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Circuits Micro-Ondes Passifs

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Sommaire
Chapitre 1. Rappel des notions de base et introduction de la matrice [S]
1.1 Caractérisation et représentation des circuits à l'aide des matrices Z, Y, ABCD et des paramètres S.
1.1.1 Définition
1.1.2. Représentation
1.1.3 Matrice impédance
1.1.4 Matrice admittance
1.1.5 Matrices de chaîne ABCD et abcd
1.1.6. Quadripôles en cascade
1.1.7. Quadripôles passifs – Réciprocité - Symétrie
1.1.8. Paramètres S (Scattering parameters)
1) Introduction
2) Intérêt des paramètres S
3) Matrice de répartition en courant et tension
3.1 Réseau à un seul accès
3.2 Réseau à n accès
4) Matrice de répartition [S]
4.1 Réseau à un seul accès
4.2 Réseau à n accès
1.2 Abaque de Smith et ses applications
1.2.1 Ligne de propagation – Analyse par la théorie des circuits
1) Expérience : mise en évidence des phénomènes de propagation en électronique
2) Modèle circuit d’une ligne de propagation
3) Equations différentielles couplées
4) Régime harmonique
4.1 Equations de propagation
x x
4.2 Etude générale des fonctions f ( (t  )) et f ( (t  ))
 
4.2.1 Vitesse de phase
4.2.2 Longueur d’onde
4.2.3 Formulation en ondes progressives et régressives
4.3 Caractéristiques des ondes : impédance caractéristique, constante de propagation
4.3.1 Impédance caractéristique
4.3.2 Constante de propagation 
4.4 Coefficients de réflexion et de transmission – Rapport d’Ondes Stationnaire (ROS)
4.4.1 Coefficient de réflexion
4.4.2 Coefficient de transmission
4.4.3 Rapport d’onde stationnaire
2
4.4.3.1 Expression du ROS
4.4.3.2 Mesure du ROS
5) Adaptation d’impédance
5.1 Adaptation partie réelle : transformateur ¼ d’onde
5.2 Adaptation partie imaginaire : « stub »
6) Outil d’analyse : abaque de Smith
6.1 Abaque de Smith
6.1.1 Intérêt
6.1.2 Construction
7) Transformation d’impédance par une ligne
7.1- Etude analytique
7.2- Etude sur abaque dans le cas de la ligne sans pertes
7.3- Applications : adaptation à l’aide de stubs (lignes sans pertes)
7.3.1- adaptation par un stub
7.3.2- adaptation par deux stubs
7.3.3- adaptation par trois stubs
1.3 Propriétés de la matrice [S]
1.3.1 Application à un quadripôle
1.3.1.1 Paramètres S
1) Définition
2) Signification physique des paramètres S
3) Propriétés
3.1 Réciprocité
3.2 Symétrie
3.3 Unilatéralité
3.4 Conservation de l’énergie pour des jonctions sans pertes
1.3.1.2 Relations liant les courants et tensions (Vi et Ii) aux ondes de tension (ai et bi)

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Chapitre 1. Rappel des notions de base et introduction de la matrice [S]
Théorie des lignes et abaque de Smith

1.1 Caractérisation et représentation des circuits à l'aide des matrices Z, Y, ABCD et des
paramètres S.
1.1.1 Définition
Un quadripôle est un composant ou un circuit (ensemble de composants) à deux entrées et
deux sorties qui permet le transfert d’énergie entre deux dipôles. Les signaux électriques en
entrée et en sortie peuvent être de nature différente (tension, courant, puissance). On distingue
deux types de quadripôles : actifs et passifs.

1.1.2. Représentation
Par convention, on donne le sens positif aux courants qui pénètrent dans le quadripôle comme
l’indique la figure 1.1 :

Figure 1.1 : quadripôle


Très souvent, le quadripôle est en fait un tripôle, en ce sens qu'une borne de l'entrée et une
borne de la sortie sont reliées par un court-circuit interne. On le représentera dans ce cas par la
figure 1.2. Ces bornes communes sont le plus souvent mises à la terre. Le conducteur
commun 1' 2' est appelé masse.

Figure 1.2 : tripôle

1.1.3 Matrice impédance


A basse fréquence, un quadripôle est caractérisé par des tensions et courants (figure 1.3) :

Figure 1.3 : Matrice impédance d’un quadripôle


4
Les paramètres Z (matrice impédance) sont utilisés pour décrire complètement le circuit :
V1 = z11.I1 + z12.I2
V2 = z21.I1 + z22.I2
Sous une forme matricielle on écrit :
V1   z11 z12  I1  I 
       Z . 1 
V2   z 21 z 22  I 2   I2 
avec :
 z11 z12 
Z   
 z 21 z 22 
z11 est obtenu en mesurant V1/I1 lorsque I2 = 0 (accès de sortie ouvert)
z12 est obtenu en mesurant V1/I2 lorsque I1 = 0 (accès d’entrée ouvert)
z21 et z22 sont obtenus de la même manière
D’autres matrices sont aussi utilisées pour les quadripôles : matrices Y, H,… . Toutes ces
matrices utilisent une représentation courant/tension

1.1.4 Matrice admittance


Pour le quadripôle de la figure 1.1 on établit les paramètres Y (matrice admittance) pour
décrire complètement le circuit en écrivant :
I1 = y11.V1 + y12. V2
I2 = y21.V1 + y22. V2
Sous une forme matricielle on écrit :
 I1   y11 y12 V1  V 
       Y . 1 
 I 2   y21 y22 V2  V2 
avec :
 y11 y12 
Y   
 y21 y22 

La matrice Y est évidemment l’inverse de la matrice Z. Elle n’existe donc pas toujours (il faut
que Z, si elle existe, soit inversible). On mesure la valeur des éléments de cette matrice en
imposant une source à un accès et en mettant l’autre en court-circuit (figure 1.4).

5
figure 1.4 : Mesure de y11 (gauche) et y12 (droite)
y11 est appelée admittance d'entrée en court-circuit et y22 admittance de sortie en court-
circuit. y12 et y21 sont les admittances de transfert en court-circuit.

1.1.5 Matrices de chaîne ABCD et abcd


Si les deux grandeurs indépendantes sont relatives au même accès, la matrice est appelée
matrice de chaîne T (de transmission). On l'écrit sous la forme :
V1   A B  V2 
     
 I1   C D   I 2 
ou sous la forme :
V2   a b  V1 
     
 I 2   c d   I1 
pour la matrice de chaîne t.

