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Gériatrie 2011

Livre blanc
de la gériatrie française
Composition du comité de pilotage du Livre Blanc
Claude Jeandel, coordonnateur scientifique
Jean-Pierre Aquino
Gilles Berrut
Philippe Chassagne
Jean-Paul Emeriau
Nathalie Maubourguet
Geneviève Ruault
Michel Salom

Le comité de pilotage s’est réuni les 11 mars 2010, 12 avril 2010, 17 mai 2010,
31 août 2010, 16 décembre 2010, 20 janvier 2011, 22 mars 2011, 21 juillet 2011
au siège de la Fédération Hospitalière de France (FHF)– rue Cabanis à Paris.
Merci à la FHF pour la mise à disposition de ses salles.

Le comité de pilotage remercie tout particulièrement les médecins gériatres,


experts et personnalités qui ont participé à la rédaction de ce Livre Blanc, en
particulier les chefs de rubrique et relecteurs :
Joël Ankri
Joël Belmin
Xavier Gervais
François Piette

Les deux enquêtes ont été réalisées


par les Observatoires Régionaux de Santé (ORS) de Bretagne et d’Aquitaine :
- Isabelle Tron, directeure de l’ORS de Bretagne
- André Ochoa, directeur de l’ORS d’Aquitaine
- Nadine Scandella, démographe (ORS d’Aquitaine)
- Léna Pennognon, expert démographe (ORS de Bretagne)

La coordination et la logistique ont été assurées par ESVproduction


276 rue Lecourbe 75015 - PARIS :
Marc Bonnel, directeur, gérant
Contact téléphonique : 06 08 51 35 96
Pascal Lacoste, directeur de production

Conception – Réalisation – Impression : 36nco.com

2 Livre blanc de la gériatrie française


Cet ouvrage a été réalisé à l’initiative
du Collège Professionnel des Gériatres Français, organisme
représentatif des quatre instances nationales de la gériatrie :

SOCIÉTÉ FRANÇAISE
de GÉRIATRIE et GÉRONTOLOGIE
(SFGG)

COLLÈGE NATIONAL
des ENSEIGNANTS-CHERCHEURS
de GÉRIATRIE
(CNEG)

SYNDICAT NATIONAL
de GéRONTOLOGIE CLINIQUE
(SNGC)

FÉDÉRATION FRANÇAISE des ASSOCIATIONS


de MÉDECINS COORDONNATEURS en EHPAD
(FFAMCO-EHPAD)

4 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française

Table des matières

Prologue : Le grand âge, une découverte collective


par Marc-Olivier Padis – rédacteur en chef de la revue ESPRIT ..........................................................8

Préface : Pourquoi un second Livre Blanc


de la gériatrie française ? par Claude Jeandel ..................................................................14

I. Les besoins de santé face au vieillissement


de la population française ..................................................................................................................... 17
De l’intérêt des grandes bases de données pour l’étude
de santé des personnes âgées par Joël Ankri...................................................................... 22
Etat de santé des personnes âgées par Catherine Sermet.....................................30
Démographie et santé du grand âge par Jean-Marie Robine.............................38

II. Les réponses aux besoins de santé liés au vieillissement .......................... 53


Domaines, champs et spécificités de l’activité gériatrique
par Jean-Pierre Aquino et François Piette.....................................................................................54
L’offre de soins ...................................................................................................................................................71
Les spécificités de l’offre de soins gériatrique
en établissement de santé par Claude Jeandel .................................................................. 72
Le court séjour gériatrique par Muriel Rainfray...............................................................74
Les établissements et services médico-sociaux
par Marie-Pierre Hervy, Xavier Gervais, Nathalie Maubourguet,
Stephan Meyer et Bernard Oddos.........................................................................................................78
Les personnes âgées prises en charge par les services de soins
à domicile (SSIAD) et en hospitalisation à domicile (HAD)
par Joël Ankri.........................................................................................................................................................88

5
III. Le Référentiel Métier de la spécialité de Gériatrie ....................................... 94
Coordination scientifique : Claude Jeandel
Travail collectif sous l’égide du collège professionnel
des gériatres français (CPGF).............................................................................................................95

IV. Enquêtes réalisées par les ORS d’Aquitaine et de Bretagne ............127


- Volet 1 : sur l’exercice quotidien du gériatre
auprès de 1 800 médecins gériatres
dans le cadre de 1 234 consultations de patients âgés ......................................129
- Volet 2 : dans 7 des 9 segments de l’activité gériatrique.....................................152

V. Formation des gériatres .........................................................................................................................269


L’enseignement de gériatrie à la faculté : où en sommes-nous ?
par Philippe Chassagne .............................................................................................................................270
L’enseignement de la gériatrie au cours du troisième cycle
des études médicales, le Diplôme d’Études Spécialisées
Complémentaires de Gériatrie et le projet de DES de gériatrie
par Philippe Chassagne ..............................................................................................................................271
La capacité de gérontologie
par Pierre Pfitzenmeyer (…) et Claude Jeandel .......................................................................273
La Formation Médicale Continue en gériatrie :
les Diplômes d’Université (DU) et les formations courtes
par Joël Belmin .................................................................................................................................................. 276
La formation des médecins coordonnateurs d’EHPAD
par Xavier Gervais et Claude Jeandel .............................................................................................282
Comment anticiper les besoins futurs en médecins
qualifiés en gériatrie ? par Claude Jeandel ............................................................................286

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Livre blanc de la gériatrie française

VI. La recherche clinique............................................................................................................................. 288


La recherche clinique en gériatrie en France
par Joël Belmin ..................................................................................................................................................289

VII. Conclusion .........................................................................................................................................................293


par Claude Jeandel – Président du Collège Professionnel
des Gériatres Français (CPGF)
- Gilles Berrut – Président de la Société Française de Gériatrie
et de Gérontologie (SFGG)
- Philippe Chassagne – Président du Collège National
des Enseignants de Gériatrie (CNEG)
- Michel Salom – Président du Syndicat National
de Gérontologie Clinique (SNGC)
- Nathalie Maubourguet - Présidente de la Fédération Française
des Associations de Médecins COordonnateurs
en EHPAD (FFAMCO-EHPAD)

Annexes.............................................................................................................................................................................294
1. Le Collège Professionnel des Gériatres Français (CPGF)
2. La Société Française de Gériatrie et Gérontologie (SFGG)
3. Le Collège National des Enseignants de Gériatrie (CNEG)
4. Le Syndicat National de Gérontologie Clinique (SNGC)
5. La Fédération Française des Associations de Médecins
COordonnateurs en EHPAD (FFAMCO-EHPAD)
6. MobiQual par Geneviève Ruault

7
Prologue
Le grand âge,
une découverte collective
Marc Olivier Padis,
rédacteur en chef de la revue ESPRIT

La vieillesse est une expérience person- homme-femme, de l’idée de parcours de


nelle, intime, qui change, parfois insensible- vie et des solidarités qui s’instaurent de
ment, parfois brutalement, les perceptions manière privée ou collective. Le débat
fondamentales de l’espace et du temps. public sur le vieillissement se limite le plus
L’expérience de l’âge, avec la sensibilité souvent à des arguments d’experts sur les
changeante aux priorités de l’existence, coûts des changements démographiques,
transforme le rapport à soi, la perception au risque, trop souvent, d’instrumentaliser
de son corps, de ses capacités, de ses désirs. l’inquiétude sur l’« impossible » équation
Mais cette reformulation du souci de soi, financière qui serait à notre charge. C’est
souvent vécue dans la solitude, relève ainsi qu’on tourne une bonne nouvelle – la
aussi d’une expérience collective en pleine progression de l’espérance de vie, et qui
transformation. plus est, de l’espérance de vie en bonne
santé – en angoisse collective de l’avenir…
La perspective d’une vie plus longue change
assurément les anticipations de chacun sur Les changements sociaux liés à la vieillesse
son avenir personnel mais elle transforme ne se limitent pas au vieillissement global
aussi l’ensemble des relations entre les de la population ou à l’augmentation du
âges et entre les générations. C’est pour- nombre de centenaires. Le mouvement
quoi il ne faut pas retenir des chiffres de la en cours, d’ailleurs, ne se poursuivra sans
démographie uniquement la progression doute pas indéfiniment (i). Pour la première
moyenne de l’espérance de vie ou la part fois dans un pays développé, on a mesuré
des personnes âgées dans la population glo- cette année une baisse de l’espérance de
bale. Derrière les statistiques se joue une vie aux États-Unis. Alors que les médias
recomposition d’ensemble des relations parlent volontiers des utopies du « trans-
intergénérationnelles mais aussi du rapport humanisme », qui promettent, grâce à
1. Voir Jacques Vallin et France Meslé, «Espérance de vie : peut-on gagner trois mois par an indéfiniment ?» Population et
sociétés, n° 473, décembre 2010.

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Livre blanc de la gériatrie française
• Prologue •
toutes sortes de prothèses promises par à la majorité à 18 ans) et des situations
les biotechnologies, un recul indéfini de la personnelles fluides, faites d’aléas et de
mortalité, il apparaît plus prosaïquement trajectoires en boucles plutôt que de par-
que le stress de la vie urbaine, la dégra- cours linéaires. Si l’âge constitue un outil en
dation de l’environnement, les effets de apparence objective, il est aussi largement
l’alimentation industrielle et la dégradation trompeur au sens où il n’appréhende les
du niveau de vie risquent de faire plafonner situations personnelles que de manière
les gains d’espérance de vie. approximative.

Changement du cycle de vie Notre rapport à l’âge ne change pas seu-


lement « en bout de course » : c’est l’en-
Ce qu’on appelle le «vieillissement» est, semble du parcours de vie qui se trans-
à bien des égards, un rajeunissement : à forme dès la naissance et qui redéfinit les
âge égal, on vit mieux, sans maladie inva- étapes, de la jeunesse à la maturité, chaque
lidante, en étant plus actif, avec un niveau moment de la vie appelant aujourd’hui des
de vie plus favorable que les générations définitions nouvelles. L’adolescence com-
précédentes. C’est donc plus exactement mence plus tôt (l’âge de la puberté est
notre rapport à l’âge qui se transforme, à avancé), se prolonge et se diffuse au sein de
tous les moments de la vie. Il s’individua- la vie adulte. Les grands seuils qui marquent
lise en partie, puisque l’état d’esprit de l’entrée dans la vie adulte (décohabitation,
deux personnes du même âge peut être entrée dans le monde du travail, procréa-
très différent selon qu’elles sont actives tion…) sont désynchronisés, les calendriers
ou non, en bonne santé ou non, seules ou se décalent, les temps de loisir et de travail,
entourées etc. L’âge, à lui seul, décrit désor- d’activité et d’inactivité, interfèrent les uns
mais assez mal la situation d’une personne. avec les autres. Cela ne veut pas dire que
On l’a vu au moment du débat sur les les étapes disparaissent mais que les par-
retraites : le couperet de l’âge, par exemple cours ne sont pas synchrones.
62 ans, apparaît absurde et injuste, tant les
situations professionnelles et personnelles L’âge reçoit également une nouvelle significa-
sont variables malgré l’appartenance à une tion du fait du décalage de genre. L’écart de
cohorte commune. On le voit aussi dans l’espérance de vie entre homme et femme
le débat sur la distinction entre handicap n’est qu’un signe d’un déphasage qui com-
et dépendance, où intervient le critère mence dès la jeunesse. Les parcours se dif-
d’âge des 60 ans. C’est désormais une diffi- férencient très vite en raison du rapport aux
culté des politiques publiques, qui reposent études (que les filles mènent moins loin bien
en grande partie sur la catégorisation des que les résultats scolaires soient meilleurs
ensembles de populations à partir de l’âge, jusqu’au bac), de l’entrée dans la vie active,
que cette inadéquation de l’âge et des de l’expérience de la maternité, du partage
situations individuelles. On peut évoquer des tâches domestiques, de l’écart de pro-
les mêmes difficultés dans les politiques de gression professionnelle. La prise en charge
la jeunesse, avec des seuils très marqués des activités de soin, nous y reviendrons, de
du point de vue des catégories adminis- la petite enfance à la dépendance, marque
tratives (et la grande césure du passage plus que jamais les inégalités de genre.

9
Cette relativisation des âges change enfin sont pas encore entrés dans ce système
les relations entre les générations. Dans le d’échanges. En contrepartie, ce sont les
monde de l’État-providence, la solidarité transferts familiaux privés, des parents aux
entre les générations s’est réorganisée. En enfants ou des grands-parents aux petits
l’absence de transferts sociaux, on attendait enfants, qui permettent de soutenir les
des enfants qu’ils soutiennent leur parent parcours juvéniles et éviter, quand ils le
dans le grand âge. Les jeunes générations peuvent, une paupérisation des jeunes (2).
remboursaient ainsi leur dette, et rendaient Une telle analyse en termes d’équité inter-
à leurs aînés ce qu’ils avaient reçu d’eux générationnelle a le mérite d’attirer l’atten-
au cours de leur éducation. En créant des tion sur les difficultés de l’entrée des jeunes
mécanismes collectifs de transferts liés à dans la vie active, difficultés qui fragilise-
la protection contre l’inactivité (en cas de ront à terme l’ensemble des mécanismes
maladie, de chômage ou d’entrée dans la de transfert qui reposent sur le travail. Ils
retraite), l’État-providence change la signi- encouragent également un discours plus
fication des échanges : le rapport filial est polémique à l’encontre de la génération
remplacé par une solidarité entre actifs et du baby-boom, qui découvre aujourd’hui
inactifs, entre biens portants et malades. progressivement le vieillissement, dont
Les transferts socialisés sont simultanés l’ensemble du parcours a été facilité et
(et non différés) : il ne s’agit plus de rendre soutenu par l’État-providence, qui profite
ce qu’on a reçu mais de répartir des coti- aujourd’hui à plein des budgets publics mais
sations et des prestations en temps réel qui laisse derrière elle un système endetté
au sein de la population. Un tel système, et fragilisé. En objectivant ces déséquilibres,
cependant, ne neutralise pas les effets on pourrait encourager une « guerre des
générationnels car le soutien aux inactifs âges » ou un nouveau « conflit des généra-
et aux malades concerne bien en grande tions » opposant des jeunes actifs, frappés
partie les retraités et les personnes âgées. de plein fouet par l’entrée dans le monde
L’efficacité de notre système de redistribu- post-industriel, dont les parcours ne se font
tion et les changements de la démographie pas selon les normes de l’État-providence
font d’ailleurs des personnes âgées des (emploi stable, progression continue des
bénéficiaires nets de notre système de carrières…) aux générations aujourd’hui
redistribution, alors même que les déficits inactives dont le revenu est garanti par
récurrents mettent en doute la survie de des caisses dont le déficit chronique sera
ces institutions : le système de retraites, par pris en charge par les nouveaux entrants.
exemple, va-t-il se maintenir et bénéficier Ce type de calcul, s’il permet de mettre
demain à ceux qui commencent à coti- en lumière des déséquilibres sociaux dont
ser aujourd’hui ? Le difficile maintien des on ne veut guère parler, reste incomplet
transferts entre actifs et inactifs se fait au et, de ce fait, contestable. On peut en effet
détriment des entrants dans la vie active, donner une photographie des transferts
les jeunes qui, faute d’accès au travail, ne entre générations tels qu’ils fonctionnent

2. Louis Chauvel, le Destin des générations, Paris, Puf, 1998. Claudine Attias-Donfut, « Rapports de générations. Transferts intrafa-
miliaux et dynamique macrosociale », Revue française de sociologie, no 41-4, 2000 ; Luc Arrondel et André Masson, « Solidarités
publiques et familiales », dans Daniel Cohen (sous la dir. de), Une jeunesse difficile. Portrait économique et social de la jeunesse
française, Paris, Éd. rue d’Ulm, 2006 ; André Masson, Des Liens et des transferts entre génération, Paris, EHESS, 2009

10 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Prologue •
actuellement. Mais pour déterminer s’ils pas de savoir si les jeunes rendent à leurs
sont inéquitables, il faudrait en effet pouvoir aînés ce qu’ils ont reçu, ni s’ils recevront
faire un bilan de l’ensemble des échanges autant qu’ils ont donné mais si l’échange
par générations, c’est-à-dire se placer social permet de passer un héritage de
dans une position temporelle qui nous est ceux qui ne sont plus là vers ceux qui ne
inaccessible. Les tendances actuelles ne sont pas encore nés. Il faut la pérennité de
sont pas bonnes mais l’heure n’est pas au l’État pour organiser le transfert et l’équi-
bilan. Il faudrait en outre mettre au cré- libre dans le temps d’un échange dont le
dit des générations âgées les inventions, terme est toujours différé.
découvertes, transmission du patrimoine
qui contribuent aujourd’hui au bien-être
des jeunes générations… et à leur débit la
dégradation de l’environnement, du climat, On ne rend pas à ses
la consommation des matières premières
non-renouvelables… L’impossibilité d’un tel parents ce qu’on a reçu
bilan comptable nous incite donc à retrou-
ver l’inspiration de la première philosophie d’eux, on le transmet
sociale de la République, le solidarisme (3).
Celle-ci considérait en effet qu’à une repré- à ses enfants
sentation en termes de conflits sociaux, il
fallait substituer une pensée de la dette,
dette constituée par les biens (y compris Ces réflexions sur l’équité intergénération-
immatériels) que les générations avant nelle montrent aussi la limite de la lecture
nous ont accumulé : nous entrons dans de la solidarité par les transferts finan-
l’existence démunis de tout mais entourés ciers. Avec le vieillissement, on prend en
d’un monde que nous n’avons pas créé effet mieux la mesure d’un autre enjeu de
et que nous devons à notre tour trans- la prise en charge des personnes, qui ne
mettre à nos héritiers. On ne peut donc relève pas seulement du versement d’une
pas mettre en équation ce que deux géné- prestation. La dépendance du grand âge,
rations se doivent en comptabilisant com- notamment, suppose en effet toujours une
bien les parents et les enfants ont reçu et intervention personnelle, un échange de
donné. Le circuit de la dette fonctionne en proximité, une relation de soin, parfois avec
trois temps : on ne rend pas à ses parents une implication des proches, parfois par
ce qu’on a reçu d’eux, on le transmet à ses l’intervention d’un professionnel, parfois
enfants. Ce n’est pas du donnant-donnant, à domicile, parfois en institution, le plus
c’est un passage de témoins. On donne souvent les deux à la fois, successivement
parce qu’on a reçu, on reçoit parce qu’on ou alternativement.
donnera à son tour. La prise en compte de la question du soin
On ne rembourse donc pas la génération dépasse l’identification d’un public spéci-
précédente autrement qu’on prenant en fique qui serait la cible d’un dispositif par-
charge celle qui suit. La question n’est donc ticulier : elle invite à prendre en compte la

3. Voir Serge Audier, La Pensée solidariste. Aux sources du modèle social républicain, Paris, PUF, coll. « Le lien social », 2010

11
variété et la richesse des relations mutuelles du travail (même si cela doit donner lieu
qui se tissent entre personnes engagées à des luttes collectives, syndicales ou
dans une relation de soin. C’est pourquoi, politiques).
il convient d’accorder aussi une atten-
tion aux « aidants », dont la situation, la On peut critiquer cette idée de l’auto-
disponibilité, la capacité à faire face aux nomie en remarquant que cette repré-
difficultés est le plus souvent détermi- sentation de l’émancipation repose sur
nante pour les personnes aidées. Une l’occultation des processus par lesquels
politique du soin doit donc aussi porter chacun peut devenir un sujet indépen-
sur les aidants, ou plutôt s’intéresser à dant : les soins primaires, l’éducation, les
eux comme aux personnes dépendantes, tâches ordinaires de la vie quotidienne
pour ne pas isoler, dans le soin, un « pres- essentiellement prises en charge par les
tataire » et un « bénéficiaire ». Il s’agit femmes dans notre contrat de genre.
au contraire de prendre en compte une Autant de travaux peu reconnus, souvent
relation mutuelle à considérer comme invisibles et dévalorisés. Le mythe de
un tout. l’individu autosuffisant est par excellence
masculin. Il illustre un regard sur la vie
Construit à partir des situations pro- sociale qui tient pour négligeables les
fessionnelles, notre système d’État-pro- situations d’apprentissage, de dépendance
vidence reste marqué par une concep- et de vulnérabilité.
tion de l’autonomie directement liée à
l’engagement dans le travail. Le travail Cela ne signifie pas qu’il faudrait aban-
est facteur d’autonomisation parce qu’il donner l’idéal d’autonomie mais qu’il
donne lieu à un revenu, qui permet l’indé- convient d’en construire une compré-
pendance financière, mais aussi parce hension moins abstraite. L’autonomie ne
qu’il vise un accomplissement de soi à disparaît pas, en effet, pour les personnes
travers une tâche et une contribution à dépendantes. Elle se maintient tout
l’utilité sociale commune. L’interruption d’abord, à titre de règle morale, pour le
du travail, et du revenu auquel il donne respect de la personne, dans l’éthique
lieu, est compensée, en cas de maladie, médicale, par-delà toutes les situations
d’accident du travail ou de chômage, par de vulnérabilité ou de défaillance du
une prestation monétaire : telle est la sujet. Mais, même pour les situations plus
base de notre système de protection. ordinaires de dépendance, l’autonomie
Mais ces situations d’interruption du tra- ne disparaît jamais complètement. Il ne
vail, envisagées comme temporaires (la s’agit plus, simplement, d’une autono-
retraite constitue, de ce point de vue, une mie conçue comme capacité à se délier
situation un peu différente) ne prennent des autres. La question est souvent plus
en compte la fragilité de la personne que concrète : comment mener à bien par
relativement à l’autonomie dont il est soi-même les actes essentiels de la vie
présumé capable à travers son travail. quotidienne ? C’est l’autonomie comme
La solidarité est donc toujours liée à un capacité à accomplir une tâche, une
projet d’émancipation, lui-même articulé action vitale sans dépendre de l’inter-
sur la force potentiellement libératrice vention d’un tiers. Ici, l’autonomie ne se

12 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Prologue •
présente pas comme un bloc, elle n’est l’ombre ces actes, ces situations d’en-
possible ou en échec que relativement traide longtemps négligées et méprisées.
à un objectif. C’est pourquoi, la plupart Reconnaître le travail de soin est donc
des situations de dépendance renvoient à un impératif à double sens. Il signifie tout
un mixte de fragilité et de capacité d’agir. d’abord accorder une plus grande recon-
Le travail du soin consiste justement à naissance, notamment professionnelle,
aider les personnes fragiles à faire par aux personnes engagées dans la relation
elles-mêmes ce dont elles sentent encore de soin. Mais il demande aussi, plus empi-
capables de faire, à ne pas les déposséder riquement, de commencer par décrire le
de leurs gestes, à mettre en œuvre leur soin tel qu’il existe déjà concrètement,
capacité d’agir. Prendre soin, c’est donc le accepter d’ouvrir les yeux pour recon-
contraire du « maternage » ou de l’infan- naître que personne, aussi indépendant
tilisation, il s’agit au contraire de toujours qu’il se pense, ne vit sans relations – des
viser l’autonomie, tout en acceptant que relations multiples qui tissent ensemble la
celle-ci soit en construction ou limitée. richesse des échanges sociaux. ◗
Elle suppose donc un savoir-faire parti-
culier, bien différent de l’acte médical qui
guérit (« to cure » en anglais, d’où le jeu
de sonorités dans l’opposition avec « to
care ») fait d’intervention et d’accom-
pagnement, où il faut autant valoriser
la capacité d’agir de la personne aidée
qu’accomplir des tâches d’aide. Et la per-
sonne aidée doit tout autant à la fois
accepter l’aide qui lui est apportée et
maintenir des projets autonomes, même
si ceux-ci doivent se réajuster au chan-
gement des capacités.

La question du soin, on le voit, nous rap-


pelle que la solidarité ne doit pas être
réduite à des débats sur le financement
et les dispositifs, aussi importants soient-
ils. Elle nous invite aussi à considérer avec
prudence les sempiternels discours géné-
raux sur les ravages de l’individualisme
dans la société contemporaine. Trop
général, le diagnostic est aussi partial : il
laisse délibérément de côté tous les actes
de solidarité concrète, mais aussi d’inter-
dépendance subie, qui apparaissent dans
le travail de soin et d’aide aux personnes
fragiles. Pire : il contribue à laisser dans

13
Préface
Pourquoi un second livre blanc
de la gériatrie francaise ?
Pr Claude Jeandel, Coordonnateur Scientifique
du Livre Blanc Président du Collège Professionnel
des Gériatres Français (CPGF)

Spécialité médicale officiellement reconnue vie et leur autonomie. Elle ne peut donc s’ac-
en France en 2004, année de parution du complir pleinement que dans une approche
premier livre blanc, la gériatrie, médecine multiprofessionnelle et interdisciplinaire.
plus particulièrement orientée vers les L’objectif que visent les deux premiers cha-
patients âgés de 75 ans et plus, trouve ses pitres de ce Livre Blanc est de présenter
champs d’application dans l’évaluation des les besoins de santé actuels et futurs au
risques et la prévention, dans le contrôle regard du vieillissement démographique
et le suivi des affections chroniques dont la de la population française et les réponses
prévalence augmente avec l’avance en âge, à apporter face aux besoins de santé liés
dans les urgences médicales et sociales, dans au vieillissement. Les différentes structures
les différentes dimensions du soin et dans sanitaires et médico-sociales, hospitalières
l’accompagnement de fin de vie. La gériatrie et ambulatoires, impliquées dans ce dispo-
vise à apporter une réponse adaptée à des sitif sont ainsi présentées dans le deuxième
besoins pluriels résultant de la polypatholo- chapitre de ce Livre Blanc.
gie et à assurer une continuité de prise en Depuis 2004, suite aux conséquences dra-
charge dans un objectif de réinsertion dans matiques de la canicule qui ont révélé les
le milieu de vie antérieur. insuffisances quantitatives et qualitatives
La gériatrie développe une vision holistique, de nos dispositifs de prise en charge des
scientifique et éthique du contrat médical personnes âgées et tout particulièrement
noué avec le patient, contrat individuel mais des plus vulnérables d’entre elles, une
lié à la réalité collective, et conscient de la fini- organisation des soins mieux adaptée aux
tude de la vie et des ressources individuelles. problématiques gériatriques a pu être mise
Elle dépasse ainsi la médecine d’organe et en œuvre. Cette évolution significative est
offre des soins supplémentaires au sein inscrite dans les différents rapports et plans
d’équipes pluridisciplinaires, dans l’objectif de santé publics déployés au cours des 5
essentiel d’optimiser l’état fonctionnel des dernières années : le rapport de mission
malades âgés et d’améliorer leur qualité de 2006 « un programme pour la gériatrie »,

14 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Préface •
le Plan Solidarité Grand Age 2007-2012, la - mettre en place des Validations des Acquis
circulaire 2007 relative à l’amélioration de la de l’Expérience (V.A.E.).
filière de soins gériatrique, la circulaire 2007 Les derniers chapitres de ce nouveau livre
relative au référentiel national des réseaux blanc abordent la formation et la recherche.
« personnes âgées », le Plan National « Bien Notre discipline souhaite atteindre un
Vieillir », le Plan national de développement niveau d’excellence et poursuivre son déve-
des soins palliatifs, le Plan psychiatrie et de loppement afin d’assurer la formation des
santé mentale, le déploiement des unités futurs médecins, généralistes et spécialistes,
de coordination d’oncogériatrie (UCOG) et celle des futurs gériatres et des acteurs
du Plan cancer, le rapport de mission 2009 du soin spécifique au grand âge. Elle se doit
« 13 mesures pour une meilleure prise en également d’assurer l’accès à de nouveaux
soin des résidents en EHPAD, le rapport métiers (Médecin coordonnateur d’éta-
de mission « vivre chez soi » 2010, et les blissement pour personnes âgées dépen-
44 mesures du Plan Alzheimer 2008-2012. dantes…) et la formation de cadres et d’en-
Riche de deux enquêtes réalisées par les seignants de qualité. Elle se doit enfin, pour
Observatoires Régionaux de Santé d’Aqui- atteindre pleinement son développement,
taine et de Bretagne, ce second Livre Blanc de promouvoir la recherche fondamen-
présente pour la première fois un outil tale, la recherche clinique et la recherche
essentiel : le REFERENTIEL METIER de la en Sciences Humaines et Sociales dans le
spécialité de GERIATRIE. domaine du vieillissement et des maladies
Fruits d’un travail collectif de la discipline, ces associées au grand âge.
enquêtes et l’élaboration du référentiel métier
ont impliqué un grand nombre de collègues. Plaidoyer pour une gériatrie de qualité au ser-
Qu’ils en soient ici remerciés ! vice de nos concitoyens, ce Livre Blanc a pour
La première de ces enquêtes fournit des infor- finalité de mieux faire connaître les spécificités
mations relatives aux modes d’exercice, aux et l’organisation de la gériatrie, ses forces et
activités et aux pratiques des gériatres, ainsi ses faiblesses, ses exigences et ses contraintes.
qu’aux modalités de leur formation. Il vise à fournir aux gériatres et aux autres
La seconde enquête a pour finalité de préciser disciplines de la Gérontologie une base synthé-
leurs pratiques dans le champ des principaux tique d’informations pour faciliter la réflexion
segments d’activité du métier de gériatre. nécessaire à l’évolution de leur exercice.
Le référentiel métier revêt plusieurs enjeux
qui intéressent aussi bien les professionnels Puisse ce Livre Blanc 2011 sensibiliser, infor-
que les organisations : mer, expliciter, rassurer et convaincre l’en-
- faire évoluer les métiers en termes de semble des acteurs et décideurs qui doivent
valorisation et de reconnaissance, oeuvrer solidairement et de concert afin de
- se donner les moyens et l’opportunité de poursuivre la mise en œuvre et le dévelop-
dynamiser les professions concernées, pement des dispositifs de prise en charge
- faire évoluer les contenus de la formation des malades âgés concernés par les diffé-
initiale et de la formation professionnelle, rents plans de santé publique, et tout parti-
- élaborer le référentiel de formation et de culièrement le plan ALZHEIMER, priorité du
compétences présent quinquennat présidentiel. ◗

15
I.

Les besoins de santé


face au vieillissement
de la population française
Introduction
Les besoins de santé
face au vieillissement
de la population
Pr Joël Ankri,
Centre de Gérontologie GH Ste Périne (APHP) - Université de
Versailles - St Quentin.

La santé est au cœur des préoccupations services de santé y satisfont.


individuelles et des politiques publiques. En fait, nous le savons bien, la santé n’est pas
Notre système de santé se doit d’être directement mesurable. Parmi les critères
réactif aux modifications de la société tant utiles pour évaluer l’ampleur et la nature des
démographiques que culturelles. Le vieillis- besoins de santé figurent les caractéristiques
sement de la population constitue un enjeu de la population que l’on cherche à satisfaire
et un défi majeur pour notre organisation ainsi qu’un certain nombre d’indicateurs
sanitaire et sociale. comme la mortalité, la morbidité et l’espé-
Néanmoins cette adaptation du système est rance de vie. Ce sont ces indicateurs que
loin d’être simple et les réponses à apporter l’on cherchera à modifier tout en sachant
ne sont pas automatiquement linéaires à la qu’agir sur les facteurs de santé seuls n’est
proportion de personnes âgées présentes souvent pas suffisant pour atteindre ces
ou à venir. objectifs. Par ailleurs, la demande de santé
En effet, de nombreuses questions se n’est pas un fait fixe et les progrès de la
posent laissant entrevoir la complexité science médicale suscitent de nouvelles
des réponses possibles. L’offre doit suivre demandes de soins tant au niveau de la pré-
la demande, cela semble évident comme vention, du diagnostic, du traitement qu’il
toute activité productrice dans notre sys- soit symptomatique, curatif ou palliatif sans
tème économique, mais d’un point de vue oublier toutes les techniques de rééduca-
de santé publique on peut chercher à savoir tions et de réadaptation. Progrès dont la
dans quelle mesure la demande de santé large médiatisation ne fait que renforcer
reflète de manière adéquate les besoins l’impact sur la demande des populations.
réels de la population, et dans quelle Enfin, l’environnement et ses modifications
mesure l’offre de soins et l’utilisation des devient un déterminant de plus en plus

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Livre
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delalagériatrie
gériatriefrançaise<
française
• Introduction •
important de l’état de santé de la popula- du grand âge atteintes d’incapacités d’ori-
tion quel que soit son âge au travers des gine physique ou mentale, et à adapter les
pollutions de l’air tant extérieur qu’intérieur, institutions de soins de longue durée aux
l’eau de boisson, des conditions climatiques problèmes de leurs clientèles tout en en
(faut-il rappeler les effets désastreux de la contrôlant les coûts.
canicule de 2003 ?) et l’environnement viral
ou microbien (virus grippal en particulier). En tenant compte de ce qui précède, il appa-
Pour complexifier les choses, rappelons que raît nécessaire de rechercher la meilleure
le système de santé en soi est un déterminant adéquation entre les besoins et l’offre de
de l’état de santé d’une population et donc santé en sachant que le vieillissement de
ses modifications sont susceptibles d’agir la population s’accompagne donc d’une
dans un sens ou dans l’autre sur la santé de demande de soins de santé nouvelle en qua-
ladite population. lité et en volume.
Certes, la taille de la population ainsi que Il est établi que la demande de soins aug-
sa structure par âge et par sexe sont mente quantitativement et qualitativement
les variables les plus fondamentales de la dans notre société en raison du vieillisse-
demande de santé. Le type de soins deman- ment de la population, de l’accroissement
dés évolue avec l’âge, en partie parce que les des pathologies chroniques, de l’évolution de
personnes âgées ont tendance à recourir plus la nature des attentes des usagers vis-à-vis du
souvent au système de santé dans la mesure système de santé mais aussi de l’organisation
où elles développent des maladies chroniques, et de la démographie des professionnels de
essentiellement cardio-vasculaires et respira- santé et du secteur médico-social. La frag-
toires mais aussi des cancers qui deviennent mentation des organismes et la multiplicité
un des premières causes de mortalité dans des professionnels intervenant dans la prise
la tranche d’âge 65-75 ans. L’oncogériatrie en charge des personnes âgées font partie
est appelée à se développer dans les années des caractéristiques de notre système et
à venir. ont des conséquences dans la délivrance
Ainsi les profonds changements dans la struc- des services et le fonctionnement des insti-
ture démographique et l’augmentation des tutions. La première conséquence majeure
problèmes médicaux et médicosociaux liés est la variation de la définition des besoins
avec l’avancée en âge soumettent les sys- des personnes âgées par les différents pro-
tèmes de soins et de protection sociale à des fessionnels et gestionnaires de service. Les
demandes croissantes dans le domaine des professionnels, d’une façon générale, évaluent
soins curatifs et à la nécessité de mettre en les besoins plus souvent selon l’adéquation du
place des services médicosociaux d’aides et client aux prestations procurées par le ser-
de soins de longue durée pour ces personnes vice que sur les réels besoins de la personne.
âgées appelées dépendantes. Il en résulte des Il peut s’ensuivre des effets adverses condui-
dépenses supplémentaires pour les systèmes sant peut-être à tort à des réaménagements
de protection sociale. Les politiques de santé, du système. Ainsi, pour les médecins par
d’action sociale et médicosociale cherchent exemple, on peut observer une tendance à «
alors à répondre aux besoins de la population médicaliser » toute demande, y compris celle
âgée en développant des mesures qui visent à d’ordre psychologique ou sociale, par des
faciliter le maintien à domicile des personnes prescriptions en particulier médicamenteuses

19
ou par des recours à des hospitalisations est important de connaître les facteurs de
qui ne devraient pas conduire obligatoire- risque des pathologies liées au vieillissement
ment au développement du secteur sanitaire. et de les prendre en considération dans
Certes il existe les pressions des patients âgés des politiques et programme efficaces et
ou la nécessité de se couvrir face à risque efficients. Les grandes bases de données sur
potentiel aux conséquences médico-légales. l’état de santé des populations âgées sont
Mais les autres professionnels ne sont pas de de première nécessité et ce point sera traité
reste dans la difficulté de cette appréhension plus loin. Seules ces bases de données per-
des besoins de la population vieillissante. Les mettent aux chercheurs de déterminer les
travailleurs sociaux, formés à une pratique
normative, sont tiraillés entre le cas parti-
culier et l’application de réglementations.
Leurs réponses tendront à orienter vers un
Il est important de
développement de l’institution. Les gestion-
naires de services, quant à eux, définissant les
connaître les facteurs
besoins selon une procédure bureaucratique
et également normative chercheront à satis-
de risque des pathologies
faire l’adéquation de leur clientèle au meilleur
coût.Autre conséquence et non des moindre,
liées au vieillissement
est la difficulté de la coordination des services
et des divers intervenants auprès des cas facteurs de risque des états pathologiques
complexes. Les efforts pour promouvoir la sur des arguments solides.
coordination de leur gestion ont donné lieu Cette politique de prévention est probable-
à de multiples tentatives qui toutes, jusqu’à ment le challenge des années à venir. Dans
présent, ont échoué à se généraliser. une logique de prévention primaire, la préven-
Ainsi, le vieillissement de la population tion de la perte d’autonomie ou de la dépen-
accroît la prévalence des pathologies de dance passe par la prévention de la déficience
la sénescence, du handicap et des mala- et de ses causes. Elle doit donc s’exercer
dies chroniques invalidantes. Ce point sera à tout âge vis-à-vis des accidents de la vie
abordé en détail dans les chapitres suivants aux conséquences handicapantes (rôle des
avec un développement des aspects de santé structures de prévention comme celles de la
spécifiques aux populations les plus âgées médecine du travail et de la prévention des
notamment les centenaires. risques professionnels, de la lutte contre les
Face à cette morbi-mortalité, les pouvoirs accidents domestiques, ou de la prévention
publics, les professionnels et la population routière). Elle doit également s’exercer par le
sont de plus en plus attentifs à la prévention. traitement des facteurs de risque classiques
Le maintien en bonne santé et l’amélioration des maladies cardio et cérébrovasculaires
de la qualité de vie des personnes atteintes tout en établissant au mieux la valeur des
de pathologies chroniques ou nécessitant facteurs de risque aux âges avancés de la
des traitements au long cours font mainte- vie. Cette prévention secondaire comme le
nant partie des préoccupations de tous les traitement de l’hypertension artérielle visant
acteurs du système. à prévenir les risques d’AVC ou d’insuffisance
Pour pouvoir agir de manière préventive, il cardiaque, ou encore le dépistage du diabète

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• Introduction •
constitue également une prévention des défi- Ces réponses se traduisent par des res-
ciences et des limitations d’activités. tructurations et/ou des innovations dans
Notre pays connaîtra peut-être à l’instar de un environnement territorial cohérent où
certains autres pays, les politiques de pro- se créent et se développent des réseaux
motion de la santé intégrant les usagers âgés de soins ou d’autres modes d’organisation
avec des programmes ciblés sur un niveau s’inscrivant dans une logique de filière ou de
territorial donné. parcours de soins.
La nature des besoins change également car Les politiques ont aussi répondu à ces
les patients deviennent des “consommateurs besoins et à cette demande sociétale par
avertis”. Ils sont exigeants sur la qualité de la mise en œuvre de plans et/ou de pro-
la prise en charge dans toutes ses compo- grammes fixant les priorités de santé
santes et s’impliquent de façon croissante, publique : le plan bien vieillir, les consultations
en tant que patients-usagers, dans le fonc- de prévention, le plan Alzheimer étant des
tionnement des établissements de santé. exemples parmi d’autres.
Les réponses en lien avec l’évolution des Enfin, les personnes âgées sont devenues
besoins en santé et la demande des usagers acteurs de leur santé comme peut en témoi-
se traduisent notamment par de nouvelles gner leur présence en tant qu’usager dans
organisations permettant l’accès aux soins les conseils des établissements de santé, des
(on a assisté au développement des réseaux établissements d’hébergement et même
gérontologiques, des services polyvalents dans les grandes décisions comme dans la
d’aide à la personne, des services de soins conférence nationale de santé, etc.
infirmiers à domicile (SSIAD), de l’hospita- Les professionnels ont été aussi réactifs à
lisation à domicile (HAD), mais aussi des ces nouveaux besoins et à ces nouvelles
systèmes intégrés comme les maisons pour demandes. Leurs compétences gériatriques
l’autonomie et l’intégration des malades et gérontologiques se sont accrues, profes-
Alzheimer (MAIA), des territoires médi- sionnalisées, spécialisées.
caux de santé, des maisons de santé, de la Ainsi le vieillissement de la population
permanence de soins, etc.). De nouveaux entraîne de profonds bouleversements
modes de prise en charge, en effet, se sont dans l’organisation sanitaire et sociale de
développés, en lien avec les spécificités des notre pays dans une conjoncture écono-
besoins de santé, des évolutions sociétales, mique qui s’annonce difficile. La transition
des aspirations et des comportements de démographique avec la baisse conjointe de
tous les acteurs du système de santé. C’est la mortalité et de la natalité a conduit au
ainsi que l’on peut noter une réduction vieillissement des populations, la transition
importante des durées moyennes de séjour épidémiologique à l’émergence des patholo-
des patients âgés dans les structures de gies chroniques au premier rang desquelles
soins, leur admission la plus tardive possible se trouvent les pathologies de la sénescence
dans les structures d’hébergement, plus ou et nous vivons aujourd’hui la transition «
moins médicalisées, des soins intégrés avec sanitaire ou systémique » qui nous oblige à
des parcours coordonnés dans lesquels repenser l’offre de soins et son organisation
s’exerce la complémentarité entre les pro- face aux besoins de cette population âgée
fessionnels de santé et les autres acteurs du sans oublier la dimension éthique d’une telle
médico-social. restructuration. ◗

21
Bases de données
De l’intérêt des grandes bases
de données pour l’étude
de l’état de santé
des personnes âgées
Pr Joël Ankri,
Centre de Gérontologie GH Ste Périne (APHP) - Université de
Versailles - St Quentin.

Il est classique de rappeler le défi majeur L’épidémiologie du vieillissement et du grand


que représente le vieillissement des popu- âge en effet se caractérise par la différencia-
lations pour nos sociétés en ce début tion toujours délicate entre le vieillissement
de XXe siècle notamment en raison de normal et pathologique et par le caractère
la dépendance générée par les maladies insidieux du début des pathologies chro-
chroniques liées à l’avancée en âge. niques qui entraînent également un défaut
Il est donc nécessaire d’avoir un sys- de recours aux soins et qui peut être égale-
tème d’information pertinent et valide ment à l’origine d’une confusion entre cause
sur ces états de santé permettant à la et conséquence de la maladie.
fois des recherches translationnelles, des L’autre caractéristique de cette population
recherches cliniques et épidémiologiques est la prévalence importante de la morbi-
afin de répondre aux besoins de santé de dité chronique et de la comorbidité chro-
cette population et de permettre de façon nique dans un contexte psychologique et
ajustée la meilleure organisation de prise social qui rend l’analyse difficile du fait de
en charge. l’intrication très fréquente pour ne pas dire
Cependant, la recherche clinique et épi- permanente des phénomènes biologiques,
démiologique sur le vieillissement et sur psychologiques et sociologiques de l’étude
les pathologies du grand âge pose au cher- du vieillissement.
cheur un certain nombre de questions que La définition du terme de maladie chro-
nous allons aborder ici. nique n’est pas unanime et les différentes

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française
• Intérêt des grandes bases de données •
définitions peuvent avoir des conséquences (CIF, 2001) basée sur un modèle biopsycho-
sur l’estimation des conséquences, des social centré sur l’individu dans son intégra-
besoins et sur la mise en place des pro- lité et permettant d’envisager les prises en
grammes d’amélioration de la prise charge médicales, sociales et économiques.
en charge des patients. Les différentes Il est donc nécessaire pour étudier la santé
approches utilisées pour caractériser les des populations âgées de disposer de don-
maladies chroniques peuvent se résumer à nées qui ne peuvent être issues que de
l’approche par pathologies et approches par grandes enquêtes en population, repré-
conséquences. L’approche par pathologie sentatives de la population générale ou
bien connue des médecins est celle de la de grandes cohortes de patients suivis sur
classification internationale des maladies des années.
(CIM) ou la classification des diagnostics. De quoi pouvons disposer dans notre pays
Cette approche soulève un certain nombre qui nous permette d’étudier la morbidité
de difficultés particulièrement dans l’étude des populations âgées voire des processus
des phénomènes morbides liés au vieillisse- du vieillissement ?
ment ou au grand âge. La cause d’une mala- Le dispositif de statistiques de mortalité est
die ne suffit généralement pas à apprécier bien établi et apparaît maintenant comme
son retentissement et donc à préciser sa une source de données mieux adaptée aux
prise en charge. Par ailleurs, l’approche par problématiques de santé publique après le
pathologie ne permet pas de considérer grave épisode caniculaire de 2003. À la fin
l’individu dans sa globalité. Une pathologie des années 70, les pouvoirs publics ont pris
diagnostiquée n’apporte que peu d’informa- conscience de l’insuffisance de statistique
tion quant aux autres pathologies associées de santé en ce qui concerne les états chro-
chez le même patient ni sur les facteurs niques en particulier invalidants. Jusqu’à là
de risque qui peuvent exister. Enfin, il est les statistiques nationales (INSEE) étaient
fréquent dans ces populations âgées que les essentiellement intéressées par l’étude
patients présentent des tableaux cliniques de la consommation de biens et services
qui ne correspondent pas à une pathologie médicaux. Parallèlement le concept de
particulière. Il est en effet classique de ren- dépendance a été développé par le milieu
contrer des sujets qui présentent une souf- gériatrique attirant l’attention des tutelles
france physique et/ou psychique retentissant sur l’importance du travail que représen-
sur leur qualité de vie et leur vie quotidienne tait l’aide aux fonctions élémentaires de
et qui ne bénéficient pas du statut de malade leurs malades. Une première approche
faute d’exploration étiologique suffisante. sur les incapacités de la population âgée a
C’est pourquoi depuis les années 80, sous été réalisée en 1980 lors d’une extension
la houlette de l’OMS, la définition de la en Aquitaine de l’enquête nationale sur la
maladie chronique qui semble la plus inté- consommation de biens et services médi-
ressante et la plus opérationnelle en par- caux des Français. Mais il a fallu attendre
ticulier en santé publique est celle qui est la fin des années 90 pour que voit le
centrée sur l’approche des pathologies par jour l’enquête HID (Handicap, Incapacité,
leurs conséquences et non leurs causes. Dépendance) qui mettait en place pour
C’est la Classification internationale du la première fois en France une enquête
fonctionnement du handicap et de la santé nationale sur les conséquences des états

23
chronique afin de disposer d’un outil per- Ce nouveau contexte a été pris en compte
mettant de préciser la prévalence de ces dans le questionnaire, d’autant que l’en-
états de santé, leurs déterminants et leurs quête doit permettre d’apporter des infor-
conséquences et permettre des calculs pré- mations contribuant à l’évaluation des nou-
cis du nombre de personnes dans des états veaux dispositifs.
de dépendance particuliers ou de calculer Au niveau international, un règlement
les valeurs d’espérance de vie sans incapaci- européen en matière d’enquêtes de santé
tés. Prenant acte de l’unicité de conception contraint maintenant les états membres à
en matière de conséquence des états chro- réaliser tous les cinq ans une enquête com-
niques, aucun seuil d’âge n’avait été retenu portant un questionnement commun (ECHIS,
dans la constitution de l’échantillon de plus « European Core Health Interview Survey »).
de 20 000 personnes représentatives de la Le questionnaire de l’enquête Handicap-Santé
population française quel que soit son lieu tient compte, pour les questions concernées,
de résidence domicile ou institution. Enfin, des formulations envisagées par Eurostat.
une seconde vague de l’enquête deux ans
plus tard a permis de préciser par exemple
les flux d’entrée en dépendance.
Aujourd’hui ce sont des enquêtes mixtes L’enquête s’intègre
« handicap-santé » qui sont réalisées et qui
utilisent des modules communs européens dans un nouveau
de questionnement pour permettre des
études comparatives au niveau de l’Union contexte, notamment
Européenne.
Ces enquêtes, réalisées par l’INSEE et la législatif
DREES, comprennent différents volets,
notamment une enquête de filtrage (INSEE,
enquête Vie Quotidienne et Santé, 2007), Les objectifs de l’enquête sont :
une enquête Handicap-Santé en ménages - d’estimer le nombre des personnes handi-
ordinaires (HSM, réalisée par l’Insee et la capées ou dépendantes (en assurant autant
DREES en 2008) et une enquête Handicap- que possible une comparabilité avec HID),
Santé en institution (HSI, réalisée par - de relever la nature, la quantité et l’origine
l’INSEE et la DREES, collecte fin 2009). des aides existantes ainsi que les besoins
L’enquête Handicap-Santé permet d’actua- non satisfaits ;
liser les résultats de l’enquête HID près - de mesurer les désavantages sociaux subis
de 10 ans après le passage sur le terrain des personnes handicapées ;
de cette enquête. L’enquête s’intègre dans - d’évaluer les flux d’entrée en incapacité (à
un nouveau contexte, notamment législatif, partir d’une interrogation rétrospective sur
avec la création de l’allocation personnali- la date à laquelle les incapacités déclarées
sée pour l’autonomie de 2002, l’adoption sont apparues) ;
de la loi du 11 février 2005 sur l’égalité des - de mesurer certains indicateurs annexés
droits et des chances, la participation et la à la loi de santé publique ;
citoyenneté des personnes handicapées - d’intégrer les modules européens élabo-
et la loi de santé publique du 9 août 2004. rés par Eurostat (ECHIS).

24 Livre blanc de la gériatrie française


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française
• Intérêt des grandes bases de données •
Elles s’accompagnent également d’une C’est d’ailleurs dans ces disciplines que
enquête adossée à l’enquête santé en le système est pleinement opérationnel
ménages ordinaires (HSA, DREES, 2008) dans la mesure où il est largement uti-
sur les aidants informels des personnes lisé aussi bien pour la mesure de l’acti-
âgées dépendantes notamment qui permet vité que pour la tarification à l’activité. Il
là encore de préciser l’ampleur des consé- décrit également le moyen séjour par le
quences de la fonction aide sur les états de PMSI SSR qui a été institué en juillet 1998
santé de ces populations aidantes et sur les pour les établissements publics et privés
déterminants positifs ou négatifs de l’aide. dont l’activité de SSR est financée par
D’autres grandes bases de données dotation globale (DGF). Il a été étendu
existent comme l’enquête sur la santé et en juillet 2003 aux établissements privés
la protection sociale, enquête biennale qui dont la même activité est financée par
produit des données sur l’état de santé, objectif quantifié national (OQN). Cet
la couverture maladie et le recours aux outil est destiné à la description médico-
soins de la population en fonction de ses économique de l’activité des établisse-
caractéristiques sociales. Elle est réalisée ments de l’ensemble du champ des soins
par l’IRDES depuis 1988. Elle est menée de suites ou de réadaptation. L’objectif et
auprès d’un échantillon de 8 000 ménages les grands principes du PMSI-SSR sont les
d’assurés sociaux, soit 22 000 personnes. mêmes que pour le PMSI MCO à savoir «
Elle est représentative de plus de 96 % de la réduire les inégalités budgétaires à partir
population vivant en France métropolitaine. de l’analyse médicalisée de l’activité des
Elle analyse les modes de protection sociale établissements de soins ».
(obligatoires et facultatives), les maladies et Contrairement au PMSI MCO qui a été
les troubles de santé déclarés, les recours construit à partir de la traduction de la
au médecin, la consommation de biens classification américaine en DRG, le PMSI
médicaux, les soins d’auxiliaires, l’hospita- SSR est une création entièrement nouvelle
lisation et le renoncement aux soins et les élaborée par des experts et profession-
opinions sur la santé. nels de terrain français. La classification
Des données issues de ces enquêtes sont « à la journée pondérée » selon la lour-
publiées dans le chapitre développé par deur de la prise en charge du patient a
Catherine Sermet. été privilégiée.

PMSI Le PMSI constitue pour la discipline géria-


trique un enjeu stratégique majeur. En effet,
La base PMSI est la seule base d’exhaus- la gériatrie est concernée par différentes
tivité des hospitalisations disponible en prises en charge hospitalières que ce soit
France. Le PMSI couvre la totalité des acti- le soin aigu, le soin de suite, les hospitali-
vités d’hospitalisation. Depuis sa mise en sations de jour, l’hospitalisation à domicile.
place en France, il décrit le court séjour Cependant, le modèle de groupe homo-
en tant que séjours d’hospitalisations gène de malades (GHM) peut s’avérer assez
complètes, séances et venues en hospita- peu pertinent pour décrire les séjours des
lisation de jour des disciplines médicales, patients âgés. L’activité gériatrique hospi-
chirurgicales et obstétricales (MCO). talière produit peu d’actes classants lors

25
La polypathologie et la fragilité sont des critères
probablement plus pertinents que l’âge en soi.
de la prise en charge de ses patients et les en court séjour et en moyen séjour est une
durées moyennes de séjour (DMS) sont avancée considérable qu’il serait fondamen-
supérieures à celles observées pour des tal de l’exploiter aussi bien dans un objectif
adultes plus jeunes (souvent en raison d’amélioration continue de la qualité de
de facteurs sociaux et d’intrication de prise en charge des personnes âgées que
polypathologies ou encore de dysfonc- dans des objectifs de planification de l’offre
tionnement des filières d’aval). Il s’en suit de soins ou de réduction des dépenses de
un certain degré de pénalisation lors du santé. Il serait intéressant d’exploiter ces
calcul de la valorisation des séjours. données dans un but d’évaluation de la
Face à cette problématique, plusieurs filière gériatrique hospitalière par exemple
modifications ont été introduites, qui inté- comme élément d’une meilleure organi-
ressent les malades très âgés. La première sation des soins. Ce type d’étude peut se
consiste en la création de quelques GHM décliner au niveau régional par l’intégration
spécifiquement clivés à 80 ans et non plus des données PMSI et la fusion avec d’autres
à 69 ans comme c’était le cas au début. bases de la même dimension territoriale.
La création de ces GHM a été le fruit de À côté de ces enquêtes de cadrage et de
travaux menés conjointement par le minis- ces données médico-administratives, il
tère de la santé et les représentants de la existe des grandes cohortes épidémiolo-
Société Française de Gériatrie. Il s’agit des giques qui permettent des analyses fines
psychoses, des troubles mentaux orga- des problèmes de santé spécifiques de la
niques (incluant entre autres les syndromes population âgée.
démentiels), des maladies dégénératives du
système nerveux et des accidents isché- Les Cohortes
miques transitoires. Ainsi, il a été attribué,
pour ces GHM, une valorisation supérieure La plus connue dans le domaine gérontolo-
à celle des patients de moins de 80 ans. gique est la cohorte PAQuid. Commencée
Nous pouvons néanmoins nous question- en 1988, l’étude Paquid (Personnes Âgées
ner sur ce critère d’âge seuil pour identifier QUID) est la première grande étude fran-
le patient gériatrique dont on sait que la çaise sur la démence, et une des toutes pre-
polypathologie et la fragilité sont des cri- mières études épidémiologiques conduites
tères probablement plus pertinents que en population générale en France. Paquid
l’âge en soi mais peut être plus difficile à avait pour objectif général d’étudier le
appréhender. vieillissement cérébral normal et patholo-
En terme d’utilisation de ces bases de don- gique et de décrire la perte d’autonomie
nées comme outil de recherche et non plus après 65 ans. Un objectif spécifique majeur
comme simple instrument médico-écono- de l’étude était d’estimer la prévalence et
mique, la possibilité de chaînage des séjours l’incidence de la démence, de rechercher

26 Livre blanc de la gériatrie française


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• Intérêt des grandes bases de données •
des facteurs prédictifs de la survenue d’une facteurs de progression de l’athérosclérose
démence, de définir les facteurs de risque carotidienne (vieillissement vasculaire). Une
de la perte d’autonomie. des hypothèses de la recherche était que
Les participants à l’étude Paquid (N = 3 777) les deux processus pouvaient comporter
ont été recrutés par tirage au sort sur les des facteurs de risque biologiques com-
listes électorales de 75 communes de muns, en relation avec le stress oxydatif.
Gironde et Dordogne, avec surreprésenta- Les 1 389 participants à l’étude EVA ont été
tion des dernières classes d’âge, afin d’avoir recrutés parmi les personnes âgées de 60
un effectif suffisant de personnes très âgées. à 70 ans inscrites sur les listes électorales
De plus, 357 personnes institutionnalisées, de la ville de Nantes. La cohorte EVA a été
sélectionnées à partir d’un échantillon d’éta- suivie jusqu’en 2001, avec un examen tous les
blissements des deux départements ont été deux ans. Cette étude a apporté un ensemble
incluses dans l’étude. cohérent de résultats en faveur d’un lien
La cohorte PAQUID est suivie depuis entre facteurs vasculaires et déclin cognitif.
maintenant plus de 25 ans, l’intervalle entre Comme l’étude Paquid, l’étude EVA a permis
deux examens de suivi étant au maximum le développement de nombreuses études
de 3 ans et, en règle générale, de 2 ans. ancillaires, notamment sur la relation entre
Les estimations les plus fiables de la pré- psychopathologie, consommation de psy-
valence et de l’incidence de la démence en chotropes et détérioration cognitive, sur
France viennent des données de Paquid. la migraine, sur la relation entre fonction
Paquid a été le support de nombreuses respiratoire et athérome carotidien.
études ancillaires, parmi lesquelles on peut Fort des résultats de ces deux grandes
citer celles sur la relation entre aluminium études, les arguments indiquant une associa-
et démence, l’estimation de l’espérance de tion entre facteurs vasculaires et démence
vie des personnes démentes, le coût de la devenaient nombreux et solides. Il appa-
démence, ou la relation entre le taux de raît de plus que cette association concerne
DHEA, la santé subjective et la mortalité. non seulement les démences vasculaires ou
mixtes, mais aussi la maladie d’Alzheimer.
La cohorte EVA (Épidémiologie du vieil- Dans cette perspective, l’objectif général de
lissement artériel) est une autre étude l’étude des Trois Cités (3C) a été d’estimer le
portant sur le vieillissement. Commencée risque de démence attribuable aux facteurs
en 1991, l’étude EVA avait pour objectif de risque et aux pathologies vasculaires, ainsi
d’étudier, d’une part, les facteurs de risque que l’effet de la réduction du risque vasculaire
du déclin des performances cognitives (par la prévention ou le traitement) sur l’inci-
(vieillissement cognitif) et, d’autre part, les dence et la prévalence de la démence.

…les arguments indiquant une association


entre facteurs vasculaires et démence
devenaient nombreux et solides…
27
La cohorte 3C est constituée de 9 809 per- déficiences, incapacités et maladies chro-
sonnes âgées de 65 ans et plus, recrutées niques aux âges avancés ont souvent leur
sur les listes électorales de la communauté origine à des périodes précoces de la vie, et
urbaine de Bordeaux, de la ville de Dijon et se cumulent tout au long de celle-ci.
du district de Montpellier. De nombreuses L’orientation principale choisie pour
publications internationales sont issues de Constances repose sur le « vieillissement
ces travaux. réussi ». Ce concept implique une faible
À côté de ces cohortes qui recrutent probabilité de survenue de maladies chro-
essentiellement des personnes âgées de niques, de bonnes capacités intellectuelles
plus de 65 ans, il se met en place dans notre et physiques, un engagement actif, et com-
pays une grande cohorte épidémiologique porte des dimensions physiques, psychiques
« généraliste » constituée d’un échantillon et sociales. Un certain nombre d’éléments
représentatif de 200 000 adultes âgés de 18 sont considérés comme pouvant influencer
à 69 à l’inclusion, consultants des Centres négativement ou positivement le vieillis-
d’examens de santé (CES) de la Sécurité sement réussi : événements de vie (décès
sociale. Les objectifs de cette cohorte d’un proche, maladie grave, etc.), insécurité
dénommée CONSTANCES sont de consti- financière, problèmes de santé physique,
tuer une plateforme largement ouverte à la perception de sa propre santé, détresse
communauté des chercheurs et de la santé psychologique, caractéristiques de per-
publique, afin de contribuer au dévelop- sonnalité du sujet, contrôle, soutien social,
pement de la recherche épidémiologique notamment. Pour promouvoir un vieillisse-
et de fournir des informations à visée de ment en bonne santé et retarder l’émer-
santé publique. Constances deviendra ainsi gence de la fragilité, le parcours de vie doit
un outil pour la recherche épidémiolo- intégrer différentes composantes biolo-
gique, par son effectif, la qualité et la diver- giques, sociologiques, cliniques, psycholo-
sité des données, les modalités de suivi. giques et environnementales. Récemment,
Elle se comparera aux plus importantes les recherches se sont portées sur les
cohortes existant à l’échelle internationale. moyens de retarder l’apparition des inca-
Ce projet Constances, mené grâce à la parti- pacités, d’augmenter le nombre d’année
cipation des Caisses Primaires d’Assurance de vie active sans incapacité (espérance de
Maladie et des Centres d’examens de santé, vie en bonne santé), et une forte tendance
fait l’objet d’un partenariat entre l’Inserm, existe aujourd’hui pour explorer la qualité
l’Université Versailles Saint-Quentin et la de vie plus que la durée de vie comme un
CNAMTS, avec le soutien du ministère de élément essentiel du vieillissement réussi.
la Santé (Direction générale de la santé). Le vieillissement réussi doit donc intégrer
Les analyses à partir des données de cette ces différentes dimensions, afin de pro-
cohorte sont particulièrement attendues mouvoir le bien-être, améliorer la qualité
car les études confinées à des catégories des soins et accroître la qualité de vie des
d’âge supérieures à 65 ans donnent peu personnes âgées par la prévention, le trai-
d’indication sur les périodes antérieures tement, l’adaptation environnementale et
de la vie, essentielles quand on s’intéresse une organisation efficiente des prestations.
aux processus du vieillissement et que l’on Les objectifs scientifiques porteront sur
sait que les facteurs qui conduisent à des l’étude des déterminants du vieillissement

28 Livre blanc de la gériatrie française


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française
• Intérêt des grandes bases de données •
réussi en prenant en compte le rôle de fac- qui concourent à un vieillissement réussi,
teurs de risque de nature diverse au cours ou au contraire sont à l’origine des incapa-
de la vie. Il s’agit aussi de documenter les cités et/ou de la dépendance. Constances
déterminants de santé les plus fréquem- permettra aussi le suivi détaillé des par-
ment rencontrés ou suspectés dans les cours de prévention et de soins des plus
pathologies chroniques du vieillissement. âgés sur de longues périodes.
En relation avec les autres thèmes de la
cohorte Constances, le suivi longitudinal Ainsi, pour connaître l’état de santé des
mis en place offrira de larges possibilités populations âgées, leurs déterminants et
d’étudier de façon dynamique les effets pour mieux comprendre le processus du
retardés des conditions de travail et des vieillissement pathologique de nombreuses
expositions professionnelles sur le vieil- bases de données se sont développées
lissement (perte d’autonomie, cancers, dans notre pays offrant au chercheur, au
maladies chroniques, santé mentale), les décideur et au professionnel de santé des
facteurs qui peuvent conduire à l’inactivité éléments de qualité dans leurs diverses
et à l’isolement, les facteurs et mécanismes approches. ◗

29
état de santé
des personnes âgées
Dr Catherine Sermet,
IRDES.10, rue Vauvenargues, 75018 PARIS
sermet@irdes.fr

La vieillesse a de tout temps été synonyme courte période (Fries, 1980). À l’opposé,
d’apparition de maladies et de perte d’au- d’autres auteurs craignent une expansion
tonomie. Cette relation revêt une impor- de la morbidité qui conjuguerait une date
tance nouvelle à l’heure où le vieillissement d’apparition des maladies inchangée et une
des populations touche la plupart des pays survie plus longue de personnes malades
d’Europe du fait de l’arrivée massive des ou atteintes de limitations fonctionnelles
générations nées après-guerre aux âges en lien avec l’amélioration du traitement
de la vieillesse. Même si la France a globa- des maladies chroniques (Kramer, 1980).
lement mieux résisté que les autres pays
Européens à ce vieillissement, il n’en reste L’objectif de ce chapitre est de dresser
pas moins qu’elle doit se préparer, à plus un bilan de l’état de santé des personnes
ou moins brève échéance, à l’afflux de per- âgées et d’apporter quelques éléments
sonnes malades, puis aux conséquences d’information sur les perspectives d’évo-
redoutables de ces maladies que sont les lution. Les indicateurs de santé retenus
incapacités et la dépendance. L’étendue de sont classés selon les trois catégories pro-
ce que certains appellent la pandémie des posées par le modèle de Blaxter (Blaxter,
maladies chroniques n’est en revanche pas 1985 ; Sermet & Cambois, 2007). Dans
encore réellement prévisible. Elle dépend le modèle subjectif, l’état de santé est
de plusieurs hypothèses d’évolution de mesuré par la perception qu’ont les indivi-
l’état de santé. L’hypothèse de compres- dus de leur propre état de santé. La santé
sion de la morbidité suppose que la date perçue est l’indicateur le plus souvent
d’apparition des maladies chroniques et utilisé dans ce cadre. Le modèle médical
des incapacités est plus tardive et que, l’es- ou biologique définit le mauvais état de
pérance de vie totale augmentant moins santé par un écart à une norme physiolo-
rapidement, le temps passé avec des mala- gique ou psychique. Il s’agit ici de relever
dies se trouve compressé sur une plus les pathologies dont souffre l’individu ou

30 Livre blanc de la gériatrie française


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• état de santé des personnes âgées •
Figure 1 : Santé perçue selon l’âge et le sexe en 2008 (%)

Source : IRDES, Enquête Santé et Protection Sociale 2008

d’objectiver par différentes mesures la déclarent être en bonne ou très bonne


présence d’anomalies physiques ou biolo- santé. Ces pourcentages chutent rapide-
giques. Enfin, selon le modèle fonctionnel, ment pour la classe des 75-84 ans (respec-
l’état de santé est évalué par des restric- tivement 36 % et 34 %) puis moins forte-
tions d’activité et des limitations fonction- ment ensuite (34 % et 29 %) (Figure 1).
nelles. Un mauvais état de santé est alors
défini comme l’inaptitude à assurer un Ces indicateurs de santé perçue évoluent
rôle social et à réaliser un certain nombre défavorablement. L’enquête santé et pro-
de tâches de la vie quotidienne. tection sociale de l’Irdes recueille selon la
même méthodologie tous les deux ans un
Une minorité de personnes autre indicateur de santé perçue reposant
âgées se perçoit en bonne sur une note de 0 pour la plus mauvaise
santé santé à 10 pour la meilleure santé possible.
Entre 2000 et 2008 (1), la note moyenne des
Seule une minorité de personnes âgées personnes de 70 à 84 ans est passée de
se perçoivent en bonne santé. La santé 6.8 à 6.3, elle est passée de 6.2 à 5.8 chez
perçue se dégrade régulièrement avec l’âge les 85 ans et plus (Allonier, Dourgnon &
jusqu’à 84 ans. Ainsi, entre 65 et 74 ans, Rochereau, 2010 ; Auvray, Dumesnil & Le
53 % des hommes et 50 % des femmes Fur P., 2001).

1. Données communiquées par l’IRDES

31
Figure 2 : pourcentage de personnes déclarant souffrir
d’une maladie chronique selon le sexe et l’âge en 2008

Source : IRDES, enquête ESPS 2008

Des personnes âgées privé. En 2008, d’après les données de l’en-


polypathologiques quête Santé Protection Sociale du CREDES,
chaque personne âgée de 65 ans et plus
Globalement, les personnes âgées de (hors institutions) déclare, hors maladies
65 ans et plus, résidant à leur domicile des dents et troubles de la réfraction,
privé, sont 44,3 %, à déclarer avoir une 6 maladies un jour donné.
maladie chronique versus 28.9 % seulement
des 40-69 ans. Ce pourcentage augmente Les maladies cardiovasculaires arrivent au
régulièrement avec l’âge et est similaire premier rang avec 133 déclarations pour
à tous les âges chez les hommes et les 100 personnes (une même personne pou-
femmes (Figure 2). vant déclarer une hypertension artérielle et
En termes de pathologies, les enquêtes une coronaropathie par exemple). 3 affec-
en population générale nous permettent tions se distinguent au sein de ce groupe,
d’avoir une image de la morbidité déclarée l’hypertension artérielle, 51 maladies pour
par les individus résidant à leur domicile 100 personnes (2), les troubles du rythme

2. Au niveau de la maladie, on peut globalement considérer que le nombre de maladies pour 100 personnes est équivalent au
pourcentage de personnes atteintes de la maladie.

