55

55
E
VOYAGE ET BIVOUAC • À PIED, À VÉLO, EN KAYAK, À SKI, À VTT, EN PARAPENTE...

DCAR
S N
E TE
EXPEMAG.COM CARNETS D’AVENTURES
CARNETS D’AVENTURES

NUMÉRO
SPÉCIAL
‘
AV TUR
S N
132
PAGES
AVRIL - MAI - JUIN 2019

UNE ANNÉE

SABBATIQUE
POUR VOYAGER AUTOUR DU MONDE

RETOURS D'EXPÉRIENCES
TRAVERSÉE DU CANADA
DE L'OUEST AMÉRICAIN À LA PATAGONIE
VÉLO ET GRIMPE AUX AMÉRIQUES DU PAS DE SA PORTE AU CAMBODGE VIA
LE PAMIR ET L'HIMALAYA
AFRIQUE, DU NORD AU SUD
KAYAK AUX ANTIPODES
WOOFING EN FAMILLE ASIE, NELLE-ZÉLANDE, NELLE-CALÉDONIE
DANS LES ANDES
AVRIL - MAI - JUIN 2019

CONSEILS PRATIQUES
DÉMARCHES MATÉRIEL
ASSURANCES, VISAS...
PARTAGER
DESTINATIONS BLOG, PHOTO, FILM, LIVRE
ITINÉRAIRE ET CARTOGRAPHIE
BELUX 7.30€ – DOM/S 7.90€ – NCAL/S 950CFP SANTÉ
POL/S 1000CFP – CH 11.70FS – CAN 11.99$CAN BUDGET
L 11948 - 55 - F: 6,90 € - RD

TOUTES LES BONNES RAISONS DE PARTIR ⊲

C’est le début du sentier.

Endossez votre Altus

Inspirez . Attachez votre ceinture.
Remontez la fermeture éclair,
fermez les clips, ajustez les sangles.

Comptez les courbes de niveau sur la carte

Passez votre doigt sur la ligne de crête.

Préparez-vous.
Vous allez vivre une nouvelle expérience de portage.
Expirez et lancez-vous.

UN SOUFFLE DE LIBERTÉ
NOTRE LIGNE ÉDITORIALE
SANS MOTEUR - BIVOUAC - NATURE
Nous publions des récits et des dossiers techniques
sur le thème du voyage non motorisé dans la nature
– à pied, à vélo, en kayak, à ski, à cheval, à la voile,
en parapente… – et en bivouac, d’une durée allant
de quelques jours à plusieurs années.
PARTICIPATIF
Les récits sont écrits par les voyageurs eux-mêmes
– vous, les lecteurs.
INDÉPENDANT
Depuis ses débuts en 2004, Carnets d’Aventures
est un magazine indépendant, édité par une petite
équipe de passionnés de voyage et de sports
nature.
RESPECTUEUX
Nous pratiquons nous-mêmes fréquemment l’iti-
nérance sans moteur, et œuvrons à promouvoir
ce type de voyage plus respectueux de l’environ-
nement. Dans la même optique, nous souhaitons
également mettre en valeur les destinations plus
proches et l’utilisation de transports de surface
moins polluants (train, bus, ferry… ; l’équipe de ré-
daction n’a par exemple pas pris l’avion depuis plus
de 12 ans) et permettant tout de même d’atteindre
de nombreuses régions lointaines, de la Scandinavie
à l’Afrique en passant par l’Eurasie !
Toujours dans un souci environnemental, nous
faisons le choix d’imprimer le magazine en France,
chez un imprimeur ayant le label Imprim’Vert (un
regroupement d’acteurs des industries graphiques
réduisant leurs impacts environnementaux), sur du
papier 100% recyclé et de grammage raisonnable
(d’où un résultat final un peu moins « élégant »
que des revues à l’épais papier brillant et blanchi)
pour économiser du bois, de l’énergie et de l’eau.
En 2014, nous avons rejoint « 1% For The Planet »,
réseau mondial d’entreprises qui reversent 1% de
leur chiffre d’affaires à des associations de préserva-
tion de l’environnement.
ÉTHIQUE
Rester indépendant nous semble très important pour
garder notre liberté de pensée, d’action et d’expres-
sion. Ainsi, les tests de matériels que nous publions
sont effectués par la rédaction, et nous n’avons pas
de rubrique shopping. Le rédactionnel est complè-
tement indépendant des fabricants ainsi que des
publicités qui sont publiées dans le magazine.
MERCI !
C’est vous, lecteurs, qui rendez possible cette
indépendance en achetant le magazine ou en vous
abonnant. Merci !
É D I TO
Par Coralie
P
rendre une année sabbatique peut être un
désir ancré en soi depuis longtemps, par-
fois depuis l’enfance, où il a suffi d’une
lecture, d’un film pour se dire : « moi
aussi j’ai envie de vivre ça ! ». Combien
d’entre nous sommes partis à vélo 15 à 20
ans après avoir lu On a roulé sur la terre
de Sylvain Tesson et Alexandre Poussin ?
Ou sur les mers après avoir dévoré les récits de Moitessier ?
Quelquefois, cette envie germe après avoir vu des amis faire
la même chose, à force de lire Carnets d’Aventures (le cour-
rier des lecteurs en atteste !) ou par l’impérieuse nécessité
de s’offrir un long break pour sortir du quotidien.
Le choix de partir sur les routes est souvent motivé par la
simple envie de découvrir le monde et ses populations ; un
mode de déplacement doux permet de s’imprégner de l’iti-
néraire parcouru, et de tisser des relations directes et non
systématiquement marchandes avec les populations croi-
sées. L’envie de rompre une routine et de retrouver du sens
dans sa vie, du temps de qualité en couple ou en famille,
sont aussi des motivations fréquentes chez les voyageurs.
C’est souvent l’occasion de mûrir certains projets de vie
(on part à la fin des études, en voyage de noces, avant
l’arrivée d’un enfant, après une maladie ou une rupture
amoureuse, au début de la retraite, etc.) en se sentant libre
des contraintes sociales habituelles. Voyager au long cours
sans moteur, c’est faire le choix d’une certaine sobriété,
de se soustraire un temps à la société de consommation et
de retrouver la juste valeur des choses. La vie au grand air
s’accompagne généralement d’un mode de vie plus sain et
donc d’une meilleure santé. L’itinérance douce est bonne
pour le budget de la sécurité sociale en plus de réduire
notre empreinte environnementale !
Voyager à la force de ses muscles, c’est aussi souhaiter être
plus proche de la nature et faire corps avec elle. Parfois,
c’est aller sur les traces de voyageurs mythiques et sentir
faire partie de l’Histoire. Tout cela favorise l’introspection
et le lâcher-prise. C’est donc le moment idéal pour avancer
dans la connaissance de soi et son rapport au monde. Il
est fréquent qu’à la suite d’un long voyage, l’on change
de métier, de lieu, de mode de vie, parfois de conjoint ou
d’amis.
Je vous vois venir : « Oui, tout cela on le sait, mais moi, j’ai
un crédit à payer, mon employeur n’acceptera jamais et
puis, un trou dans le CV c’est mal vu ». Rassurez-vous, les
pages qui suivent compilent informations utiles, conseils
avisés et témoignages de voyageurs ! Quant au trou dans
le CV, et si l’on revenait plus riche d’un an passé sur les
routes ? Il serait temps qu’on valorise ces expériences de vie
dans nos carrières et qu’on félicite ceux qui franchissent le
pas, se confrontent à l’inconnu, et osent vivre leurs rêves !
Alors, en route ? 
N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 3
 PARTIR EN
ANNÉE SABBATIQUE
3
ÉDITO RÊVE NOMADE
38 Vélo et escalade en famille
6
DÉCIDER !

De partir en année sabbatique

10
DÉMARCHES
10   
Demander un congé sabbatique
14   
Les joies de la paperasse
Assurance, visas, couverture...

22 DESTINATIONS
GLOBE CAMPEURS
22   
Où aller ? Itinéraires classiques
24   
Choisir et préparer son itinéraire 48 Kayak aux antipodes
Gérer la cartographie

28 COMMENT
28   
Dépenser moins, voyager plus
La sobriété heureuse
32   
(Co)financer son voyage
Partenaires, crowdfunding, bourses
34   
Travailler en voyageant

36 RETOURS D’EXPÉRIENCES HEUREUX VAGABONDAGE

Planisphère des 8 récits ⊲ 60 À vélo couché jusqu’au Cambodge

94 MATÉRIEL
   
Pour le bivouac au long cours

104 PARTAGER
104   
Communiquer en voyage
106   
Partager son voyage en ligne
Blog, photos, réseaux sociaux…
108   
Filmer son voyage
114   
Écrire un livre À VÉLO À TRAVERS L’AFRIQUE
116 SANTÉ
70 L’aventure avec un grand A

116   
Trousse à pharmacie de voyage
120   
Bobologie de terrain

128 PETITS MESSAGES

De la rédaction

130 BULLETIN D’ABONNEMENT

4 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55
 Que signifient donc tous ces logos ?!
Cf. « Notre ligne éditoriale » en page 3.

MY HAPPY CANADA TOUR

80 Traversée du Canada seule à vélo
PROCHAIN NUMÉRO : FIN JUIN

Carnets d’Aventures / Alcyon Média

Les Olliviers - 05230 Chorges
expemag.com

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION
Olivier Nobili
RÉDACTEUR EN CHEF
Johanna Nobili
RÉDACTION / COMMUNICATION
Anthony Komarnicki, Johanna Nobili, Jean Viale
VÉLO ET WOOFING
88 En famille en Amérique du Sud
redaction@expemag.com
PUBLICITÉ
Alexandre Guiltat
Tél. : +33 (0)2 99 62 01 82
publicite@expemag.com
ABONNEMENTS
Tél. : +33 (0)2 99 62 01 82
abonnement@expemag.com

Les contributeurs de ce numéro :

Alexis Loireau, Julien Bodennec, Sophie Marion,
Hervé Bouchet, Victor Colombié, Mathilde et
Manu d’Adhémar, François-Xavier et Cécile
Delemotte, Olivier Desmaison, Sonia et Anaïs
Durand, John Ferré, Philippe Gady, Sandrine
DU YOSÉMITE À LA PATAGONIE
90
Laporal, Augustin Le Rasle, Guillaume Le Rasle,
Vélo et escalade Henri Le Rasle, Alexandre Louisnard, Brian
Mathé, Morgan Monchaud, David Manise, Olivier
Peyre, Évangéline Pollard, Jean-Sébastien
Py, Samuel Ronayette, Philippe Sikora, Marie
Tersiguel, Mariette Nodet.
Cartes : Anne-Sophie Rodet.

Photo de couverture : Pause contemplative

devant le glacier Grey, Patagonie chilienne.
Photo : Manu d’Adhémar
jeuxnous-aveceux.fr

© Copyright Carnets d’Aventures 2019

Toute reproduction même partielle d’articles ou de
photos publiés est interdite, sauf autorisation écrite
de la rédaction.
À LA VOILE
92
La rédaction décline toute responsabilité concernant
De La Rochelle à l’Antarctique les documents remis. La rédaction n’est pas
responsable des textes et illustrations publiés, qui
engagent leurs seuls auteurs.
Printed in France / Imprimé en France
Imprimerie Léonce Deprez 62620 Ruitz
(Cet imprimeur a le label Imprim’Vert)
Cahiers intérieurs imprimés sur papier
100 % recyclé Eural Premium
Distribution : MLP
Edité par Alcyon Média, SARL au capital de 20.000€
RCS Gap 451 170 674 - Gérant Olivier Nobili
Dépôt légal : A Parution
Commission Paritaire : 0419 K 84534
N° ISSN : 1774-718X

N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 5

 DÉCIDER DE PARTIR

?
POURQUOI
COMMENT
AVEC QUI
QUAND
OÙ

PRENDRE UN CONGÉ SABBATIQUE

Etape n°1 : se décider !

Nombreuses sont les raisons de prendre

un long break, nous en évoquons plusieurs
dans l’édito de ce numéro, mais aussi
quelques-unes qui nous retiennent. Mais
finalement, lesquelles sont vraiment
insurmontables ? La peur de l’inconnu peut-
être ? Nous savons ce que nous quittons
et ne connaissons pas encore ce vers quoi
nous allons. C’est bien toute la difficulté du
changement en général direz-vous...

TEXTE Johanna et Coralie

6 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55

E
t puis un jour, ces besoins de liberté,
d’aventure, de grandir et se dépasser,
de grands espaces, de découverte et
d’ouverture sur le monde, de sortir
du quotidien, vivre une parenthèse,
une transition, retrouver du sens,
s’offrir du temps... arrivent à l’abou-
tissement d’un long cheminement.
Le train entre en gare et la décision
en sort, grande, fière, irrévocable.
Un grand voyage ! Où, quand, com-
ment, avec qui, avec quoi... ? Ce nu-
méro rassemble informations, pistes
de réflexions, conseils et témoignages de voyageurs (parce
que voir les autres réaliser leurs rêves nous aide vraiment à
nous projeter et à nous dire « et pourquoi pas moi ? »), afin
que chacun trouve ses propres réponses à toutes les ques-
tions qui se bousculent sur le quai !
PRENDRE LE TEMPS
Lorsqu’on prend un congé de type sabbatique, du temps,
on en dispose. Alors on va pouvoir en prendre. Prendre le
temps : un truc qu’on ne fait que trop rarement !
Se laisser porter par le voyage, s’imprégner de la nature,
des lieux, des ambiances, s’arrêter plusieurs jours voire
plusieurs semaines parce que l’endroit nous plaît, nouer
des relations avec les habitants, s’immerger dans une autre
culture... ne pas seulement « passer ».
C’est là, aussi, la magie du voyage sans moyen motorisé  :
laisser le temps s’écouler doucement, profiter, changer nos
plans, musarder, explorer les recoins cachés  ; pas d’avion
ou de train à prendre, pas de case à cocher  : «  j’ai fait tel
endroit » avant d’enchaîner vite sur la suivante.
À chacun de voir comment il souhaite vivre et cadencer son
voyage. Et si le premier luxe d’avoir du temps, c’était déjà
d’en prendre pour réfléchir à comment on va vouloir l’uti-
liser ?
QUELS MOYENS DE TRANSPORT ?
Les transports motorisés de surface
Bien moins polluants que l’avion, les transports motorisés
de surface offrent une transition plus progressive, en termes
géographique, climatologique, humain et sociologique.
Terrestres :
▸ Le train compte parmi les moyens de transport les moins
polluants (en termes de CO2). Il dessert de nombreuses
destinations même lointaines, existe quasiment dans tous
les pays et franchit les frontières, et est, en général, rela-
tivement économique. Depuis l’Europe on peut traverser
tout le vaste supercontinent eurasien via le Transsibérien
(cf. CA25, CA54 « Des Papillons dans le guidon », le guide
Lonely Planet «  Transsibérien  »), le Transmandchourien,
le Transmongolien… En Europe, on peut utiliser les billets
(pass) InterRail qui permettent de circuler de façon assez
flexible et économique à travers une trentaine de pays (in-
terrail.eu).
▸ Le bus : des lignes de bus circulent internationalement et
les trajets sont souvent peu onéreux (exemple : en Europe,
les bus Eurolines (eurolines.fr) circulent dans quasiment 30
pays et sont économiques ; l’Amérique latine est également
réputée pour ses nombreuses possibilités de se déplacer
économiquement en bus, etc.).
▸ L’auto-stop (comme moyen principal de déplacement, ou
ponctuellement pour « passer » la périphérie d’une grande
ville ou une zone monotone…) est un excellent moyen
d’échanger avec les habitants.
▸ Voiture et covoiturage  : lorsque l’on est nombreux (et
que l’on remplit ainsi bien son véhicule) et selon le type
de déplacement envisagé, utiliser sa propre voiture peut se
révéler une bonne solution. Sinon le covoiturage s’est énor-
mément développé et est grandement facilité par les outils
numériques.
Maritimes :
▸ Ferries : de nombreuses lignes de ferries connectent des
régions, des îles et des pays entre eux. Ils permettent en
outre un transport de fret en plus des passagers. On peut par
exemple se rendre en Islande en ferry depuis le Danemark,
aux Canaries depuis l’Espagne, etc.
▸ Cargo : il circule de nombreux navires de marchandises
sur les mers du globe, il est parfois possible d’y obtenir une
“
cabine. Ces traversées sont vite onéreuses car payées par
jour passé à bord (à comparer au coût d’un hôtel en pension
complète avec vue mer  !), mais permettent de vivre une
Laisser le temps s’écouler
doucement, profiter,
changer nos plans,
musarder, explorer les
„
recoins cachés ; pas d’avion
ou de train à prendre, pas de
case à cocher : « j’ai fait tel
endroit » avant d’enchaîner
vite sur la suivante.
véritable aventure hors du commun (un ami rentré d’un long
périple à vélo par un cargo Singapour-Gênes se souvient
encore du passage dans le golfe d’Aden tous feux éteints...).
Voir par ex. CMA-CGM (cma-cgm.fr), Mer et voyages
(www.mer-et-voyages.info), etc.
▸ Le voilier permet à la fois de parcourir de longues dis-
tances et traverser des océans, et de naviguer de proche en
proche, d’île en île, de caboter au gré des envies, avec son
« bivouac flottant » déjà tout installé, et de la place pour em-
porter du matériel ouvrant la porte à des périples terrestres :
trek, ski de rando (se pratique pas mal en Islande et dans
les îles norvégiennes entre autres), alpinisme / escalade,
kayak, kite, parapente, etc. Soit avec son propre voilier (cf.
Da Boat p. 92), soit en voilier-stop : une pratique qui fonc-
tionne bien, notamment sur les transatlantiques, et pour
N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 7
 DÉCIDER DE PARTIR
laquelle l’expérience nautique n’est souvent pas nécessaire.
On peut rechercher les voiliers en partance directement
sur les pontons, ou bien au travers de sites spécialisés qui
mettent en relation les skippers et les équipiers. Il faut en
général prévoir une participation à la caisse de bord, sou-
vent autour de 10 euros par jour. Cela peut vous permettre
de gagner de l’expérience à la voile, connaître de nouvelles
régions, vivre la mer différemment. Attention néanmoins
à choisir un équipage avec des affinités  ! Voir bourse-aux-
equipiers.com, crewbay.com… (à lire : le récit d’Olivier Peyre
dans CA 33 et 45, et son livre « En route avec aile » (cf. p.
28) ; le témoignage de 2 voyageurs qui ont traversé l’Atlan-
tique en voilier-stop dans notre hors-série « Le voyage éco-
logique », expemag.com/go/hsve).
Voir aussi, par exemple, le site Rome2Rio (rome2rio.com)
qui répertorie de nombreuses solutions pour vous rendre
partout en train, bus, ferry ou voiture (et avion).
Et l’avion ?
Lorsqu’on désire aller dans un pays lointain, mais aussi en
Europe ou même en France, l’avion est souvent le choix prio-
ritaire, pour ne pas dire automatique. Il est vrai que, pour
les destinations lointaines, il constitue la seule solution de
s’y rendre en un temps très réduit. Il est vrai aussi que le
trafic aérien propose de nos jours une offre large et souvent
(trop) peu onéreuse en regard du trajet. Indéniablement,
le transport aérien a été un immense progrès du 20e siècle.
Mais, il est aussi très consommateur d’une énergie à la fois
non renouvelable (et de plus en plus rare) et polluante.
Au-delà de sa consommation de carburant aux 100 km par
passager, on notera que le véritable problème écologique de
l’avion est qu’il permet d’aller vite loin, et donc, par rapport
aux autres moyens de transport, d’aller loin souvent, et donc
de cumuler bien plus de kilomètres sur l’année.
Quelques exemples que l’on peut trouver ou calculer
aisément en utilisant un calculateur carbone (par ex.
goodplanet.org/fr/calculateurs-carbone) :
• Un aller-retour Paris New-York émet autant de CO2 qu’une
année de chauffage (en moyenne pour une personne).
8 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55
Photo : Olivier Peyre
7 ans autour du monde
à vélo et parapente.
En route avec aile (cf. p.28,
récit dans CA33 et 45).
• Une personne faisant des efforts pour réduire son em-
preinte carbone (nourriture bio et quasi végétarienne, peu
de voiture et télétravail, chauffage au bois, sobriété dans la
consommation...) verrait ses émissions annuelles de Gaz
à Effet de Serre (GES) multipliées par 2 par un « simple »
aller-retour aérien France-Bolivie (en classe économique).
Réduire nettement (voire supprimer) ses trajets en avion
constitue une très bonne manière de faire baisser significa-
tivement son bilan carbone personnel. Évidemment, le mode
de vie « parfait » n’existe pas ! À nous tous d’essayer d’adap-
ter au mieux notre vie aux valeurs qui résonnent le plus en
nous, de trouver les compromis qui nous conviennent pour
pouvoir faire notre part du colibri... Nous ne développerons
pas davantage le sujet ici (vous trouvez des références ici ex-
pemag.com/go/co2) ; nous faisons également le choix de ne
pas évoquer dans ce numéro le principe des billets d’avion
« tour du monde » (voir CA25 : expemag.com/go/ca25) au pro-
fit des transports de surface, de la mobilité douce, et, bien
entendu, du voyage sans moteur !
Voyager sans moyen motorisé !
Mieux ressentir les distances et les dimensions réelles de
notre planète, être plus proche de la nature, des paysages,
des habitants, avancer à un rythme doux et progressif,
comptent parmi les nombreux bienfaits du voyage sans mo-
teur ! Combinées au bivouac, ces itinérances offrent une im-
mersion douce et profonde dans le voyage, une plus grande
proximité avec son environnement, et une présence accrue
au moment présent. Le voyage sans moteur et en bivouac
est le cœur de la ligne éditoriale de Carnets d’Aventures, et
nous sommes ravis de voir qu’il enthousiasme de plus en
plus de monde !
Nous n’écrirons pas ici une thèse sur le sujet – il y a déjà
15 ans d’anciens numéros à lire J –, nous souhaitons juste
vous encourager sincèrement à l’expérimenter. Vous verrez,
comme en témoignent les nombreux courriers que nous
recevons à la rédaction, émanant de vous, les lecteurs-
voyageurs, quand on a goûté à l’itinérance sans moteur, à
son rythme doux et simple, à la liberté du bivouac dans la
nature, on ne peut plus s’en passer ! Essayez…
Voyager sans moteur, c’est aussi un choix écologique  et
économique. Sur la route, nous développons une capacité
à nous contenter de peu – de toute façon la place est limi-
tée J –, nos objets deviennent polyvalents, et pourtant la
vie devient plus intense, plus riche. Les moyens de commu-
nication ou de transport que nous utilisons sont la plupart
du temps mutualisés (cybercafé ou wifi d’une guesthouse,
train ou bus). Notre empreinte environnementale est donc
largement réduite par rapport à celle de notre vie sédentaire.
De plus, prendre des congés longue durée, et donc travail-
ler moins, permet aussi de sortir du principe de croissance
à tout prix… En effet, travailler plus signifie produire plus,
et donc polluer plus. Travailler, c’est participer à l’outil de
production et à l’augmentation du PIB ; si notre travail n’est
pas lié à une production matérielle, on gagne tout de même
de l’argent que l’on va utiliser en partie à acheter des biens
de consommation. Quand on ne travaille pas, on produit
moins, on gagne moins d’argent et on en dépense moins, on
fait ainsi mécaniquement baisser son empreinte. Si chaque
citoyen prend une année sabbatique dans sa vie profession-
nelle, la production de biens et la consommation baissent
de près de 3% (sur la base de 40 ans de travail). Si, de plus,
on voyage sans moyen motorisé, ou en transport collectif
de surface, que l’on bivouaque, que l’on vit simplement
dans la nature, alors là, on fait baisser de manière vraiment
significative son empreinte (entre autres : pas de chauffage,
transport, consommation électrique, d’achat de mobilier,
électroménager, hifi, très peu d’achats en général, etc.).
SUSCITER LES RENCONTRES
Aller à la rencontre de l’autre, mieux connaître et com-
prendre d’autres cultures, font aussi partie des envies et des
enrichissements d’un voyage. Arriver « by fair means » : à
pied, à vélo, en kayak, à cheval ou en parapente, suscite
souvent la curiosité et l’attention bienveillante des habi-
tants ; il n’y a pas de vitre, notre vulnérabilité est une invi-
tation à l’échange. Pas de naïveté pour autant, notre condi-
tion de touriste est quand même bien visible – mis à part,
peut-être, au bout de longues années sur les routes. L’on
LE VOYAGE IMMOBILE
L’itinérance n’est pas la seule manière de voya-
ger, profiter d’un congé sabbatique pour s’installer
quelque temps ailleurs permet de découvrir d’autres
cultures et d’autres horizons. On pense par exemple
aux récits de Marc Alaux, qui a vécu des mois en
Mongolie dans la yourte d’une famille d’éleveurs (Ivre
de steppes, éd. Transboréal), de David Lefèvre et sa
période de vie en cabane sur l’île de Chiloé (Solitudes
australes, Transboréal). Ils ont éprouvé la sobriété,
la rudesse des éléments, l’immersion culturelle, les
rencontres, alors même qu’ils sont restés plusieurs
mois au même endroit.
“ Quand on a goûté à
l’itinérance sans moteur, à
son rythme doux et simple,
à la liberté du bivouac
dans la nature, on ne
peut plus s’en passer !
„
peut aussi aller à la rencontre de l’autre en demandant par
exemple un emplacement où planter la tente, ou tout sim-
plement un peu d’eau ou son chemin. Le temps et la liberté
dont on dispose lors de telles itinérances nous permettent
d’accorder du temps à ceux qui nous reçoivent, de mieux
toucher du doigt leur mode de vie, leurs préoccupations,
leurs joies, de rendre ces rencontres plus riches.
LE RETOUR
Autant de «  retours  » que de voyages bien sûr  ! Certains
retrouvent aisément et avec plaisir leur ancien rythme de
vie, d’autres ressentent un décalage entre ce qu’ils sont de-
venus, leurs aspirations, et l’environnement dans lequel ils
évoluaient avant ; il peut leur falloir un peu de temps pour
adapter leur quotidien, former de nouveaux projets (d’autres
voyages par exemple J), trouver un nouvel équilibre. C’est
parfois aussi l’occasion d’opérer de grands changements  !
S’investir dans des projets enthousiasmants et porteurs de
sens, changer de lieu de vie, de métier, d’environnement
social, ou même, pour certains, tenter de devenir voyageur
« professionnel » et d’en tirer des films, des livres, des confé-
rences… À chacun de cultiver l’état d’esprit du voyageur au
quotidien !
AVEC QUI PARTIR ?
Seul(e), en couple, entre amis, en famille… tout est permis !
Seul, vous expérimenterez la solitude, des situations parfois
difficiles, mais vous éprouverez la joie d’y arriver seul, la
qualité et la force des moments solitaires, le plaisir des ren-
contres imprévues et facilitées. En couple (cf. CA 42), entre
amis (CA 49, 54), en famille (CA 44, 46, 53), les compromis
seront nécessaires ; anticiper les réactions d’autrui en situa-
tion difficile est parfois délicat et exige de bien se connaître,
mais les émotions partagées et la construction d’un intense
bout de chemin ensemble renforceront vos liens. Vous pou-
vez aussi choisir de partir, au moins par moments, avec un
coéquipier rencontré sur le web ou en chemin. Outre les ca-
pacités individuelles d’adaptation, quelques-unes des clés
pour qu’une équipe fonctionne semblent être que les objec-
tifs soient partagés, que chacun se soit approprié le projet,
en soit moteur, puisse trouver des moments solitaires pour
se ressourcer, et se sente libre de quitter le navire quand bon
lui semble. 
N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 9
 DÉMARCHES DEMANDER UN CONGÉ SABBATIQUE
LE CONGÉ SABBATIQUE
COMMENT EN BÉNÉFICIER ?
TEXTE ET PHOTOS Samuel Ronayette, Mathilde Henry d’Adhémar, la rédac’
ILLUSTRATION Philippe Gady
L
e congé sabbatique est un congé non
rémunéré, réglementé par le code du
travail, pendant lequel le contrat de tra-
vail est suspendu mais non rompu. Nous
allons voir ici les conditions nécessaires
pour y prétendre, mais avant toute chose,
gardez à l’esprit que de bonnes relations
avec votre employeur vous permettront de
partir dans de bonnes conditions (voire
même d’obtenir son soutien  !) et surtout
d’envisager votre retour sereinement.
SALARIÉS D’ENTREPRISES PRIVÉES
Pour en bénéficier, le salarié doit tout
d’abord justifier d’au moins 6 années
d’activité professionnelle dans le sec-
teur privé (pas forcément consécutives).
Depuis le 1er janvier 2017, les durées mini-
males et maximales du congé, l’ancien-
neté requise et le délai de carence (c’est-
à-dire ne pas avoir bénéficié depuis une
durée minimale, dans la même entre-
prise, d’un congé sabbatique, d’un congé
pour création d’entreprise, ou d’un congé
individuel de formation d’au moins 6
mois) sont fixés par la convention collec-
tive d’entreprise ou de branche. À défaut
d’accord, le congé doit durer entre 6 et 11
mois, l’ancienneté requise dans l’entre-
prise est de 36 mois et le délai de carence
de 6 ans.
La durée du congé, une fois fixée, ne peut
10 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55
être modifiée qu’en cas d’accord entre
l’employeur et le salarié.
Comment effectuer sa demande ?
Par lettre recommandée avec accusé de
réception (LR-AR) ou par lettre remise en
main propre contre récépissé au moins 3
mois (ou autre si prévu par la convention)
avant le départ, en précisant la date de
départ souhaitée et la durée du congé. Il
n’est pas dans l’obligation de préciser le
motif de son congé.
La réponse de l’employeur  : elle se
fait par LR-AR ou en main propre contre
récépissé, dans un délai de 30 jours. Si
l’employeur ne répond pas dans ce délai,
le salarié peut considérer sa demande
comme acceptée. On distingue 3 cas de
figure :
- Accord : l’employeur informe le salarié
de son accord sur la date de départ choi-
sie.
- Report  : l’employeur peut reporter le
départ en congé pendant 6 mois pour les
entreprises de plus de 300 salariés, et 9
mois pour les autres, ceci afin de limiter
le nombre d’absences simultanées dans
l’entreprise. Le plafond du nombre de sa-
lariés simultanément absents est fixé par
la convention ou accord collectif d’entre-
prise.
- Refus  : dans une entreprise de moins
de 300 salariés, l’employeur peut refuser
  EXPEMAG.COM/GO/ANNEE-SABBATIQUE
De nombreux liens utiles. Entre autres sites et rubriques
du service public, du ministère du travail, etc. !
le congé s’il estime que cela peut avoir
des conséquences préjudiciables pour la
bonne marche de l’entreprise. Il doit pré-
ciser le motif de son refus et en informer
le salarié (par LR-AR ou en main propre
contre récépissé). Ce dernier a 15 jours à
compter de la réception de la lettre pour
contester le refus devant le conseil des
prud’hommes.
Que se passe-t-il pendant le congé sab-
batique ?
Pendant le congé, le contrat de travail
est suspendu  : le salarié fait toujours
partie des effectifs de l’entreprise (il peut
voter aux élections professionnelles)
mais il n’est pas rémunéré et n’acquiert ni
ancienneté, ni droit à des congés payés. Il
peut faire ce qu’il souhaite pendant son
congé, à condition de respecter les obli-
gations de loyauté, de discrétion et les
éventuelles clauses de non-concurrence
de son contrat principal.
L’assurance-maladie peut être garan-
tie par la protection universelle mala-
die (Puma), à condition de résider de
manière stable et régulière en France.
En revanche, le droit à la retraite n’est
pas maintenu. Cependant, il faut avoir
en tête que les cotisations retraites sont
calculées chaque mois sur le salaire brut
dans la limite du plafond mensuel de la
sécurité sociale (PMSS). Il faut, depuis
2014, un salaire brut équivalent à 150 fois
le smic horaire pour valider un trimestre
et au minimum 2 mois de travail dans
l’année (à cause du PMSS). Vous avez
également la possibilité de souscrire une
assurance volontaire, à condition que
cette souscription intervienne avant le
début du congé.
Au retour du congé
Le salarié reprend son emploi précédent
ou un emploi similaire dans l’entreprise
(l’employeur n’étant pas tenu de garantir
au salarié la reprise de son poste précé-
dent) avec une rémunération au moins
équivalente.
Divers
Pendant les 6 ans précédant le congé,
vous pouvez demander un report de vos
droits à la 5e semaine de congés payés
(soit 36 jours ouvrables au maximum)
pour demander, au moment de son
départ en congé, le versement d’une in-
demnité compensatrice pour les jours de
congés cumulés.
Si vous disposez d’un compte épargne-
temps vous pouvez, avec l’accord de
l’employeur, utiliser les droits accumulés
sur ce compte pour financer tout ou par-
tie du congé.
LES AUTEURS
Samuel est ingénieur en optique,
il conçoit des instruments pour les
télescopes géants, il est passionné
par la voûte céleste, apiculteur et
grimpeur. Ayant déjà suffisamment
la tête dans les étoiles, il n’envisage
pas, pour le moment, d’année sabba-
tique, mais qui sait… Avoir écrit cet
article par amitié et en hommage à
Alexis l’incitera peut-être à franchir le
pas un jour !
Mathilde et Manu, la quarantaine
entamée, sont en reconversion pro-
fessionnelle : d’ingénieur à artisan
en rénovation, et d’enseignante à
assistante maternelle. Fanny est une
collégienne basketteuse de 16 ans.
Grenoblois, ils sont amoureux des
activités en extérieur et du bivouac.
Ils avaient déjà pris 2 années
sabbatiques avec leurs 2 enfants et
rentrent tout juste d’un périple à vélo
de 6 mois en Amérique du Sud entre
la Bolivie et Ushuaia avec Fanny.
Grâce aux jeux qu’ils ont emportés,
ils ont fait rimer voyage avec partage
et prévoient de monter un film.
⊲ jeuxnous-aveceux.fr
Cf. aussi CA#53 : les Lofoten à vélo
par Manu, Mathilde et Fanny, et les
articles « École buissonnière ».
N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 11
 DÉMARCHES
SALARIÉS DE LA FONCTION
PUBLIQUE
Les fonctionnaires bénéficient de
dispositions spécifiques de mises en
disponibilité pour convenances per-
sonnelles.
Qu’est-ce qu’une disponibilité ?
La disponibilité est similaire au congé
sabbatique  : le fonctionnaire cesse
d’exercer temporairement son acti-
vité professionnelle. Il est alors placé
hors de son administration d’origine
et ne bénéficie plus de sa rémunéra-
tion ni de ses droits à l’avancement,
aux congés et à la retraite. L’agent
continue d’appartenir à son établis-
sement d’origine, conserve son grade,
ses droits acquis antérieurement et
demeure soumis aux obligations de
son statut.
Qui y a droit ?
Seuls les fonctionnaires titulaires
peuvent en bénéficier. La disponibi-
lité pour convenances personnelles
est accordée sous réserve de néces-
sités de service. Elle est alors d’une
durée de 3 ans renouvelables dans la
limite de 10 ans sur l’ensemble de la
carrière. D’autres types de disponibi-
lités peuvent être accordés de droit,
par exemple celles pour raisons fami-
liales (élever un enfant de moins de 8
12 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55
DEMANDER UN CONGÉ SABBATIQUE
ans, suivre un conjoint…). L’adminis-
tration peut procéder à une enquête
pour vérifier que votre situation cor-
respond aux motifs pour lesquels la
disponibilité vous a été accordée.
Notez que si vous n’êtes pas fonction-
naire titulaire, mais êtes en CDI dans
la fonction publique, vous pouvez de-
mander un congé pour convenances
personnelles à condition de ne pas
avoir déjà bénéficié d’un congé au
cours des 6 années précédentes.
Comment faire ?
La demande doit être formulée par
écrit par LR-AR auprès du directeur
de l’établissement au moins 3 mois
avant la date désirée en précisant la
date d’effet et la durée du congé. Les
motifs de la demande sont à préciser
afin de vérifier qu’ils correspondent
à la disponibilité prévue et non à un
détachement ou autre disponibilité.
L’administration peut reporter la date
d’effet, ou même refuser la demande
pour nécessités de service.
Que se passe-t-il pendant ?
Pendant cette disponibilité, le fonc-
tionnaire ne peut se présenter à des
concours internes. Il bénéficie du
maintien des droits aux prestations
du régime spécial d’assurance-ma-
ladie des fonctionnaires pendant un
an. À l’issue de ce délai, il lui faut
demander la qualité d’ayant-droit de
son conjoint. Les célibataires deman-
deront la protection maladie univer-
selle (puma).
Réintégration après une disponibilité
Le fonctionnaire fait connaître à son
administration d’origine sa décision
de solliciter le renouvellement de la
disponibilité ou de réintégrer son
corps d’origine au moins 3 mois avant
l’expiration de la disponibilité. Dans
le cas contraire, il peut être licencié.
Des subtilités existent selon la fonc-
tion publique dont le fonctionnaire
dépend (hospitalière, territoriale, ou
d’État), et selon la durée du congé,
mais de manière générale, le fonction-
naire doit être réintégré à la première
vacance d’emploi correspondant à
son grade. En cas de 3 refus successifs
du fonctionnaire, il peut être licencié
après avis de la CAP (commission ad-
ministrative paritaire). Par contre, si
le fonctionnaire ne peut pas être réin-
tégré faute d’emploi vacant, il perçoit
les allocations chômage.
AUTRES TYPES DE CONGÉS
Il existe d’autres types de congés aux-
quels on ne pense pas forcément pour
faire un break ou partir en voyage.
Pour les différents types et les détails
administratifs de chacun, se référer
(cf. lien en début d’article) :
- aux fiches pratiques du site du mi-
nistère du travail,
- au site du service public.
Congé sans solde
C’est un congé pour convenances
personnelles non réglementé. Son
organisation et sa durée sont définies
de gré à gré entre le salarié et l’em-
ployeur, qui est libre de le refuser.
Bien entendu, il s’agit d’un congé non
rémunéré, et pendant lequel on ne
compte pas les droits à l’ancienneté,
aux congés payés, etc.
Congé parental d’éducation
Tout salarié, homme ou femme, ayant
au moins un an d’ancienneté dans
l’entreprise peut bénéficier d’un congé
parental d’éducation pour élever un en-
fant (naissance ou adoption). Il ne peut
pas exercer d’autre activité profession-
nelle, mais il peut suivre une formation
ou partir en voyage...
Le contrat de travail est suspendu
pendant le congé parental d’éduca-
tion qui n’est pas rémunéré (à noter
que le salarié peut également, s’il en
remplit les conditions, bénéficier de
la prestation partagée d’éducation de
l’enfant – PreParE – proposée par la
Caisse d’Allocations Familiales).
Ce congé est de droit, quel que soit
l’effectif de l’entreprise, l’employeur
ne peut donc pas le refuser. À l’issue
du congé, le salarié doit retrouver son
précédent emploi ou un emploi simi-
laire avec une rémunération au moins
équivalente.
Dans le privé, la durée est d’un an, re-
nouvelable 2 fois, sans excéder la date
du 3e anniversaire de l’enfant. Dans la
fonction publique, il est accordé par
périodes de 6 mois renouvelables
jusqu’au 3e anniversaire de l’enfant.
À noter que le fonctionnaire conserve
ses droits à l’avancement, en totalité
la première année, et réduits de moi-
tié ensuite.
ET QUAND ON N’EST PAS SALARIÉ ?
Des périodes de la vie peuvent se
prêter à faire un long voyage  : après
les études et avant le premier poste,
entre deux emplois, à la retraite, etc.
On peut aussi très bien imaginer une
activité de digital nomad qui vous per-
mette d’exercer où que vous soyez, ou
bien de vous former à des spécialités
que l’on peut exercer partout (infir-
mier, kiné…). David Manise poursuit
cette réflexion page 34.
ET LES ENFANTS, ONT-ILS
AUSSI DROIT À UN « CONGÉ
SABBATIQUE » ?
De nombreuses familles choisissent
de partir pour rompre le rythme quoti-
dien souvent bien chargé et vivre pen-
dant plusieurs mois et tous ensemble
une expérience fédératrice (ou pas
d’ailleurs). Levons l’un des princi-
paux freins au départ de nombreuses
familles : un enfant peut partir un an
sans pour autant perdre un an de sa
scolarité, et bien souvent, cette année
sera plus enrichissante qu’une année
passée sur les bancs de l’école…
Le suivi de la scolarité d’un enfant dé-
pendra essentiellement de 3 facteurs :
- Les facilités ou difficultés sco-
laires de l’enfant : pour un élève qui
a des facilités, il suffit de quelques
créneaux efficaces de travail pour
suivre les grandes lignes du pro-
gramme et les éventuelles lacunes se-
ront rapidement comblées au retour.
En revanche, si l’élève a des difficul-
tés et déjà quelques lacunes avant
de partir, il faudra peut-être suivre
des cours par correspondance bien
structurés et travailler régulièrement
pour réussir à intégrer le programme
et passer en classe supérieure. Toute-
fois, pas de panique, si votre enfant
n’a pas acquis pendant le voyage les
bases suffisantes pour passer dans la
classe supérieure, il peut à son retour
reprendre son cursus là où il l’avait
laissé (« année blanche »).
- La durée du voyage  : jusqu’à 2/3
mois, il est facile de lui faire rattra-
per les cours et le retour se fait sans
trop de problèmes, les notions vues
restant relativement peu nombreuses.
Au-delà, cela demande un peu plus
d’organisation.
- L’âge de l’enfant : plus l’enfant est
jeune (maternelle / primaire), plus il
est aisé pour les parents de le faire tra-
vailler dans les matières principales
sans avoir à l’inscrire à des cours par
correspondance. Un entretien avec le
corps enseignant peut vous donner
les notions de base à travailler. En
voyage, tout est prétexte à travailler,
la numération (la monnaie), l’écri-
ture (carnet de voyage) ou encore la
lecture (via un blog ou des mails avec
des copains).
Au collège et au lycée cela peut
s’avérer plus délicat  : le nombre de
matières augmente et les notions de-
viennent plus complexes. En se ser-
vant des manuels scolaires, des sites
Web, en rencontrant l’équipe ensei-
gnante, il est possible de dégager l’es-
sentiel du programme et de travailler
les bases afin de ne pas être perdu au
retour. Cela demande plus d’organisa-
UN AUTRE RYTHME : LA FORMULE DISCONTINUE
Selon les cas, il sera peut-être plus
simple de prendre plusieurs congés
sans solde, de 2 mois par exemple,
répartis sur quelques années. Cette
solution peut faciliter la relation avec
l’entreprise, le fil n’est pas rompu
une année durant. On peut, de plus,
viser des périodes creuses d’activité
de l’entreprise afin d’arranger son
employeur. Dans certains cas –
activités saisonnières par exemple –,
ce dernier sera même content de ne
pas avoir à vous payer pendant une
« basse saison »…
Cette formule discontinue permet
tion et de volonté de la part de l’élève.
Mais ces qualités lui serviront tout au
long de sa vie... Il est aussi possible de
l’inscrire à des cours par correspon-
dances (CNED ou cours privés).
Administrativement, depuis sep-
tembre 2017, il n’est plus nécessaire
d’envoyer une déclaration d’instruc-
tion dans la famille car elle est désor-
mais valable uniquement si l’enfant
reste sur le territoire français.
La première chose à faire est donc
d’aller rencontrer le responsable de
l’établissement scolaire de l’enfant
et de lui présenter le projet  : quelles
sont les dates de départ et de retour
prévues, comment compte-t-on faire
travailler l’enfant, etc. Si vous trouvez
un accord  : l’enfant pourra retrouver
sa classe d’âge – quelle que soit la
durée de l’absence – s’il a suivi le pro-
gramme et n’a pas accumulé trop de
lacunes. Si vous n’arrivez pas à vous
mettre d’accord avec le responsable
d’établissement sur la suite de la sco-
larité de votre enfant, vous pouvez
contacter la DSDEN (Direction des
Services Départementaux de l’Éduca-
tion Nationale) de votre département
qui deviendra votre interlocuteur.
Difficile de faire une généralité sur la
réintégration en milieu scolaire suite
à une année sur les routes, toujours
est-il qu’afin d’être plus serein, vous
pouvez envisager de maintenir les
liens avec les copains grâce à un blog,
des rendez-vous Skype réguliers, un
groupe Whatsapp ou Snapchat, etc.
Voire même en inviter sur le parcours,
au départ ou un peu avant le retour
par exemple ? 
d’assimiler tranquillement chaque
voyage ou chaque pays avant de
rêver au prochain. Avantage induit :
les préparatifs sont étalés dans
le temps, on ne consacre pas les
6 mois précédant le départ pour
préparer les 12 de voyage. Chaque
retour est par ailleurs mieux vécu
puisqu’on sait qu’on va bientôt
repartir . Finalement, l’année
sabbatique discontinue est plus un
mode de vie qu’un break long et
exceptionnel. La formule s’intégrera
peut-être aussi mieux dans votre
équilibre social et financier.
N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 13
 DÉMARCHES PAPERASSE

LES JOIES DE LA ASSURANCES

VISAS
PAPERASSE VACCINS
COURRIER
FACTURES
DÉCLARATIONS

Même si l’on part souvent pour s’alléger des préoccupations

matérielles, voici quelques points essentiels auxquels penser
avant de partir… afin de voyager l’esprit tranquille et d’anticiper
un retour sans mauvaises surprises !

