L’ACCES AU DEEPWEB, SES CONTENUS, ET LES LIMITES DE

L’ACTION DE L’ENQUETEUR DANS CE DOMAINE

Beaucoup d’internautes se connectent au réseau internet sans imaginer que

sous la surface visible du net se trouve un côté invisible, un côté plus obscur qui est propice à toutes
les dérives : le deep web. De plus en plus évoqué dans les médias pour son côté sensationnel, il est
de plus en plus utilisé par les escrocs, dealers, pédophiles et marchands d’armes de la planète.
L’anonymat qu’il procure empêche les forces de l’ordre de pouvoir
intervenir et de procéder à des arrestations de suspects mais il doit être intégré à la culture
cybercriminelle des enquêteurs. Au cas où il serait évoqué par un mis en cause, les investigateurs ne
doivent pas être déstabilisés par cet internet profond.

1 Qu’est ce que le deep web ?

Si tous les internautes connaissent et utilisent quotidiennement la partie visible de

l’internet, ils sont plus rares à connaître la partie cachée du réseau.
Cela revient à comparer internet à un iceberg. La partie émergée représente la partie
visible du réseau internet, cette partie que les internautes utilisent majoritairement avec ses
navigateurs, ses réseaux sociaux, ses moteurs de recherches…
Au niveau de la ligne de flottaison de l’iceberg se trouve le « web underground », ce
web souterrain un peu caché mais toujours visible depuis la face claire du réseau (des sites pirates
« warez », des annuaires de référencement de liens bittorents, des sites internet de streaming video,
etc).
La partie immergée de l’iceberg représente la face cachée de l’internet dont l’accès se
fait à l’aide du logiciel d’anonymat TOR. Il s’agit de la porte d’accès qui s’ouvre sur le deep web au
travers de la page principale d’accès qu’est le hidden wiki (le wiki caché en anglais). Le hidden
wiki répertorie une grande quantité de sites internet hébergés sur le deep web.
Sur le deep web, il va être possible de trouver tous les contenus qui ne sont pas indexés
par les moteurs de surface, en particulier des sites internet cachés dont les extensions se terminent
par .onion.

2 Comment accéder au deep web ?

Pour accéder au deep web, il faut télécharger et installer la dernière version du logiciel
TOR (The Onion Router). À noter qu’il existe des versions portables qu’on peut installer sur une clé
USB et utiliser à son gré.
L’installation doit être réalisée sur un poste connecté au réseau ADSL. Son usage n’est
pas possible à travers la passerelle ORION.
Il faut veiller à désactiver Java dans le navigateur TOR afin de garantir l’anonymat (en
haut à gauche du navigateur).
 Une fois démarré, le navigateur TOR vous informe qu’il a été correctement installé et
qu’il est possible de surfer anonymement et d’accéder au deep web.
The Hidden Wiki – zqktlwi4fecvo6ri.onion : attention, son adresse URL change
régulièrement, nous pouvons être amenés à cliquer sur un lien de redirection.
Il est possible d’utiliser également un moteur de recherches Grams -
http://grams7enufi7jmdl.onion/ (notez la ressemblance visuelle avec Google !).

3 Le contenu du deep web

Dealers, escrocs, marchands d’armes, tueurs à gages, pédophiles, faux monnayeurs,

supermarchés de vente de contrefaçons, sites de groupuscules extrémistes politiques ou religieux ;
anglo-saxons, allemands, français, russes, coréens…
À noter que le paiement se fait sur le deep web par l’intermédiaire d’une monnaie
virtuelle et anonyme non contrôlée par un État et donc assez fluctuante : le bitcoin. Il est possible
d’acheter ou de convertir des euros en bitcoins assez facilement.
Pour éviter que les acheteurs ou les vendeurs ne soient floués par des escrocs, il est
possible de passer par un « escrow » (il ne s’agit pas d’un escroc mais d’un « tiers de confiance »
qui fait le relais entre l’acheteur et le vendeur, un peu comme Paypal).

4 L’action de la police ?

Intervenir sur le deep web pour la police, même pour les services spécialisés, est
particulièrement ardu.
Ce réseau, fonctionnant par l’utilisation de TOR qui offre l’anonymat, est difficile à
pénétrer et à investiguer.
Certains services américains parviennent de temps à autre à faire fermer des sites du
deep web, mais peu de temps après, ces derniers réapparaissent sur le réseau.

Conclusion

Il est très simple de se rendre anonyme sur le réseau internet. Il est aussi simple de se
rendre sur le deep web. De plus en plus de services de police indiquent que lors d’interpellation, les
suspects leur précisent avoir réalisé des achats sur le deep web.
Il est important pour les enquêteurs de connaître cet aspect de l’internet afin de
comprendre ce que les mis en cause déclarent, et afin d’éclairer les magistrats sur le fait que lors
d’un achat réalisé sur cette partie du net, il ne sera sûrement pas possible d’identifier les vendeurs.