1.1.6. Quadripôles en cascade


On remarquera que l'inversion de signe d'un des courants dans :
V1   A B  V2 
     
 I1   C D   I 2 
permet d'obtenir aisément la matrice résultant d'une mise en cascade de deux quadripôles,
c'est-à-dire de la connexion de l'entrée de l'un à la sortie de l'autre selon la figure 1.5 :

Figure 1.5 : Mise en cascade de quadripôles


Grâce à ce choix de signe, il vient en effet -I2' = I1", et donc :

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La matrice de chaîne de deux quadripôles en cascade est donc le produit des matrices de
chaînes partielles. Comme la multiplication matricielle n'est pas une opération commutative,
il faut prendre garde à l'ordre dans lequel les quadripôles sont connectés. L'emploi de la
matrice T plutôt que t permet de ranger les matrices dans le même ordre que les quadripôles.

1.1.7. Quadripôles passifs – Réciprocité - Symétrie


Nous avons vu jusqu’ici que le comportement d’un quadripôle quelconque, tant qu’il
fonctionne en biporte, est complètement déterminé par les quatre éléments d’une de ses
matrices représentatives. On peut se demander si ces quatre éléments sont toujours
indépendants.
On admettra ici qu’un quadripôle passif (excluant explicitement les sources dépendantes) est
toujours réciproque. Un quadripôle est dit réciproque si, lorsqu’on place une source de
tension à son entrée et qu’on mesure le courant de court-circuit à sa sortie, on obtient le même
résultat qu’en branchant la source à la sortie et en mesurant le courant de court-circuit à
l’entrée. Il vient alors immédiatement, vu la définition des admittances de transfert (figure
1.4) :
y12 = y21
On en déduit facilement, en partant des relations entre matrices représentatives, les autres
relations suivantes :
z12 = z21
On constate donc qu’un quadripôle passif (fonctionnant en biporte) est caractérisé par trois
grandeurs indépendantes seulement.
Un quadripôle est dit symétrique si la permutation des deux accès entre eux ne modifie pas le
quadripôle, même lorsque l’excitation et la réponse sont de même nature (source de tension ou
courant). Il est clair que cette condition est plus large que la condition de réciprocité. Il est
facile de voir qu’on a alors en plus :
z11 = z22
y11 = y 22
Un quadripôle possédant une symétrie verticale interne est évidemment symétrique par
nature. On constate donc qu’un quadripôle symétrique (fonctionnant en biporte) est
caractérisé par deux grandeurs indépendantes seulement.

1.1.8. Paramètres S (Scattering parameters)


1) Introduction

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Aux hyperfréquences, la longueur des éléments est souvent du même ordre de grandeur que la
longueur d’onde : la théorie des lignes de transmission est applicable. Des ondes de courant et
de tension doivent être considérées :
V1= V10 cos (t - z) = Re{V10 exp j(t - z)}
2) Intérêt des paramètres S
Il existe pour l’étude des quadripôles linéaires des paramètres bien connus : paramètres Z, Y,
H. La détermination expérimentale de ces paramètres exige des mesures en court-circuit ou en
circuit ouvert. Au delà de 100 MHz, la condition circuit ouvert (impédance infinie) est
difficile à réaliser ; quant à la mise en court-circuit, elle entraîne souvent l’oscillation du
montage. Au contraire, les mesures des paramètres S se font sur entrée et sortie adaptées et
n’entraînent pas ces difficultés.
Par contre, elles nécessitent la mesure des ondes progressives et régressives. Dans le domaine
fréquentiel (régime harmonique), des dispositifs appropriés, les coupleurs directifs (qui seront
abordés lors de l’étude du principe des appareils de mesure), permettent l’accès à ces
grandeurs.
Dans le domaine temporel (réponse indicielle ou impulsionnelle), ces ondes sont
naturellement séparées dans le temps si l’excitation a atteint un régime établi avant le retour
des ondes régressives dues aux réflexions.
La connaissance des paramètres S permet en outre de calculer simplement les grandeurs le
plus communément recherchées : puissance, gain ou atténuation, facteur de réflexion sur un
accès, impédance d’entrée. Leur intérêt pratique est donc grand.
3) Matrice de répartition en courant et tension
Les matrices [Z] et [Y] sont inadaptées aux hautes fréquences. En conséquence on sera
amené à définir une nouvelle matrice, la matrice [S] qui aura l’avantage d’être mesurable sur
entrée et sortie adaptées, usuellement 50 Ω, ce qui résoudra tous ces problèmes.
La matrice [S], matrice de répartition ou «scattering matrix», est l’outil de base pour l’étude
des quadripôles ou des multipôles linéaires en hyperfréquence. Les paramètres S ont un lien
direct entre les transferts de puissance entrée - sortie d’un quadripôle ou des multipôles et la
puissance est la chose la plus facile à mesurer en hyperfréquence. Dans le cas général, on
considérera des éléments de circuits actifs ou passifs à plusieurs entrées.
3.1 Réseau à un seul accès
On considère un réseau à un seul accès composé d’un générateur d’impédance interne Z0
chargé par ZL (figure 1.6).

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Figure 1.6 : Réseau à un seul accès
Les expressions du courant et de la tension I et V sont :
E E.Z L
I V
Z0  Z L Z0  Z L
Il y a adaptation lorsque l’on a ZL = Z0*, où Z0* est le complexe conjugué de Z0. On
décompose le courant et la tension en :
- une Composante Incidente
- une Composante Réfléchie
Le courant incident est le courant dans la charge à l’adaptation :
E E
Ii   (1)
Z0  Z0
*
2 R0

La tension incidente est la tension aux bornes de la charge à l’adaptation :


* *
E.Z 0 E.Z 0
Vi   (2)
Z0  Z0
*
2 R0

R0 est la partie réelle de Z0.


Les Composantes Réfléchies du courant et de la tension sont définies par :
Ir = Ii - I
Vr =V - Vi
Le courant réfléchi est donc :

Z L  Z0
*
Ir  .I i (3)
Z L  Z0
La tension réfléchie est donc :

Z0 Z L  Z0
*
Vr  . .Vi (4)
Z0 Z L  Z0
*

Z0 Ir
Cela implique que Vr  *
. .Vi (4' ) , et donc que Vr = Z0.Ir.
Z0 Ii
Les coefficients de réflexion en courant ρI et en tension ρV d’un réseau à un accès sont
respectivement :

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Z L  Z0
*
I 
Z L  Z0

Z0 Z L  Z0
*
V  .
Z0 Z L  Z0
*

Remarque :
Z L  R0
Si Z0 = Z0* = R0, alors :    I  V 
Z L  R0

zL 1 1 
Avec l’impédance réduite z = ZL/R0 on obtient :  zL 
zL  1 1 

1 
2

z L  z L  2.
*
On a aussi :
1 
2

zL 1 zL  zL
*
La relation   1    2.
2
permet d’obtenir :
zL  1 zL  1
2

zL  zL
*
Ainsi pour une charge à partie réelle positive :   1 puisque 2. 0
zL  1
2

