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LA TROUVAILLE DE RIEC (FINISTERE) « Il eft Qcheux que les Wécouvertes de monnaies soient souvent signa- Jées d'une maniére incomplete » éerit M. A. Blanchet, dans un des der- snuméros de la Reoue Numismatique. La trouvaille que je vais décrire d'une fagon detaillée; aprés avoir exa- miné, avec soin, chacune des pitces qui la composent, a été faite vers | mi-movembre 1924 dans un champ appartenant a M. Lozachmeur, pro- prigtaire au village de Lescoat en Riec-sur-Belon (Finistére), Elle n'a été sommuniquée, grict aux bons offices de Madame Le Rous, institutrice A Riee, qui, par amour pour I'archéologie, a bien voulu stemplayer a re- cueillir les éléments dispersés dela trouvaille. De telle sorte, qu'avec quelques éléments provenant dela méme trouvaille, qui me sont venus duMusée de Quimper et d’une autre source (en tout 15 piéces), j'ai eu, sous les yeux, & peu prés intacte Ia trouvaille toute entiére, sauf les fuites pessibles. Ces deux dernigres sources ne m’ont donné. comme pié- ses manquant au gros de la trouyaille qu'un esterling de Cantorbéry Edouard I — un denier d"Avxonne (PA. 5765) — et un denier de Jean II et d’Isabelle de Castille pour Limoges(P.A. 2314). Lechamp of Ja trouvaille fut faite était sous culture depuis 16 ans, Avant cette époque c’était une lande; sans doute un bois antérieurement, car Lescoat signifie prés du bois et c'est sans doute sous Vabri des arbres ‘a bois que le possesseur du trésor l'avait caché, En labourant le champ pour les semailles, lé soc de Ia charrue accro- cha, 4 30 centimétres de profondeur un sac de toile d'une trame épaisse, Jont je posséde un morceau, et son contenu se répandit sur le sol. Déja, uelques semaines auparavant, un domestique avait trouvé dans le méme Neu, quelques morcesux de métal qu'il avait jetés. Peut-étre, aprés la moisson, la terre en rendra-t-elle encore quelques-uns, parce qu’on n'a pas fouillé.le sol avec soin, pour ne pas eniraver la germination da grain quiy a été seme. count: — tox n arise Voici 1a composition du lot : Piéces frangaises royales ruree II. rsfo-r223. Denier parisis (H. 1). - tp. id — de Tours (H. 13). 3p. —d’Arras (H.- 3). 1p. Lous IX. 1226-1270. Denier parisis (H.11)...+. 1p. ng — tournois (I. 13). 8p. Parmi lesquels un faux avec légende rétrograde = Z1VID 2VNORVT Punuppe [1]. 1270-1285. Denier parisis (H. 6).+.se00cee5 setees 1p. Punureve IV. 1285-1314. Deniers tournois (H. 16)les uns aux O ronds, les autres aux Q longs... -./ 6 p. Bourgeois forts (H. 2 2p. — simples (H. 28). 6p. Pautsere V. 1316-1922. Denier parisis (H. 4). 19 p. Plus un denier tournois inclassable par usure: ip 108 p CuarteslV, 1322-1328. Double parisis (H. 10). Tl a’y en a aucun de la 1* emission avec REX surlacouronne. — A part un seul dela 2* émission, tous sont de la 3° avec un poin! creux sous la couronne (émission du 24 juillet 1326). Ecarrés. Les uns ont tous les E carrés, au droit comme au revers, ave: comme ponctuation, quand elle existe, car elle manque souvent. A. SIRAROLVE* RE? SON EPACDY PIES." B._FRRIROILVS REX F SMORVER WV WILKE BF. WK OLY... S98 RDORNG By DV PUG’ 6G. FRAR OLVA*REX-HWORETR WV PUES FF. @R#ROlVS LER’ s MONE FH WY PIES ‘A, — Une sorte de gamma y 4 branches égales, entre KAROLVS et REX au droit, quelque! entre MONETA et DUPLEX « fevers..-..- Rigieewstcveueenomnngst! P B.— Méme ponctuation, avec en plus une petite bh minuseu! He apres la branche droite de la couronne KAR—*OLYS, et un petit B majo cule em fin de légende du revers......