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La jambe de Rimbaud

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Guillermo Eduardo Pilía

La jambe de Rimbaud

Traduction de Ana María Gentile

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© L’HARMATTAN, 2021
5-7, rue de l’École-Polytechnique – 75005 Paris

www.editions-harmattan.fr

ISBN : 978-2-343-23425-0
EAN : 9782343234250

...Ma journée est faite ; je quitte l’Europe. L’air marin


brûlera mes poumons ; les climats perdus me tanneront.
Nager, broyer l’herbe, chasser, fumer surtout. Boire des
liqueurs fortes comme du métal bouillant, —comme
faisaient ces chers ancêtres autour des feux.

Je reviendrai, avec des membres de fer, la peau sombre,


l’œil furieux ; sur mon masque, on me jugera d’une race
forte. J’aurai de l’or ; je serai oisif et brutal. Les femmes
soignent ces féroces infirmes retour des pays chauds. Je
serai mêlé aux affaires politiques. Sauvé.

Rimbaud

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RIMBAUD EN JAVA

La piel de los javaneses es suave y sin vello y hay algo


escultórico en la forma en que se inclinan para encender
sus pipas de opio.
En otra vida me hubiese gustado pertenecer a esa nobleza
vernácula y dormir un sueño de amapolas bajo un dosel de
gasa, en las noches impregnadas de humedad vegetal y de
mosquitos.
Sí, aun los príncipes de tez dorada y perfumados cabellos
languidecen en estas islas selváticas, igual que en la
Europa de los viejos pontones.
Sucios fumaderos de opio donde no hay rangos ni
prosapia: me recuerdan los sórdidos cafés parisinos, con
su atmósfera sudorosa y grasienta y el vaho del ajenjo que
una mano borracha derramó.
Como esta mujer que sirve las pipas encendidas a quien
paga por narcotizarse, así también yo he dejado allá a lo
lejos, pero para quien quiera tomarlo de balde, un veneno
perdido.
Muchos lo beberán en madrugadas remotas, cuando yo ya
me haya olvidado por completo del que antes fui, como
quien se olvida con la aurora de los rostros monstruosos de
un mal sueño.
La piel de los javaneses es suave y sin vello. Los hombres,
en las aldeas, ofrecen los amores de los efebos para
preservar la virginidad de sus mujeres.

RIMBAUD À JAVA

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La peau des Javanais est douce et sans poils et il y a
quelque chose de sculptural dans la façon dont ils se
penchent pour allumer leurs pipes d’opium.
Dans une autre vie, j’aurais aimé appartenir à cette
noblesse vernaculaire et dormir un sommeil de coquelicots
sous un auvent de gaze, dans les nuits imprégnées
d’humidité végétale et de moustiques.
Oui, même les princes au teint doré et aux cheveux
parfumés languissent dans ces îles sauvages, tout comme
dans l'Europe des vieux pontons.
Des fumeries d'opium sales où il n'y a ni rang ni souche :
elles me rappellent les cafés sordides parisiens, avec leur
atmosphère moite et graisseuse et l’odeur d'absinthe par
une main ivre versée.
Tout comme cette femme qui sert les pipes allumées à
celui qui paie pour se faire narcotiser, j’ai laissé bien loin
derrière moi, mais pour qui veuille le prendre pour rien, un
poison perdu.
Beaucoup le boiront aux aubes lointaines, lorsque j'aurai
complètement oublié qui j'étais, tel celui qui oublie à
l’aurore les visages monstrueux d'un mauvais rêve.
La peau des Javanais est douce et sans poils. Les hommes,
dans les hameaux, offrent l'amour des éphèbes pour
préserver la virginité de leurs femmes.

¿Qué hora será en París? ¿Habrá niebla, lluvia, acaso


viento? ¿Qué joven colegial incubará sin saberlo el amor
malsano por una nueva poesía, como aquí este nuevo

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amor, este deseo con que los antiguos emponzoñaron
gozosamente su sangre?

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Quelle heure sera-t-il à Paris ? Y aura-t-il du brouillard, de
la pluie, peut-être du vent ? Quel jeune écolier va incuber
sans le savoir l’amour malsain pour une nouvelle poésie,
comme ici ce nouvel amour, ce désir avec lequel les
anciens ont joyeusement empoisonné leur sang ?

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PARAÍSOS ARTIFICIALES

Las pequeñas amputaciones se ensartan una tras otra en un


cordel, se sumergen en formol y se dejan secar al aire por
dos o tres semanas.
Para que no formen moho, cuando llega la estación de las
lluvias se las envasa como a frutas en conserva en frascos
de vidrio esmerilado.
Después se venden en los bazares de los puertos del Mar
Rojo a los extranjeros de lenguas melodiosas: como ex
votos o como simples guirnaldas, como amuletos que
conjuren la peste.
Los grandes miembros se sumergen en tinajas de alcanfor
y después se los secciona en finas láminas que se prensan
entre cartones; así preparados son buena mercancía para
los coleccionistas de rarezas o sirven como ilustraciones
vivas para los tratados anatómicos.
En los antiguos libros de medicina que alguna vez leyó en
Europa hay dibujos de excrecencias y mutilaciones, de
fracturas y de vendajes con los que un niño arruinaría para
siempre su existencia.
Todo lo que es anómalo y malsano, todo lo que es fétido y
marchito, en medio de la felicidad del haschich de pronto
irrumpe: como un batallón con las banderas desplegadas.

PARADIS ARTIFICIELS

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Les petites amputations sont enfilées l’une après l’autre
sur une ficelle, trempées dans du formol et séchées à l'air
pendant deux ou trois semaines.
Pour en éviter la moisissure, on les conditionne, à l'arrivée
de la saison des pluies, comme des conserves de fruits
dans des bocaux en verre dépoli.
Elles sont vendues plus tard dans les bazars des ports de la
mer Rouge aux étrangers aux langues mélodieuses :
comme des ex-voto ou comme de simples guirlandes,
comme des amulettes conjurant la peste.
Les membres grands sont plongés dans des bocaux en
camphre puis sectionnés en fines lames pressées entre des
cartons ; ainsi préparés, ils sont une bonne marchandise
pour les collectionneurs de raretés ou servent
d'illustrations vivantes pour les traités anatomiques.
Dans les vieux ouvrages de médecine qu’il avait lus
parfois en Europe, il y a des dessins d’excroissances et de
mutilations, de fractures et de bandages avec lesquels un
enfant ruinerait son existence à jamais.
Tout ce qui est aberrant et malsain, tout ce qui est fétide et
flétri, survient au milieu du bonheur du haschich : comme
un bataillon aux drapeaux déployés.

II

Al arribo de la primavera, desde el camastro desde el cual


se ha deslizado hasta el suelo la pipa de opio, veo partir las
expediciones que van en busca de aguas y de hierbas
curativas por el mundo extraordinario.

