Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
L’adaptation
au changement
climatique
L’inra, pour une Science...
...belle, utile,
partagée & responsable
Créé en 1946, l’Institut national de la recherche agronomique (inra)
– organisme de recherche public placé sous la tutelle du ministère de l’Éducation nationale,
de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et du ministère de l’Agriculture,
de l’Agroalimentaire et de la Forêt – a pour missions de :
Dans les trois grands domaines que sont l’alimentation, l’agriculture et l’environnement,
les recherches de l’inra ont pour ambition de développer une agriculture à la fois compétitive,
respectueuse de l’environnement, des territoires et des ressources naturelles,
et mieux adaptée aux besoins nutritionnels de l’homme ainsi qu’aux nouvelles utilisations
des produits agricoles. Elles ont pour objectif majeur de contribuer à la sécurité alimentaire
dans un contexte de changement global à l’horizon 2050.
En 2014, l’inra rassemble 8 290 agents titulaires, dont 1 840 chercheurs et 1 756 ingénieurs.
Ses 186 unités de recherche et 48 unités expérimentales sont réparties
sur 13 départements scientifiques et dans 17 centres régionaux.
Sommaire : Leigh Prather / Shutterstock
Couverture : Grégory Véricel / INRA
En partenariat avec
L
es rapports successifs du groupe d’experts et facteurs mis en jeu font l’objet de recherches depuis
intergouvernemental sur l’évolution du cli- quelques décennies : mécanismes biogéochimiques et
mat, le GIEC, l’ont montré : des changements écologiques ; suivi, quantification et modélisation des
climatiques majeurs sont en cours et leurs effets sont émissions de gaz à effet de serre et du cycle du carbone,
aujourd’hui avérés. Quelles que soient les politiques avec un intérêt particulier pour les sols et la biomasse ain-
de réduction des émissions de gaz à effet de serre qui si que les produits qui en dérivent ; effets des pratiques
seront mises en œuvre, ces effets vont s’amplifier du- agricoles et forestières. Rapidement apparue comme une
rant plusieurs décennies du fait de la double inertie du priorité, la lutte contre les changements climatiques de-
système climatique et des trajectoires de nos sociétés. meure essentielle : des engagements ont ainsi été pris au
Des changements profonds affecteront ainsi non niveau international (Protocole de Kyoto, en 1997, et ses
seulement les systèmes naturels continentaux et océa- suites) et des politiques publiques européennes et natio-
niques et la production primaire, agricole, forestière ou nales ont été engagées afin de réduire les émissions de
halieutique, mais aussi de nombreuses autres activités gaz à effet de serre.
économiques et humaines. Autrefois objet de recherches Dans leur diversité de nature et d’usage, ces sur-
scientifiques concernant un avenir plus ou moins défini, faces continentales sont affectées par les changements
la question du changement climatique est ainsi devenue de la composition atmosphérique et du climat. En
un enjeu majeur pour nos sociétés. Au-delà de l’avancée France, dans les années 2000, le constat de l’avance-
des connaissances sur les différentes facettes du sujet ment des dates de vendange par Isabelle Chuine ou
– ce besoin évident demeure – c’est
un « agenda de solutions » qui est
aujourd’hui attendu : certes, la L’adaptation au changement climatique
communauté scientifique n’est pas est un complément indispensable aux politiques
la seule concernée par son élabora-
tion, mais elle a une responsabilité d’atténuation. Elle doit combiner des disciplines,
et un rôle à jouer. des technologies et des approches différentes.
Dans ce cadre, les recherches
sur les interactions entre les chan-
gements climatiques et les cultures, les prairies, les le diagnostic de la part du climat dans la stagnation
forêts, les zones humides ou les milieux naturels sont des rendements du blé par Nadine Brisson ont contri-
évidemment essentielles. Plus ou moins anthropisées, bué à la reconnaissance de l’existence et de l’am-
ces surfaces continentales couvrent en effet une fraction pleur du phénomène ; la sécheresse et la canicule de
majeure des terres émergées de notre planète et sont le l’été 2003 ont aussi joué un rôle majeur dans la prise
support de services essentiels pour nos sociétés : la sécu- de conscience du fait que l’accroissement prévu de la
rité alimentaire, les ressources en eau et la santé globale variabilité climatique était au moins aussi important
en dépendent plus ou moins directement. que les tendances moyennes sous-jacentes. Au-delà
Ces surfaces continentales sont profondément im- de ces exemples emblématiques, la caractérisation des
pliquées dans les cycles qui déterminent l’évolution de risques dus aux changements climatiques demeure un
la concentration atmosphérique en gaz à effet de serre, enjeu scientifique important sous plusieurs angles : la
dont nous savons qu’elle est à l’origine des changements fréquence, la magnitude et les cascades d’impacts dus
climatiques observés et prévus. Naturels ou directement aux événements extrêmes ; l’évaluation de leurs consé-
liés aux activités humaines, les nombreux processus quences économiques et sociales.
C
et exercice d’expertise scientifique collective permanentes, milieux aquatiques, zones humides
et de raisonnement prospectif a impliqué et sauvages), ont un statut complexe quand il s’agit
plus de 800 chercheurs de par le monde. de changement climatique. D’abord, les impacts et
Il est fondé sur l’analyse minutieuse des publications les risques potentiels sont considérables, puisqu’ils
scientifiques et des méthodes utilisées. Chaque touchent les ressources végétales et animales, les
conclusion est caractérisée par un indice de confiance milieux, les activités économiques qui y sont liées,
et un indice d’incertitude. Si le premier rapport la sécurité alimentaire, le fonctionnement des
de 1990 n’avait impliqué que des spécialistes des écosystèmes, la biodiversité, les ressources en eau,
sciences du climat, le nouveau met en relief le carac- la santé. Ensuite, ces surfaces sont émettrices de
tère interdisciplinaire des approches. Sciences de la gaz à effet de serre (dioxyde de carbone, méthane,
nature et sciences de la société y ont participé, ce qui protoxyde d’azote), en raison de processus naturels,
dénote le souci d’éclairer au mieux les orientations mais aussi du fait des activités humaines (agriculture,
politiques, économiques et sociales que les impacts élevage, déforestation). Mais nous verrons que,
du changement climatique, variant notablement simultanément, elles peuvent absorber et séques-
selon les régions du monde, imposeront de prendre. trer des quantités importantes de carbone et ainsi
Les surfaces continentales, dans leur diver- atténuer l’importance du changement climatique.
sité de nature ou d’usage, qu’elles soient cultivées Le chimiste suédois Svante Arrhenius a été le
ou proches des milieux naturels (forêts, prairies premier à prévoir, en 1896, que l’accumulation du
Comment s’adapter
Orientaly/Shutterstock
Philippe Debaeke Jacques Le Gouis Antonio Bispo, Thomas Eglin
et Sylvain Pellerin Directeur de recherche et Audrey Trévisiol
Directeurs de recherche au Département Biologie Ingénieurs de recherche
au Département Environnement et Amélioration des Plantes au Service Agriculture
et Agronomie de l’INRA de l’INRA et Forêts de l’ADEME
L’agriculture subit le changement climatique et, en même temps, elle y contribue par l’émission
de gaz à effet de serre. Par conséquent, elle doit s’y adapter, mais aussi en atténuer les effets.
Des solutions sont à rechercher du côté de la génétique et de l’agronomie.
