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Université Pierre & Marie Curie (Paris 6)

Licence de Mathématiques L3

Analyse Fonctionnelle

3M210

Année 2018–2019
2
Table des matières

1 Inégalités 5
1.1 Sur la théorie de Lebesgue de l’intégration . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.2 Inégalités à deux points sur R+ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.3 Inégalités de Hölder . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.4 Inégalité de Minkowski . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.5 Convexité et inégalité de Jensen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12

2 Espaces vectoriels normés, espaces de Banach 15


2.1 Rappels sur les espaces vectoriels normés . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
2.1.1 Généralités, topologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
2.1.2 Applications linéaires continues . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
2.2 Espaces de Banach . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
2.3 Dualité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
2.4 Exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
2.4.1 Les normes Lp . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
2.4.2 Espaces de suites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
2.4.3 Les espaces ℓnp . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
2.4.4 L’espace (C([0, 1]),  · ∞ ) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29

3 Espaces Lp 31
3.1 Espace L p et espace Lp . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
3.2 Convergence dans Lp et convergence simple . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
3.3 Complétude des espaces Lp . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35

4 Espaces de Hilbert 37
4.1 Produit scalaire, espaces de Hilbert . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
4.2 Orthogonalité, bases hilbertiennes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
4.3 Projection sur un sous-espace fermé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
4.4 Dual d’un espace de Hilbert . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
4.5 Exemple : base hilbertienne des exponentielles complexes et séries de Fou-
rier L2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49

5 Dualité Lp − Lq 53
5.1 Théorème de Radon–Nikodym . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53

3
TABLE DES MATIÈRES 4

5.2 Dualité Lp –Lq . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55

6 Régularité et théorèmes densité 59


6.1 Régularité de la mesure de Lebesgue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
6.2 Théorèmes de densité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61

7 Produit de convolution 63
7.1 Convolution de fonctions positives sur Rd . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
7.2 Convolution de mesures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
7.3 Convolution de fonctions boréliennes de signe quelconque . . . . . . . . . 66

8 Transformée de Fourier sur R 70


8.1 Définition et premières propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
8.2 Injectivité de la transformée de Fourier et formule d’inversion . . . . . . . 73
Chapitre 1

Inégalités

1.1 Sur la théorie de Lebesgue de l’intégration


Soit (X, A, µ) un espace mesuré et f une fonction mesurable sur X (à valeurs dans
R ∪ {+∞} ou C). Quand est-ce que l’expression f dµ a un sens ? Vous devez vous poser

systématiquement cette question, et y répondre, avant de pouvoir écrire cette expression.
Il y a deux cas où l’on peut écrire f dµ, qu’il vous faut donc identifier :
— Soit la fonction f est à valeurs réelles positives, et on peut toujours écrire f dµ,

qui peut éventuellement être égal à +∞.
— Soit la fonction mesurable positive |f | a une intégrale finie, |f | dµ < +∞, c’est-

à-dire f est (X, µ)-intégrable. Dans ce cas, f dµ est un nombre fini, appartenant
à R ou C.
Avant de pouvoir écrire f dµ, il faut justifier que l’on se trouve dans l’une des deux

situations ci-dessus. On peut bien sûr être dans les deux situations ci-dessus. En fait, il
y a aussi un troisième cas, celui des fonctions semi-intégrables. Pour une fonction réelle,
cela correspond au cas où l’une des parties positive ou négative est intégrable (ce qui
permet de donner un sens à l’intégrale, en écartant la forme indéterminée ∞ − ∞).
Pour ce cours, vous devez connaître tous les résultats fondamentaux de la théorie de
Lebesgue. En particulier :
— Les propriétés des tribus, la tribu borélienne sur R et sur Rn .
— mesure et tribu trace sur un ensemble Ω ⊂ A.
— La construction de l’intégrale pour une fonction positive ; le lemme fondamental
d’approximation par des fonctions étagées ; la construction de l’intégrale pour une
fonction à valeurs dans C.
— Le théorème de convergence monotone.
— Le théorème de convergence dominée, dans sa forme forte, qui permet de garantir
que |fn − f | dµ → 0, et donc que fn dµ → f dµ.
 
— La construction de la tribu produit, de la mesure produit. Le théorème de Fubini.
— La mesure image et la formule de changement de variables sur Rn .
Exemple 1.1. On travaille avec la mesure de Lebesgue sur R+ . Soit f une fonction
+

borélienne localement intégrable sur R (c’est-à-dire [a,b] |f | < +∞ pour tout segment
[a, b] ⊂ R+ ).

