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[23-064-A-10]
Matériaux à empreinte
Résumé
Dans les procédures prothétiques cliniques, les matériaux à empreinte sont utilisés pour
enregistrer et reproduire les structures dentaires et tissulaires. Les matériaux à empreinte
élastiques comme les hydrocolloïdes et les élastomères sont les plus communément
utilisés, par rapport aux pâtes thermoplastiques et oxyde de zinc - eugénol. Cet article
présente les propriétés chimiques, physiques et mécaniques des différentes familles de ces
matériaux. La compréhension du comportement et des limites de chaque matériau est
indispensable à la conduite avec succès du traitement prothétique.
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INTRODUCTION
Malgré tous les efforts déployés ces dernières années par la CFAO (conception et
fabrication assistées par ordinateur), pour introduire l'empreinte optoélectronique au sein
d'une conception scientifique de fabrication, l'empreinte traditionnelle " chimicomanuelle "
est encore d'actualité et la plupart des matériaux à empreinte ont vu leurs propriétés
mécaniques et surfaciques sans cesse s'améliorer, au service d'une précision dont les
facteurs déterminants sont subordonnés aux procédures cliniques, aux comportements des
matériaux, mais aussi aux modalités de traitement de l'empreinte. Seule une analyse
rationnelle de ces différents facteurs pourra conduire le praticien vers une optimisation des
résultats.
Pour O'Brien [66], deux grandes classes de matériaux à empreinte peuvent être distingués
après leur réaction : élastiques et inélastiques.
Les matériaux à empreinte élastiques sont classés dans deux familles par de nombreux
auteurs [14, 28, 90] :
les élastomères ;
les polysulfures ;
les silicones ;
les polyéthers ;
les hydrocolloïdes irréversibles du type alginate et réversibles du type agar-agar.
les cires ;
les pâtes thermoplastiques ;
les pâtes à oxyde de zinc-eugénol ;
le plâtre.
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Les matériaux à empreinte élastiques sont des polymères. Avant d'aborder les propriétés
chimiques, physiques et mécaniques de chaque matériau, nous exposerons succinctement
quelques notions élémentaires concernant les polymères.
Les polymères sont des macromolécules constituées par la répétition d'un grand nombre
d'unités moléculaires de base appelées motifs monomères, enchaînés par des liaisons
covalentes.
La polymérisation, réaction de synthèse des polymères à partir des monomères, peut être
amorcée par des moyens physiques ou chimiques tels que la chaleur ou les changements
de concentration, l'interaction de substances chimiques ou par émission de radiation.
Les polymères obtenus par la répétition d'un seul motif monomère sont appelés
homopolymères. Par opposition, les copolymères présentent dans leurs chaînes plus d'un
type de monomère. Selon la répartition des motifs monomères, on peut classer les
copolymères en : alternés, aléatoires, à blocs ou greffés.
Géométrie des macromolécules
La synthèse d'un polymère [91] peut être assimilée à un jeu de construction dans lequel on
dispose de pièces élémentaires mono-, difonctionnelles ou de fonctionnalité strictement
supérieure à deux (fig 1). On appelle fonctionnalité le nombre de liaisons que la pièce est
capable d'établir avec une autre pièce.
À titre d'exemple, pour une conformation en zig-zag planaire, le polymère est dit atactique
lorsque le radical R est réparti aléatoirement de part et d'autre du plan du zig-zag,
isotactique lorsque le radical R est toujours du même côté du plan du zig-zag et
syndiotactique lorsque le radical R est situé alternativement de part et d'autre du plan du
zig-zag [44].
Structure
[44, 93]
Les polymères peuvent se présenter sous deux états :
l'état solide cristallin ou ordonné dans lequel les atomes, les ions ou les molécules
sont répartis de façon périodique suivant les trois directions de l'espace. Il résulte de la
notion même de cristal que, pour constituer des cristaux, les chaînes
macromoléculaires doivent a priori présenter une rigoureuse régularité. Cela implique
une configuration régulière, par exemple isotactique ou syndiotactique, une
conformation globale régulière comme le zig-zag planaire ou l'hélice. La cristallisation
des polymères intervient au-dessous de leur température de fusion, elle contribue à
optimiser leur stabilité thermodynamique ;
l'état amorphe ou désordonné dans lequel les atomes, les ions ou les molécules
sont disposés de façon aléatoire. Les chaînes macromoléculaires présentant une
configuration atactique ou une conformation en pelote statistique sont caractéristiques
de l'état amorphe.
