Vous êtes sur la page 1sur 34

NOTES SUR LE SCOUTISME

NOTES SUR
LE SCOUTISME
(Vers 1924)

par
R.P. HENRI JEOFFROID
(DES FRÈRES DE SAINT VINCENT-DE-PAUL)
SUPÉRIEUR DU SCOLASTICAT DE SA CONGRÉGATION À ROME
CONSULTEUR DE CONGRÉGATION ROMAINE
AMI DU R.P. GARRIGOU-LAGRANGE O.P.

et d’autres auteurs en annexes.

Présentation & notes de L.-M. Dufay

Éditions Saint-Remi
– 2022 –
© Tous droits réservés.

Éditions Saint-Remi
BP 80 – 33410 Cadillac
05 56 76 73 38
saint-remi.fr
Légende de la couverture
Dédicace

A u Cœur Immaculé de Marie généralissime des armées


célestes,
À Saint Vincent de Paul, patron de la congrégation
du R.P. Henri Jeoffroid et apôtre des pauvres et des petits,
À Mgr Lefebvre, qui nous a donné la lumière des principes à la
suite des Pontifes romains pour nous conduire en temps de crise.

En hommage filial à M. Joël Morin, rappelé à Dieu il y a peu.


Il a toujours été d’un très grand soutien et conseil dans nos re-
cherches, et se réjouissait de cette publication. Qu’il repose en
paix.
Louis-Michel Dufay
Prologue

N ous nous sommes fixé pour but, dans le présent ou-


vrage, de produire des documents inédits sur le scou-
tisme et son histoire, en particulier autour de
« l’affaire de Rome » de 1924. Les documents publiés sont de
nature à éclairer l’intelligence de tout esprit honnête qui
s’intéresse à la question si controversée des œuvres de jeunesse.
À la fin de la préface, le lecteur trouvera quelques lignes sur
l’opportunité de cette publication, et son esprit profond. Avant
de commencer, nous souhaitons rappeler que le but n’est pas
d’attiser une polémique stérile, mais au contraire d’éclairer les
esprits, devant Dieu qui est la Vérité, pour le plus grand bien des
âmes et la plus grande gloire de l’Église.
Ainsi, la postface a pour but d’ouvrir le champ des recherches
sur l’ensemble de la question des œuvres de jeunesse. C’est pour
l’amour de la Vérité autant que de la jeunesse que nous entrepre-
nons cette publication délicate. En effet, de l’éducation vraiment
catholique de la jeunesse, dépend la formation de générations
ardentes, apostoliques et prêtes au martyre, en même temps
qu’anti-libérales et contre-révolutionnaires.
Nous ne voulons pas terminer cet avertissement, sans remer-
cier les amis, et surtout les prêtres (FSSPX et communautés
amies) qui nous ont aidé, conseillé, et relu, pour cet ouvrage qui
fait date en matière de connaissance du scoutisme.
Enfin, nous souhaitons indiquer ici que, pour les documents
historiques, nous avons mis le moins possible de nous-même (les
mots en caractères gras, sont les mots soulignés par les auteurs
eux-mêmes, à l’exception d’un document pour lequel notre inter-
vention sera indiquée). Par ailleurs, toutes les notes sont de Louis-
Michel Dufay, sauf indication contraire.
Préface

crire la préface d’un ouvrage aussi excellent que cette

É étude sans précédent du R.P. Jeoffroid sur le scoutisme,


est un immense honneur. Nous souhaitons remercier
chaleureusement l’éditeur qui nous a demandé d’accomplir cette
tâche délicate.
À l’heure actuelle, le scoutisme est im-
planté partout et connu de tous. Le P. Jac-
ques Sevin écrivait il y a 100 ans, Le Scou-
tisme. Étude documentaire et Applications. Cette
étude du P. Jeoffroid, publiée un siècle plus
tard, donne un aperçu peu connu de ce
mouvement de jeunesse. En même temps,
cette publication expose, avec le maximum
de détails, les événements relatifs à
« l’affaire de Rome » de 1924, déjà étudiée
brièvement dans un article de l’historien du
scoutisme, Christophe Carichon1, et dont il
sera question plus loin.
Le R.P. Jeoffroid était un Frère de Saint-Vincent-de-Paul, pro-
fesseur au scolasticat de la congrégation à Rome depuis 1922. La
Congrégation des Frères de Saint-Vincent-de-Paul avait été fon-
dée le 3 mars 1845 par trois laïcs, Jean-Léon Le Prevost, Clément
Myionnet et Maurice Maignen. Très vite, la congrégation se spé-
cialisa dans l’éducation de la jeunesse par le patronage. La
congrégation est connue à l’époque pour son intransigeance doc-
trinale et sa fidélité à l’Église et au souverain pontife, dans la

1 Christophe Carichon « Scoutisme et théosophie », Politica Hermetica n° 17,


2003, p. 217-237. Nous mettons en garde au sujet de cette étude parue dans
Politica Hermetica, revue gnostique. Le sérieux des recherches de cet auteur n’est
pas à mettre en cause, aussi il est possible de lire cet historien à titre documen-
taire mais seulement à ce titre, car ses conclusions s’éloignent des principes
catholiques, et sont entachées d’une tendance évolutionniste et dialectique.
PRÉFACE 9

droite ligne de l’anti-libéralisme, comme le rapporte Christophe


Carichon.
Le début du XXe siècle, où se situe l’essor du scoutisme, est
marqué par des luttes internes dans l’Église, entre libéraux et anti-
libéraux. Le modernisme, condamné par saint Pie X en 1907,
reçoit un coup d’arrêt sous son pontificat. Mais avec l’avènement
du pape Benoît XV, la lutte contre le modernisme passe au se-
cond plan, ou même se trouve franchement désavouée par cer-
tains ecclésiastiques haut placés dans la hiérarchie 1. Alors que le
saint pape Pie X avait organisé la lutte dans chaque diocèse, avec
notamment une attention particulière à porter dans le choix des
sujets qui avaient charge d’enseigner, et l’institution d’un conseil
de vigilance doctrinale2, après sa mort, toute lutte organisée est
abandonnée.

Le R.P. Henri Jeoffroid3, né à Dunkerque en 1880, est un
homme d’oraison en même temps qu’un homme d’action, grand
éducateur et directeur d’âmes. Il est pénétré de la primauté de
l’oraison. C’est elle qui vivifie l’apostolat qu’il mène tant au pa-
tronage d’abord, que comme professeur au scolasticat de Rome
ensuite. Il y retrouve le R.P. Charles Maignen4, supérieur du sco-

1 Pour le contexte historique et doctrinal, voir Jacques Ploncard d’Assac,


L’Église occupée, Éditions de la Société de Philosophie Politique, 2004, livre
conseillé par Mgr Lefebvre, comme Libéralisme et Catholicisme, Ligue Apostoli-
que, 1926, de l’abbé Roussel.
2 Saint Pie X, Pascendi, 1907.
3 Les éléments de biographie rapportés ici, cités par Christophe Carichon dans

son article, sont tirés du R.P. Ernest Mura, r.s.v., Le Révérend Père Henri Jeoffroid
des Religieux de Saint-Vincent-de-Paul, notice dactylographiée, 1961, p. 11, et du
frère Courtin, r.s.v., « P. Henri Jeoffroid », Nos frères défunts. Recueil des notices
biographiques, notice n° 225, t. III.
4 Neveu du frère Maurice Maignen, l’un des trois fondateurs laïcs de la