32 Livre blanc de la gériatrie française


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• état de santé des personnes âgées •
cardiaque, 16,8 et les varices 17,6 pour localisations et 21 problèmes lombaires.
100 (Figure 3). Leur répartition varie selon Enfin l’ostéoporose est relevée 12,6 fois
le genre : l’hypertension artérielle est aussi pour 100 personnes.À l’exception des lom-
fréquemment déclarée par les hommes que balgies, aussi fréquentes chez les hommes
par les femmes, les troubles du rythme sont que chez les femmes, toutes les pathologies
nettement plus fréquents chez les hommes ostéo-articulaires sont plus souvent décla-
et les varices chez les femmes. rées par les femmes.
Les affections ostéo-articulaires viennent En troisième position on trouve les mala-
ensuite avec 115 maladies pour 100 per- dies endocriniennes et métaboliques avec
sonnes. L’arthrose et la pathologie lombaire 82 maladies déclarées pour 100 personnes.
(lombalgie, sciatique, lumbago) dominent Elles comportent essentiellement des
ces maladies : on dénombre 26,7 arthroses troubles des lipides (35,2 pour 100 per-
du genou pour 100 personnes, 15,6 arth- sonnes), plus fréquents chez les hommes
roses de la hanche, 20 arthroses d’autres avant 70 ans et chez les femmes après

Figure 3. Principales maladies déclarées par les personnes âgées de 65 ans et plus en 2008

Source : IRDES, enquête ESPS 2008

33
70 ans, du diabète (14,8), plus fréquemment toutes ou presque toutes leurs dents, 56 %
déclaré par les hommes et des affections portent un dentier (données 2004).
de la thyroïde (9,3), essentiellement chez
les femmes. Certaines situations pathologiques sont
Viennent ensuite les maladies de l’appa- particulièrement fréquentes chez les per-
reil respiratoire (40,1 maladies pour 100 sonnes âgées et méritent qu’on les cite
personnes), les maladies de l’appareil spécifiquement, d’autant que leur fréquence
digestif (39,8), les traumatismes et autres est parfois mal mesurée par les enquêtes
causes externes de morbidité (35,7). Puis en population générale.
les troubles psychiques (28,1). Parmi ces Ainsi, les fractures de l’extrémité supérieure
derniers, il faut signaler la fréquence de du fémur sont les plus fréquentes des frac-
l’anxiété (17,1 pour 100 personnes) et tures rencontrées chez les personnes âgées.
L’incidence de ces fractures est estimée à
42,1 pour 10 000 chez les 55 ans et plus et
s’accroît exponentiellement avec l’âge passant
30 à 40 % des plus de 5,7 chez les 55-64 ans à 251,4 pour 10 000
chez les 85 ans et plus. Leur fréquence est
de 60 ans chutent deux fois et demie plus élevée chez la femme.
La mortalité liée à ces fractures est loin d’être
au moins une fois négligeable et est estimée pendant le séjour
hospitalier à 7,7 % chez les hommes et 3.7 %
dans l’année chez les femmes (Oberlin & Mouquet, 2010).
Les conséquences sur la dépendance sont
majeures.
de la dépression (9,1). à tous les âges, De même, les chutes sont un événement
l’anxiété et la dépression sont beaucoup extrêmement fréquent : 30 à 40 % des plus
plus souvent déclarées par les femmes que de 60 ans chutent au moins une fois dans
par les hommes. Enfin, les cancers, (globa- l’année, entraînant une mortalité multipliée
lement 11,7 maladies pour 100 personnes) par deux en cas de chutes multiples. Les
sont plus fréquents chez les femmes avant chutes sont chez les personnes âgées, la
70 ans et chez les hommes après cet âge. principale cause de décès par accident.
Il faut enfin signaler l’extrême fréquence Des estimations à partir de l’enquête
des problèmes de vue, même s’ils ne sont PAQUID évaluent la prévalence des
pas toujours considérés comme une patho- démences à 4,3 % chez les personnes de
logie : chez les 65 ans et plus on dénombre plus de 65 ans et à 17,8 % chez les per-
92 troubles de la vue ou de la réfraction sonnes de 75 ans et plus, ce qui rapporté
pour 100 personnes, auxquels s’ajoutent la aux effectifs de personnes âgées dans la
cataracte (16,1) et le glaucome (5). Les défi- population française conduit à 769 000
cits auditifs sont relevés 15.6 fois pour 100 personnes de plus de 75 ans atteintes
personnes et les maladies de la bouche et (Ramaroson, Helmer, Barberger-Gateau,
des dents 13,8 fois. Les troubles dentaires Letenneur & Dartigues, 2003). La préva-
sont également fréquents et graves : 38 % lence de la démence augmente avec l’âge et
des personnes de 65 ans et plus ont perdu elle double environ tous les 5 ans.

34 Livre blanc de la gériatrie française


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française
• état de santé des personnes âgées •
Les limitations fonctionnelles autonomes : 83 % d’entre elles peuvent en
et les restrictions d’activité effet être considérées comme telles alors
augmentent avec l’âge. que 17 % sont en perte d’autonomie Parmi,
celles-ci, 13,7 % ont une perte d’autonomie
Les limitations fonctionnelles et les restric- modérée, associant des difficultés motrices
tions d’activité sont très fréquentes chez des membres inférieurs, une limitation phy-
les personnes âgées et leur prévalence est sique absolue pour 62 % d’entre elles, des
de plus en plus élevée au fur et à mesure restrictions d’activités instrumentales dans
de l’augmentation de l’âge (Dos Santos & 41 % des cas et une limitation cognitive
Makdessi, 2010). 25 % des personnes âgées grave dans 23 % des cas. Aucune de ces
de 60 ans vivant en ménages ordinaires et personnes ne rencontre de restriction
plus déclarent au moins une limitation phy- pour les activités essentielles.
sique absolue, c’est-à-dire qu’elles sont dans Les personnes dépendantes représentent
l’impossibilité de réaliser au moins un des 2.7 % des personnes de 60 à 79 ans. 90 %
actes mettant en œuvre des fonctions phy- ont des limitations fonctionnelles physiques
siques telles que marcher, monter/descendre qui les empêchent de réaliser au moins
un escalier, lever le bras, porter un sac, etc.… une des activités instrumentales courantes.
A 80 ans et plus, cette prévalence atteint Les problèmes cognitifs sont également
52 %. Les limitations cognitives graves sont très fréquents dans ce groupe puisqu’ils
moins fréquentes, mais touchent malgré tout touchent 60 % des personnes. Un tiers
14 % des 60 ans et plus et 26 % des 80 ans d’entre elles sont de plus dans l’incapacité
et plus. d’assurer des actes quotidiens essentiels
Les restrictions absolues dans les activités comme faire sa toilette.
essentielles de la vie courante concernent Enfin, 0.6 % sont fortement dépendantes
4 % des 60 ans et plus et 12 % des 80 ans et souffrent conjointement de limitations
et plus. Il s’agit ici des incapacités les plus motrices absolues et d’au moins une res-
lourdes, voire vitales, comme se nourrir triction d’activité absolue. La moitié d’entre
ou assurer seul les fonctions d’élimination. elles sont confinées au lit ou au fauteuil et
Enfin, les personnes concernées par des 80 % présentent des problèmes cognitifs
restrictions des activités instrumentales graves (Dos Santos & Makdessi, 2010).
de la vie courante sont nettement plus
nombreuses, respectivement 18 % et 44 % Les projections d’évolution des effectifs
des deux classes d’âges analysées. de personnes dépendantes sont indispen-
sables pour anticiper la réponse du système
La combinaison de ces difficultés à réali- de santé à des besoins accrus de prise en
ser des actes de la vie quotidienne avec charge. Ces projections sont construites
l’environnement dans lequel vivent les per- à partir de trois hypothèses de travail : un
sonnes âgées conduit certaines d’entre scénario pessimiste d’extension de la mor-
elles à la dépendance. bidité dans laquelle l’âge d’apparition de la
Les personnes de 60 à 79 ans résidant en dépendance recule moins vite que l’âge au
ménages ordinaires (3) sont majoritairement décès, un scénario central de maintien de la

3. à l’exclusion des personnes résidant en EHPAD ou dans toute autre forme de résidence collective

35
morbidité où l’âge d’apparition de la dépen- femmes. Les dernières informations scien-
dance et l’âge du décès se décalent parallè- tifiques conduisent les auteurs de ces pro-
lement et scénario central plus optimiste de jections à privilégier le scénario central.
réduction de la morbidité (Duée & Rebillard, Cet effet purement mécanique du vieil-
2006). Dans le scénario central, le nombre lissement pourrait toutefois être modifié
de personnes dépendantes augmenterait par l’évolution relative des incapacités
de 50 % entre 2000 et 2040 pour atteindre chez les personnes âgées. Alors qu’on
1 230 000 personnes à cette date. observait une augmentation de l’espé-
s rance de vie sans incapacité depuis 1980,
Quel que soit le scénario, une première les évolutions récentes montrent que les
augmentation a été amorcée en 2005 années de vies gagnées s’accompagnent de
correspondant à l’entrée en dépen- davantage de limitations fonctionnelles et
dance des générations 1920 à 1940 de restrictions d’activité (Sieurin, Cambois
plus nombreuses que les générations & Robine, 2011).
nées pendant la première guerre mon-
diale. L’augmentation deviendrait ensuite Quelles perspectives
plus rapide à partir de 2030 lorsque les d’évolution ?
générations du baby-boom atteindront
l’âge de 80-85 ans. Parallèlement, l’âge Les estimations démographiques pour les
moyen des personnes dépendantes sera années à venir ne laissent pas beaucoup de
plus élevé passant de 78 à 82 ans pour place à l’incertitude et dans les prochaines
les hommes et de 83 à 88 ans pour les décennies on assistera à un vieillissement

Figure 4 : Évolution du nombre de personnes âgées dépendantes

Source : (Duée & Rebillard, 2006)

36 Livre blanc de la gériatrie française


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française
• état de santé des personnes âgées •
inéluctable de la population française. de dépistage peuvent en effet expliquer
De nombreuses inconnues subsistent en les tendances passées à la diminution des
revanche quant à l’évolution des incapa- incapacités.
cités et de la morbidité. Le vieillissement
sera en effet mécaniquement associé à
une augmentation importante du nombre S’agit-il d’une
de personnes ayant des incapacités, mais
cette évolution pourrait être modifiée dégradation
par des variations relatives des taux d’in-
capacité et des prévalences de maladie. des perceptions
Les indicateurs que nous présentons ici
semblent en effet évoluer plutôt défavo- ou d’une réelle
rablement : la santé perçue se dégrade, les
espérances de vie sans incapacité n’évo- détérioration
luent plus aussi favorablement que par le
passé. S’agit-il d’une dégradation des per- de l’état de santé
ceptions ou d’une réelle détérioration de
l’état de santé ? Des arguments en faveur À l’inverse, l’augmentation de la survie des
des deux hypothèses peuvent être avancés. personnes atteintes de maladies chroniques
L’amélioration de la prise en charge de cer- peut expliquer une dégradation apparente
taines maladies, l’apparition de nouveaux de l’état de santé tandis que la sensibilisa-
traitements et leur application à une large tion croissante de la population aux pro-
part de la population, le développement blèmes de santé et à la dépendance peut
de certaines politiques de prévention et altérer les perceptions. ◗

Références
• Allonier, C., Dourgnon, P., & Rochereau, T. (2010). Enquête sur la santé et la protection sociale 2008. (p.-258p). : Paris : IRDES.
• Auvray, L., Dumesnil, S., and Le Fur P. (2001). Santé, soins et protection sociale en 2000. Questions d’Économie de la
Santé (Irdes), (46), -8p.
• Blaxter, M. (1985). A comparison of measures of inequality in morbidity.Health Inequalities in European Countries
(pp.199-230).
• Dos Santos, SéVerine and Makdessi,Yara (2010). Une approche de l’autonomie chez les adultes et les personnes âgées :
premiers résultats de l’enquête Handicap-Santé 2008. études et Résultats (Drees), (718), -8p.
• Duée, M., & Rebillard, C. (2006). La dépendance des personnes âgées : une projection en 2040. In Insee (Ed.), Données
Sociales - La société française (pp.613-619).
• Fries, J.F. (1980). Aging, natural death, and the compression of morbidity. N Engl J Med, 303 (3), 130-135.
• Kramer, M. (1980). The rising pandemic of mental disorders and associated chronic disease and disabilities. Acta Psychiatr
Scand, 62 (suppl.285) 282-297.
• Oberlin, Philippe and Mouquet, Marie (2010). Les fractures du col du fémur en France entre 1998 et 2007 : quel impact
du vieillissement ? Études et Resultats (Drees), (723), -6p.
• Ramaroson, H., Helmer, C., Barberger-Gateau, P., Letenneur, L., & Dartigues, J.F. (2003). [Prevalence of dementia and
Alzheimer’s disease among subjects aged 75 years or over : updated results of the PAQUID cohort]. Rev.Neurol. (Paris).,
159 (4) 405-411.
• Sermet, C., & Cambois, E. (2007). Mesurer l’état de santé. In G. Caselli, J. Vallin, & G. Wunsch (Eds.), Démographie : analyse
et synthèse. III. Les déterminants de la mortalité (pp.25-52). : Éditions de l’INED.
• Sieurin, A., Cambois, E., & Robine, J.M. (2011). Les espérances de vie sans incapacité en France : une tendance récente
moins favorable que dans le passé. Paris : INED.

37
Démographie et Santé
du Grand âge
Jean-Marie Robine,
INSERM – Paris & Montpellier

Lorsque l’on aborde la question de la de 380 000 à 120 000 selon des scénarios


démographie du grand âge en France, c’est plus ou moins optimistes d’évolution de
souvent de la façon la plus spectaculaire qui la mortalité (Blanpain, 2010). Sur la base
soit, à travers les chiffres de l’espérance de d’un exercice similaire mené en Grande
vie à la naissance, de celui des victimes de Bretagne, le Telegraph a titré « 10 mil-
la canicule de 2003, du nombre futur des lions de Britanniques actuellement vivants
centenaires, ou bien encore de la multipli- atteindront l’âge de 100 ans ou plus ». (1)
cation prochaine des épisodes caniculaires La canicule d’août 2003 a entrainé en une
due au réchauffement climatique. Ainsi dizaine de jours un excès de 14,800 décès
l’espérance de vie des Françaises, 84,8 ans supplémentaires en France concernant
en 2010 (Pia et Beaumel, 2011), serait sur essentiellement des personnes très âgées
le point de franchir la valeur symbolique (Hémon et Jougla, 2004). à l’échelle de
de 85 ans qui était, il n’y a pas si longtemps, l’Europe, l’excès de mortalité au cours de
proposée comme la valeur limite de l’es- l’été 2003 a atteint 70 000 décès (Robine
pérance de vie du genre humain (Fries, et al., 2008) et les modélisations clima-
1981), valeur par définition inatteignable. tiques les plus récentes suggèrent que dans
Le nombre des centenaires double tous quelques décennies la surmortalité d’été
les dix ans depuis 1950, passant d’envi- pourrait dépasser la surmortalité hiver-
ron 200 individus à 15 000 centenaires en nale (Ballester et al, 2011). Lorsque l’on
France métropolitaine aujourd’hui. L’Insee aborde la question de la santé au grand
prévoit désormais, en prolongeant les ten- âge, et avec des chiffres encore moins
dances du passé, qu’il y aura 200 000 cen- fiables, on fait alternativement preuve
tenaires en France en 2060. L’incertitude soit de pessimisme en pointant les esti-
est toutefois assez grande pour que l’Insee mations du nombre des personnes âgées
publie une fourchette de chiffres allant atteintes de la maladie d’Alzheimer ou

1. The Telegraph, 29 décembre 2010


http://www.telegraph.co.uk/health/8230749/10m-alive-in-Britain-today-will-live-to-be-more-than-100-years-old.html

38 Livre blanc de la gériatrie française


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française
• Démographie et Santé du grand âge •
de démences séniles ou du nombre des (Mura et al, 2010) ; ce nombre est égal
personnes dépendantes d’un tiers pour toutefois à 10 % du nombre des plus de
les activités les plus élémentaires de la 75 ans et à la moitié du nombre des plus
vie quotidienne, soit preuve d’optimisme de 85 ans. Voilà quelques ordres de gran-
en soulignant que l’espérance de vie en deurs. On ne peut malheureusement pas
bonne santé ou sans incapacité augmente comparer ces chiffres avec ceux de tous
plus vite que l’espérance de vie totale. nos voisins. La tendance récente est de
Il y aurait eu en fait 754 000 personnes privilégier la comparaison avec l’Allemagne
atteintes de démence vivant en France qui est notre principale partenaire éco-
en 2010 et ce nombre pourrait atteindre nomique au sein de l’Union européenne.
1 813 000 cas en 2050 (Mura et al, 2010). Ainsi, il apparaît que l’espérance de vie des
Seul le nombre des centenaires double femmes françaises est pratiquement de
tous les dix ans, pas celui des personnes 2 ans plus élevée que l’espérance de vie des
atteintes de démences séniles. Entre 1981 femmes allemandes (2,4 %) ; ce qui pour le
et 1991, l’espérance de vie sans incapa- coup est considérable. Nous allons donc
cité en France a autant augmenté pour les essayer de replacer systématiquement les
femmes et un peu plus pour les hommes chiffres du grand âge dans un contexte
que l’espérance de vie totale (Robine et démographique général en comparant
Mormiche, 1993). Malheureusement cette chaque fois que possible les valeurs fran-
tendance très positive ne s’est pas pour- çaises et les valeurs allemandes. Notre plan
suivie jusqu’à aujourd’hui et les dernières nous conduit de (1) la pyramide des âges
études suggèrent une tendance récente au (6) flou de l’état de santé des très âgés,
moins favorable (Sieurin et al., 2011). en passant par (2) les rapports des géné-
rations, (3) l’augmentation du nombre des
Mais fondamentalement, tous ces chiffres très âgés, (4) les travailleurs dans le secteur
ne veulent pas dire grand-chose une de la dépendance (Long Term Care), et (5)
fois qu’on les a sortis de leur contexte, l’incertitude des projections.
contexte démographique d’abord car les
personnes très âgées font partie d’une La pyramide des âges
population et c’est dans ce cadre-là que
les chiffres doivent être replacés pour La comparaison rapide de la pyramide des
prendre du sens, contexte international âges en France en 2010 avec celle de l’Alle-
ensuite car, sans éléments de comparaison magne montre des répartitions par âge
avec nos voisins, il est difficile de juger des très différentes (Figure 1). La pyramide alle-
situations. Ainsi, pour reprendre l’exemple mande apparaît beaucoup plus irrégulière.
des centenaires français, ils représentaient On note en particulier (i) une forte dimi-
0,02 % des Français en 2010 et atteindront nution des effectifs dans la tranche d’âge
0,27 % de la population en 2060 (Blanpain 70-76 ans correspondant à la politique
et Chardon, 2010). C’est un changement nataliste du IIIe Reich, (ii) l’effondrement des
mais ce n’est pas une révolution. Ou bien naissances de 1945, (ii) le fantastique et très
encore, le nombre de personnes atteintes irrégulier baby-boom allemand, comparé au
de démences séniles en France est égal baby-boom français, qui évolue en miroir
en effectif à 2,8 % de la population active de l’effectif des générations parentales, (iv)

39
Figure 1 : Pyramide des âges au 1er janvier 2010 en France et en Allemagne
France Allemagne

Sources : Insee pour la France et Human Mortality Database (HMD) pour l’Allemagne

son arrêt brutal en 1970, correspondant les deux pays n’ont pas à faire face aux
aux individus âgés de 40 ans aujourd’hui, (v) mêmes coûts d’éducation ou de finance-
le petit rebond des années 1980s, (vi) ment des frais médicaux liés à la maternité
l’effondrement des naissances depuis les et à la surveillance de la santé des jeunes
années 1990 et finalement depuis 1999 (v) enfants, sans compter le coût des alloca-
le dépassement du nombre des naissances tions familiales.
allemandes par les naissances françaises
(Figure 1). Les rapports des générations

On voit immédiatement que la situation des Le calcul de toute une série de taux nous
deux pays n’est pas la même. Il y a beau- permet de formaliser ces différences dans
coup plus de seniors en Allemagne pour la structure des âges et dans les rapports
prendre en charge les très âgés comme va des générations. Ainsi le taux de fécondité
le montrer le calcul du Oldest Old Support apparaît beaucoup plus favorable en France
Ratio (OOSR). Il semble qu’il y ait une forte qu’en Allemagne. Dans ce dernier pays, le
concentration de la population dans les taux de fécondité s’est établi à 1,4 enfant
tranches d’âge correspondant à l’âge de par femmes en 2010, minant la base de la
l’activité professionnelle mais attention à pyramide des âges, alors qu’en France il
la forme très irrégulière de la pyramide. Là approche du taux de renouvellement des
le calcul des taux de dépendance démo- générations (2) avec un peu plus que 2 enfants
graphique est vraiment nécessaire pour par femme (Tableau 1). La situation de la
voir où la situation est la plus favorable en population française apparaît bien plus
termes du nombre de cotisants potentiels viable à terme que la situation allemande.
pour un retraité. Enfin le déficit de jeunes Le taux de dépendance démographique
est flagrant en Allemagne. Il est clair que (TDD) mesure le nombre de jeunes âgés

2. Compte tenu du taux de masculinité à la naissance (environ 105 garçons pour 100 filles), le taux de fécondité qui assure
le renouvellement des générations féminines est de 2,1 enfants par femmes.

40 Livre blanc de la gériatrie française


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• Démographie et Santé du grand âge •
de moins de 20 ans et d’adultes âgés de versus 0,42 en France. Inversement, en 2010,
65 ans et plus pour une personne âgée de on comptait déjà en Allemagne 0,34 per-
20 à 64 ans, tranches d’âge où se concentre sonne âgée de 65 ans et plus pour un adulte
habituellement l’activité professionnelle. En en âge de travailler versus 0,29 en France
Allemagne le taux de dépendance démogra- (Tableau 1). Il y a encore beaucoup plus de
phique était en 2010 inférieur de 5 points jeunes que de personnes âgées en France
au taux observé en France, 0,65 versus alors qu’il y a déjà plus de personnes âgées
0,70 personne potentiellement à charge que de jeunes en Allemagne.
pour un adulte en âge de travailler. C’est
indéniablement une situation plus favorable Enfin le calcul du taux de support des très
en termes de charges économiques et âgés, qui apprécie l’importance numérique
sociales. La décomposition de ce taux en des aidants potentiels, montre qu’il y a en
TDD pour les jeunes et pour les plus de Allemagne 14,2 personnes dans la tranche
65 ans fait apparaître qu’en fait la situation d’âges 50-74 ans pour une personne âgée
est plus favorable pour l’Allemagne que pour de 85 ans ou plus contre 10,8 en France.
les jeunes avec 0,31 jeune potentiellement
à charge pour un adulte en âge de travailler Au total la démographie allemande appa-
raît bien plus favorable aujourd’hui que
la démographie française. Les adultes
Tableau 1 : Taux de fécondité, en âge de travailler ont moins de per-
taux de dépendance démographique sonnes à charge et les très âgés disposent
et taux de support des très âgés de bien plus d’aidants potentiels dans
en France et en Allemagne, en 2010 la tranche d’âge des 50-74 ans. Mais à
regarder de plus près, on voit que le
France Allemagne
rapport des plus âgés aux adultes en
âge de travailler est déjà moins favo-
Taux de fécondité 2,01 1,42 rable qu’en France et surtout la forme
actuelle de la pyramide des âges, comme
Taux de dépendance 0,70 0,65 le taux de fécondité atteint en 2010, nous
démographique (TDD) indique que la situation va se dégrader
TDD pour les moins beaucoup plus vite et beaucoup plus
de 20 ans 0,42 0,31 fortement en Allemagne qu’en France.
Ainsi le TDD pour les plus âgés devrait
TDD pour les plus de 0,29 0,34 atteindre 0,39 personne âgée de 65 ans
65 ans et plus pour un adulte en âge de travail-
ler en Allemagne en 2020 puis 0,62 dès
Taux de support des 10,8 14,2 2040 (3) (Federal Statistical Office, 2009)
très vieux (OOSR) alors que les valeurs correspondantes
Sources : Insee, Statistisches Bundesamt, Human Mortality françaises seront de 0,37 en 2020 et 0,50
Database en 2040 (4) (Blanpain et Chardon, 2010).

3. Variante : lower limit of the medium population


4. Hypothèse centrale

41
Tableau 2 : Sélection d’indicateurs issus des tables de L’augmentation du
mortalité française et allemande pour l’année 2009 nombre des très âgés

Hommes Femmes Une faible natalité n’est pas la


seule cause d’un vieillissement
France Allemagne France Allemagne accéléré de la population, il y
Espérance 77,78 ans 77,45 ans 84,49 ans 82,53 ans a aussi l’augmentation de la
de vie (EV) durée de vie des adultes ; ce
Mortalité 4,05 0/00 3,86 0/00 3,26 0/00 3,02 0/00 que l’on appelle de plus en
infantile plus souvent la révolution de
la longévité des adultes par
EVP0-65 62,56 ans 62,94 ans 63,75 ans 63,83 ans opposition à la chute de la
mortalité infantile qui a été le
EV65 18,42 ans 17,27 ans 22,63 ans 20,48 ans moteur principal de l’augmen-
Survie médiane 81-82 ans 80-81 ans 87-88 ans 85-86 ans tation de l’espérance de vie
(50 %) jusqu’au milieu du 20e siècle.
Là encore la comparaison des
Âge modal 86 ans 85 ans 89 ans 89 ans
principaux indicateurs issus
au décès (M)
de la table de mortalité avec
EVM 5,40 ans 5,35 ans 5,37 ans 4,40 ans ceux de l’Allemagne nous aide
Survie à 19,7 % 15,5 % 39,5 % 28,1 % à préciser les spécificités fran-
90 ans çaises. D’abord, on note beau-
coup moins de différences
Survie 6,1 % 4,2 % 17,1 % 9,2 %
pour les hommes que pour
à 95 ans
les femmes (Tableau 2).
Survie 0,9 % 0,6 % 3,8 % 1,4 %
à 100 ans Pour les hommes l’espé-
Survie rance de vie à la naissance
0,06 % 0,03 % 0,3 % 0,08 %
à 105 ans apparaît très peu différente
EVP0-65 : Espérance de vie partielle entre 0 et 65 ans ; entre les deux pays, 77,8
EVM : Espérance de vie restante à l’âge modal des décès versus 77,5 années. Au total,
Sources : Human Mortality Database (HMD) les Français peuvent espérer
vivre 4 mois de plus que les
Allemands. On note toutefois
Au total la population française ne devrait que la mortalité infantile est légèrement
cesser de croître pour atteindre plus de plus basse en Allemagne qu’en France et
73 millions d’habitants en 2060 alors que que la mortalité prématurée y est plus
dans le même temps l’Allemagne devrait faible. En effet sur les 65 années de vie
perdre 15 millions d’habitants. La popu- possible entre la naissance et le 65e anni-
lation française devrait dépasser en taille versaire les Allemands en vivent 97 %
la population allemande avant 2050. Cela contre 96 % en France. Avec un taux de
change les perspectives économiques des mortalité infantile égal au taux allemand,
deux pays. on aurait évité entre 70 et 80 décès de

42 Livre blanc de la gériatrie française


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• Démographie et Santé du grand âge •
petits garçons en 2009 ; ce qui est loin espérer vivre plus de deux années de plus
d’être négligeable. Par contre à partir de que les Allemandes (2,15 années). 40 % des
65 ans les écarts se creusent en faveur Françaises survivent à 90 ans contre 28 %
de la France. Ainsi à 65 ans, les Français des Allemandes et 3,8 % des Françaises
peuvent espérer vivre plus d’une année deviennent centenaires contre 1,4 % des
de plus que les Allemands. 20 % des allemandes (Tableau 2).
Français survivent à 90 ans contre 16 %
des Allemands (Tableau 2). Ces fortes divergences dans la longévité
Pour les femmes, les écarts sont bien plus des adultes se traduisent par d’importantes
importants. Ainsi les Française peuvent différences dans les effectifs des personnes
espérer vivre 2 ans de plus que les très âgées en France et en Allemagne.Ainsi
Allemandes (1,96 année). On note tou- il y plus de centenaires en France qu’en
tefois, là aussi, que la mortalité infantile Allemagne, près de 17 000 centenaires
est légèrement plus basse en Allemagne en France en 2010 contre un peu plus de
qu’en France et qu’avec le taux de mor- 12 000 en Allemagne, alors que la popula-
talité infantile allemand on aurait évité en tion de ce dernier pays dépasse encore de
France environ 90 décès de petites filles 17 millions d’habitants la population fran-
en 2009. Mais au total la mortalité pré- çaise. Comme on peut le voir à la figure 2,
maturée n’est pas vraiment plus faible il y a nettement plus de centenaires en
en Allemagne qu’en France. Ainsi sur les France. Cette situation spécifique est moins
65 années de vie possible entre la naissance due à la taille des cohortes de naissance
et le 65e anniversaire les Allemandes en qu’aux chances respectives de devenir cen-
vivent 98,2 % contre 98,1 % en France. tenaire. Il a ainsi été démontré que c’est en
Par contre à 65 ans, dans les conditions de France que la probabilité pour un individu
mortalité de 2009, les Françaises peuvent âgé de 60 ans en 1965 d’avoir fêté son

Figure 2 : Augmentation du nombre des centenaires en France et en Allemagne depuis


la fin des années 1950

Sources : Human Mortality Database, http://www.mortality.org/.

43
100e anniversaire en 2005 (CR60) a été la chaque décennie depuis les années 1960.
plus élevée parmi les 26 pays européens Le Tableau 3 montre même que le rythme
qui disposent des données nécessaires à d’augmentation a été légèrement plus fort
ce calcul (Robine et Saito, 2009). en Allemagne. Notons au passage que la
très grande majorité des centenaires sont
Tableau 3 : Facteur de multiplication des femmes.
du nombre des centenaires au cours
des décennie successives en France et La figure 3 illustre plus en détail la révolution
en Allemagne depuis 1960 de la longévité des adultes, actuellement en
cours en France, au travers de l’évolution de
France Allemagne la distribution des âges féminins au décès,
1960-1970 2,3 2,5 dans les conditions du moment, depuis 1827
avec des courbes espacées de 20 ans en
1970-1980 2,2 2,6
20 ans.
1980-1990 2,1 2,5
1990-2000 2,0 2,3 Sur le plan de la mortalité, il ne se passe
2000-2010 2,1 2,2 pas grand-chose au cours du XIXe siècle et
avant 1907 si ce n’est la chute de la mortalité
infantile qui permet à toujours plus d’enfants
Cependant, au-delà des effectifs, on n’ob- de devenir des adultes. De 1827 à 1907,
serve pas vraiment de différence dans l’âge modal au décès des adultes ne varie
le rythme d’augmentation du nombre pratiquement pas, restant dans le voisinage
des centenaires dans ces deux pays. Ce de 70-73 ans. Il atteint environ 80 ans en
nombre a globalement doublé au cours de 1947 au lendemain de la deuxième guerre

Figure 3 : Évolution de la distribution des âges au décès en France, dans les conditions
du moment, depuis 1827, sexe féminin, pour 100 000 à la naissance

Sources : Human Mortality Database, http://www.mortality.org/.

44 Livre blanc de la gériatrie française


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• Démographie et Santé du grand âge •
Figure 4 : Évolution des effectifs de population par âge, de 80 à 99 ans,
depuis le recensement de 1901

Sources : Insee, recensement de population et enquête de recensement pour les estimations au 1er janvier 2009 (résultats
provisoires arrêtés fin 2009).

mondiale avant d’entreprendre sa formidable l’année 2009, après le dernier recensement


ascension moderne qui le conduit au-delà de classique de 1999, proviennent des enquêtes
90 ans en 2007. Sur la figure 3, la distribution de recensement qui ont été mises en place
des âges au décès se déplace clairement vers par l’Insee à partir de 2002. L’échelle des
des âges plus élevés à partir de 1907. Dans effectifs à la figure 4 est logarithmique ; ce
les conditions de mortalité de 1907 1,2 % qui permet d’apprécier directement le taux
des décès féminins se produisent à 90 ans de croissance des effectifs. En effet, avec
ou plus contre 39 % dans les conditions de une telle échelle, un taux d’accroissement
mortalité observées en 2007 (Robine, 2010). des effectifs constant au cours du temps
Les Français connaissent une évolution simi- est représenté par une droite alors qu’avec
laire bien que l’allongement de leur durée une échelle arithmétique standard une
de vie ait commencé plus tard que pour les telle croissance serait représentée par une
femmes (Cheung et al, 2008). courbe exponentielle, comme celle repré-
sentée à la figure 2 pour les centenaires.
Une des conséquences de cet impression-
nant allongement de la durée de la vie des Trois points sont à noter sur la figure 4.
adultes est d’augmenter fortement les effec- D’abord, avant le recensement de 1946,
tifs des personnes âgées à partir de la fin de les effectifs des personnes très âgées aug-
la seconde guerre mondiale. Cette augmen- mentent faiblement mais constamment,
tation est illustrée à la figure 4 qui rapporte, comme le montrent les tendances linéaires
par année d’âge, les effectifs dénombrés des effectifs de chaque âge de 1901 à
entre 80 et 99 ans à l’occasion des recense- 1946. à titre d’exemple, 80 304 personnes
ments de la population qui ont eu lieu tout âgées de 80 ans avaient été dénombrées
au long du 20e siècle. Les estimations pour en 1901 contre 109 536 en 1946, soit une

45
augmentation de 36 % en 45 ans. Le fait que en âge de travailler et les adultes âgés,
ces tendances soient parallèles signifie que comme on l’a fait dans les premières sec-
les taux d’accroissement sont identiques tions de ce chapitre, pour lui substituer un
pour tous les âges. Ensuite après le recense- modèle se composant d’au moins quatre
ment de 1946, les pentes deviennent beau- groupes d’âges, en distinguant les très
coup plus fortes. Les tendances pour chaque âgés (oldest old) des seniors. Nous avons
âge restent linéaires mais les taux d’accrois- proposé de retenir 85 ans comme limite
sement sont beaucoup plus élevés qu’avant d’âge, séparant ces deux groupes, sur la
1946. Ce nouveau rythme d’accroissement base de données épidémiologiques et
se poursuit jusqu’en 2009.à titre d’exemple, gérontologiques. D’autres ont proposé
les effectifs des personnes âgées de 80 ans les seuils de 75 ou de 80 ans. L’avantage de
passent de 109 536 en 1946 à 394 349 en distinguer plusieurs groupes parmi les per-
2009, soit une augmentation 10 fois plus sonnes âgées, c’est de pouvoir introduire
forte de 360 % en 63 ans.Toutefois les ten- de nouveaux indicateurs de dépendance
dances ne sont plus parallèles ; les pentes et/ou, inversement de support, comme le
tendent à être d’autant plus fortes que les taux de support des personnes très âgées
âges sont élevés. Ainsi les taux d’accroisse- qui indique combien d’adultes âgés de
ment des effectifs des nonagénaires sont 50 à 74 ans sont potentiellement dispo-
beaucoup plus forts que ceux des octogé- nibles pour faire face au besoin d’aide
naires. Enfin, on note qu’après le passage d’une personne âgée de 85 ans ou plus
des classes creuses de 1915-1919 qui a (Robine et al., 2007 ; Herrmann et al.,
fortement diminué le nombre des octo- 2010). Si toutes les personnes très âgées
génaires recensés en 1999, précisément ne sont pas dépendantes d’un tiers dans la
ceux âgés de 80, 81 et 82 ans, les estima- vie de tous les jours, les risques de perte
tions pour 2009 sont de nouveau sur les de l’autonomie sont loin d’être négli-
tendances à la hausse installées dès 1946. geables au-delà de 85 ans.
En 2009, le passage des classes creuses de
1915-1919 réduit les effectifs des personnes La figure 5 illustre l’évolution du taux
âgées de 90, 91 et 92 ans (Robine, 2010). Sur de support des personnes très âgées en
les 22 millions d’individus supplémentaires France et en Allemagne de 1950 à 2050.
(+ 55 %) que compte la France en 2009 Elle montre qu’avant 1960, il y avait près
par rapport à 1946, 6 millions sont des per- de 40 personnes âgées de 50 à 74 ans
sonnes de 65 ans ou plus (+ 135 %) et plus pour une personne de 85 ans ou plus.
de 2 millions et demi des personnes âgées Ce taux de support potentiel est tombé
de 80 ans ou plus (+ 473 %). à 11,6 en l’an 2000 et, grâce aux prévi-
sions de population des Nations unies,
Les travailleurs dans on peut l’estimer aux alentours de 4,4 en
le secteur de la dépendance 2050. La figure 5 apporte ainsi un complé-
ment essentiel aux figures précédentes, à
Il semble raisonnable de remettre en savoir que l’augmentation du nombre des
cause le modèle de population générale- personnes âgées au sein de la population
ment utilisé qui oppose les trois classes française s’accompagne d’un très profond
d’âge traditionnelles, les jeunes, les adultes changement dans la structure par âge de

46 Livre blanc de la gériatrie française


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• Démographie et Santé du grand âge •
Figure 5 : Évolution du taux de support des personnes très charge de la dépen-
âgées en France et en Allemagne depuis 1950 et prévision dance des personnes
jusqu’en 2050 âgées, LTC workers,
(Fujisawa et Colombo,
2009). C’est une tache
difficile à cause des
différences dans les
systèmes statistiques
et de leur caractère
incomplet (Pond et
McPake, 2006 ; Diallo,
2004). Une part
importante pourrait
être constituée de
travailleurs clandes-
tins, même en maison
Sources : World Population Prospects : The 2004 revision population database. de retraite (Leppard,
United nations Population division. 2005.
2008). Jusqu’à présent
ces questions font plus
souvent l’objet d’ar-
la population âgée elle-même. Il y a rela- ticles dans la presse quotidienne que dans
tivement de moins en moins de seniors les journaux scientifiques (Leppard, 2008 ;
potentiellement disponibles pour s’occu- Newman, 2006) et c’est souvent à l’occa-
per des personnes très âgées en France sion de la mise en place de programmes de
comme en Allemagne même si la situation régularisation que l’on découvre l’ampleur
allemande apparaît légèrement meilleure. du phénomène comme en Allemagne, en
Autriche, et dans tous les pays du sud de
Peu d’information est disponible en France l’Europe sans exception, Espagne, Grèce,
sur ceux qui aident les personnes âgées Italie et Portugal (DeParle, 2008 ; Phalnikar,
dépendantes, les care givers, que ce soit des 2005). Toutes les études soulignent des
volontaires, souvent la famille, ou des pro- risques de maltraitance pour la personne
fessionnels. On sait grâce à quelques études âgée et des risques d’exploitation pour
menées dans les pays anglo-saxons que les mes travailleurs migrants, en particulier
travailleurs du secteur de la dépendance pour les clandestins (Herrmann et al.,
sont souvent des travailleurs immigrés. 2010). Se pausent aussi de nombreuses
On connaît mieux la situation de ceux qui questions sur la communication entre la
travaillent dans les maisons de retraite. On personne âgée et son aide. Les Nations
connaît moins la situation de ceux qui tra- unies, comme l’Organisation mondiale
vaillent au domicile de la personne. de la santé, rappelle régulièrement que
l’emploi de travailleurs immigrés n’est
Depuis 2008, l’OCDE essaye de collec- pas la solution magique pour faire face à
ter des données sur les caractéristiques la dépendance des personnes très âgées
des travailleurs du secteur de la prise en des économies avancées. Le fort déclin

47
du Oldest Old Support Ratio à l’échelle Un doublement du nombre des centenaires
mondiale semble leur donner raison en France tous les 10 ans conduirait à un
(Herrmann et al., 2010). effectif de 480 000 centenaires en 2060 au
lieu des 200 000 prévus par l’Insee.
L’incertitude des projections
Les chiffres sont colossaux et rien n’indique
à quelques mois de distance, à l’occasion qu’ils soient réalistes. Nous ne savons rien
de la publication de leurs plus récentes pro- des limites de la longévité humaine. Si de
jections de population, la France comme le tels chiffres apparaissent aberrants dans les
Royaume-Uni ont centré, sans concertation, conditions de mortalité et de développe-
leur communication sur l’augmentation des ment technique actuel, nous devons nous
effectifs des centenaires. La comparaison de rappeler que les survies que nous observons
ces deux exercices est très éclairante sur aujourd’hui semblaient tout à fait impossibles,
l’incertitude qui prévaut quant à ces chiffres. il y 60 ans en arrière, en 1950. Les projection-
Dans les deux cas les instituts de statistiques, nistes ont toujours péché par défaut, refusant
l’Insee pour la France et l’ONS (Office for de poursuivre des tendances qu’ils jugeaient
National Statistics) pour le Royaume-Uni, impossibles, et du coup, n’ont jamais anticipé
se servent de ce qu’ils appellent les pro- le formidable allongement de la durée de
jections centrales, celles qui normalement vie des adultes. Pour l’instant le recours à
poursuivent les tendances observées dans des « experts » est de peu d’utilité dans la
le passé. Partant avec 11,800 centenaires mesure où on trouve à peu près autant de
en 2010, l’ONS prévoit que le Royaume médecins ou de biologistes qui considèrent
en hébergera 378 200 en 2060 donc 5 600 que l’espérance de vie ne peut plus beaucoup
personnes âgées de plus de 110 ans (Price, augmenter (voir par exemple Lebourg, in
2010). Partant avec 15 000 centenaires press) ou inversement qui considèrent qu’elle
en 2010, l’Insee prévoit que la France en pourrait atteindre des valeurs beaucoup plus
accueillera 200 000 en 2060 (Blanpain, 2010). élevées au cours du XXIe siècle (voir par
Cet écart considérable en défaveur de la exemple Alexandre, 2011 et Radman, 2011).
France est d’autant plus étrange que les cen- Entre les deux, les projections statistiques ne
tenaires sont déjà plus nombreux dans notre sont que la poursuite mécanique des ten-
pays et que l’espérance de vie féminine y est dances passées. Mais même chez les démo-
bien plus élevée qu’en Angleterre. Un exa- graphes et les épidémiologistes on trouve de
men minutieux de ces projections montre grands écarts.Ainsi Christensen et ses colla-
que les estimations proposées au Royaume- borateurs considèrent que si les tendances
Uni correspondent très exactement à un se poursuivent, la plupart des enfants nés en
doublement du nombre des centenaires France depuis l’an 2000 deviendront cente-
tous les 10 ans ; ce qui a effectivement été naires (Christensen et al., 2009) alors que
observé dans l’Europe occidentale depuis les d’autres considèrent que de telles prévisions
années 1960 et prolonge bien les tendances ne sont absolument pas réalistes (Olshansky
du passé. Les projectionnistes de l’Insee ont et Carnes, 2010). Selon l’INED, qui reconnaît
quant à eux apporté quelques corrections que l’exercice est difficile, environ 11 % des
sur les tendances les plus récentes de la enfants nés en l’an 2000 pourraient deve-
diminution de la mortalité chez les femmes. nir centenaires. (5) Selon le Departement for

48 Livre blanc de la gériatrie française


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• Démographie et Santé du grand âge •
les survies que nous observons aujourd’hui
semblaient tout à fait impossibles,
il y 60 ans en arrière, en 1950
Work and Pensions, 22,1 % des garçons qui le groupe de travail présidé par Michel
sont nés au Royaume-Uni en l’an 2000 ont Charpin doit remettre de nouvelles pro-
une chance de devenir centenaire et 29,5 % jections en matière de dépendance.
des filles. Pour ceux qui sont ou vont naître La figure 6 illustre les évolutions les plus
en 2011, ces chances vont respectivement récentes de l’espérance de vie sans inca-
atteindre 25,7 % pour les garçons et 33,4 % pacité (EVSI), en France et en Allemagne,
pour les filles (Evans J, 2011). On ne peut calculée à l’âge de 65 ans à partir du GALI
être plus illustratif quant à l’incertitude des (Global Activity Limitation Indicateur, pré-
prévisions. sent dans l’enquête européenne SILC
(Statistics on Income and Living Condition)
L’état de santé des très âgés et qui sert de base au calcul de l’indicateur
structurel européen : « les années de vie en
Au-delà des enquêtes « Handicap-Santé » bonne santé (HLY) ». Nous avons aussi fait
du ministère de la santé (DRESS) et de figurer sur la figure l’évolution de l’espé-
l’Insee (Voir le chapitre de Catherine rance de vie à 65 ans (EV65) et l’évolution
Sermet dans cet ouvrage), il n’y a pas beau- de l’espérance de vie sans limitation sévère
coup d’enquêtes disponibles en France dans les activités usuelles (EVSI_sev). Alors
pour apprécier l’état de santé des per- que l’espérance de vie continue d’augmenter,
sonnes âgées, surtout des personnes très l’espérance de vie sans limitation d’activité,
âgées. Par exemple l’échantillon français quel que soit le niveau de sévérité retenu,
de SHARE (Survey on Health, Ageing and semble avoir stagné au cours des dernières
Retirement in Europe) ne contient que très années en France et en Allemagne comme
peu de personnes âgées de plus de 85 ans. dans la plupart des pays européens. Il n’est
Dans ces conditions, les projections du pas si sûre aujourd’hui que l’espérance de
nombre des personnes âgées dépendantes vie sans incapacité suive le rythme d’aug-
reposent souvent sur un ratio supposé mentation de l’espérance de vie totale.
constant entre l’espérance de vie (EV) et Comme pour cette dernière, les valeurs de
l’espérance de vie sans incapacité (EVSI). l’espérance de vie sans incapacité sont plus
Or si les tendances observées à la fin du élevées en France qu’en Allemagne.
XXe siècle étaient assez favorables, ce n’est
plus le cas des tendances actuelles (Sieurin Au total, l’information disponible sur l’état
et al., 2011). Quoi qu’il en soit, dans le cadre de santé des personnes très âgées en France
des projets gouvernementaux pour une est très insuffisante. Il serait important de
meilleure prise en charge de la dépendance, pouvoir disposer d’une enquête spécifique

5. http://www.ined.fr/fr/tout_savoir_population/fiches_actualite/centenaires_france/

49
Figure 6 : Évolution de l’espérance de vie à 65 ans (EVSI), de l’espérance de vie sans
limitation d’activité (HLY, indicateur structurel européen) et de l’espérance de vie sans
limitation d’activité sévère, en France et en Allemagne depuis 2004

Sources : EHLEIS (European Health and Life Expectancy Information System) www.ehemu.eu).

régulière, tous les 5 ans par exemple, mesu- ou au contraire favorisent le vieillissement
rant chez eux les différentes dimensions de en bonne santé des personnes très âgées.
la santé physique et mentale (pathologies, Suivre une cohorte de personnes initialement
comorbidité, fonctionnalité, fragilité, santé âgées de 85 ans serait de ce point de vue très
perçue et qualité de vie) afin de s’assurer que instructif. Il faut aussi renforcer les études qui
l’allongement de la durée de la vie des adultes comme 5-COOP (5-Country Oldest Old
s’accompagne bien d’une augmentation des Study) visent à établir la prévalence réelle de
années de bonne santé. Seule la disposition la perte de l’autonomie, de la démence et des
d’une telle enquête, à domicile et en insti- différents symptômes gériatriques à l’âge de
tution, permettrait à terme d’accompagner 100 ans (Robine et al, 2010). Cela ne peut que
les prévisions de population d’une prévision renforcer notre connaissance des trajectoires
des états de santé du futur. Mettre en place de morbidité, incidence et prévalence, avec
des cohortes est aussi nécessaire pour com- l’âge des individus.
prendre les mécanismes qui mettent en péril

50 Livre blanc de la gériatrie française


Livre
Livreblanc
blancde
delalagériatrie
gériatriefrançaise<
française
• Démographie et Santé du grand âge •

comprendre
les mécanismes qui
mettent en péril
ou au contraire
favorisent
le vieillissement
en bonne santé des
personnes très âgées

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travail 170.

52 Livre blanc de la gériatrie française


II.

Les réponses
aux besoins de santé
liés au vieillissement
Domaines, champs
et spécificités
de l’activité gériatrique
Pr François Piette,
Hôpital Charles Foix – Ivry sur Seine
et Dr Jean-Pierre Aquino,
Clinique de la Porte verte - Versailles

I - introduction : Ii – les domaines d’activité


de la gériatrie
La Gérontologie s’intéresse à tous les phé-
nomènes du vieillissement des êtres vivants, La population âgée est hétérogène :
tant dans leurs aspects individuels, phy- comment lui assigner des limites et une
siques et psychiques que dans leurs aspects segmentation ?
collectifs, sociologiques, économiques,
géographiques… Il n’y a évidemment pas de réponse précise
La Gériatrie est la médecine concernée par à la question de savoir à partir de quand on
les maladies des sujets âgés, leur prévention est une personne âgée. On peut citer :
en amont et la prise en compte de leurs • L’âge auquel on peut faire un bilan des
conséquences en aval. actions préventives passées d’hygiène de vie
Tout gériatre se veut un peu gérontologue et prendre le temps d’anticiper sa future vieil-
tant il sent que des connaissances fonda- lesse. Cet âge pourrait se situer autour de la
mentales doivent sous-tendre sa réflexion cessation d’activité, donc vers la soixantaine.
médicale. Actuellement, seul le diplôme de • L’âge « officiel » au-delà duquel on est
docteur en médecine puis une spécialisation classé dans la catégorie « personnes
peuvent aboutir au titre de gériatre mais âgées » par les instituts statistiques natio-
l’universitarisation des professions para- naux et internationaux : cet âge, longtemps
médicales pourrait conduire à la notion par fixé à 65 ans, tend à évoluer vers 75 ans.
exemple d’infirmier spécialisé en gériatrie. • L’âge à partir duquel on accepte de consulter
un gériatre ou d’acheter un produit dans une
gamme senior… : en général, cela se situe
vers 75-80 ans.

54 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Domaines, champs et spécificités de l’activité gériatrique •
• L’âge moyen des patients dans les services statut social, y compris la religion, les loisirs,
hospitaliers de gériatrie, les institutions la vie conjugale…
gériatriques, qui est habituellement au-delà Certaines définitions ajoutent la notion
de 85 ans. d’absence de maladie ou de faible risque de
Le gériatre peut tout à fait s’impliquer au- maladie, ce qui paraît impossible à soutenir,
delà de l’une de ces limites. compte tenu de la polypathologie quasi iné-
Une segmentation : une segmentation luctable avec l’âge comme on le verra plus
par tranche d’âge, par exemple tous les loin. Par contre, il est évident que l’absence
10 ans, est un moyen simple pour tenter de maladie invalidante est un critère obliga-
de réduire l’hétérogénéité. Mais elle a ses toire.Arbitrairement, nous avons choisi d’en
limites puisque chacun connaît de grands exclure aussi la présence de maladies recon-
vieillards de 70 ans et des nonagénaires nues comme les affections de longue durée.
d’un dynamisme étonnant… Il y a donc des La notion de « bien-vieillir » en France
facteurs d’hétérogénéité plus importants est assez proche du celle du vieillissement
que les tranches d’âge. En outre, les images réussi.
attachées à chaque tranche d’âge sont très
reliées à l’espérance moyenne de vie du
pays considéré, c’est-à-dire un chiffre avec Chacun connaît de
des écarts très importants de la Russie
au Japon en passant par les États-Unis et grands vieillards de 70 ans
l’Europe, sans même parler des pays en voie
de développement. et des nonagénaires d’un
Une segmentation basée sur l’état de santé
et l’autonomie est déjà plus universelle en dynamisme étonnant…
théorie. En fait, elle dépend aussi d’une caté-
gorisation nationale des individus. Ainsi, on
peut distinguer en France : On peut faire plusieurs remarques :
• Le vieillissement réussi, le bien-vieillir. • Le vieillissement réussi comporte donc
• La polypathologie « simple ». des maladies non invalidantes (et non ALD
• La reconnaissance d’une ou plusieurs affec- dans notre segmentation) mais aussi des
tions de longue durée. « micro-polyhandicaps » comme le besoin
• La fragilité. de lunettes, une hypoacousie en ambiance
• La perte d’autonomie. bruyante, une difficulté à retrouver instan-
• La fin de vie. tanément un nom propre, une perte de
souplesse de l’appareil locomoteur, une
1° Le vieillissement réussi (successfull baisse de capacité de course à pied, une
aging) reconnaît plusieurs définitions qui difficulté avec son ordinateur… Ces élé-
intègrent des dimensions objectives comme ments sont hors du champ de la perte
un état physique et mental satisfaisant, une d’autonomie et n’excluent pas le bien-
intégration sociale, voire la poursuite d’une vieillir sous réserve qu’ils n’altèrent pas
activité rémunérée, une durée de vie sans (trop…) la satisfaction vis-à-vis de la santé
incapacité, par exemple supérieure à 75 ans, qui est nécessaire à la catégorisation en
et une satisfaction vis-à-vis de la santé et du « bien-vieillir ».

55
• Sauf à mourir brutalement en pleine santé Le nombre de maladies dépend aussi :
à un âge avancé, il faut admettre que le • De la rigueur mise à faire le diagnostic,
bien-vieillir est un état temporaire qui peut permettant de passer de la notion de
ne pas concerner les derniers mois ou symptôme mal défini (mauvaise digestion,
années de la vie. Que dire par exemple douleurs des membres inférieurs, diffi-
d’un octogénaire ayant des critères de culté à vider sa vessie…) à la notion de
vieillissement réussi et qui passerait ensuite maladie définie comme une œsophagite
10 ans de sa vie dans un fauteuil sans pou- peptique, une arthrose fémoro-tibiale, une
voir en bouger ? hypertrophie bénigne de la prostate…
• Les premières estimations faisaient état de Sauf exception, le test thérapeutique ne
15 à 50 % de vieillissement réussi, avec un correspond pas un diagnostic du fait de
taux d’auto-déclaration supérieur à la réa- l’irrégularité d’efficacité du traitement et
lité objective. Il n’est pas sûr que tout ceci de l’évolution spontanément régressive de
s’applique actuellement aux Français dont nombreux symptômes !
on dit qu’ils sont les plus pessimistes du Des seuils pour définir les maladies et de
monde… même si le pessimisme est moins la capacité des médecins à accepter l’évo-
prononcé dans la tranche d’âge 50-70 ans. lution de ces seuils. Pratiquement, tout le

le bien-vieillir est un état temporaire


qui peut ne pas concerner les derniers mois
ou années de la vie
2° Les maladies chroniques et la poly- monde admet qu’il n’y a pas d’anémie asso-
pathologie « simple » : selon le CREDES, ciée avec l’âge mais que la fréquence des
chez les 70 ans et plus, 97 % ont une maladie causes d’anémie augmente avec l’âge. Par
déclarée ou plus et 27 % en ont 8 ou plus ! contre, la notion de surpoids pour un IMC
Le nombre moyen de maladies passe de 5,3 à 25 reste ancrée dans les esprits, alors que
entre 70 et 74 ans à 6,1 au-delà de 85 ans. cette valeur est généralement associée à la
La hiérarchisation de ces maladies dépend plus grande espérance de vie après 65 ans.
évidemment du critère retenu :   L’outil de définition des maladies (formule
• Si l’on s’intéresse à la mortalité, maladies MDRD ou formule de Cockcroft) change
cardio-vasculaires et cancers sont au pre- rapidement le nombre de cas d’insuffisance
mier plan. rénale des sujets âgés.
• Si l’on s’intéresse à la perte d’autonomie et
au coût pour la société, la maladie d’Alzhei- 3° Les affections de longue durée :
mer a la vedette. l’exonération du ticket modérateur peut
• Si l’on s’intéresse seulement à la préva- s’obtenir du fait de la présence d’une affec-
lence des affections douloureuses de l’ap- tion figurant sur la liste des 30 ALD ou
pareil locomoteur, le paracétamol est le d’une affection hors liste ou d’une situation
médicament le plus consommé en France. de polypathologie responsable de perte

56 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Domaines, champs et spécificités de l’activité gériatrique •
d’autonomie. Elle concerne plus de 8 mil- souvent réversible lorsque la maladie aiguë
lions de personnes avec plus d’1 million de est guérie sans séquelle (état fébrile, infarc-
nouveaux cas par an. Près des 2/3 d’entre tus du myocarde…). Mais la réversibilité
elles concernent des affections dont l’âge peut n’être que partielle (accident vascu-
moyen et l’âge d’entrée sont supérieurs à laire cérébral, fracture…). L’essentiel est de
65 ans. Environ 1/3 des personnes âgées à retenir qu’une perte d’autonomie peut être
70 ans est en ALD. réversible ce qui est évidemment important
Cette classification ALD/non ALD est loin pour les actions de prévention secondaire
d’être parfaitement objective. Un certain et tertiaire. Lorsque l’entrée dans la perte
nombre de patients âgés qui bénéficient d’autonomie est progressive, elle apparaît
d’une couverture complémentaire par leur très habituellement après une phase de fra-
mutuelle n’ont pas nécessairement déclaré gilité. La fragilité décrit précisément un état
leur ALD. Les décisions gouvernementales d’équilibre précaire avec un risque de dés-
peuvent faire varier notablement le chiffre tabilisation, une sorte d’état intermédiaire
des ALD. Il en est ainsi de la suppression entre la robustesse et la perte d’autonomie.
récente de l’hypertension artérielle sévère Si la définition garde des contours flous, il
du champ des ALD qui pourrait en faire s’agit déjà d’un concept opérant, surtout
baisser le chiffre de plus d’1 million. dans le domaine de la prévention où il déter-
mine des stratégies de soins spécifiques. La
4° La fragilité, porte d’entrée vers la perte définition la plus unanime est empruntée à
d’autonomie : certains libellés d’ALD com- Campbell et Buchner avec « une réduction
portent la notion de perte d’autonomie multi-systémique des aptitudes physiolo-
pour prétendre à l’exonération du ticket giques limitant les capacités d’adaptation au
modérateur, d’autres non. Les liens entre stress ou au changement d’environnement
maladie et perte d’autonomie sont variés ou une vulnérabilité liée à une diminution
et complexes. La perte d’autonomie résulte des réserves physiologiques propres de l’in-
d’une interaction entre un état de santé dividu ». L’approche la plus cohérente et la
donné et des facteurs environnementaux. plus articulée pour aborder la fragilité a été
On conçoit qu’une perte d’autonomie puisse élaborée par Fried. Cinq caractéristiques du
provenir de la coexistence d’un environne- « phénotype de fragilité » ont été établies :
ment particulièrement défavorable comme faiblesse musculaire, asthénie, activité phy-
par exemple la perte d’un proche et d’un sique réduite, lenteur de la marche et perte
vieillissement altéré par un état pathologique de poids involontaire au cours de la dernière
mal défini. On envisage mal qu’une personne année. Les personnes qui présentent au
strictement normale puisse basculer dans moins trois de ces caractéristiques sont qua-
une perte d’autonomie du fait seulement lifiées de fragiles, tandis que l’on considère
de conditions sociales défavorables sauf si il « pré-fragiles » celles qui n’en présentent
existe un relais telle qu’une personnalité dite qu’une ou deux. Les personnes considérées
fragile ou d’un état dépressif. L’entrée dans comme fragiles sont plus à risque de chuter,
la perte d’autonomie peut être brutale ou de développer des limitations fonctionnelles
progressive.Toute maladie aiguë ne permet- au niveau de la mobilité, d’être hospitalisées
tant plus de bouger entraîne par définition et de décéder dans un délai de trois ans.
une perte d’autonomie. Celle-ci est le plus Selon Fried, la notion de réversibilité est

57
limitée au stade de pré-fragilité et de fragi-
lité mais n’existe plus au stade de la perte
il n’existe pas de donnée
d’autonomie. Ceci diffère donc notablement
de la perte d’autonomie apparue lors d’une
française permettant
affection aiguë. Bien évidemment, les deux
modèles peuvent se cumuler. Ainsi, 2/3 des
de définir le nombre
premières entrées dans la perte d’autono-
mie chez les personnes âgées se produisent
de personnes âgées
à l’occasion d’un épisode aigu. En cas de
récupération, la deuxième entrée dans la
fragiles…
perte d’autonomie ne se fait plus que dans
1/3 des cas sous forme d’un épisode aigu. 5° La perte d’autonomie : là encore,
Une autre présentation de la fragilité est le plus simple est probablement de consi-
celle de Rockwood qui décrit un score dérer qu’une personne ayant perdu son
de fragilité en 7 points. Il comprend des autonomie (après 60 ans car avant, c’est une
éléments neuro-psychiques peu pré- autre législation qui s’applique), est une per-
sents dans le score de Fried et surtout, sonne qui a obtenu une Allocation de Perte
il continue à s’appliquer aux sujets ayant d’Autonomie (APA) ! Cette catégorisation
perdu leur autonomie (stade 5 et plus). est critiquable car certaines personnes
En effet, la fragilité favorise l’aggravation âgées aisées ne demandent pas nécessaire-
de la perte d’autonomie et notamment ment cette allocation et certains Conseils
l’altération des fonctions qui n’étaient pas Généraux sont plus ou moins rigoureux
précédemment atteintes. Dans le schéma pour attribuer l’APA dans les cas limites. La
de Rockwood, la prise en charge des mala- législation fiscale en vigueur change aussi
dies conduisant à une fragilité, y compris considérablement les choses puisque la
au stade de perte d’autonomie partielle, Prestation Spécifique Dépendance (PSD),
est un élément essentiel de prévention ancêtre de l’APA qui était récupérable sur
tertiaire pour ralentir ou éviter la progres- succession, ne concernait que 400 000 per-
sion de la perte d’autonomie. sonnes alors que l’APA, non récupérable sur
Le système de santé français prévoit, pour succession, concerne 1 200 000 personnes.
les USLD et les EHPAD accueillant par L’APA est attribuée au vu d’une mesure de
définition des personnes ayant perdu tout l’autonomie par une grille AGGIR cotée de
ou partie de leur autonomie, une alloca- 1 à 6. Seuls les niveaux 1 à 4 ouvrent droit
tion budgétaire forfaitaire basée sur une à l’APA avec une dégressivité en fonction
évaluation périodique des besoins de soins du niveau d’autonomie et une atténuation
médico-infirmiers des résidents appelée financière selon le niveau de ressources.
«évaluation PATHOS», dont les modalités L’APA est versée à des personnes âgées
font l’objet de critiques mais dont le prin- vivant schématiquement pour moitié à
cipe est assez consensuel. domicile et pour moitié en institution. Mais
Quelle que soit la définition de la fragi- le niveau moyen de perte d’autonomie est
lité, il n’existe pas de donnée française plus élevé en institution. La quasi-totalité
permettant de définir le nombre de per- des bénéficiaires de l’APA sont aussi por-
sonnes âgées fragiles. teurs d’une affection de longue durée.

58 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Domaines, champs et spécificités de l’activité gériatrique •
6° La fin de vie : au niveau d’une population, épidémiologique de ces descripteurs glo-
il ne peut s’agir que d’une vérité statistique baux est indubitable dans la mesure où ils
car on ne peut pas prédire l’avenir ! Ainsi, peuvent justifier des allocations de moyens,
pour la tranche d’âge de 85 à 90 ans, l’espé- des orientations vers des actions de pré-
rance de vie moyenne est de 5 ans.A l’éche- vention, de traitement curatif ou de choix
lon d’un individu, il existe un ensemble de palliatifs. Mais, maniés sans une réflexion
symptômes correspondant à un ou plusieurs étiologique sur le pourquoi des événements,
états pathologiques irréversibles qui laissent ils peuvent représenter une perte de chance
augurer une issue fatale prochaine dans une individuelle et encore plus une perte durable
échelle de temps habituellement située en de chance pour la recherche clinique en
semaines ou en mois. Cette phase terminale gériatrie, comme on le reverra.
représente la majorité mais non la totalité
de l’activité des soins palliatifs qui peut aussi Iii – Un paysage en mutation
concerner des maladies graves évolutives
non terminales. Le nombre des lits dans les Les maladies changent de visage avec la
unités de soins palliatifs (1 200 lits en 2010) et transformation d’affections létales en affec-
des lits dédiés aux soins palliatifs hors unités tions chroniques, tels que le cancer… Mais
(4 800 lits en 2010) reste assez modeste au on assiste aussi, avec l’âge, à côté des mala-
regard des 500 000 décès annuels en France. dies chroniques invalidantes, au vieillisse-
On constate cependant que 100 000 décès ment des handicapés adultes. Les tentatives
se situent dans des maisons de retraite, que d’unification de la loi 2005 entre ces deux
36 000 patients sont envoyés depuis ces mai- catégories sont actuellement abandonnées.
sons de retraite vers l’hôpital pour y assu-
rer les soins des derniers jours ou semaines Face à cette mutation, la dépendance est
et que 30 000 séjours d’hospitalisation à devenue une préoccupation majeure des
domicile sont consacrés à cette activité. Ces pays industrialisés. On conçoit l’importance
chiffres non négligeables doivent être tempé- respective de la prévision par une épidémio-
rés du fait qu’un certain nombre de décès ne logie contributive, de la prévention par la
concernent pas les soins palliatifs, les décès mise à disposition du plus grand nombre des
rapides par exemple. Cette activité de soins avancées médicales et de la compensation
palliatifs s’est incontestablement structurée pour y répondre avec efficacité qu’elle soit
dans les 10 dernières années, même s’il reste humaine, technique ou financière.
encore beaucoup à faire pour obtenir partout
des soins optimaux en termes de qualité. La tarification à l’activité (T2A) est entrée
dans les pratiques depuis plusieurs années
7° Limites de la segmentation : il dans le MCO. La discipline gériatrique fait
existe une tendance, parmi les géronto- preuve d’une grande vigilance afin de veiller
logues non-médecins et même parmi les à une juste valorisation des pathologies trai-
gériatres, à caractériser d’abord les individus tées. La T2A étant prévue aussi pour le SSR,
par ces descripteurs globaux (fragilité, perte il faut être attentif à la bonne valorisation des
d’autonomie, fin de vie…) et considérer actes pratiqués dans le SSR spécialisé « géria-
comme presque accessoire une caracté- trique » afin de ne pas mettre en difficulté ce
risation diagnostique classique. L’intérêt dispositif essentiel de la filière de soins.

