il y a des années, sur l’effet salutaire qu’a le bon
moral contre les engelures : vouloir se réchauffer, c’est créer une réaction
vasodilatatrice qui amène du sang à l’endroit froid.

Guérir les verrues par des procédés magiques


Faut-il expliquer par le mécanisme de la suggestion vasoconstrictrice
la guérison des verrues par des procédés magiques ?
Nous sommes tenté de le croire. Quoique les verrues soient de nature
nettement infectieuse (puisqu’elles sont contagieuses, comme l’ont montré
Variot et Jadassohn), il n’est pas douteux que leur développement est sous
une certaine dépendance circulatoire.
Que la circulation sanguine diminue dans la verrue, celle-ci peut
cesser de végéter. Elle peut même disparaître.
Dans certains villages d’Outre-Rhin, on recommande, pour guérir ces
petites tumeurs, plusieurs procédés étranges. La complexité de la
technique et son aspect "occulte" peuvent émouvoir assez une âme simple
pour créer localement les étranglements vasculaires qui empêcheront la
verrue de se nourrir.

51
Voici un de ces procédés : se munir d’une poignée de cailloux, s’en
aller la nuit, à minuit (naturellement), au moment de la pleine lune, auprès
d’un puits sans eau et très profond... Tourner le dos au puits, lancer les
cailloux dans celui-ci, par-dessus la tête ; s’enfuir alors à toutes jambes. Il
faut ne pas entendre les cailloux tomber au fond... Alors, et si l’on a bien
procédé, les verrues tombent dans la huitaine.
Voici un autre procédé également employé en Allemagne : on prend
dans la main autant de petits pois qu’on a de verrues, et, sans prononcer
une seule parole, on jette par-dessus l’épaule, dans un four allumé, chacun
des pois.
Un cérémonial plus simple et moins mystique serait certes moins
efficace, parce que frappant moins l’imagination. Certes, celui qui a la
mentalité de se soumettre à de semblables expériences a tout ce qu’il faut
en lui pour que puissent se produire au fond de lui-même les plus étranges
réactions biologiques.
Le Dr Hœberlin dit avoir vu la femme d’un pasteur protestant guérie
d’une grosse verrue qui la gênait beaucoup pour coudre, en allant 3 fois de
suite, à minuit, dans le jardin, par la lune croissante ; là, elle touche 3 fois
la verrue de l’index droit, et, en regardant fixement la lune, elle prononce 3
fois : "lune croissante, pendant que tu croîs, que ma verrue décroisse". 3
semaines après, la verrue avait disparu.
Le même médecin raconte aussi que le fils d’un officier, las de voir
que les ciseaux, caustiques, etc., ne guérissaient pas ses verrues, fait ce qui
suit : pendant la pleine lune, à minuit, il touche la verrue avec un morceau
de viande, en disant le Pater noster. Il enterre la viande sous la gouttière
de sa maison, se couche et ne se lève que quand la viande est putréfiée. La
verrue avait disparu.

Guérison de verrues par suggestion ou autosuggestion


Il est à retenir que les 2 dernières observations concernent des gens
d’un certain niveau intellectuel : émotivité et intelligence sont, en effet,
des facultés très différentes l’une de l’autre. Dans le second cas, le séjour
au lit était bien fait pour donner au sujet le temps de réaliser son
autosuggestion.
Farez a publié un cas de guérison de verrues par suggestion.
Notre frère le Dr Gaston Durville a, sur de nombreux sujets porteurs
de verrues, essayé divers modes de suggestion : suggestion directe,

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suggestion indirecte (sous forme de technique plus ou moins étrange). Il
déclare n’avoir jamais obtenu de succès que dans un seul cas. Celui-ci
mérite d’être relaté :
Une dame Cohend., vient consulter le Dr G. Durville pour des
troubles nerveux multiples dont la dominante est constituée par une
douloureuse névrose d’angoisse. Débilité mentale avec émotivité,
crédulité, suggestibilité extrêmes. Elle porte à la face dorsale de la
première phalange de l’index droit, une verrue grosse comme un petit pois.
– Depuis quand avez-vous cette verrue ? demande le clinicien.
– Depuis des années. J’ai tout fait pour la faire disparaître : je l’ai
brûlée jusqu’à la racine avec de l’acide une première fois ; elle a repoussé.
Un mois après, je l’ai brûlée avec une aiguille rougie au feu, puis arrachée
; elle a repoussé encore.
– Mais, vous pourriez la guérir vous-même, sans aucun produit
chimique : rien que votre force à vous suffirait... Mais êtes-vous capable
de vouloir ?...
La dame s’enflamme, et :
– Docteur, s’écrie-t-elle, je ferai tout ce qu’il faut, dictez !
– C’est simple, pensez tous les jours, matin et soir : ma verrue meurt,
ma verrue tombe. Dans 15 jours votre index doit être net.
– Eh bien c’est entendu, tous les matins et tous les soirs je vais
"communiquer à la verrue du mauvais fluide qui empoisonnera la racine".
Faut-il aussi souffler dessus et projeter par la pensée comme du venin qui
tue ?
– C’est cela, du souffle, beaucoup de souffle, du venin, beaucoup de
venin.
Mme Cohend. s’en alla et revint 15 jours après. Il n’y avait plus de
verrue sur l’index. Celle-ci, qui avait résisté à l’acide et à la cautérisation
ignée, avait disparu sous le choc d’une autosuggestion et elle ne reparut
jamais.

53
L’idée qui fait secréter les glandes
Les larmes sont contagieuses. Un signe dans l’œil des émotifs et
des sujets à suggestion : l’éclat mouillé du regard. Salivation émotive
et sécrétion psychique de l’estomac. "Se faire de la bile", c’est
troubler par l’idée la fonction du foie. – Les pilules de mie de pain qui
purgent.
Guérison par suggestion des constipations dues à l’insuffisance
sécrétoire et de l’entérite. L’envie d’uriner est communicative ;
expériences à faire. On peut souvent, par suggestion, faire uriner un
prostatique, un rétréci, un urémique.
L’action de l’idée sur les glandes génitales de l’homme et de la
femme. Impuissances de cause mentale. Les grossesses nerveuses. Le
cas curieux d’une de nos malades "enceinte de St-Antoine".

Les glandes lacrymales et les sécrétions nasales


La pensée agit profondément sur les glandes de l’organisme. Par quel
mécanisme ? Vraisemblablement par l’intermédiaire des nerfs sécrétoires.
L’action se ramènerait alors à un effet de vasodilatation : l’excitation
nerveuse produite par le choc de l’idée se traduirait par une excitation des
nerfs vasodilatateurs de la glande, d’où issue de liquide vers la glande.
Les glandes lacrymales secrètent aisément sous l’action d’un choc
d’idée. La suggestion créée par la vue de quelqu’un qui pleure amène des
larmes aux yeux des émotifs. Les larmes sont contagieuses.
On a parlé récemment d’un signe oculaire qui permet de reconnaître
les grands émotifs : "l’éclat mouillé" du regard. Quand le médecin
examine un nerveux impressionnable, il constate souvent que l’œil de
celui-ci prend un éclat spécial, qui est bien désigné sous le nom d’éclat
mouillé, car il est dû à une mince nappe de sécrétion lacrymale que
l’émotion de l’examen médical a fait sourdre des glandes lacrymales.
La constatation de l’éclat mouillé du regard est un bon signe qu’on a
affaire à un émotif, toujours justiciable d’un traitement par suggestion, et
souvent même susceptible d’être très facilement endormi.
Les sécrétions nasales sont, elles aussi, susceptibles d’être modifiées
par la suggestion. L’appoint nerveux du rhume des foins est bien connu, et
ceux qui ont expérimenté savent que certains coryzas sont très bien
modifiés par la suggestion.

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Les glandes sudoripares, les glandes de l'estomac, la glande
hépatique
L’action de l’idée sur les glandes sudoripares est bien connue : la
sudation émotive est classique.
Les classiques expériences de Pawlow ont mis en évidence que les
glandes de l’estomac n’échappent pas à l’action de l’idée. Il existe une
sécrétion gastrique d’origine psychique.
Pawlow montre à un chien affamé un beau morceau de viande, et
quand la bête se précipite pour avaler l’alléchant appas, on lui fait avaler
une éponge préalablement attachée à une ficelle. L’éponge ayant atteint
l’estomac, on tire à soi la ficelle, qui ramène l’éponge hors de l’estomac du
chien : celle-ci est pleine de suc gastrique.
C’est l’idée du festin carné qui a envoyé aux glandes pepsinifères une
suggestion de fonctionnement.
La glande hépatique est, comme les précédentes, très sensible à
l’action de la pensée. "Se faire de la bile", c’est troubler, par des pensées
morbides, la normale fonction du foie. Le choc émotionnel étrangle les
voies biliaires, créant l’ictère ou crée la diarrhée par brusque irruption
biliaire dans l’intestin.
Combien de troubles de la fonction hépatique succèdent à des chocs
nerveux !

Le pancréas, les glandes de l'intestin


Il est plus difficile de mettre en évidence l’action de la pensée sur le
pancréas. Il semble cependant que bien des dyspepsies d’origine
émotionnelle sont dues à des perturbations subies par la fonction
pancréatique.
Les glandes de l’intestin grêle sont très sensibles à l’action de l’idée.
Tout le monde connaît les diarrhées émotives. Les pilules de mie de pain
ou de n’importe quoi, purgent si on leur attribue un effet laxatif.
La grande sécrétion liquide qu’on constate dans les selles des émotifs
purgés par suggestion, prouve qu’il y a, dans le résultat obtenu, un facteur
autre que la seule contraction émotionnelle de la musculature intestinale.
Il est certain, d’ailleurs, que dans la production d’une selle par
suggestion, les 2 causes interviennent : cause glandulaire d’une part (les
sécrétions biliaire et intestinale sont activées par l’idée de l’effet à
obtenir) ; cause musculaire d’autre part (la musculature intestinale,

55
stimulée par la même idée, complète l’action sécrétoire).
Grâce à cette double possibilité d’action mentale sur l’intestin, la
constipation est une affection qu’il est souvent assez aisé de guérir par
suggestion. Les cas de guérison de cons​tipation par la suggestion sous
toutes les formes ne se comptent pas, tant ils sont nombreux.
Nous connaissons des gens, constipés depuis 60 ans, que la
suggestion a guéris. D’ailleurs, pour les cas très anciens, il convient de
répéter régulièrement les séances suggestives pour briser la vieille
habitude d’inertie de l’organe.
La rééducation de l’intestin n’est que cette forme soutenue de la
suggestion. Se présenter chaque matin, à la même heure, à la selle, c’est
donner à son subconscient une magnifique suggestion quotidienne de
fonctionnement.
Quand l’habitude est prise, et que l’organe fonctionne régulièrement,
c’est que l’autosuggestion est adoptée par l’esprit définitivement.
Les entérites d’origine nerveuse sont le résultat de chocs émotionnels
ayant touché les sécrétions intestinales. Un choc d’ordre inverse créé par
une suggestion judicieusement appliquée guérit la maladie.