S
ous l’impact du changement climatique, vités liées aux changements d’usage des sols, telle la
la production agricole risque d’être nota- déforestation. En France, cette contribution s’élève
blement perturbée. Cela pourrait avoir de à 20 pour cent. La France veut diviser par quatre
lourdes conséquences sur la sécurité alimentaire ses émissions de gaz à effet de serre. Pour le secteur
comme sur l’activité des marchés, à l’échelle tant agricole une division par deux semble plus réaliste,
locale que globale, dans un contexte de croissance même si elle reste ambitieuse.
démographique et de raréfaction des ressources
– en eau, énergie, sols et phosphates. Des cycles plus précoces
L’agriculture doit impérativement s’adapter Pour quantifier les impacts du changement clima-
aux changements, réduire la vulnérabilité des tique sur la production des espèces cultivées, les
cultures en les rendant moins sensibles et plus chercheurs utilisent plusieurs méthodes, que ce
résilientes face aux évolutions de fond aussi bien soit des observations, des expérimentations ou des
qu’aux événements extrêmes. Cette adaptation modélisations (voir l’encadré page ci-contre). Elles ont
passe par une modification des pratiques agricoles, permis de comprendre quel est l’impact du change-
une amélioration des variétés, mais aussi par le dé- ment climatique sur l’agriculture depuis plusieurs
placement des aires de culture. décennies déjà. La température étant le principal
L’urgence reste toutefois la diminution des émis- moteur du développement végétal, les chercheurs
sions de gaz à effet de serre. À l’échelle mondiale, ont constaté une anticipation des stades clés, par
l’agriculture est responsable de 13,5 pour cent de ces exemple le bourgeonnement, la floraison ou la ré-
émissions – 31 pour cent si l’on tient compte des acti- colte pour l’ensemble des cultures, sous les climats
tiques agricoles.
La troisième méthode repose sur la modélisation. Il s’agit de simuler le com-
portement des espèces cultivées en réponse aux différents scénarios du chan-
gement climatique. Cette approche est la seule qui permette d’explorer le champ
En jouant sur une gamme de paramètres,
tels que luminosité, température ou humidité, des possibles lié aux conditions futures. Ses résultats n’en demeurent pas moins
on étudie en laboratoire le développement soumis à de grandes incertitudes, en raison de la simplification des modèles et de
de plantes dans de multiples conditions. l’incertitude inhérente aux modèles climatiques et socio-économiques.
B. Brown /Shutterstock
d’environ 25 pour cent les émissions de
protoxyde d’azote. De même, des ef-
forts plus soutenus en termes d’écono-
mies d’énergie (par exemple, une meil-
Dans le Nord de l’Europe, les rendements de la betterave sucrière (pour le sucre, l’alcool
leure isolation des serres chauffées et ou des biocarburants) augmentent avec le réchauffement climatique.
des bâtiments d’élevage) conduiraient à
diminuer de 20 pour cent les émissions temps de travail supplémentaire, tel prairies, mais assez faible en viticul-
de dioxyde de carbone, pour un gain que la culture de haies fixatrices de ture, dans les zones méditerranéennes
estimé à 170 euros par tonne « évitée ». carbone. Bien que coûteuses, ces me- et de cultures intensives. L’enjeu est
Une deuxième série d’actions est sures contribueraient à la réduction donc de préserver les sols qui repré-
envisageable et ce pour un coût limité : des émissions, mais aussi à la qualité sentent un « stock de carbone » impor-
moins de 25 euros par tonne de dioxyde des paysages, la biodiversité et la lutte tant, mais fragile.
de carbone évitée. À titre d’exemples, contre l’érosion. Par ailleurs, les mesures envisa-
citons la réduction de la fréquence Si l’agriculture doit réduire ses geables pour adapter les cultures et
des labours (coûteux en énergie), la émissions, elle doit également gérer les atténuer les effets du changement cli-
production de biogaz à partir des sols qui sont des réservoirs de carbone. matique étant souvent compatibles,
effluents d’élevage (par le processus À l’échelle mondiale, le premier mètre elles pourraient être mises en œuvre
de méthanisation), le développement de sol séquestrerait quelque 2 000 gi- simultanément. Toutefois, ce ne serait
de l’agroforesterie pour favoriser le gatonnes de carbone organique, c’est- pas toujours le cas : l’accroissement des
stockage du carbone dans les sols et la à-dire plus que la biomasse végétale légumineuses réduirait les émissions
biomasse, ou encore l’accroissement de et l’atmosphère réunies, représentant de protoxyde d’azote, mais ces plantes
la part des légumineuses (espèces qui ainsi le premier réservoir de la bios- sont très sensibles au manque d’eau. De
fixent l’azote) dans les cultures, afin de phère. Les matières organiques, tels même, les pratiques visant à augmenter
diminuer les besoins en engrais. Cer- les débris végétaux ou les organismes les stocks de carbone dans les sols ou
taines de ces mesures nécessitent des qui peuplent le sol, sont les principaux la biomasse, grâce à un couvert végétal
investissements. Elles peuvent aussi acteurs du stockage et du déstockage. plus important, risquent d’être remises
entraîner une baisse modérée des pro- Le stock de carbone correspond au bi- en cause si la demande pour l’eau desti-
ductions, partiellement compensée lan entre les entrées (litière, résidus de née aux cultures principales se renforce.
par une diminution des charges. Les culture, fumiers) et les sorties (respira- La mise en œuvre et le suivi des mesures
subventions associées à la tonne de tion par les organismes du sol). Il est d’adaptation au changement climatique
dioxyde de carbone évitée auront donc très variable selon le type de sol, le cli- et d’atténuation nécessiteront de défi-
une influence décisive pour la mise en mat, l’occupation et la gestion des sols. nir et d’examiner attentivement un en-
œuvre de ces actions. Il est très élevé dans les pelouses d’al- semble de paramètres pour s’assurer de
Enfin, la troisième série de me- titude, dans les zones humides ou les leur compatibilité.
sures nécessiterait des dépenses plus
élevées, supérieures à 25 euros par Bibliographie
tonne de dioxyde de carbone évitée.
S. Pellerin et L. Bamière (coord.), Quelle contribution de l’agriculture française
Elle requiert l’achat de produits agri- à la réduction des émissions de gaz à effet de serre ?, INRA, 2013.
coles spécifiques, tels des inhibiteurs
N. Brisson et F. Levrault (éd.), Le livre vert du projet Climator (2007-2010).
de nitrification, pour réduire les émis- Changement climatique, agriculture et forêt en France : Simulations d’impacts
sions de protoxyde d’azote, ou du sur les principales espèces, , Ademe, 2010.
L’élevage libère une quantité notable de gaz à effet de serre. Il est acteur
du changement climatique, mais y est, en retour, sensible. Il est urgent
de mettre en œuvre des mesures d’adaptation, dont certaines existent déjà.
D
evrions-nous réduire notre consommation et pâturages, auxquels s’ajoutent un demi-milliard
de produits animaux (viande, lait, œufs) d’hectares pour les cultures liées à l’alimentation
pour lutter contre le réchauffement clima- animale. Plus de 800 millions de personnes vivant
tique ? Cette question fait débat depuis une dizaine sous le seuil de pauvreté dépendent de l’élevage
d’années. En cause : les émissions de gaz à effet de pour leur survie et le secteur contribue à employer
serre causées par l’élevage qui représenteraient plus de 20 pour cent de la population mondiale.
selon la Food and Agriculture Organization, FAO, près L’élevage des ruminants permet de produire des
de 15 pour cent de la contribution totale de l’homme aliments sur des terres non cultivables (en raison
à l’effet de serre. Or ce bilan pourrait encore s’aggra- de la pente, de l’altitude ou du climat) et de valori-
ver, car si la consommation de viande a commencé ser des ressources qui ne sont pas comestibles pour
à diminuer dans certains pays occidentaux, la de- l’homme, telles que l’herbe et les fourrages.
mande en produits animaux va augmenter dans les Grâce au pâturage et à la pérennité des prairies,
pays en développement. D’ici 2050, la consomma- l’élevage extensif, s’il est bien conduit, contribue à
tion mondiale pourrait progresser de 70 pour cent. la biodiversité, à la lutte contre l’enfrichement, et à
Mais que se passera-t-il si le climat change et si des la protection des sols et des eaux de surface. L’éle-
vagues de chaleur et des sécheresses perturbent de vage représente aussi 40 pour cent du secteur éco-
plus en plus les bassins d’élevage ? nomique agricole et connaît une croissance dyna-
La question est d’autant plus complexe que mique (plus de 3 pour cent par an). La viande, le
l’élevage est pratiqué sur près de 30 pour cent des lait et les œufs fournissent 18 pour cent des calories
terres émergées : 3,4 milliards d’hectares de prairies consommées, et près de 40 pour cent des apports en
tation repose sur la maîtrise des nières années. Les filières se mobi-
risques sanitaires qui tendent à lisent à l’instar du secteur laitier
augmenter avec le réchauffement. français. Ainsi, lancé fin 2013, le
Il faut anticiper les changements plan d’action Carbon Dairy vise à
de répartition géographique des Comme tous les ruminants, les moutons rejettent du réduire de 20 pour cent en dix ans
agents pathogènes et limiter leurs méthane au cours de la digestion. les émissions de gaz à effet de serre
conséquences sur les élevages. dans 3 900 fermes.