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En las Islas de Barlovento crecen árboles cuyos frutos
son libros: cada uno de ellos es capaz de curar una
dolencia del alma —si se descubre su lenguaje y la dosis
precisa.
En las Islas Marquesas hay árboles que producen
instrumentos musicales: cítaras, salterios, oboes, toda una
variedad de flautas y caramillos.
Los instrumentos de tendón —los que permiten el canto
mientras suenan— es fama que alivian la soberbia, la
pereza intelectual, la mendacidad y la avaricia.
Los instrumentos de viento —los que deforman la boca y
los carrillos— apaciguan la cólera, la lujuria y el apetito
desmedido, todo lo impuro que nace desde el vientre.
Las expediciones terapéuticas vuelven cargadas con rocas
cuyo color mitiga la sed de metales, flores cuyos aromas
son buenos para la envidia.
Los grandes odres de aguas sulfurosas se ingresan por la
puerta principal entre manifestaciones de alegría —los
botellones termales, las tinajas de latón para los baños de
asiento.
Antes de que se cierren los portones hasta la próxima
travesía, los médicos asperjan a la grey de los sanos: como
medida profiláctica.
II

A l'arrivée du printemps, du lit d'où la pipe d’opium a


glissé jusqu'au sol, je vois les expéditions partir à la
recherche d'eaux et d'herbes guérisseuses autour du monde
extraordinaire.

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Des arbres poussent dans les îles du Vent dont les fruits
sont des livres : chacun d'eux est capable de guérir une
maladie de l'âme – pourvu que l’on découvre sa langue et
la dose exacte.
Dans les îles Marquises, il y a des arbres qui produisent
des instruments de musique : des cithares, des psaltérions,
des hautbois, toute une variété de flûtes et de roseaux.
Les instruments à tendon – ceux qui permettent de chanter
tout en jouant – sont réputés pour soulager l'orgueil, la
paresse intellectuelle, le mensonge et l’avarice.
Les instruments à vent – ceux qui déforment la bouche et
les joues – apaisent la colère, la lascivité et l'appétit
excessif, tout l’impur engendré par le ventre.
Les expéditions thérapeutiques reviennent chargées de
roches dont la couleur mitige la soif des métaux, de fleurs
dont les senteurs sont bonnes pour la convoitise.
Les grandes outres d'eaux sulfureuses sont introduites par
la porte principale au milieu des manifestations de joie –
les bouteilles thermales, les jarres en laiton pour les bains
de siège.
Avant que les portières ne soient fermées jusqu'à la
prochaine traversée, les médecins saupoudrent le groupe
des sains : une mesure prophylactique.

III

Al inicio de cada estación se da vuelta la sangre: es el


tiempo de las purgas y las peregrinaciones terapéuticas.
Adiós, tibieza de los fumaderos de opio, campo de
barbecho de nuestra melancolía: pronto volveremos como

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quien regresa de una excursión a las ciudades imperiales.
En los días de sol hay romerías de enfermos y narcotizados
a las ermitas de extramuros.
Junto a las fuentes de agua se lavan los vendajes y se los
cuelga de las ramas de los arbustos; oscilan las vendas
carcomidas como plebeyas oriflamas, como cueros resecos
de serpientes.
El viento que pasa entre las telas arrastra hasta las
ciudades el olor de las pústulas, las voces de las
ancestrales epidemias.
El agua de los arroyos se vuelve entonces amarga,
contamina las públicas albercas, corta el jabón de las
lavanderas, deja manchas amarillas en los sudarios como
las que deja el semen en las sábanas.
Hay quien la bebe en prevención de los abscesos, para
dormir sin pesadillas, para cerrar los oídos al cascabel de
la locura.
Otros van a los mataderos a beber la sangre de los novillos
degollados —no todos soportan esta cura y a veces
adolecen de un vómito oscuro.
Es el tiempo de almacenar salud para cuando llegue el
otoño —proclaman—, de acaparar para los accesos de
tos bencinas y maderas resinosas.
III

Au début de chaque saison le sang se renverse : c'est le


temps des purges et des pèlerinages thérapeutiques.
Adieu, tiédeur des fumeries d'opium, champ en jachère de
notre mélancolie : nous y reviendrons bientôt comme celui
qui rentre d'une excursion dans les villes impériales. Aux

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jours ensoleillés, il y a des pèlerinages de malades et de
narcotisés vers les ermitages extra-muros.
On lave les bandages à côté des sources d'eau, et on les
pend aux branches des buissons ; les bandes rongées se
balancent comme des oriflammes plébéiennes, comme les
peaux desséchées des serpents.
Le vent qui passe à travers les tissus traîne jusqu’aux villes
l'odeur des pustules, les voix des épidémies ancestrales.
L'eau des ruisseaux devient alors amère, pollue les lavoirs
publics, coupe le savon des lavandières, laisse des taches
jaunes sur les linceuls comme celles que le sperme laisse
sur les draps.
Les uns en boivent pour éviter les abcès, pour dormir
sans cauchemars, pour fermer les oreilles au grelot de la
folie.
Les autres vont aux abattoirs pour boire le sang des
bouvillons décapités – tous ne peuvent pas supporter cette
cure et souffrent parfois d’un vomissement noir.
Il est temps d’emmagasiner de la santé pour l'arrivée de
l'automne – prônent-ils– de retenir pour les accès de toux
des benzines et des bois résineux.
Al inicio del verano se abren de par en par las cámaras
mortuorias y los enfermos del pecho se tienden al sol con
sus difuntos, fraternales.

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Au début de l'été, les chambres mortuaires sont largement
ouvertes et les malades de la poitrine s’allongent au soleil
avec leurs défunts, fraternels.

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VERANO EN ÁFRICA

El hombre ha buscado trabajo en todas las factorías del


Mar Rojo —cuando intenta dormir repite los topónimos
árabes como una letanía—. Pero las voces que designan a
esos puertos nada dicen a quien no ha sufrido la
pestilencia de sus calles, sus bárbaras comidas, el calor
que apenas morigera el viento de la costa.

Ahora ha llegado a Adén con la idea


de acaparar no el limpio oro que
arrastran los ríos, sino los sucios
billetes y las grasientas monedas que
van de mano en mano en los bazares.

“Cuando logre reunir unos centenares de francos —


piensa—, partiré para Zanzíbar” —tal vez sin la ilusión
de encontrar allí la felicidad o el sosiego, sino acaso para
vivir en un sitio que lleve un nombre sonoro—. Pero por
ahora vegeta en medio de un cráter apagado, lleno hasta el
fondo de arenas marinas. Sólo toca, sólo ve lavas. El aire
no traspasa las paredes volcánicas y todo se quema allí
como en un horno de cal. Escribe:

“No hay ningún árbol, ni siquiera


desecado, ni una brizna de hierba, ni una
parcela sembrada,
ni una gota de agua dulce...”

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ÉTÉ EN AFRIQUE

L'homme a cherché du travail dans tous les ports de la mer


Rouge – lorsqu’il essaie de dormir, il répète les toponymes
arabes comme une litanie. Mais les voix qui désignent ces
ports ne disent rien à qui n'a pas souffert la pestilence de
leurs rues, leurs repas barbares, la chaleur à peine
tempérée par le vent de la côte.

Maintenant il est arrivé à Aden avec


l'idée d’épargner non pas l'or pur
entraîné par les rivières, mais les sales
billets et les pièces graisseuses qui
passent de main en main dans les
bazars.

