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administratives-2020-3-page-463.htm
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Résumé
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Dans la présente étude, nous examinons le lien entre le leadership partagé des
équipes de direction et l’ambidextrie organisationnelle dans les organisations du sec-
teur public, en examinant, de manière à la fois théorique et empirique, l’influence du
système de contrôle de gestion sur ce lien. Sur la base d’un échantillon de 85 socié-
tés de logement municipales suédoises, nous constatons que le leadership partagé
a un lien positif avec l’ambidextrie organisationnelle dans les organisations du sec-
teur public. En outre, l’utilisation croissante des systèmes de contrôle du nouveau
management public, basés sur des contrôles combinés des récompenses et des perfor-
mances, modère positivement cette relation. L’étude indique également que les sys-
tèmes traditionnels de contrôle de la gestion publique, basés sur une planification et
des contrôles administratifs combinés, ne modèrent pas la relation entre le leadership
partagé des équipes de direction et l’ambidextrie organisationnelle. Le présent article
contribue dès lors à la littérature sur le management public et stratégique, ainsi qu’à
la pratique managériale.
Introduction
L’ambidextrie organisationnelle – un résultat organisationnel non financier qui
désigne la capacité de l’organisation à s’engager dans des activités à la fois
d’exploration et d’exploitation – est un résultat organisationnel apprécié dans
la gestion stratégique et la gouvernance d’entreprise (par ex., Lubatkin et al.,
2006). L’ambidextrie organisationnelle est sans doute liée aux caractéristiques
des cadres supérieurs, à leurs styles de leadership et aux moyens d’influencer les
performances de l’organisation (Umans, 2013). Les chercheurs s’accordent géné-
ralement à dire que les équipes de direction sont des acteurs importants pour
résoudre les tensions inhérentes à l’équilibre entre les activités d’exploration et
d’exploitation et pour atteindre une ambidextrie organisationnelle (par ex., Smith
et Tushman, 2005).
Les études qui portent sur le rôle des cadres supérieurs dans la réalisation
de l’ambidextrie organisationnelle adoptent traditionnellement une approche
descendante, en partant du principe que le leadership du CEO a une incidence
sur l’équipe de direction et les autres membres de l’organisation (par ex., Smith
et Umans, 2015). Les décisions du CEO se retrouvent ensuite dans la capacité de
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la direction à concilier les activités d’exploration et d’exploitation de l’entreprise
(Mihalache et al., 2014). Les nouvelles recherches évoquent un autre point de
vue, selon lequel le comportement de leadership est réparti entre les membres
de l’équipe de direction plutôt que concentré entre les mains d’un seul individu
(Mihalache et al., 2014). Nous avançons que ce point de vue à propos du lea-
dership est plus intéressant pour comprendre l’émergence de l’ambidextrie orga-
nisationnelle. Le concept de leadership partagé au sein de l’équipe de direction,
qui s’inscrit dans cette perspective, représente un « processus d’équipe où le lea-
dership est exercé par l’équipe dans son ensemble, plutôt que par une seule per-
sonne désignée » (Ensley et al., 2006). Ce principe permet à des cadres supérieurs
fonctionnellement diversifiés de traiter de grandes quantités d’informations,
de créer des alternatives et de mieux gérer les conflits et l’ambiguïté (Umans,
2013). Il est démontré que ces aspects permettent d’équilibrer la répartition des
ressources en matière d’exploration et d’exploitation (Mihalache et al., 2014).
Raisch et Birkinshaw (2008) affirment que si des efforts considérables ont
été déployés pour comprendre ce qui déclenche l’ambidextrie organisationnelle,
peu d’études se sont penchées sur les conditions dans lesquelles cette ambi-
dextrie apparaît (pour les exceptions, voy. Jansen et al., 2009 ; Mihalache et al.,
2014). Selon Benner et Tushman (2003), la capacité organisationnelle à atteindre
l’ambidextrie repose sur la capacité à aborder diverses stratégies, structures et
processus. Sur la base des recherches en matière de comptabilité et de contrôle
de gestion, nous avançons que les systèmes de contrôle de gestion sont étroite-
ment associés aux structures et aux processus, étant essentiels dans les décisions
concernant l’utilisation et l’affectation des ressources (Merchant et Van der
Stede, 2007). Les systèmes de contrôle de gestion doivent être considérés comme
des éléments importants dans la relation entre le leadership partagé de l’équipe
de direction et l’ambidextrie organisationnelle.
