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Lucile et Jean-Pierre Garnier Malet
 

Le double… comment ça marche ?


 
 
 
 
 

Oubliez tout ce que vous avez appris


pour comprendre le futur
 
 
 
 
Ce matin-là, le ciel est bleu, le soleil radieux, le bonheur me chante aux
oreilles et, perdu dans mes pensées, j’aperçois soudain, un garçon d’une
dizaine d’années environ. Il vient à ma rencontre d’un air décidé.
– C’est ici, me dit-il !
Il se dirige aussitôt avec moi vers une maison à la façade vieillotte mais
accueillante. Sûr de lui, il ouvre la porte, me conduit dans un salon, puis
m’invite à m’asseoir avant de partir en courant, me laissant quelque peu
pantois. Peu après, il revient avec mon livre1.
– Je t’attendais avec impatience…
Il s’assoit à mes côtés, un peu gêné et, baissant la tête, ajoute :
– Tu sais, ton livre est quand même un peu hard.
– Tu l’as lu ? dis-je décontenancé.
– Bien sûr, j’ai essayé sinon je ne t’en parlerais pas, répond-il surpris de
ma question. Tu affirmes que nous pouvons changer le futur. Et maman a
toujours un gros problème dans le futur.
– Lequel ?
– Tu dis qu’elle peut l’arranger sans que tu aies besoin de le connaître.
J’aimerais bien que tu m’expliques comment je peux changer le futur de ma
maman ?
Ce bout d’homme très sérieux m’amuse et m’étonne tout à la fois.
– Pourquoi dis-tu, dès la première page, que si je veux tout comprendre,
il faut que je commence par oublier tout ce que je sais. C’est idiot  !
Comment veux-tu que j’oublie tout ? Faudrait au moins que je me rappelle
pourquoi j’ai envie de te lire.
– Il s’agit seulement d’oublier tout ce que tu crois savoir.
– Alors, tu devrais simplement dire que, si je comprends tes histoires de
temps en oubliant les miennes, je change mon futur et j’ai une vie calme et
tranquille.
Il semble ne pas vouloir constater ma surprise qui doit certainement se
lire sur mon visage. Ses remarques me paraissent tellement étonnantes pour
son âge que je reste sans voix.
– Maman n’arrive pas du tout à trouver son équilibre pourtant elle a
essayé ta totale remise en question de sa façon de vivre. Mais son problème
est toujours là. Papa dit que tu es complètement allumé.
Mi-figue mi-raisin, il finit par me regarder droit dans les yeux, me
mettant un peu mal à l’aise :
– Ça m’a fait réfléchir parce que moi, j’allume une lampe pour y voir
clair. Alors je me suis dit : « Si je vois l’allumé, il pourra m’éclairer. »
Impossible de garder mon sérieux, j’éclate de rire.
– Si tu connaissais le gros problème de ma maman, tu ne rirais pas du
tout. Ça c’est sûr !
– Il est peut-être moins gros que tu ne le penses ?
J’essaie de reprendre mon sérieux.
– Il est énorme. C’est moi son gros problème  ! Je dois le résoudre et
pour ça, il faut que tu m’expliques comment marche le temps. J’aimerais
bien moi aussi contrôler le passé et le futur au lieu de me scotcher bêtement
dans des situations graves. Dis-moi de façon claire comment je peux être
maître de mon destin !
Je le regarde, ahuri, silencieux, estomaqué. Mon air doit le surprendre
car il éclate de rire à son tour.
 
 
 
 

1. Nul besoin d’être savant


 
 
 
 
Puis, l’enfant me regarde en soupirant.
– Tu sais, tu exagères de dire que cela ne nécessite aucune connaissance
scientifique particulière. Ma mère fait des complexes à cause de toi. Elle
n’est pas du tout scientifique. Elle a un mal fou à comprendre tes histoires
de temps. Alors j’aimerais bien que tu m’expliques comment contrôler le
passé et le futur sinon, je te laisse son problème sur les bras.
– Tu m’as dit que c’était toi son problème.
– Justement ! Je voudrais bien lui dire : je ne suis plus un gros problème
parce que je sais comment faire. Tu dis et tu écris que : « Se dédoubler est
une loi physique qui permet de créer le meilleur futur avant de le vivre. »
Moi je veux bien créer un meilleur futur, surtout pour maman, mais la suite
est trop difficile. Comment veux-tu qu’elle s’en sorte ?
Avec stupéfaction, je m’aperçois que des larmes coulent de ses yeux
tristes. Je me sens stupide de ne pas avoir vu le désarroi de ce jeune garçon
dont le sérieux ne peut plus cacher la faiblesse de l’enfant.
– Puisque tu prétends que c’est simple et bien je t’écoute.
D’un revers de la main, il essuie ses larmes, renifle et me regarde avec
un air de chien battu tout en ajoutant avec des sanglots dans la voix :
– Tu sais ? J’ai d’abord pensé que maman était nulle mais maintenant je
pense que c’est toi, le nul… sauf si tu me dis pourquoi je n’ai rien compris
alors que tu prétends que tout le monde peut te comprendre.
Il renifle encore, me sourit… un sourire qui ne renifle guère des
lendemains heureux :
– Ton fameux dédoublement, c’est quoi  ? Je dois absolument le
comprendre car il faut que tout redevienne comme avant à la maison.
Trop bouleversé, je ne sais quoi dire.
– Tu veux bien, hein ?
Comme il sent mon hésitation, il poursuit pour emporter le morceau :
– Tu peux faire ça très vite si tu ne m’expliques pas avec des gros mots
de savant, juste avec des petits mots pour que, moi et maman, on puisse
comprendre ! »
 
Comment refuser un tel appel au secours ?
 
 
 

2. Dédoubler l’espace et le temps :


Pourquoi ? Comment ?
 
 
 
 
 
Je me lance sans trop savoir ce que je vais bien pouvoir dire à ce gamin
pour le satisfaire :
– Dédoubler un espace, c’est…
L’enfant m’interrompt :
– Ça, j’ai compris ! Pas la peine de m’expliquer. J’avais deux poissons
rouges qui se battaient sans arrêt. Papa les a mis chacun dans un bocal.
Maintenant, je peux comparer leur réaction. Papa dit qu’il a dédoublé
l’espace des poissons. C’est facile à comprendre mais ton dédoublement du
temps, même papa n’y comprend rien.
– Imagine que le temps ne s’écoule pas à la même vitesse dans chaque
bocal !
Il s’esclaffe :
– Tu crois que les poissons regardent l’heure ?
– C’est une supposition.
– Tu devrais parler de grenouilles. Maman dit qu’elles sont sensibles au
temps.
Cet enfant serait-il pince-sans-rire ? Je ne décèle rien sur son visage si
ce n’est une très grande attention. Je lui précise d’un ton amusé :
– Il ne s’agit pas du temps qu’il fait mais du temps qui s’écoule.
– Je sais bien mais les poissons rouges se moquent autant du temps qui
s’écoule que du temps qu’il fait. La pluie et le beau temps, ça ne les
intéresse pas, ils sont toujours mouillés. Tandis que la grenouille, elle sort
de l’eau quand elle en a assez. Elle sait qu’il y a un temps pour chaque
chose.
Je saisis cette transition inespérée :
– Un temps pour chaque chose, voilà justement l’explication la plus
simple ! Si tu n’as pas le temps d’étudier un problème et si tu as besoin de
la solution pour survivre, que fais-tu ?
– Je meurs, répond l’enfant, heureux de sa réponse.
– Oui mais tu meurs idiot. En revanche, si tu disposes d’un autre espace
où le temps n’est pas le même, un endroit où une petite seconde de ton
temps dure plusieurs mois, tu as le temps de trouver la meilleure solution à
ton problème.
– Cet endroit existe vraiment ?
– S’il n’existait pas, tu ne pourrais pas vivre.
L’enfant me dévisage, interloqué :
– T’es bien sûr de ce que tu dis ?
– Chaque geste que tu fais pose un tas de problèmes à ton corps. Toi, tu
as la solution immédiate sans réfléchir, instinctivement. Tu respires, tu
marches, tu manges, tu bois sans avoir besoin de savoir ni comment ni
pourquoi. Ça ne te paraît pas curieux ?
Le visage du petit bonhomme rayonne de joie :
– Je vais étudier le problème de maman là où j’ai le temps et je ramène
la solution là où je n’ai pas le temps. C’est génial !
Son bonheur est de courte durée. Il proteste :
– Ce n’est pas génial parce que c’est impossible. Je sais bien que je suis
toujours là et jamais ailleurs.
– Sauf si tu as un double !
– Un double ? Un autre enfant comme moi ? Alors sa maman doit avoir
le cœur gros de chagrin comme la mienne.
– Il n’a pas besoin de maman là où il est.
Il semble soudain inquiet et très contrarié :
– Ma maman n’a pas de double ?
– Comme tout le monde, ta maman a un double. Mais il n’est pas la
maman du tien, c’est tout.
– C’est ça ta vraie de vraie découverte ? conclue-t-il, déçu.
– C’est une découverte importante puisque dans l’univers où tout est
double, c’est la seule façon de vivre. Tu as besoin d’étudier tes possibilités
futures là où il y a le temps, afin d’utiliser le meilleur à chaque instant là où
tu n’as pas le temps de réfléchir.
Je le sens très dubitatif :
– Si mon double avait trouvé la solution, maman n’aurait plus le gros
problème que je suis.
– Si tu savais l’écouter, tu aurais la solution. Mais tu ne sais pas
comment, et ta maman non plus, parce que vous croyez que c’est
compliqué. Pourtant, c’est simple. C’est si simple que personne ne veut le
croire.
– Si c’est aussi simple que ça pourquoi tu ne le dis pas d’un coup au lieu
de dire des tas de choses qui embrouillent la tête ?
– Je suis d’abord obligé d’expliquer des choses très compliquées pour
prouver ensuite que tout est très simple. Les adultes sont ainsi faits.
– Je ne suis pas un adulte.
– Oui mais tu n’es plus un bébé. Or un bébé utilise son double sans arrêt
parce qu’il en a besoin pour vivre et parce qu’il ne comprend pas encore le
charabia des adultes.
Un sourire radieux éclabousse soudain le visage de l’enfant :
– Tu sais, maman dit que je suis encore un bébé. Alors, tu peux me dire
ce que fait un bébé avec son double parce que moi aussi, je ne comprends
pas ton charabia d’adulte mais j’en ai besoin pour vivre.
 
 
 
 
 
 

3. Les rêves sont vitaux


 
 
 
 
 
Cet adulte dans ce brin d’homme ou ce bébé dans cet adulte me fait
fondre :
– Ton double peut s’occuper de toi pendant tes rêves. Seule, ta façon de
t’endormir lui permet de venir pour te conseiller et arranger tes possibilités
futures.
– C’est tout ?
– C’est tout. Un bébé le sait et vit sans souci du lendemain.
– Pas étonnant si personne ne te croit ! Mais moi, tu sais, j’aime bien.
Ça au moins, c’est simple et ça me plaît.
– Parce que tu es encore petit  ! Avec les grands, il faut cacher la
simplicité en essayant de blinder ses discours par des démonstrations en
béton armé parce que personne ne veut admettre que l’essentiel se résume
en très peu de mots.
– J’aimerais bien trouver dans tes explications les « très peu de mots ».
– Ils y sont  ! Le tout premier contrôle d’un rêve – qui, par définition,
n’est pas contrôlable – consiste à savoir s’endormir en attirant son double.
Si, comme les bébés, tu n’as pas besoin d’explication concernant
l’existence de cet autre toi-même, tu peux gagner un temps fou. C’est la
réflexion qui nous ralentit. As-tu déjà vu un animal qui réfléchit pour se
désaltérer ?
Cette idée le fait sourire. Je poursuis :
– Boire le temps, est tout aussi vital. Ça ne demande aucune réflexion.
Il me regarde, l’air inquiet :
– Boire le temps, t’es sérieux ?
– Il s’agit de boire des informations du passé et du futur pendant le
sommeil. Les rêves sont là pour ça. N’as-tu jamais remarqué qu’ils nous
font vivre dans un temps différent du nôtre ?
Il me coupe :
– C’est normal ce que papa dit.
– Que dit-il ?
– Il dit que tes histoires de temps différents sont des suppositions
gratuites parce que sans valeur.
– Lorsqu’il frappe à ta porte pour te réveiller, tu rouspètes parce qu’il t’a
sorti d’un rêve merveilleux et souvent très long.
Il me regarde, très surpris :
– Comment tu sais que papa fait ça ?
– Tu diras à ton papa que des chercheurs – c’est-à-dire des scientifiques
qui veulent à tout prix éviter les suppositions gratuites – se sont aperçus
avec stupéfaction qu’un rêve extrêmement long, avec des histoires à n’en
plus finir, pouvait être déclenché par le bruit qui réveillait le dormeur, c’est-
à-dire presque instantanément. Des électrodes sur la tête permettent de
chronométrer avec exactitude la durée d’un rêve. Cela prouve qu’il existe
bien deux écoulements de temps différents et pourtant simultanés. Alors
réponds-moi  : Pourquoi cette longue vie «  ailleurs  » ne te permettrait-elle
pas de bien vivre en retrouvant au plus vite un équilibre ?
– Que faut-il faire ?
– Savoir s’endormir pour contrôler ses rêves. Ce n’est pas sorcier. Si tu
ne le fais pas, tes rêves te conduisent vers des solutions qui n’ont rien à voir
avec tes problèmes et tu tournes en rond.
– Ça signifie quoi « bien s’endormir » ?
Sa soif de savoir et son impatience me surprennent :
– C’est ton double qui s’occupe de toi pendant tes rêves. Tu dois donc
d’abord lui exposer tous les problèmes qui te tracassent.
– Mais il doit bien les connaître, puisque tu affirmes que lui c’est moi !
– Il ne te voit pas et ne t’entend pas  ! Il ne sait rien de toi. C’est ton
corps qui enregistre ce que tu lui racontes. C’est lui qui restitue toutes les
informations à ton double lorsque celui-ci vient en toi pendant ton sommeil.
– Et après ?
– Après, tu t’endors en lui demandant ses solutions.
– C’est tout ?
Je sens encore la déception dans le ton de sa voix.
– Tu vois ! Tu commences à devenir adulte. Il te faut des explications.
Le bébé ne cherche pas à comprendre. Il fait entière confiance à ses parents
et s’endort avec facilité. Il ignore l’insomnie et les pensées qui le
détourneraient de son double. Il sait qu’au réveil, il aura les renseignements
nécessaires pour bien vivre. Si tu as cette certitude et cette confiance, tu
auras la meilleure solution possible à tes problèmes.
– C’est trop facile !
Malgré le ton de sa voix, je le sens ragaillardi, même joyeux.
 
 
 
 

4. Bouger nous fait vieillir plus


lentement
 
 
 
 
Avec insistance, il me demande :
– Si, pendant tes rêves, tu as le temps de prendre ton temps dans un
autre temps, ça te sert à quoi ?
– Ça te sert à étudier tes possibilités futures. Tu peux ensuite actualiser
la meilleure.
– Ça veut dire quoi exactement, actualiser ?
– À chaque instant, tu vis le futur qui te paraît bon dans ton temps à toi.
Tu le rends actuel instinctivement.
– Avec moi comme enfant, maman a dû choisir la pire de toutes les
actualisations.
D’un air dépité, il ajoute :
– Tu penses vraiment ce que tu dis lorsque tu dis que bouger nous fait
vieillir plus lentement que ceux qui restent assis sur leur chaise ?
– Je ne le dis pas tout à fait de cette façon, mais c’est parfaitement vrai.
– Papa dit que ce sont des « éculubrations ».
Il bute sur le mot et, voyant ma surprise, précise :
– Moi, j’aime bien tes « éculubrations. »
Sans prêter attention à mon sourire il poursuit :
– Pour simplifier le tout, ou pour faire genre grave, tu parles d’Einstein
et de la relativité du temps. Moi, je ne sais pas ce que c’est et maman non
plus. Quant à Papa, il dit que ce n’est pas de mon âge, comme ça, il n’a pas
besoin de montrer qu’il ne sait pas me répondre.
– Tu ne penses pas être capable de comprendre Einstein et surtout, de
mettre en application une théorie établie par un grand génie. Cependant, tu
es beaucoup plus savant que tu ne l’imagines car tu utilises cette propriété
physique à chaque instant pour survivre. La relativité des temps est
tellement ancrée en toi que tu n’y prêtes aucune attention. Tu es né avec
elle. Tu la connais si bien, elle te paraît tellement logique, que tu l’ignores
purement et simplement.
– Je l’ignore tellement bien que je ne vois pas comment je pourrais
l’utiliser.
– En utilisant le futur  ! Comme un pavé dans une mare, les idées
d’Einstein concernant le temps éclaboussèrent le monde entier. À l’époque
personne n’y voyait une quelconque application pratique. «  Comment
pourrions-nous ne pas vieillir de la même façon dans toutes les parties de
l’univers  ?  » disaient les scientifiques. Ils ne songeaient certes pas aux
voyances, intuitions et prémonitions si peu rationnelles à leur goût.
Cependant, les voyages dans des temps différents faisaient rêver. Les
scientifiques se posaient des questions stupides, reprises par des romanciers
et des scénaristes, comme par exemple : pourrions-nous devenir le père de
notre mère ou l’enfant de notre fils ?
– Comment cela ?
– Si tu imagines que tu peux revenir dans le passé après être allé vivre
dans le futur, tu peux rencontrer ta mère avant qu’elle ne soit mariée. Si tu
l’aimais avant ce voyage dans le temps, tu tombes forcément amoureux,
non ? Alors, tu l’épouses et tu as un enfant avec elle. Pendant sa grossesse,
tu reviens dans le futur et tu découvres alors que son enfant, c’est toi. Tu es
ton propre père. Ta mère qui évidemment te croit mort pense que tu
racontes des bêtises et que tu es seulement sa réincarnation.
– C’est complètement dingue !
– Oui mais trop dingue pour être vrai  ! La science-fiction et les
suppositions allaient bon train car personne n’imaginait que deux horloges
identiques puissent tourner à des vitesses différentes en s’éloignant ou en se
rapprochant l’une de l’autre2.
L’enfant est sidéré :
– Tu es sûr de ce que tu dis ?
– C’est prouvé3. Un cosmonaute dans sa fusée vieillit moins vite que
nous.
Il n’en croit pas un mot. Alors je tente une explication que je pense
cependant difficile pour son âge :
– C’est l’accélération qui crée ce phénomène. Si tu pars dans une fusée
ultrarapide pendant un an, tu peux revenir sur terre deux ou trois siècles
après. Tout dépend de ta vitesse. À ton retour, tes préoccupations et ton
langage donneront l’impression d’un passé très, très lointain.
– C’est sensationnel ! s’exclame l’enfant émerveillé.
Soudain, il prend un air profondément triste :
– Oui mais, si je pars en fusée maintenant, pendant un an seulement, je
reviens et c’est l’horreur.
– Pourquoi ?
– Je découvrirais Octavie toute vieille ou même morte.
– Qui est Octavie ?
– C’est ma fiancée, répond-il très fier. Elle est trop belle, tu sais. Mais
dis-moi, dans ma fusée, ma montre tournerait vraiment plus lentement que
la sienne ?
– Bien sûr !
– C’est incroyable. Tu te rends compte du nombre de piles que
j’économiserais ?
– À propos de montre…
Et jetant un œil sur ma montre :
– Ta maman sait-elle que je suis là ?
En effet, j’étais très surpris de son absence. J’épiais sa venue en
regardant très souvent la porte entrebâillée.
– Oui, elle va venir. Tu étais trop en avance. Elle n’avait pas encore eu
le temps de se faire belle.
– C’est elle qui est en retard. Tu devrais lui dire.
– Quelle importance ! Tu es venu voir maman pour son problème et je
te reçois juste avant puisque son problème, c’est moi. Comme dit papa,
c’est un échange de bons procédés, non ?
Je souriais de bon cœur devant cet enfant qui, sans lever la tête, tournait
les pages de mon livre comme un écolier appliqué.
Je ne savais pas que, derrière la porte, sa maman écoutait tout. Elle
aurait certainement bondi comme une lionne si j’avais eu un discours plus
déconcertant qu’efficace.
 
 
 

5. Observer et choisir le futur avant de


le vivre
 
 
 
 
Ce curieux petit homme semblait heureux, perdu dans ses pensées :
– J’aimerais bien être ce cosmonaute qui revient un an après pour 
observer et choisir le futur avant de le vivre à condition qu’Octavie soit
avec moi dans la fusée.
Retenant mon sourire, je reste cependant perplexe quant au gros
problème de cette famille et de cet enfant :
– Un voyage dans le temps, j’aimerais drôlement bien. Celui qui part au
temps des diligences et qui revient maintenant, découvre tous les progrès
d’un coup. La voiture, l’avion, le téléphone, l’ordinateur… C’est chouette !
– Et oui ! Il est parti à une époque où l’on s’entre-tuait à coup d’épée. Il
revient pour découvrir une civilisation où l’on tue beaucoup plus
proprement et rapidement. Pistolets, fusils, mitraillettes, canons, bombes
atomiques et toutes les merveilles de notre civilisation où l’argent a
remplacé les dieux de nos ancêtres.
L’enfant me regarde comme un canard regarde un couteau :
– Tu parles sérieusement ?
– Bien sûr !
– Tu oublies la télé, le cinéma, les bonbons, les chewing-gums. Ton
cosmonaute emporte tout dans sa fusée. Tu sais que ce n’est pas simple ton
histoire de temps  ? C’est compliqué mais ça me plaît bien. Les bandes
dessinées, c’est plus facile à comprendre. Tu devrais t’y mettre.
Il me dévisage en souriant et, avant que je puisse ouvrir la bouche,
poursuit :
– J’aimerais bien faire ce genre de voyages. Je me pose des questions, je
trouve les réponses là où ma fusée atterrit.
– Imagine maintenant que tu puisses revenir aussi vite que tu es parti !
Tout le monde ignorerait ton voyage et tu deviendrais un merveilleux
« voyant ».
– Si je reviens trop vite, je ne vois rien du tout.
– Mais si, car un bref instant sur terre, correspond à plusieurs jours là où
tu pars à toute vitesse pour vivre tes rêves. Il existe à tout moment des petits
bouts d’instants que tu n’as pas du tout le temps de percevoir : on dit que ce
sont des instants subliminaux.
– Tu sais, au lieu d’utiliser tes gros mots que personne ne comprend, tu
devrais dire ce que tu viens de me dire. Papa dit qu’il faut appeler un chat
un chat… même si tu n’as pas de chat. Dis-moi ! Les chats, ont-ils aussi des
«  instants sublimimaux  » pour sortir et revenir à toute vitesse sans qu’on
les voit ?
– Comme tout mammifère, les chiens, les chats et les hommes ne
perçoivent pas ces temps d’ouvertures parce que la perception est
totalement discontinue. Tu crois que tu vois tout le temps mais, en réalité tu
vois des images successives qui te donnent l’impression d’un mouvement
continu. Au cinéma, on voit vingt-quatre images par seconde. La vingt-
cinquième est invisible. Pourtant elle marque notre inconscient. Les
publicistes ont utilisé ces images subliminales. Ils ont ainsi vérifié avec
émerveillement qu’ils modifiaient les idées de ceux qui pensaient ne pas les
voir.
– Il y a sûrement des personnes qui utilisent ces images pour nous
transformer en marionnettes !
– C’est certain.
Il sourit, l’air malicieux :
– J’aimerais bien faire comme eux. J’ai vu un film où un homme se
déplaçait si vite que les autres n’avaient pas le temps de le voir bouger. Il
coupait les cravates, enlevait les ceintures des pantalons, défaisait les
soutiens-gorge des dames et après, c’était trop vraiment trop…
 
 
 
 

6. Entre la lumière du passé et les ténèbres du


futur, le dédoublement est imperceptible
 
 
 
À nouveau je veux regarder ma montre mais de sa petite main, l’enfant
en cache le cadran tout en me disant :
– Quand je dors, je sais bien que je reste dans mon lit ! Là, je crois que
papa a raison, tes histoires sont des histoires à dormir debout !
– La nuit, nous sommes tous des voyageurs ultrarapides. Nos rêves nous
entraînent vers d’autres espaces, à des vitesses prodigieuses. Et sais-tu
pourquoi ?
– Non !
– Tu as un autre corps très aérien qui, chaque nuit, quitte ton corps qui
dort. Il part encore plus vite que la lumière. C’est la condition indispensable
pour avoir deux vieillissements très différents  ! Tu vis longtemps là où tu
vas, tandis qu’ici, tu n’as jamais le temps d’observer tes allers-retours. Ton
voyage est imperceptible. Là où tu vas, tu possèdes une autre expérience
dans un temps différent du tien.
– Si j’abandonne mon corps, il meurt, non ?
– Il n’as même pas le temps de s’en apercevoir. Et toi, tu penses même
que ton voyage n’existe pas, car généralement, tu ne t’en souviens pas du
tout.
– Mais à quoi ça sert de voyager si vite et si loin si tu ne t’en souviens
pas ?
– Dans les boîtes de nuit, tu as souvent un disque plein de trous qui
tourne devant un projecteur : ça s’appelle un stroboscope. En le mettant en
route, tu vois les danseurs chaque fois qu’un trou passe devant la lumière.
Avec une faible vitesse du disque, tu as une impression de ralenti. En
l’accélérant tu finis par percevoir un éclairage continu. Cependant, tu sais
bien que de temps en temps tu ne vois plus rien. Si ton voyage ultrarapide
« ailleurs » s’effectue dans un temps d’obscurité, personne ne remarque ton
absence. Cette lumière «  stroboscopique  » existe partout. Nos réverbères
s’éteignent et se rallument cinquante fois par seconde.
– Je ne comprends pas pourquoi ils n’allument pas la lumière tout le
temps au lieu de l’éteindre et de l’allumer sans arrêt comme des fous. Papa
n’a pas su me dire pourquoi ils faisaient ça. Mais il a dit quelque chose de
drôle. Tu sais ce qu’il a dit ?
Il me regarde avec un air tellement malicieux que je lui demande :
– Qu’a-t-il dit de si drôle ?
– D’après lui, il n’y a que toi qui es allumé tout le temps.
– Aurélien voyons, crie sa mère ouvrant en grand la porte du salon.
Je me lève aussitôt pour la saluer.
– Bonjour Monsieur  ! Il voulait tellement vous voir seul que je l’ai
laissé avec vous. Ne vous occupez pas de moi.
– Maman, écoute ça  ! Tu vas comprendre pourquoi je peux voir des
choses qui n’existent pas pour papa, dit le petit Aurélien, surexité. Chaque
nuit, je pars à toute vitesse faire des tas et des tas d’expériences très loin. Je
pars et je reviens si vite que mon corps ne s’en aperçoit même pas.
– Je parlais des rêves à votre fils.
– Je m’en doute, dit-elle d’une voix douce en le regardant. Aurélien est
très perturbé en ce moment par des cauchemars à répétition.
 
– Tu sais pourquoi mes cauchemars sont noirs ? C’est parce que je n’ai
pas le temps de savoir que je pars.
Voyant l’air surpris de sa maman, je précise immédiatement :
– Mais non  ! Tout dépend de l’endroit où tu vas. Le temps peut
s’accélérer ou se ralentir. Les rêves sont lumineux et les cauchemars très
noirs. Tout dépend des vibrations lumineuses qui s’intensifient dans les
temps accélérés au point de devenir très sombres. Là où tu vois ton futur,
tout est obscur.
L’enfant fixe sa mère en soupirant et en me désignant :
– Il est toujours comme ça !
– Ça suffit Aurélien ! On ne parle pas ainsi.
– Mais c’est vrai ce que je dis  ! poursuit-il mécontent. Son livre est
quand même dur, avec des phrases incompréhensibles et tu n’oses pas lui
dire de peur de passer pour une idiote.
– Votre fils a raison ! Les mots sont compliqués, mais la loi est simple.
Voulant atténuer le courroux de la mère, je me tourne vers ce dernier :
– Si une seconde dans ton lit devient des jours là où tes rêves
t’emmènent, tu peux dire que le temps s’accélère. Sais-tu pourquoi tu
remarques cette accélération ?
– Non.
– Parce que autour de toi, il fait très sombre.
– Même en plein jour ?
– Bien sûr puisque tu es habitué à vivre dans un temps normal,
complètement différent du temps accéléré qui existe là où se fabrique ton
futur potentiel.
– Un futur potentiel ? C’est quoi ?
– Une voiture peut rouler à deux cents kilomètres à l’heure. C’est un
potentiel que tu n’utilises pas d’ordinaire. Tu peux être méchant, c’est
encore un futur potentiel que tu n’utilises pas quand tu es gentil. Ton
présent est dans une lumière terrestre si éclatante que là-bas, dans le futur,
tout te paraît sombre. Tu entrevois d’effrayantes possibilités d’avenir dans
une obscurité totale qui te semble souvent infernale.
 
– Comment faire pour ne rien voir ? J’en ai marre des cauchemars.
– Il faut te rendre là où le temps est ralenti, là où vit ton double. Pour
lui, c’est toi qui vis dans le noir sur une planète qui te semble lumineuse.
Tout est une histoire de vitesse. La terre parcourt un espace dans notre
système solaire tandis que notre soleil traverse un autre espace dans la
galaxie…
– Tandis que la galaskie, poursuit Aurélien en écorchant le mot, traverse
l’univers.
– Parfaitement ! Le lieu où tu vis t’entoure d’une lumière qui t’éclaire.
Lorsque tu quittes ton corps, tu vas là où la lumière n’est plus la même. Si
le temps est accéléré, tout te semble sombre. S’il se ralentit, tout devient
éclatant.
Un coup de sonnette nous interrompt.
Je me lève aussitôt :
– Je vous laisse.
– Mais non ! fait sa mère en se levant à son tour. J’en ai pour très peu de
temps. Dites à mon fils de venir me chercher dès que vous voudrez me
parler ou partir mais je vous en prie, expliquez-lui comment se débarrasser
de ses cauchemars !
À peine sa mère sortie, l’enfant se met en position de combat et
s’exclame, fier de lui :
– À moi, la force de l’obscur !
Je souris intérieurement :
– Sais-tu que nos ancêtres, savaient pertinemment que le futur infernal
se cachait dans l’obscurité ? Ils craignaient les « Enfers » qui se perdaient
dans la nuit des temps.
Aurélien prend un air inquiet :
– Tu crois vraiment qu’il y a un prince des ténèbres tout noir et plein de
pouvoirs magiques ? »
– Lumière et ténèbres ! C’est la Création : « Et Dieu sépara la lumière
des ténèbres ». Tu vois que cette phrase de la Bible est une parfaite réalité
physique. Le Créateur fabrique d’abord le futur la nuit, avant d’actualiser le
meilleur le jour. « Il y eut la nuit, il y eut le jour… »
– «  Et Dieu vit que cela était bon  !  » comme les croissants au petit-
déjeuner ! conclue-t-il avec un joyeux sourire.
 
 
 
 

7. Pourquoi se dédoubler ?
 
 
 
 
Très vite, le jeune garçon retrouve son sérieux :
– Maman dit que l’au-delà nous dirige. Ça fait rire papa : il dit qu’au-
delà de tout, il y a forcément rien sinon ça serait dans le tout qui comprend
tout. Tu crois aux extraterrestres, toi ?
– Je pense que toutes les étoiles doivent être habitées. Pourquoi serions-
nous une exception dans l’univers ?
– Papa dit que ceux qui parlent des extraterrestres sont bons pour l’asile
parce que les fous en voient tout le temps. Moi je sais bien que je ne suis
pas fou et que le fou c’est celui qui ne voit pas ceux qui nous parlent dans la
tête. Il y en a tout plein et ce tout plein nous donne tout plein d’idées. »
– Notre tête est faite pour écouter notre double. Seulement, il y a des
voyous qui l’utilisent pour nous donner des informations qui sont fausses.
Il semble ahuri pour ne pas dire effrayé :
– Il y a aussi des voyous dans l’espace ?
– Je t’ai dit que, pendant tes rêves, tu quittais ton corps et la terre à toute
vitesse. N’importe qui peut en faire autant. Tu deviens «  extraterrestre  »
pendant qu’un « extraterrestre » vient en toi.
Soudain, je le vois blêmir :
– Tu dis que je deviens extraterrestre ! C’est complètement fou ! Je ne
peux pas devenir comme eux, tout gris, sans cheveux, avec des trous en
guise d’oreilles…
– Mais bien sûr que non  ! J’emploie ce mot pour te faire comprendre
que tu quittes ta terre à toi pour aller «  ailleurs  ». C’est ainsi que les
informations circulent dans l’univers. Quand elles te déplaisent, ça devient
un cauchemar et tu te réveilles pour y échapper. En revanche, si tu utilises
ces voyages pour prendre la place de ton double, ce dernier prend la tienne
et tes rêves t’embellissent la vie. En lui, tu retrouves ta mémoire pendant
qu’il donne les meilleures informations à ton corps qui retrouve toute sa
vitalité. Au réveil, tu as des instincts et des intuitions salutaires. Les
cauchemars disparaissent.
– Pourquoi ne vient-il pas me les enlever chaque nuit ?
– Il ne peut être en toi que si tu lui demandes de venir.
– Un type qui tombe du ciel, je vois ça d’ici ! J’ai vu un film comme ça
à la télé : les militaires l’ont l’enfermé pour l’étudier de la tête aux pieds.
– Si tu étais ce double, tu ne serais pas fou. Tes arrivées seraient
imperceptibles, subliminales  ! Tu serais l’observateur invisible du lieu
obscur où se fabriquent, sur tes conseils, tes futurs instantanés.
– Si je suis un double invisible, comment veux-tu que je fasse pour
donner des conseils ?
– Si ton double ne peut pas le faire, son avenir chez lui devient
hasardeux puisqu’il ne peut vivre dans son monde qu’en actualisant un futur
potentiel fabriqué par toi sur terre. S’il veut éloigner les dangers, il est
indispensable qu’il te guide. Il n’a pas d’autre choix. Il faut cependant que
tu puisses l’écouter.
– Comment ?
– En le faisant venir et en écoutant les intuitions qui en résultent ! Il te
remplit la tête d’un tas d’envies nouvelles qui te font agir dans la direction
qu’il souhaite. Il te libère des projets passés que des voyous avaient glissés
dans ta mémoire pendant tes cauchemars.
 