Les premiers apparus sur le marché au terme des années 1950 sont les
polysulfures qui se caractérisent chimiquement par des pontages
intermoléculaires disulfures. Largement utilisés en prothèse fixée, en alternative
aux hydrocolloïdes réversibles, ces élastomères polycondensants ont été plus
spécifiquement employés en prothèse amovible partielle ou complète en raison
de la lenteur de leurs réactions de vulcanisation, permettant ainsi la réalisation
clinique des tests phonétiques et fonctionnels spécifiques aux empreintes des
édentements partiels et totaux.
Vers la fin des années 1960, cette gamme d'élastomères s'enrichit d'un nouveau
copolymère appelé polyéther, dont le groupement spécifique est un noyau
éthylène-imine qui est le siège d'une réticulation par polyaddition.
É tat caoutchoutique
Polysulfures
Ils sont connus sous plusieurs appellations : polysulphides, " tiokols ",
thiocaoutchoucs ou mercaptans. Ils se présentent sous la forme de deux produits
: une base et un réactif ou accélérateur.
Vinylpolysiloxanes
Ces silicones réticulants par addition sont obtenus comme les précédents à partir
de silanes, la réaction de réticulation résulte de la copolymérisation d'un vinyle-
siloxane et d'un hydrogène-siloxane. Ces copolymères présentent globalement la
même structure macromoléculaire mais se différencient chacun par la présence
de groupements vinyle ou hydrogène. La réaction de réticulation se produit par
addition au niveau de ces deux groupements, par amorçage ionique en présence
d'un catalyseur qui est un sel de platine ou de nickel (fig 6). C'est une
copolymérisation au sens strict.
L'Aquasila apparu récemment sur le marché est présenté dans les publications
commerciales comme un matériau d'empreinte hydrophilique quadrifonctionnel.
C'est un vinylpolysiloxane modifié par l'adjonction d'une résine
quadrifonctionnelle, avec pour conséquence de meilleures performances
mécaniques par l'augmentation de la densité des sites de réticulation
quadrifonctionnels, par rapport à ceux trifonctionnels des vinylpolysiloxanes
conventionnels (cf supra). Dans les mêmes publications, le surfactant est
présenté comme plus performant en accélérant l'hydrophilie. La mouillabilité est
atteinte avant le début de prise, résultat d'une mobilité plus grande de la queue
hydrophile du surfactant, car plus courte que celle des vinylpolysiloxanes
conventionnels, ce qui permet d'obtenir une valeur HLB plus élevée. Il offre enfin
les caractéristiques du snap set, prise rapide avec un temps de travail augmenté.
Polyéthers
Produits commercialisés.
Les polyéthers sont exclusivement distribués par la société Espé® sous quatre
consistances différentes :
Issus des travaux de Poller en 1925, et proposés cliniquement par Sears dès
1937, les hydrocolloïdes réversibles furent les premiers matériaux permettant
des empreintes globales d'une précision et d'une fiabilité élevée.
É tat colloïdal
Tous les colloïdes sont appelés sols, quel que soit l'état de la phase dispersive
(liquides, solides ou gazeux). Les matériaux hydrocolloïdes à empreinte sont des
solides en suspension dans des liquides. Ce sont des sols hydrophiles.
Produits commercialisés.
La liste est nombreuse, depuis quelques années déjà, les fabricants se sont
orientés vers la production d'alginates " sans poussières ". Ce procédé est
couvert par deux brevets, cités par Lemounier et al [54] :
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Précision dimensionnelle
Fluage et relaxation
OA, au temps t1, caractérise le régime élastique parfait défini par la loi de
Hooke, où la déformation est proportionnelle à la contrainte. Elle dépend du
module d'élasticité et de la vitesse de sollicitation ;
AB caractérise le fluage du matériau en fonction du temps d'application de
la contrainte ;
BC, au temps t2, traduit la récupération élastique instantanée de la
déformation initiale, suivie d'une récupération retardée jusqu'au temps t3.