Congrégation des Frères de Saint-Vincent-de-Paul, le R.P. Charles Maignen


(1858-1937) fut le premier aumônier de l’Association catholique de la jeunesse
française (ACJF). C’était un anti-libéral convaincu, correspondant du Sodalitium
Pianum de Mgr Benigni pendant quelques années, et l’adversaire déclaré des
10 PRÉFACE

lasticat, avec lequel il partage, comme la congrégation à cette


époque, fermeté doctrinale et connaissance de la Révolution.
Quelques années plus tôt, le R.P. Maignen avait publié le livre
Nouveau Catholicisme et Nouveau Clergé, dans lequel il constatait :
« Non seulement les modernes novateurs ne prétendent
point rompre avec Rome ni s’insurger ouvertement contre
l’autorité du pontife romain, mais ils ont hautement avoué le
dessein d’accaparer, en quelque sorte, l’influence de cette
autorité même et de la faire servir à l’avènement de leur par-
ti. »
« Dans le domaine de la théorie, il ne s’agit plus, pour les
novateurs, de nier un dogme, mais de donner, selon
l’occasion, à tous les dogmes un sens nouveau. »
« Dans le domaine des faits, il n’est pas question de résister
au Pape, mais de faire croire à l’opinion publique que les
meneurs du parti sont les seuls interprètes fidèles de la pen-
sée du Pape. »
« Pour parvenir à leurs fins, les novateurs disposent de deux
moyens puissants : l’un qui est de tous les temps : l’intrigue,
par laquelle ils s’efforcent de pousser leurs partisans dans
l’Église et dans l’État ; l’autre très moderne et très redouta-

modernistes (cf. Christophe Carichon, loc. cit.). Sur le Sodalitium Pianum, voir
Mgr Ducaud-Bourget, Maçonnerie Noire ou la Vérité sur l’Intégrisme, Nicolas-
Imbert, 1974, réédité par les Éditions de Chiré en 2017. Nous mettons en
garde très vivement le lecteur contre tous les auteurs qui suivent Émile Poulat,
et Politica Hermetica sur ce sujet. Il n’a pas l’esprit de l’Église pour juger d’une
telle affaire que le souverain pontife lui-même, le saint pape Pie X, a bénie et
encouragée dans la lutte contre le modernisme. Il est donc nécessaire de lire
avec une grande prudence, et à titre purement documentaire, sur ce sujet, des
auteurs comme Christophe Carichon, Carine Chabrier et autres, par ailleurs
très bien documentés et sérieux dans la recherche, et de rétablir la vérité sur
cette société catholique. Ceux qui souhaiteraient approfondir ce sujet peuvent
étudier la Conduite de saint Pie X dans la lutte contre le modernisme. « Disquisitio ».
Enquête des procès de béatification et de canonisation, Courrier de Rome, 1996.
PRÉFACE 11

ble : la presse, qu’ils savent faire manœuvrer habilement de


façon à créer ces courants d’opinions, ces sympathies popu-
laires, d’autant plus pernicieux à la vie de l’Église qu’ils pa-
raissent plus inoffensifs et plus spontanés1. »
Par ces quelques lignes, le R.P. Maignen met en lumière la tac-
tique de l’ennemi, dénoncée avec autorité par saint Pie X quel-
ques années après dans son encyclique Pascendi. Comme on le
voit, le R.P. Jeoffroid est bien soutenu dans la lutte contre les
ennemis de l’Église.
Homme de terrain, le P. Jeoffroid a une profonde expérience
de ce qu’il enseigne. Pendant de longues années, il étudie la doc-
trine du patronage qu’il expose à la fin de sa vie dans un maître
ouvrage, le Cours d’Œuvres2. Entre 1906,
date à laquelle il est ordonné prêtre, et
1922, il passe successivement dans les dif-
férentes œuvres de la congrégation. Il est le
premier aumônier des Prati di Castello, le
célèbre patronage de Rome, pendant sept
ans et, à partir de 1919, il continue à appro-
fondir sur le terrain la doctrine de l’œuvre,
au patronage Saint-Léonard de Lille.
Ajoutons que la doctrine du R.P. Jeof-
froid est solide. Formé à l’école du cardinal
Billot3, il est lui aussi un « thomiste vérita-
ble, un passionné d’histoire de l’Église, un adversaire du libéra-

1 R.P. Charles Maignen, Nouveau Catholicisme et Nouveau Clergé, Paris, Retaux,


1902, p. 435-436, cité dans Jean Ousset, Pour qu’Il règne, 1959, p. 312-313.
2 R.P. Henri Jeoffroid, Cours d’Œuvres (dactylographié), vers 1960.
3 Le cardinal Louis Billot, S.J. (1846-1931), un vrai jésuite contre-

révolutionnaire. Lire au sujet de cet éminent prélat : R.P. Le Floch, Le Cardinal


Billot. Lumière de la Théologie, Éditions Saint-Rémi. Émile Poulat dit de lui qu’il
fut « […] l’un des adversaires les plus inflexibles du modernisme » (Émile
Poulat, Intégrisme et catholicisme intégral, Tournai, Casterman, 1969, p. 342). Le
cardinal Billot fut appelé en raison de sa grande connaissance de saint Thomas
d’Aquin et de son attachement au Docteur angélique, à l’Université grégo-
rienne en 1885, par le pape Léon XIII.
12 PRÉFACE

lisme », nous dit Christophe Carichon. Pour corroborer ce ta-


bleau, citons encore Christophe Carichon : « Il est digne héritier
de l’école anti-libérale et contre-révolutionnaire, celle des Pie,
Freppel, Ségur1 des décennies précédentes. C’est un fils fidèle de
Quanta Cura, du Syllabus, et de Pascendi. » Christophe Carichon
prend soin également d’écrire que le R.P. Jeoffroid lisait et faisait
lire Le Problème de l’heure présente de Mgr Delassus2.
Après ce « panégyrique », que reste-t-il à dire de l’auteur de ces
Notes sur le Scoutisme, sinon que, toute sa vie, il resta à l’affût des
déviations doctrinales pour protéger les âmes contre le venin de
l’erreur, toujours plus subtile au temps du modernisme, comme le
rappelle saint Pie X :
« […] les artisans d’erreurs, il n’y a pas à les chercher au-
jourd’hui parmi les ennemis déclarés. Ils se cachent, et c’est
un sujet d’appréhension et d’angoisse très vives, dans le sein
même et au cœur de l’Église, ennemis d’autant plus redou-
tables qu’ils le sont moins ouvertement. […] Ennemis de
l’Église, certes ils le sont, et à dire qu’elle n’en a pas de pires,
on ne s’écarte pas du vrai3. »
Ces paroles font écho à celles de Pie IX sur les libéraux en
France :
« Ce qui afflige votre pays et l’empêche de mériter les béné-
dictions de Dieu, c’est le mélange des principes. Je dirai le
mot et ne le tairai pas : ce que je crains, ce ne sont pas tous