++++ 18 p- G. — Sur une piéce portant Ia méme h Ia légende du revers se te mine par deux points creux 2 au lien d'un B. (See itp D. — Méme ponctuation au droit, mais !’h minuscule se trouve ©" lay fin de légende du revers, et il_y a une petite H majuseule entre MONETA en DVPLEX:.......5 wees alee tea ‘ Ip. € Iunaires. Les autres ont Jes € lunsires au revers, des E carrés au deoi ma ales reese Biatesanaataen up. D'autres ont des € lunaires des a cétés.. 34 os Diautres sont de lecture impossible. . - 16 p. La ponetuation se fait otdinairement par un gros point equelque- fois il ya. un point:sur la seconde haste de |'L de DVPLEX. Variétés de ponctuation : AA, — Unpetitlosange auf entre MONETA etDVPLEX. 7p, BB. —Un fleuron a 4 lobes circonscrivant une croisette en creux entre MONETA et DVPLEX......., CC.—Un ficuron a 4 lobes (ou croi droit entre KAROLVS et REX... oe tp. DD. — Une petite R majuseule au f entre MONETA et DV- PECK ve 7 Ce ee setts SERS EE. — Un petit P majuscule aprés la branche droite de Ia couron- neavant OLYS, : Up. FF.—Un V aprés la branche droite de ta couronne avant GENER 7c. pete ts aes eee ceeesete Ope GG. — Un V entre KAROLVS et REX... 1p. Ces diverses variétés ne peuvent se distinguer par le poids qui varie pour toutes deo gr. 95 pour les plus Iégéres A 1 gr. 30 pour les plus lourdes ; le poids moyen étant d’un peu plus de un gramme. C'est dans les lettres diverses que l'on trouve sur les piéces de Charles IV que M. P. Bordeaux voit des initiales d’atelier. La fré- quence de ces lettres adventices, la fréquence: surtout de I’h, me parait appuyer l'opinion de ce savant numismatiste. Ua jour sans doute nous connaitrons ces ateliers. tte a bouts arrondis au Puttiprs VI: 1328-50. I Gros a ta cowrowne (H. 25) comptenant les variétés suivantes : A. — Rien sous le chitel. Un point ereux aprés FRANCORVMe. -Le lis d'en haut n'est pas accosté de points, Au revers les bras de la croix sans points ow annelets. Rien sur le 2* haste de I'L. Poids agr. 40... pucks ues wemactersatrsaeatess tp. B. — Méme pice, sans point aprés FRANCORVM. Poids allant de SGI GH Aa BI OOF svesy Ges yucsce Up Plestroda plies frustes ogee Ill* Doubles Tournois (H. 42). Is présentent quatre types différents + a La légende du droit est compléte 1 PhiLIPPVS DEI GRA REX. Pas d’annelets sur-F et R. Au revers une croisette o enfin de 1é- gende, et avant la croisette initiale, un trait transversal barrant le pied de la croix... cca OBS a° La légende du are } moins compléte se Jit: PhILIPPVS Dt GRA. Méme croisette en fin de légende au revers... .... 0 op. Ces deux types a légende compléte ou a peu prés doivent étre les plus anciens. Seuls ils ont une croisette en fin de légende au revers. 3° La légende est abrégée et pooetuée a ainsi PhILIPPVS ° D2 Ge, Crest le type ordinaire ...... .... . soa 5 FD Vaniérés. A. — Méme ponctuation. Au revers un gros ies ea finde légende DVPLEX@..... y + 3P. B. —Ponctuation différents au droit. PhILIPPVS - DIG inp C. — Ponctuation ordinaire, mais la légende se termine au droit par 2 points REX : Ip. D. — Autre antes PRILIPPVS = Ds. ip Bee eran eek Pen wot le: Geebeliie wires et ee ~DVPLEX .. lop. F. — Ponetuation différente PRILIPPVS ° DGt (on dirait une hertine, la téte tournée vers V'intérieur) tee) Be 4° Lacoix along pied est accostée en bas de deux gros points, un» avant DVPLEX, Au droit 2 annelets sur F et R. -» 13 p. Ces pitces ont, en réalité, trois points sur le pied, deux Iaccos- tant, un troisiéme posé sur le pied méme, ese tm COURIER — TOME 1H Me ne Une piéee'a une ponetuation par croisettes . ; Le poids de toutes ces pitees est en général de } gr. 20, rarement ngt. a5. Piéces Féodales Bouraoows. Eudes 1V (1315-1359). Denier P. A. (5688) 26 p- Double d’Auxonne (5772). ip. Double d’Auxonne (5765). rp Menun-sue-Yevar. Robert d' Artois, 1298-1315, Denier (2021)- 1p. Cuaratous. Raon? de Clermont. 