59
De nouvelles agences ont été mises en Certains y ajoutent une prévention quater-
place ces dernières années. Deux d’entre naire qui est en fait l’accompagnement.
elles, la Caisse Nationale de Solidarité pour
l’Autonomie (CNSA), créée en 2004, et • En prévention primaire, le nombre
l’Agence Nationale de l’Évaluation et la qua- de maladies existant déjà à 70 ans pour-
lité des Établissements et services Sociaux rait laisser penser qu’il n’y a plus grand-
et Médico-sociaux (ANESM), créée en 2006 chose à faire. En fait, cette vision est assez
apportent, dans leurs champs de compé- pessimiste. Par exemple, les vaccinations
tence respectifs, une contribution utile à la continuent à connaître un grand succès,
réflexion, à l’organisation et à l’action. notamment le vaccin antigrippal. La pro-
motion de l’activité physique et d’une ali-
L’installation des ARS qui représentent main- mentation équilibrée intéresse un nombre
tenant un guichet unique favorise l’émer- croissant de seniors. L’utilisation des nou-
gence d’initiatives territoriales ou de théma- velles technologies d’information et de
tiques spécifiques concernant la santé et la communication (NTIC) pour créer du lien
prévention. social (tablettes, réseaux sociaux) ou de la
simulation cognitive (jeux en ligne,Wii) fait
Mais au-delà de ces mutations, il faut réflé- son irruption dans un domaine que l’on
chir à l’adaptation du système de santé pour croyait dévolu aux seuls adolescents.
répondre à des besoins nouveaux, dans un
contexte caractérisé par une démographie • La prévention secondaire, qui suppose
médicale bien fragile… Ainsi est-il nécessaire un diagnostic précoce, voire un dépistage
de repenser l’articulation entre la préven- et un éventuel traitement plus ou moins
tion, le sanitaire et le médico-social, mais contraignant, pose des problèmes d’accep-
aussi entre la ville et l’hôpital, sans oublier tabilité, notamment après 75-80 ans. Par
de promouvoir l’éducation thérapeutique. exemple, l’arrêt à cet âge des campagnes
de dépistage généralisé du cancer du sein
Iv – Les champs d’activités par mammographie et du cancer colorectal
de la gériatrie par Hémocult, a été trop souvent interprété
par les patients, voire par certains méde-
Ils concernent la prévention, les traitements cins, comme synonyme d’inutilité de ces
curatifs classiques et ceux basés sur la fonc- examens passé 75 ans. Il faut répéter que
tion et, enfin, l’accompagnement. l’espérance moyenne de vie à 80 ans est de
10 ans et qu’il n’y a donc aucune raison, en
1° La prévention est pratiquement sépa- l’absence d’une maladie létale à court terme,
rée en 3 stades : de renoncer à diagnostiquer précocement
• Primaire, visant à diminuer le risque d’appa- un cancer du colon ou du sein.
rition de nouveaux cas d’une maladie. La généralisation des traitements efficaces
• Secondaire, visant à empêcher ou retarder des principaux facteurs de risque vascu-
l’apparition d’une maladie par un diagnostic laire (hypertension artérielle, dyslipidémie)
et un traitement précoce. a considérablement fait reculer la mortalité
• Tertiaire, visant à empêcher l’incapacité et/ cardio-vasculaire précoce.
ou la récidive d’une maladie. La prévention des fractures, longtemps

60 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Domaines, champs et spécificités de l’activité gériatrique •
parente pauvre de la prévention, fait l’objet éventuelle. Dans cette démarche, le patient
d’un regain d’intérêt, avec des traitements lui-même (ou à défaut la personne de
retard qui facilitent l’observance par rap- confiance, l’aidant principal et l’équipe soi-
port aux traitements quotidiens. gnante) a toute sa place. Le médecin pri-
vilégie trop souvent ce qui lui paraît vital
• La prévention tertiaire est le grand pour le malade alors que souvent le patient
triomphe de la médecine du XXe siècle. préférerait ce qui lui assurerait une meilleure
Les personnes sont porteuses des mêmes autonomie voire un meilleur confort.
maladies que durant la période mais le dia-
gnostic est plus précoce avec une nosologie 3° La médecine curative basée sur
plus précise et, au cours du vieillissement, à le fonctionnement : le classique schéma
maladie égale, la perte d’autonomie est plus de WOOD, séparant déficience, inca-
tardive avec une augmentation parallèle de pacité et handicap, s’est complété de
l’espérance moyenne de vie et de l’espé- la CIF (Classification Internationale du
rance moyenne de vie sans incapacité. Fonctionnement du handicap et de la santé).
L’amélioration spectaculaire du pronostic de Finalement, ce qui réunit le plus grand nombre
l’infarctus du myocarde à la phase aiguë et de personnes âgées, c’est la volonté de garder
la standardisation d’un traitement préventif le plus possible les fonctions d’une personne
des récidives font qu’il y a de plus en plus de d’âge moyen. Il y a encore beaucoup à faire
coronariens parmi les personnes âgées mais pour que l’activité gériatrique intègre une
que la morbidité (insuffisance cardiaque) et analyse des fonctions pour un patient à inter-
la mortalité sont de plus en plus tardives. valles réguliers et la définition d’un projet
thérapeutique individualisé incluant stimula-
2° Les traitements curatifs classiques : tion, rééducation, assistance technologique
les progrès réalisés en matière de prise en et assistance humaine. La Société Française
charge, médicale, chirurgicale et anesthé- des Technologies pour l’Autonomie et de
sique sont considérables et particulièrement Gérontechnologie (SFTAG) a cet objectif à
dans les deux grands domaines que sont la moyen terme.
pathologie cardio-vasculaire et le cancer. Il
n’en reste pas moins que tous les problèmes 4° L’accompagnement des maladies
ne sont pas résolus et que, lorsque les per- chroniques
sonnes vieillissantes abordent les dernières C’est une nécessité. En effet, la médecine
années de la vie, l’accumulation des patho- dans l’état actuel de ses connaissances
logies aboutit à une multiplication des trai- ne peut pas guérir certaines pathologies,
tements (polymédication) dont les résultats en particulier les maladies dégénératives.
et les risques deviennent problématiques. Dès lors, comment soigner des personnes
Il existe des listes de médicaments inap- malades et non des maladies ? Comment
propriés à éliminer en priorité. Mais la dé- passer d’une médecine de soins lorsque la
prescription des médicaments inappropriés médecine de guérison est inaccessible, en
ne connaît pas de procédure bien établie à donnant tout leur sens aux verbes réhabili-
ce jour. A cet effet, il est nécessaire d’arri- ter, améliorer, soulager, pallier ?
ver à une réflexion sur la hiérarchisation Si les aspects médicaux demeurent détermi-
des pathologies et sur une dé-prescription nants, les caractéristiques familiales, sociales

61
et environnementales doivent être prises Prévenir ces situations de crise représente
en compte dans l’évaluation qui est faite de un objectif important. C’est parvenir à
chaque situation. De plus, une écoute parti- informer les aidants des offres de répit, les
culière doit permettre de recueillir l’avis de persuader d’y avoir recours, mais égale-
la personne sur l’organisation à mettre en ment d’inventer des formules diversifiées
place. C’est de cette analyse que résulte la qui répondent à la diversité des situations
décision de maintenir la personne âgée dans et des besoins.
le cadre de vie habituel avec un soutien sous
forme d’un plan d’aide ou bien de la placer L’épuisement est également fréquent chez
en institution. les aidants professionnels. Manque de
Les différents dispositifs sanitaires et moyens, manque de formation, manque
médico-sociaux en place contribuent soit d’écoute, voire même sentiment d’aban-
au soutien à domicile des personnes, soit à don ressortent souvent de leurs propos. Le
leur orientation en institution. Il convient de soignant peut ainsi s’installer dans un stress
bien les connaître sur le secteur d’exercice, chronique de longue durée, si l’encadrement
de tisser des liens fonctionnels avec eux, afin ne prend pas en compte cette situation et
de faciliter les échanges dans une dynamique s’il ne répond pas par des actions d’écoute
adaptée. Dans tous les cas, la pluridiscipli- et de formation.
narité doit caractériser la prise en charge.
5° L’accompagnement de fin de vie
L’entourage familial risque d’être confronté représente une étape supplémentaire dans
aux conséquences engendrées par une situa- la hiérarchisation des problèmes et la dé-
tion devenue chronique. Il faut s’interroger prescription puisque cette fois-ci toute
sur les manières de les prévenir. Préserver exploration diagnostique et toute théra-
les capacités de la personne, ne plus l’évaluer peutique dont l’objectif serait différent de
à l’aune de ses pertes, susciter et favoriser la recherche d’un confort et d’une sérénité
les échanges devrait permettre de faciliter maximale deviennent inopportunes. Le fait
la vie des aidants. de se centrer sur cette seule prise en charge
Rares sont les aidants qui sont préparés au palliative en renonçant à tout le reste peut
rôle qui leur est assigné. Une détresse, un aboutir, de manière paradoxale, à des allon-
sentiment d’impuissance ou encore un sen- gements de l’espérance de vie même si cet
timent de culpabilité sont souvent notés ce objectif n’était pas celui qui était visé.
qui les conduit parfois à refuser les aides qui
leur sont offertes. Mais cet engagement, selon V – Spécificités de la gériatrie
son intensité et sa durée, risque d’entraîner
des conséquences sur leur santé : asthénie 1 - Interdisciplinarité entre la médecine
et stress chronique, troubles cardio-vascu- et les sciences humaines.
laires, troubles du sommeil, dépression, alcoo- L’exercice de la gériatrie ne peut mécon-
lisme, report de ses propres soins médicaux, naître la gérontologie. Il est essentiel, pour
consommation majorée de psychotropes et poursuivre dans une dynamique de progrès,
risque de mortalité accrue.Aussi le médecin que la gériatrie et les différentes disciplines
se doit-il d’avoir un double regard : sur la per- des sciences humaines et sociales colla-
sonne malade et sur son entourage. borent plus étroitement pour aboutir à une

62 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Domaines, champs et spécificités de l’activité gériatrique •
considération globale de la personne âgée vieillesse en passant par la nécessaire accep-
dans son parcours de vie. Ainsi, les apports tation de la différence des âges et réintégrer
de la démographie, de la psychologie, de la vieillesse dans le cycle de vie. Les actions
la sociologie, du droit facilitent la compré- inter-générationnelles contribuent à ce tra-
hension des phénomènes observés condui- vail de fond. En cultivant le lien social, elles
sant alors à des actions plus construites facilitent la reconnaissance de l’autre, luttent
et donc plus pertinentes. Cette approche contre l’isolement et assurent la transmis-
globale interdisciplinaire demande un effort sion des savoirs et de l’expérience, tous ces
constant qui s’avère contributif. aspects étant l’expression de la solidarité
entre les personnes.

Espérer changer 2 - Complexité, réseaux de soins


et éducation thérapeutique.
radicalement Plusieurs situations pratiques reflètent cette
réalité de terrain :
les représentations sociales • Une maladie chronique et ses conséquences
sur l’organisation familiale et l’environne-
de la vieillesse semble ment social
• D es troubles cognitifs associés à des
tout à fait utopique troubles du comportement générant des
situations de dangerosité pour la personne
mais aussi pour l’entourage.
Un exemple habituel de cette contribu- • Une personne malade isolée, éloignée de sa
tion est celui de l’étude des représentations famille ou sans famille
sociales de la vieillesse. Notre société véhi- • Les situations de maltraitance
cule encore, trop souvent, une vision néga- • La réticence de la personne malade ou des
tive de la vieillesse : maladie, dépendance, aidants à être aidés avec une opposition à
solitude, régression… D’un point de vue cette notion d’aide alors qu’une solution est
économique, les retraités sont trop souvent accessible pour résoudre la problématique
décrits comme une charge, en raison de leur • Le conjoint âgé et fragile d’une personne
non-productivité alors qu’ils sont et restent malade
des consommateurs. Enfin, au niveau collec- • La présence de plusieurs aidants expri-
tif, ne qualifie-t-on pas le vieillissement de mant des avis nuancés voire même
la population de «bombe à retardement », contradictoires
venant entraver le bon fonctionnement des
dispositifs de protection sociale ? Plusieurs dispositifs sont à la disposition du
Espérer changer radicalement les représen- praticien pour l’aider dans la gestion de ces
tations sociales de la vieillesse semble tout à situations complexes avec en particulier
fait utopique. Par contre, tenter de faire évo- les réseaux de santé et les coordinations
luer les représentations sociales représente gérontologiques.
un objectif plus réaliste. Pour y parvenir, La mise en place des MAIA correspond
plusieurs préconisations sont habituellement très exactement à la prise en compte de
proposées. Il faut redonner une place à la ces situations complexes par la réalisation

63
de l’intégration des services et ce d’autant à caractériser correctement leurs patients
plus que ce dispositif n’est plus réservé à en les faisant rentrer dans des cadres noso-
la maladie d’Alzheimer mais s’adresse à la logiques basés sur des mécanismes physio-
dépendance en général. pathologiques. Par exemple, les sujets ayant
L’éducation thérapeutique s’applique aux une altération de la marche doivent avoir
maladies chroniques. Son objectif est d’aider des explorations complètes de leur équi-
les personnes malades et leur entourage à libre et de leur système nerveux périphé-
comprendre la maladie et ses traitements, à rique. Les patients se plaignant d’insomnie
coopérer avec les soignants et à améliorer doivent bénéficier d’une caractérisation plus
leur qualité de vie. Si les grandes patholo- précise par une polysomnographie,… Ces
gies comme le diabète ou l’hypertension explorations ne sont peut-être pas indispen-
artérielle se prêtent bien à ce type d’exer- sables en l’état mais comment progresser
cice, la logique voudrait que l’on envisage en sur l’épidémiologie de ces troubles et sur la
gériatrie une éducation thérapeutique ciblée possibilité de définir et d’évaluer des théra-
sur la polypathologie avec l’implication de peutiques ciblées ?
l’entourage familial. La gériatrie est arrivée à un stade de matu-
rité mais elle n’a pas fini son chemin ! Il nous
3 - Particularités de la recherche semble que l’étape suivante serait de parve-
en gériatrie et conséquences nir à intéresser un plus grand nombre de
sur l’organisation des soins. spécialistes d’organe au démembrement
Il n’est pas abusif de dire que la polypatholo- des pathologies, à la prise en compte des
gie et la recherche clinique ne font pas spon- situations de polypathologie complexe et
tanément bon ménage. Des progrès timides à l’élaboration de protocoles de recherche
mais indiscutables de la part des promoteurs clinique à leur appliquer avec les gériatres. Il
publics et privés de la recherche clinique ne faut pas se bercer d’illusions : la prise en
ont été enregistrés avec l’inclusion de per- charge au quotidien de ces patients restera
sonnes âgées et très âgées dans des études quasi exclusivement l’apanage des gériatres
de cohorte et des études interventionnelles mais susciter l’intérêt intellectuel des spécia-
sur certains thèmes (Alzheimer, pathologies listes d’organe et ouvrir un champ pour des
thrombo-emboliques, ostéoporose frac- publications scientifiques dans ces domaines
turaire notamment). Mais dans beaucoup est une voie hautement souhaitable.
d’autres cas, il faut que les promoteurs et
les gériatres fassent encore des efforts pour Les exemples de coopération se déve-
se rapprocher. loppent : les premiers ont été ceux de
Les premiers doivent admettre que la com- la neurogériatrie autour des démences
plexité de la polypathologie gériatrique doit et de l’oncogériatrie avec les initiatives
être regardée en face comme une réalité de l’INCA (Institut National du Cancer).
incontournable. Il ne sert à rien de rester Toutes les structures gériatriques ont
bloqué exclusivement sur des schémas de vocation à prendre en charge la polypa-
monopathologie de la cinquantaine. Si une thologie associée au vieillissement. Mais il
maladie a une prévalence maximale à 85 ans, serait souhaitable d’organiser des unités
il faut faire les essais les plus larges à 85 ans. plus spécialisées dans la prise en charge
À l’inverse, les gériatres doivent s’astreindre de quelques pathologies. Là encore, les

64 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Domaines, champs et spécificités de l’activité gériatrique •
premiers exemples sont les unités cognitivo- de la filière gériatrique labellisée» les éta-
comportementales pour les déments ayant blissements et structures associés à la
des troubles du comportement et les filière gériatrique,
unités d’oncogériatrie. Bien évidemment, - prendre en compte le vieillissement des
ces patients peuvent y être traités pour patients dans les services non gériatriques,
toutes les comorbidités mais ces unités ont - développer la coordination entre tous les par-
pour vocation de caractériser au mieux les tenaires, tout au long du parcours du patient,
patients autour de la pathologie considérée - disposer en nombre et en qualification des
et d’élaborer avec les spécialistes les pro- femmes et des hommes pour animer cette
tocoles les mieux adaptés pour la prise en politique gérontologique.
charge de la pathologie en cause et pour Sa mise en œuvre s’appuie entre autres
une recherche clinique de qualité. Quand sur la circulaire 2007 relative aux « filières
ces unités ne sont pas situées à proximité de soins gériatriques » et sur la circulaire
des services de la spécialité considérée, les (2007) « référentiel d’organisation national
déplacements du patient et parfois aussi des réseaux de santé personnes âgées ».
ceux du spécialiste doivent être strictement
limités aux cas où cela est nécessaire ! Sur Le plan « Solidarité grand âge » (2006)
ce sujet, la télémédecine doit prendre toute Ce plan s’adresse aux personnes les plus
sa place. âgées en perte d’autonomie ou dépendantes.
Il prévoit, en particulier, de faciliter leur vie
4 - Les liens avec les Plans de Santé à domicile pour leur donner le libre choix
Publique et les différents rapports de rester chez elles en développant les ser-
Plusieurs plans et rapports, directement ou vices de soins et d’aide à domicile, d’inventer
indirectement en lien avec le vieillissement, la maison de retraite de demain avec une
ont été publiés et appliqués ces dernières palette de services diversifiés et d’adapter
années. Ils témoignent de l’importance l’hôpital aux personnes âgées vulnérables en
accordée aux problèmes résultant de l’avan- structurant les filières gériatriques.
cée en âge. Ces initiatives tentent d’apporter
des réponses aux nombreuses questions, Le plan relatif aux «métiers» (2008)
souvent complexes, qui se posent dans la Actuellement, environ 900 000 profession-
pratique quotidienne. nels paramédicaux et sociaux travaillent au
service de la dépendance, à domicile ou en
Le rapport « un programme établissement. Quatre priorités caractérisent
pour la gériatrie » (2006) ce plan : faciliter l’identification des besoins
Il énonce 20 recommandations et 45 mesures au niveau régional et national en élaborant
pour atténuer l’impact du choc démogra- des diagnostics, recruter en faisant connaître
phique gériatrique sur le fonctionnement les métiers du médico-social, développer
des hôpitaux dans les 15 ans à venir et vise une ingénierie pour les formations adap-
5 objectifs : tées, valoriser en permettant une meilleure
- créer un label « filière gériatrique » pour attractivité de ces métiers et en garantissant
chaque établissement de santé siège d’un leur professionnalisation. Les financements
service d’urgences, pour un montant global d’un milliard cent
- faire contractualiser en tant que « partenaires dix-huit millions d’euros sont assurés par

65
l’État, par les Régions, par des employeurs à son terme, il sera poursuivi dans les années à
publics ou privés et par la CNSA. Ce plan venir afin de tenter de rendre pérenne cette
devrait permettre la création d’environ démarche de prévention.
400 000 emplois supplémentaires.
Le plan national d’action concerté
Il faut rappeler ici la loi Borloo de 2005, rela- pour l’emploi des seniors (2006-2010)
tive aux services à la personne dont le but est L’amélioration du taux d’emploi des
de faire évoluer des « petits boulots » vers de seniors devient un enjeu majeur en terme
vrais métiers en structurant l’offre, en déve- de cohésion sociale, de croissance et
loppant le chèque emploi service universel de viabilité des systèmes de protection
(CESU) et en professionnalisant les métiers. sociale. Ce plan propose cinq objectifs :
faire évoluer les représentations sociocul-
Le plan d’amélioration de la qualité de turelles, favoriser le maintien dans l’emploi
vie des personnes atteintes de maladies des seniors, favoriser le retour à l’emploi
chroniques (2007-2011) des seniors, aménager les fins de carrières
On estime qu’en France 15 millions de per- et assurer un suivi tripartite dans la durée.
sonnes, soit près de 20 % de la population, Le plan national d’actions concerté sou-
sont atteintes de maladies chroniques ayant haite mettre fin aux formules de prére-
un retentissement sur leur vie quotidienne. traite, lutter contre la discrimination liée
Ce plan concerne toutes les personnes pré- à l’âge et renforcer l’employabilité des
sentant une maladie chronique dont les seniors. Depuis la publication de ce plan,
personnes âgées. Quatre objectifs sont à l’âge de la retraite a été repoussé.
distinguer : mieux connaître sa maladie pour
mieux la gérer, élargir la pratique médicale Le Programme National Nutrition
vers la prévention, faciliter la vie quotidienne Santé (PNNS)
des personnes malades, mieux connaître les Au-delà des cinq fruits et légumes par
conséquences de la maladie sur leur qualité jour, le programme 2006-2010 s’est tout
de vie. Grâce aux mesures proposées, on particulièrement intéressé, pour les per-
peut attendre une plus grande implication sonnes âgées, aux aspects nutritionnels
des patients dans la gestion de leur maladie, et aux situations de dénutrition. Le troi-
une prévention des complications et une sième programme, qui vient d’être publié
réduction des incapacités engendrées. (2011-2015), propose la poursuite des
objectifs nutritionnels, la promotion de
Le plan national « Bien vieillir » l’activité physique pour tous, le renforce-
(2007-2009) ment du dépistage et de la prévention de
Le plan national « Bien vieillir » (2007-2009) la dénutrition.
s’adresse lui aux «seniors» et plus particulière-
ment aux personnes âgées de 55 à 70 ans dans Le Plan Alzheimer (2008-2012)
une démarche de prévention. Ce plan se pro- Ce troisième plan met l’accent sur la
pose de donner à la prévention en gérontologie recherche et prend en compte le binôme
les moyens nécessaires à son développement et «aidant-aidé», en s’efforçant d’améliorer
de permettre au plus grand nombre de vieillir la qualité de vie de la personne malade et
dans les meilleures conditions possibles.Arrivé de son entourage familial, par différentes

66 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Domaines, champs et spécificités de l’activité gériatrique •
mesures : un accès facilité au diagnostic, Le rapport « 13 mesures pour améliorer
une optimisation du parcours de soins, une la prise en soins des résidents en EHPAD »
amélioration de l’accueil en établissement, (2009)
une valorisation des compétences des pro- énonce 13 mesures visant à faciliter la mise
fessionnels… Le financement total du plan en œuvre de la démarche qualité au sein
est d’un milliard six cents millions d’euros des EHPAD. Les deux décrets d’application
dont un milliard deux cents millions d’eu- de ces mesures (Décret n° 2010-1731 du
ros pour le médico-social. Il faut souligner 30 décembre 2010 relatif à l’intervention
l’intérêt de ces mesures visant à décloison- des professionnels de santé exerçant à titre
ner le sanitaire et le médico-social afin de libéral dans les établissements d’héberge-
répondre de manière plus coordonnée aux ment pour personnes âgées dépendantes et
différents besoins des malades. C’est le but décret n° 2011-1047 du 2 septembre 2011
des Maisons pour l’Autonomie et l’Intégra- relatif au temps d’exercice et aux missions du
tion des malades Alzheimer (MAIA) qui médecin coordonnateur) ont été complétés
ont une porte d’entrée unique et au sein par l’Arrêté du 5 septembre 2011 relatif à
desquelles exerceront les gestionnaires de la commission de coordination gériatrique.
cas. Après une expérimentation lancée en
2008, le nouvel appel à projets permet de Le rapport « Vivre chez soi »
modéliser 40 MAIA supplémentaires. (Nora BERRA) (2010).
Parmi les plans de santé publique, figurent Plus de 90 % des personnes âgées de plus de
aussi le Plan national de lutte conte la 60 ans vivent à domicile et l’immense majorité
douleur (2006-2010), le Plan de dévelop- d’entre elles souhaite demeurer chez eux le
pement des soins palliatifs (2008-2012), plus longtemps possible. Ce rapport est une
le Plan en faveur des personnes sourdes approche sociétale et environnementale de la
ou malentendantes (2010-2012). Dans le vie à domicile. Six volets d’action ont été iden-
même esprit, plusieurs députés viennent tifiés pour une vision globale du « vivre chez
de déposer une proposition de loi visant à soi » : l’habitat, les technologies, la mobilité et
la création d’un plan national en faveur de l’urbanisme, les métiers, la prévention des dis-
la maladie de Parkinson. criminations et l’optimisation des services. Dix-
huit mesures sont proposées pour permettre
Les technologies nouvelles susceptibles de concrétiser le souhait de vivre chez soi.
d’améliorer les pratiques gérontolo-
giques et la vie quotidienne des ma- Le rapport du Haut conseil pour l’ave-
lades âgés et de leur famille (Vincent nir de l’assurance maladie (HCAAM)
RIALLE) (2007). « Vieillissement et dépenses d’assu-
Une extraordinaire créativité se développe rance maladie » (2010)
dans le domaine des technologies d’assis- Il apparaît qu’il faut évacuer de nos repré-
tance, d’information et de communication sentations l’image d’une déferlante du grand
avec la mise à disposition de la télémé- âge qui serait sur le point de submerger
decine, de capteurs biomédicaux et de la le système de couverture solidaire. Mais il
robotique à usage domestique. Des pers- convient aussi, devant la longévité croissante,
pectives de développement sont attendues d’organiser différemment la prise en charge
dans le domaine de la gérontologie. des personnes fragiles et polypathologiques.

67
Le grand âge met en évidence une trans- inadaptée et pouvant réaliser des dou-
versalité insuffisante autour de chaque blons. Une perspective pertinente rela-
personne âgée malade. tive à l’évolution des organisations se
Le rapport du Centre d’analyse stra- dessine : de la juxtaposition des services,
tégique « 
Vivre ensemble plus long- à leur coordination et à leur intégration ;
temps » (2010) plaide pour une meil- • des inégalités sociales en santé que le
leure connaissance du phénomène du vieillissement vient accentuer. Si les poli-
vieillissement, car « on devient vieux plus tiques publiques de santé se sont tra-
tard » avec un renforcement de l’éduca- duites par une amélioration de l’état de
tion en santé, la protection et la sécurité santé moyen, parallèlement les écarts
des seniors, un habitat adapté et adaptable sociaux se sont creusés.
et une évolution du système de santé
confronté au défi du vieillissement. Il convient de remarquer que le manque de
transversalité de ces actions et l’absence
Le rapport sur la prise en charge des de suite donnée à certains constats privent
personnes âgées dépendantes (Valé- probablement la collectivité d’avancées
rie ROSSO-DEBORD) (2010) formule plus marquées.
un certain nombre de propositions qui Pour continuer à progresser, l’évaluation
servent de base de réflexion aux quatre des actions conduites représente une
groupes de travail mis en place dans la pratique déterminante afin de qualifier
préparation à la loi « dépendance » et les performances. Cet outil ne s’adresse
dont la synthèse est disponible. pas seulement aux décideurs, mais aussi à
l’ensemble des acteurs de santé.
Le rapport de la mission sur la maltrai-
tance financière à l’égard des personnes Face aux contraintes financières crois-
âgées (Alain KOSKAS) (2011) est une santes, aux exigences de qualité et de
réponse à la progression alarmante des sécurité, aux progrès techniques et à
malversations financières vis-à-vis des l’explosion des demandes de toute nature
personnes âgées vivant à leur domicile et adressées au système de santé, il est plus
en établissement. que jamais nécessaire d’instaurer des pro-
cessus décisionnels rationnels et trans-
Mais il reste encore beaucoup à faire… parents. La culture de l’évaluation doit
Si cette dynamique a permis des amélio- permettre de repousser les méfiances et
rations organisationnelles utiles et béné- les incompréhensions.
fiques au plus grand nombre, il faut cepen-
dant souligner que les efforts doivent être L’intégration du vieillissement dans les
maintenus et poursuivis. En effet, on note politiques publiques demeure le socle d’un
la persistance de : meilleur accompagnement de la perte
• une inégale répartition sur le territoire d’autonomie des personnes âgées. Enfin,
national des dispositifs sanitaires et des actions de valorisation des compé-
médico-sociaux mis à la disposition des tences des seniors doivent être dévelop-
usagers pées pour consolider le lien social entre
• une organisation des services parfois les générations.

68 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Domaines, champs et spécificités de l’activité gériatrique •
Vi - Une réflexion éthique
nécessaire

L’évolution des progrès


médicaux a été specta-
culaire, tout particuliè-
rement ces quarante
dernières années. Le
devoir de technique
est prégnant. A toute
anomalie, la réponse
technique est privi-
légiée. Les hôpitaux
développent des pla-
teaux techniques. A
l’extrême, la mort est
une anomalie que la tech-
nique doit repousser. En droit,
l’obligation de moyens est opposable
à tout médecin.
Cette technicité, dont l’efficience est
appréciée, répond à une médecine d’or-
gane qui, dans bien des cas, ne permet
plus au praticien d’apercevoir la personne
dont ledit organe fait partie. Aussi, comme
le photographe, le professionnel de santé
doit savoir faire un zoom avant pour La réflexion éthique doit être présente au
pénétrer la cellule malade et comprendre quotidien dans toute pratique gériatrique
le mécanisme intime qui explique la mala- hospitalière ou extrahospitalière. Elle
die. Mais il doit ensuite faire systématique- concerne l’ensemble des professionnels
ment un zoom arrière pour redécouvrir la au contact des personnes âgées malades
personne malade dans sa globalité. Est-ce et de leurs familles.
toujours réalisé ?
Que convient-il de faire ? Que faut-il faire ?
La gérontologie et la gériatrie sont à Que ne faut-il pas faire ? Autant de ques-
même d’apporter une contribution pour tions dont les réponses sont souvent dif-
réduire cet écart entre la médecine tech- ficiles lorsqu’une équipe est confrontée à
nique et une approche humaniste de la la maladie, la vieillesse, la dépendance, les
détresse de l’homme âgé malade. L’analyse troubles cognitifs et la mort. La réflexion
de ses besoins médicaux, psychologiques, conduite doit être pluridisciplinaire. Son
sociaux, environnementaux permet, en objet est de construire, à partir de ces
effet, de lui proposer une prise en charge questionnements, des résolutions de
globale. conflits et d’améliorer les pratiques.

69
Au quotidien, l’autonomie de la personne De plus, en cas de survenue d’un accident
doit être respectée et toute prise de de santé, l’organisme âgé peut s’adapter et
décision dictée par le principe de bienfai- même récupérer en développant certaines
sance. Mais des arguments contradictoires de ses facultés grâce à la persistance d’une
rendent bien souvent la situation com- plasticité des organes et à des ressources
plexe : aspects financiers, manifestation de qui demeurent utilisables jusqu’à la fin
conflits résultant de l’attitude de la famille, de la vie et qui permettent de corriger
du voisinage, du médecin traitant… Qu’en en totalité ou en partie un vieillissement
est-il aussi des enjeux éthiques liés aux erratique. Donc, le fatalisme ne doit plus
contraintes budgétaires hospitalières ? être de mise.
La qualité de la vie est bien l’objectif
Conclusion vers lequel les efforts des professionnels
doivent converger : qualité de vie des per-
Sur le plan médical, la perception du vieillis- sonnes qui vieillissent en bonne santé, qua-
sement s’est modifiée. En effet, depuis une lité de vie des personnes qui présentent
quarantaine d’années, l’idée se précise que des incapacités, mais aussi qualité de vie
l’on peut vivre longtemps sans obligatoire- de l’entourage lorsqu’il est devenu aidant.
ment subir les aléas souvent constatés lors
de l’avancée en âge avec de surcroît une Ces objectifs ne peuvent être atteints que
perception positive du vieillissement. C’est si les professionnels sont convaincus de la
ainsi que se sont développées la notion de nécessité d’un travail pluridisciplinaire et
bien-être, puis la notion de satisfaction de en équipe. Il est donc nécessaire de tisser
vie et enfin celle de la qualité de vie perçue. de nouvelles et fructueuses collaborations
Cette dernière n’est plus seulement liée à entre les diverses disciplines contributives.
un état physique mais elle intègre, à juste Mais le travail en équipe signifie aussi dis-
titre, l’implication sociale du sujet dans son cussion et concertation ce qui demande
environnement et le retour positif, évidem- du temps que les organisations ne mettent
ment subjectif, qu’il en perçoit. pas toujours à disposition. ◗

70 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française

L’offre de soins

71
Les spécificités de l’offre
de soins gériatrique
en établissement de santé
Pr Claude JEANDEL
Centre Antonin Balmès - CHU de Montpellier

Afin de répondre aux besoins spécifiques Sans prétendre à l’exhaustivité, trois grandes
des patients « gériatriques », l’offre hospi- catégories de besoins ont pu être identifiées,
talière doit comporter différentes unités que la filière doit être en mesure de prendre
fonctionnelles organisées en filière de soins : en charge :
- pôle d’évaluation pluridisciplinaire : - les hospitalisations non programmables,
consultation gériatrique et/ou hôpital de pour lesquelles les services d’urgence asso-
jour gériatrique, ciés aux équipes mobiles de gériatrie et les
- court séjour gériatrique, courts séjours gériatriques joueront un rôle
- soins de suite et réadaptation appropriés de tout premier plan,
aux patients gériatriques, - les hospitalisations programmables, qui
- équipe mobile de gériatrie, vont mobiliser en première intention, en
- soins de longue durée. fonction de la pathologie observée et du
Ces différents segments d’activité sont pré- niveau de recours nécessaire au plateau
sentés dans ce chapitre et dans le chapitre technique, les services de courts séjours
III « référentiel métier ». gériatriques, les lits de médecine des hôpi-
La filière de soins gériatriques hospitalière taux locaux ou les lits de SSR. Ces hos-
constitue une modalité d’organisation cohé- pitalisations programmées peuvent être
rente et graduée des soins gériatriques sur poursuivies au sein des unités de soins de
un territoire donné et a pour objet de cou- longue durée. Par ailleurs une hospitalisation
vrir l’intégralité des parcours possibles du à domicile ou une HAD en EHPAD peut
patient âgé en tenant compte du caractère prendre le relais.
évolutif de ses besoins de santé et du niveau - les bilans réalisés à froid, qui relèvent
de recours au plateau technique. Elle s’inscrit de l’hôpital de jour ou de la consultation
dans une politique globale de prise en charge gériatrique. Les services de court séjour
des personnes âgées. peuvent le cas échéant être sollicités pour

72 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française

Les spécificités de l’offre de soins
gériatrique en établissement de santé •

des hospitalisations de bilan très courtes au et qu’elle revêt une dimension fonction-
bénéfice de personnes dont l’isolement n’est nelle majeure qui doit se traduire par une
pas compatible avec une prise en charge en amélioration effective de la prise en charge
hôpital de jour. des personnes, une plus grande fluidité de
leur parcours au sein des différentes unités
Au-delà de ces trois grandes catégories, il de soins. L’accompagnement de la sortie
convient d’ajouter l’obligation pour la filière d’hospitalisation doit notamment contri-
d’être en mesure de faire bénéficier les buer à réduire les taux de ré-hospitalisations
patients et les équipes soignantes de l’avis précoces.
gériatrique d’une équipe mobile quel que soit
le service d’hospitalisation demandeur dès La filière a également vocation à prendre en
lors qu’il relève de la zone de couverture de charge les problèmes psychogériatriques. Elle
la filière mais qu’il ne comporte pas en propre doit de surcroît s’articuler avec les structures
de compétence gériatrique. Cette obligation psychiatriques pour la prise en charge des
doit pouvoir être mise en œuvre à toutes les troubles psychiatriques des personnes âgées
phases du séjour, y compris préalablement à afin de proposer un dispositif gradué repo-
une hospitalisation programmée. sant sur les équipes mobiles sectorielles ou
intersectorielles composées de profession-
Au sein de la filière gériatrique les soins nels de la psychiatrie susceptibles d’intervenir
palliatifs doivent être mis en œuvre pour à la demande au sein de la filière.
répondre aux besoins des personnes âgées.
Cette prise en charge doit s’appuyer sur Les partenaires de la filière sont multiples et
le dispositif mis en place dans les régions de compétences diverses. Le rôle d’expertise
en matière de soins palliatifs, en s’appuyant de la filière et sa reconnaissance pour la prise
notamment sur les équipes mobiles et en charge des situations complexes peut favo-
l’unité de soins palliatifs. riser des partenariats et par suite l’organisa-
tion de réseaux de santé « personnes âgées »
La filière doit également organiser l’accom- associant notamment les hôpitaux de jour, les
pagnement et les soins pour les personnes professionnels de ville et les établissements
atteintes de la maladie d’Alzheimer ou de médico- sociaux. Elle joue un rôle dans la
maladies apparentées. diffusion de la culture gériatrique et dans la
formation des personnels des établissements
Il apparaît clairement que la filière géria- de santé voire celle des acteurs extérieurs à
trique ne peut être résumée à la seule jux- l’hôpital intervenant dans les prises en charge
taposition des éléments qui la composent des personnes âgées.

73
Le court séjour
gériatrique
Pr Muriel Rainfray, Faculté de Médecine de Bordeaux,
Université Bordeaux Segalen - chu Bordeaux

Face à la poussée démographique, dans à domicile la logistique permettant la prise


les années 2000, une politique gériatrique en charge et la surveillance correcte de
volontariste a permis de mettre en place pathologies aiguës surtout en cas d’iso-
des unités de court séjour gériatrique dans lement familial et /ou social. En Aquitaine
de nombreux hôpitaux français. Leur voca- par exemple où la population des plus de
tion est d’accueillir les patients de plus de 75 ans représente aujourd’hui 10 % de la
75 ans nécessitant une hospitalisation en population totale, les hospitalisations des
médecine au cours de laquelle les dimen- patients de plus de 75 ans représentaient
sions médicale, psychologique et sociale en 2008 un quart de l’ensemble des hos-
de la personne âgée sont prises en consi- pitalisations mais 74 % des hospitalisations
dération de manière à assurer une prise en traditionnelles dont les deux tiers pour
charge globale, sans se limiter au traitement des motifs médicaux (2). Pour la lisibilité
de la seule pathologie aiguë. de la Gériatrie et la compréhension de
Un rapport de la DRESS en 2008 (1) a ce que cette discipline peut apporter de
montré que le développement de nouveaux plus qu’un service de médecine interne ou
modes de prise en charge hospitalière de médecine polyvalente traditionnelle, il
en France (hospitalisation de jour et de est important de bien définir les critères
semaine, chirurgie ambulatoire, consulta- d’admission des patients :
tions mémoire) a conduit à une diminution • Âgés de plus de 75 ans voire 80 ans
importante du nombre de journées d’hos- • Présentant une ou plusieurs maladies
pitalisation traditionnelle des personnes de chroniques (AC/FA, HTA, diabète, AOMI,
plus de 65 ans entre 1998 et 2004. En dépit diverticulose sigmoïdienne…), des
de cette évolution, les personnes les plus troubles cognitifs ou une polymédication
âgées et les plus fragiles nécessitent tou- • Présentant une fragilité définie par un
jours des séjours hospitaliers traditionnels grand âge, une perte de poids, un ralen-
du fait de la plus grande sévérité des mala- tissement de la marche, une asthénie,
dies survenant sur des terrains précaires une diminution de l’activité physique.
et de la difficulté d’organiser rapidement Ces sujets fragiles s’ils ne présentent

74 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Le court séjour gériatrique •
déjà des difficultés dans la réalisa- patients étant ou non sélectionnés par
tion des activités de la vie quotidienne une équipe mobile.
risquent très fortement de les voir • Enfin, il est parfois possible de créer des
apparaître à l’issue de l’hospitalisation. petites unités au sein de plus grands ser-
vices de Gériatrie spécifiquement dédiées
ET une pathologie aiguë nécessitant une à certaines affections relevant des spéciali-
hospitalisation tés médicales mais posant des problèmes
particuliers chez les personnes âgées :
Les sujets âgés sans comorbidités ni terrain unités Alzheimer, oncogériatrie, néphro-
fragile, qui présentent un épisode médical gériatrie, USI gériatrique…
aigu ne justifient pas d’une hospitalisation • Des lits dédiés aux Soins Palliatifs ont été
en court séjour gériatrique mais peuvent individualisés dans la plupart des unités
être pris en charge dans des services de de Gériatrie et permettent de prendre en
spécialité ou de médecine interne ou charge de manière spécifique les patients
polyvalente. en fin de vie et leurs familles.

Les unités de court séjour Quelles que soient leur configuration et


gériatrique leur histoire, toutes les unités de court
séjour gériatrique doivent être inclues
Les unités de court séjour gériatrique sont
variables dans leurs dimensions, leur situa- Toutes les unités de
tion géographique et leurs projets. Elles
sont situées quasi exclusivement dans les court séjour gériatrique
hôpitaux publics ou PSPH, sous la respon-
sabilité d’un médecin gériatre doivent être inclues
• Les plus anciennes sont les services de
Médecine Interne-Gériatrie, habituelle- dans la filière
ment importants en nombre de lits, créés
il y a fort longtemps par des internistes gériatrique
devenus gériatres et qui ont su consti-
tuer des écoles de Gériatrie, se distin- dans la filière gériatrique et avoir des
guant bien ainsi des services de Médecine relations fonctionnelles bien définies avec
Interne traditionnelle. les urgences, les équipes mobiles, les SSR
• Les plus récentes ont été créées dans avoisinants, les EHPAD, les réseaux de
des CHU ou dans des hôpitaux généraux santé, l’HAD et les SSIAD. L’entrée par les
ayant un service d’accueil des urgences. urgences reste le mode d’entrée à l’hôpital
Il s’agit souvent de petites unités (15- le plus fréquent pour les personnes âgées.
20 lits) accueillant une population fragile
sélectionnée par les équipes mobiles de De ce fait, il est très important que la poli-
gériatrie travaillant aux urgences. tique du court séjour gériatrique vis-à-vis
• Certaines unités sont conçues spécifi- des urgences soit clairement affichée dans
quement comme étant des unités de très l’hôpital pour faciliter la fluidité des filières
court séjour, en aval des urgences ; les de soins qui restent difficiles à réguler dans

75
les hôpitaux de grande taille (3) et assurer qui est particulièrement important dans
la meilleure adéquation possible entre l’état les cas difficiles de recours des familles au
du patient et son lieu d’hospitalisation. contentieux.

Principaux motifs justifiant La place faite au patient et à sa famille :


l’hospitalisation en court Une bonne prise en charge gériatrique
séjour gériatrique : doit avoir le souci de laisser le patient
garder le contrôle sur son état. Pour cela,
• Ce sont les grands syndromes gériatriques : des explications claires et des prévisions
chutes, confusions mentales, déshydrata- sur l’évolution doivent lui être appor-
tions, états hyperosmolaires, mais aussi tées régulièrement, répétées s’il le faut,
beaucoup de pathologies infectieuses (pul- de manière à pouvoir élaborer avec lui
monaires, urinaires), pathologies cardiaques (elle) progressivement un projet de sortie
(décompensations cardiaques, troubles du cohérent. Le respect des choix de vie et
rythme), accidents vasculaires cérébraux l’écoute des difficultés du patient et de sa
et altération de l’état général permettant famille sont des « incontournables géria-
souvent de découvrir cancers ou hémopa- triques ». Parfois obligation est faite de
thies à un stade avancé. s’immiscer plus qu’on ne le voudrait dans
des situations familiales complexes. Les
Particularités de la prise professionnels doivent alors savoir garder
en charge en court séjour la distance nécessaire pour ne pas prendre
gériatrique parti abusivement et respecter les choix
des uns et des autres. Parfois une mesure
Le travail d’équipe pluri-professionnel de protection juridique s’impose. Dans
Base de l’évaluation gérontologique, la pluri- tous les cas, les conseils sur les presta-
disciplinarité est aussi nécessaire en situation tions sociales et les différentes possibilités
aiguë. Les professionnels  les plus habituelle- d’hébergement sont indispensables.
ment rencontrés sont, outre le staff médical
et paramédical habituel (médecin gériatre, Le traitement de l’épisode médical aigu :
cadre de santé, infirmières, aide- soignantes), Prendre en charge la pathologie, revoir l’or-
une psychologue, une assistante sociale et donnance, hiérarchiser les priorités, débuter
souvent un rééducateur : Kinésithérapeute, l’éducation thérapeutique pour les patients
orthophoniste, psychomotricienne, ergothé- cognitivement capables, tous ces aspects
rapeute. Les professionnels se rassemblent sont concomitants. Le travail le plus impor-
une à deux fois par semaine au cours d’un tant durant l’hospitalisation est la révision
staff pour faire une mise au point sur l’état de l’ordonnance qui commence par la véri-
de santé de chaque patient, ses conditions fication des pathologies chroniques traitées
de vie, son état psychologique, son devenir et la nécessité ou non de poursuivre un
possible et les actions qu’il faut mettre en traitement (diabète, HTA…). Les objectifs
place pour y parvenir. Les regards croisés de traitement chez les octogénaires ne sont
des différents professionnels sur les mêmes pas les mêmes que chez les plus jeunes dans
patients permettent une réflexion partagée de nombreux cas car, plus que le contrôle
et des prises de décision communes, ce parfait des indicateurs physiologiques et

76 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Le court séjour gériatrique •
biologiques, le plus important pour le patient souci quotidien de l’équipe paramédicale.
c’est le maintien de la meilleure autonomie Cette prise en charge doit être effectuée
possible, fonctionnelle et mentale, principal en médecine dès l’entrée et non pas seule-
déterminant de la qualité de vie. ment déléguée au SSR car toute hospitali-
sation en court séjour ne relève pas forcé-
Prévention des complications ment d’un transfert en SSR, contrairement
liées à l’hospitalisation : à certaines idées encore trop répandues, et
Lever précoce, rééducation sphinctérienne, que perdre du temps au début de l’hospi-
orientation temporo-spatiale, repérage de talisation peut aboutir à des catastrophes
la dénutrition, entretien musculaire sont le irrécupérables. ◗

Le respect
des choix de vie
et l’écoute des diffi-
cultés du patient et
de sa famille sont des
« incontournables
gériatriques »

Références
• Marie-Claude Mouquet, Philippe Oberlin. L’impact du vieillissement sur les structures de soins à l’horizon 2010, 2020,
2030. DREES Études et résultats. N° 654, août 2008
• ARS. Le vieillissement en Aquitaine. État des lieux régional de la Conférence de Territoire 2011
• D.Somme, F.Yvain, A.Levy , A.Ellrodt, A.Davido, O.St-Jean. Patients âgés de 80 ans et plus admis en urgence.
Caractéristiques et filières de soins. Presse Med 2003 ; 32 :870-5

77
établissements et services
médico-sociaux
Dr Marie-Pierre Hervy (1), Dr Xavier Gervais(2)
Dr Nathalie Maubourguet (3), Dr Stéphan Meyer (4)
,
et Dr Bernard Oddos (5)

Les établissements et services médico- • les Logements-Foyers ou Résidences


sociaux accueillant des personnes âgées pour Personnes Âgées (RPA), les résidences
au sens du code de l’action sociale et des services, et les petites unités de vie (PUV).
familles (art. L. 312-1) sont : • les accueils de jour
« …les établissements et les services qui • les centres de ressources tels que Clic
accueillent des personnes âgées ou qui leur et Maia. 
apportent à domicile une assistance dans Par contre, les services d’aides à domi-
les actes quotidiens de la vie, des prestations cile sont abordés dans le chapitre soins à
de soins ou une aide à l’insertion sociale » domicile
« les établissements…., centre d’infor-
mation et de coordination…, mettant en Les EHPAD
œuvre des actions de dépistage, d’aide, de
soutien, de formation ou d’information, de 1999 : La transformation des maisons de
conseil, d’expertise ou de coordination au retraite en EHPAD
service des usagers, ou d’autres établisse- Compte tenu du vieillissement démogra-
ments ou services » phique de la France, il est estimé que le
Quatre types de structures seront donc nombre de personnes âgées dépendantes
abordés dans ce chapitre : devrait croître de 40 % entre 2000 et 2020,
les EHPA, établissements d’Hébergement et le nombre de personnes âgées présen-
pour Personnes Âgées, comprenant : tant des troubles cognitifs multiplié par 2
les EHPAD, Établissements d’Hébergement durant la même période. C’est pourquoi,
pour Personnes Âgées Dépendantes en 1999, le législateur a anticipé cette

1. Responsable de projet secteur personnes âgées, Anesm : Agence Nationale d’Evaluation et de la qualité des établissements
et services sociaux et médico-sociaux
2. Secrétaire Général, FFAMCO-EHPAD, Fédération Française des Associations de Médecins COordonnateurs en EHPAD
3. Présidente, FFAMCO-EHPAD, Fédération Française des Associations de Médecins COordonnateurs en EHPAD
4. Vice-Président, FFAMCO-EHPAD, Fédération Française des Associations de Médecins COordonnateurs en EHPAD
5. Trésorier, FFAMCO-EHPAD, Fédération Française des Associations de Médecins COordonnateurs en EHPAD

78 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• établissements et services médico-sociaux •
évolution démographique en redéfinis- identifiés comme les améliorations prio-
sant les missions, le financement et l’orga- ritaires déterminées par l’autoévaluation
nisation des maisons de retraite qui, en faite tous les 5 ans avec l’outil Angélique.
moins de dix ans, ont été transformées
en établissements d’hébergement pour Plus de 10 000 EHPA pour plus de 650 000 lits
personnes âgées dépendantes, ou EHPAD, dans un ensemble de structures très diversifiées
afin de répondre aux nouveaux besoins de Au niveau national, l’enquête de la DREES (7)
cette population âgée et dépendante.Ainsi, réalisée tous les 4 ans permet d’avoir des
pour les maisons de retraite, cette véritable informations sur les caractéristiques des
révolution culturelle, scellée par l’arrêté du établissements et de la population qu’ils
26 avril 1999, a poussé ces établissements à hébergent. La dernière enquête date de
s’adapter pour devenir de véritables lieux 2007 et la prochaine aura lieu fin 2011.
de soins gériatriques et gérontologiques de Les trois-quarts des établissements accueil-
proximité, tout en restant des lieux de vie. lant des personnes âgées sont des EHPAD,
soit 6 855 établissements fin 2007, offrant
Définition 515 000 places. Le quart restant est consti-
Le sigle EHPAD (6), désigne un établissement tué des Logements Foyers (17 %), des mai-
médico-social, accueillant des personnes sons de retraites non-Ehpad (5 %), et des
âgées de 60 ans et plus, autorisé pour l’en- USLD (3 %).
semble de sa capacité d’hébergement à dis- La taille moyenne des Ehpad est de 75
penser des soins et ayant signé une conven- places, les Ehpad publiques ayant tendance
tion tripartite. Cette convention, signée avec à être de taille un peu plus élevée que les
le conseil général d’une part, l’Agence régio- autres (84 vs 61).
nale de santé (avant 2009, la Ddass) d’autre Si les tous les Ehpad ont pour finalités d’ac-
part est directement liée à l’attribution et cueillir, soigner, soutenir et accompagner
la négociation des moyens pour l’EHPAD des personnes âgées dépendantes, ce statut
puisqu’elle définit « les conditions de fonc- renvoie à une grande diversité, selon :
tionnement de l’établissement tant au plan
financier qu’à celui de la qualité de la prise en - le statut juridique de l’établissement
charge des personnes et des soins qui sont entre ceux relevant du secteur public (55 %
prodigués à ces dernières, en accordant une des places), du secteur privé à but non
attention particulière au niveau de la forma- lucratif, associatif (26 %) et du secteur privé
tion du personnel d’accueil ». commercial (19 %)
Il s’agit d’une convention pluriannuelle, basée
sur un cahier des charges national, révisée - les missions d’origine : la vocation était
tous les 5 ans, servant de base de dialogue et plus sociale en termes de réponses à des
de négociation avec les autorités de tutelle. besoins d’habitat et d’isolement social pour
Jusqu’à ce jour, les objectifs qualitatifs fixés les « ex foyers-logement » (7 % des Ehpad)
dans la convention tripartite, sont ceux plus sanitaire en termes de réponses à

6. Erreur fréquemment commise : on dit « une » maison de retraite, mais on doit dire « un » EHPAD, en référence à « un »
établissement et non plus « une » maison.
7. Drees L’offre en établissements d’hébergement pour personnes âgées en 2007 Études et résultats n° 689 mai 2009.

79
des problèmes de grande dépendance due ayant un âge moyen de 80 ans et 3 mois,
à des pathologies sévères pour les « ex- celles-ci (75 %) 85 ans et 6 mois.
unités de soins de longue durée » (10 % L’âge moyen d’entrée en Ehpad est de 83
des Ehpad en 2007) ; pour ces derniers, ans et 10 mois.
la partition des unités de soins de longue Le GMP (Groupe iso ressource Moyen
durée effectuée de 2007 à 2010 a abouti Pondéré) en 2007 était de 663 dans les
à une transformation de 41 000 places de Ehpad avec une proportion de personnes
soins de longue durée sanitaires en places dépendantes, c’est-à-dire évaluées dans
d’Ehpad. un GIR de 1 à 4 de 85 % dans les Ehpad
Enfin, les 83 % des Ehpad restant sont des publics, 81 % dans les Ehpad privés à but
« ex maisons de retraites ». non lucratif et 88 % dans les Ehpad privés
commerciaux.
- les projets d’établissements : certains Depuis 2006, 75 % des Ehpad ont réalisé une
EHPAD ont défini leur projet sur l’accueil coupe PATHOS dont le PMP (Pathos Moyen
et l’accompagnement exclusif de personnes Pondéré) permet d’approcher les besoins
ayant une maladie d’Alzheimer ou mala- en soins requis de la population hébergée.
dies apparentées (8) ( 2% de l’ensemble En moyenne, sur la période 2008-2010 le
EHPAD+USLD) ; plus nombreux sont les PMP moyen des Ehpad est de 168 et le
établissements ayant une unité Alzheimer GMP de 684 ; mais on constate sur plu-
spécifique puisqu’ils représentent 31 % sieurs années une augmentation de ces
des Ehpad+USLD. Les établissements ont deux paramètres ; en 2010 le GMP est à
diversifié leurs modalités d’accueil (9): 690 et le PMP à 180 (source CNSA) (11).
en plus de l’accueil de longue durée « clas-
sique », ont été mis en place des accueils Leur finalité est la qualité de vie
de jour, des places d’hébergement tempo- de chaque résident
raire, des pôles d’activité et de soins adap- L’Ehpad constitue un lieu de vie dont la
tés (PASA), plus rarement des possibilités finalité est la qualité de vie de chaque résident
d’accueil de nuit. tout au long du séjour, et ce, quelles que
soient ses difficultés : dépendance physique,
Les EHPAD accueillent une population perte d’autonomie décisionnelle, difficultés
très âgée, dépendante, poly pathologique d’expression, pathologies… Pour une majo-
et fragile (10). rité des personnes accompagnées, il est le
L’âge moyen est de 84 ans et 9 mois. On dernier lieu de vie. La qualité de vie englobe
retrouve la différence classique entre les inévitablement celle de l’accompagnement
hommes et les femmes, ceux-là (25 %) de la fin de vie et cette dimension est prise

8. État des lieux 2010 des dispositifs d’accompagnement de la maladie d ‘Alzheimer. La lettre de l’observatoire des disposi-
tifs de prise en charge et d’accompagnement de la maladie d ‘Alzheimer, n° 18 janvier 2011.
9. L’enquête REHPA sur 240 EHPA retrouve que 48 % des établissements réalisent de l’hébergement temporaire, 23 % de
l’hébergement temporaire spécifiquement Alzheimer, 28 % bénéficient d’une unité spécifiquement Alzheimer, 27 % ont un
accueil de jour – ROLLAND Y. et col. Description des résidents d’EHPA : données de l’enquête menée par le réseau REHPA
Cah. Année Gerontol. (2009) 1 :35-41.
10. Drees les résidents des établissements d’hébergement pour personnes âgées en 2007 Études et résultats n° 699 août 2009.
11. Source CNSA www.cnsa.fr/IMG/ppt/Comite_de_pilotage.ppt..

80 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• établissements et services médico-sociaux •
en compte en particulier dans l’élaboration un programme de recommandations sur
du projet personnalisé. Si chaque résident a la qualité de vie en Ehpad déclinées en
un dossier individualisé, on ne peut parler de 4 volets (12) : l’accueil et l’élaboration du
projet personnalisé uniquement que si l’on projet personnalisé, l’organisation du cadre
s’assure de la participation de la personne de vie et de la vie quotidienne, la vie sociale
aux choix qui la concernent, dans tous les du résident, l’impact des éléments liés à la
domaines y compris celui de sa santé, et ce, santé sur la qualité de vie.
en recueillant non seulement ses besoins
mais aussi ses attentes et son avis sur les Une triple tarification : un système
réponses proposées et apportées par les complexe et un reste à charge élevé pour
professionnels et tout en tenant compte de le résident
ses capacités. La réforme de 1999 est double. C’est, d’une
part, une volonté d’inscrire les établisse-
ments dans une démarche d’amélioration
L’Ehpad constitue de la qualité de la prise en charge, d’autre
part, une réforme des modalités de tarifi-
un lieu de vie dont la cation qui définit les trois partenaires de
cette convention dite « tripartite », chacun
finalité est la qualité de vie pour son tarif ou budget.

de chaque résident tout Trois signataires et trois budgets


« étanches »
au long du séjour Ces trois budgets sont réputés étanches,
c’est-à-dire qu’il ne peut y avoir de trans-
fert ou de compensation de l’un à l’autre.
L’Ehpad n’est pas un établissement • L’État, subventionne intégralement le bud-
sanitaire get Soin par l’intermédiaire de la CNSA,
Pour le résident hébergé, l’Ehpad est consi- Caisse Nationale de la Solidarité et de l’Au-
déré comme un substitut de domicile. C’est tonomie, laquelle reçoit ce budget de la part
une des principales différences avec laquelle de l’Assurance Maladie, et est représentée
il faut composer en EHPAD, et qui n’est localement par l’ARS,Agence Régionale de
pas sans poser de problème en faisant se Santé (ex-DDASS avant 2009).
heurter les contraintes réglementaires col- • L e Conseil Général, subventionne
lectives et le droit et les intérêts privés du en grande partie le budget Dépendance
« domicile ». par l’intermédiaire de l’APA, Allocation
Cette différence explique également que le Personnalisée à l’Autonomie. Seul reste à
soin repose en majorité sur l’intervention la charge du résident un ticket modérateur.
des médecins et kinésithérapeutes libéraux • L’EHPAD, a un budget Hébergement, qui
en EHPAD. comprend les prestations hôtelières, l’ani-
Afin de donner des pistes de réflexion mation et le foncier (acquisition, location,
et d’action aux professionnels, l’Anesm a travaux concernant le bâti).

12. Qualité de vie en Ehpad (volet 1) de l’accueil de la personne à son accompagnement février 2011 www.anesm.sante.gouv.fr.

81
La triple tarification et le reste à charge : budgétairement d’ici 2016, soit en diminuant
leur dépense de budget soin, soit en aug-
Le tarif soin mentant le niveau de soins pris en charge.
La détermination du tarif soin est réali- De plus, le tarif soin peut être global ou
sée sur la base du GMPS c’est-à-dire que partiel selon qu’il prend en charge ou non
le budget est calculé selon une formule les actes de radiologie, de biologie, et les
incluant le niveau de dépendance, le GMP, actes des intervenants libéraux.
évalué par l’outil AGGIR, et le niveau de Quant au médicament, aujourd’hui il n’est
besoins en soins requis, le PMP, évalué par forfaitisé que dans les EHPAD ayant une
l’outil PATHOS. PUI (Pharmacie à Usage Interne), grâce à
Le GMPS (= GMP + (PMPx2,59)) multiplié un coefficient spécifique dans la tarification
par une valeur en euro et par le nombre au GMPS. La grande majorité des EHPAD
de lits exploités, définit une dotation théo- n’ont pas de PUI et les dépenses de médi-
rique plafond pour chaque établissement caments sont dans l’enveloppe de ville,
(dite « tarif plafond », c’est-à-dire que c’est-à-dire en dehors de leur budget soin.
l’Ehpad peut obtenir moins, mais pas plus). Cette forfaitisation n’est pas sans poser
Le secteur de l’hébergement des per- problème aux EHPAD avec PUI, dont le
sonnes âgées est caractérisé par une très budget médicament contraint ne leur per-
forte hétérogénéité de ce tarif soins. met pas toujours d’accéder autant que de
En effet, depuis le Plan Solidarité Grand Âge besoins aux médicaments coûteux (EPO,
de 2006, environ 70 à 80 % des EHPAD anti-DMLA, anti-cancéreux per os…) alors
ont bénéficié d’une détermination de leur que paradoxalement ces établissements
budget soin selon la tarification au GMPS. sont rôdés à la gestion précise de leurs
Il reste donc 20 à 30 % des EHPAD dont le dépenses médicamenteuses.
budget soin n’est pas encore calculé selon
cette méthode. Le tarif dépendance
Cette méthode de calcul budgétaire aboutit Le tarif dépendance est fixé par le Président
à une convergence tarifaire. C’est-à-dire du Conseil Général. Il est couvert en partie
qu’aujourd’hui, par rapport à l’ancienne par l’APA pour les résidents côtés en GIR 1
méthode d’attribution des budgets, 75 % à 4, selon l’évaluation AGGIR. Seul reste à la
à 80 % des Ehpad se situent sous leur tarif charge du résident un « ticket modérateur »
plafond (13) et voient donc leur budget soin correspondant au tarif dépendance des rési-
augmenter afin de mieux répondre à leur dents en GIR 5 et 6. Ce reste à charge peut
niveau de besoins en soins. A contrario, être pris en charge par l’Aide Sociale du
20 % à 25 % des établissements disposent Conseil Général si le résident et les débi-
d’un budget soin supérieur à ce qu’auto- teurs alimentaires ne sont pas solvables.
rise le tarif plafond, c’est-à-dire supérieur à Le tarif hébergement
ce que nécessite leur niveau de besoin en Il est très variable d’un Ehpad à l’autre en
soin requis selon l’évaluation PATHOS. Ces fonction du niveau de prestation hôtelière
derniers Ehpad vont donc devoir converger (restauration, entretien), des loisirs et de

13. NAVES P, DAHAN M Rapport d’évaluation de l’expérimentation de réintégration des médicaments dans les forfaits soins
des EHPAD sans pharmacie à usage intérieur IGAS, RAPPORT N°RM 2010-133P.

82 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• établissements et services médico-sociaux •
l’animation, et d’une commune à l’autre en de l’administration et des services généraux
fonction du coût du foncier. est de 0,46. Dans ce domaine également, on
Il représente l’essentiel du « reste à retrouve une grande hétérogénéité puisque
charge » pour le résident, c’est-à-dire ce si le taux d’encadrement en personnel médi-
qui lui reste à payer. cal et paramédical est de 0,22 pour la moitié
Le niveau moyen des retraites étant de plus des Ehpad, il est inférieur à 0,16 pour un
en plus souvent inférieur à ce tarif héber- quart d’entre eux et supérieur à 0,29 pour
gement (en moyenne de 1 500 € par mois le dernier quart.
mais avec de grandes variations selon la La convention tripartite a introduit l’obliga-
localisation géographique et le statut des tion de la présence d’un médecin coordon-
Ehpad) les résidents et leurs familles (14) sont nateur. Une enquête faite par la Ffamco
de plus en plus souvent amenés à demander et la fondation Médéric Alzheimer observait
une prise en charge dans le cadre de l’Aide en 2009 que le temps moyen des médecins
Sociale. Cette modalité de prise en charge coordonateurs était de trois demi-jour-
n’est possible que dans les EHPA habilités
à l’Aide Sociale, c’est-à-dire dont le tarif
hébergement est contenu et négocié par
le Conseil Général. Le plus souvent, il s’agit
Le « reste à charge »
d’établissements publics ou privés à but
non lucratif.
est en moyenne de
Le reste à charge pour le résident
2 200 euros par mois
Au total, lorsque le résident n’est pas pris
en charge par l’aide sociale, le coût (tarif
hébergement + tarif dépendance GIR 5 nées par semaine et deux tiers d’entre eux
et 6) qui lui reste à payer, encore appelé jugeaient ce temps insuffisant pour remplir
« reste à charge » est en moyenne de correctement l’ensemble de leurs missions.
2 200 euros par mois avec là aussi une
grande hétérogénéité selon la localisation Le rôle du médecin coordonnateur
urbaine ou rurale (2 900 vs 1 500). La création, par l’arrêté du 26 avril 1999,
de la fonction de médecin coordonnateur
Les professionnels des Ehpad compétent en gérontologie répond à un
Le taux d’encadrement global, défini comme objectif de santé publique, garantissant
le nombre d’emplois en équivalent temps une meilleure qualité de prise en charge
plein (toutes fonctions confondues) pour gérontologique et une maîtrise adaptée
cent places est de 0,57.Il varie selon le GMP des dépenses de santé. C’est pourquoi, afin
puisqu’il est de 0,66 pour les Ehpad ayant un d’atteindre ces objectifs, tout EHPAD a
GMP d’au moins 800. Mais le taux d’encadre- l’obligation de se doter d’un médecin coor-
ment en personnel autre que le personnel donnateur.

14. De la même façon qu’il est prévu que l’on ait une obligation d’aliment envers ses enfants, la loi a prévu qu’en retour les descen-
dants avaient aussi une obligation d’aliment envers leurs parents. Chaque « obligé alimentaire » participe au paiement en fonction
de son niveau de ressources, sauf à prouver le comportement maltraitant ou d’abandon de ses parents.

83
Le médecin coordonnateur exerce sous
la responsabilité et l’autorité administrative
du directeur de l’établissement…
Ainsi, le médecin coordonnateur exerce Le médecin coordonnateur doit être titu-
sous la responsabilité et l’autorité laire d’un diplôme spécialisé en gériatrie,
administrative du directeur de l’éta- ou de la capacité en gérontologie, ou d’un
blissement. Il définit les priorités de soins diplôme universitaire de médecin coordon-
en cohérence avec le projet d’établissement, nateur, ou d’une attestation de formation
et élabore et met en œuvre le projet continue.
de soins avec le concours de l’équipe À l’interface entre les résidents, les familles,
soignante. Il organise la coordination des la direction, l’équipe soignante et les pro-
professionnels de santé salariés et facilite la fessionnels de santé intervenant en EHPAD
coordination avec les autres prestataires de le médecin coordonnateur, compétent en
soins externes à l’institution, notamment les gériatrie, « soigne » l’institution et non
médecins libéraux. Il contribue à une bonne directement les résidents.
organisation de la continuité des soins, à la Les évolutions souhaitables de cette nouvelle
formation gérontologique continue du per- profession médicale concernent tout autant
sonnel, et donne un avis sur les admissions le temps de travail en fonction du nombre
et les critères d’évaluation des soins. de résidents, sa formation, que l’étendue du
Le médecin coordonnateur est l’interlocu- périmètre de ses missions de santé publique
teur médical du directeur d’établissement ou de ses possibilités de prescription venant
ainsi que d’autres administrations locales compléter, et non s’y substituer, celles des
dont l’EHPAD dépend, notamment l’ARS et médecins traitants. La mutation de la fonction
le Conseil Général. n’est donc pas terminée et sa professionnali-
Sauf urgence, le médecin coordonnateur ne sation est en marche.
se substitue pas au médecin traitant « pres- C’est pour toutes ces raisons que les
cripteur » choisi par le résident. Cependant, EHPAD, par leur savoir-faire, et les médecins
l’arrêté de 1999 précise qu’il paraît souhai- coordonnateurs par leur compétence pour-
table que le médecin coordonnateur exerce raient devenir le premier recours gériatrique
une activité thérapeutique au sein de l’établis- et gérontologique de proximité sur lesquels
sement. Bien entendu, cela s’entend sur un pourront s’appuyer les offres d’aval.
temps et un contrat distincts de sa mission
de coordination, mais peut l’être aussi bien à Les autres EHPA
titre libéral que salarié. Par contre, la fonction
de coordination est nécessairement salariée, Les autres établissements d’hébergement
et étant à temps partiel, (de 0,2 à 0,5 ETP à pour personnes âgées, sont les établissements
ce jour, en fonction du nombre de résidents qui n’ont pas vocation à signer de convention
hébergés), elle peut être exercée dans plu- tripartite car ils ont un GMP < 300 et moins
sieurs EHPAD par le même médecin. de 10 % de personnes en GIR1. Il n’y a donc

84 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• établissements et services médico-sociaux •
pas de forfait soin. Ils sont représentés par ou des relais entre des interventions de
les foyers logements, les résidences services, professionnels et naturels.
les MARPA, les petites unités de vie (moins L’hébergement temporaire
de 25 places). Le dispositif hébergement temporaire peut
Ces structures accueillent des personnes être autonome ou rattaché à une structure
âgées autonomes ou peu dépendantes (Ehpad, SSIAD…). Les services d’héberge-
et sont assimilées à un domicile. Le prix ment temporaire proposent des héberge-
demandé au résident est donc mensuel et ments limités dans le temps, et s’adressent
correspond au loyer, à la nourriture et aux à des personnes dont la vie à domicile est
services collectifs. Elles peuvent être habi- momentanément perturbée. Ce dispositif
litées par le département au titre de l’aide peut également être utilisé comme essai de
sociale, permettant au résident d’être aidé vie en collectivité, pour préparer une entrée
à payer son hébergement, qui peut, par ail- pour un séjour au long cours en Ehpad.
leurs, percevoir l’allocation personnalisée à Au 31 décembre 2007, la Drees dénom-
l’autonomie sur les mêmes modalités que brait 1 % des résidents des Ehpad comme y
les personnes à leur domicile. étant au titre de l’hébergement temporaire.
De façon schématique, les foyers logements L’accueil de jour
ont un statut public ou privé à but non Comme les services d’hébergement
lucratif et sont majoritairement agréés à temporaire, les centres d’accueil de jour
l’aide sociale ; les résidences services sont peuvent être autonomes ou rattachés à
le plus souvent de structures privées à but une structure (Ehpad, SSIAD…)
commercial, non habilitées à l’aide sociale Les centres d’accueil de jour proposent des
et dont le prix est supérieur à celui des accueils à la journée à des personnes âgées,
foyer-logements. dans une perspective de prévention : pré-
vention de l’épuisement et de l’isolement
L’accueil temporaire des aidants et prévention de l’aggravation
de l’état des malades.
L’« accueil temporaire » comprend des Les accueils de jour ciblent essentielle-
dispositifs d’accueil de jour et d’héberge- ment les personnes atteintes de maladie
ment temporaire. Cet ensemble s’adresse d’Alzheimer et maladie apparentée et leurs
aux personnes âgées et handicapées dont aidants. Le Plan Alzheimer 2008-2012 a
le maintien à domicile est momentanément permis le développement de ces structures
compromis. Il vise, soit à organiser des et fin 2010 on dénombre 1 497 accueils de
périodes de transition entre deux types de jour regroupant 9 676 places (15).
prise en charge (préparation d’un retour à La connaissance de ces structures, de
domicile après une hospitalisation, réponse leurs objectifs et de leur mode de fonc-
à une interruption momentanée de prise tionnement est une aide précieuse pour le
en charge ou à une modification ponc- médecin gériatre qui suit en consultation
tuelle de situation), soit à organiser pour un certain nombre de malades âgés vivant
les aidants familiaux des périodes de répit, à leur domicile.