TEXTE Manu d’Adhémar et la rédac'

14 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55


SÉCURITÉ SOCIALE
En Europe (UE + EEE (Espace éco-
nomique européen, donc y compris,
entre autres, Suisse, Islande, Nor-
vège), la carte européenne d’assu-
rance-maladie  (CEAM) permet de
bénéficier d’une couverture des soins
de santé urgents et imprévus dans
les mêmes conditions et aux mêmes
tarifs que les assurés du pays. Il faut
en faire la demande à sa caisse pri-
maire d’assurance maladie au moins
15 jours avant le départ. La CEAM
est valable 2 ans à condition que le
bénéficiaire soit toujours affilié à la
sécurité sociale. Vous devrez avancer
les frais et effectuer une demande de
remboursement soit dans le pays où
ont eu lieu les dépenses médicales
(le remboursement aura lieu selon la
législation sociale dudit pays), soit
à votre retour en France (vous aurez
alors le choix entre vous faire rem-
bourser sur la base des tarifs de la
sécurité sociale française ou des tarifs
du pays du séjour). C’est un médecin-
conseil qui accordera le rembour-
sement des soins selon la situation,
aucun recours n’est possible en cas
de refus de remboursement. Dans
 EXPEMAG.COM/GO/ANNEE-SABBATIQUE
De nombreux liens utiles. Sites et rubriques du service
public, de l’assurance-maladie, la fédération française
des assurances, etc. !
certains pays, les soins médicaux
peuvent coûter beaucoup plus cher
qu’en France, renseignez-vous selon
vos destinations, il peut alors être
judicieux de souscrire une assurance
complémentaire.
Comment rester affilié à la sécurité
sociale une fois hors de France  ?
Si vous bénéficiez d’un congé sabba-
tique de votre employeur et que vous
conservez votre résidence principale
en France, vous restez affilié à la sécu-
rité sociale et pourrez donc vous faire
rembourser vos dépenses de santé sur
la base des tarifs de la sécurité sociale
française. Vos droits sont en principe
ouverts pendant un an à l’arrêt des
cotisations. Pensez quand même à
vérifier cette durée auprès de votre
caisse, car elle peut varier. La pro-
tection universelle maladie (PUMA)
couvre désormais toute personne rési-
dant ou travaillant en France. Ainsi,
si vous voyagez plus d’un an et avez
conservé votre résidence principale
en France, vous pouvez demander
à adhérer à la PUMA. Il faut justifier
de 3 mois successifs de résidence en
France, par un bail de location datant
Les Solidream au
Tadjikistan lors de
leur périple à fatbike
(cf. solidream.net,
récit dans CA49).
Photo : Solidream
de plus de 3 mois ou 3 quittances de
loyer successives ou bien 2 factures
successives d’électricité, de gaz, de té-
léphone… Mais encore une fois, cette
affiliation vous permettra de deman-
der (et non d’obtenir !) un rembourse-
ment sur la base du tarif de la sécurité
sociale française. Certaines mutuelles
proposent des offres adaptées à un
voyage à l’étranger, renseignez-vous
auprès de la vôtre ou faites appel à
un courtier qui pourra trouver une
mutuelle ou assurance répondant à
vos besoins.
Si vous n’avez plus de domicile prin-
cipal en France, il existe la Caisse des
Français à l’Étranger (CFE) qui peut
couvrir les frais de santé des Français
résidant à l’étranger. Il s’agit d’un or-
ganisme de sécurité sociale, de droit
privé chargé d’une mission de service
public. La CFE assure la continuité
des droits avec le système français de
sécurité sociale. Mais les tarifs pra-
tiqués par la CFE sont tels qu’il est
souvent plus avantageux de souscrire
une assurance voyage spécifique.
N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 15
 DÉMARCHES
ASSISTANCE ET ASSURANCE
L’assurance permet de vous indem-
niser. L’assistance vous apporte une
aide, un service. Les contrats d’assis-
tance et d’assurance sont normale-
ment délivrés par des organismes
distincts. Toutefois, les assureurs
peuvent proposer des garanties d’as-
sistance et les contrats d’assistance
offrent parfois des garanties d’assu-
rance.
Avant de comparer les offres, faites
le point sur la couverture des assu-
rances que vous avez déjà souscrites
(habitation, carte bancaire (CB), etc.).
Il peut parfois être avantageux de
payer une carte bancaire premier afin
de bénéficier d’une couverture plus
importante. Mais en général, quelle
que soit la CB, la couverture fonc-
tionne pendant 90 jours seulement,
et il faut avoir réglé ses frais de trans-
port avec la carte en question – ce qui
n’est pas très clair, quid par exemple
lorsque le voyage commence à pied
ou à vélo depuis chez soi ? Il convient
donc de bien vous renseigner auprès
de votre banque, c’est d’ailleurs ce
qu’on peut lire sur le site des cartes
Visa : « contacter votre conseiller ha-
bituel pour connaitre les assurances
dont vous bénéficiez ainsi que les
modalités de prise en charge de ces
assurances  ». Par ailleurs, certaines
assurances proposent une avance
de fonds en cas d’accident et non un
remboursement des frais engagés.
Souvent, ces assurances ne suffisent
pas dans le cadre d’un voyage sans
moteur au long cours et il faudra
souscrire une assurance spécifique.
Attention aux sports à risques qui
peuvent être exclus des conditions
d’assurance (parfois même le vélo est
16 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55
PAPERASSE
La carte "Conseil aux
voyageurs" du site
diplomatie.gouv.fr
considéré « à risque »). Si vous comp-
tez en pratiquer, vérifiez bien que l’as-
surance que vous souscrivez les ac-
cepte ou vous propose une extension
spécifique. Les assurances du Vieux
campeur et de la Fédération française
des clubs alpins et de montagne par
exemple, sont généralement intéres-
santes pour couvrir les risques liés à
des pratiques de sports «  à risque  »
dans le monde entier (à condition
de prendre les bonnes options). La
souscription peut être faite la veille
du départ, mais pour certaines assu-
rances, il est préférable de s’y prendre
au moins un mois avant. Dans le cas
où vous avez déjà une assurance
pouvant couvrir les premiers mois du
voyage, vous pouvez souscrire une
assurance en cours de voyage (atten-
tion ce n’est pas possible avec toutes),
il y a souvent un délai de carence pen-
dant lequel vous ne serez pas encore
assurés.
Voici une liste non exhaustive de cri-
tères à vérifier avant de souscrire une
assurance et/ou assistance.
▸ Santé et risques vitaux : comme vu
précédemment, dans certains pays
(par exemple  : États-Unis, Canada,
Brésil…) ces frais peuvent être extrê-
mement élevés. Assurez-vous que :
• le remboursement est basé sur les
frais réels,
• le plafond est élevé (en cas d’hospi-
talisation surtout),
• il existe un capital décès,
• vous bénéficiez d’une assistance
médicale (permet d’obtenir un avis
médical au téléphone).
▸ En cas de rapatriement suite à un
accident ou maladie, vérifiez que sont
inclus :
• les frais de recherche et de secours,
• les démarches et frais liés à un ra-
patriement sanitaire,
• les frais médicaux en France suite à
un rapatriement,
• un retour anticipé en cas de décès
d’un membre de la famille proche
(vérifier ce qu’inclus « proche »).
▸ Pratique de sports à risques.
▸ Conduite et véhicule : vous pouvez
toujours être amené à conduire en
voyage même si vous ne le prévoyez
pas au départ (pensez aussi à vous
procurer un permis international).
▸ Responsabilité civile :
• Dommages corporels, matériels et
immatériels causés à un tiers.
▸ En cas de poursuite ou si vous êtes
victime d’un dommage / accident/
infraction, etc. à l’étranger (voir
justice.gouv.fr le site du ministère de
la justice ; pour les liens précis, voir la
référence donnée ci-dessus), vérifiez
que vous bénéficiez :
• d’une assistance juridique,
• d’une couverture des frais d’avocat,
• d’une prise en charge de la caution
pénale.
▸ Enfin, une assurance protégeant
une annulation de voyage, la perte ou
le vol de bagages, de papiers d’iden-
tité et de carte bancaire peut être
intéressante. Certaines assurances
pourront vous rembourser une partie
de votre matériel en cas de vol durant
le voyage. Pensez à scanner tous les
tickets du matériel acheté spécifique-
ment pour ce voyage !
Note  : Vous pouvez aussi faire appel
à un courtier pour choisir votre assu-
rance (il est rémunéré par les com-
pagnies d’assurance et non pas par
vous).
 VACCINS
Vous trouverez la liste des vaccins re-
commandés et obligatoires à l’entrée
de certains pays sur la page Conseils
aux voyageurs de diplomatie.gouv.fr
(rubrique Santé sur la page Conseils
par pays pour les pays concernés).
Prenez rendez-vous dans un centre
de vaccinations internationales, au
moins un mois avant la date du dé-
part (attention au délai d’obtention
de ce rendez-vous). Un médecin vous
indiquera les vaccins préconisés pour
les pays traversés et vous conseil-
lera sur les indispensables de votre
trousse médicale à emporter. Voir à
ce sujet l’article «  trousse à pharma-
cie du voyageur » en page 116 ! Il est
également conseillé d’aller voir un
dentiste, un ophtalmologue et un
gynécologue avant le départ.
PASSEPORT ET VISAS
Pour de nombreux pays, le visa n’est
pas obligatoire pour les ressortissants
de l’UE. Il faut cependant avoir un
passeport valable, et, pour certains
pays, le passeport doit être encore
valable 6 mois après la date de
sortie du pays (bien vérifier la date
d’expiration donc). Vérifiez également
qu’il reste un grand nombre de double-
pages vides. Il existe un format de
passeport «  grand voyageur  » avec
48 pages au lieu des 32 habituelles.
Pour un certain nombre d’autres
pays, le visa est obligatoire (vérifier
sur la page Conseils aux voyageurs de
diplomatie.gouv.fr). Un visa de
tourisme est généralement délivré
pour 3 mois, mais dans certains
pays, il peut être de quelques jours
seulement (30 pour la Mongolie par
exemple), ou soumis à l’invitation
d’un particulier, d’un organisme
touristique ou d’une institution du
pays (c’est le cas de la Russie).
Vous le verrez dans les récits de ce
numéro, les visas peuvent être un vrai
casse-tête dans certains endroits de la
planète… Délais, durées, mais aussi
des « incompatibilités » entre certains
pays (pour lesquels la présence sur
votre passeport du visa/tampon pour
le pays A interdit automatiquement
d’entrer dans B), ou « particularités »
(par exemple, un tampon de l’Iran sur
votre passeport vous interdit automa-
tiquement l’obtention de l’ESTA pour
les États-Unis – Electronic System for
Travel Authorization, autorisation qui
remplace sous certaines conditions la
demande et l’obtention d’un visa – et
vous oblige à faire une demande de
visa). Bref, renseignez-vous, antici-
pez et demandez vos visas en France
suffisamment à l’avance car la déli-
vrance peut parfois prendre plusieurs
semaines. Pour certains pays, cela ne
sera pas possible dans la mesure où
le visa est délivré pour une période
limitée. Tenez-vous alors informé des
formalités de délivrances afin de pré-
voir un itinéraire adéquat. Prévoyez
un itinéraire bis en cas de refus de
délivrance du visa. Ayez en tête qu’il
faudra vous rendre dans le consulat
du pays où vous souhaitez aller (donc
dans une grosse ville) pour faire vos
demandes de visas. Certains voya-
geurs choisissent de se rapprocher
de la frontière durant l’attente du visa
et font un aller-retour en transport
en commun pour récupérer le visa
dès qu’il est délivré. Ils peuvent ainsi
profiter de la totalité de la période de
validité du visa dans le pays traversé.
Quelques pays ont développé des e-
visa, prévoyez d’avoir tous les docu-
ments nécessaires sur vous et des
copies scannées.
En France, vous pouvez charger une
agence de s’en occuper, elles peuvent
parfois obtenir des séjours plus longs
que vous ne les obtiendriez en pas-
sant en direct, y compris avec une
invitation. Selon les cas, le service
pourra vraiment valoir la dépense.
Pour obtenir des informations
sur la situation géopolitique d’un
pays, connaître les numéros utiles
(ambassades, consulats, etc.), les
formalités de séjour, etc., rendez-vous
sur la page Conseils aux voyageurs de
diplomatie.gouv.fr (voir tous les liens
sur la référence donnée ci-dessus)
Il existe un système d’enregistrement
des Français à l’étranger (émanant du
ministère des affaires étrangères)  :
Ariane. Il permet de recevoir des re-
commandations de sécurité par cour-
riels si la situation dans un pays visité
le justifie, d’être contacté en cas de
crise dans un pays traversé. Pour les
séjours de plus de 6 mois, vous pou-
vez vous inscrire sur le registre des
Français à l’étranger.
N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 17
 DÉMARCHES
BANQUE
Il peut être pertinent d’appeler son
conseiller pour lui faire part du projet
et bénéficier de ses conseils. Si le pays
de destination est réputé pour ses
talents d’escroquerie bancaire, cela
vous évitera d’avoir votre CB bloquée
par la banque qui aura pris une me-
sure de précaution si elle ne peut vous
joindre. Vérifiez aussi les frais asso-
ciés aux paiements et retraits (selon
les cartes de paiement et les banques,
il peut être bien plus intéressant de
payer directement en CB plutôt que
de retirer du liquide ou inversement).
Et pourquoi pas, prendre une 2e carte
bancaire qui propose des frais moins
élevés, qui permettra d’avoir accès
aux deux réseaux Visa / MasterCard,
et pourra vous sauver d’un mauvais
pas en cas de perte ou de vol….
Certaines banques vous conseilleront
de souscrire à une formule pour expa-
triés (à condition d’avoir une adresse
à l’étranger, mais ça peut se trouver)
qui vous permettra de bénéficier de
tarifs avantageux aux retraits et éga-
lement de vous renvoyer une CB à
l’étranger. La mienne, grâce à ça, a été
envoyée en Colombie après le vol de
mes affaires et livrée à un concierge
d’immeuble sans signature !
Enfin, ne pas oublier de vérifier la
date d’expiration de sa carte bancaire.
Note : le système des Traveler Cheques
étant, selon les pays, soit déjà aban-
donné soit en voie de disparition,
nous ne les évoquons pas ici.
18 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55
PAPERASSE
PAPIERS, ARGENT…
Que faire en cas de vol  ? Comment
l’éviter ?
Voici déjà quelques suggestions de
bon sens pour anticiper :
• Soyez discret  : éviter d’arborer le
dernier Iphone ou un diamant au
doigt.
• Ayez une bonne connaissance des
zones où éviter de vous aventurer
seul (surtout en ville).
• Scindez votre liasse de billets et
répartissez-la à divers endroits,
mettez les plus petites coupures
facilement accessibles, vous attire-
rez moins l’œil quand vous aurez
besoin de payer et vous pourrez les
utiliser en cas d’agression et espé-
rer garder le reste.
• Si vous vous faites agresser, ne ré-
sistez pas.
• Ayez une carte bancaire non valable
à donner à un agresseur éventuel.
• Si vous vous rendez dans certains
lieux hautement touristiques ou
bien en boîte de nuit, mieux vaut
vous déplacer avec une copie de
votre passeport et laisser celui-ci en
lieu sûr.
• Préférez des titres de transport élec-
troniques aux billets papier.
• Conservez une photo numérique
(ou scan) de vos papiers d’identité
à plusieurs endroits (boîte mail per-
sonnelle, celle d’un proche, cloud /
drive, sur votre smartphone…), cela
facilitera les démarches en cas de
vol.
Carte bleue.
Il y a des plaisirs qui
ne s'achètent pas.
Photo : famille Durand
(récit p.88)
En cas de vol de votre carte bancaire,
faites immédiatement opposition.
Si vous vous faites voler vos papiers
ou toute autre affaire, déclarez le vol
(et l’agression le cas échéant) à un
commissariat. Vous pouvez vous faire
accompagner d’un avocat (de contact
en contact, ça peut se trouver relati-
vement facilement) pour avoir plus
de poids dans certains pays. Faites
une liste exacte de ce que vous vous
êtes fait voler et des conditions dans
lesquelles s’est déroulé le vol, ces
éléments vous seront demandés par
l’assurance. Pensez également à de-
mander au commissariat un papier
certifiant votre déposition afin de jus-
tifier du vol de votre passeport en cas
de contrôle.
Votre assurance voyage peut aussi
vous avancer des fonds (si c’était
inclus dans votre contrat) le temps
de retrouver un moyen de paiement.
Demandez à vos proches d’envoyer
un mandat postal ou un transfert
d’argent via Western Union ou em-
pruntez à votre banque si vous êtes en
rade d’argent.
Certaines assurances peuvent couvrir
le vol de vos affaires personnelles,
elles vous demanderont les tickets de
caisse du matériel acheté spécifique-
ment pour le voyage.
 L’AssurAnce VOYAGe
ÉVOLuTIVe, cOnnecTÉe,
sOLIDAIre

LOGEMENT

AVI International (Groupe SPB) - S.A.S. de courtage d’assurances au capital de 100 000 euros. Siège social : 40-44, rue Washington 75008 Paris - France - RCS Paris 323 234 575 - N° ORIAS 07 000 002 (www.orias.fr).
Si vous êtes propriétaire de votre logement principal,
vous pouvez bien entendu le mettre en location, à AssurAnce VOYAGe LOnGue DurÉe

MArcO POLO
l’année ou en location saisonnière (attention tout de
même à ce choix, car en fonction de la durée, vous
pouvez perdre le statut de résidence principale ce qui
peut être préjudiciable en cas de vente future), en di- Offres Famille de 4 à 7 personnes
rect ou en en confiant la location à un professionnel pour les voyageurs au long cours et
ou, pourquoi pas, à un proche. Louer votre logement
les tours du monde.
pourra vous permettre de rembourser un éventuel cré-

10%
dit et/ou de financer en partie votre voyage.
Si vous êtes locataire et ne souhaitez pas résilier votre
bail, vous pourrez, avec l’accord écrit du propriétaire, DE RÉD
sous-louer le logement (le loyer ne pourra pas être plus sur votr UCTION
e
voyage assurance
élevé que ce que vous payez en tant que locataire ; le avec le
réductio code
contrat de sous-location devra indiquer la durée et CARNE
T
n
S19
comporter l’engagement des sous-locataires de partir
au retour du locataire). Ayez en tête que la taxe d’ha-
bitation est due à l’endroit où vous êtes domicilié au
1er janvier. Rapprochez-vous des impôts pour savoir
comment déclarer un changement temporaire de rési-
dence.
Dans les deux cas, il faut choisir entre laisser toutes
ses affaires, ou faire un stockage, en garde-meuble par
exemple. Dans ce cas, l’occupant prendra à sa charge
les abonnements et factures d’eau, électricité, télé-
phone…
Si vous optez pour laisser votre logement inoccupé,
il est bon de vérifier auprès de la compagnie qui gère
votre assurance habitation que toutes les garanties
restent valables. Demandez à un proche de passer
régulièrement pour éviter les mauvaises surprises au
retour (fuite d’eau, fenêtre restée ouverte, squat suite
à un cambriolage non détecté) et pour aérer. Laissez le
chauffage en hors gel, il ne se déclenchera que très peu
de fois, et vous évitera une inondation par une canali-
sation qui gèle, éclate puis dégèle...

VÉHICULE
Une assurance de type « assurance parking » ou « hors
circulation » permet, pour une somme peu élevée, de
conserver des garanties minimum (incendies, dom-
mages causés par le véhicule, éventuellement vol, etc.).
Regardez si cette garantie existe chez votre assureur. Si
vous êtes inquiets quant à l’état de votre voiture, vous
AVI s’enGAGe POur Le VOYAGe
pouvez demander à un ami de la faire rouler une fois
ÉTHIQue eT sOLIDAIre
de temps en temps pour recharger la batterie, éviter
que les freins ne collent ou que des pièces se grippent Créée en 2011, la Bourse AVI
International soutient chaque année
(par exemple lorsque les routes sont salées, dans cer-
3 projets de solidarité internationale.
taines régions / saisons), mais sinon un véhicule peut
AVI accompagne la réalisation de
assurance

rester immobilisé un an sans trop de dommages. chaque projet par une aide financière,
Il est aussi possible de louer son véhicule (OuiCar, et offre l’assurance voyage aux lauréats
Drivy…), mais à moins de trouver quelqu’un qui loue pendant leur voyage à l’étranger.
sur une très longue période, il faudra à plusieurs re-
prises faire un constat de l’état du véhicule et remettre
les clés au loueur. Un ami pourra se charger de ces for- TÉLÉCHARGEZ NOTRE APPLICATION MOBILE ET
malités. Sinon, Drivy propose un boîtier qui permet de ACCÉDEZ IMMEDIATEMENT À TOUS VOS DOCUMENTS
gérer l’accès à la voiture via une application sur smart- D’ASSURANCE
phone (service payant, évidemment).

www.avi-international.com
N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 19
 DÉMARCHES
No souci !
Pendant ce temps-là, qui
est-ce qui paye les factures ?
Photo : Olivier Desmaison
(récit p.70)
FACTURES
Eau, électricité, téléphone, taxes, im-
pôts, assurance, mutuelle, etc.
Dans certains cas (hors taxes et im-
pôts évidemment), il est possible de
résilier l’abonnement, ou de le sus-
pendre. Envisagez la solution qui per-
mettra une remise en service simple
et peu coûteuse.
Pour le téléphone, il peut être aussi
possible de faire un transfert automa-
tique vers votre téléphone portable
(attention aux frais) ou vers le télé-
phone d’un proche.
Pour les paiements, la solution la plus
sûre et efficace consiste à opter pour
le prélèvement automatique. Il est
aussi possible de régler par internet,
mais attention aux connexions peu
sécurisées. Et rien ne garantit que
vous penserez à payer vos factures les
doigts de pieds en éventail au bord de
la plage (pensez donc à demander à
recevoir tous les avis d’échéance par
mail). Il est aussi possible de laisser
des chèques à un proche, ou de lui
donner procuration sur votre compte
en banque (pensez alors à faire les
procurations avant de partir), ou
encore de lui demander de régler vos
factures pour vous et de le rembour-
ser séparément. Voir aussi ci-dessous
les sociétés qui gèrent le courrier et
qui proposent de régler pour vous vos
factures.
20 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55
PAPERASSE
COURRIER POSTAL DÉCLARATION D’IMPÔT
Pas de problème pour les cartes pos- Pensez à déclarer votre nouvelle si-
tales que vous recevrez, le problème tuation en ligne. Avec le prélèvement
concerne plus les factures (si vous à la source, si vous partez en début
n’optez pas pour les prélèvements d’année, vous n’aurez, a priori, pas
automatiques) et les courriers recom- d’impôt à payer sur l’année. Si vous
mandés. partez en cours d’année, vous paierez
Plusieurs solutions avec La Poste au prorata de la somme gagnée. 
(taper « la poste réexpédition » et voir
la référence de liens utiles donnée ci-
dessus). Les durées sont limitées (ta-
rifs variables selon les solutions, en
général quelques dizaines d’euros) :
• Réexpédition temporaire vers une
autre adresse en France (1 an maxi).
• Réexpédition temporaire vers l’in-
ternational (1 an maxi).
• Réexpédition vers une poste res-
tante en France (3 mois maxi).
• Garde du courrier  : votre courrier
est conservé à la poste (2 mois
maxi).
• Par ailleurs, des compagnies pri-
vées proposent des services de
gestion de votre courrier à distance
(ex : Courrier du voyageur, Ubidoca,
etc.). Compter à partir de 10  € par
mois, jusqu’à plusieurs dizaines
d’euros selon les options choisies.
Voici quelques-uns des services
possibles :
▸ scan des enveloppes seulement
ou du contenu du courrier, de
manière systématique ou à la
demande ;
▸ réexpédition ou archivage du
courrier ;
▸ réception de colis et lettres re-
commandées ;
▸ paiement de factures.
Un proche compatissant pourra jouer
le même rôle et agir intelligemment
pour vous .
 rendez-vous sur

.fr

"librairie
Cartovelo est la
en ligne avec le
plus grand choix de
guides et de cartes
pour préparer ses
itinéraires et partir "
à vélo ou à pied

plus de
livraison paiement
en 48h 850
références
sécurisé

Location & vente

de tandems Pino Vagabonde
Cycles L'Artisan de votre Vélo
L’Espagne et le Portugal à vélo...

guiasbicimap.com/fr
Service de livraison / récupération
dans toute la France

Ta n d e m s
& vélos
de voyage

100% Pino, 100% plaisir

LocaPino.com vagabondecycles.fr
Nouvelle adresse : 26300 Chatuzange-le-Goubet

Projet de descente de RIVIÈRE ?

Formez-vous à la
SÉCURITÉ EAU-VIVE

www.r3-france.com
 D E S T I N AT I O N S ITINÉRAIRES CLASSIQUES

OÙ ALLER ?
Certains ont, depuis de longues années
déjà, un rêve dans un coin de la tête, une
idée précise d’un parcours, qu’un jour, ils
réaliseront. Souvent, c’est aussi au fil de
lectures, de rêveries devant un planisphère,
de documentations ou de discussions, que
des noms, des lieux, des images font naitre
nos rêves et nos envies d’Ailleurs… laissons-
nous emmener !
Nous présentons ici quelques-uns de ces
« classiques », à vélo et à pied ; ils sont en
général faciles à suivre (car balisés) ou à
reproduire (car bien documentés par d’autres
voyageurs). Certains itinéraires lointains
peuvent être inclus comme une section d’un
voyage au long cours, par exemple, vous
pouvez rejoindre l’Asie du Sud-Est à vélo puis
vous rendre en Nouvelle-Zélande à la voile et
y parcourir Te Araroa à pied !
Bien sûr, il existe autant d’itinéraires que de
voyageurs, n’hésitez pas à imaginer votre
propre chemin !

LES AMÉRIQUES À VÉLO, DU NORD AU SUD BALADE EN HIMALAYA

Les cyclos partent souvent du Canada au printemps pour
rejoindre la Patagonie entre janvier et mars environ 2 ans et
25.000 km plus tard, à travers des multitudes de paysages et
environnements différents !
LA CARRETERA AUSTRAL
Cette route, construite sous Pinochet, est plutôt une piste
de 1200 km en Patagonie chilienne loin d’être facile ! Elle se
parcourt surtout de décembre à avril en 1 à 2 mois.
LA ROUTE DE LA SOIE
Cette route mythique est accessible en partant de chez soi !
Les cyclos y roulent en général 12 à 18 mois et prévoient de
passer les hauts plateaux d’Asie Centrale au printemps.
Les 5000  km de sentiers plus ou moins balisés regroupés
sous l’appellation Great Himalaya Trails laissent une mul-
titude de possibilités pour tracer son propre itinéraire (et
s’écarter ainsi, si on le souhaite, des fameux tours des An-
napurnas ou trek du camp de base de l’Everest) ; mieux vaut
s’y rendre au printemps ou à l’automne. Compter 4 mois en-
viron pour une traversée du Népal, 6 mois pour l’ensemble
de la chaîne montagneuse.
TE ARAROA : LA NOUVELLE-ZÉLANDE DU NORD AU SUD !
3000  km vous emmèneront à la découverte de la culture
kiwi en 3 à 5 mois de marche, à accomplir plutôt entre no-
vembre et avril du nord au sud.
• teararoa.org.nz (+ récit dans CA37)

22 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55

 LES IDÉES NE MANQUENT PAS !
Quelques exemples d’autres itinéraires classiques
balisés :
PACIFIC CREST TRAIL (PCT) • La Grande Traversée des Alpes (GTA)
Le plus long sentier de randonnée balisé au monde, 4200 km à • Haute Route Pyrénéenne (HRP)
travers l’Ouest américain. Il se parcourt à pied ou à cheval en 4 à • Trek du Kungsleden (Laponie suédoise)
6 mois, en général d’avril à septembre, et du sud (frontière mexi- • Trek du Laugavegur (Islande)
caine) au nord (frontière canadienne). À noter qu’il existe aux • Great Divide Trail (Canada)
États-Unis d’autres grands « trails » balisés de ce type. • Appalachian Trail (États-Unis)
• pcta.org, dossier « Ouest américain » dans CA50 • Continental Divide Trail (États-Unis)
• Tour du Manaslu (Népal)
• Tour du Dhaulagiri (Népal),
LES CHEMINS DE COMPOSTELLE • Tour des Annapurnas (Népal)
Si le Camino francés est la portion espagnole la plus empruntée, • Camp de base de l’Everest (Népal)
le nombre de chemins pour arriver à Saint-Jacques-de-Compos- • Traversée du Zanskar (Inde)
telle est aussi varié que les motivations qui poussent les pèlerins à • Etc. !
tenter l’aventure de marcher pendant 1 à 3 mois.
▸ Plus sur expemag.com/go/annee-sabbatique

LA VIA ALPINA
C’est un réseau de sentiers permettant de rejoindre Trieste à Men-
ton et ainsi de parcourir à pied tout l’arc alpin. Parmi eux, l’itiné-
raire rouge est balisé sur 2500 km et organisé en 161 étapes. Il faut
compter environ 4 à 6 mois pour le parcourir.
• via-alpina.org

LA ROUTE EUROVÉLO N°6

Les 3600 km de l’Atlantique à la mer Noire peuvent se parcourir
en 1 ou plusieurs mois. EuroVelo est un réseau d’itinéraires cycla-
bles européens ; la n°6 est une de ces 15 routes longue-distance
qui traversent le continent. L’achèvement des EuroVélo est prévu
Illustration
pour 2020.
Philippe Gady
• eurovelo.com

N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 23

 D E S T I N AT I O N S
ITI N É R AI RE
LE CHOISIR & LE PRÉPARER
TEXTE Augustin Le Rasle et la rédac’
L
orsque l’on prévoit de partir pour plusieurs mois (ou an-
nées), il peut y avoir plusieurs phases dans le voyage, cor-
respondant à des formes d’itinérances différentes ; on peut
distinguer deux types d’échelles :
• l’une – précise – souvent pour des sections plus courtes
du voyage, comme du raid itinérant (ex : trek du Laugave-
gur en Islande, 15 jours de ski-pulka en Laponie…) ;
• l’autre – moins précise, moins prédéterminée, laissant
plus de latitude – pour le voyageur au long cours (ex : pé-
daler de Brest à Vladivostok, traverser la France à pied…).
Ainsi, selon les choix et les phases d’un long voyage, cer-
taines portions seront peut-être à préparer plus précisé-
ment, comme l’on préparerait un raid itinérant (traversée
du Sud Lipez ou du désert de Gobi par exemple).
24 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55
PRÉPARER L’ITINÉRAIRE
RÊVE ET BEAUTÉ, POUR COMMENCER
Dans le cas d’un voyage au long cours, où seuls les points de
départ et d’arrivée sont définis pour le moment, vous pouvez
regarder toutes les zones qui sont à proximité du chemin le
plus court et qui vous inspirent : massifs montagneux, villes
aux noms évocateurs… l’objectif est de tracer une ligne qui
soit belle et vous fasse rêver.
Pour les sections de raid itinérant, une fois l’activité et le
type de milieu choisis, il faut essayer de localiser les zones
correspondant le mieux à vos attentes. Pour cela, une idée
sympa parmi d’autres est de chercher les aires naturelles
protégées, car c’est une relativement bonne assurance
d’y trouver une nature préservée. Bien sûr, dans certaines
régions (Patagonie, Nouvelle-Zélande…), un parc est syno-
nyme de contraintes et interdictions, mais c’est loin d’être
toujours le cas (Alaska, Laponie) et on peut souvent compo-
ser avec celles-ci !
Ensuite, intégrez les contraintes et réadaptez l’itinéraire
si besoin :
• Quelle distance et combien de temps nécessite a minima
le parcours dessiné ?
• Contraintes liées à la saison et au climat (cols enneigés
l’hiver/printemps, vents dominants, saison des pluies...).
• Contraintes de visas (durée), frontières infranchis-
sables, pays impossibles à traverser… ? La situation géo-
politique est-elle partout favorable à votre passage ?

• Le budget est-il respecté ?
• Pour les sections typées raid itinérant, vérifier l’engage-
ment, la distance entre les ravitaillements, les possibilités
de dépose/récupération/secours…
Quelques ordres de grandeur courants :
• À pied, moyenne de 5  km/h, à ajuster selon le dénivelé
(on a l’habitude d’estimer que 100m de dénivelé positif
ajoutent virtuellement 1 km à la distance).
• À vélo, étapes de 50-90 km (sur goudron ou piste entre-
tenue).
• En kayak de mer, moyenne de 5 km/h, à ajuster en fonc-
tion du vent, de la mer, des courants.
Tout cela est évidemment extrêmement variable en fonction
de multiples paramètres comme la topographie, l’environ-
nement, la saison et les conditions météo, la forme phy-
sique, etc.
PAUSES, REPOS ET MARGE
En voyage au long cours, il se révèle important de se ména-
ger des jours de pause, pour du repos tout simplement, pour
faire des détours et visites, pour pratiquer d’autres activités
(par ex. gravir à pied une montagne au milieu d’un voyage à
vélo ou en kayak), pour passer du temps avec des personnes
rencontrées en route ou des proches venus vous rendre visite
quelque part dans votre périple, ou encore pour vous offrir
des vacances ! En effet, il existe une différence importante
Point carto.
Sur le radeau des Solidream
lors de leur descente
du Yukon (cf. solidream.
net, récit dans CA29).
Photo : Solidream
entre un voyage court (quelques jours à quelques semaines)
– que l’on fait souvent pendant ses congés avec l’envie de le
« remplir » au maximum avant de reprendre le cours de sa
vie normale –, et un voyage au long cours qui devient lui-
même le quotidien ! Caroline Moireaux, qui voyage autour
du monde depuis 2011 (cf. piedslibres.com), l’explique ainsi
dans son article pour le dossier « Voyager sans date de re-
tour » de CA52 : « En fait, mon voyage n’étant pas simplement
un voyage mais mon mode de vie, faire une pause revient en
quelque sorte à prendre des vacances comme tout le monde ;
d’ailleurs je m’amuse souvent à dire aux gens que je suis en
vacances lorsque je ne suis ni à pied ni à vélo, la plupart ne
comprennent pas ce que je veux dire… ». Les visites d’amis ou
membres de la famille évoquées ci-dessus constituent sou-
vent, pour le voyageur au long cours, une de ces occasions
de prendre des congés qu’il aura « posés » à l’avance.
Par ailleurs, on essaiera aussi de prévoir de la marge pour
mieux absorber des imprévus. Les conditions météo, par
exemple, peuvent grandement modifier le planning. Si la
marche ou le vélo semblent moins sujets aux aléas (et en-
core, un col enneigé infranchissable peut imposer un sacré
détour), en kayak vous pourrez facilement être bloqués 50%
du temps par des conditions impropres à la navigation, à
ski une grosse chute de neige (ou hausse de la température)
peut réduire drastiquement votre progression… Des enjeux
administratifs (visa, perte ou vol de papiers ou de matériel),
N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 25
 D E S T I N AT I O N S
Massif de l’Hardangervidda
en Norvège.
Suivre l’itinéraire dans
des conditions hivernales
peut s’avérer délicat !
Photo : Coralie
médicaux, humains peuvent aussi faire partie des impré-
vus. Et puis, un imprévu étant par nature non prévu, on peut
seulement anticiper son éventuelle survenue.
Ainsi, lorsque l’on prépare son voyage, même si on n’y
pense pas forcément au début, il est bon d’intégrer dans
nos (tentatives de) plannings prévisionnels, des journées de
pause, des périodes de congés, et de la marge.
CARTOGRAPHIE
Là aussi, selon le mode de progression, le type et l’échelle
nécessaires pour les cartes varieront. Plus les zones sont
sauvages, sur sentiers ou non, et plus le terrain est com-
plexe (typiquement en montagne), plus une cartographie
précise sera utile, au 1/25.000 ou au 1/50.000. Sur un ter-
rain plus simple, ou si on circule sur des pistes et de petites
routes (à vélo par exemple), on peut se contenter d’échelles
plus larges : 1/100.000 à 1/500.000. Le sujet mériterait (mé-
ritera !) un dossier complet, mais voici quelques éléments
généraux.
L’AUTEUR
En quête de beauté et de liberté, Augustin a
récemment parcouru les Andes à pied pendant
6 mois, pagayé autour de la Corse, en Bretagne,
Alaska et Norvège, et skié en Laponie.
26 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55
PRÉPARER L’ITINÉRAIRE
Cartographie sur smartphone.
L’application Locus Map,
avec un des fonds de carte
OpenStreetMap, utilisée ici
lors d’un tour de l’île de Cres
en kayak de mer (Croatie).
Cartes papier
En France, nous avons la chance d’avoir les cartes IGN au
1/25.000 (entre autres) parmi les plus qualitatives et com-
plètes du monde. Les autres pays (occidentaux) disposent
souvent d’instituts géographiques produisant des cartes
topographiques correctes que l’on peut de plus en plus
aisément commander sur internet avant de partir. Pour les
cartes un peu difficiles à trouver, il existe des sites spéciali-
sés. Certains fournissent aussi des cartes produites par deux
grandes puissances ayant œuvré à cartographier le monde :
les USA et l’URSS (à son époque...). Par exemple omnimap.
com – où l’on trouve les fameuses cartes américaines TPC,
Tactical Pilot Chart (selon les résolutions elles se nomment
JOG (1:250.000), TPC (1:500.000), ONC (1:1.000.000), JNC
(1:2.000.000), GNC (1:5.000.000)) –, ou mapstor.com – où
l’on trouve, sous forme d’images calibrées, les cartes russes
qui sont, de notre point de vue, très bien faites, peu chères
(voire parfois gratuites au format numérique) et utilisables
sur certains GPS. Seul bémol, sur les cartes russes, les noms
sont en cyrillique, mais moyennant quelques efforts, on s’y
fait assez vite J. Dans de nombreux cas, on sera amené à
imprimer soi-même à partir d’images numériques les (par-
ties de) cartes utiles ; on pourra ensuite les plastifier et/ou
les mettre dans un porte-cartes étanche. À noter que de nos
jours, les coûts, poids et volume non négligeables des cartes
papier, et la praticité de plus en plus grande des supports et
applications numériques, incitent de nombreux voyageurs
à utiliser aussi (surtout ?) des cartes numériques...
 Voyagez léger mais ne faites
jamais de compromis.
Choisissez les tentes
Hilleberg.
Cartes numériques
Prévoir un voyage avec les outils cartographiques en
ligne à l’approche des années 2020 n’est assurément
par pareil qu’au XXe siècle, ou même au début du XXIe !
Les possibilités sont multiples et nécessiteraient là en-
core un dossier complet !
Entre autres  : OpenTopoMap (opentopomap.org,
issues des données de la cartographie collaborative nallo gt
OpenStreetMap  ; à noter que l’on peut utiliser cette Légère, solide, facile à monter et à transporter.
carto hors-ligne sur des GPS Garmin), ESRI World To- Tente toutes saisons avec une abside rallongée
pographic Map ou Google Maps (avec relief) ont une
de notre gamme red label. Disponible en
couverture topographique mondiale.
version 2, 3 et 4 personnes.
Pour la France, l’IGN donne un accès libre à de très
nombreuses données cartographiques via le site géo-
portail (geoportail.gouv.fr). La plupart des pays ont
leur propre service de topographie, et fournissent par-
fois de très bons outils cartographiques que l’on pourra
trouver et consulter sur Internet (par exemple pour la
Norvège, les très riches kart.lofoten.info.wips.no/en,
ou même en français  : visitnorway.fr/maps). Selon la
zone du monde, il faut regarder les différentes sources
de cartographie car certaines s’avèrent nettement plus
complètes que d’autres.
Avec un smartphone, il existe tout un tas d’applications
de cartographie utilisables (plus ou moins facilement)
hors connexion, certaines gratuites, d’autres payantes
en totalité ou pour des fonctionnalités avancées.
Quelques exemples  : ViewRanger (viewranger.com),
SityTrail (sitytrail.com), OsmAnd (osmand.net),
Oruxmaps (oruxmaps.com), Locus Map (locusmap.eu),
All-In-One OfflineMaps (offline-maps.net), Visorando
(visorando.com), MyTrails, iPhiGéNie (iphigénie.com,
accès aux cartes de Géoportail, France et quelques
pays d’Europe  ; à noter qu’il existe l’appli Géoportail
Mobile, mais elle n’offre entre autres pas la possibilité
de télécharger des cartes hors connexion).
Ces applications permettent pour la plupart d’intégrer
des traces GPS (format GPX souvent) créées ou récupé-
rées ailleurs (sur MyTrip par exemple) afin de les suivre Daniel Mathias /machaon-lights.com
sur le terrain, d’en créer en temps réel pendant votre
itinérance (attention à la consommation de batterie de
votre smartphone). Veiller tout de même à vérifier la depuis plus de 45 ans, Hilleberg produit des tentes
disponibilité de la cartographie hors France, et à télé-
charger les fonds de carte ou les tuiles correspondant à
de la plus haute qualité. Crées en Suède et fabriquées
votre parcours pour les utiliser ensuite hors connexion. en Estonie, elles sont utilisées partout dans le monde.
MyTrip (expemag.com/mytrip)  : c’est l’outil en ligne
développé par Carnets d’Aventures, il permet de prépa-
Les tentes Hilleberg offrent le meilleur ratio entre
rer son itinéraire sur un fond de carte dédié (plusieurs solidité, légèreté, facilité d’utilisation et confort.
fonds de carte possibles, dont OpenTopoMap), et créer
des comptes-rendus illustrés avec photos et cartes
agrémentées de points spécifiques (bivouacs, sources
d’eau, ravitaillements possibles…). MyTrip est alimenté
par des voyageurs qui publient leurs itinéraires avec
cartes et photos. Il est possible de télécharger les traces
GPS – d’un itinéraire que l’on a au préalable préparé
sur le fond de carte, ou du topo d’un autre voyageur – et En savoir plus sur
de les utiliser ainsi sur son GPS ou son smartphone.   
HILLEBERG.COM
+ 46 (0)63 57 15 50
N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 27
Suivez-nous sur facebook.com/HillebergTheTentmaker
 COMMENT DÉPENSER MOINS, VOYAGER PLUS

DÉPENSER MOINS POUR

VOYAGER PLUS
CULTIVER LA SOBRIÉTÉ HEUREUSE

Dépenser moins pour voyager plus a été parmi les préoccupations

d’Olivier pendant les 7 années de son voyage autour du monde
à vélo et parapente. Avec pour règle de n’utiliser aucun moteur,
il faisait du voilier-stop pour traverser mers et océans.