Les sécrétions urinaires


Les sécrétions urinaires sont, c’est connu, profondément influencées
par l’idée. L’envie d’uriner est des plus communicatives. Il suffit à un
nerveux de penser qu’il a envie d’uriner pour qu’immédiatement la
sécrétion rénale s’intensifie.
Voici un sujet sensitif à l’état de veille, Mme D... ; je l’ai vue, il y a
quelques minutes, sortir du W.C ; je sais donc que sa vessie est vide.
Je lui dis :
– "N’auriez-vous pas un petit besoin à satis​faire ?"
– "Non, Docteur".
Avec négligence, j’ajoute :
– "...Enfin, vous connaissez l’endroit, si c’était nécessaire, allez-y".
Sans en avoir l’air, j’ai appuyé sur le "si c’était nécessaire, allez-
y".
Et on parle d’autre chose. 5 minutes ne se sont pas écoulées que Mme
D... se précipite à nouveau dans le W.C.
C’est par un phénomène d’autosuggestion du même genre, que, dans

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un concours (celui de l’externat des hôpitaux, par exemple), lorsqu’un
candidat, attendant avec émotion son tour de se présenter devant le jury,
disparaît derrière le rustique paravent qui cache un seau de toilette, pour y
déverser le trop plein de sa vessie, tous les camarades qui attendent eux
aussi leur tour, et qui ont vu le premier disparaître, se succèdent l’un après
l’autre derrière le paravent.
Les maquignons, les charretiers, qui ne veulent pas que leurs chevaux
les arrêtent n’importe où pour uriner, les font uriner là où ils veulent, en
sifflant à côté d’eux.
Le sifflet rappelant à l’animal le bruit de l’urine qui coule, lui donne
la suggestion du besoin d’uriner, et l’effet ne se fait pas attendre. Les bêtes
sont suggestibles comme nous-mêmes.
Les médecins spécialisés dans les maladies des voies urinaires savent
très bien qu’un des bons moyens de faire uriner vite un malade prostatique
ou rétréci du canal, est souvent, soit de siffler auprès de lui pour imiter le
bruit de l’urine qui coule, soit plus simplement encore d’ouvrir, auprès
d’eux, un robinet d’eau.
Nous avons bien des fois fait uriner par ce procédé du robinet d’eau
des malades chez lesquels la sonde n’avait pu pénétrer. Ce que la sonde,
toute matérielle, n’obtient pas, une simple idée l’obtient souvent.
Et il n’est pas même utile d’être névropathe pour que le résultat
s’obtienne. Et il n’est même pas utile non plus que le clinicien soit bien
exercé. N’importe quelle nourrice fait très bien uriner n’importe quel
enfant.
Au cours des crises d’urémie, le rôle bienfaisant d’une suggestion
bien maniée est des plus puissants. Dire au malade, avec la conviction
nécessaire : "Vous urinerez ce soir, puis davantage demain", c’est enfoncer
profondément en son cerveau des ordres pour la mixtion future.
Nous avons vu des urémiques réagir parfaitement à la suggestion,
alors que tous les diurétiques du pharmacien ne produisaient pas une
goutte d’urine.

Les glandes génitales de l'homme et de la femme, très


sensibles à l'action psychique
Les glandes génitales enfin, sont, elles aussi, très sensibles à l’action
psychique. Il suffit qu’une idée génitale fasse irruption dans l’esprit de la
femme pour que les glandes vaginales se mettent à secréter. L’action
psychique sur l’ovaire ne fait aucun doute.

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L’idée de grossesse supprime les règles. C’est l’histoire classique des
grossesses nerveuses. Une malade du Dr Gaston Durville vit ses règles
s’arrêter parce qu’elle eut l’hallucination suivante : Saint-Antoine lui
apparut, et la posséda. Elle en ressentit "un grand bien être, des
tressaillements effroyables..." ; et elle conclut qu’elle allait être enceinte.
Les règles qui devaient venir dans la semaine n’apparurent pas. Le
ventre commença à grossir, les seins se gonfler et à laisser sourdre à la
pression du mamelon, un liquide aqueux.
Après 9 mois de suspen​sion de règles, il y eut douleurs abdominales,
éructations, gaz abondants, cris et pleurs, toutes choses que la malade
considéra comme un accouchement. Le ventre était dégonflé. La malade
ignorant que les règles ne viennent pas de suite après l’accouchement,
celles-ci réapparurent dans la semaine.
La malade ne demanda jamais de nouvelles de l’enfant. De même
qu’elle avait eu avec Saint-Antoine un contact "psychique", de même
l’enfant était "psychique", c’est-à-dire qu’il était "du monde des esprits".
La suggestion crée sur l’ovaire de puissantes réactions. Elle peut
régulariser les règles chez les jeunes filles et les femmes, supprimer les
douleurs nouvelles chez les jeunes filles à utérus encore insuffisamment
formé, et augmenter ou diminuer le flux mensuel. Le système génital de la
femme est des plus sensibles à la suggestion.
Les hémorragies utéro-ovariennes sont généralement très faciles à
arrêter par suggestion.
Les glandes génitales de l’homme sont aussi influençables que celles
de la femme. L’idée génitale crée l’érection. Au contraire, la crainte d’être
impuissant empêche la congestion prostatique et s’oppose à la
vasodilatation qui crée l’afflux sanguin dans les corps caverneux.

Les glandes salivaires


Les glandes salivaires sont très sensibles à l’action suggestive. L’idée
de bon repas imposée par le fumet qui émane de chez le rôtisseur, amène
la salive à la bouche. Combien de névrosés salivent en surabondance
uniquement par idée fixe de sursalivation.
L’observation curieuse qui suit n’a pas trait à une action sécrétoire
exercée par l’idée sur les glandes salivaires.
Comme elle expose un cas d’expulsion d’un calcul hors des canaux
salivaires, elle eût sans doute été mieux placée au chapitre traitant de

58
l’action de l’idée sur nos muscles involontaires.
Nous avons cru, néanmoins, faire mieux en la plaçant ici. La pièce à
conviction – le calcul expulsé – nous a été apportée trop tard pour que la
relation ait pu paraître dans la thèse de doctorat de André Durville.

Kyste salivaire parti grâce à l'autosuggestion


Une de nos élèves, Mme Mori., éprouve, en 1913, une gêne sous la
langue, du côté gauche. Elle consulte son médecin, qui lui dit : "il s’agit
d’un kyste salivaire – une grenouillette – gros comme un petit pois. Gardez
ça ; si ça devenait gênant, on l’extirperait chirurgicalement".
Pendant 10 ans, exactement jusqu’en novembre 1923, le petit pois
reste indolore. À cette époque, il devient sensible au toucher. Les
mouvements de la langue et la mastication sont gênés.
Mme Mori., qui se fait difficilement à l’idée d’une intervention
chirurgicale, préfère essayer d’appliquer sur elle-même notre méthode
d’autosuggestion profonde. Elle décide "d’envoyer sa volonté vers sa
glande salivaire".
Chaque matin, avant de se lever, chaque soir, au coucher, et en se
promenant, elle pense : "Je veux que ma petite tumeur s’en aille". Elle ne
savait pas du tout comment ladite tumeur pourrait bien s’en aller, mais
qu’importait ?
Avant la fin de novembre, 15 jours au maximum s’étant écoulés, elle
sent, un beau matin, quelque chose qui la pique sous la langue. Elle
regarde dans la glace. Elle aperçoit, à l’orifice du canal salivaire, une petite
pointe blanche qui passe. Elle tire : un calcul salivaire sort.
En écrivant, nous avons ce calcul sous les yeux : il est blanc jaunâtre,
ovoïde, dur et non friable au doigt. Il pèse 15 cg. Il mesure 1 cm dans son
plus grand diamètre. Son volume égale celui d’un moyen petit poids.

Ce calcul serait-il sorti seul ?


C’est plus que douteux.
Depuis 10 ans il n’avait
jamais bougé le moins du
monde ; sa sortie a coïncidé

59
avec l’autosuggestion
méthodique.

60
L’idée qui meut le cœur
Action de la suggestion pendant l’hypnose sur les battements du
cœur. Expériences de divers médecins et des auteurs.
Action de la suggestion sur le cœur sans hypnose. Comment M.
Col... se rétablit de ses 4 affections cardiaques, alors que la médication
chimique ne pouvait plus rien pour lui. Technique employée.
La volonté, bien exercée, peut réaliser dans nos propres
profondeurs tout ce que la suggestion réalise sur autrui. Une
expérience de Gaston Durville sur lui-même. Comment il ralentit, à
son gré, comment il active les battements de son cœur.