15. état des lieux 2010 des dispositifs d’accompagnement de la maladie d ‘Alzheimer. La lettre de l’observatoire des dispositifs
de prise en charge et d’accompagnement de la maladie d ‘Alzheimer, n° 18 janvier 2011.

85
Les Centre de ressources maladie apparentée. Leur particularité
et de coordination : est le recrutement de nouveaux pro-
les Clic et les Maia (16) fessionnels, les « gestionnaires de cas »,
ayant pour mission de coordonner les
Les CLIC différents volets de l’accompagnement
de la personne malade (soins, aides,
Au nombre de 624 en 2010, les Centres accompagnement social.)
locaux d’information et de coordination
ont beaucoup évolué depuis leur créa- Une obligation pour tous les
tion en 2000-2001. Ils sont pilotés par ESSMS : l’évaluation interne et
les conseils généraux et leurs missions et externe de la structure
organisations varient d’un département
à l’autre. La loi du 2 janvier 2002 a introduit l’obli-
Certains CLICs sont devenus des coordi- gation pour les établissements et services
nations gérontologiques. sociaux et médicosociaux de « procéder à
Il est à noter que les 96 réseaux géronto- l’évaluation de leurs activités et de la qualité
logiques ou Alzheimer existants sont des des prestations qu’ils délivrent », à la fois au
structures qui relèvent du secteur sani- regard des missions qui leur sont confiées et
taire même si le plus souvent la collabora- des recommandations de bonnes pratiques
tion entre ces structures est très étroite. professionnelles, des références et des pro-
Ces lieux d’information et de coordina- cédures validées par l’Anesm, dans le temps
tion s’adressent tant à la population âgée de leur autorisation donnée pour 15 ans.
et ses aidants naturels qu’aux profession- Il s’agit d’une évaluation interne, auto-éva-
nels dont ils facilitent la coordination, y luation, des activités centrées sur l’usager,
compris avec les professionnels travaillant permettant une amélioration continue des
dans le domaine de la santé (services et prestations et dont un rapport est remis
consultations de gériatrie, autres spéciali- tous les cinq ans aux autorités de tutelle
tés telles que les urgences et la psychia- (ARS et Conseil général).
trie, médecins et paramédicaux libéraux)
La loi de 2002 a prévu qu’au-delà du système
Les MAIA d’évaluation interne, un regard externe soit
apporté sur les conditions dans lesquelles
17 structures expérimentales ont été l’évaluation interne a été mise en œuvre, sur
créées dans le cadre du Plan Alzheimer ses points forts, sur ses points faibles et sur
et leur généralisation sur le territoire les axes d’améliorations envisageables. Une
national a été décidée en 2011 sur appel évaluation externe, faite par un organisme
à projets habilité par l’ANESM, est faite tous les 7 ans.
Leur objectif est d’être un guichet Pour les Ehpad créés avant 2002, un amé-
unique d’orientation pour une prise en nagement du calendrier a été proposé : une
charge pluridisciplinaire des personnes évaluation interne avant 2014 et une évalua-
ayant une maladie d ‘Alzheimer ou tion externe avant 2015. ◗

16. ibidem.

86 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• établissements et services médico-sociaux •
être un guichet
unique d’orientation
pour une prise
en charge
pluridisciplinaire des
personnes ayant une
maladie d ‘Alzheimer
ou maladie
apparentée

Quelques références juridiques


• Arrêté du 26 avril 1999 fixant le contenu du cahier des charges de la convention pluriannuelle prévue à l’article 5-1 de la
loi n° 75-535 du 30 juin 1975 relative aux institutions sociales et médico-sociales. NOR: MESA9921086A
• Arrêté du 26 avril 1999 modifié par arrêté du 13 août 2004 fixant le contenu du cahier des charges de la convention
pluriannuelle prévue à l’article L.313.-12 du code de l’action sociale et des familles NOR: SANA0421871A
• Décret n°2011-1047 du 2 septembre 2011, modifiant le décret n°2005-560 du 27 mai 2005 relatif à la qualification,
aux missions et au mode de rémunération du médecin coordonnateur exerçant dans un établissement hébergeant des
personnes âgées dépendantes mentionné au I de l’article L. 313-12 du code de l’action sociale et des familles.
• Arrêté du 16 août 2005 fixant le programme de l’attestation de formation de médecin coordonnateur exerçant dans un
établissement hébergeant des personnes âgées dépendantes relevant du I de l’article L. 313-12 du code de l’action sociale
et des familles. NOR : SANP0522985A
• Décret n° 2007-547 du 11 avril 2007 relatif au temps d’exercice du médecin coordonnateur exerçant dans un établisse-
ment hébergeant des personnes âgées dépendantes mentionné au I de l’article L. 313-12 du code de l’action sociale et
des familles. NOR: SANA0721486D
• Décret n° 2004-231 du 17 mars 2004 relatif à la définition et à l’organisation de l’accueil temporaire des personnes
handicapées et des personnes âgées dans certains établissements et services mentionnés au I de l’article L. 312-1 et à
l’article L. 314-8 du code de l’action sociale et des familles NOR : SOCA0420508D
• Décret n° 2007-975 du 15 mai 2007 fixant le contenu du cahier des charges pour l’évaluation des activités et de la
qualité des prestations des établissements et des services sociaux et médico-sociaux NOR: SANA0721681D
• Décret n° 2010-1319 du 3 novembre 2010 relatif aux calendriers des évaluations et aux modalités de restitution des
résultats des évaluations des établissements sociaux et médico-sociaux NOR: MTSA1010735D

87
SSIAD et HAD
Les personnes âgées prises
en charge par les services de
soins infirmiers à domicile
(SSIAD) et en hospitalisation
à domicile (HAD).
Pr. Joël Ankri,
Centre de gérontologie GH, Ste Périne (APHP)

Il existe un certain nombre d’institutions les services de long séjour. Le service est
ou structure qui ne correspondent pas à coordonné par un cadre infirmier salarié, il
des structures d’hébergement permanent emploie des aides-soignantes et des infir-
ni à des structures de soins hospitaliers tra- miers salariés ou libéraux.
ditionnels, qui viennent compléter la prise Ces services ont été créés pour les per-
en charge des personnes âgées à domicile sonnes âgées malades ou dépendantes.
et leur permet leur maintien à domicile. Leur activité peut depuis 2004 être élargie
aux personnes handicapées ou souffrant
SSIAD de maladies chroniques. Ils dispensent
sur prescription médicale les soins infir-
Prévue dans la loi de juin 1975 relative aux miers et d’hygiène générale, les concours
institutions sociales et médico-sociales, nécessaires à l’accomplissement des actes
la réglementation des services de soins essentiels de la vie ainsi que d’autres soins
infirmiers à domicile ne sera précisée que relevant d’auxiliaires médicaux. Les quali-
six ans plus tard, en mai 1981. L’objectif fications des personnels susceptibles d’in-
qui leur est assigné est de prévenir, diffé- tervenir au sein d’un SSIAD, ont en effet
rer ou raccourcir l’entrée à l’hôpital et été élargies par le même décret au-delà
dans les établissements médicosociaux ou des infirmiers et des aides-soignants. Les

1. The Telegraph, 29 décembre 2010


http://www.telegraph.co.uk/health/8230749/10m-alive-in-Britain-today-will-live-to-be-more-than-100-years-old.html

88 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• SSIAD et HAD •
SSIAD peuvent dorénavant rémunérer des Qui sont les bénéficiaires
aides médico-psychologiques, des pédicures de ces services ?
podologues, des ergothérapeutes et des
psychologues. Les données issues des grandes enquêtes
Ils sont financés par dotation globale depuis nationales permettent d’estimer la moyenne
2006, sur la base d’un forfait annuel moyen d’âge à 82 ans et 5 mois. Les personnes âgées
par place installée. de 80-89 ans ou plus représentent près de
Il est clair que leur activité et les carac- 50 % de la clientèle et les nonagénaires près
téristiques des populations qu’ils servent de 20 %. Les femmes représentent près de
sont fonction des services qu’ils peuvent 2/3 de la population servie. Les personnes
offrir. Il n’existe que peu de données ou vivant en couple représentent 54 % des
peu d’étude portant sur de tels sujets à personnes prises en charge, celles vivant
l’exception des exploitations réalisées par seules 32 %. La plupart de celles-ci ne sont
la Direction de la recherche, des études, de cependant pas isolées : les patients seuls
l’évaluation et des statistiques (DREES) du mais socialement entourés représentent
ministère de la santé des rapports d’activité 8 % de l’ensemble de l’échantillon. Six pour
des services (Bressé, 2004). Il existe égale- cent sont hébergées chez un membre de la
ment une enquête de la Direction générale famille, 4 % sont en structure d’accueil (foyer
de l’action sociale et la Caisse nationale logement, maison de retraite etc.)
d’assurance maladie des travailleurs salariés
auprès de 36 services volontaires conduite Malgré l’élargissement de leur champ
de mars 2007 à décembre 2008 (Chevreul, d’intervention depuis 2004, la très grande
2009). Par contre, si de nombreuses études majorité des capacités des SSIAD (95 %)
locales peuvent être retrouvées, elles n’ont reste destinée aux personnes âgées. Ainsi,
aucune prétention à la représentativité au 31 décembre 2008, les SSIAD avaient
nationale. en charge environ 98 300 personnes dont
Les Ssiad sont majoritairement des ser- 93 000 personnes âgées. Le taux d’occu-
vices de petite taille ave en moyenne pation des places, rapportant les effectifs
40 places installées. Mais environ 15 % ont accueillis aux capacités installées, est de
plus de 100 places et environ 12 % moins l’ordre de 93 % et a peu évolué depuis 2002.
30 places ou moins. Deux tiers sont gérés L’essentiel de la croissance des capacités
par des organismes privés à but non lucra- d’accueil depuis 2002 a profité aux per-
tif (associations ou mutuelles). Environ sonnes âgées.
30 % sont de statut public, gérés par des
établissements d’hospitalisation publics ou Quel état de santé ?
des centres communaux d’action sociale.
Les services fonctionnent tous les jours Malgré leur caractère sanitaire, les données
de la semaine même si leurs horaires de santé de ces services sont quasi inexis-
d’ouverture sont légèrement modifiés le tantes. Nous nous baserons ici sur des
week-end et les jours fériés. La demande données anciennes comme celles d’octobre
concernant ces services demeure forte 2002 où 68 500 personnes étaient prises en
et les taux d’occupation sont de 98 %. charge par les services de soins infirmiers
(Chevreul). à domicile.

89
Les personnes très dépendantes, confinées des personnes âgées suivies par les SSIAD
au lit ou au fauteuil représentaient plus à celles hébergées en établissement a été
du quart des personnes prises en charge. comparé [Perrin-Haynes, 2010]. Il apparaît
Néanmoins, celles qui avaient besoin d’aide que les SSIAD accueillent moins souvent
pour faire leur toilette ou s’habiller forment des personnes lourdement dépendantes
le groupe le plus important (65 %). Enfin, que les établissements (7 % de GIR 1
seulement 4 % des personnes prises en contre 19 %) mais également moins de
charge ne présentent pas ou peu de dépen- personnes peu ou pas dépendantes (3 %
dance d’origine physique. Près de la moi- de GIR 5 et 6 contre 15 %) tandis qu’ils
tié des personnes âgées prises en charge suivent plus fréquemment les personnes
présentaient des troubles psychiques au âgées moyennement dépendantes (57 %
rang desquels la démence occupe une part de GIR 3 et 4 contre 33 %). Dans les deux
importante. Deux tiers de cette population types de structures, les GIR 2 constituent
ont déclaré une incontinence et un tiers a environ un tiers des personnes suivies. Par
une incapacité sévère. Ainsi les données de
cette enquête nationale montrent que la
clientèle des services de soins infirmier Seulement 3 %
à domicile est très âgée et lourdement
handicapée. Il ne nous parait pas exagéré des bénéficiaires sont
de penser que cet état de fait ne s’est pas
réduit au fil des années voire s’est probable- évalués en GIR 5 ou 6,
ment amplifié.
Une autre façon d’apprécier l’état de c’est-à-dire peu
dépendance de ces populations servies par
ces services est d’utiliser les résultats des ou pas dépendants
données fournies par la grille AGGIR et la
constitution de groupe iso ressources (GIR).
Ainsi, seulement 3 % des bénéficiaires sont ailleurs, le niveau de dépendance n’évolue
évaluées en GIR 5 ou 6, c’est-à-dire peu ou pas en fonction de l’âge des bénéficiaires des
pas dépendantes. Les bénéficiaires de presta- prestations de SSIAD alors qu’il augmente
tions SSIAD se répartissent presque unifor- avec l’âge des résidents en institution.
mément entre les GIR 2, 3 et 4 (autour de Notons par ailleurs que dans les SSIAD, la
30 % pour chacun de ces groupes) et cette part des personnes âgées de 85 ans ou plus
répartition varie peu en fonction de leur âge. est inférieure d’environ 10 % à celle des
Les GIR 1 représentent une part beaucoup établissements.
plus faible des bénéficiaires (7 %). Qu’en est-il des bénéficiaires de l’alloca-
La question qui se pose et alimente le tion personnalisée d’autonomie (APA) en
débat sur les objectifs de ces services et termes de dépendance selon le GIR et les
les politiques de désinstitutionalisation est personnes âgées suivies par les SSIAD. Les
de savoir si la prise en charge de cette données montrent que ces dernières sont
population est plus légère ou non que plus lourdement dépendantes en moyenne
celle hébergée en institution. C’est dans que l’ensemble des bénéficiaires APA à
ce contexte que le niveau de dépendance domicile. Rappelons ici que la plus grande

90 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• SSIAD et HAD •
partie des personnes âgées prises en charge l’objet d’une toilette seule ou accompa-
par les SSIAD est éligible à l’APA à domicile gnée d’autres soins. Les soins liés à la mobi-
du fait de leur degré de dépendance. Si la lité (mobilisation, prévention d’escarres)
proportion des personnes très lourdement concernent deux personnes sur trois. L’aide
dépendantes (GIR 1) prises en charge par aux changes est effectuée auprès de 40 %
les SSIAD reste modeste, elle est trois fois des personnes.
plus élevée que la part des GIR 1 dans l’en- Les soins infirmiers plus techniques (injec-
semble des bénéficiaires de l’APA à domicile tions, pansements, sondages vésicaux, etc.)
(7 % contre 2,5 % au 31 décembre 2008) et sont délivrés à une minorité de personnes.
celle des GIR 2, près de 2 fois plus élevée Les prises en charge par ces services sont
(32 % contre 18 %). À l’inverse, les GIR 4 le plus souvent des prises en charge de
représentent fin 2008 58 % des bénéficiaires longue durée. Dans l‘enquête de la Drees,
de l’APA à domicile, soit près du double de 30 % des personnes étaient prises en
la proportion observée chez les personnes charge depuis plus de un an. Parmi ceux
âgées suivies par les SSIAD. Les bénéficiaires traités depuis moins d’un an près de la
de la prise en charge par les SSIAD consti- moitié a eu une entrée dans le service à la
tueraient donc une population en quelque suite d’une hospitalisation. Dans l’enquête
sorte intermédiaire, du point de vue de son DGAS, le décès à domicile vient inter-
degré de dépendance, entre les bénéficiaires rompre plus de 20 % des prises en charge,
de l’APA à domicile pris dans leur ensemble les autres causes étant l’hospitalisation et
et les résidents en institution. l’entrée en établissement pour respective-
ment 50 % (y compris à domicile pour 5 %)
La nature des tâches accomplies par ces ser- et 10 % des cas. La majorité (62 %) des per-
vices est fonction des problèmes de santé sonnes prises en charge au 31 décembre
des personnes servies et correspond à des 2008 est suivie dans le SSIAD sans inter-
actes peu techniques. La majorité des inter- ruption depuis au moins 6 mois et 43 % le
ventions sont réalisées par des aides-soi- sont depuis plus d’un an.
gnantes. Elles effectuent en moyenne quatre Puisque l’objectif des SSIAD est d’éviter ou
visites sur cinq, la cinquième étant faite par de retarder l’hospitalisation ou l’entrée en
une infirmière. établissement, il est logique voire souhai-
Les personnes prises en charge béné- table, que les prises en charge puissent être
ficient en moyenne de 7 visites hebdo- prolongées. Mais il en résulte un accrois-
madaires d’aide-soignante dont les deux sement de la proportion de personnes
tiers dépassent trente minutes. Les visites très âgées et surtout une limitation des
d’infirmiers sont moins fréquentes et plus possibilités de prise en charge de nouvelles
brèves. Les personnes les plus dépendantes personnes.
sont aidées chaque semaine en moyenne
6 heures réparties sur 11 visites et les moins L’HAD
dépendantes 2,5 heures en 6 à 7 visites.
L’aide à la toilette est le soin le plus pra- L’articulation entre le sanitaire, l’HAD, et
tiqué. La quasi-totalité des malades (98 %) le médicosocial, les SSIAD n’est pas chose
sont aidés quotidiennement pour faire leur facile et la catégorisation des personnes
toilette. Les deux tiers des visites font ainsi âgées prises en charge respectivement par

91
l’HAD ou le SSIAD n’est pas non plus facile. la distinction avec les SSIAD ». Nous
Pour les responsables de l’HAD, les prises retrouvons là encore la recherche de mise
en charge qui dépassent les six mois sont en place et de développement de formes
problématiques car la tarification à l’activité d’interventions adaptées aux besoins des
les contraint à ne pas garder les patients personnes très âgées tout en maintenant la
trop longtemps. De l’autre côté, les SSIAD distinction des structures et donc de leur
sont confrontés aux coûts de la prise en mode de fonctionnement et de finance-
charge d’un patient bénéficiant des soins ment. Moins d’1 % des séjours en HAD se
infirmiers et sont obligés d’ajuster leur terminent par une sortie vers un SSIAD et
activité en fonction de leurs moyens. Or les moins de 0,5 % sont adressés par un SSIAD.
deux dispositifs interviennent sur le même Sur le plan médical, les spécificités de cette
terrain : le domicile. population âgée en HAD font que ce mode
Là encore nous ne disposons que de peu de prise en charge concerne moins des
de données spécifiques sur les personnes techniques particulières ou l’utilisation
âgées prises en charge par les structures de matériels sophistiqués que la prise en
d’HAD à l’échelon national. L’HAD étant compte de la polypathologie de ces malades
polyvalente et généraliste, elle concerne âgés, de la surveillance des interactions entre
les patients atteints de pathologies diverses. les différents médicaments, de la superpo-
Néanmoins, presque mécaniquement, sition des soins d’entretien, de l’aide aux
compte tenu de la poussée démogra- activités de la vie quotidienne et des soins
phique, les personnes âgées de plus de relatifs aux traitements des affections cumu-
65 ans représentent 4 séjours sur 10 et latives. Sans oublier la prise en compte de la
les plus de 80 ans 14 % des séjours. Elles dimension psychologique de la personne et
constituent donc une population impor- le soutien à son aidant informel.
tante, même si, lors de sa mise en place en Les auteurs du rapport insistent sur le
1957, l’HAD n’avait pas pour mission de fait que le rôle de substitut à l’hospitalisa-
répondre spécifiquement à leurs besoins : tion polyvalente ou gériatrique classique
les personnes de 65 ans ou plus totalisent nécessite de la part des HAD de collaborer
ainsi quatre séjours sur dix et les seules avec les services les plus concernés par
personnes de 80 ans ou plus, plus de 10 %. le retour à domicile des personnes très
L’intérêt humain de l’HAD est largement âgées qu’il s’agisse de ménager des transi-
reconnu à travers les enquêtes de satisfac- tions, de poursuivre des soins palliatifs au
tion, notamment celle auprès des patients domicile ou de se substituer à des soins
et de leur entourage. Pour les personnes de suite gériatriques. Mais la réussite de
âgées en particulier, le choix du mode l’extension de l’HAD est étroitement liée
d’hospitalisation doit être réalisé en tenant à une définition des tarifs. Ces derniers
compte, d’un côté, du risque de désocia- doivent prendre en compte la réalité des
lisation engendré par une hospitalisation prestations fournies avec une majoration
« intra muros » et, du côté HAD, de la de charge résultant de l’âge et de la poly
nécessité de protéger l’entourage aidant pathologie et surtout de la complexité et
qui est lui aussi souvent âgé. du temps d’intervention requis. Ces pres-
En 2010, un rapport de l’IGAS recommande tations justifient un périmètre tarifaire dif-
d’élargir l’offre en gériatrie en « maintenant férent de celui des SSIAD.

92 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• SSIAD et HAD •
Certaines orientations se sont faites vers 72,5 ans et leur dépendance était moyenne
les EHPAD. Dans la période récente, divers à complète dans environ 81 % des jour-
textes sont parus pour permettre l’in- nées. Les pathologies neurologiques repré-
tervention d’une HAD. Mais ils n’ont pas sentent à elles seules 24 % des affections
encore provoqué de modification quantita- ayant justifié ces séjours : AVC et séquelles
tivement significative des prises en charge, (8,8 %), sclérose en plaque (4,1 %), hémi-
cette activité restant très limitée (1,2 % plégie (3,9 %), maladie de Parkinson (3,2 %),
des journées). Les trois modes de prise tétraplégie (2,7 %), paraplégie (1,4 %).
en charge les plus fréquents ont été les « Viennent ensuite les escarres, la mobilité
pansements complexes » (46%), les « soins réduite et les fractures fémorales fermées.
palliatifs » (27%) et la « prise en charge de On peut penser par ailleurs que les
la douleur » (11%). demandes plus importantes en oncogéria-
Ainsi, malgré l’intérêt d’une hospitalisation trie et en soins palliatifs pour les popula-
à domicile pour les personnes âgées afin tions âgées permettront un développement
d’éviter les risques de désocialisation que de ce type d’hospitalisation à domicile.
peut engendrer une hospitalisation «clas- L’état de santé des personnes âgées prises
sique», cette activité se développe moins en charge par deux structures sanitaires
que d’autres et l’intervention en EHPA comme l’HAD et les SSIAD reflètent sur-
reste très faible de même que l’articulation tout les modes de fonctionnement et de
avec les SSIAD. tarification différents de ces deux types de
L’analyse des données du PMSI de 2009 structures. Une meilleure articulation dans
a étudié les séjours pouvant constituer l’intérêt des populations servies est le vœu
une substitution potentielle à une prise de tous. ◗
en charge en soins de suite et de réadap-
tation (SSR) en retenant l’hypothèse
que les séjours ayant le mode de
prise en charge principal «réé-
ducation orthopédique»
ou «rééducation neuro-
logique» ou «soins de
nursing lourds» pou-
vaient correspondre
à ce type de séjours.
L’ensemble de ces
séjours totalise
7 % des séjours et
13 % des journées
d’HAD. La quasi-tota-
lité des établissements
(203 sur 233) réalisent
une telle activité. La durée
moyenne de séjour est de 70 jours.
Les patients étaient en moyenne âgés de

93
III.

Le Référentiel Métier
de la spécialité de Gériatrie
Le Référentiel Métier
de la spécialité de Gériatrie
Coordination scientifique : Pr Claude Jeandel
Travail collectif sous l’égide du collège professionnel
des gériatres français (CPGF)
(Liste des gériatres participants à la fin du présent article)

Définition de la Médecine Gériatrique

Définition de l’Union dans l’objectif essentiel d’optimiser l’état


Européenne des Médecins fonctionnel des malades âgés et d’améliorer
Spécialistes (UEMS) la qualité de vie et l’autonomie.
La médecine gériatrique n’est pas définie
La Médecine gériatrique est une spécialité spécifiquement par l’âge [des patients pris
médicale concernée par les affections phy- en charge] mais doit faire face à la mor-
siques, mentales, fonctionnelles et sociales en bidité spécifique des personnes âgées. La
soins aigus, chroniques, de réhabilitation, de plupart des patients ont plus de 65 ans,
prévention et en fin de vie des malades âgés. mais les principaux défis de la spécialité de
Ce groupe de patients est considéré comme médecine gériatrique concernent plus par-
présentant une fragilité importante et de ticulièrement le groupe des 80 ans et plus.
multiples pathologies évolutives requérant
une approche globale. Les affections peuvent Définition empruntée
se présenter différemment avec l’âge avancé, au rapport « un Programme
et leur diagnostic est souvent difficile, la pour la gériatrie » (1)
réponse au traitement retardée et le besoin
de soutien médico-social nécessaire. 1. Le patient gériatrique n’est pas
La médecine gériatrique, dépasse ainsi la seulement un patient âgé
médecine d’organe et offre des soins supplé- Si la demande en soins hospitaliers doit
mentaires au sein d’équipes pluridisciplinaires, augmenter significativement au cours des

1. 5 objectifs, 20 recommandations, 45 mesures pour atténuer l’impact du choc démographique gériatrique sur le fonctionne-
ment des hôpitaux dans les 15 ans à venir (C. Jeandel, P. Pfitzenmeyer, P. Vigouroux, avril 2006)

95 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Le Référentiel Métier de la spécialité de Gériatrie •
prochaines années pour les patients âgés d’organes lors de l’affection aiguë ayant
de 75 anset plus, il convient de préciser que nécessité l’hospitalisation.
cette demande concernera une population
de patients relativement hétérogène. Il est 3/ Le cas particulier des patients de 75 ans
ainsi classique de distinguer deux typologies et plus « chirurgicaux ». Le nombre de
de patients de plus de 75 ans aux besoins spé- patients de cette tranche d’âge admis en
cifiques : 1/les patients mono ou pauci patho- chirurgie devrait augmenter parallèlement
logiques et 2/les patients dits « gériatriques ». à la proportion des patients de 75 ans et
plus hospitalisés. En raison de leur vul-
1/ Les patients de 75 ans et plus indemnes nérabilité particulière et des risques de
de pathologies chroniques invalidantes, hos- décompensation pouvant se révéler dans
pitalisés pour une pathologie d’organe domi- la période postopératoire, ces patients
nante facilement identifiable. Ces patients doivent pouvoir bénéficier en préopéra-
doivent bénéficier des services de court toire et en postopératoire d’une évaluation
séjour relevant de la spécialité concernée gériatrique pouvant nécessiter le recours à
par l’affection motivant le recours à l’hôpital. une hospitalisation de jour gériatrique ou
Cependant, en raison de la vulnérabilité liée à une équipe mobile de gériatrie. Compte
à leur âge ils peuvent démasquer à l’occa- tenu de la fréquente réduction de leurs
sion de cette affection une pathologie sous- capacités fonctionnelles préexistantes à
jacente ou accuser une perte d’autonomie l’intervention et souvent aggravée dans les
fonctionnelle. Ceci justifie qu’ils puissent suites opératoires, le recours à des soins de
bénéficier au cours de leur séjour d’une suite et réadaptation appropriés doit être
évaluation gériatrique pouvant nécessiter facilité. Ces spécificités rendent compte
le recours à une équipe mobile de gériatrie. de durées d’hospitalisation souvent plus
longues et argumentent en faveur d’un soin
2/ Les patients de 75 ans et plus dits gériatrique et d’une organisation hospita-
« gériatriques » se caractérisant par lière adaptés à cette typologie de patients.
la coexistence de plusieurs pathologies
chroniques invalidantes à l’origine d’une 2. le patient gériatrique justifie
dépendance physique et/ou psychique et une approche particulière, à la fois
par l’intrication fréquente des pathologies globale et continue.
neuro dégénératives et somatiques. La fréquence de la poly-pathologie justifie
Ces patients sont hospitalisés en raison une approche globale et intégrée, reposant
de l’aggravation d’une de ces pathologies sur la gestion de la poly-pathologie et des
ou de la survenue d’une affection aiguë. comorbidités et la gestion de la « com-
Les modes de présentation volontiers aty- plexité » médico-psycho-socio-environne-
piques de ces affections n’orientent pas mentale. L’approche globale a pour finalité
d’emblée vers une pathologie d’organe la prise en compte des troubles affectant
précise exposant au risque d’une orienta- la sphère cognitive, les troubles affectifs et
tion inadéquate en service de spécialité. La comportementaux, les morbidités soma-
poly-pathologie caractérisant ces patients tiques, la prévention des pathologies noso-
explique le plus grand risque d’instabilité comiales et iatrogènes (ne pas nuire) et la
et de défaillance ou de multi défaillance prévention de la maltraitance.

96
Permettre de prévenir les situations de crise
médicosociales par une évaluation régulière
des besoins individuels…
La fréquence des situations d’instabilité et et d’aide à la personne, des lieux d’évalua-
de décompensations et la plus lente récu- tion et de répit pour les aidants, des lieux
pération fonctionnelle après la survenue d’investigation et de gestion des situations
d’une affection médicale ou chirurgicale, de crise, et des structures de coordination
justifie une approche continue du soin inté- interfacées
grant la réadaptation et réhabilitation fonc-
tionnelle, soit immédiatement dès la phase B. Les spécificités de l’offre hospitalière
aiguë, soit dans la continuité du soin aigu. gériatrique
Afin de répondre aux besoins spécifiques
3. le patient gériatrique relève d’une des patients « gériatriques », l’offre hos-
filière de soins. pitalière doit comporter différentes uni-
tés fonctionnelles organisées en filière de
A. Les spécificités de l’offre sanitaire soins : - pôle d’évaluation pluridisciplinaire :
et médico-sociale consultation gériatrique et/ou hôpital de
L’offre sanitaire et médico-sociale doit être jour gériatrique, - court séjour gériatrique,
adaptée au caractère le plus souvent évolu- - soins de suite et réadaptation appropriés
tif des besoins de patients atteints d’affec- aux patients gériatriques, - équipe mobile
tions chroniques d’aggravation progressive, de gériatrie, - soins de longue durée.
source d’incapacités fonctionnelles et de
désavantages, aggravées par la prévalence Le métier de gériatre
élevée de pathologies intercurrentes.
Cette offre doit à la fois permettre de pré- Neuf types d’activités requérant une
venir les situations de crise médicosociales compétence en gériatrie et donc dévo-
par une évaluation régulière des besoins lues aux médecins spécialistes en gériatrie
individuels, s’appuyer sur une approche ont été identifiés. Ces 9 types d’activité
holistique bio-médico-psycho-sociale correspondent à 9 segments de prise en
et assurer une prise en soins continue. charge inscrits dans le parcours de soins
S’adressant très fréquemment au patient du patient gériatrique. Ils définissent les
et à son aidant naturel, cette offre implique contours du métier de gériatre. Certains
une prise en charge pluri-professionnelle en de ces segments correspondent aux acti-
interdisciplinarité organisée dans le cadre vités exercées au sein de la filière hos-
d’un réseau de soins de proximité multi pitalière (segments 1, 2, 3, 5, 8), d’autres
partenarial et d’une filière hospitalière. aux activités exercées au sein des éta-
Les dispositifs sanitaires et médico-sociaux blissements médico-sociaux (segment
requis pour atteindre ces objectifs sont 6), des réseaux de santé (segment 9)
de quatre ordres : des services de soins ou de secteur ambulatoire (segment 7).

97 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Le Référentiel Métier de la spécialité de Gériatrie •
L’individualisation d’un segment de « psy- du Plan Alzheimer) au sein des structures
chogériatrie » (segment 4) se justifie par gériatriques. La pratique de ces 9 activi-
l’identification déjà ancienne d’unités de tés exige un socle de compétences com-
psychogériatrie et plus récente d’unités munes et l’acquisition de compétences
cognitivo-comportementales (mesure 17 spécifiques à chacune d’entre elles.

Les 9 segments d’activité du métier de gériatre

1• Consultation (CS) – Hôpital de jour (HDJ) conformité aux critères d’USLD redéfinis, en relation
a - S ituation 1. Troubles cognitifs avec l’environnement médical et médico-social
b - Situation 2. Troubles de la marche et de l’équilibre b - Situation 2. Gérer d’une façon adaptée une décom-
c - Situation 3. Expertise gériatrique globale pensation aiguë d’un patient poly-pathologique
chronique dans l’environnement spécifique de l’unité
2• Court séjour gériatrique de soins
a - Situation 1. Pneumonie c - Situation 3. Travailler en tenant compte des carac-
b - Situation 2. Chutes téristiques humaines, matérielles, organisationnelles,
3• Soins de suite et réadaptation (SSR) techniques et économiques (compétences et limites)
a - S ituation 1. Spécificités de la prise en charge en Soins de l’institution. Effectuer un travail de coordination et de
de Suite gériatrique après chirurgie d’une Fracture de « management »
l’Extrémité Supérieure du Fémur (FESF) d - Situation 4. Gérer en équipe, y compris dans leur
b - Situation 2. Prise en charge d’un accident vasculaire dimension éthique, des situations types telles que :
cérébral en SSR dénutrition, troubles du comportement, chutes et
contention, refus de soins, douleurs, fin de vie
4• Psychogériatrie
a - Situation 1. Comportement perturbateur 6• EHPAD (établissement d’hébergement pour personnes
b - Situation 2. Intervention gériatrique auprès âgées dépendantes) : les 12 missions du médecin
d’un patient psychiatrique âgé coordonnateur
c - Situation 3. Contribuer au diagnostic différentiel
d’un syndrome confusionnel, démentiel et psychiatrique 7• Gériatrie libérale
5• Soins de longue durée (SLD) 8• Équipe mobile de gériatrie (EMG)
a - S ituation 1. Réaliser des admissions et/ou sorties en 9• Réseaux et coordination

98
1. L’activité de consultation et d’hospitalisation de jour

Le référentiel « organisation des soins »


(cf circulaire du 28 mars 2007 relative à la filière de soins gériatrique)

1. Définition. • Réaliser des traitements impossibles à


L’unité de consultations et d’hospitalisa- dispenser à domicile, et surtout surveiller
tion de jour gériatrique est une structure et ajuster les thérapeutiques ;
de soins de court séjour de la filière de Pratiquer des soins lourds (transfusions,
soins gériatriques située à l’interface entre plaies complexes…) ;
la médecine hospitalière et la médecine • S’assurer de la coordination des soins
de ville. C’est un centre de prévention, autour du patient et être en lien régulier
de diagnostic et d’évaluation du patient avec les différents acteurs participant à la
âgé sur le territoire. Elle assure une prise prise en charge ambulatoire (CLIC, centres
en charge ambulatoire et constitue l’une médico-psychologiques, SSIAD…), les pro-
des portes d’entrée du patient âgé dans fessionnels libéraux et le cas échéant les
la filière de soins gériatriques. Elle com- accueils de jour ;
porte des consultations et un hôpital de • Participer à l’organisation du soutien au
jour gériatrique. La consultation mémoire domicile ;
labellisée, lorsqu’elle existe, lui est intégrée. • Dispenser l’éducation thérapeutique du
patient ;
2. Missions. • Participer à la diffusion des bonnes
• Dispenser une évaluation gérontologique pratiques.
médico-psycho-sociale à la demande du
médecin traitant afin de proposer une stra- 3 Place dans la filière
tégie de prise en charge adaptée ; Modalités d’accès : Le patient est adressé
• Être un recours pour le médecin traitant à la consultation gériatrique par son
ou pour tout professionnel ou organisme médecin traitant. La consultation géria-
après le repérage de problèmes durant la trique fonctionne en lien étroit avec l’en-
consultation de prévention devant être semble des acteurs du soutien à domi-
dispensée aux personnes âgées de 55 à cile et notamment le CLIC, les MAIA ou
70 ans et plus ; le réseau de santé « personnes âgées ».
• Collaborer au suivi du patient par des L’accès à l’hôpital de jour est conditionné
réévaluations régulières et des prises en par une consultation ou l’avis d’un gériatre
charge spécialisées ; de la filière après accord du médecin res-
• Proposer des bilans et traitements pro- ponsable de l’hôpital de jour. L’accès à la
grammés sur une courte durée afin d’évi- consultation ou à l’hôpital de jour est éga-
ter les traumatismes engendrés par une lement ouvert aux médecins généralistes
hospitalisation classique, et notamment et/ou aux coordonnateurs des hôpitaux
un bilan gérontologique médico-psycho- locaux en lien avec le médecin respon-
social aux résidents des EHPAD sur sable de l’hôpital de jour.
demande du médecin traitant et du méde- Les objectifs attendus en termes de gain
cin coordonnateur ; thérapeutique d’une prise en charge en

99 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Le Référentiel Métier de la spécialité de Gériatrie •
hôpital de jour gériatrique sont déterminés Situation 1. Troubles cognitifs
et régulièrement réévalués.
Recours aux avis spécialisés : La convention Caractéristiques : adressage multiple,
constitutive de la filière garantit l’accès approche pluridisciplinaire, prise en soins
des patients aux spécialités y compris la variée selon le stade du suivi du patient.
psychiatrie. Le bilan cognitif est indissociable du bilan
Relation avec le médecin traitant : gériatrique, de l’annonce diagnostique, de
Afin d’assurer la liaison avec le médecin l’élaboration d’un plan de soins et du suivi.
traitant, l’unité de consultations et d’hos-
pitalisation de jour gériatrique adresse 1 - Le bilan cognitif
le jour même au médecin traitant un Actions Actes
compte rendu complet mentionnant les Interrogatoire Analyse de la plainte cognitive
résultats de l’évaluation gérontologique, - Auprès du patient
- Auprès de son entourage
les diagnostics retenus, les orientations
Examen clinique - Évaluation spécifique des fonctions
thérapeutiques et modalités de prise en cognitives à l’aide d’outils standardisés.
charge issus de la réunion de concertation - Évaluation de l’humeur.
pluri-professionnelle. Prescription des examens - Standardisés selon recommandations.
complémentaires - Adaptés aux comorbidités.

Le référentiel métier Diagnostic - Synthèse des différents examens.

Les situations de soins types retenues :


Les situations de soins retenues ne sont bien 2- Le bilan gériatrique
entendu pas exhaustives mais sont considé- Actions Actes
rées comme particulièrement représentatives Interrogatoire - ATCD (souvent nombreux, à recher-
de la spécialité. Elles devront être complétées cher) et comorbidités identifiées.
- Médicaments (recherche des ordonnances).
et ajustées régulièrement lors de moments - Évaluation sociale (famille, aidants
prévus d’actualisation du référentiel. naturels, mode de vie, aides à domicile).
- Évaluation de l’autonomie.
Examen clinique - Centré sur les problématiques géria-
3 situations types ont été retenues pour triques avec le recours à d’éventuels
satisfaire aux critères suivants : outils standardisés : marche et équilibre,
douleur, nutrition, fonction sensorielles,
• Faire partie du cœur de métier du gériatre continence, etc…
• Représenter une variété suffisante de
situations 3 - L’annonce diagnostique
• Représenter des situations qui, si elles Actions Actes
sont gérées avec pertinence par un gériatre Organisation de l’annonce - Choix du lieu.
peuvent permettre d’inférer que ce gériatre - Sur RDV.
est compétent - Sans puis avec l’accompagnant après
consentement du patient.
- En pluridisciplinarité.
Situation 1 : Troubles cognitifs Annonce - Adaptée à l’appréhension du patient.
Situation 2 : T
 roubles de la marche - Adaptée aux facultés de communication.
et de l’équilibre - Par Étapes.
- Avec des temps de silence.
Situation 3 : E
 xpertise gériatrique Communication - Information précise du médecin
globale traitant sur le contenu de l’annonce.

100
4 - L’élaboration du plan de soins 2. Évaluation gériatrique standardisée

Actions Actes Actions Actes


Mise en place d’un traitement - Explications au malade. Interrogatoire - ATCD (souvent nombreux, à rechercher)
spécifique - Accord du malade. et comorbidités identifiées en particulier
ostéoporose, maladies CV…).
- Prescription adaptée. - Médicaments (recherche des ordonnaces).
Information du patient - Négociation des aides. - Évaluation sociale (famille, aidants
sur les aides possibles naturels, mode de vie, aides à domicile).
- Évaluation de l’autonomie.
Éducation/prévention des complications - À la fois du patient et de son entourage. Examen physique - Évaluation nutritionnelle, cognition,
- Information-guidance-soutien de l’entourage. douleur, humeur, syndrome post-chute,
- En pluridisciplinarité. affections sensorielles.
- En lien avec le médecin traitant. Diagnostic - Retenir l’ensemble des pathologies entraî-
nant un risque de chute ou intervenant
comme facteur aggravant.
5 - Le suivi
3. Élaboration du projet thérapeutique et
Actions Actes
Organisation du suivi - Réévaluation en consultation/6 mois.
de prévention
- Mobilisation des ressources médico-psycho-
sociales de façon précoce et adaptée. Actions Actes
- Mobilisation de toutes les composantes
de la filière gériatrique. Prévention des chutes - Révision de l’ordonnance.
- Lien avec le médecin traitant. et de leurs conséquences - Évaluation de l’environnement
(erothérapeute, assistante sociale) et
Orientation vers un hôpital de jour SSR - Thérapeutiques non médicamenteuses. adaptation du domicile.
- Gestion de la crise médico-sociale. - Traitement anti-ostéoporotique.
- Gestion des situations complexes.
Traitement - Prescriptions spécifiques (parkison,
Orientation vers une unité cognitivo- - Gestion d’une crise médico-psycho- cataracte, ostéoporose, nutrition…)
comportementale (UCC) sociale avec ajustement des traitements - Prescription de rééducation avec
et approches non médicamenteuses. apprentissage du lever du sol.
Soutient de l’aidant - Dépistage des signes d’épuisement. - Prescription des aides techniques.
- Structures de répit.
- Association de familles de malades.
4. Suivi diagnostique et thérapeutique
Situation 2. Troubles de la Actions Actes
marche et de l’équilibre Organisation du suivi - Réévaluation/6 mois.
- Réajustement des traitements.
- Mobilisation des ressources médico-psycho-
Caractéristiques : adressage lors de chutes sociales de façon précoce at adaptée.
- Mobilisation de toutes les composantes
ou pour risque de chute, approche pluridis- de la filière gériatrique.
- Lien avec le médecin traitant.
ciplinaire, implique 4 étapes : le diagnostic, - Suivi des chutes.
l’évaluation gériatrique standardisée, l’élabo- - Suivi de l’autonomie.
Prise en soins en hôpital de jour - Rééducation et réadaptation intégrées
ration du projet thérapeutique et de préven- gériatrique SSR et personnalisées.
tion et le suivi diagnostique et thérapeutique. - Pluridisciplinarité : Kiné, psychomotricité,
ergothérapie, pédicure-podologue, psychologue.

1. Diagnostic Situation 3 : L’expertise


gériatrique globale
Actions Actes
Interrogatoire - Type de troubles, ancieneté… Situations-types :
- Notion de chutes.
• recours à la demande d’un spécialiste d’organe :
Examen clinique - Centré sur les fonctions neurosensorielles. aide à la décision en oncologie, chirurgie, dialyse,
- En collaboration avec les professionnels
de la rééducation : Kinésithérapeute, • bilan d’une perte d’autonomie à la demande
ergothérapeute, psychomotricien.
des partenaires
Prescription des examens - Standardisés.
complémentaires - Mais aussi adaptés aux comorbidités. • évaluation à visée pronostique, aide à la prise
de décision

101 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Le Référentiel Métier de la spécialité de Gériatrie •
Expertise gériatrique globale
Actions Actes
À côté de ces 3 situations type, il convient
Évaluation modulaire - ATCD et comorbidités. de mentionner d’autres situations telles
- Traitements (médicaments et iatrogénie).
- Évaluation nutritionnelle/équilibre/cogni-
que l’entrée éventuelle en institution avec
tion/psychologique et thymique/douleur/ pour actes :
affections sensorielles.
- Évaluation de l’autonomie. • le repérage des situations à risque à
- Évaluation sociale (aidants/familles/aides
à domicile/mode de vie). domicile,
Synthèse - Identification des facteurs de fragilité. • l’anticipation de l’entrée en institution,
- Considération éthiques. • l’accompagnement de l’entrée en institu-
Aide à la décision et propositions - Niveau de soins : décision de soins palliatifs.
thérapeutiques - Révision de l’ordonnance. tion et la coordination avec la structure.
- Projet thérapeutique (médical, psycholo-
gique, fonctionnel et social) en fonction
des syndromes gériatriques identifiés.

II. L’activité de court séjour gériatrique

Le référentiel organisation des soins


(cf circulaire du 28 mars 2007 relative à la filière de soins gériatrique)

Définition. • assurer une période d’investigation ou


L’unité de court séjour gériatrique prend d’équilibrage de traitement ;
en charge en hospitalisation complète des • assurer l’orientation du patient adap-
patients gériatriques, généralement âgés de tée au décours d’une hospitalisation de
soixante-quinze ans et plus, se caractérisant quelques jours. L’unité de court séjour
par la coexistence de plusieurs pathologies gériatrique dispose d’un savoir faire
chroniques invalidantes à l’origine d’une gériatrique permettant une approche
dépendance physique et/ou psychique ou globale des patients, appropriée à leur
d’un risque de dépendance majeure, et polypathologie et/ou à leur risque de
par l’intrication fréquente des pathologies dépendance. Chaque patient y bénéfi-
neuro-dégénératives et somatiques et de cie d’une prise en charge assurée par
problèmes sociaux surajoutés. Ces patients une équipe pluridisciplinaire formée à
sont hospitalisés en raison de l’aggravation la médecine gériatrique et à la prise en
d’une de ces pathologies ou de la surve- charge gérontologique.
nue d’une affection aiguë. Les modes de
présentation de ces affections n’orientent Missions
pas toujours d’emblée vers une pathologie • assurer la prise en charge des patients géria-
d’organe précise. triques en admission directe non programmée,
de préférence sans passage par les urgences ;
L’unité de court séjour gériatrique • procéder à une évaluation globale du
répond à trois fonctions : patient gériatrique, à la fois médicale, psy-
• assurer une hospitalisation directe ; chologique et sociale ;
• assurer, une hospitalisation après passage • établir les diagnostics et pratiquer les
aux urgences ; soins non réalisables en ambulatoire ;

102
• traiter les pathologies dominantes et les Mode de sortie
pathologies associées déséquilibrées ; La préparation de la sortie est réalisée le
• envisager avec le patient et son entou- plus tôt possible au cours du séjour dès
rage les conditions de vie ultérieures et qu’il est légitime de s’interroger sur l’ave-
contribuer à leur organisation ; nir du patient. Elle finalise les objectifs du
• participer à la diffusion des bonnes pra- projet thérapeutique personnalisé. Elle
tiques gériatriques. implique une collaboration entre les dif-
férentes structures de soins de la filière
concernée et les partenaires sociaux et
Les situations de soins médico-sociaux, les professionnels de
santé libéraux, le CLIC, les MAIA ou le
retenues ne sont bien réseau de santé « personnes âgées ».
Recours à des avis spécialisés : La conven-
entendu pas exhaustives tion constitutive de la filière garantit l’accès
des patients aux spécialités y compris la
mais sont considérées psychiatrie.

comme particulièrement Le référentiel métier

représentatives Les situations de soins types retenues :


Les situations de soins retenues ne sont
de la spécialité bien entendu pas exhaustives mais sont
considérées comme particulièrement
Place dans la filière. représentatives de la spécialité. Elles
Le court séjour gériatrique est l’axe prin- devront être complétées et ajustées
cipal autour duquel s’articulent les autres régulièrement lors de moments prévus
structures de soins de la filière. d’actualisation du référentiel.

Mode d’entrée des patients 2 situations types ont été retenues


L’accès direct des patients en court séjour pour satisfaire aux critères suivants :
gériatrique sans passage aux urgences est • F aire partie du cœur de métier du
le mode d’entrée à privilégier. L’admission gériatre
directe en court séjour gériatrique donne • Représenter une variété suffisante de
lieu à un contact préalable entre le méde- situations
cin traitant et le médecin du court séjour • Représenter des situations qui, si elles
gériatrique. Le court séjour gériatrique est sont gérées avec pertinence par un
organisé pour répondre durant la jour- gériatre peuvent permettre d’inférer que
née aux appels des médecins généralistes. ce gériatre est compétent. Les situations
Cette admission peut être programmée. de soins types retenues.
Les patients peuvent aussi être admis par
le biais de la structure des urgences, si
possible après avis de l’équipe mobile de Situation 1 : Pneumonie
gériatrie. Situation 3 : Chutes

103 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Le Référentiel Métier de la spécialité de Gériatrie •
Situation 1. Pneumonie • Mettre en œuvre les grands principes
de l’antibiothérapie : la bonne indication,
Caractéristiques : situation fréquente au bon moment, adaptée à la fonction
et grave, récidive fréquente, co-morbidités rénale, à l’état nutritionnel, au lieu de vie
associées, perte d’autonomie, crise et com- antérieur (indication, posologie adaptée,
plexité médico-psycho-sociale, prise en dosage, durée, concordance avec les
charge en urgence. conférences de consensus et le guide
local d’antibiothérapie) ;
Actions et actes • Poser l’indication des traitements adju-
vants et associés dans la prise en charge
• Procéder à l’examen clinique de base des maladies infectieuses ;
devant un syndrome fébrile et/ou infec- • Repérer les facteurs de fragilité : troubles
tieux pulmonaire ; de la déglutition, troubles cognitifs,
• Établir un diagnostic différentiel entre une troubles locomoteurs et risques de
insuffisance cardiaque et une pathologie grabatisation ;
infectieuse pulmonaire ; • Traiter la fièvre, la douleur, les troubles
• R epérer dès l’admission les facteurs métaboliques et la déshydratation ;
étiologiques (troubles de la déglutition, • Mettre en œuvre les mesures de pré-
lieu de vie…) et les facteurs de risques vention et de bientraitance ciblée sur la
(démence, isolement social…) ; pathologie et adaptée à la personne : de la
• Établir, hiérarchiser et adapter à la fragilité confusion, de la dénutrition, de l’encom-
du patient la stratégie des examens com- brement bronchique, des complications
plémentaires (en tenant compte du coût de décubitus et du syndrome d’immo-
des examens) : dans l’immédiat et dans les bilisation (plaies de pression : échelles
12 à 24 premières heures ; d’évaluations, recourir aux supports
• Poser l’indication et interpréter un cliché spécifiques…) ;
de thorax, un scanner thoracique ; • Mettre en œuvre une évaluation « médico-
• Interpréter une gazométrie artérielle et psycho-sociale » précoce de façon à pro-
le niveau de gravite respiratoire pour les grammer la prise en charge ultérieure dans
indications de la prise en charge en réani- la filière ;
mation (indication d’admission en réanima- • Délivrer au patient, à son entourage et/
tion selon le terrain et les comorbidités) ; ou à la personne de confiance une infor-
• Définir et adapter à la fragilité du patient mation adaptée et claire sur les bénéfices
la stratégie des examens complémen- risques ;
taires à visée bactériologique : hémocul- • I nstruire précocement et de façon
tures, biopsies, sérologies spécifiques, concertée le projet d’orientation à la
ponction d’épanchement, fibroscopie avec sortie ;
prélèvement protégé ; • C oordonner la prise en charge ulté-
• Interpréter les données de la biologie rieure (indiquer une évaluation globale
dans ce contexte : NFS, syndrome inflam- du patient, un bilan mémoire à distance de
matoire biologique, intérêt et limites des l’épisode aigu si épisode confusionnel…)
sérologies bactériennes et virales, de l’anti- en lien avec son médecin traitant ;
génurie (legionella, pneumocoque)… ; • Rédiger un compte-rendu gériatrique de

104
Un signal d’alarme : la chute « sentinelle », […],
une approche multisystémique nécessaire
pour appréhender l’état de santé qu’il reflète…
sortie intégrant la pathologie en cours, • Procéder à l’examen clinique minimum
son évolution mais également l’évaluation devant un chuteur ;
globale gérontologique ; • C onduire la démarche diagnostique
• Mettre en œuvre les modalités d’isole- devant une personne âgée chuteuse ;
ment et être sensibilisé au risque noso- • Évoquer une origine multifactorielle et
comial et aux BMR ; identifier les facteurs de risque modi-
• M ettre en œuvre une procédure de fiables ou ayant un impact sur les recom-
signalement pour l’équipe de soins et les mandations susceptibles de diminuer les
visiteurs ; chutes (recommandations de la HAS) ;
• I nformer l’équipe opérationnelle • Procéder à une synthèse individualisée
d’hygiène ; après concertation multi-disciplinaire et
• Procéder à la déclaration d’une maladie à pluri-professionnelle ;
déclaration obligatoire ; • Appliquer les tests utiles au repérage du
• Communiquer avec l’entourage proche risque de chute ;
sur le risque infectieux nosocomial, le • Compléter l’expertise gériatrique pour
bénéfice des vaccinations. optimiser les décisions thérapeutiques ;
• Poser la bonne indication, au bon moment
Situation 2. Chutes des examens complémentaires (adapta-
tion des recommandations) ;
Caractéristiques : syndrome gériatrique par • P rocéder à l’évaluation fonctionnelle
excellence, fréquence, fausse banalité, réci- organique (réserves fonctionnelles) afin
dives fréquentes, co-morbidités associées, de :
médicaments souvent en cause, urgence - Définir le plan de prise en charge ;
thérapeutique (désadaptation psychomo- - Définir le rythme et les modalités du
trice), complexité médico-psycho-sociale, suivi ;
un signal d’alarme : la chute « sentinelle », un - Organiser la prise en charge (rééduca-
syndrome peu spécifique, une approche mul- tion fonctionnelle ambulatoire, SSR post-
tisystémique nécessaire pour appréhender court-séjour, suivi en hôpital de jour) ;
l’état de santé qu’il reflète (désadaptation de - Mettre en œuvre les mesures du plan
l’individu avec son environnement), l’enquête d’aide (dont les aides techniques) et
est d’autant plus efficace qu’elle est faite de prévention (adaptation de l’habitat)
précocement après la chute, syndrome à ne nécessaires en vue du retour au domicile ;
pas banaliser car il est : fréquent (problème - Indiquer et mettre en œuvre le traite-
de santé publique), récurrent (chez 50 % des ment d’une hypotension orthostatique,
chuteurs), potentiellement grave (expose au d’un déficit en vitamine D, d’une ostéo-
risque d’accroître la perte d’autonomie). porose, d’une affection sensorielle.

105 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Domaines, champs et spécificités de l’activité gériatrique •
1II. L’activité de SSR gériatrique

Le référentiel « organisation des soins »


(cf circulaire du 28 mars 2007 relative à la filière de soins gériatrique)

Définition • assurer la rééducation et la réadaptation


Les SSR ont pour objet de prévenir ou pour limiter les handicaps physiques, sen-
réduire les conséquences fonctionnelles, soriels, cognitifs et comportementaux.
physiques, cognitives, psychologiques, Les actions de réadaptation comprennent
sociales, des déficiences et limitations de notamment la restauration somatique et
capacité et de promouvoir la réadaptation psychologique, en particulier après un épi-
du patient. sode aigu, la rééducation orthopédique et
Les SSR gériatriques accueillent en hospita- neurologique, la stimulation cognitive.
lisation complète ou partielle en hôpital de Mais aussi :
jour des patients âgés, généralement de plus • prévenir l’apparition d’une dépendance ;
de 75 ans, présentant des risques particuliers • maintenir ou redonner de l’autonomie ;
de décompensation, pouvant relever d’une • a ssurer l’éducation thérapeutique du
ou de plusieurs pathologies chroniques ou patient et de son entourage dans des
invalidantes, risquant d’entraîner l’installation domaines tels que les troubles sensoriels
ou l’aggravation d’une déficience source de et de l’équilibre, le diabète, la nutrition, la
dépendance physique ou psychique difficile- maladie d’Alzheimer ;
ment réversible. • assurer l’information et le soutien des
Les SSR gériatriques prennent en charge aidants ;
des patients soit à l’issue d’un séjour dans • assurer le maintien de la socialisation de la
un établissement de santé, notamment dans personne âgée ;
les suites d’une affection médicale aiguë ou • assurer la préparation et l’accompagne-
d’une intervention chirurgicale afin d’opti- ment à la réinsertion familiale, sociale.
miser les chances de récupération fonction-
nelle garantissant le retour dans le milieu Modalités de prise en charge
de vie, domicile ou substitut du domicile Les patients sont pris en charge dans des
(EHPAD, USLD…), ou en cours de séjour unités assurant essentiellement une activité
dans une structure médico-sociale, soit de SSR gériatriques.
directement du domicile dans une approche Les modalités de prise en charge répondent
programmée. Les SSR gériatriques forma- aux critères de bonnes pratiques dans le
lisent toutes les coopérations nécessaires à cadre de l’accréditation des établissements
la mise en œuvre de leurs missions. de santé et de l’évaluation des pratiques
professionnelles.
Missions Les étapes clés sont :
Une double mission : • a s s u r e r o u r é é v a l u e r l e b i l a n
• assurer les soins médicaux, curatifs ou pal- médico-psycho-social ;
liatifs, d’ajustement des thérapeutiques, de • rédiger un projet thérapeutique personna-
renutrition, de diagnostic et de traitement lisé (plan de soins, plan d’aide) et assurer sa
des pathologies déséquilibrées, réévaluation périodique ;

106
• accompagner l’acceptation de la perte « personnes âgées » et les proches du
d’autonomie ; patient.
• accompagner la phase de retour dans Recours à des avis spécialisés :
le milieu de vie en collaboration avec le La convention constitutive de la filière garan-
patient et son entourage. tit l’accès des patients aux spécialités, y com-
pris la psychiatrie.
Place dans la filière
Les SSR gériatriques assurent la prise en Le référentiel métier
soins des patients, soit dans les suites d’une
hospitalisation en court séjour, soit par accès Les situations de soins types retenues :
direct du domicile ou d’une structure médi- Les situations de soins retenues ne sont bien
cosociale. En conséquence ils permettent entendu pas exhaustives mais sont consi-
notamment d’éviter la prolongation non jus- dérées comme particulièrement représen-
tifiée d’une hospitalisation en court séjour. tatives de la spécialité. Elles devront être
L’articulation des SSR gériatriques avec les complétées et ajustées régulièrement lors
autres structures de soins de la filière et de moments prévus d’actualisation du
leurs obligations réciproques sont forma- référentiel.
lisées au sein de la convention constitutive
de la filière. 2 situations types ont été retenues pour
satisfaire aux critères suivants :
Mode d’entrée des patients : • Faire partie du cœur de métier du gériatre
L’admission s’opère à l’issue d’une procé- • Représenter une variété suffisante de
dure de pré-admission, après l’accord du situations
médecin assurant la coordination de la prise • Représenter des situations qui, si elles
en charge des patients ou d’une évaluation sont gérées avec pertinence par un gériatre
réalisée notamment par l’équipe mobile ou peuvent permettre d’inférer que ce gériatre
l’unité de consultations et d’hospitalisation est compétent.
de jour gériatrique.
L’admission est réalisée sur la base d’un
dossier médical et d’une fiche d’orientation
comportant des données médico-psycho-
sociales et une évaluation de l’autonomie.

Mode de sortie :
La préparation de la sortie est réalisée
très en amont au cours du séjour. Elle fina-
lise les objectifs du projet thérapeutique Situation 1 : Spécificités de la prise en
personnalisé. charge en Soins de Suite gériatrique
Elle implique une collaboration entre les après chirurgie d’une Fracture de
l’Extrémité Supérieure du Fémur
différentes structures de soins de la filière (FESF)
concernée et les partenaires sociaux et
Situation 2 : Prise en charge d’un
médico-sociaux, les professionnels de santé accident vasculaire cérébral en SSR
libéraux, le CLIC ou le réseau de santé

107 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Le Référentiel Métier de la spécialité de Gériatrie •
Situation 1 : Spécificités de la prise en charge en Soins de Suite géria-
trique après chirurgie d’une Fracture de l’Extrémité Supérieure du
Fémur (FESF)

a. 1 - Particularités gériatriques de la prise en charge habituelle.

Les actes
1 • adapter la rééducation et la réadaptation 5 • dépistage d’une infection du site opératoire
2 • prendre en charge la douleur par surveillance
3 • prévenir la Maladie Thrombo-Embolique 6 • coordonner l’équipe soignante et l’ensemble
Veineuse (MTEV) des intervenants
4 • p révenir les autres complications de 7 • organiser le retour à domicile
l’immobilisation

Les actes et les actions 4- Prévenir les autres complications de l’immo-


1- Adapter la rééducation et la réadaptation bilisation (principalement si l’appui n’est pas
• en tenant compte de l’état antérieur autorisé)
du patient • en coordonnant la prévention et le trai-
- en s’adaptant à l’état physique antérieur tement des escarres :
(fonctionnel et comorbidités) - en sachant évaluer le risque
- en s’adaptant à l’état cognitif antérieur - en sachant prescrire les mesures de
- en s’adaptant au contexte socio-familial prévention
• en sachant fixer des objectifs réalistes . s o i g n a n t e s ( c h a n g e m e n t s d e
2- Prendre en charge la douleur : positions,…)
• en la dépistant : utilisation d’échelles . matérielles (matelas, coussins,…)
adaptées : auto (EVS, EN) et hétéro- - en sachant prescrire les traitements
évaluation (Doloplus 2, ECPA, algoplus) locaux
• en identifiant ses composantes (noci- • en limitant les risques cardio-vasculaires
ceptive, neuropathique et psychogène) et respiratoires
• en sachant utiliser les antalgiques chez - en prenant en charge l’hypotension
le sujet âgé orthostatique :
. en la dépistant
3- Prévenir la Maladie Thrombo-Embolique . e n prenant les mesures adaptées
Veineuse (MTEV) (levers progressifs sous couvert d’une
• en évaluant le niveau élevé de risque contention veineuse,…)
• en mettant en place une stratégie glo- - en prenant en charge la désadaptation
bale de prévention cardio-respiratoire
- en sachant prescrire la contention . m aintien d’une activité même en
veineuse décubitus prolongé
- en sachant adapter les traitements anti- . verticalisation et mise au fauteuil
coagulants en particulier à la fonction précoces
rénale . réadaptation progressive à l’effort
- en organisant la surveillance clinique et - en dépistant et en prenant en charges
biologique de ces traitements les éventuelles infections respiratoires

108
• en étant attentif au risque nutritionnel, de soins et de les réévaluer avec l’en-
urinaire et digestif : semble de l’équipe
- prise en charge ou prévention de la
7- Organiser le retour à domicile
dénutrition protéino-énergétique
• en envisageant dès l’entrée un projet de
- prévention et gestion de l’incontinence
sortie et en le réévaluant régulièrement
et de l’infection
durant le séjour
- dépistage d’une rétention urinaire, d’une
• en recueillant les informations néces-
insuffisance rénale
saires sur :
- surveillance du transit
- le contexte socio-familial
5- Dépistage d’une infection du site opératoire - les données environnementales
par surveillance • en anticipant la mise en place :
- des aides techniques nécessaires
6- Coordonner l’équipe soignante et l’ensemble
- de la poursuite de la rééducation si
des intervenants
besoin
• en coordonnant et hiérarchisant le tra-
- de l’aménagement du domicile
vail interdisciplinaire
- des interventions médico-sociales
• en animant des réunions pluridiscipli-
• en programmant le suivi médical néces-
naires permettant de fixer les objectifs
saire orthopédique et/ou gériatrique

a.2 - Prises en charges spécifiques gériatriques

Les actions
1 • limiter le risque iatrogène 6 • réaliser le bilan nutritionnel (et prise en
2 • anticiper les décompensations en identifiant charge éventuelle)
les comorbidités 7 • réaliser le dépistage, le bilan et la prise en
3 • réaliser le bilan étiologique de la chute charge d’un syndrome confusionnel aigu
4 • prévenir, dépister et prendre en charge un éven- 8 • dépister, explorer et prendre en charge les
tuel syndrome de désadaptation psychomotrice troubles cognitifs non encore identifiés
5 • réaliser le bilan d’ostéoporose et la prendre 9 • adapter la prise en charge pour les patients
en charge présentant un syndrome démentiel connu

Les actions et les actes - en s’appuyant sur les recommandations


1- Limiter le risque iatrogène et les guides de bonnes pratiques
• en réévaluant le traitement de fonds - e n tenant compte de la spécificité
- en sachant prioriser les choix théra- du sujet âgé (comorbidité, fonction
peutiques rénale,…)
- en sachant adapter les prescriptions au
2- Anticiper les décompensations en identifiant
patient gériatrique
les comorbidités
- en sachant instaurer les traitements
• en identifiant toutes les pathologies en
indispensables
cours
• en prescrivant les traitements intercur-
• en mettant en place des actions de pré-
rents nécessaires
vention ciblées

109 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Le Référentiel Métier de la spécialité de Gériatrie •
3- Réaliser le bilan étiologique de la chute • prévenir les autres complications de l’im-
• en sachant rechercher les facteurs de mobilisation (principalement si l’appui
risque de chute n’est pas autorisé)
• e n sachant rechercher les facteurs
7- Réaliser le dépistage, le bilan et la prise en
précipitants
charge d’un syndrome confusionnel aigu
• en sachant mettre en place des mesures
• en sachant mettre en place des mesures
correctives ou palliatives
de prévention
4- Prévenir, dépister et prendre en charge un • en sachant utiliser les outils de dépistage
éventuel syndrome de désadaptation psychomo (CAM)
• en sachant conduire le bilan étiologique
5- Réaliser le bilan d’ostéoporose et la prendre
• en sachant mettre en place des straté-
en charge
gies thérapeutiques adaptées :
• en sachant prescrire le bilan nécessaire,
- traitement des pathologies intercur-
notamment :
rentes causales
- bilan phospho-calcique et dosage de la
- mise en place de mesures environne-
vitamine D
mentales
- recherche d’une fracture pathologique
- utilisation prudente des psychotropes
• en discutant l’éventuelle réalisation d’une
dans le respect des bonnes pratiques
ostéo-densitométrie
- limitation de la contention à des
• en sachant instaurer une stratégie glo-
situations extrêmes, dans le respect
bale de prise en charge
des recommandations (réévaluation
- mesures hygiéno-diététiques
quotidienne,…)
- supplémentation vitamino-calcique
- traitement de fonds (biphosphonate ou 8- Dépister, explorer et prendre en charge les
ranélate de strontium) troubles cognitifs non encore identifiés
• en effectuant un dépistage systématique
6- Réaliser le bilan nutritionnel (et prise en
en Soins de Suite
charge éventuelle)
• en réalisant le bilan nécessaire
• en sachant demander un MNA et un
• en organisant le suivi ultérieur
recueil des ingestas
• en sachant prescrire le bilan biologique 9- Adapter la prise en charge pour les patients
complémentaire présentant un syndrome démentiel connu
• en sachant mettre en place une straté-
gie nutritionnelle croissante suivant les
recommandations

Les situations de soins retenues […] devront être


complétées et ajustées régulièrement lors
de l’actualisation du référentiel.