1265-1290. Denier 1877)...» EPs Provins. Thibault TV. 1201-1253. Deniers (5980). ..ceceereese++ 2p. Vexnanvdis. Eléonore, 1183-1214. Denier (6690). rp. Anpave pf Tours. Denier (1638). lop. Provence. Rabert. 1309-43. Petit couronat (Caron 360)... rp. Piéces Etrangéres Awoterernt, Hdouard 11, 1307-27. Esterling de Canrtorbéry..... 1p. ‘Acuait. Philippe de Savoie. 1301-10. Denier (Schl. plei2, 0" 20). P+ Piéces Bretonnes P. Maveutke, 1213-37, Deniers de Guingamp (528)..... Jeax Ie". 1997-86. Deniers de Nantes (347; ‘ Plus une pitce avee IM) dans le 1 au liew da 2°. Denier a 'écu triangulaire (363). Jean Il, 1286-1305. Deniers 4 Uhermine (381) —" de St-Brieuc (373). Anruua Il, 1305-12. Denier avee COMES RIChEMD” (390). — _ RIChEMVD (392)......- : Jeax UL 131-41. Deniers de Nantes (409). . = Gu). canton, ? Jeaw Le Carnie ? , F Doubles PR sans annelets entre les lettres, et au revers : SIG- NVM... Croix tréfide a long pied, toutes les légendes commengant par une croisette, au droit comme aw fevers. C’est sans doute la i émission..;.. ; 10 p Il* Mémes doubles, “sui deus danblets eatre B st et entreR tT. Detix variétés: — A (mauvaises), Les légendes semblent commencer + au droit par une Aermine ow une fleur de lis, mais surement pas par une croisette, Au revers elles coinmencentpar une croisette 7 p- — 59 — — Les légendes commencent par wn fleurom a 3 lobes (comme sur le n* 450 de P. A. pour Ch, de Blois), Elles commencent par une hermine au revers...... ie 2p. . C, — Deux doubles fracturés . 2p. On remarquera que ces doubles sont différents de ceux figurés par P. A. 625-24 — différents aussi du n* 57 de Caron. Leur poids est ordinairement de x gr. 20. ’ Piaces de Limoges Jeaw [lL et Isaveuue. 1317-28. Denier a5r4... ecient 1p. Jean III. 1312-41. Deux variétés du n° 2316. PA. — #1 + DVX© BRITANIE. Bou écartelé.. .... 7 p. we F VICE *C-#LEMOVIC #, Lau a canton.. 7 p, B, — Méme piéce avec L au 1** canton Ip. C. = °le DVXe. H oVICEs Co I'L au at canton...... .. Sur ces donze pitces il y a, sans hésitation possible une Let j mais une N, Elles sont done le l'atelier de Limoges IPA. — 5% ele DYX. : a He VICE ¢ Ces. Mau a catton . oe. tp, B. — oy Etaile | « DVX. a Fleuron a 4 lobes VICE (Heuron) C (Meuron)... 1 au Coffe Gercutra piigeseii ceule'nol ool exasterent bauiiabieeee n? 2316 de P. A. Toutes deux sont de atelier de Nantes. Gut. 1314-1516, Deux deniers de Gui. D sy LEMOVICENCIS, eu de Dreux au canton de 3 hermines, 3) X GVID' VICECOM of Croix cantonnée au deux de 3 mouche- tures d’hermines. Ces deniers different grandement des piéces figurées dans P. A. ct Caron. Poey d’Avant sous le n* 2319 décrit le revers comme portant : Bretagne au 1 canton. Dreux aux 3 autres, Mais le dessin qu’il en donne Pl. LI-3 miontre quelque chose d'informe oi on ne voit ni Dreux ni Bretagne. Sous le n° suivant LI-4 le 3* canton est de Limoges. Gee Caron sous le n* 18 de Ia planche VIII montre wm écartelé de Bretagne ef Dreux. Or, sur nos pidces iln'y a pas d'écartelé, il n'y a pas un canton de Limoges, il y a un champ échiqueté de Dreux avec un canton de Bréta- ne. 7 De plus les Iégendes de P. A. donnent GVIDO en toutes lettres, tandis que nos piéces donnent GVID? avec un trait d'abréviation. Quant a la pigce 18de Caron Ia légende est fruste aprés GVI, mais V'espace compris entre ces I#ttres et les lettres VICEest tel qu'il y a place pour GVIDO en toutes lettres. En outre le canton de la croix montre un G sur len? 18 de Caron — 3 polats sur le 2312 de P.A. — Une moucheture sur le n* 2313. Sur nos piéces il y a trois hermines accolées, la pointe vers le centre, comme sur beaucoup de piéces bretonnes, notamment sur les 334 de P. A, et sui- vantes. ‘On remarquera la forme des C qui sont