TEXTE Olivier Peyre Une couverture de survie,

PHOTOS Olivier Peyre et Nadège Perrot quelques suspentes et nous
voilà lancés à travers le
enrouteavecaile.com • FB : En Route Avec Aile salar d’Uyuni. Bolivie, 2009.

28 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55


«
Qui veut aller loin ménage sa bourse »
pourrait être la maxime du voyageur.
Battre la chaussée dans le «  Grand
Dehors  » est bien joli mais la perfu-
sion mensuelle d’un salaire relié à la
carte bancaire se tarit au départ d’un
voyage au long cours.
Bernard Moitessier écrivait que gagner
de l’argent se fait en deux étapes : la
première c’est de faire rentrer l’argent,
la deuxième... c’est d’éviter de le faire
sortir  ! Prenons l’hypothèse que la
première concerne l’avant-départ et
intéressons-nous à la deuxième, la
seule sur laquelle on peut agir une
fois le perron franchi.
Perpétuer nos habitudes dépensières,
dans un contexte où notre bourse n’est
pas régulièrement renflouée, équivau-
drait à un retour à la case départ : la
maison  ! On croit souvent qu’il y a
une relation directe entre confort et
dépense. Quelle erreur  ! Sept années
autour du monde m’ont conforté dans
la conviction inverse. Il faut, pour
cela, repenser les bases sur lesquelles
notre quotidien se structure.
COMMENT RESTRUCTURER SA
VIE QUOTIDIENNE ?
J’aimais autrefois m’offrir des acti-
vités ou du matériel coûteux, alors
je consommais et dépensais. Mais
si mon naturel pouvait s’en trouver
changé, si simplement je me mettais
à aimer des choses, sobres, gratuites,
alors le bonheur, le confort ne me
seraient-ils pas octroyés sans effort ?
Il faut en tout de la méthode. La
mienne fut d’analyser chaque poste
budgétaire de ma vie sédentaire pré-
départ.
• Logement  : le loyer occasionnait
une grosse hémorragie chaque
mois. Devenir propriétaire devenait
urgent. Je fis l’acquisition d’une
tente, la meilleure qui soit. Il me
fallait un minimum de confort pour
aimer passionnément mon chez
moi, à tel point que je refusais sou-
vent des invitations pour dormir en
dur, le bivouac confortable étant le
Graal du voyageur fatigué.
• Loisirs à sensation  : pourquoi
pas  ? Seulement, ils coûtent cher
au backpacker qui suit à la lettre
sa liste de «  choses à ne pas man-
quer  ». J’apportais avec moi un
parapente et chaque colline deve-
nait une aventure possible, sans
« coût » férir.
• Les bars – ces lieux de perdition de
mes petites économies – ont perdu
Une trousse à bricole
optimisée se fabrique
doucement à l’ombre de
l’inséparable paréo. Une
discipline quotidienne faite
de couture, de réparation,
de micro-maintenance est
de rigueur pour mener
le voyageur sur le long
cours. Australie, 2013.
à mes yeux l’attrait social et joyeux
qu’ils revêtaient autrefois. Je m’y
ennuyais vite, percevant à chaque
tournée les jours de liberté en moins
qu’elle me coûtait. D’habituels et
bienvenus, ils devinrent réservés à
des rencontres particulières.
Et ainsi de suite…
5 kuài (« pièces » en chinois) par jour,
en quelque monnaie que ce soit – dol-
lars, euros, yuan, etc. était devenu ma
règle.
ET SI LE CONFORT ÉTAIT DE VIVRE
DEHORS ?
Une journée réussie se trouvait être
dehors. Une marche, un bivouac, un
feu, une balade aérienne, une belle
étape à vélo me suffisaient. Mieux,
c’était un besoin  ! Une nuit à l’hôtel
m’enlevait les étoiles, l’odeur du
bivouac, le chant des oiseaux au ma-
tin, le froid bienfaisant sur le visage
donnant au corps emmitouflé la sen-
sation inimitable de se trouver dans
un cocon doucereux. Le bonheur, le
confort étaient souvent inversement
proportionnels à la dépense attitrée.
Quel cadeau à faire à son futur soi
que d’aimer la sobriété et de la pré-
férer aux dépenses inutiles ! Un léger
inconfort matériel suscitera générale-
ment une plus grande «  intelligence
d’objet  » ou fera prendre conscience
que l’objet manquant n’était finale-
N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 29
 COMMENT DÉPENSER MOINS, VOYAGER PLUS

MES OBJETS CULTES

D’une cannette trouvée
sur le bord du chemin, on
fait un réchaud digne d’un
cadeau de chef maori.
Nouvelle-Zélande, 2012.
Le paréo coupe
efficacement le vent
dans les premiers frimas
d’altitude, avant de pouvoir
trouver des sur-gants de
motards sur le bord de la
route. Qinghai, Chine, 2015.
⊲ Paréo (avec en option une boucle à chaque
coin) : les fonctions de ce bout de tissu qu’on
choisira léger et résistant sont multiples : jupe
unisexe, serviette, chapeau, passoire, bandage,
cadenas (noué autour de la roue), pare-soleil,
paravent, baluchon, couvre-trucs-précieux… Si
je ne devais emporter qu’un seul objet, ce serait
mon choix !
⊲ Bouts de suspente (petites « ficelles » de
parapente, fines et solides) : pour accrocher tout
partout (le paréo par exemple). Recommanda-
Un morceau de chambre à tion : connaître par cœur les nœuds de chaise
air et un peu d’imagination et coulant.
pallient efficacement ⊲ P3RS : un réchaud à alcool ultraléger DIY à
l’absence d’un lourd base d’une canette en 15 minutes. Multi-usage,
pneu de rechange. il permet de cuire mais peut aussi constituer un
Colombie, 2009. cadeau incroyablement apprécié chez les hôtes
du soir. La pyrotechnie émerveille toujours.
⊲ Lanières de chambres à air et duct-tape : la
base du bricolage fiable !
⊲ Cuillère-fourchette en titane, ergonomique.
⊲ Bol/planche à découper de la marque Orikaso.

corps savait qu’il n’avait pas besoin DEMANDER L’HOSPITALITÉ SANS

ment pas indispensable. La sobriété,
l’amour du peu donneront à chaque
petite parcelle possédée une valeur
grandie. J’ai fait durer 6 mois un petit
pot de Nutella dans le désert austra-
lien, cadeau d’une automobiliste gé-
néreuse. Chaque midi je m’octroyais
une micro-lichette. Mon compagnon
de voyage du moment, lui, s’offrait le
luxe régulier d’un grand pot. À grands
coups de cuillère, il engouffrait des
sensations papillaires par milliers.
J’ai essayé. Une fois. Je n’ai pas trouvé
que la multiplication des sensations
était proportionnelle à celle de la
quantité. Pire, j’étais déçu  ! La sen-
sation passait un cap au-delà duquel
une forme de dégoût venait s’instal-
ler. Il y en avait simplement trop. Le
d’autant, seul l’esprit était appâté. Et
c’est pareil pour les objets.
Chacun d’eux apporte une respon-
sabilité. Pour le chargement de mon
vélo, j’analysais chaque chose de
façon multicritère avant de décider
ou non de le transporter  : le prix,
le poids, le volume, la fonction, la
réparabilité. Mais, en sus, il devait
s’inclure dans un critère plus large  :
le nombre d’objets en ma possession.
Tout objet apporte avec lui la respon-
sabilité inhérente de le posséder, de
l’entretenir, de savoir simplement
qu’on le possède. Subséquemment,
son absence apporte une tranquil-
lité d’esprit bienheureuse, qui peut
compenser l’absence de confort qui
découle de sa perte, ou du choix de
ne point le posséder. Ainsi fus-je
puissamment heureux quelques mois
avant mon départ de voir partir ma
voiture dans les mains d’un autre.
J’en plaignais presque l’acquéreur !
La sobriété est souvent synonyme de
pauvreté, d’absence de confort, de
restriction de liberté. On parle sou-
vent de pouvoir d’achat comme de
la recette automatique pour un plus
grand bonheur, une des causes pour
lesquelles cela vaut la peine de mani-
fester. Il ne tient qu’à nous de poser
un autre regard dessus, d’expéri-
menter une vie libérée, en partie, des
contraintes matérielles.
COÛTER
Plus je payais, moins bien j’étais servi.
Ce constat cynique offrait le réalisme
des choses humaines. L’économie
monétaire avait évincé, rincé l’écono-
mie des rapports humains. Je payais
donc j’étais… un client. Je ne payais
pas donc j’étais... invité. Je sens vos
poils se hérisser, la critique venir sur
vos langues et claviers. À partir de
quel moment abuse-t-on de la bonté
des personnes que l’on rencontre  ?
Peut-on voyager sans argent – comme
l’ont fait Muammer Yilmaz et son aco-
lyte – sans impacter les dépenses de
ceux qui vivent souvent avec peu ? Les
Nus et culottés, J’irai dormir chez vous
et autres artistes de l’incruste nous
prouvent qu’il est possible de voyager
avec rien et d’être accueillis pour ce
que nous sommes plutôt que pour la
bourse que nous représentons en tant
qu’Occidentaux. À chacun de trouver
l’approche avec laquelle il se sent
bien… La mienne fut, après avoir goû-
té à la parfaite candeur du « j’échange
une histoire contre pain et coucher »,
d’apporter sur la table une autono-
mie de rigueur qui m’allait comme un
gant. Dans mon sac j’emportais l’équi-
valent de mon repas, souvent du riz,
quelques légumes, de quoi me nour-
rir, frugalement, mais honnêtement.
L’on m’invitait et je ne refusais pas,
mais si je demandais quelque chose,

30 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55


je veillais à ne pas impacter mon hôte
par des dépenses supplémentaires.
Un couchage ne lui coûtait rien moné-
tairement parlant, un repas, si. Telle
fut ma nouvelle règle morale, l’assu-
mer me permettait de rester ouvert à
l’invitation, sans gêne.
COMMENT DÉPENSER MOINS SANS
CONSOMMER DU LOW-COST ?
S’équiper en bonne intelligence
Le matériel embarqué est souvent
le reflet de nos angoisses face au
«  Grand Dehors  ». Ceci étant dit,
même avec une bonne psychothé-
rapie, il faut bien s’équiper un mini-
mum  J. J’ai constaté, pendant mes
7 années autour du monde, qu’une
règle s’appliquait souvent : un jour =
une casse ou une perte.
Le choix
Le choix de chaque objet est le résul-
tat d’une subtile équation entre fré-
quence et facilité d’utilisation, néces-
sité, solidité, fiabilité, poids, volume,
coût, éthique, esthétisme…
Par exemple, certains médicaments
puissants ne servent jamais (fré-
quence, poids, volume, coût faibles)
sauf pour nous sauver la vie (néces-
sité élevée). À l’inverse, un bout de
tapis de sol est encombrant mais tel-
lement agréable au quotidien pour
s’asseoir n’importe où. Le darwinisme
du matériel, provoqué par la réalité du
terrain, est un filtre efficace. Deman-
dez à un voyageur en fin de voyage ce
qu’il a rejeté de son équipement, vous
aurez au moins une chance de savoir
ce qu’il faut éviter.
J’étais persuadé que cette sélection
faisait consensus chez tous les voya-
geurs au long cours. Mais étonnam-
ment, il n’en est rien  ! Les stratégies
sont tellement dissemblables qu’elles
provoquent des discussions animées
au bivouac.
J’aimais demander quel était « l’objet
de luxe » pris à bord. Le mien était un
parapente, pour d’autres un gros re-
flex numérique, quelqu’un m’a même
sorti de son paquetage minuscule…
un multimètre ! Il était électricien…
Don’t worry...
Avant mon départ, mes angoisses de
manquer étaient au paroxysme. Pour
trouver la force de partir, une devise
m’est venue : « the road provides ». La
route crée le besoin et en parallèle sa
“
solution. Ce dogme s’est fait jurispru-
dence quand, au passage hivernal des
hauts cols andins, l’on m’a donné des
pulls avant l’ascension, ou quand j’ai
trouvé cet iPhone par terre alors que La perfection est
communiquer devenait une néces-
sité, sans compter ces innombrables atteinte, non pas
„
briquets trouvés pour allumer mon
réchaud...
lorsqu’il n’y a plus
rien à ajouter,
Neuf ?
Mieux vaut parfois une tente qui a mais lorsqu’il n’y a
bien servi, dont vous avez déjà étan-
chéifié les coutures défaillantes,
plus rien à retirer
plutôt que le dernier modèle qui, lui (Saint-Exupéry)
aussi, aura ses points faibles, et que
la réalité du terrain ne vous a pas fait
encore connaître. Le DIY (Do It Your-
self) permettra aux bricoleurs d’adap- Tiraillements des logistiques maté-
ter, renforcer, personnaliser ou carré- rielles ! Prenez un marcheur, enlevez-lui
ment de fabriquer certains éléments son sac, et contemplez son bonheur !
de matériel. Jusqu’au repas du soir, me direz-
Moins onéreux que le neuf, l’occa- vous ? Faites-lui aimer le peu, faites-lui
sion offre pas mal d’avantages, sauf préférer un léger inconfort souvent
compensé par une plus grande « intel-
concernant la garantie du construc-
ligence d’objet », rendez-le heureux
teur, souvent absente mais souvent
de jeûner comme l’ont fait l’été dernier
inutile aussi. Exception faite pour
Florian Gomet et Damien Artero lors
certains fabricants, chers à l’achat,
d’une traversée de 14 jours d’un massif
comme MSR, Primus, Leatherman,
canadien, et vous verrez un petit sac,
Therm-a-Rest et d’autres qui offrent
léger, qui rend la marche intensément
un SAV à vie sans devoir justifier
heureuse, la sensation d’être au milieu
d’une facture.
d’un grand Tout, comme un poisson
Quelques raisons de se tourner vers
dans l’eau, l’harmonie retrouvée avec
du neuf :
son milieu.
• Usure à zéro  : pneus, tente, corde
d’escalade, casque, batteries...
• Garantie  : matériel électronique,
marques de qualité avec SAV à vie...
• Innovation, compacité, légèreté,
multifonctionnalité et fiabilité ac-
crues.
Récup et upcycling
On peut développer un état mental
propre à la récup : l’upcycling consiste
à redonner vie à un objet en transfor-
L’AUTEUR
mant son utilisation. Voir un bout de Entre 2008 et
caoutchouc sur la route et se deman- 2015, Olivier Peyre
der aussitôt comment on va bien pou- effectue un tour du
voir l’utiliser (lance-pierres contre monde sans moyen
féroce chien tibétain pour ma part). motorisé : à vélo,
Une trousse de bricole personnalisée avec un parapente
est primordiale. La couture sauvera – dans ses sacoches,
sinon le monde – du moins quantité et en pratiquant
de choses au cours du voyage. le voilier-stop pour les traversées
La limite de cette pratique sera la maritimes. On peut lire ses aventures
place. Garder en tête un principe va- dans CA33, CA45 et dans son livre En
lable pour nombre d’objets (sauf les route avec aile publié aux éditions du
médicaments)  : «  3 mois sans l’utili- Chemin des Crêtes et disponible sur
ser, autant s’en débarrasser. »  son site.
⊲ enrouteavecaile.com
N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 31
 COMMENT (CO)FINANCER SON VOYAGE

Les montagnes
majestueuses du Pamir.
Partir vadrouiller sur
les crêtes tadjikes peut
coûter cher. Budget
perso ou financements
extérieurs, il n'y a pas
de mauvaise solution.

TROUVER DES
(CO)FINANCEMENTS
POUR SON VOYAGE

TEXTE ET PHOTO Brian Mathé pour Solidream

solidream.net • FB : Solidream • Insta : solidream_team

L
orsque nous sommes partis sur notre
tour du monde, les seules entreprises à
avoir soutenu le projet étaient nos an-
ciens patrons car ils connaissaient notre
sérieux. La confiance, dans ce domaine,
c’est la base. Pour autant, nous n’avions
pas strictement besoin de ces dons car
nous avions travaillé pendant 2 ans pour
nous offrir 3 ans de liberté. Et ça comp-
tait. Leur générosité était un bonus assez
important mais notre départ ne dépen-
dait pas d’eux.
Depuis, nous conseillons plutôt de procé-
der ainsi, ça évite pas mal de temps perdu
à créer de beaux dossiers, au demeurant
parfois nécessaires pour clarifier ses
idées, un peu moins pour être réellement
lus par la personne derrière l’adresse
marketing@marquetropcool.com. Il est
plus efficace de faire passer le mot aux
décideurs proches – par exemple, le
maire de la commune peut être fier de
contribuer !
C’est après avoir roulé 3 ans autour du
monde, autoproduit notre long-métrage
(9 mois de travail à temps plein) que
nous avons signé un premier « contrat »
de partenariat financier avec Vaude. En
réalité, nous vendions un film, ce n’était
donc pas à proprement parler du sponso-
ring. Jusque-là, c’est surtout les gens qui
nous suivaient sur le net qui avaient sou-
tenu notre association. J’ose croire qu’ils
voyaient un travail de qualité, et ça aussi,
ça reste la base.

32 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55

 Démarcher des partenaires ou sponsors,
PARTENAIRES c’est du travail et des contraintes, surtout
OU SPONSORS si vous demandez un soutien financier en
plus du matériel. Il ne faut pas s’imaginer
récupérer un don sur un vague concept im-
provisé dans un mail : « Je vais faire le tour
d’Europe en trottinette, ça va être génial,
sponsorisez-moi ». Quand on s’engage avec
quelqu’un, on s’attend à un minimum de
sérieux de la part de son interlocuteur. Le
futur voyageur doit démontrer comment la
marque sera mise en valeur  : vidéos web,
travail photographique, article, livre ou en-
core long-métrage. En tant que financeurs,
ils peuvent aussi trouver la légitimité de dire
ce qui leur plaît moins. Dans tous les cas, le
but est de démontrer sa singularité et com-
ment celle-ci colle avec les valeurs de ladite
entreprise. Malheureusement, en 2019, on
vous demandera probablement de chiffrer
votre «  audience  »  : combien de followers
vont-ils toucher en travaillant avec vous  ?
Enfin, il reste le crowdfunding ou finance-
CROWDFUNDING ment participatif. À quelques exceptions
près, c’est souvent les proches qui contri-
buent d’abord  : il vaut mieux accepter
que les projets viraux (c’est-à-dire au suc-
cès d’ampleur et de rapidité incroyables)
n’existent pas. Et il est bien plus facile d’arri-
ver à réunir un budget avec une grosse com-
munauté web. Mais certaines plateformes
comme Ulule donnent un peu de visibilité,
des inconnus verront forcément votre projet,
alors pourquoi pas. Là encore, soyez clair,
montrez que vous avez bossé, et assurez-
Plusieurs organismes (associations ou
BOURSES entreprises) proposent des bourses pour le
voyageur, souvent avec une thématique et
ou des critères (d’âge par exemple). Monter
un dossier pour obtenir une bourse peut
demander beaucoup d’énergie et de temps.
Il sera donc là aussi intéressant de vous
poser des questions comme  : avez-vous
réellement besoin d’un soutien financier et/
ou matériel ? Si oui et si vous obtenez une
bourse, avez-vous aussi envie de satisfaire
les exigences de votre partenaire ou sponsor
(blog alimenté, conférences, film, etc.) ?
Voici quelques exemples de bourses (voir
aussi expemag.com/go/annee-sabbatique) :
▸ Aventure du Bout du Monde
Bourse Jeunes Voyageurs 2019
www.abmrennes.eu/bourse
▸ AVI International
Bourse du film de voyage audacieux
(voyage d’aventure, solidaire ou
responsable)
avi-international.com/vous-voyagez/bourse-avi
C’est devenu un réflexe.
Cela dit, le «  coup de cœur  » est toujours
à portée de main. Proposez un «  pilote  »
(exemple à petite échelle de ce que vous
voudriez réaliser en plus grand), faites mar-
cher votre réseau actuel à fond, allez voir
les gens en personne, au pire appelez-les si
possible (nous avons roulé toute une nuit
en direction de l’Allemagne afin de rencon-
trer des responsables chez Vaude). Si votre
projet unique séduit, ça peut faire mouche,
mais cela reste très difficile face à l’océan de
blogueurs voyage et autres aventuriers aux
x mille followers sur Instagram. Là, votre
dossier tout propre devient utile (en main
propre, peut-être même en anglais, please).
Et si on vous demande : « De combien avez-
vous besoin  ?  », sachez répondre. La ten-
dance est au storytelling où les marques ont
parfois besoin d’accoler des histoires origi-
nales pour créer leur esprit, illustrer leurs
valeurs. La vidéo a le vent en poupe.
vous que les gens n’aient pas l’impression
de faire un don sans savoir à qui ni à quoi, et
qu’ils reçoivent quelque chose de précieux
en participant.
Les plateformes de crowdfunding sont de
plus en plus nombreuses, certaines ont
des « thèmes » de prédilection, renseignez-
vous un peu avant de la choisir. En voici
quelques-unes utilisées régulièrement (en
2018-2019) par des projets de voyageurs  :
Ulule, Leetchi, Kisskissbankbank, Kickstar-
ter, etc. !
▸ Cyclo Camping International (CCI)
Bourse Jeune Cyclo-Voyageur 2019 (moins
de 30 ans)
cyclo-camping.international
▸ Bourses Expé
Expéditions dans les sports de montagne
bourses-expe.com
▸ Guilde européenne du raid
Projets d’exploration à caractère sportif (à
pied, à cheval, en canoë, en ulm, à vélo…)
la-guilde.org
▸ Zellidja
Voyages de jeunes de 16 à 20 ans
zellidja.com
▸ Millet Expedition projet
millet-expedition-project.com
▸ Etc. ! 
N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 33
 COMMENT
TRAVAILLER
EN VOYAGEANT
TEXTE
ILLUSTRATIONS
U
ne des croyances bien ancrées,
encore, en Occident est celle qui
consiste à penser qu’il faut habiter
dans un endroit moche et surpeuplé
pour trouver du travail. Et qu’il faut
un travail pour générer des revenus.
C’est sans doute vrai quand on bosse
dans l’industrie, mais concrètement
une économie toute nouvelle, celle de
la connaissance, est en train d’émer-
ger depuis la généralisation d’Inter-
net. Cette nouvelle économie nous
libère de plus en plus des contraintes
géographiques. Tant qu’on peut com-
34 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55
TRAVAILLER EN VOYAGEANT
David Manise, « grand manitou » au CEETS
(Centre d’Etudes et d’Enseignement des Techniques de Survie)
davidmanise.com
Philippe Gady
muniquer des données sur un réseau
ou envoyer une carte SD par la poste,
on peut généralement contribuer à
cette nouvelle économie et gagner
des sous dématérialisés qu’on pourra
dépenser dans l’endroit paradisiaque
de son choix ensuite, tout en profitant
d’un pouvoir d’achat parfois démesu-
ré par rapport au coût de la vie locale.
En clair, travailler moins pour kiffer
plus.
S’affranchir des contraintes géogra-
phiques et des coûts liés à l’habi-
tat dans les pays riches et les zones
«  où on trouve du travail  » est vrai-
ment une économie de temps et de
contraintes, et ça constitue un style
de vie qui ouvre des perspectives in-
croyables, dont celle de travailler tout
en voyageant.
J’ai ainsi écrit mon premier bou-
quin tantôt en Irlande, tantôt dans
la montagne en France, mon fidèle
laptop (ordinateur portable) dans le
sac. J’ai passé le plus clair de mon
temps, ces dernières années, à créer
des contenus de stages et à dévelop-
per des contenus gratuits à mettre
en ligne depuis le canapé d’amis, de
campings, d’apparts à Ajaccio loués
en Airbnb, de trains ou de bateaux.
J’ai écrit depuis le Népal. J’ai écrit de-
puis le Québec. J’ai écrit depuis plein
d’endroits sympas. Et aussi parfois de
chez moi, parce que j’aime bien être
chez moi, oui. Au fin fond d’un cul-
de-sac dans la Drôme, dans un petit
hameau où jamais je ne trouverai de
boulot si je ne le crée pas moi-même.
Pourquoi se priver  ? Pourquoi rester
fixé à un endroit  ? Par simple habi-
tude ? Par sentiment d’interdit ? Parce
que trop kiffer c’est pas bien ? 
Les solutions techniques sont
simples : un laptop et un chargeur ou,
mieux, en mode vraiment nomade,
une tablette robuste et un clavier
bluetooth qui permettent de faire qua-
siment tout (sauf éventuellement des
tâches lourdes comme du montage vi-
déo ou du graphisme avec des fichiers
lourds, et encore), et qui peuvent
se recharger avec l’aide d’un simple
chargeur USB – chose qu’on peut
facilement trouver au fond du Népal
comme près des cocotiers d’une île
thaïlandaise. Et je ne parle même pas
du panneau solaire et de la « power-
bank » (batterie externe rechargeable,
cf. p.102, ndlr) qui permettent d’être
totalement autonome dans la durée,
pour peu qu’on s’y prenne un mini-
mum intelligemment.
Voici quelques idées d’autres
moyens de subvenir à ses besoins
vitaux sans nécessairement écrire
un livre ou devenir digital nomad…
▸ Vous êtes propriétaire d’un loge-
ment en Europe  ? Avec les revenus
générés par sa location, vous pouvez
vivre grassement dans pas mal de
pays.
▸ Vous êtes d’accord pour bosser une
partie de l’année en Europe  ? Vous
faites ça intensivement, vous mettez
des sous de côté, et le reste de l’année,
avec la différence du coût de la vie,
vous baroudez où vous voulez dans
des endroits sublimes.
▸ Certaines professions, aussi, sont
carrément nomades et sont deman-
dées partout. Des boulots comme
masseur, kiné, barbier, ostéopathe,
médecin traditionnel chinois, ou
même tatoueur… Tout ce qui peut
se faire avec ses mains et des outils
transportables peut devenir une
source de revenus à l’étranger, pour
peu que vous puissiez trouver un cré-
neau (tant dans la demande que dans
les lois locales sur le travail, dont il
faut parfois se méfier, notamment aux
USA, par exemple).
▸ Faire des petits boulots le temps de
renflouer les caisses et repartir : selon
les compétences et les capacités, et en
fonction des possibilités de travailler
à l’étranger (il faut bien se renseigner
sur les lois locales, visas de travail
temporaires, etc.). Moyennant un peu
de rusticité, on peut souvent économi-
ser beaucoup sur le logement, être un
peu frugal, et renflouer assez vite les
caisses, surtout dans les pays moins
pauvres où les salaires pour les petits
boulots faciles à trouver (ouvrier agri-
cole, serveur, etc.) sont raisonnables.
▸ De nombreux moyens existent pour
travailler en échange du gîte et du
couvert, cela peut permettre de voya-
ger plusieurs mois en dépensant peu :
woofing, workaway…
▸ Autre option pour voyager long-
temps tout en se rendant utile  : un
séjour humanitaire. Les critères de
sélection sont de plus en plus ser-
rés – pour éviter les profiteurs – et
les risques, dans certains pays, aug-
mentent beaucoup depuis quelques
années. Mais concrètement l’huma-
nitaire reste un moyen génial de vivre
une expérience humaine riche (et
souvent confrontante) et enrichis-
sante.
Bref, concrètement, une fois qu’on
allège le poste de dépenses lié au
logement et à la nourriture, en vivant
dans des endroits moins chers, les
possibilités deviennent littéralement
surprenantes.
Pour trouver de la connexion In-
ternet, plusieurs options s’offrent à
vous.
▸ Votre propre téléphone, avec un for-
fait international, peut souvent être
la solution la plus simple : plusieurs
opérateurs fournissent depuis un an
ou deux des forfaits qui permettent
une vraie connexion Internet avec
beaucoup de gigas octets, même dans
pas mal de pays étrangers. Attention
de bien lire les petites lignes, mais ça
commence à devenir carrément pos-
sible.
▸ Une carte sim locale dans un rou-
teur wifi  : il est généralement pos-
sible, moyennant parfois l’aide d’un
résident local qui achète la carte
sim pour vous (pas mal de pays de-
mandent une pièce d’identité et/ou
de résidence pour pouvoir acheter
une sim prépayée), d’acquérir des
forfaits prépayés  ; ils sont souvent
très peu onéreux, et la 4G débarque
désormais en force un peu partout
dans le monde, même dans les zones
les plus reculées. Dans la campagne
népalaise, notamment, j’ai été surpris
de voir les gens regarder des films de
Bollywood en streaming HD sur leurs
smartphones, alors qu’ils n’avaient
pas l’eau courante ni l’électricité au-
trement que quelques heures par jour
(juste de quoi charger les powerbanks
et les téléphones quoi).
▸ Les wifis qui traînent de plus en
plus partout : cafés, restaurants, bars,
gares. Les wifis ouverts sont de plus
en plus souvent disponibles. Dans
mon expérience, sauf en Europe et en
Amérique du Nord, ils sont souvent à
la fois saturés, lents, et très peu sécu-
risés. Parfois, le niveau de sécurité
sur ces réseaux est si bas que certains
sites refuseront de vous donner un
accès à vos comptes (mails, banques).
Mais ça peut dépanner, faute de
mieux…
Quelques conseils techniques, issus
de mon expérience désastreuse  :
▸ Une petite valise étanche pour votre
laptop, c’est encombrant et lourd,
mais selon les environnements, c’est
vital  : ça protège quand même bien
de la flotte, mais aussi et surtout de la
poussière et des impacts (l’écran LCD
d’un laptop est relativement flexible,
mais jusqu’à un certain point…).
▸ Préférez si possible un disque dur
SSD (généralement hors de prix pour
de grosses capacités de stockage,
mais plus rapide et surtout résis-
tant bien mieux aux impacts que les
disques durs à plateau classiques). Il
est complètement possible de chan-
ger le disque dur de son laptop avant
de partir en voyage, et de le remplacer
par un SSD, quitte à laisser une partie
de ses données lourdes à la maison.
Vous aurez, j’espère, mieux à faire
que de regarder des films en HD sur
votre ordinateur une fois là-bas .
▸ Vérifiez que votre banque accep-
tera une connexion à votre compte en
ligne depuis l’étranger… c’est souvent
compliqué.
▸ Faites des copies de votre boulot
sur des clouds… outre la destruction
physique du disque dur, les vols sont
quand même courants. L’accès à un
cloud dont vous aurez mémorisé le
mot de passe contournera le pro-
blème. 
N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 35
 R É C I TS PLANISPHÈRE

MY HAPPY
CANADA TOUR

⊲ PAGE 80

RÊVE NOMADE
VÉLO ET GRIMPE EN FAMILLE
⊲ PAGE 38

VÉLO ET ESCALADE
DU YOSEMITE À LA VÉLO ET WOOFING
PATAGONIE EN FAMILLE
⊲ PAGE 90

⊲ PAGE 88

36 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55

 DE LA ROCHELLE
À L’ANTARCTIQUE
À LA VOILE
⊲ PAGE 92

HEUREUX
VAGABONDAGE
⊲ PAGE 60

À VÉLO À TRAVERS
L’AFRIQUE
⊲ PAGE 70
GLOBE CAMPEURS
⊲ PAGE 48

N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 37

 RÉCIT RÊVE NOMADE

Rêve
NOMADE
18 mois en famille à vélo et escalade

Inutile d’essayer d’aller plus loin, Emma, sept ans,

ne veut plus rien entendre ni même donner un coup
de pédale de plus… Cela fait un an que François-
Xavier, Cécile et Emma sont partis pour une durée
indéterminée autour du monde à vélo et grimpe. Un an
qu’ils s’émerveillent sur le bonheur de vivre dehors au
quotidien. Arriveront-ils à tenir la promesse faite en début
de voyage de renoncer si l’un d’eux le souhaitait ?

38 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55

 Direction le parc de
Grand Teton (USA).
Les USA regorgent de
routes panoramiques
inoubliables.

TEXTE ET PHOTOS François-Xavier et Cécile Delemotte

revenomade.com

N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 39

 RÉCIT RÊVE NOMADE
I
nstallés au Québec depuis 11 ans, nous avons
tout pour être heureux. Une vie épanouissante
et tournée vers les grands espaces, où nous par-
tons chaque fin de semaine. Des amis proches,
des boulots épanouissants et enrichissants,
une maison, et une petite fée née en 2007 et qui
comble nos vies depuis. Pourtant, nous avons
toujours eu dans un coin de nos têtes ce besoin
de bouger et d’aller, un jour, faire une (grande)
virée autour du monde. Un désir qui, comme
un poil à gratter, nous démange de plus en
plus, jusqu’à s’imposer comme une évidence,
malgré le confort de nos vies rangées (mais
peut-être en est-ce la conséquence ?) : nous voulons partir.
Pour aller voir.
Nous avons décidé de partir autour du monde pour une
durée indéterminée, à vélo, en famille, et de grimper en
chemin. Départ de Montréal, arrivée en France pour s’y ins-
taller et retrouver nos proches. Entre les deux  : l’aventure
aux quatre coins de la planète.
Il nous faut 2 ans pour nous préparer pour le grand saut.
Le temps d’économiser, de tout vendre ou presque, de nous
désinscrire des listes administratives québécoises, de dé-
missionner…
L’itinéraire est planifié dans les grandes lignes  : les Amé-
40 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55
riques, l’Afrique du Sud, l’Australie, l’Océanie, l’Asie du
Sud-Est, le Moyen-Orient, l’Europe de l’Est… Près de 50.000
km sur le papier. En chemin, nous comptons grimper des
parois d’escalade aussi mythiques que le Yosemite, Indian
Creek, Joshua Tree… Nous enverrons le matériel d’escalade
de poste restante en poste restante – idée qui s’avèrera plus
que judicieuse et qui nous économisera le transport de plus
de 15 kilos.
Nous partons avec un seul but, avoir du plaisir aussi long-
temps que possible, et un engagement : si l’un de nous 3 ne
s’amuse plus en cours de route, nous nous arrêterons.
DES PLAISIRS À LA PELLE
De plaisir, ce voyage en est rempli au-delà de nos espé-
rances. La diversité des paysages traversés, d’abord, nous
comble au quotidien. Des montagnes Rocheuses cana-
diennes aux légendaires routes désertes américaines, des
plages paradisiaques du Mexique et du Belize aux jungles
du Guatemala et du Costa Rica, nous avons vu défiler len-
tement tant de beauté que nos yeux en restent, plusieurs
années après, encore tout éblouis.
Rouler à vélo, c’est être partie intégrante de notre environ-
nement, des éléments. Avoir une vue panoramique sur ce
qui nous entoure, pouvoir s’arrêter à peu près n’importe où,
pour 5 minutes, une nuit ou trois semaines. Voyager à vélo,
Monument Valley (USA). Les pieds dans l’eau.
Quand on partait de bon Cécile et Emma à la
matin, quand on partait découverte des Narrows
sur les chemins... de Zion (USA).

Dans le parc de Zion (USA). La reine de la route !

Cécile s’en met plein les Emma savoure sa joie
mirettes, en descente : malgré la chaleur du
pur plaisir... désert américain.

c’est aussi traverser des régions moins connues, a priori

sans «  attrait  », donc forcément intéressantes, comme ces
routes tranquilles du Montana ou carrément désertes dans
l’Utah, où nous croisons à peine une voiture toutes les 2
heures. Ah, ce regard en deux temps de chaque chauffeur
lorsqu’il nous croise : « Des vélos en plein désert ? Avec un
enfant !? ».
Plaisir de grimper des parois inoubliables, bien sûr. Les fis-
sures parfaites d’Indian Creek dans le désert de l’Utah, les
arbres de Joshua, uniques et envoûtants compagnons de
grimpe, et surtout les parois mythiques du Yosemite, véri-
table Mecque pour les grimpeurs du monde entier. Plaisir
de voyager en famille, de vivre collés-serrés au quotidien,
jour et nuit, et de voir grandir et s’épanouir Emma, comme
un poisson dans l’eau dans cet environnement sans cesse
changeant et source d’apprentissages pour elle. Son école ?
Elle est partout : lecture et calcul grâce aux panneaux rou-
tiers, langues étrangères pour demander notre chemin et
jouer avec les amis de passage, écriture sur le sable d’une
plage, histoire en visitant les temples mayas, sciences na-
turelles en observant la faune et la flore alentour, et géo-
graphie… Ses amis ? Elle s’en fait partout, entre les enfants
qu’elle rencontre dans les campings ou chez nos hôtes,
lorsque nous dormons chez l’habitant. Malheureusement,
Emma comprend aussi rapidement que voyager, c’est aussi

N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 41

 RÉCIT RÊVE NOMADE

“
Plaine du Yucatàn (Mexique).
Départ matinal pour limiter
les chaleurs tropicales.

„
Voyager au long cours
à vélo avec des enfants,
c’est ça : des rencontres
et des moments
magiques à la pelle.

apprendre à se séparer des amis que l’on vient de se faire…

Les rencontres ont beau être éphémères, elles sont plus
attachantes et inspirantes les unes que les autres. Partout.
Comme cette femme chez qui nous sonnons pour deman-
der si nous pouvons bivouaquer sur son terrain et qui, après
avoir initialement refusé de nous ouvrir, accepte finale-
ment, avant de nous offrir de gros steaks cuits à point : « Il
fallait que je les cuise, je n’allais pas les congeler… ». Cette
autre femme qui, en plein désert américain, nous voyant
planter notre tente alors qu’un orage gronde, nous invite
dans son mobil-home « parce que je ne peux pas laisser une
petite fille dormir sous l’orage », et qui le lendemain, alors
qu’Emma lui donne un dessin pour la remercier, lui offre un
bracelet et un collier. Cet homme à Tepatitlán (Mexique) qui
nous croise sur la route, fait demi-tour et nous invite, ému
aux larmes, à rester chez lui autant de temps que nous le
souhaitons (ce sera 4 jours), avant de convier tout son club
cycliste à rouler avec nous toute une journée. Cette famille,
rencontrée au parc Teton (États-Unis) et qui, sachant que
nous fêtons nos 10 ans de mariage, nous confie leur voi-
ture alors que nous ne les reverrons pas  : «  Vous n’aurez
qu’à laisser les clés sur la roue  ». Ces travailleurs routiers
au Mexique qui s’arrêtent à notre portée et filent droit vers
Emma pour lui donner un billet de 200 pesos (20 €) : « C’est
pour toi, pas pour tes parents ! »
La liste serait sans fin… Car voyager au long cours à vélo
avec des enfants, c’est ça : des rencontres et des moments
magiques à la pelle.