L’ambidextrie organisationnelle est considérée comme un concept utile pour
comprendre les résultats des organisations du secteur public (par ex., Smith
Uman et al. Rôle des systèmes de contrôle de gestion 465
and Umans, 2015) étant donné que leur objectif ultime n’est souvent pas la
performance financière, mais la performance non financière, plus précisément
la capacité à allouer efficacement les ressources pour satisfaire les besoins des
parties prenantes (Bozeman, 1987). Les recherches sur l’ambidextrie dans le sec-
teur public sont limitées (par ex., Aargard, 2011 ; Cannaerts et al., 2016 ; Choi et
Chandler, 2015 ; Smith et Umans, 2015). Les études existantes traitent générale-
ment l’ambidextrie comme un résultat (par ex., Smith et Umans, 2015), adoptent
une approche de leadership (par ex., Tuan, 2017) ou s’intéressent aux travailleurs
ambidextres (par ex., Aargard, 2011). Comprendre la manière de parvenir à l’am-
bidextrie organisationnelle dans le secteur public et les conditions dans lesquelles
elle apparaît nous permettrait de mieux comprendre comment les organisations
du secteur public créent de la valeur pour les parties prenantes.
Dans la présente étude, nous examinons le lien entre le leadership partagé de
l’équipe de direction et l’ambidextrie organisationnelle dans les organismes du
secteur public et la mesure dans laquelle cette relation dépend des systèmes de
contrôle de gestion. Nous explorons ces relations de manière empirique à l’aide
d’une enquête distribuée aux membres de l’équipe de direction de sociétés muni-
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cipales suédoises de logement, afin d’apporter plusieurs contributions théoriques
et pratiques. Nous commençons par étudier le lien entre le leadership partagé
de l’équipe de direction et l’ambidextrie organisationnelle, afin de mieux com-
prendre le rôle du comportement des dirigeants dans l’équilibre entre les activités
organisationnelles d’exploration et d’exploitation. Deuxièmement, nous explo-
rons les conditions dans lesquelles le leadership de l’équipe de direction facilite
l’ambidextrie, afin de mieux comprendre les processus et les structures organisa-
tionnelles internes permettant l’ambidextrie. Troisièmement, en examinant notre
modèle dans le contexte du secteur public, nous contribuons aux recherches
peu nombreuses sur la manière dont les organisations du secteur public peuvent
allouer plus efficacement les ressources, ainsi que sur les éléments déclencheurs
et les éventualités que les organisations doivent prendre en compte. En pratique,
le présent article aide les responsables d’organisations du secteur public à com-
prendre comment une approche basée sur le leadership combinée à un système
de contrôle de gestion peut se traduire par une répartition des ressources plus
équilibrée, et améliorer, en fin de compte, la performance organisationnelle.
Élaboration de la théorie
L’ambidextrie organisationnelle
L’ambidextrie organisationnelle désigne la capacité de l’organisation à concilier
les orientations d’exploration et d’exploitation lors de l’utilisation des ressources
(Duncan, 1976) : l’exploration est caractérisée par la recherche et la découverte,
tandis que l’exploitation est caractérisée par la résolution disciplinée des pro-
blèmes et le développement (March, 1991). Le concept a été introduit par Dun-
can (1976) et approfondi par March (1991). Même si les premières recherches sur
l’ambidextrie organisationnelle ont été menées par des spécialistes de la stratégie,
le concept a été étudié sous différents angles, notamment l’apprentissage orga-
nisationnel, l’innovation technologique, l’adaptation organisationnelle, la gestion
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la pertinence d’une meilleure compréhension de l’ambidextrie organisationnelle
publique.
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contradictoires.