L'action de la suggestion sur le cœur


Les premières expériences concernant l’action que peut la suggestion
sur le cœur remontent à Tamburini et Sépilli, qui ont les premiers constaté
des différences appréciables dans l’état circulatoire des sujets hypnotisés.
Paul Richer, à la Salpetrière, dans le service de Charcot, a fait les
mêmes constatations. Celles-ci ont été également confirmées par Beaunis
et Butor, puis par Bérillon et G. Durville.
Une malade de Bérillon (très craintive et pouvant être con​sidérée, dit
l’auteur, comme hystérique) a, à l’état de veille, un pouls à 78 pulsations à
la minute, avec dicrotisme peu marqué et tension artérielle normale.
Le sujet est endormi par fixation des yeux, et reçoit la suggestion que
son pouls se ralentit. Une minute après la suggestion, le pouls marque 66
pulsations ; le dicrotisme s’est peu modifié, la tension artérielle s’est
légèrement élevée.
On fait alors au sujet (toujours endormi) la suggestion qu’il vient de
courir, qu’il est essoufflé, que son pouls bat plus vite. 2 minutes après, le
pouls marque 102 pulsations ; le dicrotisme s’est accentué.
Une autre malade, Mme S..., névropathe a, à l’état de veille, 132
pulsations à la minute. Elle est hypnotisée. Elle reçoit la suggestion qu’elle
est calme, que son cœur se ralentit.
Le Dr Jennings, qui enregistre le tracé cardiaque au cardiographe,
constate qu’après 5 minutes le pouls est descendu à 114 pulsations. La
même suggestion est répétée. Le pouls, repris après une attente de 5
minutes, donne 102 pulsations. Après une 3è suggestion, le pouls descend

61
à 84 pulsations.
L’expérience ayant été répétée à plusieurs reprises, le pouls de la
malade est descendu à 84 pulsations.
Gaston Durville, reprenant ces expériences, a montré qu’il n’est
nullement utile de provoquer le sommeil pour obtenir les mêmes effets
suggestifs sur la circulation.

Rythme cardiaque accéléré ou ralenti selon la suggestion


Il parle à une femme simplement émotive, normalement éveillée. Il lui
compte 79 pulsations à la minute, à l’artère radiale.
Le doigt toujours posé sur la radiale, et l’œil sur le chronomètre, il dit
le plus naturellement du monde, et comme s’il constatait le fait : "Tiens,
votre pouls bat plus vite !… oui plus vite…, de plus en plus vite". Et à
mesure que les minutes passent, la suggestion s’exécute : le pouls bat
successivement à 85, 89, 93, 96 pulsations.
Avec de grands émotifs, on fait aisément passer ainsi le pouls de 75
ou 80 pulsations à la minute à 110 et 120.
Bernheim a, il y a des années, relaté l’expérience suivante :
"J’enregistre, dit-il, le pouls d’un individu avec un sphygmographe à
transmission sur un cardiographe de Marey, et j’inscris le temps avec un
compteur à secondes. Je compte le pouls, à haute voix, sans rien dire au
sujet.
"Puis, après un certain temps, je compte plus de pulsations qu’il y en
avait, par exemple 95 au lieu de 80. Si, plus tard, je repère le tracé, je
constate que, pendant la numération accélérée, le pouls s’est accéléré en
moyenne de 10 pulsations par minute."
Si Bernheim fait, en employant la même méthode, la suggestion de
pulsations retardées, il constate que le pouls s’est, sur son affirmation,
ralenti de 6 à 7 pulsations par minute. La numération accélérée ou ralentie
a créé dans le cerveau du patient l’idée de rythme accéléré ou ralenti, et
celle-ci s’est exécutée.
Ces expériences prouvent qu’il est absolument inutile d’hypnotiser
pour obtenir de puissants effets de suggestion : tout ce qu’on obtient en
hypnose, on peut l’obtenir à l’état de veille. L’hypnose ne crée aucune
propriété biologique nouvelle.
L’hypnose n’est réalisable que sur quelques individus
particulièrement émotifs. Vouloir n’obtenir des effets suggestifs que dans

62
cet état, c’est priver une foule de gens des bénéfices de la suggestion et de
l’autosuggestion.

La volonté, quand on l'aide à réagir, a de la prise sur les fibres


du cœur
Voici une curieuse observation relatée par Gaston Durville (Journal
du Magnétisme). Elle vient à l’appui de notre thèse. Laissons la parole à
notre frère :
Un de mes malades, Col ..., homme de 35 ans, remarquablement
intelligent et énergique, était atteint de 4 affections cardiaques, dont
chacune était mortelle et arrivée à un degré qui, de l’avis de tous les
médecins qui l’avaient vu, était incompatible avec l’existence.
Quand j’entrepris sa cure, il avait insuffisance mitrale avec souffle
tricuspidien, double lésion aortique et coronarite occasionnant d’horribles
crises d’angine de poitrine. Il était assis dans son lit en pleine asystolie
avec anasarque, gonflement hépatique considérable, anurie et congestion
intense des 2 bases pulmonaires.
Il ne réagissait plus du tout à la digitale. Après l’avoir bien examiné,
je lui dis quelque chose comme ceci : "Puisque les médicaments sont sans
effet sur vous, c’est avec votre volonté que je vais vous rétablir. À partir
d’aujourd’hui, vous ne prendrez plus de drogues. Comprenez-moi bien :
votre cœur est fatigué, flasque.
Il n’a plus l’énergie suffisante pour chasser convenablement l’ondée
sanguine ; de là, tous ces phénomènes de stase dans votre foie, vos
poumons, vos jambes. Mais la volonté, quand elle sait réagir ou qu’on
l’aide à réagir, a de la prise sur les fibres du cœur.
La volonté, quand elle est convenablement dirigée, est susceptible de
créer, dans l’organisme de n’importe qui, les réactions les plus
extraordinaires. Vous allez m’aider, m’aider de toutes vos forces. – De
toutes mes forces à moi je vais vous soutenir. Je serai votre ami, je ne vous
abandonnerai pas."
Alors, j’ai vu briller dans l’œil terne de cet homme l’éclair de
l’espérance. J’ai senti que j’avais conquis sa confiance. Il ne me restait
plus qu’à la mériter. Je vis mon malade d’abord chaque jour.
Par des exemples choisis dans ma clientèle, je lui fis comprendre
l’énorme pouvoir qu’a la pensé sur les gens les mieux équilibrés, même
dans les affections organiques les plus graves.

63
Puis, je lui expliquai en termes concis les exercices psychiques à faire
et les lui fis faire devant moi. Je ne le perdais pas de vue, l’encourageant
d’une parole, d’un geste, l’aidant d’un froncement de sourcil pendant un
effort, le récompensant d’un succès par un sourire, par un serrement de
main, par un rien, mais un rien qui est beaucoup, un rien qui est tout.
– "Mon cœur se renforce, répétait-il. Il se contracte mieux, se resserre.
Il bat mieux. Ma circulation s’active. Mon rein s’ouvre, j’urine." Était-il
fatigué, c’est mentalement qu’il faisait l’exercice, et moi je tenais sa main :
"Courage, répétais-je, nous vaincrons !"

Résultat après plusieurs jours de suggestion


Après chaque séance, régulièrement, le malade urina, obtenant ainsi
par lui-même ce que la théobromine ne savait plus obtenir.
Le taux urinaire s’éleva si bien que le 10è jour il urinait 500 g. La
congestion pulmonaire ayant diminué, il put s’allonger dans son lit. Le
cœur était moins flasque, le souffle tricuspidien s’atténuait ; le foie était
moins gros, l’anasarque avait diminué de moitié.
Après 14 jours de traitement, le malade mit pied à terre. La
convalescence fut rapide et normale.
Seules les crises d’angine de poitrine persistaient. Quand elles
s’emparaient du malheureux, l’angoisse l’envahissait, atroce, la sueur
perlait en gouttes du volume d’un pois sur toute sa face. Son cœur battait à
rompre. Le nitrite d’amyle était sans action. – Je me mettais alors devant
lui et lui disais avec une puissance de conviction que les mots écrits
n’expriment pas :
– "Du calme, mon ami, du calme. Je vous aide... Allons, comptons
ensemble jusqu’à 10, et la crise est finie...". Allons doucement : 1, 2...
Vous souffrez trop ; eh bien je compte seul ; vous, comptez mentalement
avec moi : 1, 2, 3... : là..., elle diminue .... 4... Allons, respirez bien... ; elle
diminue .... 4, 5… 6."
Souvent la crise résistait.
– "Elle résiste, disait-il en suffoquant."
– "Patience, elle va, céder. Recommençons : 1, 2, 3..."
Alors, toujours, une détente se produisait, dont je profitais. "Allons,
nous y sommes, c’est fini...", et doucement la crise cessait.
Je suis ainsi parvenu, continue l’auteur, à espacer les crises et à
diminuer leur intensité assez pour que mon malade pût, non seule​ment

64
aller et venir comme par le passé, mais même reprendre ses occupations
dans son bureau au chemin de fer (quand il pouvait travailler, il était dans
son bureau à la gare du Nord).
Pendant plus de 3 ans, il eut une vie parfaitement suppor​table. Une
crise d’angine survenait de temps à autre, mais combien faible, comparée
aux atroces paroxysmes du passé.
Survenait-elle dans la rue, il s’appuyait à un arbre, et là il répétait :
"ma crise cesse, mon cœur bat normalement". Le front se couvrait de sueur
et peu à peu la détente survenant, il continuait sa route. M. Col…,
transformé jusqu’au fond de lui-même, devint un apôtre de
l’autosuggestion.
La même méthode nous permit de rétablir un homme de 64 ans,
atteint d’une terrible attaque d’urémie.
La suggestion et l’autosuggestion eurent rapidement raison non
seulement des cruelles crises cardio-pulmonaires, mais aussi de
l’obstruction complète des reins.