QUAND LE VERNIS CRAQUE

Toutefois, parfois, la magie n’opère pas forcément. Ça com-
mence par une lassitude, lancinante, provoquée par le
mouvement permanent, le sentiment d’être toujours dans
nos valises, de monter/démonter notre tente chaque jour
ou presque, pendant plusieurs mois. Nous avons plusieurs
alertes, à intervalles réguliers. La première a lieu dans le cé-
lébrissime parc national des Arches, en Utah, après 6 mois
de voyage  : devant tant de beauté, nous restons presque
indifférents. Ce ne sont que des arches, et puis elles se res-
semblent toutes…
Dans ce cas, il est plus que temps de s’arrêter un moment
avant de mieux repartir. Des pauses, nous en faisons donc
quelques-unes, dont un séjour mémorable en woofing
dans un ranch du Montana. Une expérience si forte qu’elle

42 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55

 Bloc.
FX dans « Iron Man Traverse »
dans les Buttermilks (USA).

Cécile et Emma à Wall

Street, Moab (USA).
Il n’y a pas d’âge pour
commencer l’escalade !

De retour de 2 jours
de grimpe, direction
Bishop (USA).
Rouler et grimper
autour du monde, que
demander de plus ?

N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 43

 RÉCIT RÊVE NOMADE

Convoi exceptionnel !
Pause ravitaillement au
cœur du désert de Baja
California (Mexique).

Seuls au monde.
Le bonheur d’un bivouac
sur la plage El Requesón,
Baja California (Mexique).

44 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55

 Au milieu roule Les trois caballeros !
une cycliste. Autoportrait devant un bien
Cécile sur les back- nommé arbre du voyageur.
roads tranquilles du
Montana (USA).

“
Pause contemplation.

„
Emma savoure son goûter
devant les montagnes
du Colorado (USA).
Nous remonterons en selle, c’est
certain. La preuve ? Emma nous
demande régulièrement « quand
repartirons-nous en voyage ? » Chambre avec vue.
Bivouac improvisé au
bord d’une lagune de la
Riviera Maya (Mexique).

N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 45

 RÉCIT RÊVE NOMADE

EN SAVOIR +
Pour en savoir plus sur ce périple : budget, conseils pour
voyager avec des enfants, pour coupler vélo et escalade...
⊲ expemag.com/go/annee-sabbatique

influencera l’après voyage. Surtout, nous adaptons notre

rythme, à tel point qu’en fin de compte, nous avons passé
moins de jours à pédaler que de jours à nous reposer, grim-
per, visiter, randonner…
Au bout d’un an de voyage, au Mexique, c’est Emma qui
nous envoie le message d’alerte le plus sérieux. Depuis
quelques mois, elle roulait seule sur son vélo, chaque jour,
enchaînant comme une championne les montées et les des-
centes, sous nos encouragements. Mais les montagnes du
Chiapas sont la goutte d’eau. Ici, les côtes sont plus sévères,
les villages se font plus rares, et la chaleur est moite, acca-
blante. Pour Emma, c’en est trop, elle met pied à terre, lit-
téralement. Ce jour restera comme le point de bascule de
notre voyage. Après plusieurs heures à discuter, s’engueu-
ler, négocier… Emma se résigne à remonter en selle, faute
d’autre option. Promis Emma, bientôt il n’y aura plus de
côtes, car nous arriverons dans l’immense plaine du Yuca-
tan. Deux jours de côtes et de négociations plus tard, la pro-
messe se réalise : les routes sont plates à perte de vue, nous
roulons le long de la mer turquoise du golfe du Mexique.
La motivation d’Emma remonte en flèche, et quelques jours
plus tard, elle couvre sa plus longue distance quotidienne
seule : 109 km !
Mais le vélo n’est pas la véritable origine de la lassitude
d’Emma : depuis plusieurs mois, elle ne rencontre plus trop
d’enfants, ou pour si peu de temps. Elle s’ennuie. Bien sûr,
elle est heureuse avec nous, elle ne se lasse pas de découvrir
chaque jour de nouvelles merveilles, de plonger en apnée,
d’apprendre le surf, d’observer tout un tas d’animaux. Mais
malgré tout, nous sentons que son petit cœur n’y est plus.

À l’ombre des géants.

Cécile et Emma roulent
à la fraîche en Colombie-
Britannique (Canada).

On the road again.

Cécile en plein mythe
américain, du côté de
Monument Valley.

46 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55

Panama. Cela fait maintenant 15.000 km et 18 mois que nous
roulons. Devant nous, la jungle de Darién, réputée comme
étant l’un des endroits les plus dangereux au monde. Si
l’on veut rejoindre la Colombie, il nous faut donc prendre
le bateau ou l’avion. L’occasion idéale de faire le point sur le
voyage, et donc sur le moral d’Emma. Cécile et moi sommes
motivés pour continuer la route, mais nous savons que les
Andes se profilent, avec leurs routes à 4000 mètres d’alti-
tude, en hiver. Pas spécialement motivant pour Emma. Ce
soir-là, Cécile prend notre fille à part : « Souhaites-tu conti-
nuer le voyage ? » La réponse tombe : « En fait je n’en ai plus
trop envie, mais si vous voulez, on peut continuer… »
Nous savons que ce n’est pas un caprice passager, mais un
sentiment plus profond, le besoin de s’arrêter pour Emma.
Notre décision est prise en quelques minutes : comme nous
nous l’étions toujours promis, si l’un de nous n’a plus de
plaisir, notre voyage s’arrêtera.
Cécile retourne voir Emma pour le lui annoncer. Emma ne
dit rien, reste comme impassible puis, doucement, se met à
pleurer. Emma demande alors à sa mère : « Maman, ça t’est
déjà arrivé de pleurer de joie ? » Je crois que nous avons pris
la bonne décision. Deux semaines plus tard nous prenons
l’avion pour la France.
LA FIN, LE DÉBUT
Si nous n’avons pas « bouclé la boucle », ce périple aura bel
et bien été une réussite totale, un bonheur fou au quotidien,
que tous les 3 nous referions à l’identique si c’était à refaire.
Et puis nous nous plaisons à penser que nous avons décidé
de prendre une longue pause… Car nous remonterons en
selle, c’est certain. La preuve ? Emma nous demande régu-
lièrement « quand repartirons-nous en voyage ? ».
Après 15 ans d’absence, revenir au pays est un peu comme
continuer le voyage, d’autant plus que nous sommes instal-
lés dans une région totalement nouvelle pour nous : la Haute-
Savoie. Et si nous avons retrouvé des emplois et un rythme
de vie plus «  classiques  », le voyage ne nous manque pas,
Bring your kids
Thule Chariot Cross
Remorque, jogger et poussette, un
tout-en-un offrant confort et flexibilité
pour les familles au mode de vie actif.
car au quotidien nous restons en mouvement : chaque fin de
semaine est propice à explorer de nouveaux coins de pays, à
pied, à vélo, en grimpant… et nos vacances sont propices à de
belles virées à vélo. La France est si belle et multiple.
Surtout, pour survivre à l’après voyage, en particulier dans
ce pays champion du monde de la morosité – ce « paradis
où les gens se croient en enfer », comme le dit si justement
Sylvain Tesson –, nous avons décidé de voir le verre à moi-
tié plein, plutôt que l’inverse. Héritage du voyage, où nous
avons rencontré tant de gens généreux, mais aussi mode de
pensée nord-américain, fondamentalement optimiste, qui
nous a tant inspirés depuis 15 ans.
Ce voyage nous a-t-il changés  ? A priori, pas tant que ça.
Mais cette aventure inoubliable est ancrée en nous et in-
fluence nos projets au quotidien et dans l’avenir. Comme
celui d’ouvrir une boulangerie bio, suite à notre expérience
dans un ranch du Montana… Une boulangerie qui devrait
voir le jour courant 2019, entre Annecy et Chamonix. Un
nouveau voyage commence, un peu plus statique a priori,
mais qui sait ce que l’avenir nous réserve ? Il ne tient qu’à
nous de le décider ! 
COMPENSATION CARBONE
Pour compenser les quelques déplacements
motorisés que nous avons effectués durant le
voyage, comme le trajet en ferry entre la pointe
sud de la Basse Californie (La Paz) et le continent,
ainsi que les portions en bus pour traverser
le Salvador et le Honduras (qu’on nous avait
déconseillé de traverser à vélo), nous avons
acheté des crédits carbone (voir le site planetair.
ca) pour compenser tous les déplacements
motorisés que nous avons effectués. C’eût été
mieux de ne pas utiliser de transports motorisés
du tout, mais on se dit que c’est déjà ça...
N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 47
 RÉCIT GLOBE CAMPEURS

GLOBE
CAMPEURS

John et Florane mûrissent leur projet depuis

longtemps : 2 années de dispo consacrées au voyage.
D’abord partis pour 8 mois d’itinérance en kayak, ils
évoquent ici cette première expérience au long cours.
Direction le Pacifique – Nouvelle-Calédonie et Nouvelle-
Zélande – puis l’Asie du Sud-Est pour une aventure au
ras de l’eau mais haute en couleurs.

TEXTE ET PHOTOS John Ferré

Carnet MyTrip avec de nombreuses infos pratiques :
expemag.com/carnet/globe-campeurs
FB : Globe Campeurs
globecampeurs.wixsite.com/site

48 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55

Embrasement.
Le ciel flamboie face
au mont Panié sur l’îlot
Thigit près de Hienghène,
côte nord-est de la
Nouvelle-Calédonie.

N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 49

 RÉCIT GLOBE CAMPEURS
Sans abri.
L’étape la plus courte :
1 km pour rejoindre ces
petites falaises côtières
«
avant la tempête ; il ne
reste plus qu’à trouver
de quoi s’abriter.
Rompez les rangs ! » Je lâche une dernière fois ces trois mots
et libère les militaires de mon unité pour des vacances bien
méritées. Les miennes devraient être un peu plus longues.
6 mois plus tôt, j’apprends que je suis muté en bureau pa-
risien alors que je m’entraîne depuis 4 ans pour servir en
montagne. Il me faut 2 bonnes minutes pour rappeler mon
chef : « C’est décidé, je demande un congé sans solde de 2
ans ».
DE L’ARMÉE À LA PIRATERIE, CHANGEMENT DE CAP
8 ans que j’économise pour avoir la liberté de dire non. 8
ans et 2 minutes pour me décider. Florane et moi allons
enfin brûler de cette fièvre qui nous ronge et nous intime de
nous frotter sans réserve au monde et à nos limites ! Ayant
tout juste terminé ses études d’avocat, Florane enchaîne
les petits boulots en préparant le voyage alors que j’accom-
plis ma dernière mission en Nouvelle-Calédonie. Je tombe
vite amoureux de l’île, et nous optons pour un départ de
Nouméa. Le kayak démontable Nautiraid Grand Narak et
les billets sont vite achetés, comme pour nous assurer que
nous ne ferons pas machine arrière. Sur place, j’apprends
à connaître les coutumes locales. Je laisse pousser mes
cheveux et ma barbe, et décide de me présenter comme un
ancien vendeur d’équipements de sport et apiculteur, pour
éviter les tensions inutiles.
50 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55
NOUVELLE-CALÉDONIE, LE TOUR DE LA GRANDE TERRE
Le jour du départ, le kayak est tellement chargé que nous
nous demandons s’il va flotter. C’est la première fois que
nous faisons du kayak biplace, il va falloir se synchroniser.
Nous allons rapidement devoir apprendre à slalomer entre
les nombreux récifs de corail et à caler notre rythme sur
celui des marées.
Sous l’eau, des dauphins inspectent notre coque de toile,
un dugong respire à la proue, des poissons ricochent à
toute allure, de petits requins se lavent avec nous et nous
terrorisons une tortue toutes les 5 minutes. À la nuit, nous
nous endormons dans un grand crépitement d’étoiles sur
des plages désertes. Le 12e jour, lors d’une pause, Florane
s’ouvre la main avec une boîte de thon. Elle est quitte pour
6 bons points (de suture) et 10 jours sans vagues. C’est le
temps qu’il nous faut pour parcourir le GR NC1 et rejoindre
en stop notre plage au thon pour le nouveau départ !
Les îlots et plages désertes se succèdent à perte de vue. Nous
avons l’embarras du choix pour bivouaquer, et à chaque
fois que nous avons besoin d’eau douce, il nous suffit
d’accoster sur le perron de sable d’une case pour de belles
rencontres. Nous abordons la côte ouest avec une certaine
émotion : nous savons que nous aurons désormais le vent
de face jusqu’à l’arrivée et que nous devrons couper dans
de grandes baies de mangrove. Nous ne voyons pas ce qui
 Calme plat.
Petite pause paisible
près d’une source qui
roucoule. Cambodge.
Arbres marins.
Le soleil disparaît dans
les racines de palétuviers,
et bientôt les crabes
sortiront de leurs cachettes
pour nous régaler.

Trop loin les arbres.

Bivouac sur le sable chaud
du Mékong. Cambodge.

pourrait nous arrêter quand tout à coup, un énorme requin

soulève une puissante gerbe d’eau à un mètre du kayak  !
La baignade du soir est moins sereine… Un midi, à peine
débarqués, un groupe d’hommes se dirige vers nous d’un
pas décidé. J’espère que nous ne sommes pas dans un coin
sacré ! En fait, ils pensaient venir en aide à des naufragés.
Nous repartons avec des papayes. Un soir, nous devons dé-
placer trois serpents « tricots rayés » (ndlr : serpents marins
non agressifs au venin mortel), pour les empêcher de ram-
per sur les braises de notre feu de camp. Un autre soir, des
centaines de puffins (ndlr : espèce protégée d’oiseau des îles
du Pacifique et de l’océan Indien) viennent autour de nous
et se mettent à pousser des cris lugubres. Ils ne semblent
pas remarquer notre présence et se lancent dans de grands
travaux de rénovation des innombrables trous que nous
avions attribués à tort aux crabes de palétuvier. Nous de-
vons éteindre le feu après que deux volatiles ont tenté de
s’y immoler !
Au bout de 37 jours, nous avons rejoint notre point de dé-
part, et nous continuons notre périple en Nouvelle-Zélande.
Nous pagayons pendant 3 semaines sur les îles Sud et Nord
puis nous décidons de poursuivre l’aventure au Laos.

N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 51

 RÉCIT GLOBE CAMPEURS

MARINS D’EAU DOUCE AU LAOS Crique perdue au Le pays du million

Le Mékong fait comme une grande balafre dans l’Asie du
Cambodge. d’éléphants.
Sud-Est. Au départ de Luang Prabang, nous y faisons de
Nous sommes souvent Pause matinale pour
merveilleuses rencontres au fil de l’eau. Un matin, au milieu partagés entre l’envie observer le travail d’un
du fleuve, alors que la brume colle aux cheveux hirsutes d’avancer pour voir ce qui cornac qui défriche un bout
des falaises karstiques et que le chant des bonzes résonne se cache plus loin et celle de forêt. Mékong laotien.
sur leurs flancs, nous frôlons un pêcheur en pleine médi-

“
de rester là pour nous
tation. Nous franchissons des rapides, dansons dans les imprégner encore un peu
tourbillons et nous perdons dans un dédale de bras secrets. de ce bonheur fuyant.
Nous faisons connaissance avec les cobras et les scorpions
et cherchons des bivouacs jusqu’à l’abrutissement, prêts à
tout accepter. Nous découvrons les peuples du fleuve, dor-
mons dans leurs cabanes, goûtons leurs poissons et leurs
légumes, rions à leurs blagues édentées, écoutons leurs
prières et leurs conseils.
Mais une nuit, vers 4 heures, aux alentours de Pakxan,
deux charmantes personnes nous réveillent et nous invitent
Alors que la brume colle
à les suivre, kalachnikov à l’épaule. Nous avons quelques aux cheveux hirsutes des

„
doutes en pagayant derrière leur pirogue (surtout quand ils
répondent « no » à la question « police ? »). La garde-à-vue falaises karstiques et
courtoise, sous le regard bienveillant de tous les illustres
membres du parti en poster, nous rassure sur la nature et
que le chant des bonzes
les intentions de nos hôtes (qui se révèlent être de véné- résonne sur leurs flancs,
rables policiers). Il est évident que les touristes ne sont pas
censés errer dans les zones non touristiques sans le sésame
nous frôlons un pêcheur
du big boss. Il est donc naturel de parapher une dizaine de en pleine méditation.

52 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55

feuillets écrits en style laotien et de renoncer à la poursuite
de notre périple insensé dans la République Démocratique
du million d’éléphants. Cette expulsion du Laos a sur nous
l’effet d’un électrochoc. Nous étions tellement concentrés
sur notre objectif de longue haleine et les obstacles concrets
du présent que nous en oubliions ceux, non moins contrai-
gnants, des lois humaines. Après une traversée éclair de
la Thaïlande en bus et des temples d’Angkor à vélo, nous
retrouvons notre rythme sur le fleuve cambodgien de Stung
Treng jusqu’à Phnom Penh. Nous ressortons la tente pour
bivouaquer sur les îles de sable sans arbre (les berges sont
couvertes de fourmis) et écouter les prières des Chams (mi-
norité musulmane qui vit sur le fleuve) se perdre dans l’em-
brasement crépusculaire. Après avoir étudié de nombreuses
destinations, nous optons pour la moins coûteuse : rester au
Cambodge et en explorer la côte maritime.
NOUVEAUX HORIZONS SALÉS CAMBODGIENS
Nous partons de Koh Kong City sans carte, sans information,
avec le traditionnel vent de face et les franches invitations
à abandonner de la part du pilote de tuk-tuk et d’un marin
venus observer l’assemblage du kayak. Peu importe, nous
nous lançons. Pendant 10 jours, nous naviguons d’île en île
loin des sites touristiques, avec de longues traversées. La
jungle dégouline des falaises et lance sur la mer de lourds
aigles repus de poissons et de brise. Nous partageons cette
paix en sursis avec les toucans et les singes, dérangeons les
dauphins en plein repas et regrettons de ne pas avoir pris
de quoi pêcher. Un soir, alors que nous contemplons, bières
à la main, une famille de buffles vautrée dans les vagues
rougeoyantes, un messager sorti de nulle part vient nous
annoncer dans un grand sourire qu’en restant là, nous ris-
quons quelques désagréments (en langage international  :
mime de coups de bâtons et d’un étranglement). Nous refai-
sons donc nos ballots et plongeons fermement nos pagaies
dans le plancton chatouilleux, provoquant de grands rires
phosphorescents. Un autre soir, la cartographie perfectible
d’Open Street Map ne nous avertit pas que nous entrons
dans une zone de mangrove de 30 km. Nous avons donc le
plaisir d’expérimenter une nuit au milieu des palétuviers.
Après que notre réchaud à essence a cessé de fonctionner et
qu’un orage s’est abattu sur nous, nous parvenons à allumer
un feu pendant que la marée monte, tout en repoussant les
moustiques et autres scolopendres saisis d’un amour fulgu-
rant pour l’espèce humaine. Nous finissons cette étape sau-
vage à Kampot, et filons vers la Thaïlande.
THAÏLANDE CONTRE TOUTE ATTENTE
Nous lorgnons du côté des îles Raja Ampat en Papouasie
ou des Mergui en Birmanie, mais la raison et le porte-mon-
naie nous poussent à tenter l’aventure en Thaïlande. Super
nouvelle  ! On peut encore faire du kayak sauvage dans ce
N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 53
 RÉCIT GLOBE CAMPEURS

Joies du déchargement
à marée basse.
Bivouac inoubliable dans
une cabane de pêcheur
abandonnée, entre une
tombe et un puits. Baie de
Phang Nga, Thaïlande.

Le calme avant
la tempête.
Nous ne savons pas encore
que nous allons devoir
lutter pendant 2 heures
dans une mer démontée.
Nouvelle-Calédonie.
Lecture à l’ombre.
L’ennui a une tout
autre saveur sous ces
latitudes complices.
Nouvelle-Calédonie.
pays : sable doux, feux de bambous, papillons à la proue,
couchers de soleil au houblon, défilés de poissons, réveils
magiques, ballets de moustiques, tempêtes d’étoiles, corail
sous la voile, tonnerre qui roule, chair de poule, cochons
qui grattent, singes qui se battent, langues de varans, becs
de toucans et cheveux au vent…
On peut encore se frayer un chemin entre les cohortes de
touristes et dénicher l’aventure et le rêve à deux pas des
temples de la consommation. Après avoir quitté le port de
Satun, nous finissons par rejoindre, en 3 jours et 37 km de
traversée, la superbe île de Tarutao. Là, nous voguons entre
les rochers polis et les loutres insolentes pour gagner le port
principal où nous demandons la météo aux Rangers avisés
(« Yes the weather is good ») avant de nous lancer dans une
nouvelle traversée en nous répétant : « Qui regarde trop la
météo reste au bistro » pour nous motiver. Tout à coup, deux
Anglais tombés du ciel nous téléportent directement à bord
de leur voilier sur l’archipel de Koh Lipe où nous jouons au
chat et à la souris avec les gardes !
PHUKET VERSION VAGABONDS
Krabi - Phuket c’est un peu le Saint-Tropez - Menton de la mer
d’Andaman. Pourtant, nous avons pu nous glisser incognito
entre les files de ces gens qui tracent des lignes blanches
dans l’eau avec leurs gros moteurs, comme les fourmis des-
sinent de longs fils rouges sur l’écorce et enjambent nos ha-
macs sans y prêter attention (un peu quand même parfois,
et alors il faut vite changer d’arbre). Nous avons pu traverser
3 parcs nationaux sans être remarqués par les gardes, faire 8
bivouacs avec feu de camp et frontales en folie sur des îlots
déserts. Nous avons visité les grottes marines avant la ruée
de nos congénères en casques de chantier et Rayban, dans
des kayaks propulsés par des locaux (les vrais touristes ont
les mains trop occupées à faire des selfies pour pagayer).
Des pêcheurs sont venus nous offrir du poisson alors que
nous nous étions installés dans une de leurs cabanes avec
une poule et un coq. Nous avons découvert une île occu-
pée par une énorme colonie de roussettes et avons dormi en
plein milieu du repère secret de Batman. La baie de Phang
Nga est très parcourue, mais on y trouve encore des recoins
où se cacher : de vrais bijoux au pied de superbes falaises
colorées.
RETOUR VERS LE FUTUR
Aucune dispute en 6 mois de voyage alors qu’en 2 mois
de préparation, nous avions eu plusieurs désaccords. Le
voyage itinérant et l’aventure nous habituent au doute
et nous rendent fidèles à l’espoir. Combien de fois nous
sommes-nous dit : « T’inquiète, on va trouver une solution »
ou « T’inquiète, ça va passer » ? Jusqu’à ne plus le dire, car
nous le pensions en même temps. Notre retour en France
était prévu, comme une pause. Il nous a permis de préparer

54 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55

 MEZZO
VERSO
TIWOK EVO
YSAK
MIWOK
BIWOK EVO

Crédit Photos :Jonas Le Morvan

LE KAYAK...
UNE AVENTURE HUMAINE.

ROTOMOD SAS
Zi. Jean Malèze - 47240 Bon Encontre - France
www.dag-kayak.com - contact@dag-kayak.com

N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 55

 RÉCIT GLOBE CAMPEURS

Ile de Koh Kong Alizés dans le dos, repos !

Cambodge. Une étape de 65 km rien
Certaines plages qu’à la voile ! Vent dans
disparaissent sous des le dos sur la côte est et
montagnes de déchets de face sur la côte ouest.
plastiques alors que Nouvelle-Calédonie.
d’autres, comme celle-
là, s’étalent dans un
long déferlement de
bonheur paisible.

Plage de la boîte de thon.

Une blessure une semaine
seulement après le
départ qui nous invite à
encore plus de lenteur.

56 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55

 Rencontre heureuse en
Nouvelle-Calédonie.
La nature n’a eu de cesse
de nous combler tout
au long du voyage. Rien
à envier à ces autres
touristes qui se gavent
dans leurs hôtels étoilés.

Descente du Mékong
en kayak-sandales.
Les pieds respirent

“
plus qu’au bureau !

On peut encore se frayer un

„
chemin entre les cohortes
de touristes et dénicher
l’aventure et le rêve à
deux pas des temples de la
consommation. Baie de Moindou
côte ouest, Nouvelle-
Calédonie.
Petite pause colorée
sur un îlot qui grouille
de serpents corail.

N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 57

 RÉCIT GLOBE CAMPEURS
Archipel de Koh Lipe.
La journée nous sommes
des touristes et la
nuit des fugitifs.
VOYAGER AVEC UN KAYAK DÉMONTABLE
Nous avons opté pour un Grand Narak de Nautiraid en
version expédition avec gouvernail et kit voile. Nous
voulions un modèle grand, rapide, stable et surtout fiable.
D’ailleurs, après ce voyage, nous sommes repartis les
yeux fermés avec le même bateau.
Le kayak, le gouvernail, la voile, le mât et les pagaies
entrent dans 2 gros sacs pour un total d’environ 40 kg. En
plus de ça, nous transportons l’équipement de sécurité,
de bivouac et les vêtements dans 2 sacs à dos de 50 L
et un sac étanche de 40 L (25 kg environ). Avec tout ce
barda, nous avons pris des avions, bus, tuk-tuk, taxis,
scooters, voiliers, fait du stop et marché pour rejoindre
tous ces engins qui polluent ou s’en éloigner. Une fois
plié, le kayak est très solide et même s’il était souvent
malmené dans les transports, nous craignions plus le vol
que la casse. En général, nous glissions le kayak sous nos
hamacs pour éviter le vol pendant notre sommeil. Nous
58 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55
la suite et de profiter de nos familles. Tenaillés entre l’envie
de repartir et celle de rester avec ceux qu’on aime, nous
sommes en même temps trop conscients de la brièveté de
la vie et de notre chance pour être retenus par les sirènes du
confort. Nous sommes donc repartis pour un voyage de 4
mois au Canada et 3 mois en Alaska à vélo, à pied, en canoë
et en kayak, avec nos bandanas de pirates célestes.
ET MAINTENANT ?
Après 2 ans de liberté, le retour à nos vies sédentaires est
très difficile. J’ai réendossé l’uniforme et Florane est de-
venue professeur des écoles. Nous prévoyons quelques
voyages pendant nos vacances pour tenir jusqu’au prochain
grand départ et étudions différentes options pour soutenir
un voyage plus long ou un mode de vie nous permettant de
voyager la moitié de l’année. Nous nous sentons décalés,
comme étrangers dans notre propre pays. Étrangers à cette
frénésie routinière, consumériste et abrutissante qui néces-
site une capacité de résignation dont nous ne nous sentons
plus capables. « NON !! Toutes les bonnes choses n’ont pas
une fin ! ». Et : « SI, Dans la vie on peut bien toujours faire ce
que l’on veut, pour peu qu’on s’en donne les moyens ! ». 
avons ainsi mis un voleur en fuite en Thaïlande. Il n’y a
que sur le Mékong que nous laissions le kayak à l’eau la
nuit accroché à une perche, comme les pirogues locales.
Nous montions le kayak pour des expéditions d’une se-
maine minimum et nous essayions de faire les courses au
plus près de la zone de mise à l’eau. En ville, nous faisions
de nombreux allers-retours avec tous nos sacs le plus vite
possible pour ne pas laisser nos affaires longtemps sans
surveillance.
Le fait qu’il soit démontable nous a permis de nous lancer
dans des traversées maritimes et des portions incertaines
du Mékong. Si nous nous retrouvions coincés sur un îlot,
nous pouvions toujours démonter et nous faire embarquer
par un pêcheur (ce que nous avons fait en Nouvelle-Zé-
lande). Dans l’avion, nous n’avons payé qu’une fois un
supplément pour le poids mais jamais pour les dimen-
sions.
Aventure en canoë
sur la Loire

logistique & location de canoë

Le canoë ce n’est pas juste notre passion.
C’est aussi notre principal prétexte pour
passer plus de temps dehors.

www.destinationh2o.fr

N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 59

@destinationh2o
 RÉCIT HEUREUX VAGABONDAGE

60 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55

 Un bout du monde
tant espéré.
Nous roulons enfin
sur l’asphalte de la
Pamir Highway !

HEUREUX
VAGABONDAGE
À vélo couché jusqu’en
Asie du Sud-Est

Sophie et Julien se sont rendus en Asie

du Sud-Est à vélo couché en partant de
chez eux. Des mois durant, ils ont vécu
le voyage au long cours comme un éveil
sensoriel, un apprentissage de la lenteur,
de l’hospitalité et du partage.

TEXTE Sophie Marion

PHOTOS Julien Bodennec
heureux-vagabondage.com

N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 61

 RÉCIT HEUREUX VAGABONDAGE

L’infini.

U
Bivouac près d’Alichur au
Tadjikistan. L’infini au seuil
de notre porte (de tente).

n beau matin d’avril, nous nous retrouvons tous les 2 au

pied de notre immeuble lyonnais, avec 2 engins bien char-
gés ! Très rapidement, nous sommes conquis par notre nou-
veau moyen de transport, ces vélos couchés, et par cette
manière différente de voyager en «  itinérance libre  ». Nos
montures nous semblent parfaitement adaptées à ce type de
périple, d’abord pour leur confort par rapport à des vélos
droits, pour cette position ne laissant aucun guidon s’inter-
poser entre nous et la nature, pour les sensations de vitesse
grisantes en descente, allongés dans nos sièges de pilote et
pour la curiosité que ces bicyclettes bizarres représentent.
Vue depuis les sièges moulés à notre dos, la beauté des lieux
est inédite, pleine de détails à scruter, étonnants, attirants,
intrigants. Après avoir parcouru la vallée du Rhône en voi-
ture de nombreuses fois, nous redécouvrons aujourd’hui
une nouvelle route grâce au vélo. À l’inverse, à pied, les
déplacements peuvent sembler trop lents pour certains. À
vélo, le compromis est juste bien pour nous. Éloge de la len-
teur… Superbes émotions !
« Voyager, être à l’étranger, très loin de chez soi, c’est comme
assister à un film. Ça se fait en silence. » Claude Jasmin

LES CINQ SENS EN ÉVEIL

Depuis notre départ, nous sentons que nous avons besoin
de temps pour nous adapter, nous habituer à un nouveau
mode de vie, le mode «  survie  ». Nés dans un monde oc-
cidental, avec tout le confort moderne qui nous apparaît
comme étant dû, surprotégés dans tous les aspects de nos

62 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55

Liberté grisante.
Ciel d’un bleu profond
et sommets himalayens
vies, il nous faut sortir de notre zone de confort pour mieux
à 7000m d’altitude.
comprendre notre monde, pour mieux nous comprendre
nous-mêmes. Dès lors, tous les jours, nos cinq sens sont
continuellement en éveil pour trouver de l’eau, de la nourri-
ture, repérer un endroit idéal pour planter la tente et déter-
Au milieu de nulle part. miner notre itinéraire. Bien sûr, tout cela se fait en tenant
Les casses mécaniques compte de l’environnement du moment, qu’il faut avoir la
n’arrivent jamais au force d’accepter, et des conditions climatiques très chan-
bon moment… geantes. Cela demande parfois de grandes adaptations du
corps et de l’esprit.
Régulièrement, nous nous efforçons de prendre un jour de
repos, pour ne pas trop puiser dans nos réserves physiques
et morales. Heureusement, nous sommes de parfaits com-
pagnons de voyage, très complémentaires. Sophie repère
les distributeurs de billets pendant que Julien garde l’œil
plus avisé sur les fontaines à eau potable. Sophie cuisine
de délicieux repas, pendant que Julien monte la tente et ré-
dige notre carnet de bord… Lorsque l’un de nous deux a un
coup de blues, une perte de motivation ou simplement une
grosse fatigue, c’est l’autre qui tient la barre ! À nous deux,
nous trouvons toujours une solution. Plus que jamais, nous
observons les étoiles, les levers et couchers de soleil. Vivre
dehors permet une plus grande immersion dans l’aventure
et nous donne l’occasion de développer l’expérience sen-
sorielle et, avec elle, une compréhension intime de l’envi-
ronnement. Comme dans une mission de survie, nos yeux
détectent les variations de météo et les changements de re-
liefs, nos nez sentent la bonne nourriture, alors que le goût
détecte la mauvaise, l’ouïe discerne les véhicules alentour

N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 63

 RÉCIT HEUREUX VAGABONDAGE

Hasard des rencontres. Éléphant ?

Un coup d’autostop, et nous
nous retrouvons à raconter
notre histoire devant une
classe d’élèves tibétains
très attentifs au Sichuan.
Bivouac dans le désert
iranien de Varzaneh.
Longue histoire que cet
éléphant dessiné au
milieu de la nuit, symbole
d’une grande amitié !

et le toucher est en relation avec nos sensations corporelles.

Les journées sont bien plus intenses qu’en France, nous ré-
apprenons à écouter notre corps. Lorsque nous avons faim,
nous mangeons, lorsque les muscles durcissent, nous arrê-

“
tons de pédaler, lorsque nous sommes trop fatigués, une
pause s’impose. Un vrai bonheur de se sentir vivant !
Le voyage au long cours ne ressemble pas vraiment à des
vacances, ce n’est pas facile tous les jours, ni physiquement,
ni mentalement, ni émotionnellement, mais quelle belle
initiation à la vie !

CES RENCONTRES QUI FONT LE VOYAGE

„
Les journées sont Teşekkür ederim ! (merci en turc)
En juillet, les portes de l’Orient s’ouvrent à nous. La Turquie
bien plus intenses est le pays dans lequel nous aurons passé le plus de temps,
pour plusieurs raisons très pratico-pratiques (immensité du
qu’en France, nous pays, projet de volontariat, besoin de se poser, etc.) mais

réapprenons à écouter aussi pour la beauté des paysages, la gastronomie, la variété

des activités, et surtout pour les rencontres magnifiques que
notre corps. nous y avons faites, comme dans tous les pays musulmans
ensuite…
Tout commence bien sûr par le çay ! Le çay résume la Tur-
quie et les pays musulmans à lui tout seul. Cette tasse de thé
aux formes féminines nous est offerte plusieurs fois par jour
au bord de la route, avec une gentillesse infinie. Cette réa-
lité des pays du Moyen-Orient dont tant de personnes nous

64 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55

 Adaptation.
Nos vélos couchés auront
expérimenté de nombreux
moyens de transport
durant ces 14 mois. Ici
sur le Mékong au Laos.

YOUR STORY STARTS

avaient fait l’éloge, nous avons pu la vérifier mille fois  !

Nous ne parlons pas des hommes qui nous demandent
discrètement en mimant de leur index  : «  Are you mar-
HERE
ried ? ». Mais plutôt la sincère gentillesse et l’hospitalité IT STARTS WITH A
spontanée de tous les Musulmans. Invitations pour un
çay, un repas, une nuit, toujours dans le don et la généro-
sité ! La plupart donnent gratuitement sans rien attendre
en retour. Nous avons toujours été gênés de recevoir au-
tant, d’être nourris, hébergés, sachant que s’ils venaient
NOVA CRATF
chez nous, ce serait sûrement différent. LET YOURSELF GO.
Le voyage nous aura appris beaucoup sur l’accueil et
l’hospitalité, bien au-delà de ce qu’on aurait pu imaginer.

SOBRIÉTÉ HEUREUSE
Arrivés en Asie du Sud-Est, nous ressentons rapidement
un malaise dans nos relations aux locaux. Après avoir
vécu intensément aux côtés des Musulmans, nous avons
parfois l’impression ici d’avoir des dollars dans les yeux.
En Thaïlande, la décision est prise de retourner aider dans
un projet de volontariat…
Crédit Photos : NOVA CRAFT CANOE

La nuit est tombée depuis longtemps lorsque nous fran-

chissons la porte du temple Wat Pukatae. Rapidement,
nous trouvons la petite maison qui est le lieu dédié au
« Mindfullness Project » : Anja et Christian, couple d’Al-
lemands fondateurs du projet et une vingtaine de volon-
taires nous accueillent, et à peine arrivés nous partici-
ROTOMOD SAS
Zi. Jean Malèze - 47240 Bon Encontre - France
www.novacraft-france.com - contact@novacraft-france.com
 RÉCIT HEUREUX VAGABONDAGE

Symbole.
Passage d’un col en
haute altitude au-dessus
de Lijiang dans les
contreforts du Tibet.
Tout un symbole de
notre voyage.

pons à notre premier cercle de paroles ! Chacun notre tour,

nous racontons notre journée, bons et mauvais moments,
émotions et sentiments. Au fur et à mesure des jours qui
passent, nous ressentons les bienfaits de ces cercles pour le
fonctionnement d’une communauté. Sophie apprécie beau-
coup cette possibilité de communiquer tous ensemble et de
libérer toutes les émotions de la journée. Nous apprenons
aussi à être plus à l’aise pour parler en public, in english of
course  ! Ensuite, Christian explique le programme du len-
demain et partage les différentes tâches. Puis vient le temps
du teaching sur la culture thaïlandaise et le bouddhisme, ou
encore des exemples de vies inspirantes.
Le matin, on se lève tôt… 5 heures, tout le monde descend en
silence vers l’ancienne école du village derrière le temple.
À la lumière des bougies, puis avec les premières lueurs de
l’aube, Christian propose alors une session de yoga suivie
d’une méditation. Matin, midi et soir, les repas végétariens
sont attendus avec impatience ! Chaque jour, un groupe dif-
férent prépare le repas et s’en donne à cœur joie. Puis nous
nous retrouvons tous en silence autour d’une dizaine de
bols au délicieux mélange de cuisines thaïe et internatio-
nale.
Durant ces 10 jours, nous travaillons principalement à la
construction des murs en pierres sèches d’une cuisine ou-
Balade contemplative. verte, au ramassage des feuilles (pour en faire un compost à
Grandeur des paysages la saison des pluies) et aux tâches quotidiennes de nettoyage
lors d’un trek dans la vallée des toilettes ou de préparation des repas. Lorsqu’on se croise,
de Langtang au Népal, des sourires et des regards étincelants sont échangés.
juste avant le tremblement Depuis le début de ce voyage, la rencontre de peuples aux
de terre de 2015. cultures, religions, coutumes, habitudes complètement dif-

66 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55

férentes nous a fait prendre du recul sur la société, la vie et Vers l’inconnu…
la spiritualité. À peine sortis d’Europe, le stress et l’anxiété 20 journées à rouler sur
semblent ne presque plus exister. Les gens semblent accep- la Pamir Highway avec le
ter leur sort et leurs conditions de vie parfois très rudes. Leur froid, l’altitude, le manque
aptitude à vivre pleinement le moment présent et proche de d’eau et de nourriture, une
la nature coule de source. Toutes ces personnes rencontrées expérience inoubliable !
semblent conscientes d’appartenir pleinement à l’Univers, à

“
cette chose mystérieuse qui nous dépasse tous. Un vent de
changement souffle autour de nous. Une grande confiance
monte en nous et donne un immense espoir pour la suite de
tous nos projets sur la voie de la sobriété heureuse dévelop-
pée par Pierre Rabhi.

CHANGEMENTS DE PROGRAMME
Souvent durant ce voyage, nous avons envisagé plusieurs
choix possibles : il existe toujours beaucoup d’options, de
multiples routes envisageables, différentes tranches de bon- Il existe toujours
heur à vivre. Aucune n’est bonne ou mauvaise. On vit dans
beaucoup d’options,

„
l’ici et le maintenant, dans l’instant présent. Nous appre-
nons à lâcher prise. Sur le moment, c’est plus facile à dire de multiples routes
qu’à faire, mais cet apprentissage du voyage est passion-
nant ! envisageables, différentes
Par exemple, quelques jours avant d’arriver à Istanbul, un
changement de taille se précise. Pour descendre du Tadji-
tranches de bonheur à
kistan au Ladakh en Inde, nous devons traverser le Cache- vivre. Aucune n’est bonne
mire pakistanais, une zone impossible d’accès aux étran-
gers. Et le visa pour le Pakistan ne peut s’obtenir que depuis ou mauvaise.
la France à ce moment-là, ce qui va poser un souci en termes
de logistique…

N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 67

 RÉCIT HEUREUX VAGABONDAGE

Merci l’Himalaya !
Piste sablonneuse au
Kirghizistan, ne pas
s’arrêter de pédaler,
encore et encore…

En regardant la carte du monde, pour aller de la Turquie à

l’Inde sans passer par l’Afghanistan et le Pakistan, il faut
alors parcourir des milliers de kilomètres en Chine jusqu’en
Asie du Sud-Est. Le tout pour revenir en Inde par sa côte
est (merci l’interdiction d’entrée au Tibet pour les non-
Chinois !). C’est presque faire notre boucle initiale à l’envers.
Aïe aïe aïe les aléas du voyage  ! Heureusement, nous ne
sommes pas encore déprimés par ce brusque changement
de programme. Des solutions existent ; nous parcourrons
la Pamir Highway à vélo puis utiliserons les transports en
commun sur une section.
Quelques mois plus tard, c’est sur une plage de sable fin au
Cambodge, l’émotion à fleur de peau, que nous prenons une
nouvelle grande décision. Nous voyageons sans nos vélos,
la magie des rencontres et des paysages d’Asie Centrale
nous manque, nous ne retrouvons pas la même étincelle ici,
en Asie du Sud-Est. Après 10 mois de voyage, nous ressen-
tons le besoin d’assimiler expériences et rencontres. Il y a
aussi l’envie de réaliser de nouveaux beaux projets. Ce jour-
là, nous décidons à l’unanimité de rentrer en France plus tôt
que prévu. Nous sommes heureux.
ET MAINTENANT ?
PAR JULIEN
Quelques années après, nous sommes toujours
dans la Drôme et nous nous y plaisons !
Nos chemins se sont petit à petit éloignés, et
nous nous sommes séparés, sans que ce soit
lié au voyage qui s’était bien passé pour notre
couple. Sophie a monté un atelier-boutique de
créations artistiques à Crest (Facebook : Les
Petites Mains 26). Julien est aujourd’hui ges-
tionnaire du patrimoine bâti pour Terre de Liens
(mouvement citoyen pour rendre la terre au
patrimoine commun), et en train de construire
une maison passive dans un petit village de la
Drôme. Donc nous sommes plutôt heureux tous
les deux, et bientôt parents chacun de notre
côté !