1 Cardinal Louis-Édouard Pie (1815-1880) ; Mgr Freppel (1827-1891) ; Mgr de


Ségur (1820-1881).
2 Mgr Henri Delassus, Le Problème de l’heure présente, Paris, Desclée, De Brouwer

et Cie, 1904, 2 vol. : le premier sur la Révolution et le second sur les remèdes –
rééd. Éditions Saint-Rémi, 2009. Mgr Delassus (1836-1921), grand connaisseur
de l’ennemi, fut directeur de La Semaine Religieuse de Cambrai, auteur d’un maître
ouvrage de la Contre-Révolution, La Conjuration antichétienne. Le Temple maçonni-
que voulant s’élever sur les ruines de l’Église catholique, Paris, Desclée, De Brouwer et
Cie, 1910, 3 vol. – rééd. Éd. Saint-Rémi, 2021, reliée cousue. 3 tom. en un vol.
3 Saint Pie X, Pascendi, 1907.
PRÉFACE 13

ces misérables de la Commune de Paris, vrais démons de


l’enfer qui se promènent sur la terre. Non, ce n’est pas cela ;
ce que je crains, c’est cette malheureuse politique, ce libéra-
lisme catholique qui est le véritable fléau1. »
Enfin, pour donner un trait de caractère du R.P. Jeoffroid, af-
firmons, avec Christophe Carichon qui reprend son biographe,
qu’il était doté d’une grande bonté naturelle. Cependant, cet his-
torien du scoutisme nous rappelle qu’il était intraitable pour
l’erreur : « La première charité à pratiquer consiste à défendre les
âmes contre l’empoisonnement de l’erreur2. »
Ces quelques lignes nous dépeignent le P. Jeoffroid. Il a flairé
un danger dans le scoutisme, même catholique, si bien qu’il se
montre « intraitable » devant le R.P. Sevin et le général Guyot de
Salins. Lui, le digne héritier des anti-libéraux, il discerne claire-
ment une infiltration subtile et diffuse du mal, invisible aux yeux
de ceux qui n’avaient pas son excellente formation. Il nous reste à
voir si le Frère de Saint-Vincent-de-Paul a vu juste.

Le 19 mai 1922, le R.P. Jeoffroid écrit au T.R.P. Fernand De-
srousseaux3, son supérieur général nommé par saint Pie X : « J’ai
presque fini un mémoire assez important sur les Scouts. Je le re-
mettrai au cardinal4. Ça l’emballera très sûrement. […] Je suis de
plus en plus convaincu que le scoutisme est très dangereux 5. »
L’affaire, débutée quelques mois ou années avant, arrive à terme
avec un premier mémoire achevé sur le scoutisme. En effet, le
R.P. Jeoffroid est un homme sérieux, il reprend régulièrement son

1 Pie IX, Allocution aux pèlerins français, 16 juin 1871.


2 Christophe Carichon, loc. cit., p. 219.
3 T.R.P. Desrousseaux (1875-1952). Frère de Saint-Vincent-de-Paul, devenu

supérieur général de la congrégation après l’affaire de 1914 qui vit la déposition


d’un « supérieur libéral », le T.R.P. Anizan.
4 Il s’agit du cardinal Billot, protecteur de la Congrégation des Frères de Saint-

Vincent-de-Paul à l’époque.
5 Christophe Carichon, op. cit., p. 220, Lettre du R.P. Jeoffroid au T.R.P. Desrous-

seaux, 19 mai 1922, A.R.S.V.


14 PRÉFACE

étude, la corrige et la complète. Nous en avons ainsi plusieurs


versions.
La première date d’environ 1922 et sert au R.P. Jeoffroid à
éclairer les évêques et cardinaux pour commencer une procédure
en condamnation à Rome. Christophe Carichon écrit :
« La première intitulée Le scoutisme catholique et la théosophie,
comprend 95 pages et est divisée en 6 parties :
1. Le Scoutisme catholique et l’origine théosophique du
Scoutisme.
2. Le Scoutisme catholique et la morale théosophique du
Scoutisme.
3. Le Scoutisme catholique et la pédagogie théosophique du
Scoutisme.
4. Le Scoutisme catholique et les réalisations théosophiques
du Scoutisme.
5. Le Scoutisme catholique et la pseudo-religion théosophi-
que du Scoutisme.
6. Épilogue : Un Scoutisme catholique est-il possible ?
« La deuxième version, plus importante, d’une dactylogra-
phie moins aérée, comprend 113 pages en cinq volumineux
dossiers :
1. Coup d’œil sur le scoutisme en général et sur le scoutisme
catholique.
2. Le scoutisme.
3. Le scoutisme catholique.
4. Le scoutisme catholique et la théosophie.
5. Suppléments et notes. »
PRÉFACE 15

En 1923, alors que l’auteur du mémoire


a déjà communiqué son étude à quelques
cardinaux romains et quelques évêques
français, son supérieur général, le T.R.P.
Desrousseaux, reçoit une lettre de
l’archevêque de Cambrai, Mgr Jean Chol-
let1, « un des chefs de file du camp intran-
sigeant2 », précise Christophe Carichon.
Son Excellence déclare au supérieur géné-
ral des Frères de Saint-Vincent-de-Paul, le
28 mars 1923 : « Le moment est peut-être
venu d’utiliser cette documentation3. ».
Une lettre de Mgr Chollet, à l’issue de
l’Assemblée des cardinaux et archevêques
de France du 19 mars 1924, nous rensei-
gne sur la provenance possible des docu-
ments. Elle précise à Mgr Louis Hum-
brecht, archevêque de Besançon, que bien-
tôt il se rendra dans son diocèse et pourra
ainsi lui remettre « les documents sur le
Scoutisme que vous avez eu la bonté de
me communiquer4 ». De même, notons
qu’à l’époque Mgr Humbrecht est en mesure de faire condamner
le livre du P. Sevin, Méditations scoutes sur l’Évangile, comme « qua-
siment impie5 ». Ce livre est cité dans le mémoire du P. Jeoffroid.

1 Mgr Jean Chollet (1862-1952), archevêque de Cambrai depuis 1913, évêque


anti-libéral nommé par saint Pie X, estimé de Mgr Lefebvre (cf. Bernard Tis-
sier de Mallerais, Marcel Lefebvre, une vie, Étampes, Clovis, 2002).
2 Christophe Carichon, loc. cit., p. 220, « Intransigeant » signifie « anti-libéral »

dans la langue de nos modernes universitaires.


3 Christophe Carichon, loc. cit., p. 220, « Lettre de Mgr Jean Chollet au T.R.P.

Desrousseaux », 28 mars 1923, ARSV.


4 Lettre de Mgr Chollet à Mgr Humbrecht, 15 avril 1924, Archives diocésaines de

Besançon (en annexe).


5 Rémi Fontaine, Cent ans de scoutisme. 1907-2007, Éditions de Paris, p. 84.
16 PRÉFACE

Les prélats français et romains agissent avec une extrême pru-


dence, comme le rapporte Christophe Carichon : « […] mais ce
n’est qu’après une longue année de réflexion et de manière argu-
mentée que les deux prélats décident d’attaquer publiquement le
scoutisme à l’assemblée des Cardinaux et Archevêques de mars
19241 ». Il en fallait de la prudence pour faire condamner ce mou-
vement, même s’il était dénoncé de façon magistrale et irréfuta-
ble, comme le lecteur pourra s’en rendre compte, par le R.P.
Henri Jeoffroid. Celui-ci voit non seulement tout ce qu’il dé-
nonce, mais encore la destruction pure et simple du patronage
dont il est un fervent défenseur. Pour conforter cette affirmation,
voici un détail passé inaperçu. Récemment, un historien du scou-
tisme, le P. Yves Combeau, a répondu à l’accusation portée
contre les Scouts de France, d’avoir concurrencé directement les
patronages et de siphonner leurs membres. Le dominicain
d’aujourd’hui2 ne craint pas de constater : « C’est une crainte qui
s’est réalisée ! À Paris, les patronages paroissiaux étaient très per-
méables au scoutisme et du coup, ils ont presque tous disparu3 ».
En même temps que le mémoire arrive sur la table des deux
prélats français, l’auteur prévient son supérieur le 16 mars 1924 :
« le cardinal B. [Billot], de son côté, a pris intérêt à la chose. Il en
a parlé au général et au provincial4 de France, […], au cardinal
Charost5 […]. Il en a entretenu le pape qui est d’avis que le scou-
tisme est à surveiller. Je ne sais pas ce qu’en pense le cardinal
Merry del Val. J’ai remis un exemplaire de mon travail au cardinal

1 Christophe Carichon, loc. cit., p. 220.


2 De « l’Église conciliaire », comme le disait Mgr Lefebvre.
3 Cité par Antoine Pasquier, « Les coulisses méconnues de la fondation du

scoutisme catholique », Famille Chrétienne, 29 juin 2020.