Dans la lignée de Mihalache et al. (2014), nous soutenons que le leadership
partagé des équipes de direction conduira à une ambidextrie organisationnelle
compte tenu des négociations et des rôles actuels des équipes de direction,
des aspirations communes et de la réussite perçue de l’équipe (Manz et Sims,
1993). D’aucuns avancent aussi que le partage réussi du leadership exige une
grande cohésion d’équipe et des interactions mutuelles et collectives de qualité
(Carmeli et Halevi, 2009). La cohésion des équipes fait progresser l’évolution de
la vision et des objectifs communs, et atténue les effets négatifs des différences
de comportement (Umans, 2013). Le fait de maintenir un répertoire compor-
temental diversifié et complexe (Carmeli et Halevi, 2009) tout en favorisant un
environnement d’équipe positif aide les équipes de direction à mieux évaluer les
options de répartition des ressources, ce qui conduit au final à une ambidextrie
organisationnelle. Cette analyse nous amène à l’hypothèse 1 :
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réformes du NMP de la fin des années 1970, le « nouveau système de contrôle
de la gestion publique » (NPMCS). Il se concentre sur le contrôle des résultats et
les mesures de performance (Speklé et Verbeteen, 2014).
tagé. Cela veut dire que le contrôle administratif a un effet modérateur négatif
sur la relation entre le leadership partagé des équipes de direction et l’ambidextrie
dans les organisations du secteur public.
Le contrôle de la planification s’exerce en fixant des objectifs pour différentes
unités organisationnelles, l’idée étant que le contrôle par la fixation d’objectifs
cohérents permet aux organisations d’atteindre ces objectifs plus efficacement
(Malmi et Brown, 2008). Le renforcement de la prise de conscience de ces objec-
tifs est essentiel à ce contrôle, étant donné que les individus doivent être sensi-
bilisés aux exigences que la direction leur impose. Le contrôle de la planification
met l’accent sur les plans à long et à court terme, les objectifs stratégiques repré-
sentant le long terme et les objectifs opérationnels, l’orientation à court terme.
Cette dualité du contrôle de la planification correspond à la dualité de l’ambi-
dextrie organisationnelle. Les recherches indiquent également que le contrôle
de la planification caractérise les environnements dans lesquels les solutions
innovantes sont entravées parce que les ressources sont affectées à l’améliora-
tion des « ressources » existantes plutôt qu’à la création de nouvelles (cf. Jansen
et al., 2006). Cela pourrait signifier que le contrôle de la planification stimule
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l’exploitation plutôt que l’exploration, perturbant ainsi l’équilibre entre les deux
que représente l’ambidextrie. Les équipes de direction qui partagent le leadership
et sont bien équipées pour concilier exploration et exploitation (Mihalache et al.,
2014) pourraient être entravées par des systèmes de contrôle de gestion mettant
l’accent sur l’exploitation. Ce décalage structurel entraverait l’émergence d’une
ambidextrie organisationnelle.
Nous soutenons dès lors que le TPMCS est en décalage avec le leadership
partagé des équipes de direction en ce sens qu’il favorise une vision descendante
du développement organisationnel, en particulier dans la prise de décision (Wang
et al., 2014). Lorsqu’il est combiné avec le leadership partagé des équipes de
direction, le TPMCS est censé avoir un effet modérateur négatif sur l’ambidextrie
organisationnelle, ce qui nous amène à l’hypothèse 2 :
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et destructrice (Kellough et Selden, 1997). Cependant, des études récentes sur
le contrôle des récompenses dans le secteur public ont montré que ce système
entraîne un fonctionnement organisationnel plus efficace lorsqu’il est associé à
des objectifs clairs en matière de leadership (Kim, 2010). Le contrôle des récom-
penses est associé à des schémas d’incitation clairs que les individus apprécient
généralement, en particulier dans le secteur public (cf. Karl et Sutton, 1998).
Étant donné que celui-ci n’a vu que récemment l’introduction de systèmes de
récompenses, les membres des équipes de direction doivent de plus en plus
interpréter et traduire ces systèmes et leurs fonctions (Hoch et Kozlowski, 2014).
La capacité des équipes de direction à partager cette responsabilité interprétative
et ce leadership est essentielle pour donner un sens au nouveau système, et la
combinaison et l’alignement du système de récompense avec le leadership par-
tagé permettent potentiellement aux organisations de devenir plus efficaces, y
compris dans la répartition et l’équilibre de l’utilisation des ressources.