VOYAGE À L’INTÉRIEUR D’UN MONDE

Beaucoup disent que le retour après un voyage au long
cours se prépare tout autant, voire plus, que le départ. Nous
avons essayé de prendre ce soin. Et naturellement, des idées
de projets fusaient déjà au gré des rencontres et au fur et
à mesure de nos implications dans des projets alternatifs
locaux. À notre arrivée en France, l’atterrissage ne s’avère
De ce voyage, Sophie
pas simple à gérer. Nos corps et esprits habitués à un effort
et Julien ont écrit le livre
quotidien tombent dans une forme de torpeur, manquent « Voyage à l’intérieur d’un
d’endorphine, une des hormones du bonheur. Nous nous monde », que vous pouvez
sommes installés dans la Drôme avec l’envie de nous inves- commander sur leur site Web
tir localement et de voyager plus intérieurement.  heureux-vagabondage.com

68 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55

— MEMBRE —

N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 69

 RÉCIT À VÉLO À TRAVERS L’AFRIQUE

UN AN EN

AFRIQUE
À VÉLO
À la fin de sa thèse, Olivier a enfourché sa
monture dans le but de traverser l’Afrique. Tôle
ondulée, guerre, épidémie Ebola, dysenterie…
voyager sans moyen motorisé dans ce continent
est une grande aventure qui nécessite une
ténacité certaine. Mais sourires, sens de l’accueil
et chaleur humaine en font un continent qu’on
peut explorer sans fin…

TEXTE ET PHOTOS Olivier Desmaison

afrique-a-velo.blogspot.fr

70 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55

Tempête.
Du vent, du sable, tout
ce qu’un cycliste déteste.
S’arrêter, se protéger, et
attendre que le rouleau
compresseur passe.

N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 71

 RÉCIT À VÉLO À TRAVERS L’AFRIQUE
À
mon papi, la mémoire familiale de nos virées passées.
Il y a des destinations qui font rêver, qui inspirent, qui in-
triguent, qui indéniablement nous attirent. Je ne connais-
sais rien du Kenya, au mieux, dans un coin de ma tête,
quelques associations d’images et d’idées. Nous étions en
2011, j’avais décidé de partir à  la découverte de la savane
africaine, déjà seul, déjà à vélo. Trois semaines et un déclic :
le continent africain méritait bien plus que ce court périple.
Trois ans plus tard, un doctorat en poche, j’avais enfin l’op-
portunité de franchir le pas, de vivre cette aventure !
TROIS FOIS RIEN DE PRÉPARATION
La préparation de mon voyage fut très sommaire. Un rapide
coup d’œil sur l’enchaînement des saisons m’avait décidé
de commencer au nord et de prendre la direction du sud.
Cape Town, ville symbole, serait la destination finale. Je
prévoyais de prendre l’avion entre l’Afrique de l’Ouest et
l’Afrique de l’Est. Un choix raisonnable pour des questions
de sécurité. À coups de semaines par-ci et de semaines
par-là, j’avais un planning flottant et peu structuré qui me
convenait. Besoin de rien de plus, pas de recherche sur les
forums pour d’éventuels bons plans ou conseils. J’avais
décidé de m’appuyer sur mon instinct et mon matériel déjà
bien éprouvé. Finalement je respectais ma volonté pre-
mière : être libre, libre de découvrir, de me tromper, de me
retrouver avec moi-même !
LE RODAGE
J’avais découvert le voyage à vélo avec Thomas, je commen-
çais ma virée en Afrique avec lui. J’appréhende toujours, lors
des premiers jours de voyage, le contact avec la population.
Sera-t-il facile de bivouaquer, les locaux me permettront-ils
de me fondre dans leur intimité le temps d’une soirée, sau-
rai-je m’adapter à leur mode de vie ? En très peu de temps
on brise la timidité de l’inconnu, on s’ouvre aux autres et on
gagne en assurance pour mieux croquer l’aventure à pleines
72 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55
4 étoiles.
Rien de plus pratique
qu’un hamac pour des
bivouacs nature 4* !
dents. Et c’est ainsi que tout sourires mais dubitatifs, après
une journée seuls sur les pistes caillouteuses du djebel
Saghro (Anti-Atlas marocain), nous acceptons l’invitation
de trois jeunes filles à prendre le thé. Bien entendu, les
traditions sont les traditions. Si nous étions une attraction
pour ces jeunes filles, dès le premier homme de la fratrie
rentré des champs, nous devenons son hôte, le temps d’un
tajine, le temps d’une initiation à notre fidèle compagnon
de voyage, je cite le Uno ! Ne sous-estimez pas la capacité de
ces quelques cartes colorées à rassembler votre assemblée
autour d’une même pioche.
LA GUERRE OU EBOLA, À VOUS DE CHOISIR !
Après ma virée marocaine, j’avais traversé le Sahara Occi-
dental au nez et à la barbe de la police marocaine chargée
de pister (oups, protéger) les voyageurs évoluant dans cette
zone de conflit. Puis j’étais entré en Mauritanie pour res-
pirer l’air du grand large et j’avais finalement rallié Saint-
Louis (Sénégal) pour y retrouver mon second compagnon de
virée, Schuchu. Les nouvelles n’étaient pas bonnes, l’épidé-
mie Ebola se répandait et les frontières se refermaient. Il est
déjà difficile d’obtenir les visas en Afrique de l’Ouest (rare-
ment disponibles aux frontières, j’ai dû passer par les am-
bassades du Mali à Dakar, du Burkina à Bamako, du Ghana
à Ouagadougou, etc.) ; là ça devenait carrément compliqué.
Si ce virus ne nous a pas empêchés de vivre pleinement
l’Afrique noire entre le Sine Saloum (Sénégal) et la Gambie,
il m’a ensuite contraint à revoir une grosse partie de mon
itinéraire. Peu enclin à m’aventurer en Guinée, j’ai préféré
traverser un pays moins contagieux, mais peut-être un peu
plus dangereux, le Mali.
LE MALI, VÉRITABLE COUP DE CŒUR
En Afrique, chaque passage de frontière entraîne un bou-
leversement des modes de vie, des traditions, et nécessite
une continuelle adaptation. Je n’avais pas d’a priori sur le
Mali. Je savais juste qu’il fallait écouter les locaux et ne pas
 Priorité.
Au Zimbabwe plus
qu’ailleurs, Schuchu
laissera la priorité à
l’éléphant sur les routes…
tout comme pour la lionne !

Dad is riding Africa !

Mon père arpentant
les pistes des
plateaux togolais.

Désert.
Sable, cailloux, vent
et solitude au menu
de la traversée du
Sahara occidental.

N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 73

 RÉCIT À VÉLO À TRAVERS L’AFRIQUE

s’aventurer au nord d’une ligne imaginaire qu’ils n’osaient

même plus franchir. J’avais, au Mali, tout ce que j’étais venu
chercher en Afrique : du dépaysement, de la diversité et de
l’engagement.
Pour vivre au plus proche d’une population rurale et d’une
nature préservée, je m’aventurais d’abord sur les pistes de
latérite (de couleur rouge) puis ensuite sur des sentiers de
bergers peuls. Les rencontres, toujours éphémères, réser-
vaient leur lot de surprises. Découvrir des orpailleurs armés
de détecteurs de métaux, partager un moment d’ivresse de
jeunes chasseurs traditionnels maliens, assister à l’introni-
sation d’un roi, participer à la construction d’une hutte en
paille et toit de chaume, etc. Tant d’anecdotes qui consti-
tuent un quotidien toujours renouvelé.
La population malienne n’est pas uniforme. Le Sahel, la

“
savane et la proximité des forêts équatoriales ont façonné
les hommes à leur image. Au fur et à mesure que j’explorais
ce pays, le paysage changeait : d’une case ronde je passais à
une maison de banco (en terre crue), extirpé des sentiers de
la savane, je longeais les berges des fleuves Sénégal et Niger
pour finalement m’enfoncer dans les vallées du Pays Dogon.

N’EST PAS AFRICAIN QUI VEUT

Au fil des jours, le corps s’habitue. Il s’habitue à la chaleur
(avec trop souvent des températures au-delà de 40°C, la Cette proximité entre
père et fils fut unique

„
sieste dans le hamac était devenue un rituel), à la nourriture
(le festin de mangues juteuses était le plat de tous les jours)
et à l’eau. Pour ne pas froisser mes hôtes, je buvais l’eau et c’est décomplexés
qu’ils m’offraient sans la filtrer ni la purifier. Après 3 mois
d’immersion, les quelques gouttes du fleuve Sénégal firent
que nous avons croqué
déborder le vase : cloué sur une paillasse pendant 48h, in- chacune des péripéties
capable de manger ou boire, vomissant au moindre effort,
je ne dus mon salut qu’à la bienveillance d’une famille ma- de cette expérience
lienne qui m’accueillit le temps de mon rétablissement.
partagée.
DAD IS RIDING AFRICA !
J’ai clôturé ma virée en Afrique de l’Ouest en partageant
un bout de mon chemin avec mon père. C’était son premier
voyage à vélo, il avait choisi le Togo, et il ne lâchait rien ! Camouflage.
Nous avions convenu que nous vivrions cette virée comme Savoir se fondre dans
je la vivais depuis 6 mois  : en prenant les pistes, même le paysage est requis
celles qui montent, en s’arrêtant les midis dans les bouis- pour mieux s’immerger
bouis locaux pour se restaurer et contempler la vie locale, dans la vie locale.
en bivouaquant au plus proche de la nature et en parcou-
rant les marchés pour mieux se ravitailler. Cette proximité
entre père et fils fut unique et c’est décomplexés que nous
avons croqué chacune des péripéties de cette expérience
partagée.

L’OUGANDA, LE PAYS DES SAFARIS À VÉLO

Il est une chose magique en Ouganda : pouvoir parcourir les
routes principales traversant les nombreux parcs nationaux
à vélo. Loin des restrictions du Kenya et de la Tanzanie, ici,
il est très facile de contempler la faune africaine depuis sa
monture, et cela, à moindres frais ! En passant de l’Afrique
de l’Ouest à l’Afrique de l’Est, j’avais clairement changé de
mode de vie. La tradition s’effaçait ici devant une occiden-
talisation accélérée. Les boubous avaient laissé place à des
contrefaçons et les pickups encombraient des routes déjà en

74 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55

 Banco.
La diversité du Mali : ici une
mosquée en banco (briques
de terre crue appelée
en général « adobe » ou
« banco » en Afrique).

En connaître un rayon. Safari.

Plus que les crevaisons, L’Afrique australe est
ce sont les rayons propice aux safaris, à vélo
rompus qui m’auront (Ouganda), ou parfois
donné du fil à retordre. en 4x4 (Botswana).

N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 75

 RÉCIT À VÉLO À TRAVERS L’AFRIQUE
Quadrupède vs bicycle. Contre-courant.
Plaisir de croiser d’autres Alors que certains partent
voyageurs sur les pistes pour le marché en
d’oueds marocains. famille, nous filons vers
la frontière gambienne.
décrépitude avant même d’avoir été terminées. J’ai vraiment
apprécié l’Ouganda et pas que pour ses chapatis ! Entre le
désert et les 4000 mètres d’altitude des monts Rwenzori,
entre les crater lakes et les immenses étendues des lacs Vic-
toria, Albert ou Édouard, il est très facile de passer du vélo
au canoë ou de la randonnée à la contemplation animalière
et de redonner ainsi une dynamique au voyage. Eh oui,
après 6 mois en Afrique, voir traverser un éléphant depuis
son vélo n’est plus aussi hallucinant que la première fois J.
Bien qu’en toute franchise, je ne m’en lasserai jamais !
UNE LENTE TRANSFORMATION
Initialement, j’alternais entre bivouac et nuits chez l’habi-
tant. Les échanges étant devenus très répétitifs (consé-
quence de cultures trop différentes), je passais de plus en
plus de temps seul le soir, tranquillisé par le rituel du bi-
vouac dans lequel j’avais mes repères.
Le Rwanda, chargé d’une lourde histoire, est un pays totale-
ment remodelé par l’homme. À très forte densité, fier d’une
autonomie certaine, il a refaçonné ses 1001 collines en une
infinité de parcelles cultivées. Le contact avec la population
a été difficile : j’étais pour eux la bête de foire, l’étranger que
l’on méprise. Alors finalement, après avoir enfin réussi à
passer une nuit chez une famille, je suis parti le lendemain
développer les quelques photos que nous avions prises en-
semble pour leur remettre en main propre !
COMPTE À REBOURS VERS LE MALAWI
Je devais rejoindre ma mère à Lilongwe au Malawi 3 se-
maines plus tard, et il me restait une belle portion de route :
76 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55
2000 km et 3 frontières à franchir. La traversée de la Tanza-
nie fut expédiée, loin des touristes mais près de la faune,
avec pour apothéose une étape clandestine dans le parc na-
tional Katavi, connu pour abriter plus de lions que d’habi-
tants. Par chance je n’en ai croisé aucun. Il faut dire que j’y
ai fait un tel raffut pour éloigner les milliers de taons qui me
dévoraient que seules les hyènes rôdant autour de la tente à
la nuit tombée purent profiter d’un peu de calme. L’aventure
était à son comble, j’exultais !
Après une courte déviation par la Zambie pour réduire la
distance, j’ai longé le lac Malawi en compagnie de Clive,
l’un des premiers cyclotouristes rencontrés sur le continent.
Anglais d’origine jamaïquaine, noir de peau, il était adulé
de tous les locaux qui s’esclaffaient en le voyant sur un
vélo de blanc !
Pour mieux profiter de ma maman, j’ai laissé mon vélo de
côté. Elle avait organisé le voyage et les étapes, je n’avais
plus qu’à suivre et lui faire découvrir à mon tour les dif-
férentes facettes de cette accueillante contrée. C’était en
somme des vacances pour tout le monde !
LE ZIMBABWE, TOUTE UNE ÉPREUVE !
Pour la seconde fois je retrouvais Schuchu sur mon périple
dans le but de traverser le Zimbabwe d’est en ouest. Ce
pays, autrefois une des puissances de l’Afrique Australe,
a sombré en quelques années dans une misère effroyable
sous le joug du dictateur Robert Mugabe. En longeant le
lac Kariba depuis les hauteurs, nous découvrîmes une terre
sèche et dure. Sous la chaleur, les pistes de sable rendaient
notre progression compliquée. Chercher à manger et à boire
 Pas gué.
On trouvera toujours une
bonne âme (moyennant
pourboire) pour nous
aider à franchir les
nombreux cours d’eau.

Mauritanie.
À chacun sa monture.

Dépaysement.

“
Inselberg et village aux toits
de chaume, un paysage
classique de l’ouest malien.

„
Seules les hyènes rôdant
autour de la tente à la nuit
tombée purent profiter d’un
peu de calme. L’aventure était
à son comble, j’exultais !

N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 77

 RÉCIT À VÉLO À TRAVERS L’AFRIQUE
“ Ce voyage représentait pour moi une
étape de vie. L’Afrique et son parcours
à vélo m’avaient procuré ce que j’étais
venu chercher.
constituait une tâche à part entière  : les sources étaient
souvent reculées dans le bush, et certaines fois, il a fallu se
résoudre à creuser les lits de rivières asséchées pour trouver
de quoi se réhydrater. Enfin certaines zones publiques du
Zimbabwe sont considérées comme des réserves de chasse
où il n’est pas rare de croiser pachydermes et autres préda-
teurs le long de la route. Alors autant dire que l’unique fois
où nous avons croisé une lionne, nous avons attendu dans
un état de tension bien palpable le passage d’un pick-up
pour continuer notre route !
UNE FIN DE VOYAGE AXÉE SUR LE PARTAGE
Ben et Éric, partenaires d’enduro (VTT), arrivaient pour 15
jours dans le nord du Botswana. Je laissais mon vélo de ran-
donnée chez le directeur de l’Alliance française et partais
partager ce bout de voyage avec des êtres chers. Le Botswa-
na est le pays le plus époustouflant en termes de paysages
que j’ai pu visiter lors de ce voyage, mais, plus développé,
il m’a paru moins praticable à vélo tant les chemins sont
privés et les routes goudronnées et passantes.
78 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55
Les chutes Victoria.
Vues une fois depuis
la Zambie puis depuis
le Zimbabwe.
Fil rouge.
Une piste en latérite au
milieu de la savane : plus
varié qu’il n’y paraît.
Seul au monde.
Tranquillité dans le parc
Matobo au Zimbabwe : pas
d’animaux, pas de touristes.
„
Au fil des mois, atteindre Cape Town ne me semblait plus
être une fin en soi. Le voyage dans sa globalité l’était. Le
vivre intensément l’était. Le partager avec ma famille ou mes
amis l’était. Lorsque l’opportunité de fêter le réveillon avec
mon frère et ma sœur en Afrique du Sud s’est présentée, le
choix a été vite fait : je les attendrais à Johannesburg pour
ensuite partir avec eux explorer le Kwazulu-Natal. Conclure
mon voyage en leur compagnie avait beaucoup plus de sens
que de rouler en contre la montre jusqu’au Cap de Bonne
Espérance : cette dernière visite serait le clou du périple !
Ce voyage représentait pour moi une étape de vie. L’Afrique
et son parcours à vélo m’avaient procuré ce que j’étais venu
chercher  : aventure, dépaysement, diversité, intensité et
partage ! Avant de partir, j’avais pris le soin de laisser mon
CV à un ancien collègue en l’invitant à me contacter si un
poste se libérait. Coup de chance, il l’a fait et j’ai pu com-
mencer à travailler à Lyon quelques semaines après avoir
franchi le cap d’un an de voyage. Des souvenirs plein la tête,
encore et toujours fasciné par cette contrée, je pouvais tour-
ner la page sans aucun regret ! 
 L’OUTIL
ULTIME POUR
L’AVENTURE.

SUSPENSION
poIds: 272 gr.

dImensIon: 10 cm
de longueur
en posItIon
fermée.

InspIré des ponts de la vIlle d’orIgIne de

gerber à portland en oregon, la pInce
ET MAINTENANT ? suspensIon est un outIl multIfonctIons
au desIgn unIque avec une pInce à ressort,
La transition d’une vie en plein air à une vie plus notre système de blocage breveté saf.t.plus,
rangée derrière un écran, enfermé dans un bureau,
une lame lIsse, une lame crantée, une scIe
s’est faite très rapidement. C’est hallucinant cette
et plus encore !
capacité qu’a la société à nous remettre dans le
protégé dans un fourreau en nylon
moule ! Nouvelle ville (Lyon), nouveau boulot (édition
ballIstIc, c’est un outIl léger, fIable
de logiciels de modélisation de procédés de fabri-
et polyvalent pour parer à toutes les
cation), nouvelle copine (Tiphaine), bref nouvelle
sItuatIons !
vie. Les loisirs et l’attrait pour la montagne restent
inchangés, mon temps hebdomadaire se partage
entre une vie citadine en semaine et des escapades *
dans les Alpes le weekend. Au quotidien, le vélo de
ville remplace le vélo de voyage, qui, lui, reprend
du service lors des congés annuels. Nous avons,
Tiphaine et moi, exploré le Laos et Madagascar. La
grande différence étant que je ne pars plus seul.
Nous avons l’envie, un jour, de (re)vivre à deux un
nouveau voyage au long cours !

Distributeur exclusif
l O i s i r A l P. c O M N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES
*rieN ∙ 79
Ne VOus ArrÊte
 RÉCIT MY HAPPY CANADA TOUR

MY
HAPPY
CANADA
TOUR
Traversée du Canada seule et à vélo

C’est avec audace que Sandrine s’est

lancée dans l’aventure seule : elle
a traversé le Canada d’ouest en est
à vélo. Sa soif de liberté lui a donné
des ailes quand les routes devenaient
longues et monotones. Son sourire
lui a ouvert les portes de bien des
maisons. Ce que l’on en retient ?
Osons !

TEXTE ET PHOTOS Sandrine Laporal

myhappycanadatour.com

80 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55

 Paysage.
J’ai pédalé pour découvrir
avec émerveillement un
paysage de carte postale
qui me faisait tant rêver :
le lac Peyto dans le parc
national de Banff (Alberta,
Rocheuses canadiennes)
et sa forme évoquant
une tête de loup.

N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 81

 RÉCIT MY HAPPY CANADA TOUR

D
Vignobles. epuis mon plus jeune âge, les grands espaces canadiens
Sur la route des vins, ironie me font rêver. Pour ma 35e année, j’ai tenté ma chance pour
du sort, j’ai connu la soif décrocher un Permis Vacances Travail pour ce pays. La lote-
et souffert de la chaleur. rie canadienne en a décidé autrement, mais n’a pas anéanti
mon rêve pour autant. Un jour, je suis tombée sur un article
de presse relatant la traversée du Canada à vélo d’un jeune
couple français et je me suis dit «  pourquoi pas moi  !  ».
Quant à la décision de partir seule, elle était pour moi une
évidence. Je voulais me détacher du regard des autres, me
réapproprier ma vie et découvrir mon espace intérieur.
«  Ne laisse jamais personne te dire ce dont tu es capable.
C’est à toi de choisir et de vivre ta vie » Laurent Gounelle

PRÉPARATION
À l’époque j’étais en intérim longue durée. À la fin de ma
mission, on m’a proposé un CDI que j’ai refusé pour pouvoir
partir. J’ai préparé mon départ un an à l’avance (ndlr : voir
l’encart sur le budget). Je débordais d’enthousiasme  ! J’ai
Merci. pris plaisir à partager à travers mon blog mes préparatifs et
Merci pour tout cet amour la construction de chaque pierre de mon édifice, depuis le
et cette générosité durant choix de mon matériel jusqu’à ma préparation physique et
ces 8200 km à vélo. le tracé de mon itinéraire. Parmi les pépites, il y a eu le récit
de mon entraînement dans un parc, pour accrocher mon sac
de nourriture en hauteur, dans le cas où je me retrouverais
à bivouaquer en compagnie d’ours. Ma corde et le sac sont
restés coincés dans l’arbre et j’ai dû appeler mes parents
pour qu’ils m’apportent un escabeau…
Ces partages ont été un bonheur. Avant même mon arrivée
sur le territoire canadien, grâce à mon blog, ma page Face-
book, la presse et la radio, j’avais déjà derrière moi une ar-
mée de fidèles lecteurs et les invitations pour être hébergée
au Canada et au Québec commençaient à inonder ma boîte
mail !

8200 KILOMÈTRES POUR ARRIVER À SOI

À Vancouver j’ai été accueillie par un couple connu via
Warmshowers et après une semaine d’exploration de la belle
capitale, j’ai pris la route. Le long de la Sunshine Coast, j’ai
goûté à mes premières côtes et connu mes premières défail-
lances physiques. L’île de Vancouver m’a réservé mes pre-
miers émerveillements, avec ses longues plages sauvages
bordées de sapins, ses arbres millénaires dont la hauteur
vous cache la vue du ciel, ses lacs couleur émeraude et ses

82 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55


Plaisir.
À vélo, je savoure les
“
plaisirs simples de la
vie, comme celui de
manger des fruits rouges
sur un bord de route.
Mon seul objectif :
pédaler jusqu’au point
de non-regret.
„
couchers de soleil flamboyants. Ce fut aussi l’occasion pour
moi des premières rencontres : avec les ours noirs, mais sur-
tout avec les Canadiens dont le sens de l’accueil et le positi-
visme me firent oublier mes dernières appréhensions. « Life
is good as long as you enjoy what you have  » («  La vie est
belle tant que tu profites de ce que tu as »), les paroles de
Nick prononcées au bivouac allaient m’accompagner tout
au long de mon voyage. Sur mon journal, j’écrirai d’ailleurs
ces quelques lignes…
Chaque jour, je ressens cette terrible envie de reprendre la
route sans savoir où je vais m’arrêter, ni où je vais dormir.
Chaque soir, lorsque je plante ma maison de tissu au milieu
de nouveaux paysages et que je fais de nouvelles rencontres,
je sais pourquoi j’ai pédalé. Cela fait une semaine que je suis
sur la route et déjà j’ai pris goût à l’imprévu. J’ai laissé der-
rière moi mes peurs et j’avance en me fiant à mon instinct :
serait-ce le fameux lâcher prise, celui que tant de personnes
cherchent à atteindre ?
CRAZY GIRL
De retour à Vancouver, c’est avec le surnom «  crazy girl  »
que j’ai démarré ma traversée sans savoir si je parviendrais
de l’autre côté. Mon seul objectif  : pédaler jusqu’au point
de non-regret. 1342 mètres : ce sont les mensurations d’Alli-
son Pass Summit, le tout premier col à s’être dressé sur ma
EN SAVOIR +
Pour en savoir plus sur Sandrine, son témoi-
gnage sur le fait de voyager seule, ses astuces
pour dépenser moins en voyage à vélo...
⊲ expemag.com/go/annee-sabbatique
route. Sous une chaleur de plomb, j’ai réglé avec précision
la cadence de mon pédalage à celle de ma respiration, tel le
tic-tac d’une horloge suisse. J’ai ressenti une joie immense
en atteignant le sommet, rien de tel pour alimenter le capi-
tal confiance ! Dans le seul désert du Canada, j’ai connu la
soif et souffert de la chaleur dépassant les 40°C. Malgré la
rudesse de la température, la vallée d’Okanagan est un véri-
table havre de paix, avec ses vignes bordant les lacs et la
luxuriance de ses vergers. Monte Lake fut l’un de mes plus
beaux spots de bivouac. Ma tente plantée face au lac, j’ai
passé la soirée à observer le va-et-vient des barques des
pêcheurs, tandis que des balbuzards tournoyaient dans le
ciel, poussant des cris stridents avant de disparaître sous
la surface de l’eau, pour en ressortir avec une proie entre
leurs pattes. Ce soir-là, Shirley et Peter, des retraités venus
pêcher, m’ont offert un bocal de poisson fumé, une part de
gâteau au chocolat, ainsi qu’une tasse de thé au coin du feu.
Le lendemain matin, après m’être levée tôt pour assister au
lever du soleil, ils m’invitaient dans leur camping-car pour
le petit-déjeuner.
NATURE BRUTE, ÉMERVEILLEMENT
Du haut de ses 3954 mètres, le mont Robson est le point
culminant des Rocheuses canadiennes. Au pied du géant
j’ai pleuré, tant l’émotion et mon émerveillement furent
N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 83
 RÉCIT MY HAPPY CANADA TOUR

Montagne.
Un coup de pédale à
la fois, je gravis les
sommets à vélo.

Solitude. Sommet.
Être émue face à un Mon sourire au sommet : je
coucher de soleil m’étais fait une montagne
et apprivoiser la de ce premier col à
solitude heureuse. gravir sur ma route.

VOYAGER AVEC UN PETIT BUDGET, C’EST POSSIBLE !

Au cours de mon année de préparatifs, j’ai économisé sur
tous les postes (ciné, resto, concert…), j’ai quitté l’appar-
tement que je louais pour retourner chez mes parents
jusqu’à mon départ (et à mon retour également), et j’ai
acheté le matériel petit à petit pour étaler les dépenses.
Par ailleurs, en plus de mes économies, je suis parvenue à
négocier des partenariats afin d’alléger mon budget : vélo,
matériel de camping, textile, assurance voyage. Grâce à
une vidéo postée sur la page Facebook d’Air Transat, la
compagnie m’a offert mon billet d’avion.
J’ai débloqué 3000 € d’un livret pour les dépenses quoti-
diennes au Canada. Le coût de la vie y est élevé – nourri-
ture, ferry, hébergement (les quelques nuitées en cam-
ping, parcs nationaux, motels ou auberges de jeunesse
(moins de 10 fois au total) ont pesé dans le budget) – mais
en faisant principalement du camping sauvage et en étant
attentive, j’ai pu voyager 5 mois et demi dans ce pays !

84 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55

 grands devant la beauté de son sommet enneigé qui m’avait
fait l’honneur de se montrer. J’ai ensuite acheté mon lais-
sez-passer pour parcourir l’une des plus belles routes au
monde. La promenade des Glaciers, aussi connue sous le
nom de Highway 93, est la promesse de 230 km de nature
à l’état sauvage, de lacs turquoise, de cascades vertigi-
neuses, de sommets enneigés, de glaciers imposants mais
fragiles face au réchauffement climatique. Je ne peux que
vous encourager à parcourir un jour cette route à vélo ! Les
territoires des Prairies font peur à plus d’un voyageur. Nom-
breux sont ceux qui les évitent par crainte de l’ennui et du
manque d’intérêt. Sur cette ligne à l’infini, j’ai trouvé de la
force et de la sérénité ; ne pas voir ce qu’il y avait au-delà de
l’horizon ne me faisait plus peur.
CHALEUR HUMAINE
En Saskatchewan, les habitants sont ancrés à leur terre
comme les racines d’un arbre. Même le vent qui souffle
parfois fort n’a pas réussi à les en déloger. Et si les caprices
d’Éole, les faux plats et les longues distances ont parfois
pu rendre les Prairies difficiles, l’hospitalité et la générosité
des habitants furent là pour me mettre du baume au cœur.
« Sit long, talk much, laugh often » (« Assieds-toi un moment,
bavarde et ris souvent »). Un écriteau avec cette phrase était
suspendu sur la porte d’entrée de celle qui allait devenir ma
grand-mère canadienne. Nora, dont l’étymologie grecque
signifie « éclat du soleil », 94 ans, vit seule avec son chien,
dans sa maison de Saskatoon. Dans le regard de Nora se
dégageaient à la fois force, tendresse et générosité. Durant 2
jours, elle m’a hébergée, a soigné mes brûlures causées par
le soleil et m’a raconté de vieilles histoires comme le font
tous les anciens. Je lui ai préparé des crêpes, du pain perdu
et ai pris soin d’elle comme de la grand-mère que j’aurais
aimé avoir.
ATTACHANTE GASPÉSIE
En Ontario du nord, j’ai connu l’enfer entre la rudesse des
habitants, les attaques de moustiques et de mouches noires
et les conditions de circulation à vélo déplorables. Je suis
arrivée à Montréal le 25 août sous un déluge de pluie et en
voiture pour les derniers kilomètres. Le retour à l’agitation
de la ville fut un traumatisme pour moi. Je me suis sentie
comme un animal en captivité qui ne demandait qu’à re-
prendre sa liberté. Je suis restée en cage quelques jours, le
temps de reprendre des forces car la fatigue se faisait res-
sentir, et puis j’ai repris la route. J’ai fait mon entrée en Gas-
pésie, et j’en suis tombée amoureuse. Cette péninsule est
rassurante comme une île, indomptable comme un animal

Neckargemünd
Neckarsteinach
Hirschhorn
Eberbach Neckargemünd

VIVRE LA
Nature
4
multipliée
par

Eberbach

À VÉLO EN RANDO
L’itinéraire au bord de la
rivière Neckar offre la pos-
sibilité d’une balade à vélo
confortable et tranquille
loin du trafic automobile.
On découvre un château
fort sur presque chaque
colline le long du chemin.
Neckarsteinach
La vallée du Neckar
avec ses chemins de
promenade et de rando
est destinée pour cette
activité.
Le sentier « Neckarsteig »
avec ses 9 étapes est
une expérience
inoubliable pour
tous les adeptes
de la randonnée.

LES QUATRE ROMANTIQUES

dans la vallée du Neckar

www.romantischevier.de
N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 85
Hirschhorn
 RÉCIT MY HAPPY CANADA TOUR

Ours.
Bebb, dessinateur
amateur, a illustré avec
humour ma rencontre
avec les ours, que
j’appréhendais un peu…

Bivouac.
Je n’avais jamais fait de
bivouac avant ce voyage.
Installer ma maison de
tissu chaque soir dans un
endroit différent est devenu
ma routine heureuse !

“
sauvage, imprévisible par sa météo mais aussi et surtout
par ses paysages, car on peut y trouver à la fois la mer, la
montagne et la forêt. La Gaspésie est l’endroit idéal pour
se déconnecter du superflu et se reconnecter à l’essentiel :
J’avais le sentiment

„
l’homme et la terre.

LE TOURNANT DU VOYAGE d’être devenue une

À Douglastown, j’ai séjourné et travaillé 3 jours au sein d’une
famille belge expatriée : cette rencontre fut le tournant de ce
voyage. Gérard, Catherine et leurs enfants vivent en quasi
autosuffisance alimentaire. Ils élèvent leurs animaux dans
l’amour et le respect, même au moment de devoir les tuer. Ils
cultivent leur potager selon les principes de la permaculture,
transforment le lait pour en faire des yaourts, du beurre, de
la crème et des fromages. Au sein de son foyer, cette famille
cultive surtout la sobriété heureuse, que prône Pierre Rabhi.
Le 15 septembre, en posant devant le célèbre rocher Percé,
j’étais parvenue à pédaler jusqu’au point de non-regret. Pour
autant, je ne me sentais pas prête à rentrer en France. J’ai
eu la chance de vivre 15 jours dans une pourvoirie (chalet
au milieu d’une réserve traditionnelle de chasse et pêche)
située dans les Hautes-Laurentides. À 70 km à la ronde, il
n’y avait rien d’autre que la forêt dans ses habits d’automne,
des rivières et des cascades. J’ai travaillé en échange du
logis, du couvert, des soirées conviviales au coin du feu et
des plus beaux couchers de soleil. Je ne pouvais rêver plus
bel épilogue pour clôturer cette merveilleuse aventure que
ce retour à l’essentiel. En quittant le sol canadien, j’avais le
sentiment d’être devenue une happycultrice : personne qui
fait son miel des petits bonheurs de l’existence. Qu’allait-il
advenir lors de mon retour en France ?
ET APRÈS ?
Plus que jamais happycultrice !
Retrouver le chemin d’une vie « normale » ne fut pas chose
aisée. À force de ténacité, je suis parvenue à me faire finan-
cer une formation de technicien cycles à l’issue de laquelle
happycultrice : personne
qui fait son miel des petits
bonheurs de l’existence.
j’avais décroché un contrat dans un magasin de vélo à
Vannes. Alors que je pensais être à nouveau sur les rails,
prête à tracer ma route, le train a déraillé. Quelques jours
après le début de ma formation, on m’a diagnostiqué un
cancer du sein. J’ai dû dire adieu à mon diplôme et à mon
installation à Vannes pour débuter un combat auquel je ne
m’étais pas préparée. Sitôt la mauvaise nouvelle encaissée,
j’ai fait tout mon possible pour garder l’équilibre et ne pas
tomber  : j’ai marché tous les jours, parfois seulement 20
minutes parce que mon corps ne pouvait pas en faire plus.
J’ai fait du vélo, pas aussi souvent que je l’aurais voulu, car
l’effort était trop important. La veille de mon opération j’ai
roulé 60 km par 35°C pour évacuer le poison des chimiothé-
rapies et montrer au crabe que j’avais le dessus. Sans cette
traversée à vélo, je ne sais pas si j’aurais eu la même force
mentale pour affronter cette épreuve. Aujourd’hui, plus
que jamais, je suis toujours une happycultrice qui savoure
chaque instant. Je cours, je pédale, car le mouvement c’est
la vie.
Je dédie cet article à Alexis Loireau ainsi qu’à ses proches,
et à Mathilde avec qui je savoure chaque instant de cette
seconde vie. 

86 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55

N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 87
 RÉCIT VÉLO ET WOOFING

1 2

UNE ANNÉE EN
AMÉRIQUE DU SUD
Vélo et Woofing en famille !
Voyager à vélo en famille était un vieux rêve. Sonia
3 et Cyril avaient déjà roulé en Europe en couple, puis
avec les enfants lors de petites vacances à vélo,
parfois avec des amis. Mais comment partir toute
une année, laisser son travail, l’école, et faire une
grande parenthèse ?
TEXTE ET PHOTOS Sonia Durand
Famille : Anaïs (14 ans), Sonia (41 ans), Maïa (10 ans),
Youri (12 ans), Cyril (41 ans)
ernestastrimbal.com
4

5
1. Devant le lac 2. Permaculture à Písac,
Titicaca, Bolivie. Vallée Sacrée, Pérou.

3. Traducteurs pour les 4. Animateurs nature à

visiteurs de la réserve Lago Agrio, Équateur.
Serere, Bolivie.

5. La famille « western »
dans la pampa du
Chubut, Argentine.

88 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55

J
’ai fait le choix d’arrêter mon acti-
vité professionnelle, les enfants gran-
dissent, et le vieux rêve nous titille.
C’est le film documentaire En quête
de Sens qui interroge nos visions du
monde – résonnant particulièrement
chez notre fille aînée Anaïs – qui a été
le déclencheur  : la décision est prise,
nous partirons un an en famille  ! Les
enfants s’emparent très vite de l’idée,
Cyril trouve un accord au sein de son
entreprise pour prendre un congé
sans solde, nous faisons une demande
d’enseignement  à domicile à l’acadé-
mie. Témoignages de familles voyageuses à l’appui, nous dé-
cidons en effet d’assurer nous-mêmes l’enseignement, sans le
CNED, afin d’y consacrer un temps restreint, et puis le brevet
des collèges n’est pas obligatoire… Nous glanons informations
et conseils auprès de voyageurs, en particulier grâce au festival
Vél’Osons de Chambéry, et 6 mois plus tard c’est le départ !
CHOIX DE L’AMÉRIQUE LATINE
Nous choisissons 5 pays d’Amérique du Sud, où l’on peut tra-
verser facilement les frontières, où l’on parle espagnol, et qui
offrent une belle diversité de cultures et de nature, avec en
point de mire la forêt amazonienne puisque nous avions pro-
mis aux enfants il y a bien longtemps «  qu’un jour nous les
emmènerions dans la jungle » ! Nous optons pour un départ de
Buenos-Aires, une descente jusqu’au sud de la Patagonie par la
côte atlantique, puis une remontée à travers les Andes, par la
fameuse Carretera Austral, le retour étant fixé depuis Quito. À
part ces grandes lignes, l’itinéraire est laissé libre et à bâtir au
fil du périple.
VIVRE AVEC PEU ET OUVERT À L’AUTRE
Le voyage à vélo nous apprend à vivre avec peu  : 2 tandems,
1 vélo, 12 sacoches avec tout le matériel pour dormir et man-
ger en autonomie.  Nous vivons dehors et nous adaptons aux
conditions du climat, du relief. Nous nous imprégnons des pay-
sages, des ambiances, nous rencontrons les gens « du bord de
la route ».
Dès le début, nous sommes frappés par l’enthousiasme et l’ac-
cueil des Argentins. En étant coupés des médias qui engendrent
la peur et le repli, nous avons le sentiment de nous libérer d’un
poids qui pèse sur nos sociétés modernes : en une année, rares
sont les cas où nous avons ressenti l’hostilité, jamais l’insécu-
rité.
Les temps d’école se font un peu partout, à l’occasion des
pauses. Nous y consacrons une heure par jour, assez pour gar-
der le fil du programme scolaire. Et puis c’est l’école de la vie,
l’apprentissage en immersion d’une langue, de cultures, de
l’Histoire, au contact de personnes diverses et de tous âges !
WOOFING
Au-delà des paysages, ce qui est important pour nous dans ce
voyage, ce sont les rencontres, c’est pourquoi nous avons déci-
dé de faire du woofing : ce principe d’échange de main-d’œuvre
contre le gîte et le couvert s’est largement répandu à travers le
monde pour toutes sortes de projets au sein de familles, d’asso-
ciations, autour du tourisme… Grâce au site workaway.info nous
avons rythmé notre voyage de 12 étapes d’une durée allant de
quelques jours à 1 mois. Nous l’avons expérimenté, le woofing
en famille c’est possible !
Lors de ces pauses, chacun d’entre nous est autonome, respon-
sabilisé, et développe des relations privilégiées avec des per-
sonnes très diverses. Cette alternance avec les phases d’itiné-
rance offre une vraie respiration à la famille. Les enfants ont
rapidement appris la langue espagnole et sont donc ravis de
ces temps où ils peuvent évoluer en autonomie et apporter de
l’aide en fonction de leurs compétences. En général, nos hôtes
accueillent avec enthousiasme l’idée de recevoir une famille, et
de notre côté nous ne sommes pas exigeants sur la rusticité et
la promiscuité qui nous est offerte (en général nous dormons à
5 dans une pièce parfois sur nos matelas de bivouac).
APPRENDRE ET PARTAGER
Nous exerçons dans des métiers très divers : charpentier, cui-
sinier, serveur, peintre, jardinier, animateur nature, professeur
d’anglais, traducteur, maçon, boulanger, etc. ! Nos savoir-faire
de bricoleur, en particulier le travail du bois, sont très appré-
ciés ; Anaïs ne perd pas une occasion de cuisiner ou d’accueil-
lir, Youri propose dès qu’il peut ses talents de dessinateur pour
des fresques, décors et enseignes, et Maïa est aussi volontaire
et polyvalente !
Nous avons vraiment apprécié ces temps de vie partagés, sans
notion d’argent, qui nous ont permis de vraies rencontres.
Workaway.info permet de choisir les projets selon ses affinités
et ses compétences. Nous avions pris quelques contacts avant
le voyage, les autres se sont définis au fil de notre progression :
il est partout possible de trouver une connexion internet (selon
les pays sur les places des villages, dans les bibliothèques
ou les cybercafés) pour pouvoir prendre contact une ou deux
semaines avant d’arriver sur les lieux (ou plus pour des projets
bien ciblés qui nous tenaient à cœur). Ces « points de mire » ont
aussi donné de bons objectifs à atteindre pour les enfants, et la
perspective d’un temps sédentaire de partage.
QUE NOUS RESTE-T-IL DU VOYAGE ?
Une ouverture bien sûr, plein de petites graines semées dans
nos cœurs et de petits changements au quotidien : le plaisir de
cuisiner végétarien (et local !), retrouver avec un œil nouveau la
beauté de notre région, aménager du temps pour la créativité,
essayer de prolonger ce lien profond avec la nature…
Concrètement, les enfants ont retrouvé leur cursus scolaire
« normal » (sans « perdre » d’année), Cyril a repris son emploi
mais se ménage du temps pour ses créations en tournage sur
bois ; quant à moi ayant arrêté mon activité avant de partir, je
suis revenue avec nombre d’idées en tête, l’envie de créer une
entreprise, et un large champ des possibles... 
Woofing  : de l’acronyme WOOF pour World-Wide Opportunities on
Organic Farms (réseau mondial de fermes bio), mouvement qui per-
met des échanges de savoirs et d’entraide entre des agriculteurs bio
(les hôtes) et le grand public motivé (les woofeurs). Pour nous, le
concept s’est étendu à d’autres secteurs d’activité : éducation, tou-
risme, construction...
ET APRÈS ?
PAR ANAÏS, 17 ANS
La vie quotidienne a vite repris son cours mais
plein de détails font que ce quotidien n’est pas
exactement le même. Dans la rue, au boulot, au
lycée ou au collège, nous percevons les choses
avec un œil nouveau. Le voyage nous a apporté
un certain recul sur les choses et il est plus facile
d’envisager le futur comme un large espace lumi-
neux et moins comme un tunnel dans lequel nous
sommes coincés « pour la vie » (par exemple,
à l’heure du choix des études supérieures…).
Plus concrètement, nous pensons moins que les
choses sont impossibles, et nous montons donc
plus de projets comme construire un jardin en
permaculture, recevoir des volontaires du monde
entier, faire partie d’associations…
N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 89
 RÉCIT DU YOSEMITE À LA PATAGONIE

DU YOSEMITE
À LA PATAGONIE
Vélo et escalade aux Amériques
Victor a 20 ans quand il décide de prendre une
année de césure pendant ses études d’ingénieur
pour réfléchir à son projet professionnel ; envisager
sa vie devant un ordinateur ne l’attire guère. Année
de césure ou changement de cap ?...