– Tu penses vraiment que je vais entendre des voix, comme Jeanne
d’Arc ?
– Tout le monde en entend mais peu les remarquent. Nous vivons grâce
aux pensées qui nous viennent en permanence d’autres mondes et d’autres
temps pour nous guider. Sans elles, nous n’aurions aucun instinct, aucune
intuition, aucune prémonition.
– Je vois d’ici la tête de papa entendant des voix venues du ciel.
– Ton double sait bien qu’il n’est qu’un observateur extérieur du pauvre
petit terrestre que tu es. Tu peux écouter qui tu veux et oublier jusqu’à son
existence. Cependant, c’est lui qui sait ce que tu dois faire sur terre. Il
voyage à travers l’univers, observe, à droite, à gauche, les meilleures
possibilités d’avenir. Il voudrait bien te les indiquer puisque c’est toi qui lui
fabriques son futur sur terre. Tu comprends pourquoi il vient dès que tu le
souhaites. Certes, ses voyages lui prennent du temps. Mais sa vitesse est
énorme, ses absences très courtes. Et depuis 1989, les portes entre les temps
différents sont grandes ouvertes, et tu sais  : j’en parle aussi de façon
scientifique. Les adultes ont besoin de ça !
Aurélien semble subjugué :
– C’est fou cette histoire ! Mais comment peut-il donner des conseils à
quelqu’un qui, comme moi, ne le voit pas, qui ne sait pas qu’il est là dans
l’invisible ?
– Si tu sais que tu es dédoublé, tu en profites à chaque instant. Il suffit
de savoir lui parler.
– Mais personne ne le sait !
– C’est bien pour cela que tout le monde fait n’importe quoi sans
comprendre la vie. Ton double peut venir comme l’éclair pour te guider en
permanence  ! En l’écoutant, tu sais toujours que tu lui fabriques des
potentiels agréables qui seront actualisés chez lui le moment venu, à la fin
de ton dédoublement.
– Là, je ne comprends pas bien  ! Veux-tu dire que mon double vit
ailleurs sur une autre planète ?
– Ton double est resté là où tu l’as quitté au commencement du dernier
cycle de dédoublement des temps. À la fin de ce cycle qui dure vingt-cinq
mille ans, tu dois le retrouver. Et cette fin est très proche.
– Et cet endroit, où est-il ?
– Chaque homme a une étoile dans le ciel.
L’enfant éclate de rire :
– Je crois que papa a raison  ! clame-t-il en essayant de reprendre son
sérieux. Il dit que tu as trop d’imagination et qu’il ne faut pas suivre les
« doux rêveurs ».
– Tu diras à ton papa que Platon disait la même chose.
– Qui est Platon ?
– Un philosophe grec qui vivait plus de quatre siècles avant Jésus-
Christ. Il disait4 :
– Chaque âme a une étoile et celui qui vit bien durant le temps qui lui
est accordé retournera vers le séjour de son étoile conjointe. »
– On ne disait pas de bêtises à cette époque-là ?
– Si, les mêmes que les miennes et ce sont ces bêtises-là qui te
permettent de bien vivre.
Mais mon petit interlocuteur ne m’écoute déjà plus :
– Tu sais que ça ne peut pas marcher ton histoire de dédoublement  !
Nous sommes des milliards sur terre. Il y aurait des milliards de doubles
capables de nous diriger et de nous conseiller de cette façon  ? Cela
deviendrait vite infernal.
– Mais c’est déjà infernal  ! Nous écoutons n’importe qui, n’importe
quoi, n’importe où. Or, nous avons, chacun de nous, sans aucune exception,
un double capable de nous conseiller et vivant dans un temps ralenti. Le
problème que nous devrions nous poser n’est pas de savoir qui reçoit les
meilleurs conseils sur terre mais comment recevoir ceux de notre double.
Ce dernier est forcément le seul à être adapté à notre cas puisque lui c’est
nous.
Aurélien lève les yeux, songeur :
– Comment peux-tu savoir que c’est mon double qui doit me
conseiller ? Je peux bien le conseiller aussi.
– Il est dans sa lumière. Tu vis dans un temps accéléré, c’est-à-dire dans
ses ténèbres qui te semblent lumineuses. C’est toi qui lui fabriques ses
possibilités futures. Tu l’as oublié, pas lui. Or, tu lui es indispensable. Il le
sait, pas toi.
– Comment j’ai fait pour atterrir dans le ventre de maman ?
– Ça, c’est plus long à expliquer.
Devinant sans doute mon intention de lire l’heure, il met encore sa main
sur ma montre :
– Tu peux bien me dire en deux secondes où je vais aller après ma mort,
puisque tu dis que je vais le rejoindre ?
– Que veux-tu que je te dise ? Il est là où tu iras lorsque tu mourras si tu
arrives à le rejoindre. Pour lui, ta vie n’apparaît pas dans son temps. Il a,
comme toi, des instants imperceptibles qui lui permettent d’échanger des
renseignements avec toi. Il actualisera dans sa vie le meilleur futur que tu
auras pu lui fabriquer. Tu vois l’importance de tes rêves.
– Et si je lui fabrique un mauvais futur ?
– Il actualisera un mauvais présent dans sa vie. Et comme sa vie c’est la
tienne après ta mort, tu vivras mal et lui aussi.
– Mais personne ne m’a jamais dit ça, s’exclame-t-il, affolé.
– Pourtant tu as bâti avec lui le corps qui t’anime sur terre. Tu l’as fait
pour résoudre des problèmes tout à fait personnels. Certains hommes ont
besoin d’un siècle, d’autres meurent dans le ventre de leur mère. Tout
dépend de tes questions. Si tu peux trouver des réponses plus rapidement en
étant aveugle ou débile, tu naîtras aveugle ou débile. Il n’y a aucune
injustice dans nos différences puisque c’est nous qui les avons décidées
avant de naître.
– Et si je meurs trop tôt ?
– Ne te préoccupe pas de ça ! Si tu restes en relations constantes avec
ton double, il te protège et tu meurs le moment venu, à ton heure. Pour lui,
les réponses aux questions que nous nous sommes posées avant notre
incarnation sur terre sont indispensables après notre mort. Nous devons
survivre ailleurs ensemble avec les bonnes solutions. Si tu conduis ton
corps et ton esprit sur une voie sans issue, tu te déséquilibres. Si tu cherches
les renseignements utiles, tu retrouves l’équilibre qui te permet de continuer
les recherches entreprises avec ton double.
Malheureusement pris par le temps, je dois le quitter. Voyant son air
triste à en mourir, je lui promets de revenir :
– Demain à la même heure ?
– Et cette nuit, qu’est-ce que je fais ? demande-t-il inquiet. Je n’ai pas
tout compris.
– Fais comme le bébé qui ne cherche pas à tout comprendre avant
d’essayer. Commence donc par te dire que demain tout sera arrangé selon
les souhaits de ton double et que s’il juge bon que je vienne, je serai là.
– Tu es à peine arrivé que tu veux partir. Toi, tu dois avoir un vrai
problème avec le temps, c’est moi qui te le dis ! À quoi sert de m’expliquer
que le futur existe si tu ne sais même pas me dire ce que je vais faire quand
tu seras parti. Si ça se trouve, à cause de toi, je suis déjà malade dans
l’avenir.
Je me contente de lui répondre :
– Demande à ton double  ! Fais comme nos ancêtres qui essayaient
d’apprivoiser le futur pour le rendre potable avant de le boire ! Les augures,
les oracles, les prédictions5, les pythies, les prophéties étaient à notre
disposition, avec leurs spécialistes. Écoute et avale ce qui te vient à
l’esprit !
Content de voir que je n’ai pas manifesté le désir de partir, il conclue :
– J’avale sûrement, toutes les nuits, des futurs tellement mauvais que je
ne les digère pas. Il y en a qui ont très mauvais goût, tu sais ?
– Tu en avales mais tu en fabriques aussi. Nous émettons et recevons
des renseignements à chaque instant et nous l’ignorons. Si nous ne savons
pas les trier, nous avançons dans le futur sans code de la route, brûlant des
feux rouges à tout moment, comptant sur la chance pour éviter l’accident.
Le futur t’ouvre toujours un éventail de possibilités. À toi de choisir le
meilleur avenir et le moins dangereux en suivant les conseils de ton double.
 
 
 
 

 
8. Boire un futur potable pour éviter le
stress
 
 
 
 
– Tu disais toi-même, s’exclame Aurélien, que si tu connais ton futur à
l’avance, tu t’ennuies ou tu as une peur bleue.
Ses questions se succédaient dans le but évident de m’obliger à rester en
sa compagnie.
– Savoir arranger le futur est plus important que de le prédire en le
pensant préétabli. Nous ne sommes pas prédestinés puisque nous pouvons
changer l’avenir à chaque instant.
– Ça veut dire quoi prédestinés ?
– Ça veut dire que nous ne sommes pas obligés de vivre le futur qui
s’offre à nous. Nous pouvons le changer à chaque instant mais faut-il
encore savoir ce qui nous convient ! Tu vois donc qu’il n’est pas mauvais
d’avoir des indications de notre double pour être tranquille. Comment veux-
tu avoir peur du lendemain si tu reçois chaque nuit de bonnes
informations  ? Il te suffit dans la journée de suivre tes pensées et tes
intuitions. Elles seront le reflet de ces conseils nocturnes.
– Tous les matins, je me réveille avec une boule, là !
Il me montre son sternum :
– J’aimerais bien que ça disparaisse sans être obligé de me souvenir de
mes rêves.
– Il ne s’agit pas de te souvenir de quoi que ce soit mais de supprimer
les possibilités futures inadaptées à ton organisme. Sans contrôle de tes
intuitions et de tes instincts, le retour dangereux d’un futur oublié est
inévitable.
– Quel futur oublié ?
– Tout ce que tu as pu penser un jour et dont tu ne te souviens
absolument plus  ! Par exemple, tu penses à tuer la caissière d’un
supermarché qui t’énerve.
– Surtout celle du supermarché d’en face ! Elle est tellement bête et elle
se croit tellement fine ! Elle me parle comme à un bébé et, à chaque fois,
j’ai envie de l’étrangler.
– Bien évidemment, tu sais que tu ne le feras pas. Mais le meurtre existe
déjà dans le futur. N’importe qui pourra utiliser ce potentiel et commettre
un assassinat que seule, ta pensée a créé. Tu seras coresponsable. Vois-tu les
dangers d’un potentiel oublié  ? Tu fabriques du mille volts et quelqu’un
s’électrocute en se branchant sur ton potentiel parce qu’il ne supporte que
du deux cent vingt volts.
– Moi, mon potentiel doit être proche de zéro. Je ne peux plus manger.
Maman ne me force plus à prendre mon petit-déjeuner parce que je vomis à
chaque fois ! Crois-tu que mon double puisse enlever ma peur ?
– Seulement si tu lui permets  ! Il est difficile de savoir si ton
endormissement est bon. Cependant, il existe un critère infaillible  : dès le
lendemain, tu n’es plus stressé. Tu te sens bien. Notre double nous remet
toujours sur une voie qui n’engendre aucune peur du lendemain. Même si tu
n’en as aucun souvenir, ton corps a reçu les informations salutaires. Comme
toi, il se sent bien et te le dit à sa façon. Pourtant dans ta tête, tu penses que
les problèmes ne peuvent pas changer dans la nuit.
– Tu as déjà vu quelqu’un qui n’a plus peur du tout le matin en se
levant ?
– Bien sûr ! J’ai de nombreux exemples.
Je pensais immédiatement à ce chef d’entreprise fortement déprimé :
– « C’est la totale ! » disait cet homme bourré d’ennuis. « Mon usine est
au bord de la faillite, ma femme m’a quitté et, à cause de ma maladie, je me
demande si je n’ai pas déjà un pied dans la tombe. » Peu de temps après la
formation qu’il avait suivie, il nous écrivait : « Enfin une vie sans stress ! »
Par la suite, son usine redémarra et bien évidemment son état s’améliora.
– Mais malheureusement sa femme revint ! ajoute Aurélien en éclatant
de rire.
– Ils ont divorcé mais sans querelle.
– Un malade, c’est quelqu’un qui a peur de la mort, mais moi, je n’ai
pas d’usine, pas de maladie. Maman dit que j’ai trop de stress, mais c’est
quoi le stress ?
– Le stress est toujours la conséquence d’un problème sans solution
apparente.
– J’ai bien une solution mais elle me fait encore plus peur.
– Demande à ton double  ! S’il n’y a pas de solution, il effacera ton
problème.
– Comme ça, d’un coup ?
– C’est possible ! Tout dépend de toi.
– Et comment puis-je le savoir ?
– En l’écoutant.
– Faudrait que je puisse l’entendre !
– Tu dois faire attention à tout, sa réponse arrive souvent par des
chemins détournés.
– Dans ton livre, tu donnes des tas d’exemples « trop top » mais moi, je
n’ai rien.
– Tu as toujours des indications « trop top », comme tu dis ! À toi de les
voir ! Un livre qui tombe, une phrase à la télé, tout ce que tu perçois peut
être un renseignement utile. Il faut réfléchir avant de rejeter comme un
détritus sans intérêt ce que tu lis, vois, entends ou que sais-je encore. Tu
peux te reposer sur ton double pour tout et à chaque instant si tu sais
l’utiliser dans tes rêves. « La nuit porte conseil » est un dicton valable qui
était toujours mis en pratique autrefois. Interpréter les signes est une
nécessité pour celui qui veut anticiper les meilleurs futurs.
– Papa dit qu’au tennis, je sais très bien anticiper.
– Fais la même chose dans la vie ! Savoir que la solution est au bout du
chemin te libère de toute angoisse et te permet d’envisager l’avenir sans
crainte.
– Maman a essayé toutes les solutions sans succès. J’ai toujours mon
gros problème. Je peux te dire : elle a tout fait. Papa dit en rigolant qu’elle
dilapide l’argent du ménage. En tout cas, ce qu’il y a de bien avec notre
double, c’est que tu n’as pas besoin d’argent pour le contacter.
Il semble soudain tellement perdu dans ses pensées que j’en profite pour
jeter un bref coup d’œil vers ma montre.
L’enfant n’est pas sans le remarquer :
– De plus, il ne regarde pas sa montre à tout bout de champ. Elle marche
trop lentement dans son temps.
Je le regarde en souriant. Il me rend mon sourire :
– Maman dit qu’il y a pourtant des techniques qui marchent avec des
gens qui ignorent tes histoires de temps ! Sinon, personne ne les utiliserait.
– C’est exact. Mais il faut d’abord savoir pourquoi elles marchent afin
de pouvoir enlever tout l’inutile qui crée les superstitions.
– Les superstitions sont inutiles ?
– Bien sûr ! Si tu penses qu’il est mauvais d’être treize à table, de passer
sous une échelle, de voir un chat noir, tu fabriques dans le futur un mal qui
sera actualisé par celui qui pensera comme toi. Un malheur te tombe sur la
tête. Tu as un ami qui te dit : « Une tuile ne vient jamais seule. » Il actualise
aussitôt un deuxième ennui qui aggrave le premier. Cet ami est tout aussi
dangereux que celui qui, avec un sourire narquois, te précise  : «  Jamais
deux sans trois ! » Te voilà à l’hôpital où tu clames à tout le monde que tu
avais pourtant été bien prévenu. Tu ne fais qu’augmenter le danger des
superstitieux.
– Mais tout le monde dit ça ! Je ne peux pas me boucher les oreilles tout
le temps.
– Ce n’est pas en évitant ceux qui te disent des bêtises que tu fuiras les
conséquences des bêtisiers et des superstitions. C’est en demandant à ton
double de faire le tri et d’optimiser les techniques. Car, dans l’ignorance,
elles peuvent devenir dangereuses tout en restant parfois apparemment
efficaces. Si tu ne connais rien du passé et du futur à quoi te sert une
gymnastique, des ablutions, des chants, des danses si ce n’est à t’amuser.
Comment peux-tu savoir s’il est bon de marcher sur le feu, prendre des
drogues, s’immobiliser, entrer en transe, demander à Dieu, au Diable, prier
tous les saints du paradis, mettre des cierges dans les églises ? Lorsque tu ne
sais rien, l’intuition est toujours moins dangereuse que la superstition.
– Tu dis toujours que c’est à la portée de tous et moi je te dis que tu
exagères un peu, beaucoup.
– Il est simple de se dire que le jour apporte des problèmes que nous
pouvons résoudre la nuit. Nous préférons penser que nous n’avons aucune
responsabilité dans nos déséquilibres, qu’un Dieu bienveillant veille sur
nous ou qu’une malchance nous fait la grimace alors que nous récoltons
toujours le fruit de notre endormissement.
Je jette encore un regard sur ma montre. Aurélien proteste :
– Jamais je ne comprendrai tout si tu dois toujours partir dès que tu
arrives. Si tu perds un tout petit peu de temps avec moi, ton double ne t’en
voudra pas puisqu’il ne s’en apercevra même pas dans son temps à lui.
Alors fais-moi plaisir, reste encore un peu !
– Tu es un gamin infernal !
– Ça veut dire que tu restes ?
– J’ai beaucoup de travail.
– Si tu tiens compte de ce que je te dis, tu peux changer ton livre et
comme ça tes lecteurs changeront leur futur beaucoup plus facilement. Tu
n’auras pas perdu ton temps puisque tu vendras plus de livres. Comme tu
auras plus de lecteurs, tu auras plus de potentiels et tu changeras toute la
planète. Il n’y aura plus de catastrophe et tout le monde dira : heureusement
qu’il a rencontré le petit Aurélien, sinon la terre entière serait déjà détruite.
Et qui s’occupera de l’aide humanitaire lorsque tout le monde aura besoin
d’être aidé ? Personne. Tout le monde s’occupera de personne. Je vois déjà
tous les mauvais futurs qui se fabriqueront à cause de quelque’un qui veux
partir dès que qu’il s’installes sur une chaise.
– Tu commences à bien comprendre mes histoires petit bonhomme.
Je pensais que je venais de recevoir une bonne leçon et de ce fait, j’étais
beaucoup moins pressé. Avec un sourire en coin, Aurélien poursuit :
– Tu dis qu’avec le double, le lendemain est toujours meilleur que le
jour même. Est-ce toujours vrai ?
– Parfaitement !
L’enfant soupire :
– Si je me fabrique un futur comme il faut, je ne craindrai peut-être plus
rien mais je n’aurai plus envie de rien puisque tout sera bien. Papa dit que
ce n’est pas la peine d’avoir des milliards parce qu’un milliardaire ne désire
plus rien : il a tout ce qu’il veut puisqu’il achète tout ce qu’il peut.
– Choisir son futur n’est pas aussi simple que ça !
 
 
 
 

9. La simplicité de l’endormissement
 
 
 
 
Ce curieux petit homme lance alors une remarque pertinente :
– Si j’ai bien compris, il vaut mieux choisir un bon matelas pour passer
une super-nuit !
– Sais-tu, que Pythagore6 disait déjà dans « les vers d’or » : « Habitue-
toi à maîtriser ton sommeil… N’accueille pas le sommeil sous la douceur
de tes yeux avant d’avoir examiné chacun de tes actes du jour. C’était plus
de quatre siècles avant Jésus Christ.
– Tu parles de qui ?
– De Pythagore. Tu n’as jamais entendu parler du théorème de
Pythagore ?
Aurélien soupire :
– Non et ce n’est pas un théorème qui me fera mieux comprendre. Papa
dit que tu nous entraînes dans le labyrinthe de la complexité. C’est quoi le
labyrinthe de la complexité ?
Je ne peux retenir un fou rire.
– Au lieu de rire, tu devrais me répondre.
– La complexité, c’est tout le contraire de la simplicité. Et pour
contrôler ses rêves, rien n’est plus simple. Tout d’abord, avant de
t’endormir, tu t’adresses à ton double pour lui dire tout ce qui t’ennuie, sans
rien lui cacher.
– Même les gros, gros ennuis ?
– Tout, même ce qui te fait peur.
– Si je me fais peur avant de m’endormir, je ne dors plus !
– Pourquoi avoir peur puisque tu vas avoir la solution ! De plus, tu n’es
pas obligé d’y penser juste avant de t’endormir. Tu peux le faire un peu
avant. Autrefois, nos ancêtres se mettaient à genoux pour réfléchir à leurs
problèmes tout en évitant le sommeil. Les chrétiens ont utilisé cette position
pour prier plus facilement, sans plus en connaître la cause exacte.
– La grand-mère de maman avait un prie-Dieu dans sa chambre. Je
pourrais l’utiliser !
– Pourquoi ? Il est bien inutile de rendre confortable une position qui,
pour éviter le sommeil, doit être inconfortable. D’autant plus qu’il faut très
peu de temps pour lui raconter tes problèmes, tu les connais par cœur.
– Et après ?
– Après, tu te couches si ce n’est déjà fait et, toujours avant de sombrer
dans le sommeil, tu demandes à ton double de trouver la meilleure solution
à ton gros problème.
– C’est tout ?
– C’est tout. C’est d’autant plus simple que tu ne lui demandes pas ta
solution, mais la sienne qui est peut-être loin de la tienne. Ça sera la grosse
surprise.
– T’es sûr que mon gros problème va vraiment dispaître, rien qu’en lui
demandant une grosse surprise  ? rétorque l’enfant stupéfait d’une telle
simplicité.
– Si tu as la certitude que ton double va te donner la solution, il ira la
chercher dans ton futur. Il suffit que tu lui fasses confiance et que tu
t’endormes sans penser à autre chose. Tu fermes les yeux, confiant, sûr du
résultat.
– Il ne m’a jamais répondu, je ne vois pas pourquoi il le ferait parce que
je suis confiant et sûr du résultat ! clame Aurélien déçu.
– Si tu ne t’endors pas immédiatement, c’est que tu penses à autre
chose. Tu prouves ainsi à ton double que tu n’attends rien de lui, ou que tu
as peur de l’avenir ou, pire encore, que tu ne veux pas de sa solution. Quand
tu poses une question à tes parents, tu ne pars pas avant d’avoir eu leur
réponse, non ?
Aurélien réfléchit une seconde avant de réaliser, heureux :
– Mais c’est bien trop simple !
– Bien sûr puisque tu renonces à être compliqué. Si tu avoues ton
impuissance, cela signifie que tu penses que ton double possède une plus
grande puissance que la tienne. Il n’attend que cela pour te le prouver.
Pourquoi veux-tu que ça ne marche pas ? Il voyage partout à la recherche
de la meilleure solution et, dès que tu lui demandes de l’aide, il vient
aussitôt pour te guider vers tes meilleurs futurs.
– Et si je n’en avais pas de bons ?
– Il les arrangera avant que tu puisses les actualiser.
– Dès qu’il vient, je m’endors ou je m’endors pour qu’il vienne ?
– Comme tu ne penses à rien d’autre, tu attends son aide et sa réponse
avec impatience. Alors, tu t’endors comme un bébé dans la seconde qui
suit. Tu sais que tu vas avoir une grosse surprise et que le lendemain matin
tout sera mieux que la veille. Sans savoir pourquoi, tu te réveilleras bien
dans ta peau. Ton gros problème aura certainement trouvé une solution. Il te
suffira par la suite de vivre selon tes instincts et tes intuitions pour t’en
apercevoir.
 
 
 
 
 

10. Réussir sans chercher à


comprendre
 
 
 
Le lendemain, à peine ai-je sonné, qu’Aurélien m’accueille en me me
sautant au cou. Sans prendre la peine de respirer, il s’écrie :
– Même papa a bien dormi ! Au fait, je ne t’ai pas fait les présentations.
Papa, c’est Charles et maman, Françoise. Moi, j’aurais préféré François et
Charlotte.
Souriante, cette dernière m’interpelle aussitôt :
– Je ne sais comment vous remercier. Nous avons passé une très bonne
nuit, mon mari et moi et surtout, nous n’avons plus cette angoisse tenace
qui nous réveillait chaque matin.
– C’est votre double qu’il faut remercier. Je n’y suis pour rien.
Son fils me regarde, l’air intrigué :
– Tu as dit que le sommeil était paradoxal parce que l’on ne pouvait pas
bouger du tout. Penses-tu que je sois moi aussi paradoxal ?
– Que veux-tu dire ?
Il m’entraîne très vite dans le salon. Cette précipitation semble
m’indiquer de sa part une contrariété, voire une certaine peur. Une fois seul
avec moi, il me confie :
– Quand j’ai mon gros problème, je ne peux plus bouger, c’est comme
si j’étais paralysé.
En voyant mon air inquiet, il sourit pour me rassurer, cependant je ne
sais trop quoi penser à son sujet :
– Ils disent qu’avec moi, c’est « spychosomatique ».
Sans attendre le moindre commentaire de ma part, il ajoute :
– Crois-tu qu’une seule nuit suffit pour me redonner les informations
capables de remettre de l’ordre dans mon désordre ?
– Ton double est à ton service tout le temps. Il n’attend que ton bon
vouloir pour te transmettre les meilleurs instincts de survie. Le seul
problème est que, sans contrôle de ton endormissement, tes rêves te donnent
de mauvaises informations.
– Comment ça ?
– Notre monde fabrique le futur de nos doubles pour qu’ils puissent
survivre. Selon la même loi, il faut bien un autre monde pour fabriquer
notre futur. Ceux qui y vivent t’attendent chaque nuit pour t’éloigner de ton
double afin de modifier tes pensées.
– Pourquoi ?
– Parce que seul, ton double connaît le but de ta vie. Si les autres
arrivent à modifier tes désirs, ils peuvent vivre à leur guise et te créer ainsi
un futur inutile ou même dangereux. Sinon, ils sont obligés de vivre à ta
façon et ils n’ont pas forcément envie de t’obéir. Une information de ton
double peut t’apporter une idée salutaire, tandis que des renseignements
inutiles ou dangereux en provenance de ceux qui créent ton futur peuvent te
faire survivre en te malmenant.
– J’ai peut-être reçu des mauvaises informations cette nuit  ? rétorque
Aurélien soudain très inquiet.
– Lorsque tu te réveilles sans stress ni douleur intempestive mais avec
joie, tu peux être sûr que tu as réussi ton endormissement. Il y a d’autres
critères de réussite. Lorsque tu parles au téléphone, tu sais qu’un
interlocuteur t’entend parce qu’il te répond. Quand personne ne décroche,
une sonnerie ou un répondeur t’informe. Tu sais qu’il y a une technique
sans pour autant la connaître. L’habitude te suffit pour utiliser l’appareil de
ton choix. Avec les ouvertures temporelles, il en est de même. Tu peux
essayer de savoir qui décroche, qui t’entend, qui te répond. Tu as des
repères qui te permettent de ne pas être dérangé pour rien, d’aller à
l’essentiel ou de t’attarder selon ton bon plaisir.
– Quels repères ? s’inquiète Aurélien.
– Dans tes rêves, tu atterris dans le noir de tes cauchemars ou dans la
lumière de ton double. Dans la clarté, tu as de grandes difficultés à bouger,
tu te sens bien mais lourd dans un corps que tu as du mal à mouvoir. Dans
les ténèbres du futur, tu es léger, tu voles au milieu d’ombres inquiétantes :
tu es dans un vrai cauchemar mais seul un réveil brutal te le prouve. Une
peur te glace les veines. Un certain temps est nécessaire pour reprendre
pieds dans le présent. Tu as le sentiment d’avoir été le témoin ou l’auteur
d’un drame dont tu n’as plus qu’un vague souvenir.
– Comment ne pas se tromper ?
– Pour choisir entre les deux, tu dois simplement contrôler ta dernière
pensée qui est une énergie d’attraction déterminante. De même au
téléphone, tu dois faire le bon numéro.
Aurélien est surpris :
– Ma pensée peut faire un mauvais numéro ?
– Elle t’envoie vers le futur ou vers ton double. Si tu demandes à ce
dernier de résoudre tes problèmes alors tu l’attires et tes rêves seront
merveilleux. Sombrer dans le sommeil avec une pensée déclenchant un
futur est tout aussi facile mais ne sert à rien si ce n’est à modifier tes
pensées pour t’entraîner dans des cauchemars. Lorsque tu te prépares à voir
un spectacle à la télévision, tu ne penses à rien, tu n’inventes pas une
histoire, tu attends une grosse surprise. Comment résister au sommeil
lorsque tu ne demandes rien d’autre que de te reposer sur ton double.
Surtout lorsque tu sais que ce dernier va t’amener le meilleur futur sur un
plateau d’argent.
– Si je dois trop penser à des tas de choses avant de m’endormir, c’est
sûr que je vais rester les yeux grands ouverts.
– Au contraire ! L’attente de la grosse surprise et la certitude qu’elle va
venir t’endort. Ta confiance est telle que l’insomnie s’efface sans problème,
parfois rapidement.
– Avant de m’endormir, je peux bien penser au lendemain, au dernier
film que j’ai vu. J’aime bien m’endormir en pensant à la BD que je lisais,
j’invente des histoires, je rêve déjà…
– Oui mais tu t’endors très mal car cet endormissement t’entraîne vers
le futur et les ténèbres s’empressent de te donner de mauvaises
informations. Alors ton corps t’avertit, tu ne te sens pas bien. En revanche,
les informations de ton double sont adaptées à la vie que tu as choisie avec
lui avant de naître  : tu es bien. Si ton réveil n’est pas agréable, tu dois te
méfier car dans la journée, tu peux actualiser des futurs excessivement
dangereux, bien plus dangereux qu’avant.
– Pourquoi plus dangereux qu’avant ?
– Parce que le futur s’est senti menacé par ton essai. C’est lui qui l’a
rendu infructueux. En revanche, quand tu réussis, tu fabriques et actualises
les meilleurs potentiels, supprimant ainsi des désordres individuels graves
mais aussi des catastrophes planétaires d’envergure.
L’enfant sursaute. Il a du mal à faire un lien entre sa vie et celle de la
terre entière :
– Tu penses vraiment que si maman avait supprimé notre gros
problème, me dit Aurélien très sceptique, le raz de marée en Indonésie
n’aurait pas eu lieu ?
– Tu supprimes tes problèmes en laissant ton double changer ton futur.
Si tout le monde faisait cela, tous les doubles arrangeraient tous les
potentiels et aucune catastrophe ne pourrait être actualisée sur terre. Mais
c’est loin d’être le cas. De toute façon, rien ne sert de vouloir calmer la
planète avant d’avoir arrangé ses propres futurs. Celui qui s’équilibre tout
seul dans son coin équilibre la terre entière.
– Papa dit qu’un moustique qui crache sur un incendie de forêt fait son
boulot, tout comme l’éléphant, même s’ils n’ont pas la même trompe.
– La comparaison est aussi vraie que jolie.
– Maman pense que tes histoires n’ont rien à voir avec les moustiques et
qu’il faut être un éléphant pour réussir.
Je ne suis pas du tout d’accord :
– Un moustique qui agit, fait mieux qu’un éléphant qui s’enfuit. Les
réussites concernent ceux qui veulent bien écouter mes histoires.
Aurélien sourit d’un air indulgent :
– À condition qu’ils puissent les comprendre.
 
 
 

11. La maladie est une bonne alarme


 
 
 
 
 
Cet enfant m’a piqué au vif :
– Si tu veux résoudre un problème, tu écoutes avec attention ce que
j’explique et tu « fonces » pour voir si ça marche. Un enfant qui ne sait pas
lire le mode d’emploi, appuiera sur tous les boutons de la commande de sa
TV jusqu’au moment où son poste marchera. Cette candeur et cette
confiance de l’enfant, sont indispensables.
Il s’étonne de ma colère :
– Un rêve ne peut pas se contrôler. Tout le monde le sait.
– C’est pour cela qu’il faut contrôler ton endormissement. Dis-toi bien
qu’il ne s’agit pas d’une technique ou d’un mode d’emploi, mais d’un
principe vital qui n’a pas besoin de s’apprendre. Tu l’utilises à chaque
instant pour survivre. Tu vois bien que c’est simple.
Il protesteet, avec des yeux ahuris, me lance :
– Tu penses vraiment qu’un gros problème est un problème simple ? A
l’école, je peux te dire que non  ! Même le prof. nous prévient. Quand je
bute sur un exercice, c’est franchement dur.
– Attention  ! Simple ne signifie pas simpliste. Un bébé n’est pas
simpliste or il vit grâce à ce principe vital de dédoublement. Il sait comment
s’y prendre parce qu’il reste en communication avec son double. C’est pour
cela qu’il dort tout le temps ou presque. Après, malheureusement, nous lui
apprenons à mal vivre : « Faut pas rêver ! » C’est tout ce que nous savons
lui dire pour lui mettre le pied dans l’étrier de la vie. C’est cependant la
meilleure façon de le désarçonner.
– Aller se coucher pour tout arranger. Cela paraît trop facile !
– C’est le seul moyen de sortir hors de ton corps et de te propulser dans
celui de ton double qui se met dans le tien. Tu peux ainsi échanger tes
pensées avec les siennes. Il suffit de lui raconter tes problèmes en te les
racontant. Ton corps en prend connaissance… Il enregistre tout ce que tu lui
dis…
Comme Aurélien a l’air surpris, j’ajoute :
– Je t’expliquerai comment… Après cet enregistrement spécial, tu
t’endors et lorsque ton double vient en toi, il découvre dans ton corps ce que
tu as bien pu ou voulu raconter.
– Mais je n’ai pas envie de raconter chaque soir ce qui m’ennuie.
Il affiche alors sur son visage une certaine moue. Je le rassure :
– Comme tu sais que tu vas avoir la solution, cela ne doit pas du tout te
gêner. Grâce à ton double, tu as la certitude que demain sera meilleur
qu’aujourd’hui. Cette confiance absolue ne peut que te débarrasser de
l’angoisse et du fameux stress qui te noue le ventre. Que peux-tu craindre ?
Tu t’endors dans l’attente de la solution, sans aucune autre pensée. Si le
président de la république venait en personne répondre à tes questions, lui
dirais-tu  : «  Attendez  ! Je vais voir si je n’ai pas fait d’erreurs dans mon
devoir de maths. »
Aurélien sourit, assez satisfait :
– Ce n’est pas mes devoirs qui me préoccupent le soir. Hier, j’ai regardé
mes paupières en attendant la grosse surprise et je me suis réveillé le
lendemain matin ! Tu sais, c’est bien vrai, ce que tu dis !
– Et qu’est-ce que je dis ?
– Pour vivre heureux, vivons couchés !
– C’est tout de même moins dangereux que de manifester dans la rue
pour résoudre ses problèmes.
– Tu sais ce que dit papa ?
– Non !
– Se coucher est très dangereux puisque quatre-vingt-dix pour cent des
personnes meurent dans leur lit.
– D’autant plus dangereux que le sommeil est responsable de ton futur. 
Tu ne pourras plus jamais dire  : «  Je ne le savais pas  !  » Il ne fallait pas
m’écouter car maintenant tu connais l’entière responsabilité de tes
malheurs.
– Tu es salement gonflé de dire ça. Je n’ai pas fait exprès d’avoir un
gros problème et d’être aussi le gros problème de ma maman !
– Qu’en sais-tu ? Avec les futurs que nous créons à chaque instant, nous
ne savons jamais qui est responsable de qui et de quoi. Cependant, que tu le
veuilles ou non, c’est toujours toi qui actualises le futur de ton choix. Tu
n’es pas soumis à une vilaine fée capricieuse ou à un Dieu vengeur. Tu es
libre et tu l’es encore plus si c’est ton double qui choisit pour toi la
meilleure actualisation. Laisse le libre pour être vraiment libre  ! «  Que sa
volonté soit faite sur terre et là où il est quelque part dans les cieux ! » C’est
là le seul et unique secret.
 