Les NPMCS qui intègrent des aspects de contrôle des performances et des
récompenses sont relativement nouveaux pour les organismes publics. Ces
systèmes ont été introduits pour améliorer l’efficacité et réduire la complexité
(cf. Boland et Fowler, 2000) généralement associée au fonctionnement des orga-
nisations du secteur public. Les NPMCS font cela en identifiant des objectifs de
performance et en étant clairs sur les récompenses associées au succès. Compte
tenu de la nouveauté des NPMCS, l’incertitude demeure quant aux objectifs et
aux récompenses atteints (cf. Pasquier and Villeneuve, 2007), un aspect qui exige
que plus d’une personne joue un rôle de leadership (Morgeson et al., 2010). La
nouveauté de l’approche pourrait en outre exiger que plusieurs membres de
l’équipe de direction soient impliqués dans le partage des informations et des
perspectives (Hoch et Kozlowski, 2014). Le leadership partagé des équipes de
direction et le NPMCS sont également alignés grâce à l’interaction entre le réper-
toire comportemental complexe généré par la prise de décision des équipes de
direction et l’orientation des NPMCS vers l’efficacité. Grâce à cette interaction,
Uman et al. Rôle des systèmes de contrôle de gestion 471
Méthode
L’objet empirique de l’étude était les sociétés de logement municipales suédoises,
un secteur caractérisé par la nécessité d’être conscient de l’évolution des condi-
tions démographiques, des avancées technologiques et des tendances générales
de développement de la société (Lind, 2001), ce qui devrait permettre de saisir
des éléments de comportement exploratoire et d’exploitation.
En avril 2015 (point de collecte des données), on dénombrait 262 sociétés
municipales de logement en Suède (Planken et Andersson, 2015). Nous avons
envoyé un questionnaire par courrier électronique au directeur général (CEO),
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au directeur financier (CFO) et à un autre membre de l’équipe de direction (en
général le responsable de la construction et de la production) de chacune de ces
sociétés. Nous avons pu envoyer des questionnaires à 557 des 786 répondants
potentiels, car les adresses électroniques des membres de l’équipe de direction ne
figuraient pas toutes sur les sites web des sociétés. Dans ce cas, nous avons envoyé
le courriel à l’adresse d’information en demandant de le transmettre au répondant
indiqué. Nous avons envoyé le questionnaire à plusieurs répondants dans chaque
société afin de réduire la partialité des répondants. Malheureusement, cela n’a pas
fonctionné, car seules quelques organisations ont produit plusieurs répondants ;
dans la plupart des cas, une seule personne a répondu dans les organisations.
Sur les 786 questionnaires envoyés, nous en avons reçu 119 (soit un taux de
réponse de 21 %) ; parmi ceux-ci, 34 étaient incomplets (jusqu’à 70 %) et ont été
omis lors de l’analyse ultérieure. L’échantillon final comprenait 85 questionnaires,
dont 49 ont été remplis par des CEO et 36, par des directeurs financiers. L’ana-
lyse des non-réponses n’a révélé aucun biais majeur parmi les répondants et les
non-répondants en ce qui concerne la classification des municipalités basée sur
des paramètres structurels. Nous avons utilisé le test à facteur unique de Harman
pour vérifier l’existence d’un biais de méthode commune (Podsakoff et al., 2003),
en incluant toutes les variables indépendantes et dépendantes dans une analyse
factorielle sans lien entre elles. Les résultats ont indiqué que les données avaient
une structure à facteurs multiples et un biais de méthode commune limité. Les
répondants ont été invités à indiquer leur accord avec les affirmations concernant
équipe de direction (la variable indépendante) et leur organisation (qui représen-
tait la variable dépendante et modératrice) sur une échelle de Likert à sept points
allant de (1) pas du tout d’accord à (7) tout à fait d’accord.
Variable indépendante
La mesure du leadership partagé au sein de l’équipe de direction a été adaptée
de Mihalache et al. (2014). Nous avons utilisé quatre des huit affirmations ini-
tiales, en nous basant sur les conclusions de l’étude de cas mentionnée plus haut.