TEXTE ET PHOTOS Victor Colombié

vicokleta.wordpress.com

Campo de Hielo Cordillère blanche, Pérou.

Sur, Patagonie.
Marche d’approche sur la 3e
calotte glaciaire au monde.
Moments partagés en
paroi sur La Esfinge,
un big wall péruvien de
800m. Rigolades, granit
et soleil, du pur bonheur.

Vie nomade.
Il en faut peu pour
être heureux !

90 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55


N
é au bord de la plage
au Pays basque, j’at-
tends mes 18 ans pour
découvrir la montagne
dans les Alpes. En in-
tégrant une école d’in-
génieur à Chambéry,
je consacre la plupart
de mon temps libre
à la parcourir. Petit à
petit, je me prends au
jeu au point de vouloir
en faire mon métier.
J’hésite… Tout lâcher pour devenir guide de haute mon-
tagne  ? Être ingénieur et passer mes journées devant un
ordinateur  ? Finalement ai-je assez de recul pour prendre
cette décision  à 20 ans  ? La direction de l’école m’accorde
une année de césure pour y réfléchir en voyageant.
GRIMPEUR ITINÉRANT
1er septembre, départ de San Francisco, il me reste 9 mois
devant le guidon. J’apprivoise petit à petit l’anglais, et ar-
rive au Yosemite, étape mythique pour les grimpeurs. J’ap-
prends à connaitre ma nouvelle maison : une sacoche pour
la cuisine, une autre pour la chambre, puis les petites de
devant pour les vêtements et les quelques affaires d’esca-
lade, chaussons, baudrier, quelques sangles et coinceurs.
J’espère bien rencontrer des grimpeurs en recherche de
compagnon de cordée. Après une dizaine de jours à esca-
lader ces terribles fissures de granite, je décide de suivre la
pérégrination de quelques grimpeurs de falaise en falaise
vers le désert d’Arizona en enchaînant Lake Tahoe, Bishop,
Red Rock Canyon. S’ensuivent des alternances de périodes
de vie nomade à découvrir l’Amérique (et ses habitants !) et
d’autres pendant lesquelles je retrouve cette communauté
de grimpeurs fuyant l’hiver en quête de beau temps.
EN FAMILLE
Changement d’hémisphère, de langue, d’ambiance, me
voilà au pied du Fitz Roy où je retrouve Maud, amie de Cha-
Immensité américaine.
Les lignes droites interminables
de la Death Valley.
monix, férue d’alpinisme. Impossible de raconter tous ces
moments vécus, toutes ces montagnes escaladées, toutes
ces nuits passées sous les étoiles. Après avoir remonté la
Carretera Austral jusqu’à Puerto Montt, je retrouve mon père
et ma sœur Carole à Santiago du Chili. Nous monterons len-
tement, pour acclimater nos corps, sur l’altiplano en pas-
sant par le paso Sico à presque 5000m. Le climat est main-
tenant désertique, chaud la journée et froid la nuit. Nous
trouverons presque tous les soirs des hébergements tels que
les logements des mineurs, une mairie ou encore chez l’ha-
bitant. Ce tronçon commun s’achève à Uyuni en Bolivie. Je
leur dis un grand merci pour ces moments partagés !
PERSPECTIVES
À La Paz, le 15 mars, je suis seul. Le temps commence à se
faire long, je commence à manquer de cette étincelle qui me
fait sauter en selle seul tous les matins. C’est alors que je
rencontre deux baroudeurs, Basti et Adri, avec qui je passe
les deux derniers mois de mon voyage à parcourir les mon-
tagnes des Andes boliviennes et péruviennes, à jouer de
la musique au bivouac, à rire, à profiter tout simplement.
J’en avais l’intuition, quelques tours de pédale en Amérique
m’en ont convaincu  : j’ai besoin d’interactions avec les
autres, et les grands espaces me donnent l’énergie néces-
saire pour accomplir mes projets.
Depuis, j’ai passé avec succès le probatoire d’hiver pour
devenir guide de haute montagne. Divers événements, dont
une entorse puis une chute à vélo entraînant 10 fractures
au visage, ont pour un temps remis cet objectif en question.
Mais après de long mois de rééducation, j’ai pu petit à petit
reprendre mes projets montagnards. Je développe mainte-
nant des chaussures de ski de randonnée en carbone pour
une petite entreprise dans le massif de Belledonne. Je pro-
fite plus que jamais de la neige, suis sur les skis presque
tous les jours ce qui me rend le plus heureux ! J’ai fait ma
réinscription pour la formation de guide et je passe aussi le
test technique de pisteur en mars. Je n’ai aucune idée d’où
tous ces diplômes me mèneront, mais j’ai décidé de faire ce
que j’aimais, sans me priver ! 
N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 91
 RÉCIT À LA VOILE

DE LA ROCHELLE
Patagonie.
3 semaines de solitude
bénie. Nous sommes
À L’ANTARCTIQUE
À LA VOILE
enivrés par le vent,
l’espace, l’air froid et
les premières glaces.

Jean-Sébastien quitte son travail à Singapour pour vivre

sur un bateau avec des amis pendant 18 mois. Ensemble,
ils arpentent l’océan Atlantique, puis le Pacifique jusqu’en
Patagonie d’où ils rejoignent finalement l’Antarctique.

TEXTE Jean-Sébastien Py
PHOTOS Matthieu Gilson
da-boat.com

92 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55

Transatlantique.
Grâce aux alizés, nous
avons commencé par
le confort des vents
constants. Le bateau danse
et l’équipage se détend. Antarctique.
Un moment de calme
près d’une ancienne base
argentine. Le bateau
est fixé par plusieurs
haussières frappées à
terre, et par son ancre
surdimensionnée.
U
n soir de réveillon, 4 amis
trentenaires titubant se
demandent quoi faire des
prochaines années. On se
tape dans la main en se
promettant de partir autour
du monde en bateau avant
d’être vieux. Un jour, les
étoiles s’alignent pour tout
le monde. Des cartes et des
bouquins recouvrent tout
le sol de l’appartement et
le plan se dessine : budget,
matériel, pas trop de pirates, sécurité. Cocotiers ou gla-
ciers ? Cinquantièmes tonitruants ou alizés ? On y va fran-
chement. La route sera inventée et passera du soleil écra-
sant aux glaces. C’est dit et les amis suivent !
Pendant les mois qui suivent, le bateau est mis à sec, nous
le transformons entièrement pour l’adapter à nos besoins.
Tout connaître, tout savoir, tout maîtriser… autant que pos-
sible.
SUR LES MERS DU GLOBE
La descente vers les Canaries est hivernale et brutale. Tran-
satlantique « classique » vers Sainte Lucie, entre amis et en
famille. Le vieux papa et ses 80 ans bien lestés sont heureux
comme un ado. Trans-Caraïbes, Colombie, canal de Pana-
ma. Enfin le Pacifique et la quiétude des grandes houles.
Tout est simple et élégant. Marquises, Tuamotu, Tahiti, Bo-
ra-Bora. C’est là que nous devenons créatifs et filons plein
sud pour éviter la piraterie somalienne. Australes, Pitcairn,
l’Île de Pâques et les canaux de Patagonie. C’est ma partie
préférée : des semaines de solitude, bousculés par un vent
fou. Nous naviguons sans voile à 8 nœuds de moyenne dans
des vents établis à 50 nœuds (rafales à 70). Le soir nous atta-
chons Da boat au milieu de sa toile d’araignée en tirant des
cordes sur tous les bords. Le froid commence à mordre.
ANTARCTIQUE
Nous descendons à Ushuaia et passons le cap Horn pour
le nouvel an. Puis, avec les autorisations argentines, nous
partons en Antarctique. La traversée est musclée. Le radar
gèle dans le froid. Nous changeons l’huile du petit moteur
en surfant sur la houle. Nous longeons les icebergs et slalo-
mons entre les blocs de glace équipés de notre brise-glace
maison. Matthieu nous prépare 5 fantastiques repas par jour
pour compenser les calories brûlées. Refuges, pingouins et
baleines, jour permanent… une version brutale du paradis,
et une navigation de haute montagne : tout est noir et blanc
(y compris des falaises de milliers de mètres) sauf les ice-
bergs bleus (un effet de l’oxygène compressé) !
UNE BONNE FENÊTRE MÉTÉO, REMONTONS !
Le carnaval de Rio permet de reprendre des couleurs. Les
Caraïbes encore, puis New-York. Comment décrire ce flotte-
ment au-dessus du navire lorsque la conscience étendue se
synchronise avec les vibrations, les craquements et la danse
des vagues ? Comment expliquer les engueulades qui nous
ont secoués et rapprochés ?
C’ÉTAIT COMMENT ?
Une dernière transocéanique pour rentrer à La Rochelle, où
la famille nous accueille. C’était comment ? Pas trop dur de
rentrer ? Je ne sais pas. Nous avons fait et vécu tout ce que
nous voulions. Parfois nous étions au-delà, parfois nous
étions à côté.
Si ce périple a fait grandir mon appétit d’exploration, j’y ai
aussi acquis des compétences en management : je suis à la
fois un manager de beau temps et de tempête ! Au retour,
j’ai créé une startup et repris des études, puis j’ai monté une
nouvelle activité dans une entreprise de logiciels de finance
et suis aujourd’hui à la recherche d’un nouveau défi… 
NDLR : les lecteurs habitués seront peut-être étonnés de trouver un
récit de voyage en voilier dans Carnets d’Aventures – c’est en effet un
peu à la marge de notre ligne éditoriale du voyage sans moteur et en
bivouac –, mais nous faisons une exception pour ce numéro spécial ;
le voilier est en effet une belle façon de partir en congé sabbatique !
Le voilier-stop (voir p.6) est également une manière originale de faire
un bout de chemin, et peut avantageusement remplacer un vol en
avion pour une traversée d’océan !
L’ÉQUIPAGE ET SES FINANCES
À bord, nous étions 3 à temps complet et un à mi-temps
(le cuistot). L’un avait arrêté son activité, les autres avaient
démissionné, et le dernier était chercheur à mi-temps.
Nous avions ouvert notre bord à nos proches qui le sou-
haitaient. Nous avons été jusqu’à 6 pendant la transat’ et
5 en Antarctique. Grâce à mes économies, j’avais acheté
le bateau (en leasing avec option d’achat) quelques
années auparavant et fait beaucoup de travaux pour ce
voyage. Nous avions appris à naviguer ensemble sur le
petit bateau de mon père. Nous avions une caisse de
bord pour toutes nos dépenses communes et brûlions
environ 1200 € par mois pour l’équipage. Si c’était à
refaire, avec mon expérience et en naviguant plus cool,
tous ces budgets seraient divisés par deux.
N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 93
 M AT É R I E L LE CHOISIR

T É R I E L
M A R
ONG C O U R
LE BIVO
S
U
?
A C A U L
S I R P O U
Q UE CHOI
On pourrait consacrer un livre entier
au matériel pour partir en voyage au
long cours ! D’ailleurs cela fait 15 ans
qu’au gré de nombreux articles, dossiers
techniques et tests de matériel, nous
en parlons dans Carnets d’Aventures et
sur Expemag.com (rubrique Tests entre
autres) que nous vous encourageons à
consulter !
Nous abordons ici quelques points
qui nous semblent importants dans le
choix du matériel de bivouac et de son
utilisation dans la durée.

TEXTE La rédac’

TENTE SAC DE MATELAS RÉCHAUD ÉNERGIE

COUCHAGE

94 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55

 Photo : Pierre-Louis
Rey, fin prêt pour sa
traversée des Alpes !
(cf. brèves CA54,
FB : Via Alpina, à la
recherche du partage)
L
orsqu’on part longtemps avec le bi-
vouac comme principal mode « d’hé-
bergement  », le matériel qui permet
de satisfaire des besoins essentiels,
comme s’abriter des éléments, dor-
mir, manger, revêt une importance
capitale. Bien plus que sur des virées
de quelques jours, on voudra pouvoir
compter sur notre matériel : son adé-
quation à nos attentes et sa fiabilité.
Casser sa tente ou son réchaud dans
des régions sauvages et difficiles d’ac-
cès sera autrement plus pénalisant
que lors d’une rando estivale dans le Vercors. Ainsi donc
le compromis légèreté / durabilité solidité / confort prati-
cité / prix… sera un peu différent de celui adéquat pour des
périples plus courts. Par exemple, la fiabilité pourra primer
sur la course à l’ultra-légèreté, et l’on se félicitera d’avoir
déboursé plusieurs dizaines ou centaines d’euros supplé-
mentaires pour des éléments bien adaptés à nos besoins.
Qu’il s’agisse de matériel neuf ou d’occasion, il sera judi-
cieux de l’utiliser avant le grand départ sur plusieurs bi-
vouacs dans des conditions différentes, afin de détecter de
potentiels problèmes, défauts ou incompatibilités avec ses
attentes, mais aussi de lui ajouter des adaptations person-
nalisées ou des renforts. Se pencher sur le choix du matériel
suffisamment à l’avance permettra aussi de recueillir des
avis d’autres utilisateurs, de réfléchir et se poser les bonnes
questions, et de tester en situation.
Le voyageur, a fortiori sans moyen motorisé, étant forcé-
ment limité en place, veillera à choisir avec soin chaque élé-
ment de son matériel et à éviter la redondance (on ne parle
pas des trips très engagés pour lesquels la redondance peut
être indispensable), sans toutefois négliger la sécurité et le
petit confort supplémentaire que requiert l’itinérance au
long cours ; « trouver le bon compromis » qu’ils disaient J
(voir page 28 l’article sur la sobriété heureuse et l’équipe-
ment). Un long voyage pouvant impliquer des saisons,
conditions et milieux différents qui nécessitent du matériel
spécifique, il est possible de se faire envoyer certains élé-
ments à l’étranger (par exemple en poste restante, chez des
connaissances ou contacts rencontrés via Internet ou des
réseaux comme Warmshowers, ou encore en profitant de
la visite d’un proche…), et d’en renvoyer d’autres en France
par colis, comme ce duvet confort -20°C du tour des Anna-
purnas devenu un peu too-much sur la côte balinaise J.
Enfin, une trousse de réparation sera toujours utile pour
tout votre matériel, chaussures et vêtements compris. Pré-
voir au minimum de quoi coller ou coudre une zone de tissu
percée ou présentant des traces d’usure (morceaux de tis-
su ; ripstop autocollant – terriblement efficace – trouvable
par exemple en magasin de parapente ou kite), kit couture,
duct-tape, colle forte, bouts de ficelle (ou suspentes de pa-
rapente), de quoi réparer ou consolider un arceau de tente
cassé ou abîmé (en général inclus dans le petit kit de répara-
tion habituellement fourni avec une tente neuve), etc. !
N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 95
 M AT É R I E L LE CHOISIR
TENTE
En voyage au long cours, la tente tient à la fois le rôle d’abri
pour la nuit, de chambre, garage pour ranger le matériel,
salle à manger, cuisine, salon quand le mauvais temps nous
y cloue parfois 48h durant... bref, de maison pour plusieurs
mois. Là aussi donc, le compromis sera un peu différent que
d’habitude. Par exemple, à une 3-saisons ultralégère, on
préférera peut-être une 3-saisons sérieuse ou une 4-saisons,
quitte à le payer un peu au niveau poids. Il sera préférable
d’éviter les tentes mono-paroi pour le long cours à cause
de la condensation plus importante et gênante que sur les
double-parois (cf. Décrypter CA48). Pour un trip alternant
climats chauds (tente intérieure principalement en mous-
tiquaire) et climats froids (tente intérieure principalement
en tissu plein), les modèles avec tente intérieure en tissu
double (tissu plein/moustiquaire), dont la partie «  tissu
plein  » peut être dézippée, peuvent constituer une bonne
solution.
L’habitabilité et le volume intérieur se révèlent également
des paramètres importants  : pouvoir rester assis dans sa
tente plusieurs heures sans se tordre en quatre sera bien
appréciable sur un périple de plusieurs mois  ; regardez
bien les dimensions intérieures, hauteur comprise, avant
achat (l’idéal serait de la voir montée). Dans une optique
de proposer du toujours plus léger, on trouve des tentes
données pour 2 personnes qui sont plutôt des « 1 place et
demie » dans lesquelles, en outre, on ne tient pas vraiment
assis  J. Dans la même idée, d’aucuns apprécieront une
(des) abside(s) de taille correcte qui permettra, en plus de
stocker facilement le matériel, de cuisiner à l’abri, d’enlever
des vêtements tout trempés…
Certains éléments de la tente subissent de fortes contraintes.
96 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55
L’offre de tentes est
aujourd’hui très large : formes,
poids, et prix ! Vous trouverez
forcément celle qui vous
convient. 18 modèles 2 places
ont été testés dans CA48.
C’est le cas entre autres du tapis de sol que l’on veillera à
préserver en plaçant dessous une protection légère – de
type tyvek, couverture de survie solide (pas les modèles
minimalistes dorés), «  footprint  » vendu par le fabricant
– qui pourra aussi servir comme nappe de sieste ou de
pique-nique… Les arceaux seront également mis à rude
épreuve, en cas de fort vent par exemple, mais aussi à force
de multiples montages et démontages. Se rendre compte de
la solidité d’arceaux avant d’acheter une tente est évidem-
ment impossible, mais on pourra se renseigner sur Internet
(consulter les avis) et éviter certains modèles à arceaux trop
légers (tout en carbone par exemple). Autres paramètres
importants, la prise au vent d’une tente (forme, hauteur) et
sa capacité de haubanage (points d’attache existants ou bri-
colables, forme, ficelles fournies ou ajoutables…).
Quelques mots sur les sardines  : selon les marques et les
tentes, les sardines peuvent aller du modèle unique fourni
dans la quantité minimale pour monter la tente, à un assor-
timent de sardines de plusieurs formes différentes, c’est à
dire le top J. En effet, selon le type de sol, des formes et
tailles de sardines différentes seront bienvenues, de même
que quelques-unes en rab afin de pallier des (inévitables ?)
pertes. Penser aussi à celles qui serviront pour les haubans.
Les inconditionnels du tarp (sorte de toile / bâche imper-
méable qu’on tend à l’aide de cordelettes pour se constituer
un abri de bivouac) le choisiront peut-être ; pour un voyage
au long cours, il est bon d’être habitué et de connaître les
limites de ce type d’abri, notamment en termes de protec-
tion thermique (froid / vent), contre les insectes (potentiel-
lement un point-clé selon les milieux), de confort…
 Made in France
Pourquoi ne pas opter
pour du matériel fabriqué
en France ? Chez Tipik par
exemple, on s’attelle à faire
du matériel durable et de
qualité. Test complet :
⊲ expemag.com/tests
Sacs de couchage sarcophages, quilts,
couettes... Garnis de duvet ou de synthétique.
Il y a de quoi dormir comme à la maison !
Ci-dessus, des quilts fabriqués en Europe
(Cumulus et As Tucas). Tests complets :
⊲ expemag.com/tests
SAC DE COUCHAGE
Quelques points à savoir : les sacs garnis de duvet de bonne
qualité (voir nos dossiers en ligne) sont, à poids de garnis-
sage identique, plus isolants et plus compacts (rangés) que
leurs homologues garnis d’isolant synthétique. Ces derniers
ont cependant bien progressé. Lorsqu’il est mouillé, l’iso-
lant synthétique isole mieux que le duvet. Des traitements
hydrophobes sont parfois appliqués au duvet pour limiter
cet inconvénient. Pour couvrir une gamme de températures
la plus large possible (souvent à propos lors d’une année
sabbatique), un sac de couchage muni d’une fermeture-
éclair sur toute sa longueur apportera de la polyvalence
(confortable les nuits les plus chaudes). Pour les nuits les
plus froides, on peut dormir avec ses vêtements et sa dou-
doune.
Les sacs de couchage de type quilt / top bag / pied d’élé-
phant sont une option de plus en plus à la mode (on y a
succombé à la rédaction J). En concentrant le garnissage
sur la partie supérieure du sac – le dos est non garni voire
ouvert –, on a une quantité d’isolant utile plus importante à
poids égal par rapport à un sac de couchage traditionnel. En
effet le duvet écrasé sous le dormeur n’a quasiment aucun
pouvoir isolant ; alors que dans un quilt, l’isolant est placé
à l’endroit où il est vraiment utile. Comme il n’y a pas de
capuche, on dort avec la doudoune (à capuche) pour les
conditions froides. Le côté «  ouvert  » des quilts les rend
agréables pour les nuits les plus chaudes.
Enfin, pour un long voyage, un « sac à viande » léger peut
être une bonne option pour le confort et une meilleure pré-
servation du sac de couchage (surtout si on ne dort pas
habillé).
N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 97
 M AT É R I E L LE CHOISIR

MATELAS
Ces dernières années, de beaux progrès ont été faits en termes
de confort et de compacité (volume plié) grâce à l’avènement des
matelas gonflables multi-compartimentés. Ils ont révolutionné
les bivouacs de beaucoup de voyageurs ! Si l’on veut résumer
sommairement, les matelas de sol se classent en 3 catégories
(pour chacune, on donne une fourchette moyenne de poids
pour un matelas en taille standard soit environ 50x180cm).
• Les mousses à cellules fermées, c’est le matelas historique
qui s’est raffiné avec l’intégration de formes géométriques
pour lui donner plus de volume tout en conservant un faible
poids (par exemple le Thermarest Z-lite avec sa forme en
« boite d’œufs »). Léger et indestructible mais encombrant et
peu confortable. 400-500g.
• Les autogonflants, contenant une mousse interne qui re-
pousse les parois générant un prégonflage  ; ils sont plus
confortables et compacts une fois repliés mais souvent un
peu plus lourds. 400-700g.
• Et enfin, les gonflables, qu’il faut entièrement gonfler à la
bouche ou à l’aide d’un sac de gonflage ; ce sont les plus com-
pacts tout en étant très légers et très confortables. Quelques
modèles sont garnis d’un peu d’isolant (synthétique ou du-
vet), ils sont donc un peu plus lourds mais isolent mieux.
330-550g.
En termes de fiabilité, les autogonflants et les gonflables sont
exposés à deux risques  : la crevaison (en général facilement
réparable, il faut bien veiller à avoir ce qu’il faut dans son kit
de réparation, cf. dossier de CA52) et la hernie (c’est rare mais
cela peut rendre le matelas inutilisable  ; respecter quelques
consignes simples permettra de considérablement réduire
ce risque, cf. CA#52). Il peut être utile de tester le matelas sur
quelques nuits (même chez soi) avant de partir afin de détecter
un potentiel problème de fiabilité (mauvaise « soudure » sur un
lot, etc.).
Pour les trips les plus engagés, un matelas mousse offrira une
fiabilité maximale mais avec un encombrement important et
un confort rustique (au besoin, on peut prendre un matelas
mousse en plus, comme secours et ajout de confort). Il peut être
intéressant de noter que le corps a des facultés d’adaptation
insoupçonnées et que l’on peut finalement trouver confortable
de dormir sur un matelas mousse après quelques semaines de
souffrance J.
L’autre fonctionnalité majeure du matelas est sa capacité à iso-
ler thermiquement du sol. La R-value est une mesure de l’iso-
lation d’un matelas ; il s’agit en fait d’un affichage plus simple
d’une autre grandeur  : la conductivité thermique, qui repré-
sente la quantité de chaleur transférée par conduction par un
matériau. La R-value donne une idée précise de la plage d’utili-
sation d’un matelas :
• R < 2 : matelas plutôt estival.
• R entre 2 et 5 : matelas plutôt « 3 saisons ».
• R > 5 : matelas plutôt hivernal.
Bien que cette mesure ait ses limites (plusieurs normes et pro-
tocoles existent pour la mesurer), il est dommage que certains
fabricants ne la confient pas (et préfèrent ne donner qu’une
plage de températures d’utilisation). Bonne nouvelle toutefois : Pssssshit.
les choses devraient évoluer dans les prochaines années avec Les matelas gonflables sont
l’apparition d’une nouvelle norme (qui mettra, nous l’espérons, très confortables, mais pour
tout le monde d’accord !). du long cours, c’est mieux
Pour plus d’explications techniques et d’informations, voir de savoir les réparer !
CA#52 ainsi que les articles en ligne.

98 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55

 TENTES 4 SAISONS
SPÉCIALISTE DU MATÉRIEL DE BIVOUAC

Choix !
Il y a de meilleures
manières de choisir son
matelas. Comme par
exemple consulter notre
grand dossier du CA52 !

Le meilleur entre vous et

les éléments

TEST SUR RENDEZ-VOUS

EN BRETAGNE !
contact@tentes4saisons.com · 02 98 96 53 04
WWW.TENTES4SAISONS.COM N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 99
 M AT É R I E L LE CHOISIR
RÉCHAUD
Passons à la cuisine et voyons les points forts et les points
faibles des différents types de réchauds.
▸ Réchauds à gaz  : le plus simple, c’est le gaz, utilisable
instantanément, efficace, pas salissant, brûleur compact.
Bref beaucoup d’avantages. L’enjeu, c’est de trouver les car-
touches adaptées, dans certains pays cela peut être difficile.
Pour augmenter les chances, on peut se doter d’un réchaud
compatible multi-standards (par ex. MSR Superfly) pour
s’adapter aux cartouches à filetage type Primus / Coleman /
MSR et celles à valve type Camping-Gaz… Ou se munir d’un
adaptateur pour cartouche Camping-Gaz (Edelrid en pro-
pose un), et prendre le réchaud à filetage de son choix (la
plupart des réchauds à gaz du marché sont de ce type) ce
qui paraît être la solution la plus pertinente. À noter qu’il
existe également des adaptateurs pour cartouches per-
çables mais cela semble assez lourd et encombrant, nous
n’avons jamais testé...
▸ Réchauds à gaz optimisés : pour économiser du gaz et
gagner du temps, on peut utiliser un réchaud à gaz dit opti-
misé. Ils sont un peu plus lourds, nécessitent leurs propres
popotes, mais économisent autour de 30% de combustible
(plusieurs marques proposent leur solution optimisée).
▸ Réchauds à essence : les réchauds à combustible liquide
(essence C, sans plomb, kérosène…) ont plusieurs avan-
tages de taille. Déjà, ils fonctionnent très bien dans le grand
froid, c’est donc la solution retenue pour les expés type ski
pulka... Ok, ça ne concerne pas la majorité des candidats à
l’année sabbatique J, mais un autre énorme avantage de
ces réchauds, c’est qu’ils fonctionnent avec du carburant
pour véhicule, et ça on en trouve à peu près partout dans
le monde. Le prix est nettement inférieur au gaz, et ça ne
génère pas de déchets (cartouches). Les inconvénients prin-
cipaux sont : la mise en route un peu plus longue et deman-
dant un brin de savoir-faire  ; selon le carburant dont on
dispose, cela marche plus ou moins bien  ; le réchaud est
plus encombrant et lourd qu’un à gaz ; il est utile d’avoir des
pièces de rechange pour réparer/entretenir la pompe  ; les
manipulations sont un peu plus salissantes, techniques et
100 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55
Photo : Régis Martin
Test de réchauds à gaz
optimisés publié dans CA38.
hasardeuses que le gaz (typiquement dans une (abside de)
tente, une cabane… on fera attention au mariage essence +
briquet ! J) ; et il existe un risque de fuite de carburant qui
peut souiller des affaires voire de la nourriture (un certain
nombre d’expés ont eu des rations complètement imman-
geables suite à des incidents de ce type)...
▸ Réchauds à bois  : la solution économique, légère, éco-
logique et élégante par excellence. On n’emporte rien de
plus que le poids du réchaud et il en existe des très légers,
le combustible se trouvant sur le chemin, ou pas… et c’est
là que se situe le problème, le bois ou assimilé n’est tout de
même pas présent partout (haute montagne, déserts, hautes
latitudes…). Si l’on craint de croiser des zones sans combus-
tible, un réchaud à gaz + une petite cartouche constituent
un bon dépannage. Là où le risque d’incendie est élevé, le
réchaud à bois n’est pas très adapté car plus dangereux que
le gaz. Par ailleurs, le réchaud à bois demande un peu de
savoir-faire, ainsi que d’attention / entretien régulier pen-
dant la cuisson, et est salissant (dessous de la casserole
noir de suie) et, comme l’essence, plus délicat à utiliser en
« intérieur ». Sinon c’est top ! Les petits modèles manquent
un peu de puissance et demandent plus de temps pour cui-
siner. Il existe des réchauds avec ventilateur, ils sont plus fa-
ciles à utiliser et très puissants, mais il faut recharger lesdits
ventilateurs, et ils sont plus lourds, d’autre part le risque de
panne est forcément plus élevé.
À noter qu’il existe des solutions de type bouilloire (comme
les Kelly Kettle) qui sont terriblement efficaces et pas salis-
santes, le récipient entoure le foyer. Cependant c’est assez
encombrant et on ne produit que de l’eau bouillante (on ne
peut pas faire cuire), toute la nourriture doit donc être utili-
sable juste en versant l’eau chaude dessus.
▸ Réchaud à alcool  : l’alcool est intéressant ponctuelle-
ment pour avoir une solution très légère (certains réchauds
à alcool faits maison font moins de 10g) mais il n’est pas
toujours facile de s’en procurer en voyage (je ne parle pas
de la boisson J). On les réservera plutôt aux trips de courte
durée.
N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 101
 M AT É R I E L LE CHOISIR

Un mois de marche dans

le grand « wilderness »
d’Alaska. Dans des
zones aussi sauvages,
les panneaux solaires
sont indispensables
pour recharger le
matériel électronique.
Photo : Guillaume
Tartayre et Irina Alles
(cf. récit dans CA51,
vadzaih-expeditions.org)

ÉNERGIE
Recharger des appareils électroniques
Le voyageur nature emporte de plus en plus de matériel
électronique. Se pose alors la question de leur recharge.
Les panneaux solaires portables permettent, pour un faible
poids et encombrement, de recharger facilement les petits
éléments (téléphone, appareil photo compact…). Soit on les
charge en direct sur le panneau, soit on recharge une batte-
rie tampon USB (de type Powerbank) de grande « capacité »
avec le panneau pendant la progression : sans doute la solu-
tion la plus modulaire. Certains panneaux intègrent direc-
tement une batterie tampon ce qui simplifie. Le dimension-
nement des panneaux et batterie tampon dépend beaucoup
À vélo, un moyeu dynamo
du matériel à recharger, le sujet est complexe et mérite un est très pratique pour
dossier complet, celui de CA#32 commence à dater pour les recharger ses appareils
modèles testés mais reste d’actualité pour les grands prin- électroniques.
cipes et les différents types de panneaux (souples, rigides,
roulables, pliables, etc.). À noter aussi que sur un vélo, on
peut utiliser des dynamos, les solutions existent et ne sont
pas très compliquées à mettre en œuvre.
Les batteries tampons peuvent se recharger sur le secteur ;
cela prend du temps et quand on fait une pause de quelques
dizaines de minutes dans un café ou autre, autant que ça
aille vite ! On pourra alors regarder celles qui utilisent les
normes de rechargement les plus récentes (les plus rapides). ALLER + LOIN
Une petite astuce peut être aussi d’acheter un chargeur sec- Liens utiles :
teur USB multiports (qui se présente sous la forme d’une ⊲ EXPEMAG.COM/GO/ANNEE-SABBATIQUE
petite prise boitier avec 4 ports par exemple), cela permet
de recharger facilement plusieurs appareils sur une même Nombreux articles techniques et tests sur notre site :
prise de courant (plus simple dans un café par exemple).  ⊲ EXPEMAG.COM/TESTS

102 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55

 Le meilleur de l’outdoor
Tentes, Sacs à dos, Sacs de couchage...

Tente rando légère Lightent 1 Tente rando légère Sling 1

Revendeur officiel de la marque

Sac à dos rando Transalp Sac de couchage duvet Lightec 800

... mais pas que : matelas, matériel de camping, matériel de vélo, chaussures et vêtements de randonnée

* Outdoor contemporain depuis 1870

Retrouvez tout le matériel sur www.rayonrando.com

N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 103

 PA RTAG E R COMMUNIQUER EN VOYAGE
COMMUNIQUER
AVEC SES PROCHES
(OU AVEC LES SECOURS)
TEXTE Philippe (un ami d’Alexis) et la rédac’
En pratique, pour téléphoner, le monde se divise en 4
grandes régions :
LA FRANCE MÉTROPOLITAINE, OÙ LE LECTEUR SAIT
PROBABLEMENT DÉJÀ COMMENT ÇA MARCHE !
Il ne faut pas oublier que vous trouverez toujours des en-
droits non couverts (et parfois pendant plusieurs jours,
si l’on évolue dans un massif montagneux «  reculé  » par
exemple (on pensera à essayer de connecter le téléphone
sur les points hauts  : cols, sommets)), ou couverts par un
seul opérateur. Si l’on part à plusieurs, être abonné à des
réseaux différents sera utile.
LES ZONES OÙ L’ON PEUT UTILISER UN PORTABLE
FRANÇAIS COMME EN MÉTROPOLE
Depuis mi-2017, les opérateurs français doivent appliquer le
« roam like at home » : la suppression des frais d’itinérances
dans les pays de l’EEE (Espace Économique Européen, 31
pays : 28 membres de l’UE + Islande, Liechtenstein et Nor-
vège). Pour le tarif habituel de votre forfait, vous pouvez
donc utiliser votre smartphone comme à la maison : voix,
SMS, MMS et données (Internet mobile). Par ailleurs, de
plus en plus de destinations lointaines (Amérique du Nord,
Australie, Afrique du Sud) bénéficient des mêmes condi-
tions chez certains opérateurs. Pour l’un d’eux, l’internet
mobile est inclus en Inde, Turquie, Brésil, Thaïlande, Rus-
sie, Mexique, Algérie… mais pas la voix. Les dispositions
évoluent souvent, vérifiez dans tous les cas vos contrats
avant de partir.
LES ZONES OÙ LE PORTABLE EST TRÈS CHER
En gros le reste du monde, dans les zones suffisamment
denses pour être couvertes. On arrive rapidement à des
tarifs de 15 € par Mo de données et 1 à 10 € par minute d’ap-
pel, autant dire que ce n’est pas pour raconter ses courses
au marché de Douchanbé. Si les appels sont si chers dans
nombre de pays, ce n’est pas seulement parce que les opé-
rateurs français réalisent des marges faramineuses, c’est
aussi parce qu’ils louent les réseaux des opérateurs locaux
104 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55
et que ceux-ci font souvent payer des prix astronomiques
pour acheminer ce trafic.
Une carte prépayée d’un opérateur local donne accès aux ta-
rifs nationaux, mais attention… D’une part, ce n’est pas tou-
jours permis ; renseignez-vous avant de jouer avec la légis-
lation tchétchène sur l’identification des mobiles. D’autre
part, cela permet les usages locaux (voix et internet), mais
les appels vers la France et le reste du monde restent chers.
Les bavards invétérés préfèreront trouver un accès internet
dans un cybercafé ou sur n’importe quel wifi, afin d’utiliser
un service de messagerie et téléphonie sur IP de type
WhatsApp, Skype, Viber...
ENFIN, LA VASTE ZONE SANS COUVERTURE DE RÉSEAU
MOBILE
C’est, de loin, la plus étendue, ne serait-ce que parce qu’elle
couvre la quasi-totalité des océans et pour faire simple, les
coins non rentables (régions polaires, déserts, forêts pri-
maires, montagnes, steppes, etc.), où le voyageur nature a
donc envie de se rendre.
Ce sont également les zones où il est important d’avoir un
moyen de communication pour des raisons de sécurité,
pour rassurer ses proches ou déclencher les secours.
Pour les communications à courte distance, il y a des so-
lutions radio (type talkie-walkie). Pour communiquer loin
depuis des zones isolées, c’est sur des réseaux de satellites
qu’il faudra compter. On distingue 2 types de solutions : les
téléphones satellites et les balises de géolocalisation. Leur
zone de couverture dépendra du réseau utilisé (GlobalStar,
Inmarsat, Iridium, Thuraya) ; ce sera une donnée très im-
portante à prendre en compte en fonction des destinations
prévues. À noter que même dans les zones couvertes, des
limitations peuvent survenir en fonction de la visibilité du
ciel, c’est-à-dire de tout écran (opaque ou semi-opaque ; vé-
gétation, nuage ou brouillard, relief, bâtiment…) situé entre
l’appareil (« tel sat » ou balise) et les satellites.
Voir les dossiers complets dans CA #42 (Déclencher les
secours en toutes circonstances) et CA #43 (Live-tracking :
comment suivre un périple distance).
 Chat rassuré.
C’est important de
donner des nouvelles
à ceux qui ne peuvent
pas venir avec vous...

▸ Le téléphone satellite permet donc de passer et recevoir

des appels. Certains modèles offrent en plus d’envoyer des
SMS et même des emails (avec un débit de connexion très
faible). D’autres ont un GPS intégré, voire même une fonc-
tion tracking.
Compter environ 700-1200 € pour l’appareil, ensuite il faudra
acheter une carte SIM et choisir entre abonnement (annuel
env. 800-1500€) et formules prépayées (tous les prix, dépen-
dant évidemment du volume de communication et de la du-
rée de validité). Pour de « courtes » durées (1 mois), il peut
être plus simple et avantageux de louer un téléphone satellite
(env. 100 € /mois + communications). Selon les formules, le
coût de l’appel est de l’ordre de 2 €/mn, 0,60 €/SMS.

▸ Les balises de géolocalisation et tracking (Spot, Gar-

min InReach...) permettent d’envoyer la position GPS de
l’utilisateur à des systèmes tiers ; le plus souvent, ces posi-
tions successives (trace) sont visibles sur un site internet
(carte) consultable par des proches qui peuvent ainsi suivre
votre progression à distance. Outre cette fonctionnalité de
tracking, la fonction SOS permet à l’utilisateur de déclen-
cher les secours en leur envoyant automatiquement sa posi-
tion GPS. Certaines de ces balises permettent aussi l’envoi
et éventuellement la réception de messages SMS ou email,
voire même la diffusion d’informations directement sur les
réseaux sociaux (Facebook, Twitter).
Compter environ 150-400 € à l’achat, puis 10-90 €/mois
pour l’abonnement (pour les moins chers, il faut prévoir
de rajouter quelques dizaines de centimes par message ou
coordonnées envoyés). Des offres de locations existent (env.
5-15€/jour).
APPELER LES SECOURS
▸ Quelques mots sur les balises PLB (Personal Locator En Europe et d’autres pays (Suisse, Angleterre, Islande,
Beacon = balise personnelle de localisation  ; par ex. ACR Norvège…, et même plusieurs pays d’Afrique, Népal,
ResQLink, McMurdo Fast Find...) : il s’agit d’appareils très Liban, Kazakhstan, Canada, etc.), composez le 112 (qui
spécifiques qui servent uniquement au déclenchement de « atterrit » à divers endroits selon le pays, cf. CA #42).
secours en situation d’urgence (et ne permettent donc pas Pour l’Amérique du Nord, le numéro d’urgence sera le
de passer des appels ou de communiquer). Le déclenche- 911. Pour les pays d’Afrique, d’Asie, d’Océanie, d’Amé-
ment se fait manuellement par l’utilisateur, la PLB envoie rique du Sud, cela peut être le 112, le 911, le 999, le 000,
alors à un centre international de secours un signal compor- le 111… bref, il faut se renseigner avant de partir ! À noter
tant la position de la personne en détresse. que pour la France, on peut déclencher les secours en
Les PLB fonctionnent sans abonnement ; compter environ envoyant un SMS au 114. Un texto aura en effet plus de
280-600 € pour l’achat. Il existe aussi des possibilités de chances de passer sur un réseau dégradé qu’un appel
location (min. 3 €/j).  vocal (et en plus cela consomme moins de batterie).