3.2 Réseau à n accès

Figure 1.7 : Réseau à n accès

Les relations (1) et (2), d’une part, et les relations (3) et (4) d’autre, permettent d’obtenir
respectivement au niveau de chaque accès ou plan de référence Pj de la figure 1.7 :
On définit un vecteur [a], appelé Onde Incidente, par la relation :

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a  Z   Z 
* 1/ 2
0 0
.I i 
2
avec :

I i   Z 0*  .Vi 
1

On définit de même un vecteur [b], appelé Onde Réfléchie, par la relation :

b  Z   Z 
* 1/ 2
0 0
.I r 
2
avec :
I r   Z0 1.Vr 
Vi  Z 0 .I i Vr  Z 0 .I r
*

Forme matricielle :
Vi   Z0* .I i 
Vr   Z0 . I r 
I   I i   I r 
V   Vi   Vr 
La matrice impédance Z  du réseau est définie par : V   Z 
. I
Les relations (3) et (4) donnent :
I r   S I .I i 
Vr   S V .Vi 
S  et S  sont respectivement les matrices de répartition en courant et en tension
I V

On montre que :
S   (Z  Z ) .(Z  Z )
I
0
1
0
*

S   (Y  Y ) .(Y  Y )
V
0
1
0
*

avec Y0   Z0 1 et Y   Z 1


4) Matrice de répartition [S]
4.1 Réseau à un seul accès
Pour le réseau à un seul accès de la figure 1.6 on définit l’Onde Incidente par la relation :

Z0  Z0
*

a .I i
2
Seule R0, la partie réelle de Z0, subsiste, on obtient :

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Vi
a  R0 .I i 
R0

Z0  Z0
*

On définit de même l’Onde Réfléchie par la relation : b .I r


2
Vr
b  R0 .I r 
R0

Ces définitions impliquent alors :


V
ab  a  b  R0 .I
R0

On introduit naturellement la Tension Réduite, v, et le Courant Réduit, i , par :


V
v  ab i  R0 .I  a  b
R0

Les dimensions des variables réduites v et i sont :


[V ] [Ω]-1/2 pour v et [A] [Ω]1/2 pour i
Ces deux dimensions sont équivalentes grâce à la loi d’Ohm et se résument à [W]1/2 qui est la
racine carrée d’une puissance. Les ondes incidentes et réfléchies a et b auront donc cette
même dimension qui n’est pas celle d’une grandeur directement mesurable.

4.2 Réseau à n accès


Pour le réseau à n accès de la figure 1.7 on définit un vecteur [a], appelé Onde Incidente, par
la relation :

a  Z   Z 
* 1/ 2
0 0
.I i 
2
avec :

I i   Z 0*  .Vi 
1

On définit de même un vecteur [b], appelé Onde Réfléchie, par la relation :

b  Z   Z 
* 1/ 2
0 0
.I r 
2
avec :
I r   Z0 1.Vr 
La matrice de répartition généralisée [S] est définie par : [b] = [S].[a]
S   R0 1/ 2 .S I .R0 1/ 2 I i   R0 1/ 2 .a I r   R0 1/ 2 .b

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 Z 01 0   Z 01* 0 
   
     
Z 0   

Z0 j 

Z 0
* 
 Z0 j
* 

     
 0  
 Z 0 n   0 Z 0 n 
*

 R01 0 
 
  
 
R0 1/ 2  R0 j 
  
 
 0 R 
 0n 

a1  b1   S11 S1 j S1n 


     
     
a   a j 
 
b  b j 
 
 
S   Sij  S j1 S jj S jn 

     
a  b   
 n  n  S n1 S nj S nn 

S   Z  .S .Z 
*
R0i 1 Z0 j
Sij  Sij . Sij  Sij .
I I V * I V
0 0
R0 j Z 0i

Cas particulier :
Si Z0j = Z0j* = R0j j, (j = 1, … , n) alors :
R0 j
Sij  Sij .
I V

R0i
Si en plus R01 = R02 = … = R0n, alors on a :
S   S I   S V 

Cas général :

Ej = Vj + Z0j.Ij
Vj = Vij + Vrj
Ij = Iij - Irj

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Figure 1.8
Pour chaque accès j (figure 1.8) du réseau à n accès de la figure 1.7 on a :
V j  Z 0 j .I j
aj  a  1 .R0 1/ 2 .V   Z 0 I 
2. R0 j 2

b  1 .R0 1/ 2 .V   Z 0* I 


V j  Z 0 j .I j
*

bj 
2. R0 j 2

Si Z0j = R0j quel que soit j, (j = 1, … , n) alors :


Vj
a j  bj  a j  b j  R0 j .I j
R0 j

1.2 Abaque de Smith et ses applications


1.2.1 Ligne de propagation – Analyse par la théorie des circuits
Les phénomènes de propagation sur les lignes à plusieurs conducteurs s’étudient à l’aide des
équations de Kirchhoff : loi des mailles et loi des noeuds.
1) Expérience : mise en évidence des phénomènes de propagation en électronique
Lorsque la fréquence des signaux se propageant sur une ligne augmente, il devient nécessaire
de prendre en compte les phénomènes de propagation. En effet prenons une expérience très
simple qui consiste à relier un générateur de tension sinusoïdale (vg , Rg) à une charge Rc par
l’intermédiaire de deux fils parallèles A-B et C-D (figure 1.9). La charge est reliée à un
voltmètre par un câble coaxial de un mètre de longueur environ (longueur l).

Figure 1.9 : Mise en oeuvre des phénomènes de propagation.


Compte tenu de la longueur des fils de connexion, si la fréquence du générateur est inférieure
à 1 MHz environ, la tension lue au voltmètre est évidemment :

Lorsque l’on augmente la fréquence tout en conservant la tension efficace Vg constante, on


constate que la tension lue varie. Si l’on divise la longueur l par dix, soit un câble coaxial de
longueur 10 cm, on constate que ce phénomène se produit pour une fréquence dix fois
supérieure. La tension lue au voltmètre dépend donc de la longueur du câble coaxial et de la
fréquence de fonctionnement.

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Pour comprendre ce phénomène, il faut faire appel à la théorie de la propagation des ondes
électromagnétiques. On peut déjà affirmer que pour éviter les phénomènes de propagation
dans les circuits électroniques, il faut que la dimension de ces circuits soit plus petite que la
longueur λ associée à la longueur d’onde des signaux mis en jeu :
v

f
avec v la vitesse des signaux et f leur fréquence. Plus la fréquence croît, plus la longueur
d’onde diminue, plus les phénomènes de propagation sont susceptibles d’intervenir.
2) Modèle circuit d’une ligne de propagation
On considère une ligne bifilaire comme décrit sur la figure 1.10.