tous ouverts et non fermés, comme sur les figures de P, A , et que l’orthographe est LEMOVICENCIS ~ par un C et non une S comme dans Caron. Ges pieces sont donc des variétés inédites de Gui. C’est pourquoi nous avons fait appel au crayon habile de M. Rolland pour les figurer ici. On yoit que cette trouvaille est composée d'une fagon assez hétéraclite. Les éléments représentés s’échelonnent sur une période allant du début du xu sitele & la premiére moitié du xay*, et ils comprennent outre des Charles IV et des Philippe V1, qui en constituent la plus grosse part, des monnaies venant d’assez loin, comme le coronat de Provence, comme le denier d’Achale. On pourrait trouver singulier de ne rencontrer qu'une seule piéce anglaise. Mais, l'époque de l’enfouissement, Ia Bretagne n’avait pas encore tourné ses regards vers les rois anglais. Jean Ill avait toujours soutenu le roi de France, il avait combattu avec lui en Flandre oli ilavait été blessd, et ce ne fut qu’d sa mort que les relations devinrent suivies entre la Bretagne et I'Angleterre. On itera la quantité assez grande des pitces de Bourgogae (28). Mais on noubliera pas que Gui et Jean étaient petits-fils de Marguerite de Bourgogne et que les relations entre les deux provinces devaient étre ‘étroites. ‘ ‘Mais étude dela trouvaille m'a amené a faire une observation que je veux soumettre aux numismatistes. On sait qu’en 1338 une procédure est engagée contre Jean III de Bre- fagne, parce qu'il a imité les monnaies frangaises, de telle fagon gu'tl n'y a entre elles ef le coing du roi si petite différence gue le commun peuple ne Ja pent connaltre, Or, dans notre trouvaille il y a péle-méle 278 doubles tournois de Phi. lippe VI (H. 43) et 17 doubles attribués successivement, par P, A., dans = 6 = la description de sa collection, puis par M. Robert, puis par Caron a Jean-le-Captif. Ce sont les types figurés sous les n 623-624 et suivants dans P. A, qui abandons, dans son grand ouvrage, on nesait pourquoi, Vattribution a Jean-le-Captif, pour la donner 4 Jean IV. Or, réunies dans un méme tas, ces pices, comme dimensions, comme poids, comme facture, comme type, sont absolament semblables. Il faut Vattention la plus soutenue pour les différencier, ct assurément, le com- mun peuple ne pouvait faire cette différence. Etjenepeux m'empécher de voir dans ces piéces celles qu'incrimi- najent les gens du roi dans leur procés de 1338. Je sais bien que le prototype royal (H. 42) a été, d'aprés Carom, émis en 1340, ct qu’il était décrié en 1343. Hy a done un intervalle de a a5 ans qui empéche d'accepter mon hypothése. Cependant on avait monnayé pour 150.000 livres des piéces incriminées. Cela donne un nombre si con- sidérable d'exemplaires qu'il n'est pas admissible qu’aucun d’eux ne soit parvenu jusqu’a nous, : Or, ce type de Philippe VI (H. 42) eu latortune singulitre d’étre cone trefait non seulement par le duc de Bretagne, mais aussi par le duc de Bourgogne contemporain Eudes IV, Et ce qu'il faut noter c'est que. con tre lui aussi, les officiers de la monnaie du roi ont protesté. Il ne s'agissai pas, & vrai dire, de la contre-fagon du H 49, mais de celle du double a la couronne H 56, et du double a Ia fleur de lis H 33. Et le duc répondit : Prometious de faire muer te coing ef faire telle différence qu'un thacun pourra cognaistre notre monnaic dissemblable & celle du roi. Cette promesse est de la fin de 1337. Ne serait-il pas vraiment étrange que 3 om 4 ans aprés cette promesse, le duc de Bourgogne ait contrefait aussi audacicusement le H 4a en fabri- quant les P. A. 56804 5682 qui lui ressemblent comme un frére jumeau. N'y aurait-il pas erreur dans cette date de 1340, donnée comme celle de Ia fabrication des