Mode de réticulation
Propriétés thermiques
Conductivité thermique
Elle est en général médiocre pour les matériaux à empreinte, en particulier pour
les élastomères, avec pour conséquence l'existence d'un gradient thermique de
l'extérieur vers l'intérieur. La cinétique de réticulation généralement influencée
par la température sera donc plus rapide à la surface du matériau au contact des
tissus dentaires, qu'à coeur du porte-empreinte. Il conviendra donc de procéder
au retrait de l'empreinte au-delà du temps de prise apparent, pour assurer une
réticulation homogène au sein du matériau. Une désinsertion précoce, qui ne
tiendrait compte que du degré de prise du matériau en surface, pourrait induire
une déformation permanente importante incontrôlable cliniquement en raison de
la présence de phases plastiques résiduelles en profondeur.
Caractéristiques hydrocinétiques
[81]
Cette étude rapportée par Skinner montre :
Fidélité
Elle est influencée par des facteurs tels que la mouillabilité, la viscosité, le
caractère hydrophile du matériau à empreinte [24].
À l'équilibre, l'angle de contact d'une goutte liquide sur un solide peut être
mesuré et relié aux trois tensions interfaciales liquide-air, solide-air et solide-
liquide selon la relation vectorielle de Young. Cette relation à l'équilibre est à la
base des méthodes de caractérisation d'énergies superficielles définies par la
relation de Dupré.
Le mouillage des surfaces dentaires est améliorée par leur nettoyage avec un
agent tensioactif, la propreté et la sécheresse du champ opératoire.
Hydrophilie - hydrophobie
Influence de la pression
Viscosité
La viscosité d'un matériau n'intervient pas sur son aptitude au mouillage, mais
uniquement sur sa cinétique d'étalement. Un matériau de faible viscosité
mouillera plus rapidement les surfaces dentaires qu'un matériau de plus haute
viscosité.
La " déformation rémanente après compression " est remplacée par "
recouvrance après déformation ".
É lastomères [7, 14, 20, 21, 22, 37, 45, 46, 62]
Hydrocolloïdes irréversibles ou alginates [3, 9, 14, 27, 31, 32, 38, 58, 88]
résultat des réactions de pontage par gélification, de leur comportement
viscoélastique et de leurs caractéristiques hydrocinétiques. Celles-ci peuvent être
contrôlées par :
Hydroalginates [1, 4, 5, 6, 26, 38, 39, 47, 48, 55, 57, 63, 70, 82]
plâtres ;
métaux électrodéposés (argent, cuivre, nickel) ;
résines époxy ;
alliages à basse fusion.
Le plâtre est le matériau de réplique le plus souvent utilisé dans le traitement des
empreintes, surtout dans l'enceinte du cabinet dentaire. Il est compatible avec
tous les matériaux d'empreinte. Même si sa limite de résolution est supérieure à
celle des élastomères, ce résultat n'a pas de conséquence sur la fidélité exigée
pour les modèles de travail. Il est suggéré :
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Largement décrits dans la littérature [15, 40, 67, 68, 81], ces matériaux ont subi peu
d'évolution depuis leur apparition sur le marché. Ils sont pour la plupart d'entre
eux utilisés aussi bien en clinique qu'au laboratoire de prothèse. Nous ne
présenterons dans cet article que ceux qui sont utilisés cliniquement dans les
différents enregistrements prothétiques.
Cires
Généralités
Elles entrent dans la composition des cires à incrustations métalliques, des cires
dures du type Moyco, et dans la formule de certaines compositions
thermoplastiques.
Cires minérales
Paraffines
Ce sont des alcanes de formule générale CnH2n+2, avec n compris entre 20 et 40,
qui se présentent en chaînes linéaires de structure polycristalline.
Cérésines
Ce sont des cires microcristallines qui se présentent en chaînes ramifiées.
Obtenues par purification de l'ozokérite, résidu de distillation de certains
pétroles, l'opération a pour but de les rendre moins fragiles que les précédentes,
d'augmenter leur température de fusion de 70 à 80 °C et de réduire leur
coefficient de dilatation thermique.
Cires dures
Elles sont extraites des schistes bitumeux. Ce sont des cires caractérisées par
leur fragilité, leur faible coefficient de dilatation thermique, leur température de
fusion élevée.
Cires de lignine
Elles sont également connues sous le nom de cires de Montan car elles
contiennent de l'acide montanique. Elles donnent des cires dures, cassantes et
brillantes. Leur température de fusion est comprise entre 72 et 92 °C.