Après avoir vérifié la fiabilité de la construction, nous avons mesuré le leadership
partagé au sein de l’équipe de direction (α α = 0,965) comme la somme des quatre
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questions posées.
Variables modératrices
Les mesures de notre système de contrôle de gestion s’inspiraient de Malmi et Brown
(2008) et des conclusions de l’étude de cas. Nous avons élaboré huit questions,
quatre pour représenter le TPMCS et quatre pour représenter le NPMCS. Nous avons
effectué une PCA pour explorer l’instrument du système de contrôle développé
pour cette étude, étant donné l’incertitude potentielle concernant les nouveaux ins-
truments et leur fiabilité. Nous avons vérifié les corrélations entre les variables (qui
dépassaient 0,3) ; pour mesurer l’adéquation de l’échantillonnage (qui était élevée),
nous avons utilisé le test de Kaiser-Meyer-Olkin (supérieur à 0,7). Les valeurs propres
et la représentation graphique indiquaient que les deux composantes devaient être
utilisées (toutes les valeurs de la communauté dépassaient la valeur préférée de 0,4).
L’un des facteurs comprenait toutes les questions sur le TPMCS et l’autre, toutes les
questions sur le NPMCS ; aucune charge croisée n’a été observée.
Les échelles du TPMCS comprenaient quatre questions sur les dimensions du
système de planification et de contrôle administratif, représentant les facteurs
d’entrée. Ces questions s’inspiraient de Osborne et Gaebler (1992) et de Malmi
et Brown (2008). Les scores sommatifs des quatre questions ont atteint une vali-
dité acceptable (α α = 0,867).
Les échelles du NPMCS comprenaient quatre questions sur les dimensions
du système de récompense et de contrôle des performances, représentant les
facteurs de sortie. Ces questions s’inspiraient de Hood (1991) et de Malmi and
Brown (2008). Les scores sommatifs des quatre questions ont atteint une validité
acceptable (α α = 0,787).
Variables de contrôle
Nous avons utilisé six variables de contrôle. Conformément aux études précé-
dentes, nous avons pris en considération la taille de l’équipe, compte tenu de
Uman et al. Rôle des systèmes de contrôle de gestion 473
Analyse et résultats
Les statistiques descriptives (voy. Tableau 1) indiquent que les entreprises de
l’échantillon étaient modérément ambidextres (moyenne de 25,21, max 42). Les
personnes interrogées estimaient que le leadership partagé au sein de leur équipe
de direction était relativement élevé (moyenne de 20,12, max 28) et que le TPMCS
(moyenne de 19,44, max 28) était davantage utilisé que le NPMCS (moyenne de
13,68, max 28) dans leurs organisations. Ces résultats suggèrent non seulement
que les entreprises municipales de notre échantillon recourent au leadership par-
tagé, mais aussi que le TPMCS, plutôt que le NPMCS, reste la méthode de contrôle
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préférée. Dans notre échantillon, l’équipe moyenne comptait 4,58 membres ; 42 %
des répondants étaient des directeurs financiers et 58 %, des CEO. L’âge moyen
des répondants était de 49,53 ans ; 76 % d’entre eux avaient fait des études supé-
rieures (ils étaient détenteurs d’une licence ou plus) et 32 % étaient des femmes.
Les organisations de l’échantillon comptaient en moyenne 46,34 salariés. Nos
résultats fournissent des preuves empiriques de l’existence d’équipes de direction
relativement importantes, mixtes et dotées d’un capital humain élevé (niveau d’ins-
truction) qui ressemblent beaucoup à celles des sociétés cotées en bourse (Umans,
2013). Cela tend à indiquer que les entreprises municipales de notre échantillon
peuvent être confrontées à une complexité et à un dynamisme comparables à ceux
des entreprises privées qui ont besoin d’équipes de haut niveau plus importantes
et diversifiées, dotées d’un capital humain élevé, pour répondre aux spécificités
contextuelles mentionnées plus haut.