5
CHAPITRE 1. INÉGALITÉS 6
 
Quand a-t-on que [0,M ] f tend vers R+ f lorsque M → +∞ ?

La bonne question est plutôt : quand peut-t-on écrire R+ f ? La réponse à ces deux
questions est identique :
— Soit la fonction f est à valeurs réelles positives, et alors [0,M ] f → R+ f par
 
convergence monotone.
— Soit f est intégrable sur R+ , et alors [0,M ] f → R+ f par convergence dominée.
 

Dans le présent chapitre consacrés aux inégalités, il est suffisant de traiter seulement
le cas des fonctions positives. En pratique, on se ramène toujours à des fonctions ou des
nombres positifs en utilisant l’inégalité triangulaire.
Proposition 1.2. Soit (X, µ) un espace mesuré et f : X → K une fonction µ-intégrable.
On a alors   
 f dµ ≤ |f | dµ,
 

avec égalité si et seulement si il existe α0 ∈ C avec |α0 | = 1 tel que f = α0 |f | µ-presque-


partout.
Dans le cas d’une fonction réelle, il y a donc égalité si et seulement si f est presque-
partout positive, ou bien presque-partout négative.
Démonstration. Il y a plusieurs preuves possibles. On peut raisonner par dualité comme
suit. Pour w ∈ Cn , on a

|w| = max{ℜ(wz) ; z ∈ C, |z| ≤ 1}.

Ainsi, il existe z0 ∈ C tel que


      
 f dµ = ℜ f (x) dµ(x) z0 = ℜ(f (x)z0 ) dµ(x),
 

où l’on a utilisé la linéarité de l’intégrale. En réutilisant la formule ci-dessous (cette fois


juste l’inégalité), on conclut en écrivant que ℜ(f (x)z0 ) ≤ |f (x)|.
En ce qui concerne la caractérisation des cas d’égalité, on va traiter le cas d’une
fonction à valeurs réelles ; le cas
 complexe
 sera fait en exercice. Soit f : X → R est une
fonction µ-intégrable telle que  f dµ = |f | dµ. Quitte à changer f en −f , on peut
  

supposer que f dµ ≥ 0, ce qui implique que






|f | − f ) dµ = 0.

Or la fonction |f | − f est positive, et donc elle doit être nulle µ-presque-partout.

Remarque 1.3 (Valeur +∞). En théorie de l’intégration, on autorise les fonction à


prendre la valeur +∞. Mais on peut toujours se ramener au cas où les fonctions ne
prennent que des valeurs finies. En effet, si f est une fonction mesurable de X dans
CHAPITRE 1. INÉGALITÉS 7

 +∞] alors soit f dµ = +∞, et alors il n’y a en général plus rien à dire, ou bien
[0,
f dµ < +∞, et dans ce cas,
µ({f = +∞}) = 0.

Ainsi, lorsque f dµ < +∞, alors pour toute fonction intégrable H positive ou intégrable
(et en particulier pour H = f ) on a
 
H dµ = H dµ.
X {f <+∞}

Cela découle de propriétés des ensembles de mesure nulle.


Remarque 1.4 (Ensembles de mesure nulle). Si A est une partie mesurable de mesure
nulle, i.e. µ(A) = 0, alors si f est une fonction positive ou intégrable, on a

f dµ = 0.
A

Cela est vrai même si f prend la valeur +∞. On pourrait dire que ça découle de la
convention 0 · +∞ = 0, ou mieux, de la convergence monotone ou dominée.

1.2 Inégalités à deux points sur R+


Si x, y ∈ R, on a |x − y|2 /2 ≥ 0, ce qui s’écrit aussi xy ≤ 21 x2 + 12 y 2 . On peut aussi
réecrire cela en disant que
√ 1 1
∀a, b ≥ 0, ab ≤ a + b
2 2
L’inégalité suivante, qui est à la base de la plupart des inégalités de ce chapitre, est une
version pour une combinaison plus générale. Elle exprime que le logarithme est concave.
Il peut être pratique d’autoriser la valeur +∞. Si besoin, on conviendra que 0·(+∞) =
0, ce qui est simplement une manière d’être cohérent avec le principe de convergence
monotone, puisque +∞ = limM →+∞ M , par exemple.
Proposition 1.5 (Inégalité arithmético-géométrique). Soit t ∈]0, 1[ et a, b ∈ [0, +∞] .
Alors
a1−t bt ≤ (1 − t)a + tb
avec, lorsque a et b sont finis, égalité si et seulement si b = a.
L’inégalité est aussi vraie, mais triviale, lorsque t = 0 ou t = 1.
Démonstration. Si a = 0 ou b = 0, l’inégalité est vraie, et il y a égalité si et seulement
si b = 0. Si a = +∞ ou b = ∞, l’inégalité est trivialement vraie. On peut donc supposer
0 < a, b < +∞. Introduisons la fonction C 1 sur ]0, +∞[ définie par