 
 
 

12. Aider les autres pour s’aider soi-


même
 
 
 
 
– Alors ton histoire de temps, c’est l’histoire des curés que papa n’aime
pas trop à cause du gros problème. Il dit toujours à maman que le mal est
bien la preuve que Dieu n’existe pas.
– Il n’existe pas dans notre temps car nous sommes dans ses ténèbres.
Mais ça, c’est une autre histoire. Ton double n’est pas Dieu mais seulement
une parcelle divine qui t’est strictement personnelle. Seulement, comme je
n’ai guère le temps de t’expliquer comment ça marche…
J’essaie en vain de me lever mais il s’agrippe à moi.
– Je ne sais pas encore comment ça marche, soupire-t-il. Tu n’as pas
fini… S’il te plaît, insiste-t-il  ! Je t’assure bien que tu ne perds pas ton
temps avec moi.
Il est difficile de résister à sa demande :
– Le mieux n’est pas seulement de voir que « ça marche » mais de faire
en sorte que «  ça marche  ». Si ton problème est un gros problème, nul
besoin de salamalecs. Il faut aller au plus pressé. C’est l’avantage d’avoir
un problème grave. La sonnette d’alarme ne cesse de retentir. Tu
t’accroches aux branches  : celle du double résiste à tout. Tu peux avoir
confiance. Elle ne cassera pas, elle appartient à un arbre aussi vieux que le
monde.
Plongé dans le livre, il ne m’écoute plus. Je me demande vraiment quel
est le problème de ce bout de chou autant préoccupé. Cependant, je ne tiens
pas à lui demander car seul, le double a besoin de le savoir pour trouver le
meilleur futur et l’aider à l’actualiser. Si je cherche à le découvrir, Aurélien
pensera à juste titre que j’utilise une technique quelconque nécessitant de
connaître le pourquoi du comment. Comme ce n’est pas le cas, je préfère ne
pas satisfaire ce qui ne serait qu’une curiosité sans intérêt.
Qu’attend de moi exactement cet enfant ? Il lève la tête :
– Si tu pars trop vite, mon gros problème ne disparaîtra peut-être pas et
tu seras responsable de moi, me fait-il remarquer l’air très sérieux avant
d’ajouter, inquiet  : «  Chaque fois que je pense à quelque chose, je le
fabrique dans le futur ? »
– Oui puisque tu donnes une information qui est immédiatement
analysée, renforcée, complétée. Ils ont tout le temps dans le futur.
– Je ne comprends plus rien. Tu dis que j’ai un double là où il n’a pas de
temps de réfléchir et que je lui fabrique le futur sur terre où j’ai tout mon
temps. Est-ce que j’ai aussi un double là où il y a encore plus de temps pour
réfléchir ?
– Il y a bien du monde mais malheureusement aucun double  ! Je t’ai
déjà dit que toi, tu fabriquais le futur de ton double dans ton monde à toi qui
pour lui est ténèbres. Tu peux le faire en suivant ses conseils qui, pour toi,
semblent provenir d’un endroit lumineux. Ceux qui fabriquent ton futur
sont des êtres qui vivent dans tes ténèbres à toi et que tu éclaires par tes
pensées.
– Qui sont ces êtres-là ?
– Je te l’ai déjà dit : des êtres qui ne sont pas terrestres ! Autrefois, on
parlait d’esprits des morts, de démons, aujourd’hui, d’extraterrestres. Les
mots changent mais la loi reste. S’il n’y avait personne pour fabriquer ton
futur, tu ne pourrais rien actualiser dans ton présent et tu mourrais.
L’enfant s’étonne, presque ahuri.
– Dis donc ! C’est rudement dangereux de penser à quelque chose. Si je
ne pense à rien, ils ne font rien ?
– Oui, mais tu meurs puisque plus personne ne te fabrique de
possibilités futures. Le pire est de penser des choses fausses car tu crées
immédiatement les vraies conséquences de ce qui est faux. La parole est
encore plus dangereuse puisqu’elle peut modifier le potentiel de celui qui ne
fait qu’écouter.
– Alors toi, tu es un sacré danger.
Il me regarde et éclate de rire avant de reprendre son air inquiet : « Est-
ce que mon corps retient mes idées dans chacune de ses cellules ?
– Bien sûr  ! Cela lui permet de modifier ses instincts, parfois à ton
détriment.
– Ne retient-il pas aussi les idées des autres ?
– Il garde tout ce qu’il perçoit même si toi, tu l’ignores. C’est ainsi que
chacun modifie le futur et par là même, le potentiel de tout le monde. Il est
donc indispensable que ton double efface les futurs dangereux en profitant
de tes rêves.
– Si tout le monde pensait des choses agréables, il y aurait plus de futurs
agréables, alors ?
– C’est exact  ! Et en actualisant les meilleurs, nous pourrions même
éloigner de graves dangers planétaires. Plus de tremblements de terre
destructeurs, plus de cyclones dévastateurs, plus de tsunamis mortels.
Chacun en bénéficierait, nous les premiers. Tu vois qu’avec le contrôle du
futur notre but est très égoïste.
– Aider les autres par égoïsme, ça c’est nouveau ! lance Aurélien. Mais
je ne vois pas le rapport entre mon problème et le tsunami qui a tué tout
plein de gens en Indonésie.
– Les potentiels d’un lieu peuvent être très dangereux. L’Indonésie et le
Sri Lanka ont des guerres fratricides épouvantables. La Malaisie attire les
étrangers de façon malsaine.
– Papa dit que là-bas, on vend les enfants aux touristes, qu’il y a un
marché pour ça. Ça vaut combien, un kilo d’enfant ?
Cette question me surprend tellement que je le regarde sans répondre.
– Papa ne le sait pas et comme il ne le sait pas, il dit que je pose des
questions stupides.
– Vendre un enfant rendrait malheureux les parents normaux qui ne
veulent pas que leur enfant soit malheureux. S’ils le vendent, comment
veux-tu que du bien puisse sortir du mal ? En fabriquant du mal tu ne peux
que récolter du mal.
– Maman ne permettrait pas que papa me vende ! Et quand maman ne
veut pas, papa n’insiste pas.
– Il ne suffit pas de ne pas faire de mal. Fabriquer de bons potentiels
permet à ton entourage d’en actualiser. C’est ainsi que tu peux éviter des
catastrophes.
– Y a tout plein d’enfants qui sont morts. Ils sont quand même pas
responsables des guerres et des marchés d’enfants pour touristes ?
– Chaque homme a pu fabriquer des potentiels très dangereux avant de
naître sur terre. Ça fait vingt-cinq mille ans que nous sommes dédoublés
dans le même espace. Si je pouvais, je t’expliquerais bien comment
fonctionne le cycle de dédoublement des temps dans notre système solaire.
– Oui, mais tu n’as pas le temps, clame-t-il d’un air triste et coquin,
mais apercevant mon regard, il ajoute : ne t’inquiète pas ! Tu sais que tu es
fou mais j’aime bien ta folie parce qu’elle me rassure.
Comment ne pas se sentir ému ?
– Rassurer ne suffit pas, il faut agir vite car, sans cette modification de
nos potentiels, la survie dans notre monde deviendra problématique pour ne
pas dire presque impossible d’ici peu. Nous vivons sans le savoir avec le
poids d’une infinité de futurs collectifs excessivement dangereux. Tous les
voyants climatiques, magnétiques, thermiques, tectoniques, planétaires,
solaires, galactiques sont au rouge. Paradoxalement, ils ne nous
préoccupent guère.
– C’est normal, personne ne sait plus pourquoi la nuit porte conseil.
– Ni pourquoi, on se réveille avec des tonnes d’intuitions !
– Si je rêve comme tu le dis, tu crois que j’en aurais moi aussi ?
 
 
 
 

13. Les intuitions


 
 
 
 
Et je poursuis ce dialogue avec cet enfant assis confortablement dans
son fauteuil, le livre sur les genoux. Sa confiance, son intérêt certain et sa
curiosité me poussent à aller de plus en plus loin dans mes explications :
– Dès que tu commences à te poser le début du commencement d’une
question, la réponse est déjà connue dans le futur où se posent alors de
nouvelles questions, déclenchant des réponses dans leur propre futur, c’est-
à-dire dans le futur de ton futur.
Aurélien fronce les sourcils :
– Que veux-tu dire ?
– La loi du temps est la même partout. Le futur est une réalité fortement
accélérée mais possédant aussi des ouvertures temporelles imperceptibles
où le temps s’accélère à nouveau.
– Des êtres comme nous vivraient donc dans le futur de façon accélérée
en ayant leur propre futur où vivraient d’autres êtres comme nous ?
– Disons plutôt des êtres adaptés à l’environnement que nous imaginons
et qu’ils essaient de créer en fonction de nos pensées. Le futur est une
obligation ! Tu ne peux pas vivre sans. C’est la raison qui incite ces êtres-là
à nous attirer dans leur futur après notre mort. Pour vivre et survivre, une
réalité comme la nôtre a toujours besoin d’un futur potentiel qu’elle
actualise selon ses besoins et ses envies. C’est ça le mécanisme de
l’intuition  ! Grâce à l’accélération foudroyante du temps dans le futur, je
peux obtenir la réponse à une question que je n’ai pas eu le temps de me
poser. C’est si rapide que j’ai l’impression de recevoir une information qui
me tombe du ciel.
– Tu veux dire que je suis toujours l’auteur de mes intuitions ?
– Oui mais sans pouvoir le savoir puisque, dans mon temps, je n’ai
même pas fini ma question. Une intuition n’est un exploit que pour celui
qui ignore la réalité des échanges d’informations entre-temps différents. Le
monde animal possède ce «  sixième sens  ». Des prémonitions instinctives
lui permettent de survivre à chaque instant. Il utilise son meilleur potentiel
parce qu’il ne réfléchit pas. L’homme moderne a totalement oublié cette
possibilité parce qu’il pense que l’intelligence est préférable à l’instinct. Il
ne sait plus écouter son corps.
– Alors, dis-moi  ! Le présent serait toujours le résultat d’un futur que
ton corps utilise ?
– Ce futur a déjà été créé par le passé ! Si ton endormissement est bon,
ton double peut le transformer au mieux avant que tu puisses le vivre.
– Nous ne sommes donc qu’une machine à fabriquer, arranger,
contrôler, actualiser le futur ? fait Aurélien en guise de triste conclusion.
– Oui mais tout est possible tant que tu recherches le but que tu t’es fixé
avec ton double avant de naître.
– Tu crois que c’est facile d’avoir un but ? Hier, je ne savais même pas
que j’avais un double. Je voulais être pompier et bien aujourd’hui, j’ai
toujours envie d’être pompier. Tu penses vraiment que mon double veut que
je sois pompier ?
– Ne t’inquiète pas  ! Tout vient en son temps. Si tu suis bien ses
informations en t’assurant que ce sont bien les siennes, tu le sauras bientôt.
 
– Comment être sûr ? Parce que parfois je n’ai plus du tout envie d’être
pompier.
– Ses conseils te donnent toujours une joie intense. Dans l’antiquité, les
Grecs parlaient de «  théophorie  », la joie qui vient de Dieu. Ce critère
personnel que ton corps ressent dans chacune de ses cellules ne te trompera
jamais. C’est un bonheur « instinctif ». Les intuitions que tu reçois en même
temps sont toujours les meilleures.
Tu peux ainsi mémoriser des situations futures désagréables pour les
éviter. Mais attention ! Cette mémorisation peut entraîner un stress si tu y
vois une réalité inévitable, une prédestination qui te perturbe déjà. »
– Papa dit que l’on ne peut pas éviter l’inévitable. C’est le destin.
– Mis à part la mort qui est le lot de tout être vivant sur terre, il n’y a
pas de destin, de karma, ni de prédestination. Certes, il n’y a pas de hasard,
tout est écrit à l’avance puisque le futur est à ta disposition à chaque instant
mais c’est toi qui le choisis avant de l’actualiser.
– Comment ?
– Le futur a toujours été fabriqué par quelqu’un avant que tu
l’actualises. Tu choisis cette actualisation parce tu penses comme lui.
– Mais c’est bête comme tout !
– Une pensée joyeuse d’un quart de centième de seconde suffit à créer
dans le futur de quoi être heureux. Une pensée similaire peut te permettre
d’actualiser ce bonheur potentiel. Il faut cependant que ton corps soit
capable de la supporter.
– Je ne peux pas le savoir à l’avance, proteste Aurélien inquiet. Il
faudrait que personne ne fabrique de futur détestable pour que je puisse
vivre sans problème.
– Il faudrait surtout que tu commences par ne pas fabriquer toi-même,
dans ton coin, le moindre futur détestable.
– Alors, je suis responsable de celui qui actualise dans sa vie les futurs
que je crée tout seul dans mon coin ?
– Coresponsable seulement  ! Je te l’ai déjà dit. L’actualisation ne
dépend pas de toi. N’importe qui peut la faire, il suffit qu’il pense la même
chose que toi.
L’enfant prend un air grave. Il réalise soudain les conséquences de
chacune de ses pensées secrètes :
– Mais c’est énorme. J’ai une « co responsabilité » terrible !
– Terrible ou sensationnelle  ! Tout dépend de tes pensées qui peuvent
être terribles ou sensationnelles.
 
 
 
 

14. Un seul conseil utile : Ne jamais


penser à faire à autrui ce que tu ne
voudrais pas qu’il pense à te faire.
 
 
 
 
– Comment faire pour éviter le terrible et garder le sensationnel ?
– Un fameux conseil nous a été donné depuis la nuit des temps
– Un conseil ! Personne ne peut donner un fameux conseil alors que tout
le monde ignore tes histoires.
– Tout le monde connaît ce fameux conseil parce que mes histoires,
comme tu dis, étaient parfaitement connues autrefois mais, de nos jours,
personne n’en voit l’utilité.
– Alors dis-moi quel est ce fameux conseil, trop indispensable ?
– Ne jamais penser à faire à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’il
pense à te faire.
Aurélien pousse un énorme soupir de déception.
– Ne fais pas aux autres ce que tu voudrais pas qu’ils te fassent, répète-
t-il, c’est connu, archiconnu ! Tous les chrétiens le disent et le redisent dans
toutes les églises et ça ne change rien à l’extérieur.
– Parce que «  ne pas faire  » est un conseil insuffisant  ! La seule
précaution valable et indispensable est « ne pas penser à faire ». C’est très
différent. Tout le monde sait ce que tu fais. Personne ne sait ce que tu
penses à faire. Certains te font de beaux cadeaux alors qu’ils ne pensent
qu’à te faire des croches pieds. Autrefois, on traitait ces gens-là de
« sépulcres blanchis ». Belle expression : tout beau à l’extérieur, charogne
puante à l’intérieur !
– De toute façon, ton fameux conseil indispensable ne suffit pas car,
sans le savoir, je peux penser à de bonnes choses qui créent dans le futur de
mauvaises choses pour les autres.
– D’où la nécessité du double qui, chaque nuit, doit effacer les
potentiels dangereux créés dans la journée, avant que quelqu’un puisse les
actualiser.
Mon petit interlocuteur me fixe, soucieux, mais sans doute
momentanément satisfait de mes réponses. J’ajoute alors :
– De plus, tu retrouves les pensées de ton double qui sont les tiennes et
qui correspondent à ton corps. Nos cellules se sentent bien. Celles qui se
sentent inutiles ou dangereuses se tuent pour ne pas perturber les autres.
– Elles se « zigouillent » ? demande-t-il surpris et amusé.
– Si tu leur interdis le suicide, elles peuvent se développer de façon
anarchique et te faire mourir.
– Comment veux-tu que je les empêche de se suicider ?
– Lorsque ta pensée n’est plus adaptée à ton corps, tes cellules ne savent
plus si elles sont utiles ou non. Leur suicide ou leur survie devient alors tout
à fait problématique. Or cette adaptation n’est possible que grâce à ton
double… et à condition que tu lui permettes d’aller visiter ton futur pendant
ton sommeil  ! Alors, aucune de tes cellules ne risque de survivre ou de
mourir pour rien.
 
 
 

15. Le mélange du passé et du futur


 
 
 
 
Cet enfant, très mature pour son âge, poursuit :
– Des cellules qui se «  zigouillent  »  ! C’est top mais pas très
scientifique.
– Le mot savant est l’apoptose !
– Il y en a aussi qui peuvent vous « zigouiller », non ? Mon professeur
de musique a un cancer. Est-ce parce qu’il perd la boule  ? Ses cellules
cancéreuses ont peut-être une mauvaise mémoire, comme lui !
– Pourquoi ces cellules dangereuses ne seraient-elles pas en effet à la
recherche d’un potentiel inadapté à son mode de vie, fabriqué dans le futur
par ses pensées déréglées ? C’est possible. Une information concernant leur
inutilité dans notre temps et notre monde devrait leur redonner l’envie de
disparaître. Or le sommeil est justement la source naturelle de ces
renseignements salutaires. Comme il nous fait voyager hors de notre temps,
il nous faut connaître le code de la route du passé et du futur pour être
toujours sûrs de bien vivre dans le présent.
Penché sur le livre7, faisant « chut » de l’index sur ses lèvres, Aurélien
poursuit :
– Écoute un peu ce qui est écrit dans ton livre ! « Un malade dans un
état grave… etc. un cancer l’entraîne vers la tombe… etc. occlusion
intestinale… etc. Une fois le ventre ouvert, le chirurgien ne put que
constater la disparition de la tumeur.  » Que veux-tu prouver avec cette
histoire de guérison ? Tu te fais de la pub ?
Cette question m’agace :
– Je veux simplement montrer la fragilité d’une personne malade qui, se
mettant à douter de la puissance de son double, et peut-être aussi de l’utilité
de son médecin, risque une rechute. Pourquoi veux-tu que je me fasse de la
pub ? La meilleure publicité est celle que tu fais en changeant ton futur. Tu
fabriques ainsi du bon potentiel là où tu en produisais du mauvais, et tous
ceux qui l’utilisent se portent de mieux en mieux.
– Si je dis ce que je dis, fait Aurélien qui sent mon agacement, c’est
parce que je sais que ce que je dis, papa le dit sans oser te le dire. Moi, je
veux pouvoir lui dire que ton livre peut vraiment changer notre futur. Que
ce n’est pas de la pub ! Que si je le comprends, je peux chasser mon gros
problème qui n’a rien à voir avec les maladies. Voilà tout.
Je le sens prêt à pleurer et je m’en veux :
– Nous avons donné dans ce livre des exemples pour montrer qu’il est
possible de se remettre d’aplomb. Comme je sais que nous avons du mal à
admettre qu’un équilibre retrouvé puisse rétablir un corps usé par une
longue maladie, j’essaie de prouver qu’il n’y a pas de miracle. Ce qui
s’arrange avec du temps dans le futur peut apparaître instantanément dans le
présent. Cependant, il faut essayer d’arranger le futur avant qu’il nous
dérange.
– J’ai compris tout ça ! soupire Aurélien. J’ai même compris que notre
double vit dans un passé qui est aussi présent que notre présent parce qu’il
attend de voir chaque nuit le futur que je lui fabrique et qui est aussi présent
que notre présent.
Fier de sa sortie, il poursuit :
– Cependant, s’il pense avant moi pour m’influencer, il vit aussi après
puisqu’il actualise ce que je lui fabrique. Ça lui change la tête, il me pose
d’autres questions et je lui fabrique d’autres solutions. Conclusion  : nous
vivons en même temps.
Il surenchérit, content de lui et finalement, rassuré :
– Tu sais que tu es compliqué, toi et ton bazar ? Pas étonnant que papa
et maman n’y comprennent rien. Personne ne connaît cette histoire de
temps !
– C’est pour cela que l’avenir que nous construisons sur terre n’a peut-
être rien à voir avec celui que nous avions décidé ensemble avec notre
double avant de le quitter lors du dédoublement.
L’enfant est déjà très absorbé par ce qu’il recherche et qu’il lit à voix
haute :
– Le futur est aussi présent que le passé… Tout nourrisson le sait…
Il lève ses yeux moqueurs :
– « Les nourrissons sauraient plus de choses que nous ? » Tu y vas fort !
– Bien sûr  ! Cependant leurs problèmes sont différents. Ils doivent
s’adapter à notre espace et notre temps. Pour toi, cette adaptation est autre
et tu peux utiliser le sommeil paradoxal pour essayer de te débarrasser
d’une maladie, conserver un amour, balayer un souci ou trouver de l’argent.
Cependant, c’est insuffisant. C’est ta façon de vivre et de penser que tu dois
changer en même temps pour remettre de l’ordre dans le désordre.
Sans donner l’impression qu’il m’écoute, Aurélien poursuit la lecture
que je viens d’interrompre et ajoute :
– Tu dis aussi que le futur existe avant le présent et que notre double
peut l’arranger. Le futur, c’est une chose, mais que fais-tu du présent  ?
Notre double devrait nous guider tout le temps, surtout quand on a la
frousse. Mais, il nous laisse tomber dès qu’on a peur. Pourquoi ?
– Parce qu’il ne t’aide que si tu lui demandes et si ta confiance en lui le
laisse libre d’agir. C’est aussi une loi qui te protège sinon tu serais toujours
obligé de lui obéir. Tu deviendrais sa marionnette et il connaîtrait toujours à
l’avance le futur que tu lui fabriques. Tu le prédestinerais et il s’ennuierait. 
Vivre et revivre la même chose, ce n’est pas très palpitant.
– Mais alors  ! Avec mon futur, c’est pareil. Ceux qui le fabriquent ne
sont pas obligés de m’obéir. Ils font ce qu’ils veulent dans le noir et pensent
peut-être que je les laisse tomber.
– C’est exact ! Cependant, ils peuvent aussi te désinformer, changer tes
pensées et t’éloigner des préoccupations de ton double. Lui seul, par ses
questions et tes réponses appropriées, assure ta survie après ta mort. Les
autres t’attirent dans tes rêves pour changer tes pensées et te transformer en
marionnette. Ils savent aussi effacer de ta mémoire les mauvais souvenirs
qui te pousseraient à les fuir, en les remplaçant par des images aussi
agréables que trompeuses. Ils savent enterrer tes cauchemars sous trois
belles couches de rêves merveilleux.
– Ce sont des «  pros  »  ! C’est pour ça que tu dis que les rêves sont
essentiels mais leur souvenir dangereux. J’ai pigé !
– Les informations de ton double ne te trompent jamais. Elles sont
toujours salutaires. Très concises, elles vont à l’essentiel et ne disent jamais
du mal de personne.
– Ça, je le comprends mais pourquoi est-il inutile de mémoriser nos
rêves ?
– Leurs souvenirs peuvent nous entraîner dans de nouveaux
cauchemars. Ils ne sont pas conçus pour soigner les déséquilibres mais pour
les éviter.
D’un ton très grave, il ponctue :
– Papa dit que la vie terrestre est une maladie mortelle sexuellement
transmissible.
Je complète en riant :
– Il n’est pas le seul  ! Il constate ainsi que nos problèmes finissent
toujours par manquer de solution.
 
 
 

16. Un coup de pub


 
 
 
Mes explications ne lassent toujours pas celui en qui je vois plus le
«  jeune homme  » que l’enfant. Il s’accroche bien au contraire, voulant,
coûte que coûte, comprendre dans sa petite tête tout ce que je lui apprends :
– Moi, à ta place, quitte à faire de la pub, j’en ferai juste pour montrer
que ton histoire peut s’appliquer à n’importe quoi, pour n’importe qui…
– Écoute bien, c’est important  ! Mes histoires, comme tu dis, te
permettent de rechercher avec ton double un équilibre personnel, de
remettre sur rails aussi bien un esprit déséquilibré, qu’un amour en roue
libre, un chômeur en déroute ou un compte en banque en désarroi.
– C’est bien ça  ! Nous sommes entièrement responsables de notre
bonheur et de notre malheur. Il faut plus rouspéter mais seulement changer
notre futur  ! Tu as tout plein d’exemples dispersés dans ton livre qui
« déchirent » ! J’aime bien celui de la belle-mère paumée avec ses enfants
horribles. Là, comme dit maman, tu arraches les larmes aux crocodiles.
– Quel exemple ?
– La femme dont le mari s’était suicidé en apprenant qu’il avait un
cancer, et les enfants qui ne voulaient pas la rembourser… Tu sais bien…
Huit jours plus tard, ses enfants lui amènent un chèque.
– Oui, je me souviens ! Elle était ébahie : une dizaine de jours avait suffi
pour trouver une solution après huit mois de procédures ruineuses et de
tracasseries inutiles.
De plus, elle avait espacé ses tranquillisants assez facilement. Grâce à
cette femme en totale déprime, j’ai découvert que la dépendance envers le
tabac, l’alcool ou la drogue pouvait aussi être supprimée. Des participants à
mes formations nous le confirmèrent par la suite.
– Faut le dire !
– Ça ne marche que si les gens « dépendants » sont très peu nombreux,
isolés dans un groupe important qui leur amène un potentiel différent.
– Que veux-tu dire ?
– Si tu réunis des personnes qui ont le même déséquilibre, tu renforces
leurs problèmes en leur donnant le plus souvent un potentiel trop lourd à
digérer.
– Alors parle de l’histoire de cette femme de quarante ans qui s’ennuie à
mourir à Florence, seule, sans mari, sans enfant, sans ami et qui retrouve
son amoureux vingt ans après.
Voyant mon manque de mémoire, il ajoute  : «  Tu sais bien c’est
l’histoire de ton Canadien qui retrouve son vieil agenda, le fait tomber et
retrouve ainsi le numéro de téléphone de son amour de jeunesse qui vient de
se faire plaquer. C’est franchement trop !
On imagine en effet la surprise de cette femme déprimée qui entend
cette voix d’autrefois !
– Pas la peine de parler de la suite, on la devine. Tu devrais quand
même dire que ce n’est pas aussi évident pour tout le monde. La preuve,
maman et moi, on fait de la brasse coulée.
– Et tu coules parce que tu te mets des limites. En croyant pouvoir
sauter un obstacle d’un mètre de haut, tu n’essaies même pas de mettre la
barre plus haute. Dans presque tous les cas, nous sommes les seuls
responsables de nos échecs. As-tu lu l’histoire de cette femme, atteinte
d’une sclérose en plaque !
– C’est quoi une « kslé » rose en plaque ?
– C’est une maladie grave.
– Les gens vont te dire : « C’est trop beau, faut pas rêver ! » Et toi, tu
leur répondras : « justement, c’est le contrôle de vos rêves qui vous permet
de sortir d’une situation désagréable ou détestable, c’est tout bête  !  »
Aussitôt, sans leur laisser le temps de souffler, tu leur parleras de cet
homme qui avait une très grosse dette… Il jouait au loto comme un malade
et son banquier lui a fait cadeau de sa dette. C’est trop top !
– Oui, mais il faut se méfier car donner des exemples est dangereux, les
gens risquant de penser qu’ils ont peut-être la possibilité d’obtenir des
résultats aussi spectaculaires. Or, le futur leur prouvera qu’ils ont raison
et…
L’enfant m’interrompt :
– Oui, mais tu m’as dit que l’important était de dire ce que les gens
pouvaient faire même s’ils ne faisaient rien par la suite. Alors, vas-y ! Moi
j’aime bien quand tu parles de cette femme qui avait tout perdu  : santé,
équilibre, travail, appartement, voiture, argent, compagnon et qui s’en sort 
grâce son double !
Au cours de la conversation, je remarquai qu’il avait mis des « marques
pages » dans son livre, me prouvant qu’il avait tout lu en détail. Il retrouva
rapidement cet exemple :
– Totalement déprimée, elle avait décidé de se suicider. Après une
bonne nuit avec son double, elle ouvre la télé pour regarder son feuilleton.
Elle se trompe de chaîne et entend  : «  Le suicide n’est jamais la bonne
solution. » C’est super ! Sauf que n’importe qui aurait pu lui dire la même
chose !
– Aussi étonnant que cela paraisse, c’était sa vraie réponse. Elle le
savait au plus profond d’elle-même alors que personne n’aurait pu lui dire
la même chose avec la même force. Grâce à cette conviction nouvelle et
surtout personnelle, sa vie changea du tout au tout. Tu vois qu’il faut faire
attention aux signes que tu reçois, et ne pas croire au hasard ! Le livre est
plein d’exemples pour montrer que changer le futur est à la portée de tous !
– J’aime bien celui du caporal chilien qui disparaît cinq minutes dans le
ciel. Il revient avec une barbe de cinq jours. C’est fou !
– Cela nous montre bien qu’il existe un autre temps dans notre temps à
nous et que les controverses sont bien inutiles.
– Ça veut dire quoi, les controverses ?
– Ça veut dire qu’il est inutile d’en douter.
– Autant le dire comme ça. Qu’est-ce que tu es compliqué ! Ajoute-t-il
en pouffant de rire.
 
 
 
 
 
 

17. Corps physique et corps


énergétique
 
 
 
 
Il reprend vite son sérieux :
– Il y a un truc que je n’ai pas bien compris. Tu dis que pendant mes
rêves, je pars «  ailleurs  », comme une fusée ou comme un éclair. Moi, je
sais bien que je reste dans mon lit.
– Écoute  ! En plus de ton corps physique, tu possèdes un corps
énergétique, astral comme disent certains, ou encore éthérique. Il est
capable de se déplacer très vite et de revenir se juxtaposer au corps
physique dans un temps imperceptible. De plus, l’eau de notre organisme
stocke et véhicule les informations vitales récoltées pendant ces voyages
pour nous faire vivre.
Les détracteurs de l’homéopathie devraient prendre conscience de cette
réalité universelle  : il est impossible de vivre sans eau et sans esprit,
disaient aussi bien Jésus que Mahomet8.
– Sais-tu qu’à notre naissance, nous sommes constitués de 65 % d’eau ?
Un vieillard n’en possède plus que 55 %. Le fœtus qui réclame énormément
d’informations, en possède 96 %.
Aurélien me regarde avec des yeux gros comme des billes, interloqué :
– Où vois-tu de l’eau dans notre corps  ? Nous sommes solides, pas
liquides.
– Notre organisme est une éponge pleine d’eau qui est stockée sous
diverses formes. C’est un laboratoire où s’effectuent des réactions
chimiques à base d’eau. Notre corps énergétique informe l’eau de notre
corps physique. La science, et c’est dommage, ne s’occupe pas de cette
partie essentielle de notre organisme. C’est pourtant notre côté ondulatoire
qui nous permet d’émettre et de capter les informations C’est lui qui fait
vivre notre corps physique. Parfaitement observable, celui-ci n’est que notre
côté corpusculaire. Autrefois, plus réaliste, le mot « poussière » le décrivait
mieux que la physique actuelle.
– Lorsque mon grand-père ramassait un champignon, il lui disait
toujours : « Tu es poussière et tu redeviendras poussière, mais en attendant
tu passeras à la casserole de grand-mère ! »
Son rire fait plaisir à entendre :
– Notre double aussi est fait de poussière ?
– Comme nous, il possède un corps physique et un corps énergétique
car dans l’univers, tout est toujours à la fois ondulatoire et corpusculaire.
Son rôle est de trouver la meilleure des possibilités d’adaptation dans
chaque endroit où il veut se rendre. Le corps physique est obligé de vivre
dans notre espace pendant que le corps énergétique est chargé de recevoir
les informations pour l’aider à vivre. Avec notre double, nous pouvons
échanger nos corps énergétiques pour comprendre nos situations respectives
et essayer de mieux vivre à deux, chacun dans son monde et son temps.
– Que se passe-t-il quand mon corps énergétique voyage ?
– Il quitte ton corps physique tout simplement  ! Certains parlent de
«  décorporation  ». Beaucoup plus réalistes et habitués à ce phénomène
qu’ils considèrent comme normal, les tibétains9 y voient une « petite mort ».
– Pourquoi petite ?
– Sans corps énergétique, le corps physique meurt. Mais si tout se passe
bien, le corps énergétique de notre double vient en nous et notre corps revit.
– Et notre corps énergétique à nous, où est-il ?
– Il maintient en vie le corps physique de notre double. Ainsi nous
retrouvons nos questions pendant que notre double prend connaissance de
nos réponses et de nos interrogations.
– Mais, comment veux-tu utiliser un corps énergétique que tu ne vois
pas ?
– Tu regardes la télévision sans avoir besoin de savoir qu’elle transmet
le son et l’image par des ondes invisibles qui varient selon leur fréquence.
Jette un caillou dans l’eau ! Une vague circulaire se déplace. C’est l’onde
du caillou. Plus le caillou est gros plus l’onde est importante. Ainsi, un
caillou peut dire au pêcheur  : «  Je suis gros, voyez comme votre barque
bouge ! » Une onde peut se déplacer et donner ainsi un renseignement par
son sillage. Tu ne vois pas le navire au loin mais sur la mer d’huile où
dérive ta barque, une vague énorme vient te réveiller. Les ondes se croisent
déformant ou non les informations initiales. Ta barque peut recevoir en
même temps la vaguelette du caillou et la vague du navire. Tu as du mal à
soupçonner l’existence du caillou. Cependant, sans lui, la vague n’aurait pas
été la même.
– C’est comme ça, demande Aurélien, que la vague d’un tsunami te dit
qu’il y a eu un tremblement de terre sous l’eau ?
– C’est une onde très rapide. Cependant, quand elles sont petites, elles
peuvent ajouter leurs effets et entraîner des catastrophes importantes.
Lorsque tu attaches une corde à un bout et que tu agites l’autre, tu crées des
ondulations qui varient à ton gré. Un caillou dans l’eau produit également
des ondes. Il est important de comprendre les vibrations émises par notre
corps. Car celui-ci est un caillou dans notre monde et une onde dans un
autre où seule l’information qu’elle transporte apparaît.
– Est-ce que cela signifie que, dans mes rêves, avec mon corps
énergétique, je n’apparais pas comme je suis, là où je vais ?
– La perception varie d’un monde à l’autre. L’oiseau sur sa branche
voit l’onde d’un petit moucheron sur la surface calme du lac. Il devine un
corps imperceptible par un effet ondulatoire. Il sait qu’un déjeuner bien
consistant est là, sous ses yeux. Dans son monde, le moucheron peut capter
les pensées ondulatoires de l’oiseau et le danger encouru. Il essaiera alors
de se camoufler.
– Changer de monde est donc très dangereux ?
– C’est pour cela qu’il faut savoir diriger notre corps énergétique
pendant nos rêves et atterrir dans le corps physique de notre double qui en
profitera pour visiter le futur à notre place. C’est lui qui se chargera
d’écarter les dangers. Il est indispensable qu’il connaisse bien tes
problèmes. Avant de t’endormir, tu dois donc informer l’eau de ton
organisme comme s’il s’agissait d’un enregistreur. Tu lui racontes tout ce
qui te semble utile. Lorsque tu es perdu dans une grande ville, tu peux
demander ton chemin à un passant. Pour cela, tu ne regardes pas la
personne que tu interroges dans le blanc des yeux tout en restant muet !
– Je ne suis pas complètement idiot ! s’exclame le jeune garçon.
– Es-tu plus intelligent quand tu t’endors sans informer ton double  ?
Lorsqu’il vient en toi, il doit pouvoir comprendre les pensées que ton corps
a enregistré. Il ne peut te connaître si tu caches une partie de toi. Il ne peut
t’aider que s’il sait tout de toi sinon, il risque de t’entraîner dans de graves
dangers par ignorance. Comme il ne le veut pas, il ne te conseille plus et tu
vis dans le hasard le plus complet !
– Tu veux dire que mon double m’abandonne si je ne lui dis rien ?
– En cas de danger mortel, ton double sera toujours là. Il a besoin de toi
pour arranger ton futur à sa façon. Il est bien placé pour savoir que le hasard
n’existe pas. Il sait que ton présent est l’actualisation d’un futur potentiel
déjà vécu plus vite ailleurs. Ton corps est fait ainsi. Pour survivre, il récolte
du futur les informations qu’il peut capter dans son présent.
– Alors je suis bien obligé d’obéir au futur. Et papa a raison quand il dit
que si je fais des bêtises, je paie les pots cassés. C’est mon destin.
– Sauf si tu répares les pots dans le futur avant d’avoir besoin de t’en
servir dans le présent  ! Ton actualisation instinctive est toujours
personnelle. C’est ton hasard apparent qui ne dépend que de toi et de tes
projets. Croire qu’un avenir est possible le fait toujours vivre. Penser qu’il
est impossible, le supprime. Si tu crois que Dieu a une longue barbe et de
grandes oreilles, alors tu obtiendras toujours de quoi te prouver par la suite
que ta croyance est digne de foi parce que tu actualiseras un futur potentiel
que ta foi – ou celle de ton entourage – aura créé par le passé.
– La voyance me permet donc de voir ce que je veux bien voir et non
pas ce qui existe vraiment  ? conclut l’enfant qui m’abreuve de questions,
sans doute pour retarder mon départ.
– Tu as tout compris ! La voyance est très dangereuse. Celui qui arrive à
percevoir des possibilités futures pense le plus souvent que cet avenir est
inéluctable, obligatoire. Il est très fier de prédire un fait qui se réalise
vraiment. En réalité, il ignore qu’il est « l’actualisateur » de ce futur. Sans
lui, ce potentiel serait sans doute resté dans les ténèbres. Il devrait voir les
futurs dangereux dans le seul but de les éviter. Le bon voyant est celui qui
prédit des évènements graves qui n’arrivent jamais.
Aurélien hausse les épaules :
– Personne n’irait le voir. Voir un futur dangereux qui n’arrive jamais,
c’est trop facile.
– C’est pour cela qu’un homme à qui l’on prédit un accident est content
de se retrouver à l’hôpital pour clamer à ses visiteurs  : «  Allez voir ce
voyant ! Il est exceptionnel. Il m’a dit que j’allais souffrir le martyr après un
grave accident de moto. Je ne l’ai pas cru. Je n’avais pas de moto. Je me
déplace toujours en voiture. Et bien, c’est une moto qui a renversé
l’échafaudage sur lequel je travaillais.  » Cet homme est satisfait. Il le
proclame à qui veut.
– C’est normal ! Il n’a pas lu ton livre, rétorque Aurélien avec un gentil
regard moqueur.
Sa remarque me fait sourire intérieurement :
– Mais il devrait savoir que tu peux toujours fabriquer un futur pour en
effacer un autre. Tu modifies tes pensées, tes envies, tes désirs quand tu le
veux, et tu changes ton avenir. Si en plus, tu permets à ton double
d’arranger ton futur chaque nuit, tu disposes toujours le lendemain de
multiples potentiels agréables.
– C’est vraiment vrai ce que tu écris ou c’est seulement parce que tu
crois que c’est vraiment vrai que tu l’écris ?
Je comprends aisément cette remarque. Combien de personnes se
demandent, en effet, comment une théorie scientifique peut-elle conduire à
de telles certitudes !
– Une personne sensée qui téléphone ne se pose pas de questions
inutiles du genre : est-ce que ça marche parce que j’y crois ? Elle utilise son
appareil. Avec ton double, tu devrais faire pareil. Tu téléphones d’abord.
Ensuite, tu vois qui te parle et tu essaies de reconnaître sa voix pour ne pas
te faire piéger. Il y a des tas de voyous dans le futur qui utilisent ce canal
d’informations à tout bout de champs pour te faire tourner en bourrique.
– Il y a des voyous partout  ! ponctue Aurélien qui, voyant que je me
lève, reprend sa lecture silencieuse.
Cependant, je suis bien décidé à partir.
– Tu ne vas pas me quitter juste avant de m’expliquer comment me
débarrasser de ces voyous grâce aux échanges d’informations avec mon
double. Ça m’intéresse trop  ! Tu prétends qu’on savait le faire à la
naissance parce que nous étions avec l’insouciance de l’enfant qui ne voit
rien de paranormal autour de lui. Et tu voudrais partir en me laissant dans le
paranormal ?
– Sais-tu que c’est toi le phénomène paranormal ? Comment te résister
sans risquer un tsunami dans le futur ?
Une si grande curiosité dans un si petit bonhomme ne cessait de
m’étonner au-delà de toutes mesures. Ses questions simples, ses remarques
sensées m’obligèrent à penser que je me devais de le satisfaire. Remettre
dans sa petite tête des réponses courtes et précises à toutes ses
interrogations, devenait pour moi une obligation. Ce petit homme me
surprenait de plus en plus, tant par sa vivacité que par sa façon d’analyser le
moindre de mes détails.
 