Cet objectif est poursuivi par des De nombreuses innovations seront Au-delà des cadres politiques
méthodes de diagnostic et de vacci- donc nécessaires : utilisation accrue de internationaux et des négociations,
nation, et en favorisant de nouvelles la diversité biologique, écotechnolo- telles que le Protocole de Kyoto ou la
conduites d’élevage via l’association gies pour mieux collecter et économi- Convention-cadre des Nations Unies
d’espèces animales notamment. Pour ser l’eau, prévisions météorologiques sur les changements climatiques, il
lutter contre les vers intestinaux des saisonnières… Cependant, le succès de est essentiel de soutenir les actions
ruminants, on peut, par exemple, ces technologies dépendra de leur effi- concertées regroupant l’ensemble des
associer, sur une parcelle infectée, de cacité technique et de la proportion de acteurs : les producteurs, les transfor-
petits et de gros ruminants ; ces der- ceux qui les adopteront, deux facteurs mateurs, les gouvernements, les ONG,
niers sont moins sensibles aux para- limités, dans de nombreuses régions la société civile et la recherche.
sites, ce qui réduit la contamination en développement, par la pauvreté, la Aujourd’hui, les chercheurs doivent
de la prairie et la mortalité des petits faim, le manque de ressources finan- évaluer le potentiel des différentes
ruminants. cières, la dégradation environnemen- approches susceptibles de réduire les
En agriculture, l’adaptation passe tale et les conflits. émissions de gaz à effet de serre et les
aussi par une meilleure gestion du Il est possible de combiner à la voies d’adaptation de l’élevage, afin de
risque climatique, ce qui nécessite fois réduction des émissions et adap- définir des priorités. Il leur appartient
souvent la diversification des cultures tation au changement climatique : par aussi de chiffrer les actions envisagées,
et des systèmes d’élevage. Les petits exemple, en évitant le surpâturage, on de continuer à développer des innova-
éleveurs, en particulier ceux situés peut restaurer les stocks de carbone tions capables de réduire l’empreinte
dans des environnements difficiles, d’un sol tout en favorisant une meil- carbone, et d’élaborer des outils permet-
ont développé des stratégies qui les leure résistance à la sécheresse. Ainsi, tant de prédire précisément les consé-
rendent moins vulnérables aux chocs il existe des synergies, mais les antago- quences du changement climatique sur
climatiques et les aident à en gérer nismes ne sont pas absents : la sélec- l’élevage pour les 50 prochaines années
les impacts. Le partage des risques au tion des animaux pour améliorer leur tout en définissant les mesures à mettre
sein des familles et des communau- potentiel de production a tendance à en place... rapidement.
tés rurales, les mesures d’anticipation
(stockage de fourrages), ainsi que les
mécanismes d’assurance font partie de Bibliographie
ces stratégies autonomes, qui ne sont
P. Gerber et al., tackling climate change through livestock. A Global assessment of
toutefois pas suffisantes pour faire emissions and mitigation opportunities, FAO, 2013.
face à des changements climatiques de M. Mathieu et al., intensive grazing system for small ruminants in the tropics : the French
grande ampleur. West indies experience and perspectives, Small Ruminant Research, vol. 77, n° 2, pp.
195-207, 2008.
L
a forêt n’est pas épargnée par le change- d’un siècle. En raison des aléas climatiques à venir,
ment climatique. Certains effets se révèlent il faut se préparer à avoir à gérer de nombreuses in-
parfois bénéfiques, mais le changement cli- certitudes. On doit donc repenser en profondeur les
matique, dans son ensemble, risque de causer des modèles sur lesquels repose la gestion forestière.
dommages importants. Depuis les premiers pro-
grammes de recherche lancés dans les années 1990, La dynamique des forêts
l’ampleur du changement en cours et de ses Les forêts sont des écosystèmes complexes et
impacts a toujours été révisée à la hausse. Mais divers selon les zones climatiques. Leur fonction-
c’est la multiplication d’événements climatiques nement et leur dynamique sont régis par de mul-
extrêmes, les tempêtes et sécheresses successives tiples organismes qui interagissent, mais ont des
au début des années 2000 notamment, qui a fait cycles de vie très différents – des champignons
prendre conscience qu’il faut agir vite. aux arbres, en passant par les insectes et les grands
On a aussi réalisé que les stratégies d’adaptation herbivores. Les forêts agissent sur leur milieu, mo-
des forêts au changement climatique doivent être difiant la température, les précipitations, les sols,
évolutives. Il faut les envisager comme des proces- les vents, ou encore la pression de vapeur d’eau
sus dynamiques, et non comme la recherche d’un atmosphérique.
équilibre, d’une adaptation stable aux conditions Soulignons d’emblée que les forêts actuelles ne
locales qui règnent à un instant donné. En effet, les sont que des états « instantanés » inscrits dans des
arbres présents aujourd’hui devront affronter des dynamiques plus ou moins rapides. Certaines évo-
conditions climatiques qui évoluent et continue- luent vite, par exemple les forêts soumises au ré-
ront à évoluer dans plusieurs décennies, voire plus gime des feux, ou les forêts de montagne issues des
Modèles dynamiques
Ils bénéficieront aussi d’autres pro-
grès méthodologiques importants,
notamment les nouveaux outils de la
génomique qui donnent accès à des
informations détaillées sur la diversité
génétique des espèces. Cela nous ren-
P. Frey, INRA
SF photo/Shutterstock
Marie-Élodie Perga Étienne Prévost Jean-Luc Baglinière
Chercheur à l’umr 042 carrtel Chercheur à l’umr 1224 ecobiop inra, Chercheur à l’umr 0985 ese inra
inra, Université de Savoie Université de Pau et des pays de l’Adour Agrocampus Ouest
L’eau est une ressource vitale. Mais soumise aux conséquences du changement climatique,
à la pollution, à une surexploitation, elle est fragile. Des modèles permettent d’étudier
les conséquences des mesures prises pour la préserver.
L
es rivières, lacs et zones humides, encore nature et d’intensité des précipitations, la quantité
nommés hydrosystèmes d’eau douce ne re- et la disponibilité de l’eau parvenant aux hydro-
présentent que 0,6 pour cent de l’eau mon- systèmes changeront. Les organismes aquatiques
diale, mais contiennent 6 pour cent de la totalité seront alors confrontés à diverses modifications
des espèces animales et végétales. Ils représentent des conditions physico-chimiques de leur environ-
donc une réserve importante de biodiversité et nement, par exemple la baisse de la concentration
jouent un rôle clé dans divers cycles biologiques, de l’oxygène dissous dans l’eau.
mais ils sont tout aussi sensibles au changement Pour limiter les conséquences du changement
climatique que les environnements terrestres aux- climatique sur les hydrosystèmes, il faut les étu-
quels ils sont connectés. Ils sont vulnérables, parce dier. Toutefois, le nombre et la complexité de ces
que le changement climatique agit à l’échelle glo- impacts limitent notre capacité à les recenser et
bale et qu’ils sont sensibles à l’impact des activités à les prévoir. Faisons le point sur les recherches
humaines à l’échelle locale. concernant l’adaptation de ces milieux au change-
L’augmentation des températures de l’air ment climatique, même si elles sont moins avan-
contribue au réchauffement des eaux et perturbe cées que pour les écosystèmes terrestres.