Variables Moyenne ET 1 2 3 4 5 6 7 8 9
1 Ambidextrie 25,21 6,41
Leadership partagé des
2 20,12 7,90 ,28**
équipes de direction
3 TPMCS 19,44 5,86 ,50** ,63**
4 NPMCS 13,68 5,95 ,21† –,18 –,20†
5 Taille de l’équipe de direction 4,58 2,20 –,06 –,01 ,14 –,09
6 Taille de l’entreprise 46,34 58,46 ,12 ,09 ,26* ,01 ,39**
7 Position 0,42 0,5 –,16 ,05 ,05 –,07 ,21† ,12
8 Genre 0,32 0,47 –,04 ,03 ,11 ,03 ,19† ,16 ,44**
9 Âge 49,53 8,97 –,15 ,10 ,00 ,01 –,03 –,03 –,23* –,23*
10 Niveau d’instruction 0,76 0,42 –,17 –,01 –,04 ,02 ,01 –,16 –,08 –,02 –,35**
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sion linéaire hiérarchique (voy. Tableau 2). Il semblerait qu’il y ait une certaine
multicolinéarité dans les trois modèles de régression, mais à 1,283-2,715, elle
est, de manière acceptable, en dessous de la valeur recommandée de 4 (Pallant,
2013).
Dans le modèle 1, nous avons vérifié l’hypothèse 1, en insérant des variables
de contrôle à l’étape 1 et la variable indépendante (leadership partagé de l’équipe
de direction) à l’étape 2. Conformément à l’hypothèse 1, les résultats indiquent
une relation positive significative entre le leadership partagé de l’équipe de direc-
tion et l’ambidextrie (β
β stand. = ,257, p <,05).
Dans le modèle 2, nous avons vérifié l’hypothèse 2, en insérant des variables
de contrôle à l’étape 1 et la variable indépendante (leadership partagé de
l’équipe de direction) et la variable modératrice (TPMCS) à l’étape 2. Nous avons
inséré l’effet de multiplication entre les scores standardisés (pour minimiser la
multicolinéarité commune dans la modélisation de la modération) des variables
indépendante et modératrices à l’étape 3. Les résultats indiquent que le TPMCS
ne modère pas la relation entre le leadership partagé de l’équipe de direction et
l’ambidextrie. Nous n’avons donc pas pu confirmer l’hypothèse 2.
Dans le modèle 3, nous avons vérifié l’hypothèse 3, en insérant les variables de
contrôle à l’étape 1 et la variable indépendante (leadership partagé de l’équipe de
direction) et la variable modératrice (NPMCS) à l’étape 2. Nous avons inséré l’ef-
fet de multiplication entre les scores standardisés des variables indépendante et
modératrices à l’étape 3. Les résultats indiquent, conformément à l’hypothèse 3,
que le NPMCS a un effet modérateur positif significatif sur la relation entre le
leadership partagé de l’équipe de direction et l’ambidextrie. Le diagramme des
interactions est présenté dans la Figure 1.
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Étape 2 Leadership partagé des équipes de direction ,275* ,088 –,079 –,105 ,251* ,086
TPMCS ,623** ,178
NPMCS ,356** ,115
ΔR2 ,074 ,225 ,146
F pour ΔR2 6,564* 11,963** 6,881**
R2 général (R2 ajusté général) ,171 (,093) ,332 (,247) ,327 (,239)
F global pour R2 2,186* 3,917** 3,725**
Valeur VIF, la plus élevée 1,283 2,715 1,310
a Coefficient non standardisé
Uman et al. Rôle des systèmes de contrôle de gestion 475
† p < 0,10
* p <,05
** p <,01
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476 Revue Internationale des Sciences Administratives 86 (3)
36
31
26
Ambidextrie
21 NPMCS faible
NPMCS élevé
16
11
1
Leadership partagé Leadership partagé
des équipes de direction faible des équipes de direction élevé
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Les deux régressions dans les modèles 2 et 3 (voy. étape 2 dans le Tableau 2)
indiquent que le TPMCS et le NPMCS ont une relation directe positive forte
avec l’ambidextrie, ce qui indique que bien qu’ils représentent des logiques
différentes, ces systèmes de contrôle pourraient encourager l’équilibre subtil
entre exploration et exploitation. En outre, les modèles 1 et 3 (voy. étape 2 du
Tableau 2) suggèrent que le leadership partagé des équipes de direction est lié à
l’ambidextrie, indépendamment du NPMCS et en combinaison avec celui-ci, ce
qui indique l’importance du leadership partagé des équipes de direction lorsque
de nouveaux systèmes tels que le NPMCS sont mis en œuvre. Pourtant, dans
le modèle 2, seul le TPMCS (étape 2 dans le Tableau 2) explique la variation de
l’ambidextrie – le leadership partagé de l’équipe de direction n’est pas significatif.