Il est beaucoup plus facile d'activer par la volonté que de


ralentir l'activité cardiaque
Voici une expérience que le Docteur Gaston Durville réalise très
aisément. Nous la réalisons de la même manière :
Le 26 juin 1923, le Dr Gaston Durville faisait, en collaboration avec
le Cheik Véhab, de Constantinople, au 3è Congrès International de
Psychologie expérimentale, une conférence sur le Yoguisme.
Parlant de l’action que peut exercer la volonté sur nos réactions
circulatoires, il propose une expérience sur lui-même pour démontrer cette
action. Il se place debout, et prie 2 des assistants (l’un d’eux est le Dr A.)
de vouloir bien compter le nombre des pulsations à la minute de ses artères
radiales.
Les 2 personnes, montre en main, et un doigt sur l’artère, au poignet,
comptent 62 pulsations.
Sans rien changer de la position, et les poignets toujours tenus, le Dr
G. D. dit : "J’envoie par la pensée, à mon cœur, un ordre d’accélération...
Mon cœur bat vite, vite, plus vite". Il clôt les yeux pour pouvoir se
concentrer davantage sur l’acte circulatoire à obtenir et pour éviter toute
distraction.
Les contrôleurs disent : "le pouls bat plus vite" – "Comptez

65
exactement au chronomètre", dit l’expérimentateur.
Le contrôleur de droite dit : "le pouls augmente encore sa vitesse".
Comme il n’est pas médecin, il déclare que le pouls bat trop vite pour qu’il
puisse le compter.
Le contrôleur de gauche (Dr A.) n’a pas quitté de l’œil son
chronomètre, ni lâché l’artère. Il annonce qu’il a compté 128 pulsations en
1 minute. Il refait une 2è numération ; il annonce 126 pulsations.
Sous l’action de l’effort mental, les battements cardiaques ont donc
plus que doublé.
Sans interrompre l’expérience, sans changer de position, et les
poignets toujours tenus par les contrôleurs, l’expérimentateur dit : "Je veux
maintenant que mon cœur se ralentisse".
Même concentration psychique que précédemment, pendant 2 à 3
minutes, les yeux étant clos pour éviter la distraction.
Les 2 contrôleurs déclarent que le pouls se ralentit de façon
impressionnante. Celui de droite (qui n’est pas médecin), déclare qu’il ne
sent plus le pouls. Celui de gauche compte, une première fois 56 pulsations
à la minute, une seconde fois 53.
Nous avons toujours, dans des expériences analogues, constaté
comme l’expérimentateur précité, qu’il est beaucoup plus facile d’activer
par la volonté que de ralentir l’activité cardiaque.

Cette constatation est


conforme à ce que créent sur
les rythmes cardiaques les
émotions. S’il est connu
qu’elles produisent parfois
l’arrêt cardiaque (c’est-à-dire
du ralentissement poussé à
l’extrême), elles créent de
façon plus banale l’activation

66
de l’organe, la tachycardie.

67
L’idée qui agit sur les plaies
Des eczémas, des plaies de toutes sortes, peuvent guérir par l’idée.
Les guérisons de Lourdes : Le cas de Gargam : ulcérations aux jambes
qui se cicatrisent. Le cas de Rudler : fracture compliquée de plaie
suppurante.
Le Dr Teste et le cas de Mme Périer : fistule et ulcération
d’intestin. – De 2 incisions semblables faites au bistouri sur les avant-
bras, l’une "magnétisée", guérit plus vite que l’autre.

Les guérisons de Lourdes


N’est-ce pas par ce même mécanisme vasodilatateur créé par l’idée
que des eczémas, des dermatoses de toutes sortes, peuvent apparaître à la
suite d’une émotion. Et la vasoconstriction d’origine émotive peut très
bien expliquer la guérison d’affections cutanées, même graves et
anciennes.
Les guérisons de Lourdes abondent en faits de ce genre. De vieilles
plaies suppurantes se cicatrisent après l’immersion dans la piscine ou après
le passage du Saint-Sacrement.
Nous ne trouvons pas exorbitant qu’un malade, atteint d’une plaie,
crée en lui sous l’action de l’émotion religieuse, au niveau de cette plaie,
des réactions nerveuses vasoconstrictrices capables de diminuer
l’exsudation de sérum sanguin, donc de diminuer les sécrétions morbides.
Et de la diminution à la suppression, il n’y a qu’un pas.
Il est connu le cas de Gargam, cet employé des postes qui guérit à
Lourdes, et dont le Docteur Le Bec raconte l’histoire. (Rev. de
Philosophie. Janv. - Fév. 1922). Gargam, à la suite d’une collision de
trains, fut paralysé à la partie inférieure du corps. Peu de temps après
l’accident apparaissent des troubles de nutrition des tissus au niveau des
orteils, puis des ulcérations autour des ongles.
Le Bec conclut : "lésion de la moelle avec troubles trophiques". On
mène le malade à Lourdes. Instantanément il guérit de sa paralysie. "Les
troubles trophiques n’ont pas guéri tout de suite ; ils ont demandé plusieurs
jours" (Le Bec ne dit pas combien).

Croire que la Sainte Vierge guérit

68
Le même auteur relate le cas, bien connu des catholiques, du
bûcheron Pierre de Rudler qui, en 1867, avait eu la jambe cassée par la
chute d’un arbre ; fracture compliquée de plaie. On mit un appareil. La
plaie s’enflamma. Elle suppura 8 ans.
Au cours de la maladie, un fragment d’os de 6 cm s’élimina. On
voulut amputer le membre : il existait un trou par lequel on voyait sortir les
2 bouts d’os qui se refusaient à se souder.
Désespéré, de Rudler se décide à invoquer la Sainte Vierge dans une
grotte, près de Gand, à Oostacker. Il se place sur un banc. Il prie.
Tout à coup, écrit Le Bec, "il éprouva une commotion violente... il
comprit qu’il était guéri..., il se mit à courir (?) (on ne dit pas si la plaie
s’est fermée dans les jours qui suivirent ; c’est regrettable).
Le Bec continue : "il survécut 24 ans, et est mort d’une congestion
pulmonaire des vieillards. On a enlevé le squelette de ses jambes après sa
mort, et on en fait un moulage. On m’a fait l’honneur de me donner ce
moulage que je vous présente : vous pouvez voir qu’il y a bien eu
fracture".

Guérir par le magnétisme


Le Dr Teste, dans son livre Magnétisme animal, cite le cas d’une
dame Périer qu’il guérit par le magnétisme de "fistules et ulcères au
rectum, avec rétrécissement de cet intestin".
Depuis 11 ans, dit Teste, cette dame avait son affection qui suppurait.
Mme Périer voulut être magnétisée tous les jours. On était le 6 novembre.
Le 20 novembre, 2 des plaies du rectum étaient guéries. Le 21, les
douleurs du rectum étaient presque dissipées. Le 25, la malade déclare que
les plaies étaient guéries et que le trou fistuleux était fermé.
Magnin a relaté l’expérience suivante : il prie un confrère de lui faire,
sur chacun des avant-bras, à l’aide d’un bistouri, une incision.

Le confrère s’efforce de faire


les 2 incisions aussi
semblables que possible en
profondeur et en longueur.
Le même pansement
69
couvrira les 2 blessures. Une
seule condition sera
différente : Magnin se fera
"magnétiser" le bras droit, et
pas le gauche. L’auteur
affirme que l’avant-bras droit
a été cicatrisé avant le
gauche.

70
CHAPITRE 4
L’action de la pensée sur l’arbre respiratoire
Les tousseurs impénitents pourront afficher chez eux la salutaire
suggestion suivante : "Ici, il est défendu de tousser"
Les troubles respiratoires chez les traqueurs. – Comment faire
cesser, par suggestion, une crise d’asthme ou d’emphysème ; exemple
de la clientèle des auteurs.
La suggestion contre la toux : "Ici, il est défendu de tousser !".
Comment Hector Durville s’est défendu par l’autosuggestion et
l’automagnétisation contre une terrible pleurésie purulente.
La fonction respiratoire, véritable pont entre la vie consciente et
la vie végétative, permet à l’adepte d’envoyer sa volonté vers les
profondeurs organiques.
Un exercice oriental de respiration ; comparaison des résultats
respiratoires obtenus par un athlète de la pensée à ceux obtenus par
les cham​pions du monde de la plongée.

La suggestion peut détruire ce que l'émotion crée


L’émotion désharmonise les rythmes pulmonaires.
Elles sont bien connues les perturbations respiratoires qui
accompagnent l’attaque de trac. Sous le choc de l’idée de crainte,
l’inspiration et l’expiration sont saccadées, incomplètes, douloureuses ; le
thorax est étreint comme en un étau ; le larynx se crispe, la voix se
détimbre, "blanchit".
(Nous avons dépeint, avec tous détails utiles, les troubles du trac, ainsi
que le traitement à y opposer dans notre Art de devenir énergique ; pour ne
pas faire de répétitions, nous y renvoyons le lecteur).
Chez l’asthmatique, l’emphysémateux, le tuberculeux, chez
l’urémique en instance de crise pulmonaire, une émotion peut déclencher
une crise d’étouffement.
Chez n’importe quel prédisposé pulmonaire et chez les névrosés à
poumons même sains, l’émotion peut provoquer la toux. La toux aboyante
des névropathes est banale pour les neurologiques.
Ce que l’émotion crée, la suggestion peut aisément le détruire. Rien
de plus aisé que de faire disparaître par suggestion une attaque de trac (3),

71
une crise d’asthme ou d’emphysème, et de calmer l’élément nerveux d’une
toux quinteuse chez un tuberculeux.
Prenons l’exemple banal d’une crise d’asthme ou d’emphysème. Le
malade est assis dans son lit, inondé de sueur, les yeux hagards, la face
violette et anxieuse. Il fait des efforts inouïs pour faire descendre un filet
d’air vers ses poumons en spasme.
Prenez-lui les mains et parlez-lui : "Vos poumons vont se détendre ;
l’air va y pénétrer, la crise va cesser..." Appuyez votre suggestion d’une
bonne friction sur le trajet des côtes, d’une vibration manuelle au cou, sur
le trajet du nerf pneumogastrique.
Renouvelez la suggestion : "elle cède, déjà vous respirez mieux". La
moindre accalmie qui survient est une perche de salut à laquelle vous
devez faire cramponner votre malade : "Constatez que vous respirez
mieux. Un effort encore et ça y est...". Si la crise résiste plus de 10 à 15
minutes, c’est que vous ne savez pas faire une suggestion.

L'autosuggestion fait tout ce que fait la suggestion si l'on sait


croire en elle
Nous citons souvent en exemple la guérison que nous avons obtenue,
non pas sur un banal asthmatique ou emphysémateux, mais sur un
urémique en pleine crise d’asphyxie et à la mort, sans avoir employé le
moindre médicament chimique.
Le malade n’urinait plus, surtout depuis 36 heures. Ses 2 poumons
étaient congestionnés jusqu’à moitié. Le cœur était si faible qu’il ne
réagissait plus ni à l’huile camphrée, ni à la caféine, ni à l’éther. La sueur
froide glaçait le visage. L’homme était vieux et usé, mais il était
courageux.
L’idée, si elle tient un moribond jusqu’à l’arrivée de l’être cher
anxieusement attendu, peut aussi faire résister le poumon aux inva​sions
de l’œdème. De tout le peu de force qui lui restait, l’homme se cramponna,
nous aida.
La technique que nous employâmes fut celle que nous venons de
décrire hâtivement comme faisant cesser une crise d’asthme ou
d’emphysème : paroles détensives appuyées de frictions manuelles.
Avec ferveur l’homme répéta : "Je suis calme, je respire, mon
poumon se dégage, mon rein s’ouvre". Il se calma, respira. En 8 jours, il
était debout.