 
 

18. Les dangers de l’intellectualisme et


du rationalisme déraisonnable
 
 
 
 
Soudain, le visage de l’enfant se fige :
– Tu coupes tout, dit-il en se retournant. J’arrivais enfin à savoir le plus
important.
Son père vient de faire irruption dans la pièce où nous nous tenons. Très
sûr de lui et d’un air décidé, il me tend une main ferme tout en me priant de
bien vouloir continuer sans m’occuper de lui.
Rapidement, je crois deviner en lui le type même de «  l’intellectuel
supérieur ». C’est notre appellation favorite envers celui qui ne veut jamais
utiliser un appareil avant de l’avoir démonté, compris et remonté. En
général, cet «  homo sapiens habilissimus  » plane au-dessus des faux
problèmes à la recherche de solutions qui n’existent pas. Il consent à tendre
l’oreille vers les autres lorsqu’il a un problème grave. Les plus intellectuels
et les plus supérieurs d’entre eux ne peuvent s’empêcher de tout disséquer,
donnant l’impression de vouloir, le beurre et l’argent du beurre, et parfois
même son procédé de fabrication. Leur marque de reconnaissance est le
plus souvent une ignorance qu’ils cachent sous une intolérance envers ceux
qui pourraient la dévoiler.
Cet homme, très courtois certes, laisse transparaître, il est vrai, une
certaine hostilité à mon égard. Je m’apprête donc à passer un examen ayant
quand même un avantage certain sur ses proches  : partir quand je le
souhaite avec cependant le regret de laisser son fils sur sa faim. Ce gamin
m’ayant profondément touché, l’idée d’un départ précipité me peinerait.
A peine assis, et d’un air interrogateur, Charles m’aborde alors de façon
très directe :
– « Dans votre livre Changez votre futur, vous dites à la page soixante
dix que « nous sommes les seuls responsables de nos malheurs et de notre
bonheur ».
Je ne laisse pas paraître le profond ennui qui m’envahit :
– Si vous avez lu les pages précédentes vous savez que nous créons un
potentiel dangereux : pour bien comprendre le danger du futur, disons que
nous fabriquons du 2 000 volts alors que nous sommes faits pour du 220.
Pourquoi s’étonner de recevoir des décharges douloureuses en utilisant le
seul potentiel disponible pour survivre ?
– Je ne suis pas contre cette idée que vous avez déjà exprimée à
Aurélien, d’après le peu que j’en ai compris. Après tout, nos appareils
électriques marchent grâce à un potentiel fabriqué dans des centrales
électriques. Nul besoin de savoir comment ces usines fonctionnent pour
brancher son rasoir ou sa bouilloire ! Pourquoi n’en serait-il pas de même
avec le futur, si ce n’est que rien ne prouve la préexistence de ce futur et
encore moins l’existence d’êtres capables de nous le fabriquer ?
Et voilà  ! Ce papa me semblait plus préoccupé par des problèmes
intellectuels que par ceux de son fils. Je garde mon calme :
– Nul besoin de savoir qui le fabrique. Il suffit de savoir régler notre
potentiel de survie. Ce dernier est tellement phénoménal qu’il paraît
souvent paranormal mais en réalité, seule notre ignorance l’est.
– Je ne vous le fais pas dire. Si je voulais vous voir avant mon fils, ce
n’était pas pour vous importuner avec des questions stupides, mais pour
vous entendre dire ce que vous pensez des guérisseurs. Vous affirmez que
nous avons tous, un jour ou l’autre, rencontré une personne capable
d’enlever des verrues, de guérir des petites brûlures, de faire tourner
pendules ou guéridons, toutes ces histoires que l’on trouve dans tous les
revues à sensation.
– Vous avez oublié ceux qui trouvent des sources, qui voient l’avenir,
qui remettent une articulation en place, qui calment les douleurs ou qui
chassent les démons, sans parler des guérisons dites miraculeuses. N’êtes-
vous pas surpris de voir combien de soins s’effectuent ainsi d’une façon
toujours rapide et surprenante ?
Je sentais que, comme la plupart d’entre nous, il doutait de la réalité
d’une telle énergie, ignorant que notre corps la réclame à chaque instant
pour sa survie. Aussi ne suis-je pas très étonné lorsqu’en reposant le livre
sur le bureau, il me demande :
– De quelle énergie parlez-vous ?
– De celle que tout être humain possède même si l’on ne sait pas bien la
définir. Pour simplifier, on peut dire que c’est une énergie qui nous remet
d’aplomb.
– Si vous l’utilisez vous-même, pensez-vous qu’Aurélien puisse en faire
autant ? Tout le monde n’est pas guérisseur.
Je proteste immédiatement :
– «  Et je ne le suis pas, moi-même  ! Vouloir changer le futur n’a pas
pour but la guérison mais la recherche d’un équilibre. Trouver la cause d’un
déséquilibre est beaucoup plus important qu’une guérison, surtout
lorsqu’elle celle-ci prend l’apparence d’un miracle divin. Une maladie est
une sonnette d’alarme, la guérir sans en chercher l’origine ne sert à rien. Si
la cause ne disparaît pas, il en viendra une autre, peut-être plus grave et qui
fera regretter la guérison passée. »
J’aimerais bien lui parler du danger qui guette les guérisseurs, les
confesseurs, les thérapeutes. J’ai cependant l’impression que c’est inutile.
Je ne savais pas encore que «  l’intellectuel supérieur  » était déjà devenu
apprivoisable.
 
– Pouvez-vous dès maintenant répondre à ma première question  : que
fait un bon guérisseur ?
– Il guérit sans avoir appris à le faire. Jugées bénéfiques par ses patients
mais dangereuses par les médecins – guérisseurs patentés mais souvent
impuissants – ses guérisons parfois spectaculaires sont excessivement
dangereuses pour lui.
– Comment cela ? demande Charles très surpris.
– Celui qui prend en charge le futur d’une personne peut débarrasser
celle-ci d’un déséquilibre qui serait causé par l’actualisation de ce futur.
Dans ce cas, il peut dire, comme Jésus, à un paralytique  : «  Lève-toi et
marche  !  » tout en lui précisant également  : «  ton potentiel dangereux
n’existe plus. »
– Vous croyez que Jésus prenait en charge le futur du paralytique  ?
s’exclame-t-il étonné.
– Je pense même que Jésus connaissait cette possibilité puisque la
langue grecque de son époque en parle en termes clairs et que ce grand
« docteur de la loi » de l’espace et du temps ne pouvait l’ignorer. Dans cette
langue très ancienne, créer un potentiel dangereux se dit « amartanou » qui
signifie pécher10. Certes, il ne s’agit pas du « péché » tel que les chrétiens
l’entendent de nos jours. Prendre en charge un « péché » guérit le malade
ou résout le problème, sans pour autant l’effacer. Le guérisseur se retrouve
donc avec un potentiel dangereux, un « péché » qu’il lui faudra supprimer
pour qu’il ne soit plus jamais actualisé par quiconque. Sinon, il deviendra
responsable de nouveaux malheurs. Devenant le sien, ce potentiel sera alors
pour lui une « tentation ». Il devra de ce fait demander à son double de « ne
pas le laisser succomber à la tentation en le délivrant de ce mal futur ».
– Je savais déjà que le « notre Père » était votre prière favorite.
– Ce n’est pas une prière qui se récite machinalement. C’est une
demande naturelle et profondément réfléchie d’un fils qui sait, par une loi
universelle et donc par certitude, qu’il a un père «  dans un royaume qui
n’est pas de ce monde » précisait Jésus, auteur de cette demande. Celle-ci
ne concerne donc pas la guérison mais la recherche d’un équilibre spirituel
salutaire.
 
 
 

19. L’anticipation ou le pouvoir de la pensée


sur toute la planète
 
 
 
 
– Pour vous, la guérison est donc dangereuse  ? demande Charles.
Pourtant, une fois guéri, hors de danger, n’importe quel malade est heureux,
son entourage aussi.
– Qui ne serait pas content de retrouver la santé, surtout après une
maladie grave  ? Cependant, une guérison n’est pas sans conséquence car
tout guérisseur se charge d’un potentiel qui peut l’anéantir. En annonçant à
son patient sa guérison, il peut apporter un soulagement et devenir
coresponsable d’un futur dangereux puisque le malade satisfait – et peut-
être guéri – ne modifiera en rien ses pensées et son comportement. À la
longue, sa responsabilité peut devenir infernale et même mortelle.
– Je sais en effet, rétorque Charles d’un ton soudain très calme et
surprenant, que les statistiques officielles faites par les assurances, pour
prévoir les retraites de leurs clients, sont peu rassurantes pour les
thérapeutes. Ces derniers ont en effet une durée de vie plus courte et, de ce
fait, le montant de leur prime est moindre. Votre conclusion semble donc
logique.
– A savoir ?
– Guérir finit par être dangereux.
– Seulement si le guérisseur arrête toute thérapie. S’il ignore le moyen
d’arranger ses potentiels, il se retrouve face à des difficultés nouvelles et
n’a plus la possibilité de les évacuer sur sa clientèle. Aussi longtemps que
dure ce transfert d’énergie potentielle, il vit tant bien que mal. En
supprimant cette possibilité, que peut-il faire ?
– Qu’entendez-vous par transfert d’énergie potentielle ?
– Vous pouvez enlever le potentiel dangereux d’un malade qui, de ce
fait, guérira. Vous prenez ainsi ce potentiel à votre charge. Avoir un même
guérisseur, discuter avec ses patients peut ouvrir la porte d’un potentiel
dangereux si vous n’êtes pas protégé par votre affection et votre honnêteté.
Connaissez-vous l’effet nocebo ?
– Non !
– L’actualisation d’un futur plaît  : on parle de l’effet placebo.
Lorsqu’elle est nuisible, on oublie de parler de l’effet nocebo qui signifie
nuire en latin. Il est normal de cacher ce qui nuit pour garder ce qui plaît. Là
encore, la désinformation est totale. Les expériences dites en «  double
aveugle  » en sont la preuve. Pour tester de nouveaux médicaments, on
donne des vrais et des faux médicaments à deux groupes de population qui
ignorent qui a quoi.
– J’en connais le principe, précise Charles. Le médecin est dans la
même ignorance : lui aussi ne sait pas qui a quoi. Certains malades utilisent
ainsi, sans le savoir, de l’eau ou du sucre. Ils guérissent parfois grâce à ce
fameux effet placebo.
– En réalité, ils ont actualisé un potentiel salutaire préexistant. D’autres
souffrent des effets secondaires bien avant ceux qui, prennent le vrai
remède. Ils ont bien trouvé une information exacte mais, cette fois-ci, le
potentiel actualisé est dangereux ou même parfois mortel. Comment
expliquer un résultat aussi déplorable, puisque ce danger n’existe pas
encore dans le groupe de population qui, de son côté, prend le vrai
médicament  ? Cet effet surprenant est appelé «  effet nocebo  » par les
laboratoires qui en cachent souvent l’existence.
– D’après vous, il s’agit d’un mauvais futur collectif où nous puisons
bêtement l’information dont nous avons besoin ?
– C’est un mauvais transfert d’énergie potentielle. Cette explication
permet aussi de comprendre la contagion. Une épidémie se développe
d’autant plus rapidement qu’elle utilise cet effet nocebo. Un virus ou une
bactérie qui ne fait habituellement aucun mal peut devenir mortel si son
porteur a peur de tomber malade. Cette crainte devient la cause de la
maladie car, pour ouvrir les portes d’un futur dangereux, il suffit d’avoir
une pensée analogue à celle qui a créé ce potentiel. C’est la relation
obligatoire entre tentation et « péché » dans le sens grec de ce dernier mot.
– Que dire alors des confesseurs ou des psys…  ? D’après vous, avec
leur absolution ou leur analyse, ils prennent aussi en charge le « péché » de
leurs patients, au sens grec du terme ?
– Ma foi oui ! Tout comme nos dirigeants. Cependant dans l’ignorance
des lois du temps, sont-ils capables d’effacer les « péchés du monde » ? Le
plus souvent, consultant en cachette des voyants, ils les actualisent,
devenant les marionnettes dociles d’une réalité future, perdue dans un « au-
delà » de nos perceptions dont ils ignorent tout.
– Vous êtes sérieux avec votre « au-delà » ? N’est-il pas plus simple de
penser que le monde est dirigé par un petit groupe de milliardaires ?
– Pourquoi ces milliardaires ne seraient-ils pas sous la domination de
notre futur qui sournoisement, les manœuvrerait par des échanges
d’informations parasites ? Autant inonder de renseignements mensongers le
haut d’une pyramide pour mouiller la base. L’inverse n’est pas vrai.
Cependant, dirigeant ou dirigé, gouvernant ou gouverné, chacun peut boire
les informations de son double qui ne sont jamais filtrées par nos
hiérarchies humaines. Celui-ci sait que les futurs potentiels d’autrui sont
plus dangereux que les nôtres.
– Ne pouvons-nous pas créer des futurs potentiels adaptés à notre corps
et à nos problèmes ?
– Certes, mais cela ne suffit pas, car nous vivons en collectivité et nous
pouvons actualiser un futur existant, fabriqué par n’importe qui durant les
vingt-cinq mille ans du cycle de dédoublement. Comme ce dernier touche à
sa fin, il nous fournit un potentiel redoutable. De nombreuses possibilités
ont été créées dans le futur sans jamais être actualisées dans le présent.
Actuellement, ne disposant plus de garde-fous valables, balayant la loi
immuable du temps, l’humanité réveille des potentiels dangereux enfouis
depuis des millénaires dans les ténèbres du futur. Les colères de notre
planète nous étonnent alors qu’elles sont le résultat de l’actualisation de
futurs catastrophiques, effectuée par tout à chacun dans le quotidien de leur
vie.
– Il est quand même difficile, ajoute Charles avec son air pincé, de faire
un lien entre la colère d’un homme envers sa femme au printemps et
l’inondation de sa maison en automne ?
– Une pensée ou une parole violente déclenche dans le futur un effet
nocebo. Il suffit par la suite d’actualiser ce potentiel. Une petite colère
attirera une grosse conséquence déjà existante dans le futur. Ne parlons pas
des cyclones, des tornades et des raz de marée qui peuvent être déclenchés
par la seule violence d’un peuple ! Les pensées sont plus destructrices que
vous ne le croyez. Pourquoi ne pas les utiliser en sens inverse  ? Vous
n’imaginez pas leur force. Dans l’Île de la Réunion, une coulée de lave a
contourné une église parce que des fidèles aimaient ce lieu de réunion.
– Un hasard, conclut mon interlocuteur qui commence à retrouver ses
préjugés et son agacement « d’intellectuel supérieur » !
– Si des doubles sont capables de détourner un fleuve de lave, pourquoi
ne seraient-ils pas capables, d’arrêter l’éruption avant la coulée, le séisme
avant le tsunami, la modification de l’axe de rotation de la terre avant les
mouvements tectoniques qui en résultent, la fonte des glaciers qui modifie
cet axe, les explosions solaires qui les réchauffent, etc., etc.  ? Les
catastrophes ne sont jamais naturelles mais elles concernent la nature qui est
à notre service et que nos pensées modifient en modifiant son potentiel.
Le père d’Aurélien proteste :
– Il est impossible d’analyser les conséquences futures de chacune de
nos pensées !
– Seul, notre double peut arranger un potentiel nuisible avant qu’il ne
puisse être actualisé par quiconque. En revanche, selon le même processus
naturel, nous pouvons être les créateurs du bonheur des autres sans jamais
voir personne dans notre quotidien.
– Ne me dites pas, s’exclame Charles stupéfait, ce que vous allez
certainement me dire avec votre assurance habituelle !
– Dites-moi vite ce que je devrais certainement vous dire avec mon
assurance habituelle qui n’est, sachez-le, qu’une façon de déclencher
l’intuition.
Il n’est pas d’accord :
– L’intuition ! Votre assurance peut aussi être une simple prétention sans
la moindre intuition.
– Je ne doute jamais d’une réponse que je ne connais pas encore mais
qui va certainement jaillir puisque vous la réclamez. Vouloir déclencher une
intuition peut en effet donner l’impression d’avoir réponse à tout. Essayez
vous-même, vous serez étonné du résultat !
– Pour l’instant, je préfère vous demander avec tout plein de doute
concernant votre réponse, pourquoi une pensée agréable détruit-elle un
potentiel désagréable ?
– Une pensée agréable envers une personne croisée dans la rue suffit à
déclencher un potentiel agréable. Cette personne pourra actualiser un futur
sympathique uniquement lorsque sa pensée sera du même ordre. Dans ce
cas, elle ressentira une joie instantanée sans même savoir pourquoi.
– Et que produit une pensée désagréable ?
– Elle permet d’actualiser un futur désagréable qui déclenche
immédiatement une réaction de défense. Vous pensez alors à tort qu’il s’agit
d’une antipathie spontanée. Connaître ce mécanisme simple permettrait de
régler la majorité des problèmes sur terre. Ce n’est pas une utopie mais une
loi que la fin actuelle du cycle de dédoublement rend permanente.
– Quelle fin ?
– La fin des temps du dédoublement. Les temps, passé, présent, futur
sont séparés selon des cycles immuables de vingt-cinq mille ans11. À la fin
de cette séparation, nous découvrons les questions de nos doubles et les
futurs que nous avons bâtis. En attendant, bons ou mauvais, tous les
potentiels deviennent accessibles. Il en résulte que le bonheur attire le
bonheur et que le simple fait d’envisager un petit malheur de rien du tout
attire les foudres du futur.
Charles devient moqueur :
– Finalement, pour ne rien créer de mauvais dans le futur, il faut être
débile ! Si l’ignorant participe à la désinformation, la bêtise en fait autant.
– Pas dans le futur ! Un « simple d’esprit » n’y apporte aucune pensée
valable si ce n’est son besoin d’affection. Il nous fabrique ainsi un potentiel
affectif que l’intellectuel ignore et n’actualise jamais.
– Que ferions-nous dans notre monde avec des débiles à chaque coin de
rue ?
– Des merveilles dans le futur. Certains peuples africains, dits primitifs,
les accueillaient comme des dieux, les traitant avec respect. Nous, nous
essayons de les traquer pour les tuer dans le ventre de leur mère. Notre
monde refuse les attardés parce que nous aimons paraître. Nous sommes
des « sépulcres blanchis » ne contenant que de la pourriture. L’extérieur des
gens nous attire sans savoir que cette attraction peut nous ouvrir la porte
d’un potentiel détestable. Que de gens vivent avec les idées et les envies des
autres sans jamais penser qu’ils se détruisent ainsi. Savez-vous comment les
chauves-souris se dirigent ?
– Totalement aveugles, elles envoient des ondes et captent l’écho.
– Nous faisons de même avec le futur. Nous envoyons des questions
mais nous captons les réponses des autres. Pourquoi s’étonner lorsque nous
nous fracassons le crâne sur des obstacles ?
Sans la connaissance des temps, science et religion sont dans l’erreur.
Nous vivons avec des milliards de potentiels disponibles dans les ténèbres.
Dès que nous avons une pensée similaire à celle qui a déjà fabriqué un
futur, nous pouvons immédiatement actualiser ses conséquences  : ces
dernières sont souvent bénéfiques mais parfois terriblement dangereuses.
– Bien ou mal, positif ou négatif, s’exclame Charles en guise de
conclusion, science et religion se rejoignent.
– Bâties sur des postulats, d’apparence logiques mais par définition
invérifiables, science et religion tentent de nous faire survivre bon an mal
an. La théorie du dédoublement permet à ceux qui veulent des hypothèses
vérifiables de pouvoir comprendre enfin que « le temps » se divise en passé,
présent, futur et que cela nous offre en outre la possibilité de surveiller notre
vie quotidienne. Cependant, cette surveillance est si rapide que nous n’en
avons jamais conscience. Sans le savoir, nous utilisons les moments où
notre corps nous plonge dans l’inconscience. Certains tentent même de
rechercher cet état où la conscience se modifie, au moyen de transe, danse,
chant, jeûne ou hypnose, afin d’appréhender ce qu’ils pensent être le futur.
– N’est-ce pas ce que fait un chaman ou un sorcier ?
– Tout le monde est chaman ou sorcier à la fin du dédoublement des
temps puisque les portes du futur sont grandes ouvertes. La voyance et les
prémonitions sont monnaie courante. De nos jours, l’exception vient de
celui qui ne reçoit aucun message du futur. Aujourd’hui, Edgar Cayce
passerait inaperçu !
– N’est-ce pas ce voyant qui, au début du siècle dernier, avait surpris le
monde médical ?
– Il parlait de « voyages dans un temps différent » et se mettait dans un
état d’auto hypnose ou d’inconscience afin de donner des diagnostics précis
et de permettre des soins efficaces. Il avait même diagnostiqué des maladies
et décrit des bactéries qui ne furent connues et étudiées qu’après sa mort.
Son état de transe proche du sommeil devait certainement utiliser les
ouvertures temporelles pour capter des informations.
– Ce genre de personnage ne se rencontre pas à chaque coin de rue !
– Détrompez-vous  ! De nos jours, les voyants de ce type existent
partout. Sans parler de l’abondante littérature des «  channeling  » qui sont
réellement en perfusion directe avec des êtres dangereux. Ils sont
habilement manipulés afin de mieux manipuler leurs lecteurs.
Actuellement, n’importe qui peut faire appel à ce genre d’informations
prémonitoires.
– Faut-il les fuir ?
– Non  ! Elles sont très utiles en cas d’urgence. Car le double est
toujours en avance d’une seconde sur ces informateurs parasites. Ainsi,
l’exemple de cet invité qui, entendant des parasites à la radio, pensa qu’un
enfant était en train de s’électrocuter. Les parents se précipitèrent dans la
chambre de leur petite fille qui venait de mettre une prise dans sa bouche.
Cet homme avait fait appel à son double et « deviné » un danger de façon
instinctive.
– Il avait sans doute été électricien.
– Ce n’est pas la compétence qui donne l’intuition nécessaire. Prenez le
cas de ce chirurgien qui, grâce à notre enseignement, avait développé le
contrôle de ses intuitions ! Un jour, il vit dans la rue, allongé sur le trottoir,
un cycliste accidenté. Sans avoir eu le temps de réfléchir, il sortit son canif
et ouvrit la gorge du malheureux, le sauvant ainsi de l’étouffement.
L’intuition n’a fait qu’optimiser sa compétence chirurgicale.
– Voulez-vous me faire croire que n’importe qui peut faire tourner un
pendule, lire dans les cartes ou le marc de café ?
– Celui qui a peur de ces phénomènes les éloigne. C’est une
protection. Le problème est que personne ne sait comment contrôler ce
qu’il finit par croire paranormal. Alors, celui qui s’émerveille de ce qu’il ne
comprend pas finit par prendre tout pour argent content et se retrouve dans
une secte avant même qu’il ait compris qu’il était devenu schizophrène. Qui
fabrique le meilleur lavage de cerveau, si ce n’est le futur ?
– Et les gourous ? ajoute Charles.
– Comme la plupart des voyants, médiums patentés ou channels
d’occasion, un gourou n’est que le serviteur des ténèbres qui l’éclairent, dis-
je pendant qu’il fouille dans un tiroir à la recherche de je-ne-sais-quoi. Ce
prophète infernal est encore plus noir que ses guides qu’il prend pour des
êtres lumineux. Il anticipe les questions que les ténèbres lui suggèrent pour
mieux vous transformer en marionnettes. Et vous pensez ce que le futur
veut vous faire penser avant même que vous preniez conscience que vous
pensez. C’est facile puisque l’anticipation est une loi vitale ignorée de tout à
chacun.
Le scepticisme se lit sur le visage de Charles :
– Cette loi est-elle prouvée ?
– Des expériences l’ont parfaitement démontrée12. Et cela, grâce à
l’imagerie médicale qui, notez-le, utilise la technique de l’ondulatoire –
scanner ou autre – alors que la médecine classique néglige l’influence des
ondes que notre corps reçoit. De nos jours, il est en effet possible de
visualiser la partie du cerveau activée par la seule volonté d’effectuer un
geste précis.
– Et alors ?
– Partant de cette localisation, on a pu mettre en évidence l’anticipation.
Vous décidez de lever le bras, parce que vos neurones ont déjà décidé de le
faire avant même que vous en preniez conscience. Le problème est de
savoir si c’est bien vous qui commandez votre cerveau et non pas quelqu’un
d’autre. Or le fait de lever le bras n’est pas anodin, vous pouvez puiser dans
un potentiel détestable.
– Comment cela ?
– Pensez à tous ceux qui l’ont fait en disant : « Heil Hitler ! » N’ont-ils
pas été ainsi, par ce simple geste, coresponsables de millions de morts ?
– Vous y allez un peu fort ! rétorque Charles qui commence cependant à
réaliser avec effroi l’importance de notre responsabilité. Que dites-vous
alors de ceux qui font le signe de croix ?
– Ils peuvent actualiser les potentiels créés par des générations de
superstitieux qui pensent ainsi faire parvenir leurs souhaits à l’oreille de
Dieu.
Avec un sourire de contentement, Charles sort un pendule de son tiroir.
Sa joie semble être celle d’un gamin pris la main dans un pot de confiture.
– On va bien voir qui commande qui  ? Vous venez de dire que mon
cerveau recevait des instructions avant que je le sache.
À sa grande surprise, le pendule se met à tourner rapidement.
– Vous voyez, il tourne sans que je pense à rien, dit-il croyant avoir
l’explication de ce phénomène bien connu des adeptes de la divination.
– Non  ! Vous pensez que vous ne pensez à rien mais en réalité, vous
voulez vous prouver qu’il tourne sans penser à rien et le futur vous le
prouve à l’instant même parce que ce potentiel existe. Des millions de gens
font tourner leur pendule juste pour prouver que ce qu’ils pensent est vrai.
– Où est le danger ?
– Connaissant l’anticipation, il est possible de dire que vous recevez des
informations du futur avant même d’en avoir conscience. Pourtant, c’est
vous seul qui les avez attirées car le tout début de votre pensée a fait surgir
des projets passés, individuels ou collectifs. Ces derniers ont déclenché un
potentiel et votre cerveau actualise ce futur avant que vous ayez le temps de
finir votre pensée. Vous obtenez alors le désir soudain de bouger le pendule
sous forme d’instinct ou de réflexe apparemment immédiat. Vous avez
seulement actualisé un futur existant par une ouverture temporelle sans
avoir le temps de le savoir.
 
– Vous pensez vraiment que j’agis ainsi sur la matière ? demande-t-il en
regardant son pendule s’agiter.
– Les animaux le font pour leur bien-être. Avez-vous entendu parler de
«  psychokinèse  ». Cette action leur est familière. Ils savent utiliser une
réalité d’un autre temps.
– Vous croyez à la psychokinèse, vous un homme de science ? fait-il au
comble de la surprise en rangeant son pendule.
– C’est tout à fait scientifique. Prenez un poussin qui sort de l’œuf. Il
associe toujours à sa mère ce qui bouge autour de lui : des expériences l’ont
prouvé13. Placez à ce moment précis un petit véhicule qui se déplace de
façon totalement aléatoire tout en traçant son chemin sur le sol  ! Vous
observerez quelque chose de surprenant  : son trajet ne sera plus aléatoire
mais se rapprochera du poussin. Inversement, si vous rendez le véhicule
effrayant, par sa couleur ou son bruit, il s’éloignera du poussin.
– Vous ne prétendez quand même pas que l’animal modifie le
comportement d’une machine ?
– Bien sûr que si  ! Certes, tout le monde pense qu’un véhicule ne
devrait pas avoir d’état d’âme. Une autre série d’expériences prouve la
réalité de l’influence de la pensée d’un animal sur la matière. On place une
souris à l’entrée d’un labyrinthe. Sélectionné de façon aléatoire, seul un des
couloirs ne sera pas électrifié. Or, devinant l’imprévisible, la souris prend le
plus souvent le chemin sans décharge pour aller chercher sa nourriture à la
sortie.
– Je ne mets pas en cause ces expériences. Je sais qu’elles sont vraies
mais nous ne sommes pas des souris. Voilà tout !
– L’anticipation concerne tous les animaux, nous compris. Une machine
n’est qu’un tas de particules en mouvement, comme nous. La souris nous
prouve qu’elle est un excellent physicien des particules. Votre ordinateur
trouble votre comportement qui le perturbe à son tour. Si votre micro-onde
est capable de transformer les informations vitales de vos aliments au point
de vous désinformer, l’inverse est tout à fait possible. Qui n’a pas observé
l’influence de l’homme sur les végétaux  ? Certains font pousser leurs
plantes à merveille.
– Vous voulez parler de « la main verte » ?
– Une bienveillante attention actualise le meilleur futur. Les plantes en
tirent bénéfice. Pourquoi ne pas redonner de la même façon une information
salutaire aux aliments avant de les manger ou aux machines avant de les
utiliser ? Le « bénédicité » des chrétiens avant les repas ne trouverait-il pas
là sa justification  ? Et sachant cela, ne devrions-nous pas associer une
pensée à chacun de nos gestes ?
– Alors là, s’esclaffe Charles, avec les lignes électriques, les prises de
courant, les radios, les téléphones et tout ce fatras de renseignements
ondulatoires, vos informations anticipatives doivent être peu fiables.
– Les rêves et les temps dits d’inconscience nous entraînent toujours
dans de longs voyages indispensables où nous trouvons le meilleur
équilibre possible. Connue depuis toujours, bien plus puissante que la
bombe atomique, l’accélération foudroyante du temps nous donne une force
accessible partout à chaque instant. Nous utilisons «  cette bombe du
temps  » sans le savoir dans notre quotidien. Chaque envie la déclenche.
Pensant à tort et sans raison, nous gaspillons notre énergie, affaiblissant
ainsi notre potentiel de survie qui sera pourtant indispensable après la mort.
– Tout cela est bien beau et je ne me lasse pas de vous écouter, dit
Charles sans même le penser, mais tout homme sensé vous dira que si
c’était vrai, ça se saurait !
– C’est ce que disent les incrédules qui nous laissent ainsi dans le
désarroi de leur ignorance. Combien de personnes s’éclaireraient encore à la
bougie si personne n’avait admis la réalité de l’électricité ? Tout ce qui est
vital se sait naturellement. Nul besoin d’enseignement pour survivre ! Les
animaux nous le prouvent par de multiples exemples quotidiens que nous ne
savons même plus déchiffrer. Un cheval s’arrête lorsqu’il sent un danger.
Ignorant cette prémonition, son cavalier peut l’éperonner. Il affrontera le
danger que sa monture voulait lui éviter.
À ma grande surprise, il surenchérit :
– Il est vrai que les éléphants ont brisé leur chaîne et quitté les lieux
avant le tsunami d’Indonésie.
– De même, avertis du danger de mort par un fort pressentiment, les
poissons ont fui le raz de marée sauvant ainsi des pêcheurs qui les ont
suivis. Seuls quelques cadavres de rats ont été trouvés. Or ils étaient des
milliers. Autrefois, tout le monde savait que les rats quittaient le navire au
port avant même que l’on puisse prévoir la tempête qui allait couler leur
bateau au large. Pourquoi sommes-nous incapables d’imiter les animaux ?
Ne devons-nous pas nous poser la question suivante  : qui profite de notre
ignorance si ce n’est ceux qui fabriquent notre futur ?
 