« Quand j'aurai quelques centaines de francs – réfléchit-il


–, je partirai pour Zanzibar » – probablement sans l'espoir
d'y trouver du bonheur ou du calme, mais peut-être pour
demeurer dans un endroit qui porte un nom sonore. Mais il
végète pour l'instant au milieu d'un cratère mort, rempli
jusqu'au fond de sable marin. Il ne touche, il ne voit que
des laves. L'air ne traverse pas les parois volcaniques et
tout y brûle comme dans un four à chaux. Il écrit :

« Il n'y a aucun arbre, même pas desséché,


pas un brin d'herbe, pas une parcelle
semée,
pas une goutte d'eau bonne... »

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Montañas negras aprisionan la ciudad como una
escenografía de hierro; enormes escalones de piedra,
pretéritas cisternas, obras de un pueblo extinguido y
ciclópeo. Escribe:

“Siempre se espera una tormenta que


venga a perseguir los cielos; un agua
de bosques celestes que se pierda por
estas vírgenes arenas; un vendaval de
Dios que arroje
sobre Adén su granizo milagroso...”

Es el verano abisinio, el verano que viene del África del


este: todo arde; vibra la atmósfera como metal; hasta el
viento, cuando corre, es un viento de fuego. Escribe:

“Sólo un maldito puede buscar vivir


en un infierno semejante”.

Des montagnes noires emprisonnent la ville comme une


scénographie en fer ; d'énormes marches de pierre,
d’anciennes citernes, des travaux d'un peuple éteint et
cyclopéen. Il écrit :

« On attend toujours un orage qui vienne


chasser les cieux; une eau des bois
célestes qui puisse se perdre sur ces

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sables vierges; un coup de vent de Dieu
qui jette
sa grêle miraculeuse sur Aden ... »

C'est l'été abyssinien, l'été qui vient d'Afrique de l'Est :


tout brûle ; l'atmosphère vibre comme du métal ; même le
vent, lorsqu’il passe, est un vent de feu. Il écrit :

"Seul un maudit peut chercher à vivre


dans un tel enfer ».

LOS SITIOS SE VUELVEN INESTABLES

Como a ciertos animales —que perciben los terremotos


antes de que se produzcan—, así también a este viajero
se le han aguzado las pupilas, la nariz, las yemas de los
dedos

—¿Acaso hay algo que no?—

para advertirle cuándo tiene que escapar. A veces el


signo es un gesto de extrañeza —la mirada de aquel
oficial holandés, que lo llenó de terror y lo obligó a
huir de Java—; o quizás las palabras inteligibles que
un joven tullido intercambió con otro huésped, años
atrás, en el hospicio del Gotardo. Noche a noche
siente crecer o menguar —pero casi siempre crecer—
la advertencia de peligro. Los sitios se vuelven
inestables

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—¿Acaso hay algo que no?—

y crujen sordamente como el maderamen de los antiguos


embarcaderos; oscilan de forma casi imperceptible, igual
que palafitos en un lago de brea, que la casa evangélica
que no se afirmó sobre roca; se ahuecan sin señales
exteriores, como los muebles atacados por la carcoma. Los
puertos se vuelven tembladerales

—¿Acaso hay algo que no?—;

LES ENDROITS DEVIENNENT INSTABLES

À l’instar de certains animaux – qui perçoivent les


tremblements de terre avant qu'ils ne surviennent –, ce
voyageur a vu ses pupilles, son nez, le bout de ses doigts
s’aiguiser

— Y a-t-il quelque chose qui ne le soit pas ? —

pour le prévenir au moment où il doit s’échapper. Parfois,


le signe est un geste d’étonnement – le regard de cet
officier hollandais, qui le remplit de terreur et l’obligea de
s’enfuir de Java; ou peut-être les mots intelligibles qu'un
jeune homme infirme échangea avec un autre hôte, il y a
des années, à l'hospice du Gothard. Il sent nuit après nuit
augmenter ou ralentir – mais presque toujours augmenter –
l'avertissement du danger. Les endroits deviennent
instables

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— Y a-t-il quelque chose qui ne le soit pas ? —

et grincent sourdement comme la charpente des vieux


pontons ; ils oscillent presque imperceptiblement, comme
des palafittes sur un lac de goudron, comme la maison
évangélique qui n'a pas été raffermie sur le roc; ils se
creusent sans signes extérieurs, comme des meubles que la
vermoulure attaque. Les ports deviennent des marécages

— Y a-t-il quelque chose qui ne le soit pas ? —,

los afectos, el alma, son también de pronto ciénagas,


herrajes o maderas roídas... El viajero ha aprendido a
fugarse siempre en el instante previo a que todo se vuelva
inevitable. Cuando logre reunir unos centenares de
francos, quizá escape hacia Zanzíbar. Huye, pero como
puede huir la choza que se lleva sus pilotes podridos; o la
madera que escapa de los parásitos sin saber que entre sus
vetas ya van sembrados los huevos. Huye

—¿Acaso hay algo que no?—

como puede huir el puerto que arrastra consigo el mar.

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ainsi les affections, l'âme, sont soudain des marais, des
ferrures ou des bois rongés ... Le voyageur a appris à
s'échapper toujours avant même que tout ne devienne
inévitable. Quand il aura quelques centaines de francs il
partira peut-être pour Zanzibar. Il s’enfuit, mais comme la
hutte qui emporte ses pilotis pourris ; ou comme le bois
qui s'échappe des parasites sans savoir que leurs œufs sont
semés petit à petit dans ses vermoulures. Il s’enfuit

— Y a-t-il quelque chose qui ne le soit pas ? —

comme peut s’enfuir le port qui traîne avec lui la mer.

LOS ARRIBOS

Este hombre

— ojos negros y crin amarilla, sin


parientes ni corte, más noble que la fábula, mexicano y
flamenco—

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ha cabalgado por casi un mes a través
del desierto de Somalia. Ha salido de un puerto que
semeja un infinito y sórdido suburbio y esta mañana
asciende en busca de una ciudad árabe que —en la
distancia— le parece un inmenso panal de yesería.
Murallas y almenas, la mezquita, los minaretes encalados,
las fortificaciones cuadradas: sólo el cielo no es blanco, de
un azul profundísimo, sin la calina de las tierras bajas.

Entré a la ciudad por la Puerta del Turco,


a la que flanquean las torres del bastión...

En su pecho hay algo aproximado a la alegría: el gozo de


los arribos, la esperanza de un poco de sosiego, acaso de
felicidad. Ahora saluda a la guardia egipcia, a los
lugareños que agitan las manos —alegres y bulliciosos—,
y trata de que ese instante se prolongue tanto como la
entrada de un profeta.

LES ARRIVÉES

Cet homme

— Yeux noirs et crin jaune, sans parents


ni cour, plus noble que la f able, mexicain et flamand

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a traversé à cheval le désert somalien
pendant presque un mois. Il est sorti d’un port qui
ressemble à un faubourg infini et sordide et ce matin il
monte à la recherche d'une ville arabe qui – à la distance –
lui semble un immense nid d'abeilles en plâtre. Des
murailles et des créneaux, la mosquée, les minarets
blanchis à la chaux, les fortifications carrées : seul le ciel
n'est pas blanc, d'un bleu très profond, sans la brume des
terres basses.

Je suis entré dans la ville par la Porte du Turc


que les tours du bastion flanquent...

Dans sa poitrine, il y a quelque chose de proche de


la gaîté : la joie des arrivées, l'espoir d'un peu de calme, de
bonheur peut-être. Il salue maintenant la garde égyptienne,
les habitants qui agitent leurs mains – joyeux et bruyants –
et essaie de prolonger cet instant autant que l'entrée d'un
prophète.