110
Situation 2. Prise en charge d’un accident vasculaire cérébral en SSR

Caractéristiques : fréquence et gravité en • S avoir poser l’indication de soins


SSR gériatrique, problèmes spécifiques aux palliatifs
patients gériatriques (co-morbidités, pronos- 3- Prendre en charge les troubles sphinctériens
tic), nécessite intervention multidisciplinaire. • Savoir poser le diagnostic étiologique
d’une incontinence
Les actions • P rendre en charge précocement la
1 • Repérer les facteurs de fragilité rétention d’urines et la constipation
2 • Élaborer un projet thérapeutique • D éfinir les possibilités thérapeu-
3 • Prendre en charge les troubles tiques médicamenteuses/rééducatives/
sphinctériens compensatrices
4 • Prévenir et traiter les escarres 4- Prévenir et traiter les escarres
5 • Prendre en charge la douleur • Évaluer le risque d’escarres - connaître
6 • Élaborer un projet de vie les échelles s’y rapportant
• Prescrire le matériel de prévention
Les actions et les actes adapté
1- Repérer les facteurs de fragilité • Évaluer le risque nutritionnel et savoir
• Repérer les pathologies associées pou- prescrire un régime adapté/des com-
vant aggraver le pronostic : pathologies pléments alimentaires/une nutrition
aiguës/pathologies chroniques/séquelles entérale
• Analyser le risque iatrogène • C oordonner et former l’équipe
• Réaliser une Évaluation Gériatrique multidisciplinaire
Standardisée, notamment repérage des • Évaluer et traiter la douleur liée aux
troubles cognitifs/bilan nutritionnel/ bilan escarres
moteur/bilan sensoriel/continence • Savoir prescrire les pansements adaptés
• S a v o i r r e p é r e r u n e f r a g i l i t é 5- Prendre en charge la douleur
environnementale • Savoir utiliser les échelles de douleur,
2- Élaborer un projet thérapeutique notamment celles spécifiques à la
• Hiérarchiser et prioriser les pathologies gériatrie
à traiter • Connaître et différencier les différents
• Discuter le bénéfice-risque des traite- types de douleur
ments spécifiques de l’accident vascu- • Savoir prescrire les traitements médi-
laire cérébral : anti -vitamines K, statines.. camenteux adaptés à la personne âgée
• Proposer une rééducation adaptée, • Connaître les traitements non médica-
tenant compte des troubles cognitifs, des menteux : kinésithérapie/électrothérapie
troubles sensoriels ; des handicaps pré- 6- Élaborer un projet de vie
existants, de l’environnement du patient • É valuer la perte d’autonomie et
• Proposer une éducation thérapeutique connaître les échelles s’y rapportant
adaptée • Connaître les aides techniques
• Savoir mener une réflexion éthique au • P r o p o s e r u n e a d a p t a t i o n d e
sein de l’équipe l’environnement

111 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Le Référentiel Métier de la spécialité de Gériatrie •
• Connaître les aides financières et les • Orienter au besoin vers une institution
structures de maintien à domicile adaptée
• Construire un plan d’aide • Connaître les mesures de protection
• Savoir mobiliser les différentes compo- juridique
santes de la filière gériatrique

1V. L’activité en psycho-gériatrie

Les situations de soins types Situation 1. Comportement


retenues : perturbateur: gérer la crise

Les situations de soins retenues ne sont Caractéristiques : urgence fréquente, ubi-


bien entendu pas exhaustives mais sont quitaire, complexe, à fort retentissement
considérées comme particulièrement sur le patient et sur son entourage et
représentatives de la spécialité. Elles avec des enjeux importants à court et à
devront être complétées et ajustées régu- long terme, situation nécessitant des avis
lièrement lors de moments prévus d’actua- conjoints de professionnels formés.
lisation du référentiel.
Actions Actes
Savoir entrer en jeu - Rassurer l’entourage.
3 situations types ont été retenues pour - Évaluer le contexte.
- Évaluer la dangerosité immédiate.
satisfaire aux critères suivants : - Mettre en sécurité.
• F aire partie du cœur de métier du Caractériser le symptôme - Identifer le trouble.
- Préciser son histoire naturelle.
gériatre
Éliminer un syndrome confusionnel - En connaître les signes.
• Représenter une variété suffisante de - Établir une démarche étiologique (Examen
clinique, douleur, médicament…)
situations
Repérer un syndrome psychiatrique - Distinguer symptôme psychiatrique et
• Représenter des situations qui, si elles et/ou un sydrome démentiel comportemental.
sont gérées avec pertinence par un
gériatre peuvent permettre d’inférer que Actions Actes
ce gériatre est compétent Prise en charge immédiate - Traiter une cause organique identifiée.
- Vérifier l’intégrité sensorielle.
- Connaître le maniement des psychotropes
et leurs limites (recommandations).
- Communiquer et savoir communiquer
avec le patient.
Situation 1 : Comportement pertur- - Aménager l’environnement.
bateur: gérer la crise - Penser la place du patient.
Organiser le suivi - Expliquer le trouble à l’entourage et
Situation 2 : Intervention gériatrique au patient.
auprès d’un patient psychiatrique - Réévaluer le trouble.
- Connaître les approches non médica-
âgé menteuses (recommandations).
- Évaluer la nécessité d’une protection
Situation 3 : Contribuer au diagnostic juridique.
différentiel d’un syndrome confu- Anticiper les crises ultérieures - Formation du personnel.
sionnel, démentiel et psychiatrique - Lutter contre la maltraitance.
- Connaître les recours possibles
(environnemt et structures).

112
Situation 2. Intervention géria- Situation 3. Contribuer au dia-
trique auprès d’un patient psy- gnostic différentiel d’un syn-
chiatrique âgé drome confusionnel, démentiel
et psychiatrique
Un contexte particulier avec des moyens
contraints et des objectifs parfois ambigus Caractéristiques : problématique fréquente,
(demande sociale par exemple). imposant une bonne connaissance des aspects
cliniques et des stratégies thérapeutiques pour
Actions Actes orienter au mieux le mode de prise en soins.
Identifier les comorbidités - Interroger le patient et son entourage
notamment sur l’histoire médicale
complète. Actions Actes
- Procéder à un examen clinique complet. Attitude préventive - Réaliser un dépistage de la démence.
- Connaître les critères diagnostiques - Contribuer au bon accueil des patients.
validés. - Concourir à une bonne information des
- Prescrire les examens complémentaire professionnels.
selon les bonnes pratiques. Réaliser un diagnostic - Prendre le temps d’un entretien
- Valider le diagnostic de manière du patient et de son entourage.
pluridisciplinaire. - Analyser le contexte psychologique
Connaître les fragilités - Repérer les assiociations morbides - Procéder à un examen clinique complet.
délétères - Explorer les fonctions cognitives
- Juger de la compétence décisionnelle - Connaître les outils recommandés et
du patient savoir les adapter à la pratique.
- Demander un bilan complémentaire
Aider à la décision des niveaux - Estimer le potentiel évolutif des pathologies. selon les recommandations
d’exploration et d’intervention - Connaître les modes d’expression - Valider le diagnostic de manière
psychiatrique des malades somatiques. pluridisciplinaire.
- Connaître les modes d’organisation
de la psychiatrie. Décider de l’indication et d’une - Décider du lieu des soins en fonction
- Expliquer au patient les décisions prises. stratégie thérapeutique des besoins du patient et des ressources
de l’entourage.
- Expliquer et dialoguer avec le patient et
Actions Actes l’entourage.
- Conaître les bénéfices/risques
Décider des traitements à visée - Valider les diagnostics de façon des thérapeutiques proposées.
somatique pluridisciplinaire. - Établir une stratégie multidisciplinaire.
- Hiérarchiser les pathologies. - Annoncer au patient et à son entourage
- Prescrire selon les recommandations. des décisions prises.
Réévaluer les traitements psychotropes - Connaître leurs effets indésirables
- Informer l’entourage des précautions
nécessaires et de la surveillance. Actions Actes
Contribuer au débat éthique - Écouter le patient dans ses désirs et Réaliser l’intervention thérapeutique En suivant les recommandations
et fin de vie ses choix. et les protocoles validés.
- Grader le stade évolutif des pathologies.
- Évaluer la qualité de vie du patient. Effectuer un suivi immédiat - Assurer un suivi somatique et
- Suivre le patient pendant l’accompagnement. psychologique du patient.
- Analyser les retentissements du traitement.
- Expliquer au patient et à l’entourage
les résultats attendus.
Assurer un suivi à long terme - Mener l’analyse critique pluridisciplinaire
de la prise en charge.
- Analyser les résultats.
- Assurer un suivi à long terme et prendre
des décisions en cas de changement.

113 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Le Référentiel Métier de la spécialité de Gériatrie •
V. L’activité de soins de longue durée
Le référentiel organisation Situation 1 : Réaliser des admissions et/ou
sorties en conformité aux critères d’USLD
des soins redéfinis, en relation avec l’environne-
ment médical et médico-social.
Accueillir et soigner les personnes âgées de
60 ans et plus ayant une pathologie orga- • utiliser les critères d’admission et de main-
nique chronique ou une poly-pathologie, tien en soins de longue durée (évaluation
soit active au long cours, soit susceptible médico-psycho-sociale, PATHOS, SMTI)
d’épisodes répétés de décompensation et et les documents d’admission permettant
pouvant entraîner un handicap psychique d’identifier les malades SMTI ;
et/ou physique durable. Ces patients ne • se concerter avec les médecins traitants
peuvent pas être pris en charge en EHPAD (hôpital/domicile) pour connaître la situa-
car leur état nécessite une permanence médi- tion exacte du malade ;
cale et une présence infirmière continue, et • suivre le statut PATHOS du malade au
peut requérir l’accès à un plateau technique. cours de son séjour et le profil évolutif des
pathologies ;
Le référentiel métier • en cas de situation non SMTI, décider du
maintien sur place ou d’une sortie en tenant
Les situations de soins types retenues : compte de critères multiples (volonté de la
personne, ancienneté dans le service, pro-
Les situations de soins retenues ne sont nostic fonctionnel et vital, situation familiale
bien entendu pas exhaustives mais sont et sociale) dans une réflexion éthique ;
considérées comme particulièrement • préparer et organiser la sortie s’il y a lieu.
représentatives de la spécialité. Elles
devront être complétées et ajustées régu- Situation 2. Gérer d’une façon adaptée une
décompensation aiguë d’un patient poly-
lièrement lors de moments prévus d’actua- pathologique chronique dans l’environne-
lisation du référentiel. ment spécifique de l’unité de soins.

4 situations types ont été retenues pour Situation 3 : Travailler en tenant compte
satisfaire aux critères suivants : des caractéristiques humaines, maté-
• F aire partie du cœur de métier du rielles, organisationnelles, techniques et
économiques (compétences et limites) de
gériatre
l’institution. Effectuer un travail de coor-
• Représenter une variété suffisante de dination et de « management ».
situations
• Représenter des situations qui, si elles Situation 4 : Gérer en équipe, y com-
sont gérées avec pertinence par un pris dans leur dimension éthique, des
gériatre peuvent permettre d’inférer que situations types telles que : dénutrition,
ce gériatre est compétent troubles du comportement, chutes et
contention, refus de soins, douleurs, fin
de vie.

114
VI. L’activité de médecin coordonnateur d’EHPAD

Le référentiel métier 2° Donner un avis sur les admissions des


personnes à accueillir en veillant notam-
Rôle du médecin coordonnateur ment à la compatibilité de leur état de santé
avec les capacités de soins de l’institution ;
La fonction de médecin coordonnateur n’est 3° Organiser la coordination des profes-
pas une fonction de soin direct à la personne, sionnels de santé salariés et libéraux exer-
mais une fonction de soins collectifs et de çant dans l’établissement. à cet effet, il les
médecine institutionnelle. Pour autant, son réunit au moins une fois par an. Il informe
rôle ne le cantonne pas à la gestion adminis- le responsable de l’établissement des diffi-
trative. En effet, il est le garant de la qualité cultés dont il a, le cas échéant, connaissance
des soins et de l’éthique au sein de l’établis- liées au dispositif de permanence des soins
sement. Il doit acquérir une compétence prévu aux articles R. 730 à R. 736 du code
en gérontologie par le DESC (Diplôme de la santé publique (aujourd’hui articles R
d’Études Spécialisées Complémentaires), 6 315-1 et R 6 315-7) ;
ou la Capacité de Gériatrie, ou le Diplôme 4° Évaluer et valider l’état de dépendance
Universitaire de médecin coordonnateur des résidents ;
d’EHPAD ou par une attestation de forma- 5° Veiller à l’application des bonnes pra-
tion continue. Cette fonction répond, selon tiques gériatriques, y compris en cas de
les termes de l’arrêté du 26 avril 1999, « à risques sanitaires exceptionnels, formu-
un objectif de santé publique, garantissant ler toute recommandation utile dans ce
une meilleure qualité de prise en charge domaine et contribuer à l’évaluation de la
gérontologique et une maîtrise adaptée des qualité des soins ;
dépenses de santé ». 6° Contribuer auprès des professionnels
de santé exerçant dans l’établissement à
Au-delà de ses compétences médicales clas- la bonne adaptation aux impératifs géria-
siques et gériatriques en particulier, il doit triques des prescriptions de médicaments
avoir de solides aptitudes relationnelles, être et des produits et prestations inscrits sur
formateur, négociateur, promoteur, maîtriser la liste mentionnée à l’article L. 165-1 du
les outils de la démarche qualité, et avoir des code de la Sécurité Sociale.
compétences en santé publique. À cette fin, élaborer une liste, par classes,
des médicaments à utiliser préférentielle-
Le métier de médecin coordonnateur ment, en collaboration avec les médecins
d’EHPAD comporte 12 missions régies traitants des résidents, et, le cas échéant,
par les décrets n° 2005-560 du 27 mai avec le pharmacien chargé de la gérance
2005 et n° 2007-547 du 11 avril 2007 : de la pharmacie à usage intérieur ou le
pharmacien mentionné à l’article L. 5 126-6
1° Élaborer, avec le concours de l’équipe du code de la santé publique ;
soignante, le projet général de soins, s’inté- 7° Contribuer à la mise en œuvre d’une
grant dans le projet d’établissement, et politique de formation et participer aux
coordonne et évaluer sa mise en œuvre ; actions d’information des professionnels de

115 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Le Référentiel Métier de la spécialité de Gériatrie •
santé exerçant dans l’établissement ; en cas de risques exceptionnels ;
8° Élaborer un dossier type de soins ; 11° Collabore à la mise en œuvre de
9° Établit un rapport annuel d’activité médi- réseaux gérontologiques coordonnés,
cale, retraçant notamment les modalités de d’autres formes de coordination prévues
prise en charge des soins et l’évolution de à l’article L. 312-7 du présent code et de
l’état de dépendance des résidents ; réseaux de santé mentionnés à l’article
10° Donne un avis sur le contenu et par- L. 6 321-1 du code de la santé publique.
ticipe à la mise en œuvre de la ou des 12° Identifie les risques éventuels pour la
conventions conclues entre l’établisse- santé publique dans les établissements et
ment et les établissements de santé au veille à la mise en œuvre de toutes mesures
titre de la continuité des soins ainsi que utiles à la prévention, la surveillance et la
sur le contenu et la mise en place, dans prise en charge de ces risques ».
l’établissement, d’une organisation adaptée

VII. L’activité en gériatrie libérale

Définition • Le bilan global: interrogatoire, antécédents,


examen clinique complet, bilan biologique
L’exercice libéral se définit par l’apport de et radiologique adaptés permettant
services non commerciaux à des personnes • L’Évaluation gérontologique standardisée,
physiques qui l’ont librement choisi. Cet • L’accompagnement de fin de vie
apport se fait sous des formes juridiquement, • Enfin une synthèse débouchant sur un
économiquement et politiquement indépen- suivi et/ou la recommandation du trai-
dantes garantie par un code de déontologie tement le mieux adapté aux bonnes pra-
prévoyant respect du secret professionnel et tiques gériatriques avec fréquent allége-
compétence reconnue. Il est réglementé par ment des ordonnances, dans le cadre de
des conditions d’inscription, et d’exercice, la lutte contre la iatrogénie.
des montants d’honoraires définis et des
sanctions disciplinaires qui lui sont propres. Les modalités
Le médecin est rémunéré à l’acte et il assure de prise en charge :
la gestion de son cabinet.
La gériatrie libérale, nouvelle spécialité est • Le patient est adressé par le médecin
exercée sous le code 34. traitant référent pour un avis spécialiste
traditionnel, généralement sur un pro-
Elle comprend un ensemble d’activités blème de trouble de la mémoire, ou du
diverses telles que : comportement, de chutes fréquentes
• La prévention, le dépistage avec repé- ou de difficultés de gestion à domicile.
rage des sujets à risque, et les conseils Une évaluation gériatrique sera réalisée ; le
d’hygiène de vie rapport accompagné de conseils sera remis
• Le dépistage des troubles mnésiques, de la au médecin traitant ; le patient sera revu géné-
dénutrition, du risque de chute… ralement 6 mois plus tard ou à la demande.

116
• Le patient consulte directement seul, en ville si difficultés de déplacement ou
amené par sa famille ou adressé par un diagnostic complexe.
professionnel de santé pour une évalua- Il connaît aussi les accueils de jour, les
tion et/ou une prise en charge ; Ehpad, SSR et USLD de secteur ainsi que les
équipes mobiles de soins palliatifs. Lorsque
Cela peut être aussi en situation de crise, le maintien à domicile n’est plus possible,
à domicile et après une évaluation globale : il sait vers quelle institution s’orienter en
état du patient, entourage, aidants, matériel fonction des critères : directives anticipées
et logement, des conseils et une aide à la avec souhaits connus de la personne âgée
décision sera prise (hospitalisation, entrée et de son entourage.
en institution, mise en place de moyens
pour rester à domicile…) Le référentiel métier

Place dans la filière La prévention :


gériatrique : Prendre les devants pour arriver à de
nombreux cas de vieillissement réussi. Il
Le gériatre libéral fait la synthèse de s’agit de l’ensemble des mesures permet-
la situation exacte de la personne âgée, tant d’éviter l’apparition, l’aggravation et
mesure la dépendance et décide de la pos- le développement de certaines maladies
sibilité de soins de qualité à domicile ; en pouvant aboutir à la perte d’autonomie et
relation avec le médecin traitant dans la la dépendance. Elle permet de lutter contre
plupart des cas. la morbidité et d’améliorer la qualité de vie
Il indique alors les moyens nécessaires et est donc devenue fondamentale.
à cette prise en soins avec les différents
acteurs du secteur et informe sur l’exis- L’évaluation gérontologique standardisée :
tence des aides disponibles dans les diffé- EGS en utilisant les outils valides permet
rents secteurs d’explorer de façon systématique un cer-
Aides disponibles dans le secteur des soins: tain nombre de fonctions :
les services de soins infirmiers ont domi- • Fonctions cognitives, humeur
cile, les infirmiers libéraux, les kinésithé- • État cardio-vasculaire
rapeutes, les orthophonistes et ergothé- • État dentaire
rapeutes, sans oublier les pharmaciens et • État nutritionnel
magasins de matériel médical. • Fonctions sphinctériennes
• Aides disponibles dans le domaine de • Troubles de la marche et de l’équilibre
la vie quotidienne : Les services d’aides • État osseux et musculaire
ménagères, d’auxiliaires de vie ou gardes • Organes des sens
à domicile, le portage de repas à domicile. • Dépistage des cancers
• Aides dans le domaine de la vie sociale • Autonomie
et juridique. Elle permet l’évaluation globale de la per-
Il est en rapport avec les services géria- sonne âgée au plan médical, psycho-social,
triques hospitaliers pour assurer des fonctionnel et environnemental et de pro-
entrées directes si nécessaire : urgences, poser une stratégie adaptée de prise en
séjour de rupture ou bilan difficile à réaliser charge et de suivi.

117 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Le Référentiel Métier de la spécialité de Gériatrie •
Dans le cas d’une décompensation aiguë • Suivi
Si l’indication d’hospitalisation a été écartée • Accompagnement patient/famille/
par le gériatre (compétence) soignants
Possibilité de meilleure prise en charge
médicale et paramédicale en ville car accès Un ensemble d’activités
à tous les traitements, tous les profession- • Prévention et conseils d’hygiène de vie
nels et tous les matériels en ville. • Repérage des sujets à risque
Avantage de la continuité des intervenants • Dépistage des troubles mnésiques
et de l’environnement permettant une sur- • Bilan : interrogatoire, antécédents, exa-
veillance personnalisée et rapprochée. men clinique complet, bilan biologique et
radiologique adaptés
Dans le cas d’une réadaptation • Évaluation gérontologique standardisée,
Possibilité d’une réadaptation précoce à transmis au médecin traitant si adressé
domicile par kinésithérapeute, orthopho- par lui et souhait du patient ou de sa
niste, (quelquefois psychomotricienne) famille
Sortie plus précoce des services d’aigue • Initiation de traitement adapté aux
ou de SSR puisque relais par confrères recommandations de bonnes pratiques
gériatres en ville. gériatriques avec fréquent allégement des
Rééducation et réadaptation souvent plus ordonnances
rapide à domicile qu’en SSR (suivant les
cas) et moins onéreuse. Décompensation aiguë
Prise en charge médicale et paramédicale
Suivi chronique équivalente en ville : accès à tous les traite-
• P rise en charge globale du patient fragile ments, tous les professionnels et tous les
poly pathologique, entouré de sa famille matériels en ville
et souvent d’aides à domicile Si l’indication d’hospitalisation à été écartée
• Mise en place et guidage/formation per- par le gériatre (compétence)
sonnalisée d’aides à domicile : soignants Avantage de la continuité des intervenants
et/ou aides de vie et de l’environnement
• Coordination conjointe avec la famille des Dans la majorité des cas, ce n’est pas une
intervenants question de moyen mais de compétence
• Collaboration avec tous les partenaires spécialisée du gériatre
libéraux : médicaux et paramédicaux
(labo, RX, pharmacie, orthophoniste, Réadaptation
kinésithérapeute…) Réadaptation précoce à domicile et non
hospitalière
La gériatrie libérale Sortie plus précoce des services de
• Diagnostic très CLINIQUE au chevet du court séjour ou de SSR puisque relais par
patient, puis para clinique confrères gériatres
• Soin Rééducation et réadaptation souvent plus
• Organisation rapide à domicile qu’en SSR (suivant les cas)
• Coordination
• Aménagement

118
Suivi chronique Collaboration avec tous les partenaires
Prise en charge globale du patient et de libéraux : médicaux et paramédicaux (labo,
sa famille et souvent des aides à domicile RX, pharmacie, orthoph, kiné…)
Mise en place et guidage/formation per- Collaboration avec les réseaux, les accueils
sonnalisée d’aides à domicile : soignants et/ de jour, les unités de psychogériatrie,
ou aides de vie les services d’urgences gériatriques, les
Coordination conjointe avec la famille des équipes mobiles et réseaux de soins pallia-
intervenants tifs, les CLICS…

VIII. L’activité en équipe mobile de gériatrie

Le référentiel organisation des soins


(cf circulaire du 28 mars 2007 relative à la filière de soins gériatrique)

Définition • les orienter dans la filière de soins géria-


triques incluant les hôpitaux locaux ;
Les équipes mobiles de gériatrie inter- • participer à l’organisation de leur sor-
viennent en équipes transversales auprès tie en s’articulant avec les dispositifs de
des patients âgés, en étroite collaboration soutien à domicile (CLIC, coordination
avec les équipes hospitalières, les CLICs, gérontologique, services sociaux, SSIAD,
les MAIA et les réseaux de santé « per- réseau de santé « personnes âgées ») ;
sonnes âgées ». Elles assistent les diffé- • conseiller, informer et former les équipes
rents services ou structures de soins non soignantes.
gériatriques ou non spécialisés sur le plan
médical, dans la prise en charge et l’orien- Il est recommandé que l’équipe mobile
tation des patients âgés qu’ils accueillent en inter vienne dans la structure des
apportant un avis spécialisé. urgences dès l’entrée d’un patient à
risque de perte d’autonomie et d’hospi-
Missions talisation prolongée. Dans cette structure
des urgences, son rôle est de faciliter
Missions de soins : L’équipe mobile géria- l’entrée directe du patient dans le court
trique intervient, à la demande, dans l’en- séjour gériatrique et, le cas échéant, vers
semble des services de l’établissement de les soins de suite et de réadaptation,
santé, notamment dans la structure des d’organiser des retours à domicile ou
urgences pour : en structure en collaboration avec la
• dispenser une évaluation gérontologique structure des urgences ou, à défaut, une
médico-psycho-sociale et un avis gériatrique consultation externe, voire une hospi-
à visée diagnostique et/ou thérapeutique ; talisation programmée en court séjour
• contribuer à l’élaboration du projet de gériatrique et d’effectuer la liaison avec
soins et du projet de vie des patients les services de spécialités, le médecin
gériatriques ; traitant et le réseau de santé s’il existe.

119 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Le Référentiel Métier de la spécialité de Gériatrie •
Il est souhaitable que l’équipe mobile gériatrique : charge médicale du patient reste sous la res-
• assure des consultations avancées dans ponsabilité du service ou de l’établissement
les hôpitaux locaux. Ces consultations dans lequel il est hospitalisé, ou à domicile
sont destinées à effectuer une première sous la responsabilité du médecin traitant.
évaluation médico-psychosociale pour Les patients sont adressés par leur médecin
repérer les incapacités potentielles à traitant aux consultations avancées des
brève échéance, proposer un ajustement hôpitaux locaux.
des traitements en cours, un plan de soins Pour préparer la sortie du patient, l’équipe
et, éventuellement, un plan d’aide, antici- mobile intervient en collaboration avec le
per les limites du maintien à domicile et CLIC et/ou le réseau de santé « personnes
programmer, si nécessaire, une hospitali- âgées ». En tout état de cause la sortie du
sation en court séjour gériatrique, en SSR patient s’effectue sous la responsabilité
gériatriques ou en hôpital de jour. du médecin du service d’hospitalisation,
• intervienne dans un cadre expérimental au selon les recommandations émises par
sein des EHPAD à leur demande ou à la l’équipe mobile gériatrique dans son projet
demande du médecin traitant, au domicile d’accompagnement de la sortie.
du patient lorsque ce dernier est pris en Recours aux avis spécialisés : La convention
charge dans le cadre d’un SSIAD ou d’un constitutive de la filière garantit l’accès
réseau de santé « personnes âgées », afin de des patients aux spécialités y compris la
conseiller les personnels des établissements psychiatrie.
médico-sociaux et les intervenants à domi-
cile dans la gestion des situations de crise. Le référentiel métier
• participe à la diffusion des bonnes pra- Démarche d’évaluation commune à
tiques gériatriques. toutes les situations :
• P rise d’information patient : dossiers
Place dans la filière médical et infirmier, équipe soignante
• Interrogatoire et examen du patient
L’équipe mobile gériatrique est adossée • EGS adaptée à la situation
à un court séjour gériatrique. Elle peut • Prise de contact (famille, aidants, médecin
constituer une interface entre, d’une part, traitant, institution,APA…) : situation médico-
la filière de soins gériatriques et, d’autre psycho-sociale antérieure, projet de vie
part, les établissements médico-sociaux et
les intervenants au domicile. Démarche de synthèse
commune à toutes les situations :
Modalités d’intervention de • s ynthèse multidisciplinaire
l’équipe mobile : • Hypothèses diagnostiques
• Propositions thérapeutiques
L’équipe mobile intervient sur appel du ser- • Propositions d’orientations et élabo-
vice hospitalier et, le cas échéant, dans le ration du projet de vie avec recherche
cadre d’une expérimentation, de l’établis- d’un consensus aidants familiaux et
sement médico social, des intervenants à professionnels
domicile, du CLIC, des MAIA ou du réseau - Aide à l’organisation du RAD
de santé « personnes âgées ». La prise en - Orientation dans la filière gériatrique

120
(Cs, HDJ, Court séjour, SSR, réseaux • Évaluation des possibilités de RAD et
de soins gérontologiques…) organisation du suivi
- Orientations institutionnelles
(EHPAD, USLD..) 3. Situation de crise médico-psycho-sociale
- Mesures préventives (protection juri- • prise de contact avec tous les interve-
dique, inscription préventive en EHPAD) nants, avoir une attitude empathique, ras-
• Transmission orale et écrite de la surante vis-à-vis du patient, de la famille,
synthèse des équipes
• évaluation de la situation antérieure
Qualités supposées requises • proposition d’une prise en charge com-
• Travail en équipe pluridisciplinaire portementale adaptée et acceptée par
• Partage des taches le service
• Mobilité • élaboration d’un projet de vie
• Adaptation aux services • soutien aux aidants
• F ormation informelle et formelle, • organisation du suivi
pédagogie
• Aptitude à la discussion éthique Actions et actes communs à toutes les
• L ieux d’exercice variables (services, situations :
urgences, domicile), polyvalence dans Intervenir en milieu extra-gériatrique
l’exercice (hospitalier et extrahospitalier : domicile,
EHPAD), mobilité entre les structures
Trois situations types ont été retenues: • Se faire connaître des services et des
1. troubles du comportement médecins traitants
2. chutes • C ommunication avec les ser vices
3. situation de crise médico-psycho-sociale (demandes faites par téléphone, fax ou mail)
• Connaissance des services et des per-
1. Troubles du comportement sonnes ressources
•R  éactivité importante • Communication avec les médecins et les
- aide au diagnostic équipes
• Recherche d’organicité, de iatrogénie • Adaptabilité
- aide à la décision thérapeutique • Diplomatie
- aide à la prise en charge non • L égitimité (expérience clinique en
médicamenteuse gériatrie)
• Soutien équipe et aidants
• Diffusion bonnes pratiques gériatriques Intervenir en équipe pluridisciplinaire
• Réévaluation et organisation du suivi rapidement
• Travail en équipe dans le même temps
2. Chutes • Partage des tâches
• E nquête minutieuse • Synthèse multi-disciplinaire
- Entourage • Transmissions sans délai
- Installation du domicile
- Iatrogénie Recueillir des données
• Lever systématique, tests d’équilibre et • Prise de connaissance des dossiers dans
de marche les services

121 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Le Référentiel Métier de la spécialité de Gériatrie •
• Informations auprès des • Aide au choix d’un établissement
- Soignants d’hébergement
- Aidants familiaux et professionnels • P rojet de vie
- Médecin traitant - Mesures préventives
- APA et services sociaux - Inscriptions préventives
• Dossier EMG spécifique • Demande de protection juridique

Adapter son EGS Diffuser les bonnes pratiques


• ADL et IADL systématique, autonomie gériatriques
antérieure à l’hospitalisation • Transmissions claires, adaptées au ser-
• Dépistage de troubles cognitifs vice, orales et écrites, support facilement
• Évaluation locomotrice accessible
• En fonction du contexte : MNA, GDS… • Explications des recommandations en
temps réel aux soignants et au médecin
Proposer une orientation référent
• D ans les filières gériatriques intra et • Explications au médecin traitant, courrier
extra-hospitalières au médecin traitant
• Organisation des aides au domicile : • Conseils pratiques pour les soins
- Aides humaines • Réponse à toutes les questions, les avis
- Aides matérielles • Cours aux étudiants, internes, soignants
- Aides financières et médecins
• Participation aux FMC

IX. L’activité de coordination des soins et de réseaux


Le réseau est un ensemble de partenaires Objectifs opérationnels : assurer le maintien
individuels ou institutionnels, réunis par à domicile des personnes âgées dans de
une finalité commune et établissant bonnes conditions pour la coordination
entre eux des liens non hiérarchiques. Ils des différentes actions à mener et pour la
concourent à la prise en charge d’une pa- continuité des soins.
thologie complexe ou d’une catégorie de
population précise. Deux situations essentielles
se dégagent selon
I/ Le gériatre travaillant en leur typologie :
réseau assure essentiellement
des fonctions de coordination : • A nticipation de crise : le repérage
de la fragilité semble un élément
Les fonctions du gériatre réseau se majeur
déclinent à deux niveaux : au niveau de
proximité et au niveau institutionnel. • Situation de crise : la gestion de la crise
doit mobiliser rapidement les acteurs
Au niveau de proximité, il s’agit de sécuri- nécessaires
ser le maintien à domicile

122
Le gériatre sait mener l’évaluation de la Exemple 2 : La gestion d’une crise
personne âgée, par un diagnostic médico-
psycho-social, notamment au moyen d’une Mme D crie la nuit et tape sur le radia-
évaluation gériatrique multidimensionnelle teur. Elle dérange tout son entourage et
standardisée (EGS). les voisins réclament une hospitalisation
Il pilote la prise en charge adéquate du d’urgence. Que fait le gériatre réseau ?
patient gériatrique en s’appuyant sur le
médecin traitant. Phase 1 : Recueil de données
Il sait hiérarchiser les problèmes ren- Il recherche et repère avec l’équipe les
contrés, ainsi que les actions à mettre en aidants, organise les contacts avec l’entou-
œuvre, puis assurer la coordination des rage naturel et professionnel (CCAS, MT,
différents intervenants et organiser le suivi IDE libéral, personne de référence, tuteur,
de la personne. juge des tutelles, bénévoles, etc.)
Il veille à l’élaboration en pluridisciplinaire Il pose les bonnes questions, recueille des
du plan personnalisé de soins et d’aide informations pertinentes
(PPS).
Phase 2 : Évaluation de la situation par une
Exemple 1 : L’anticipation de crise démarche spécifique gériatrique globale
En réseau, le gériatre a accès à toutes les
Le médecin traitant signale au réseau que informations et en fait l’analyse.
Mme X. « baisse ». Faut-il envisager une
entrée en EHPAD devant cette altération Phase 3 : Synthèse et mobilisation des
de l’état général ? Que fait le gériatre acteurs
réseau ? Après avoir fait la synthèse de la situation,
il communique les propositions établies
Phase 1 : Évaluation multidimensionnelle en multidisciplinarité au médecin traitant
de la fragilité par le réseau, au moyen d’une qui les valide et organise une éventuelle
grille spécifique, en se donnant un peu de réunion de coordination. Puis il mobilise, en
temps, et en organisant éventuellement lien avec le médecin traitant, les ressources
une réunion de coordination des différents nécessaires au sein du paysage gériatrique
intervenants. pour le plan d’actions envisagé.

Phase 2 : Synthèse de la situation et éla- Phase 4 : Suivi, accompagnement, et rééva-
boration d’un plan de soins et d‘aide (PPS) luation, par le gériatre qui a compétence et
incluant des actions d’éducation thérapeu- légitimité pour ce faire.
tique, et de prévention I, II et III. Au niveau institutionnel, ce sont les
aspects santé publique de ce métier.
Phase 3 : Mobilisation des acteurs du pay- Le gériatre réseau peut participer à
sage gériatrique, dont la filière gériatrique. l’évaluation des besoins de la population
concernée et faire remonter ces éléments
Phase 4 : Suivi, accompagnement, et réé- aux tutelles.
valuation à distance.

123 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Le Référentiel Métier de la spécialité de Gériatrie •
Il élabore des dossiers de projets et les Essai de synthèse
rapports d’activité pour les tutelles et les d’un référentiel :
financeurs. Il organise les partenariats avec Métier/Compétences/
les associations, les Ordres professionnels, Formation
etc.
Il assure une mission d’information pour Pourquoi un gériatre dans un
le grand public sur des questions géria- réseau de santé ?
triques, et participe à la formation profes-
sionnelle des différents acteurs en gériatrie On est ici moins dans la clinique que dans
et gérontologie : formation initiale et forma- l’organisation et la coordination des soins ;
tion continue, développement de la culture de ce fait les connaissances doivent être
gériatrique, élaboration d’outils partagés globales et vont permettre d’envisager la
notamment dossier patient partagé. personne âgée dans sa globalité tout au
long de son parcours de soins.
II/ Les compétences requises
pour le gériatre réseau : Dans cette situation, le gériatre est un pionnier
qui peut mettre en place des projets innovants
Le gériatre réseau assure une mission de et inventer des solutions et des articulations
pilotage qui nécessite un travail en trans- pertinentes entre les différents acteurs.
versalité, et donc de réelles capacités de
travail en équipe, ainsi que de solides facul- Fondements
tés d’adaptation. Ce sont les besoins des personnes âgées
• Connaissances spécifiques : du système de qui fondent les missions du gériatre travail-
santé, du paysage gérontologique sanitaire lant en réseau.
et médico-social, des rouages institution- En effet, elles connaissent souvent un par-
nels et politiques. cours de santé hétérogène, complexe, fai-
• Communication : faire du lien, rencontrer sant appel à de multiples acteurs du champ
les acteurs de terrain, les réunir, soutenir sanitaire et médico-social, ce qui entraîne
leurs projets nécessite un langage com- des prises en charge morcelées. Le besoin
mun et une bonne connaissance des per- de coordination est important entre les
sonnes et des structures ressources différents acteurs du domicile, mais aussi
• Applications personnelles : nécessaire iti- et surtout entre la ville et l’hôpital ou bien
néraire gériatrique dans différents seg- entre l’EHPAD et l’hôpital.
ments d’activité
• Habiletés : appétence pour les aspects Le gériatre apporte son regard médical
non-soignants du métier, notamment les spécialisé, afin de repérer la fragilité, éviter
aspects administratifs et juridiques les hospitalisations inutiles, partager les
données utiles pour la prise en charge du
Parce que « coordonner, c’est soigner », patient, préparer avec une équipe le retour
selon le rapport du Haut Comité pour à domicile dans de bonnes conditions après
l’avenir de l’Assurance Maladie, du 24 avril une hospitalisation, coordonner les diffé-
2010. rents intervenants.

124
Champs d’intervention et une bonne vision des aspects santé
Différents échelons sont possibles : publique semblent nécessaires, ainsi que les
échelon local pour un réseau de santé de notions de bases concernant la recherche
proximité : c’est le bassin de vie clinique.
échelon dépar temental : pour cer-
tains réseaux thématiques, notamment Applications/Compétences nécessaires
Alzheimer, ou bien par exemple pour le • L es applications sont variées :
médecin référent « personnes âgées » du • pilotage de projet,
conseil général • r édaction de projets, de dossiers
échelon régional : à la tête d’un réseau administratifs,
régional comme en Champagne-Ardenne, • recherche de financements,
ou bien au sein d’une fédération de réseaux • formations,
locaux appartenant à une même région, • travail avec les tutelles, les groupes réfé-
comme en Lorraine ou en Île de France rents régionaux (ARS, URCAM, le SROS)
et nationaux (HAS, CNSA,ANESM, INPES,
Connaissances SFGG, etc.),
En plus des connaissances cliniques du • management d’équipe,
gériatre, il faut élargir le champ de connais- • évaluation des pratiques professionnelles,
sances à des domaines administratifs, juri- etc.
diques, économiques et financiers :
• Système de soins en France, organisation Les qualités requises en découlent :
sanitaire, le SROS, les tutelles • aptitudes en communication : partage
• Législation d’informations, direction de réunions,
• Organisation hospitalière, tarification, • bonne organisation : notamment du travail
filière gériatrique en interdisciplinarité pour la coordination
• Organisation médico-sociale et sociale, autour du patient, mais aussi coordination
conventions tripartites des EHPAD, etc. institutionnelle,
• Démographie médicale et offre de soins • capacités à faire du lien entre les acteurs,
• Organisation de la protection sociale, la avec les médecins spécialistes d’organes,
dépendance, le 5e risque, les enjeux avec les services à la personne, avec les
• Répartition des financements associations de professionnels, les asso-
ciations d’usagers, etc.
Formation pratique • qualités pédagogiques,
Sans aller jusqu’à la nécessité d’études spé- • nécessaire expérience professionnelle
cifiques en Santé publique, des notions de terrain.

125 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Le Référentiel Métier de la spécialité de Gériatrie •
REMERCIEMENTS
Le référentiel métier de la spécialité de gériatrie a été élaboré par neuf groupes de travail,
sous la coordination du Professeur Claude Jeandel.
Il est le fruit d’un travail collectif de la gériatrie française.
Nous remercions vivement l’ensemble des animateurs et participants aux groupes de travail
ainsi que l’ensemble des relecteurs de la SFGG, du CNEG, du SNGC et de la FFAMCO.

Groupe 1 : Référentiel François BERTIN HUGAULT Denis SORIANO


« Activité consultation/ Michèle ESCANDE Geneviève RUAULT
hospitalisation de jour Pascale JOSSE
Astrid AUBRY Groupe 7 : Référentiel
MCO et SSR »
Laure BRAECKMAN activité « gériatre libéral »
Animateurs :
• Denise STRUBEL Groupe 4 : Référentiel Animateurs :
• Bernard DURAND GASSELIN • Nicole MOURAIN JACQUIN
activité « psycho-gériatrie »
• Joëlle PEREZ
Jacques TRETON Animateurs :
Jean-Marc MICHEL Monique VERTUEL-VILA
• Olivier DRUNAT
Sophie RETTEL Odile REYNAUD-LEVY
• Jérôme PELLERIN
Yves HEMMENDINGER Monique FERRY
• Sylvie BONIN-GUILLAUME
Patrick MANCKOUNDIA Alain LION
Pierre JOUANNY Karim GALLOUJ Maurice RABAULT
Christine PERRET GUILLAUME Véronique GALLOPIN
Monique FERRY Groupe 8 : Référentiel
Groupe 2 : Référentiel Alain LION « équipe mobile
« activité court séjour Patrick FREMONT de gériatrie »
gériatrique » Animateurs :
Groupe 5 : Référentiel
Animateurs : « activité soins de longue • Marie FLOCCIA
• Jean Bernard GAUVAIN • Catherine FERNANDEZ
durée »
• Benoit de WAZIERES
Damien HEITZ
Animateurs :
Jean-Paul EMERIAU Pascal COUTURIER
• Marie Agnès MANCIAUX
Patrick FRIOCOURT élodie CRETEL
• Jean-Jacques ARVIEU
Rémy BILLON • Marc BERTHEL
Marie-Christine SCHATZ • Véronique MERCIER Groupe 9 : Référentiel
Françoise CAPRIZ RIBIERE « activité coordination
Gérard DEBOFFLE Groupe 6 : Référentiel des soins/réseaux »
Florent SEITE activité « médecin
Laurent TEILLET Animateurs :
coordonnateur EHPAD »
Philippe CHASSAGNE • Yves PASSADORI
Nathalie FAUCHER Animateurs : • élisabeth QUIGNARD
• Nathalie MAUBOURGUET
Gabrielle DEGUIO
Groupe 3 : Référentiel • Michel SALOM
Martine RALLO
« activité SSR gériatrique » Jean Bernard BOUVOT Jean-Luc FANON
Stephan MEYER
Animateurs :
Irène RAHARIVOLOLONA
• Marie DICK
Nadine MURAT-CHARROUF
• Anne DAVID BREARD
Xavier GERVAIS
Olivier MICHEL Danièle VASCHALDE
Jean-Marc PAULY Bernard ODDOS

126
IV.

Enquêtes
Enquêtes sur le profil des gériatres et sur leur activité
Observatoire régional de santé de Bretagne (ORSB)
Léna Pennognon, expert démographe
Dr Isabelle Tron, Directrice
avec la contribution de l’Observatoire régional de santé d’Aquitaine (ORSA)
Nadine Scandella, démographe
Dr André Ochoa, Directeur
Présentation générale

Ce chapitre présente les résultats des deux «  L’ e n q u ê t e s u r l ’ a c t i v i t é d e s


enquêtes réalisées dans le cadre de l’élabo- gériatres » s’est appuyée sur la participa-
ration du livre blanc de la gériatrie. tion de 52 gériatres volontaires exerçant
L’objectif de ces deux enquêtes était d’une plus particulièrement dans des services
part de caractériser les gériatres et d’autre de gériatrie de Centres hospitaliers et
part d’analyser, à partir de la prise en charge Centres hospitaliers universitaires et dans
des patients, les spécificités des principaux des établissements d’hébergement pour
segments d’activité du métier de gériatre. personnes âgées dépendantes (EHPAD).
« L’enquête auprès des gériatres » a Les gériatres volontaires ont recueilli, sur
consisté à adresser en décembre 2010 un la période du 15 mai au 30 juin, des infor-
questionnaire à plus de 1 800 gériatres exer- mations concernant la prise en charge
çant en établissements publics, identifiés de leurs patients : mode d’entrée, motifs,
grâce au centre national de gestion (CNG). prescriptions et orientations. Les ques-
Le questionnaire envisageait une descrip- tionnaires étaient différenciés selon les
tion socio-économique et les aspects de activités principales de la gériatrie.
la formation, statut et mode d’exercice.

Enquête auprès des gériatres Enquête sur l’activité gériatrique


Décembre Mai à juin 2011
à janvier 2010
1 814 questionnaires 52 gériatres participants sur 77 volontaires initiaux,
adressés répartis dans 8 types d’activité : consultation et HDJ,
Méthode : court séjour, SSR, psychogériatrie, SLD, EHPAD, EMG,
questionnaire postal gériatrie libérale.
807 questionnaires analysés Méthode : 20 à 30 questionnaires patient,
renseignés par gériatres
1 234 questionnaires analysés

La mise en œuvre des enquêtes a été Le Comité de pilotage ainsi que les réfé-
confiée à l’Observatoire régional de santé rents des segments d’activité métier ont
de Bretagne en association avec l’Obser- validé les questionnaires d’enquête et
vatoire régional de santé d’Aquitaine pour contribué à la mobilisation des gériatres.
l’« enquête auprès des gériatres ».

L’enquête sur l’activité des gériatres permet d’analyser de manière spécifique plusieurs segments d’activité de la
gériatrie et contribue aux travaux menés dans le cadre de l’élaboration du référentiel métier. Elle a été menée à
son terme grâce à l’investissement des 52 gériatres et de leurs équipes qui, parmi les 77 volontaires pour réaliser
l’enquête, sont allés au bout de leur engagement dans le projet. Qu’ils en soient tout particulièrement remerciés.

128 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Enquêtes •
Volet 1 : Caractéristiques des gériatres
en activité dans un établissement
de santé public

Méthodologie
L’enquête a été réalisée à la demande du composantes, accompagnait le ques-
Collège professionnel des gériatres français tionnaire. Aucune information sur cette
(CPGF), afin d’apporter un éclairage sur enquête n’a été faite par voie d’organismes
leur profession. professionnels ou presse.
Cette enquête devait être mise en œuvre Quelques éléments de cadrage sur les
auprès de l’ensemble des gériatres exerçant médecins et les gériatres en France, analy-
en France. La réalisation de cet objectif sés à partir des informations publiées par
imposait d’obtenir la liste de la totalité la Direction de la recherche, des études, de
de ces médecins. Cette liste, détenue par l’évaluation et des statistiques (Drees), sont
le Conseil national de l’ordre des méde- ajoutés en annexe.
cins, comprend les médecins diplômés en
gériatrie quel que soit le mode d’exercice Objectifs
(établissement de santé public, privé lucra-
tif ou non lucratif, cabinet libéral, établis- L’enquête a pour objectif d’apporter des
sement d’hébergement pour personnes informations sur la profession des gériatres
âgées dépendantes...). Cependant, pour en activité dans un établissement de santé
des raisons de confidentialité et de délai de public, non seulement sur les caractéris-
négociation, le CNOM a refusé de fournir tiques démographiques, la formation ini-
cette liste. tiale et continue, mais aussi les modalités
Le Collège professionnel des gériatres fran- d’exercice (statut, modes) et les différentes
çais a décidé de maintenir l’enquête et d’en activités pratiquées.
réduire le champ aux médecins hospitaliers
du secteur public, pour lesquels le centre Méthode
national de gestion (CNG) des praticiens
hospitaliers et des personnels de direction Le champ de l’enquête
de la fonction publique hospitalière détient
une liste d’adresses. L’enquête est réalisée sur l’ensemble
Un courrier signé du Collège profes- du territoire français et les médecins
sionnel des gériatres français et de ses concernés sont les médecins gériatres

129
exerçant dans le milieu hospitalier du Le traitement des données
secteur public.
Le traitement informatisé des données
Le type d’enquête a été déclaré à la Commission nationale
informatique et liberté (Cnil).
Il s’agit d’une enquête transversale, à visée Les données ont été saisies sur le logiciel
descriptive et quantitative. EPI-Info et traitées avec SPSS.
L’information a été recueillie par un ques-
tionnaire, adressé principalement par voie
postale aux médecins, sans relance. La liste Déroulement de l’enquête
d’adresses postales utilisées pour l’envoi du
questionnaire a été transmise par le CPGF. Le questionnaire d’enquête a été envoyé
par voie postale à 1 814 médecins, identi-
fiés à partir du fichier d’adresses du Centre
Le questionnaire national de gestion des praticiens hospita-
liers. L’envoi a eu lieu le 8 décembre 2010,
Le questionnaire d’enquête a été construit avec une date de retour fixée au 2 janvier
à partir de celui réalisé dans le cadre du 2011.
premier Livre blanc de la gériatrie en 2003 En parallèle, le questionnaire a été
mais a été sensiblement modifié par le adressé par voie électronique auprès de
Comité de pilotage (notamment suppres- 86 médecins, à partir du fichier d’adresses
sion de questions sur la patientèle, l’équipe- du Collège national des enseignants cher-
ment des services et ajout de questions sur cheurs de gériatrie (CNEG). Un premier
la participation à un programme d’évalua- envoi a été effectué le 9 décembre 2010
tion des pratiques professionnelles). et un deuxième le 1 er février 2011. La
Le questionnaire a été testé auprès d’un date de retour était fixée au 15 février
groupe de gériatres et validé par le CPGF. 2011. ◗

L’enquête est réalisée sur l’ensemble du territoire


français et les médecins concernés
sont les médecins gériatres exerçant
dans le milieu hospitalier du secteur public.

130 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Enquêtes •

Résultats
Population étudiée
Taux de réponse à l’enquête

Parmi les médecins inclus dans l’analyse, la


quasi-totalité a, soit la Capacité de géronto-
logie, soit le Diplôme d’études spécialisées
complémentaires (DESC) de gériatrie.

Taux de réponse

Sur 1 814 questionnaires envoyés par voie


postale, 35 n’ont pu être distribués du fait
d’une adresse erronée. Concernant l’envoi Source : Enquête 2010 auprès des gériatres - Exploitation : ORS
par voie électronique, 6 adresses se sont Aquitaine
avérées erronées ou concernaient des
médecins ayant cessé leur activité. après la date de fin de saisie repoussée au
Sur les 1 859 questionnaires envoyés à une 1er mars.
adresse « correcte », 815 questionnaires
nous ont été retournés. Huit question- Au total, 815 questionnaires ont été reçus
naires ont été exclus : et 807 exploités, soit un taux de réponse
• un médecin déclare ne pas être gériatre, de 43,5 %.
• deux n’ont pas d’activité dans un établis- Ce taux de réponse apparaît satisfaisant et
sement de santé public, témoigne de la mobilisation des médecins
• un médecin a renseigné de façon trop et de l’intérêt porté par la profession sur
incomplète le questionnaire, les travaux menés dans le cadre du Livre
• quatre médecins l’ont fait parvenir blanc de la gériatrie française.

1 859 questionnaires envoyés,


815 retournés, soit un taux de réponse
très satisfaisant de 43,5 %.

131
Représentativité territoriale des répondants

Quelques régions Les répondants selon la région d’exercice


peu représentées

Vingt et une régions métropolitaines sont


représentées, seule la région Corse n’a
aucun médecin participant à l’enquête. Les
trois régions les plus peuplées de France
cumulent près d’un tiers des répondants.
Les médecins gériatres de cinq régions
(Champagne-Ardenne , Languedoc-
Roussillon, Basse-Normandie, Haute-
Normandie, Limousin) représentent 10 %
des répondants. Enfin, trois médecins
d’outre mer ont transmis le questionnaire.

Au niveau départemental, les départements


du Nord et de Paris ont le plus de poids
(30 médecins chacun). Un quart des ques-
tionnaires a été transmis par les médecins
de 10 départements et le dernier quart par Source : Enquête 2010 auprès des gériatres - Exploitation :
ceux de 47 départements. ORS Aquitaine

Des taux de réponse à l’enquête variables

Le taux moyen national de réponse à l’en- à 63 %. Il est inférieur à 40 % dans trois
quête s’établit à 43 pour 100 mais masque régions (Limousin, Haute-Normandie et Ile-
des disparités régionales notables. Ainsi, de-France) et supérieur à 55 % en Basse-
le taux de réponse par région varie de 25 Normandie et Lorraine.

Taux de réponse à l’enquête*, selon la région

Source : Enquête 2010 auprès des gériatres - Exploitation : ORS Aquitaine.


* Rapport du nombre de répondants à l’enquête exerçant dans une région, au nombre de médecins interrogés pour cette région
** France métropolitaine hors Corse

132 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Enquêtes •
Des densités de gériatres hospitaliers variables selon les régions

À partir de l’information fournie par le 16 à 54 pour 100 000 personnes âgées de


fichier transmis par le Collège profession- 75 ans ou plus. Les densités les plus faibles
nel des gériatres français comprenant les sont observées en Languedoc-Roussillon,
adresses des médecins en exercice dans les Basse-Normandie, Provence-Alpes-Côte
établissements de santé publics, cette spé- d’Azur et Lorraine (inférieures à 25 pour
cialité apparaît répartie de manière inégale 100 000). Elles sont au moins deux fois plus
selon les régions. La densité de gériatres élevées dans les deux régions de Franche-
« hospitaliers publics » varie en effet de Comté et Picardie.

Densité de gériatres hospitaliers du secteur public* pour 100 000 personnes de 75 ans ou plus

Source : Enquête 2010 auprès des gériatres - Exploitation : ORS Aquitaine


* rapport du nombre de médecins gériatres hospitaliers publics auxquels un questionnaire a été adressé exerçant dans une région,
au nombre de personnes âgées de 75 ans ou plus résidant dans cette région
** France métropolitaine hors Corse

Les densités les plus faibles sont observées


en Languedoc-Roussillon, Basse-Normandie,
Provence-Alpes-Côte d’Azur et Lorraine.

133
Des régions peu dotées en gériatres hospitaliers
mais très participatives
Les médecins ont plus fréquemment participé à notamment le cas des régions Languedoc-
l’enquête lorsqu’ils exerçaient dans une région Roussillon, Basse-Normandie, Provence-
peu dotée en gériatrie hospitalière. C’est Alpes-Côte d’Azur, Lorraine.

Taux de gériatres en exercice dans un établissement de santé public (pour 100 000 personnes de 75 ans
ou plus) et taux de réponse à l’enquête (pour 100 gériatres enquêtés), selon la région d’exercice

Source : Enquête 2010 auprès des gériatres - Exploitation : ORS Aquitaine


* gériatres en exercice dans les établissements de santé publics

La densité de gériatres « hospitaliers publics »


varie de 16 à 54 pour 100 000 personnes âgées
de 75 ans ou plus.

134 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Enquêtes •
Éléments sociodémographiques

Une majorité de femmes parmi les gériatres hospitaliers

Les femmes représentent 60 % des


Pyramide des âges des médecins gériatres hospitaliers
répondants ce qui correspond à leur
(en nombre)
proportion dans le fichier d’adresses
utilisé pour l’enquête ( 61 %).
L’âge moyen des gériatres hospitaliers
est de 46,5 ans et les femmes sont
plus jeunes (44,9 ans) que les hommes
(48,9 ans). Si la pyramide des âges des
gériatres hospitaliers est équilibrée,
elle montre quelques phénomènes
spécifiques. Avant 50 ans, cette com-
pétence est beaucoup plus fréquem-
ment exercée par des femmes que par
des hommes. Cette tendance s’inverse
après 55 ans. Si la moitié des gériatres
hospitaliers publics sont âgés de 40 à
49 ans, près de 15 % ont 55 ans ou Source : Enquête 2010 auprès des gériatres - Exploitation : ORS Aquitaine
plus et environ 5 % sont de très jeunes
médecins de moins de 35 ans.

Formation en gériatrie
Près de 9 gériatres hospitaliers sur 10 détenteurs de la capacité
de gérontologie

La formation en gériatrie la plus fréquente dix ont cité un diplôme d’études spéciali-
est la Capacité en gérontologie. Les déten- sées (DES), le plus souvent de médecine
teurs de ce diplôme représentent 88,5 % interne (la moitié), de rhumatologie (20 %)
des médecins répondants. ou de santé publique (14 %).
À leurs côtés, près de 8 % ont obtenu le
Diplômes de gériatrie*
Diplôme d’études spécialisées complé-
mentaires (DESC) de gériatrie. Ce diplôme
ouvre droit, depuis 2005, à la qualification
de spécialiste en gériatrie qui peut par ail-
leurs être obtenue par équivalence, selon
des critères définis par la profession sur
lesquels s’appuie la commission de quali- Source : Enquête 2010 auprès des gériatres - Exploitation : ORS Aquitaine
fication du conseil national de l’ordre des * premier diplôme de gériatrie
médecins. Sept médecins ayant le DESC sur

135
Une forte progression de l’exercice de la gériatrie hospitalière

La capacité de gérontologie a été créée (soit 4,1 % par an) et 50 % de 2000 à


en 1988 et nécessite deux ans d’études ; 2007 (soit 6,4 % par an). Les médecins
aussi, les premiers diplômés appartiennent ont obtenu leur diplôme de gériatrie en
à la promotion 1990. Parmi les gériatres moyenne 6,8 ans après la soutenance de
répondants, environ 40 % ont obtenu leur leur thèse de médecine.
diplôme de gériatrie entre 1990 et 2000

Gériatres selon l’année d’obtention du premier diplôme de gériatrie (en nombre)

Source : Enquête 2010 auprès des gériatres - Exploitation : ORS Aquitaine

L’âge moyen des médecins à l’ob-


Répartition des médecins hospitaliers selon l’âge à l’obtention
tention du diplôme de gériatrie est du diplôme de gériatrie et l’année d’obtention du diplôme
de 36 ans. Un médecin sur deux a
obtenu ce diplôme avant l’âge de
34,2 ans. Les hommes l’ont plus sou-
vent obtenu après 40 ans que les
femmes.
Les médecins sont en moyenne
âgés de 36,3 ans à l’obtention de la
Capacité de gérontologie, un peu plus
jeunes, 34 ans, à l’obtention du DESC.
Les diplômés de gériatrie d’avant
2000 étaient un peu plus jeunes
que les diplômés d’après 2000. L’âge
moyen à l’obtention du diplôme Source : Enquête 2010 auprès des gériatres - Exploitation : ORS Aquitaine
est ainsi passé de 34,7 ans pour les
médecins diplômés de 1990 à 1999 à
37,1 ans pour ceux diplômés à partir
de 2000.

136 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Enquêtes •
Mode d’exercice

Un exercice exclusivement hospitalier pour 7 gériatres sur 10

Les médecins interrogés exercent tous autre type de structure (établissement privé,
dans un établissement de santé public. cabinet libéral, réseau ou coordination).
Les plus nombreux (70 %) travaillent dans
un centre hospitalier (CH), 20 % dans un Les médecins gériatres hospitaliers selon le mode d’exercice
centre hospitalier universitaire (CHU) et
10 % dans un hôpital de proximité.
Sept sur dix exercent exclusivement à
l’hôpital. Pour ceux ayant plusieurs lieux de
travail, il s’agit essentiellement de médecins
intervenant dans un établissement d’héber-
gement pour personnes âgées dépendantes
(Ehpad). Moins de 10 % exercent dans un Source : Enquête 2010 auprès des gériatres - Exploitation : ORS Aquitaine

Statut
Un statut de gériatre à temps plein déclaré par 8 gériatres sur 10

Plus de 80 % des médecins répondants ont à temps partiel travaillent six demi-jour-
déclaré être praticiens hospitaliers à temps nées par semaine, 21 % cinq demi-jour-
plein, 14 % à temps partiel. Moins de 4 % nées et 17 % huit demi-journées. Moins
des répondants sont professeurs d’univer- de 5 % exercent moins d’un mi-temps.
sité praticiens hospitaliers et aucun maître Alors qu’environ 60 % de la totalité des
de conférence n’a répondu à l’enquête. gériatres répondants sont des femmes, elles
Un médecin déclare le statut d’attaché consituent les trois-quarts des médecins
hospitalier. exerçant à temps partiel et un quart des
Plus de la moitié (57,5 %) des praticiens professeurs d’université.

Les médecins gériatres répondants selon le statut

Source : Enquête 2010 auprès des gériatres - Exploitation : ORS Aquitaine

137
Les gériatres professeurs d’université pra- exerçant à temps partiel sont un peu plus
triciens hospitaliers (PUPH) sont globa- représentés avant 45 ans et après 60 ans
lement plus âgés que les praticiens hos- que ceux à temps plein.
pitaliers (PH). Parmi ces derniers, ceux

Les médecins gériatres répondants selon le statut et l’âge

Source : Enquête 2010 auprès des gériatres - Exploitation : ORS Aquitaine

Par ailleurs, le mode d’exercice et le statut praticiens hospitaliers à temps plein et de


sont liés. Ainsi, un seul professeur d’uni- plus de la moitié des praticiens hospitaliers
versité associe plusieurs modes d’exercice, à temps partiel.
alors que c’est le cas de plus d’un quart des

Les médecins gériatres répondants selon le statut et les modes d’exercice

Source : Enquête 2010 auprès des gériatres - Exploitation : ORS Aquitaine

Les gériatres professeurs d’université praticiens


hospitaliers (PUPH) sont globalement plus âgés
que les praticiens hospitaliers (PH).

138 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Enquêtes •
Activités gériatriques

Des activités multiples pour les gériatres

Plus de la moitié des médecins répondants concernent entre un quart et 40 % des


interviennent dans une consultation géria- médecins. Les trois activités de travail en
trique (58 %) ou une consultation mémoire hôpital de jour, de coordonnateur d’Ehpad
(55 %). L’exercice de la médecine aiguë et les soins palliatifs concernent chacune
gériatrique, de soins de suite et de réadap- 20 % des médecins. Le domaine de la psy-
tation, de soins de longue durée et l’inter- chogériatrie est moins développé (11 %).
vention dans une équipe mobile gériatrique

Activités gériatriques déclarées par les médecins (chaque médecin a coché plusieurs items)

Source : Enquête 2010 auprès des gériatres - Exploitation : ORS Aquitaine

139
Les profils d’activités

Le croisement deux à deux des acti- questionnaire d’enquête, met en évidence


vités pratiquées par les gériatres hospi- deux profils de médecins.
taliers publics, telles que citées dans le

Un profil associant consultations, médecine gériatrique aiguë,


hôpitaux de jour, équipes mobiles de gériatrie, services
d’admission-urgence

Les activités de consultation, qu’il s’agisse souvent déclarée par les médecins ayant
de consultation gériatrique, consultation des activités dans les services d’admission-
mémoire ou consultation avancée, sont urgence, mais également ceux interve-
le plus souvent déclarées par les méde- nant dans les hôpitaux de jour, les équipes
cins intervenant en hôpital de jour, dans mobiles gériatriques et ceux pratiquant des
une équipe mobile de gériatrie, un service soins palliatifs. Elle est moins représentée
d’admission-urgence et les services de dans les services de soins de suite et réadap-
médecine aiguë gériatrique. tation (SSR), ceux de soins de longue durée
La médecine gériatrique aiguë est le plus (SLD) et chez les coordonnateurs d’Ehpad.

Profil 1 : Croisement des activités déclarées par les médecins gériatres hospitaliers (en %)

Source : Enquête 2010 auprès des gériatres - Exploitation : ORS Aquitaine


Note de lecture : Parmi les 469 médecins déclarant une activité de consultation gériatrique, 71,0 % déclarent également une
activité de consultation mémoire, 15,8 % une activité d’admission-urgence, 50,1 % pratiquent la médecine gériatrique aiguë…

140 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Enquêtes •
Un profil associant gériatres intervenant en SSR, en SLD,
soins palliatifs et douleur, psycho-gériatrie, coordination d’Ehpad

Les médecins intervenant en SSR ont la psycho-gériatrie ou de la coordination


souvent des activités de soins palliatifs et en Ehpad.
douleur, de psycho-gériatrie et près de la Ces médecins interviennent moins sou-
moitié d’entre eux interviennent également vent dans les consultations que le premier
en service de soins de longue durée et en groupe. Cependant, près des deux-tiers des
Ehpad. Les gériatres de services de soins de psycho-gériatres interviennent dans une
longue durée partagent ces activités, qu’il consultation mémoire (un sur deux dans
s’agisse des soins palliatifs et douleur, de une consultation gériatrique).

Profil 2 : Croisement des activités déclarées par les médecins gériatres hospitaliers (en %)

Source : Enquête 2010 auprès des gériatres - Exploitation : ORS Aquitaine


Note de lecture : Parmi les 268 médecins déclarant une activité de soins palliatifs et douleur, 57,7 % déclarent également une
activité de consultation gériatrique, 50,0 % une activité de consultation mémoire, 18,5 % une activité d’admission-urgence…

Médecins coordonnateurs d’Ehpad

Parmi les 152 médecins qui ont répondu travailler à temps plein, 60 % à temps par-
aux questions spécifiques concernant les tiel et 8 % par vacations. La moitié des
médecins coordonnateurs d’Ehpad, plus médecins à temps partiel exerce une à trois
de huit sur dix travaillent le plus souvent demi-journées dans l’Ehpad. Les médecins
dans un seul Ehpad (83 %) et neuf sur dix à temps plein sont tous des PH en activité
dans un Ehpad public. Ils sont presque tous essentiellement dans un CH.
salariés (98 %). Près d’un tiers déclarent

141
Répartition du temps professionnel

Plus de la moitié du temps professionnel consacrée aux soins

Le temps consacré à chaque type d’activité La répartition des temps profession-


est très variable.Ainsi, les médecins répon- nels chez les hommes et les femmes est
dants non exclus (1) consacrent en moyenne très proche. Les hommes apparaissent
54 % de leur temps de travail aux activi- cependant plus engagés dans l’enseigne-
tés de soins. Les activités de consultation ment-formation continue et les activités
représentent 18 % du temps de travail, les gérontologiques.
tâches administratives 17 %, l’enseignement
ou la formation continue 7 % et les activités
gérontologiques 4 %.

Part moyenne de temps professionnel consacrée à chaque type d’activité, selon le sexe (en %)

Source : Enquête 2010 auprès des gériatres - Exploitation : ORS Aquitaine


* enseignement post-universitaire
Note de lecture : Les médecins répondants aux items sur la répartition du temps de travail et non exclus consacrent 54,4 %
de leur temps professionnel aux activités de soins, 17,9 % aux activités de consultation, etc. Les hommes ayant déclaré des
activités de soins y consacrent 53,5 % % de leur temps, les femmes ayant déclaré des activités de soins 55,0 %, etc.