4 Le général et le provincial des Jésuites.
5 Premier évêque de Lille (1913-1920), archevêque de Rennes en 1921, créé

cardinal en 1922.
PRÉFACE 17

Van Rossum1. Il n’aime pas le scoutisme. De cette façon, la ques-


tion sera amorcée2. »
En outre, une lettre de Mgr Chollet à Mgr Humbrecht, datée
du 15 avril 1924, nous apprend que, si le cardinal Merry del Val,
secrétaire du Saint-Office, n’a rien retenu encore contre le scou-
tisme lorsque le R.P. Sevin le rencontre, le mémoire du R.P. Jeof-
froid est quant à lui à l’étude au sein de la Sacrée Congrégation
consistoriale du cardinal de Lai3.
Ce qu’on peut appeler « l’affaire de Rome » est ainsi relatée par
Christophe Carichon dans son livre Grandes figures du scoutisme.
Hier et aujourd’hui, le scoutisme toujours vivant :
« Arrivés à Rome, le R.P. Sevin et
le général de Salins rencontrent le
R.P. Jeoffroid au scolasticat des Re-
ligieux de Saint-Vincent-de-Paul, le
22 mai 1924. La disputatio entre les
deux prêtres dure trois heures de-
vant un général décontenancé.
Chacun campe sur ses positions et
le R.P. Sevin comprend qu’il est
face à un adversaire d’autant plus
dangereux que nombre de ses criti-
ques sont fondées et que le pape s’inquiète4. »
Pour être plus précis, reprenons le récit de la revue Politica
Hermetica :

1 Cardinal Van Rossum (1854-1932).


2 Voir Christophe Carichon, loc. cit., p. 220, « Lettre du R.P. Jeoffroid au T.R.P.
Desrousseaux », 16 mars 1924, ARSV.
3 « Lettre de Mgr Chollet à Mgr Humbrecht », 15 avril 1924, ADB (en annexe).

Le cardinal de Lai est le préfet de la Sacrée Congrégation consistoriale depuis


le pontificat de saint Pie X. C’est un anti-moderniste convaincu et expérimenté
(cf. Conduite de saint Pie X dans la lutte contre le modernisme, op. cit.).
4 Christophe Carichon, Grandes figures du scoutisme. Hier et aujourd’hui, le scoutisme

Toujours Vivant, Perpignan, Artège, 2021.


18 PRÉFACE

« Le 31 mai, le P. Sevin apprend par Mgr Pizzardo que le


Saint-Père ne désire pas recevoir d’“inter-confessionnels” et,
désespéré, il tente d’infléchir Pie XI en multipliant les notes
justificatives sur sa bonne foi et celle du scoutisme catholi-
que. Il fait le siège, dans ce but, du cardinal Gasparri1, secré-
taire d’État2. »
C’est donc pendant une semaine que « le jésuite active ses ré-
seaux ». Le résultat est vain. Christophe Carichon continue dans
sa récente publication :
« Le R.P. Sevin est désespéré jusqu’à ce qu’enfin, grâce à
l’entremise de son confrère jésuite, le R.P. Gianfranceschi,
aumônier et fondateur des Scouts catholiques italiens, il ob-
tienne enfin une audience auprès du pape. Pie XI écoute
avec attention le P. Sevin et lui fait part de ses doutes. Le
prêtre français argumente tant et tant que le pape retient la
condamnation du scoutisme catholique, mais à la condition
de réformes radicales3. »
L’histoire nous montre donc que la condamnation est « rete-
nue » à la condition de « réformes radicales ».
Ainsi se termina cette tentative de condamnation du scou-
tisme. Voici les événements tels qu’ils se sont déroulés, et déjà
nous avons sujet de nous poser de sérieuses questions. D’autres
interrogations suivront à la lecture des « résolutions » du R.P.
Sevin. Attachons-nous maintenant aux chefs d’accusation contre
le scoutisme en 1924. La lecture du mémoire est à ce sujet irrem-

1 Le cardinal Gasparri, grand libéral (Marc Winckler affirme qu’il est membre
des loges…), est l’un des principaux responsables de la condamnation de
l’Action Française (que Pie XII lèvera), également responsable de l’affaire des
Cristeros du Mexique, ainsi que de la perversion progressive de l’Action Catho-
lique qui devient de plus en plus « rouge » (cf. Jacques Ploncard d’Assac,
L’Église occupée, op. cit. ; et Hugues Kéraly, La véritable histoire des Cristeros, Édi-
tions de l’Homme Nouveau, 2006).
2 Christophe Carichon, loc. cit., p. 227.
3 Christophe Carichon, Grandes figures du scoutisme, op. cit.
PRÉFACE 19

plaçable, c’est pourquoi il est nécessaire de présenter ce texte his-


torique.

Le document publié aujourd’hui n’a ja-
mais été imprimé. En 1924, le mémoire se
trouve entre les mains de certaines person-
nes sûres1. Cette étude intitulée Notes sur le
Scoutisme est donc totalement inédite. Il s’agit
du dossier en condamnation du scoutisme à
Rome en 1924. Pour être plus exact, c’est un
mémoire que le R.P. Jeoffroid complète
après l’affaire de Rome. En effet, nous re-
trouvons dans ce texte la première version,
le mémoire utilisé pour la tentative de condamnation. Au sujet de
ce mémoire, le cardinal Van Rossum disait au R.P. Jeoffroid :
« Ne leur donnez pas vos documents. On ne jette pas sa poudre
au vent avant la bataille. Faites imprimer2. » Rappelons que ce
cardinal est préfet de la Sacrée Congrégation de la Propaganda Fide.
Comme nous l’avons déjà souligné, le scoutisme est attaqué en
1924 à l’Assemblée des cardinaux et archevêques de France pré-
sidée par Mgr Chollet, archevêque de Cambrai. À ce sujet, notons
que les Scouts de Riaumont, autorité bien connue en matière de
scoutisme aujourd’hui, semblent ignorer que le Mouvement était
dans la ligne de mire de l’Assemblée, et notamment grâce à Mgr
Humbrecht dont les « émotions » ne furent pas « tempérées »,
comme ils l’écrivent3. L’Assemblée des cardinaux et archevêques
de France des 18 et 19 mars, émet le vœu suivant : « Que le scou-
tisme se refuse à toute assemblée inter-confessionnelle4. » Cette

1 Pierre Colmet, « Le Procès du Scoutisme », Revue internationale des sociétés secrètes


(RISS), 1924 (en annexe). La collection complète de la RISS grise et rose est
rééditée aux Éd. Saint-Remi.
2 Christophe Carichon, loc. cit., p. 233.
3 Institut de la Sainte-Croix de Riaumont, Seigneur et Chef, Liévin, Éditions La

Porterie, 2020, p. 116.