 
 

20. Les échanges d’informations


 
 
 
 
 
Un sourire de contentement éclairait le visage d’Aurélienqui, toujours
bien installé dans son fauteuil, n’avait pas perdu une seule fois le fil de la
conversation :
– Si nous échangeons nos corps énergétiques avec notre double pendant
le rêve, cela n’a rien à voir avec notre futur ?
– C’est un premier échange. Cependant, cet autre nous-même ne
s’arrête pas là. Son corps énergétique poursuit son voyage vers notre futur à
la recherche de réponses conformes à ses questions. Or, il ne les trouve que
si nous les avons déjà fabriquées par nos propres pensées. Pendant ce
temps, un corps énergétique du futur remplace le nôtre.
– Pourquoi ?
– Pour nous maintenir en vie. Il apporte ses propres questions et ses
propres réponses. Sans le contrôle de ton double, celles-ci pourraient être à
l’opposé de tes préoccupations et te donner des informations fausses,
inadaptées à ton corps qui pourrait être ainsi gravement malmené.
– Mais alors, mon corps est à la merci du futur  ? s’inquiète Aurélien,
apparemment stupéfait par cette idée.
– Pas du tout ! Aucune énergie du futur n’est maîtresse de notre temps.
C’est pour cela que, pendant cet échange, ton corps ne peut plus bouger.
Cependant, il emmagasine les informations du futur. Cela explique notre
immobilité – dite atonie posturale – et l’intense activité intellectuelle qui
fait bouger nos yeux dans tous les sens pendant le rêve. Tu n’acceptes les
idées nouvelles à ton réveil que si elles te plaisent, aussi bien mentalement
que physiquement. En réalité, tu fais de la voyance sans le savoir. Si ton
double n’intervient jamais, tu peux être stressé ou déprimé puisqu’à ton
réveil, tu risques de penser des choses inacceptables pour ton corps ou pour
ton esprit.
– Ce n’est pas possible : je t’ai déjà dit que je me souvenais rarement de
mes rêves.
– Ton corps s’en souvient et te redonne des informations qui peuvent
être détestables. De plus, comme le futur est une réalité différente de la
nôtre, il est difficile de comprendre nos rêves. Le mieux est de laisser à
notre double le soin d’arranger nos problèmes car le futur a la même réalité
que la sienne en accéléré. Il voit défiler lentement toutes nos possibilités.
Grâce à lui, nous pouvons actualiser rapidement le meilleur potentiel dès le
lendemain. N’oublie pas qu’il existe des milliards d’ouvertures temporelles
pendant le sommeil paradoxal  ! Ton double peut régler des milliards de
problèmes. Effectuer cet échange avec lui, est la seule façon de vivre sans
souci et surtout, sans peur du lendemain. Sinon, tu ne contrôles pas le futur.
Des pensées étrangères te parasitent et te poussent à faire des choses que,
sans elles, tu n’aurais jamais eues envie de faire.
– Pourquoi le futur ne me donnerait-il pas de bons tuyaux ?
– C’est comme si tu demandais ton chemin à un passant qui croit
connaître la route. Te donnera-t-il la bonne réponse ? Le futur est plein de
menteurs puisqu’il vit en fonction de nos pensées !
– À propos, tu ne m’as toujours pas expliqué comment me débarrasser
de tous ces voyous ! Tu t’en souviens ?
– Il te suffit de vivre dans l’affection et l’honnêteté. C’est ta seule et
unique protection face à ces Enfers où règne le Prince des ténèbres, comme
disait Jésus. Dieux de l’ombre des sumériens, démons des régions
infernales, ces mondes obscurs analysent nos pensées pour en fabriquer
toutes les conséquences. Ils ne font que bâtir les vies que nous souhaitons.
Nos interrogations leur permettent de créer leurs réponses. S’ils veulent
vivre à leur guise, ils les modifient. Les cauchemars ne sont que la
conséquence de ces échanges incontrôlés. Ainsi, peu à peu, notre
personnalité change et nous entrons sans le savoir dans le royaume des
schizophrènes.
– C’est quoi un « ksizophrène » ?
– C’est quelqu’un qui est tellement attiré par le futur que le futur est
presque tout le temps avec lui. Sa personnalité est double parce que son
double n’est plus jamais avec lui. Peu à peu, il s’habitue aux ténèbres.
– Pourquoi personne ne nous parle de ce double ? demande Aurélien en
regardant sa mère qui arrive dans le salon.
– Il ne nous est pas totalement inconnu. Certains y voient un guide ou
un ange évoluant dans un monde mystérieux.
– D’autres, ajoute la maman, préfèrent croire qu’une conscience innée
ou un inconscient collectif lié au passé ou au hasard de l’évolution nous
entraîne vers l’oubli ou le repos éternel.
– Chance ou malchance, Dieu ou Diable, hasard ou prédestination, tout
le monde a raison, personne n’a tort, car cet autre nous-même est notre lien
avec l’immortalité : c’est une parcelle créatrice dans un temps différent du
nôtre, dans un «  au-delà  » de nos perceptions habituelles, autrement dit,
dans un invisible parfaitement réel.
– Alors on devrait pouvoir le rencontrer, fait remarquer l’enfant.
– C’est trop dangereux. La lumière de son temps ralenti nous tuerait.
Dans nos échanges, nous nous croisons sans jamais nous voir. Parfois,
lorsque ton double vient en toi la nuit et qu’il voit que tes futurs sont
détestables, il ne s’y aventure pas et tu deviens somnambule.
Aurélien me fixe des yeux, inquiet :
– Mais je suis som… nam… bule, dit-il Aurélien inquiet en butant sur
ce mot. Hein, maman ?
– Aurélien vient d’avoir des crises de somnambulisme, me confirme sa
mère soudain mal à l’aise.
– Ce phénomène est fréquent à son âge où l’on essaie de voler de ses
propres ailes, loin de son double. Il peut être dramatique à la puberté, où
l’on s’écarte souvent du chemin que l’on s’était tracé avant de naître. Alors,
la contrariété du double est tellement forte qu’il essaie de le montrer en
nous secouant
– Tu veux dire que mon futur est pourri  ? demande Aurélien avec
inquiétude. C’est bien ça ?
Je le rassure aussitôt :
– Nous sommes tous sur terre parce que notre futur est plus ou moins
pourri  ! N’oublie pas que nous avons fait pas mal de chose dans notre
espace depuis vingt-cinq mille ans  ! Le somnambulisme n’est pas une
punition ! Autrefois, ta tribu tout entière t’aurait fait parler pour écouter le
dieu qui était en toi. De nos jours, on préfère te donner des drogues qui
suppriment le somnambulisme et les informations de ton double.
– Hier, j’ai bien dormi. Mais, poursuit-il en réfléchissant, c’est le futur
qui était en moi. C’est lui qui a bien dormi.
– Il ne dort pas en toi mais prend connaissance de tes questions et de tes
soucis qui modifieront ensuite son comportement et ses pensées dans sa
réalité. C’est un échange  : tes pensées changent le futur qui change tes
pensées.
Aurélien regarde sa mère en lui précisant avec un sourire : « C’est là où
nos mauvaises cellules se zigouillent ! »
La maman hausse les épaules et réprimande gentiment son fils  : «  Ne
dis donc pas des bêtises grosses comme toi ! »
– Il a raison, dis-je. Une nuit peut suffire à nous remettre en forme. Cet
équilibre retrouvé rapidement, parfois instantanément, donne l’impression
d’un équilibre soudain, miraculeux. Il s’agit seulement de l’actualisation
dans notre corps d’un potentiel déjà existant dans notre futur.
– Si mon double vient en moi, je peux bien le rencontrer ?
– Seule, la mort peut nous réunir.
– Pourtant de nombreuses personnes voient en rêve un être lumineux !
s’exclame sa mère. Ne sont-ils pas guidés par leur double ?
– Ils ne sont que la proie crédule des dieux de l’ombre qui les éclairent
de leurs mensonges. Seuls, nos doubles sont des dieux de lumière et nous ne
pourrons voir le nôtre qu’après la mort. Parfois, dans l’urgence, une
vibration lumineuse peut nous avertir de sa présence. Pourquoi s’amuserait-
il à perdre ainsi de l’énergie si ce n’est pour nous avertir qu’il a besoin
d’une réponse à l’une de ses demandes précises  ? Par exemple, pour
annoncer une naissance, une mort, une nouvelle ou un tournant
indispensable dans notre vie. Dans tous les cas et comme nous arrivons à la
fin du cycle de dédoublement, il est nécessaire d’utiliser notre double pour
être sûr de ne pas nous tromper de guide et de direction.
Aurélien s’empresse d’ajouter vivement :
– Avec lui, je devrais donc pouvoir obtenir immédiatement ce que je
souhaite dans mon futur à moi ? demande Aurélien.
– Non, car il existe un décalage de quarante jours entre le moment où tu
souhaites un futur et le moment où tu peux l’actualiser. Cette durée
s’explique de façon rigoureuse
– C’est moche.
– Non, c’est une sécurité. Réfléchis ! Une seule de tes pensées fabrique
instantanément le futur correspondant. Quelqu’un peut actualiser ce
potentiel. Il lui suffit d’avoir une pensée analogue. Si tu veux éviter cette
responsabilité, tu as quarante jours pour changer ce futur avec l’aide de ton
double. C’est le principe même du carême.
– Mais si j’ai besoin tout de suite d’un futur pour survivre qu’est-ce que
je fais, je ne vais pas attendre tout ce temps ?
– Il y a des milliards de milliards de potentiels disponibles dans notre
monde. Tu peux en trouver un qui soit adapté à ton cas.
– Vous parlez de l’inconscient collectif ? demande Françoise.
– L’inconscient est en réalité du conscient mémorisable mais dans des
moments si rapides qu’il semble toujours hors conscience. Il modifie
cependant notre présent instantanément. Vous disposez à chaque instant
d’informations si rapides qu’elles vous arrivent sous la forme d’intuitions,
de suggestions et de prémonitions. Le problème est de savoir distinguer les
informations de notre double et celles du futur.
– Comment faire ? s’inquiète l’enfant.
– Comprendre qu’il ne vient rien de bon des ténèbres. As-tu peur du
noir ?
– Oui bien sûr !
– C’est normal  ! Les enfants ont toujours peur des mauvais échanges
qui s’effectuent dans les ténèbres des temps accélérés. Une fois réveillés, ils
manifestent une peur de l’obscurité que les parents tentent souvent d’effacer
avec une veilleuse. Cela rassure le bébé. Ignorant que sa peur attire un futur
capable de lui faire peur, il sera encore plus sujet aux cauchemars  : il
recevra des informations que son corps n’acceptera pas. Il s’en suivra des
désordres physiques dont les plus bénins seront les fesses irritables,
l’eczéma, l’allergie et dont les plus forts pourraient entraîner la mort subite
dite « des nourrissons ».
– Tu entends maman ? dit Aurélien à sa mère.
– Tu devrais peut-être laisser monsieur s’en aller, à moins, me dit-elle,
que vous puissiez rester encore un peu. Cela fait tant de bien à Aurélien, et
à nous aussi.
– Pourquoi tu ne dis pas à tous les enfants qu’il n’y a aucune raison
d’avoir peur du noir ? me demande ce dernier.
– Il n’est pas possible d’expliquer à un tout petit enfant de quelques
jours, mois ou années la théorie du dédoublement et ce qu’elle implique
dans le quotidien.
Je me tourne vers la mère :
– Cependant, rien n’est laissé au hasard. Les doubles de l’enfant et de la
mère bénéficient d’un canal commun d’informations qui leur permet de les
conseiller simultanément. De ce fait, l’enfant peut être calmé par sa mère si
celle-ci comprend que la première cause des cauchemars est sa propre
angoisse.
– J’ai en effet souvent remarqué que mon fils me communiquait ses
craintes et que l’inverse aussi était vrai.
Ce dernier regarde sa mère avec étonnement :
– Tu ne me fais jamais peur !
– C’est pourtant vrai, dis-je. Que de mamans transmettent leur
angoisse ! « J’étais comme lui, j’avais peur du noir, » vous dira une mère
sans deviner que le futur va lui prouver par la suite qu’elle a raison de
penser ainsi. En revanche, si vous arrivez à comprendre que l’obscurité
n’apporte rien d’autre que la conséquence des pensées que vous lui
attribuez, alors l’enfant n’aura plus besoin de lumière pour s’endormir.
– Alors maman a tout fait de travers et moi aussi, clame Aurélien. Elle
ne sait pas que je sens sa tristesse. Et moi, je ne sais pas que ses larmes sont
les miennes. Papa, lui ne sait pas que les ombres noires que je vois pendant
la nuit autour de mon lit sont vraies. Dès que j’en parle, il me dit : « Quand
tu seras grand, tu en riras avec moi. Tu n’auras plus peur de rien. » Un jour,
je lui ai dit : « Quand tu mourras, tu verras des méchants autour de toi et tu
riras moins. Il y aura même pas de policiers pour déposer plainte. »
– Quelle a été sa réponse ?
Aurélien hésite à répondre.
– Papa n’aime pas qu’on dise le contraire de ce qu’il dit, tu le sais, fait
sa mère qui se tourne alors vers moi. Que faire pour qu’un enfant n’ait plus
cette peur de l’obscurité ?
– Lui raconter une histoire avant de le border. Éteindre la lumière sans
craindre de le perturber suffit à n’importe quelle mère pour faire disparaître
la phobie du noir chez son enfant. Certes, cette habitude devrait être prise
dès la naissance de l’enfant qui ressent fortement la présence physique de sa
mère comme une source vitale d’informations. Un éloignement ne peut que
lui inspirer une crainte indescriptible, souvent exprimée par des pleurs, que
même un père attentionné aura un mal fou à dissiper.
J’avais un exemple récent que je m’empressais de leur raconter
rapidement.
Une mère venait d’apprendre que son fils de trois ans était perdu. Suite
à ses douleurs gravissimes, le médecin avait diagnostiqué un cancer de la
colonne vertébrale en phase terminale. La mère était effondrée de chagrin et
d’angoisse. Une amie lui parle de notre enseignement. Elle nous téléphone.
Que dire à une maman sous tranquillisant avec un fils sous morphine ?
Les drogues à forte dose perturbent, il est vrai, le sommeil paradoxal et de
ce fait les échanges d’informations salutaires avec le double.
Nous lui suggérons d’arrêter les calmants une heure ou deux, le soir
même, quitte à les reprendre aussitôt si le besoin s’en fait sentir. Attention !
Il s’agit de calmant, pas de médicament. Supprimer un médicament est une
chose grave qui déclenche un potentiel encore plus grave. Prendre une telle
responsabilité est bien trop dangereux. Dans ce cas précis, la douleur et
l’angoisse qu’elle provoque étant des alarmes efficaces, elles ne peuvent
que déclencher le désir de les apaiser. Laisser le calmant à portée de main
ne peut nuire.
Que faire ensuite avec un enfant qui ne peut comprendre le mécanisme
des échanges d’information avec le double ni l’efficacité d’un bon
endormissement ?
– Ne me dis pas qu’il suffit de raconter une histoire  ? clame Aurélien
incrédule.
– Pas tout à fait  ! Si la maman sait taire son angoisse et si elle a la
certitude que son double va tout arranger, il est évident que le lendemain
n’amènera que du meilleur. Mais attention  ! Une histoire improvisée, lui
conseillons-nous vivement, pas une de ces histoires qui se raconte ailleurs
et qui risque de le plonger dans des potentiels dangereux.
Une histoire intuitive peut se construire rapidement si l’on sait écouter
les mots qui nous viennent à la tête. Nous découvrons l’histoire en même
temps que l’enfant. Celui-ci s’endort avant même que nous lui donnions le
mot de la fin.
Pour cette mère, la surprise fut encore plus grande car ils s’endormirent
tous les deux avant la fin de l’histoire. Et le plus étonnant est qu’ils se
réveillèrent dix heures après, calmes et apaisés.
– Tu vois maman, s’exclame Aurélien dépité et très critique, ce soir, tu
viens me border et me raconter «  le petit poucet  » revu et corrigé par le
double. Je suce mon pouce et le tour est joué.
– Pourquoi penses-tu que ton double ne puisse pas te raconter une
histoire de ton âge  ? Je croyais que tu avais compris que la force de son
information pouvait être phénoménale. Avec le canal commun d’une mère
et de son enfant, elle paraît miraculeuse. Or il n’y a là rien d’anormal ni de
paranormal. Il suffit de savoir puiser dans un potentiel existant qui
correspond aux besoins de notre corps. Et seul, notre double en est capable.
Aurélien lève les yeux au ciel.
– Ne te fâche pas ! J’ai dit une bêtise. Il n’y a pas de quoi en faire un
film d’horreur.
 
 
 

21. Le rôle d’une mère


 
 
 
 
– Car le rôle d’une mère est fondamental. Les échanges d’informations
entre elle et ses enfants sont permanents.
Rendue soucieuse par cette affirmation, Françoise rétorque aussitôt :
– Que voulez-vous dire par là ?
– Toute femme enceinte sait que ses pensées changent. Ce qu’elle
ignore, c’est que ce changement est le fait du double de l’enfant qu’elle
porte en son sein. Elle reçoit des informations destinées au fœtus qu’elle
prend comme des intuitions nouvelles et surtout remarquables car souvent
différentes des siennes. Cela explique les inexplicables envies des femmes
enceintes.
– Vous pensez que cela s’arrête à l’accouchement ?
– Les envies corporelles, oui ! Mais les échanges d’informations entre la
mère et son enfant seront permanents. Ils sont très forts jusqu’à l’âge de
sept ans. C’est seulement à la fin de cette importante période que les
sociétés primitives donnaient à l’enfant son nom d’adulte car il avait enfin
l’âge de raison.
– Ma grand-mère ne sait même plus qui elle est ni où elle est. Maman
devrait être comme elle puisque c’est sa fille.
– C’est autre chose Aurélien  ! C’est une maladie. Alzheimer  ! me
précise-t-elle.
– Vous qui êtes sa fille, vous pouvez toujours demander à votre double
le pourquoi de cette perte de mémoire. Le canal d’information est le même
entre mère et fille durant toute la vie et même après la mort. Le peuple juif
considérait qu’un enfant n’était juif que si sa mère l’était. Cela semble être
une précaution bien mesquine et ma foi bien humaine, le mari n’étant pas
forcément le père biologique de l’enfant. Mais leur certitude était d’un autre
ordre.
– Laquelle ?
– Vivante ou morte, la mère délivre une information en provenance de
son double à tous ses enfants et à sa propre mère. Ce lien indélébile entre
les générations successives permet de donner un but précis à un même
peuple, des siècles durant. Les Égyptiens le savaient. Les juifs qui avaient
été leurs esclaves, aussi.
– Et moi, fait Aurélien en sortant, je suis esclave de mon corps qui doit
évacuer les mauvaises informations.
Sa mère sourit tout en me demandant :
– Prétendez-vous ainsi que je peux aider ma mère simplement parce que
je suis sa fille ?
– La filiation maternelle fournit des informations instantanées aussi bien
de la mère vers l’enfant que de l’enfant vers la mère et cela durant toute la
vie. Certes, ce canal commun n’est pas toujours aussi efficace. Il suit un
cycle de sept ans : âge de raison, âge de puberté, etc… Les cellules de notre
corps suivent également ce cycle puisqu’elles sont pour ainsi dire
entièrement renouvelées tous les sept ans. D’où la nécessité de bien
informer les nouvelles pour traverser un cycle sans ennui. Que de maladies
se déclenchent à ces moments-là  ! La relation mère enfant est toujours
salutaire lorsque le canal d’informations avec le double n’est pas coupé.
– Est-ce que ce canal peut se fermer lorsqu’il y a un problème ?
– Il s’ouvre aisément dès que l’affection entre en jeu. L’équilibre ou le
déséquilibre de l’un entraîne l’équilibre ou le déséquilibre de l’autre. Les
manifestations extérieures ou corporelles ne sont pas forcément les mêmes.
Un exemple me vint à l’esprit :
– Un bébé avait un eczéma purulent. Sa mère incriminait le lait en
poudre. Très naturopathe, le père parcourait la campagne par monts et par
vaux à la recherche de lait de jument. Rien n’y faisait  ! Leur seule
récompense fut la fatigue et l’insomnie. Un seul endormissement contrôlé
suffit à supprimer leur angoisse. Après quelques nuits, leur surprise fut
grande : l’eczéma avait totalement disparu.
 
Personne ne sait que l’enfant capte l’angoisse ou les joies de sa mère
dans un canal commun. Il voit les potentiels qui peuplent ses nuits de
cauchemars violents ou ses rêves merveilleux qui le font «  sourire aux
anges, » disait-on autrefois. Quand le bonheur est absent du foyer, l’enfant
peut actualiser les potentiels de sa mère et geindre sans raison.
– Vous êtes sûr que vous ne voulez pas rester encore un peu ? Charles et
moi-même serions heureux de vous inviter à déjeuner.
– Tu vois bien qu’il ne veut pas, soupire Aurélien. Il a d’autres
personnes plus importantes que nous à voir.
– Si tu prêches le faux pour savoir le vrai, le futur s’arrange aussitôt
pour que le vrai soit la conséquence du faux que tu imagines et tu es pris à
ton propre piège. Je te promets de revenir demain.
– Si je n’arrive pas à m’endormir comme il faut, dit Aurélien déçu, ça
sera de ta faute.
– Demande à ta maman de t’aider ce soir !
– Que dois-je faire ? demande celle-ci.
– Il te l’a dit  : me raconter une histoire pour m’endormir  ! sécrie-t-il,
moqueur.
Je me tourne vers Françoise :
– Ou tout simplement, raconter l’histoire d’Aurélien à votre double
parce qu’il la raconte peut-être très mal au sien !
Devant l’insistance de nos hôtes, nous ne pouvions qu’accepter
l’invitation. Le bonheur d’Aurélien fit plaisir à voir. Et, d’un geste rapide, il
tendit le bras très haut en signe de victoire. Il avait gagné !
 
 
 
 

22. Il sera une fois…


 
 
 
 
Que de moments agréables pourrions-nous connaître si nous savions
créer et actualiser les contes merveilleux du futur !
– Les contes du futur, c’est quoi ? Vas-y, dis-nous tout !
– Je peux t’en raconter un, si tu veux.
– Je t’écoute, répond Aurélien, enthousiaste.
– « Il sera une fois… » dis-je en plagiant les contes de fée, une femme
qui sortira de chez elle tous les matins pour se rendre à son travail en
tournant à droite, rue Monotone. Ce matin-là, elle ira à gauche, rue de la
Gaieté. Un peu plus loin, un automobiliste n’arrivera pas à faire démarrer sa
voiture. Il ne saura pas que cette panne momentanée l’empêchera de partir
avant que l’amour de sa vie puisse arriver à sa hauteur. Perdue dans ses
pensées, la femme s’avancera vers un destin merveilleux qu’elle ignorera
encore. Soudain, elle s’arrêtera et s’apercevra de sa distraction. Furieuse
contre elle-même, elle fera demi-tour immédiatement. L’automobiliste
pourra alors démarrer. Le conte de fée s’arrêtera là car la femme ne saura
pas du tout que sa distraction n’était pas le fruit du hasard, tout comme la
très curieuse panne de la très belle voiture du beau châtelain, prince
charmant tout aussi amoureux dans le futur qu’indifférent aux charmes de
cette femme dans le présent. « Elle ne sera pas heureuse et n’aura pas sept
enfants dans le joli château du moyen âge qu’elle n’habitera pas. »
– Pas terrible ton histoire  ! conclue Aurélien. Comment pourrait-elle
savoir qu’elle a manqué ce joli conte de fée ?
– Lorsqu’elle visitera réellement le château avec un mari qui ne la
comble pas de joie, elle aura l’impression d’y avoir vécu parce qu’elle aura
en mémoire ce joli potentiel jamais actualisé. Elle ira peut-être voir un
hypnotiseur qui lui fera ressortir cette histoire du futur en croyant qu’il
s’agit d’une vie passée. Elle essaiera ensuite de comprendre dans cette
histoire quelque chose qu’il est impossible de comprendre sans l’explication
que je te donne.
– Et si la femme «  n’aura  » pas fait demi-tour, ajoute Aurélien en
regardant sa mère, peut-être qu’elle rencontrera des méchants armés
jusqu’aux dents à la place de ton beau prince charmant  ? Elle aura la
frousse de sa vie et ne pourra plus jamais chanter de sa vie, ni jouer du
violon qu’elle adorera quand elle sera toute vieille. Surtout si elle a une
maman qui l’envoie chez un hypnotiseur, essayant de saisir quelque chose
d’obscur qu’il est impossible de comprendre de cette façon.
Il ne faut pas être grand clerc pour deviner que l’enfant parle pour sa
mère qui me jette un regard d’inquiétude. Je sais qu’Aurélien vient
d’effleurer en quelques mots son gros problème. Je suis perplexe :
– Si tu as l’habitude de contacter ton double, tu ne crains rien. Il suffit
d’avoir confiance. Une jolie fille qui rentre le soir chez elle, avec une robe
du soir aguichante, peut traverser un groupe de voyous sans crainte. Si elle
dispose d’un bon potentiel, elle passera sans aucun problème. La seule
difficulté est de ne pas douter et de rester dans l’affection.
– Rester dans l’affection au milieu de voyous, faut pas déc… ! De plus,
ils peuvent t’attaquer sans même que tu t’en doutes, subitement, par
surprise.
Françoise veut l’interrompre.
 
– Voyons Aurélien ! lui dit-elle. Il vous embête avec ses questions ? me
demande-t-elle confuse.
Je la rassure d’un signe et poursuis :
– Si tu as un bon potentiel devant toi, tu n’as absolument rien à craindre.
À toi de le fabriquer à l’avance. L’affection sera toujours ta protection.
– L’affection quand tu as la frousse, tu parles d’un truc ! proteste-t-il.
– Tu ne penses à rien de mal envers les voyous, c’est ça l’affection.
Sinon, tu actives à la fois leur violence et ta peur, ce qui éloigne ton double.
Prends l’exemple d’un enfant qui, tombant du cinquième étage de son
immeuble, se relève en souriant avec quelques petites égratignures. Les
parents sont stupéfaits. Pourquoi ?
– Parce qu’il rebondit ! s’esclaffe Aurélien en riant aux éclats.
– Même pas  ! Il se retrouve intact parce qu’il ne sait pas qu’il peut
mourir. Il est même content de voler en suçant son pouce. Il est confiant et
dans l’acceptation totale d’une solution qu’il ignore. Il n’actualise donc rien
de mauvais parmi les futurs disponibles. Il attire ainsi son double et
l’échange des corps énergétiques entraîne une si forte «  lévitation  »
qu’aucune blessure n’apparaît.
Françoise paraît surprise :
– La lévitation, vous y croyez ? demande Françoise surprise.
Comment expliquer en quelques mots ce que j’ai pu comprendre en
quinze ans avec difficulté ? Parler de lévitation me semble soudain hors de
propos. Il faudrait parler d’énergie d’antigravitation et de tant de choses
concernant le temps et son dédoublement que, face à cet enfant, les bras
m’en tombent.
 
 
 
 
 

23. Le signe de Jonas


 
 
 
 
– Tu écris que tu as eu une rencontre exceptionnelle et une vie bouleversée,
dit Aurélien qui, tenant mon livre sur ses genoux, se met à lire de sa petite voix
lente mais assurée  : «  Dans la nuit du 21 octobre 1988, j’ai eu soudain
l’impression que le temps s’arrêtait. J’étais abreuvé d’informations
stupéfiantes… » Dis-moi, d’où venaient-elles, tes fameuses infos ?
– De mon double ! Mais à l’époque, j’ignorais complètement son existence.
– Tu l’as vu ?
– Non !
– Ça devait être trop top !
– Tu sais, j’ai surtout ressenti une urgence, comme si notre ignorance allait
nous entraîner dans des cataclysmes d’envergure. Et puis, j’ai compris que nous
vivions la fin d’un cycle solaire important, qu’il fallait le comprendre pour
l’expliquer à tous. Ainsi, chacun pourrait calmer la planète. Il est grand temps
car « le signe Jonas » est déjà là et personne ne le voit !
– C’est quoi, le signe de Jonas ?
– C’est le signe qui est donné à l’humanité à la fin du dédoublement des
temps. Il est là, dans le ciel.
– Où ça !

 
– Nos planètes forment une sorte de disque lumineux, et autour de lui tourne
un énorme nuage obscur que l’on appelle le nuage de Oort. Regarde cette
photo ! dis-je à Aurélien. C’est l’image d’une étoile à la fin de son cycle.
Cette image est en réalité celle d’un autre système solaire.
– Un cycle de dédoublement dure vingt-cinq mille ans. Il s’étale sur douze
périodes de 2070 ans. Les anciens parlaient de six jours et de six nuits qui
formaient la semaine de création avant le jour de repos du Créateur. C’est dans
le livre que tu tiens dans tes mains. Cela correspond au cycle bien connu des
astrophysiciens de 25  920 ans. Pendant les trois premiers «  jours  », le nuage
aspire le disque planétaire et pendant les trois derniers, il le rejette. On peut
alors dire, de façon très pédagogique, comme nos ancêtres, que la grosse baleine
avale le petit poisson pour le recracher trois jours après sur le rivage d’un autre
monde. En grec, Jonas signifie «  celui qui est  », c’est-à-dire celui qui devient
réel en sortant de l’obscurité. Il est donc encore violet : la violette se dit « Jon ».
Or depuis trois ans déjà, on observe près de Pluton, des énormes planétoïdes de
la grosseur de cette dernière planète de notre système solaire. Tu imagines le
bouleversement que cela peut entraîner sur l’équilibre gravitationnel de
l’ensemble. Les forces en jeu sont équivalentes à des milliards de bombes
atomiques. Et personne ne semble s’en préoccuper… du moins officiellement !
– Et tu crois que tu vas réveiller le monde ? lance avec pertinence Aurélien à
la fois inquiet et incrédule.
– C’est mon but ! En prenant conscience de la force de notre double, nous
pouvons changer nos potentiels et attirer le meilleur futur possible. Il nous reste
peut-être encore quelques années…
– Là, s’écrie l’enfant, y a du pain sur la planche, comme dit papa !
– «  Quand vous verrez Jérusalem investie par les armées, rendez-vous
compte alors que la dévastation est toute proche ! » nous disent les évangiles.
« Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles… Les puissances de
cieux seront ébranlées.14 » Et sais-tu ce que j’en pense ?
– Non !
– Il sera plus dur de faire la paix en Israël que dans n’importe quel autre
pays.
– Pourquoi ?
– Il y a deux mille ans, avant la dernière « nuit », Israël a vu naître un Juif
palestinien chrétien du nom de Yeshua. Le prince de lumière a attiré le prince
des ténèbres… Et comme la lumière éclaire maintenant l’aube du «  septième
jour », l’obscurité nous envahit là où la plus grande lumière nous est apparue. À
nous d’allumer nos lanternes !
 
 
 

24. L’inspiration et la créativité


 
 
 
 
À peine le repas terminé, Aurélien se lève, catastrophé :
– Voyons papa  ! Tu as oublié notre répétition. Octavie va venir et je
n’aurais rien joué. Elle va encore m’embrasser.
Il se tourne vers moi, l’air dégoûté :
– Tu sais qu’elle s’essuie toujours la bouche avant et après un baiser ?
Ça m’agace trop ! Elle a de la veine que je l’aime !…
Il part en courant et revient très vite avec son violon et une partition.
Gêné, Charles nous prie de l’excuser et nous explique brièvement qu’il
ne peut supprimer ce moment tant attendu par son fils.
Je les rejoins dans le salon. Charles se dirige alors vers le piano.
Aurélien le suit. Puis ensemble, ils se mettent à jouer avec une virtuosité
certaine.
Ébloui et remué par ce jeune garçon, je finis par remarquer
curieusement quelques larmes sur les joues du petit violoniste. Était-il à ce
point ému de jouer devant moi  ? Montrait-il ainsi le signe d’un grand
trouble artistique ?
Soudain Aurélien s’arrêta net et quitta le salon.
Charles se leva, très inquiet, s’excusa à nouveau et finit par m’expliquer
le pourquoi de cet incident. Devant se produire en public lors d’une
manifestation musicale, son fils venait de constater une fois de plus qu’il
n’était pas à son meilleur niveau.
– Il perd confiance en lui et cela l’agace. Il est tellement perturbé par
ailleurs !
Quelques minutes après, les yeux secs, Aurélien nous retrouva.
Aussitôt, il se précipita vers moi, les yeux éclairés d’une lueur exprimant un
espoir soudain, comme s’il venait de réaliser que je pouvais être son
sauveur.
– À toi de jouer ! me lance-t-il, d’un air très assuré.
Surpris, je le regardai, craignant de le décevoir. Il se mit alors à rire de
bon cœur, ayant bien sûr deviné l’appréhension qui était mienne.
– Je ne te demande pas de jouer mais de m’aider à bien jouer !
Charles poursuit d’un air mi-sérieux, mi-amusé :
– N’avez-vous pas dit que, comme l’oiseau dans son nid, le bébé
construit ses possibilités d’avenir dès sa naissance  ? Alors, sans réfléchir,
grâce à une fée qui le dédoublerait, penchée sur son berceau, il trouverait
l’archer et le violon et toute l’inspiration nécessaire pour jouer sur Terre.
Pourquoi ne pas penser en effet, que cette fée bienveillante pourrait nous
venir en aide ? Moi aussi, je compte sur vous. C’est très important.
Sans attendre ma réponse, il s’installe au piano tandis qu’Aurélien me
regarde avec une confiance et une certitude que je ne peux décevoir. Que
faire d’autre si ce n’est demander l’aide urgente de ce double dont je parle
tant ? Je l’implore intérieurement :
– Ne nous laisse surtout pas tomber ! Trouve la meilleure solution pour
cet enfant si confiant.
 
Le concert – car ce fut un concert – dépassa tout ce que Charles et
Aurélien pouvaient espérer. Une fois le morceau terminé, ils se lancèrent
dans une superbe improvisation. L’émotion était si grande que le papa
pleurait comme un gamin tandis que son fils me souriait avec un regard
attendrissant.
Entrant sur la pointe des pieds, Françoise, Lucile et une petite fille
vinrent s’asseoir derrière Aurélien. Je devinais Octavie dans cette jolie
poupée blonde. Le même visage grave que celui du jeune garçon entouré de
cheveux bouclés, semblait irradier une curiosité mêlée d’impatience.
Le quart d’heure musical qui suivit fut merveilleux, hors du commun.
 
Quand Aurélien vint me remercier en m’embrassant sur les deux joues,
je le repoussais gentiment.
– Comment as-tu fait ça ? me demande-t-il tout joyeux
– Je n’y suis pour rien, tu sais. Remercie ton double  ! C’est lui la fée
bienveillante qui s’est penchée sur ton berceau pour te donner ce don
extraordinaire.
Charles regardait ses mains avec étonnement.
– C’est ahurissant. Mes mains me semblaient indépendantes. Je me
voyais jouer, comme si j’étais à l’extérieur de moi, tout en étant là.
– C’était beau ! lança Octavie encore sous le choc.
Elle embrassa Aurélien, oubliant cette fois-ci de s’essuyer les lèvres
avant et même après. Celui-ci était si content qu’il se mit à jouer un air
folklorique qui tenait de la bourrée auvergnate et du country américain. Son
père l’accompagna au piano avec une joie et une complicité folle.
 
Un « tea o’clock » bien sympathique nous remit tous de nos émotions.
Aurélien et Octavie étaient partis.
– Que s’est-il passé à votre avis ? demande Charles encore sous le choc
de la surprise. N’aurai-je pas actualisé, comme vous dites, une musique
merveilleuse car, il est vrai, c’était divin.
– Cette actualisation est le fait des doubles qui vous ont inspirés. Notre
époque peut nous apporter des plaisirs énormes parce qu’elle nous met en
relation avec nos plus grands potentiels. Par malheur, par ignorance, nous
n’actualisons que les pires à cause de nos pensées.
– Toujours vos informateurs du futur ?
– Ils sont toujours à la hauteur de nos informations ! Si nos envies et nos
projets sont magnifiques, nous attirons les meilleurs et chassons les pires.
Nous venons d’en avoir la preuve. Toutes nos cellules ont ressenti une
émotion intense. Cependant, la fin des temps ne nous donnera plus
l’avantage de modifier notre futur à chaque instant. La réalité que nous
avons envisagée avec insouciance sur terre au cours des siècles deviendra la
nôtre. Les créatures de notre futur ont donc intérêt à ne pas se manifester
avant. Elles ne sont que nos musiciens et tentent sans arrêt de se faire
passer pour nos chefs d’orchestre afin de nous faire jouer leur composition.
En voyant sa moue dubitative, je m’impatiente et essaie d’anticiper sa
réaction en lui coupant l’herbe de la protestation sous le pied : « Et il y a
toujours des idiots pour nous dire  : si l’au-delà existait, leurs habitants se
seraient manifestés depuis longtemps. Aucun mort n’est jamais revenu nous
donner cette certitude ! »
– Il est vrai que cet argument est d’une bêtise monstre, je vous
l’accorde.
– Les êtres que le dédoublement cache dans nos ténèbres nous
connaissent très bien puisqu’ils nous ont transformés et continuent à nous
transformer dès qu’ils le peuvent tout en restant invisibles derrière les
portes de nos rêves. Nous sommes des marionnettes schizophrènes
contentes de l’être.
– N’êtes-vous pas un peu trop pessimiste ?
– Bien au contraire puisque vous avez vu qu’il existe un moyen d’être
très optimiste. Je souhaiterais seulement que le plus grand nombre de
personnes sur terre l’apprenne avant qu’il ne soit trop tard. La fin des temps
dédoublés nous approche également du passé et, de ce fait, de la substance
créatrice salvatrice. En grec, être à côté (para) de cette substance (ousia) se
disait « parousie » c’est-à-dire l’équilibre instantané. En réalité, ce n’est que
depuis mars 1989, date de l’explosion solaire tout à fait particulière dont je
vous ai parlé, que cette « parousie apocalyptique » est possible pour tout à
chacun. Votre concert de tout à l’heure a tiré sa force de cette énergie
phénoménale.
Une surprise à peine dissimulée se lit sur le visage de Charles :
– Si je comprends bien, tout est entre les mains de ce fameux double !
Pensez-vous vraiment qu’il ait pu jouer à ma place ?
– Il y a contribué !
– Moi, je n’en suis pas si sûr  ! proclame-t-il. Il est vrai que dans une
« impro », je ne sais plus ce que font mes doigts et je ne pense plus à rien.
Mais j’ai une technique derrière moi et ce sont bien mes mains qui jouent.
– Notre compétence dans notre réalité est un plus mais elle n’est pas
indispensable en cas d’urgence. Un jour, en pleine ligne droite, notre
voiture a fait un tête à queue surprenant. Je me suis vu conduire comme si
j’étais un champion de formule un. Je n’ai pourtant jamais fait de courses
automobiles, ni appris à me sortir d’un tête à queue à grande vitesse. C’était
impressionnant. Qu’en pensez-vous ?
– Je pense, ajoute Françoise plus confiante que son mari, que cela doit
être également possible au piano !
– Quand vous décidez de ne plus décider, dis-je, vous n’êtes plus
créateur et votre double vient créer à votre place. Il est normal de trouver
cela sécurisant en voiture et divin au piano. C’est le même principe pour
déclencher intuitions et prémonitions. Rien n’est plus simple, tellement
simple que tout le monde trouve ça trop simple et n’essaie même pas de se
prouver que c’est simple.
– Celui qui veut utiliser au mieux son double devrait essayer d’être
l’enfant confiant qui demande chaque jour à cette autre partie de lui-même :
« que ta volonté soit faite ! »
– La seule chose qui me chagrine avec vos histoires, conclut Charles
souriant, c’est qu’une fois de plus, ma femme a raison !
Avec une certaine humilité, il s’approcha d’elle et lui posa sa main sur
l’épaule.
 