La Puerta del Turco y la mezquita, los minaretes


encalados, las fortificaciones cuadradas... Meses más
tarde —cuando su vista ya no soporte el blanco de las
almenas ni el azul purísimo del cielo, cuando descubra que
cada calle es un foco de hediondez y se refugie en los
mercados de perfumes narcotizantes— recordará el
momento en que atravesó la Puerta del Turco; y el instante
en que los niños corrieron tras su caballo como si se

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tratase de un rey del oriente; y aquel en que todos los ojos
negros de las mujeres se posaron sobre sus ojos y
acariciaron su rostro de ángel en el exilio. Se acordará:
como el viajante que, al filo del regreso, recuerda cuando
abrió —cargado de valijas— la puerta del cuarto en su
primer día de hotel.

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La porte du Turc et la mosquée, les minarets blanchis à la
chaux, les fortifications carrées ... Des mois plus tard –
lorsque sa vue ne supportera plus le blanc des créneaux ni
l’azur du ciel, lorsqu’il découvrira que chaque rue est une
source de puanteur et qu’il cherchera l’abri des marchés de
parfums narcotiques – il évoquera le moment où il avait
traversé la Porte du Turc ; et le moment où les enfants
couraient après son cheval comme s’il était un roi de
l'Orient ; et l’instant où les yeux noirs des femmes se
posèrent sur ses yeux et caressèrent son visage d'ange en
exil. Il s’en souviendra : comme le voyageur qui, dès son
retour, se souvient du moment où – chargé de valises – il
ouvrit la porte de la chambre lors de son premier jour
d'hôtel.

FUMADERO DE OPIO EN HARRAR

Esta mujer que ahora enciende las pipas de opio, durante


toda su vida ha escondido sus miserias —su cuerpo opaco
ocultó siempre la lámpara de su alma.
Muchos años de tratamientos intensivos la fueron
volviendo transparente, como un huevo al que se sumerge
varios días en vinagre.
A esta mujer que ahora enciende las pipas de opio sólo le
quedaron oscuros las manos y los pies, también esa cabeza
con la que concebía iniquidades.

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El resto de su humanidad es una ampolla de vidrio en
que se mueven pesadas aguas oscuras, andrajos de
desdichas.
Hasta que fue a encender las pipas al fumadero de opio,
los imanes la exhibían como un caso paradigmático,
espejo admonitorio de lo que no se debe imitar.
Hocicos llenos de pequeños dientes —nadando desde
adentro— se acercan a las paredes abdominales cuando
vuelve con la pipa encendida, como a los bordes de una
pecera.
Ojos amarillos, miembros ungulados, trompas que
alimentan o procrean, animales de una fauna abisal que
apenas brilla.

FUMERIE D'OPIUM À HARAR

Cette femme qui allume maintenant les pipes d’opium, a


caché ses misères tout au long de sa vie – son corps
opaque a toujours voilé la lampe de son âme.
Trop d’années de traitements intensifs l'ont rendu peu à
peu transparente, comme un œuf trempé dans du vinaigre
pendant plusieurs jours.
Cette femme qui allume maintenant les pipes d’opium, n’a
que des mains et des pieds devenus sombres, ainsi que
cette tête dans laquelle elle concevait des iniquités.

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Le reste de son humanité est une ampoule de verre où
bougent des eaux noires et lourdes, des haillons de
malheur.
Avant d’allumer les pipes de la fumerie d’opium, les
imans l'exposèrent comme un cas paradigmatique, un
miroir admoniteur de ce qu'il ne faut pas imiter.
Des museaux pleins de petites dents – nageant de
l'intérieur – s'approchent des parois abdominales quand
elle revient avec la pipe allumée, comme au bord d'un
bocal à poisson.
Des yeux jaunes, des membres ongulés, des trompes qui
nourrissent ou procréent, des animaux d'une faune
abyssale qui brille à peine.

II

Existen en Harrar establecimientos para los vicios, con


salas abiertas a todas las naciones, en los que se exponen
al público muestrarios de miserias.
Un museo vivo en el que cada melancólico es una reliquia
—una pintura negra, una espada herrumbrosa, un cartabón
de la época de las grandes navegaciones.
Hay quienes intuyen cada mal por nuestros rostros
verdosos, y comparten su conocimiento a los novicios.
Los niños corren entre los camastros de los fumadores,
ajenos a las enfermedades y a la muerte, saltan sobre los
cuerpos narcotizados como en un parque de fiesta.

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Hay quienes no perciben nuestros tumores del alma: para
ellos deberían escribirse, como en los hospitales de
Europa, las tarjetas nomencladoras que la orina amarillea.
Los males de la carne —ha dicho el profeta—devastan la
carne, los de la mente corroen la mente; pero la peste del
alma contamina el universo.
Una gota de nuestra crueldad, derramada en las piscinas
municipales, ha trastornado incontables veces la
respiración de la ciudad.

II

Il existe à Harar des établissements pour les vices, avec


des salles ouvertes à toutes les nations, où sont exposés au
public des échantillons de misères.
Un musée vivant où chaque mélancolique est une relique –
un tableau noir, une épée rouillée, une équerre biseautée
de l'époque des grandes navigations.
Il y a ceux qui perçoivent chaque mal pour nos visages
verdâtres, et partagent leurs connaissances avec les
novices.
Les enfants courent à travers les lits des fumeurs, ignorant
les maladies et la mort, ils sautent sur les corps narcotisés
comme dans un parc en fête.
Il y a ceux qui ne perçoivent pas nos tumeurs de l'âme :
c’est pour eux que l’on devrait écrire, comme dans les
hôpitaux d'Europe, les cartes de nomenclature jaunies par
l'urine.

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Les maux de la chair – le prophète dit-il – ravagent la
chair, ceux de l'esprit minent l'esprit ; mais la peste de
l'âme pollue l'univers.
Une goutte de notre cruauté, déversée dans les piscines
municipales, a perturbé d'innombrables fois la respiration
de la ville.

III

Otro verano en los fumaderos de Harrar; y llega el tiempo


de las alegres bordalesas y de las curas comunitarias, un
espectáculo que convoca a las visitas.
En los lavaderos abandonados, donde antes se bañaba a los
muertos, se sumerge a los lascivos, se les friega el cuerpo
entero con hierbas urticantes.
No se derrama el agua de estos baños en acequias ni en
canales: las plantas que la absorben rinden frutos de
impureza.
Al mediodía y al crepúsculo creo escuchar conciertos
sanadores: los intérpretes son antiguos enfermos que
perdieron ya el oído para la vida saludable.
Los soberbios, los envidiosos, los crueles, los iracundos —
todos estos son tratados con música por los médicos
locales.
Por las noches se administra la curación por la lectura: se
sacan a los jardines las reposeras y un muecín lee una
salmodia incomprensible.

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Hay quien se alivia con el agua y con las friegas de
hierbas urticantes, con sonidos
armoniosos, con versículos: así de absurdo es el
artefacto del alma.
Así de absurdos la salud, la piedad, el universo.