Ce modèle tend à indiquer que le TPMCS rend la gestion moins importante et
« stimule » en soi l’ambidextrie. En résumé, notre analyse tend à confirmer l’hy-
pothèse 1 et l’hypothèse 3, mais pas l’hypothèse 2.
Analyse
Dans notre étude, nous avons examiné comment le leadership partagé des
équipes de direction affecte l’ambidextrie organisationnelle dans les organisations
du secteur public et avons cherché à comprendre le rôle modérateur des systèmes
de contrôle de gestion de ces organisations. Dans notre étude, nous avons vu que
le leadership partagé des équipes de direction est positivement lié à l’ambidextrie
organisationnelle dans les organisations du secteur public, conformément aux
observations faites récemment dans les organisations du secteur privé (par ex.,
Mihalache et al., 2014). Notre étude montre également que les efforts d’équipe
sont importants dans les contextes publics et que les tensions entre les orienta-
tions exploratoires et explicites (par ex., Carmeli et Halevi, 2009) peuvent être
résolues parce que ces efforts sont ancrés dans la capacité commune à exercer
une influence (cf. Ensley et al., 2006). Notre étude contribue à la recherche émer-
Uman et al. Rôle des systèmes de contrôle de gestion 477
gente sur l’ambidextrie et est applicable dans les organisations du secteur public
(par ex., Kobarg et al., 2017), où l’ambidextrie représenterait une autre façon
d’explorer et d’opérationnaliser les résultats organisationnels (Cannaerts et al.,
2016).
La présente étude nous permet de mieux comprendre les conditions dans
lesquelles le leadership partagé dans les organisations du secteur public per-
met effectivement d’atteindre l’ambidextrie. Elle répond aux appels à étudier
les circonstances (Raisch et Birkinshaw, 2008) dans lesquelles les antécédents
de gestion comptent pour l’ambidextrie. Même si rien ne nous a permis de
confirmer le rôle modérateur négatif du TPMCS, nous avons bel et bien pu
confirmer l’effet modérateur positif du NPMCS sur la relation entre le leadership
partagé des équipes de direction et l’ambidextrie. Le type d’organisation que
nous avons étudié est apparemment guidé par des objectifs multiples (Rainey et
Steinbauer, 1999), et les NPMCS sont une force positive dans de tels contextes
étant donné l’ouverture des entreprises municipales à ces systèmes. L’une des
explications possibles serait le fait que la direction des entreprises municipales
prend plus de risques que celle des entités « purement » publiques (Smith et
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Umans, 2015). Cette propension au risque pourrait interagir positivement avec
les récompenses de performance basées sur les systèmes s’inspirant du NMP, ce
qui se traduirait par une plus grande efficacité organisationnelle dans la réparti-
tion des ressources (Kim, 2010). Nos conclusions sont dès lors conformes à l’idée
de Hoch et Kozlowski (2014) selon laquelle l’efficacité et l’incertitude, qui sont
des propriétés des NPMCS dans les organismes du secteur public, nécessitent un
leadership partagé des équipes de direction pour les traduire en une utilisation
efficace des ressources. Nos observations indiquent également que le leadership
partagé plutôt qu’individuel, conjugué aux systèmes nouvellement introduits
(Morgeson et al., 2010) dans le secteur public, pourrait être la voie à suivre pour
créer des entités publiques ambidextres. Le rôle modérateur négatif du TPMCS
constaté indique un possible renforcement, plutôt qu’un décalage (Wang et al.,
2014), dans la relation entre le TPMCS et le leadership partagé des équipes de
direction. Cependant, notre analyse indique que le TPMCS affecte directement
et positivement l’ambidextrie, ce qui indique non seulement un renforcement,
mais aussi que le TPMCS peut être ancré dans les organisations du secteur public,
constituant une force en soi.