4 Rapport de l’Assemblée des cardinaux et archevêques de France (en annexe).
20 PRÉFACE

seule phrase montre à quel point l’inter-confessionnalisme n’est


pas une invention ou une crainte, mais une réalité de l’histoire du
mouvement scout qui se veut catholique.
L’attaque est considérée comme extrêmement violente par le
R.P. Jacques Sevin, fondateur des Scouts de France1, et le cha-
noine Cornette, aumônier général du mouvement2. C’est alors
qu’il est décidé que le R.P. Sevin et le général Guyot de Salins,
grand chef des Scouts de France, iront à Rome défendre le scou-
tisme devant le Saint-Père, le pape Pie XI. Mgr Humbrecht, ar-
chevêque de Besançon, affirme que, comme le Sillon dont il dé-
rive sous certains aspects, le scoutisme
sera condamné3. Déjà en 1911, plus de
trente Semaine Religieuse de France pu-
bliaient des textes condamnant le scou-
tisme4.
Mais venons-en à l’objet essentiel du
mémoire : le lien entre le scoutisme et la
théosophie, société secrète luciférienne,
ayant pour but de détruire la religion ca-
tholique. Le R.P. Jeoffroid, extrêmement
bien documenté, montre les liens étroits

1 Fondés le 25 juillet 1920 pour être présent au Jamboree du 31 juillet.


2 Christophe Carichon, loc. cit., p. 218, « Lettre du R.P. Navatel au R.P. Sevin »,
1924, JSE.
3 Sur les liens entre le scoutisme et le Sillon, il est nécessaire de rappeler que

Marc Sangnier, fondateur du Sillon, fait paraître une dizaine d’articles favora-
bles au mouvement, dans son journal La Démocratie, en 1912. L’École des Ro-
ches, proche du Sillon, avec Georges Bertier et Edmond Demolins, a adopté
« l’éducation nouvelle » issue des nouvelles pédagogies anglaises, et comporte,
dans son aumônerie, un prêtre catholique en même temps qu’un pasteur pro-
testant. Les premiers aumôniers fondateurs du scoutisme en France, sont pour
une bonne part sillonnistes : les abbés d’Andréis, Caillet, de Grangeneuve… Il
y aurait toute une étude à publier sur les liens étroits entre le Sillon et le scou-
tisme ; la modestie des commentaires du présent ouvrage ne nous permet pas
d’en dire plus aujourd’hui, bien que la matière existe.
4 Jean-Jacques Gauthé, « Le scoutisme, école initiatique inventée par un général

franc-maçon ? », Histoire du Christianisme Magazine, n° 7, mai 2001.


Avertissement

L ’ouvrage du R.P. Jeoffroid a été publié tel quel. C’était


un dossier de notes, de rapports, de comptes rendus. Il
est fort probable que si l’auteur avait pu le faire para-
ître, sa présentation aurait été différente. Il y a, certes, quelques
redites dans le présent texte, mais nous avons préféré produire
ces documents historiques dans leur intégralité.
Les notes sont de Louis-Michel Dufay, sauf indication
contraire.
Le présent mémoire se compose de deux parties principales et
de suppléments.

Sommaire

COUP D’ŒIL SUR LE SCOUTISME EN GÉNÉRAL ET SUR LE


RE
SCOUTISME CATHOLIQUE (1 PARTIE)
LE SCOUTISME
LE SCOUTISME CATHOLIQUE

E
LE SCOUTISME CATHOLIQUE ET LA THÉOSOPHIE (2 PARTIE)
I. LE SCOUTISME CATHOLIQUE ET SES ATTACHES
THÉOSOPHIQUES
II. LE SCOUTISME CATHOLIQUE ET SA MORALE
THÉOSOPHIQUE
III. LE SCOUTISME CATHOLIQUE ET SA PÉDAGOGIE
ROUSSEAUISTE ET THÉOSOPHIQUE
IV. LE SCOUTISME CATHOLIQUE ET SES RÉALISATIONS
D’ESPRIT THÉOSOPHIQUE
V. LE SCOUTISME CATHOLIQUE TRAVESTIT NOTRE SAINTE
RELIGION

SUPPLÉMENTS
Notes sur le Scoutisme
Le Scoutisme catholique et la Théosophie
par
R.P. HENRI JEOFFROID
DES FRÈRES DE SAINT VINCENT-DE-PAUL
(vers 1924)

COUP D’ŒIL SUR LE SCOUTISME EN GÉNÉRAL ET


SUR LE SCOUTISME CATHOLIQUE

1ère Partie

*****
Définition.
Le scoutisme en général peut se définir : une méthode
d’éducation active et d’auto-éducation par le retour à la nature.
Le mot essentiel est le retour à la nature : mot vague qui
prend un sens suivant les chefs des différentes associations scou-
tistes (pour ce qui concerne le scoutisme catholique, nous n’en
parlerons qu’en dernier lieu et indépendamment des autres scou-
tismes).
Buts avoués et résultats correspondants en partie obte-
nus.
Toutes les associations scoutes non catholiques donnent équi-
valemment pour buts de leur méthode : adresse et habileté ma-
nuelle, initiative, maîtrise de soi, discipline, esprit d’observation,
patience, audace réfléchie, rapidité de réflexion, sûreté de coup
d’œil, adresse, vigueur, développement des instincts naturels,
concepts primitifs mais naturels, école de l’action et de la liberté,
esprit de service et de camaraderie.
44 NOTES SUR LE SCOUTISME

Reconnaissons qu’en partie ces buts sont atteints et que la dé-


brouillardise des scouts n’est pas niable, en gros.
Origine du scoutisme.
Baden-Powell, fils de clergyman et officier
de l’armée anglaise, se fait aider dans la guerre
du Transvaal, à Mafeking, par des garçons de la
ville, et l’idée lui vient de former des éclaireurs
militaires. En 1908, son idée se précise et il
veut se servir des scouts pour remédier aux
signes trop clairs de « détériorisation natio-
nale ». À partir de 1910, le scoutisme com-
mence à prendre un grand développement
mais sous des influences diverses et pour des fins différentes. Un
mot de ces influences.
Influence militaire.
La première, celle de B.P.1, du moins au début (car il semble
bien que B.P. a dû subir plus ou moins d’autres influences et le
scoutisme est vite devenu antimilitariste, comme on peut le cons-
tater ; et là où il n’est pas antimilitariste, il est à tout le moins op-
posé à la formation militaire).
Ce sont surtout les Allemands qui ont tenu à faire du scou-
tisme une sorte de préparation militaire.
L’influence impérialiste anglaise.
Avant la guerre du Transvaal, Baden-Powell était déjà agent
secret à l’étranger. Il a du reste publié un livre où il raconte ses
exploits.
Annie Besant, présidente de la Société Théosophique, et dont
l’influence considérable dans l’organisation du scoutisme dont elle
était le chef pour les Indes Anglaises, recevait de gros subsides du
gouvernement anglais pour son action aux Indes. Évidemment, le
gouvernement anglais était moins soucieux de propagande théo-
sophique que de ses intérêts impérialistes.

1 Sir Robert Baden-Powell.


NOTES SUR LE SCOUTISME 45

On peut supposer encore que l’Angleterre avait intérêt à déve-


lopper, par le scoutisme et sa doctrine de la fraternité universelle,
une tendance antimilitariste chez les autres. Toutes les directives
du scoutisme mondial partent du bureau international de Londres
et maintiennent tout le scoutisme sous la tutelle anglaise.
L’influence protestante.
C’est sous cet aspect surtout que Copin-Albancelli1 a étudié le
scoutisme.
Le moralisme scout est nettement protestant, et c’est un mora-
lisme de caractère surtout pratique, indépendant de tout dogme.
Le scoutisme n’est pas la religion d’une église, dit B.P. dans son
Introduction à son livre : Le guide du chef éclaireur. C’est dans cette
même Introduction qu’il affirme que la guerre de 1914 a montré
la faillite de la religion et de l’éducation par l’école.
Le scoutisme répond à la conception éducatrice du protestan-
tisme qui applique à l’éducation le principe du libre examen. Les
pédagogues protestants ne veulent pas en général qu’on enseigne
aux enfants les vérités révélées parce qu’elles ne tombent pas sous
les sens et qu’elles sont trop abstraites. Ils admettent une certaine
religiosité, quelques pratiques religieuses au Maître de la nature,
prônent le développement des instincts moraux, exaltent la na-
ture, le sentiment de l’honneur. Avec des variantes, les Protes-
tants ont toujours insisté sur ce système et le scoutisme en est une
expression moderne.
On conseille ici de consulter l’Histoire de la pédagogie de Riboulet
pour se convaincre de nos assertions. Les Protestants ont une
association scoute, qui s’appelle les Unionistes.