72
Si l’on sait croire en elle, l’autosuggestion fait tout ce que fait la
suggestion.
Un tousseur peut, s’il sait, s’empêcher de tousser. Nous ne parlons pas
seulement du tousseur nerveux, mais aussi de celui qui tousse par besoin
pulmonaire, l’emphysémateux, le tuberculeux, par exemple.
En modérant par autosuggestion les débordements de la toux, en
s’évitant les quintes, le tousseur laisse reposer ses poumons et permet les
circulations profondes.
Dans le sanatorium d’un de nos amis, grand adepte des traitements par
l’idée, on peut lire, sur les murs, des pancartes ainsi libellées : "Ici, il est
défendu de tousser".

Penser à la guérison avec ferveur et foi


À ceux qui douteraient de l’action que peut exercer une pensée bien
dirigée vers les profondeurs pulmonaires, nous pouvons citer le cas de
Hector Durville.
À l’âge de 66 ans, Hector Durville contracte une terrible pleu​résie
purulente interlobaire gauche vérifiée par la radioscopie. Celle-ci s’ouvre
dans une bronche. Le malade commence à cracher un pus infect
polymicrobien (pas de bacille de Koch).
En raison de l’âge, de l’état de fatigue du cœur et des reins, de
l’œdème des jambes, Hector Durville porte sur lui-même le plus sévère
pronostic. Ce pro​nostic est confirmé par le chirurgien et par nous-mêmes.
Mais voici que Hector Durville veut faire une expérience. Il nous
convie à suivre de près l’évolution de son cas : "Je vais guérir, nous dit-il.
Je ferai le nécessaire". À partir de ce jour, le rein s’ouvre, le malade urine,
les jambes désenflent.
Pendant un an, Hector Durville "s’automagnétise". Il pense avec
ferveur et foi, pendant des heures chaque jour, pendant des heures chaque
nuit : mon poumon se cicatrise, ma caverne se bouche, le pus disparaît.
Un an après le début de l’expérience, notre père ne crachait plus de
pus. Celui-ci reparut d’ailleurs dans les mois qui suivirent, mais jamais en
quantité considérable. La caverne s’obtura nettement. Quel tissu la combla
? Hector Durville assurait que c’était du vrai poumon qu’il reconstituait en
lui.
Personne ne saura jamais si le maître disait vrai. En tout cas, nous
pouvons affirmer que tout se passait, à l’auscultation, comme si le tissu

73
reconstitué respirait : l’air semblait y pénétrer.
Hector Durville est mort dans sa 74è année, et c’est une brusque
syncope cardiaque – et non la pleurésie purulente – qui le tua.

L'action de la pensée sur les rythmes pulmonaires


Mais revenons à l’action qu’exerce l’idée, non plus sur les lésions,
mais sur les rythmes pulmonaires.
Ainsi que nous l’avons longuement développé dans notre Art de
devenir énergique, la fonction respiratoire est la plus précieuse fonction
pour l’étudiant en maîtrise de soi, parce qu’elle est la seule qui, chez tout
le monde, soit autant du domaine nerveux involontaire que du domaine
volontaire.
Alors que la pensée consciente n’a habituellement pas de prise sur
l’estomac, le cœur, etc., elle influence aisément la respiration. La fonction
respiratoire nous apparaît ainsi comme établissant une sorte de pont entre
la vie inconsciente et la vie consciente.
Sur ce pont, la volonté de l’adepte peut s’engager vers les profondeurs
organiques, à la conquête du sympathique. C’est une fort jolie tâche que
cette conquête du sympathique par la volonté, une tâche qui n’a rien d’une
régression évolutive. Par elle, l’esprit étend son royaume.
Ce n’est pas, croyez-le, une minime satisfaction de constater que les
forces mentales, accrues par l’entraînement, apportent jusqu’à nos
mouvements cellulaires les plus lointains des ordres de plus en plus
harmonieux, véhiculateurs de sécurité physique et morale.
Les Orientaux, les Hindous en particulier, ont fort bien compris
l’importance que peut jouer l’entraînement volontaire respiratoire dans
l’acquisition des hauts pouvoirs psychiques. Aussi la pratique des
exercices de Yoga est-elle très répandue dans l’Inde.
Nous croyons devoir signaler que nous ne conseillons guère
d’apprendre la Yoga hindoue. Elle donne souvent des mécomptes aux
occidentaux.
Nous lui préférons notre méthode de culture respiratoire, qui est
moins acrobatique, plus physiologique, et qui convient mieux aux gens
d’action que nous sommes (4).

La pensée peut tout


Il nous a semblé intéressant de publier ici un exemple des résultats

74
auxquels conduisent les exercices orientaux de respiration.
Nous avons parlé déjà d’une conférence expérimentale faite à
l’Institut de Médecine Naturelle par l’un de nous, en collaboration avec un
des maîtres de l’occultisme oriental, le Cheik Véhab.
Au cours de la causerie, le Cheik déclare qu’il peut rester 7 à 8
minutes sans respirer. On lui demande de faire de suite une expérience de
3 minutes. Il accepte et commence (le compte rendu qui suit a paru dans
La Vie Sage, organe mensuel de l’Institut de Médecine Naturelle).
Le Cheik est debout ; il indique du doigt sur sa montre le moment où
il va commencer. Le Dr G. Durville prend le pouls gauche ; le Dr A.
Durville pose son oreille sur le poumon droit, en arrière. Le Cheik inspire
lentement 7 à 8 secondes, puis s’arrête en inspiration moyenne... 3 minutes
pleines se sont écoulées : le Dr G. Durville déclare que le pouls a continué
de battre très régulièrement pendant l’expérience ; le Dr A. Durville
déclare qu’il n’a pas entendu de bruit respiratoire pendant l’expérience.
La figure du Cheik est restée très calme. Elle n’a pas pâli, ne s’est pas
congestionnée. Les artères temporales superficielles n’ont pas gonflé.
L’expression a gardé sa sérénité habituelle.
On prie le Yogi de s’asseoir pour se reposer. "Je n’ai aucune fatigue",
déclare-t-il le plus naturellement du monde, et il reprend sa causerie sur le
Fakirisme oriental, parlant "de la pensée qui peut tout, de la douleur qui
n’existe pas, de la maladie qui n’est qu’une erreur de conception".
Le Cheik Véhab cite alors le cas d’un de ses maîtres de l’Orient qui,
après quelques minutes de concentration psychique, a suspendu
complètement sa respiration, et dans cet état s’est fait mettre dans l’eau,
tout le corps baignant, y compris la tête.
On a laissé le yogi 15 minutes pleines dans l’eau, puis on l’a retiré. Il
a alors recommencé à respirer. Pas une goutte d’eau n’avait pénétré dans
ses voies respiratoires, ce qui prouve qu’il n’avait pas respiré.

La foi réalise tout


Pour bien comprendre ce que représentent, nous ne disons pas 15, ni 7
ou 8, mais seulement 3 minutes, sans respirer, nous avons étudié les
résultats obtenus par les grands champions de la plongée.
La plongée consiste à s’immerger complètement sous l’eau, à s’y
mouvoir ou à y rester immobile. Naturellement l’exercice n’est possible
que si l’on ne respire pas.

75
Un seul athlète au monde, le splendide américain Enoch a réussi une
fois un séjour sous l’eau de 4 minutes 40, établissant le record du monde
de la plongée.
En 1907, un des plus magnifiques nageurs français, le professionnel
Pouliquen, en tentant de battre ce record du monde, réalise la performance
de 4 minutes 31 secondes 2/5 et s’approprie le record de France.
Ce temps n’est approché que par de Lalyman, recordman amateur de
la plongée, qui est resté sous l’eau 3 minutes 46 secondes.
Quoique Véhab n’ait pas été mis dans l’eau, et quoiqu’il ne soit pas
douteux que l’immersion eût considérablement changé l’expérience.
Quoique, aussi, on ne puisse pas assurer qu’un peu d’air n’est pas
entré dans ses poumons pendant l’expérience (il eût fallu, pour être sûr
scientifiquement, réaliser des contrôles précis), il faut reconnaître qu’il a
réalisé, et ce sans le moindre effort, et sans la moindre préparation, une
performance digne de quelques rares champions.
Il est absolument certain pour nous, Véhab d’ailleurs l’affirme, qu’il
eût aisément prolongé de plusieurs minutes la suspension respiratoire.

La foi seule a réalisé cela,


chez un homme qui ne
ressemble en rien à un
athlète, ou plutôt qui n’est un
athlète que de l’idée.

76
CHAPITRE 5
L’action de la pensée sur diverses maladies
organiques
L’action du moral au cours des épidémies.
Quelques guérisons miraculeuses de l’histoire : tuberculose
suppurée du coude, guérie sur la tombe du Curé d’Ars ; taies sur l’œil
et perforation d’œil guéries sur la tombe du diacre Paris.
Cas analogue de la clientèle des auteurs : guérison de taies, d’iritis
syphilitique, de cataracte. – Tumeur, paralysie, hydropisie guéries au
cimetière de Saint-Médard.
2 cas précis de cancer du sein considérablement modifiés par le
traitement psychique. Ne faisons pas de la méthode psychique le
remède du cancer. – Plusieurs cas de guérison par l’idée de maladies
microbiennes : sycosis de la barbe, pelade.