N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 105

 PA RTAG E R EN LIGNE
PARTAGER
SON VOYAGE
Blog, site web, réseaux sociaux, photos…
D
ans notre monde sur-
connecté, partir en voyage
au long cours est l’occasion
de faire une pause et de
lâcher prise avec l’omni-
présence technologique.
Toutefois, Internet est un
formidable outil permet-
tant entre autres de garder
le contact avec ses proches,
et de partager ses expé-
riences.
Chacun trouvera assuré-
ment sa propre réponse à la question « pourquoi partager mes
aventures », ses bonnes raisons de le faire – un peu, souvent,
beaucoup, ou pas du tout –, et le compromis plaisir / besoin /
temps passé / contraintes  qui lui convient. Y réfléchir un peu
avant le grand départ semble une bonne idée . Après le pour-
quoi, le comment : voici quelques aspects techniques qui pour-
ront être utiles.
FAIRE SON BLOG OU SON SITE WEB
Pourquoi ?
En dehors de l’intérêt évident de tenir vos proches informés, un
blog ou un site web (nous utilisons ici le terme « blog » de façon
générique) permet également, au moment d’écrire chaque ar-
ticle, de faire le point sur les expériences vécues et d’y réfléchir
différemment, se remémorer de menus détails, parfois aussi
relâcher la tension provoquée par une expérience émouvante
ou délicate... Au fil du temps, le blog devient une trace qui sera
toujours plaisante à relire. Cela peut également être une source
d’informations pour d’autres voyageurs. À noter que faire un
blog demande du travail, il est bon que cela reste un plaisir !
Préparation
Avant le départ, la préparation du blog se fait en trois étapes :
choix du type de contenu que vous envisagez de publier, choix
du nom du blog, et mise en ligne de celui-ci via un hébergeur.
Quel contenu ?
Que vous choisissiez de créer vous-même votre blog ou de le
faire faire par l’un de vos amis, vous gagnerez du temps en
réfléchissant à l’avance au type de contenu que vous souhaitez
publier et à son architecture, vous pouvez dessiner une arbo-
rescence pour mieux visualiser. Par exemple structurer vos pu-
106 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55
blications : par pays, par thème, ou de manière plus originale,
cela changera un peu du « jour-après-jour ». En dehors des ré-
cits de voyage, des photos et des vidéos, voici quelques idées :
• Présentation de votre projet ainsi que de vous-même (d’autres
personnes que vos proches liront probablement votre blog).
• Une carte montrant l’itinéraire parcouru et/ou prévu.
• Le matériel emporté.
• Des indications pratiques pouvant intéresser d’autres voya-
geurs qui tomberaient sur votre blog via une recherche web :
les démarches pour les visas, les itinéraires que vous avez
particulièrement appréciés et inversement, les points d’eau
dans les déserts, etc.
• Une newsletter pour être informé des nouveaux posts.
• Une newsletter inversée invitant les abonnés à donner de
leurs nouvelles au voyageur.
• Etc. !
Pour rendre sa lecture agréable, essayez de soigner les articles
et d’équilibrer le ratio texte/photos. Vous pouvez également
faire rédiger un article par un ami en visite afin de changer de
point de vue et de style.
Mettre en ligne le blog
Concernant l’hébergement, deux options sont possibles.
• La première est plus compliquée à mettre en place mais
apporte davantage de flexibilité quant au contenu  :
commander un hébergement web (exemples  : OVH, LWS…)
avec un nom de domaine puis y installer un système de
blog (exemples  : Wordpress, Drupal…). Vous pouvez alors
personnaliser intégralement le blog, y ajouter des cartes,
etc. (Voir par exemple un comparatif des plateformes : top-
hebergement.net/meilleurs-sites-de-blogging-gratuits-et-
payants-guide-comparative-2018).
• Ou bien utiliser une solution clé-en-main sur une plateforme
telle que Blogger, Wordpress, Wix, etc. C’est plus rapide, mais
la personnalisation du blog sera limitée aux fonctionnalités
offertes par la plateforme (néanmoins suffisantes pour parta-
ger des photos, des vidéos et des récits sous forme d’articles).
Dans les deux cas, de nombreux tutoriels existent sur internet,
et des options gratuites ou payantes sont possibles. Une fois en
ligne, votre blog sera accessible publiquement et référencé par
les moteurs de recherche. Si le référencement est un sujet vaste
et complexe, sachez que vous pouvez l’améliorer en veillant à
la pertinence et au choix des mots dans les titres du blog, des
pages et des articles.
 Bureau outdoor.
Photo : David Manise.
Mettre à jour son blog, en pratique
Ça y est, vous voilà parti ! Plusieurs possibilités s’offrent à vous
pour mettre à jour le blog, de la moins encombrante à la plus
flexible (à vous de trouver le bon compromis). La première
option est d’utiliser les ordinateurs de cybercafés (ou de vos
hôtes). Vous écrivez les articles et gérez les photos sur ces ordi-
nateurs puis vous publiez. Les principaux problèmes sont que
les cybercafés sont en voie de disparition (dans les pays occi-
dentaux, on n’en trouve presque plus) et que la rédaction d’un
article prend du temps. Vous n’aurez pas forcément envie de le
faire au moment où vous apercevez justement un cybercafé ou
chez vos hôtes (avec qui vous aurez sans doute envie de passer
du temps). Vous pouvez éventuellement les rédiger en avance
sur papier, mais reste que le tri des photos et le recopiage ne
se font pas en deux minutes. Une autre possibilité est d’empor-
ter avec soi une tablette ou un smartphone. Vous pouvez ainsi
taper vos articles quand bon vous semble et il vous suffira d’un
accès wifi pour les poster. Pour simplifier la rédaction, il existe
des petits claviers bluetooth à relier à votre terminal mobile.
Vous pouvez même télécharger sur ce dernier (puis trier) les
photos de votre appareil photo (par Wifi, Bluetooth, câble USB
OTG, ou parfois via des applications spécifiques). Une tablette
reste plus pratique qu’un smartphone pour cette utilisation.
Une autre option est d’emporter avec soi un ordinateur portable
(il en existe aujourd’hui de très plats et légers, moins d’1  kg)
ou une tablette hybride (combine écran tactile et clavier déta-
chable pour un usage tantôt orienté tablette, tantôt ordinateur).
Parmi les inconvénients de cette solution, on trouve le coût, le
poids, la gestion de la recharge de la batterie (voir l’article sur le
matériel page 94), les risques de casse ou de vol.
Autre détail technique, n’oubliez pas (ou demandez à quelqu’un
de le gérer pour vous) d’appliquer et de tester les mises à jour
du système de blog choisi lorsqu’elles sont disponibles – afin
d’éviter les problèmes de sécurité – et de payer le nom de do-
maine avant son expiration (chaque année généralement).
À vos plumes !
PHOTOS ET DOCUMENTS : MISE EN LIGNE,
SAUVEGARDE, PARTAGE
En plus d’une potentielle solution physique de sauvegarde
(disque dur portable, cartes SD, ordinateur…) de vos photos, vi-
déos et documents administratifs importants, les mettre sur un
espace de stockage en ligne, un cloud, vous permettra à la fois
leur sauvegarde et un accès aisé, pour vous ou pour autrui. Le
choix ne manque pas parmi les offres gratuites. Certains clouds
proposent une bonne gestion des photos (Flickr, Google Drive/
Photos...) et d’autres sont plus généralistes (Dropbox, hubiC...).
Si vous avez opté pour la solution d’un blog que vous hébergez
vous-même, vous pouvez également utiliser cet hébergement
pour sauvegarder vos fichiers (attention à bien y « uploader »
les photos dans leur résolution d’origine).
D’AUTRES MOYENS DE PARTAGER SON VOYAGE
Si tenir un blog représente pour vous une contrainte trop im-
portante, d’autres moyens de tenir ses proches informés et de
partager son voyage sont possibles :
Partager uniquement les photos (facile si vous les avez sauve-
gardées sur un service cloud tel que décrit précédemment).
• Des outils tels que MyTrip : développé par l’équipe de Car-
nets d’Aventures (expemag.com/mytrip), il permet de publier
des carnets de voyages itinérants de durées variées (quelques
jours à plusieurs années) découpés en sections, avec photos
et itinéraire sur une carte.
• Les réseaux sociaux (Facebook, Instagram, etc.). Ils peuvent
être utilisés seuls (publication directe sur le réseau en ques-
tion), ou couplés à votre blog afin que chaque nouvelle pu-
blication sur ce dernier soit partagée sur les réseaux choisis
(en fonction de la solution retenue pour votre blog, différents
plugins existent).
• WhatsApp peut également servir pour donner des nouvelles
et partager des photos à un (des) groupe(s) de proches. 
L’AUTEUR
Alexandre Louisnard et Ségolène ont rejoint l’Asie
du Sud-Est à vélo en 2015-2016 en partant de chez
eux, Paris à l’époque. Ils ont traversé l’Europe et
l’Asie Centrale, pédalé en Chine, au Vietnam, Laos
et Thaïlande. Vous retrouverez sur leur site, en
plus de leurs récits illustrés, plein d’astuces pour
bricoler le vélo et de nombreuses vidéos.
⊲ plateauxdechaines.fr
N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 107
 PA RTAG E R
Filmer l'altiplano bolivien.
À cause du froid d'altitude, les
batteries des caméras se vident
rapidement et nulle part où les
recharger sans panneau solaire.
Chaque prise de vue est pesée.
LES AUTEURS
Brian Mathé et Morgan Monchaud pour
Solidream. Brian, Morgan et Siphay ont
parcouru le monde à vélo pendant 3 ans.
Caméra au poing, appareil photo jamais loin,
ils ont à cœur de partager leurs aventures.
Solidream – le nom de leur collectif et de
leur premier film relatant ce tour du monde –
réalise et produit désormais les films de leurs
périples : Les œuvres du Pamir relate 3 mois
au Tadjikistan à fatbike, L’école du ciel (sorti à
l’automne 2018) présente leur traversée des
Pyrénées en vol bivouac (parapente) alors
qu’ils n’avaient que quelques vols à leur actif.
⊲ solidream.net
FB : Solidream ∙ Insta : solidream_team
108 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55
FILMER SON VOYAGE
FILMER
SON VOYAGE
MODE D’EMPLOI
L
e « meilleur » matériel vidéo de voyage est une
notion subjective et impermanente : elle dépend
des contraintes que vous acceptez d’embarquer
(spoiler alert : il y en a forcément). À l’heure où
ces lignes sont écrites, j’apprends par exemple
que le réalisateur hollywoodien Steven Soder-
bergh a réalisé son dernier long-métrage Unsane
entièrement à l’iPhone X et que la marque RED
a sorti un smartphone hybride censé révolu-
tionner le monde de l’image. Un game changer
comme ils disent. Passé ces considérations, si
vous lisez cette rubrique, c’est que vous voulez
ramener de belles images, et à’m’en donné, comme on dit
dans le sud, il faut bien choisir ! Attention, plongée dans le
monde passionnant de la technique.
Nous avons tourné notre dernier film en grande partie avec
du matériel d’occasion et de prêt. Voilà, c’est dit en premier
comme ça, c’est sûr que vous l’aurez lu. Le budget a été ré-
duit de moitié et le rendu quasi identique à du matériel der-
nier cri. C’est objectivement un des meilleurs conseils que
nous puissions donner. La liste de notre matériel, projet par
projet, est disponible sur solidream.net/budget-materiel.
Bon, voici enfin quelques conseils techniques. Nous pren-
drons comme critère principal le budget, mais il pourrait
y avoir d’autres grilles de lecture (encombrement, qualité
d’image, facilité d’utilisation…). Je conseille le site lesnu-
meriques.com pour les guides d’achat complets. En anglais,
dpreview.com est encore plus complet et des mesures et
classements précis sur la qualité des boîtiers et optiques
sont disponibles sur dxomark.com.

LE MATÉRIEL
Les exemples de matériel donnés ci-dessous sont pensés
pour la vidéo. Pour la photo, je n’aurais pas forcément
conseillé les mêmes modèles.
• Gratuit : vous trouvez sur un site de don d’objets quelqu’un
qui se sépare de son vieil appareil ou téléphone. Allez
voir, ça se trouve. En plus ça filme !
• Autour de 150 € : caméra d’action ancienne génération,
un compact ou téléphone d’occasion. Vous filmez au
moins en HD ou Full HD et on vous entend. La base.
Occasion, début 2019 : GoPro Hero 4 Black, Crosscall Ac-
tion-X3, Panasonic TZ-90
Neuf, début 2019 : Nikon Coolpix S7000
• Autour de 250 € : vous vous assurez au moins le Full HD
d’occasion ou bien un compact entrée de gamme neuf,
c’est beau, ça commence à le faire niveau image.
Occasion  : Panasonic LX100, Canon EOS M100, GoPro
Hero 6 Black
Neuf : Panasonic TZ-90, Sony HX-90
• Autour de 500 €  : du neuf qualitatif (bon capteur) en
compact ou reflex/hybride entrée de gamme, téléphone
bien équipé ou une caméra d’action dernier cri. Réso-
lution 4K assurée. Vous pouvez vraiment faire de belles
images et vous offrir un petit micro à 50 € pour le son.
Occasion : Sony RX100 III, Panasonic GX-80 + 1 objectif
Neuf : Fujifilm XT-100 + 1 objectif, Olympus E-M10 III + 1
objectif, Crosscall Trekker-X4, GoPro Hero 7 Black
• Autour de 1000 €  : 2 items de la catégorie précédente,
ou bien un compact expert ou reflex/hybride de qualité
intermédiaire (bon capteur, stabilisation, débit vidéo pro,
4K…). Peut-être un objectif de qualité d’occasion avec tout
Les prises de vue lointaines.
Être filmé de loin dans l'action
demande de venir poser la
caméra, enregistrer, revenir en
arrière et faire le plan. Cela peut
prendre facilement 30 minutes.
ça. Un bon micro (environ 100 €) est un vrai plus avec ce
budget-là. Autre possibilité : une caméra de poing, rapide
à dégainer et facile d’utilisation, ou encore un smart-
phone récent pour faire comme Soderbergh !
Occasion : Olympus E-M10 III + 2 objectifs, Canon XF100,
Panasonic GH4 + 1 objectif, Panasonic GX-80 + 2 objectifs
Neuf : Sony RX100 V ou VI, Fujifilm XT-2 + 1 objectif, iPhone
X, Nikon D7500 + 1 objectif
• Autour de 2000 €  : vous composez un joli cocktail avec
les catégories précédentes auquel vous pouvez ajouter un
drone correct, ou vous vous payez un reflex/hybride de très
bonne qualité avec 1 ou 2 bons objectifs adaptés à votre
besoin. À ce prix, vous filmez bien stabilisé avec un micro
pour un futur montage potentiellement digne d’un pro.
Occasion : Sony A7S II + 1 objectif
Neuf : Panasonic GH5 + 2 objectifs, Fujifilm X-T3 + 1 objec-
tif, Sony PXW-X70, Nikon Z6 + 1 objectif
• Autour de 4000 €  : cocktail de la mort ou bien un des
derniers reflex/hybrides avec les 2 ou 3 objectifs qu’il vous
faut. Bref, du matériel de pro avec les meilleurs capteurs
du marché ou une caméra de poing haut de gamme.
Occasion : autant partir sur un bon cocktail avec des très
bonnes optiques à ce tarif-là !
Neuf : Sony A7S II + objectifs, Panasonic GH5 + objectifs,
Nikon D850 + objectifs, Sony PXW-Z90, Panasonic S1/S1R
+ objectifs, Nikon Z7 + objectifs
• 15.000 balles : vous avez le budget d’un tour du monde
à vélo, déconnez pas… Trouver plus cher, c’est toujours
possible dans ce domaine !
N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 109
 PA RTAG E R FILMER SON VOYAGE
Quelques trucs en vrac sur le matériel :
• Un bon boîtier c’est bien, mais sans l’objectif de qualité,
vous roulez en Ferrari avec un moteur de Clio. Attention
ça vaut parfois plus que le prix du boîtier (surtout les gros
zooms).
• Un objectif grand angle stabilise mieux l’image qu’un ob-
jectif serré, et pour filmer en outdoor cela paraît indispen-
sable. Certains objectifs sont stabilisés, ça vaut le coup.
• Le son, c’est la moitié d’un film. Si possible, ayez au moins
un petit micro, surtout si vous voulez le diffuser à un large
public (en salle donc). Pour ça, il vous faut une entrée
jack ou capturer le son en parallèle (plus contraignant).
• 2 sources d’enregistrement peuvent vous sauver en cas de
panne. Une GoPro, un bon smartphone ou un compact
en plus de votre source principale permet aussi de filmer
très léger (exemple : ascension d’un sommet où chaque
gramme est compté).
• Les cartes SD et le stockage peuvent constituer un inves-
tissement (très) conséquent. Et plus vous avez du haut
de gamme, plus les débits d’enregistrement (quantité de
données à sauvegarder à la seconde) sont élevés et plus
les cartes SD adéquates coûtent cher (comptez 50 € pour
une carte de 64 Go de classe V60 par exemple).
• Les accessoires représentent aussi un budget : selon votre
cas, pensez trépied, batteries supplémentaires, panneau
solaire, sac (étanche), stabilisateur, câbles, supports,
filtres, adaptateurs d’objectifs…
• La question du drone : tout le monde en veut, et c’est vrai
que c’est beau. Mais cela ne peut suffire à faire une bonne
narration. Pour le lecteur de Carnets d’Aventures, je
conseille le Mavic Air à environ 800 € (600 € d’occasion).
• J’ai parlé de 4K, mais nous ne tournons que très rarement
dans cette résolution. Peu de monde dispose d’écran 4K,
même les salles ne s’en servent pas. Seul intérêt majeur :
recadrage et stabilisation en post-production.
• La vidéo 360° (avec une GoPro Fusion par exemple) per-
met de créer des travelling circulaires immersifs en post-
production, mais c’est assez technique à réaliser. Plutôt
pour les geeks, donc.
110 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55
Entre photo et vidéo,
difficile de choisir.
On peut photographier et
filmer avec un seul appareil,
mais il faut accepter que
cela prendra le double
de temps. Sauf si on est
une équipe solide J.
LE DISPOSITIF
Prenez Antoine de Maximy dans J’irai dormir chez vous
par exemple  : son dispositif est composé de 2 ou 3 camé-
ras attachées à lui qui rendent son visage, ce qu’il voit, et
éventuellement un autre angle. Les bonnes questions à se
poser sont donc : de combien de caméras ai-je réellement
besoin ? Qu’est-ce que je veux filmer, et pourquoi ? On peut
très bien se contenter de dire : je filme ce que je vois, point
barre  ; mais alors quel est le matériel le mieux adapté à
cette simple contrainte  ? De ces questions découlent les
contraintes logistiques (poids, encombrement, coût, qua-
lité, autonomie de batterie…).
Tourner des images peut vite devenir un effort supplémen-
taire qui prendra du temps sur le voyage en lui-même. En
gros, plus on est ambitieux, plus la responsabilité est lourde
à porter : en poids souvent, mais aussi de par la nécessité
fréquente de (se) mettre en scène, de jouer au journaliste,
de devenir intrusif dans une rencontre ou encore de vouloir
poster sur les réseaux sociaux.
En termes de stockage, la carte SD reste l’outil le moins dé-
faillant. Cependant, les perdre ou se les faire voler est vite
arrivé. Prévoir un disque dur en plus que vous enverrez chez
un pote qui gère bien l’informatique pour en faire une copie.
Il y a aussi le cloud, mais c’est cher et galère d’uploader des
giga-octets depuis le fin fond de la Papouasie… Enfin, pour
l’énergie, soit on est vraiment dans le sauvage, auquel cas
un panneau solaire est un bon investissement, soit non et
on a là un magnifique prétexte pour déguster un café au bar
du village tous les 2 ou 3 jours .
Trois conseils importants :
1. Réglez les différents appareils à la même heure/date (très
utile pour la phase de montage).
2. Si possible, choisissez l’option de nommer vos fichiers
ainsi : année_mois_jour_heure_minute
3. Ne négligez pas la prise de son.

L’ÉCRITURE ET LE DÉRUSHAGE
Il n’y a rien de plus frustrant que d’avoir fait l’effort de fil-
mer en voyage, rentrer et se rendre compte qu’on n’a que
des bribes d’histoires inracontables car il n’y a pas assez
de matière. L’écriture, en amont ou après le projet, aide à
pallier ce problème. Pour un clip web en musique ou une
vidéo souvenir, simplement s’imaginer le résultat que l’on
souhaite obtenir peut suffire, on rafistolera avec de la voix
off ou du titrage après. Mais pour un projet plus audacieux,
il peut être bon de rédiger une note d’intention avant de
partir. Habituellement, elle contient un résumé du film et
le traitement des images que vous voulez effectuer pour un
potentiel producteur. Cela ne veut pas dire que vous scé-
narisez votre film à l’avance, mais cela force à élaborer un
début de trame dans laquelle vos imprévus viendront s’inté-
grer. Ainsi, vous saurez plus précisément quoi filmer et avec
quel parti pris, quelles questions poser aux personnages, et
vous saurez là où vous voulez en venir dans votre histoire
(et peut-être même dans votre voyage). Ceci n’empêche pas
de laisser une belle place aux imprévus, qui seront aussi
ceux de votre film.
L’autre conséquence est que vous aurez rempli au moins
Le trépied est votre allié.
Plan fixe, stabilisation, prises lointaines,
auto-prise de vue, timelapse ou encore
selfie stick, le trépied est l'accessoire
numéro 1. Sur le Yukon, ne vous laissez pas
porter par le courant trop longtemps avant
d'aller le récupérer, vous risquez de vous
perdre et de « bartasser » inutilement…
quelques cases de votre ligne de montage. Vous aurez plus
de facilité à élaborer la structure de votre film, surtout s’il
est long. Mais avant de passer au montage proprement dit, il
y a l’étape de dérushage (visionnage de tous les rushes avant
de les apposer sur la ligne de montage). Étape importante :
elle permet de se rendre compte de l’ensemble du matériau
accumulé. Mais le but est surtout de sélectionner les his-
toires les plus pertinentes. Car un écueil fréquent du réali-
sateur débutant, surtout s’il est autodidacte, est de vouloir
raconter un maximum de choses en omettant de s’attar-
der sur des singularités qui sont pourtant le sel d’un beau
voyage. Avant de se lancer, il est bon de se poser les ques-
tions suivantes : qui sont les personnages ? Que veulent-ils ?
Pourquoi est-ce qu’ils le veulent ? Quels obstacles vont-ils
rencontrer  ? Comment vont-ils les surmonter  ? Ces ques-
tions encouragent à raconter une histoire accrocheuse. En
particulier si on est l’auteur de sa propre histoire, cela aide
à prendre du recul pour évincer certains événements vécus
probablement très forts, mais malheureusement mal captu-
rés et indigestes pour le spectateur.
N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 111
 PA RTAG E R FILMER SON VOYAGE
LE MONTAGE
En termes de logiciel, Adobe Premiere (plus de liberté mais
un peu plus difficile à prendre en main) ou Final Cut (simple
et efficace mais un peu moins de possibilités qu’avec Pre-
miere) sont les classiques. Nous les recommandons  ; les
autres du marché étant à ce jour globalement plus compli-
qués à utiliser. En gratuit efficace, il y a Da Vinci Resolve ;
sinon en général les logiciels gratuits du style Movie Maker
conviendront aux films simples mais montreront rapide-
ment leurs limites.
Avant de démarrer le montage, je vous conseille de vérifier
que vous n’avez pas deux fichiers avec le même nom (d’où
l’importance du conseil n°2 de la rubrique Le dispositif).
Vous êtes prêts ? Je peux vous assurer que vos nuits seront
courtes les prochaines semaines, vous allez sûrement rêver
que vous vivez enfermé dans votre timeline. Alors pour sim-
plifier les choses voici trois étapes qui peuvent vous aider :
1. Séquencer votre film en chapitres (par exemple 5 cha-
pitres pour un film de 52 mn).
2. Monter chaque chapitre séparément (mais pas nécessai-
rement dans l’ordre).
3. Monter l’introduction et la conclusion en dernier.
Si on veut maintenant parler du dur, du montage pur, il va
falloir accepter une chose : il n’y a pas de recette miracle.
C’est l’expérience, la matière (images et sons), la créativité,
la rigueur, la sensibilité, etc. qui feront un « bon » monteur
et probablement un beau film. De façon générale, il faut
réussir à donner du « rythme » à votre film. Cela passe, entre
112 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55
Préparer son montage.
L'histoire vient en premier.
Pour monter efficacement, il
faut savoir où l'on va, sinon on
tourne autour de la montagne
que l'on souhaite grimper.
autres, par une alternance d’intensité entre les séquences.
Les moments de contemplation seront, par exemple, entre-
coupés de séquences plus denses (riches en sons, dialogues
et/ou diversités de plans). Aussi, pour donner du rythme
et valoriser vos images, vous serez tentés d’utiliser de la
musique. C’est une bonne idée, mais qui peut aussi déraper
en concert de Patrick Sébastien. Idéalement, je pense qu’il
est bon de respecter une harmonie globale sur toutes les
musiques du film (on évite de mélanger les genres, les ins-
truments, etc.) et de bien définir à quoi sert cette musique :
faire rêver, apporter de l’optimisme, de la mélancolie, de
l’espoir… La musique ne doit pas être utilisée pour mettre
des images qu’on ne savait pas mettre autrement ! Elle doit
aussi raconter une histoire et nourrir l’intention du film
(note d’intention claire pour son film). En revanche, il est
parfois nécessaire d’utiliser des «  séquences musicales  »
pour faire le pont, la transition, et insérer une respiration
entre deux chapitres de votre film.
Enfin, en admettant que votre objectif est de faire un film de
52 mn, je vous invite à monter une première version d’envi-
ron 60 ou 65 mn. Ensuite vous choisissez 3 ou 4 personnes,
de préférence des pros ou semi-pros de l’audiovisuel (évi-
ter sa maman chérie) pour regarder votre travail et vous
faire un retour critique. De là vous sortez le sabre laser et
attaquez l’élagage du film pour arriver à 52 mn. N’oubliez
pas une chose : il faut essayer de garder seulement les sé-
quences qui servent l’intention du film.
 LA DIFFUSION
Le format est probablement le maître-mot : avez-vous l’inten-
tion de montrer vos vacances à votre grand-mère, de devenir
Youtubeur, de faire un court-métrage ou encore de vendre
votre film aux chaînes TV ? Le format court (voire une série
de courtes vidéos) conviendra au web, vous serez peut-être
le prochain blogueur voyage à succès ! #aroundtheworld… One man show.
Avec un format entre 26 et 90 mn, on peut espérer voir son Comme vous avez été
film diffusé dans les festivals, il y en a presque dans toutes inspirés par d'autres
les grandes villes de France, mais quasiment tous ne paient pour partir, à vous de
rien à part le défraiement. Parmi les plus prestigieux : les motiver les troupes !
festivals du film d’aventure de La Rochelle, La Réunion,
Val d’Isère, le Grand Bivouac à Albertville, les rencontres
du cinéma de montagne de Grenoble et Gap, les Écrans de
l’Aventure à Dijon, le What a Trip  ! à Montpellier, les fes-
tivals ABM à Paris et en région (plus amateurs mais très
humains), etc.  ! Le format privilégié est de 52 minutes, ça
correspond à la case TV classique aussi. Qui sait, peut-être
que vous vendrez votre production à Arte ! Mais n’espérez
pas grand-chose de ce côté-là en indépendant, le monde de
la télévision reste franchement fermé et, pour y accéder, il
faudra vous arranger avec un producteur installé dans 95%
des cas. Enfin, mentionnons la VOD qui permet aux indé-
pendants de vendre facilement leurs productions sans in-
termédiaire. Pas mal de plateformes existent comme Vimeo
par exemple. Les temps changent de ce côté-là, c’est tant
mieux. Surprenez-vous, surprenez-nous ! 

Simply wood –
simply good.
Nous utilisons pour ce produit une part de
fibre composée à 100 % de bois et donc
100 % biodégradable.
La fibre de bois régule l’humidité, est très
douce au contact de la peau et garantit une
agréable sensation de fraîcheur au porter.
Un système de circulation respectueux des
ressources rend la fabrication de la fibre en
cellulose particulièrement écologique.
« Wood you wear it ? »

greenshape.vaude.com

Women‘s Skomer Top

Top fonctionnel pour la randonnée et le voyage
• aspect tendance
• extensible, facile d’entretien et à séchage rapide
• à la fabrication écologique et équitable

N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 113

 PA RTAG E R
ÉCRIRE
UN LIVRE
D E S O N VOYAG E
J
L’AUTEUR
Brian Mathé est coauteur du livre
Solidream, Trois ans de défis et d’ami-
tié autour du monde et l’auteur du
Prodige de l’amitié dans la collection
« Petite philosophie du voyage » des
éditions Transboréal. Voir aussi l’article
« Filmer son voyage » page 108.
⊲ solidream.net
114 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55
ÉCRIRE UN LIVRE
e ne sais plus qui a dit : « si vous voulez écrire, soyez sûr
d’avoir quelque chose à raconter  ». C’est d’une évidence
crasse, mais ça va mieux en le disant. En d’autres termes :
quel est le point unique de votre histoire qui donnera envie
de la lire ? Va-t-on découvrir pour la douzième fois que « les
paysages sont magnifiques » et qu’à la fin d’une journée de
vélo vous êtes « exténués comme jamais » ? Votre démarche
doit l’interpeller et votre vision du monde également.
Pour ce faire, les carnets de voyage constituent un matériau
dans lequel, tel un mineur, on peut extraire les événements
marquants et les réflexions brillantes (ou pas) pour élaborer
une narration captivante. Des futilités notées en cours de
route peuvent déclencher une cascade d’événements gardés
en mémoire qui seront autant d’histoires potentiellement
croustillantes. Avant d’écrire, un tableau récapitulatif des
faits et des réflexions à glisser chapitre par chapitre est un
bon outil pour structurer son récit, surtout pour un premier
projet. Cela permet d’identifier les redites et d’élaguer plus
facilement sa première version, bien souvent trop longue.
Mieux vaut bien expliquer un épisode phare que vouloir
tout survoler.
En revanche, espérer publier des carnets de notes bruts est
une douce folie  : quasiment personne n’écrit bien du pre-
mier jet, et les éditeurs le repèrent instantanément. Par-
lons d’eux, justement : ils ne sont pas impressionnables et
n’ont que faire de vos faits les plus épiques. Ils exigent de
la littérature et n’hésiteront pas à rembarrer sans chichis
les textes prétentieux et pleins de fautes d’orthographe. Je
connais l’histoire de quelqu’un qui, par excès d’orgueil, a
refusé de publier chez l’éditeur renommé Actes Sud car on
Photo : Mariette et Lou
Nodet pendant leur
périple au Ladakh, entre
mère et fille (lire leur
témoignage dans CA54).
Photo : Olivier Peyre.
Rédaction de son carnet de
bord qui servira de base
à un livre et de nombreux
articles ! (cf. p. 28)
RANDO-ÉVASION
Les plus belles
randonnées

lui demandait – évidemment – de reprendre tel ou tel aspect

de son texte. Écrire pour publier est un engagement, parfois
plus grand que celui de l’aventure elle-même : cela demande
un travail considérable (quelques mois à plusieurs années se-
lon votre exigence et expérience). Nicolas Bouvier a pris 10 ans
pour écrire l’ouvrage référence L’Usage du monde. Un conseil :
lisez-le avant d’écrire.
D’autres maisons d’édition verront un potentiel commercial
et vous proposeront peut-être une plume de substitution pour
pallier le manque d’expérience, de temps ou de volonté. Pour-
quoi pas, après tout. Côté financier, la norme pour les droits
d’auteur débutant est de 8% du prix de vente, autant dire qu’en
vivre est extrêmement difficile.
Sinon, écrire pour soi, sans prétention, afin de réunir des sou-
venirs dans un objet propre et ordonné, constitue une solution
sans pression éditoriale. Et si l’on veut publier quand même,
l’autoédition présente l’avantage de la liberté totale en plus
de capter tous les bénéfices – l’apport substantiel d’un regard
extérieur et le réseau de distribution en moins. Réfléchissez
bien avant d’imprimer 1000 livres en autoédition ! Dans cette
catégorie, les livres photo fleurissent  : plus faciles à réaliser,
ils sont néanmoins plus difficiles à vendre et bien plus chers
à l’impression. Une solution hybride est la coédition, certains
éditeurs y sont ouverts, mais il vous faudra arriver avec de bons
arguments financiers (précommandes, promesses d’achats,
etc.) pour peser dans la négociation des bénéfices.
Finissons tout de même sur une note positive : écrire est une
aventure extraordinaire qui permet de mûrir son voyage et d’en
tirer la substantifique moelle pour s’élever, et c’est bien pour ça
qu’on voyage, non ? 

N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 115

 SA N T É TROUSSE À PHARMACIE

TEXTE Dr Hervé Bouchet (médecin du sport et d’expé, urgentiste)

N
ous vous proposons ici une pharmacie de base pour un
voyage dans des conditions « roots ». Les quantités propo-
sées sont adaptées à un voyage pour 2 personnes sur envi-
ron un mois.
Cette trousse est une trousse mais pas LA trousse. Chacun
peut évidemment et doit modifier ou adapter son contenu
au voyage envisagé (altitude, grand froid, zones impalu-
dées…), milieu, durée, isolement, activités à risque, etc. Ces
problématiques spécifiques doivent faire l’objet d’une phar-
macie spécifique.

LES PRINCIPES DE BASE

- Efficacité, légèreté, encombrement minimum, résistance
aux chocs.
- Ne prendre et n’utiliser que les médicaments dont on
connaît l’usage.
- Préparer une liste des médicaments emportés avec les indi-
cations et précautions d’usage. L’idéal est de faire un listing
et d’en parler avec un médecin avant de partir.
- Utiliser les médicaments uniquement en cas de nécessité.
- Vérifier les dates de péremption avant utilisation (surtout
si vous achetez des médicaments pendant le voyage).
- Connaître les noms des médicaments en DCI (dénomina-
tion commune internationale). Il s’agit du nom de la subs-
tance qui est ainsi identique dans le monde entier. Ex : para-
cétamol (DCI) est vendu comme Doliprane, Dafalgan, etc.
Nous donnons ici des exemples de médicaments « connus »
(de marque) mais il est tout à fait possible d’utiliser des
génériques.
- En dehors de la pharmacie, il est indispensable avant de
partir de faire les rappels de vaccinations et les vaccinations
spécifiques (voir la page Conseils aux voyageurs de
diplomatie.gouv.fr, rubrique Santé sur la page Conseils par

116 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55

 PLAN SANTÉ
AVA NTURE
Bien s’assurer pour mieux voyager

IDEAL POUR
LES VOYAGEURS
«SAC A DOS»

PACKAGE UNIQUE
AUX GARANTIES

10%
* HAUT DE GAMME
code
avec le
ET
CARN
ASSISTANCE
RAPATRIEMENT

FRAIS
MÉDICAUX

RESPONSABILITÉ
CIVILE

BAGAGES

pays pour les pays concernés), de consulter son médecin, un

dentiste, ainsi qu’un ophtalmologue et un gynécologue le cas INCIDENT
échéant. VOYAGE

PETITS CONSEILS PRATIQUES

- Pour gagner de la place, supprimer les boîtes en carton. INDIVIDUELLE
ACCIDENT
- Pour le transport des plaquettes de comprimés, il est conseil-
lé de recouvrir de scotch les feuilles d’aluminium. Cela évite
l’ouverture et la perte des comprimés sans augmenter le poids.
- Mettre la pharmacie dans une boîte étanche en plastique fa- › À partir de 39.6€*/mois
vorise sa conservation. › Offre spéciale Famille

QUELQUES LECTURES UTILES Une couverture

- Petit guide médical pour le voyage, Dr Emmanuel Cauchy (for- complète pour
mat compact, facile à emporter), éd. Edimontagne. vous assurer lors
- Petit manuel de médecine de montagne et Petit manuel de mé- de vos séjours
decine de bord, E. Cauchy, éd. Glénat. longue durée.
- Guide médical des espaces sauvages (manuel de médecine
pratique pour le sport et le voyage), Dr Isabelle Philippe, éd.
Olizane.
- Voir aussi le site de l’IFREMMONT : ifremmont.com
L’Institut de Formation et de Recherche en Médecine de Mon-
tagne propose, entre autres, des formations théoriques et pra-
tiques adressées aux professionnels et au grand public prati-
quant en milieu hostile (montagne, expéditions, etc.), ainsi
qu’une abondante documentation en ligne accessible à tous,
gratuite, claire et illustrée.
- L’article «  Pathologies articulaires et traumatiques du
voyageur au long cours  » d’Hervé Bouchet publié dans un
précédent Carnets d’Aventures et désormais aussi en ligne  :
expemag.com/go/pat  AVA.FR
AVA - Assurance Voyage & Assistance
25 Rue de Maubeuge
75009 Paris
01.53.20.44.20 info@ava.fr
N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 117
* : code valable jusqu’au 30 septembre 2019
 SA N T É TROUSSE À PHARMACIE

DÉNOMINATION NOM QUANTITÉ POSOLOGIE INDICATIONS ET/OU REMARQUES DEGRÉ D’IMPORTANCE

PETIT MATÉRIEL
Gants stériles ou à usage
2 paires Pour soigner les autres et les plaies Important
unique
Compresses stériles et
à volonté En petits paquets stériles de préférence Indispensable
propres
Désinfectant Bétadine 1 Pour nettoyer les plaies Indispensable
Désinfectant si allergie à la
Biseptine 1 Pour nettoyer les plaies Important
Bétadine
Physiotulle,
Pansement gras 1 Pour les brûlures Important
Adaptic
Très pratiques pour éviter les points de frotte-
Adhésif fin Hypafix 1 rouleau Important
ments et donc les ampoules
Bandes cohésives
2 Pour fixer les compresses sur les plaies Indispensable
(2 tailles)
Bandes élastiques en coton
2 Important
(2 tailles)
Pansements anti ampoule Spenco 1 plaque Moins cher en plaque Optionnel
Pansements 10 Important
Sparadrap 1 Important
Bouchons auriculaires 2 paires Important
Seringues 5ml, 10ml 1à2 Important
Aiguilles 2 Important
Contention élastique Elastoplaste 1 Important
Pince à épiler 1 Important
Thermomètre incassable Important
Attelle légère modelable vendue dans les
Attelle Sam Splint 1 Optionnel
magasins spécialisés
Tire tique 1 Tout petit attention de ne pas la perdre Important

PETITE CHIRURGIE
Bistouri jetable ou lames
1 Toujours utile Important
bistouri
Utile d’avoir du fil avec soi, en cas de plaie,
Fils à peau : (3/0,4/0,5/0) 1 Important
un médecin pourra vous aider
Urgostrip,
Sutures adhésives 2 paquets Pour les toutes petites plaies Important
Stéristrip

GASTRO-ENTÉROLOGIE
Tiorfan (anti Surveiller votre température et consulter si
Anti diarrhéique 20 6/j Indispensable
secrétoire) fièvre plus de 48h ou selles glairo-sanglantes
2 cpr pendant
Anti spasmodiques Spasfon lyoc 10 Spasmes abdominaux Important
la crise
Anti vomitifs Primpéran 20 3 cpr/j Important
Confort carbolevure 30 6 à 8/j Troubles du transit modérés Confort
Panfurex ou
20 6 à 8/j Troubles du transit modérés (selles molles) Confort
Ercefuryl

SÉDATION
1g toutes les 6h
Paracétamol 30 cpr
6g/j max.
Doliprane,
et/ou Dafalgan, Douleur, fièvre, état grippal… Indispensable
Paracétamol forme lyoc. : Paracetamol 10 6g/j max.
pratique car utilisable sans
eau
Douleur intense
Tramadol Ixprim 20 cpr max. 6 cpr/j Important
Attention risque de somnolence
AINS per os
(Anti-Inflammatoires Non Ketoprofène 75 Anti-inflammatoire,
20 2/j Indispensable
Stéroïdiens ; per os : par à 150 à prendre pendant les repas
voie buccale)
2 à 4 cpr
Solupred, Anti-inflammatoire puissant : allergie,
Corticoïdes 20 (de 40 à 80mg, Important
Cortancyl 20 asthme, épuisement
max 1 mg/kg)

118 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55

 DÉNOMINATION NOM QUANTITÉ POSOLOGIE INDICATIONS ET/OU REMARQUES DEGRÉ D’IMPORTANCE

ALLERGIES
Allergies sans réaction grave (systémique)
Aerius,
Anti histaminique 1 plaque 1/j : réactions suite à piqûres d’insectes, Important
Zyrtec…
alimentaire, asthme allergique…
Adrénaline 0,5 mg en
inj. En intra intramusculaire En cas d’urgence, réaction allergique grave =
Indispensable si terrain
Cardiotonique musculaire 1 ou une dose de choc anaphylactique.
allergique
(1mg/1ml) ou stylo (existe en Indispensable si terrain allergique.
stylo Anahelp style 0,3 ou 0,5mg)

OPHTALMOLOGIE
Toujours traiter les 2 yeux
Antibiotiques Tobrex 1 3 à 4 gouttes/j Important
Après avis médical
Biocidan, plusieurs fois par
Collyre antiseptique 3 Poussières oculaires, irritations Indispensable
vitabact jour
dosettes
Sérum physiologique à volonté Pour rincer les yeux Important
monodose

ANTIBIOTIQUES
Amoxicilline +- acide Augmentin ou Prévoir pour 6j de traitement au minimum
20 3g/j Indispensable
clavulanique amoxicilline toujours après avis d’un médecin
Ciprofloxacine Ciflox 20 cpr 1g (2 cpr/j) Après avis médical Important
Anti infectieux pour les giardia et amibes.
Métronidazole Flagyl 21 1,5g/ (3 cpr/j) Spécifique
Pour les longs séjours
Infection urinaire,
un sachet en une
traitement minute : Monuril 1 Infections urinaires Spécifique
prise
fosfomycine

CRÈMES, POMMADES, GELS

Crème solaire 1 Indispensable
Stick à lèvres 1 Important
Coups de soleil et brûlures.
Crème hydratante Flammazine 1 Important
Ne pas se mettre au soleil après application
Crème hydratante Sénophile 1 Pour les pays froids, gerçures, crevasses Confort
Fucidine
Pour la petite blessure qui «s’infecte»
Infection cutanée pommade 1 Important
légèrement
(antibiotique)

EN OPTION
Titanoréine, un suppositoire
Anti hémorroïdaire 5 Confort
Daflon apres la selle
Pour les rhumes récalcitrants.
Décongestionnant Rhinureflex 15 6/j Confort
Ne pas associer avec paracétamol ou aspirine.
Somnifères Imovane 10 Confort
Répulsif anti moustique Spécifique
Anti paludique En fonction du pays Spécifique
Produit de désinfection Aquataps,
Spécifique
de l’eau Micropur