1 Anti-maçon (1851-1939), ancien franc-maçon, mais jamais converti au catho-


licisme, il est l’auteur de plusieurs ouvrages intéressants : Comment je suis entré
dans la Franc-Maçonnerie et comment j’en suis sorti, Perrin, 1905 ; Le Pouvoir occulte
contre la France, 1910, réédition ESR ; La Conjuration contre le Monde chrétien, 1909,
réédition ESR. Il est aussi l’auteur de deux études sur le scoutisme à son appa-
rition en France, La Question des boys-scouts ou éclaireurs en France, Paris, La Re-
naissance française, 1913, et Les Éclaireurs de France, Paris, Tancrède, 1914.
46 NOTES SUR LE SCOUTISME

Influence maçonnique.
Les auteurs de l’Encyclopédie nient Dieu, le surnaturel par
conséquent ainsi que l’autorité et la tradition. Ils veulent qu’on
remonte à la nature et qu’on professe la morale naturelle, et ils
veulent dans le même temps que l’instruction et l’éducation des
enfants soit une œuvre de gouvernement.
Jean-Jacques Rousseau est leur contemporain et ils puisent,
eux et les révolutionnaires qui les suivent, dans les livres de Rous-
seau, surtout dans son Émile, les plus mauvais principes
d’éducation qu’il sème au cours de ses rêveries et de ses contra-
dictions. Le retour à la nature est évidemment l’un de ces princi-
pes. Au frontispice de son livre, J.-J. Rousseau écrit : « Émile est un
enfant de la nature élevé d’après les règles de la nature, pour la satisfaction
des besoins de la nature ».
La Révolution détruisit tout l’enseignement antérieur non seu-
lement dans ses principes excellents et religieux mais aussi dans
ses établissements. Les écoles furent détruites. Tout était à refaire.
L’école laïque est le produit de la Révolution. Elle plaît aux
francs-maçons et suit les directives de la franc-maçonnerie.
Les Éclaireurs de France subissent
l’influence de la maçonnerie : ce qui ne veut
pas dire que tous les chefs et tous les éclaireurs
soient francs-maçons.
Le Père Sevin reconnaît qu’il y a des francs-
maçons dans le scoutisme.
Baden-Powell était-il franc-maçon ? Je n’ai
jamais pu en fournir la preuve1. Le journal an-
timaçonnique anglais : The Patriot, consulté à ce
sujet, me répondit qu’il n’avait pas la preuve
1 Pratiquement tous les officiers supérieurs et généraux de l’Armée britannique
sont affiliés aux loges, comme toute personnalité d’importance, en Grande-
Bretagne, et notamment les lords. Le général B.P., lord lui-même, aurait-il
échappé aux convenances britanniques en matière de maçonnerie ? Nous
pouvons légitimement en douter. Par ailleurs, le fait d’avoir appartenu à la
Société théosophique, luciférienne (cf. J.-J. Gauthé), montre à quel camp il appar-
tient. Il est bien enrôlé dans le camp de la Maçonnerie.
NOTES SUR LE SCOUTISME 47

que B.P. fût franc-maçon, mais, l’eût-il été, cela n’aurait aucune
importance car en Angleterre la franc-maçonnerie n’est pas mau-
vaise comme ailleurs. C’est bien vite dit sans être totalement ras-
surant néanmoins, mais la question n’a pas pour le sujet que nous
traitons une portée particulière1. Nous avons fait cette déclaration
par souci d’objectivité. D’ailleurs, l’influence d’Annie Besant,
théosophe et par surcroît plusieurs fois maçonne, montre assez
que la franc-maçonnerie est intervenue dans la structure du scou-
tisme.
Rudyard Kipling2, dont les deux volumes de La Loi de la jungle
sont très en honneur dans le scoutisme, était pareillement franc-
maçon et franc-maçon bon teint. Il appartenait lui aussi à plu-
sieurs sociétés secrètes.
Influence de la Théosophie.
Annie Besant3, seconde présidente de la
Société Théosophique, après Madame Bla-
vatsky, a exercé un rôle de premier plan dans
l’organisation du scoutisme. Cette société
professe une pseudo-religion, assez peu
claire et sans doctrine précise, à tendance
panthéiste, très fantaisiste. René Guénon,
dont il faut lire l’ouvrage très documenté sur
Le Théosophisme4, dit que le Théosophisme est

1 Le R.P. Jeoffroid n’oublie pas les enseignements des papes sur la franc-
maçonnerie, mais ne prend pas le temps de les rappeler ; ils sont sans appel :
aucune distinction ne saurait exister entre la maçonnerie anglo-saxonne et celle
des autres pays.
2 Franc-maçon notoire, ami de Baden-Powell.
3 Annie Besant comme Helena Petrovna Blavatsky (H.P.B.), était une anti-

catholique virulente, une luciférienne. Toutes deux étaient affiliées aux loges de
hauts grades.
4 Livre intéressant à titre documentaire, sans oublier que René Guénon fut un

des grands hommes de la Gnose et de la Contre-Église, et tenta même des


infiltrations dans l’Église. Sur R. Guénon, consulter notamment le livre de Jean
Vaquié, L’Imposture guénonienne. C’est en publiant des ouvrages comme Le Théo-
sophisme que R. Guénon s’est attiré la sympathie des milieux catholiques, du
48 NOTES SUR LE SCOUTISME

une corruption du Bouddhisme qui lui-même est une corruption


de l’Hindouisme dont lui-même du reste était admirateur. La Bla-
vatsky et Annie Besant se sont déclarées toutes deux ennemies
acharnées du Christianisme dont elles veulent la suppression.
Annie Besant faisait partie de « la Grande Loge Mixte de France »
où elle obtint les plus hauts grades. Elle fonda à Londres une
branche de cette maçonnerie sous le nom de « Co-Maçonnerie »
et à Chicago, la loge du même nom. Le moralisme de la Société
Théosophique est nettement à caractère protestant. Cette société
professe l’humanitarisme, le pacifisme, l’antialcoolisme, le végéta-
risme, etc. Mais tout en étant internationaliste, le Théosophisme
est aussi un Instrument de l’Impérialisme anglais.
Ceci dit, revenons à l’influence d’Annie Besant dans le scou-
tisme. Citons pour plus de précision, ce texte de René Guénon
(Théosophisme, p. 230) :
« S’il n’est pas ouvertement question de la venue du Grand Instruc-
teur dans la Chaîne d’Or (groupement théosophique pour les enfants),
il n’en est pas de même dans la “Table Ronde” […] Là il s’agit de
suivre le Grand Roi que l’Occident a nommé Christ : (le sens du mot
Christ indique toute autre chose que la personne du Sauveur, en Théo-
sophie) et l’Orient Bodhisattva : maintenant que l’espoir de son retour
prochain nous est donné, le temps est venu de former des chevaliers qui
prépareront sa venue en le servant dès à présent ; il est demandé à
ceux qui entreront dans la Ligue de penser chaque jour à ce Roi et de
faire chaque jour une action pour le servir. Cette Ligue compta parmi
ses premiers adhérents un certain nombre de dirigeants du “mouvement
scoutiste” qui se donne aussi comme une chevalerie nouvelle ; au bout
de peu de temps, elle eut des centres… un peu partout… c’est surtout
un centre de recrutement pour l’Étoile d’Orient qui prétend être le
noyau de la « religion nouvelle » …
On retrouve dans le scoutisme des applications des règles de la
Table Ronde. Il serait trop long de les rapporter.