Les présents résultats apportent plusieurs contributions théoriques et pra-
tiques à la littérature. Notre étude contribue à la littérature sur le leadership
stratégique en fournissant un aperçu théorique et des preuves empiriques que
le leadership partagé des équipes de direction est important pour les organisa-
tions publiques, en positionnant le leadership partagé comme une construction
au niveau des équipes de direction. Nos résultats s’ajoutent ainsi aux recherches
émergentes qui explorent le rôle des gestionnaires dans les organismes publics
en empruntant à la littérature sur la gestion stratégique (Modell, 2012). Nous
contribuons également au domaine en illustrant comment le leadership partagé
des équipes de direction interagit avec les systèmes de contrôle de gestion en
facilitant l’ambidextrie organisationnelle. Plus précisément, nous faisons cela en
illustrant de manière empirique comment les systèmes de contrôle de gestion
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explorant l’émergence de structures de leadership spécifiques dans les organisa-
tions (par ex., Morgeson et al., 2010).
Conclusions
Notre étude présente deux conclusions générales. Premièrement, elle suggère
que le point de vue de la contingence reste très pertinent pour la littérature sur la
gestion publique, mais que les concepts disponibles dans ce domaine pourraient
devoir être empruntés à des champs d’ajustement ou être reconceptualisés afin
d’obtenir de nouveaux éléments. La présente étude suivait l’idée de Chandler
(1990) concernant l’adéquation entre les concepts liés à la stratégie (leadership
partagé des équipes de direction) et les concepts liés à la structure (systèmes de
contrôle de gestion propres au secteur public) en relation avec le résultat orga-
nisationnel – l’ambidextrie organisationnelle. Ce faisant, la présente étude non
seulement éclaire et confirme certaines relations théoriquement hypothétiques,
mais offre également un nouvel éclairage sur le fonctionnement des organisa-
tions publiques et sur la manière de l’étudier.
Deuxièmement, nous pouvons conclure que les entreprises municipales
représentent un contexte intéressant pour vérifier l’application de nouvelles
constructions développées et/ou empruntées à d’autres domaines (cf. Smith et
al., 2018). Ces entités, qui possèdent des propriétés d’organisations tant privées
que publiques (Smith et Umans, 2015), pourraient représenter un cadre idéal
pour explorer la transférabilité des concepts du contexte privé au contexte public,
et inversement. Inspirée par des recherches antérieures sur l’ambidextrie dans les
entreprises privées, cette étude met en évidence son applicabilité dans le secteur
public et en identifie les stimulants. De même, nos conclusions sur les circons-
tances, représentées par des systèmes de contrôle de gestion doubles, peuvent
potentiellement être transférées à la recherche sur les sociétés privées, où l’on
pourrait reconceptualiser les systèmes de contrôle de du nouveau management
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du secteur public ; cette faiblesse s’applique particulièrement à la construction
mesurant l’ambidextrie, où des sous-constructions d’innovation exploratoire et
exploitante ont été utilisées. En adaptant les instruments et la terminologie au
contexte du secteur public, nous avons tenu compte de cette faiblesse.
Malgré ses limites, notre article sert de point de départ pour étudier la relation
entre les caractéristiques organisationnelles du secteur public et le phénomène
émergent du leadership partagé, et plus particulièrement son effet sur divers
résultats organisationnels. Par exemple, les études futures pourraient examiner
l’impact de la composition des équipes de direction sur l’ambidextrie dans les
organisations du secteur public. D’autres pourraient porter sur les rôles des
systèmes de contrôle de gestion, par exemple, en développant un instrument
plus détaillé pour mesurer le processus, la performance et la valeur publique
(Spano, 2009). Enfin, les études futures pourraient déconstruire l’ambidextrie en
explorant les aspects du leadership des équipes de direction qui comptent dans
les orientations d’exploration par rapport à celles d’exploitation, étant donné
que certaines organisations pourraient utiliser l’une ou l’autre comme stratégie
principale.
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