les transferts hydriques, par exemple la date de la
fonte des neiges. Or ces transferts contrôlent à la L’impact sur la quantité d’eau
fois la quantité de l’eau en transit, mais aussi les Le changement climatique a une conséquence im-
éléments organiques et minéraux qu’elle véhicule. médiate : la réduction de la disponibilité de l’eau
Cela modifie la composition des sols et de la végéta- douce. Dans de nombreuses régions, les ressources
tion des bassins versants des cours d’eau (les envi- d’eau sont déjà insuffisantes, voire utilisées de fa-
ronnements terrestres auxquels l’hydrosystème est çon trop intense pour que les réserves aient le temps
connecté). Suite aux modifications de volume, de de se reconstituer. À l’avenir, l’agriculture aura be-
Florence Habets est directrice Philippe Mérot Bernard Itier Alban Thomas
de recherche cnrs dans l’Unité milieux est directeur de recherche est directeur honoraire est directeur de recherche
environnementaux, transferts et interactions dans l’Unité sol agro de l’Unité environnement au Laboratoire d’économie
dans les hydrosystèmes et les sols et hydrosystèmes et grandes cultures des ressources naturelles
de l’Université Pierre et Marie Curie. spatialisation de l’inra. de l’inra. de l’inra.
L
es ressources en eau seront inévitablement pluies. Dans les zones tempérées et humides, cela
modifiées par le réchauffement climatique. se traduira par une fréquence accrue des précipita-
Ce sera donc le cas des quatre principaux tions fortes (plus de dix millimètres par jour) – une
usages : domestiques, agricoles, industriels et envi- tendance que l’on observe déjà sur l’ensemble des
ronnementaux. Quel sera l’impact sur les quantités continents. Dans les régions sèches, en revanche,
d’eau disponibles ? Quelles seront les nouvelles la hausse des températures entraînera une dimi-
règles de partage et quels moyens pourra-t-on nution de la fréquence des pluies, car le seuil de
mettre en œuvre pour s’y préparer ? déclenchement des précipitations devrait être plus
L’élévation des températures aura de multiples élevé qu’aujourd’hui.
conséquences, souvent liées, sur cette ressource
limitée. Elle modifiera, tout d’abord, la répartition Eau verte et eau bleue
géographique des pluies, car la hausse des tempé- Le surplus d’eau contenu dans un air plus chaud
ratures sera moins forte à l’équateur qu’au niveau résulte d’une augmentation des échanges hy-
des pôles. Or, à l’échelle de la planète, le gradient driques avec la surface, l’eau s’évaporant davan-
des températures est associé à la circulation des tage. Cette « demande évaporative » accrue est faci-
grandes masses d’air et, par conséquent, au trans- lement satisfaite au-dessus des océans. Elle est plus
port de chaleur et aux vents circulant aux latitudes contraignante au niveau des continents, où l’évapo-
moyennes. En Europe, dès 2050, les précipitations ration provient surtout de la végétation qui puise
devraient avoir diminué dans les zones méridio- l’eau dans les sols. On parle alors d’« eau verte »,
nales et augmenté dans les régions septentrionales. car cette eau contribue à la production de bio-
De surcroît, avec l’augmentation des tempéra- masse via le processus de photosynthèse. L’autre
tures, l’atmosphère contiendra davantage de va- forme d’eau présente sur les continents est appelée
peur d’eau, ce qui perturbera encore le régime des « eau bleue ». On la trouve dans les lacs, les ri-
La santé est soumise à divers aléas, notamment climatiques. Pour gérer la santé de demain,
il est urgent de concevoir des modèles intégrant les variables du climat, les caractéristiques
des écosystèmes où se développent les maladies... sans oublier l’être humain !
C
limat et santé sont liés. La santé humaine, d’autres pourraient se révéler positifs en faisant
mais aussi la santé végétale ou la santé ani- disparaître, par endroits, des virus, des bactéries
male sont soumises à la saisonnalité. Si le ou des champignons parasites. Là encore, l’impact
climat change, la saisonnalité des maladies devrait général, peu étudié, demeure incertain.
également évoluer. Dès lors, se pose la question
des conséquences sanitaires du changement cli- Déclenchement des épidémies
matique. Sont-elles toujours négatives, comme Depuis une vingtaine d’années, les recherches
certains articles ou reportages alarmistes le laissent concernant les conséquences sanitaires du change-
penser ? La situation est complexe, donc forcément ment climatique ont porté principalement sur les
plus nuancée. Certes, des événements météorolo- maladies infectieuses, du fait de la multiplicité des
giques extrêmes, tels que les canicules, les inon- facteurs intervenant dans le déclenchement d’une
dations ou les tempêtes violentes, se feront plus épidémie et de l’intérêt que les écologues, entomo-
intenses et plus fréquents dans les années à venir, logistes et zoologistes manifestent pour ce sujet.
et pourraient entraîner une hausse de la mortalité Comme nous l’avons souligné, les systèmes sont
et une baisse de l’efficacité des systèmes sanitaires. complexes, car ils présentent de nombreuses interac-
Néanmoins, cet impact reste difficile à estimer, tions. Commençons par des systèmes biologiques
car on ne sait pas prévoir la fréquence de ces évé- simples, où deux espèces en interaction, l’hôte et
nements qui resteront rares. Une autre conséquence l’agent pathogène, évoluent dans un écosystème
attendue du changement climatique sur la santé naturel. Simplifions encore en considérant les hôtes
concerne la modification des risques environnemen- dont la température corporelle n’est pas régulée – à
taux, via une exposition accrue aux rayonnements l’instar des plantes, insectes, reptiles ou poissons –,
ultraviolets ou à des polluants atmosphériques, tels et qui sont, par conséquent, très sensibles aux condi-
que l’ozone. Certains effets seront néfastes, mais tions météorologiques ambiantes et à leur évolution.
Des zones littorales inondées ; des épisodes de sécheresse intenses. Il faudra aider les régions
d’accueil à gérer la pression démographique due aux populations poussées à l’exode.
L
es catastrophes naturelles imposant déplace- émergence a été concomitante de celle du change-
ments, exodes et évacuations ont été innom- ment climatique dans les cénacles internationaux.
brables au cours des siècles. Le tremblement S’il est difficile de prévoir l’ampleur des flux migra-
de terre qui détruisit Lisbonne en 1755, ou le grand toires engendrés par le changement climatique, il
incendie qui ravagea Londres en 1666, ont entraî- est néanmoins possible d’identifier ses principaux
né d’importants flux de réfugiés. Aux États-Unis, impacts sur les établissements humains. Le change-
en 1927, l’inondation du delta du Mississippi dépla- ment climatique, en effet, n’est pas un changement
ça 700 000 habitants, avant que la sécheresse du Dust uniforme et aura des conséquences diverses.