1. Les médecins devaient répartir leur temps de travail hebdomadaire moyen au cours des 12 derniers mois en cinq activités,
dont la somme devait égaler 100. Sans élément permettant d’interpréter les réponses, ont été exclues celles dont le total était
différent de 100.

La répartition des temps professionnels chez


les hommes et les femmes est très proche.

142 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Enquêtes •
La répartition des temps de travail diffère temps professionnel contre 17 % pour
selon le statut des médecins. L’activité les autres). Les professeurs d’université
de soins reste prépondérante mais elle investissent plus d’un quart de leur temps
représente un tiers du temps de travail dans l’enseignement et la formation conti-
des médecins PU-PH, 57 % de celui des nue, soit environ quatre fois plus que les
PH exerçant à temps plein et près de la praticiens hospitaliers. Le statut des méde-
moitié de celui des PH à temps partiel. Ces cins interfère peu sur le temps accordé
derniers interviennent davantage dans les aux tâches administratives et aux activités
activités de consultation (un quart de leur gérontologiques.

Part moyenne de temps professionnel consacrée à chaque type d’activité, selon le statut (en %)

Source : Enquête 2010 auprès des gériatres - Exploitation : ORS Aquitaine


* enseignement post-universitaire
Note de lecture : Les médecins PU-PH répondants aux items sur la répartition du temps de travail et non exclus consacrent
32,8 % de leur temps professionnel aux activités de soins, 16,9 % aux activités de consultation, etc. Les hommes ayant déclaré
des activités de soins y consacrent 53,5 % % de leur temps, les femmes ayant déclaré des activités de soins 55,0 %, etc.

Participation à un tour de garde


Le taux de non-réponse à la question sur la Taux de participation* à un tour de garde (en %)
participation à un tour de garde spécifique
de gériatrie atteint 11 %. Le taux de partici-
pation à un tour de garde est de 50 % si l’on
considère l’ensemble des médecins, de 57 %
si l’on considère uniquement les répondants.
La participation à un tour de garde, parmi
les répondants à cette question, est un peu
plus représentée chez les femmes (59 %)
que les hommes (54 %), chez les médecins
de spécialité titulaires du DESC (65 %) que
les titulaires de la capacité (56 %), chez les
médecins de moins de 45 ans (60 %) que les
plus âgés (55 %).
Source : Enquête 2010 auprès des gériatres - Exploitation :
ORS Aquitaine
* pour 100 médecins répondants à cet item.

143
Formation et évaluation
des pratiques professionnelles
Trois modalités de formation sont consi- derniers mois. Environ 40 % des médecins
dérées dans l’enquête, l’évaluation des ont participé aux trois types de formation
pratiques professionnelles, la participation et moins de 3 % à aucun, ce qui témoigne
à des congrès ou colloques et à d’autres de la forte implication de la profession dans
types de formation, au cours des douze la formation continue.

Trois médecins gériatres sur quatre ont participé


à une évaluation des pratiques professionnelles (EPP)

Près des trois quarts des médecins répon- tant que formateur. Le sexe, l’âge, l’année
dant à l’enquête déclarent avoir participé d’obtention de la thèse, le type de diplôme
au cours des douze derniers mois à une de gériatrie n’interviennent pas sur la pro-
ou plusieurs évaluations des pratiques portion de participants.
professionnelles, dont près d’un tiers en

Neuf médecins gériatres sur dix ont participé


à des congrès ou des colloques

La participation à des congrès ou colloques maximum 5 demi-journées à ce type de


concerne près de 90 % des médecins, les formation et 19 % plus de 10 demi-jour-
trois quarts s’étant rendus à trois événe- nées. Il n’y pas de différences selon le sexe,
ments au maximum au cours de l’année et l’âge et le type de diplôme. Les professeurs
moins de 1 % à plus d’un événement par d’université apparaissent plus sollicités, un
mois en moyenne. L’ensemble des partici- seul déclarant ne pas avoir participé à ce
pants y a consacré en moyenne 7,7 demi- type de manifestations.
journées. Plus d’un tiers (37 %) a dédié au

Deux médecins gériatres sur trois ont suivi


un autre type de formation

Environ les deux tiers des médecins formations courtes d’une à cinq demi-jour-
ont suivi d’autres types de formation. nées pour la moitié des médecins partici-
L’ensemble des participants y a consacré pants et de formations longues d’au moins
en moyenne 9,2 demi-journées. Il s’agit de 20 demi-journées pour 14 %.

144 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Enquêtes •
Des formations à visée diagnostique ou thérapeutique le plus souvent

Près de 95 % des médecins ont assisté à s’agissait de renouveler leurs compétences,


au moins un congrès, un colloque ou à un l’acquisition concernant en effet moins d’un
autre type de formation et 56 % ont assisté quart des médecins concernés.
à ces deux types de formation. L’évaluation
des pratiques professionnelles n’est pas Mais les formations à l’exploration fonc-
considérée comme une formation dans tionnelle ou à la gestion et management
l’analyse ci-après sur les compétences sont également recherchées par les
acquises. gériatres. Plus d’un tiers se sont formés
Le plus souvent, les médecins cherchent à à l’exploration fonctionnelle : il s’agit alors
acquérir ou renforcer leurs compétences d’une actualisation de compétences pour
cliniques à visée diagnostique ou théra- plus de la moitié des médecins. Enfin, 30 %
peutique. Des formations de ce type ont ont reçu une formation en gestion / mana-
été suivies par plus de 80 % des méde- gement. Dans les deux tiers des cas, il s’agit
cins formés et pour la grande majorité, il d’une acquisition de compétence.

Médecins ayant participé à une formation selon le type de compétences acquises

Source : Enquête 2010 auprès des gériatres - Exploitation : ORS Aquitaine

Répartition des gériatres formés selon le contenu et l’objectif de la formation

Source : Enquête 2010 auprès des gériatres - Exploitation : ORS Aquitaine

145
Annexes

■1
 – Questionnaire d’enquête

■2
 –É
 léments de cadrage sur les médecins
et les gériatres en France

146 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Enquêtes •
Annexe 1 : Questionnaire d’enquête

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147
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148 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Enquêtes •

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149
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150 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Enquêtes •
Annexe 2 : Éléments de cadrage sur les médecins
et les gériatres en France
D’après la dernière publication de la Les plus nombreux (6 100) détiennent la
Drees (1), sur les 207 500 médecins de compétence « médecine du sport », devant
France, près de 60 % ont un mode d’ex- la gériatrie-gérontologie (2 780) et l’angéio-
cercie libéral ou mixte (libéral + salarié), logie (2 030). Si plus de 80 % des médecins
40 % sont exclusivement salariés et 30 % du sport et des angéiologues exercent en
sont des salariés hospitaliers (2). Alors que, mode libéral ou mixte, seulement 30 %
globalement, omnipraticiens et spécialistes des gériatres-gérontologues ont ce mode
sont un nombre équivalent, ces derniers d’excercice. À l’opposé, 56 % de ces der-
ont un poids très élevé parmi les salariés niers sont des salariés hospitaliers, contre
hospitaliers (plus de 7 sur 10). 8 % de leurs confrères médecins du sport
et angéiologues. Parmi les généralistes ayant
Plus de 19 000 médecins généralistes ont déclaré une compétence, la gériatrie repré-
déclaré une compétence spécifique, soit sente près de 30 % des salariés hospitaliers
près d’un quart de l’ensemble des généra- et seulement 8 % des libéraux ou mixtes.
listes. Mais avoir une compétence est plus Ainsi, la gériatrie apparaît comme la com-
fréquent parmi les salariés hospitaliers pétence phare des médecins hospitaliers
(44 %) que parmi les libéraux ou mixtes alors que la médecine du sport serait celle
(18 %). des libéraux ou mixtes.

Les médecins en France métropolitaine, au 1er janvier 2010

Source : Drees
1 Les médecins au 1er janvier 2010, Daniel Sicart, Document de travail n°152 février 2011, Drees
2 Les médecins salariés hospitaliers peuvent exercer dans les établissements publics, privés ou les établissements privés d’intérêt
collectifs (Epic, équivalents des anciens PSPH), à titre salarié exclusivement et pour quelques-unes avec une activité libérale
à l’hôpital.

151
Volet 2 : Caractéristiques
des segments d’activité
de la GéRIATRIE

Sommaire
■ Méthodologie................................................................................................ 153

■ Participation et caractéristiques des gériatres...............155

■A
 ctivité de consultation (CS) ........................................................157
et d’hospitalisation de jour (HDJ)

■ Activité de court séjour gériatrique........................................175

■ Activité de SSR gériatrique..............................................................190

■ Activité de soins de longue durée (SLD)................................205

■ Activité des Ehpad...................................................................................219

■ Activité des EMG.......................................................................................232

■ Annexes.............................................................................................................246
Annexe 1 : traitements médicamenteux pour l’ensemble de l’échantillon
Annexe 2 : fiches patient

152 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Enquêtes •

Méthodologie
Objectifs • S oins de suite et réadaptation (SSR)
gériatrique
L’enquête a pour objectif principal de • Psychogériatrie
décrire, à partir de la prise en charge des • Soins de longue durée (SLD)
patients, les spécificités des principaux seg- • EHPAD (établissement d’hébergement
ments d’activité du métier de gériatre. pour personnes âgées dépendantes) 
Elle étudie, pour chaque segment défini • Gériatrie libérale
dans le référentiel métier, les caractéris- • Equipe mobile de gériatrie (EMG)
tiques des patients et les spécificités de • Réseaux et coordination
la prise en charge, en termes de motifs et A l’issue de la phase de validation, un
de prescriptions à visée diagnostique et courrier de présentation de l’enquête,
thérapeutique. émanant du Collège Professionnel des
Gériatres Français, a été envoyé à 99
Méthode gériatres, afin d’obtenir leur confirmation
de participation.
Le champ de l’enquête Au regard d’un nombre trop faible de par-
ticipants, le segment d’activité « réseaux
L’enquête a été réalisée auprès d’un panel et coordination » n’a pas été intégré dans
de gériatres volontaires identifiés par les l’enquête.
membres du comité de pilotage du livre Au final, 77 gériatres se sont déclarés
blanc de la gériatrie. volontaires pour participer à l’enquête.
Ces gériatres exerçaient plus particuliè-
rement dans des services de gériatrie de Le type d’enquête
Centres hospitaliers et Centres hospitaliers
universitaires et dans des établissements Il s’agit d’une enquête transversale
d’hébergement pour personnes âgées quantitative.
dépendantes (EHPAD). L’information a été recueillie à partir de
La liste initiale des gériatres volontaires fiches patient individuelles, renseignées par
comportait 105 gériatres répartis dans les les gériatres.
9 segments d’activité de la gériatrie, elle a
été finalisée et validée par les référents de Le matériel et le protocole d’enquête
chacun des 9 segments :
• Consultation (CS) – Hôpital de jour Le matériel d’enquête (fiches patient) et le
(HDJ) protocole (modalités) ont été conçus selon
• Court séjour gériatrique une approche par segment d’activité.

153
Huit (une par segment) types de fiches La phase de recueil initialement prévue sur
patient ont été élaborées, elles compor- 1 mois, du 15 mai au 15 juin 2011, a été
taient des questions spécifiques à chaque prolongée jusqu’à la première semaine de
segment (caractéristiques de la prise en juillet, au regard du nombre de gériatres
charge et orientation du patient à l’issue de qui avait retourné leurs fiches patient au
la prise en charge) et des questions com- 15 juin.
munes à l’ensemble des segments (lieu de la Plusieurs relances ont été mises en œuvre
prise en charge, caractéristiques du patient, au cours du mois de juin et jusqu’à la mi-
investigations réalisées ou prévues, traite- juillet, afin que l’ensemble des fiches rensei-
ments médicamenteux, en cours, prescrits gnées puisse être exploité.
ou interrompus et comorbidités). Réf fiche
patient en annexe page 159. Le traitement des données
Le protocole d’enquête a été adapté aux
différents types d’activité. Le traitement informatisé des données de
Chaque médecin participant devait ren- santé à caractère personnel a été autorisé
seigner trente fiches patient, à l’exception par la Commission nationale informatique
de ceux exerçant en psychogériatrie et en et liberté (Cnil).
gériatrie libérale, activités pour lesquelles Les données ont été exploitées avec le
20 fiches patient étaient demandées. logiciel IBM ® SPSS ® STATISTICS 19.
Le recueil a été envisagé de manière pros- L’étude descriptive des données a été envi-
pective sur une période d’un mois pour six sagée par segment d’activité, à l’exception
segments d’activité (CS–HDJ, court séjour de la gériatrie libérale et de la psychogéria-
gériatrique, SSR gériatrique, psychogéria- trie, en raison d’un nombre insuffisant de
trie, gériatrie libérale, EMG) et en rétros- fiches patient renseignées.
pectif pour l’activité de SLD et d’EHPAD Les traitements statistiques mis en œuvre
afin de tenir compte du nombre d’entrées ont eu pour objectif de présenter aux
mensuelles. gériatres, selon leur segment d’activité, une
restitution exhaustive des données recueil-
Le déroulement de l’enquête lies par le biais des questions spécifiques et
communes des différentes fiches patient.
Le matériel d’enquête a été adressé par La base de données n’a pas fait l’objet d’une
voie postale aux gériatres volontaires le étude analytique. ◗
11 mai 2011.

Présenter aux gériatres, selon leur segment


d’activité, une restitution exhaustive des données
recueillies par le biais des questions spécifiques et
communes des différentes fiches patient

154 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Enquêtes •

Participation
et caractéristiques
des gériatres
Une participation variable Taux de participation à l’enquête selon les segments
selon les segments d’activité

52 gériatres ont participé à l’enquête sur


les 77 volontaires initiaux, soit un taux de
participation des gériatres de 68%, pour
un taux attendu d’au moins 90% dans un
contexte d’engagement volontaire à parti-
ciper à l’enquête.
La participation varie selon les segments,
elle est particulièrement faible pour la
gériatrie libérale, très moyenne pour les
segments «équipes mobiles» et «SLD», Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
moyenne pour les «consultations-hôpital Exploitation ORS Bretagne
de jour», «soins de suite réadaptation»
et «Ehpad» et la plus élevée pour les seg-
ments «court séjour» et «psychogériatrie» Répartition des fiches patient
sans toutefois atteindre le niveau escompté. par segment d’activité exploité
25 gériatres n’ont pas été en mesure de
réaliser l’enquête en raison, pour la majo-
rité d’entre eux, de contraintes organisa-
tionnelles internes.
1333 fiches patient ont été renseignées,
parmi lesquelles 24 fiches patient corres-
pondant à la gériatrie libérale et 75 cor-
respondant à la psychogériatrie ont été
exclues, ces effectifs ne permettant pas
d’étudier de manière spécifique ces seg-
ments d’activité.
Au final 1234 fiches patient, réparties entre Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
six segments d’activité, ont été exploitées. Exploitation ORS Bretagne

155
Une prédominance féminine Répartition par sexe des gériatres participants
des gériatres participants

De même qu’au niveau national(1), les femmes


sont majoritaires, elles représentent
60 % des participants de l’échantillon.

Une surreprésentation des


gériatres exerçant en CHU

Du fait du mode de recrutement des


gériatres pour l’enquête, il importe de
noter que les médecins participants ne
constituent pas un échantillon aléatoire
représentatif des gériatres exerçant en
France. Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique -
Les deux tiers des médecins participants Exploitation ORS Bretagne
exercent en CHU et 10% en CHG(2). ◗

Lieu d’exercice principal par segment d’activité exploité

Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique - Exploitation ORS Bretagne

1. D’après les statistiques pour l’année 2011 du Conseil National de l’Ordre des Médecins, les femmes représentent 58% parmi
l’ensemble des gériatres exerçant en France métropolitaine (tous modes d’exercices confondus). Dans la première enquête portant
sur les caractéristiques des médecins gériatres exerçant en établissement public, cette proportion atteint 60%.
2. Les médecins interrogés dans le cadre de la première enquête exercent tous dans un établissement de santé public. Les plus
nombreux (70 %) travaillent dans un centre hospitalier (CH), 20 % dans un centre hospitalier universitaire (CHU) et 10 % dans
un hôpital de proximité.

156 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Enquêtes •

Activité de consultation (CS)


et d’hospitalisation de jour
(HDJ)
Remarque préliminaire

Ce segment d’activité regroupe les consultations et les prises en charge en hospitalisation


de jour MCO et SSR, cependant, en raison du faible effectif (n=13) de patients relevant de
l’hospitalisation de jour SSR (aucun patient n’ayant été pris en charge en consultation SSR),
ces questionnaires ont été exclus de l’analyse.
Parallèlement, ont été également exclus de l’analyse, 6 questionnaires pour lesquels le service
d’hospitalisation de jour du patient n’a pas été précisé et 2 questionnaires non renseignés au
niveau du type de prise en charge, « consultation » ou « hospitalisation de jour ».
Au total, 233 questionnaires sont exploités, soit 92% du recueil ini-
tial. Cet effectif peut varier selon les variables analysés
lorsque la question n’a pas été renseignée.
108 (46%) patients ont été pris en charge
en consultation et 125 (54%) en hos-
pitalisation de jour. Les résultats
relatifs à ce segment d’activité
décrivent de manière distincte
les deux types de prise en
charge, à l’exception des
variables pour lesquelles il
n’a pas été mis en évidence
de différence statistiquement
significative. ◗

157
Caractéristiques des patients

Une population âgée Les patients selon le sexe et l’âge en consultation


et majoritairement féminine et HDJ (nombre et %)

Les patients sont âgés de 81 ans en moyenne.


L’âge moyen des femmes est supérieur à
celui des hommes (82 ans contre 80 ans).
Les deux tiers des patients sont des femmes
(65%). Cette prédominance féminine est plus
marquée chez les patients pris en charge en
hospitalisation de jour (72% contre 58%
chez les patients vus en consultation).

Les patients selon le sexe et le type de prise en


charge en consultation et HDJ (nombre et %)

Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique


Exploitation ORS Bretagne

en consultation ou pris en charge en hospi-


talisation de jour. Un quart des patients vit
dans un rayon de 10 à 30 kms et 15% des
Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique - patients sont domiciliés à plus de 30 kms
Exploitation ORS Bretagne de l’établissement. Il n’est pas observé de
différence statistiquement significative entre
La prédominance féminine progresse avec la consultation et l’hospitalisation de jour.
l’âge. En effet, comme le montre le tableau
ci-contre, la proportion de femmes passe
Répartition des patients selon la distance au lieu de
de 54% avant 75 ans à 71% à partir de 85
résidence en consultation et HDJ (nombre et %)
ans et plus. Cette tendance observée, quel
que soit le type de prise en charge, est
plus marquée dès 75 ans chez les patientes
prises en charge en hospitalisation de jour.

Une activité de consultation


et d’hospitalisation de jour
de proximité

Quel que soit le type de prise en charge, 6


patients sur 10 (61%) résident à moins de Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
10 kms de l’établissement où ils sont vus Exploitation ORS Bretagne

158 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Enquêtes •
Des patients Répartition en % des patients selon la situation familiale
qui vivent à leur domicile et répartition de la population française de 65 ans et plus
selon le statut matrimonial légal au 1er janvier 2008
Près de 9 patients sur 10 (88%) résident
habituellement à leur domicile, sans diffé-
rence statistiquement significative selon le
type de prise en charge.
Environ 1 patient sur 10 (12%) vit dans une
structure d’hébergement pour personnes
âgées, principalement en établissement
d’hébergement pour personnes âgées
dépendantes (EHPAD).

Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique, Insee


Lieu de vie habituel des patients selon le type de prise Recensement 2008 - Exploitation ORS Bretagne
en charge en consultation et HDJ (nombre et %)

La situation familiale influe sur le fait


de vivre seul ou pas. La quasi-totalité
des personnes mariées ou en couple ne
résident pas seules contrairement aux
personnes en situation de veuvage qui
sont proportionnellement les plus nom-
Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique - breuses à vivre seules (82%) devant les
Exploitation ORS Bretagne personnes divorcées ou séparées (73%)
et les célibataires (55%). Cette tendance
est similaire quel que soit le type de prise
Une situation familiale en charge.
en cohérence avec celle
de la population générale
Situation familiale selon le mode de vie,
en consultation et HDJ (nombre et %)
Globalement qu’ils soient pris en charge
en consultation ou en hospitalisation
de jour, les patients sont mariés ou en
couple (43%) ou veufs (44%). Les situa-
tions de divorce ou séparation et celles
de célibat sont beaucoup moins fré-
quentes, respectivement 7% et 6%. La
répartition, selon la situation familiale
observée dans l’enquête, est cohérente
avec celle de la population française âgée
de 65 ans et plus, obtenue à partir des Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
résultats au 1er janvier 2008 du recense- Exploitation ORS Bretagne
ment de l’insee, particulièrement chez les
80 ans et plus.

159
Pour 2 % Des patients majoritairement
peu dépendants
des patients Le questionnaire permettait de renseigner
l’entourage n’est le GIR du patient au dernier relevé dans le
cas où cette mesure était effectuée. Parmi
jamais présent… les 233 patients du segment d’activité étu-
dié, l’information a été mentionnée pour
77 d’entre eux, soit le tiers des question-
naires (33 %). Au regard de ces données,
Présence de l’entourage familial ou amical il importe de noter que la répartition
en consultation et HDJ (nombre et %) des GIR présentée n’est pas repré-
sentative et ne témoigne pas du niveau
de dépendance de l’ensemble des patients
pris en charge par le segment d’activité
« Consultation et Hospitalisation de jour ».
Ces résultats sont donnés à titre informatif.

Globalement, 57% des patients sont clas-


sés dans les GIR 3 et 4, soit une majo-
rité de patients moyennement dépen-
dants. Les GIR 5 et 6 concernent 29 %
des patients, soit 3 patients sur 10 pou-
Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique -
vant être considérés comme autonomes.
Exploitation ORS Bretagne Les GIR 1 et 2 regroupent 14 % des
patients.

Une présence hebdomadaire


Les GIR* des patients selon le type de prise en charge
de l’entourage pour en consultation et HDJ (nombre et %)
la majorité des patients

Pour plus de 8 patients sur 10 (85%), l’en-


tourage familial ou amical est présent au
moins une fois par semaine. Pour 7% des
patients la fréquence se situe entre 1 et 3
fois par mois, pour 6% elle est inférieure au
mois et pour 2% l’entourage n’est jamais
présent.

Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique


Exploitation ORS Bretagne
* au dernier relevé lorsque celui-ci est effectué

160 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Enquêtes •
La prise en charge

Lieu de la prise en charge du patient La moitié des patients


selon le type de prise en charge en hospitalisation est adressée par son médecin
et HDJ (nombre et %) traitant, plus fréquemment
pour une consultation

La moitié des patients (51%) a été adres-


sée par son médecin traitant, davantage
dans le cadre d’une consultation (59%)
qu’en hospitalisation de jour (43%). Un
service hospitalier adresse 18% des
patients en consultation et 40% en hos-
Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
Exploitation ORS Bretagne pitalisation de jour, il se situe essentielle-
ment au sein de l’établissement de prise
en charge.
Davantage de consultations
dans les CH et d’hospitalisa- La demande de prise en charge émane
tions de jour dans les CHU de la famille pour 10% des patients vus
en consultation et 5% en hospitalisation
Le mode de recrutement des gériatres pour de jour.
l’enquête (67% d’entre eux exercent dans un
CHU) influence fortement le lieu de prise
en charge du patient :
près des trois quarts
Mode d’adressage du patient selon le type de prise en charge
des patients (73%)
en consultation et HDJ (nombre et %)
ont été pris en charge
dans un CHU contre
27% dans un Centre
Hospitalier (CH).

Les patients pris en


charge en hospitalisa-
tion de jour sont pro-
portionnellement plus
nombreux dans les
CHU (62%) que dans
les CH (33%), inverse-
ment les patients vus
en consultation pré-
dominent dans les CH
(67% contre 38% dans Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique – Exploitation ORS Bretagne
les CHU). * au dernier relevé lorsque celui-ci est effectué

161
Davantage de patients Répartition des patients selon la nature du suivi et le type
suivis régulièrement de prise en charge en consultation et HDJ (nombre et %)
en consultation qu’en
hospitalisation de jour

La majorité des patients (53%) sont


suivis régulièrement dans ce segment
d’activité, cette proportion est signifi-
cativement plus élevée chez les patients
vus dans le cadre d’une consultation
que chez ceux pris en charge en hospi-
talisation de jour (45%). La proportion
de patients vus occasionnellement est
proche quel que soit le type de prise en
charge, 9% en consultation et 11% en Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
hospitalisation de jour, à l’inverse la part Exploitation ORS Bretagne
des patients inconnus est significative-
ment plus élevée en hospitalisation de
jour (43% contre 28%).
Type de consultation selon le type de prise en charge
en consultation et HDJ (nombre et %)
Le type de consultation
étroitement lié au type
de prise en charge

Le type de consultation est lié à la prise


en charge : les patients vus en consultation
bénéficient essentiellement d’une consulta-
tion mémoire (87%) alors qu’en hospitalisa-
tion de jour, il s’agit pour 85% d’entre eux Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
d’une consultation pluridisciplinaire. Les Exploitation ORS Bretagne
autres types de consultation sont beaucoup
moins fréquents, la consultation avancée
étant la plus rare, quel que soit le type de
prise en charge. La nécessité
d’un avis diagnostique
dans la majorité des cas
Une activité essentiellement
programmée Les motifs généraux pour lesquels les patients
ont été adressés, diffèrent selon le type de
Sans différence selon le type de prise en prise en charge. Les patients vus en consulta-
charge, seuls 5% des patients sont vus dans tion sont adressés pour 1,1 motif en moyenne
un contexte d’urgence. contre 1,6 en hospitalisation de jour.

162 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Enquêtes •
En consultation comme en hospitalisation Les motifs généraux d’adressage selon le type de prise
de jour, le motif le plus fréquemment cité en charge en consultation et HDJ (nombre et %)
est la demande d’ « avis diagnostique »,
davantage en hospitalisation de jour (75%
des patients) qu’en consultation (48%). En
consultation, le « suivi d’une pathologie
connue » correspond au second motif évo-
qué (41% des patients) alors qu’en hospi-
talisation de jour il s’agit d’ « une prise en
charge globale » (31% des patients).

Une forte prédominance des


maladies neuro-dégénératives Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
Exploitation ORS Bretagne
Pour l’essentiel des patients (97%), les
gériatres ont mentionné un ou plusieurs
motifs de prise en charge (en moyenne 1,3
motifs par patient).
En consultation,
Globalement, les trois motifs les plus fré-
quemment cités par les gériatres concernent
les démences
les troubles cognitifs pour le tiers des
patients (32%), les troubles de la mémoire
concernent plus
pour le quart (25%) et les démences pour
23% des patients (dont 15% de patients
du tiers des patients…
atteints de la maladie d’Alzheimer).
Cette hiérarchie diffère selon le type
Les trois motifs principaux les plus fréquemment
de prise en charge. En consultation, les rencontrés selon le type de prise en charge
démences représentent le motif le plus en consultation et HDJ (nombre et %)
fréquemment évoqué et concernent plus
du tiers des patients (34% dont 25%
sont atteints par la maladie d’Alzheimer),
viennent ensuite les troubles de la mémoire
(28%) et les troubles cognitifs (23%). En
hospitalisation de jour les troubles cognitifs
(41%) sont les plus fréquemment cités puis
les troubles de la mémoire (22%) et les
démences (13%).
Ces trois motifs principaux traduisant
l’existence possible d’une maladie neuro-
dégénérative, on peut estimer que la majo-
rité des patients (8 sur 10) pris en charge
dans ce segment d’activité sont atteints par
ce type d’affection. Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
Exploitation ORS Bretagne

163
Les comorbidités et pathologies
ayant motivé la prise en charge actuelle

Pour répondre à cette question, le gériatre La fréquence des principales affections car-
devait renseigner, pour chaque patient pris dio-vasculaires est similaire en consultation
en charge, la ou les comorbidités principales et en hospitalisation de jour. L’hypertension
présentées. En moyenne, 4,3 pathologies par artérielle est la plus fréquente et touche les
patient ont été indiquées, 5 en hospitalisation deux tiers des patients (65%).
de jour contre 3,3 en consultation. Parmi les maladies neurologiques, le syn-
La hiérarchie des cinq co-morbidités ou drome démentiel atteint plus de la moitié des
pathologies les plus fréquemment rencon- patients (55%) et s’agissant des pathologies
trées ne diffèrent pas selon le type de prise psychiatriques, un tiers (32%) des patients
en charge. Les pathologies cardio-vasculaires présentent un état dépressif.
sont les plus fréquentes (près de 8 patients Dans les tableaux suivants, les comorbidités
sur 10) suivies par les affections neurolo- et pathologies sont présentées de manière
giques (les deux tiers des patients) puis dans détaillée, selon l’ordre retenu dans le ques-
des proportions proches viennent les patho- tionnaire d’enquête.
logies psychiatriques (35%), rhumatologiques
(33%) et endocriniennes (30%).

164 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
Comorbidités 1 : Comorbidités et pathologies a • Enquêtes
yant motivé la prise en charge actuelle en consultation ou HDJ (nombre et %)

Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique – Exploitation ORS Bretagne

165
Comorbidités 2 : Comorbidités et pathologies
ayant motivé la prise en charge actuelle en consultation et HDJ (nombre et %)

Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique – Exploitation ORS Bretagne

166 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Enquêtes •
Les investigations envisagées
Deux types d’investigations sont étudiées dans test d’évaluation gérontologique dans le
ce chapitre : les tests d’évaluation gérontolo- cadre de la prise en charge actuelle. Pour un
gique d’une part, et les examens à visée dia- peu plus d’un patient sur cinq (22%), cette
gnostique d’autre part. L’enquête portant sur prescription est envisagée « à distance».
l’activité des gériatres à un moment donné, les En moyenne, 4,8 tests sont envisagés
investigations effectivement réalisées ne pou- « immédiatement » et 3,1 « de manière
vaient être recensées. Il s’agit donc ici de mesu- différée » pour les patients pris en charge
rer les investigations envisagées par le gériatre, en hospitalisation de jour contre respecti-
soit immédiatement soit de manière différée, vement 3,6 et 2,3 en consultation.
au moment où il prend en charge le patient en Les tests les plus fréquemment envisagés
consultation ou en hospitalisation de jour. « immédiatement » concernent l’évalua-
tion des fonctions supérieures (79%) et de
Tests d’évaluation géronto- l’autonomie (72%). Parmi les tests envisagés
logique : des outils cliniques « à distance », l’évaluation des fonctions
largement utilisés, un peu plus supérieures (46%) et nutritionnelle (46%)
fréquemment dans le cadre de ainsi que celle de l’autonomie (40%) et le
l’hospitalisation de jour bilan neuropsychologique (40%) sont les
plus fréquents.
Quel que soit le type de prise en charge, Les spécificités selon le type de prise en
pour 85% des patients, le gériatre a envisagé charge sont détaillées dans le tableau
la réalisation « immédiate » d’au moins un ci-dessous.

Tests d’évaluation gérontologique envisagés selon le type de prise en charge


en consultation et HDJ (nombre et %)

Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique – Exploitation ORS Bretagne

167
Davantage d’examens à visée En hospitalisation de jour, le nombre moyen
diagnostique dans un contexte d’examens envisagés en urgence est de
d’urgence, en hospitalisation 7,9 contre 3,1 en consultation, soit plus du
de jour double. A l’inverse le nombre moyen d’exa-
mens envisagés de manière différée est de
En consultation, une proportion plus élevée 6,3 en consultation contre 4,8 en hospitali-
de patients est concernée par des examens sation de jour.
à réaliser de manière différée  (57% contre
38% en urgence) alors qu’en hospitalisation Les spécificités selon le type de prise en
la tendance est inversée (88% en urgence charge et les examens prescrits sont détail-
contre 25% de manière différée). lés dans le tableau ci-dessous.

Examens à visée diagnostique envisagés selon le type de prise en charge en consultation et HDJ (nombre et %)

Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique – Exploitation ORS Bretagne

168 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Enquêtes •
Les demandes Demandes d’avis prévues selon le type de prise en charge
d’avis programmés en consultation et HDJ (nombre et %)
et les consultations
spécialisées prévues

Des demandes d’avis et


des consultations spécia-
lisées plus fréquemment
prévues en hospitalisa-
tion de jour

44% des patients vus en consultation


font l’objet d’une demande d’avis
contre 68% en hospitalisation de jour.
Parallèlement, le nombre moyen de
demandes d’avis est moins élevé en Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique – Exploitation ORS Bretagne
consultation (1,4) qu’en hospitalisation
de jour (1,9).
L’avis auprès d’un neuropsychologue Consultations spécialisées prévues selon le type de prise
est le plus fréquemment cité en consul- en charge en consultation et HDJ (nombre et %)
tation (60% des patients) comme en
hospitalisation de jour (53%). Ensuite,
les fréquences diffèrent selon le type
de prise en charge. Le recours à un
orthophoniste est davantage cité en
consultation qu’en hospitalisation de
jour (respectivement 26% contre 11%),
à l’inverse le kinésithérapeute est plus
souvent mentionné en hospitalisation
de jour (32%) qu’en consultation (9%).
Le tableau ci-contre présente les pour-
centages de citations des profession-
nels de santé selon le type de prise
en charge.

Les consultations spécialisées sont plus


fréquemment prévues chez les patients
en hospitalisation de jour 54% contre
32% en consultation. En revanche, le
nombre moyen de consultations spé-
cialisées prévues est de 1,2 sans diffé-
rence selon le type de prise en charge. Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique – Exploitation ORS Bretagne

169
Les recours à un avis en cardiologie, neurolo- Les fréquences de citations des différents
gie, psychiatrie et ORL sont les plus fréquents. spécialistes, selon le type de prise en
Parmi les 11 « autres » avis spécialisés prévus, charge, sont présentées dans le tableau
8 correspondent à un médecin rééducateur. précédent.

Les traitements médicamenteux


en cours ou à prescrire
Les gériatres devaient indiquer pour chaque L’interruption d’un traitement médicamen-
patient et par famille thérapeutique, les traite- teux est plus rare, elle concerne 8% de
ments médicamenteux « en cours » au moment l’ensemble des patients et 1,3 médicaments
de la prise en charge, ceux « prescrits » ou en moyenne.
« interrompus » à l’issue de la prise en charge.
Le nombre moyen de traitements médica- Prédominance des médicaments
menteux en cours au moment de la prise en à visée cardio-vasculaire
charge est de 4,9 par patient : il est un peu et des psychotropes dans
plus élevé pour les patients en hospitalisa- les traitements en cours
tion de jour (5,4) qu’en consultation (4,4).
Quel que soit le type de prise en charge, Quel que soit le type de prise en charge,
la mise en place d’une nouvelle thérapeu- les médicaments à visée cardio-vas-
tique a concerné un peu plus du quart des culaire et les psychotropes sont les
patients (26%), avec en moyenne 1,2 nou- deux familles thérapeutiques les plus
veau traitement. citées parmi les traitements en cours.

Traitements
médicamenteux
en cours,
prescrits et
interrompus
par grandes
familles
thérapeutiques
chez les patients
vus en
consultation
(nombre et %)

Source :
Enquête 2011 sur
l’activité gériatrique
– Exploitation ORS
Bretagne

170 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Enquêtes •
Traitements
médicamenteux
en cours,
prescrits et
interrompus
par grandes
familles
thérapeutiques
chez les patients
en hospitalisa-
tion de jour
(nombre et %)

Source :
Enquête 2011 sur
l’activité gériatrique
– Exploitation ORS
Bretagne

Les traitements à visée cardio-vasculaire familles thérapeutiques concernent


concernent 74% des patients en consulta- moins d’un patient sur 10.
tion et 84% en hospitalisation de jour et les Chez les patients en hospitalisation
psychotropes respectivement 68% et 62%. de jour, six autres classes médicamen-
Les autres traitements médicamenteux teuses prédominent : les antalgiques
apparaissent moins fréquents. (46%), les traitements à visée digestive
Chez les patients vus en consultation, (34%), les anti-ostéoporotiques (22%),
quatre autres classes médicamenteuses les antidiabétiques (20%), les traite-
prédominent. Il s’agit des antalgiques ments de la thyroïde (17%) et enfin, les
(30%), des anti-ostéoporotiques (21%), suppléments (11%). Les autres familles
des antidiabétiques (16%) et des traite- thérapeutiques concernent moins de
ments à visée digestive (16%). Les autres 10% des patients.

Les médicaments à visée cardio-vasculaire


et les psychotropes sont les deux familles
thérapeutiques les plus citées parmi
les traitements en cours
171
Concernant les deux classes médicamen- Parmi les psychotropes, les antidépresseurs,
teuses principales que sont les traitements à les anticholinestérasiques et les benzodia-
visée cardio-vasculaire et les psychotropes, les zépines sont les plus cités.
traitements les plus fréquemment cités sont Pour les traitements à visée cardio-vascu-
similaires, que les patients soient pris en charge laire, ce sont l’IEC ou Sartan, les antiagré-
en consultation ou en hospitalisation de jour. gants, les diurétiques et les statines.

Psychotropes et
médicaments
à visée cardio-
vasculaire chez
les patients vus
en consultation
(nombre et %)

Source :
Enquête 2011 sur
l’activité gériatrique
– Exploitation ORS
Bretagne

Psychotropes
et médicaments
à visée
cardio-vasculaire
chez les patients
vus en
hospitalisation
de jour
(nombre et %)

Source :
Enquête 2011 sur
l’activité gériatrique
– Exploitation ORS
Bretagne

172 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Enquêtes •
L’orientation souhaitée
après la prise en charge en cours

La prédominance du retour Parmi les 8 patients pour lesquels une hos-


ou maintien à domicile pitalisation est souhaitée, 3 sont orientés
vers un service de court séjour gériatrique,
Quel que soit le type de prise en charge, 2 vers un service de court séjour, 2 vers
8 patients sur 10 sont orientés vers leur une unité cognitivo-comportementale et
domicile.  1 patient retourne dans le service de court
Pour 14% des patients, l’hébergement en séjour gériatrique qui l’avait initialement
Ehpad ou dans une autre structure médico- adressé.
sociale est préconisé. Pour les trois-quarts
(23 sur 31) de ces patients résidents per-
manents d’EHPAD, il s’agit de retours dans
leur établissement.

Orientation souhaitée après la prise en charge en consultation et HDJ (nombre et %)

Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique – Exploitation ORS Bretagne

Quel que soit le type de prise en charge,


8 patients sur 10 sont orientés
vers leur domicile

173
Modalités de suivi préconisé dans le cadre d’un maintien ou d’un retour à domicile selon
le type de prise en charge en consultation et HDJ (nombre et %)

Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique – Exploitation ORS Bretagne

L’accompagnement Le suivi par un médecin spécialiste est plus


par un suivi médical fréquent en hospitalisation de jour (34%
Globalement, les patients orientés vers contre 18% des patients vus en consulta-
leur domicile vont bénéficier d’un suivi tion), à l’inverse le suivi par le gériatre ou
conjoint. Les gériatres préconisent qu’il par le médecin traitant est un peu plus
soit réalisé par le médecin qui a effectué souvent cité en consultation respecti-
la prise en charge du patient (dans 80% vement 84% et 89% contre 77% et 67%
des cas), par le médecin traitant (77%) et qu’en hospitalisation de jour. Par ailleurs,
dans une moindre mesure par un médecin dans le cadre de l’hospitalisation de jour,
spécialiste (26%). les gériatres préconisent la poursuite de la
prise en charge dans ce segment d’activité,
Quelques spécificités sont observées selon pour 30% des patients. ◗
le type de prise en charge.

Dans le cadre de l’hospitalisation de jour,


les gériatres préconisent la poursuite
de la prise en charge

174 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Enquêtes •

Activité de court séjour


gériatrique
Pour ce segment d’activité, 254 questionnaires ont été renseignés par les gériatres participants
à l’enquête. Cet effectif peut varier selon les variables analysées lorsque la question n’a pas
été renseignée.

Caractéristiques des patients

Une population âgée Les patients selon le sexe et l’âge


et majoritairement en court séjour gériatrique (nombre et %)
féminine

Les patients sont âgés de 85 ans


en moyenne. L’âge moyen des
femmes est supérieur à celui des
hommes (85 ans contre 84 ans).
Les deux tiers des patients sont
des femmes (65%). Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique – Exploitation ORS Bretagne
La prédominance féminine pro-
gresse avec l’âge. En effet, comme
le montre le tableau ci-contre, la
proportion de femmes passe de
Répartition des patients selon la distance au lieu
44% avant 75 ans à 69% à partir
de résidence en court séjour gériatrique (nombre et %)
de 85 ans et plus.

Une activité de court


séjour gériatrique en
majorité de proximité

6 patients sur 10 résident à moins


de 10 kilomètres de leur lieu de
prise en charge. Près du tiers des
patients (32%) vit dans un rayon
de 10 à 30 kilomètres et moins
d’1 patient sur 10 (8%) sont domi-
ciliés à plus de 30 kilomètres. Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique – Exploitation ORS Bretagne

175
Des patients qui vivent Répartition des patients selon leur lieu de vie habituel
à leur domicile en court séjour gériatrique (nombre et %)

Les trois quarts des patients (74%)


vivent à leur domicile.
Près du quart (23%) est accueilli dans
un établissement d’hébergement
pour personnes âgées, il s’agit pour
l’essentiel d’établissements pour per-
sonnes âgées dépendantes (Ehpad).
Une minorité de patients (N= 7,
soit 3%) réside dans d’autres lieux : Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique – Exploitation ORS Bretagne
4 patients vivent chez un membre de
leur famille, 2 sont accueillies dans
un établissement psychiatrique et un
patient vit à l’hôtel.

Une majorité de personnes


Répartition des patients selon la situation familiale
en situation de veuvage
en court séjour gériatrique (nombre et %)
La majorité des patients pris en charge
en court séjour gériatrique (58%) est
en situation de veuvage, et 3 patients
sur 10 (31%) sont mariés ou en couple,
les situations de célibat et de divorce
ou séparation sont moins fréquentes
et concernent respectivement 8% et
3% des patients. Globalement, la répar-
tition des patients en court séjour Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique – Exploitation ORS Bretagne
gériatrique selon la situation familiale
est proche de celle observée en popu-
lation générale chez les 65 ans et plus Situation familiale selon le mode de vie en court séjour
(cf. Page 159). gériatrique (nombre et %)
La situation familiale influe sur le fait
de vivre seul ou pas. L’ensemble des
personnes mariées ou en couple
déclarent ne pas vivre seules alors
que pour les autres situations fami-
liales, elles sont plus de 8 sur 10 à
déclarer vivre seules.

Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique – Exploitation ORS Bretagne

176 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Enquêtes •
Une présence hebdomadaire Présence de l’entourage familial ou amical
de l’entourage pour la majo- en court séjour gériatrique (nombre et %)
rité des patients

Près de 8 patients sur 10 (79%) sont entou-


rés par un proche au moins une fois par
semaine. Pour 12% des patients, l’entourage
familial ou amical est présent entre 1 et 3
fois par mois, pour 5%, la fréquence des
visites est inférieure à 1 fois par mois et
pour 4% des patients, l’entourage n’est
jamais présent. Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
Exploitation ORS Bretagne

Des patients majoritairement Les GIR* des patients en court séjour


dépendants gériatrique (nombre et %)
Le questionnaire permettait de renseigner
le GIR du patient au dernier relevé dans le
cas où cette mesure était effectuée. Parmi
les 254 patients du segment d’activité étu-
dié, l’information a été mentionnée pour
50 d’entre eux, soit pour 1 questionnaire
sur 5 (20%). Au regard de ces données, il
importe de noter que la répartition
des GIR présentée n’est pas repré-
sentative et ne témoigne pas du niveau
de dépendance de l’ensemble des patients
pris en charge par le segment d’activité
« Court séjour gériatrique ». Ces résultats Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
Exploitation ORS Bretagne
sont donnés à titre informatif. *au dernier relevé lorsque celui-ci est effectué

64% des patients sont classés dans les


GIR 1 et 2, soit une majorité de patients
dépendants. Les GIR 3 et 4 concernent
20% des patients, soit 1 patient sur 5 pou-
vant être considéré comme moyennement
dépendant. Les GIR 5 et 6 regroupent
16% des patients classés comme étant
autonomes.

177
La prise en charge

Une surreprésentation des prises en charge en CHU


Le mode de recrutement des gériatres pour l’enquête (67% d’entre eux exercent dans un
CHU) influence fortement le lieu de prise en charge du patient : près de 8 patients sur 10
(79%) ont été pris en charge dans un CHU contre 21% dans un Centre Hospitalier (CH).

Une majorité d’entrée


Mode d’entrée en court séjour gériatrique
par mutation interne,
selon le type d’établissement de prise en charge
davantage dans les CH
(nombre et %)
Globalement, près de 6 patients sur
10 (57%) sont entrés par mutation
interne dans le service de court
séjour gériatrique, 28% par entrée
directe et 15% ont été transférés
d’un autre établissement.
Les modes d’entrée varient selon
le type d’établissement de prise en
charge. Les entrées directes sont 3
fois plus fréquentes dans les CHU
que dans les CH (33% contre 11%),
les transferts concernent davantage Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
de patients dans les CHU que dans les Exploitation ORS Bretagne
CH (16% contre 9%) et à l’inverse les
mutations internes sont proportion-
nellement plus nombreuses dans les
CH (79% contre 52% dans les CHU).

Des entrées directes


adressées majoritairement Mode d’adressage des entrées directes
par un médecin en court séjour gériatrique (nombre et %)
généraliste

7 patients sur 10 sont adressés


par leur médecin traitant, plus d’un
patient sur 10 (13%) par un Ehpad
non hospitalier. Parmi les autres
modes d’entrée directe (13%) les
patients adressés par des médecins
spécialistes hospitaliers (6 patients
sur 9) sont les plus nombreux. Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique – Exploitation ORS Bretagne

178 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Enquêtes •
Des patients Service hospitalier de provenance des patients
qui proviennent entrés par mutation ou transfert en court séjour
fréquemment gériatrique (nombre et %)
des services d’urgences

Les deux tiers des patients qui font


l’objet d’une mutation interne à l’éta-
blissement viennent du service des
urgences, 15% d’une zone d’hospita-
lisation de très courte durée (ZTCD),
11 % sont en provenance d’un service
de court séjour non gériatrique.
38 % des patients transférés d’un
autre établissement proviennent du
service des urgences, 27% d’un ser-
vice de court séjour non gériatrique Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
et 16% sont issus de la zone d’hos- Exploitation ORS Bretagne
pitalisation de très courte durée
(ZTCD).

Près de 8  patients sur 10 ont été pris


en charge dans un CHU
Contexte d’urgence selon le type d’entrée
en court séjour gériatrique (nombre et %)
Une activité
majoritairement
non programmée

Globalement, 7 patients sur 10 sont


pris en charge dans un contexte
d’urgence. Cette caractéristique
diffère selon le type d’entrée. Les
patients qui font l’objet d’une entrée
directe sont proportionnellement
moins nombreux (49 %) à être pris
en charge dans un contexte d’ur-
gence que les patients entrés par Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
mutation (80 %) ou transfert (78 %). Exploitation ORS Bretagne

179
Une majorité de patients Répartition des patients selon la nature du suivi
inconnus en court séjour gériatrique (nombre et %)

La majorité des patients (72%) sont


pris en charge pour la première
fois par le service de court séjour
gériatrique, 15% des patients sont
suivis régulièrement et 13% sont vus
occasionnellement.

Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique – Exploitation ORS Bretagne

La nécessité d’une prise Les motifs généraux d’adressage


en charge globale pour la en court séjour gériatrique (nombre et %)
moitié des patients

Plus de la moitié (52%) des patients


sont adressés en court séjour géria-
trique pour une prise en charge glo-
bale, 44% pour un avis diagnostique
et 38% pour un avis thérapeutique.

Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique


Exploitation ORS Bretagne

52% des patients sont adressés en court séjour


gériatrique pour une prise en charge globale…

180 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Enquêtes •
Des motifs général (8%) et les maladies neurologiques
de prise en charge variés pour 8% des patients (dont 5% de patients
dans un contexte d’accident vasculaire
Pour la quasi-totalité des patients (97%), les cérébral).
gériatres ont précisé un ou plusieurs motifs Au moins un de ces cinq motifs princi-
de prise en charge (en moyenne 1,2 motif paux est présent chez près de la moitié des
par patient). patients (48%).
Globalement, les cinq motifs les plus fré- Les autres motifs, de fréquence moins
quemment cités concernent les chutes importante, se répartissent entre diffé-
pour 14% des patients, les maladies pneu- rentes symptomatologies hématologiques,
mologiques (11%), les maladies cardio- néoplasiques, métaboliques, psychiatriques,
vasculaires (10%), une altération de l’état infectieuses …

Pour 97 % des patients les gériatres ont précisé


un ou plusieurs motifs de prise en charge…
Les cinq motifs principaux les plus fréquemment rencontrés
en court séjour gériatrique (nombre et %)

Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique – Exploitation ORS Bretagne

181
Les comorbidités et pathologies
ayant motivé la prise en charge actuelle

Pour répondre à cette question, le gériatre Parmi les maladies neurologiques, le syn-
devait renseigner, pour chaque patient pris drome démentiel atteint 41% des patients.
en charge, la ou les comorbidités princi- Parmi les pathologies endocrino-métabo-
pales présentées. En moyenne, 6,2 patho- liques, la dénutrition est la plus fréquente
logies par patient ont été indiquées. et concerne un quart des patients (24%).
Les pathologies cardio-vasculaires sont les S’agissant des pathologies urologiques,
plus fréquentes (plus de 8 patients sur 10) l’insuffisance rénale chronique comprise
suivies par les affections neurologiques (les entre 30 et 60 ml/min est la plus fréquente
deux tiers des patients), les pathologies et touche 1 patient sur 5 (20%).
endocrino-métaboliques (54%) et urolo- Dans les tableaux ci-contre, les comorbi-
giques (45%). dités et pathologies sont présentées de
Parmi les affections cardio-vasculaires, l’hy- manière détaillée, selon l’ordre retenu dans
pertension artérielle est la plus fréquente le questionnaire d’enquête.
et touche près des deux tiers des patients
(63%).

182 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Enquêtes •
Comorbidités 1 : Comorbidités et pathologies Comorbidités 2 : Comorbidités et pathologies
ayant motivé la prise en charge actuelle ayant motivé la prise en charge actuelle
en court séjour gériatrique (nombre et %) en court séjour gériatrique (nombre et %)

Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique – Exploitation ORS Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique – Exploitation ORS
Bretagne Bretagne

183
Les investigations envisagées

Deux types d’investigations sont étudiées dans ce chapitre : les tests d’évaluation gérontolo-
gique d’une part, et les examens à visée diagnostique d’autre part. L’enquête portant sur l’acti-
vité des gériatres à un moment donné, les investigations effectivement réalisées ne pouvaient
être recensées. Il s’agit donc ici de mesurer les investigations envisagées par le gériatre, soit
immédiatement soit de manière différée, au moment où il prend en charge le patient dans le
service de court séjour gériatrique.

Tests d’évaluation
Tests d’évaluation gérontologique envisagés
gérontologique : des outils
en court séjour gériatrique (nombre et %)
cliniques largement utilisés

Pour l’essentiel des patients (94%), le


gériatre a envisagé la réalisation « immé-
diate » d’au moins un test d’évaluation
gérontologique dans le cadre de la prise
en charge actuelle. Pour plus de la moitié
des patients (57%), cette prescription est
envisagée « à distance».
En moyenne, 4,5 tests sont envisagés
« immédiatement » et 3,3 « de manière
différée ».
Les tests les plus fréquemment envisagés
« immédiatement » concernent l’évaluation
de la douleur (83%), du risque d’escarre
(58%), nutritionnelle (53%) et de l’auto-
nomie (51%). Parmi les tests envisagés « à
distance », l’évaluation des fonctions supé-
rieures (64%) de l’autonomie (52%) et le
bilan neuropsychologique (40%) sont les Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
plus fréquents. Exploitation ORS Bretagne
Les fréquences de prescription des diffé-
rents tests sont détaillées dans le tableau
ci-contre.

Pour 94 % des patients le gériatre a envisagé


la réalisation « immédiate » d’au moins un test
d’évaluation gérontologique…
184 Livre blanc de la gériatrie française
Livre blanc de la gériatrie française
• Enquêtes •
Davantage d’examens Examens à visée diagnostique envisagés
à visée diagnostique en court séjour gériatrique (nombre et %)
dans un contexte
d’urgence

Pour l’essentiel des patients pris


en charge dans un service de court
séjour gériatrique (94%), les exa-
mens à visée diagnostique sont envi-
sagés en urgence, et pour 6 patients
sur 10 de manière différée.
Le nombre moyen d’examens envi-
sagés en urgence est de 9,6 contre
4,3 de manière différée, soit plus du
double.
Pour la quasi-totalité des patients
(97%), les examens de biologie sont
réalisés en urgence contre 51% de
manière différée.
Les examens de radiologie, image-
rie et endoscopie sont prescrits à
7 patients sur 10 en urgence et à
un peu plus de la moitié (52%) de
manière différée.
Les examens à visée cardiologique
sont envisagés pour plus de 8
patients sur 10 (82%) en urgence
et pour plus de 7 sur 10 (73%) de
manière différée.
Le détail des examens prescrits
figure dans le tableau ci-contre.

Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique


Exploitation ORS Bretagne

185
Les demandes d’avis programmés
et les consultations spécialisées prévues

Des demandes d’avis Demandes d’avis prévues en court


en kinésithérapie pour plus séjour gériatrique (nombre et %)
de 7 patients sur 10

71% des patients pris en charge dans un


service de court séjour gériatrique font
l’objet d’une demande d’avis, et le nombre
moyen d’avis est de 1,8.
Pour plus de 7 patients sur 10 (73%), la
demande d’avis est prévue auprès d’un
kinésithérapeute, pour 47% d’un diététicien
et pour 27% auprès d’un ergothérapeute.
L’avis d’un psychologue est requis dans
13% des cas.

Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique


Exploitation ORS Bretagne

Plus de la moitié des patients Consultations spécialisées prévues


nécessite une consultation en court séjour gériatrique (nombre et %)
spécialisée

Pour plus de la moitié des patients (54%),


il est prévu au moins une consultation spé-
cialisée. Le nombre moyen de consulta-
tions est de 1,2 par patient.
Les quatre spécialités médicales les plus
fréquemment citées sont la neurologie
(23%), la cardiologie (15%), la psychiatrie
(11%) et la gastro-entérologie (10%).

Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique


Exploitation ORS Bretagne

186 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Enquêtes •
Les traitements médicamenteux
en cours ou à prescrire
Les gériatres devaient indiquer pour chaque patient et par famille thérapeutique, les traite-
ments médicamenteux « en cours » au moment de la prise en charge, ceux « prescrits » ou
« interrompus » à l’issue de la prise en charge.
Le nombre moyen de traitements médicamenteux en cours au moment de la prise en charge
est de 5,1 par patient. La mise en place d’une nouvelle thérapeutique a concerné 6  patients
sur 10, avec en moyenne 2,6 nouveaux traitements. L’interruption d’un traitement médi-
camenteux est un peu moins fréquente, elle concerne 43% de l’ensemble des patients et
1,8  médicament en moyenne.

Prédominance trois familles thérapeutiques les plus citées


des médicaments à visée parmi les traitements en cours.
cardio-vasculaire dans Les traitements à visée cardio-vasculaire
les traitements en cours concernent 86% des patients, les psychotropes
et les antalgiques 48% des patients chacun.
Les médicaments à visée cardio-vasculaire, Les autres traitements médicamenteux
les psychotropes et les antalgiques sont les apparaissent moins fréquents.

Traitements médicamenteux en cours, prescrits et interrompus en court séjour


gériatrique par grandes familles thérapeutiques (nombre et %)

Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique – Exploitation ORS Bretagne

187
Psychotropes et médicaments à visée cardio-vasculaire
en court séjour gériatrique (nombre et %)

Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique – Exploitation ORS Bretagne

Concernant les deux classes médicamen- • P armi les psychotropes : les benzo-
teuses principales que sont les traitements diazépines, les antidépresseurs et les
à visée cardio-vasculaire et les psycho- neuroleptiques.
tropes, les traitements en cours au moment • Pour les traitements à visée cardio-vas-
de la prise en charge du patient les plus culaire : l’IEC ou Sartan, les antiagrégants,
fréquemment cités sont : les diurétiques, les béta-bloquants et
l’héparine.

Les médicaments à visée cardio-vasculaire,


les psychotropes et les antalgiques sont
les trois familles thérapeutiques les plus citées
parmi les traitements en cours…

188 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Enquêtes •
L’orientation souhaitée
après la prise en charge en cours

Plus du tiers des patients requièrent un accueil en établissement


d’hébergement pour personnes âgées dépendante

A l’issue de la prise en charge en court Orientation souhaitée après la prise


séjour gériatrique, un peu moins de la en charge en court séjour gériatrique
moitié des patients (45%) peut être main- (nombre et %)
tenu ou retourner à son domicile.

Plus du tiers nécessite un accueil en éta-


blissement d’hébergement pour personnes
âgées dépendantes. L’essentiel des patients
(96%) orientés vers un Ephad justifie d’un
hébergement permanent. Pour plus de la
moitié (56%) de ces patients, résidents
permanents d’EHPAD, il s’agit de retours
dans l’établissement. Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
Exploitation ORS Bretagne
Un patient sur cinq reste hospitalisé. Pour
plus des deux tiers (68%) des patients
concernés, l’hospitalisation est envisagée
Modalités de suivi préconisé dans le cadre
dans un service de soins de suite et de
d’un maintien ou d’un retour à domicile
réadapation non gériatrique.
à l’issue de la prise en charge
en court séjour gériatrique (nombre et %)

L’accompagnement au domi-
cile par le médecin traitant

Les gériatres préconisent que les patients


orientés vers leur domicile bénéficient
d’un suivi par le médecin traitant (96%) et
dans une moindre mesure par un médecin
spécialiste (29%) et par le gériatre qui a
effectué la prise en charge en court séjour
gériatrique (17%).
Pour 34% des patients, le service de soins
infirmiers à domicile est sollicité et pour
30% des soins paramédicaux sont souhai-
tés. Une prise en charge sociale est égale- Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
ment mentionnée dans 29% des cas. Exploitation ORS Bretagne

189
Activité
de SSR gériatrique
Pour ce segment d’activité, 207 questionnaires ont été renseignés par les gériatres participants
à l’enquête. Cet effectif peut varier selon les variables analysées lorsque la question n’a pas
été renseignée.

Caractéristiques des patients

Une population âgée Les patients selon le sexe et l’âge


et majoritairement féminine en SSR gériatrique (nombre et %)

Les patients sont âgés de 83 ans en


moyenne. L’âge moyen des femmes est
supérieur à celui des hommes (83 ans
contre 82 ans).
Les deux tiers des patients sont des
femmes (62%).
La prédominance féminine progresse avec Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
Exploitation ORS Bretagne
l’âge. En effet, comme le montre le tableau
ci-contre, la proportion de femmes passe
de 45% avant 75 ans à 65% à partir de 85
ans et plus.

Une activité Répartition des patients selon la distance au lieu


de SSR gériatrique de résidence en SSR gériatrique (nombre et %)
en majorité de proximité

La moitié (49%) des patients résident à


moins de 10 kilomètres de leur lieu de
prise en charge. 42% des patients vivent
dans un rayon de 10 à 30 kilomètres et
moins d’1 patient sur 10 (9%) est domicilié
à plus de 30 kilomètres.

Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique


Exploitation ORS Bretagne

190 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Enquêtes •
Des patients qui vivent Répartition des patients selon leur lieu
à leur domicile de vie habituel en SSR gériatrique (nombre et %)

Près de 9 patients sur 10 (89%) vivent


à leur domicile. 8% sont accueillis dans
un établissement d’hébergement pour
personnes âgées, il s’agit majoritaire-
ment d’établissements pour personnes
âgées dépendantes (Ehpad). Une minorité
de patients (N= 6, soit 3%) réside dans
d’autres lieux, principalement chez un Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
membre de leur famille ou chez un ami. Exploitation ORS Bretagne

Répartition des patients selon la situation


familiale en SSR gériatrique (nombre et %)

La moitié des personnes en


situation de veuvage

Près de la moitié des patients pris en


charge en SSR gériatrique (49%) est en Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
situation de veuvage, et 4 patients sur 10 Exploitation ORS Bretagne
(38%) sont mariés ou en couple, les situa-
tions de célibat et de divorce ou sépara-
tion sont moins fréquentes et concernent
respectivement 9% et 4% des patients. Situation familiale selon le mode de vie
Globalement, la répartition des patients en en SSR gériatrique (nombre et %)
SSR gériatrique selon la situation familiale
diffère peu de celle observée en popula-
tion générale chez les 65 ans et plus (cf.
Page 159).

La situation familiale influe sur le fait de


vivre seul ou pas. L’ensemble des per-
sonnes mariées ou en couple déclarent ne
pas vivre seules alors que pour les autres
situations familiales, la majorité déclare Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
Exploitation ORS Bretagne
vivre seule.

191
Une présence hebdomadaire Présence de l’entourage familial ou amical
de l’entourage pour en SSR gériatrique (nombre et %)
la majorité des patients

Près de 9 patients sur 10 (88%) sont entou-


rés par un proche au moins une fois par
semaine. Pour 7% des patients, l’entourage
familial ou amical est présent entre 1 et 3
fois par mois, pour 3%, la fréquence des
visites est inférieure à 1 fois par mois et
pour 2% des patients, l’entourage n’est
jamais présent. Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
Exploitation ORS Bretagne

4 patients sur 10 sont


fortement dépendants et Les GIR* des patients en SSR gériatrique
la moitié l’est moyennement (nombre et %)

Le questionnaire permettait de ren-


seigner le GIR du patient au dernier
relevé dans le cas où cette mesure était
effectuée. Parmi les 207 patients du seg-
ment d’activité étudié, l’information a
été mentionnée pour 110 d’entre eux,
soit pour un peu plus de la moitié des
questionnaires (53%). Au regard de ces
données, il importe de noter que la
répartition des GIR présentée n’est
pas représentative et ne témoigne pas Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
du niveau de dépendance de l’ensemble Exploitation ORS Bretagne
*au dernier relevé lorsque celui-ci est effectué
des patients pris en charge par le seg-
ment d’activité « SSR gériatrique ». Ces
résultats sont donnés à titre informatif.

39% des patients sont classés dans les GIR


1 et 2, soit 4 patients sur 10 fortement
dépendants. Les GIR 3 et 4 concernent
48% des patients, soit la moitié des patients
pouvant être considérés comme moyenne-
ment dépendant. Les GIR 5 et 6 regroupent
12% des patients classés comme étant
autonomes.

192 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Enquêtes •
La prise en charge

Une surreprésentation des prises en charge en CHU

Le mode de recrutement des gériatres pour l’enquête (67% d’entre eux exercent dans un
CHU) influence fortement le lieu de prise en charge du patient : près des deux tiers des
patients (62%) ont été pris en charge dans un CHU, 25% dans un Centre Hospitalier (CH)
et 13% en clinique.

Une majorité d’entrée par Mode d’entrée en SSR gériatrique


mutation interne, davantage selon le type d’établissement
en CHU et en CH de prise en charge (nombre et %)

Globalement, plus de 6 patients sur 10


(62%) sont entrés par mutation interne
dans le service SSR gériatrique, 13% par
entrée directe et 25% ont été transférés
d’un autre établissement.
Les modes d’entrée varient selon le type
d’établissement de prise en charge. Les
entrées directes sont plus fréquentes
dans les cliniques qu’en CHU ou en CH
(respectivement 37% contre 9% et 8%),
les transferts concernent davantage de Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
patients dans les cliniques qu’en CHU Exploitation ORS Bretagne
ou en CH (respectivement 56% contre
21% et 20%) et à l’inverse les mutations
internes sont 10 fois plus nombreuses dans
les CHU et dans les CH (respectivement
70% et 73% contre 7% en clinique).
Mode d’adressage des entrées directes
Des entrées directes adres- en SSR gériatrique (nombre et %)
sées en majorité par un
médecin généraliste

Plus de la moitié des patients (52%) sont


adressés par leur médecin traitant. Près de
3 patients sur 10 (28%) font l’objet d’une
« autre entrée directe » qui relève essentiel-
lement de médecins spécialistes hospitaliers
(6 patients sur 7). 16% des patients sont pris
Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
en charge à la demande de la famille. Exploitation ORS Bretagne

193
Service hospitalier
de provenance des
patients entrés
par mutation ou trans-
fert en SSR gériatrique
(nombre et %)

Source : Enquête 2011 sur l’ac-


tivité gériatrique – Exploitation
ORS Bretagne

Plus de 6 mutations sur 10


et près de 9 transferts sur 10
en provenance d’un service 87% des patients
de court séjour
non gériatrique transférés d’un autre
Près des deux tiers (62%) des patients établissement
faisant l’objet d’une mutation interne à
l’établissement viennent d’un service de proviennent du service
court séjour non gériatrique et plus du tiers
restant (35%) du service de court séjour de court séjour
gériatrique.
87% des patients transférés d’un autre éta- non gériatrique
blissement proviennent du service de court
séjour non gériatrique, les autres transferts
sont minoritaires (tableau ci-dessus).

Une activité essentiellement Répartition des patients selon la nature


programmée du suivi en SSR gériatrique
Sans différence selon le type d’entrée, seul (nombre et %)
1 patient sur 10 est pris en charge dans un
contexte d’urgence.

Une majorité de patients


inconnus

La majorité des patients (77%) sont


pris en charge pour la première fois par
le service de SSR gériatrique, 11% des
patients sont suivis régulièrement et 13% Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
sont vus occasionnellement. Exploitation ORS Bretagne

194 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Enquêtes •
Une prise en charge Les motifs généraux d’adressage
suite à une affection en SSR gériatrique (nombre et %)
médicale aigüe pour plus
de la moitié des patients

Plus de la moitié des patients (56%) sont


adressés en SSR gériatrique pour une
prise en charge suite à une affection médi-
cale aiguë, 27% suite à une intervention
chirurgicale et 25% pour une prise en
charge globale. Les autres motifs de prise
en charge concernent 7% des patients
pour lesquels, dans la moitié des cas (8
patients sur 15), il s’agit de pallier une Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
défaillance de l’aidant. Exploitation ORS Bretagne

Des motifs Les cinq motifs principaux les plus fréquem-


de prise en charge variés ment rencontrés en SSR gériatrique
(nombre et %)
Pour la totalité des patients (100%), les
gériatres ont précisé un ou plusieurs
motifs de prise en charge (en moyenne
1,5 motifs par patient).
Globalement, les cinq motifs les plus fré-
quemment cités concernent les fractures
pour le quart des patients (24%), une réau-
tonomisation-rééducation-réadaptation
pour 20%, les chutes pour 13%, les mala-
dies neurologiques pour 9% des patients
(dont 8% dans un contexte d’accident vas-
culaire cérébral) et une perte d’autonomie
pour 9%.
Au moins un de ces cinq motifs principaux
est retrouvé chez plus de la moitié des
patients (59%).
Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
Les autres motifs, de fréquence moins Exploitation ORS Bretagne
importante, se répartissent principalement
entre symptomatologies cardiologiques,
pneumologiques, néoplasiques, psychia-
triques, infectieuses.