III

Un autre été dans les fumeries de Harar ; et il arrive le


temps des joyeuses barriques bordelaises et des cures
communautaires, un spectacle qui attire les visiteurs.
Dans les lavoirs abandonnés, où l’on baignait jadis les
morts, l’on plonge maintenant les lascifs, et l’on frotte
leurs corps entiers avec des herbes urticantes.
L'eau de ces bains n'est déversée ni dans les fossés ni dans
les canaux : les plantes qui l'absorbent rendent des fruits
d'impureté.
À midi et au coucher du soleil, je crois écouter des
concerts de guérison : les interprètes sont d'anciens
malades qui ont déjà perdu l'ouïe pour une vie saine.
Les orgueilleux, les envieux, les cruels, les irascibles –
tous sont soignés par les médecins locaux grâce à la
musique.
Le soir, la guérison est administrée par la lecture : les
chaises de repos sont placées dans les jardins et un
muezzin lit une psalmodie incompréhensible.
Il y en a qui sont soulagés par l'eau et par les frottements
d’herbes urticantes, par des sons harmonieux, par des
versets : l'artefact de l'âme est si absurde.

32
La santé, la piété, l'univers sont si absurdes.

UNA FLOR QUE HUELE COMO CARNE PODRIDA

A la luz de la lámpara aceitosa contra


la que se estrellan los insectos,
se ha enterado esta noche de una especie que vive en el
centro del África —de una flor monstruosa cuya fragancia
recuerda el olor de la carne podrida.
Ha leído que alrededor de su corola gigante no zumban las
abejas, sino enjambres de dípteros —moscas que desovan
en sus jugos, como en los boquetes de un miembro
necrosado.
Bajo la lámpara aceitosa ha meditado en el símbolo de la
flor y su hermandad con la belleza y la poesía —hoy tan
lejanas como esas regiones del África profunda a las que
rápidamente llega su dedo en viaje sobre el mapa, su
pensamiento a la grupa de la fantasía.
A la luz de la lámpara ahora piensa
que si otra vez retornara a escribir,
no querría hermanar sus poemas a la imagen de una flor
frágil y bien perfumada; sino a la de esa otra flor de un
continente primordial —abierta boca hinchada al aire
húmedo y caliente, llaga hedionda y purulenta rodeada por
la agria música de los moscardones. Ha leído esta noche
de una flor cuya fragancia recuerda a la carne podrida y

33
piensa en todos aquellos que antes del alba morirán: los
que se irán sin saber que existe esa flor aberrante,

UNE FLEUR QUI SENT LA VIANDE POURRIE

À la lumière de la lampe huileuse contre laquelle


s’écrasent les insectes, il a appris ce soir l’existence d'une
espèce qui vit au centre de l'Afrique – d'une fleur
monstrueuse dont le parfum rappelle l'odeur de la viande
pourrie.
Il a lu que les abeilles ne bourdonnent pas autour de sa
corolle géante, mais des essaims de diptères – des
mouches qui pondent dans ses jus, tout comme dans les
interstices d'un membre nécrosé. Sous la lampe huileuse il
a médité le symbole de la fleur et de sa fraternité avec la
beauté et la poésie – aussi lointaines aujourd'hui que ces
régions de l'Afrique profonde auxquelles arrive
rapidement son doigt qui voyage sur la carte, sa pensée sur
la croupe de la fantaisie.
À la lumière de la lampe, il pense maintenant
que s'il écrivait à nouveau, il ne voudrait pas relier ses
poèmes à l'image d'une fleur fragile et bien parfumée,
mais à celle de cette autre fleur d'un continent primordial –
bouche ouverte et gonflée à l'air humide et chaud, plaie
puante et purulente entourée par la musique aigre des
mouches. Il a lu ce soir à propos d'une fleur dont le parfum
évoque la viande pourrie et pense à tous ceux qui
mourront avant l'aube: ceux qui partiront sans savoir qu’il
existe cette fleur aberrante,

34
sin saber de la rosa que en otras tierras simboliza la poesía;
sin saber que es la misma persona el hombre que
comercia con ellos el incienso y el almizcle y el hombre
que viaja con su yema sobre el mapa; el hombre que ayer
contaba —con esos mismos dedos que hoy cuentan el oro
— las sílabas de un verso.

35
sans connaître la rose qui, sur d'autres terres, symbolise la
poésie; sans savoir que l'homme qui fait avec eux le
commerce de l'encens et du musc et l'homme qui voyage
du bout du doigt sur la carte sont la même personne ;
l'homme qui comptait hier – avec ces mêmes doigts qui
comptent aujourd'hui l'or – les syllabes d'un vers.

36
NO DESEO: NOSTALGIA

Tres adolescentes negros se


bañan desnudos en la corriente
pedregosa del río.

Más que con deseo, sus ojos los contemplan con nostalgia.
Alguna vez también él se sintió así: con los músculos
firmes, con la piel tirante, con la boca inundada de risa.
También él se sintió alguna vez requerido —tanto por las
manos de las mujeres como por las miradas de los
hombres.

Tres adolescentes negros


se bañan desnudos
en la corriente pedregosa del río

—mientras él, sentado a la distancia, escribe en una libreta


todo cuanto necesita para emprender su expedición a la
tierra del marfil: Una cámara fotográfica, un teodolito —o
en su defecto un buen sextante y una brújula Cravet—, un
cordel de agrimensor de lino, una caja de matemáticas...
De tanto en tanto levanta los ojos: el sol resbala sobre las
pieles aceitosas, el aire trae risas, palabras de alegría. No
deseo: nostalgia.

Tres adolescentes negros se


bañan desnudos en la corriente
pedregosa del río.

37
PAS DE DÉSIR : DE LA NOSTALGIE

Trois adolescents noirs se baignent


nus dans le courant pierreux de la
rivière.

Plutôt qu'avec désir, ses yeux les contemplent avec


nostalgie. Lui aussi, jadis, se sentit comme ça : les muscles
forts, la peau ferme, la bouche inondée de rires. Lui aussi,
jadis, se sentit convoité – aussi bien par les mains des
femmes que par les regards des hommes.

Trois adolescents noirs se baignent


nus dans le courant pierreux de la
rivière.

– tandis que lui, assis au loin, écrit dans un cahier tout ce


dont il a besoin pour entreprendre son expédition au pays
de l'ivoire : un appareil photo, un théodolite – ou à défaut,
un bon sextant et une boussole de reconnaissance Cravet
– un cordeau d'arpenteur en chanvre, un étui de
mathématiques ... De temps en temps, il lève les yeux : le
soleil glisse sur les peaux huileuses, l'air traîne des rires,
des paroles de joie. Pas de désir : de la nostalgie.

Trois adolescents noirs se baignent


nus dans le courant pierreux de la
rivière.

38
Una caja de matemáticas —escuadra, transportador,
compás de reducción—, un barómetro aneroide de
bolsillo, una colección de mineralogía... Los dedos que
cuentan el oro ya no son sensibles para acariciar el torso
sin vello de los jóvenes, los muslos de las muchachas
núbiles. También anota en su lista varios libros:
Topografía, Geodesia, Hidrografía. No deseo: nostalgia
—de los músculos firmes, de la piel tirante, de la boca
inundada de risa. Señores de Lyon, señores de París,
señores miembros de la Sociedad de Geografía: los dedos
que manipulan un teodolito, un sextante, una brújula
Cravet, ya no sienten el torso o los muslos debajo de las
yemas, la felicidad de los cuerpos indeterminados entre lo
femenino y lo masculino: sólo perciben el momento de
volver a escapar...

Los jóvenes son tres y ríen ajenos a sus inquietudes, a sus


miserias; tienen las puntas de los dedos sensibles; y se
bañan desnudos y sin culpas

en la corriente pedregosa del río.