Bowl et les tempêtes de poussière qui ont caracté-
risé cet épisode catastrophique des années 1930 ne Les populations vulnérables : les plus touchées
poussent plus d’un million d’habitants des Grandes On distingue généralement trois types d’impacts
Plaines à migrer vers la Californie. Pendant long- du changement climatique sur les flux migratoires :
temps pourtant, académiques comme décideurs ont l’intensité accrue des catastrophes naturelles, la
considéré que les facteurs susceptibles d’entraîner hausse du niveau des mers et la raréfaction des
des migrations – volontaires ou forcées – étaient ressources d’eau potable – aussi appelée stress hy-
avant tout d’ordre politique ou économique. drique. Ces trois types de changements ne produi-
Aujourd’hui, le lien de causalité entre les dégra- ront pas des migrations similaires, et n’appellent
dations de l’environnement et la décision migra- pas des stratégies d’adaptation identiques.
toire est transformé par le changement climatique : En premier lieu, le changement climatique se
à la fois parce que les mouvements de populations traduira par une augmentation de la fréquence et de
liés aux transformations de l’environnement sont l’intensité des catastrophes naturelles : les inonda-
appelés à prendre une ampleur sans précédent, tions seront plus nombreuses, et les ouragans plus
mais également – et peut-être surtout – parce que violents. Au cours des dernières années, le nombre
le changement climatique pose la question de la de catastrophes naturelles a déjà augmenté de fa-
responsabilité de ces déplacements. Alors qu’on çon significative, en premier lieu à cause de la plus
invoquait auparavant la fatalité des catastrophes grande vulnérabilité des populations exposées : une
naturelles, la responsabilité des États industrialisés catastrophe n’est jamais purement naturelle, mais
est désormais directement en cause. résulte de la rencontre d’un risque naturel et d’une
On sait encore peu de chose, pourtant, quant à population vulnérable. Les catastrophes naturelles
la façon dont les populations réagissent à la dégra- touchent particulièrement les pays du Sud, et l’Asie
dation de leurs habitats. Si le phénomène des « mi- est de loin le continent le plus concerné. On a long-
grations environnementales » n’est pas nouveau, ce temps imaginé que les catastrophes naturelles ne
n’est que récemment que le concept a émergé dans provoquaient pas de flux migratoires, mais plu-
les milieux académiques et a fortiori politiques. Cette tôt des déplacements temporaires de population.
A
vec près de 6 gigatonnes d’équivalent leurs modes de production et leurs comportements
dioxyde de carbone libérées chaque an- alimentaires ? Pour quel résultat environnemental ?
née dans le monde (sur un peu moins de Ces questions ne sont pas seulement d’ordre agrono-
50 gigatonnes de dioxyde de carbone émises glo- mique, écologique ou climatique. Elles impliquent
balement en 2010), les sources agricoles de gaz à également de prendre correctement en compte les
effet de serre pèsent plus que les transports. À ces conséquences du changement climatique sur les sys-
émissions agricoles, il convient d’ajouter celles dues tèmes économiques, du niveau microéconomique
aux changements d’usage des sols, en particulier la (l’exploitation agricole par exemple) au niveau
déforestation. Ensemble, les secteurs liés à la terre macroéconomique (implications pour les usages des
(notamment l’agriculture et la forêt) comptent par- sols au sens large, répartition de l’effort d’atténua-
mi les plus importants contributeurs à l’effet de serre tion entre les secteurs, conséquences sur les marchés
au plan mondial. Par conséquent, l’agriculture et la mondiaux). Ces différentes échelles d’analyse font
forêt ont un rôle essentiel à jouer tant vis-à-vis de appel à plusieurs types de modèles économiques,
l’atténuation des émissions que de l’adaptation au lesquels fournissent une approche quantitative des
changement climatique. marges de manœuvre des politiques publiques en
La nécessité de réduire les émissions de gaz à ef- matière d’atténuation et d’adaptation.
fet de serre tout en s’adaptant au changement clima- Comment atteindre un objectif d’atténuation donné
tique et en répondant aux besoins alimentaires et non au coût le plus faible pour la société ? Cette question
alimentaires d’une population mondiale croissante de l’efficacité en coût est à la base de l’économie de
soulève diverses questions : comment optimiser la l’environnement. L’efficacité en coût implique de
production agricole et, plus largement, les usages mobiliser en priorité les potentiels d’atténuation là
des sols dans ce contexte ? Comment inciter pro- où ils sont les moins coûteux. Parce que les condi-
ducteurs et consommateurs à modifier efficacement tions de production, et donc les coûts de réduction
100
50
D’après J.-S. Ay et al., 2014
-50
-100
Variations d’usage des sols prévues d’après l’un des scénarios utilisés pour modéliser les conséquences du changement climatique. Ces variations
représentent l’évolution prévue entre 2003 et 2053 des surfaces dédiées à quatre usages (de gauche à droite : les cultures annuelles, les prairies,
les forêts et les zones urbanisées). Sur ces cartes, les surfaces sont exprimées en dizaines d’hectares par maille de 12 kilomètres sur 12.
sous l’effet du changement climatique, duction sont susceptibles de modifier agricoles européens, la hausse des ren-
les exploitants agricoles (tout comme les revenus issus des différents usages dements pourrait se traduire par une
les autres agents économiques), adap- des sols, qu’ils soient agricoles, fores- hausse des émissions d’oxyde d’azote,
teront leur pratique agronomique tiers, mais aussi urbains. Au-delà des N2O, liées à l’augmentation de l’utili-
aux nouvelles conditions, comme ils impacts sur les systèmes agricoles et sation d’amendements azotés. Cela in-
s’adapteraient à tout changement de forestiers, les modifications du climat fluera sur les stratégies d’atténuation,
politique publique. Ce changement se auront des conséquences sur les mar- qui sont elles-mêmes susceptibles d’en-
fera de façon autonome, et sera diffi- chés fonciers et sur l’usage des sols. gendrer une dynamique d’adaptation.
cile à intégrer dans les modèles écono- C’est ce qu’ont étudié Jean-Sauveur Cette dynamique dépend en grande
miques globaux. Ay et ses collègues de l’INRA. À partir partie de celle des émissions et de leur
de données historiques sur les usages effet retardé sur le climat. Les gaz à ef-
L’économie de l’adaptation des sols français, ils ont évalué les fet de serre, avec des temps de présence
En 2013, David Leclère et ses collègues, liens entre les revenus espérés de cinq dans l’atmosphère et des influences
de l’INRA et du Laboratoire des sciences usages (cultures annuelles, prairies, fo- différents, contribuent à rendre cette
du climat et de l’environnement, ont rêt, cultures pérennes et usage urbain) dynamique complexe à analyser. Du
mis en évidence les effets d’une adap- et les conditions climatiques. Leurs point de vue économique, il faut aussi
tation autonome des exploitations agri- résultats indiquent que le changement comparer les efforts et les bénéfices réa-
coles à l’échelle de l’Union européenne climatique à l’horizon 2050 modifierait lisés aujourd’hui à ceux qu’il faudrait
dans deux scénarios climatiques. Les notablement les usages en France (voir consentir demain si l’on attend.
productions des terres agricoles et leur la figure ci-dessus). Ils font apparaître Mais la complexité ne doit pas
localisation changeraient, ainsi que les une diminution des prairies (perdant servir de prétexte à l’inaction. Si l’on
émissions agricoles de gaz à effet de environ 8,5 millions d’hectares) au pro- connaît les difficultés à mettre en œuvre
serre, avec une évolution marquée des fit de cultures annuelles (gagnant près la régulation d’une pollution, même
besoins en eau. Il n’est pas exclu qu’aux de 5 millions d’hectares). Les prairies quand elle est aussi simple à caractéri-
conditions actuelles de prix, les agricul- stockant d’importantes quantités de ser que celle des eaux naturelles par les
teurs européens bénéficient de ces évo- carbone, de telles évolutions auraient nitrates, et quelle que soit la confiance
lutions. C’est même le scénario associé des conséquences notables sur les que l’on puisse avoir dans le progrès
à la hausse la plus marquée des tem- émissions dues aux usages des sols. technique, un principe élémentaire de
pératures qui semble le plus favorable. Ainsi, en s’adaptant, les systèmes précaution devrait nous obliger à agir
Au Sud comme au Nord, la disponibi- vont modifier de façon sans doute rapidement pour limiter les consé-
lité de la ressource en eau pourrait de- notable, à la baisse ou à la hausse, les quences localement incertaines, et glo-
venir l’enjeu principal. Inévitablement, émissions de gaz à effet de serre. On es- balement importantes, du changement
se posera le problème de l’accès à la time que, chez beaucoup d’exploitants climatique.
ressource en eau au bon endroit et au
bon moment. Par ailleurs, avec l’aug-
mentation de la demande alimentaire, Bibliographie
les prix agricoles pourraient augmen-
ter, comme on l’observe déjà depuis J.-S. Ay et al., Integrated models and scenarios of climate, land use and common birds
dynamics, Proceedings of the Global Land Project, 2nd Open Science Meeting, Berlin, 2014.
quelques années. Favorable dans un D. Leclère et al., Farm-level autonomous adaptation of European agricultural supply
premier temps aux producteurs, cette to climate change, Ecological Economics, vol. 87, pp. 1-14, 2013.