Figure1.10: Ligne bifilaire


En basse fréquence, c'est-à-dire en dessous de quelques MHz, la ligne peut être modélisée par
une simple résistance. Lorsque l’on augmente la fréquence, on voit apparaître un phénomène
de filtrage passe-bas. Ce phénomène a lieu entre quelques dizaines de MHz et quelques
centaines de MHz, dépendant de la longueur de la ligne. Ce phénomène peut être modélisé par
une capacité en parallèle sur la ligne. Cette capacité traduit physiquement le fait que l’on
dispose de deux conducteurs en vis à vis.
Enfin si l’on augmente encore la fréquence, on se retrouve dans le cas de l’expérience de la
figure 1.9 : la tension mesurée au bout de la ligne n’est pas du tout égale à la tension
appliquée en entrée. Il se produit un phénomène de propagation. Ce phénomène est du au
comportement inductif de la ligne, on doit ainsi faire apparaître une inductance dans notre
modèle. Cette inductance traduit physiquement le phénomène d’auto-inductance abordé dans
le cours de magnétostatique.
Enfin, si le diélectrique séparant les deux conducteurs n’est pas parfait, un courant de fuite
pourra circuler entre ceux-ci. Ce courant engendrera des pertes, il est donc nécessaire
d’ajouter au modèle une résistance parallèle. Du fait que cette résistance soit en parallèle, on
utilise plutôt le terme de conductance.
Afin de tenir compte de l’effet prépondérant de propagation, la technique consiste à établir un
modèle d’une section de longueur infinitésimale de ligne très petite par rapport à la longueur

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d’onde du signal qui se propage dans la ligne. Il n’y aura plus la possibilité de faire apparaître
des effets de propagation et la structure serait un simple filtre localisé de type passe-bas du
second ordre. On aura alors un modèle « localisé » ou « discret ».
Ainsi on considère un élément de ligne de longueur infinitésimale dx, représentant un tronçon
quelconque de la ligne de propagation, constitué des quatre éléments Rdx, Gdx, Ldx et Cdx
(figure 1.11) :
 R : résistance linéique série en Ohms (/m).
 G : conductance parallèle en Siemens (S/m).
 L : inductance linéique série en Henrys (H/m).
 C : capacité linéique parallèle en Farads (F/m).
Les quatre éléments R, G, L et C ainsi définis sont appelés paramètres primaires de la ligne
de propagation.

Figure 1.11. Tronçon élémentaire de ligne de propagation.

3) Equations différentielles couplées


L’utilisation des lois de Kirchhoff, en considérant que les variations en fonction du temps de

vxet de vx dxsont les mêmes du fait que dx est une longueur infinitésimale, permet

d’obtenir :

Comme dx est une longueur infinitésimale, on peut écrire :

D’où les deux équations différentielles :

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4) Régime harmonique
4.1 Equations de propagation
En régime harmonique, c’est-à-dire en considérant comme excitation une onde sinusoïdale de
fréquence f, on obtiendra les équations différentielles qui régissent la tension V(x,) et le
courant I(x, ) suivantes :

où   ( R  jL).(G  jC)    j a la dimension de m-1.

Les solutions générales pour I(x, ) et V(x, ) sont donc :


V ( x, )  A()ex  B()ex

R  jL
I ( x,  )  ( A( )e x  B( )e x ) /
G  jC
En posant :

R  jL
Z c ( ) 
G  jC
nous obtenons :
V ( x, )  A()ex  B()ex

I ( x,  )  ( A( )e x  B( )e x ) / Z c ( )


En notation réelle nous obtenons les solutions générales suivantes :
v(x,t) = A.e-αx.cos(t – βx) + B.e+αx.cos(t + βx)
i(x,t) = [A.e-αx.cos(t – βx) – B.e+αx.cos(t + βx)]/Zc
Ces expressions représentent la somme de deux fonctions caractérisant deux phénomènes de
propagation dans deux directions opposées :
x x
f ( (t  )) et f ( (t  ))
 
x x
4.2 Etude générale des fonctions f ( (t  )) et f ( (t  ))
 

17
4.2.1 Vitesse de phase
Le terme ω/β a la dimension d’une vitesse en m/s, on le notera par :

v 

appelé vitesse de phase de l’onde progressive.
4.2.2 Longueur d’onde
On définira aussi la longueur d’onde λ telle que :
 2
 
v 

4.2.3 Formulation en ondes progressives et régressives


On notera les solutions générales du courant i(x,t) et v(x,t) sous la forme suivante :
i(x,t) = i+(x,t) + i-(x,t)
v(x,t) = v+(x,t) +v-(x,t)
v+ = f(t - x/v) est une onde progressive le long de Ox de vitesse v.
v- = f(t + x/v) est une onde progressive inverse ou régressive le long de Ox de vitesse v..
v = v+ + v- est la somme des deux ondes.
i+ = f(t - x/v) est une onde progressive le long de Ox de vitesse v.
i- = f(t + x/v) est une onde progressive inverse ou régressive le long de Ox de vitesse v..
i = i+ + i- est la somme des deux ondes.
On constatera que le rapport :
v v
 Z et  Z c
i i
c

4.3 Caractéristiques des ondes : impédance caractéristique, constante de propagation


4.3.1 Impédance caractéristique
Le rapport de la tension au courant en tout point de la ligne est :
v A.e x  B.e x
 Zc .  Z ( x)
i A.e x  B.e x
Z(x) a la dimension d’une impédance.
 Situation pour une onde progressive seule :
Si seule une onde progressive existe (termes en e-γx ), nous obtenons :
v
 Z c  Z (x)
i
Zc ne dépend pas de x mais de la pulsation . Ceci montre que les ondes de courant et de
tension progressives sont en tout point de la ligne dans un rapport Zc.