195
Les comorbidités et pathologies
ayant motivé la prise en charge actuelle

Pour répondre à cette question, le gériatre Parmi les maladies neurologiques, le syn-
devait renseigner, pour chaque patient pris drome démentiel atteint 4 patients sur
en charge, la ou les comorbidités princi- 10 (40%).
pales présentées. En moyenne, 7 patholo- Parmi les maladies endocrino-métabo-
gies par patient ont été indiquées. liques, la dénutrition est la plus fréquente
Les pathologies cardio-vasculaires sont les et touche le tiers des patients.
plus fréquentes (près de 9 patients sur 10) Parmi les pathologies rhumatologiques, un
suivies par les affections neurologiques (les quart des patients est concerné par une
deux tiers des patients) puis dans des pro- ostéoporose fracturaire.
portions proches viennent les pathologies S’agissant des pathologies uro-néphrolo-
endocriniennes (48%), rhumatologiques giques, les patients se répartissent dans
(44%) et urologiques (44%). les différentes affections sans que l’une ne
L’hypertension artérielle est l’affection car- prédomine de manière significative.
dio-vasculaire la plus fréquente et touche Dans les tableaux suivants, les comorbidités
près de 7 patients sur 10 (69%). et pathologies sont présentées de manière
détaillée, selon l’ordre retenu dans le ques-
tionnaire d’enquête.

196 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Enquêtes •
Comorbidités 1 : Comorbidités et pathologies Comorbidités 2 : Comorbidités et pathologies
ayant motivé la prise en charge actuelle ayant motivé la prise en charge actuelle
en SSR gériatrique (nombre et %) en SSR gériatrique (nombre et %)

Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique – Exploitation ORS Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique – Exploitation ORS
Bretagne Bretagne

197
Les investigations envisagées

Deux types d’investigations sont étudiées dans ce chapitre : les tests d’évaluation géron-
tologique d’une part, et les examens à visée diagnostique d’autre part. L’enquête portant
sur l’activité des gériatres à un moment donné, les investigations effectivement réalisées ne
pouvaient être recensées. Il s’agit donc ici de mesurer les investigations envisagées par le
gériatre, soit immédiatement soit de manière différée, au moment où il prend en charge le
patient dans le service de SSR gériatrique.

Tests d’évaluation
gérontologique : Tests d’évaluation gérontologique envisagés
des outils cliniques en SSR gériatrique (nombre et %)
largement utilisés

Pour l’essentiel des patients (99%), le


gériatre a envisagé la réalisation « immé-
diate » d’au moins un test d’évaluation
gérontologique dans le cadre de la
prise en charge actuelle. Pour près de 7
patients sur 10 (69%), cette prescription
est envisagée « à distance».
En moyenne, 6,1 tests sont envisa-
gés « immédiatement » et 3,5 « de
manière différée ».
Les tests les plus fréquemment
envisagés «  immédiatement  »
concernent l’évaluation de la dou-
leur (91%), nutritionnelle (83%), et
du risque d’escarre (77%). Parmi les
tests envisagés « à distance », l’éva-
luation des fonctions supérieures
(79%) et de l’autonomie (75%) sont
Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
les plus fréquents. Exploitation ORS Bretagne
Les fréquences de prescription des
différents tests sont détaillées dans
le tableau ci-contre.
En moyenne, 6,1 tests sont
envisagés « immédiatement »
et 3,5 « de manière différée »

198 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Enquêtes •
6 examens Examens à visée diagnostique envisagés
en SSR gériatrique (nombre et %)
envisagés en
urgence contre 6,8
de manière
différée.
Davantage d’examens
à visée diagnostique
envisagés de manière
différée

Pour les trois quarts (74%) des


patients pris en charge dans un ser-
vice de SSR gériatrique, les examens
à visée diagnostique sont envisagés
en urgence, et pour plus de 8 patients
sur 10 (84%) de manière différée.
Le nombre moyen d’examens envi-
sagés en urgence est de 6 contre 6,8
de manière différée.
Pour 7 patients sur 10 (69%), les exa-
mens de biologie sont réalisés en
urgence et pour 8 patients sur 10
(79%) de manière différée.
Les examens de radiologie, imagerie
et endoscopie sont prescrits à un
tiers des patients (32%) en urgence
et à la moitié (50%) de manière
différée.
Les examens à visée cardiologique
sont envisagés pour les trois quarts
des patients (76%) en urgence et
pour plus de la moitié (56%) de
manière différée.
Les examens prescrits sont détaillés
dans le tableau ci-contre.
Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
Exploitation ORS Bretagne

199
Les demandes d’avis programmés
et les consultations spécialisées prévues

Des demandes d’avis Les 2/3 des patients


en kinésithérapie pour nécessitent une consultation
l’ensemble des patients spécialisée

98% des patients pris en charge dans un Pour les deux tiers des patients (67%), il
service de SSR gériatrique font l’objet est prévu au moins une consultation spé-
d’une demande d’avis, et le nombre moyen cialisée. Le nombre moyen de consulta-
d’avis est de 3,1. tions est de 1,6 par patient.
Pour l’ensemble des patients (97%), la Les quatre spécialités médicales les plus
demande d’avis est prévue auprès d’un fréquemment citées sont l’orthopédie
kinésithérapeute et pour 77% auprès d’un (32%), la cardiologie (31%), la gériatrie
ergothérapeute. L’avis d’un neuro psycho- (19%) au travers d’une consultation hos-
logue, d’un psychologue ou d’un diététicien pitalière et la neurologie (18%)(tableau
est prévu pour environ 3 patients sur 10 ci-dessous).
(tableau ci-dessous).

Demandes d’avis prévues Consultations spécialisées prévues


en SSR gériatrique (nombre et %) en SSR gériatrique (nombre et %)

Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique


Exploitation ORS Bretagne

Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique


Exploitation ORS Bretagne

200 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Enquêtes •
Les traitements médicamenteux
en cours ou à prescrire
Les gériatres devaient indiquer pour chaque patient et par famille thérapeutique, les traite-
ments médicamenteux « en cours » au moment de la prise en charge, ceux « prescrits » ou
« interrompus » à l’issue de la prise en charge.
Le nombre moyen de traitements médicamenteux en cours au moment de la prise en charge
est de 6,7 par patient. La mise en place d’une nouvelle thérapeutique a concerné plus du tiers
des patients (35%), avec en moyenne 2,1 nouveaux traitements. L’interruption d’un traitement
médicamenteux est un peu moins fréquente, elle concerne 20% de l’ensemble des patients
et 1,3 médicament en moyenne.

Prédominance des médicaments les plus citées parmi les traitements


à visée cardio-vasculaire dans en cours.
les traitements en cours Les traitements à visée cardio-vasculaire
concernent 90% des patients, les antal-
Les médicaments à visée cardio-vasculaire, giques 66%, les psychotropes 58% et les
les antalgiques, les psychotropes et médicaments à visée digestive 55%.
les médicaments à visée digestive sont Les autres traitements médicamenteux
les quatre familles thérapeutiques apparaissent moins fréquents.

Traitements médicamenteux en cours, prescrits et interrompus par grandes


familles thérapeutiques chez les patients en SSR gériatrique (nombre et %)

Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique – Exploitation ORS Bretagne

201
Psychotropes et médicaments à visée cardio-vasculaire en SSR gériatrique
(nombre et %)

Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique – Exploitation ORS Bretagne

Concernant les deux classes médica- • Parmi les psychotropes : les antidépres-
menteuses principales que sont les trai- seurs et les benzodiazépines
tements à visée cardio-vasculaire et les • Pour les traitements à visée cardio-
psychotropes, les traitements en cours au vasculaire : l’IEC ou Sartan, les antiagré-
moment de la prise en charge du patient gants, les diurétiques, l’héparine et les
les plus fréquemment cités sont : béta-bloquants.

Le nombre moyen de traitements médicamenteux


en cours au moment de la prise en charge
est de 6,7 par patient…

202 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Enquêtes •
L’orientation souhaitée
après la prise en charge en cours

Les deux tiers des patients Orientation souhaitée après la prise en


retournent ou sont mainte- charge en SSR gériatrique (nombre et %)
nus à leur domicile

A l’issue de la prise en charge en service


de SSR gériatrique, les deux tiers des
patients (66%) peuvent être maintenus ou
retourner à leur domicile,
Près de 3 patients sur 10 (28%) nécessitent
un accueil en établissement d’héberge-
ment pour personnes âgées dépendantes.
Il s’agit, pour l’essentiel des patients (N=50,
soit 93%), d’un hébergement permanent. Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
Pour 15% de ces patients, résidents per- Exploitation ORS Bretagne
manents d’Ehpad, il s’agit de retours dans
l’établissement.
6% restent hospitalisés, parmi les 13 patients
concernés, l’hospitalisation est envisagée
vers un service de soins de longue durée
pour 8 d’entre eux.

203
L’accompagnement par le gériatre qui a effectué la prise en
au domicile par le médecin charge du patient en SSR gériatrique (14%)
traitant ou par un réseau gérontologique (14%).

Les gériatres préconisent que les patients Pour 42% des patients, des soins paramédi-
orientés vers leur domicile bénéficient caux sont souhaités et pour 35% le service
d’un suivi par le médecin traitant (93%) et, de soins infirmiers à domicile est sollicité.
dans une moindre mesure, par un médecin Le tiers des patients justifient d’une prise
spécialiste (29%) et en prortion équivalente en charge sociale. ◗

Modalités de suivi préconisé dans le cadre d’un maintien ou d’un retour à domcile
à l’issue de la prise en charge en SSR gériatrique (nombre et %)

Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique – Exploitation ORS Bretagne

204 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Rapport d’enquête •

Activité de soins
de longue durée (SLD)
Pour ce segment d’activité, 183 questionnaires ont été renseignés par les gériatres participants
à l’enquête. Cet effectif peut varier selon les variables analysées lorsque la question n’a pas
été renseignée.

Caractéristiques des patients


Une population âgée et à
Les patients selon le sexe et l’âge en SLD
prédominance féminine à
(nombre et %)
partir de 85 ans

Les patients sont âgés de 84 ans en


moyenne. L’âge moyen des femmes
est supérieur à celui des hommes
(85 ans contre 82 ans).
6 patients sur 10 sont des femmes.
La prédominance féminine est par- Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
ticulièrement marquée à partir de Exploitation ORS Bretagne
85 ans. En effet, comme le montre le
tableau ci-contre, la proportion de
femmes passe de 38% avant 75 ans à Répartition des patients selon la distance
71% à partir de 85 ans et plus. au lieu de résidence en SLD (nombre et %

Une activité
de SLD de proximité

8 patients sur 10 (79%) résident à


moins de 10 kilomètres de leur lieu
de prise en charge. 13% des patients
vivent dans un rayon de 10 à 30
kilomètres et moins d’1 patient sur
Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
10 (8%) est domicilié à plus de 30 Exploitation ORS Bretagne
kilomètres.

205
64% des patients pris en charge en SLD
sont en situation de veuvage…

Plus de 6 personnes sur 10 en


Répartition des patients selon la situa-
situation de veuvage
tion familiale en SLD (nombre et %)
Près des deux tiers (64%) des patients pris
en charge en SLD sont en situation de
veuvage, et 2 patients sur 10 (19%) sont
mariés ou en couple, les situations de céli-
bat et de divorce ou séparation sont moins
fréquentes et concernent respectivement
11% et 6% des patients. Globalement, la
répartition des patients en SLD selon la
situation familiale diffère de celle observée Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
en population générale chez les 65 ans et Exploitation ORS Bretagne
plus, les personnes en situation de veuvage
et de célibat sont surreprésentées et à
l’inverse les personnes mariées sont sous
représentées chez les patients en SLD par
rapport à la population générale des 65 ans
et plus. (cf. Page 159).

Une présence hebdomadaire Présence de l’entourage familial ou amical


de l’entourage pour en SLD (nombre et %)
la majorité des patients

Près des deux tiers des patients (65%) sont


entourés par un proche au moins une fois
par semaine. Pour 14% des patients, l’en-
tourage familial ou amical est présent entre
1 et 3 fois par mois, pour 13%, la fréquence
des visites est inférieure à 1 fois par mois
et pour 8% des patients, l’entourage n’est
Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
jamais présent. Exploitation ORS Bretagne

206 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Rapport d’enquête •
Plus de 8 patients sur 10 sont Les GIR* des patients en SLD
fortement dépendants (nombre et %)

Le questionnaire permettait de renseigner


le GIR du patient au dernier relevé dans le
cas où cette mesure était effectuée. Parmi
les 183 patients du segment d’activité étu-
dié, l’information a été mentionnée pour
175 d’entre eux, soit pour l’essentiel des
questionnaires (96%). Toutefois, compte
tenu du mode de recrutement des méde-
cins gériatres participants à l’enquête,
l’ensemble des patients pris en charge en
SLD l’ont été dans un service de CHU, les
Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
données peuvent être considérées comme Exploitation ORS Bretagne
représentatives de la population accueillie *au dernier relevé lorsque celui-ci est effectué
dans ce type d’établissements.

83% des patients sont classés dans les


GIR 1 et 2, soit plus de 8 patients sur 10
fortement dépendants.
Les GIR 3 et 4 concernent 17% des
patients, soit près de 2 patients sur 10 pou-
vant être considérés comme moyennement
83% des patients
dépendants.
Aucun patient n’est classé dans les GIR
sont classés
5 ou 6. dans les GIR 1 et 2.

207
La prise en charge

Des prises en charge exclusivement réalisées en CHU

Le mode de recrutement des gériatres pour l’enquête (67% d’entre eux exercent dans un
CHU) influence fortement le lieu de prise en charge du patient. La totalité des patients ont
été pris en charge dans un service de Soins de Longue Durée implanté dans un CHU.

Une majorité d’entrée


par mutation interne Mode d’entrée en SLD
(nombre et %)
Globalement, près des trois quarts
des patients (73%) sont entrés par
mutation interne dans le service de
SLD, 14% par transfert d’un autre
établissement et 13% par entrée
directe.

Parmi les 25 entrées directes,


10 patients sont adressés par leur
Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
médecin traitant et 9 sont réalisées Exploitation ORS Bretagne
à la demande de la famille.

Plus de 7 mutations
sur 10 en provenance
du SSR et des transferts
de provenances plus Service hospitalier de provenance des patients
diversifiées entrés par mutation ou transfert en SLD
(nombre et %)
Les mutations internes à l’établisse-
ment concernent essentiellement
des patients hospitalisés dans un
service de SSR gériatrique (38%) et
SSR non gériatrique (32%). 17% des
patients viennent d’un service de
court séjour non gériatrique.
Parmi les 24 patients transférés d’un
autre établissement 11 proviennent
Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
d’un service de SSR non gériatrique Exploitation ORS Bretagne
6 d’un Ehpad et 6 d’un service de
court séjour.

208 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Rapport d’enquête •
Une activité essentielle- Répartition des patients selon la nature
ment programmée du suivi en SLD (nombre et %)
Globalement, l’activité de SLD est
programmée, seul 1 patient sur 10
(12%) étant pris en charge dans un
contexte d’urgence.
Cette caractéristique varie selon le
type d’entrée. Les patients qui font
l’objet d’une entrée directe sont
proportionnellement plus nom-
breux (32%) à être pris en charge
dans un contexte d’urgence que les
patients entrés par transfert (16%)
ou mutation (8%). Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
Exploitation ORS Bretagne

Une majorité Répartition des patients selon la nature


de patients inconnus du suivi en SLD (nombre et %)
La majorité des patients (55%) sont
pris en charge pour la première fois
par le service SLD, 24% des patients
sont suivis régulièrement et 21%
sont vus occasionnellement.

Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique


Exploitation ORS Bretagne

La majorité des patients (55%)


sont pris en charge pour la première fois
par le service SLD…

209
Une prise en charge Les motifs généraux d’adressage en SLD
relative à un état de (nombre et %)
dépendance lourde

Près des trois quarts des patients


(73%) sont adressés dans le service
de SLD en raison de leur état de
dépendance lourde, 55% pour une
polypathologie et 36% pour une
prise en charge relative à une patho-
logie organique chronique.

Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique


Exploitation ORS Bretagne

Des motifs de prise


en charge variés

Pour l’ensemble des patients (99%), Les cinq motifs principaux les plus fréquem-
les gériatres ont précisé un ou plu- ment rencontrés en SLD (nombre et %)
sieurs motifs de prise en charge (en
moyenne 1,5 motif par patient).
Globalement, les cinq motifs les plus
fréquemment cités concernent les
démences pour le quart des patients
(25% dont 10% de patients atteints
de la maladie d’Alzheimer), une perte
d’autonomie (24%), les maladies neu-
rologiques pour 13% des patients
(dont 9% dans un contexte d’acci-
dent vasculaire cérébral), un cancer
(12%) et des troubles du comporte-
ment pour 10%.
Au moins un de ces cinq motifs prin-
cipaux est retrouvé chez 7 patients
sur 10 (70%).
Les autres motifs, de fréquence
moins importante, se répartissent
principalement entre épuisement de
l’aidant et symptomatologies trauma-
Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
tologiques, pneumologiques … Exploitation ORS Bretagne

210 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Rapport d’enquête •
Les comorbidités et pathologies
ayant motivé la prise en charge actuelle

Pour répondre à cette question, le gériatre Parmi les pathologies urologiques,


devait renseigner, pour chaque patient pris 4 patients sur 10 souffrent d’incontinence
en charge, la ou les comorbidités princi- urinaire.
pales présentées. En moyenne, 8,1 patho- Parmi les affections gastro-entérologiques,
logies par patient ont été indiquées. Les la constipation et l’incontinence anale sont
pathologies cardio-vasculaires sont les plus les deux manifestations les plus fréquentes
fréquentes (près de 9 patients sur 10) sui- avec des proportions proches, respective-
vies par les affections neurologiques (plus ment 36% et 34%.
de 8 patients sur 10) puis dans des pro- Parmi les maladies endocrino-métabo-
portions proches viennent les pathologies liques, la dénutrition affecte 3 patients sur
urologiques (53%), gastro-entérologiques 10.
(53%) et endocriniennes (51%). Dans les tableaux suivants, les comorbidités
L’hypertension artérielle est l’affection car- et pathologies sont présentées de manière
dio-vasculaire la plus fréquente et touche détaillée, selon l’ordre retenu dans le ques-
les deux tiers des patients (66%). tionnaire d’enquête.
Parmi les maladies neurologiques, les deux
tiers des patients (68%) sont atteints d’un
syndrome démentiel.

211
Comorbidités 1 : Comorbidités et pathologies Comorbidités 2 : Comorbidités et pathologies
ayant motivé la prise en charge actuelle en SLD ayant motivé la prise en charge actuelle en SLD
(nombre et %) (nombre et %)

Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
Exploitation ORS Bretagne Exploitation ORS Bretagne

212 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Rapport d’enquête •
Les investigations envisagées

Deux types d’investigations sont étudiées dans ce chapitre : les tests d’évaluation géron-
tologique d’une part, et les examens à visée diagnostique d’autre part. L’enquête portant
sur l’activité des gériatres à un moment donné, les investigations effectivement réalisées ne
pouvaient être recensées. Il s’agit donc ici de mesurer les investigations envisagées par le
gériatre, soit immédiatement soit de manière différée, au moment où il prend en charge le
patient dans le service de SLD.

Tests d’évaluation
gérontologique : Tests d’évaluation gérontologique
des outils cliniques envisagés en SLD (nombre et %)
largement utilisés

Pour plus des deux tiers des patients


(68%), le gériatre a envisagé la réalisa-
tion « immédiate » ou « à distance »
d’au moins un test d’évaluation géron-
tologique dans le cadre de la prise en
charge actuelle.
En moyenne, 4,5 tests sont envisagés
« immédiatement » et 5 « de manière
différée ».
Les tests les plus fréquemment envi-
sagés « immédiatement » concernent
l’évaluation du risque d’escarre (84%),
de la douleur (81%) et nutritionnelle
(74%). Parmi les tests envisagés « à
distance », l’évaluation des fonctions
supérieures (80%) de l’autonomie
(74%) sont les plus fréquents.
Les fréquences de prescription des Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
différents tests sont détaillées dans Exploitation ORS Bretagne
le tableau ci-contre.

Parmi les tests envisagés « à distance »,


l’évaluation des fonctions supérieures (80%)
de l’autonomie (74%) sont les plus fréquents.…

213
Des examens à visée Examens à visée diagnostique
diagnostique envisagés envisagés en SLD (nombre et %)
de manière différée

Pour l’essentiel (96%) des patients


pris en charge dans un service de
SLD, les examens à visée diagnos-
tique sont envisagés de manière
différée et pour 40 patients, soit 2
patients sur 10 (22%), ces prescrip-
tions sont envisagées en urgence.
Le nombre moyen d’examens envi-
sagés de manière différée est de 7,5
contre 2,2 en urgence, soit plus du
triple.
Pour les examens envisagés de
manière différée, les examens de bio-
logie sont réalisés pour la quasi-tota-
lité des patients (99%), les examens
de radiologie, imagerie et endoscopie
pour la moitié (56%) et les examens
à visée cardiologique pour moins de
la moitié des patients (45%).
Les examens envisagés en urgence
concernent 40 patients. Ils sont à
visée cardiologique (N=33) et dans
une moindre mesure, biologiques
(N=16).
Les examens prescrits sont détaillés
dans le tableau ci-contre.

NB : La faiblesse des effectifs ne per-


met pas de comparer les différents
types d’examens selon leur caractère Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
« urgent » ou différé ». Exploitation ORS Bretagne

214 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Rapport d’enquête •
Les demandes d’avis programmés
et les consultations spécialisées prévues

Des demandes d’avis Un peu plus de la moitié


en kinésithérapie pour des patients nécessitent
la majorité des patients une consultation spécialisée

82% des patients pris en charge dans un Pour un peu plus de la moitié des patients
service de SLD font l’objet d’une demande (54%), il est prévu au moins une consul-
d’avis, et le nombre moyen d’avis est de 2 tation spécialisée. Le nombre moyen de
par patient. consultations est de 1,5 par patient.
Pour près des trois quarts des patients Les trois spécialités médicales les plus fré-
(72%) la demande d’avis est prévue auprès quemment envisagées sont l’ophtalmologie
d’un kinésithérapeute. L’avis d’un diététi- (45%), la cardiologie (22%) et la dermato-
cien, d’un ergothérapeute ou d’un chirur- logie (16%).
gien dentiste concerne le tiers des patients.

Demandes d’avis prévues en SLD Consultations spécialisées prévues


(nombre et %) en SLD (nombre et %)

Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique


Exploitation ORS Bretagne

Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique


Exploitation ORS Bretagne

215
Les traitements médicamenteux
en cours ou à prescrire
Les gériatres devaient indiquer pour chaque patient et par famille thérapeutique, les traitements
médicamenteux « en cours » au moment de la prise en charge, ceux « prescrits » ou « interrom-
pus » à l’issue de la prise en charge.
Le nombre moyen de traitements médicamenteux en cours au moment de la prise en charge est
de 7,2 par patient. La mise en place d’une nouvelle thérapeutique comme l’interruption a concerné
1 patient sur 10 avec en moyenne 1,8 nouveaux traitements et 1,3 médicaments interrompus.

Prédominance thérapeutiques les plus citées parmi les


des médicaments à visée traitements en cours.
cardio-vasculaire dans Les traitements à visée cardio-vasculaire
les traitements en cours concernent 85% des patients, les psycho-
tropes 78% et les médicaments à visée
Les médicaments à visée cardio-vascu- digestive 79%.
laire, les psychotropes et les médicaments Les autres traitements médicamenteux
à visée digestive sont les trois familles apparaissent moins fréquents.

Traitements médicamenteux en cours, prescrits et interrompus par grandes familles


thérapeutiques chez les patients en SLD (nombre et %)

Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique – Exploitation ORS Bretagne

216 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Rapport d’enquête •
Concernant les trois classes médicamen-
teuses principales que sont les traitements
à visée cardio-vasculaire, digestive et les
psychotropes, les traitements en cours au
moment de la prise en charge du patient
les plus fréquemment cités sont :
• Parmi les psychotropes : les antidépres-
seurs et les benzodiazépines,
• Pour les traitements à visée cardio-vas-
culaire : l’IEC ou Sartan, les antiagrégants
et les diurétiques,

Psychotropes et médicaments à visée cardio-vasculaire en SLD (nombre et %)

L’orientation souhaitée
après la prise en charge en cours
Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique – Exploitation ORS Bretagne

Parmi les traitements digestifs, les IPP…


La mise en place d’une nouvelle thérapeutique
comme l’interruption a concerné
1 patient sur 10…
217
L’orientation souhaitée
après la prise en charge en cours

La prédominance Orientation souhaitée après la prise en


du maintien en SLD charge en SLD (nombre et %)

Plus de 9 patients sur 10 sont maintenus


en SLD.
Parmi les 15 patients pour lesquels la prise
en charge en SLD n’est pas poursuivie, 7 sont
transférés vers un Ehpad, 1 patient vers une
unité de vie protégée, 1 patient vers un ser-
vice de psychiatrie et 6 retournent à leur
domicile. ◗
Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
Exploitation ORS Bretagne

218 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Enquêtes •

Activité des Ehpad


Pour ce segment d’activité, 216 questionnaires ont été renseignés par les gériatres participants
à l’enquête. Cet effectif peut varier selon les variables analysées lorsque la question n’a pas
été renseignée.

Caractéristiques des patients

Une population âgée et à


prédominance féminine à Les patients selon le sexe et l’âge en Ehpad
tous les âges (nombre et %)

Les patients sont âgés de 86 ans en


moyenne. L’âge moyen des femmes
est supérieur à celui des hommes
(86 ans contre 85 ans).
Près de 8 patients sur 10 (78%) sont
des femmes. Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
La prédominance féminine est mar- Exploitation ORS Bretagne
quée à tous les âges. En effet, comme
le montre le tableau ci-contre, la
proportion de femmes atteint ou
avoisine les 80% dans toutes les Répartition des patients selon la distance au lieu
tranches d’âges. de résidence antérieure en Ehpad (nombre et %)

L’Ehpad : un établisse-
ment de proximité

Plus de 7 patients sur 10 (72%)


résidaient à moins de 10 kilo-
mètres de l’Ehpad dans lequel ils
sont accueillis. 16% des patients
vivaient dans un rayon de 10 à 30
Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
kilomètres et plus d’1 patient sur Exploitation ORS Bretagne
10 (12%) étaient domiciliés à plus
de 30 kilomètres.

219
6 personnes sur 10 Répartition des patients selon la situa-
en situation de veuvage tion familiale en Ehpad (nombre et %)

Près de 6 patients sur 10 (59%) accueillis


en Ehpad sont en situation de veuvage,
et 2 patients sur 10 (20%) sont mariés
ou en couple, les situations de célibat et
de divorce ou séparation sont moins fré-
quentes et concernent respectivement
16% et 5% des patients. Globalement, la
répartition des patients en Ehpad selon la
situation familiale diffère de celle observée
en population générale chez les 65 ans Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
Exploitation ORS Bretagne
et plus, les personnes mariées sont sous
représentées, à l’inverse les célibataires
sont surreprésentées chez les résidents
d’Ehpad par rapport à la population géné-
rale des moins de 65 ans (cf. Page 159).

Une présence hebdomadaire


de l’entourage pour Présence de l’entourage familial ou ami-
la majorité des patients cal en Ehpad (nombre et %)

Plus de 6 patients sur 10 (62%) sont entou-


rés par un proche au moins une fois par
semaine. Pour 19% des patients, l’entou-
rage familial ou amical est présent entre
1 et 3 fois par mois, pour 9%, la fréquence
des visites est inférieure à 1 fois par mois
et pour 10% des patients, l’entourage n’est
jamais présent.
Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
Exploitation ORS Bretagne

Plus de 6 patients sur 10 (62%)


sont entourés par un proche
au moins une fois par semaine…

220 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Rapport d’enquête •
Plus de 6 patients sur 10 Les GIR* des patients en Ehpad
sont fortement dépendants (nombre et %)

Le questionnaire permettait de renseigner


le GIR du patient au dernier relevé dans le
cas où cette mesure était effectuée. Parmi
les 216 patients du segment d’activité étu-
dié, l’information a été mentionnée pour
214 d’entre eux, soit pour l’essentiel des
questionnaires (99%). Les données peuvent
être considérées comme représentatives
de la population accueillie dans ce type
d’établissements.
Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
59% des patients sont classés dans les GIR Exploitation ORS Bretagne
1 et 2, soit près de 6 patients sur 10 forte- *au dernier relevé lorsque celui-ci est effectué
ment dépendants.
Les GIR 3 et 4 concernent 34% des
patients, soit plus du tiers des patients
pouvant être considérés comme moyen-
nement dépendants.
7% des patients sont classés dans les GIR
5 ou 6, soit moins d’1 patient sur 10 consi-
déré autonome.

La prise en charge

Une majorité
d’établissements privés Répartition des patients selon le statut
de l’Ehpad (nombre et %)
Une majorité de patients sont accueillis
dans des EHPAD privés dont 45% sont à
but non lucratif et 14% à but lucratif. 27%
des patients sont hébergés dans un Ehpad
public autonome et 14% dans un Ehpad
public hospitalier.

Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique


Exploitation ORS Bretagne

221
Des motifs de recours Motifs de recours au médecin coordonna-
au médecin coordonnateur teur de l’Ehpad (nombre et %)
variés

Le suivi médical (40%) et la survenue d’un


évènement intercurrent (38%) sont les
deux motifs de recours au médecin coor-
donnateur de l’Ehpad les plus fréquents.
Pour 22% des patients, le recours concerne
l’entrée dans l’établissement.

Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique


Exploitation ORS Bretagne

Les entrées en Ehpad Mode d’adressage des entrées à l’Ehpad


(nombre et %)
Parmi les 48 patients concernés par une
entrée dans l’établissement, cette prise
en charge est réalisée à la demande de
la famille pour 19 d’entre eux. Les autres
situations évoquées par les gériatres ne
relèvent pas d’un mode d’adressage
particulier, elles sont identifiées comme
des « évaluations systématiques » (20
patients sur 22). Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
Exploitation ORS Bretagne

Une prise en charge des Les types de problèmes motivant le recours


troubles du comportement au médecin de l’Ehpad (nombre et %)
pour 4 patients sur 10

Parmi les 81 patients (38%) pour lesquels


le recours au médecin de l’Ehpad a été
sollicité pour la survenue d’un évènement
intercurrent, les troubles du comporte-
ment concernent 4 patients sur 10. Les
autres motifs évoqués recouvrent une
diversité de manifestations cardiaques,
digestives, neurologiques, respiratoires ainsi Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
que la prise en charge de la douleur … Exploitation ORS Bretagne

222 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Rapport d’enquête •
Des motifs de prise en charge variés

Pour l’ensemble des patients (79%)


Les quatre motifs principaux les plus fréquemment
pris en charge pour un suivi médical
rencontrés en Ehpad (nombre et %)
ou pour leur entrée dans l’établis-
sement, les gériatres ont précisé
un ou plusieurs motifs de prise en
charge (en moyenne 1,3 motif par
patient).
Globalement, les quatre motifs les
plus fréquemment cités concernent
les démences pour près de 4 patients
sur 10 (38% dont 14% de patients
atteints de la maladie d’Alzheimer),
les troubles du comportement pour
12% des patients, les maladies car-
dio-vascuslaires (9%) et les chutes
pour 8%.
Au moins un de ces quatre motifs
principaux est retrouvé chez
Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
6 patients sur 10 (61%). Exploitation ORS Bretagne

Les quatre motifs


les plus fréquemment
cités concernent
les démences pour près
de 4 patients sur 10…

223
Les comorbidités et pathologies
ayant motivé la prise en charge actuelle

Pour répondre à cette question, le gériatre Parmi les pathologies urologiques, 4


devait renseigner, pour chaque patient pris patients sur 10 (45%) présentent une
en charge, la ou les comorbidités princi- incontinence vésicale.
pales présentées. En moyenne, 7 patholo- Parmi les affections et troubles gastro-
gies par patient ont été indiquées. entérologiques, la constipation est la mani-
Les affections neurologiques et les patho- festation la plus fréquente et concerne 4
logies cardio-vasculaires sont les plus fré- patients sur 10 (39%).
quentes et concernent chacune 7 patients Parmi les pathologies psychiatriques, 4
sur 10 puis dans des proportions proches patients sur 10 (39%) souffrent d’un état
viennent les pathologies urologiques (62%), dépressif.
gastro-entérologiques (58%), psychiatriques Parmi les maladies endocrino-métabo-
(58%) et endocrino-métaboliques (55%). liques, la dénutrition affecte près de 3
L’hypertension artérielle est l’affection car- patients sur 10 (26%).
dio-vasculaire la plus fréquente et touche Dans les tableaux ci-contre, les comorbi-
près de la moitié des patients (49%). dités et pathologies sont présentées de
Parmi les maladies neurologiques, près de manière détaillée, selon l’ordre retenu dans
6 patients sur 10 (58%) sont atteints d’un le questionnaire d’enquête.
syndrome démentiel.

224 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Rapport d’enquête •
Comorbidités 1 : Comorbidités et pathologies Comorbidités 2 : Comorbidités et pathologies
ayant motivé la prise en charge actuelle en Ehpad ayant motivé la prise en charge actuelle en Ehpad
(nombre et %) (nombre et %)

Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
Exploitation ORS Bretagne Exploitation ORS Bretagne

225
Les investigations envisagées

Deux types d’investigations sont étudiées dans ce chapitre : les tests d’évaluation gérontologique
d’une part, et les examens à visée diagnostique d’autre part. L’enquête portant sur l’activité
des gériatres à un moment donné, les investigations effectivement réalisées ne pouvaient être
recensées. Il s’agit donc ici de mesurer les investigations envisagées par le gériatre, soit immé-
diatement soit de manière différée, au moment où il prend en charge le patient en Ehpad.

Tests d’évaluation Tests d’évaluation gérontologique envisagés


gérontologique : en Ehpad (nombre et %)
des outils cliniques
largement utilisés

Pour plus de la moitié des patients


(55%), le gériatre a envisagé la réa-
lisation « immédiate » d’au moins
un test d’évaluation gérontologique
dans le cadre de la prise en charge
actuelle. Pour près de la moitié des
patients (46%), cette prescription est
envisagée « à distance».
En moyenne, 4,8 tests sont envisa-
gés « immédiatement » et 5,8 « de
manière différée ».
Les deux test les plus fréquem-
ment envisagés « immédiatement »
concernent l’évaluation de la douleur
(72%) et celle du risque d’escarre
(60%). Les deux tests le plus sou-
vent envisagés « à distance » sont
les troubles du comportement Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
(66%) et l’évaluation des fonctions Exploitation ORS Bretagne
supérieures (64%). Parallèlement,
pour les autres tests, de réalisation
« immédiate » ou « à distance », les
fréquences observées traduisent En moyenne, 4,8 tests
la diversité des tests envisagés par
patient. sont envisagés
Les fréquences de prescription des
différents tests sont détaillées dans « immédiatement » et
le tableau ci-contre.
5,8 « de manière différée »…

226 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Rapport d’enquête •
Des examens à visée Examens à visée diagnostique
diagnostique envisa- envisagés en Ehpad (nombre et %)
gés majoritairement de
manière différée

Pour près de la moitié (48%) des


patients pris en charge en Ehpad,
les examens à visée diagnostique
sont envisagés de manière différée
et pour 4 patients sur 10, ces pres-
criptions sont envisagées en urgence.
Le nombre moyen d’examens envi-
sagés de manière différée est de 7,6
contre 5,2 en urgence.
Pour les examens envisagés de
manière différée, les examens de
biologie concernent 9 patients sur
10 (88%), les examens de radiolo-
gie, imagerie et endoscopie, près de
la moitié des patients (46%) et les
examens à visée cardiologique sont
prescrits pour un peu plus du quart
(26%).
Les examens envisagés en urgence
auprès de 39% des patients, corres-
pondent dans 9 cas sur 10 à un exa-
men biologique et dans près de la
moitié des cas à un examen à visée
cardiologique.
Les examens prescrits sont détaillés
dans le tableau ci-contre.

NB : La faiblesse des effectifs ne per-


met pas de comparer les différents
types d’examens selon leur caractère Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
« urgent » ou différé ». Exploitation ORS Bretagne

227
Les demandes d’avis programmés
et les consultations spécialisées prévues

Des demandes d’avis auprès Un peu plus du tiers


d’un psychologue pour la des patients nécessite
majorité des patients une consultation spécialisée

39% des patients pris en charge par le Pour un peu plus du tiers des patients
médecin coordonnateur de l’Ehpad font (N=52), il est prévu au moins une consul-
l’objet d’une demande d’avis, et le nombre tation spécialisée. Le nombre moyen de
moyen d’avis est de 2,1 par patient. consultations est de 1,2 par patient.
Pour plus des trois quarts des patients La spécialité médicale la plus fréquemment
(N=59) la demande d’avis est prévue envisagée est la psychiatrie avec 22 patients
auprès d’un psychologue. L’avis d’un kiné- concernés.
sithérapeute concerne plus de la moitié des
patients concernés (N=44).

Demandes d’avis prévues en Ehpad Consultations spécialisées


(nombre et %) prévues en Ehpad (nombre et %)

Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique


Exploitation ORS Bretagne

Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique


Exploitation ORS Bretagne

228 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Rapport d’enquête •
Les traitements médicamenteux
en cours ou à prescrire

Les gériatres devaient indiquer pour chaque patient et par famille thérapeutique, les traite-
ments médicamenteux « en cours » au moment de la prise en charge, ceux « prescrits » ou
« interrompus » à l’issue de la prise en charge.
Le nombre moyen de traitements médicamenteux en cours au moment de la prise en charge
est de 6,9 par patient. La mise en place d’une nouvelle thérapeutique a concerné 3 patients sur
10 avec en moyenne 1,7 nouveau traitement. L’interruption d’un traitement médicamenteux
a concerné 28 patients (13% de l’ensemble des patients) et 1,4 médicament en moyenne.

Prédominance des médicaments familles thérapeutiques les plus citées parmi


à visée cardio-vasculaire dans les traitements en cours. Les psychotropes
les traitements en cours concernent 76% des patients, les traitements
à visée cardio-vasculaire 75%, les médicaments
Les psychotropes, les médicaments à visée à visée digestive 63% et les antalgiques 61%.
cardio-vasculaire, les médicaments à visée Les autres traitements médicamenteux
digestive et les antalgiques sont les quatre apparaissent moins fréquents.

Traitements médicamenteux en cours, prescrits et interrompus par grandes familles


thérapeutiques chez les patients en Ehpad (nombre et %)

Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique – Exploitation ORS Bretagne

229
Concernant les quatre classes médicamenteuses principales que sont les traitements à visée
cardio-vasculaire et les psychotropes, les traitements en cours au moment de la prise en
charge du patient les plus fréquemment cités sont :
• Parmi les psychotropes : les antidépresseurs et les benzodiazépines,
• Pour les traitements à visée cardio-vasculaire : les diurétiques, l’IEC ou Sartan et les
antiagrégants,

Psychotropes et médicaments à visée cardio-vasculaire en Ehpad (nombre et %)

Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique – Exploitation ORS Bretagne

• Parmi les traitements digestifs, les IPP représentent 24% et les laxatifs 52%,
• Parmi les antagiques, les antagalgiques de classe I représentent 48%.

Les psychotropes concernent 76% des patients,


les traitements à visée cardio-vasculaire 75%,
les médicaments à visée digestive 63%
et les antalgiques 61%.
230 Livre blanc de la gériatrie française
Livre blanc de la gériatrie française
• Rapport d’enquête •

L’orientation souhaitée
après la prise en charge en cours

La prédominance Orientation souhaitée après la prise en


du maintien à l’Ehpad charge en Ehpad (nombre et %)

Plus de 9 patients sur 10 sont maintenus


à l’Ehpad.
Parmi les 12 patients qui justifient d’un
recours à l’hospitalisation, 6 patients sont
orientés vers un service d’urgences, 3 vers
le court séjour gériatrique, 2 vers un ser-
vice de psychiatrie et 1 patient vers un
service de SSR gériatrique. ◗
Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
Exploitation ORS Bretagne

231
Activité des EMG
Pour ce segment d’activité, 120 questionnaires ont été renseignés par les gériatres participants
à l’enquête. Cet effectif peut varier selon les variables analysées lorsque la question n’a pas
été renseignée.

Caractéristiques des patients

Une population âgée et Les patients vus par l’EMG


majoritairement féminine selon le sexe et l’âge (nombre et %)

Les patients sont âgés de 85 ans en


moyenne. L’âge moyen des femmes est
supérieur à celui des hommes (86 ans
contre 85 ans).

Près de 6 patients sur 10 (59%) sont des


femmes. Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique – Exploitation ORS Bretagne

La prédominance féminine progresse


avec l’âge. En effet, comme le montre
le tableau ci-contre, la proportion de Répartition des patients vus par l’EMG selon
femmes passe de 50% avant 75 ans à 61% la distance au lieu de résidence (nombre et %)
à partir de 85 ans et plus.

Une activité en majorité


de proximité

La moitié (51%) des patients résident à


moins de 10 kilomètres de leur lieu de
prise en charge. 39% des patients vivent
dans un rayon de 10 à 30 kilomètres et 1
patient sur 10 (10%) est domicilié à plus
de 30 kilomètres. Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique – Exploitation ORS Bretagne

232 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Rapport d’enquête •
Des patients qui vivent Répartition des patients vus par l’EMG
à leur domicile selon leur lieu de vie habituel (nombre et %)

Plus de 7 patients sur 10 (73%) vivent


à leur domicile. 26% sont accueillis
dans un établissement d’héberge-
ment pour personnes âgées, il s’agit
majoritairement d’établissements
pour personnes âgées dépendantes
(Ehpad). Un patient réside dans une
unité de soins de longue durée.
Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique – Exploitation ORS Bretagne
La moitié des personnes
en situation de veuvage

Près de 6 patients sur 10 (59%)


sont en situation de veuvage, et Répartition des patients vus par l’EMG
plus de 3 patients sur 10 (32%) selon la situation familiale (nombre et %)
sont mariés ou en couple, les situa-
tions de célibat et de divorce ou
séparation sont moins fréquentes
et concernent respectivement 7%
et 2% des patients. Globalement,
la répartition des patients vus par
l’EMG selon la situation familiale
diffère peu de celle observée en
population générale chez les per-
sonnes de 65 ans et plus. (cf. Page X Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique – Exploitation ORS Bretagne
La moitié des patients vit seul.

Une présence hebdoma-


daire de l’entourage pour Présence de l’entourage familial ou amical
la majorité des patients auprès du patient vu par l’EMG (nombre et %)

Plus de 7 patients sur 10 (71%)


sont entourés par un proche au
moins une fois par semaine. Pour
17% des patients, l’entourage familial
ou amical est présent entre 1 et 3
fois par mois, pour 7%, la fréquence
des visites est inférieure à 1 fois par
mois et pour 5% des patients, l’en-
tourage n’est jamais présent. Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique – Exploitation ORS Bretagne

233
La moitié des patients apparaît fortement dépendante

Le questionnaire permettait de renseigner


Les GIR* des patients vus par l’EMG
le GIR du patient au dernier relevé dans le
(nombre et %)
cas où cette mesure était effectuée. Parmi
les 120 patients du segment d’activité étu-
dié, l’information a été mentionnée pour
63 d’entre eux, soit pour un peu plus de la
moitié des questionnaires (53%). Au regard
de ces données, il importe de noter que
la répartition des GIR présentée n’est
pas représentative et ne témoigne pas
du niveau de dépendance de l’ensemble
des patients pris en charge par le segment
d’activité « EMG». Ces résultats sont don-
nés à titre informatif.
51% des patients sont classés dans les GIR 1 Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
Exploitation ORS Bretagne
et 2, soit la moitié de patients dépendants.
*au dernier relevé lorsque celui-ci est effectué
Les GIR 3 et 4 concernent 39% des patients,
soit près de 4 patients sur 10 pouvant être
considérés comme moyennement dépen-
dants. Les GIR 5 et 6 regroupent 9% des
patients classés comme étant autonomes.

Parmi les 120 patients


du segment d’activité
étudié, l’information
a été mentionnée pour
63 d’entre eux…

234 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Rapport d’enquête •

Lorsque le patient est vu par l’EMG


dans un service hospitalier, il s’agit essentiellement
d’un service propre à l’établissement (99%)…

La prise en charge

Une surreprésentation Une majorité de patients


des prises en charge en CHU inconnus

Le mode de recrutement des gériatres La majorité des patients (63%) sont pris
pour l’enquête (67% d’entre eux exercent en charge pour la première fois par l’EMG,
dans un CHU) influence fortement le lieu 13% des patients sont suivis régulièrement
de prise en charge du patient : l’ensemble et 24% sont vus occasionnellement par un
des 120 patients a été pris en charge par service de gériatrie.
une EMG au sein d’un CHU.

Des patients vus au service Répartition des patients vus par l’EMG
des urgences dans 3 cas sur 4 selon la nature du suivi (nombre et %)

Parmi les 120 patients vus par l’EMG, pour


119 (99%), celle-ci a été sollicitée par un
service hospitalier et pour un seul patient
par un médecin généraliste. Lorsque le
patient est vu par l’EMG dans un service
hospitalier, il s’agit essentiellement d’un ser-
vice propre à l’établissement (99%). Dans
les trois quarts des cas, il s’agit du service
des urgences et pour le quart restant d’un
Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
service de court séjour. Exploitation ORS Bretagne

Une activité majoritairement


non programmée

Près de 7 patients sur 10 (69%) sont pris


en charge par l’EMG dans un contexte
d’urgence.

235
Un avis diagnostique sollicité Les motifs généraux de sollicitation de
dans 7 cas sur 10 l’EMG (nombre et %)
Pour les deux tiers des patients (68%),
l’EMG est sollicitée pour un avis diagnos-
tique, dans 6 cas sur 10 (59%), il s’agit de
trouver une orientation au patient et une
fois sur deux, un avis thérapeutique est
requis. Pour près d’un quart des patients
(22%), l’intervention de l’EMG est deman-
dée pour la mise en œuvre du retour au
domicile du patient.

Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique


Exploitation ORS Bretagne

Des motifs Les cinq motifs principaux les plus fréquem-


de prise en charge variés ment rencontrés par l’EMG (nombre et %)

Pour la totalité des patients (100%), les


gériatres ont précisé un ou plusieurs
motifs de prise en charge (en moyenne
1,1 motif par patient).
Globalement, les cinq motifs les plus fré-
quemment cités concernent une problé-
matique liée à l’orientation du patient
(28%), les chutes pour 21%, un syndrome
confusionnel pour 18%, les troubles du
comportement pour 7% des patients et
une altération de l’état général pour 5%.
Au moins un de ces cinq motifs principaux
est retrouvé chez près de 8 patients sur Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
10 (78%). Exploitation ORS Bretagne

Dans 6 cas sur 10 (59%), il s’agit de trouver


une orientation au patient…

236 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Rapport d’enquête •
Les comorbidités et pathologies
ayant motivé la prise en charge actuelle

Pour répondre à cette question, le gériatre Parmi les maladies neurologiques, le syn-
devait renseigner, pour chaque patient pris drome démentiel atteint 49 patients (42%).
en charge, la ou les comorbidités princi- S’agissant des pathologies endocriniennes
pales présentées. En moyenne, 5 patho- et métaboliques, des maladies urologiques
logies par patient ont été indiquées. Les ou infectieuses, les patients se répartissent
affections neurologiques sont les plus fré- dans les différentes affections sans que
quentes (les trois quarts des patients) sui- l’une ne prédomine de manière significative.
vies par les pathologies cardio-vasculaires Parmi les affections psychiatriques, l’état
(les deux tiers des patients). Elles sont sui- dépressif concerne 21 patients (soit 18%).
vies à une fréquence moindre, des patholo- Dans les tableaux suivants, les comorbidités
gies endocriniennes et métaboliques (36%) et pathologies sont présentées de manière
et dans des proportions proches, des mala- détaillée, selon l’ordre retenu dans le ques-
dies infectieuses (29%), urologiques (28%) tionnaire d’enquête.
et psychiatriques (25%).
L’hypertension artérielle est l’affection
cardio-vasculaire la plus fréquente et
touche 50 patients (42%).

237
Comorbidités 1 : Comorbidités et pathologies Comorbidités 2 : Comorbidités et pathologies
ayant motivé la prise en charge actuelle par l’EMG ayant motivé la prise en charge actuelle par l’EMG
(nombre et %) (nombre et %)

Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
Exploitation ORS Bretagne Exploitation ORS Bretagne

238 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Rapport d’enquête •
Les investigations envisagées

Deux types d’investigations sont étudiées dans ce chapitre : les tests d’évaluation géronto-
logique d’une part, et les examens à visée diagnostique d’autre part. L’enquête portant sur
l’activité des gériatres à un moment donné, les investigations effectivement réalisées ne pou-
vaient être recensées. Il s’agit donc ici de mesurer les investigations envisagées par le gériatre,
soit immédiatement soit de manière différée, au moment où il intervient avec l’EMG dans la
prise en charge du patient.

Tests d’évaluation
Tests d’évaluation gérontologique
gérontologique : des outils
envisagés par l’EMG (nombre et %)
cliniques largement utilisés

Pour l’essentiel des patients (99%), le


gériatre a envisagé la réalisation « immé-
diate » d’au moins un test d’évaluation
gérontologique dans le cadre de la prise en
charge actuelle. Pour plus de 4 patients sur
10 (41%), cette prescription est envisagée
« à distance».
En moyenne, 5,4 tests sont envisagés
« immédiatement » et 2,6 « de manière
différée ».
Les tests les plus fréquemment envisagés
« immédiatement » concernent l’évalua-
tion de l’autonomie (96%), de la douleur
(90%), du risque d’escarre (67%) et l’éva-
luation des fonctions supérieures (66%).
Parmi les tests envisagés « à distance »,
l’évaluation nutritionnelle (N=26, soit 53%),
l’évaluation de l’humeur (N=23, soit 47%) Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
et l’évaluation des fonctions supérieures Exploitation ORS Bretagne
(N=19, soit 39%) sont les plus fréquents.
Les fréquences de prescription des diffé-
rents tests sont détaillées dans le tableau
ci-contre.

En moyenne, 5,4 tests


sont envisagés « immédiatement »
et 2,6 « de manière différée »…
239
Examens à visée diagnostique
Davantage d’examens
envisagés par l’EMG (nombre et %)
à visée diagnostique
envisagés en urgence

Pour 6 patients sur 10 (61%) pris


en charge par l’EMG, les examens à
visée diagnostique sont envisagés en
urgence, et pour plus du tiers des
patients (34%) de manière différée.
Le nombre moyen d’examens envi-
sagés en urgence est de 3,3 contre
2,8 de manière différée.
Pour les examens envisagés en
urgence auprès de 73 patients, les
examens de biologie concernent
51 patients (70%), les examens de
radiologie, imagerie et endoscopie,
40 patients (55%) et les examens à
visée cardiologique sont prescrits
pour plus du tiers (N=25).
Les examens envisagés de manière
différée concernent 41 patients, ils
sont biologiques dans 3 cas sur 4 et
dans une moindre mesure à visée
cardiologique ou imagerie.
Les examens prescrits sont détaillés
dans le tableau ci-contre.

NB : La faiblesse des effectifs ne per-


met pas de comparer les différents
types d’examens selon leur caractère Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
« urgent » ou différé ». Exploitation ORS Bretagne

240 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Rapport d’enquête •
Les demandes d’avis programmés
et les consultations spécialisées prévues

Des demandes d’avis Une consultation spécialisée


programmés prévue pour 4 patients sur 10
pour 2 patients sur 5
Pour près de 4 patients sur 10 (N=42)
43% des patients pris en charge par l’EMG vus par l’EMG, il est prévu au moins une
font l’objet d’une demande d’avis, et le consultation spécialisée. Le nombre moyen
nombre moyen d’avis est de 1,4. de consultations est de 1,2 par patient.
La demande d’avis auprès d’un kinésithéra- La spécialité médicale la plus fréquemment
peute est la plus fréquemment citée dans 8 citée est la psychiatrie (N=13).
cas sur 10 (N=39).

Demandes d’avis prévues par l’EMG Consultations spécialisées prévues


(nombre et %) par l’EMG (nombre et %)

Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique


Exploitation ORS Bretagne

Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique


Exploitation ORS Bretagne

241
Les traitements médicamenteux
en cours ou à prescrire

Les gériatres devaient indiquer pour chaque patient et par famille thérapeutique, les traite-
ments médicamenteux « en cours » au moment de la prise en charge, ceux « prescrits » ou
« interrompus » à l’issue de la prise en charge.
Le nombre moyen de traitements médicamenteux en cours au moment de la prise en charge
est de 4,8 par patient. La mise en place d’une nouvelle thérapeutique a concerné près de la
moitié des patients (48%), avec en moyenne 1,8 nouveaux traitements. L’interruption d’un
traitement médicamenteux est un peu moins fréquente, elle concerne 44% de l’ensemble des
patients et 2 médicaments en moyenne.

Prédominance des médicaments thérapeutiques les plus citées parmi les


à visée cardio-vasculaire dans traitements en cours. Les traitements à
les traitements en cours visée cardio-vasculaire concernent 85% des
patients et les psychotropes 50%.
Les médicaments à visée cardio-vasculaire Les autres traitements médicamenteux
et les psychotropes sont les deux familles apparaissent moins fréquents.

Traitements médicamenteux en cours, prescrits et interrompus par grandes familles


thérapeutiques chez les patients vus par l’EMG (nombre et %)

Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique – Exploitation ORS Bretagne

242 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Rapport d’enquête •
Concernant les deux classes médica- • Parmi les psychotropes : les antidépres-
menteuses principales que sont les trai- seurs et les benzodiazépines
tements à visée cardio-vasculaire et les • Pour les traitements à visée cardio-vas-
psychotropes, les traitements en cours au culaire : les diurétiques, l’IEC ou Sartan et
moment de la prise en charge du patient les antiagrégants.
les plus fréquemment cités sont :

Psychotropes et médicaments à visée cardio-vasculaire


chez les patients vus par l’EMG (nombre et %)

Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique – Exploitation ORS Bretagne

Les traitements
à visée cardio-vasculaire
concernent 85% des patients
et les psychotropes 50%…

243
L’orientation souhaitée
après la prise en charge en cours

Nécessité d’une Orientation souhaitée après la prise en charge


hospitalisation par l’EMG (nombre et %)
pour 7 patients sur 10…

à l’issue de la prise en charge par


l’EMG, 7 patients sur 10 ( N=81)
nécessitent une hospitalisation.
Près de 2 patients sur 10 (N=21)
peuvent être maintenus ou retour-
ner à leur domicile.
Pour 16 patients, l’hébergement per- Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
manent en Ehpad ou dans une autre Exploitation ORS Bretagne
structure médico-sociale est préco-
nisé. Pour plus de la moitié (9 sur
16) de ces patients, résidents per-
manents d’EHPAD, il s’agit de retours
dans leur établissement.
Service d’hospitalisation souhaitée
après la prise en charge par l’EMG (nombre et %)

…majoritairement en
court séjour gériatrique

Les patients pour lesquels une hos-


pitalisation est souhaitée à l’issue de
la prise en charge par l’EMG, sont
orientés majoritairement vers un
service de court séjour gériatrique
(N=50, 62%), les autres services
cités sont diversifiés et de moindre
Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique
fréquence. Exploitation ORS Bretagne

Près de 2 patients sur 10 (N=21) peuvent


être maintenus ou retourner à leur domicile…

244 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Enquêtes •
L’accompagnement Modalités de suivi préconisé dans le cadre d’un
au domicile maintien ou d’un retour à domcile à l’issue de la
par le médecin traitant prise en charge par l’EMG (nombre et %)

Les gériatres préconisent que tous


les patients orientés vers leur domi-
cile bénéficient d’un suivi par le
médecin traitant (N=21).
La moitié des patients (N=11) justifie
d’une prise en charge sociale ou de
soins paramédicaux (N=10).

Source : Enquête 2011 sur l’activité gériatrique


Exploitation ORS Bretagne
Les gériatres
préconisent que tous
les patients orientés
vers leur domicile
bénéficient d’un suivi
par le médecin
traitant…

245
Annexes

■1
 – Prescriptions médicamenteuses globales

■2
 –F
 iche patient : modules spécifiques
aux différents segments et modules communs

246 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Enquêtes •
Prescriptions médicamenteuses globales
Tableau 1

247
Prescriptions médicamenteuses globales

Tableau 2

248 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• Enquêtes •
Fiche patient : modules spécifiques
aux différents segments et modules communs

249
250 Livre blanc de la gériatrie française
Livre blanc de la gériatrie française
• Enquêtes •

251
252 Livre blanc de la gériatrie française
Livre blanc de la gériatrie française
• Enquêtes •

253
254 Livre blanc de la gériatrie française
Livre blanc de la gériatrie française
• Enquêtes •

255
256 Livre blanc de la gériatrie française
Livre blanc de la gériatrie française
• Enquêtes •

257
258 Livre blanc de la gériatrie française
Livre blanc de la gériatrie française
• Enquêtes •

259
260 Livre blanc de la gériatrie française
Livre blanc de la gériatrie française
• Enquêtes •

261
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V.

La formation
des gériatres
L’enseignement
de gériatrie à la faculté :
où en sommes-nous ?
Pr Philippe Chassagne,
Service de gériatrie, CHU de Rouen

L’enseignement théorique de la géria- de court séjour de Médecine Interne ou


trie délivré actuellement par les Unités Gériatrie au même titre que de pédiatrie,
de Formation et de Recherche (UFR) de gynécologie-obstétrique et chirurgie).
Médecine a plusieurs objectifs : - délivrer une formation aux médecins
- apporter aux futurs jeunes médecins, devant assurer les fonctions de coordina-
quelle que soient leur orientation profes- tion au sein des Établissements d’Héberge-
sionnelle ou mode d’exercice ultérieurs, les ment pour Personnes Âgées Dépendantes
bases théoriques et pratiques nécessaires à (EHPAD) (formation de « niveau 2 »).
la bonne prise en charge des patients âgés. - de Praticiens Hospitaliers (PH) des ser-
Cette population augmentera de manière vices de gériatrie (exemple : court séjour,
significative dans les années à venir (forma- soins de suite et réadaptation géria-
tion de « niveau 1 »). trique, soins de longue durée, hospitali-
Cette formation théorique est actuelle- sation de jour, unité mobile de gériatrie,
ment dispensée dans le cadre du Module Hospitalisation à Domicile) (formation de
transdisciplinaire 5 (« vieillissement ») créé « niveau 3 »). Cette compétence est actuel-
lors de la réforme du second cycle des lement obtenue soit par la validation de
études médicales en 2001. Elle est ainsi la Capacité de Gérontologie, soit par la
volontiers intégrée au programme du cer- validation du Diplôme d’Études Spécialisées
tificat de synthèse clinique et thérapeutique Complémentaires (DESC) de gériatrie (du
(CSCT) en DCEM 4. groupe 1) enfin,
L’enseignement pratique, quant à lui, est dis- - proposer un enseignement dans le cadre
pensé dans le cadre des stages hospitaliers des formations post-universitaires délivrées
dès le cycle d’enseignement pré-clinique aux professionnels désireux d’acquérir des
(PCEM 2 et DCEM 1), dans le second cycle notions théoriques pertinentes pour leur
(les directives ministérielles de mai 1995 ren- exercice de médecins libéraux (Diplômes
dant obligatoire le passage dans les services d’Université). ◗

270 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française

(1)
DESC de gériatrie
(1)
et projet de DES
de gériatrie
Pr Philippe Chassagne,
Service de gériatrie, CHU de Rouen

L’enseignement de la géria- Les ser vices cliniques de gériatrie


trie au cours du troisième accueillent également des Internes ins-
cycle des études médicales crits dans le cursus du DES de médecine
générale permettant à ces médecins en
Depuis quelques années, un enseignement formation de compléter leur formation
de gériatrie est délivré dans le cadre du parfois initiée au cours du second cycle des
Troisième cycle aux résidents de études médicales.
Médecine Générale sous la forme de À l’initiative de la Commission Pédagogique
séminaires et/ou d’enseignements dirigés. Nationale de Médecine Interne
Cet enseignement est parfois dispensé grâce (COPENAMI), la maquette du Diplôme
à la collaboration des médecins généralistes d’Études Spécialisées (DES) de
enseignants des départements de Médecine Médecine Interne comporte également
Générale de ces UFR et des enseignants de l’obligation pour les internes inscrits dans
gériatrie. Dans d’autres facultés, cet ensei- cette discipline d’effectuer un semestre
gnement centré sur la problématique de la dans un service de gériatrie agréé.
prise en charge sanitaire de la population Les autres DES ne comportent pas offi-
communautaire âgée est sous la responsa- ciellement d’enseignement relatif aux spé-
bilité exclusive des départements pédago- cificités gériatriques de leur discipline. Un
giques du DES de Médecine Générale. enseignement aux concepts gériatriques

1 Diplôme d’Études Spécialisées Complémentaires de gériatrie


2 Diplôme d’Études Spécialisées (DES) de gériatrie

271
commun à l’ensemble de ces DES pourrait Depuis la rentrée universitaire 2004-
être envisagé. 2005, le DESC de gériatrie est qua-
lifiant (DESC de groupe 2). Les futurs
Le diplôme d’études détenteurs de ce DESC doivent faire le
spécialisées complémentaires choix d’un exercice exclusif en gériatrie
de gériatrie. s’ils se destinent à une activité gériatrique
future.
Le Diplôme d’Études Spécialisées Le nombre d’étudiants inscrits en DESC
Complémentaires de Gériatrie a été de gériatrie est d’environ 180 étudiants
créé en 1988 à volontiers initialement Le nombre d’étudiants susceptibles d’être
destiné aux étudiants titulaires des DES formés par le DESC est en partie condi-
de : Médecine Interne, cardiologie, neu- tionné par le nombre de postes d’Assis-
rologie, psychiatrie, médecine physique tant-Chef de Clinique (ACC) affectés aux
et réadaptation, rhumatologie, santé services de gériatrie (40 postes d’ACC
publique. L’enseignement théorique de en 2003), de Praticiens contractuels et
ce DESC comporte environ 120 heures. d’Assistants (spécialistes ou régionaux).
Il est assuré en partie par chaque respon-
sable de DESC et en partie sous l’égide Très récemment un projet de création d’un
du Collège National des Enseignants de DES de gériatrie a émergé à l’initiative des
Gériatrie (CNEG) dans le cadre de sémi- ministères de la Santé et de l’Enseignement
naires nationaux bi-annuels et de réunions Supérieur. A termes, celui-ci devrait remplacer
interrégionales. La formation pratique est le DESC de type 2 actuel. Il permettra une
assurée au cours de 6 semestres de stages formation théorique et pratique comparable à
dans des services agréés (dont 4 en post- celle ces autres spécialistes. Il reste à détermi-
internat). L’étudiant intéressé par cette ner le nombre d’étudiants qui auront chaque
formation s’inscrit à l’université en accord année à l’issue des épreuves de l’ECN accès
avec son coordonnateur régional. à cette filière médicale. ◗

272 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française

La capacité
de gérontologie
Pr Pierre Pfitzenmeyer (1),
Service de Médecine-Gériatrie, Centre gériatrique Champmaillot – Dijon
Pr Claude Jeandel – Centre Antonin Balmès – Montpellier

La gériatrie est une jeune discipline sur 3 ans et implique un post-internat ; il ne


médicale pour laquelle les besoins sont peut donc assurer la formation que d’une
croissants. Elle est devenue une spécialité cinquantaine de nouveaux gériatres par an.
médicale en France depuis 2004 (elle était La formation la plus largement dispensée
auparavant une compétence). Les princi- est la Capacité de Gérontologie qui a per-
paux secteurs d’activité pour les spécia- mis de former plus de 4 000 médecins au
listes en gériatrie sont les services hospita- cours des 15 dernières années. Créée en
liers de gériatrie. D’autres types d’exercice 1998, elle est destinée à tous les candi-
existent : médecin coordonnateur en dats titulaires d’un diplôme de docteur en
l’établissement d’hébergement pour per- médecine. Il s’agit d’un diplôme de validité
sonnes âgées dépendantes (EHPAD), le plus nationale qui est donc réglementé par des
souvent conjointement avec une activité dispositions strictes communes à toutes les
hospitalière à temps partiel, médecin de universités qui ont ouvert cette formation.
collectivités territoriales, exercice libéral
(encore peu répandu), exercice hospitalier Réglementation de la
autre que dans des services de gériatrie capacité de gérontologie
(urgences, psychiatrie, notamment). (réf. Arrêté du 29.04.88 modifié).

En France, deux formations médicales Article 3 : Peuvent être admis à s’inscrire
permettent d’obtenir le titre de gériatre : en vue des capacités de Médecine les titu-
le DESC de gériatrie et la capacité de laires d’un diplôme de médecin permettant
gérontologie. l’exercice dans le pays d’origine des candi-
Le Diplôme d’Études Spécialisées dats ainsi que les ressortissants d’un état
Complémentaires (DESC) de gériatrie membre de la Communauté Économique
est accessible aux médecins qui ont validé Européenne dès lors qu’ils ont accompli et
une spécialité dans le cadre d’un Diplôme validé la totalité de leurs études médicales.
d’Étude Spécialisées (DES). Depuis 2004 Article 4 : L’inscription en vue de la prépa-
ce DESC est qualifiant et ouvre donc à ration d’une capacité est subordonnée à la
la qualification de spécialiste en gériatrie réussite à un examen probatoire compor-
(DESC de type II). Ce diplôme se déroule tant des épreuves écrites et un entretien.

273
Article 5 : Les études de capacité de - Autonomie et dépendance ;
Médecine sont organisées sur une durée - L e s a s p e c t s m é d i c o - l é g a u x  : l a
de 2 années. maltraitance ;
L’enseignement se déroule sur 2 ans et - Les difficultés psychologiques liées au
l’obtention du diplôme nécessite la valida- grand âge ;
tion de 3 critères : - Pathologie de la mémoire ;
- la validation de chacun des 5 modules - Les syndromes démentiels ;
d’enseignement théorique dont le volume - Le syndrome dépressif, le syndrome
horaire total est d’environ 120 heures. confusionnel, le syndrome délirant ;
- la validation d’un enseignement pratique - Psychotropes et sujet âgé ;
sous forme de 80 demi-journées de stages - Les escarres ;
réalisées dans des structures gériatriques - Les dysthyroïdies et l’hyperparathyroïdie ;
expertes. - Le diabète ;
- la rédaction d’un mémoire. - Infectiologie ;
- La maladie de Horton et la pseudo-poly-
Programme de arthrite rhizomélique (PPR) ;
l’enseignement théorique - L’anémie du sujet âgé, les dysglobuliné-
mies et lymphomes ;
Il permet d’étudier les particularités cli- - L’incontinence urinaire ;
niques des maladies de la personne âgée, - La maladie de Parkinson et les syn-
d’apprendre les modes de prise en charge dromes parkinsoniens ;
particuliers, tout en prenant conscience - Les accidents vasculaires cérébraux,
des nécessités d’un travail pluridisciplinaire l’hydrocéphalie, les hématomes sous et
dans le cadre d’un réseau de santé spéci- extra-duraux ;
fique à la personne âgée. L’enseignement - La dénutrition protéino-énergétique, la
se répartit selon 5 modules : 1) Données déshydratation ;
fondamentales sur le vieillissement ; 2) - Les déficits visuels, les déficits auditifs ;
Médecine gériatrique ; 3) Psychogériatrie ; - Les troubles de la déglutition ;
4) Prise en charge et thérapeutique géria- - Les maladies coliques, constipation et
triques ; 5) Gérontologie sociale. fécalome ;
Certains thèmes doivent être abordés en - L’insuffisance cardiaque ;
priorité : - L’hypertension artérielle ; l’hypotension
- Vieillissement biologique et vieillissement artérielle ;
fonctionnel ; - La fibrillation auriculaire ;
- Vieillissement différentiel et théories du - L’ostéoporose ; fractures et tassements ;
vieillissement ; - L’ a r t h ro s e e t l e s r h u m a t i s m e s
- Le vieillard malade et l’état de fragilité ; inflammatoires ;
- L’évaluation gérontologique ; - Les chutes et troubles de l’équilibre ;
- Prévention et vieillissement ; - La douleur, les soins palliatifs et les soins
- Démographie et vieillissement ; de fin de vie ;
- La politique vieillesse : le maintien à - Les principes pharmacologiques et la
domicile, les institutions gériatriques et pathologie iatrogène ;
le rôle de médecin coordonnateur, les - Les principes de rééducation ;
réseaux ; - L’interdisciplinarité et le travail d’équipe ;

274 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française

Reconnaissance du diplôme

La capacité de gérontologie est un


diplôme obligatoire pour les médecins
qui souhaitent exercer les fonctions de
praticien hospitalier à temps partiel ou à
temps plein en secteur gériatrique : hos-
pitalisation de jour ou court séjour géria-
trique, soins de suite et de réhabilitation
La formation la plus
gériatrique, soins de longue durée, équipe
mobile de gériatrie.
largement dispensée
Il est souhaitable de recommander cette
formation à de nombreux médecins géné-
est la Capacité de
ralistes dont l’activité de soin auprès des
personnes âgées ne cesse d’augmenter
Gérontologie qui a
ainsi que :
- pour les médecins coordonnateurs
permis de former plus de
en Établissement d’Hébergement pour
Personnes Âgées Dépendantes (EHPAD),
4 000 médecins au cours
sachant que le diplôme universitaire de
médecin coordonnateur en EHPAD reste
des 15 dernières années.
une alternative actuelle dont la valeur est
transitoire.
- pour les médecins ayant une activité
dans les réseaux gérontologiques : méde-
cins responsables de l’évaluation géron-
tologique dans le cadre de l’Allocation
Personnalisée d’Autonomie (APA), méde-
cins référents ou responsables de secteurs
de soins à domiciles…

En conclusion, la capacité de géronto-


logie est un diplôme national, obligatoire
dès lors qu’un médecin souhaite travailler
en secteur gériatrique. La formation est
lourde (enseignement théorique, stages,
mémoire) nécessitant un investissement
important du médecin sur 2 années. ◗

1 Pierre Pfitzenmeyer avait écrit cet article dans le livre blanc de la gériatrie 2004 ; il nous a prématurément quittés
le 8 juillet 2011. Ce nouvel article, remanié par Claude Jeandel, lui est dédié IN MEMORIAM.