Celui qui aurait une volonté solide pourrait guérir


Rien, dans l’organisme, ne peut se produire sans une incitation partie
du système nerveux ou sans l’inverse d’une incitation, c’est-à-dire sans
une inertie de celui-ci. On est alors obligé d’admettre que rien, en nous, ne
peut échapper à l’action de l’idée, idée consciente ou non.
L’action de l’idée sur les maladies organiques ne peut donc être que
très logique. Il est dommage que le médecin soit trop enclin, du fait de la
tournure d’esprit que lui a créée l’école moderne, à ne penser que par
calories, microbes et produits chimiques.
Le problème de la maladie, même organique, ne peut se résoudre
exactement en équation. C’est qu’en effet le facteur pensée ne peut se
traduire par un chiffre, et il tient cependant sa grosse place dans la
conservation, l’amélioration et la destruction de la santé.
De 2 êtres également infectés, et qui auraient les mêmes résistances
organiques, celui qui aurait une volonté solide pourrait guérir, alors que
l’autre mourrait. Un bon moral est un bon mode de résistance aux
épidémies.
Pendant que l’un de nous était externe à l’hôpital Bretonneau, dans le
service des diphtériques, un de ses amis qui est maintenant le Dr F..., vient
le voir et lui dit : "Je voudrais bien voir tes diphtériques, mais j’ai si

77
peur !" – "Alors, vas-t’en, tu viendras un de ces jours."
L’ami domine sa crainte, enfile une blouse blanche et commence à
voir les gorges malades avec nous. 4 jours après, il avait la diphtérie.
Reçut-il plus de bacilles de Lœfler que nous-même ? En tout cas, il pensait
sûrement autrement.

Quelques guérisons miraculeuses


Il est des guérisons "miraculeuses" de l’histoire qui valent d’être
relatées ici. Pour ne pas remonter aux guérisons des aveugles et des
paralytiques sous l’effet de la parole du Christ, parlerons-nous de ce cas de
tuberculose suppurée du coude, qui guérit, en 1862, sur la tombe du Curé
d’Ars ?
Parlerons-nous aussi de quelques guérisons particulièrement
retentissantes survenues au 18è siècle, sur la tombe du diacre Paris, au
petit cimetière de Saint-Médard ?
Les Jansénistes qui voulaient s’attribuer ces miracles pour prouver la
supériorité de leur foi sur celle des Molinistes (car les Molinistes ne
faisaient pas de miracles !) ont fixé des résultats de Saint-Médard.
Pierre-Gautier de Pézenas "presque entièrement privé de l’œil gauche
depuis son bas âge par 2 dragons (taies)... il se perce l’œil droit au mois de
janvier 1732 avec une alêne...". Puis Pierre-Gautier "ayant recouvert l’œil
droit, le 22 avril 1733, par l’intercession de Mr de PARIS... le 14 Mai, en
sortant de l’Église, les 2 dragons qui étaient dans son œil gauche avaient
disparu...".
Nous rapprochons de ce cas les 3 observations suivantes de notre
clientèle : Héli, enfant de 3 ans, grosse taie sur l’œil gauche depuis le bas
âge, consécutive à une conjonctivite suppurée. Une vingtaine de séances
"magnétiques" : guérison.
De K... enfant de 5 ans, qu’on nous amène de Belgique : cécité
presque complète (l’enfant voit juste pour se conduire) par iritis
syphilitique et opacité cornéenne, cécité presque absolue. Une vingtaine de
séances "magnétiques" : la vue de l’enfant s’est améliorée d’une façon
considérable ; la cornée est devenue transparente.
Mme Bourg : cataracte double si opaque que la malade ne peut plus se
conduire seule. Une vingtaine de séances : la malade lit main​tenant son
journal et reprend son métier de couturière.
Mais revenons à Saint-Médard. Mademoiselle Thibaut avait le ventre

78
enflé par un squire d’une grosseur énorme, les jambes grosses comme le
corps d’un enfant, les pieds tout ronds gros comme la tête, le côté gauche
en paralysie... Elle se fait coucher au bas du tombeau de M. de Paris le
19 juin 1731...
Puis Mademoiselle Thibaut fut guérie sur le champ, le 19 juin 1731,
tous ses membres hydropiques se désenflent à l'aveu des spectateurs ; elle
se lève, s’assied sur le tombeau, et fait voir, en joignant les mains, que son
bras gauche ci-devant paralytique et ses doigts… sont guéris. Sa servante,
qui lui met ses pantoufles, est frappée d’étonnement de voir ses pieds… si
subitement désenflés.

Guérie d'un cancer du sein


En 1712, écrit Caré de Montgeron, la demoiselle Coiron tombe de
cheval. Elle se meurtrit violemment le sein gauche. Une extravasation
sanguine se fait et persiste. Le chirurgien Antoine Paysant déclare qu’il
s’agit d’un cancer. Une ulcération ne tarde pas à se produire, laissant
écouler des sanies affreuses.
Un peu de terre provenant du cimetière de Saint-Médard produisit sur-
le-champ (?) la dessiccation de la plaie, en même temps que le seul fait de
revêtir une chemise ayant pris contact avec le tombeau du diacre Pâris
dissipait une paralysie avec contractures dont la demoiselle Coiron était
affectée. M. de Fleury, qui commente le fait, fait observer que la plaie
supposée cancéreuse ne guérit pas d’un coup : elle mit 1 mois à se
cicatriser.
"Certaines tumeurs, ajoute-t-il, traitées par l’eau miraculeuse (de
Lourdes) ont guéri lentement, en quelques semaines, alors qu’elles avaient
résisté jusque là aux pansements antiseptiques."

Malade d'un cancer qui a réussi 2 grossesses


À l’appui de la thèse qui veut que des tumeurs – au besoin
cancéreuses – soient susceptibles d’être influencées par l’idée, nous avons
à citer 2 observations très précises que nous avons vécues en clientèle.
Premier cas. – Cancer du sein gauche (épithélioma) ulcéré sur une
surface carrée de 5 à 6 cm de côté ; ganglions de l’aisselle et sus-
claviculaires pris ; malade cachectique, inopérable.
Une de nos élèves, Mme Tiss, a le courage d’essayer de traiter la
malheureuse. Elle la "magnétise chaque jour par des passes et pose sur la

79
plaie des cotons magnétisés".
En 15 jours, disparition totale de la suppuration malodorante,
apparition de bourgeons charnus de cicatrisation, reprise d’embonpoint,
diminution des phénomènes d’intoxication cancéreuse.
Au bout de 3 mois de soins, la tumeur est diminuée de moitié. La
cicatrisation cutanée est faite à moitié. État général bon. La malade devient
enceinte ! Grossesse normale. Accouchement normal ; enfant vivant.
L’état du cancer ne progresse plus, mais n’empire nullement. Seconde
grossesse ! Elle s’écoule aussi normale que la première. 8 jours avant le
terme, une artère s’ouvre dans la tumeur. La malade meurt d’hémorragie.
Qu’on veuille bien réfléchir à la puissance d’une action mentale qui a
permis à une moribonde de se remettre au point de mener à bien une
première grossesse, puis d’en faire une autre tout de suite après. Quelle
stimulation vitale a donné l’idée à cet organisme, pour faire jaillir en lui de
semblables possibilités.

Tumeur cancéreuse disparue grâce à un traitement mental


Une femme vient un jour nous consulter à l’Institut de Médecine
Naturelle. Elle s’appelle Mme Bertone, elle habite rue Boursault, à Paris.
Elle nous dit : Je suis atteinte d’un cancer du sein droit récidivé sur la
cicatrice opératoire. Il paraît que je suis perdue, mais je viens vous voir
parce que je ne veux pas mourir encore (!).
Elle précise : Au début de 1919, j’ai vu le chirurgien Souligou, à
l’Hôpital Beaujon. Il m’a dit "Tumeur du sein, il faut enlever cela de
suite." Souligou m’a opérée le 2 mai 1919. Il a enlevé tout le sein et cureté
l’aisselle des glandes qui s’y trouvaient.
J’ai été normale jusqu’en janvier 1921. À cette époque, j’ai vu
apparaître un noyau dur au milieu de la cicatrice ainsi qu’un gros placard
de couleur lie de vin. En avril 1921, j’ai constaté l’existence d’un gros
paquet ici (elle montre sa région sus-claviculaire gauche).
Confiante dans les traitements par l’idée, Mme Bertone commence en
avril 1921 des autosuggestions suivant la méthode de notre ami Coué :
"Chaque jour, je vais de mieux en mieux." Mme Bertone déclare qu’en 3
semaines le placard lie de vin a totalement disparu ; mais la tumeur
récidivée est restée telle.
Nous voyons la malade, le 9 octobre 1923. Nous constatons : cicatrice
opératoire d’ablation du sein gauche ; le muscle pectoral n’existe plus.

80
Au milieu de la cicatrice, tumeur ovoïde du volume d’un demi-œuf de
poule adhérente à la peau et adhérente à l’os. Il s’agit d’une façon
incontestable d’une récidive cancéreuse post-opératoire. La région sus-
claviculaire gauche est absolument comblée par des ganglions. L’état
général est assez bon.
Quoique nous nous refusions, on peut dire toujours, à traiter des
cancers, nous acceptons de nous occuper de cette femme, en raison de la
confiance invraisemblable qu’elle nous accorde.
– "Vous pouvez tout, docteur, et je vous aiderai de tout moi",
déclare-t-elle.
– "Eh bien, Madame, si vous pensez ainsi, vous pouvez exiger de
votre lésion qu’elle disparaisse, et elle doit disparaître. Asseyez-
vous devant moi : ma main, que je pose sur votre tumeur, y attire
toutes les forces défensives de votre être.
Par votre pensée à vous, vous complétez mon œuvre : vos globules
blancs accourent là, sous mon doigt, pour dévorer les tissus malades...
Allez-vous en, laissez travailler votre subconscient, et revenez à la
Clinique dans 15 jours".
La malade revint le 23 octobre, sa tumeur a diminué de un tiers. Les
ganglions sus-claviculaires n’ont pas diminué. Même séance suggestive
courte. Renvoi à quinzaine.
Quand la malade se présente à notre examen, la quinzaine expirée, la
tumeur a diminué d’un autre tiers ; les ganglions n’ont pas changé. 3è
séance identique : "dans 15 jours, la tumeur aura disparu, disons-nous,
venez un dimanche matin montrer à nos élèves votre poitrine guérie."
La malade vint. Nos élèves constatèrent que la cicatrice était totale​
ment libérée. Il n’existait plus de tumeur. Les ganglions étaient toujours là.
Nous aurions été heureux de pouvoir continuer la cure.
Qu’arriva-t-il à la malade, nous n’en savons rien, nous ne la revîmes
pas. Nous avons appris en décembre 1923 qu’elle était morte.
Il n’est donc pas établi que nous avons prolongé son existence, mais il
est formellement établi qu’une tumeur récidivée sur une cicatrice, donc
certainement cancéreuse, a disparu rapidement par un traitement
uniquement mental.
Nous osons espérer que les lecteurs voudront bien ne pas nous faire
dire que nous érigeons le traitement mental à la hauteur d’une panacée qui
guérit même le cancer, et qu’il ne leur viendra pas à l’esprit cette phrase

81
prononcée par un médecin qui ne croit pas au pouvoir de l’esprit :
"Durville, avec des mots, il guérit tout, et le cancer !"
Hélas, malgré les mots, le bistouri, le radium et le reste, on mourra
sans doute longtemps encore du cancer.