évolution sera freinée par une augmen- S. De Cara & P.-A. Jayet, Marginal abatement costs of greenhouse gas emissions from
tation des prix des intrants. European agriculture, cost-effectiveness, and the EU non-ETS Burden Sharing Agreement,
Ecological Economics, vol. 70(9), pp. 1680-1690, 2011.
Les impacts du changement cli- WRI (2014) : http://cait2.wri.org/profile/World
matiques sur les conditions de pro- http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/Fr_RMS_2013__.pdf
L
e second volume du cinquième rapport les années 2030, entre 1 et 2,5 °C par rapport aux
d’évaluation du groupe d’experts inter- années 1900. Ce réchauffement est pratiquement iné-
gouvernemental sur le climat, le GIEC, a vitable, en raison de l’inertie du système climatique.
été publié le 30 mars 2014. Il est consacré aux im-
pacts du changement climatique, aux adaptations Maîtriser les options climatiques
possibles et à la vulnérabilité des systèmes et des À partir de 2050, s’ouvre la période des options cli-
populations humaines exposées. Au terme de ce matiques au cours de laquelle la température mon-
dossier, revenons sur les principales conclusions diale dépendra d’émissions de gaz à effet de serre
pour l’agriculture, la forêt, les écosystèmes et les qui n’ont pas encore eu lieu. S’il est encore temps
populations rurales qui en dépendent. de limiter à 2 °C le réchauffement moyen à cette
Le premier volume, publié en 2013, a confirmé période, seule une réduction drastique des émis-
que le changement climatique est déjà en cours et sions mondiales de gaz à effet de serre permettra
que ses effets commencent à se manifester dans d’y parvenir. Le secteur de l’agriculture peut contri-
de nombreux systèmes naturels : réchauffement buer à cet effort. En adoptant dans chaque région
des surfaces terrestres et de la basse atmosphère ; les meilleures pratiques disponibles, une baisse de
réchauffement jusqu’à 2 000 mètres de profondeur l’ordre de 20 pour cent des émissions de méthane
dans l’océan ; augmentation des températures et de protoxyde d’azote serait possible sans réduc-
maximales et réduction des températures mini- tion de la production. Le potentiel d’atténuation de
males ; précipitations plus intenses ; montée du l’agriculture mondiale d’ici 2030 est estimé à près
niveau de la mer ; acidification des océans ; réduc- de six milliards de tonnes d’équivalent dioxyde de
tion du manteau neigeux et des calottes glaciaires. carbone par an et près de la moitié de ce potentiel
Le réchauffement planétaire devrait s’accélérer au serait accessible moyennant un financement de
cours des prochaines décennies pour atteindre, dans 50 dollars par tonne de dioxyde de carbone évitée.
Événements climatiques extrêmes en Europe à la fin du siècle (années 2071-2100 comparées aux années 1971-2000) pour un scénario de fortes
émissions de gaz à effet de serre (les zones de forte augmentation sont en rouge pour les canicules et les sécheresses, en bleu pour les pluies).
Dans un scénario à +4 °C, on verrait réduit les émissions de gaz à effet de développement. Dans les pays indus-
apparaître des risques systémiques serre (atténuation) et améliore la sécu- trialisés, ce sont principalement les gas-
du changement climatique à la fin du rité alimentaire et le développement. pillages d’aliments dans la distribution
XXIe siècle : réduction des ressources Des systèmes plus résilients peuvent et la consommation qu’il faudra limiter.
en eau souterraines et superficielles avoir des effets secondaires bénéfiques À l’échelle d’un pays comme la
exacerbant les concurrences entre comme la séquestration du carbone et France, des scénarios illustrent le
l’agriculture et les autres secteurs, des réductions de gaz à effet de serre potentiel d’une transition écologique
forte réduction du potentiel de pro- par unité de produit. Une intensifica- qui permettrait de réduire d’ici 2050
duction des forêts européennes et de tion agricole durable permettrait de de 30 à 50 pour cent les émissions de
la valeur du foncier, baisse des rende- combler les déficits de rendement et gaz à effet de serre en agriculture (voir
ments agricoles et réduction de l’en- d’augmenter l’efficacité d’utilisation l’encadré page 83). L’augmentation de
semble des services des écosystèmes des ressources naturelles par l’agri- la résilience des systèmes agricoles n’a
en Europe du Sud. Les conséquences culture, en particulier dans les pays en pas encore été suffisamment explorée
économiques d’un réchauffement de développement. Cette stratégie pour- dans ces scénarios, même si plusieurs
cette ampleur ont été estimées à une rait améliorer la sécurité alimentaire et options ont été proposées.
perte annuelle moyenne du produit contribuer à atténuer les changements Les efforts de recherche en cours
intérieur brut de un pour cent par an climatiques en mettant un terme à la devraient contribuer à combler cette
pour l’ensemble de l’Europe, alors que déforestation et à l’expansion de l’agri- lacune et à dégager les bases d’une
la croissance moyenne historique du culture sur des écosystèmes sensibles. transition écologique de l’agricul-
produit intérieur brut européen a été Les changements alimentaires et les ture, de la forêt et de la gestion de la
de deux pour cent par an. politiques bioénergétiques peuvent éga- biodiversité (voir l’encadré page 43). À
À l’échelle mondiale, la hausse de lement contribuer. Par exemple, passer brève échéance, ces recherches pour-
la demande alimentaire liée à la crois- d’une consommation de viande d’ani- raient aussi contribuer à évaluer les
sance démographique et à l’accroisse- maux (bovins, ovins) nourris au grain potentiels des politiques à mener dans
ment des richesses pourrait dépasser à celle d’animaux nourris à l’herbe et la perspective d’un nouvel accord de
dans ce scénario l’offre alimentaire ne pas utiliser les cultures alimentaires l’ensemble des pays, en développe-
étant donné les impacts négatifs du comme source de biocarburants pour- ment, émergents et industrialisés. Cet
changement climatique. Il en résulte- rait améliorer la disponibilité mondiale accord sera discuté lors de la négocia-
rait une baisse de la sécurité alimen- de calories et réduire les impacts envi- tion internationale qui aura lieu à Paris
taire mondiale et une augmentation de ronnementaux de l’agriculture. Il s’agit fin 2015 dans le cadre de la XXIe confé-
la mortalité infantile. aussi de réduire les pertes après récolte, rence des parties à la Convention
par l’amélioration du stockage et du cadre des Nations unies sur le change-
Vers la transition écologique transport des aliments dans les pays en ment climatique.
Pour éviter ce scénario du pire, il faut
trouver des solutions rendant compa-
tibles la production agricole, la réduc- Bibliographie
tion des gaz à effet de serre et l’adap- J.-F. Soussana (coord.), S’adapter au changement climatique, Agriculture,
tation au changement climatique. écosystèmes et territoires, Quae, 2013.
L’agriculture intelligente face au climat S. Pellerin et al., Quelle contribution de l’agriculture française à la réduction des émissions
de gaz à effet de serre ?, INRA, 2013.
a été définie comme une agriculture D. Jacob D. et al., EURO-CORDEX : New high-resolution climate change projections for European
qui augmente durablement la pro- impact, Regional Environmental Change, 2013.
ductivité et la résilience (adaptation), J. Ciscar et al., Physical and economic consequences of climate change in Europe, PNAS, 2010.