moins de certains comme ceux qui tentent de nous le faire passer pour contre-
révolutionnaire et défenseur de la « Tradition ».
NOTES SUR LE SCOUTISME 49

Dans la Revue universelle du 1er août 1922, Noël Maurice Denis


signale de son côté que la Société Théosophique se retrouve dans
le scoutisme.
Le P. Sevin lui-même le reconnaît (Le scoutisme, p. 134).
Le docteur Ferrand, dans la Revue de Philosophie de Peillaube1
écrivait le 1er août 1913 :
« Les boy-scouts sont une société sportive créée en Angleterre par le gé-
néral Baden-Powell, qui était 33e d’honneur de la Grande Loge
d’Angleterre (noter en passant que le docteur Ferrand est plus affir-
matif que le Patriot). Ils doivent former un corps de défense, imbu de
l’enseignement des principes de l’honneur ; ils cultivent les sports de fa-
çon à devenir des hommes forts et utiles. Nous avons un premier sujet
d’étonnement dans ce fait qu’on cherche à développer les boy-scouts à
l’étranger ; en effet cette société de culture physique destinée à la défense
nationale anglaise ne devrait pas s’efforcer de créer des filiales à
l’étranger. C’est absolument comme si les Français cherchaient à déve-
lopper l’aviation en Allemagne. Or, il est un fait certain : on essaie de
propager les boy-scouts en France et la Ligue d’éducation nationale,
dirigée par des francs-maçons et patronnée par les théosophes, avait
surtout pour but de les aider dans leur propagande. Ils devaient former
une société soi-disant neutre, mais en réalité destinée à absorber la jeu-
nesse et à la retirer aux associations confessionnelles : ce rôle a été dé-
masqué, grâce à l’intervention des évêques et leurs sociétés sont au-
jourd’hui interdites aux Catholiques.
« Mais nous avons un second sujet de nous étonner dans le fait de la
création à Londres de la Ligue de la « Table Ronde » fondée par
Madame Besant quelque temps avant la réorganisation des boy-scouts
et destinée à se recruter chez eux. La Table Ronde fut constituée en
société secrète : ses préceptes rendus publics par les boy-scouts nous
permettent d’identifier les deux ligues : ils sont les mêmes. On y trouve
des conseils très particuliers comme l’obligation de la bonté pour les
animaux et de la bonne action2 journalière. Des gens plus âgés aussi

1 R.P. Émile Peillaube (1864-1934). Mariste, philosophe et théologien.


2 La fameuse « B.A. » des scouts.
50 NOTES SUR LE SCOUTISME

font partie de la Table Ronde : ils prêtent le serment formel du secret,


étudient la doctrine théosophique et écoutent de multiples conférences
destinées à faire pénétrer cette idée que le boy-scout complet est le cheva-
lier de la Table Ronde. Ses premiers adhérents furent les meneurs du
mouvement scoutiste dans lequel ils cherchent un recrutement pour leur
ligue, si bien que les deux sociétés se pénètrent réciproquement et que
les boy-scouts peuvent être considérés comme l’extériorisation de la Ta-
ble Ronde, comme le comité secret des boy-scouts.
« À côté de la Table Ronde existe une autre société d’origine théoso-
phique, la “Chaîne d’Or” : elles ne font pas double emploi. Cette der-
nière s’adresse à l’ensemble du public : elle enrôle des enfants tout jeu-
nes, depuis l’âge de sept ans. Les doctrines sont identiques ; on cherche
surtout à y préparer le Messianisme. La Chaîne d’Or existe à Paris,
et une délégation vint en 1911 saluer à son passage le Messie dont
nous allons parler.
« Les théosophes ont encore mieux démasqué leurs désirs et leurs espé-
rances au point de vue politique et religieux. Nous pouvons entrevoir
leurs rêves. Certes, ce sont des rêves ; mais qui sait la distance entre ces
rêves et les tentatives faites pour les réaliser ? Le rêve n’est pas nou-
veau : c’est l’union des États européens, l’humanité unifiée sous un
seul pouvoir politique et religieux, ou plutôt anti-religieux, surtout
anti-catholique.
« Pour le réaliser, ils ont inventé un Messie qui viendra avec les appa-
rences de l’au-delà, annoncé par la Révélation, attendu par les adeptes
pour prêcher une religion. Peut-être que ceux qui liront ces lignes croi-
ront à une plaisanterie : rien de plus sérieux ; les théosophes y ont son-
gé, ils ont un Messie tout prêt, en chair et en os, et nous le connaissons
à Paris. Il se nomme Alcyone et aussi Krishna Morti1 ; il a 17 ans.
Alcyone a un passé : il en est à sa trentième incarnation depuis l’an
20000 avant Jésus-Christ… Pour l’avenir, les théosophes le tiennent
en réserve ; il sera le Messie… ou son précurseur. Cette restriction
adroite a pour but de sauver la face s’il venait à trépasser comme un

1 Ou aussi Krishnamurti.
TABLE DES MATIÈRES

DÉDICACE.............................................................................................6

PROLOGUE ...........................................................................................7

PRÉFACE ...............................................................................................8

REPÈRES CHRONOLOGIQUES.......................................................38

AVERTISSEMENT ..............................................................................42

COUP D’ŒIL SUR LE SCOUTISME EN GÉNÉRAL ET SUR LE


SCOUTISME CATHOLIQUE
1ÈRE PARTIE .........................................................................................43
LE SCOUTISME ..............................................................................55
LE SCOUTISME CATHOLIQUE...................................................66
I. Le scoutisme catholique et l’inter-confessionnalisme. ...........................67
II. Le scoutisme catholique et la religion nouvelle créée par le scoutisme.
..............................................................................................................................70
III. Le scoutisme catholique et la Théosophie. ...........................................72
IV. Le Scoutisme catholique est un système d’éducation naturaliste. .....81
A) Les louveteaux........................................................................................83
B) Les Scouts ou Éclaireurs.......................................................................84

LE SCOUTISME CATHOLIQUE ET LA THÉOSOPHIE


2ÈME PARTIE ........................................................................................90
I. LE SCOUTISME CATHOLIQUE ET SES ATTACHES
THÉOSOPHIQUES......................................................................... 91
II. LE SCOUTISME CATHOLIQUE ET SA MORALE
THÉOSOPHIQUE. .........................................................................97
III. LE SCOUTISME CATHOLIQUE ET SA PÉDAGOGIE
ROUSSEAUISTE ET THÉOSOPHIQUE. ................................... 110
A. La méthode d’éducation des théosophes. ............................................ 110
B. La méthode d’éducation de la Théosophie est celle du scoutisme en
général.............................................................................................................. 112
384 TABLE DES MATIÈRES