Guéris grâce aux prières ou aux passes magnétiques


Duchâtel et Warcollier disent (Les Miracles de la Volonté) qu’"un
médecin rapporta au Dr Cahanès, le cas d’un professeur de Moscou atteint
de sycosis parasitaire, affection de la peau particulièrement rebelle, qui fut
guérie en 3 jours, grâce aux prières d’une commère.
On avait constaté la présence de staphylocoques dans le pus, et la
maladie avait résisté, pendant 9 mois, à toutes les médications mises en
usage contre elle".
L’un de nous a publié (Journal du Magnétisme) un résultat du même
genre. Il s’agissait d’un homme habitant Amiens, Dut.., qui était porteur
d’un sycosis grave ayant envahi toute la moustache et une grande partie de
la barbe.
L’examen microscopique, fait par un spécialiste connu de la peau,
avait mis en évidence d’une façon certaine la teigne caractéristique. Le
début de l’affection remontait à 2 années, et, depuis, on avait tenté tous les
remèdes possibles.
La directrice de notre Maison de Santé, Mme Raynaud, se chargea du
malade, lui fit des "passes magnétiques", et, en 6 semaines, l’affection était
absolument guérie. La guérison s’est parfaitement maintenue depuis 9 ans.

Le facteur mental est capable de jouer un rôle dans toutes les


maladies
Nous avons eu l’occasion de soigner, uniquement par la méthode
psychique, 2 cas de pelade particulièrement graves, chez 2 jeunes gens,
MM. Louis et Chard.
Le premier avait sur la tête 11 grandes plaques complètement glabres
; le second n’avait plus un cheveu sur la tête. Si étrange que cela puisse
paraître pour des profanes, les 2 malades ont guéri l’un en 6 mois, l’autre
en 7. Les cheveux ont repoussé, d’abord très grêles et pâles, puis ils se sont
renforcés et colorés.
Qu’on veuille bien, là comme pour les cas de cancer cités plus avant,
ne pas faire de nos observations les bases d’une méthode de cure

82
systématique des maladies parasitaires.
Nous entendons seulement démontrer que le facteur mental est
capable de jouer un rôle dans toutes les maladies – même les maladies
parasitaires.

83
Conclusion
La thérapeutique par l’idée doit être scientifique. Toute maladie,
psychique ou organique, bénéficie de la cure mentale.
Il existe 2 sortes de malades : ceux qui ont un contrôle mental
insuffisant, ceux qui en ont un bon.
Pour les malades à contrôle mental insuffisant, le remède à leurs
maux, c’est la suggestion : suggestion impérative, cataclysmique pour les
plus émotifs d’entre eux, suggestion plus ou moins raisonnée et
autosuggestion pour ceux qui peuvent comprendre.
Pour les malades à bon contrôle mental, le remède à leurs maux, c’est
la Volonté. Tous les miracles sont permis à la Foi.
Les pages qui précèdent ont mis le lecteur en face du formidable
phénomène suivant : la pensée est capable de produire à elle seule, dans les
profondeurs les plus cachées de nos organes, les plus étonnantes réactions
soit de maladie, soit de guérison.
Rien de ce que nous avons dit n’a été dicté par des vues théoriques.
Tout a été expérimenté sur nous-mêmes, ou créé, vécu, contrôlé sur les
malades de notre clientèle. Les faits ne se discutent pas. Ils démontrent la
nécessité dans laquelle se trouve désormais la médecine de tenir compte de
l’acteur mental dans la production et la guérison des affections même les
plus organiques.
Tout phénomène se produisant chez un être vivant est imputable, en
dernier ressort, à une énergie qui est une forme plus ou moins évoluée de
l’énergie mentale. À avoir oublié ce rôle primordial que joue le facteur
psychique dans toute réaction vivante, à n’avoir voulu voir dans les êtres
que des cornues de laboratoire où tout se réduit à d’aveugles actions
physico-chimiques, la médecine moderne en est arrivée à sa désastreuse
conception du droguage violent, et à son immoral matérialisme. (Pour
détails sur la façon dont nous concevons et appliquons la médecine non
médicamenteuse, on pourrait lire la revue mensuelle La Vie Sage, que nous
dirigeons (5)).
Il est temps de réagir contre les déplorables tendances chimiques de
l’école moderne : l’esprit doit conquérir en thérapeutique la place qui lui
est due.
La médecine par l’idée est à son aurore. Elle veut ne plus être

84
seulement la médication de quelques névrosés, de quelques "imaginaires".
Elle veut être une pierre basale de toute médecine. Elle mérite d’être cette
pierre basale.
Il est temps de montrer à ceux qui souffrent que des pensées mal
orientées, inférieures, découragées, malsaines sont des facteurs de mal-
être, non seulement pour l’esprit, mais aussi le corps, et qu’au contraire, à
penser droit et pur, à croire en l’esprit qui nous commande, à faire de la
Volonté et de la Loi morale les directeurs de notre vie, on oblige ses
échanges profonds à bien s’y faire.
La thérapeutique par l’idée, demande à être faite scientifiquement.
On peut dire que, jusqu’à ce jour, elle a été pratiquée d’une façon
empirique et imparfaite.
Sous forme de thérapeutique de la foi, elle est vieille comme le
monde. Dans les sanctuaires de tous les temps et de tous les lieux, les
malades les plus organiques sont allés demander aux dieux la guérison de
leurs maux.
Ce n’est pas une raison pour en rester aux procédés de l’Inde antique.
La peau de bête des temples d’Égypte, sur laquelle on allait dormir pour
solliciter la guérison de ses varices ou de sa tumeur, ne convient plus à nos
esprits.
Il est bien sûr que si le bon roi Saint Louis revenait pour toucher,
comme autrefois, du doigt les écrouelles, en disant : "Le Roi te touche,
Dieu te guérit", il aurait encore de nombreux clients, tant est grande la
confiance instinctive qu’ont les hommes dans les médications qui ne
droguent pas.
Lourdes est là, qui en atteste : croirait-on qu’en 1923, il a défilé à
Notre-Dame de Lourdes 247.840 pèlerins ! Parmi eux 201.800 Français,
16.800 Belges, 9.750 Espagnols, 7.000 Hollandais, 3.950 Anglais, 3.105
Haïtiens, 2.950 Suisses, 1.000 Portugais, etc. S’imagine-t-on qu’en cette
même année 36.000 hommes et 104.000 femmes malades ont été baignés à
la piscine miraculeuse ! – Progression très marquée sur 1922, dit la
statistique officielle religieuse.
Mais tous ces traitements par l’idée sont faits au hasard, sans directive
et sans contrôle. On guérit au sanctuaire, mais on y meurt aussi, car
l’émotion est une arme à deux tranchants. Elle désorganise, ne l’avons-
nous pas vu, aussi aisément qu’elle répare.
La science doit soumettre les réactions d’esprit au crible de sa

85
méthode. Elle doit doser le choc émotionnel, canaliser la pensée
réparatrice.
La psychothérapie a réalisé un premier pas dans ce sens. Elle a eu le
grand mérite de montrer l’importance qu’a l’imagination dans la
production des névroses, et l’action utile que peuvent exercer contre les
dérèglements de l’esprit la suggestion plus ou moins imposée, plus ou
moins inoculée, et l’autosuggestion bien faite (ceux que nos conceptions
intéresseraient, relativement à la suggestion et à l’autosuggestion pour
dresser l’idée, pourraient lire notre Art de devenir énergique) (6).
Quel progrès sur l’époque peu lointaine encore, où les affections
d’idée n’étaient pas soignées du tout, précisément sous prétexte qu’elles
n’étaient que des affections d’idée !
Mais la thérapeutique d’idée, appliquée aux seules maladies de
l’esprit, n’est pas suffisante encore. Comme il n’est pas de maladie du
corps qui ne contienne un appoint mental, ou dynamique et nerveux, ce
qui, en dernier ressort, revient au même, la plus organique de nos maladies
est justiciable d’au moins une part de traitement mental.
On n’imagine pas combien un malade du corps gagne à être aidé par
le médecin psychiste.
Un être défaillait sous la virulence d’une infection, une plaie
languissait sans pouvoir se cicatriser, une convalescence traînait, un
estomac se refusait à assurer le travail digestif..., survient alors l’homme
qui sait manipuler les forces mentales.
L’autorité douce de sa présence, le choix judicieux de son verbe
réveillent les énergies vitales assoupies, remettent en bon ordre la troupe
des globules blancs, reconstituent l’harmonie des distributions nerveuses.
Et la voie de la guérison est ouverte.
Nous n’hésitons pas à dire, parce que l’expérience médicale nous l’a
prouvé, qu’il n’est pas de maladie à laquelle un traitement psychique bien
conduit ne puisse apporter un salutaire appoint.
Si nous disons "appoint", c’est que nous estimons qu’il est souvent
utile d’ajouter autre chose. Le problème de l’esprit, s’il est le primordial,
n’est pas l’unique problème. Des fautes vitales interviennent-elles à jet
continu, ou sont-elles autrefois intervenues, qui perturbent, ou ont perturbé
les harmonies organiques, l’esprit sera souvent, alors, impuissant à réparer
tout seul les désordres.
C’est pourquoi les traitements qui veulent tout trouver dans l’idée ont