 
 
 
 

25. L’existence de Dieu est certitude, la foi, une


erreur dans l’incertitude
 
 
 
 
Des liens étaient créés. Il nous semblait difficile de refuser le repas du
soir. Après avoir embrassé tout le monde, Aurélien disparut. Ses devoirs
l’attendaient. En passant à table, nous pensions que ses parents allaient
profiter de son absence pour nous parler en toute liberté.
Je me décidais donc à poser la question cruciale.
– Aurélien m’a dit le premier jour que sa maman avait un gros
problème…
– Le gros problème, c’est lui ! dit Françoise.
Je la sens soulagée.
– Mon fils ne veut plus aller à l’école, lance Charles nous fixant du
regard. Il a été racketté et tabassé pendant plusieurs mois par des voyous
dangereux qui n’ont pas encore été retrouvés. Or depuis trois jours, sa peur
semble être au point mort. Ses cauchemars, aussi. Ses crises de
somnambulisme ont cessé. Il n’a plus le stress qu’il avait. Il va même à
l’école tout seul. Il ne prend plus de calmant. Nous non plus  !
Curieusement, nous ne sommes plus angoissés. Cependant, nous n’osons
pas en parler par crainte de réveiller le stress qui le rend malade au point de
vomir toute nourriture.
– Remercions nos doubles. Ils n’attendent que cela pour nous donner
des certitudes et accélérer les changements bénéfiques.
Manifestement Charles semble agacé :
– Mais je n’ai rien demandé du tout. Pourquoi voulez-vous que je
remercie un autre moi-même totalement hypothétique alors que je sais que
je suis là, bien seul, incapable d’aider mon fils ?
– Comme vous nous l’avez suggéré, j’ai demandé à mon double de
trouver la meilleure solution, dit Françoise humblement, déclenchant ainsi
un gros soupir de la part de son mari.
– Et moi, j’attends de voir pour y croire, rétorque Charles très
sèchement. Pourquoi vouloir toujours expliquer l’inexplicable avec un Dieu
ou un double ? Je ne crois pas en Dieu et j’en suis même fier.
– Moi non plus !
Charles n’en croit pas ses oreilles :
– Vous ne croyez pas en Dieu ?
Muet de stupéfaction, il jette un coup d’œil à sa femme qui, tout aussi
surprise, nous interroge du regard.
– Pas besoin de croire puisque c’est une certitude, précise Lucile. Je sais
que un plus un égale deux mais je suis bien incapable de le démontrer. Il
paraît que c’est très difficile. Des mathématiciens compétents l’ont fait. Je
veux bien les croire mais je ne crois pas que un plus un égale deux, j’en suis
sûre parce qu’à cause d’eux, c’est digne de foi. Essayez, pour aller plus vite,
de descendre un escalier quatre à quatre en pensant que un plus un égale
cinq et vous verrez le résultat à l’hôpital !
– Mais Dieu n’est pas démontrable ! proteste Charles qui a retrouvé le
ton condescendant de l’intellectuel supérieur.
– Bien sûr que si ! dis-je vivement. Une création nécessite un créateur
unique dans un autre temps. Ce n’est pas un dogme mais une loi physique.
Nous sommes des créatures bien placées pour savoir que nous ne sommes
pas uniques. Notre temps présent est donc dans le futur du Créateur dont le
présent est une réalité rigoureusement démontrable.
Avant que Charles ne se gargarise de ses arguments préférés, je précise
immédiatement :
– La théorie du dédoublement ne fait que redécouvrir la loi de l’alpha et
de l’oméga qui date de la nuit des temps. Pour les Sumériens, sept lieux
séparaient le Grand En-haut du Grand En-bas. Il y avait sept lois divines qui
reliaient l’ensemble et sept portes à franchir. D’où pensez-vous qu’ils
tiraient cette connaissance  ? Eux aussi avaient leurs astrophysiciens qu’ils
appelaient mages !
– Nos technologies matérielles, qui n’ont rien à voir avec leurs armes
dérisoires, dérivent bien de lois rigoureusement exactes, s’écrie Charles,
commençant à s’énerver. Où sont les technologies de vos Sumériens ?
Je m’empresse de répondre : « Ce n’est pas parce que tout marche qu’il
faut en déduire que la loi physique prouvant que tout marche est juste. Dire
que le chiffre π est un nombre exact15, alors qu’il ne l’est pas, sous prétexte
qu’une roue tourne parfaitement est une erreur. La loi qui mesure ce cercle
n’est pas juste, le cercle, si !
– La foi n’existait pas  ! ajoute Lucile. Savez-vous que le mot «  foi  »,
dans le sens où nous l’entendons de nos jours, n’apparaît pas dans la Bible
qui nous est parvenue en grec. C’est une mauvaise traduction de « pistis »
signifiant moyen démontrable d’inspirer confiance et, par-là même, digne
de foi. Ainsi dans les évangiles, une femme malade se contente de toucher
l’habit de Jésus qui alors lui aurait dit : « Va en paix, ta foi t’a sauvée. » Ce
qui pour elle, comme pour lui, n’avait aucun sens. En revanche, dire «  ta
certitude – ou encore ta confiance, digne de foi – t’a sauvée  » est normal
puisque la certitude actualise instantanément le potentiel correspondant.
Je surenchéris :
– Avec le mot «  pistis  », il n’y avait aucun sous-entendu. La preuve  :
pour faire crédit, un banquier demandait à son client une « pistis » comme
garantie bancaire. Comment imaginer un banquier qui, ayant foi en son
client, lui accorderait un découvert important rien que pour ses beaux
yeux ?
– Le mien, oui ! s’empresse de répondre Charles.
– Bien sûr ! C’est parce que tu n’as pas de dettes, rétorque Françoise.
De plus, ma caution est « digne de foi » à moins d’être de mauvaise foi.
Pour toute réponse, son mari se contente de lever les yeux au ciel en
soupirant. Et m’adressant à lui :
– Ce qui était digne de foi, est devenu foi mystérieuse lorsque le moyen
âge imposa une croyance dogmatique tout en se détournant des principes
universels. «  L’argent ne peut faire votre bonheur, donnez-le nous  !  »
devenait le moteur essentiel de toute la hiérarchie spirituelle qui perdait
toute crédibilité, prenant en main ce qu’elle appelait «  le pouvoir
temporel ».
Comment ignorer que la science universelle a été balayée par le vent de
l’oubli et la tempête de l’obscurantisme  ? Pour tenter de le convaincre,
j’ajoute :
– Le Livre des Morts Égyptien nous dit que : «  Le début de la vie fut
l’acte de dédoublement de l’unité primordiale en deux principes opposés
équilibrés (c’est-à-dire passé et futur) qui engendrent une nouvelle vie (à
savoir le présent). »
Charles ne semble pas surpris. Bien au contraire, il surenchérit.
– Platon, lui aussi, a écrit dans Timée/Critias : « Entre l’être indivisible
et qui reste toujours le même (c’est-à-dire ce que vous appelez le passé) et
l’être divisible qui devient dans les corps (autrement dit votre futur), il
forma par un mélange des deux premiers une troisième sorte d’être (votre
définition du présent). »
Je ne peux qu’approuver :
– Cette idée de passé, présent, futur, se retrouve dans l’apocalypse de
saint Jean : « C’est moi l’Alpha et l’Oméga, dit le Seigneur Dieu, « Il est, Il
était et Il viendra ». » Et ce n’est qu’une reprise de Platon qui écrivait cinq
siècles plus tôt : « Ce sont les divisions du temps. Certes nous disons « qu’il
était  » et «  qu’il est  » et «  qu’il sera  », mais, à parler vrai, seule
l’expression « il est » s’applique à l’être qui est éternel.16 »
– Oui mais, poursuit-il à ma grande surprise, ce sont les Égyptiens qui
avaient enseigné à Platon la séparation ou dédoublement des temps d’un
Créateur Unique  : «  Je suis l’Hier et je connais le Demain… L’Hier m’a
enfanté; voici qu’Aujourd’hui, je crée les Demains… Au moment où de
l’autre rive, je verrai l’Autre Moi… 17 ».
Il esquisse un sourire en lisant sur mon visage ma stupéfaction.
– Savez-vous où j’ai puisé mes sources ? demande-t-il. Dans votre livre,
tout simplement ! Et je pourrai même ajouter qu’antérieur à Platon et connu
pour son fameux théorème, Pythagore parlait de « triade », comprenant la
Monade du Dieu Unique, le Quaternaire des créatures et le Septénaire des
doubles. Nous retrouvons vos sept temps qui, dans la théorie du
dédoublement, séparent le passé du futur avec le quatrième temps pour
présent18. Vous croyez que je n’ai pas lu votre ouvrage, détrompez-vous  !
Par la suite, dites-vous, les chrétiens prêchèrent La Trinité divine, Père, Fils
et Saint-Esprit, sans pour autant positionner l’humanité par rapport à cette
définition, confondant Dieu et fils du Ciel.
Tout en parlant, il ouvre mon livre et se met à lire comme le faisait son
fils  : «  Certains Africains parlent encore de leur double. Les aborigènes
australiens utilisent leur « image » pour voyager dans les rêves.
Aurélien qui, avant de pénétrer dans le salon avait entendu son père,
l’interrompt :
– Ils savaient que Dieu fit l’homme à son image. » Et je sais pourquoi
c’est une image, ajoute-t-il, tout joyeux. Ana, c’est le dédoublement19 parce
que la lettre a, c’est le chiffre un en grec et que le Créateur c’est le premier.
Le n, c’est une bifurcation qui dédouble le un en deux un sans trop savoir
pourquoi, simplement parce que tu le dis. Le double, c’est aussi ana-g-elos,
parce que g, c’est je ne sais plus trop, mais je sais que ce n’est pas l’ange du
tout. Et « l’homme », c’est encore un ana machin truc grec qui te permet de
dire que ce n’est pas un homme comme nous.
Je ris de bon cœur. Il poursuit :
– Tu peux m’expliquer un peu mieux, je vais essayer de comprendre.
– Pourquoi ? Ça ne te servira à rien !
– Papa dit toujours  : «  L’ignorance est servitude, la connaissance,
liberté. » Hein, papa ?
Au comble de la surprise, ce dernier est pris d’un fou rire qui devient
vite contagieux.
L’enfant se tourne vers moi :
– Allez  ! Au lieu de rire pour rien, explique-nous «  l’homme à son
image », Papa n’a pas pu.
– L’Anthropos, qui en grec signifie «  l’Homme  », est le brouillon de
l’Ana-g-elos20 à la fin des temps. En effet, l’ana-g-elos du troisième temps
(en grec  : g = 3) devient au neuvième temps (en grec  : th = 9) l’Ana-th-
ropos car « ropos » signifie le brouillon ou la pacotille qui se perfectionne à
chaque fin des temps.
 
Satisfait et, sur les conseils de sa mère, Aurélien s’esquive pour finir ses
devoirs.
 
 
 
 

26. La perte de l’immortalité et le


retour du fils prodigue
 
 
 
 
Nous ne sommes pas étonnés de voir peu de temps après Aurélien
revenir en pyjama, surgissant tel un diable de sa boîte.
– Vous faites trop de bruit, crie-t-il l’air boudeur. Je ne peux pas
travailler. Et puis j’ai une question qui me tracasse encore : si quelque chose
existe vraiment ailleurs qui me permet vraiment d’être immortel, je me
demande vraiment : qu’avons-nous fait de notre immortalité ?
Ces demandes très, et même trop sérieuses dans la bouche d’un garçon
de dix ans, nous laissent assez stupéfaits.
– Nous ne sommes plus immortels, dis-je, parce que nous avons fait une
blague terrible au début du cycle, il y a vingt-cinq mille ans.
– Quelle blague ? demande le jeune garçon, beaucoup plus curieux que
ne l’est son père.
– Une blague mortelle ! répond Lucile. Celle d’Adam et Ève21.
– Cette blague mortelle, est-ce la faute originelle ? demande Françoise.
– Oui, c’est le fameux «  péché originel  », mais dans le sens grec de
« potentiel futur désastreux » dont on vous a parlé. Ce même potentiel qui
vous ennuie en ce moment à votre petite échelle avec Aurélien mais qui
perturbe aussi toute la planète.
Lisant le scepticisme sur le visage de Charles, je précise :
– Le futur des doubles est mortel puisqu’il ne bénéficie pas des
échanges d’informations avec le Créateur pendant les vingt-cinq mille ans
du dédoublement. Aucune créature ne s’y aventure : le minéral, végétal et
animal s’y développent sans autres informations que celles des doubles qui
s’y intéressent. Celle qui le visite pendant ce cycle, modifie ce futur à sa
guise, tel un créateur, mais prend un risque énorme. Nous l’avons pris et
sommes bien placés pour savoir que, de nos jours, l’immortalité
n’appartient pas à notre monde.
Françoise ne peut s’empêcher s’intervenir :
– Alors dites-moi à quoi sert une planète comme la nôtre ?
– Une créature immortelle n’y vient qu’à la fin du dédoublement des
temps, cette fameuse «  fin des temps  »  ! Elle dispose de mille ans entre
deux cycles22. Cependant, elle ne peut pas y vivre seule.
– Pourquoi ? demande Charles plus intéressé qu’il veut bien le montrer.
– En laissant son double dans son passé pour explorer le futur
dangereux, un immortel n’a plus aucune information personnelle sur son
propre avenir. Comment rester immortel sans un futur qui seul, permet une
anticipation indispensable  ? Plus d’instincts, plus d’intuitions, plus de
prémonitions. La seule solution est de trouver un autre immortel qui veuille
bien vivre dans le futur. Ce complice remplace le double. La blague ne peut
donc se faire qu’à deux  : Adam et Ève furent les premiers à la faire. Le
problème se complique très vite car les complices du début deviennent des
inconnus et parfois des ennemis de la fin que les anciens appelaient démons
ou anges déchus. Ils nous fabriquent des futurs infernaux.
– Nous aussi, poursuit Lucile, nous avons fait comme eux, si ce n’est
que nous ne savons plus qui était notre Adam ou notre Ève. Or, pour refaire
notre unité à la fin des temps, nous sommes obligés de détruire les futurs
dangereux que nous avons créés. Pour cela, nous devons nous incarner dans
le présent en laissant notre double dans le passé. Cette incarnation nous fait
prendre le corps d’un mortel.
– Comment cela ?
– Sur terre, ce fut le corps d’un « singe ». Cela aurait pu être celui d’un
dauphin ou d’un animal jugé digne de faire évoluer une créature. «  Tu
enfanteras dans la douleur et travailleras à la sueur de ton front  », dit le
Créateur aux fautifs. Comme nous avons, nous aussi, fait la même blague,
c’est la seule façon que nous avons d’effacer le foutoir que nous avons bâti
dans le futur, un foutoir monstre qui nous empêche de revenir dans le
royaume où nous étions. »
Lisant le scepticisme sur le visage de Charles, je m’empresse d’ajouter :
– C’est le fameux paradis qui s’oppose aux enfers du futur, là où vivent
ce que nous appelons maintenant entités ou esprits du mal. Cela nous
rassure puisque nous passons notre temps à douter de leur existence.
– C’est ce que fait papa ! Il dit que tout cela n’existe pas du tout !
La réponse de son père ne se fait pas attendre :
– Avoue Aurélien qu’il est difficile de penser que le futur est une réalité
imperceptible mais tout aussi réelle que la nôtre.
– Nous devrions pourtant connaître et modifier ce futur avant d’être
envahis à la fin des temps par ceux qui le fabriquent. Il y a déjà eu des
invasions dangereuses. Ce sont les fameux dieux dont parlaient nos
ancêtres.
Charles intervient net, l’air assez perturbé.
– Arrêtez ! Vous allez finir par me convaincre.
– J’aimerais bien, ajoute l’enfant. Comme ça, tu verrais ce que je vois et
tu pourrais m’aider à faire disparaître tout ce qui m’embête.
– Vous devriez considérer, dit Lucile à Charles, qu’en essayant de
refaire notre union avec notre double, nous serons les envahisseurs d’un
monde de lumière qui nous considérera comme habitants de leurs ténèbres.
Ils auront, eux aussi, un mal fou à nous accueillir dans la joie. Connaissez-
vous la parabole du fils prodigue dans les évangiles ?
– Je me suis empressé de l’oublier, répond Charles qui comme tout
intellectuel sauvage sait cacher ce qu’il ne connaît pas ou qu’il ne veut pas
retenir.
– Papa n’aime pas du tout les histoires qui font rêver !
– Le Père tue le veau gras lorsque le fils prodigue revient  ! lui dit sa
maman qui, jusqu’à présent, n’a guère osé prendre la parole. Et son frère
qui est resté bien sage dans la demeure du Père devient jaloux. Mais le Père
lui dit : « Toi mon enfant, tu es toujours avec moi et tout ce qui est à moi est
à toi. Il fallait bien festoyer et se réjouir puisque ton frère que voilà était
mort et il est revenu à la vie; il était perdu et il est retrouvé. »
Charles en reste bouche bée.
Aurélien se tourne vers nous, satisfait et heureux.
– J’aime bien maman quand elle raconte les histoires, elle est vraiment
trop top ! Avec un fils unique comme moi, le veau gras, papa ne l’a jamais
tué. Lui, il est plus pour les vaches maigres. Régime par ci, régime par là !
Y a pas de quoi rigoler. Il faudrait que je fasse le coup du fils prodigue. Au
fait, le gros problème de maman, c’est peut-être ça !
– Que veux-tu dire ? s’inquiète sa mère.
– L’absence de veau gras à la maison ! Moi aussi j’étais mort de frousse
et je suis revenu à la vie à cause de vous.
Timidement, il nous désigne du doigt, ma femme et moi, avant de
s’adresser à sa mère :
– Au lieu de «  festoyer  » et de se réjouir, papa m’envoie dans ma
chambre faire mes devoirs pendant que tu lui fais de bons petits plats.
Charles se contente de regarder ailleurs tandis que nous baissons le nez
dans notre assiette pour ne pas prendre parti.
– Tu as raison ! clame sa mère qui se lève brusquement, l’air furieux.
Sans un mot, elle disparaît dans la cuisine pour revenir, avec une
assiette, un verre et des couverts qu’elle met devant Aurélien :
– Tu es le fils même pas prodigue qui me revient. Tu es le fils chéri qui
va festoyer avec nous pendant que ton père attend de voir si Dieu a
quelques chances d’exister dans sa petite tête.
– C’est une très bonne idée ! Veuillez m’excuser, je dois donner un coup
de fil urgent. Je reviens dans deux minutes.
– Un coup de fil urgent à cette heure-ci ? s’étonne sa femme.
Mi-figue, mi-raisin, il se lève, pose sa serviette et, avec un vague sourire
à l’égard de son fils, sort d’un pas décidé, nous laissant dans l’incertitude la
plus totale quant à son intention.
C’est Aurélien qui rompt le silence.
– Ne t’inquiète pas maman, sinon tu vas actualiser un futur qui va te
prouver que tu as raison de t’inquiéter  ! Sers-moi plutôt le festin du
prodigue que je suis, ajoute-t-il d’un air coquin.
 
Peu de temps après, Charles revient, un chapeau sur la tête et un nez de
clown. Il tient une bouteille de champagne, une autre plus petite de soda
pétillant et une boîte à chaussure qu’il pose sur la table.
– L’enquête de police a porté ses fruits. Les deux agresseurs sont
arrêtés. D’après l’inspecteur que je viens d’avoir au bout du fil, Aurélien ne
risque plus rien. Je n’ai pas de veau gras mais ceci.
Il s’assoit, et tend une boîte à son fils :
– Je pensais te l’offrir demain mais puisque Dieu a bien voulu nous
donner un coup de pouce ce soir, voilà !
Il ôte le couvercle. Un tout petit chien lève le nez et nous regarde l’air
craintif. Trop ému pour dire un mot, l’enfant le prend dans ses mains, le
serre sur son cœur et vient en pleurant embrasser son père :
– Tu avais dit qu’il n’y aurait jamais de chien à la maison.
– Non ! Je t’ai toujours dit : « Un chien à la maison, ça serait inouï ! »
Alors, je l’ai appelé « Inouï ».
Aurélien rit sans retenue, explosant de joie.
– À mon avis, lui dit son père qui ne veut pas montrer son émotion, le
seul potentiel de ce toutou à ce jour, c’est bien de faire caca partout. Aussi
méfie-toi.
 
 
 
 
 

27. Aider les autres nécessite leur


accord
 
 
 
 
Ce lendemain matin, un ciel bleu, un soleil radieux et un tout petit chien
malicieux nous attendaient avec Aurélien. Octavie était là, elle aussi. D’un
air timide et gêné, elle se tourne vers moi :
– Aurélien n’a pas été capable de tout me dire : ce qu’il faut faire ou ne
pas faire pour que je sois sûre de bien voyager comme une fusée pendant la
nuit…
Ce dernier aussitôt ajouta d’un air moqueur :
– Attachez vos ceintures ! Remontez votre tablette et votre siège !
Sans le laisser terminer, je le mets en garde.
– Attention, ne te moque pas de ce que tu connais mal. De nos jours, ce
voyage est facile mais la décorporation dangereuse et les obstacles
nombreux. Cependant, ces derniers se résument en trois mots  : volonté,
doute et peur.
– Que ta volonté soit faite ! clame Aurélien. Je connais. Il ne faut pas
prier pour obtenir quelque chose. Mais pourquoi le doute est un obstacle ?
– Le doute, c’est aussi l’incertitude, la perplexité, l’hésitation, le
scepticisme, la méfiance, l’indécision, la réserve, la prudence, la réticence,
l’incrédulité, la suspicion, l’inquiétude, etc.
Le jeune garçon proteste :
– Ah non, tu ne vas pas nous donner tous les synonymes du
dictionnaire ! On n’est pas en classe.
– C’est seulement pour te montrer que le doute se glisse partout. Il te
laisse supposer que tu es le seul à pouvoir trouver la meilleure solution à tes
problèmes puisque tu doutes de tout, donc de ton double qu’ainsi tu laisses
choir. En revanche, ta certitude concernant son efficacité, le rend encore
plus efficace. La peur, c’est aussi la crainte, l’angoisse, l’appréhension, la
tension, les affres, l’effroi, l’émoi, les phobies, l’inquiétude, l’anxiété, la
détresse, l’égarement, le souci, l’épouvante…
Cette numérotation ennuie Aurélien qui soupire :
– Tu ne vas pas recommencer ?
– C’est encore pour bien te faire comprendre notre difficulté à accepter
une solution autre que la nôtre. Un malade souhaite guérir, un pauvre
s’enrichir, un déprimé se réjouir, un va-nu-pieds se chausser, un sans
logement se loger, un démuni se prémunir, etc. Est-ce le souhait préconisé
par le double  ? Parfois, nous imposons notre solution parce qu’elle nous
paraît la moins angoissante. Souvent, nous n’en avons pas le sentiment.
Ainsi, il est dangereux de lui demander d’éviter les dangers à venir.
Mon petit interlocuteur semble très soucieux :
– Moi les dangers, je les sens venir et ça me fait peur.
Si nous prions par peur du lendemain, nous activons tout ce qui nous
fera peur, éloignant ainsi notre double et toute possibilité de sécurité ou de
calme.
Octavie n’est pas d’accord :
– Pourtant, chaque jour des milliers de personnes qui ont peur de la
guerre se réunissent pour prier pour la paix !
– Nous sommes certains d’obtenir la guerre puisqu’ils prient par peur de
la guerre. Le futur leur prouvera qu’ils ont raison d’avoir peur en leur
faisant actualiser des catastrophes. Demander et accepter en toute confiance
la solution de notre double est la seule prière valable pour obtenir le
meilleur futur. Seuls, les musulmans prient ensemble sans préciser de but.
Ils laissent ainsi à Allah et à son prophète le soin de choisir ce qui est « déjà
écrit » dans le futur, oubliant cependant que tout peut s’effacer.
– Inch Allah ! conclue Aurélien, fier de sa réplique.
– Ce qu’il faut retenir, c’est que la solitude est le meilleur bouclier
contre le parasitage. La pensée ne modifie que le futur tandis que la parole
modifie la pensée de ceux qui vous écoutent. Enseigner une vérité ne
perturbe personne, prier en commun modifie et peut troubler le potentiel de
tous. Jésus qui était à la fois juif, palestinien et tout premier chrétien…
Aurélien est surpris de découvrir cette réalité :
– Avec un tel passeport, il aurait du mal à vivre aujourd’hui !
– Jésus enseignait dans les synagogues et se retirait seul dans la
montagne pour prier. Curieusement, loin de cet exemple, évitant la solitude,
les chrétiens se réunissent dans les églises pour prier en demandant le plus
souvent d’exaucer leurs vœux ou d’aider ceux qui ne leur ont rien demandé.
Octavie est très surprise. Elle ouvre de grands yeux :
– Je ne peux pas aider Aurélien s’il ne me le demande pas ?
– Il ne faut jamais utiliser ses rêves pour aider quelqu’un sans lui avoir
demandé la permission.
– Pourquoi ?
– Parce que tu peux modifier son futur et, sans l’accord d’Aurélien, tu
es responsable de ces modifications et de leurs conséquences.
– Si le futur qu’elle fabrique, rétorque Aurélien est meilleur que le
mien, alors elle est responsable du meilleur ?
– Comment sais-tu que c’est le meilleur ? Seul, ton double le sait !
– Mais Octavie sait que je veux bien qu’elle m’aide à aller bien.
– Pour aller bien, il faut que tes pensées changent. Si elles changent à
cause d’Octavie et non pas à cause de toi, ton problème reste entier. Il peut
même s’aggraver. Tu dois donc savoir que ton changement est dû à Octavie
et que tu n’y es pour rien du tout. Sinon, une fois guéri, tu seras tenté
d’imposer tes idées sous prétexte qu’elles ont amené ta solution. C’est ainsi
que tu peux promouvoir des mensonges dont le futur a besoin pour vivre
comme il le souhaite.
– J’ai quand même bien le droit d’aider ceux qui ont besoin d’aide !
– Pour aider quiconque, je te l’ai déjà dit, il te suffit de penser à faire à
autrui ce que tu voudrais qu’il pense à te faire. C’est la seule règle qui te
libère de tous les mauvais futurs et qui n’entraîne pas ta responsabilité dans
des désordres à venir. Cette libération te permettra à la fin des temps de
pouvoir te réunir avec ton double. Les anciens disaient qu’ainsi, ne mourrait
pas cette parcelle créatrice qui est encore toi. En très vieux grec, la mort
d’un immortel se disait moros et l’absence de mort, « amoros », c’est à dire
le véritable « amour » divin qui souhaite – et qui de ce fait fabrique dans le
futur – l’immortalité de toutes ses créatures. Ce n’est pas l’amour dont on
nous rabâche les oreilles à droite et à gauche. «  Aimez-vous les uns les
autres  » est vraiment une loi énergétique qui seule, nous livre la clé de
l’immortalité. Et Yeshua l’araméen qui nous a donné cette loi vitale
universelle est, de ce fait, le plus grand de tous les savants.
Aurélien écarquille les yeux :
– D’après toi, l’amour est une loi physique ?
– Attention  ! L’« amoros » est une loi, l’amour, un sentiment. Je peux
détester quelqu’un de détestable et avoir des pensées d’amoros pour lui. Par
exemple, je n’aime pas un assassin, mais je peux penser (ou ne pas penser)
à lui faire ce que j’aimerais qu’il pense (ou qu’il ne pense pas) à me faire.
C’est ainsi que j’évite toute idée de vengeance. L’amoros n’est pas l’amour
mais il y conduit en supprimant toute pensée de haine et en déclenchant
obligatoirement la compassion. Il permet l’échange des meilleurs
potentiels. c’est la règle de survie universelle. Tu dois la suivre si tu ne veux
pas que ton double soit désintégré et qu’avec lui tu deviennes une énergie
perdue. La haine et les pensées qu’elle engendre conduit à un futur potentiel
destructeur qui peut entraîner la mort (moros) de ton double.
 
Silencieuse jusqu’à présent, Françoise intervient :
– Alors pourquoi ne pas aider ceux qui ignorent tout cela ?
– Parce qu’ils ne demandent rien ! Si nos pensées fabriquent des futurs
intéressants, dans le véritable «  amoros  », alors ceux qui les utiliseront
vivront bien. Pour y accéder, il suffit qu’ils soient eux aussi dans
«  l’amoros ». C’est la seule et unique règle valable qui laisse libre tout le
monde !
– Et si la personne que je souhaite aider est dans le coma, que puis-je
faire ? Je renonce à tout ?
– Bien sûr que non ! Cependant, une fois la personne sortie du coma, il
est impératif de la prévenir de l’aide que nous lui avons donnée sans son
accord.
– Qui ne voudrait pas être aidé ?
J’avais un exemple frappant en mémoire.
– Un homme mourrait à l’hôpital d’une leucémie foudroyante. Il était
sous respiration artificielle. Le médecin n’avait plus d’espoir. Une amie
commune nous demanda de l’aide. Sa surprise fut énorme lorsqu’elle apprit
que l’état de ce malade s’était amélioré en trois jours. Lorsque, sur notre
demande, elle exposa à son ami le pourquoi du comment d’un début
d’équilibre retrouvé, savez-vous ce que cet homme lui a dit ?
– Un gros merci !
– Pas du tout ! Il se mit en colère en disant : « Quel est le c… qui m’a
fait ça ? » Il faut dire que le sida venait de tuer son fils et qu’il voulait le
rejoindre. Sa guérison n’était pas du tout la bienvenue. Après s’être
complètement rétabli de sa maladie, il mourut un an après d’un arrêt
cardiaque, sans rébellion aucune, j’allais dire guéri. Aider sans demander la
permission est très dangereux puisque vous prenez à votre charge les
potentiels de celui que vous aidez.
– N’avez-vous pas dit que la mère pouvait le faire pour sa propre mère
ou pour ses enfants ?
– C’est exact à condition qu’elle sache ce qu’elle fait. Combien de
mères rendent leur enfant malade et même schizophrène sans le savoir, tout
simplement par des informations du futur qu’elles ne savent pas contrôler !
– Pourquoi les informations du futur seraient-elles toujours
dangereuses ?
– Elles sont les conséquences de nos mensonges, critiques, calomnies,
jugements permanents que nous actualisons sans réfléchir. Les
dérèglements de nos pensées créent dans le futur de quoi nous montrer le
bien-fondé de nos envies. Nous devons donc nous méfier des intuitions qui
peuvent provenir de notre futur. Elles ne sont pas sûres mais ont toujours
l’apparence de la vérité. En revanche, notre double n’a aucune raison de
nous mentir ou de nous égarer puisque nous lui fabriquerions
immédiatement un futur potentiel dangereux ou inutile.
– Oui mais, remarque Octavie, s’il est mal renseigné sur notre compte…
Aurélien la coupe sur le champ :
– S’il est mal renseigné, c’est parce que tu l’as mal renseigné, pardi !
Je l’interromps :
– Tu peux aussi ignorer tes vrais problèmes ! Dans tous les cas, s’il te
connaît mal parce que tu te connais mal, il te donnera des intuitions
incompréhensibles et arrangera ton avenir sans tenir compte de ta vie. Tu en
pâtiras peut-être.
– Mais alors, on fait quoi ? demandent-ils ensemble.
– Le guider par nos remerciements. Si nous le remercions, il comprend
qu’il est sur la bonne voie et n’hésite plus à continuer ce qu’il a entrepris.
Cela nécessite de bien se connaître et ne pas remercier pour une chose que
l’on croit bonne. Cependant, remercier à l’avance quoiqu’il fasse est
dangereux. Cela peut actualiser un potentiel douloureux, difficile à
supporter. Si vous considérez ensuite la douleur physique ou psychique
comme un don de Dieu, vous aggravez votre situation.
– Pourquoi ?
– Nous faire souffrir n’est jamais le but de notre double qui souhaite se
créer un potentiel agréable. Pour lui, comme pour nous, la souffrance ne
conduit à rien de bon et ne peut en aucun cas être mise sur un piédestal.
Souffrir pour mieux vivre est une stupidité inculquée par le futur, jamais par
nos doubles.
– Dur, dur, soupire Octavie. Tu chamboules plein de choses.
– Il y a un bon repère. Un équilibre est solide s’il permet de bâtir un
futur sans danger pour les autres. La modification de nos pensées est donc
plus importante que le rétablissement de notre corps.
– Tu vois, fait Aurélien à Octavie, je te l’avais bien dit  : les pensées,
c’est drôlement fort.
– Il est souvent difficile d’en changer car les mensonges sont
terriblement ancrés dans notre esprit par un parasitage incessant du futur au
cours de nos rêves.
– Si les rêves sont des mensonges, dit Octavie, Aurélien n’est peut-être
pas mon « fiancé » puisque je rêve d’être avec lui. Avec tes histoires, j’ai
l’impression d’être emprisonnée par le futur et je perds déjà courage.
Aurélien reste bouche bée. Sa mère et moi rions de bon cœur. Ce n’est
pas pour lui plaire.
– Ce n’est pas drôle du tout ! Elle a raison. Il y a tellement de grands qui
se trompent et se quittent, pourquoi pas nous ? Surtout que nous ne sommes
pas encore mariés !
Au bord des larmes, il sort en claquant la porte.
Octavie se lève.
– Je vais lui expliquer ce qu’il m’a expliqué et qu’il a oublié, dit-elle de
sa petite voix avec un air très sérieux.
– Qu’a-t-il oublié, demande la mère d’Aurélien ?
– Il m’a dit que si je me mettais en colère, je fabriquais dans le futur une
grande colère pour me montrer que ma petite colère était juste. Si après, je
suis dans cette grande colère, je fabrique dans le futur une énorme colère
pour me montrer que ma grande colère était encore plus juste que la petite.
Alors je vais le voir avant qu’il fabrique une énorme colère, grosse comme
lui, parce que je sais qu’il est mon fiancé pour toujours !
 
Nous attendons en silence sa sortie avant de cacher notre émotion par
un rire où transparaît une infinie tendresse.
 
 
 
 

28. Les douze portes du zodiaque


 
 
 
 
À peine est-elle sortie que Charles entre en trombe ! Après un bonjour
rapide, il fait part à sa femme d’une inquiétude qu’il ne sait dissimuler.
– Ils veulent qu’Aurélien vienne reconnaître ses agresseurs.
– Mais pourquoi ? s’inquiète Françoise.
– Ces salauds nient tout en bloc.
Je sens soudain Charles envahi de doutes.
– Aurélien est incapable de les revoir. Il va rechuter. C’était trop beau
pour être vrai.
– Ne pensez jamais cela  ! proteste Lucile. Sinon, le futur va vous
démontrer que vous avez raison de penser que c’est trop beau pour être vrai.
Il faut effacer cette pensée.
– Vous ne connaissez pas la sensibilité d’Aurélien.
– Si, nous l’avons vue lorsqu’il jouait du violon. En tout cas, il ne doit
pas récolter une peur qui ne lui appartient pas sous prétexte que vous avez
peur qu’il ait peur.
– J’ai rendez-vous ce soir avec l’inspecteur, ajoute Charles peu
convaincu. Demain à midi, nous verrons bien si Aurélien tient le choc et si,
de ce fait, les explosions solaires diminuent, si la glace des pôles ne fond
plus, si l’axe de la terre ne bascule plus. En attendant…
Il s’interrompt, soupire profondément tout en me regardant d’un air
narquois. Nous nous retirons, souhaitant une bonne nuit à tout le monde.
 