18
 Situation pour une onde régressive seule
Si seule une onde régressive existe (termes en e+γx ), nous obtenons :
v
  Z c  Z (x)
i
Le rapport onde de tension/onde de courant a le même module que pour les ondes
progressives, mais sa phase est opposée.
Ces deux situations correspondent concrètement au cas d’une ligne semi infinie (terminée
seulement à une extrémité). Dans ce cas en effet il ne peut y avoir qu’une seule onde
(progressive ou régressive) sous peine de voir la tension et le courant tendre vers l’infini, ce
qui est physiquement inacceptable. On en conclut que l’impédance Zc correspond à la valeur
de l’impédance qu’il faut connecter au bout d’une ligne afin qu’elle se comporte comme une
ligne semi infinie, c'est-à-dire pour que seule une onde (progressive ou régressive) se propage.
On nomme cette impédance l’impédance caractéristique de la ligne. Une ligne terminée par
son impédance caractéristique c Z est dite adaptée.
Nous avons vu que l’expression de Zc s’écrit en fonction des paramètres linéiques de la ligne
de propagation R, G, L et C :

R  jL
Z c ( ) 
G  jC
Dans le cas général, l’impédance caractéristique d’une ligne est donc complexe. En pratique
cependant, la qualité des conducteurs utilisés (Cuivre, Or ou Argent) ainsi que des substrats
diélectriques nous situent le plus souvent, dans le domaine de la radio fréquence (RF), dans
un contexte « faibles pertes » qui implique :
R << jLω et G << jCω.
On a alors à gérer une impédance caractéristique réelle, qui s’écrit :

L
Zc 
C
L’adaptation de la ligne s’en trouve évidemment grandement simplifiée.
4.3.2 Constante de propagation 
La constante de propagation  s’écrit :

  ( R  jL).(G  jC)    j
Elle s’exprime en fonction de α et β, que l’on nomme respectivement constante d’atténuation
et constante de phase.
Le coefficient α fournit l’atténuation linéique de la ligne e−αx en fonction de la distance x. α
s’exprime en nepers/m (np/m). On calcule souvent l’atténuation d’une onde en dB/m :

19
α (dB/m) = 20.Log(e−α ) = −8,686.α(np/m).
Dans l’hypothèse « faibles pertes », on obtient pour les expressions de α et de β :
1 R 1
   LC et    GZc
2 Zc 2

1 R 1
Les termes et GZc représentent les pertes conductrices dues à la résistance série R et
2 Zc 2
les pertes diélectriques dues à la conductance G, respectivement. Dans la pratique, la qualité
des diélectriques utilisés conduit souvent à négliger les pertes diélectriques qui s’avèrent
largement inférieures aux pertes conductrices.
4.4 Coefficients de réflexion et de transmission – Rapport d’Ondes Stationnaire (ROS)
La propagation des ondes dans une ligne de propagation est régie par les caractéristiques de la
ligne, qui imposent en particulier la vitesse et l’atténuation des ondes, mais également par les
conditions aux extrémités, c'est-à-dire les composants ou circuits connectés aux deux
extrémités de la ligne. On nomme ces conditions « conditions aux limites ».
4.4.1 Coefficient de réflexion
On définit un coefficient de réflexion ρ par le rapport d’une onde se propageant dans un sens à
l’onde se propageant en sens inverse, après réflexion sur un obstacle ou une discontinuité
(figure 1.12). Cette définition impose que l’on détermine le sens à partir duquel le coefficient
de réflexion est considéré. Cela peut concerner les ondes de tension ou de courant, mais en
pratique on considère essentiellement les ondes de tension.
Pour une onde progressive de tension, on définit dans le cas général le coefficient de réflexion
ρ en un point x de la ligne par :
v i  B.e  x B 2x
       .e
v i A.e x A
B 2x
Comme   .e , alors en tout point de la ligne x = l, l’impédance Z(l) est :
A
v(l ) A.e l  B.e l 1   (l )
Z (l )   Zc . l l
 Zc .
i(l ) A.e  B.e 1   (l )
Pour une onde régressive en tension, on obtient de la même façon en x = 0 :
v(0) A B 1   (0)
Z (0)   Zc .  Zc .
i(0) A B 1   (0)
Ainsi :
Z (l )  Z c z (l )  1
 (l )  
Z (l )  Z c z (l )  1

20
C’est la définition générale et unique du coefficient de réflexion en tension où Z(l) représente
l’impédance de charge de la ligne de propagation, quel que soit le sens de propagation
considéré, et z(l) représente l’impédance réduite de charge définie comme :
Z (l )
z (l ) 
Zc
On définit également l’admittance réduite par :
1
y (l ) 
z (l )
On pourrait montrer que le coefficient de réflexion en courant est égal à l’opposé du
coefficient de réflexion en tension.
4.4.2 Coefficient de transmission
Le coefficient de transmission est par définition le rapport entre l’onde de tension transmise à
une charge, ou à une liaison entre deux lignes, et l’onde de tension incidente (se propageant
vers la charge) (figure 1.12).
Pour une onde progressive de tension, on a donc :
v A.e  x  B.e  x B
T 
 x
 1  .e 2x  1   
v A.e A
Pour une onde régressive de tension, on a :
v A.e  x  B.e  x A
T 
 x
 1  .e 2x  1   
v B.e B
On en déduit la définition générale et unique du coefficient de transmission en tension :
Tv = 1+ ρ

Figure 1.12. Coefficient de réflexion et de transmission.


Pour l’exemple de la figure 1.12 on a :
Z1  Z 0 Z  Z0 2 Z1
 et T = 1+ ρ =1 + 1 =
Z1  Z 0 Z1  Z 0 Z1  Z 0
On note que la tension transmise est égale à la tension incidente plus la tension réfléchie, et
non moins, ce qui peut paraître contraire à l’intuition.

21
On peut vérifier que ce résultat n’est pas contradictoire avec la réalité physique qui implique
que la puissance transmise doit être égale à la puissance incidente moins la puissance
réfléchie.
Le coefficient de transmission en courant s’écrivant Ti = 1 - ρ , on obtient bien un coefficient
de transmission en puissance : Tp = Tv.Ti* =. (1+ ρ).(1 - ρ*) = 1 - |ρ|2 inférieur à l’unité.
4.4.3 Rapport d’onde stationnaire
On utilise l’abréviation ROS, ou en Anglais le terme « Voltage Standing Wave Ratio », soit
VSWR.
4.4.3.1 Expression du ROS
On s’intéresse à l’amplitude des ondes de tension et de courant le long de la ligne lorsqu’elle
est terminée par une charge quelconque réelle Zl . On se place dans l’hypothèse d’une ligne de
propagation sans pertes. Cette hypothèse ne modifie en rien la conclusion de l’étude mais
permet de la simplifier. Le résultat obtenu pourra être généralisé au cas des lignes à pertes. En
l’absence de pertes, on a :
γ = j.β = j.2π/λ
D’autre part, l’impédance caractéristique de la ligne étant réelle, le coefficient de réflexion au
niveau de la charge Zl sera lui-même réel.
Soit le rapport entre l’onde de tension totale et l’onde progressive :
v A.e  x  B.e  x B
u 
 x
 1  .e 2 jx
v A.e A
L’amplitude ou module normalisé de l’onde de tension totale en tout point x de la ligne sur
l’onde de tension progressive s’écrit alors :
B 2 jx
u  1 .e
A
La relation précédente vérifie :
B B
1  u  1
A A
Ainsi cette amplitude normalisée passe par des maxima et des minima :
B  k  
umin = 1  si 2βx =π + 2kπ c’est-à-dire pour x    k
A 2  4 2