H 42 ? Car it ne faut pas toujours accepter, comme parole d’évangile, au point de vue numismatique les affirmations des historiens, méme les plus cons- siencieux. On doit d'abord les passer au crible de la réflexion et du jage- ment. Ainsi La Borderie, dans sa tris remarquable histoire de Bretagne, affirme que le duc Jean II] fut toujours hostile & sa belle-mére Isabelle de Dreux et qu'il expulsa de son blason V'échiqueté de Dreux pour gatder uniquement, ce qui était breton. Or, saufes les pitces attribuées jusqu’ici 4 Jean II, aussi bien en Bretagne, qu’a Limoges ; toutes celles qu'il émit avec ses deux dernidres femmes, Isabelle de Castille et Jeanne de Savoie. toutes portent I’échiqueté de Dreux (1). (1) Test certaio, qu'aprés Jean 111, on ne volt plas Néchiqueté de Dreux sie les pitces bbretonnes. De plus, si om considére que Jes imitations des H. 42 sont les premiéres bre= tonnes qui ont les hermines seales, ou serait admis & supposer que ce sont Li, des mona riba ‘Aussi je pense qu'il y a erreur sur cette date de 1340, donnée comme celle de la fabrication des 'H. 42, car, si cette fabrication était remontée de 3 0m 4 ans, tout s'expliquerait. On aurait, en abondance, les piéces iiteri- minées par la procédure de 1333; la promesse du duc de Bourgogne a'aurait pas été violée, et ce serait le duc Jean III de Bretagne qui aurait frappé les 623 et 624 de P. A. attribuées actuellement a Jean-le-Captif. ‘Or le catalogue de la vente de M. le Comte de Castellane en avril 1896, que j'ai sous les yeux, indique, pour 'émission du double tournois (H. 42) non la date de 1340, mais celle du 1* janvier 1336. erreur de Caron est done évidente, et dés lors tout s’explique. Pro- totype H_ 42 du 1 janvier 1336 — imitation des ducs de Bretagne et de Bourgogne — procés.de 1338 et, les piéces incriminées, toujours cher- chées, jamais trouvees jusqu’ici, se trouvent, en sbondance, dans tous les médaillers, et ce sont les IP. A. 623, 624 pour la Bretagne, les P. A. 5680 et 5682 pour fa Bourgogne; et la protestation des gens du roi visait la -méme piéce en Bourgogne, comme en Bretagne. Mais alors il faut encore dépouiller ce pauvre Jean-le-Captif, qui n'en est pas Aun malheur prés et donner la piéce a son frére Jean II ; enfin fidmettre, suivant I'affirmation de notre historien breton, que Jean IH expulsa bien de son blason les armes de Dreux. Notons, en tous cas qu'il n’y a pas dans le lot une seule piece attri- buable a Jean-fe-Captif (sauf celle qui nous occupe, suivant l'avis de M. Robert, que nous ne partageons pas) ; pas une seule de Jean IV, que Jes nombreux gros i Ia couronne de Philippe VI (60 p.)sont des deux premiéres émissions, soit de 1337-1338, c'est-4-dire contemporaines de Ia procedure institu¢e tant contre Jean Ill que contre Eudes IV; qu’il n'y a aucun grosde Ia quatriéme émission du 6 avril 1339; qu'au surplus, toutes nos piéces sont bonnes ou trés bonnes, qu’elles ont pen circulé et sont donc trés voisines de lear date d’émission, et que cette date remon- te au milieu du régne de Philippe, la premiére étant de 1337, 1a troisieme qui est la dernitre représentée ici étant du a9 janvier 1339; qu’entin les pigces d’Eudes IV (P. A_ 5688) qui sont en nombre relativement assez ‘grand, sont sans doute des premiéres années de ce duc (1315-1350). Notons encore que sur les doubles de Bretagne avec ## on ne trouve pasle pied de la croix accosté de 2 annelets de Ia 4* &mission de Philip- pe VI — ni 'hermine supérieure du droit (remplagant le lis) aecostée de ~ mints qa thmolgesnt de Phestilité de Jean I eoetee la maison de Dreux, et constquem- tment les lai attrib ue Les demnitres pidces & Téehiq caldes am deli de la mort de J Bretagne comme en Limousin ne