Le lendemain, un coup de fil de Charles nous réjouit le cœur.
– J’ai du champagne au frais, pouvez-vous venir prendre l’apéritif ? J’ai
une très bonne nouvelle et je voudrais m’excuser de… disons de mon
pessimisme.
 
Un peu plus tard, nous trinquons à la santé d’Aurélien qui a reconnu ses
agresseurs sans manifester la moindre peur. Il est sorti d’affaire, sa mère
aux anges, son père en plein mea culpa.
Pendant que les femmes vont à la cuisine, ce dernier profite de notre
tête à tête pour chasser définitivement l’intellectuel supérieur qui dormait
encore en lui :
– Vous m’avez dit hier qu’il fallait que j’efface mes pensées pessimistes.
Comment dois-je m’y prendre  ? Je ne voudrais pas être responsable par
ignorance d’une rechute d’Aurélien.
– Ne vous inquiétez pas  ! Tous les futurs ne sont pas disponibles en
même temps. Aurélien a encore de la ressource. Les potentiels sont stockés
dans douze espaces différents. C’est le mouvement des planètes de notre
système solaire qui règle l’ouverture des douze portes  : vous avez sans
doute lu dans notre livre que les informations anticipatives proviennent de
douze espaces planétaires qui, groupés deux à deux, séparent les sept temps
du dédoublement23.
Voyant l’air dubitatif de Charles, j’ajoute :
– Rappelez-vous, les Grecs disaient que chacun de ces espaces était un
serviteur de la vie soit, zoi-diakonos ou zodiaque.
– Comment un espace serait-il à mon service ?
– Il existe des temps d’ouverture et de fermeture que nos ancêtres
connaissaient et qu’ils avaient étudiés à partir du mouvement des astres.
– Parlez-vous des tables astrologiques ou zodiacales ?
– Bien sûr  ! Comme ils savaient qu’au cours des millénaires suivants,
nous allions nous prendre pour des singes savants tout en remontant à notre
cocotier, dis-je amusé, ils nous ont laissé une pédagogie simple avec douze
constellations qui défilent à l’horizon de l’orbite terrestre : Bélier, Taureau,
Cancer, Lion, etc… Nous pouvons comprendre désormais le mécanisme de
ces tables anciennes établies en fonction d’une loi scientifique rigoureuse.
Elles permettaient de trouver les moments favorables pour nos actions en
fonction des potentiels disponibles.
– Ne dites-vous pas que cette compréhension est inutile depuis
mars 1989, puisque, d’après vous, toutes les portes sont ouvertes ?
– Il est vrai que toutes les informations utiles sont disponibles en
permanence.
– L’astrologie est donc bien inutile de nos jours !
– Bien au contraire  ! Dépoussiérée, elle permettrait de connaître nos
faiblesses et nos qualités en fonction de l’heure de notre fécondation et de
celle notre naissance. Elle nous rendrait plus performants et nos
associations avec d’autres personnes seraient plus judicieuses si nous
savions tenir compte de nos origines zodiacales. Cependant, qui peut
connaître ces dates avec exactitude ? Autrefois, les enfants étaient procréés
à une heure précise choisie par les mages. De plus, l’accouchement était
naturel.
– Vous savez bien que maintenant, les naissances ont rarement lieu le
week-end. Les accoucheurs sont en vacances et tentent de modifier la date
de la naissance. Comment peut-on prendre l’heure de naissance comme une
valeur sûre pour votre astrologie ? Qui à l’heure actuelle, userait de tables
astrologiques avant l’acte de procréation ?
– Pourquoi ne pas oser  ? Croyez-vous qu’un double soit incapable de
donner une intuition aux parents et à l’accoucheur si ce n’est à l’enfant lui-
même ?
– Ce serait dans la logique des choses, je vous le concède !
 
 

29. Trois jours d’équilibre, quarante


jours de stabilisation
 
 
 
 
D’un air presque scandalisé, Charles s’étonne :
– Ne me dites pas que vous croyez aux horoscopes ? Il n’y a pourtant là-
dedans rien de scientifique.
– En grec, dis-je, « Ora » signifiait la division du temps et « scopos » la
cible. L’horoscope était « l’ascendant », émanation de « l’Homme » vers le
fils de l’homme. Il fallait le consulter tous les jours car les tables
indiquaient les règles à respecter pour recevoir les informations du passé et
du futur.
– Cette réception n’est-elle pas automatique ?
– Non  ! Elle dépend de la durée des ouvertures du temps qui doivent
toujours être imperceptibles pour nous donner l’impression de ne pas
exister. Dans le temps ralenti de notre double, chacune d’entre elles ne
dépasse pas trois jours de notre temps. En revanche, chacune des nôtres
correspond à quarante jours dans le futur. Cette loi universelle est
fondamentale.
– Existe-t-il un rapport entre ces quarante jours et le carême ? demande
Charles soudain intrigué.
– Bien sûr ! Une de nos pensées fabrique immédiatement dans le futur
quarante jours de potentiel. Par bonheur, ce futur n’est pas utilisable
immédiatement.
– Pourquoi dites-vous  : par bonheur  ? Il serait préférable d’avoir
toujours tout, tout de suite.
– Une pensée fabrique un futur que vous ne pouvez pas actualiser
immédiatement.
– Si je me pose une question, le futur trouve la réponse en moins de
temps qu’il n’en faut pour le dire. N’est-ce pas ce que vous nous avez dit ?
– Oui mais elle n’est pas disponible immédiatement. En attendant, vous
devez en trouver une autre dans un potentiel déjà existant. De ce fait, la
solution est souvent mal adaptée à votre problème. Alors, vous la rejetez et
vous oubliez la pensée qui, l’ayant déclenchée, porte toujours ses fruits.
Bons ou mauvais, verts, mûrs ou pourris, ces derniers seront ramassés plus
tard par vous ou par celui qui a une pensée similaire.
– Comment se fait-il qu’il y ait un délai entre la question et la réponse ?
– C’est une protection. S’il était possible de fabriquer et d’actualiser
immédiatement un futur, votre responsabilité serait épouvantable.
– Pourquoi ?
– Par nos pensées, nous créons des dangers sans le savoir. Par exemple,
vous agressez un passant dans la rue qui vous bouscule. Sa mauvaise foi
vous donne envie de le tuer. Instantanément, un futur meurtrier se bâtit dans
vos ouvertures temporelles.
– Quelle importance puisque je ne tue personne ?
– Vous pouvez devenir responsable d’un malheur. Imaginez qu’un
inconnu agresse à son tour dans la rue un passant qui le bouscule et dont la
mauvaise foi lui donne envie de tuer  ! Semblable à la vôtre, cette idée
meurtrière lui donne instantanément accès au futur que vous avez créé. Il lui
vient des idées nouvelles que, sans vous, il n’aurait pas. S’il tue le passant,
qui est responsable ?
Réalisant enfin la force d’une pensée oubliée, le visage du père
d’Aurélien se crispe alors :
– Votre idée est totalement infernale !
– Démoniaque même  ! On peut le dire. L’enfer du futur est pavé de
mauvaises intentions diverses et le plus souvent dangereuses. Si à la
télévision un journaliste relate ce meurtre, vous vous révoltez contre cette
barbarie sans jamais penser que vous êtes coresponsable et qu’en jugeant le
criminel, vous vous jugez vous-même.
– Si personne ne songeait à tuer, personne ne pourrait donc tuer ?
– Ce n’est pas si simple. Si personne n’avait pensé à tuer depuis vingt-
cinq mille ans, aucun potentiel meurtrier n’existerait sur terre, et le meurtre
serait impossible. Malheureusement, après la faute d’Adam et Ève, il y eût
Cain qui, ne l’oublions pas, signifie tuer24 dans la langue grecque. Ce
couple fut en effet le premier à faire disjoncter notre potentiel vers la folie :
le meurtre devenait réalisable entre créatures qui auparavant, n’y avaient
jamais songé.
Charles prend soudain conscience des responsabilités immenses vis-à-
vis de son fils. Son affolement se lit dans ses yeux. Son ton devient grave :
– Vous savez que vous me faites peur avec vos histoires de
responsabilité  ! Aurélien a peut-être pâti de mes pensées. J’ai d’abord cru
qu’il mentait, ensuite je l’ai critiqué. J’ai donc fabriqué dans le futur de quoi
me prouver que mes mensonges ou mes critiques étaient justes.
– C’est exact ! Le père qui pense n’importe quoi de son enfant lui bâtit
de ce fait n’importe quoi.
– Que faire pour que le n’importe quoi ne soit pas utilisable ?
– Vous avez quarante jours heureusement pour l’effacer. Votre double et
vos rêves sont là pour ça. C’est ainsi qu’en calmant chaque nuit le futur
pendant votre sommeil, vous stabilisez la terre entière car la loi est très
simple  : si personne ne songeait à tuer pendant quarante jours et si nos
doubles effaçaient cette possibilité dans notre futur, le meurtre deviendrait
impossible sur terre.
– Je comprends maintenant l’importance d’un carême ! Vous dites que,
bien avant le christianisme, dans tous les villages celtiques, trois voyants
tirés au sort devaient solutionner les problèmes préoccupants.
– Ils ordonnaient les plus grandes folies jusqu’au mardi où l’on faisait
gras autour d’un immense feu de joie. Puis, le mercredi, fermant l’œil de la
voyance avec les cendres, on commençait une quarantaine pour laisser les
doubles trier les nouveaux futurs et en effacer les mauvais. Au quarantième
jour, le village revivait aux premiers rameaux printaniers. Les intuitions et
les signes se multipliaient, les problèmes étaient résolus. Quarante jours
pour trouver la meilleure solution et trois jours pour l’expérimenter. Toutes
nos intuitions sont basées sur ce cycle.
– Pourtant, en réalité, elles sont souvent sans intérêt.
– Parce qu’elles sont la conséquence de projets passés, inintéressants,
complètement oubliés. Cependant, une fois le projet envisagé, le futur
cherche toujours à le résoudre de multiples façons. Au quarantième jour, la
solution nocebo ou placebo peut être actualisée par celui qui pense au
même problème.
Mon interlocuteur se ravise :
– La résurrection de Jésus au troisième jour, n’aurait-elle pas un rapport
avec vos trois jours ?
 
 
 
 

30. Aux frontières de la mort : la N.D.E. et la


résurrection
 
 
 
– La résurrection est une loi universelle.
Françoise et Lucile reviennent à ce moment-là. Comme s’il était soulagé
de cette arrivée, Charles ravi nous lance :
– Heureusement vous voilà enfin ! sinon votre mari m’aurait démontré
que la résurrection était une loi physique bien établie et le comble, c’est que
j’aurais fini par le croire tellement il peut être convaincant.
Lucile approuve :
– Il aurait eu raison, car la résurrection est une loi universelle connue
des civilisations anciennes.
Charles acquiesce cependant avec quelque réserve :
– Je l’ai lu en effet dans votre livre. J’ai même tout vérifié dans les
écrits anciens. Il est vrai que la résurrection au troisième jour apparaît dans
les tablettes sumériennes : la déesse Inanna revint du séjour des morts après
ce délai, grâce à son vizir Ninshubur. Il est même écrit qu’elle a passé sept
portes.
– Moi aussi, s’exclame Aurélien en souriant à Octavie, je suis ressuscité
le troisième jour. En me réveillant le matin, je n’avais plus peur du tout.
Pourtant, je n’avais ouvert que deux portes, celle de ma chambre et celle de
la salle de bains pour me voir dans la glace !
Voyant l’expression d’Octavie, et se sentant vexé :
– Je sais bien, que ces portes n’ont rien à voir avec les autres ! Tu me
prends pour qui ?
– Pour mon vizir à moi, voilà tout  ! dit Octavie moqueuse. Ne suis-je
pas ta déesse adorée ?
Françoise intervient et leur demande d’écouter.
– Ces trois jours sont très importants. Dans notre monde, le double peut
utiliser ce temps-là pour nous renvoyer sur terre après notre mort. Pour être
sûr du décès de quelqu’un, il faut toujours attendre trois jours. Comme
Jésus, mais pour des raisons bien différentes, nous pouvons ressusciter au
troisième jour. Je m’explique  : dépistée par une inactivité totale de notre
cerveau, la mort clinique n’est qu’un rêve qui nous entraîne vers la lumière
de notre double. Nous passons d’abord par un tunnel obscur où nous
découvrons tous nos futurs potentiels. Après trois jours, la mort devient
irréversible. L’eau de notre corps se désinforme. Nos ancêtres le savaient.
Ils n’enterraient jamais les morts avant ce délai. De nos jours, personne n’y
prête attention, et pourtant les fossoyeurs constatent que trente pour cent
des morts déterrés ont bougé dans leur cercueil. L’eau a été ré-informée par
le double.
– Maman m’a dit, s’écrie Octavie toute excitée par l’histoire qu’elle a
en tête, que son grand-père s’était assis au moment où on allait fermer son
cercueil. Il a demandé pardon à tout le monde. Ma grand-mère a eu une
crise cardiaque et on les a enterrés ensemble parce que mon grand père est
mort à nouveau avant même de savoir qu’il était ressuscité mais il a laissé
un message à chaque enfant.
Aurélien éclate de rire, incrédule :
– Tu as vu ça à la télé ?
– Non, c’est parfaitement vrai  ! proteste Octavie. Tu demanderas à
maman !
J’interviens pour défendre cette petite fille :
– Ce sont des expériences aux frontières de la mort, en anglais les
« Near Death Experiment » ou NDE. Etudiées depuis longtemps, elles sont
très fréquentes et nous révèlent des caractéristiques toujours analogues. Il a
même été possible d’établir un protocole scientifique précis basé sur des
millions de témoignages.
– Quel est ce protocole  ? demande Charles toujours passionné par ce
qu’il pense pouvoir réfuter.
– La personne en NDE entend l’entourage qui parfois, parle de sa mort
comme d’une réalité irréversible. Elle ne peut pas communiquer et, après un
bruit sec, se décorpore, assistant parfois à l’extérieur d’elle-même aux soins
d’urgence ou de réanimation de son corps. Elle est ensuite aspirée par un
tunnel obscur où elle découvre d’autres personnes, souvent des défunts
proches, avant d’arriver face à un être de lumière. Attentionné, celui-ci lui
délivre des conseils bienveillants qu’elle mémorise parfois. Elle prend
conscience d’une frontière infranchissable avant que l’ombre ne l’aspire
violemment. Alors, le «  mort en sursis  » se retrouve vivant et
généralement, ce retour inattendu entraîne un changement radical de son
comportement.
– Notre sommeil paradoxal, ajoute Lucile, est analogue à cette curieuse
expérience de mort imminente. La différence provient du fait qu’un corps
énergétique vient immédiatement assurer notre survie pendant les échanges
d’information. Dans les NDE, notre organisme est laissé à l’abandon. Il
peut même se décomposer. Seul, notre retour dans les trois jours le remet
d’aplomb.
Rien n’échappe à Aurélien qui intervient aussitôt dans la conversation :
– Moi, j’aimerais bien savoir si trois jours sont suffisants pour dire que
je n’aurai plus jamais peur de rien ?
Voyant l’air affreusement triste d’Octavie et de Françoise, je précise :
– Il faut toujours les fameux quarante jours pour utiliser les douze
portes planétaires et obtenir la meilleure solution au problème du premier
jour. Tout ne s’arrange pas forcément en un seul rêve. Les planètes
n’accélèrent pas leur mouvement pour nous faire plaisir. Notre double ne
peut ouvrir qu’une seule des douze portes du «  zodiaque  » pendant trois
jours.
Lucile se tourne vers Aurélien :
– Ne t’inquiète pas  ! c’est derrière cette première porte que le tien a
trouvé un futur capable de te rétablir en chassant celui qui te stressait.
– Alors, ajoute le jeune garçon avec un joyeux sourire à sa mère, il suffit
de patienter. Pour ouvrir les douze, il lui faut trente-six jours. C’est pas
compliqué, j’ai pigé !
– Il faut aussi une synthèse des informations qu’il effectuera en trois
jours. Cela fait un cycle de trente-neuf jours.
– On ne peut pas aller plus vite ? demande Octavie.
– Si, mais il faudrait avoir douze doubles en plus du sien, comme Jésus
et ses douze apôtres. Les informations seraient triées instantanément par les
douze et le treizième en ferait la synthèse.
– Jésus priait seul dans le désert. Et il lui fallait quarante jours pour
avoir la solution à son problème.
La solution et la tentation d’un futur potentiel. En effet, le prince des
ténèbres est venu le tenter par ses solutions déjà existantes dans son
royaume obscur. Le quarantième jour est toujours le premier jour d’un cycle
nouveau. Carême et quarantaine sont des nettoyages nécessaires de l’esprit
et du corps. Si nous poursuivons les échanges d’informations quotidiens
avec notre double, six cycles successifs permettent d’analyser et d’arranger
les six espaces doubles du zodiaque avant d’en faire la synthèse pendant le
septième.
Sept cycles de quarante jours sont nécessaires pour une grossesse. Les
derniers quarante jours servent à la synthèse. Interrompre celle-ci peut être
dangereux. C’est pour cela qu’un prématuré de six fois quarante jours peut
vivre sans problème. Par contre, celui qui naît avant terme pendant la
septième et dernière période est beaucoup plus fragile. Sans jamais
l’expliquer, les obstétriciens ont toujours remarqué cette curieuse fragilité.
Or, il semble évident qu’une bonne analyse vaut mieux qu’une synthèse
interrompue.
En réalité, l’enfant et son double utilisent un temps imperceptible pour
prendre connaissance du futur des parents pendant l’acte sexuel de ces
derniers. La fécondation devient possible seulement si le potentiel
entr’aperçu leur convient. Le fœtus dispose alors au troisième jour d’un
futur de quarante jours. Il n’y a pas de vie dans l’ovule avant ce laps de
temps mais seulement une préparation à la vie terrestre, une sorte de
résurrection du futur dans le présent.
Tandis que j’explique tout cela, le visage de Françoise laisse deviner la
réponse qu’elle attendait :
– La pilule du lendemain ne serait donc pas un avortement !
Voyant sa surprise extrême, je précise :
– Cela semble d’autant plus vrai, que l’eau nécessaire à la vie pour
stocker l’information, n’entre dans l’ovule qu’au sixième jour.
– On peut donc dire qu’un enfant utilise quarante jours dans le futur
avant les sept fois quarante jours dans le présent. Et il faut ajouter les
quarante jours après la naissance qui permettent au double d’avoir un tout
premier potentiel dans notre présent. Après l’accouchement, la mère ressent
une grande différence : les suggestions du double de l’enfant lui manquent.
Sans contact avec son double, un grand vide s’installe en elle car son corps
manque soudain de renseignements vitaux. D’où parfois, une dépression,
nommée à tort « baby blues ».
– Comme l’éviter ?
– Un seul échange avec le double peut remettre sur pieds toute une
famille en trois jours avec un potentiel nouveau de quarante jours. Regardez
la résurrection de Jésus ! Il dispose de cette durée sur terre après sa mort. Le
quarantième jour pouvait lui amener un futur potentiel créé au premier jour.
Son actualisation aurait entraîné une responsabilité nouvelle dans le futur.
Son départ était donc nécessaire pour éviter ce lien dangereux.
 
 
 

31. Jésus
 
 
 
Le sceptisime de Charles ne se ressent plus, bien au contraire  ! Ses
questions se succèdent, pris à son tour d’une curiosité évidente :
– Comment situez-vous Jésus dans votre cycle des temps ?
– Le cycle de dédoublement solaire se divise en douze périodes : les six
jours et les six nuits de la Bible. Tous les 2070 ans, une créature immortelle
vient nous aider. Appelée aussi avatar, la dernière des douze était Yeshua
l’araméen. Comme tout immortel, il est dans le passé de son double et dans
le futur du Créateur, pouvant ainsi dire : « Je suis dans le père et le père est
en moi. »
Charles hoche la tête, montrant en l’occurrence qu’il n’oppose plus sa
réticence intellectuelle habituelle.
– Cette venue fut préparée par tout un peuple pendant le dernier jour
biblique. C’était indispensable ! Souvenez-vous de ces deux prophètes qui se
chargèrent de l’ouverture et de la fermeture des portes entre le monde des
mortels et celui des immortels, appelé aussi Jérusalem céleste : je veux parler
de Bouddha qui naquit environ 630 ans avant J.-C., et de Mahomet qui
mourut en 632 après J.-C.. Ce n’est pas un hasard : l’ouverture rapprochait le
premier de son double, la fermeture en éloignait le second. Cette double
conséquence fut manifeste. En effet, la jeunesse de Bouddha fut
intransigeante parfois violente, celle de Mahomet tolérante et pacifique.
Inversement, la vieillesse de Bouddha fut tolérante et pacifique, celle de
Mahomet intransigeante et parfois violente. Quant à Jésus, il pouvait
bénéficier d’un équilibre parfait25.
– Curieusement, remarque Françoise, le Bouddhisme, le Christianisme et
l’Islam dirigent les trois grands mouvements spirituels actuels. Au lieu de
s’affronter, ils devraient être complémentaires !
Je ne peux qu’approuver :
– Ils l’étaient. Le message de Bouddha, Jésus et Mahomet était simple :
«  Ne pas penser à faire pas aux autres ce que vous ne voulez pas qu’ils
pensent à vous faire ! » Ce que Jésus résumait également en disant : « aimez-
vous les uns les autres ! » Il aurait pu expliuer le dédoublement mais, à cette
époque, personne n’avait « les yeux pour voir et les oreilles pour entendre. »
 
 
 
 
 
 
 

L’ouverture des temps (2 fois 630 ans)


 
Sa mort permit l’exploration de notre futur. Ce fut la descente dans les
futurs infernaux : les enfers, disaient les Grecs. Elle eut deux conséquences
importantes. Tout d’abord, le retour de nos doubles dans le futur du Créateur
car ils s’étaient perdus dans les ténèbres. Jésus leur offrit alors une
rédemption. Sans elle, notre incarnation devenait impossible pendant la
sixième et dernière « nuit » de deux mille ans.
Françoise hésite puis se ravise :
– La rédemption n’est-elle pas la rémission des péchés de l’humanité tout
entière ? s’exclame Françoise.
– Comme beaucoup, vous confondez les deux conséquences.
L’exploration du futur par un tel immortel a effacé des potentiels dangereux,
c’est-à-dire les «  péchés du monde  » dans le sens grec du terme. C’est la
deuxième conséquence de sa mort qui devait arriver à une date bien précise,
au moment où les portes du futur seraient grandes ouvertes, comme
maintenant. Supprimer les potentiels dangereux devenait indispensable avant
cette dernière nuit biblique de deux mille ans. Sinon, «  le prince des
ténèbres  » nous aurait broyés sans difficulté en nous faisant actualiser des
futurs infernaux. Jésus savait que ce prince n’avait aucun pouvoir sur lui. Il
était maître du futur puisque maître de notre passé.
– Ne doit-il pas revenir à la fin des temps ?
– Cette fin est celle du dédoublement. S’il revient, ce sera avec un corps
non dédoublé que les anciens appelaient corps glorieux. C’est ce corps
«  matérialisé  » que Jésus a montré pendant quarante jours à ses apôtres
éberlués. Il leur prouvait ainsi sa vraie nature d’immortel. Cependant, son
inquiétude devait être grande.
– Pourquoi  ? demande Aurélien qui semblait ne plus s’intéresser à la
conversation.
– Il fallait que l’humanité tienne le coup jusqu’à la fin des temps, car il y
a des voyous terrifiants dans le futur. C’est pour cela que Jésus nous a
envoyé son double, celui qui se tient à côté (para en grec) du verrou (cleis).
C’est le paraclet (para-cleis)26.
– Aucun théologien ne parle de tout cela ! surenchérit Françoise surprise.
– De même qu’aucun théologien ne parle du dédoublement ! Cependant,
l’évangile de Thomas semble montrer que cette notion essentielle était
parfaitement connue autrefois : « Au temps où vous étiez un, vous avez fait
le deux », nous dit cet Évangile27 « mais alors étant deux, que ferez-vous ? »
L’authenticité de ce texte ne fait aucun doute car, trouvé en Haute Égypte
dans les années 1940, il n’a pas eu le temps de subir les erreurs de traduction.
– Et alors  ? s’inquiète Aurélien. Qu’allons-nous faire maintenant que
nous sommes toujours deux ?
– Écouter le paraclet. « C’est de mon bien qu’il vous donnera » a précisé
Jésus, signifiant ainsi qu’une simple pensée d’un double est bien une énergie
salutaire, une information vitale.
– Et comment tu l’écoutes ?
– En laissant ton double te dire ce qu’il lui dit. Depuis mars  1989, les
« verrous » sont ouverts, il l’entend en direct, cinq sur cinq !
– Tu n’as plus besoin d’intermédiaire ! précise Lucile.
– Mais attention ! Le futur aussi t’entend très bien et pour l’instant, nos
pensées attirent des potentiels excessivement dangereux. Le péril est à nos
portes, la désolation aussi. Là aussi, Jésus nous a prévenus. « Il y aura des
signes dans le ciel, la lune et les étoiles. »
– Quels sont ses signes ? demande le jeune garçon.
– Je te l’ai dit : le signe de Jonas qui correspond à l’arrivée de nouvelles
planètes, enfin visibles au-delà de Pluton. Les météorites risquent de changer
brutalement d’orbite.
 
 

32. Le Roi et ses sujets


 
 
 
 
Tout ce discours a rendu Aurélien très perplexe. Certes, il a compris
beaucoup de choses mais un point le surprend encore :
– Pourquoi tu parles de tout ça à des enfants comme moi ? Tu devrais
voir les gens connus, importants. S’ils faisaient ce que tu dis, tout le monde
suivrait et il n’y aurait plus de problème.
– Je vais te raconter une histoire qui te fera comprendre qu’il est
préférable de s’adresser aux petits de ce monde plutôt qu’aux grands.
Ecoute bien ! Octavie aussi !
 
Il était une fois un Roi qui, pour gouverner son pays, fabriquait des
potentiels dangereux. Il ne souriait guère, son futur, non plus. Son potentiel
était lourd et dangereux.
Ses sujets vivaient tranquillement dans leur coin, espérant des jours
meilleurs, sans jamais penser à mal. Ils bâtissaient des potentiels
merveilleux.
Le Roi pouvait puiser dans ce futur et vivre des jours agréables sans
savoir qu’il les devait aux pensées agréables de ses sujets qui vivaient
tranquillement dans leur coin, espérant des jours meilleurs sans jamais
penser à mal.
Le Roi vivait tellement agréablement qu’il pouvait même se donner en
exemple, tout en expliquant que, pour réussir dans la vie, il fallait savoir se
battre comme lui, écraser les faibles et les incapables, grâce aux potentiels
qu’il savait produire par ses souhaits et ses envies de roi puissant.
Il vivait tellement agréablement bien que ses sujets finirent par
s’interroger. Fallait-il vraiment vivre tranquillement dans son coin, espérant
des jours meilleurs sans jamais penser à mal, bâtissant des potentiels
merveilleux mais sans doute insuffisants ?
N’était-il pas en effet préférable de savoir se battre comme le Roi,
écraser les faibles et les incapables ? Cette affreuse tentation conduisit très
vite les sujets du Roi à actualiser les potentiels royaux existants. Les effets
ne se firent pas attendre. Le royaume fut bouleversé par des guerres et des
catastrophes sans nom.
Le Roi incrimina…
Octavie me coupe :
– C’est quoi incrimina ?
– Incriminer, c’est accuser ! dis-je avant de poursuivre. Le roi accusa le
mode de vie de ses sujets qui vivaient trop tranquillement dans leur coin
sans jamais penser à mal, bâtissant des potentiels insuffisants. Alors, trop
opprimés pour espérer des jours meilleurs, ces derniers se décidèrent enfin à
penser comme leur Roi. Peu à peu, leur potentiel n’eut plus rien de bon et
de doux. Tout le monde vivait survolté… et malheureux !
Moralité : à la fin des temps les Rois seront tellement corrompus que la
corruption sera reine dans tous les royaumes.
C’est la conclusion de l’apocalypse de saint Jean.
– Nous avons une chance folle ! remarque Aurélien.
– Pourquoi ? demande Octavie.
– Dans notre pays, il n’y a plus de roi mais des présidents  ! répond-il
d’un air pince-sans-rire.
– De toute façon, ne jetons pas la pierre à nos dirigeants. Ils sont à notre
image car ce sont nos pensées qui attirent des potentiels excessivement
dangereux. Le péril est à nos portes, la désolation aussi. Là encore, Jésus
nous a prévenu : « Il y aura des signes dans le ciel, la lune et les étoiles28. »
– Quels sont ces signes ?
– Je te l’ai déjà dit  : le signe de Jonas qui correspond à l’arrivée de
nouvelles planètes, enfin visibles au delà de Pluton. Les météorites risquent
de changer brutalement d’orbite.
 
 
 
 
 
 

33. Les signes de la fin et les bienfaits


possibles
 
 
 
Aurélien semble tout à la fois étonné et amusé :
– Tu crois vraiment que des gros cailloux tomberont du ciel ?
Pourquoi toujours penser à des catastrophes qui peuvent être évitées ? Si
nous modifions nos pensées, ce spectacle grandiose sera annulé29. Les
prophètes de malheur devront alors rembourser ceux qui, à cause d’eux, ont
déjà retenu leur place aux premières loges des catastrophes mondiales.
– Pourtant, clame Françoise, tout le monde dit que la planète va mal,
qu’elle se réchauffe partout, que le niveau de la mer monte.
– Le niveau de notre bêtise aussi ! Le monde politique nous fait croire que
la pollution industrielle modifie la planète. Il n’a pas tort mais c’est un pet de
puce comparé à la pollution du futur que nos pensées ont déjà créée. La terre
est comme nous. Elle actualise le futur disponible. Or ce dernier n’est pas
brillant parce que nos pensées ne le sont pas. Changeons-les et la planète
retrouvera l’équilibre dont nous avons tous besoins !
Aurélien équarquille les yeux.
– Des pensées ne peuvent quand même pas arrêter un caillou qui tombe du
ciel ! T’es fous !
– Le caillou vient parce que la terre manque d’énergie, et elle manque
d’énergie parce que nos pensées – qui sont aussi des énergies capables de
fabriquer le futur – sont bien trop pauvres. À nous de les enrichir ! La terre est
comme nous  : lorsqu’elle ne mange pas suffisamment d’énergie, tout ce qui
passe à sa portée devient très attirant. Aujourd’hui, notre planète est amaigrie
par un jeûne de vingt-cinq mille ans. Elle peut devenir boulimique, les portes
du futur sont grandes ouvertes. Les météorites sont sa nourriture favorite. En
2002, elle en a attiré deux énormes qui l’ont frôlée sans que nous puissions les
prévoir. S’ils nous avaient percutés, l’humanité aurait été exterminée, comme
les dinosaures. Si la terre mange trop de cailloux, elle vomit dans l’espace en
réveillant ses volcans. Pour cela, elle secoue ses écailles que les scientifiques
appellent plaques tectoniques. Il faudrait enfin que tout le monde sache que
nos pensées détestables lui donnent trop d’appétit et accélèrent ainsi la fin des
temps. Si je pense toujours à faire à autrui ce que je voudrais qu’autrui pense à
me faire, la terre en fera autant et nous recueillerons enfin les bienfaits que
nous offre la fin des temps.
Toujours très attentif, le père d’Aurélien intervient :
– Peut-on prévoir la date de cette fin ?
– Le calcul ne donne qu’une date théorique 2079. Celle-ci ne sera sans
doute jamais atteinte.
– Pourquoi ?
– La fin des temps arrive après six périodes de trente ans30. Les sept
ouvertures déclenchent des explosions solaires phénoménales. Pour nos
ancêtres, c’était l’ouverture des sept sceaux de l’apocalypse. Les trois
premières ont ouvert les portes du futur. Pour les trois portes du passé, tout
dépend de nos doubles qui dépendent eux-mêmes du Créateur. « Quant à la
date, » disait Jésus, « seul, le père la connaît. »
– Est-il possible d’avoir plus de précisions ?
– L’explosion solaire de 2003 montre que le cinquième sceau s’est ouvert
16 ans avant sa date théorique. Pressés d’équilibrer notre monde qui fabrique
leur potentiel, nos doubles ouvrent les portes de notre passé trop vite. Cette
accélération est si forte qu’il est possible d’en déduire que, sans changement
de notre comportement, la date de la fin des sept temps pourrait coïncider
avec la fin du calendrier Maya en décembre 2012. Cependant, vous savez
maintenant qu’aucune prédiction, maya ou autre, n’est définitive. Il est donc
encore possible de faire reculer cette date de quelques années afin de
permettre à la Terre de se calmer. De toute façon, elle ne peut aller au-delà de
2079 moins 16 ans, soit 2063.
 
J’aimerais dire à Charles que les créatures qui ont fabriqué notre futur –
que nous appelons esprits, entités, diables, démons ou extraterrestres – ont
déjà terminé leur dédoublement. Bientôt, avec des pouvoirs incroyables,
celles-ci seront sur terre et se feront passer pour des dieux, maniant les futurs
dangereux qu’elles auront étudiés et explorés bien avant nous, provoquant des
maladies pour les guérir, bouleversant la planète pour la calmer. Or je sais
que, comme la plupart des êtres humains dits civilisés et raisonnables, il est
difficile d’imaginer une quelconque réalité derrière de tels propos. Et je le
comprends car notre parasitage est tel que notre désinformation est presque
totale. Cependant, nous sommes encore pour quelque temps maîtres de notre
futur. Personne ne nous empêche de reprendre notre place de chef d’orchestre
et de renvoyer nos musiciens derrière leur pupitre. Il suffit de lire la partition
que notre double compose chaque nuit et non pas tous ces écrits, souvent
ésotériques, toujours sectaires, soi-disant inspirés par Dieu, les anges ou les
extraterrestres.
 
Livres, spectacles, télévision, cinéma font avaler des couleuvres et de
graves erreurs aux plus crédules. Ils préparent sans le savoir la venue d’un être
exceptionnel, doué d’une telle puissance, que nous le considérerons à tort
comme un sauveur de l’humanité, un dieu… car, pour s’infiltrer plus aisément
dans les cerveaux fragiles, les pensées parasites utilisent des discours
religieux où Dieu et l’Amour ont toujours la meilleure place. À cause de ce
parasitage infernal, notre agressivité se développe malheureusement à l’heure
actuelle aussi vite que nos maladies et nos catastrophes.
 