L
e deuxième volume du 5e rapport du Groupe est aussi attendue. Enfin, même si le déploiement
d’experts intergouvernemental sur l’évolu- des stratégies d’adaptation actuellement envisa-
tion du climat (GIEC), publié en mars 2014, gées permettra de pallier en partie les effets ad-
fait une synthèse des connaissances sur les impacts verses du changement climatique, leur efficacité
du changement climatique, les possibilités d’adap- variera fortement selon les cultures et selon les ré-
tation et la vulnérabilité de différents secteurs dont gions du globe. Dans ce contexte, il est essentiel de
la production et la sécurité alimentaires. Il ressort mobiliser les capacités de recherche, d’innovation
de ces travaux que des effets négatifs, mais aussi et de transfert dans de nombreuses disciplines.
parfois positifs, du changement climatique sur les Face aux besoins de recherche liés non seu-
cultures (notamment les céréales) et la production lement au changement climatique mais aussi à
alimentaire sont clairement mis en évidence dans d’autres grands enjeux, l’Institut national de la
plusieurs régions du monde. Le changement cli- recherche agronomique (INRA) s’est engagé dans
matique est en partie responsable de la stagnation le déploiement de programmes transdisciplinaires,
des rendements de grandes cultures comme le blé les métaprogrammes (voir l’encadré page 49). Ces
en France, l’ampleur de cet impact variant selon programmes transversaux, d’une durée minimale
l’espèce, la région, les scénarios de climat futur. de cinq ans, ont été mis en place progressivement
Les projections des rendements attendus pour les à partir de 2010. Ils sont destinés à structurer et
prochaines décennies sont de plus en plus pessi- à coordonner les activités et projets de recherche
mistes à mesure que l’on se rapproche de la fin du pour relever quelques défis majeurs scientifiques
xxie siècle, le sud de l’Asie et de l’Afrique étant les ou de la société. En particulier, un programme
régions les plus vulnérables. Une plus forte varia- prioritaire sur l’Adaptation au changement clima-
bilité entre années et entre régions des rendements tique de l’agriculture et de la forêt, ACCAF, a été
programme est de coordonner, inciter cohérent pour les différents projets à démarches basées sur un ensemble de
et intégrer les efforts de la recherche moyen terme liés à la thématique de modèles (ou démarche ensembliste)
agronomique pour contribuer à lever l’adaptation au changement clima- permettant d’estimer le niveau de
les verrous de connaissances et socié- tique de l’agriculture et de la forêt. confiance d’une projection est une pra-
taux qui pourraient freiner l’adap- tique courante en climatologie, comme
tation. Cette stratégie intégrative, Pluridisciplinarité et intégration par exemple dans le cas des travaux
associant des partenaires nationaux au cœur de la démarche du GIEC. Elle est en revanche beau-
et étrangers, académiques ou socio- Dans le cas du métaprogramme coup plus récente en agronomie. Des
professionnels, devrait produire des ACCAF, des compétences en sciences programmes internationaux comme
résultats et des avancées rapides, par humaines et sociales, agronomie, éco- AgMIP (Agricultural Model Intercompa-
exemple dans l’évaluation multicritère logie, génétique, écophysiologie, zoo- rison and Improvement Project) et MAC-
des options d’adaptation. Le second technie, économie, modélisation sont SUR (Modelling European Agriculture
objectif est de renforcer l‘action de la mobilisées pour couvrir une large part with Climate Change for Food Security)
recherche agronomique française dans du spectre des problématiques posées concernant la modélisation de la pro-
le paysage national, européen et inter- par l’adaptation au changement clima- ductivité des grandes cultures ou des
national. tique. La stratégie adoptée fait de plus prairies sont actuellement en cours.
la part belle aux approches intégrées La communauté scientifique soutenue
Le prolongement par filière ou par territoire. par le métaprogramme ACCAF par-
d’une réflexion prospective Ainsi par exemple, construire et ticipe ainsi aux évaluations de rende-
Alors que les travaux de la commu- accompagner les processus d’adapta- ment par les modèles français pour les
nauté française et internationale sur tion des filières agro-alimentaires au prairies, le maïs ou le blé. La mise en
les impacts du changement clima- changement climatique représente un commun de modèles permet de simu-
tique et sur la vulnérabilité des agro- enjeu majeur. Par essence pluridisci- ler l’impact des scénarios climatiques
et écosystèmes montaient en puis- plinaire, la démarche adoptée favorise futurs avec une fiabilité nouvelle. Ces
sance, l’INRA a piloté un atelier de les interactions entre les scientifiques, actions permettent aussi de comparer
réflexion prospective, baptisé ADAGE les acteurs du développement et ceux et d’améliorer les modèles, de renfor-
(Adaptation de l’agriculture et des de la filière concernée. La construction cer les liens au niveau international
écosystèmes anthropisés au change- d’une vision commune des futurs pos- entre les modélisateurs et de participer
ment climatique), lancé en 2009 par sibles et des questions principales pour à de nouveaux projets. Par exemple, la
l’Agence nationale de la recherche. Le la filière est une étape initiale indispen- communauté internationale discute
métaprogramme ACCAF a largement sable pour l’élaboration de scénarios des performances et robustesses com-
bénéficié des conclusions de cette ré- prospectifs d’adaptation. Ce type de parées entre des modèles de différents
flexion scientifique qui a identifié les démarche est fortement encouragé, par types (semi-empiriques, corrélatifs ou
recherches nécessaires à l’adaptation exemple dans le cas de la filière vigne basés sur les processus). Les premiers
au changement climatique des milieux et vin : Quels sont les leviers biotech- travaux montrent que le classement
et des systèmes de production gérés niques pour maintenir la production de des modèles quant à leur capacité à
par l’homme. Parmi les nombreuses raisin, en quantité et qualité, sous climat évaluer les rendements change selon
questions, celles de l’adaptation de futur ? Quels risques et parades face à qu’ils sont utilisés en utilisant des
l’élevage aux évolutions du climat, des l’augmentation des aléas climatiques ? données de climat passé et présent ou
marges de manœuvre dans les itiné- Les méthodes de vinification peuvent- avec des données issues de scénarios
raires culturaux et sylvicoles pour faire elles s’adapter pour faire face à une de climat futur.
face aux aléas climatiques extrêmes ou augmentation des teneurs en sucres
encore de la compréhension de la sta- des baies ? Les goûts et préférences des Des dimensions de travail
gnation du rendement du blé ont été consommateurs sont-ils susceptibles multiples
abordées. ACCAF constitue ainsi une de changer ? Comment accompagner Depuis 2011, le métaprogramme ACCAF
mise en œuvre des priorités scienti- ces évolutions ? Toutes ces questions en a permis de soutenir plus de 25 projets
fiques identifiées dans les domaines cascade depuis le producteur jusqu’au de recherche nationaux et des réseaux
pris en charge par l’INRA et ses parte- consommateur s’accompagnent d’éva- internationaux permettant d’élargir les
naires du groupe thématique « Climat : luations multicritères, d’innovation et gammes climatiques ou la diversité des
évolution, adaptation, atténuation de réflexions prospectives. ressources animales ou végétales. Ils
et impacts » de l’Alliance nationale La modélisation des impacts du concernent les cultures annuelles et pé-
de recherche pour l’environnement, changement climatique sur l’agricul- rennes, l’élevage, la forêt, la biodiversité
AllEnvi. En stimulant le dialogue entre ture constitue aussi un enjeu fort des ainsi que les ressources en eau et en sol.
on des a étéauconstitué
en réfère afin deEnvironnement
Directeur Scientifique servir de et point (Coordinateur : Thierry Pineau) www.gisa.inra.fr
tions estd’interaction
assisté par une cellule privilégié
de coordination, avec unles repré-
comité u GloFoods : Transitions pour la sécurité alimentaire mondiale
ion et scientifique international et un comité de porteurs
sentants des différentes communau- (Coordinateur : Alban Thomas)
d’enjeux.
isant u Latés concernées
cellule de coordination (ministères
: composée d’une etéquipe
agences u MEM : Méta-omiques des écosystèmes microbiens
MÉTAPR
es, et de de l’état,
chercheurs institutsInra,
et d’ingénieurs techniques
elle accompagneagri- (Coordinateur : Emmanuelle Maguin) www.mem.inra.fr
aires. les coles,
chercheurs gestionnaires forestiers
vers l’interdisciplinarité et des
par un travail u SelGen : Sélection génomique
es de de co-construction
milieux aquatiques, et anime la communauté
représentants naissante des (Coordinateur : Denis Milan) www.selgen.inra.fr
ns des autour de l’adaptation.
