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Lu3mu210 2020 Semaine 1-20-01-2020 2
Lu3mu210 2020 Semaine 1-20-01-2020 2
Licence de Mathématiques L3
Analyse Fonctionnelle
3M210
Année 2018–2019
2
Table des matières
1 Inégalités 5
1.1 Sur la théorie de Lebesgue de l’intégration . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.2 Inégalités à deux points sur R+ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.3 Inégalités de Hölder . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.4 Inégalité de Minkowski . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.5 Convexité et inégalité de Jensen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
3 Espaces Lp 31
3.1 Espace L p et espace Lp . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
3.2 Convergence dans Lp et convergence simple . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
3.3 Complétude des espaces Lp . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
4 Espaces de Hilbert 37
4.1 Produit scalaire, espaces de Hilbert . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
4.2 Orthogonalité, bases hilbertiennes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
4.3 Projection sur un sous-espace fermé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
4.4 Dual d’un espace de Hilbert . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
4.5 Exemple : base hilbertienne des exponentielles complexes et séries de Fou-
rier L2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
5 Dualité Lp − Lq 53
5.1 Théorème de Radon–Nikodym . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
3
TABLE DES MATIÈRES 4
7 Produit de convolution 63
7.1 Convolution de fonctions positives sur Rd . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
7.2 Convolution de mesures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
7.3 Convolution de fonctions boréliennes de signe quelconque . . . . . . . . . 66
Inégalités
5
CHAPITRE 1. INÉGALITÉS 6
Quand a-t-on que [0,M ] f tend vers R+ f lorsque M → +∞ ?
La bonne question est plutôt : quand peut-t-on écrire R+ f ? La réponse à ces deux
questions est identique :
— Soit la fonction f est à valeurs réelles positives, et alors [0,M ] f → R+ f par
convergence monotone.
— Soit f est intégrable sur R+ , et alors [0,M ] f → R+ f par convergence dominée.
Dans le présent chapitre consacrés aux inégalités, il est suffisant de traiter seulement
le cas des fonctions positives. En pratique, on se ramène toujours à des fonctions ou des
nombres positifs en utilisant l’inégalité triangulaire.
Proposition 1.2. Soit (X, µ) un espace mesuré et f : X → K une fonction µ-intégrable.
On a alors
f dµ ≤ |f | dµ,
|f | − f ) dµ = 0.
Cela est vrai même si f prend la valeur +∞. On pourrait dire que ça découle de la
convention 0 · +∞ = 0, ou mieux, de la convergence monotone ou dominée.
t
−t t b
On a f (a) = (1−t)a b −(1−t) = (1−t)
′
−1 . Ainsi, f est (strictement) croissante
a
sur ]0, b] et (strictement) décroissante sur [b, +∞[, ce qui veut dire qu’elle atteint son
maximum en a = b. Or f (b) = 0 et donc f ≤ 0. La stricte monotonie assure que f ne
s’annule que en b.
1 b 1 b
inf (1 − t)λ 1−t a + t 1 = min (1 − t)λ 1−t a + t 1 = a1−t bt .
λ>0 λt λ>0 λt
b t(1−t)
Démonstration. Il suffit donc de prendre λ := .
a
1
On préfère parfois introduire p = 1−t ∈]1, +∞[ et q = 1t ∈]1, +∞[, qui vérifient
1
p
+ 1q = 1 –on dit que ces nombres sont conjugués 1 –, et remplacer a par ap et b par bq ,
de sorte qu’on trouve :
1 1
Lemme 1.7 (Inégalité arithmético-géométrique bis bis). Soit p, q > 1 avec p
+ q
= 1.
Alors, pour a, b ∈ [0, +∞] et λ > 0 on a
ab ≤ λp ap /p + λ−q bq /q
avec égalité si f = g.
Remarque 1.9. Vous noterez que l’inégalité est bien homogène en f et g.
Remarque 1.10. Pour une fonction positive f et r > 0 on a
f r dµ > 0 ⇐⇒ µ({f = 0}) = µ({x ∈ X ; f (x) = 0}) = 0,
ce qui veut dire qu’il existe A ∈ A, avec µ(A) = 0 tel que f > 0 sur A. On écrit aussi
"f ≡ 0 µ-pp" qu’il faut comprendre comme "f n’est pas égale à une fonction nulle µ-pp".
Démonstration. D’abord, on remarque que l’inégalité devient une égalité lorsque f = g.
Si f dµ = +∞, il n’y a rien à montrer. De même, si f dµ = 0 alors
f = 0 µ-pp et
l’inégalité est triviale. Idem avec g. On supposera donc que 0 < f dµ, g dµ < +∞.
On va utiliser deux fois le Lemme 1.6. Tout d’abord, pour tout λ et tout x ∈ X on a
1 1
f (x)1−t g(x)t ≤ (1 − t)λ 1−t f (x) + tλ− t g(x)
et donc en intégrant on trouve que pour tout λ > 0,
1 1
1−t t −
f g dµ ≤ (1 − t)λ 1−t f dµ + tλ t g dµ.
1−t t
En prenant l’infimum sur les λ, ou trouve donc bien f 1−t g t dµ ≤ g dµ .
f dµ
Remarque 1.11. La preuve ci-dessous permet aussi d’établir que lorsque 0 < f dµ, g dµ <
+∞, il y a égalité si et seulement si il existe λ > 0 tel que g = λf µ-pp.
Il y a beaucoup de formulations équivalentes de l’inégalité de Hölder. Si vous préférez
les p, q, en voici une pour vous. On rappelle que p/q = p − 1.
1 1
Proposition 1.12 (Inégalité de Hölder). Soit p, q ∈]1, +∞[ tels que + = 1 et
p q
f, g : X → [0, +∞] deux fonctions mesurables positives sur X. Alors,
1/p 1/q
p
f g dµ ≤ f dµ g q dµ .
seulement si il existe λ > 0 tel que g q = λf p µ-pp (i.e. g = λ̃ f p−1 pour un λ̃ ≥ 0).
Le cas le plus rencontré est le cas p = q = 2, et l’inégalité s’appelle alors inégalité de
Cauchy-Schwartz.
Remarque 1.14. Le cas du couple p = 1 et q = ∞ est trivial et s’énonce comme suit :
si f, g sont deux fonctions mesurables positives sur X, alors
f g dµ ≤ sup g f dµ.
De plus, il y a égalité si g est constante (au sens égale à une constante µ-pp). On peut
remplacer le supremum par le supremum essentiel (voir plus loin).
Remarque 1.15. Une conséquence de l’inégalité de Hölder est que si on se donne p, q ∈
1 1
]1, +∞[ avec + = 1 et f : X → [0, +∞] une fonction mesurable positive avec
p p q
f dµ < +∞, alors
1/p f g dµ
p
f dµ = sup 1/q = sup
f g dµ.
g≥0
g q dµ g≥0, g q dµ≤1
1 p−1
De façon explicite H = 1/q (f + g) sur X. On a donc,
(f + g)p dµ
1/p 1/p 1/p
p p
(f + g) dµ = f H dµ + gH dµ ≤ 1 × f dµ +1× g p dµ ,
où l’on a utilisé deux fois l’inégalité de Hölder. Cela montre l’inégalité voulue.