∀a > 0, f (a) = a1−t bt − (1 − t)a − tb.


CHAPITRE 1. INÉGALITÉS 8

 t 
−t t b
On a f (a) = (1−t)a b −(1−t) = (1−t)

−1 . Ainsi, f est (strictement) croissante
a
sur ]0, b] et (strictement) décroissante sur [b, +∞[, ce qui veut dire qu’elle atteint son
maximum en a = b. Or f (b) = 0 et donc f ≤ 0. La stricte monotonie assure que f ne
s’annule que en b.

Pour λ > 0, on peut multiplier a par λ1/(1−t) et b par 1/λ1/t et on obtient :


Lemme 1.6 (Inégalité arithmético-géométrique bis). Soit t ∈]0, 1[. Alors, pour a, b ∈
[0, +∞] et λ > 0 on a
1 b
a1−t bt ≤ (1 − t)λ 1−t a + t 1
λt
1
et, lorsque a et b sont finis, il y a égalité si et seulement si λ 1−t a = b1 .
λt
En particulier, si 0 < a, b < +∞, il y a égalité pour un certain λ > 0, ce qui peut se
résumer par :

1 b 1 b
inf (1 − t)λ 1−t a + t 1 = min (1 − t)λ 1−t a + t 1 = a1−t bt .
λ>0 λt λ>0 λt
 b t(1−t)
Démonstration. Il suffit donc de prendre λ := .
a

1
On préfère parfois introduire p = 1−t ∈]1, +∞[ et q = 1t ∈]1, +∞[, qui vérifient
1
p
+ 1q = 1 –on dit que ces nombres sont conjugués 1 –, et remplacer a par ap et b par bq ,
de sorte qu’on trouve :
1 1
Lemme 1.7 (Inégalité arithmético-géométrique bis bis). Soit p, q > 1 avec p
+ q
= 1.
Alors, pour a, b ∈ [0, +∞] et λ > 0 on a

ab ≤ λp ap /p + λ−q bq /q

et, lorsque a et b sont finis, il y a égalité si et seulement si λp ap = λ−q bq .


En particulier, si 0 < a, b < +∞, il y a égalité pour un certain λ > 0, ce qui peut se
résumer par :

inf λp ap /p + tλ−q bq /q = min λp ap /p + tλ−q bq /q = ab.


 
λ>0 λ>0

Sous cette dernière forme, l’inégalité arithmético-géométrique s’appelle aussi inéga-


lité d’Young. L’inégalité la plus simple et la plus classique (liée à Cauchy-Schwartz)
correspond à t = 1/2, c’est-à-dire p = q = 2.
1. par exemple p = q = 2 ou p = 1 et q = +∞ (ici non considéré)
CHAPITRE 1. INÉGALITÉS 9

1.3 Inégalités de Hölder


Dans cette section, (X, A, µ) est un espace mesuré quelconque.
Proposition 1.8 (Inégalité de Hölder). Soit f, g : X → [0, +∞] deux fonctions mesu-
rables positives et t ∈]0, 1[. Alors on a
  1−t   t
1−t t
f g dµ ≤ f dµ g dµ ,

avec égalité si f = g.
Remarque 1.9. Vous noterez que l’inégalité est bien homogène en f et g.
Remarque 1.10. Pour une fonction positive f et r > 0 on a

f r dµ > 0 ⇐⇒ µ({f = 0}) = µ({x ∈ X ; f (x) = 0}) = 0,

ce qui veut dire qu’il existe A ∈ A, avec µ(A) = 0 tel que f > 0 sur A. On écrit aussi
"f ≡ 0 µ-pp" qu’il faut comprendre comme "f n’est pas égale à une fonction nulle µ-pp".
Démonstration. D’abord, on remarque que l’inégalité devient une égalité lorsque f = g.
Si f dµ = +∞, il n’y a rien à montrer. De même, si f dµ =  0 alors
 f = 0 µ-pp et
 
l’inégalité est triviale. Idem avec g. On supposera donc que 0 < f dµ, g dµ < +∞.
On va utiliser deux fois le Lemme 1.6. Tout d’abord, pour tout λ et tout x ∈ X on a
1 1
f (x)1−t g(x)t ≤ (1 − t)λ 1−t f (x) + tλ− t g(x)
et donc en intégrant on trouve que pour tout λ > 0,
  