B  
umax = 1  si 2βx = 2kπ c’est-à-dire pour x  k  k
A  2
Les minima et les maxima se retrouvent donc tous les λ/2. Ils sont espacés entre eux de λ/4
comme le montre la figure 1.13 :

22
Figure 1.13 : Illustration de la notion de Rapport d’Onde Stationnaire (ROS) :
amplitude de l’onde de tension. Tracé effectué pour B / A = 0,5 .
Le ROS ou VSWR se définit comme suit :
umax 1  B / A 1  
S  
umin 1  B / A 1  

En inversant l’équation (59), on obtient également :


Dans le cas où la ligne est terminée par un court-circuit ρ = -1 ou ouverte ρ = -1 :
|ρ| = 1  S = ∞.
Si la ligne est chargée par une impédance de même valeur que son impédance caractéristique
ρ=0:
|ρ| = 0  S = 1.
En pratique, on exprime |ρ| et S en dB : |ρ|dB = 20log|ρ| dB et S = 20log(S) dB.
4.4.3.2 Mesure du ROS
Avant le développement des analyseurs de réseau durant les années 70, la mesure du ROS
constituait l’une des mesures les plus importantes en hyperfréquences. Aujourd’hui, avec
l’avènement simultané des analyseurs de réseau et de techniques de calibrage pouvant
s’adapter aux technologies actuelles, planaires ou autres, la mesure du ROS est incluse dans
un ensemble de mesures plus complet.
5) Adaptation d’impédance
La question de l’adaptation d’impédance se pose à chaque fois que l’on souhaite connecter
deux systèmes ou circuits entre eux et transférer un maximum de puissance. En électronique «
classique », pour adapter un générateur d’impédance interne complexe Zg, il fallait lui
présenter une charge complexe conjuguée Zl* de telle sorte que l’on ait :
Zg = Z l*.
Ce résultat est général et reste valable dans un contexte de propagation d’ondes. Cependant
les méthodes d’adaptation sont très différentes.

23
5.1 Adaptation partie réelle : transformateur ¼ d’onde
La méthode pour mettre en oeuvre la technique d’adaptation par transformateur ¼ d’onde est
la suivante :
 Calculer l’impédance d’une charge réelle « vue » à travers une ligne de propagation
de longueur l. Cette impédance correspond à l’impédance d’entrée du circuit ainsi
constitué d’une ligne chargée.
 Montrer que pour l = λ/4, la ligne est équivalente à un transformateur d’impédance.
5.2 Adaptation partie imaginaire : « stub »
L’impédance ramenée à travers une ligne de propagation par un circuit ouvert (CO) ou un
court-circuit (CC) est purement imaginaire et peut être complètement ajustée (figure 1.14) :

Figure 1.14 : Illustration du principe du stub


La méthode consiste à établir l’expression de l’impédance d’entrée du circuit (vue du plan
d’entrée), puis à montrer que cette impédance est purement imaginaire. On peut également
montrer que l’impédance ramenée représente alternativement un condensateur puis une self,
puis un condensateur, …, et dire pour quelle application fondamentale en électronique ce
genre de circuits est intéressant.

6) Outil d’analyse : abaque de Smith


6.1 Abaque de Smith
6.1.1 Intérêt
L’abaque de Smith constitue un outil encore largement utilisé dans le domaine des
hyperfréquences, malgré l’avènement d’outils CAO de plus en plus performants et
accessibles. Il permet d’effectuer graphiquement le passage (dans les deux sens) entre le
coefficient de réflexion à l’extrémité d’une ligne et l’impédance de charge. Ces deux
paramètres étant complexes, ils peuvent être représentés dans un plan complexe. L’abaque de
Smith consiste à superposer deux plans complexes : un plan cartésien représentant le
coefficient de réflexion et un faisceau de courbes représentant l’impédance de charge.
6.1.2 Construction
Afin d’avoir un abaque indépendant de la valeur de l’impédance caractéristique de la ligne,
l’abaque doit être normalisé par rapport à celle-ci. En général l’abaque est normalisé par

24
rapport à 50 Ω qui constitue le standard d’impédance en hyperfréquences. L'abaque de Smith
permet alors de déterminer graphiquement, en régime harmonique, l'impédance et le
coefficient de réflexion le long d'une ligne. La méthode est basée sur l’utilisation des relations
suivantes :
 Impédance réduite : z = r + jx
où r et x sont appelés respectivement résistance et réactance.

 Admittance réduite : y = g + jb
où g et b sont appelés respectivement conductance et susceptance.

z 1 1 y
 Coefficient de réflexion : ρ= 
z  1 1 y
1 ρ
 Impédance réduite : z=
1 ρ
1 ρ
 Admittance réduite : y=
1 ρ

1 ρ
 Taux d’ondes stationnaires (T.O.S) : S=
1 ρ

L’abaque de Smith est un réseau de courbes, tracées dans le plan complexe de ρ, permettant
de trouver par lecture directe l’impédance correspondant à un coefficient de réflexion ρ, dont
on connaît l’affixe et réciproquement.

1 ρ
A partir de la relation z = r+jx = nous allons chercher les courbes qui, dans le plan
1 ρ

complexe de ρ, sont le lieu géométrique des points correspondants à ρ =cte, S=cte, r=cte et

x=cte. Ce sont ces courbes dont l’ensemble constituera l’abaque de Smith.

a) courbes ρ =cte

Ce sont des cercles de rayons ρ centrés sur ρ = 0. Lorsque la charge réfléchissante est

passive (r>0) le module de ρ ne peut excéder la valeur ρ = 1. L’abaque de Smith aura

donc pour enveloppe le cerclez de rayon ρ = 1.

b) Courbes S=cte (T.O.S=cte)


1 ρ
Si S=cte alors ρ =cte puisque S= . Les courbes S=cte sont également des cercles
1 ρ

centrés sur ρ = 0.
25
ρ 1
1 ρ
S  Cte 
1 ρ

0 1/4 1/2 3/4 1


ρ

1 5/3 3 7  S

En notant ρr = Re(ρ) et ρ i = Im(ρ) on a :

1 ρ 1  ρ r  jρ i
z = r+jx = =
1 ρ 1  ρ r  jρ i

On a donc les relations suivantes :

2 2
1 ρr - ρi
r= 2 2
(a)
(1  ρ r )  ρi

2 .ρ i
x= 2 2
(b)
(1  ρ r )  ρi

26
c) Courbes r=cte
Lorsque r = cte la relation (a) devient :

r 2 2 1
(ρ r  )+ ρi =
r 1 2
(1  r)

Les courbes r = cte sont donc des cercles,


centrés sur l’axe réel ( ρ i = 0) au point
r 1
d’abscisse ρ r  et de rayon
r 1 1 r

d) Courbes x=cte
Lorsque x = cte la relation (b) devient :

1 2 1
2
(ρ r  1) +(ρ i  )= 2
x x

Les courbes x = cte sont donc des cercles de


1
rayon , centrés sur la droite d’équation
x
1
ρ r  1 au point d’ordonnée ρ i = .
x

Tous ces cercles sont tangents à l’axe ρ r au point ( ρ r =1, ρ i = 0), auquel se réduit
d’ailleurs le cercle correspondant à x infiniment grand.