C. La pédagogie du scoutisme catholique, qu’ils le veuillent où non,


s’inspire de la pédagogie théosophique......................................................116
IV. LE SCOUTISME CATHOLIQUE ET SES RÉALISATIONS
D’ESPRIT THÉOSOPHIQUE...................................................... 120
A. Les Louveteaux. ........................................................................................120
1° Le rocher du grand conseil................................................................120
2° Le grand hurlement.............................................................................120
3° Les danses.............................................................................................121
4° Les coups de dents..............................................................................123
B. Les Scouts ou Éclaireurs..........................................................................124
1) Le Scoutmestre.....................................................................................124
2) La carrière d’un scout..........................................................................124
3) L’admission et la promesse d’honneur.............................................125
4) Le système des badges (ou brevet de capacité)...............................125
5) Le système des patrouilles..................................................................126
6) L’école du plein air. .............................................................................126
7) Le campisme.........................................................................................127
V. LE SCOUTISME CATHOLIQUE TRAVESTIT NOTRE
SAINTE RELIGION. .................................................................... 130

SUPPLÉMENTS................................................................................. 137
1ER SUPPLÉMENT AU PARAGRAPHE I DU TRAVAIL
PRINCIPAL : « LE SCOUTISME CATHOLIQUE ET SES
ATTACHES THÉOSOPHIQUES » NOTE SUR « L’UNION
FRATERNELLE DU SCOUTISME INDÉPENDANT »............ 137
2ÈME SUPPLÉMENT AU PARAGRAPHE I DU TRAVAIL
PRINCIPAL : « LE SCOUTISME CATHOLIQUE ET SES
ATTACHES THÉOSOPHIQUES » « LES GUIDES DE
FRANCE » SCOUTISME FÉMININ CATHOLIQUE ................ 139
Qu’est-ce que les Guides de France ?.........................................................139
Pourquoi ce nom de Guides ? .....................................................................140
Que penser de ce mouvement qui tend à s’implanter dans les Œuvres de
Jeunes Filles ?..................................................................................................141
Organisation protestante, murmure-t-on déjà ? .......................................141
Pourquoi chercher à l’étranger toutes nos inspirations ? ........................142
Militariser nos filles pour en faire des garçons ?.......................................142
Cette existence au grand air n’est-elle pas faite pour détruire la vie de
famille ?............................................................................................................143
Quelques extraits du règlement des guides de France.............................144
TABLE DES MATIÈRES 385

NOTES SUPPLÉMENTAIRES..................................................... 146


Supplément au Paragraphe II : « Le Scoutisme Catholique et sa morale
théosophique » ............................................................................................... 146
1er Supplément au paragraphe II du travail principal : « Le Scoutisme
Catholique et sa morale théosophique » NOTE sur « LE PRÉCIS
UNIVERSEL DE RELIGION ET DE MORALE » (2e partie) d’Annie
Besant............................................................................................................... 152
2e Supplément au paragraphe II : Le scoutisme catholique et sa morale
théosophique « LA VOIE DU CHEVALIER » éducation
expérimentale par soi-même........................................................................ 154
1er Supplément au paragraphe IV : (Le Scoutisme catholique et ses
réalisations d’esprit théosophique) ............................................................. 162
3e Supplément au paragraphe IV de l’ouvrage principal : « Le Scoutisme
Catholique et ses réalisations d’esprit théosophique » LES IDÉES
D’UN CHEF DE PATROUILLE............................................................. 170
1er Supplément au paragraphe V (Le scoutisme catholique travestit notre
sainte religion) ................................................................................................ 172
UN SCOUTISME CATHOLIQUE EST-IL POSSIBLE ?.................. 176
LA THÉOSOPHIE...................................................................................... 183
EXTRAIT DU BULLETIN « ORDRE DE L’ÉTOILE D’ORIENT »
(Janvier 1925) « ENCORE QUELQUES IMPRESSIONS SUR LE
CAMP D’OMMEN » ................................................................................... 185
UNITA CATTOLICCA 04.09.1924 L’ A N T I B A B E L E (DOPO
LA JAMBOREE SCOUTISTICA DI COPENAGHEN).................... 188
Traduction de l’article italien de Mario Mazza L’ANTI-BABEL (Après
le Jamboree Scout de Copenhague)............................................................ 194
L’admission et la promesse d’honneur ...................................................... 201
LE SCOUTISME AU JAPON................................................................... 204
L’AUBE NOUVELLE (Octobre 1922) LE CONGRÈS
INTERNATIONAL DU SCOUTISME.................................................. 206

ANNEXES .......................................................................................... 211


ANNEXE 1 : REVUE INTERNATIONALE DES SOCIÉTÉS
SECRÈTES, 1924 LE PROCÈS DU SCOUTISME....................... 212
ANNEXE 2 : RAPPORT DE L’ASSEMBLÉE DES
CARDINAUX ET ARCHEVÊQUES DE FRANCE .................... 216
ANNEXE 3 : LETTRE DE MGR CHOLLET À MGR
HUMBRECHT, DU 15 AVRIL 1924 .............................................. 224
386 TABLE DES MATIÈRES

ANNEXE 4 : RAPPORT DU CONGRÈS MONDIAL


THÉOSOPHIQUE DE 1921 .......................................................... 225
PRÉFACE DE L’ÉDITEUR......................................................................227
OUVERTURE DU CONGRÈS Discours de Mme Annie Besant
Présidente du Congrès. .................................................................................229
L’idéal Théosophique par Annie Besant...................................................239
LA THÉOSOPHIE par Annie Besant.....................................................266
Rapports de l’Homme avec la Nature par Georges Chevrier..............282
L’Europe retrouvera-t-elle son âme ? par B.P. Wadia............................294
DÉBATS PREMIER SUJET LA MISSION DE LA SOCIÉTÉ
THÉOSOPHIQUE DANS LE MONDE ...............................................299
DÉBATS, DEUXIÈME SUJET Le Problème de l’Éducation dans l’Ère
nouvelle............................................................................................................308
L’Éducation telle qu’elle devrait être par M. Coué, de Nancy ..............315
PROGRAMME GÉNÉRAL du Congrès Mondial Théosophique de
1921 ..................................................................................................................320
RENSEIGNEMENTS Société Théosophique de France 4, square Rapp
Paris (VIIe)........................................................................................................322
ANNEXE 5 : EXTRAITS DE LA LETTRE DU R.P.
JEOFFROID AU T.R.P. DESROUSSEAUX, 28 MAI 1924........... 326
ANNEXE 6 : R.P. SEVIN, LEÇONS ROMAINES...................... 329

POSTFACE LE SCOUTISME EN QUESTION ............................. 343


INTRODUCTION......................................................................... 343
PLAN DE L’ÉTUDE ..................................................................... 344
I. QUELQUES CONSIDÉRATIONS AUTOUR DE FAITS
HISTORIQUES.............................................................................. 345
Les premiers temps........................................................................................345
L’actualité récente ..........................................................................................350
II. LA DOCTRINE DE L’ÉGLISE CATHOLIQUE SUR
L’ÉDUCATION ET SON APPLICATION AU SCOUTISME
CATHOLIQUE .............................................................................. 353
Fin de l’éducation...........................................................................................354
Fin et moyens du scoutisme.........................................................................358
Le scoutisme proprement dit .................................................................358
Scoutisme et catholicisme .......................................................................361
TABLE DES MATIÈRES 387

Les Fondateurs du scoutisme ...................................................................... 366


III. QUEL AVENIR POUR LA JEUNESSE ?............................... 375
Les œuvres catholiques de jeunesse............................................................ 375
Une nécessaire adaptation............................................................................ 379
CONCLUSION .............................................................................. 380
SUPPLÉMENTS ............................................................................ 381
I La Loi scoute et les principes.................................................................... 381
II La stratégie de l’ennemi............................................................................ 381

Vous aimerez peut-être aussi