Un étui de mathématiques – une équerre, un rapporteur,


un compas de réduction – un baromètre anéroïde de
poche, une collection minéralogique ... Les doigts qui
comptent l'or ne sont plus sensibles pour caresser le torse
glabre des jeunes, les cuisses des filles nubiles. Il
répertorie également plusieurs ouvrages : Topographie,
Géodésie, Hydrographie. Pas de désir : de la nostalgie –

39
des muscles forts, de la peau ferme, de la bouche inondée
de rires. Messieurs de Lyon, messieurs de Paris, messieurs
membres de la Société de Géographie : les doigts qui
manipulent un théodolite, un sextant, une boussole de
reconnaissance Cravet, ne sentent plus le torse ou les
cuisses sous le bout des doigts, le bonheur des corps
indéterminés entre le féminin et le masculin : ils ne
perçoivent que le moment de s'échapper à nouveau ...

Les jeunes sont trois, ils rient sans penser à leurs soucis, à
leurs misères ; ils ont le bout des doigts sensible ; et ils se
baignent nus et sans culpabilité

dans le courant pierreux de la rivière.

COMO EL DIOS QUE GESTABA EN SU MUSLO

Noche tras noche, al acostarse, acaricia el tumor que


se forma por detrás de su rodilla derecha. Como el
dios que gestaba en su muslo, así también su pierna
parece grávida y a punto de parir quién sabe qué
nueva monstruosidad. Semanas atrás todavía pensaba

40
ignorarlo: bajo un lienzo inmaculado lo cubrió, con varias
vueltas de venda lo ocultó de su vista. Pero el dolor
trabajaba por debajo, se agrandaba al amparo de lo
invisible, como medran en la oscuridad de una pieza los
terrores infantiles. Se ha marchado el sueño, ha
desaparecido el apetito. En las noches repasa la lista de
cosas que ignora:

no sabe por qué el semen tiene a


veces el perfume de una suave lejía,
no sabe por qué el sexo de la mujer
evoca la anémona de mar.

Noche tras noche acaricia el tumor que por último


decidió descubrir, no con la esperanza de ver su pierna
curada, sino más bien como gesto de aceptación de un
destino.

No sabe cuántos cargamentos


de goma y almizcle
entrarán en dos meses,

COMME LE DIEU À LA CUISSE GESTANTE

Nuit après nuit, en se couchant, il caresse la tumeur qui se


forme derrière son genou droit. Comme le dieu à la cuisse
gestante, sa jambe aussi semble enceinte et sur le point
d'accoucher qui sait quelle nouvelle monstruosité.
Quelques semaines auparavant, il pensait encore l'ignorer :

41
il la couvrit sous une toile immaculée, il la cacha à sa vue
avec plusieurs bandages. Mais la douleur était à l’œuvre
en dessous, s’agrandissait à l’abri de l'invisible, tout
comme les terreurs infantiles qui s'accroissent dans
l'obscurité d'une chambre. Le sommeil est parti, l'appétit
est disparu. La nuit, il passe en revue la liste des choses
qu'il ignore :

Il ne sait pas pourquoi le sperme a parfois


l’odeur d'une douce eau de Javel, il ne sait
pas pourquoi le sexe de la femme évoque
l'anémone de mer.

Nuit après nuit, il caresse la tumeur qu'il a finalement


décidé de découvrir, non dans l'espoir de voir sa jambe
guérie, mais plutôt comme un geste d'acceptation d'un
destin.

Il ne sait pas combien de chargements


de gomme et de musc
entreront dans deux mois,

no sabe si los gorgojos no están


arruinando en silencio el arroz.

Como el dios que gestaba en su muslo. “Tengo los


cabellos completamente grises. Travesías de mares en
barco y viajes por tierra a caballo: sin vestimenta, sin
víveres, sin agua... Estoy excesivamente cansado.

42
Demasiado acostumbrado a la vida errante, a la vida
libre y gratuita. Quizás vaya a Zanzíbar”. Noche tras
noche, al acostarse sin sueño, acaricia el tumor de su
rodilla derecha.

No sabe si habrá tormentas en el


camino a la costa, no sabe si de
esa pierna desecada nacerán —
de golpe, al unísono— la muerte
y la gloria.

il ne sait pas si les charançons ne sont pas


en train de ruiner silencieusement le riz.

Comme le dieu à la cuisse gestante. « J’ai les cheveux


complètement gris. Des traversées sur les mers en bateau
et des voyages sur terre à cheval : sans vêtements, sans
nourriture, sans eau ... Je suis extrêmement fatigué. Trop
habitué à la vie errante, à la vie libre et gratuite. J’irais
probablement à Zanzibar ». Nuit après nuit, en se
couchant sans sommeil, il caresse la tumeur de son genou
droite.

Il ne sait pas s'il y aura des tempêtes


sur le chemin vers la côte, il ne sait
pas si de cette jambe séchée naîtront –
soudain, à l'unisson – la mort et la
gloire.

43
DESEMBARCO EN MARSELLA

Le han dicho que en el hospital hacia el cual lo conducen,


cuando hace su arribo la estación seca, se abren de par en
par las salas de los internados, se vacían las piezas y se
lleva a los enfermos a los baños de sol.
También él ha asistido, en las casas de los magnates de
Etiopía, a la costumbre ancestral de que se saque el oro de
los cofres, que se lo recuente y que se le quite al aire el
moho del invierno.
Le han dicho que en el hospital hacia el cual lo conducen
hay espaciosas azoteas para los baños de sol en las que
conviven los tísicos, los mutilados —como él pronto lo
será— y los melancólicos.
La gente de los suburbios de Marsella organiza
excursiones para visitar a los enfermos, para ver
cómo han crecido pólipos y muñones en la estación de las
lluvias.
También hay en los arrabales marselleses una avenida
ancha y luminosa a la que llevan a descansar los miembros
tumefactos.

44
En las solanas, las úlceras se adormecen y la saliva de los
perros les alivia la aflicción.
A la caída de la tarde, como penitentes regresan los
enfermos a sus camas: suelen suceder estas cosas en
domingos tristísimos.
Y al paso de la procesión se va diseminando por las calles
—como una peste apaciguada— la melancolía.

DÉBARQUEMENT À MARSEILLE

On lui a dit qu'à l'hôpital où il est conduit, lorsque la


saison sèche arrive, les salles d’hospitalisation sont
largement ouvertes, les chambres sont vidées et les
malades sont amenés prendre des bains de soleil.
Lui aussi a été témoin, dans les maisons des magnats
éthiopiens, de la coutume ancestrale de placer en plein air
l'or des coffres, de le compter et d’en retirer la moisissure
hivernale.
On lui a dit qu’à l'hôpital où il est conduit, il y a des
terrasses spacieuses pour prendre un bain de soleil, où les
phtisiques, les estropiés — comme il le sera bientôt — et
les mélancoliques se rejoignent.
Les gens des faubourgs de Marseille organisent des
excursions pour rendre visite aux malades, pour voir
comment les polypes et les moignons ont poussé pendant
la saison des pluies.
Il y a aussi dans la banlieue de Marseille une avenue large
et lumineuse où les malades reposent leurs membres
gonflés.

45
Aux solariums, les ulcères s'engourdissent et la salive des
chiens soulage la détresse.
Au coucher du soleil, tels que des pénitents, les malades
retournent à leur lit : ces choses arrivent souvent par des
dimanches trop tristes.
Et sur le passage de la procession, la mélancolie se répand
dans les rues comme un fléau apaisé.