peavent tre re de Savoie et elles sont peuteétre antérleures de quel- ‘ques années 3 cette date (1338). Les imitations bretonses des H. 43 suivraient les pléces 4 Véchiqueté, Elles dateraieat donc dpoque woisine de la fin da régne de cette prin ‘serse, ca qui les mettralt précisément & l'époque de Ia procédare des gens da rol. = &— deux annelets de la 3" — ni les étoiles accostant le pied de la croix de la 2*. Il en résulte que tous les doubles bretons sont calqués sur ceux de la 17 émission de Philippe VI du 1 janvier 1336. Le trésor peut done avoir étéenfoui A une date antérieure a 1540, puisque, non seulement, aucun exemplaire de la dernitre émission des gros ala couronne d'avril 1339 n'est représenté, mais que pas une seule des petites divisions, doubles parisis et tournois n'est postérieure au 29 janvier 1339. Sicependant on voulait placer lenfouissement au temps de Jean-le- Captif, on pourrait voir dans le dépét une partie de Ja saisie que, das la mort de Jean, et avant larrét de Conflans, Jean-le-Captif fit 2 Limoges, cause du nombre assez considérable dés pitces de Limoges qu'il co Et alors ce serait peut-dtre une parcelle du grant érésor gue de long temps avait assemblé Jean HI, car ce fu un sires de'bon gouvernement el de grant espargne comme dit Froissard, Et on peut suppaser que c’était la propriété d'un de ces « soudoyers > que Jean-le-Captif avait eogagés pour entrer légitimement en possession de I'héritage de son frére, et qui fui permirent de ¢conguerre le pays par force om par amaurs >. Dans ce cas, je‘placerais 1a date de l'enfouissement vers la fin de 1341. Mais si on suppose que le trésor était la propriété d'un petit thésauriseur, paysan ou artisan, du pays de Riee, on pourrait reculer lenfouissement jus~ qu’a la finde 1342, parce que, cette année 14, i se passa dans. In région un événement important, /a bafaille de Quimperlé. Louis d’Espagne, de= venu pirate, vint, avec une fotte, mouiller au Pouldu & l'embouchure de Ja Laita ct ravagea tout le pays, pillant et brilant tout, si bien qu'il y eut un exode des habitants qui abandonnaient leurs maisons et allaieat au loin, emportant siirement leurs espéces, C'est peut-étre un de ces (uyards quai cacha son pécule sous l’abri de /a foréé du Leseoat. On sait que finalement ce fut une déroute pour Louis d'Espagne dont les troupes furent massacrées par les Montfortistes venus d’Henneboat, aidés par les paysans, et que Louis s’échappa 4 grand peine, presque seul. ‘Cest la date la plus reculée a laquelle on puisse placer l'enfouissement 5 en ladite ville de Rouen, pour le peu de commodité et oppulence des Me des monnoyes lesquelz, pour bien faire leur debyoir et satisffaire au ple, seroit besoing estre fourays de deux ou trois cens mil frans ou autre grande somme de deniers, Inquelle diffieulté tourneroit au grand destriment du peuple, lequela moyen de trouver argent comptant 4 P par le traficg, commerce et négociation. Aces causes, semble aus: maieur, prévost et eschevins d’Amiens qu'il n'est besoing, utille ct néces- saire créer et ériger en ladite ville d’Amiens chambre ny forges de mon- noyes. Du trentiesme et penulticsme jour de juillet, an mil vs cinquante six. Faict soubz le seing manuel de moy Pierre de Lessan, greffier de ladite ville d’Amiens, les jours et an que dessus. De Lessan. (ALN, 2 18 569). LA TROUVAILLE DE RIEG Par suite d'une omission, l'article, publié dans notre dernier numéro sur la trouvaille de Riec, ne porte pas le nom de son auteur. ‘Nous réparons aujourd hui cet oubli en adressant au Docteur Macé, de Guingamp, nos remerciements et nos félicitations lés plus chaleureuses pour cette intéressante étude.

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