Médicaments à avoir mais à utiliser après avis d’un

médecin ou d’une personne de formation médicale

Médicaments pour les femmes

Pour une version facile à imprimer du tableau, rdv ici :

 EXPEMAG.COM/GO/PHARMA

N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 119

 SA N T É BOBOLOGIE
BOBOLOGIE
TEXTE David Manise, « grand manitou » au CEETS
(Centre d’Etudes et d’Enseignement des
Techniques de Survie)
davidmanise.com
ILLUSTRATIONS Philippe Gady
0
n sous-estime souvent
l’impact de l’hygiène et
des soins préventifs de
base qu’on apporte à notre
corps quand il s’agit de
rester en bonne santé (et
mobiles) sur la durée. Et
quand on se paie le luxe
d’un voyage nature de
plusieurs semaines ou plu-
sieurs mois, c’est vraiment
trop frustrant de le voir
écourté ou gâché par des
soucis qu’on aurait très bien pu éviter avec un minimum de
prévention. L’hygiène, avant d’être un souci social, est avant
tout une manière de prévenir bien des maladies, et la com-
plication d’affections autrement bénignes.
LES PETITES PLAIES ET LES INFECTIONS
En voyage nature, surtout à l’étranger, la charge infectieuse
augmente souvent considérablement, du fait de l’hygiène
souvent moins bonne, et aussi à cause du fait que plein de
120 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55
DE TERRAIN
souches de microbes sont inconnues de notre système im-
munitaire. Le milieu tropical, avec son humidité constante,
est d’ailleurs assez extrême pour ça. Nous sommes donc da-
vantage exposés à voir les petites plaies s’infecter, et même
s’infecter assez gravement. Aussi, il est important de s’en
occuper sérieusement et rapidement.
Avoir un bon système immunitaire est largement une ques-
tion de bonne hygiène de vie (le stress chronique et le
manque de sommeil sont deux facteurs importants dans
l’affaiblissement des défenses immunitaires). C’est aussi
une question d’habitude et d’exposition… les gens qui
vivent dans un environnement semi-stérile en permanence
et qui se tartinent les mains d’alcool en gel toutes les dix
minutes réduisent tellement leur exposition aux microbes
que leur système immunitaire n’a plus besoin d’être très
performant. Bien que je ne recommande pas de s’exposer
volontairement à des pathogènes, et surtout pas à des trucs
vraiment dangereux, une hygiène normale suffit à prévenir
les maladies courantes d’ici, et évite de trop affaiblir nos
défenses.
Quels sont les signes d’une infection locale  ? Ils sont au
nombre de trois : rougeur, douleur, œdème. La plaie se met
à rougir, gonfler, et la douleur augmente. Si on rajoute de la
fièvre au mélange, c’est le signe que l’infection est impor-
tante, et qu’il faut agir vite. Elle nécessitera souvent un trai-
tement antibiotique, ou au moins un avis médical.
En milieu éloigné, on appliquera déjà la règle de base : la
première et plus importante désinfection qui soit est méca-
nique : on doit nettoyer – à l’eau potable, stérile si possible
– drainer, enlever mécaniquement les saletés, microbes, le
pus, les tissus morts, les graviers, corps étrangers, etc. Une
plaie doit être PROPRE avant d’être désinfectée (sinon c’est
inutile), et l’éviction des pathogènes vers l’extérieur doit
toujours être possible si elle est infectée (autrement dit une
plaie infectée ne doit pas être refermée).
Sur une plaie infectée, la règle d’or, c’est le drainage et le
nettoyage… et les antibiotiques adaptés. Faute d’un traite-
ment approprié, le drainage/nettoyage et l’application de
miel régulièrement dans la plaie peuvent favoriser la cica-
trisation et réduire l’infection. Le CHU de Lome, au Togo,
a d’ailleurs mené une étude très parlante à ce sujet : selon
eux, le miel fonctionne très bien sur les plaies infectées
(santetropicale.com/resume/114510.pdf).
Pour les petites plaies superficielles, un lavage méticuleux à
l’eau et au savon de Marseille fera bien le boulot pour la plu-
part des cas. Une petite giclette de désinfectant pour finir,
on couvre, et en général ça se passe bien. Et ça évite que ça
dégénère…
LES AMPOULES
Les ampoules se forment aux points de friction entre la peau
et n’importe quelle surface. C’est une brûlure mécanique,
purement et simplement. Pour les prévenir, d’abord et avant
tout, « casser ses chaussures ». Ne jamais partir en rando ou
en voyage avec des chaussures neuves. C’est l’horreur assu-
rée. Il faut prendre le temps de faire plusieurs balades avec
ses chaussures pour qu’elles se moulent un peu à nos pieds,
ou à défaut, que nos pieds se moulent aux chaussures. Plus
les chaussures sont rigides, plus ce travail sera long et indis-
pensable. Avec la plupart des chaussures type trail, on peut
s’en passer, ou se contenter d’un petit test de quelques kilo-
mètres avant le départ. Pour les kayakistes, pas de miracle
possible à part l’habitude et une bonne paire de gants.
Quelques trucs de prévention en vrac :
• Deux paires de chaussettes : une fine en synthétique ou
mélange laine + synthétique, et une plus épaisse par-des-
sus : la friction a ainsi lieu entre les deux chaussettes plus
qu’entre la peau et la chaussette.
• Sécher ses pieds régulièrement : la peau humide est beau-
coup moins solide que la peau sèche  : à chaque pause,
faire sécher ses pieds et ses chaussettes limite bien la
casse, et ça aide aussi pour les odeurs comme pour les
mycoses (voir plus loin).
• Marcher pieds nus souvent : eh oui. Ça permet de stimu-
ler la pousse de la peau, et de rendre le pied globalement
plus costaud. En plus ça assèche le pied, et donc déve-
loppe la couche de corne (j’expliquerai comment un peu
plus loin).
• Avoir des tongs, ou marcher pieds nus le soir  : ça reste
dans l’esprit des points précédents : sécher les pieds. Je
pense que j’ai été assez redondant là.
En déplacement, on détecte toujours très tôt et très vite le
début de l’apparition d’une ampoule. On sent que ça frotte
N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 121
 SA N T É BOBOLOGIE
et que ça commence à brûler dès les premiers pas. Et c’est à
ce moment-là qu’il faut réagir :
• En modifiant le laçage des chaussures : éviter de trop ser-
rer la chaussure. Elle doit bouger un peu. Tout bétonner
en tirant comme une brute sur les lacets est la dernière
des imbécilités qu’on puisse imaginer.
• En collant un pansement de type « seconde peau » à l’en-
droit de la friction en prévention… ça fonctionne très bien
mais la peau doit être bien sèche pour que ça colle bien.
À défaut, un bout de de sparadrap ou même de duct-tape
m’a souvent permis d’éviter le calvaire (par contre, tous
ne supportent pas bien le contact intime avec cette colle
ultra-adhésive que j’affectionne tant).
• En changeant de chaussures…
LES MYCOSES, LA CHALEUR ET LES ODEURS…
Les mycoses sont une affection de la peau causée par des
champignons microscopiques. Ils peuvent être de divers
types, mais tous ont plusieurs points communs :
• ils se nourrissent de nos peaux mortes et des saletés qu’on
y trouve ;
• ils prolifèrent dans un environnement humide et chaud.
Quand la quantité de champignons et leur vitesse de pro-
lifération sont compatibles avec l’humidité et la chaleur
de notre peau, et la quantité de peaux mortes qu’on a à
leur fournir, tout se passe bien. Si subitement on enferme
notre pied et qu’on le fait chauffer dans la moiteur de
chaussures fermées, les fungi prolifèrent, mangent davan-
tage de peaux mortes, jusqu’à attaquer la peau vivante  :
le corps réagit alors en envoyant le système immunitaire
au combat : ça gratte, ça devient rouge, et ça peut même
finir par faire mal, se crevasser, s’infecter… pas de la tarte.
Notez par ailleurs que ces mycoses sont communes sur
les pieds (pied d’athlète), mais aussi dans l’entrejambe,
surtout chez les hommes bien pourvus par la nature au
niveau des bijoux de famille… on appelle ça « le loup ».
Eh oui, le mécanisme est le même : chaleur, humidité, et
122 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55
manque de peaux mortes à ronger…
Typiquement, les gens qui sont sujets aux mycoses aux
pieds sont donc – vous l’aurez compris – également sujets
aux ampoules.
Solution ? Sécher, refroidir, et génocider un peu du champi-
gnon avec un produit antifongique : la biseptine, le chlore
et ses dérivés, et l’huile essentielle de Tea Tree sont trois
produits qui fonctionnent bien et qu’on peut facilement
transporter ou trouver en randonnée. L’alcool fonctionne
pas mal aussi, mais mettre de l’alcool ou du Tea Tree sur une
mycose déclarée a un petit quelque chose d’héroïque que je
ne saurais vous conseiller, surtout si la mycose en question
se situe près de vos parties intimes : ça aidera à calmer la
prolifération, mais ça pique un peu les yeux quand même…
Lorsqu’on a déjà eu des mycoses une fois, elles ont tendance
à revenir ; pour la simple et bonne raison qu’elles larguent
des spores dans les vêtements (chaussettes, chaussures,
sous-vêtements).
Dès que les conditions sont de nouveau réunies pour leur
développement (chaleur, humidité, peaux mortes à manger)
elles se remettent à proliférer. Solution simple : si on soigne
les pieds, il faut aussi désinfecter les vêtements / sous-vê-
tements / chaussures. On peut faire tremper dans la javel,
utiliser un produit antifongique en spray ou en poudre, peu
importe… l’idée est de tuer les spores.
Si on n’a pas de produits antifongiques sous la main, on
peut aussi utiliser les rayons ultraviolets du soleil qui as-
somment bien les bactéries, virus, et fungi. Il suffit d’expo-
ser les parties atteintes au soleil pendant quelques minutes
(gaffe aux coups de soleil quand même), quitte, si c’est pour
l’entrejambe, à prendre des poses un peu originales (si on
vous prend en flag’ vous pourrez dire que c’est une posture
de yoga). Les vêtements peuvent aussi être retournés et ex-
posés au soleil direct pendant 12h.
Les odeurs de pieds sont, de leur côté, causées par des bac-
téries qui mangent nos peaux mortes aussi. On réglera donc
les problèmes d’odeurs de pieds de la même façon : en net-
“
Une bonne hygiène des
mains est importante en
prévention, mais encore plus
„
pendant la maladie, pour
éviter d’infecter les autres
ou de se réinfecter soi-même
toyant et séchant les pieds, d’abord et avant tout, puis en les
désinfectant (et en désinfectant l’intérieur des chaussures,
si possible).
LES CREVASSES
Ces crevasses sont principalement causées par l’épaissis-
sement des couches externes de la peau. Comme on l’a vu
ci-dessus, ce qui mange les parties mortes de notre peau
sont des colonies de bactéries et fungi. Cela a pour effet de
réduire l’épaisseur de corne que nous avons sur la peau des
pieds. Les gens qui ont les pieds très secs (comme moi qui
marche pieds nus en permanence ou presque) ont ainsi la
peau qui s’épaissit beaucoup, surtout à côté des points de
friction (typiquement tout le tour du pied).
Pour les prévenir  ? Hydrater les pieds régulièrement avec
un corps gras (qui augmente l’élasticité de la corne, et
l’empêche de se déchirer), et/ou les exposer à la chaleur
humide pour que les bactéries et fungi fassent leur boulot,
et réduisent l’épaisseur de ladite corne.
Ce type de crevasse apparaît aussi sur les doigts, surtout
par temps froid. La prévention et le traitement seront iden-
tiques.
LES ONGLES INCARNÉS
Les ongles incarnés sont les ongles qui s’enfoncent dans
la peau, parfois douloureusement. Certains vont jusqu’à
former de petites plaies qui peuvent s’infecter. Ils sont cau-
sés par des petits défauts d’alignement des orteils dans les
chaussures, et une pression plus forte exercée d’un côté ou
de l’autre. On prévient efficacement ce problème en coupant
les ongles tout droit, de manière à ce qu’ils aient plus de
portance sur les côtés qu’au centre. Ça les empêche de s’en-
foncer par le côté, et de s’incarner…
LA CONSTIPATION ET LA DIARRHÉE
Les problèmes de transit sont monnaie courante dans les
voyages au long cours, surtout dans la ou les premières
semaines où le changement de mode de vie et d’alimenta-
tion demande au corps de s’adapter. La constipation est fré-
quente par temps chaud à cause de la déshydratation, et par
temps froid à cause de notre appréhension parfois légitime
à baisser le pantalon dans le blizzard… les selles retenues
dans le rectum ayant tendance à s’assécher rapidement.
Se retenir pendant quelques heures peut transformer un
gros caca en parpaing sec et très difficile à expulser (avec
les risques de lésion à l’anus que ça comporte). Une bonne
hydratation, et le simple fait d’aller poser sa pêche à chaque
fois que le besoin s’en fait sentir sont les deux meilleurs
moyens de prévenir les problèmes de constipation.
La diarrhée, de son côté, est une affection bien pénible,
mais généralement sans gravité sur le terrain, sauf si elle
réussit à nous déshydrater. Il faut donc veiller à bien s’hy-
drater. Une bonne hygiène des mains est importante en pré-
vention, mais encore plus pendant la maladie, pour éviter
d’infecter les autres ou de se réinfecter soi-même avec des
coliformes ou autres joyeusetés. Pour le reste, les épisodes
intenses de diarrhée dans un groupe, en montagne, créent
des liens entre les gens. Vraiment… J
L’HYGIÈNE INTIME
Dans notre vie quotidienne – où on prend grosso modo une
douche tous les jours – l’hygiène intime se fait très facile-
ment. Quand on ne peut pas se laver comme on le souhaite,
les problèmes cutanés ou les irritations des muqueuses
peuvent vite survenir, surtout par temps chaud. Même les
hommes doivent prêter une attention particulière à leur
hygiène sur le terrain pour éviter les problèmes qui pour-
raient se développer sur la durée. Il est important de se laver
l’anus et les parties génitales au moins une fois par jour. Sur
une peau et des muqueuses saines, de l’eau et du savon,
voire l’eau seule pourront suffire à prévenir les ennuis. On
fera particulièrement attention à son hygiène anale si on a
des petites lésions dans cette région, suite à un épisode de
constipation par exemple : une petite fissure qui s’infecte,
N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 123
 SA N T É BOBOLOGIE

dans cette région du corps, a quelque chose de suffisam-

ment douloureux pour que je prenne la peine de vous en
parler.

LES RÈGLES
Bon, évidemment, j’ai assez peu pratiqué la chose per-
sonnellement. Et les opinions et préférences personnelles
varient beaucoup sur le sujet, du coup je ne me sens pas
vraiment légitime pour proposer une solution clé en main.
En revanche, voici quelques principes simples pour éviter
les problèmes.
D’abord, on va poser les choses crûment, avec votre per-
mission : les règles, c’est là pour évacuer des tissus morts,
et les virer du corps. Plus ils peuvent s’éliminer librement,
mieux c’est, parce que ça évite toute macération, stagna-
tion, et prolifération de microbes divers (que ça soit dedans
ou dehors, le sang menstruel reste un bouillon de culture
très fertile pour plein de bactéries). L’idéal serait donc de
simplement pouvoir laisser couler librement et de se laver
quand on veut. Ce sont des contraintes sociales qui vont
venir contrarier ça, et le tout est de trouver un compromis
qui convienne, dans le contexte, et sur le terrain.
Personnellement, j’adorerais qu’on puisse lever un peu
les tabous qui tournent autour de ça, et que les hommes
puissent se rendre compte que c’est juste galère à gérer so-
cialement (surtout quand on ne peut pas en parler et qu’on
doit faire comme si ça n’existait pas). Si les groupes pou-
vaient juste comprendre qu’une femme peut avoir besoin
d’un peu plus de temps pour une pause pipi, qu’un litre
d’eau en plus avec un bouchon percé pour faire une dou-
chette peut juste être un confort de base dont on peut tenir
compte dans l’organisation, et des petites choses simples
comme ça, ça serait déjà pas mal. Bref, bien choisir son
groupe, si on peut, et briser le tabou pour exposer ses be-
soins ouvertement peut aussi permettre de rendre tout ça
plus facile. Bienveillance de base qui devrait être présente
pour tous les membres d’un groupe...
Outre l’hygiène et les contraintes de groupe, pour le voyage
au long cours c’est souvent l’approvisionnement en tam-
pons ou serviettes qui posera problème, et donc des solu-

“
tions lavables seront peut-être à envisager (serviettes in-
times lavables, éponges, coupes menstruelles, etc.). L’idéal
est de tester ça à la maison, avec un minimum de confort, et
de voir ce qui vous convient le mieux. L’idéal de l’idéal étant
de garder la même solution dans la vie et sur le terrain, de
manière à ce que le système immunitaire connaisse bien ce

„
qui se passe.
Pour le reste, on fera particulièrement attention à l’hygiène
des mains quand on manipule les objets qui viendront

Plus c’est propre, en contact avec les parties intimes, a fortiori pendant les
règles. Plus c’est propre, moins on risque les soucis infec-

moins on risque les tieux (même bénins, qui peuvent vraiment devenir pénibles
sur le terrain dans la durée).

soucis infectieux LES INFECTIONS URINAIRES

Les infections du système urinaire sont douloureuses, et
peuvent être dangereuses si elles se compliquent. Elles
commencent souvent au niveau de l’urètre, et peuvent
gagner la vessie, les uretères, les reins… Elles sont le plus

124 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55

souvent causées par des coliformes, venant tout simple-
ment des excréments, à cause d’une hygiène insuffisante
des mains ou des parties intimes, ou d’une fragilité préa-
lable doublée d’un coup de fatigue ou d’un coup de froid, de
stress, etc. Encore une fois, c’est mécaniquement qu’on les
prévient et qu’on aide à les soigner : bien se laver les mains,
avoir une hygiène scrupuleuse de l’entrejambe, surtout
pour les femmes, et s’hydrater suffisamment. Uriner après
un rapport sexuel sur le terrain est une excellente habitude
à prendre, d’ailleurs.
Quand on est bien hydraté, on urine plus souvent, ce qui
dilue les agents infectieux et les pousse mécaniquement
vers la sortie. Une fois l’infection déclarée, il faut souvent
un traitement antibiotique malgré tout. Mais une bonne hy-
dratation et une bonne hygiène préviendront efficacement
pas mal de soucis.
LES MAUX DE TÊTE
En voyage nature, ils sont presque toujours causés par une
déshydratation qui s’installe, ou une fatigue des yeux ou
du nerf optique. Des lunettes de soleil et une bonne hydra-
tation permanente préviendront la plupart des céphalées.
Sinon, le bon vieux paracétamol a encore de beaux jours
devant lui.
Petite astuce : les migraines, de leur côté, sont souvent cau-
sées par une dilatation des vaisseaux sanguins sur le crâne.
Une petite dose de caféine (qui a une action de vasocons-
triction) est souvent plus efficace qu’un antalgique pour cal-
mer la douleur. Bref, prenez votre doliprane avec un café,
vous me direz J.
LES BRÛLURES ET LES COUPS DE SOLEIL
Les coups de soleil sont une brûlure de la peau causée par
les rayons ultraviolets. On pense généralement qu’ils sont
liés à la chaleur, mais c’est seulement partiellement vrai. Ils
sont liés à l’intensité du rayonnement solaire en un lieu pré-
cis ; et le soleil peut cogner très fort même si l’air est froid.
La prévention est simple  : bloquer le rayonnement UV du
soleil, soit avec des vêtements et un chapeau, soit avec de la
crème solaire… soit même avec une bonne couche de boue,
qui fonctionnera très bien tant qu’elle est opaque (faute de
plus fashion, ça fonctionne très bien).
En guise de traitement pour les brûlures (solaires ou ther-
miques), n’importe quel corps gras soulagera la douleur  ;
les préparations à base de millepertuis (une macération de
fleurs de millepertuis dans l’huile, notamment), de miel ou
de lavande seront efficaces pour accélérer la cicatrisation.
Un coup de soleil suffisamment grave pour créer des cloques
doit être traité comme une brûlure sérieuse ET comme une
plaie ouverte : on ne perce pas les cloques, on nettoie déli-
catement, et on protège.
Ce genre de brûlure doit idéalement être montré à un méde-
cin, surtout s’il représente une surface supérieure à 2% de
la surface du corps (à la louche, la paume de la main d’une
personne représente 1% de la surface de son corps), et/ou
touche le visage ou les mains. Il faut savoir qu’une brûlure au
second ou troisième degré sur une grande surface du corps
peut causer des complications et mettre la vie de la personne
en danger. Le soleil (brûlures jusqu’au second degré) n’est
donc pas à prendre à la légère, surtout en milieu éloigné.
Il est important aussi de protéger ses yeux du soleil, di-
rect ou indirect. Dans certains environnements (désert,
altitude), les rayons UV peuvent suffire à eux seuls à créer
des ophtalmies. Dans les cas où le sol réfléchit beaucoup
la lumière, comme en milieu enneigé, dans les déserts de
sel ou de sable clair, et même sur les étendues d’eau, on
devra tenir compte de la réflexion du soleil et doublement
protéger ses yeux, même si la luminosité semble tolérable
a priori. Faute de lunettes de soleil adaptées, on peut s’en
bricoler facilement à la mode inuit en utilisant une surface
opaque dans laquelle on aménagera des rainures horizon-
tales, juste devant les pupilles, qui limiteront le champ de
vision mais qui limiteront aussi la quantité de lumière qui
atteindra nos yeux. Ça marche également avec un bout de
carton, ou même simplement du duct-tape (en mettant deux
couches de scotch l’une contre l’autre pour ne pas se coller
les cils), etc.
LES TENDINITES
Ça, c’est une vraie plaie. Et je connais plus d’un voyageur au
long cours qui a dû faire des pauses, voire abréger son pro-
jet de voyage à cause d’elles. Elles sont une inflammation
d’un ou plusieurs tendons causée par l’un ou plusieurs des
facteurs suivants :
• Petite faute posturale ou mouvement un peu bancal, ré-
pété assez de fois, qui stresse un point du corps plus que
les autres.
• Accumulation de toxines (certaines tendinites sont ainsi
causées par des caries ou des infections distantes, à sur-
veiller donc, et ne pas hésiter à consulter régulièrement
son dentiste).
• Mauvaise hydratation chronique (les tendons sont lubri-
fiés par l’eau dans le corps : si vous ne buvez pas assez, ne
venez pas pleurer).
• Une blessure antérieure, créant un point de fragilité et
une inflammation.
La prévention des tendinites découle de tout cela  : bonne
hydratation, étirements réguliers (pour chasser les toxines
et améliorer la microcirculation sanguine et lymphatique
dans ces zones reculées, et éloignées du flux sanguin)… On
soignera les tendinites de la même manière, avec en prime
du repos, encore du repos, et encore plus de repos. Si comme
moi vous avez mieux à faire que vous reposer, prévenez !
LA PETITE TROUSSE BOBOLOGIE ET HYGIÈNE
J’aime voyager léger tout en gérant bien le risque. J’ai ainsi,
au fil du temps, mis au point une petite trousse hygiène, et
une petite trousse «  bobologie  » qui me permet de réelle-
ment prévenir les ennuis de santé sur le terrain.
Note importante, la trousse hygiène et la trousse « bobolo-
gie » peuvent être rassemblées au même endroit sans souci,
en revanche le kit de premiers secours, pour ce qui touche
les vraies urgences, est dans un contenant séparé, claire-
ment identifié et facile d’accès dans mon sac ou sur moi. Je
n’ai pas envie de devoir chercher mon pansement compres-
sif ou mon garrot au milieu des pansements anti-ampoules
et des huiles essentielles !
N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 125
 SA N T É BOBOLOGIE

KIT « HYGIÈNE + PETITS BOBOS »

• Un savon de Marseille : il a un pH proche de celui du corps, manger) ;
et donc ne brûle pas trop dans les plaies. Il est aussi facile • Quelques lingettes pour bébé dans un ziploc : pour le net-
à dégrader par l’environnement, pas cher, sain. Un de ses toyage intime si je dois vraiment économiser l’eau…
principaux rivaux est le savon d’Alep. Généralement plus • Une petite fiole d’insectifuge à base de DEET qui sert de
cher et de qualité variable, mais plus polyvalent et assé- répulsif entre autres contre les tiques (parce que la mala-
chant très peu la peau. die de Lyme, c’est drôle une fois…).
• Un carré de coton de 50 cm, blanc, et son petit sachet en • Un bout d’Hypafix (toile de gaze autocollante, de laquelle
plastique : avec de l’eau et du savon, c’est mon papier de je tire tous les formats de pansements que je veux).
toilette lavable. Je m’essuie le derrière avec, et je le lave… • Une pince multifonctions Leatherman Micra, doté de
puis je me lave le derrière, et je le relave… le même peut ciseaux et de tout ce qu’il faut pour les soins des ongles,
être utilisé des mois voire des années. Pourquoi blanc ? génial et minuscule…
Pour s’obliger à vraiment bien le laver. À noter que cer-
tains fabricants vendent des tissus spécifiques antibacté- Et c’est tout.
riens pour cet usage de PQ lavable (par ex. kulacloth.com Ceux qui ont des cheveux, qui aiment sentir bon sous les
pour les pipis). bras, qui ont un utérus qui fuit mensuellement, l’envie de
• Une petite fiole d’huile essentielle de Tea Tree (melaleuca se raser, ou une peau sensible au soleil compléteront la
alternifolia) de bonne qualité. Ce produit me sert pour liste… mais ça me semble être une bonne base  : simple,
presque tout : légère et polyvalente. Attention, il s’agit ici principalement
- antiseptique, d’une trousse d’hygiène et de prévention de certains soucis
- antifongique, de santé, et pas réellement d’une trousse de premiers soins
- antiviral, ou une trousse à pharmacie. Pour ça, je vous renvoie vers
- désodorise les chaussures, l’article d’Hervé Bouchet (page 116).
- vire les mycoses des pieds (en application directe),
- soigne les débuts d’angines pas trop méchantes et les Les points les plus importants de ce texte, en version « Steve
rhumes (on doit théoriquement éviter d’en consom- Jobs qui finit son topo » :
mer, mais personnellement j’en absorbe 2 gouttes • boire tout le temps ;
4 fois par jour depuis toujours sans le moindre pro- • se laver le cul et les mains, dans l’ordre ;
blème : consultez votre médecin/naturopathe et dis- • le Tea-Tree ça sert à presque tout ;
cutez-en avec lui. Et gaffe aux allergies ou hypersensi- • prendre soin de soi avant que quelqu’un d’autre ne doive
bilités individuelles, quand même !) : 2 gouttes sur un le faire parce qu’on ne peut plus J.
sucre, et hop ;
- déo pour les aisselles (si si, ça marche), En espérant que tous ces petits trucs vous seront utiles... 
- dentifrice (2 gouttes sur la brosse à dents, ça arrache
un peu mais ça laisse l’haleine fraîche pendant des
décennies),
- désinfectant de fortune pour les petites plaies (ça
pique pas mal, mais ça marche bien),
- etc.
• Une pince à échardes : c’est différent d’une pince à épi-
ler. C’est pointu, et ça sert à enlever les échardes… et les
tiques (la pince à échardes permet de bien attraper la
tique près du rostre – sans l’écraser – puis de faire le-
vier comme avec un pied-de-biche). Vraiment bien. Huit
grammes de bonheur absolu quand on a un bout de bois
enfoncé sous un ongle.
• Un petit flacon de biseptine (antifongique, antiviral et
antiseptique non coloré…).
• Quelques dosettes de sérum physiologique (pour rincer
les plaies ou les yeux) renforcées au duct-tape (sinon elles
ont tendance à s’ouvrir au niveau du bouchon).
• Quelques cotons-tiges (servent aussi à désinfecter une
plaie, à aller chercher un truc au bord de l’œil…).
• Un petit paquet de mouchoirs en papier.
• Une petite fiole d’alcool en gel pour les mains (ça me sert
surtout d’allume-feu d’urgence, j’avoue, mais technique-
ment c’est bien de pouvoir se désinfecter rapidement les
mains avant de manger, ou après avoir fait le contraire de

126 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55

 RAB CARRINGTON, FONDATEUR

Garnis. Cousus. Finis.

Approuvés par Carrington.
SPÉCIALISTE DU SAC DE COUCHAGE DEPUIS 1981
Rab Carrington a créé Rab en 1981. Depuis sa
mansarde à Sheffield, il a réalisé ses premières
conceptions en s’inspirant de ses années
d’expérience en montagne. Il a pris en charge
l’ensemble du processus, de la coupe au tissu,
afin de réaliser chaque sac avec affection,
dévouement et passion. Garnis, cousus et finis dans
le Derbyshire, les sacs de couchage incarnent ses
mêmes valeurs transmises jusqu’à aujourd’hui.
Nous maintenons notre engagement à réaliser des
sacs de couchage qui
dureront toute une vie
en prêtant attention
au moindre détail et
en faisant appel à la
plus grande simplicité
d’innovation.
www.rab.equipment
N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 127
 P E T I TS M E S SAG E S
NUMÉRO SPÉCIAL
Ce numéro est entièrement consacré au thème des congés
sabbatiques. Afin de vous proposer le maximum d’informa-
tions, de conseils et de récits, il comporte 24 pages de plus
qu’habituellement ! Malgré cela, on a toujours l’impression
que la place manque , entre autres pour plusieurs des ru-
briques habituelles (cf. ci-contre), et pour tout un tas d’in-
formations intéressantes pour une année sabbatique et le
voyage au long cours. Nous vous renvoyons donc aussi vers
notre site Expemag.com qui foisonne d’articles, dossiers,
tests de matériels, de références pratiques (cf. ci-dessous),
ainsi que tous nos anciens numéros (disponibles à la com-
mande sur Expemag.com, sommaires détaillés en ligne),
entre autres CA25, un précédent numéro « Année Sabba-
tique, mode d’Emploi » qui contient d’autres articles utiles.
Note : certains se demanderont peut-être pourquoi publier
à nouveau un numéro sur cette thématique. Voici quelques
bonnes raisons en vrac : 
• Les choses évoluent ! (par exemple des sujets comme
«  Filmer son voyage », « Outils de cartographie numé-
riques », ou encore « Appeler ses proches ou les secours »,
ont grandement évolué en à peine quelques années !)
• Les thématiques abordées sont loin d’être toutes redon-
dantes avec de précédents numéros.
• De nouveaux lecteurs découvrent Carnets d’Aventures à
chaque numéro, tout le monde n’a pas eu l’opportunité de
lire les précédents .
• Et surtout, le cœur du magazine, ce sont les récits de
voyages qui sont aussi nombreux et variés qu’il y a de
voyageurs, et donc forcément différents à chaque fois,
quelle que soit la thématique mise en avant sur tel ou tel
numéro.
Bref, nous pensons que nombre de sujets valent bien une
« mise à jour ». Bonne lecture !
LIENS UTILES
Vous trouverez sur notre site de nombreux liens utiles en
référence aux divers sujets évoqués dans ce numéro :
▸ EXPEMAG.COM/GO/ANNEE-SABBATIQUE
À ALEXIS
Le précédent numéro sur l’année sabbatique commen-
çait à dater un peu (2011)… Alexis souhaitait préparer une
nouvelle édition en 2017 lorsqu’il a quitté ce monde. J’ai
voulu poursuivre le travail qu’il avait entamé en sollicitant
de l’aide dans notre entourage pour lui rendre hommage.
Nombreux sont ses amis, la famille et d’autres contribu-
teurs fidèles à Carnets d’Aventures, qui nous ont aidés à
ficeler ce magazine en inspirant nos réflexions, en écrivant
ou en relisant des articles. Je les remercie d’avoir répondu
à l’appel et donné de leur temps pour que ce numéro soit
à la hauteur de ce qu’Alexis avait envisagé. J’espère que le
contenu vous plaira !
Coralie
128 ∙ CARNETS D'AVENTURES ∙ N°55
DE LA RÉDAC’
ET D’HABITUDE ?
Un Carnets d’Aventures « classique », c’est quoi ?
Chaque trimestre, 108 pages de :
▸ Récits de voyages sans moyens motorisés, écrits par les
voyageurs eux-mêmes : vous !
▸ Dossiers techniques, tests de matériel.
Parmi les rubriques habituelles mais absentes dans ce 55, se
trouvent entre autres :
▸ Les brèves, de petites présentations de voyages au départ,
en cours, ou tout juste de retour.
▸ La chronique de l’ours des bois, dans laquelle David Ma-
nise donne de nombreuses techniques pour mieux (sur)
vivre dans la nature.
▸ Décrypter les phénomènes naturels, pour mieux com-
prendre notre environnement.
▸ Le coin des bouquins, qui présente des livres et des films
que nous avons aimés.
▸ Le point de vue de l’Extraterrestre, qui offre un regard
décalé sur le monde.
▸ Aventuriers historiques, qui retracent des épopées d’ex-
plorateurs des siècles passés.
▸ Le courrier des lecteurs, vos messages qu’on aime tou-
jours autant recevoir ! 
À bientôt dans CA56 (fin juin) ou de précédents numéros (cf.
Expemag.com) !
À VOTRE TOUR ?
Vous le savez, depuis ses débuts, Carnets d’Aventures est un
magazine participatif. Alors si vous pratiquez le voyage iti-
nérant sans moteur et en bivouac, contactez-nous ! Même
si parfois nous tardons, nous vous répondrons toujours J.
▸ redaction@expemag.com
ON N’EST PAS QUE DU PAPIER !
En plus du magazine que vous tenez entre les mains, Car-
nets d’Aventures est aussi très présent en ligne :
»»EXPEMAG.COM
Le site dédié à la communauté des voyageurs nature.
»»MYTRIP
Partage de carnets de voyage, récits, photos et topos !
▸ expemag.com/mytrip
»»OUTDOOR TESTS
Notre nouvelle plateforme de tests de matériel s’enrichit
de plus en plus ! Vous y trouverez de nombreux tests
réalisés sur le terrain et en « labo », avec la démarche
à la fois pragmatique et scientifique que nous adoptons
depuis des années.
▸ expemag.com/tests
»»PAGE FACEBOOK
▸ facebook.com/carnetsdav
NOTRE APPROCHE L’ÉQUIPE
Depuis ses débuts, Carnets d’Aventures est un magazine
indépendant, édité par une petite équipe de passionnés de
voyage et de sport nature.
Rester indépendant nous semble très important pour gar-
der notre liberté de pensée, d’action et d’expression. Se per-
mettre de donner vraiment son avis (sur un test de matériel
par exemple), faire certains choix (comme celui d’imprimer
sur du papier recyclé ce qui reste malheureusement trop
marginal dans la presse), ne pas avoir de rubrique « shop-
ping », sélectionner nos publicités (pas de pub de voitures,
de compagnies aériennes, d’alcool…), exprimer certaines
idées, adopter un fonctionnement participatif, rester proche
de ses lecteurs, tout cela est facilité par la liberté que nous
confère cette indépendance. C’est vous qui la rendez pos- De gauche à droite : Johanna, Olivier, Anthony, Alexandre, Coralie
sible en vous abonnant au magazine. Merci !
(Lire aussi « Notre ligne éditoriale » p.3).
»» ANTHONY KOMARNICKI (32 ANS)
Sportif insatiable, voyageur MUL, il pédale, skie, vole ou
crapahute comme un cabri ! Ingénieur dans le domaine
NOUVELLE BOUTIQUE EN LIGNE informatique / téléphones mobiles, et actif défenseur de la
mobilité douce.
Carnets d’Aventures se dote d’une nouvelle boutique entiè-
rement développée par l’équipe du mag ! »» OLIVIER (44 ANS) ET JOHANNA NOBILI (43 ANS)
Elle offre de nouvelles fonctionnalités, notamment : Ils ont créé Carnets d’Aventures en 2004 après une année
• Vous abonner ou commander des numéros au format pa- sabbatique passée essentiellement en Méditerranée (kayak
pier et/ou numérique (pdf) de mer). Avant ils étaient ingénieurs dans l’informatique et
• Savoir où vous en êtes de votre abonnement, le prolonger, les télécoms. Aujourd’hui, ils pratiquent presque quotidien-
modifier votre adresse de livraison… nement parapente, VTT, ski de randonnée et sorties en mon-
• Rechercher aisément des sujets dans les sommaires tagne suivant la saison. Ils essaient aussi de diminuer leur
• Consulter vos pdf bilan carbone et d’expérimenter d’autres façons de voyager.
• Parrainer facilement des proches
Pour voir vos anciennes commandes/abonnements, il suffit »» ALEXANDRE GUILTAT (42 ANS)
de vous connecter avec l’email qui a servi à la commande, et Grimpeur et amateur de rando, il se passionne pour le
demander un mot de passe. En cas de doute ou de question, voyage nature, il a notamment parcouru l’Irlande à pied
envoyez-nous un petit mail à commandes@expemag.com pendant deux mois. Après un diplôme et une expérience de
commercial, il a travaillé dans le milieu de la distribution
d’équipements de sport.

VOUS AIMEZ CARNETS D’AV »» JEAN VIALE (69 ANS)

Le père de Johanna, ingénieur retraité, amateur d’activités
ET SA DÉMARCHE ? marines, de vélo, de ski et de lecture.

»» CORALIE LE RASLE (35 ANS)

Avide de liberté et de partage, elle a traversé l’Amérique du
Sud à vélo seule (lors d’une année sabbatique), voyagé en
kayak, à ski, vélo-grimpe ou même à la voile en Europe. Elle
initie sa fille de 3 ans, depuis sa naissance, au bivouac sau-
vage et à l’itinérance à pied et à vélo. Elle est aussi analyste
sensorielle et créé des moments de convivialité autour de
la dégustation de produits de terroir (voir coralielerasle.fr).

ABONNEZ-VOUS OU OFFREZ UN ABONNEMENT BULLETIN AU DOS

Vous recevrez le magazine directement chez vous dès la parution à un tarif avantageux

N°55 ∙ CARNETS D’AVENTURES ∙ 129

 ABONNEMENT

Vous aimez Carnets d’Av ?

►
SOUTENEZ LE MAGAZINE EN VOUS ABONNANT

J’AIME ! J’ADORE ! Anciens numéros et versions

numériques disponibles sur
au lieu de 39€
6 NUMÉROS en kiosque expemag.com
12 NUMÉROS

33€ au lieu de 78€ 59 € un tour de cou ►

aux couleurs du
en kiosque mag’ offert !
(oui, le tour de cou peut aussi se porter sur la tête J)
►
ABONNEZ-VOUS PAR BULLETIN OU SUR EXPEMAG.COM
►

 Je m’abonne  55 (celui-ci)  6 numéros Une question ?

 J’abonne un(e) ami(e) à partir du n° pour
►

 56 (prochain)  12 numéros

 Je me réabonne
02 99 62 01 82 ou abonnement@expemag.com

COORDONNÉES DE L’ABONNÉ : Ajouter d’anciens numéros ?

Nom+prénom  ......................................................................... SOMMAIRES COMPLETS SUR EXPEMAG.COM
Adresse ................................................................................
Code postal + ville .....................................................................
6€ pour un n° jusqu’à #47 7€ pour un n° à partir de #48

Téléphone ..............................................................................
Numéros  .................................................
Email ....................................................................................
  Recevoir le hors-série « voyager à vélo » (6€) ►
► Je joins un chèque de  ......... € à l’ordre de Carnets d’Aventures

Envoyer le bulletin + chèque à :

Carnets d’Aventures – Alexandre Guiltat – 25 rue Angélique du Coudray – 35235 Thorigné Fouillard

Offre valable en France métropolitaine et dans la limite des stocks disponibles. Voir expemag.com pour l’outre-mer et l’étranger. Vos coordonnées ne seront jamais transmises à des tiers.
 Soupe Aux Fruits
250 grammes de fruits secs et mélangés en morceaux
1 litre deau
1 petit morceau de cannelle
1/3 tasse de sucre
1 cuillère à soupe de farine de pomme de terre
1/4 tasse d’eau (froide)

Faire bouillir les fruits dans l’eau avec un petit morceau

de cannelle. Faire bouillir pendant 5 minutes. Ajouter
1/3 tasse de sucre et faire bouillir encore 5 minutes.
Incorporer la farine de pomme de terre dans un peu
d’eau et verser lentement dans la soupe en remuant
constamment jusqu’à ce qu’elle commence à bouillir.
Retirer la casserole du feu. Servir chaud.
Aujourd’hui est un grand jour. #getoutcookout

Le compagnon approuvé au fil des années OMNIfuel

Notre réchaud le plus primé à ce jour. L’Omnifuel a été testé de nombreuses années et a été
utilisé lors d’innombrables expéditions. Il est extrêmement robuste, fiable et puissant et a
été conçu afin de supporter des situations exigeantes, des altitudes extrêmes et des tempé-
ratures basses et/ou élevées. OmniFuel a un rendement très élevé et peut être utilisé avec
pratiquement tous les type de carburant, y compris les cartouches Primus PowerGas, de l’es-
sence, du diesel, kérosène / du pétrole et même carburant d’aviation. En utilisant le bouton
de contrôle séparément, vous pouvez ajuster le réglage de la chaleur que vous voulez, même
si vous portez des gants. OmniFuel II est livré avec une bouteille de carburant, ErgoPump™,
un outil multiple avec une aiguille de nettoyage, un pare-brise et un réflecteur de chaleur.

www.primus.eu
 MY LIGHT
MY NIGHT RUN *
SOPHIE / BERLIN // Courir la nuit à Berlin, c’est la promesse
des sensations fortes. On ne sait jamais ce qui va se passer
dans cette ville animée, pleine de surprises et qui s’illumine
de manière magique. C’est vivre une expérience unique
dans la ville, avec des inconnus, d’autres âmes solitaires et
tous ceux que l’on peut croiser. // #petzlnightrunning
* ma lumière, courrir la nuit

© Kalice

BINDI
Lampe frontale ultra-légère et rechargeable destinée aux
activités quotidiennes. 200 lumens. www.petzl.com