Pero los que han recibido el tratamiento del agua


comienzan a perderla a pleno sol; otros se consumen como
las frutas en los desecaderos de Turquía.
Le han dicho que en el hospital hacia el cual lo conducen
están quienes quedan reducidos a pellejos, a alfombras de
piel que más tarde se comerciarán en los bazares: como
oriflamas o banderas de peste.

46
Mais ceux qui ont reçu le traitement de l'eau commencent
à la perdre en plein soleil ; d'autres se fanent comme les
fruits dans les séchoirs de Turquie.
On lui a dit que dans l'hôpital où il est conduit il y a ceux
qui sont réduits à des peaux, à des tapis de fourrure qui
seront plus tard échangés dans les bazars : en tant
qu’oriflammes ou drapeaux de la peste.

47
HOSPITAL DE LA CONCEPCIÓN

Le han dado láudano para el dolor de su pierna. Nadie


de los que están con él sabe por qué llegaron hasta
ese hospital, pero todos los que traspasan sus puertas han
intuido desde niños que algo en su corazón no estaba bien.
Por la mañana los conducen en un coche alquilado, o
bien en angarillas —como a él—, y la gente que los
cruza exhibe en el rostro una oscura conmiseración.

El mundo era demasiado duro para ti,


demasiado belicoso: ahora pasarás tu
existencia sin pena ni dicha, entre
desahuciados.

El médico que lo examina tiene las mandíbulas


violentamente rasuradas y un guardapolvo de almidón que
lo cubre desde el cuello a los tobillos.
Palpa con unas manos frías y pronuncia palabras en latín
—voces que sólo entiende la monja que sostiene a su lado
un recipiente de losa.
Le han dado láudano para el dolor de su pierna. En su
borrachera de opio, el médico extrae de una caja un
escalpelo y le abre el vientre sin dolor, mete su mano
gélida en la cavidad y busca algo perdido entre sus
vísceras.

48
HÔPITAL DE LA CONCEPTION

On lui a donné du laudanum pour la douleur dans sa


jambe. Parmi ceux qui se trouvent avec lui, personne ne
sait pourquoi ils sont arrivés à cet hôpital, mais tous ceux
qui franchissent ses portes ont perçu depuis leur enfance
que quelque chose dans leur cœur n'allait pas bien.
Le matin, ils sont conduits dans une voiture de location, ou
sur des civières — comme lui —et les gens qui les croisent
montrent une sombre commisération sur leurs visages.

Le monde était trop dur pour toi, trop belliqueux :


maintenant tu passeras ton existence sans chagrin
ni bonheur, parmi les incurables.

Le médecin qui l’examine a les mâchoires violemment


rasées et une blouse amidonnée le couvrant du cou aux
chevilles.
Il tâtonne de ses mains froides et prononce des mots en
latin – des voix que seule la religieuse qui tient à son côté
un récipient en émail comprendra.
On lui a donné du laudanum pour la douleur dans sa
jambe. Plongé dans l’ivresse de l’opium, il reçoit le
médecin qui sort un bistouri d'une boîte, ouvre son ventre
sans douleur, met une main glacée dans la cavité et
cherche quelque chose de perdu dans les viscères.

En la tasa enlosada la monja recibe —todavía palpitante—


un pájaro sangriento; y él comprende que ya toda huida

49
concluyó, que su enfermedad ya terminó, o que acaso
comienza, que en adelante ese hospital será su casa, los
apestados su familia, que de ahora en más vivirá sin
esperanza.

50
Dans la tasse émaillée, la religieuse reçoit — encore
palpitant — un oiseau ensanglanté ; et il comprend que
toute fuite est terminée, que sa maladie est finie, ou qu'elle
ne vient peut-être que de commencer, que cet hôpital sera
désormais sa demeure, que les malades de peste
deviendront sa famille, qu’il vivra dorénavant sans espoir.

51
EL HOMBRE DE LA CAMA CONTIGUA

Ya hace muchos años que tiene en el pecho esa herida:


ancha y profunda, del tamaño de un puño, y abierta en la
zona en la que los médicos se esperarían encontrar el
esternón.
Es, a pesar de los años, una joven llaga: de su nacimiento
—anticipado por síntomas confusos— se perdió la
memoria en las historias clínicas; pero el hombre sabe que
su alumbramiento se anunciaba en el sabor metálico del
agua, en el olor dulzón de los colchones, acaso en la
tristeza de la ropa decolorada, sin pausa ni prisa, a la luz
de los días.
No es una herida violenta sino mansa, emergida de este
cuerpo en que se aloja y no destruye, con el que cohabita
como con una costumbre de las tantas que con el hombre
conviven.
Es un boquete que no produjo puñal ni navaja, más
bien es un estigma como el que perfora la palma de los
santos, sin hedor, con algún leve perfume de espliego o de
narcisos.
Alguien tuvo —hace años— en ese mismo hospital, una
herida olorosa a alhucemas. Las mujeres besaban sus
bordes y retiraban los labios marchitos, llenos de
fosforescencias.
Pero esa llaga finalmente se cerró: la carne le creció rosada
y nueva y sólo fue quedando en el recuerdo una
exfoliación que se extendía en torno —como gente
atardecida por los barrios suburbanos.

52
L'HOMME DU LIT D’À COTÉ

C’est il y a longtemps qu’il a cette blessure à la poitrine :


large et profonde, de la taille d'un poing, et ouverte
dans la zone où les médecins s'attendraient à trouver le
sternum.
Malgré les années, c'est une jeune plaie : la mémoire de sa
naissance — anticipée par de vagues symptômes — s’est
égarée dans les dossiers médicaux ; pourtant l'homme sait
que sa survenue s'annonçait dans le goût métallique de
l'eau, dans l’odeur douceâtre des matelas, peut-être dans la
tristesse des vêtements décolorés, sans pause ni hâte, à la
lumière des jours.
Ce n'est pas une blessure violente mais paisible, émergeant
de ce corps dans lequel elle loge et qu’elle ne détruit pas,
avec lequel elle cohabite comme si c’était l’une parmi tant
d’habitudes qui coexistent avec l'homme.
C'est une brèche qu’aucune dague ni aucun couteau n'ont
produite, c'est plutôt un stigmate comme celui qui perce la
paume des saints, sans puanteur, avec un léger parfum de
lavande ou de jonquilles.
Il y a des années, dans ce même hôpital, quelqu’un eut une
plaie sentant la lavande. Les femmes en embrassaient les
bords et retiraient leurs lèvres flétries, pleines de
phosphorescences.
Mais cette plaie s’est finalement refermée : la nouvelle
chair en est redevenue rose et il n’est resté dans la
mémoire qu’une cicatrice étendue tout autour — comme
les gens crépusculaires des faubourgs.

53
Los enfermos protegen —por miedo de perderlas— esas
úlceras perfumadas; los médicos las consideran de una
naturaleza tan misteriosa como los estigmas o los cuerpos
incorruptos.
Los ulcerosos como el hombre de la cama contigua huyen
de las aglomeraciones y de las fiestas cívicas, de los
almuerzos campestres y de los baños de sol.
Llevan su llaga arropada en el seno como el usurero
que guarda un gran tesoro, como el sacerdote que
conduce las sagradas formas, como el músico que hace
siglos —en Granada— tenía oculto en su rabel cierto
pájaro azul.
En los tratados sobre las llagas se describen estas lesiones
que manan un líquido puro como el agua subterránea, un
licor, un almíbar que al contacto con el aire cristaliza.
La herida que hace ya muchos años que tiene sobre el
pecho el hombre de la cama contigua es, para decirlo
abruptamente, una ventana de cristales de roca, en cuyo
fondo apenas late —oscuro— el corazón.