275
La Formation Médicale Continue en Gériatrie :
les Diplômes d’Université (DU)
et les formations courtes
Pr Joël Belmin,
Hôpital Charles Foix et Université Pierre et Marie Curie - Ivry-sur-Seine

Pour la gériatrie comme pour les autres santé chargés d’accréditer les formations
spécialités médicales, la formation continue selon un cahier des charges et d’attribuer
est un aspect essentiel de la formation aux médecins qui suivent ces formations
des médecins. Du fait des progrès médi- des crédits attestant de leur formation
caux et aussi de l’évolution du système de continue. Le Collège professionnel des
santé, les gériatres doivent mettre à jour gériatres français (CPGF) a été agréé et
leurs connaissances tout au long de la vie peut accréditer les formations à la géria-
professionnelle pour garder une pratique trie. Chaque médecin français, quel que
d’une qualité optimale. De plus, l’exercice soit son statut ou son mode d’exercice,
sur le terrain fait souvent apparaître des doit obtenir tous les 5 ans 250 crédits en
domaines pour lesquels la formation ini- respectant une répartition entre les types
tiale ne fournit pas toutes les réponses et de formation fixée par cette loi. Toutefois,
pour lesquels un gériatre peut souhaiter faute de dispositif de contrôle ni même
accroître ses compétences. Enfin, certains de mesure, les effets de cette loi sur la
modes d’exercice de la gériatrie peuvent formation continue des médecins n’est pas
inciter des médecins à se perfection- connue avec précision.
ner dans certains aspects de la gériatrie
(« sur-spécialités »). La formation continue des gériatres peut
globalement prendre deux formes : d’une
Depuis 2002, plusieurs textes de loi ont part les formations longues, principalement
rappelé que la formation continue est deve- représentées par les diplômes d’univer-
nue une obligation pour tous les méde- sité (DU) et les diplômes inter-universités
cins en France. En 2006, la loi a défini un (DIU) ; d’autre part les formations courtes.
cadre législatif pour réaliser cette forma-
tion continue. Elle prévoit notamment des Les diplômes d’université (du)
modalités pour réaliser cette formation et et autres formations longues
un barème fixant des crédits pour chaque
type de formation. Dans ce cadre a été Les DU sont des formations organisées par
prévu un dispositif prévoyant des orga- une université. Les DIU sont organisés par
nismes agréés par la Haute Autorité de plusieurs universités dont les enseignants

276 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française

organisent et conduisent ensemble la la Capacité de Gérontologie et le DESC


formation. L’offre de DU et DIU dans de gériatrie) permettant aux médecins
le domaine de la gériatrie/gérontologie d’exercer ces fonctions. Certains DU ou
est très importante en France et d’une DIU permettent l’attribution de crédits
richesse et diversité qui n’ont probable- de formation médicale continue. Un site
ment pas d’équivalent dans le monde (cf internet a dressé une liste des DU ou
tableau en fin d’article). La plupart des DU DIU consacrés à la gériatrie/gérontologie
ou DIU se préparent au cours d’une année en France et la met régulièrement à jour
universitaire. Le volume horaire varie en (http://seformeralageriatrie.org).
fonction de chaque DU/DIU, habituelle-
ment entre 80 et 160 heures. Ce sont des Le Certificat de médecine gériatrique est
formations qui donnent lieu à validation une autre formation longue qui s’adresse
et elles sont diplômantes. Il y a donc un aux praticiens hospitaliers travaillant en
examen de contrôle des connaissances. gériatrie. Elle est organisée depuis plu-
Certains DU/DIU comportent des stages sieurs années par le Pr Philippe Chassagne,
et d’autres non. Certains nécessitent la président du CNEG. Elle propose en
réalisation d’un mémoire et d’autres non. 80 heures environ réparties sur une année
Certaines formations sont très générales une mise à jour des connaissances dans
(DU ou DIU de Gérontologie) et peuvent divers domaines de la gériatrie ; elle n’est
être ouvertes à un public pluridisciplinaire, pas diplômante.
incluant les médecins. D’autres DU font
des enseignements consacrés à certains Au cours des dernières années des
aspects de la médecine gériatrique, avec gériatres universitaires ont créé des
un approfondissement des connaissances Masters dans le domaine de la géron-
apprises en Capacité de Gérontologie. Par tologie. Il s’agit notamment d’insérer la
exemple, il y a des DU ou DIU spécifique- gérontologie dans les filières d’enseigne-
ment consacrés à la gérontopsychiatrie, la ment en construction (LMD) pour les pro-
cardiogériatrie, la nutrition chez les sujets fessionnels de santé paramédicaux, mais
âgés, l’oncogériatrie, la maladie d’Alzheimer aussi pour les professionnels du secteur
et les maladies apparentées (cf tableau)… social ou médicosocial. Bien sûr, ils sont
D’autres sont consacrés à des approches accessibles aux médecins. Des masters de
du soin, par exemple à la thérapeutique et gérontologie, notamment des spécialités
au maniement des médicaments en géria- de seconde année de master (M2) ont
trie, aux gérontechnologies ou encore à la été créés à l’université de Strasbourg (Pr
prévention en gériatrie. Enfin certains DU M. Berthel), de Montpellier (Pr C. Jeandel)
ou DIU sont plus consacrés au contexte et de l’université Pierre et Marie Curie de
de soins, comme par exemple les équipes Paris (Pr J. Belmin).
mobiles de gériatrie, les réseaux de soin, la
médecine d’urgence, ou encore à l’exercice Les formations courtes
en Établissement d’hébergement pour per- en gériatrie
sonnes âgées dépendantes (EHPAD). Les
DU ou DIU de médecin coordonnateur Les séminaires de formation médicale
d’EHPAD font partie des formations (avec continue agréés par l’Organisme de

277
Gestion Conventionnel (OGC) proposent souligner que des sessions de formation
aux médecins libéraux des formations de sur des thèmes gériatriques sont de plus en
2 journées. Ces séminaires sont organisés plus fréquentes dans les congrès d’autres
par des organismes formateurs, principale- spécialités que la gériatrie, notamment
ment des syndicats médicaux, des associa- en médecine générale, en anesthésie-réa-
tions de médecins et plus récemment par nimation, en nutrition, en cardiologie, en
quelques universités. Grâce au finance- cancérologie… Les laboratoires pharma-
ment conventionnel, les participants sont ceutiques participent aussi à la formation
indemnisés (25 C par jour) et bénéficient continue en organisant des actions de for-
de ces formations sans frais d’inscription. mation ou des séances de formation au
Ce dispositif joue un rôle important dans sein de congrès. Ces formations ne sont
la formation des médecins généralistes à habituellement pas accréditées car les mes-
la gériatrie, car un nombre croissant de sages de formation peuvent être associés à
séminaires agréés sont consacrés à des des messages de communication du labo-
thèmes gériatriques. Les appels à projets ratoire, mêlant parfois actualités thérapeu-
pour sélectionner les séminaires OGC tiques et messages promotionnels.
influencent le choix des sujets de ces sémi-
naires en ciblant des thèmes prioritaires en La démarche d’évaluation des
fonction des priorités de santé publique, pratiques professionnelles
ce qui a pour effet d’inciter les organismes
formateurs à proposer des formations sur La loi de 2006 sur la formation continue
des sujets gériatriques. Si peu de séminaires des médecins a aussi précisé dans le dis-
OCG sont organisés par des gériatres, les positif de formation l’obligation de suivre
organismes formateurs font souvent appel des programmes d’évaluation des pratiques
à des gériatres en tant qu’expert ou inter- professionnelles (EPP). La démarche d’EPP
venant dans ces formations. a été proposée pour faire évoluer la pra-
tique des médecins. En effet, il est apparu
Les soirées ou journées de formation et que les formations classiques consistant à
les séances de formation médicale conti- transférer des connaissances connaissaient
nue au sein des congrès de gériatrie par- certaines limites pour produire une amélio-
ticipent aussi à la formation des gériatres ration des pratiques des médecins déjà en
et des médecins. Elles sont organisées par exercice. La démarche d’EPP globalement
les sociétés savantes de gériatrie ou par consiste à demander au médecin d’exami-
des équipes de gériatres. Parmi les actions ner sa pratique dans un domaine particu-
organisées régulièrement, on peut citer lier et à la confronter à un référentiel de
entre autres les sessions de FMC des bonne pratique de ce domaine. Il peut ainsi
Journées annuelles de la SFGG, les journées concrètement mesurer un écart entre sa
des sociétés régionales de gérontologie, pratique et la bonne pratique représentée
les rencontres de Gérontologie Pratique, par le référentiel. De plus, la conduite de
le CIPPEG (GEROSANTE) à Montpellier, l’EPP conduit naturellement le médecin
les Actualités en médecine gériatrique à à apprendre les éléments du référentiel,
Paris. Certaines de ces formations per- donc de la bonne pratique. Plusieurs tech-
mettent l’obtention de crédits. Il faut aussi niques d’EPP ont été décrites par la Haute

278 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française

Autorité de Santé. Les programmes d’EPP via internet et ou des CD/DVD médi-
doivent être agréés par les Organismes caux. L’auto-formation convient à certains
agréés, et selon la loi, les médecins doivent médecins, notamment s’ils sont curieux et
obtenir en 5 ans 100 crédits sous la forme consacrent suffisamment de temps à se
d’EPP parmi les 250 crédits de forma- documenter et à consulter ces différentes
tion continue exigés. Si ce dispositif est sources. Elle est d’ailleurs reconnue dans la
intéressant et novateur, la mise en œuvre loi, puisque l’abonnement à une revue médi-
sur le terrain de la médecine libérale a cale ou l’achat d’un livre médical donnent
été globalement un échec. Une nouvelle lieu à l’obtention de crédits de formation.
forme de formation continue, appelée Ces supports de formation ont une qualité
Développement Professionnel Continu très variable et il faut aussi savoir faire le
(DPC) reprend ces notions selon une nou- tri pour ne travailler que sur les meilleures
velle forme mixant formation classique et sources. Les sources coordonnées par des
évaluation des pratiques et doit commen- agences nationales, des sociétés savantes,
cer à être proposée aux médecins en 2012. par un comité scientifique ou un groupe
d’experts et élaborées de façon collective
L’auto-formation sont en général fiables. Les guides de bonne
pratique produits par les agences de santé
Pour les médecins, l’auto-formation est un sont même des documents de référence.
autre moyen pour assurer sa formation À l’inverse, les sources anonymes et/ou
continue, notamment par la lecture des issues de personnes isolées ou de groupes
journaux médicaux et des livres médicaux. de pression doivent être considérées avec
Les nouvelles technologies participent aussi prudence. ◗
largement à l’auto-formation des médecins,

Liste des diplômes d’université (DU) et diplômes inter-


universités (DIU) recensés par le site « Se former à la gériatrie »
en septembre 2011, et entre parenthèses, les universités qui les
organisent

DU ou DIU de gérontologie- gérontologie sociale ; option soins infirmiers


gériatrie généraux gériatriques (Nantes)
DU de Gérontologie (Paris 6) DU Gérontologie sanitaire et sociale
DU de Gérontologie générale (Strasbourg) (Marseille)
D U D i p l ô m e i n t e r p ro fe s s i o n n e l d e DU Gérontologie sociale approfondie
Gérontologie (Dijon) (Bordeaux)
DU en Gérontologie appliquée (Pau) DU Maladies des personnes âgées (Bordeaux)
DU Gériatrie (Rouen) DU Maladies liées au vieillissement (Toulouse)
DU Gérontologie (Nice) DU Médecine des personnes âgées (Lille)
DU Gérontologie clinique et sociale (Reims) DU Médecine et pratiques gériatriques et
DU Gérontologie : option interventions en gérontologiques (Montpellier)

279
DU Préserver l’indépendance et l’autonomie de apparentées : du diagnostic précoce à la prise
la personne âgée (Angers) en charge (Poitiers, Tours)
DU Soin et accompagnement de la personne
DU ou DIU de gérontologie- démente (Dijon)
gériatrie spécialisés DU Troubles de la mémoire et psychocompor-
Cancérologie du sujet âgé tementaux des sujets âgés (Paris 5, Paris 6)
DIU Gériatrie appliquée à la cancérologie
(Bordeaux, Clermont-Ferrand, Dijon, Limoges, Éthique
Montpellier, Saint-Etienne) DIU Éthique et soins des malades d’Alzheimer
DIU Oncogériatrie (Paris 5, Paris 6) et de leurs familles (Paris 5)
DU Oncogériatrie (Marseille) DU Éthique et gérontologie (Dijon)
DU Oncogériatrie (Nantes) DU Problèmes éthiques soulevés par
la prise en charge des patients âgés
Cardiogériatrie (Versailles-Saint-Quentin)
DIU Maladies cardiovasculaires du sujet âgé
(Paris 5, Paris 6, Paris 11) Évaluation, Prévention
DIU Cardio-Gériatrie (Montpellier 1,Toulouse) DU Évaluation de la dépendance des personnes
DU Cardiologie appliquée à la gériatrie (Lyon) âgées (Angers)
DU Évaluation des pratiques professionnelles
Démences et troubles cognitifs en gériatrie (Paris 7)
DIU Maladie d’Alzheimer et pathologies appa- DU Évaluation et prévention en gérontologie
rentées (Reims, Lyon) (Grenoble)
DIU Maladie d’Alzheimer et syndromes appa- DU Évaluation gérontologique (Paris 12)
rentés (Brest et Rennes) DU Gérontologie préventive et vieillissement
DIU Maladie d’Alzheimer et troubles apparen- réussi (St-Etienne)
tés : approches cognitives, comportementales, DU Prévention du vieillissement pathologique
éducatives, psychothérapeutiques, et environ- (Paris 11)
nementales (Paris 6, et Paris 7) DU Prévention du vieillissement patholo-
DIU Mémoire normale et pathologies de la gique et évaluation du risque en gérontologie
mémoire (Strasbourg, Nancy) (Montpellier)
DU Démences et troubles cognitifs de l’adulte
(Amiens) Géronto-psychiatrie
DU Diagnostic et prise en charge des démences DIU Psychogériatrie (Besançon, Dijon)
(Nantes) DIU Psychogériatrie (Poitiers, Tours)
DU Formation pluridisciplinaire à la prise en DIU Psychopathologie de la personne âgée
charge de la maladie d’Alzheimer et des syn- (Angers, Tours)
dromes apparentés (Bordeaux, Montpellier, DU Agés : psychologie médicale et psychiatrie
Toulouse) (Clermont-Ferrand)
DU Maladie d’Alzheimer et maladies apparen- DU Géronto-psychiatrie (Paris 6)
tées : du diagnostic précoce à la prise en charge DU Gérontopsychiatrie et psychopathologie du
(Paris 12) vieillissement (Montpellier)
DIU Maladie d’Alzheimer et maladies DU Psychiatrie du sujet âgé (Lyon)

280 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française

DU Psychiatrie du sujet âgé (Toulouse) DU Soins infirmiers aux personnes âgées


DU Psychogériatrie (Limoges) (Bordeaux)
DU Psychogériatrie (Rouen) DIU Accompagnement médico-social de la
maladie d’Alzheimer et des maladies apparen-
Médecin coordonnateur en EHPAD tées (Nancy I, Nancy II, Metz)
Bordeaux, Lille, Limoges, Montpellier, Paris 5,
Poitiers, Nancy, Saint-Etienne, Tours Autres thématiques gériatriques
DIU Biologie du Vieillissement (Dijon, Grenoble,
Néphro-gériatrie Nancy, Strasbourg)
DIU Néphro-gériatrie (Bordeaux, Lille, Paris DIU Gérontechnologies (Paris 5, Paris 6,
7, Nice) Grenoble, Limoges)
DU Néphro-gériatrie (Montpellier) DIU Infectiologie du sujet âgé (Paris 6,
Grenoble)
Nutrition DIU Médecine du sommeil appliquée à la géron-
DIU Nutrition du sujet âgé (Clermont-Ferrand, tologie (Lyon, Paris 5)
Dijon, Montpellier, Paris 6, Paris 7) DU Coordination des réseaux gérontologiques
DU Nutrition et vieillissement (Paris 12) (Dijon)
DU Coordonnateur de santé en gériatrie
Rééducation fonctionnelle (Paris 5)
DU Pratiques kinésithérapiques en gérontologie DU Gérontologie et pharmacie clinique
(Versailles-Saint-Quentin) (Paris 5)
DU Kinésithérapie et réhabilitations géria- DU Gérontologie : métiers de la dépendance et
triques (Dijon) du grand âge (Limoges)
DU Réadaptation gériatrique (Nice) DU Management des équipes gérontologiques
DU de SSR (Montpellier) (Dijon)
DU Médecine d’urgence de la personne âgée
Soin et soignants (Paris 6)
DIU Soignants en gérontologie (Brest, Rennes) DU Pédagogie active en gérontologie (Dijon)
DU Amélioration des pratiques soignantes en DU Pharmacie clinique en gériatrie
gériatrie (Montpellier) (Montpellier)
DU Pratiques soignantes en soins de suite et DU Spécificité du travail en équipe mobile de
réadaptation (Montpellier) gériatrie (Paris 5)
DU Procédures de soins en gériatrie (Paris 12) DU Vieillissement cérébral normal et patholo-
DU Soins en gérontologie (Lille) gique (Paris 7)

281
La formation des médecins
coordonnateurs d’EHPAD
Dr Xavier Gervais,
Secrétaire général de la Fédération Française des Associations de
Médecins COordonnateurs en EHPAD (FFAMCO-EHPAD) – Bordeaux
et Pr Claude Jeandel
Centre Antonin Balmès – CHU de Montpellier

Le décret du 26 avril 1999 relatif à la En 2003, le nombre de praticiens sus-


gestion budgétaire et comptable des ceptibles d’assurer ces fonctions dans les
Établissements d’Hébergement pour quelque 10 000 établissements concernés
Personnes Âgées Dépendantes (EHPAD) était insuffisant. Le nombre de titulaires
crée la fonction de médecin coordonnateur. de la Capacité de Gérontologie était de
Ses missions sont précisées par le décret l’ordre de 4 000 et celui des titulaires des
n°2005-560, puis complétées par le décret DESC de l’ordre de 120.
n°2007-547. Enfin le récent décret n°2011– Les missions et fonctions des médecins
1047 du 2 septembre 2011 les actualise. coordonnateurs sont nombreuses et pour
Pour postuler à la fonction de médecin certaines délicates : ils doivent élaborer et
coordonnateur en EHPAD, une compé- mettre en œuvre le projet de soins avec
tence en gériatrie et gérontologie est le concours de l’équipe soignante et, si
requise. Pour tenir compte de son mode possible, celui des intervenants libéraux.
d’exercice et de sa formation antérieure, Ils doivent assurer la coordination avec
4 modalités de formation sont possibles : les autres prestataires de soins externes à
module validé dans le cadre de la formation l’établissement, organiser la continuité des
médicale continue, diplôme d’université, soins. Avant l’admission d’un résident, ils
capacité nationale de gérontologie, Diplôme donnent un avis sur l’adéquation de l’état
d’Études Spécialisées Complémentaires de la personne à accueillir avec les capaci-
(DESC) en gériatrie. S’il n’a pas cette for- tés de prise en charge de l’institution à cet
mation, un médecin peut toutefois exer- instant T. Il est, par conséquent, souhaitable
cer cette fonction à la condition expresse qu’ils aient connaissance du dossier médical
d’acquérir une de ces quatre modalités de avant l’admission. Dans le cadre de l’évalua-
formation dans un délai de trois ans suivant tion des soins, ils sont chargés d’élaborer le
sa prise de poste. dossier médical que les médecins traitants

282 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française

sont invités à compléter. Avec l’équipe d’in- Ce diplôme est susceptible de constituer
firmières, ils doivent élaborer le dossier une unité de valeur s’inscrivant dans le
infirmier. Ils ont un rôle dans la détection des cursus de la Capacité de Gérontologie
besoins de formation du personnel soignant permettant aux candidats d’acquérir
et sont susceptibles d’en assurer une part. Ils celle-ci par le biais de validation d’ac-
doivent contribuer à l’élaboration d’un rap- quis. Ces DU, souvent Diplômes Inter-
port annuel d’activité médicale concernant Universitaires (DIU), ont été proposés en
la dépendance, les pathologies et l’évaluation 2003 dans 15 universités. Ils comprennent
des pratiques de soins dans l’établissement. un enseignement théorique d’environ
Cette fonction très spécifique nécessite 70 heures réparties en 5 séminaires de
donc, outre une compétence gériatrique 2 jours et une formation pratique (3
et gérontologique : semaines de stage) dans des services
- une aptitude au management (gestion gériatriques ou structures gérontolo-
de projets, gestion de la dynamique des giques s’inscrivant si possible dans leur
équipes soignantes, gestion des organi- réseau de proximité.
sations, gestion des conflits, aptitude à la Ces diplômes universitaires organisés en
communication…), 2003 pour répondre en urgence à ce nou-
- des connaissances concernant la lecture veau besoin de formation, n’étaient pas
critique du budget dépendance et du bud- prévus pour être reconduits au-delà de
get soin qui sont directement déterminés 2 ou 3 ans. En effet la voie d’accès nor-
par le médecin coordonnateur, qui réalise male à la fonction de médecin coordon-
l’évaluation AGIRR et la coupe PATHOS, nateur est a priori la Capacité Nationale
- une connaissance du contexte réglemen- de Gérontologie ou le DESC de gériatrie.
taire, du code de la santé publique et du Universités où ces DU sont proposés :
code de l’action sociale et des familles, Angers, Bordeaux, Brest, Clermont-Ferrand,
applicables en EHPAD, Dijon, Grenoble, Montpellier, Nancy, Nantes,
- une culture de la démarche qualité et de Paris V, Rennes, Rouen, Strasbourg, Toulouse,
l’évaluation. Tours.
En vue d’acquérir cette compétence et C’est ainsi qu’en 2009, afin de mieux
compte tenu de l’insuffisance d’effec- répondre aux besoins spécifiques de forma-
tifs de praticiens formés dans le cadre tion du médecin coordonnateur, le rapport
des diplômes nationaux, le ministère de sur « les 13 mesures pour une meilleure
la Santé, en 2003, a sollicité le Collège prise en soin des résidents en EHPAD »,
National des Enseignants de Gérontologie rédigé par les Drs Nathalie Maubourguet,
à contribuer à une formation accélérée des Alain Lion et le Pr Claude Jeandel, a pro-
candidats. C’est ainsi qu’il a proposé la mise posé dans sa mesure 7 de formaliser et
en place de Diplômes Universitaires (DU) standardiser au niveau national la formation
spécifiques à la formation à cette fonction. des médecins coordonnateurs. ◗

283
Diplôme Universitaire de Coordination Médicale d’Établissement
d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes (EHPAD)

Programme pédagogique dénutrition et des modifications thymiques.


Le programme pédagogique répondra à des 11 - Savoir distinguer et prendre en charge
objectifs généraux spécifiques, théoriques et les états de régression psychologique, psy-
pratiques chomotrice et le syndrome d’immobilisation.
12 - Savoir repérer les risques d’évolutions
A. Objectifs théoriques de pathologies en cascade chez les malades
1 - Connaître le statut des EHPAD et leurs fragiles et/ou polypathologiques.
règles de fonctionnement, ainsi que les mis- 13 - Connaître les approches et prises en
sions et responsabilités juridiques des méde- charge non médicamenteuses utiles pour
cins coordonnateurs. les personnes malades et dépendantes en
2 - Connaître les droits des personnes âgées institution.
vivant en institution. 14 - Connaître les mesures de prévention et
3 - Connaître les aspects psychosociologiques le traitement de la pathologie de décubitus.
de la vie en institution. 15 - Connaître les principes d’ergonomie
4 - Connaître les principes d’animation visant à l’adaptation de l’environnement au
de groupes et savoir mettre en pratique malade âgé dépendant.
l’animation de groupes pluridisciplinaires 16 -Savoir gérer, en partenariat avec les
gérontologiques. équipes, les traitements antalgiques ainsi que
5 - Connaître les ressources du réseau les soins de fin de vie.
gérontologique.
6 - Savoir évaluer l’état physique et psycholo- B. Objectifs pratiques
gique de la personne âgée entrant en institu- La formation pratique doit être acquise au
tion (son parcours, ses attentes, ses besoins…) cours de trois stages d’une semaine (une
en vue d’une prise en charge personnalisée. semaine correspondant à 10 demi-journées
7 - Savoir faire le diagnostic différentiel entre consécutives en EHPAD et en service hos-
démence et dépression. pitalier (court séjour gériatrique, soins de
8 - Savoir évaluer, avec les collaborations suite ou de réadaptation gériatrique, service
nécessaires, les états de dépendance et de soin de longue durée ou assimilé, hôpital
contribuer à l’organisation de la prise en de jour), sous la direction d’un Maître de
charge des malades mentalement et physi- Stage, gériatre, titulaire de la Capacité de
quement dépendants. Gérontologie ou d’un DESC de Gériatrie
9 - Connaître les particularités pharmacoci- Un stage en service de psychiatrie, en vue,
nétiques et les effets indésirables des médica- surtout de connaître les ressources du sec-
ments auxquels sont exposées les personnes teur psychiatrique, est recommandé.
très âgées et connaître les modalités de prise Il est souhaitable que le maximum de stages
en charge des malades qui en sont atteints. soit effectué dans des structures gériatriques
10 - Connaître les procédures de diagnostic situées dans le secteur, voire le réseau, de
et d’évaluation des troubles de l’équilibre et l’EHPAD où le candidat envisage d’assurer sa
de la marche, des incontinences, des états de mission de coordonnateur.

284 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française

1 - S ‘intéresser au fonctionnement de
l’institution.
2 - Suivre un ou plusieurs malades en vue de
repérer leurs besoins (nutritionnels, réadapta-
tion...) et évaluer la pertinence des réponses Le décret du 26 avril
apportées.
3 - Repérer le fonctionnement de l’équipe 1999 relatif à la gestion
pluridisciplinaire et la spécificité de chaque
intervenant au sein du groupe. budgétaire et comptable
4 - Participer aux réunions de l’unité (trans-
missions, synthèses, cas concrets…). des Établissements
5 - Repérer les méthodes d’évaluation et de
diagnostic (médical, infirmier, kinésithéra- d’Hébergement pour
pique…) utilisées dans l’unité.
6 - Réaliser des évaluations standardisées Personnes Âgées
(nutritionnelles, fonctionnelles, cognitives,…).
7 - Repérer au sein de l’équipe multidis- Dépendantes (EHPAD)
ciplinaire le rôle d’animation du médecin
coordinateur. crée la fonction de
8 - Repérer les modalités de coordination
interne et externe de la structure. médecin coordonnateur.
Ces objectifs, atteints au cours du stage, sont
validés par le Maître de Stage, consignés et
discutés dans le rapport de stage.

En 2009, le rapport « 13 mesures pour


une meilleure prise en soin des résidents en
EHPAD » énonce parmi ces mesures la néces-
sité de créer une formation diplômante natio-
nale aux fonctions de médecin coordonnateur.
Cette formation aurait pour support le contenu
de la capacité de gérontologie complété d’un
module spécifique abordant les aspects relatifs
à la gestion, au management, au droit, à la
pédagogie…

285
Comment anticiper les besoins
futurs en médecins qualifiés
en gériatrie ?
Pr Claude Jeandel,
Pôle de Gérontologie – Centre Antonin Balmès – CHRU de Montpellier

L’offre de formations médicales doit s’adap- Gérontologie ou encore du Diplôme


ter aux besoins actuels et futurs en méde- d’Études Spécialisées Complémentaires
cins exerçant au sein des services et éta- (DESC) de gériatrie.
blissements qui ont pour vocation la prise Les besoins pressentis sont estimés à envi-
en charge des patients âgés. ron 6 000 médecins pour environ 10 000
Elle doit en particulier satisfaire les besoins établissements des secteurs publics, privés
actuels et futurs en : et associatifs (représentant environ 650 000
- médecins exerçant les fonctions de lits et places).
médecin coordonnateur au sein des
Établissements d’Hébergement pour Propositions émises
Personnes Âgées Dépendantes (EHPAD) ;
- praticiens Hospitaliers exerçant au sein • Il semble souhaitable de pérenniser la
des pôles et départements de Gériatrie Capacité de Gérontologie afin de pourvoir
(gériatrie aiguë, hôpital de jour gériatrique, les postes de médecins coordonnateurs
Soins de Suite et Réadaptation, Soins de devant être créés au sein des EHPAD ou qui
Longue Durée, Unité mobile. seront libérés par les départs à la retraite.
- médecins gériatres à exercice libéral, Par ailleurs, la Capacité de Gérontologie, qui
ambulatoire ou en établissement. ne délivre qu’une compétence en géronto-
logie, doit demeurer accessible aux méde-
La qualification aux fonctions cins généralistes ou spécialistes qui ne sont
de médecin coordonnateur pas issus de la réforme de l’internat (appli-
d’EHPAD quée depuis 2004) et qui ne peuvent donc
prétendre à une inscription au DESC de
Elle est actuellement obtenue par la valida- gériatrie.
tion d’un cycle de formation médicale conti- • Par ailleurs, le statut de médecin coordon-
nue, d’un Diplôme d’Université délivré par nateur d’EHPAD doit évoluer afin de per-
les Unités de Formation et de Recherche mettre à ce dernier d’exercer pleinement
– UFR – de médecine, de la Capacité de les différentes missions énoncées dans le

286 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française

décret du 26 avril 1999. La reconnaissance 2009.Afin de pourvoir aux besoins de postes


du rôle primordial du médecin coordon- de PH renouvelés ou créés au cours de cette
nateur au sein de l’EHPAD passe par une période, le concours de PH doit être main-
reconnaissance de ses compétences. C’est tenu accessible aux médecins capacitaires
pourquoi le rapport « 13 mesures pour jusqu’à ce que le nombre de titulaires du
améliorer la prise en soins des résidents en DESC soit en adéquation avec ces besoins.
EHPAD »* a préconisé parmi ces mesures À l’instar des autres DESC et dans la pers-
la création d’une formation diplômante déli- pective de la filiarisation des spécialités médi-
vrée par l’Université. Il s’agit de former le cales et chirurgicales, le DESC de gériatrie
médecin coordonnateur à des compétences doit prochainement disparaître pour être
qui lui font défaut pour remplir ses missions, remplacé par un DES de gériatrie.
de reconnaître les spécificités du métier de
médecin coordonnateur et d’uniformiser les Propositions émises
formations actuelles. Les auteurs du rapport
recommandent la rédaction d’un cahier des La création d’une spécialité en Gériatrie
charges national en incluant dans cette for- (DESC de groupe 2) implique :
mation l’approche institutionnelle, juridique, - d’adapter le nombre de postes d’Assistant
la gestion, la coordination et le management, Chef de Clinique (CHU) et d’Assistants
l’évaluation de la personne et des pratiques. (CH) afin qu’il soit en adéquation avec le
nombre d’étudiants en DESC (et prochai-
La qualification aux fonctions nement en DES) nécessaire pour pourvoir
de praticien hospitalier en les postes de PH mis au concours.
gériatrie - de disposer d’un nombre suffisant de
services agréés à délivrer le DESC (et pro-
Elle est actuellement obtenue après concours chainement le DES) de Gériatrie.
national accessible aux médecins détenteurs - de renforcer l’encadrement universitaire
d’une Capacité de Gérontologie ou d’un par le maintien et la création de postes
DESC de Gériatrie. de PU-PH de Gériatrie. À terme, 65 à 70
Les besoins actuels sont estimés à environ postes seraient nécessaires. Le nombre
150 à 250 postes mis au concours chaque de postes de CCA en CHU devrait être
année. Ils vont sans doute augmenter dans les de l’ordre de 120 et celui d’assistant hors
années futures (création de services, départs CHU à un niveau comparable.
à la retraite). - de reconnaître et d’identifier le « vieillis-
La création en 2004 d’un DESC de type 2 sement et la gériatrie » comme des thèmes
qualifiant en Gériatrie peut conduire à terme de recherche à part entière et de favoriser
à limiter l’accès aux fonctions de Praticien la création d’équipes de recherche labelli-
Hospitalier (PH) aux seuls détenteurs du sées dans la thématique « vieillissement et
DESC de Gériatrie. Les premiers médecins gériatrie ». Cette mesure devrait faciliter les
qualifiés en Gériatrie ont été nommés dès conditions de préparation à l’Habilitation à
2006 (pour les internes inscrits en DESC en Diriger des Recherches (HDR) des futurs
2004). Leur nombre est plus significatif depuis PU-PH de Gériatrie. ◗

* Rapport de mission « 13 mesures pour améliorer la prise en soins des résidents en EHPAD ». Nathalie Maubourguet, Claude
Jeandel, Alain Lion, remis en décembre 2009.

287
VI.

La recherche clinique
en gériatrie en France
Livre blanc de la gériatrie française

La recherche clinique
en gériatrie en France
Pr Joël Belmin,
Hôpital Charles Foix et Université Paris 6 – Ivry-sur-Seine

La recherche clinique est la partie de Fig. 1 : Place de la recherche clinique


la recherche biomédicale, menée chez dans les progrès de la médecine
l’homme. Elle occupe une place impor-
tante au sein de la recherche médicale au
même titre que la recherche fondamen-
tale. Elle s’inscrit au sein d’une dynamique
à l’origine des progrès de la médecine,
depuis la recherche fondamentale jusqu’au
soin des malades. La Figure 1 montre la
place de la recherche clinique dans ce pro-
cessus d’amélioration des soins, et pour
accélérer cette dynamique, les points d’in-
terface entre ces grands processus sont FMC : formation médicale continue ;
aujourd’hui très encouragés : recherche EPP : évaluation des pratiques professionnelles
translationnelle pour faciliter la réalisation
de recherche chez l’homme à partir de recherches. La recherche en épidémiolo-
nouvelle hypothèses élaborées au niveau gie vise à connaitre la fréquence de cer-
de la recherche fondamentale, mais aussi taines maladies dans la population et aussi
élaboration de guides de bonnes pratiques à identifier des facteurs de risque et des
cliniques pour favoriser la diffusion des facteurs protecteurs vis-à-vis de ces mala-
connaissances au niveau des acteurs de dies. Dans le domaine de la gériatrie, elles
la santé. Enfin les programmes d’évalua- peuvent aussi aider à comprendre le rôle
tion des pratiques professionnelles et les du vieillissement sur certaines fonctions
programmes de qualité des soins visent à de l’organisme. Il y a aussi des études phy-
modifier les comportements de santé pour siopathologiques qui visent à comprendre
optimiser leur pratique. La recherche cli- les mécanismes impliqués dans certaines
nique comprend plusieurs grands types de situations pathologiques. Il existe aussi des

289
travaux de recherche à visée diagnostique, gériatrie. Durant cette période, il a été dif-
en particulier pour améliorer le diagnostic ficile de développer une recherche clinique
ou la détection de certaines maladies. Enfin importante en France. Actuellement, dans
la recherche en thérapeutique occupe bien la mesure où ces objectifs sont atteints,
évidemment une grande importance. Elle on assiste à la construction d’équipes de
vise à évaluer l’effet de traitements médi- gériatres universitaires, ce qui est plus pro-
camenteux dans certaines maladies, mais pice à la mise en œuvre de la recherche
aussi l’effet de traitements non médica- clinique. Bien évidemment la recherche
menteux. On peut aussi rapprocher de la clinique en gériatrie n’est pas uniquement
recherche sur les interventions non médi- produite par des équipes universitaires,
camenteuses, celle sur les organisations comme c’est le cas dans toutes les spéciali-
de soin, qui est aussi un enjeu important tés médicales, et plusieurs équipes ne béné-
pour la santé publique. Il faut aussi ajouter ficiant pas du label universitaire produisent
à ces grands types de recherche les revues chaque année des travaux intéressants.
systématiques de la littérature ainsi que A l’occasion de la parution d’un nouveau
les méta-analyses qui permettent aussi de livre blanc de la gériatrie, il nous a paru
synthétiser utilement les connaissances et intéressant de faire le point sur l’activité de
qui sont aussi d’authentiques démarches recherche clinique des gériatres français et
de recherche. de la replacer dans le cadre de son évolu-
tion au cours de ces 25 dernières années.
La gériatrie est une jeune discipline médi- Nous avons choisi pour étudier l’activité de
cale qui a beaucoup évolué au cours des recherche menée par les gériatres français
dernières années. Elle est devenue en 2004 d’analyser les publications ainsi que les pro-
une spécialité médicale en France, quelques jets de recherche clinique retenus dans le
années après son apparition officielle au cadre de l’appel à projet du Programme de
Conseil National des Universités qui pro- recherche clinique national (PHRC).
pose les nominations d’enseignants univer-
sitaires. Si la discipline de gériatrie est née Les publications scientifiques
autour des structures de soin, l’émergence des équipes de gériatrie
d’activités d’enseignement et de recherche
était une démarche indispensable pour Pour analyser les publications des équipes
permettre à la gériatrie d’évoluer vers une de gériatrie en France, nous avons inter-
discipline médicale à part entière, ce qu’elle rogé la base de données MEDLINE au
devient aujourd’hui. moyen du site internet PubMed. MEDLINE
La gériatrie s’est en premier construite répertorie les citations des articles publiés
autour du soin des malades âgés. Ensuite, des journaux médicaux indexés. Dans la
son essor notamment au plan universitaire mesure où l’indexation dans MEDLINE
s’est construit autour de l’enseignement de est très valorisée pour les équipes médi-
la gériatrie dans les facultés de médecine. cales universitaires, ces journaux attirent la
A une période où il y avait peu d’ensei- plus grande partie des articles scientifiques
gnants de gériatrie, un objectif important dans le domaine de la recherche clinique.
était d’œuvrer pour que chaque faculté de Les modules d’interrogation de MEDLINE
médecine ait au moins un enseignant de permettent de réaliser des requêtes en

290 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française
• La recherche clinique en gériatrie en France •
Fig. 2 : évolution du
nombre de publications
des équipes de gériatrie
française entre 1985 et
2009. Les publications
en langue anglaise sont
représentées par les
histogrammes grisés et
les publications en langue
française par les histo-
grammes blancs.

cherchant certains mots dans des champs noter que le nombre de publications durant
spécifiques. Afin de rester dans le champ la période 2005-2009 est aussi important
de la recherche clinique, nous avons limité que la totalité des périodes précédentes
la recherche aux travaux chez l’homme identifiées par cette étude.
en sélectionnant l’item « human » dans Parmi les thématiques les plus fréquem-
la fonction « Limits : human/animal ». Les ment répertoriées de ces publications, on
publications issues d’équipes de gériatrie retiendra : démences et gérontopsychiatrie,
françaises ont été identifiées en recher- nutrition, médicaments, chutes et trauma-
chant dans le champ « Affiliation » (insti- tismes, épidémiologie, médecine cardiovas-
tution de l’auteur principal et son adresse) culaire, oncogériatrie.
l’un des mots tronqués suivants {geriatr*, En dehors de ces aspects quantitatifs encou-
gerontol*, vieill*} ainsi que le mot {France}. rageants, on observe au plan qualitatif une
Nous avons aussi analysé la langue de publi- augmentation du nombre d’articles parus
cation grâce au champ « Limits : French » dans les bons journaux de la spécialité et
ou « Limits : English ».  aussi dans de grands journaux généraux.
Bien que ce type d’interrogation ait cer-
taines limites, elle nous est apparue inté- Obtention des contrats
ressante pour obtenir une vue d’ensemble de recherche publics
sur l’évolution de la production scientifique par les équipes de gériatrie
des gériatries français.Tous ces paramètres française : l’exemple du PHRC
ont été analysés sur des périodes de 5 ans
(1985-89, 1990-94, 1995-99, 2000-04 et Le Programme Hospitalier de Recherche
2005-2009). Clinique est un grand appel à projets
Au total, 1 090 articles publiés par des annuel organisé et financé par le minis-
équipes françaises de gériatrie ont été iden- tère de la santé depuis plusieurs années.
tifiés par cette enquête, dont 609 en langue Il existe chaque année un appel à projet
anglaise (Figure 2). Parmi ces articles, il y pour le PHRC national et un appel à projet
avait 101 articles de revues de littérature pour le PHRC régional. Les thématiques
en langue anglaise. Il est noté une nette prioritaires peuvent varier d’une année sur
augmentation du nombre de publications l’autre, mais les thématiques où peuvent
au cours du temps. En particulier on peut se retrouver les gériatres sont présentes

291
Fig. 3 : nombre de projets retenus
dans le cadre de l’appel à projets
PHRC national de 2004 à 2011 dont
le thème concerne le vieillisse-
ment, les sujets âgés, et/ou la
maladie d’Alzheimer et démences
du sujet âgé. Les projets prove-
nant des équipes de gériatrie
françaises sont représentés par
les histogrammes grisés et ceux
proposées par des équipes
d’autres spécialités en histo-
grammes blancs.

chaque année. Cet appel à projet connait par le PHRC national permet le finance-
un grand succès avec de nombreux pro- ment d’un nombre important de projets
jets soumis et une très forte sélection qui de recherche clinique pour les équipes
conduit à retenir les projets les plus perti- de gériatrie françaises. Les données cor-
nents et crédibles. respondantes concernant les résultats du
PHRC régional ne sont pas centralisées
A partir des données publiées sur le site et facilement accessibles, ce qui n’a pas
du ministère de la santé, nous avons pu permis de compléter cette analyse par
analyser les projets de recherche clinique leurs résultats.
retenus dans de cadre du PHRC national
depuis 2004 à 2011. Sur les 1001 projets En conclusion, ces différents indica-
retenus et financés, 104 soit 10 % avaient teurs montrent que l’activité de recherche
dans le titre un terme faisant référence à clinique des équipes de gériatrie française a
la gériatrie, au vieillissement, au sujet âgé fortement augmenté au cours des dernières
ou encore à la maladie d’Alzheimer ou années. Une forte augmentation du nombre
aux démences. Toutefois, sur ces 104 pro- de publications est notée depuis 2005, et
jets de recherche clinique, 32 provenaient cette tendance va probablement se pour-
d’équipes de gériatres et 72 provenaient suivre lorsque qu’on voit la progression des
d’équipes d’autres spécialités. Il existe une contrats de recherche PHRC obtenus par
légère augmentation du nombre de pro- ces équipes depuis 2008. Ces indicateurs
jets proposés par les gériatres et retenus malgré leurs imperfections montrent des
(Figure 3). En particulier, l’appel à projet tendances très nettes et très cohérentes
du PHRC 2009 a été très heureux pour les qui confirment amplement la vie géron-
équipes de gériatrie avec 10 projets rete- tologique sur le terrain, avec la constitu-
nus. Il faut aussi noter que le nombre total tion d’équipes de recherche de mieux en
de projets retenus dans le cadre du PHRC mieux structurées, des congrès nationaux
a augmenté au cours de cette période, de gériatrie de plus en plus vivants et inté-
passant de 86 pour le PHRC 2004 à 180 ressants et une implication croissante des
pour le PHRC 2011. Quoi qu’il en soit le gériatres français dans les congrès et jour-
nombre de projets de recherche financés naux internationaux de gériatrie. ◗

292 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française

Conclusion
Pr Claude Jeandel – Président du Collège Professionnel des Gériatres Français (CPGF)
Pr Gilles Berrut – Président de la Société Française de Gériatrie et Gérontologie (SFGG)
Pr Philippe Chassagne – Président du Collège National des Enseignants de Gériatrie (CNEG)
Dr Michel Salom – Président du Syndicat National de Gérontologie Clinique (SNGC)
Dr Nathalie Maubourguet - Présidente de la Fédération Française des Associations de Médecins
COordonnateurs en EHPAD (FFAMCO-EHPAD)

Après la reconnaissance de la spécialité l’actualisation du référentiel de formation


de gériatrie en 2004, ce second livre blanc et de compétences.
marque une nouvelle étape.À travers deux Ce patrimoine dont les gériatres sont ges-
enquêtes originales, il expose un état des tionnaires n’appartient pas aux profession-
lieux de la pratique professionnelle des nels, mais à la société française forte et
gériatres et présente le référentiel métier riche de ses citoyens vieillissants. Comme
de cette spécialité désormais mature et tout patrimoine, il doit être protégé, entre-
maître de son avenir. tenu et développé.
Un demi-siècle a été nécessaire pour La gériatrie est une spécialité indispensable
structurer la gériatrie, mais face à la révo- et moderne, fortement accomplie en termes
lution de la longévité et à l’émergence des de multidisciplinarité et de coordination
pathologies liées à l’avance en âge, cette multiprofessionnelle. Elle se doit de pour-
évolution s’est accélérée très significati- suivre son développement pour répondre
vement au cours des 5 dernières années aux enjeux sociétaux liés au vieillissement
comme en témoignent les différents et à l’émergence du cinquième risque, autre-
­rapports et plans de santé publics publiés ment dit de la dépendance.
au cours de cette période et ­r appelés La nouvelle génération des jeunes gériatres
dans la préface. dynamiques et engagés aura à cœur de
La gériatrie est riche de son patrimoine tenir ce défi dans la durée en investissant
collectif : savoir-faire de centaines de de nouveaux champs d’application dans les
gériatres de notre pays, à l’œuvre dans domaines des soins, de la recherche et de
la pratique de proximité, de référence la formation.
et d’excellence, corpus de connaissance Pour remplir ces missions, la gériatrie doit
et création de connaissances nouvelles, communiquer, être reconnue, appréciée,
diffusion de savoir, et maintenant réfé- soutenue par ses confrères médecins, les
rentiel métier, indispensable pour la citoyens et les décideurs de notre pays.
valorisation et la reconnaissance de Gageons que ce second Livre Blanc y contri-
cette spécialité et pour l’élaboration et buera activement. ◗

293
Annexes
Collège Professionnel des Gériatres Français - CPGF
Créé en 2001 par ses trois organisations constitutives que de Santé du CPGF pour l’évaluation des pratiques pro-
sont la SFGG, le CNEG et le SNGC et sous la présidence fessionnelles auprès des malades âgés, l’agrément par les
d’Alain FRANCO, son champ d’activité est celui de l’activité CNFMC pour la FMC, la création en cours des Collèges
professionnelle médicale de la Gériatrie. Professionnels Régionaux de Gériatrie, la nomination de
Ses missions : référents EPP dans les régions gériatriques, la représentation
• fédérer les organisations médicales françaises de la professionnelle du corps des gériatres, l’élaboration en 2011
Gériatrie et de la Gérontologie du Référentiel « métier » de la gériatrie, le déploiement
développer la formation médicale continue de la Gériatrie et futur du Développement Professionnel Continu (DPC).
Gérontologie au sein du milieu professionnel de la Gériatrie Pour mener à bien ses missions, le CPGF est organisé en
et de la Gérontologie, et au service d’autres disciplines deux sections : la section formation avec deux agréments
médicales. (HAS en 2007 et FMC en 2008) - la section professionnelle
• représenter les professionnels de la discipline au sein des qui définit les métiers de la gériatrie et valorise la profession
instances de la Formation Médicale Continue française et vis-à-vis des tutelles, du Conseil de l’Ordre et de l’Union
européenne. Européenne.
• promouvoir la qualité des pratiques et des soins Dans le cadre de l’EPP, il développe actuellement deux
gériatriques. actions importantes : l’EPP du programme MOBIQUAL
• promouvoir l’évaluation des pratiques. porté par la SFGG et le programme PMSA (prescription
Il est dirigé par un conseil constitué de 12 membres dési- médicamenteuse chez le sujet âgé) orienté vers la préven-
gnés par les 3 organisations (4 membres par organisation : tion de la iatrogénie, en particulier celle liée à la prescription
président, secrétaire général ou leur représentant, respon- de psychotropes.
sable EPP/FMC). Le Conseil d’Administration élit en son Le CPGF est en cours de déclinaison en régions sous la
sein chaque année un bureau comportant 12 membres forme de Collèges Professionnels des Gériatres Régionaux
renouvelables : 4 représentants pour chacune des trois (CPGR).
« Organisations constituantes », et désigne un président, un Le CPGF est l’instance représentative des gériatres au sein
secrétaire général et un trésorier. de la Fédération des Spécialités Médicales (FSM).
Les actions du CPGF : le Livre Blanc de la Gériatrie, les La présidence actuelle est assurée par le Professeur Claude
Journées professionnelles annuelles, l’installation d’experts Jeandel. Le bureau a été renouvelé en mai 2010, conformé-
régionaux de gériatrie, l’agrément par la Haute Autorité ment aux statuts.

Société Française de Gériatrie et Gérontologie - SFGG


Fondée en 1961, elle regroupe les compétences de la 2005, une action importante au plan national, le programme
gériatrie et de la gérontologie, disciplines et sciences MobiQual, visant à l’amélioration des pratiques profession-
diverses s’intéressant au vieillissement : biologie, psycho- nelles en EHPAD, établissements de santé et à domicile,
logie, sociologie, démographie, santé publique, économie sur les thèmes de la bientraitance, de la douleur, des soins
de la santé, administration de la santé, éducation, droit, palliatifs, de la dépression, de la maladie d’Alzheimer, de la
architecture… La composante médicale est la plus étoffée nutrition et des risques infectieux.
dans notre société, mais elle doit s’enrichir des disciplines Elle met en place des groupes de travail, notamment en
gérontologiques afin de répondre aux enjeux multiples du partenariat avec d’autres sociétés de spécialité, dans la
vieillissement. perspective d’élaborer des recommandations de bonnes
La SFGG fédère les 16 sociétés régionales françaises de pratiques, de publier des revues sur des thèmes communs.
Gériatrie et /ou de Gérontologie, la Fondation Nationale La présidence de la SFGG est actuellement assurée par le
de Gérontologie (FNG) et deux sociétés spécialisées : Professeur Gilles Berrut.
le Réseau d’Evaluation en Gériatrie de l’Activité des Le conseil scientifique, actuellement Présidé par le
Thérapeutiques (REGATES) et la Société de Psychogériatrie Professeur Olivier Hanon, est composé de 20 membres
de Langue Française.  Elle fédère également actuellement et structuré en 3 instances : instance gériatrique, instance
13 sociétés filiales et s’enrichit chaque année de nouvelles gérontologique, instance organisation. Il est dirigé par le
filiales qui participent au CA avec voix consultative. vice-président élu de la SFGG. Deux commissions : une
Elle est structurée en 3 collèges : le Collège médical, le commission des experts et des personnes ressources - une
Collège des sciences humaines et biologiques, et le Collège commission de labellisation dont la mission est de don-
des soignants. ner un avis au bureau sur la pertinence scientifique d’une
La SFGG est ainsi fréquemment sollicitée par les Ministères demande de label SFGG émise par les organisateurs d’une
chargés de la santé, des ainés, de l’action sociale et de réunion, formation ou congrès.
l’éducation, par la CNAMTS, la HAS, l’ANESM, par d’autres La SFGG communique au travers de 6 revues partenaires :
sociétés savantes, dans la perspective d’élaboration de la Revue de Gériatrie, l’Année Gérontologique, le journal
recommandations de bonnes pratiques. d’OncoGériatrie, Gériatrie Psychologie et Neuropsychiatrie
Dans le champ de la santé publique elle conduit depuis du Vieillissement, Soins en gérontologie.

294 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française

Collège National des Enseignants de Gériatrie - CNEG


Le collège assure l’enseignement de la discipline aux diffé- Universités Praticiens Hospitaliers (MCU-PH). Peuvent
rents stades de la vie professionnelle (initial, post- doctoral également être recrutés comme membres titulaires, des
et post-universitaire), tout en contribuant à la promotion professeurs du Service de Santé des Armées, des profes-
de la recherche. Dès 1988, onze ans avant sa constitution seurs associés des universités, des professeurs d’universités
en association, les membres fondateurs du collège ont établi privées françaises, sous réserve de conditions
un programme commun des diplômes universitaires suscep- - membres associés : des médecins, essentiellement
tibles de servir de base à un diplôme national : création de la Praticiens Hospitaliers, assurant des activités d’enseigne-
capacité de gérontologie et celle du DESC, devenu qualifiant ment et/ou de recherche dans le domaine de la gériatrie
(spécialité d’exercice) en 2004. au sein d’une UFR ; des personnalités concourant par leur
Dans ce cadre, il organise des séminaires pour les candidats activité de recherche à la promotion de l’enseignement de la
au DESC de gériatrie, une formation continue à l’intention gériatrie ; des professeurs de gériatrie de pays francophones
des titulaires du DESC, des préparations au concours de PH - membres invités à titre consultatif
et fédère la participation de ses membres sur des thèmes Le Collège est administré par un Conseil d’Administration
de recherche communs (PHRC) Il coordonne des DU ou composé de 7 membres élus à bulletin secret pour trois ans,
DIU. Il vise à la présence d’au moins un PUPH de gériatrie à la majorité simple de ses membres présents. Le bureau
dans chaque université et chaque CHU. a été renouvelé en 2011, pour une durée de trois ans :
Il se compose de : Président : Pr Philippe Chassagne, Secrétaire général : Pr
- membres titulaires de plein droit : les Professeurs des Claude Jeandel, Secrétaire adjoint : Pr Joël Belmin, trésorier :
Universités – PU-PH ; les Maîtres de Conférences des Pr Sylvie Bonin-Guillaume.

Le syndicat national de gerontologie clinique - SNGC


Le Syndicat national de gérontologie clinique statut (public ou privé, médicosocial ou sanitaire, coordon-
(SNGC) est l’instance syndicale unique représen- nateurs d’EHPAD ou gériatres de pratique exclusive) est
tative des médecins pratiquant partiellement ou aujourd’hui opérationnel.
exclusivement la gériatrie face d’une part aux pou- Le SNGC a obtenu depuis 2005 la possibilité d’une valida-
voirs publics et d’autre part aux diverses fédérations tion des acquis de l’expérience pour permettre sur la base
professionnelles. de la capacité, d’acquérir la spécialité de gériatrie. Le SNGC
Fondé en novembre 1982, son but est d’établir un dialogue participe au CNOM à la commission de validation, plus de
avec les autorités politiques et administratives, en assurant 1 000 collègues ont ainsi été validés comme « spécialistes
la promotion de l’action gérontologique, en ville, en EHPAD, en gériatrie ».
ainsi qu’à l’hôpital. Le SNGC en tant que membre du CA de la CNSA et du
Le SNGC est structuré en sections régionales mandatées GR31 est étroitement associé aux débats sur les moyens
pour relayer l’action gérontologique auprès des ARS. dévolus aux USLD et aux EHPAD.
Il est administré par un conseil de 20 à 40 membres, élus Mais les moyens nous sont à nouveau comptés voir repris.
pour deux ans. Ce CA élit un bureau composé d’un pré- Le SNGC, s’appuyant sur une politique d’association avec
sident, de deux vice-présidents, d’un secrétaire général, d’un les partenaires institutionnels, sur sa présence dans les
secrétaire général adjoint, d’un trésorier, d’un trésorier commissions ad oc des grandes fédérations, porte la parole
adjoint et de membres conseillers. Présidé de longue date médicale à la base de la demande d’allocation de ressources
et jusqu’à il y a peu par le Dr Jean-Marie Vetel, le SNGC La mobilisation se poursuit pour défendre la place de la
a changé de présidence en février 2010 : c’est désormais discipline dans la Nouvelle Gouvernance (incitation à la
le Dr Michel Salom qui assure la présidence, le Dr Anne création de pôles gériatriques complets), pour défendre sa
David-Breard et le Dr Christian Le Provost en sont les spécificité aux regards des enjeux financiers (T2A adapté à
vice-présidents. la polypathologie ) pour défendre les missions et les moyens
L’originalité du SNGC réside dans ce qu’il a pour objets nécessaire au fonctionnement en qualité et en quantité
principaux la promotion des filières gériatriques et de la de tout le secteur institutionnel EHPAD et USLD ( ratio
qualité des soins tout en assurant la défense des statuts de personnel , amélioration du statut du médecin coor-
et des conditions d’exercice des médecins gérontologues. donnateur, place des PH dans les USLD, moyens sanitaires
La mise en place d’un dispositif officiel de pilotage des poli- suffisants dans les 2 secteurs pour éviter aux résidents/
tiques gérontologiques, intelligent, national et régional est un clients des pertes de chance, )
de nos enjeux syndicaux majeur pour les prochaines années. Le SNGC en lien avec les autres professionnels de la dis-
Il s’est mobilisé sans relâche pour œuvrer à l’amélioration cipline ( Société Française , Collège des Enseignants ) et
des dispositifs de soins (filière gériatrique), pour développer avec ses interlocuteurs privilégiés( FEHAP, FHF, SYNERPA,
des outils d’analyse (AGGIR, PATHOS…) et obtenir les ADPA,SNGIE ..) continuera d’alerter les différents échelons
moyens nécessaires tant en nombre qu’en qualité (création de responsabilités sur les nombreux dysfonctionnements
du métier de médecin coordonnateur…). tout en faisant des propositions concrètes pour mettre en
Un dispositif de soutien pour les médecins adhérents au place des organisations de soins répondant aux besoins de
SNGC, en partenariat avec le sou médical, quel que soit leur santé des citoyens âgés.

295
Fédération Française des Associations
de Médecins COordonnateurs en EHPAD - FFAMCO
Créée en juin 2006 par 9 associations, la Fédération Française La FFAMCO coordonne de nombreuses actions natio-
des Associations de Médecins COordonnateurs en EHPAD nales en lien avec différentes instances : HAS, ANESM, Haut
(FFAMCO) fédère aujourd’hui 45 associations départe- Conseil de Santé Publique, SFGG, CPGF, Direction Générale
mentales de Médecins Coordonnateurs en EHPAD, repré- de la Santé, Ministère de la Santé, Direction Générale de
sentant 49 départements, soit environ 1 800 médecins la Cohésion Sociale, Ministère des Solidarités et de la
coordonnateurs. Cohésion Sociale…
La Fédération a pour buts : La FFAMCO a activement participé à la rédaction du Décret
- de fédérer les associations locales de médecins coordon- n° 2011-1047 du 2 septembre 2011 relatif au temps de
nateurs, les soutenir et encourager la création d’associations, travail et aux missions du Médecin Coordonnateur exerçant
- d’encourager les échanges d’expérience entre médecins en EHPAD, paru au Journal Officiel le 4 septembre 2011.
coordonnateurs, et d’harmoniser les pratiques médicales et Elle compte aussi à son actif la publication de divers articles
administratives, dans des revues professionnelles de gériatrie françaises et
- de jouer un rôle de force de proposition auprès des ins- internationales.
tances représentatives, Le Conseil d’Administration, composé de 12 membres, est
- de faire connaître et promouvoir les missions des médecins présidé par le Dr Nathalie Maubourguet avec le Dr Xavier
coordonnateurs, Gervais comme secrétaire général.
- d’organiser les relations et le dialogue avec les autres acteurs
du milieu gérontologique, ainsi qu’avec les différents réseaux, Contact : Secrétariat FFAMCO
- d’organiser toute action de formation en direction de ses 23 rue de l’Océan - Mirville - BP 225
membres, 85602 Montaigu Cedex - Tél. 02 51 46 48 48
- d’apporter son concours aux programmes de recherche Site internet : www.ffamco-ehpad.org
en gérontologie.

296 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française

MOBIQUAL : MOBIlisation pour l’Amélioration


de la QUALite du service rendu en établissements
et services sanitaires et médico-sociaux
par le Dr Geneviève Ruault,
déléguée générale de la SFGG et du CPGF

Un programme national innovant, Les différentes thématiques de ce pro-


en DEVELOPPEMENT CONTINU gramme sont : la bientraitance, la dou-
Le programme MobiQual est une action leur, les soins palliatifs (2006), la dépres-
nationale dont l’objectif est d’améliorer sion (2007), la nutrition et l’alimentation
la qualité des pratiques professionnelles (2011) – cinq thématiques en cours –
– qualité des soins et du « prendre soin » ainsi que la maladie d’Alzheimer et les
– au bénéfice des personnes âgées et han- troubles du comportement, les risques
dicapées. Ce programme a été initié dans infectieux (2012) – deux thématiques en
le cadre du plan douleur 2006 – 2010. Il développement.
participe aux mesures plus récentes déve-
loppées en faveur de la bientraitance des Des outils pratiques,
personnes âgées et fait partie intégrante adaptés à chacun
du programme de développement des
soins palliatifs 2008-2012, du programme A chacune de ces thématiques corres-
national pour l’alimentation ainsi que pond au moins un outil de sensibilisa-
du plan de prévention des risques infec- tion, de formation et d’aide à la pratique
tieux en EHPAD. Il est mis en œuvre par quotidienne – sous forme de mallette et,
la Société Française de Gériatrie et à compter de 2012, sous forme déma-
Gérontologie (SFGG), avec le soutien térialisée (outil informatique, graphique
depuis 2010 de la Caisse Nationale de et interactif d’aide à la pratique). Les
Solidarité pour l’Autonomie et des contenus sont élaborés et régulièrement
ministères concernés. mis à jour sur la base des recomman-
dations de bonnes pratiques, officielles
Il concerne l’ensemble des professionnels et validées scientifiquement. Les syn-
intervenant au sein des Etablissements thèses des connaissances sont présentées
d’Hébergement pour Personnes Agées sous forme de supports facilitant leur
Dépendantes (EHPAD), des établissements consultation ainsi que leur appropriation
de santé et des services d’aide et de soins (vidéos, diaporamas formateurs,…).
au domicile : directeurs, cadres, médecins, Leur utilisation vise à actualiser les
professionnels soignants et hôteliers, insti- connaissances, constituer une aide à
tutions et organismes de formation initiale la pratique et développer des liens de
et continue, réseaux de santé… coopération de proximité.

297
Les outils sont remis à titre gratuit sur la ADMR (Aide à Domicile en Milieu Rural)
base d’un engagement volontaire à une UNA (Union Nationale de l’Aide, des soins
bonne utilisation (charte MobiQual à signer et des services aux domiciles)
/ questionnaires d’évaluation à remplir).
Chaque thématique dispose également Une équipe spécialement dédiée à ce pro-
d’un programme d’Evaluation des Pratiques jet assure la production des outils, leur
Professionnelles (EPP) élaboré en collabo- diffusion nationale structurée ainsi que
ration avec le Collège des Professionnels l’évaluation de l’appropriation des théma-
des Gériatres Français (CPGF). tiques du programme (synthèses annuelles).
Elle comprend cinq membres permanents
Un travail national (dont un responsable du programme et un
collaboratif coordonnateur national).

Chaque outil est conçu par la SFGG, en Un comité de pilotage national se réunit
lien avec l’ensemble des sociétés savantes deux fois par an pour suivre le développe-
et acteurs professionnels concernés : la ment du programme et orienter les actions.
SFGG a mobilisé ses membres (gériatres, Il est composé de représentants des minis-
gérontologues, soignants) et s’est adjoint tères, organismes publics, fédérations, asso-
des compétences complémentaires, notam- ciations, fondations et groupes concernés,
ment celles d’autres sociétés savantes grâce et en particulier :
à des groupes de travail pluridisciplinaires : la CNSA (Caisse Nationale de Solidarité
SFAP (Société Française d’Accompagne- pour l’Autonomie) ;
ment et de soins Palliatifs) le CPGF ;
SFETD (Société Française d’Evaluation et l a F FA M C O - E H PA D ( F é d é r a t i o n
de Traitement de la Douleur) Française des Associations de Médecins
SFN (Société Française de Nutrition) Coordonnateurs en EHPAD) ;
CPGF (Collège Professionnel des Gériatres la FHF (Fédération Hospitalière de France) ;
Français) la FEHAP (Fédération des Etablissements
SPILF (Société de Pathologie Infectieuse de Hospitaliers et d’Aide à la Personne, à but
Langue Française) non lucratif) ;
SF2H (Société Française d’Hygiène la FNAQPA (Fédération Nationale
Hospitalière) Avenir et Qualité de vie des Personnes
SFNEP (Société Francophone de Nutrition Agées) ;
Clinique et Métabolisme) le SYNERPA (Syndicat National des
FNAPAEF (Fédération Nationale des Etablissements et Résidences privées pour
Associations des Personnes Agées en Personnes Agées) ;
Etablissements et de leurs familles) l’UNIOPSS (Union Nationale et
FFP (Fédération Française de Psychiatrie) Interfédérale des Œuvres et Organismes
et SPLF (Société de Psycho-Gériatrie de Privés Sanitaires et Sociaux) ;
Langue Française) l’UNA (Union Nationale de l’Aide, des

298 Livre blanc de la gériatrie française


Livre blanc de la gériatrie française

Soins et des Services aux Domiciles) ; gériatres et palliativistes, cadres infirmiers,


l’UNADMR (Union Nationale ADMR). soignants, psychologues, formateurs, réfé-
rents Qualité…
Une diffusion structurée
Les outils sont également disponibles
L’équipe nationale se déplace en région sur demande motivée (mobiqual@sfgg.
pour organiser des réunions de proximité, org) pour une utilisation sans délai en
en lien étroit avec les actions des Agences établissement/service.
Régionales de Santé (ARS) relatives au
développement de la qualité ainsi qu’aux Des accords-cadres avec des fondations
priorités de gestion du risque (thématiques et groupes nationaux ont également été
et publics communs). Y sont présentés la conclus pour diffuser la démarche et les
démarche, les outils ainsi que des perspec- outils du programme (Fondation Caisse
tives et exemples concrets d’utilisation. Ces d’Epargne pour la Solidarité, groupe Korian,
réunions associent : groupe Emera, Croix Rouge Française).
les établissements publics et collectivités
territoriales impliqués, les sociétés régio- Un site internet – www.mobiqual.fr –
nales de gériatrie et regroupe l’ensemble des informations
gérontologie, les délégations et antennes utiles à toute personne intéressée par la
régionales des associations et fédérations démarche, les thématiques ainsi que les
d’établissements et de services ; actions de diffusion.
des organismes et personnes identifiés
comme relais régionaux et/ou départemen- Responsable du programme MobiQual :
taux : coordinations Dr Geneviève Ruault
régionales en soins palliatifs, associations Coordinateur du programme :
de médecins coordonnateurs, médecins Sébastien Doutreligne

299
300 Livre blanc de la gériatrie française

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