Cires végétales
Elles se trouvent dans les cérides, qui constituent les revêtements imperméables
de certains végétaux et des insectes. Ce sont des esters de formule générale :
CnH2n+1-COOH-CH2-CmH2m+1
CnH2n+1-COOH
Les plus utilisées sont la cire de Carnauba et la cire d'Oricurie, qui se trouvent en
poudre fine sur les feuilles de certains palmiers tropicaux du Brésil et du
Venezuela. Ce sont des cérotates de myricile où : n=25, acide cérotique et m =
30, alcool myricylique ou mélissique.
Cires animales
Cire d'abeille
Blanc de baleine
Extrait de la tête du cachalot, c'est un palmitate de cétyle, où n = 15 et m = 16.
Cires synthétiques
Intervalle de fusion
Compte tenu des mélanges réalisés, les cires présentent des intervalles de fusion
ou de ramollissement variés, adaptés à l'usage auquel elles sont destinées.
C'est dans cette intervalle de fusion que les phases cristallines des cires, c'est-à-
dire les paraffines, subissent un changement de structure, d'orthorhombique à
hexagonale.
Les cires ont le coefficient de dilatation thermique le plus élevé des matériaux,
dentaires, de 250 à 530×10-6 °C-1, avec pour conséquence une contraction de
refroidissement minimale de 0,33 %.
Fluage
Module d'élasticité
Le module d'Young est faible et lié à la température, le plus élevé est celui de la
cire de Carnauba, 1800 MPa à 23 °C et 750 MPa à 37 °C.
Limite d'élasticité
Elle varie elle aussi avec la température de 4,82 MPa à 23 °C, à 0,2 MPa à 40 °C.
Résistance à la compression
Elle varie également avec la température de 82 MPa à 23 °C, à 0,40 MPa à 40 °C.
Ductilité
Présentations commerciales
Cires d'enregistrement
Propriétés biologiques
Compositions thermoplastiques
Généralités
Présentations commerciales
On lui reproche :
Chimie
Connues sous le nom de pâtes Zoe, les pâtes oxyde de zinc - eugénol sont des
eugénolates de zinc, produits de la réaction entre l'eugénol et l'oxyde de zinc.
C'est une réaction de chélation du zinc entre deux molécules d'eugénol, avec
élimination d'une molécule d'eau (fig 20).
Propriétés physicomécaniques
Résistance à la compression
Précision dimensionnelle
matériaux à empreinte, elle est indépendante de l'épaisseur du matériau et elle
est stable dans le temps.
Fidélité
Présentations commerciales
Les produits commercialisés les plus connus sont (liste non exhaustive) :
Ces pâtes sont utilisées avec succès dans les empreintes correctives de prothèse
amovible partielle, secondaires de prothèse complète et dans les enregistrements
des rapports intermaxillaires soit par rebasage des cires dures de type Moyco,
soit directement à l'aide du système Gnathojust de Lustig.
Plâtre à empreinte
Chimie
Propriétés d'utilisation
Présentations commerciales
Références
Fig 1 :
Fig 1 :
Pièces mono- (m), di- (d), tri- (t) et tétra- (q) fonctionnelles.
Fig 2 :
Fig 2 :
Fig 3 :
Fig 3 :
Fig 4 :
Fig 4 :
Fig 5 :
Fig 5 :
Fig 6 :
Fig 6 :
Fig 7 :
Fig 7 :
Fig 8 :
Fig 8 :
Fig 9 :
Fig 9 :
Fig 10 :
Fig 11 :
Fig 11 :
Fig 12 :
Fig 12 :
Fig 13 :
Fig 13 :
Fig 14 :
Fig 14 :
Fig 15 :
Fig 15 :
Phénomène de fluage.
Fig 16 :
Fig 16 :
Phénomène de relaxation.
Fig 17 :
Fig 17 :
Fig 18 :
Fig 19 :
Fig 19 :
Fig 20 :
Tableaux
Tableau I.
Tableau I. - Composition type d'un alginate et r�le des diff�rents
constituants.
Constituants % R�les
Tableau III.
Tableau III. - Valeur de la d�formation permanente des mat�riaux �
empreinte �lastique.
Tableau IV.
Tableau IV. - Variation dimensionnelle (� 24 heures) des
�lastom�res.
Vinylpolysiloxanes Dim�thylpolysiloxanes Poly�thers Polysulfures