Les malades protègent — de peur de les perdre — ces


ulcères parfumés ; pour les médecins, ils ont une nature
aussi mystérieuse que les stigmates ou les corps
incorruptibles.
Les ulcéreux comme l'homme du lit d’à côté fuient les
foules et les fêtes civiques, les déjeuners champêtres et les
bains de soleil.
Ils enveloppent leur plaie contre leur sein tout comme
l'usurier qui garde un grand trésor, comme le prêtre qui

54
conduit les formes sacrées, comme le musicien qui, il y a
des siècles - à Grenade - avait caché dans son rebec un
certain oiseau azur.
Dans les traités sur les plaies, on décrit ces lésions qui
dégagent un liquide aussi pur que l'eau souterraine, une
liqueur, un sirop qui cristallise au contact de l'air.
La blessure sur la poitrine qu’a l'homme du lit d’à côté
depuis déjà bien des années devient, pour le dire
abruptement, une fenêtre de cristaux de roche, au fond de
laquelle – sombre –bat à peine le cœur.

LA PIERNA DE RIMBAUD

Aquella —mi pierna derecha— cuántas


ciudades recorrió, cuántos países...

Juntos cruzaron los Vosgos a pie; juntos el San Gotardo,


hundido en su gabán; fueron tras un circo ambulante desde
Hamburgo hasta Suecia; más tarde a las canteras de
Chipre y a los puertos del Mar Rojo.

55
Mi pierna derecha: cuántas
ciudades recorrió, cuántos países...

Juntos huyeron en el instante previo a que todo se tornara


inevitable; juntos reunieron francos para escapar a
Zanzíbar. ¿Escapar o llegar? ¿De qué huían, su pierna y
él? ¿De la Europa de los viejos pontones, de la cultura
occidental, de la poesía, de alguna secta de asesinos, de la
comodidad burguesa, de la esclavitud de los libros?

Mi pierna derecha: cuántas


ciudades recorrió, cuántos países...

Y nunca pensó en ella hasta esa noche en que el tumor le


dijo que no iba a seguirlo ya más, en que entendió que se
le haría desde entonces cada vez más extraña, del tiempo
del ajenjo y de las letras.

LA JAMBE DE RIMBAUD

Celle-là – ma jambe droite – combien de


villes elle a parcourues, combien de pays ...

Ensemble, ils ont traversé les Vosges à pied ; ensemble, le


Saint-Gothard, lui enfoncé dans son manteau ; ils ont suivi
un cirque ambulant depuis Hambourg jusqu’à la Suède ;
ils sont allés plus tard aux carrières de Chypre et aux ports
de la mer Rouge.

56
Ma jambe droite – combien de villes elle a
parcourues, combien de pays ...

Ensemble, ils ont fui juste avant que tout ne devienne


inévitable ; ensemble, ils ont épargné des francs pour s’en
fuir à Zanzibar. S'en fuir ou arriver ? Lui et sa jambe, à
quoi échappaient-ils ? À l'Europe des vieux pontons, à la
culture occidentale, à la poésie, à une secte d'assassins, au
confort bourgeois, à l'esclavage des livres ?

Ma jambe droite - combien de villes elle a


parcourues, combien de pays ...

Et il n'avait jamais pensé à elle jusqu'à cette nuit-là, où la


tumeur lui dit qu'elle n'allait plus le suivre, où il comprit
qu’elle deviendrait désormais de plus en plus étrange, du
temps de l'absinthe et des lettres.

Cuántas ciudades recorrió,


cuántos países...

Como un paraguas que por torpeza se olvida al terminar la


lluvia, así la ve ahora, solitaria en esa mesa del quirófano
de la Concepción, envuelta en unos trapos manchados de
sangre, pálida en la borrachera del éter y empolvada de
sol. Quizá una hermana de hábito blanco más tarde vendrá
para llevarla al crematorio. Poco vale allí un francés que

57
vivía del comercio en el África, menos su pierna
cancerosa.

Aquella —pese a todo— mi


pierna derecha, mi pierna.

Combien de villes elle a parcouru,


combien de pays ...

Tel un parapluie que l’on oublie maladroitement, la pluie


finie, il la voit maintenant, toute seule sur cette table de la
salle d'opération de la Conception, enveloppée de chiffons
tachés de sang, pâle sous l'ivresse de l'éther et saupoudrée
de soleil. Probablement, une religieuse en habit blanc
viendra plus tard et l'emportera au crématorium. Peu vaut
là-bas un Français qui vivait du commerce en Afrique,
moins encore sa jambe cancéreuse.

Celle-là – malgré tout – ma


jambe droite, ma jambe.

58
L’auteur

Guillermo Eduardo Pilía est né à La Plata, Argentine, en


1958. Il s’est diplômé comme Professeur de Lettres à
l’Université nationale de La Plata et a été enseignant de
littérature, de théorie littéraire et de langues classiques.
Son premier ouvrage, Arsénico, est publié en 1979. Il
publie ensuite une trentaine d’ouvrages de poésie, de récits
et d’essais. Ses dernières publications sont Ojalá el tiempo
tan sólo fuera lo que se ama (2011), Sobre la cuerda y sin
la red (2016), Ainadamar (2016), Casamundo (2019) et
Como el dios que gestaba en su muslo (2020), parue
maintenant en français sous le titre La jambe de Rimbaud.
De nombreux prix nationaux et internationaux lui ont été
décernés. En 2014, il a été nommé membre de l’Académie
hispano-américaine des bonnes lettres de Madrid, dont il
est actuellement le président. Il est fait citoyen d’honneur
de La Plata en 2016.
En 2018, l’Académie des bonnes lettres de Grenade le
nomme membre correspondant. Il est actuellement
secrétaire général de la SADE (Société argentine
d’écrivains). Au cours des dernières années, il visite des
universités latino-américaines où il prononce des
conférences sur la poétologie.

La traductrice

Ana María Gentile est Docteur en Sciences du Langage


(Université de Rouen, 2007). Elle enseigne la traduction
littéraire à l’Université de La Plata, Argentine.

59
Ses traductions et ses recherches dans le domaine de la
littérature et des sciences humaines ont été publiées au
Canada, en Espagne et en France. Elle a accompagné
comme interprète de conférence les visites en Argentine
des théoriciens et écrivains Oswald Ducrot, Caroline
Eliacheff, François Gosse, Gilles Pellerin et Philippe Sers,
entre autres.

Table des matières

Rimbaud à Java 7
Paradis artificiels 11
Été en Afrique 19
Les endroits deviennent instables 23
Les arrivées 27
Fumerie d’opium à Harar 31
Une fleur qui sent la viande pourrie 37
Pas de désir : de la nostalgie 41
Comme le dieu à la cuisse gestante 45
Débarquement à Marseille 49
Hôpital de la Conception 52

60
L’homme du lit d’à côté 57
La jambe de Rimbaud 61
L’auteur 65
La traductrice 66

61

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