86
des mécomptes. La santé, c’est le remerciement de la Nature pour
l’observation de ses Lois. C’est dire qu’on ne peut se bien porter d’une
façon durable que si l’on vit d’une existence simple, saine, naturelle.
La non observation des prescriptions de Vie Sage, en particulier
l’alimentation mal comprise, le calfeutrage, le sédentarisme, le surmenage,
seront toujours, malgré la meilleure des cultures psychique, des facteurs de
maladie et de mort.
Pour guérir maintenant de ses maux, il ne faut pas seulement
réapprendre à bien penser, il faut aussi réapprendre à bien vivre (7).
Ceci dit, et pour rester dans le cadre restreint de cet ouvrage, nous
résumons, pour conclure, nos conceptions sur la thérapeutique
d’idée.
Le siège et la nature anatomique de nos maux, ne portent pas, en eux-
mêmes la totalité du pronostic bon ou mauvais. Une part de ce pronostic
est dans l’élément mental.
Tout être a en lui, quelle que soit sa maladie, des possibilités mentales
de guérison et d’aggravation. Quel élément peut doser ces possibilités
mentales ? Le contrôle mental de l’être.
Par contrôle mental, il faut entendre la faculté qu’a l’esprit de passer
au crible défensif des forces psychiques tout ce qui pénètre en lui. Une
émotion survient-elle ? On a un bon contrôle mental si l’on en subit le
choc sans pâtir.
On en a un mauvais si l’ébranlement émotionnel a pu, malgré la
résistance nerveuse, désorganiser les idées, faire perdre confiance, agiter
douloureusement le cœur, faire transpirer, etc.
Avoir un bon contrôle mental équivaut, à peu de chose près, à être
énergique ; en avoir un mauvais revient sensible​ment à être émotionnable,
peu maître de soi.
En simplifiant le problème au maximum, on pourrait dire qu’il existe
en tout 2 sortes de malades : ceux qui sont énergiques et ceux qui ne le
sont pas.
Dans la production et l’entretien de leur maladie, les premiers ont un
minimum de facteurs mentaux ; les seconds ont, au contraire, un maximum
de ces facteurs mentaux. Les malades à contrôle défectueux semblent donc
être, par essence, ceux qui peuvent bénéficier le plus des cures d’idée.
La suggestion, l’autosuggestion redresseront les perturbations
profondes, les erreurs biologiques créées par les émotions mal

87
compensées, et amèneront la guérison.
Les autres malades, les énergiques, n’ont-ils pas droit aux traite​ments
d’idée ? Mais si, et dans une très large mesure. Leur arme curatrice, à eux,
elle est en eux-mêmes : c’est leur volonté.
Détaillons un peu :
Les malades à contrôle vraiment mauvais, les très grands émotifs,
ceux qui sont justiciables de la thérapeutique des sanctuaires, guéris​sent
très bien sous le choc d’une suggestion. Ce choc peut souvent se permettre
d’être unique, violent, magique.
La notoriété du médecin, le cadre dans lequel il reçoit, la foule des
élèves qui écoute la voix du maître, sont pour eux l’équivalent émotionnel
de la piscine miraculeuse.
Ah ! les belles résurrections d’éclopés que nous avons vécues à notre
clinique, parmi nos adeptes. Plus la foule est nombreuse, plus le "lève-toi
et marche" secoue les vitalités qui sommeillaient. Et la volonté du malade
n’est pour rien dans la guérison.
L’intelligence assiste au phénomène et le constate, comme un témoin
extérieur, souvent même elle ne comprend rien du tout à ce qui s’est
produit. Et il vaut généralement mieux qu elle n’ait rien compris. Le travail
se fait grâce au subconscient.
Quand je dis, par exemple, à une femme, écrit l’un de nous (Dr André
Durville, thèse de Doctorat) : "Comme vous êtes pâle" alors qu’elle ne
l’est pas plus qu’une autre, mon affirmation a choqué son esprit.
Qu’elle le veuille ou non, l’affirmation heurte les idées inverses
qu'elle pouvait avoir et s’impose au cerveau qui envoie aux nerfs
vasoconstricteurs du visage un ordre d’excitation. Le sang ne tarde pas
alors à quitter la surface de la peau. La pâleur s’est réalisée.
"Quelle composante de l’esprit a reçu le choc ?" La partie consciente
du moi ? Non, le subconscient. La suggestion est passée par petite porte de
l’esprit, par la porte cachée, par la porte de service. C’est le domaine de
l’émotion qui a reçu le choc.
La pensée consciente, la réflexion volontaire, le raisonnement, toutes
les composantes du moi conscient (qui constituent la grande porte de
l’esprit, la porte principale, la porte cochère, la porte de face) ont tout
ignoré de ce qui s’est produit.
Mieux, si le moi s’était aperçu de l’ordre qui entrait en lui, la
suggestion ne se serait peut-être pas exécutée.

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"Si l’on avait expliqué à la dame Cohend le vrai mécanisme qui devait
produire la guérison de sa verrue, celle-ci ne se serait pas produite.
Le raisonnement (qui entre par la grande porte de l’esprit) n’y produit
pas de choc. Au contraire, le mysticisme du procédé non expliqué, crée par
l’imagination le choc nécessaire.
Foi et volonté semblent s’opposer. Ce que l’une réalise, il est
classique de dire que l’autre ne le réalise pas. C’est ce que Pascal
exprimait quand il disait que "le cœur a ses raisons que la raison ne connaît
pas".
Si nous avons affaire à des malades dont le contrôle mental soit
meilleur que celui des précédents, la suggestion leur sera des plus utiles
aussi, mais elle devra être faite autrement.
Ici, il ne faut pas songer à obtenir d’un seul coup d’idée des résultats
cataclysmiques. Les pensées et les rythmes nerveux perturbés, les lésions
anatomiques ne peuvent revenir à la normale brutalement.
Les séances suggestives doivent être multiples, chacune apportera son
petit choc mental, véhiculateur d’une certaine dose d’élément moral
redresseur. Et la réparation totale s’obtiendra au bout d’une série de
séances.
En outre, la suggestion ne devra pas être uniquement imposée, comme
elle l’était pour les malades précédents. Elle devra aussi être plus ou moins
raisonnée, rééducative. Les malades de cette catégorie doivent
comprendre.
Qu’on veuille bien remarquer combien il y a loin de nos conceptions à
celles qu’on se fait généralement de la suggestion.
La suggestion, comme nous la concevons, ce n’est pas seulement
"l’opération par laquelle on fait manger à un névropathe une pomme de
terre après l’avoir baptisée orange". C’est, dans le cas présent, en même
temps qu’une pression morale sur un cerveau, une collaboration morale
avec lui, et cette collaboration morale, elle n’agit pas que sur l’esprit.
On suggère aussi bien, nous l’avons démontré, à l’estomac, au foie, à
l’intestin de bien digérer, au cœur de bien battre, au rein, à l’ovaire, etc., de
bien secréter, qu’au cerveau de penser droit.
Les mêmes actions qui aident à bien penser, aident aussi à bien se
porter, car il n’y a qu’une énergie humaine pour assurer les
fonctionnements de l’esprit et du corps.
La catégorie de malades à laquelle conviennent les suggestions plus

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ou moins rééducatives peuvent et doivent comprendre le mécanisme des
actions qu’on exerce sur eux et ils doivent et peuvent s’aider.
Le moyen par lequel ils s’aident, c’est l’autosuggestion.
Par l’autosuggestion, ils doivent collaborer à la réparation de leur
contrôle mental (pour ce qui concerne l’éducation de cette faculté par
l’autosuggestion, on voudra bien se reporter à notre Art de devenir
énergique).
Par l’autosuggestion, ils apprennent à leur volonté à descendre vers
les profondeurs de leurs organes, ils apprennent à leur système nerveux
sympathique à bien exécuter ses fonctions.
L’éducation du système nerveux sympathique par la Volonté constitue
un des plus efficaces moyens mentaux de se bien porter. Elle est une des
clés de la santé physique et morale.
Avons-nous affaire à un malade de quelque organe que ce se soit,
doué d’un bon contrôle, mental, l’élément psychique de sa lésion est
presque nul, ce qui n’empêche nullement sa volonté de pouvoir modifier la
lésion.
La suggestion aurait peu ou n’aurait pas de prise sur le malade ; mais
lui-même, par sa propre volonté, peut tout. Il lui suffira de savoir canaliser
ses forces curatives vers le point lésé, et de les y maintenir avec ferveur.
On apprend à faire cela comme on apprend à se servir de ses muscles.
Quelle que soit la maladie dont on soit atteint, on peut toujours tirer
de la méthode psychique un grand bien être, et souvent la guérison totale.
Sommes-nous de ceux dont le contrôle mental est mauvais, ou
seulement insuffisant, ayons foi en la suggestion. Sommes-nous, au
contraire, énergique, ayons foi en notre propre volonté. Ayons foi
toujours !

La religion bouddhique a bien compris cette grande vérité : "Pour


vaincre, dit-elle, il n’est qu’une force, la Volonté. La puissance de l’esprit
est illimitée et tous les miracles sont permis à Foi" (Poème philosophique
de Çantideva).

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Références :
(1) Dans notre Cours, professé chaque année à l’Institut de Médecine
Naturelle, nous avions enseigné ce qui a trait à l’expérimentation
magnétique, hypnotique, suggestive (programme sur demande).
(2) Nous avons développé longuement cette thèse dans notre ouvrage
L’Art de lire le caractère, le tempérament et les prédispositions maladives,
par l’examen du visage, ouvrage illustré de très nombreuses figures
originales dessinées par E. Bailly.
(3) On trouvera le détail de la technique à employer dans : Drs Gaston
et André Durville, L’Art de devenir énergique, au chapitre Maîtrise
respiratoire.
(4) Pour détails concernant la technique de nos entraînements
respiratoires, on voudra bien se reporter à notre Art de devenir énergique.
(5) La Vie Sage, organe mensuel illustré de l’Institut de Médecine
Naturelle.
(6) Drs Gaston et André Durville. – L’Art de devenir énergique, édité
par L’Institut de Médecine Naturelle .
(7) On a souvent, dans la presse, dans les milieux savants, dans les
salons, désigné sous le nom de Méthode Durville, le mode thérapeutique
qui consiste à ne soigner qu’uniquement l’esprit pour guérir tous les maux,
même du corps. Le bref exposé qui précède – nos autres écrits le prouvent
plus amplement – indique qu’à la culture psychique nous ajoutons toujours
celle du corps, sous la forme de Naturisme.

©2012 Published by NewLife at Smashwords.

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