filières agricoles, pôles de compétiti- u SMaCH : Gestion durable de la santé des cultures
Adaptatio
ssions u Le comité scientifique international : composé de
vité, ONG,…).
chercheurs Son rôle
externes de renommée est deinter-
scientifique fournir (Coordinateur : Christian Lannou) www.smach.inra.fr Climatiq
ion. un avis
nationale et dusur l’adéquation
Directeur entre les acti-
Scientifique Environnement
ments de vités
l’Inra, ilen cours
a pour et les
mission de besoins,
conseiller leainsi
méta- que
ctions programme sur sa feuille de route, de suggérer des
sur l’impact des activités du métapro-
. priorités de recherche, d’identifier des partenariats CHIFFRES CLÉS ACCAF
ce au gramme
stratégiques pour
et enfin les porteurs
d’évaluer la valeur ajoutéed’enjeux.
du
ment Il a
programme. plus spécifiquement pour mis- Un budget d’environ 5 million d’euros par an, incluant les frais
u Lesion
comitéde contribuer
de porteurs au déploiement
d’enjeux : composé de repré- opérationnels et les salaires (2014).
nter- des deactivités
sentants du métaprogramme
différentes filières, des partenaires de l’Inra et
ue. et des porteurs d’enjeux institutionnels, il permet de
à l’évolution de celui-ci par la co-
rs des renforcer le lien avec ces acteurs de l’adaptation, de 25 projets soutenus, impliquant 95 unités et plus de 300 chercheurs
iques les construction
informer sur les activités de du propositions
métaprogrammeet et de
Rédaction : Cellule ACCAF / Coordination : Barbara Lacor / Création : UCPC - studio de création - février 2015
Inra (2014).
priorités
prendre en compte pour la mise
leurs attentes enbesoins.
et leurs place d’ac-
tions, l’élaboration de l’agenda straté- 12 départements scientifiques Inra impliqués: Biologie et amélioration
gique
OMITÉ SCIENTIFIQUE du métaprogramme, et la four-
INTERNATIONAL des Plantes, Caractérisation et élaboration des produits issus de l’agriculture,
niture d’avis sur la mise en œuvre de Écologie des forêts, prairies et milieux aquatiques, Environnement et
e • Philip Thornton, University of Edinburgh, agronomie, Génétique animale, Mathématiques et informatique appliquées,
cet agenda, notamment Grande-Bretagneen matière de Microbiologie et chaîne alimentaire, Physiologie animale et systèmes d’élevage,
e
nce
formation
• Emilio R. Cerezo, et deJoint transfert.
Research Center Sevilla, Santé animale, Santé des plantes et environnement, Sciences pour l’action et
Espagne
le développement, Sciences sociales, agriculture et alimentation, espace et
• Nathalie de Noblet, Laboratoire des Sciences
Un enjeu : contribuer du Climat et de l’Environnement, environnement.
au développement France d’outils
• Elias Fereres, Universidad de Córdoba,
herche, pour accompagner Espagne l’adaptation
Le Jeger,
• Michael changementImperial climatique
College London, a suscité CONTACTS
herche
l’apparition
• Peter Langridge,
d’un ensemble
Grande-Bretagne
University of Adelaide,
de nou- de services à l’échelle nationale à dif- les flux et rendements, mais il pourra
e veaux services, Australie
appelés services pour férents horizons temporels
Thierry Caquet : Directeur selon les :aussi
Anne Jambois proposer
Ingénieur d’appui des indicateurs des sys-
l’adaptation, au cœur desquels le filières, www.accaf.inra.fr
reposant sur des outils, des tèmes permettant à terme d’évaluer
nemark • Frits Mohren, Wageningen UR, Pays-Ba s
giques accaf@inra.fr
• Jean-François Soussana, Inra, France
métaprogramme ACCAF veut être ac- cartes ou des graphiques issus de l’efficacité des mesures d’adaptation.
© Grégory Véricel / Inra
(2014)
teur. Il existe d’ores et déjà un marché chaînes de modélisation agro-hydro- À partir d’une chaîne de modélisa-
ue de l’Agricultureéconomique
et de la Forêt et des acteurs spécialisés climatique. Le projet de portefeuille tion, le portefeuille balaiera différents
(bureaux d’étude, fondations, compa- de services ACCAF entend donner éléments, du climat à la ressource en
gnies d’assurances), qui proposent de forme à un portail générique permet- eau, en intégrant les activités agri-
nombreux services émergents, notam- tant à des utilisateurs publics et scien- coles ou sylvicoles et leurs liens avec
ment de scénarisation et d’évalua- tifiques de tester des options d’adap- le climat, l’irrigation et le niveau des
tion des impacts. Le métaprogramme tation. Ce portail a pour objectif à la nappes. Il s’agit de développer des
ACCAF souhaite enrichir cette offre fois de quantifier les impacts des évo- outils d’aide à la gestion intégrée et
grâce à la création d’un portefeuille lutions du climat et des pratiques sur partagée de l’eau et à l’adaptation au
Christian Dubraz/INRA
tous les réseaux d’observatoires environ-
L’agroforesterie, comme ici cette parcelle blé-noyers, est l’une des pistes nementaux sur le long terme présents
pour l’adaptation de l’agriculture au changement climatique, actuellement en Europe et dans le monde.
Dans ce
explorée sous toutes les latitudes. contexte, le métaprogramme soutient
diverses initiatives au niveau européen,
changement climatique de l’agricul- pour l’Innovation et la connaissance sous la forme d’une contribution finan-
ture et de la forêt dans les territoires, sur le climat. cière à certains programmes multilaté-
les bassins versants ou le territoire raux de type ERA-NETs. Les projets sou-
métropolitain (gestion adaptative et Une dimension internationale tenus ont aussi parfois une dimension
adaptation stratégique). indispensable internationale (coopération avec l’Inde
Cette chaîne de modélisation et Le métaprogramme ACCAF s’insère ou les pays du sud de la Méditerranée
le portefeuille de services devra ré- également pleinement dans l’initiative par exemple) ou mondiale (approches de
pondre aux attentes diversifiées des européenne de programmation conjointe modélisation ensembliste appliquée aux
porteurs d’enjeux qui doivent raison- «
Agriculture, sécurité alimentaire et cultures). Compte tenu de l’ampleur des
ner, planifier et anticiper des évolu- changement climatique », initiée par la enjeux, la coopération internationale est,
tions des systèmes de cultures, de la France et le Royaume-Uni, qui vise à coor- avec la pluridisciplinarité, l’un des en-
composition, de la productivité et de donner les programmes nationaux de re- jeux majeurs de la recherche scientifique
la santé des cultures et forêts, de leurs cherche. Au-delà de la rationalisation des dans ce domaine.
modes de gestion, des usages des sols
et des eaux, et donc arbitrer entre dif- Bibliographie
férentes orientations.
Ce projet s’inscrit dans les feuilles N. Brisson, F. Levrault (ed.), Le Livre Vert du projet CLIMATOR (2007-2010).
de route des initiatives européennes Changement climatique, agriculture et forêt en France : simulations d’impacts
de programmation conjointe sur l’eau sur les principales espèces. Ademe, 2010.
FAO, Climate-Smart Agriculture Sourcebook. FAO, 2013.
et sur le climat et répond aux ambi- J.-F. Soussana (coord.), S’adapter au changement climatique, Agriculture,
tions de la Communauté européenne écosystèmes et territoires, Quae, 2013.
www.pourlascience.fr/testerlemagazine
© Pour la Science - INRA 2015 [51
*Offre spéciale incluant le 1er numéro au prix de 1 € puis les suivants au prix de 4,66 € par mois. Offre d’abonnement réservée aux nouveaux abonnés,
sans engagement de durée et résiliable sur simple demande auprès de notre service abonnement.