Digramme de Smith en admittance :

1 ρ
Sachant que l’impédance réduite z en fonction du coefficient de réflexion ρ est z=
1 ρ
1 ρ
et que l’admittance réduite y=1/z est y= alors y peut s’écrire comme sous la forme
1 ρ
1 ρ 1 Γ
suivante y= = , avec  = -ρ = ρ.ejπ.
1 ρ 1- Γ

Le point représentatif de  dans le plan complexe dans l’abaque de Smith est


diamétralement opposé à celui de ρ par rapport à l’origine, il en sera de même pour
l’impédance z et l’admittance y.

27
Remarque : Un tour d’abaque est équivalent à un déplacement de /2 sur la ligne, car
deux points de la ligne distants de /2 sont équivalents.

28
7) Transformation d’impédance par une ligne
7.1- Etude analytique
Z
Soit une ligne terminée par une impédance Z ( z  ).
ZC

Supposons que l’on coupe la ligne en un point d’abscisse s. Quelle est alors l’impédance que
doit-on mettre à cet endroit pour que la répartition du courant et du potentiel entre le
générateur et le point coupé soit un inchangée ? C’est le problème de la transformation des
impédances.
On remplace la ligne précédente par :

Or à l’entrée de la ligne l’impédance d’entrée réduite est :


z  thl Z
ze  avec z  .
1  z.thl ZC

29
z  th (l  s)
On a : Z(s) = ZC.z(s) = ZC .
1  z.th (l  s)
z  thl
ou : Z ( s)  ZC .
1  z.thl
Cas particuliers importants :
1- Stub :
On appelle stub, une ligne sans pertes (α = 0,  = j.β) terminée par un court-circuit (Z(l) = 0).

Comme Z(l) = 0, c’est-à-dire z(l) = 0 et  = j.β (α = 0) alors l’impédance à l’entrée du stub


0  th ( jl )
est : ze  = j.
1  0.th ( jl )
C’est une impédance purement imaginaire avec -∞ < tg(β l) < +∞.
2- Ligne quart-d’onde (l = /4) sans pertes :

Comme z ≠ 0, et  = j.β (α = 0) alors l’impédance à l’entrée de la ligne quart-d’onde (l = /4)



z  thj 
est : ze  4

1  z.thj
4
Comme β=2π/, alors th(j.β/4) = jtg(π /2)  +∞. Donc on obtient :
ze  1/z = y
Application :
a) Si z=0 (court-circuit) l’impédance ramenée est infinie et la ligne est ouverte.
 Cette technique nous permettra de réaliser une impédance infinie en bout de ligne.
En effet si on laisse ouverte une ligne à son extrémité on ne réalise pas une
impédance infinie par suite des capacités parasites. La ligne /4 est donc un
transformateur d’impédance très pratique.
30
Cas particulier : fonctionnement d’une ligne U.H.F sans pertes (α = 0).

L
Comme la ligne est sans pertes (α = 0), alors  = j.β, Z C   RC et l’impédance
C
apparente à l’entrée de la ligne court-circuitée est :

Zecc = jRC.tg(βl) = jX.

l βl z y=1/z Schéma équivalent de la ligne

/8 π /4 j -j

/4 π /2 j∞ 0

3/8 3 π /4 -j J

/2 π 0 j∞

3/4 3 π /2 j∞ 0

 2π 0 j∞

 Applications : filtre d’harmoniques

31
Supposons que la ligne transporte des ondes de fréquences f, 2f, 3f, 4f, 5f, … . Un tronçon
court-circuité quart-d’onde (longueur /4) ramène des courts-circuits pour ces dernières
fréquences et un circuit ouvert pour le fondamental f, il permet donc de filtrer les
harmoniques 2nf.

Pour l’harmonique 3, le tronçon court-circuité de longueur /6 est demi-onde, le tronçon


court-circuité de longueur /12 est quart-onde. Ils ramènent tous deux un court-circuit
dans le plan MM’. La propagation des ondes f n’est pas sensiblement affectée.

b) Adaptation de deux lignes d’impédances caractéristiques différentes :

Que doit valoir Z0 pour qu’il y ait adaptation ? En effet il y a adaptation si la ligne
d’impédance caractéristique Z1 est chargée par Z1 = ZA1B1.
Or on a :
ZA2B2 = Z2.

32
Z2
L’impédance réduite de charge de la ligne Z0 est donc :
Z0

1 Z
Cette ligne ramène dans le plan A1B1 l’impédance réduite : z A1B1   0
Z2 Z2
Z0
Adaptation si : Z1 = ZA1B1 =Z0.z A1B1
Z0
C’est-à-dire : Z1  Z 0 .
Z2

Donc : Z 0  Z1.Z 2

7.2- Etude sur abaque dans le cas de la ligne sans pertes

Soit PT le point représentant le coefficient de réflexion ρT au niveau de la charge ZT. On a :


zT  1
zT = rT + jxT , T 
zT  1

z 1
En tout point de la ligne on a : 
z 1
B 2l B
Or : T  .e ,   .e2s
A A
Donc :   T .e2l
Ainsi :   T , arg   arg T  2 .l

On cherche l’impédance ramenée z de la charge zT à une distance l de cette charge, vers le


générateur. Le point représentatif est P et qui représente le coefficient de réflexion ρ.

33
Démarche :
- le point P se déplace sur le cercle de centre O, de rayon T lorsque l’on se déplace

sur la ligne (vers le générateur).


l
- Le cercle extérieur, étant gradué directement en , nous donne le déplacement à

effectuer en fonction de l. Donc P est l’intersection des deux cercles (C1) et (C2) qui
donnent z.