– Pensez-vous, me demande Charles, que notre monde ait déjà connu des
périodes semblables ?
– Les cicatrices des chaos successifs sont inscrites partout. Nos sciences
passent leur temps à les découvrir dans les sédiments, les glaces, les
bouleversements de la faune et de la flore. Les fouilles archéologiques n’en
finissent pas de nous surprendre. Nous recherchons instinctivement le passé
qui a déclenché tant de mauvais futurs. Quatre mille ans avant J.-C., une
ouverture du futur a laissé passer des faux dieux  : c’était l’époque des
Sumériens où les humains découvraient des êtres venus « d’ailleurs ». Après
mille ans de prouesses, ces derniers disparaissaient et nous laissaient en
testament des messages écrits, gravés dans de nombreux monuments et
tombeaux.
– Il est vrai, ponctue Charles, que l’humanité sortait alors brutalement de
l’âge de pierre pour entrer dans une connaissance époustouflante aussi bien en
mathématiques, qu’en architecture, astronomie, agronomie, irrigation.
– C’est ainsi que les générations suivantes ont passé leur temps à utiliser
les reliquats d’une connaissance perdue  : l’Égypte des pharaons était déjà
dans la méconnaissance des lois universelles qu’elle avait détournées de leur
but.
Remarquant la moue dubitative de Charles, j’ajoute aussitôt :
– Savez-vous que le Sphinx est en réalité bien antérieur à l’époque des
pharaons ? L’érosion qu’il a subie est la conséquence d’un climat pluvieux :
on en déduit la période de sa construction aux alentours de 10500 ans avant
notre ère. Cela laisse supposer que le chaos de cette époque a anéanti une
civilisation importante à l’origine des grandes traditions.
– Parlez-vous des Atlantes et de la disparition de l’Atlantide  ? demande
Françoise dont la question fait sourire Charles.
– Il est maintenant certain que notre planète a été entraînée dans un chaos
destructeur dont Platon avait encore la mémoire. «  Quand le divin vint à
s’étioler avec le mortel, disait-il, alors ils tombèrent dans l’inconvenance.
Zeus réunit tous les dieux dans leur plus noble demeure qui se trouve au
centre de l’univers et qui a vue sur tout ce qui participe au devenir. Et les
ayant rassemblés, il dit… » En fait, nous ne saurons jamais ce que Platon
voulait faire dire à Critias31. Le texte s’arrête là. La situation était
certainement très grave pour réunir les «  dieux  » là où se fabriquent les
«  devenirs  ». La preuve  : 97  % des mammifères supérieurs ont disparu de
l’hémisphère nord.
– Tu veux encore nous faire peur ? s’inquiète Aurélien toujours à l’écoute.
– Un Déluge a déjà surpris et détruit l’humanité qui avait oublié
l’essentiel. De nos jours, il est encore possible de calmer la planète à
condition de comprendre notre entière responsabilité dans son dérèglement.
Charles sourcille :
– Vous aussi, vous croyez donc qu’un chaos est imminent, qu’un avenir
infernal doit châtier le monde ?
– Celui qui pense à un chaos fait instantanément naître un enfer
chaotique dans notre futur qui essaie ensuite de nous le restituer. Des voyants
ou «  channeling  » plus ou moins inspirés, qui prônent la paix sur Terre en
brandissant le spectre d’un cataclysme effroyable, sont souvent à la source
même des chaos planétaires qu’ils essaient cependant d’éviter. Or, bientôt, les
temps vont s’équilibrer, le sixième sceau s’ouvrira, déversant le flot d’êtres
bien réels qui aiment fabriquer le futur que nous souhaitons actuellement.
Comment penser que cette invasion puisse amener la paix sur terre si nos
projets ne deviennent pas pacifiques ?
– Pensez-vous que cela suffise ?
– La haine est une énergie quiattire la haine et dirige le monde. Pourquoi
ne pas utiliser l’amour qui est une énergie tout aussi forte ? Pas l’amour dont
parlent ceux qui n’en vivent pas mais l’amour qui oblige à surveiller chacune
de nos pensées. Sans un partage des connaissances lié à cet amour, notre
survie deviendra impossible dans les années à venir. L’ère du Verseau qui
termine le dédoublement des temps répand un souffle d’immortalité sur nos
têtes pour que nous puissions refaire notre unité. Avant cela, nous subirons
des invasions bien réelles d’êtres surprenants.
– Êtes-vous sérieux ?
Charles veut bien admettre l’existence d’autres créatures dans l’univers
tant qu’elles restent dans des galaxies lointaines.
– Pourquoi se mettre des œillères ? Après le sixième sceau, le futur doit
apparaître dans sa réalité. C’était déjà le cas du temps de Sumer.
Pour appuyer mon propos, je montrais les dessins de l’annexe de notre
livre.
 

 
Sans parler des Atlantes, il y a déjà eu des invasions comme les héros
fabuleux de l’Olympe Grec si peu divins, ou encore ces dieux du pays de
Sumer. Dans la Bible32, « les Néphilim étaient sur Terre en ces temps-là… Ils
étaient les puissants de l’éternité, le peuple des shem… Ces fils de Dieu
s’unissaient aux filles des hommes, ces hommes fameux du temps jadis ». En
grec, Néphelos signifie les petits nuages dans le ciel. En Sumérien, c’étaient
des objets volants identifiés.
 

 
Le cartouche égyptien ci-dessus indique bien un oméga dans lequel
s’effectue une métamorphose (le scarabée)33 grâce à l’ascension du module
fixé au sol par deux amarres, comme l’engin volant sumérien. Un
«  immortel  » débarquant sur Terre ne devrait-il pas changer de tenue si ce
n’est de forme ?
Ce que nous croyons être des légendes d’autrefois pourraient devenir les
tristes réalités de demain. À la fin d’un cycle, les créatures évacuent les lieux
dangereux. D’autres, inconscientes ou téméraires, s’y laissent enfermer. Nous
étions de celles-là. Or la connaissance de la loi du temps nous permet de
comprendre que le futur ne nous entraînera dans le chaos que si nous-mêmes
le construisons et l’acceptons dans chacune de nos pensées.
Ce n’est pas une faute que de vivre là où nous pouvons utiliser les
instincts de survie que nous comprenons. Il nous faut sans doute un peu plus
de temps pour en obtenir de meilleurs et seul, le futur nous donne cette
possibilité de longue réflexion. Cependant, il est bon de comprendre la
marche du temps lorsque l’occasion de sortir de notre trou se présentera enfin.
La Terre peut être considérée comme un paradis par ceux qui ignorent la
loi des temps. Pour les créatures immortelles, c’est un lieu infernal où l’on vit
dans la peau d’un animal mortel, oubliant peu à peu le lien avec notre double.
Lui seul est encore dans la lumière créatrice, ses informations peuvent donc
nous sortir de notre misère actuelle. Il ne possède pas la vérité universelle,
mais la nôtre, qui n’est pas celle des autres et qui, de ce fait, nous oblige à
abandonner tout prosélytisme et sectarisme.
C’est un être de lumière doué de la force créatrice d’une étoile qui est
notre pôle de réunification et de reconstitution. Avec lui, comment pourrions-
nous manquer d’informations salutaires ?
À la fin des temps de notre dédoublement, nous aurons besoin
d’instructions pour survivre, car le futur que nous avons bâti viendra nous
perturber. En ce moment même, un envoyé du Créateur explore le futur pour
le trier et nous guider. Connaissant la loi de l’alpha et de l’oméga, ou l’Oura34,
il est l’envoyé (èl, élohim ou elos) de cette loi, autrement dit Oura-èl.
Avec sa voiture-balai qui ramasse les traînards dans les ténèbres, Ouriel
est par tradition l’ange issu des tartares infernaux. Dédoublé du Créateur, il
récupère les énergies perdues dans les ouvertures temporelles les plus
lointaines au moment où l’apocalypse ouvre nos sept écluses du temps. Ne
comprenant pas qu’un ange de Dieu puisse venir des ténèbres, l’église
chrétienne l’a purement et simplement supprimé de l’ancien testament. Or cet
envoyé du Créateur est à la limite de l’interdit avant la désintégration. Son
passage désagrège ceux qui ne peuvent rejoindre leur double. À nous de nous
y préparer si nous ne voulons pas devenir une énergie perdue sans conscience
de notre unité.
 
 
 
 
 

34. Qui, quand, comment, pourquoi ?


 
 
 
 
Il était près de minuit. Un calme infini surplombait la maison de
campagne où les parents d’Aurélien nous avaient reçus. Allongés sur des
chaises longues, Charles et moi dévorions en silence un ciel sans nuage.
– Des millions d’étoiles, lança Charles rêveur, et moi, perdu dans l’une
d’elle avec un fils qui finalement me fait comprendre ma petitesse.
– Son histoire ne doit pas vous faire oublier l’essentiel. Nous nous
sommes dédoublés pour explorer un espace solaire dangereux perdu dans
une galaxie au milieu d’une foule incommensurable d’étoiles. Cent
milliards d’étoiles dans notre galaxie et cent milliards de galaxies dans
notre univers… Si vous deviez compter les étoiles en prenant un
milliardième de seconde pour chacune d’entre elles, savez-vous le temps
que cela vous prendrait ?
– Certainement un temps fou !
– Trois millions d’années ! C’est sans doute pour cela que le Créateur
différencie le temps pour prendre le temps de connaître sa création. Ses
visites dans un espace comme le nôtre sont rares : au mieux, tous les vingt-
cinq mille ans. Faut-il encore qu’il y trouve un intérêt ! À chaque fois, notre
étoile ouvre et referme ses douze portes planétaires en 180 ans, séparant
pendant 24  840 ans, les voyous que nous sommes, des créatures
immortelles. Comme Cendrillon, nous devions sortir avant les douze coups
de minuit…
– Nous sommes apparemment nombreux à avoir été pris à notre propre
piège.
– Seul, l’homme de Néanderthal semble s’être échappé de notre prison
solaire à la fin du dernier cycle. Depuis, nous nous sommes coupés du
Créateur dont l’existence et l’unicité sont pourtant une obligation
scientifique d’espace et de temps. N’en déplaisent aux intellectuels
sauvages…
– Comme moi, coupe Charles en souriant  ! J’ai quand même fini par
admettre tous vos dires…
– Que d’autres assimilent d’emblée, parfois intuitivement… sachez bien
que cette fâcheuse coupure nous isole des informations salutaires du
Créateur et que, contrairement au postulat bien établi, Dieu ne sait rien de
nous, ne voit rien du tout et n’entend presque rien pendant tout notre
dédoublement.
– C’est dur à admettre !
– En vingt-cinq mille ans, il s’informe de notre sort par douze
incarnations d’immortels : les fameux avatars. La signification grecque que
je vous ai donnée au sujet de ce mot important s’est évidemment et
dramatiquement perdue depuis longtemps. Ces visites périodiques
indispensables nous redonnent une certaine vitalité mais elles n’empêchent
malheureusement pas l’humanité de bâtir des possibilités futures
dangereuses que nous devons supprimer encore et encore… Actualisables à
tout moment, ces futurs potentiels constituent un énorme boulet aux pieds
qui peut empêcher notre réunification à la «  fin des temps du
dédoublement  ». Cependant, nous pouvons toujours effacer ce que nous
avons créé. Il suffit d’avoir avec nous notre double et sa puissance
synthétique.
– Puisque nous venons en masse nous incarner sur terre au dernier
moment, n’est-ce pas parce que nous pensons être capables de nous
débarrasser de ce poids ?
– Certes, mais nous ne savons plus ni comment ni pourquoi. Et comble
du comble, nous ignorons même la nécessité d’un guide comme Yeshua
dont vous avez vu l’importance historique et planétaire. Comment ne pas
penser à la curiosité des immortels lorsqu’un espace comme le nôtre
s’ouvre enfin dans leur temps ? Percevoir l’imperceptible permet à chaque
créature de voir toutes ses possibilités passées, présentes et à venir.
– Il est vrai, ajoute Charles, que si nous arrivions à faire connaître la
date de cette ouverture finale de façon précise, cela nous permettrait
d’orienter plus vite notre vie ! Nous sortirions enfin du piège à rat que nous
fabrique la désinformation planétaire actuelle.
– Je vous ai déjà dit qu’il était impossible de connaître la date de la fin
des temps avec précision. Elle est très proche, c’est une certitude, et notre
incarnation sur Terre à cette période cruciale n’est pas un hasard. Elle a
pour seul but de permettre à notre double d’arranger le futur que nous avons
dérangé depuis la nuit des temps. Nous lui servons de tremplin. En le
laissant donner quotidiennement des coups de balais dans nos potentiels à
venir, nous pouvons repousser les dangers et cette fin pourrait alors apporter
des bienfaits.
– Arranger sans déranger le futur semble difficile.
– C’est pourtant le seul moyen de supprimer les chaos actuellement
prévisibles. L’apocalypse retrouverait alors son sens étymologique de
découverte merveilleuse du caché. La montée des océans, le réchauffement
de la planète35, les modifications climatiques et tant de cataclysmes que
nous croyons à tort naturels s’estomperaient peu à peu. La Terre
n’actualiserait que des futurs acceptables par tous.
Charles surenchérit :
– Mais qui connaît cela  ? Nous ignorons tous notre passé, surenchérit
Charles.
– Nous fabriquons ainsi des possibilités d’avenir sans rapport avec cet
autre nous-même qui devrait être notre «  messager des temps  », cet
anaguelos bien connu de nos ancêtres grecs et non pas cet angelot démoli
par un ésotérisme mal compris. En ne l’écoutant plus, nous le détruisons,
brisant ainsi l’image que le Créateur voulait de nous dans le futur. Il nous
sera bien difficile de retrouver notre unité.
– La fin du dédoublement des temps n’est-elle pas obligatoirement la fin
du nôtre ?
– Nous pourrons redevenir un avec notre double à condition de ne pas le
fuir et de le reconnaître. Sinon, la lumière de son temps ralenti nous
repoussera dans les ténèbres du futur, là où notre vie terrestre a créé une
réalité accélérée correspondant à nos désirs les plus profonds mais
totalement inutiles pour notre double, donc pour nous-même. Rappelez-
vous l’évangile de Thomas dont je vous ai parlé. Il est brut de décoffrage
sans les contresens plus ou moins voulus des copistes du moyen âge  :
«  Lorsque vous ferez le deux un, l’intérieur comme l’extérieur, le haut
comme le bas, lorsque vous ferez du masculin et du féminin un unique,
alors vous entrerez dans le royaume ! »
– Est-ce à dire qu’il est difficile de refaire le un ?
– Tout dépend de l’endroit où nous refaisons cette unité  ! Si nous
plongeons dans un futur qui ne correspond pas aux souhaits de notre double
mais aux nôtres, ce dernier sera obligé de nous suivre lorsque
recommencera un nouveau cycle de dédoublement. Nous l’enfermerons
avec nous pendant vingt-cinq mille ans loin du Créateur, dans un espace où
il deviendra une énergie perdue, un ange déchu, une créature mortelle
comme celles qui, parasitant actuellement notre monde, nous entraînent
dans le chaos.
– Un double n’est-il pas toujours immortel ?
– Pas du tout  ! Si, à la fin de notre dédoublement, nous allons nous
perdre dans le futur, il est obligé de nous suivre, c’est la vraie mort dans le
sens qu’il quitte l’espace du Créateur dont il n’a plus la synthèse vitale. « Si
quelqu’un garde ma parole, disait Jésus, il ne goûtera pas de la mort36.  »
Cette parole devient compréhensible si l’on sait qu’un double dans le passé
assure notre lien avec le double de Jeshua, le fameux paraclet qui, rappelez-
vous, trouve là son explication par le grec et la théorie du dédoublement. Si
notre double reste dans le passé, il assure notre survie dans l’espace du
Créateur où les possibilités d’exploration sont nombreuses. Yeshua nous
protège ainsi en essayant de le garder en vie dans son espace et son temps.
La veille de sa mort, il nous rassurait encore  : «  Il y a beaucoup de
demeures dans la maison du Père, je vais vous préparer une place37.  »
Notre réunification peut nous entraîner dans d’autres espaces pendant les
1080 ans de transition entre cycles de dédoublement. C’est une loi
physique, pas une utopie ésotérique.
– Pensez-vous que, lors de cette nouvelle exploration de l’espace,
Yeshua soit un guide absolument nécessaire ?
– Sans lui, il est impossible de retrouver les instincts de survie de notre
corps et les intuitions vitales de notre esprit. Il nous permet d’abandonner
l’inutile pour mettre l’indispensable dans notre sac d’explorateur  : « … et
tous ceux qui refusèrent d’adorer la Bête et son image (dans le futur)
reprirent vie et régnèrent avec le Sauveur, mille années. C’est la première
résurrection38. » Vous comprenez maintenant qu’il n’y a là ni légende, ni
dogme, pas le moindre secret ésotérique, mais bien une vérité
scientifique rigoureuse incontestable et surtout, accessible à tous. Nous
avons créé le désordre. Laissons nos doubles remettre de l’ordre ne serait-ce
que pour survivre dans les années à venir !
– Pourquoi notre mort ne nous conduirait-elle pas vers notre double ?
– Il faut connaître la loi de l’endormissement et l’appliquer avec succès
comme a su si bien le faire Aurélien. La mort est notre dernier sommeil  :
elle nous entraîne d’abord vers toutes les chimères du futur que nous avons
tant souhaitées pendant notre vie. Il faut savoir y renoncer pour retrouver
l’autre partie de nous. En attendant ce dernier moment, nous sommes
encore sur terre les maîtres de nos ouvertures temporelles et de ceux qui
bâtissent notre avenir dans les ténèbres. Extraterrestres, créatures infernales
ne sont pour l’instant que des appellations…
– Des appellations d’origine mal contrôlée…
– Peut-être  ! Cela nous permet de sous-estimer leur importance et le
danger réel qu’ils représentent.
Attirer sur Terre des futurs potentiels compatibles avec le passé de notre
double devrait être le but de notre vie. Ce n’est guère le cas.
Retrouver les questions qui étaient nôtres avant de naître est plus
important que de résoudre des problèmes sans intérêt pour notre double.
C’est pour cela qu’il faut savoir utiliser les nuits pour effacer l’effaçable.
Trouver l’équilibre consiste donc à rendre le plus lointain futur
compatible avec le plus lointain passé en étant, disaient nos ancêtres, le
milieu mu (mésos ou messie) entre l’alpha et l’oméga de notre
dédoublement. Jeshua a pris la peine d’essayer cet exploit au début de notre
ère. Il nous a annoncé son retour et, pour nous prouver qu’il connaissait la
loi des temps – tout comme la déesse sumérienne Innana ou le dieu
égyptien Horus – il a ressuscité un corps après trois jours et pendant
quarante jours. Pour qu’il revienne sans incarnation mais avec le corps
unitaire et glorieux de la fin des temps, un de nos doubles se verra obligé
d’être en relation avec le sien.
Charles accuse une sorte de suspicion :
– L’homme peut-il être capable de renoncer à ce qu’il pense être
rationnel ? Pour la plupart, d’entre nous, cette histoire de double est quand
même difficile à admettre, non ? Confronté à l’étrange, l’homme moderne
préfère croire au paranormal au lieu d’imaginer la possibilité d’une
explication scientifique universelle, comme la vôtre…
– Et comme celle de nos ancêtres qui, connaissant la Loi des temps,
pouvaient voir le futur avant de le vivre  ! N’est-ce pas le seul moyen de
chasser les démons tentateurs ? Le meilleur thérapeute ne serait-il pas celui
qui, comme autrefois, pourrait affirmer qu’il est «  docteur de la Loi,
exorciste et prophète » ?
– J’imagine la réaction de certains, s’esclaffe Charles.
– C’est en pensant faux que l’humanité se lie au futur dangereux,
abandonnant son passé sécurisant. Il est urgent de faire marche arrière avant
que la sixième explosion solaire – ce sixième sceau qui n’a rien de
mystérieux – rende nos ouvertures temporelles incontrôlables. Comme les
portes du passé s’ouvrent en dernier, nous pourrions subir les problèmes
que nous avons créés dans le futur avant d’avoir la solution de notre double.
Lui seul pourra nous ouvrir la porte du Créateur.
Rechercher un équilibre planétaire sans prendre la peine de trouver son
équilibre personnel est illusoire.
 
 
 

35. L’épreuve finale


 
 
 
 
Les racketteurs avaient été relâchés avec comme seule conséquence
l’interdiction d’approcher de l’école d’Aurélien sous peine de poursuite. Ce
dernier était aux abois  : il ne voulait plus se rendre seul aux cours mais
accepta d’y aller avec moi.
– L’insouciance est une qualité, dis-je au jeune garçon sur le trajet de
l’école. Un jour, je rendais visite à un paysan qui habitait une ferme située
assez loin de la route. En ouvrant la grille, un gros chien vint gentiment me
lécher la main. Je le caressai et m’avançai avec précaution sur le chemin
boueux. Arrivé à la ferme après une courte marche, j’ouvris une porte et me
trouvai accompagné du chien dans la cuisine. La famille qui était en train de
manger, me regarda, figée de stupeur. Il se fit un silence de mort. Sais-tu
pourquoi ?
– Tu étais entré sans frapper ?
– Non  ! J’étais arrivé chez eux sans encombre avec le chien dont la
méchanceté était redoutable et redoutée. Jamais personne n’avait réussi cet
exploit. Sans doute, la bête féroce n’avait ressenti en moi aucune agression.
Il faut dire que j’ignorais ce danger.
– Quel rapport avec moi ? fait Aurélien. Mes agresseurs sont pires que
des chiens !
– Celui qui a peur d’un animal ou d’un homme actualisera dans son
quotidien un futur capable de justifier sa peur. Il deviendra donc un
adversaire potentiel que l’animal ou l’homme tentera d’éloigner par une
violence quelconque. Alors, face à la menace, la peur s’accentuera, attirant
des futurs encore plus dangereux. En comprenant ce mécanisme, il est
possible d’inverser la cause et l’effet en décidant de ne plus avoir peur.
D’autant plus qu’il est reposant d’actualiser l’envie d’aimer un animal ou
un homme que seules, nos pensées craintives ont rendu méfiant et agressif.
– C’est pas possible ! T’es fou ! Je ne me vois pas en train d’aimer ces
salauds ! rétorque l’enfant.
– L’homme n’est pas différent de la bête : la peur d’un ennemi potentiel
engendre la méfiance et renforce l’inimitié.
– C’est quoi l’inimitié ?
– Tu vas comprendre. Aimer intérieurement ceux qui nous détestent
peut rendre aimable l’un d’entre eux. Il s’agit en réalité de toujours
contrôler tes pensées pour fabriquer le meilleur potentiel. Ce n’est pas de l’
« amour  » dans le sens courant du mot. Ce contrôle fabrique une énergie
potentielle qui se renforce dans le futur et que que tout le monde peut
utiliser. Cette énergie éloigne celui qui n’en veut pas et qui, de ce fait, reste
ton ennemi. Cependant, manifester une sympathie ou une affection de façon
hypocrite tout en cachant notre peur réelle ne peut que déclencher une
agressivité de sa part car le futur ne réagit qu’aux pensées véritables. Certes
la franchise ne suffit pas. Pour actualiser le meilleur potentiel, il faut le
fabriquer à l’avance pour pouvoir le récolter le moment venu. Tu dois avoir
pour protection ton affection et surtout, ton honnêteté vis-à-vis de cette
affection qui ne doit pas être feinte. Paraître ne sert à rien, c’est être qui
compte, c’est « être » !
Aurélien essaie d’esquisser un sourire :
– Le problème, c’est qu’il y a plusieurs actualisations possibles et je
n’en aime aucune.
– Seules tes pensées du moment te font choisir la bonne. À toi de les
surveiller et de faire le lien avec les actes qui s’en suivent. Celui qui ne voit
jamais le danger chez autrui bénéficie ainsi d’une énorme protection.
L’enfant proteste :
– Je ne l’ai jamais vu avant que ces types ne me tombent dessus ! Et, de
toute façon, il n’y a pas de loi pour ça.
– Bien sûr que si  ! En physique de l’infiniment petit, on appelle
l’observateur, participant, parce qu’il actualise des possibilités qui, sans sa
participation à l’observation, n’auraient aucune réalité dans son présent.
– Je préférerais être le participant de rien du tout, tu sais !
– Tu es toujours le créateur de ce que tu imagines chez les autres.
Autant rechercher ce qui te fait plaisir au lieu d’imaginer un entourage
hostile. Pense de travers et tu vivras de travers. Tu organises toujours les
désordres que tu crains.
– Mais là, je n’ai rien organisé. J’ai subi ! Tu ne te rends pas compte de
ce que j’ai subi !
– Lorsque tu penses que le soleil va dessécher les fleurs de ton jardin, tu
commences à le faire briller. En imaginant une pluie salvatrice, les nuages
peuvent venir à ton secours à condition qu’un tel potentiel existe déjà dans
ton futur. Mais généralement, tu bats la mesure d’un orchestre qui n’en fait
qu’à sa tête en t’imposant sa musique. Tes cellules, un caillou, le vent, la
pluie, le ruisseau, la rivière, l’océan, la faune, la flore attendent de toi les
meilleurs futurs. Ton entourage aussi. Par tes pensées et les actualisations
qui en découlent, tu es responsable de tout ce qui t’entoure. Du bien comme
du mal.
Soudain Aurélien fait demi-tour et part à grand pas. Surpris, je le
rejoins :
– Peux-tu m’expliquer cette volte-face brutale ?
– Ils sont là-bas au coin de la rue et je n’ai pas envie d’actualiser ni
d’imaginer quoi que ce soit. Je retourne à la maison. Mes cellules, le vent,
la pluie et la terre entière attendront que je me calme.
Au loin, trois voyous nous tournent le dos.
– Tu resteras toute ta vie tapi dans ta tanière. Tu dois affronter les
dangers. Fais-moi confiance  ! Vas-y  ! Prouve-toi définitivement que tes
pensées sont supérieures à tes actes !
M’implorant de ses yeux d’enfant, il s’arrête net.
– Mais alors que dois-je faire ?
– Tu suis ton chemin en demandant la protection de ton double. Cette
protection ne dépend que de tes pensées.
À ma grande surprise, Aurélien repart vers l’école, droit sur les voyous
qui ne l’ont pas encore vu.
Voulant qu’il soit entièrement responsable, pensant qu’il va se retourner
et peut-être demander mon aide d’un regard malheureux, je pars en sens
inverse sans me retourner pour lui montrer une confiance absolue dans
l’avenir et dans son potentiel. Je croise un peu plus loin Charles qui nous
suivait, inquiet, prêt à intervenir.
C’est alors qu’ensemble nous voyons, Aurélien, raide comme la justice,
passer près des voyous qui s’enfuient sans demander leur compte. Charles
reste bouche bée jusqu’au moment où son fils se retourne avec un large
sourire pour nous faire un signe de victoire en levant le pouce.
– C’est à peine croyable, fait Charles sidéré. Que lui avez-vous dit ?
– Si ton double te soutient, tu ne risques rien.
– Et s’il ne l’avait pas soutenu ?
– Pourquoi toujours envisager le pire si ce n’est pour le faire naître ?
 
 

Conclusion
 
 
 
 
– As-tu fait attention à ta conclusion, demande Aurélien, car ma
maîtresse dit que sans belle conclusion, il n’y a pas de beau discours. Et tu
sais bien que la plupart des gens regardent la fin d’un livre pour savoir s’il
va être intéressant. Or le tien est plus que passionnant, il est révolutionnaire.
Moi, avant, je ne savais pas du tout comment je pouvais fabriquer un bon
futur. C’est quand même incroyable !
– Le plus incroyable, c’est de savoir et de répéter sans cesse à qui veut
l’entendre que tu actualises à chaque instant un futur existant pour vivre,
tout en sachant que ce futur peut-être terriblement dangereux puisqu’il est
fabriqué par tout le monde depuis 25 000 ans. Cependant, je sais aussi que
celui qui arrive à rester en relation avec son double n’a plus ni angoisse, ni
stress, ni doute. S’il prend conscience du danger, il n’alimentera plus jamais
la peur qui draine notre monde vers le chaos. Dis-toi bien que personne
n’empêche personne de fabriquer des futurs agréables  ! Certes ce qui est
agréable pour moi est peut-être désagréable pour toi. Je te l’accorde.
– Sauf quand tu parles du truc tout à fait scientifique à ne pas oublier,
rétorque Aurélien qui ajoute sûr de lui : « ne pense pas à faire aux autres ce
que tu ne voudrais pas que les autres pensent à te faire ! » Sinon, gare à la
casse dans le futur !
– N’oublie pas de dire que notre double est toujours là et qu’il est le seul
à pouvoir arranger l’avenir que nous avons dérangé à condition de lui
laisser la possibilité de nous aider !
– Non ! Tu ne dis plus rien du tout car à la fin du livre, le lecteur doit
rester sur sa faim sinon il n’essaiera pas de comprendre ce que moi, j’ai
compris. C’est tellement top ! Faut qu’il le découvre tout seul.
– Et c’est quoi le top pour toi ?
– Être heureux à chaque instant  ! Et savoir que mon bonheur entraîne
celui de ma maman, de mon papa, d’Octavie, de mon chien, de mon voisin,
de mes cellules, de la mer, du vent, des nuages… et même de la galaxie…
C’est trop super ! Surtout si tout le monde peut enfin le comprendre… grâce
à toi, à Lucile… et peut-être aussi, grâce à un tout petit bonhomme comme
moi !
– Alors contôle tes pensées pour créer le meilleur potentiel en sachant
que, jamais, tu n’en atteindras les limites !
 
 
 
 

Post scriptum
 
 
Ni moralisateur ni critique, ce livre a pour but essentiel de vous
apporter l’aide nécessaire pour solutionner vos problèmes sans en rendre
responsable un autre que vous-même.
Tout au long de ces lignes, nous avons essayé d’expliquer et de vous
faire comprendre le principe de l’alpha et de l’oméga, du passé et du futur. 
Un principe vital qui vous conduit irrémédiablement à contrôler chacune
de vos pensées. À vous de dire si cet ouvrage a atteint son objectif essentiel,
à savoir celui de vous être utile et salutaire sur le chemin de votre vie.
 
Lucile et Jean-Pierre Garnier Malet
 
 
 
 
 
Des mêmes auteurs :
 
 

Changez votre futur par les ouverture


temporelles
 
Jean-Pierre et Lucile Garnier Malet
 
Un livre simple, pratique, scientifique, d’une portée insoupçonnée
et considérable. Tel est cet ouvrage appelé à bouleverser notre sens
de la vie.
Intuitions et prémonitions sont issues d’une propriété
fondamentale du temps qu’une découverte scientifique récente a
mise en évidence. Avec le bon mode d’emploi qui est clairement
indiqué dans cet ouvrage, nous pouvons retrouver le but de notre vie
et remettre de l’ordre, aussi bien dans notre corps que dans le
monde où nous évoluons.
Un livre appelé à révolutionner la vie de ses lecteurs.
 
 

La force de l’invisible - La science du


dédoublement du temps
 
 
Jean-Pierre et Lucile Garnier Malet
 
Jean-Pierre et Lucile Garnier Malet expliquent dans cet ouvrage,
sous forme de fable, comment des vérités enseignées autrefois par
des platoniciens, des « docteurs de la loi » ont disparu au fil du
temps. Peu à peu transformées selon le cours de l’histoire, elles sont
finalement tombées dans l’oubli et reposent au fond de nos
mémoires. La science du dédoublement du temps, enseignée par
Jean-Pierre et Lucile Garnier Malet permet de les redécouvrir et de
dénoncer les dogmes qui voulaient les enterrer à jamais. Loin d’être
théorique, l’enseignement contenu dans ce livre montre comment,
grâce à d’imperceptibles ouvertures temporelles, il est possible de
trouver un équilibre quotidien et, surtout, le but de notre vie. A lire
d’urgence, ce livre ouvre une fenêtre sur une réalité que certains
préféreraient fermée à double tour. Il pourrait perturber les
conservateurs de tout bord qui ne souhaitent pas bousculer les
mentalités et encore moins les faire évoluer.
 
 
 
 
 
© JMG éditions 2007
ISBN : 2-35185-008-4
 
SAS JMG éditions
8, rue de la mare
80290 Agnières
tel. 03 22 90 11 03
 
email : contact@jmgeditions.fr
 
Sites : www.parasciences.net
www.jmgeditions.fr
 
 
 
 
Notes
[←1]
Changez votre futur, 2006, Ed. Le Temps Présent, France.

[←2]
Voir le livre Changez votre futur.

[←3]
En 1971, utilisant de telles horloges, J Hafele et R. Keating ont
définitivement démontré qu’un passager dans un avion ne vieillissait
pas aussi vite qu’à terre.
 

[←4]
Timée/Critias.

[←5]
Le caducée était le symbole de voyance d’Hermès, frère d’Apollon
et fils de Zeus. Il schématise en réalité la double hélice du mouvement
de dédoublement. Voir l’annexe n° 2 du livre Changez votre futur.

[←6]
Les vers d’or, Pythagore, (nlle éd. 2001) éditions Adyar.

[←7]
Changez votre futur.

[←8]
Voir les textes sacrés.

[←9]
Voir le Livre des morts tibétains.

[←10]
Le péché pour les grecs est αμα−ρ−τανω (ama-r-tanou = pécher) :
αμα = ama est le α dédoublé avec le meilleur état présent μ entre le
passé α et le futur Ω. Le lien r= ρ du dédoublement de α peut nous
immobiliser ou nous retenir (tano).

[←11]
Voir le livre Changez votre futur.

[←12]
Expériences du professeur Libet : temps moyen d’anticipation de
0,4 à 0,7 seconde. Ces expériences ont été confirmées en 2005 par
l’imagerie médicale.

[←13]
Empreinte de Lorentz.

[←14]
Évangile : Luc 21-20/26

[←15]
15. Un cercle de rayon R a pour circonférence 2πR où p =
3,14159… Ce résultat n’est donc pas juste puisque π ne l’est pas. Or
une roue parfaitement ronde a une circonférence exacte.

[←16]
Timée-Critias de Platon. Traduction Luc Brisson. Ed. GF-
Flammarion 1992. En grec les divisions du temps se traduisent par Ora
(Ωρα).

[←17]
Livre des morts des anciens Égyptiens par Grégoire Kolparkchy,
éditions Stock, 1993, p. 138.

[←18]
Voir annexe du livre Changez votre futur.

[←19]
En grec, ana est le dédoublement du a=1 avec la bifurcation n (nu
= ν). C’est le très haut, l’inaccessible, le Créateur ; ana-b (b=2) est le
2ème dédoublement qui donne les créatures ; ana-g (g=3) est le
dédoublement de la créature, ou un envoyé (elos en grec, el en hébreu)
du Créateur dans le futur, soit ana-g-elos qui signifiait « messager du
temps » et non pas l’ange mystérieux dans sa signification actuelle.

[←20]
Voir la note précédente.

[←21]
Voir annexe. En grec : Adam est le dédoublement du α au 4ième
temps (δ=4) pour obtenir le meilleur présent m entre le passé alpha et
le futur oméga, soit adam. Au huitième temps (η=8) un deuxième
dédoublement (β=2) donne hébé, soit Ève.

[←22]
Voir chapitre II.

[←23]
Voir annexe du livre Changez votre futur.

[←24]
Voir annexe du livre Changez votre futur.

[←25]
25. Ce passage dure 1080 ans : imaginez le fleuve du temps avec
six écluses pour changer de niveau. 6 écluses pour entrer dans notre
temps, 6 pour en sortir, chaque porte nécessitant 90 ans (30 ans pour
entrer, 30 ans pour mettre à niveau, 30 ans pour sortir). Les 12 portes
des 6 écluses utilisent 630 ans. Une fois la mise à niveau effectuée en
30 ans, la première porte de la première écluse des six écluses de sortie
commence à s’ouvrir. Cela ne laisse que 30 ans de tranquillité entre les
12 écluses et la nécessité de repartir dès l’ouverture de la 1ère porte de
la 1ère écluse des 6 écluses de sortie.
Autres explications  de la mythologie grecque : 12 verrous (cleis
en grec) s’ouvrent sur l’espace fécond (héra). Douze travaux sont
nécessaires à Héra-cleis (Hercule) pour obtenir les douze informations
zodiacales indispensables pour obtenir l’immortalité.

[←26]
Évangile de saint Jean : XV-7 & 8.

[←27]
Évangile de Thomas : traduit par J. Y. Leloup, Ed. Albin Michel,
1998. Logion 11 et 22.

[←28]
Évangile de saint Jean XXI-20/25.

[←29]
Voir annexe du livre Changez votre futur.

[←30]
Voir le chapitre III : 30 ans séparent bien 1899, 1929, 1959 et
1989. Maintenant ce sont les portes du passé qui s’ouvrent sur notre
monde. Nous ne sommes pas maîtres de ce temps. Les 30 ans ne sont
plus que des périodes théoriques. En 2003, une explosion solaire a
ouvert la cinquième période.

[←31]
Timée-Critias de Platon. Traduction de Luc Brisson. Ed. GF-
Flammarion 1992.

[←32]
Livre de la Genèse : VI-4.

[←33]
Voir annexe.

[←34]
Ουρα signifie en grec la division du temps (Ωρα) qui sépare l’alpha
α de l’oméga Ω , le futur du passé, en le reliant par le lien ρ : voir
annexe.
[←35]
Voir annexe de Changez votre futur.

[←36]
Évangile de saint Jean : VIII-52

[←37]
Évangile de saint Jean : XIV-2.

[←38]
Apocalypse de saint Jean : XX -4 & 5.

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