Exemple 1 :
zT = 0,8 + j.1
La division qui correspond sur l’abaque est : 0,149
l
Si on se donne =0,037 vers le générateur, alors il faut s’arrêter sur la division :

0,186 (= 0,149 + 0,037)
Donc : z = 1,4+j.1,3

7.3- Applications : adaptation à l’aide de stubs (lignes sans pertes)


7.3.1- adaptation par un stub

34
Il y a adaptation dans le plan AA’ si yAA’ = 1. A cet effet il faudra déterminer d et d’ pour
réaliser cette condition.

7.3.2- adaptation par deux stubs

7.3.3- adaptation par trois stubs

1.3 Propriétés de la matrice [S]


1.3.1 Application à un quadripôle
Le but de ce paragraphe est de présenter les matrices de répartition et de transfert ainsi que les
matrices impédance et admittance, qui sont les plus utilisées dans le domaine des
hyperfréquences.
Remarque préliminaire sur les notations :
Les ondes de courant et tension complexes sont notés V et I. Dans le cas général, les
paramètres des matrices sont des complexes ainsi que les ondes ai et bi.
1.3.1.1 Paramètres S
1) Définition
35
La matrice S est une matrice d’onde. On donnera tout d’abord sa définition pour un
quadripôle, sa généralisation sera alors évidente. Soit le quadripôle de la figure 1.15.

Figure 1.15 : Quadripôle.


Les ondes émergentes (sortantes) b1 et b2 sont liées aux ondes incidentes a1 et a2 par les
relations suivantes :
b1 = S11.a1 + S12.a2
b2 = S21.a1 + S22.a2
que l’on écrira sous la forme matricielle :
b1   S11 S12  a1  b1  a1 
b    S .  =    S . 
 2   21 S 22  a2  b2   a2 
Les paramètres Sij de la matrice [S] sont appelés « paramètres S ».
2) Signification physique des paramètres S
La signification des paramètres S est la suivante :

b1
S11  : Coefficient de réflexion à l’entrée, la sortie étant adaptée.
a1 a2  0

b2
S 21  : Coefficient de transmission de l’entrée vers la sortie, la sortie étant adaptée
a1 a2 0

b2
S 22  : Coefficient de réflexion en sortie, l’entrée étant adaptée
a2 a1 0

b1
S12  : Coefficient de transmission de la sortie vers l’entrée, l’entrée étant adaptée
a2 a1 0

Remarque : S11 est le rapport de l’onde réfléchie à l’onde incidente à l’entrée du quadripôle
lorsque l’onde incidente à l’accès 2 est nulle. D’un point de vue terminologie le rapport d’une
onde réfléchie à une onde incidente s’appelle un coefficient de réflexion. C’est la fraction
d’énergie réfléchie par le quadripôle dont on comprend bien qu’elle devra être minimisée
pour favoriser le transfert du signal à la sortie du quadripôle.
3) Propriétés
On considère un dispositif multi accès (multipôle ou multiporte).
3.1 Réciprocité

36
La transmission de la porte i vers la porte j est la même que la transmission de j vers i. C’est
toujours le cas lorsque les jonctions sont remplies d’air ou de diélectriques non
ferromagnétiques. On a alors :
Sij = Sji (S12 = S21 pour un quadripôle)
Pratiquement, tous les quadripôles passifs ne contenant pas de matériaux ferrimagnétiques
sont réciproques. En particulier les quadripôles réalisés à partir de résistances, inductances,
capacités, tronçons de ligne de transmission, etc... sont réciproques.
3.2 Symétrie
Les quadripôles présentant des propriétés électriques identiques lorsque l’on inverse l’entrée
et la sortie sont dits symétriques. La symétrie implique donc la réciprocité alors que l’inverse
n’est pas vrai. Ceci se traduit par les conditions suivantes, une fois que les conditions sur la
réciprocité sont satisfaites :
Sii = Sjj (S11 = S22 pour un quadripôle)
La matrice S est symétrique par rapport à la diagonale principale et :
S = ST
ST étant la matrice S transposée.
3.3 Unilatéralité
L’unilatéralité d’un quadripôle est un cas particulier de non réciprocité. Non seulement le
transfert interne d’énergie n’est pas identique dans les deux sens, mais en plus il est nul pour
l’une des deux directions de propagation du signal. Les conditions électriques à satisfaire sont
les suivantes :
S12 = 0
Le transistor est un exemple typique de quadripôle unilatéral (pour peu que l’on soit loin de sa
fréquence de coupure) puisqu’il n’amplifie le signal que dans un sens.
3.4 Conservation de l’énergie pour des jonctions sans pertes
1
La puissance associée à une onde ai ou bi s’écrit : Pi  ai .ai où ai* représente le complexe
*

2
1
conjugué de ai. Le terme provient du fait que l’on considère l’amplitude des ondes.
2
Toutes les puissances associées aux ondes incidentes se retrouvent sur les ondes émergentes :
Remarque importante : pour des multipôles réciproques, la relation de conservation de
l’énergie s’écrit :
[S]* [S]= [S]2 = [I ]
1.3.1.2 Relations liant les courants et tensions (Vi et Ii) aux ondes de tension (ai et bi)
Soit le quadripôle de la figure 1.16 :

37
Figure 1.16 : ondes incidentes et réfléchies aux accès du quadripôle.
Dans le cas général, les ondes incidentes et réfléchies aux accès 1 et 2 du quadripôle de la
figure 1.15 prennent la forme suivante :
V1  Z1.I1 V2  Z 2 .I 2
a1  a2 
2 Re( Z1 ) 2 Re( Z 2 )

V1  Z1 .I1 V2  Z 2 .I 2
* *
b1  b2 
2 Re( Z1 ) 2 Re( Z 2 )

où Z1 et Z2 sont les impédances de normalisation aux accès 1 et 2.


Pour un quadripôle possédant une impédance de normalisation purement résistive R0 et
commune aux 2 accès, on écrira :
V1  R0 .I1 V2  R0 .I 2
a1  a2 
2 R0 2 R0

V1  R0 .I1 V2  R0 .I 2
b1  b2 
2 R0 2 R0

Aux fréquences micro-ondes, R0 est très souvent prise égale à 50 ohms.


Remarque fondamentale :
Les grandeurs a et b ont la dimension de la racine carrée d’une puissance et
s’expriment en W1/2.
Vi
En effet on a ai  bi   vi et ai  bi  R0 .I i  ii (i = 1, 2) qu’on introduit naturellement
R0

comme Tension Réduite, v, et Courant Réduit, i. Les dimensions des variables réduites v et i
sont [V] [Ω]-1/2 pour v et [A] [Ω]1/2 pour i. Ces deux dimensions sont équivalentes grâce à la loi
d’Ohm et se résument à [W]1/2 qui est la racine carrée d’une puissance. Les ondes incidentes
et réfléchies a et b auront donc cette même dimension qui n’est pas celle d’une grandeur
directement mesurable.

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