1 1
1−t t −
f g dµ ≤ (1 − t)λ 1−t f dµ + tλ t g dµ.
 1−t   t
En prenant l’infimum sur les λ, ou trouve donc bien f 1−t g t dµ ≤ g dµ .

f dµ

 
Remarque 1.11. La preuve ci-dessous permet aussi d’établir que lorsque 0 < f dµ, g dµ <
+∞, il y a égalité si et seulement si il existe λ > 0 tel que g = λf µ-pp.
Il y a beaucoup de formulations équivalentes de l’inégalité de Hölder. Si vous préférez
les p, q, en voici une pour vous. On rappelle que p/q = p − 1.
1 1
Proposition 1.12 (Inégalité de Hölder). Soit p, q ∈]1, +∞[ tels que + = 1 et
p q
f, g : X → [0, +∞] deux fonctions mesurables positives sur X. Alors,
  1/p   1/q
p
f g dµ ≤ f dµ g q dµ .

avec égalité lorsque g = f p−1 µ-pp (c’est-à-dire g q = f p µ-pp).


CHAPITRE 1. INÉGALITÉS 10

Démonstration. On applique la proposition précédente en remplaçant (1 − t) par p1 , et


donc t par 1q , et en l’appliquant à f p à la place de f et g q à la place de g.

Remarque 1.13. On montre que lorsque 0 < f p dµ, g q dµ < +∞ il y a égalité si et


 

seulement si il existe λ > 0 tel que g q = λf p µ-pp (i.e. g = λ̃ f p−1 pour un λ̃ ≥ 0).
Le cas le plus rencontré est le cas p = q = 2, et l’inégalité s’appelle alors inégalité de
Cauchy-Schwartz.
Remarque 1.14. Le cas du couple p = 1 et q = ∞ est trivial et s’énonce comme suit :
si f, g sont deux fonctions mesurables positives sur X, alors
 

f g dµ ≤ sup g f dµ.

De plus, il y a égalité si g est constante (au sens égale à une constante µ-pp). On peut
remplacer le supremum par le supremum essentiel (voir plus loin).
Remarque 1.15. Une conséquence de l’inégalité de Hölder est que si on se donne p, q ∈
1 1
]1, +∞[ avec + = 1 et f : X → [0, +∞] une fonction mesurable positive avec
 p p q
f dµ < +∞, alors

  1/p f g dµ 
p
f dµ = sup   1/q = sup

f g dµ.
g≥0
g q dµ g≥0, g q dµ≤1

gq dµ < +∞).



où les sup sont pris sur les fonction mesurables positives telles que 0 <
f g dµ
De plus ce sup est atteint. En effet, l’inégalité de Hölder montre que   1/q ≤
q
g dµ
 1/p
f p dµ , et donc idem pour le sup sur g. On voit par ailleurs qu’il y a égalité si
g = f p−1 par exemple (si f est non nulle ; si f est nulle µ-pp, on prend n’importe que
g), ce qui donne à la fois l’égalité voulue, et le fait que le sup est atteint. La deuxième
inégalité découle par homogénéité.
On retrouvera une formule similaire lors de l’étude de la dualité Lp − Lq .
Les inégalités discrètes, pour des sommes (finies ou infinie) de réels positifs sont un
cas particulier qui correspond au cas (X, A) = (N, P(N)) ou (Z, P(Z)) et µ(A) = |A|, le
cardinal de A. On obtient donc : si (an )n et (bn )n sont des suites de réels positifs (indexés
pas N ou Z), et p, q ∈]1, +∞[ avec p1 + 1q = 1, alors
 1/p  1/q
an bn ≤ apn aqn
n n n
CHAPITRE 1. INÉGALITÉS 11

1.4 Inégalité de Minkowski


Comme précédemment, (X, A, µ) est un espace mesuré quelconque.
Proposition 1.16. Soit p ∈]1, +∞[. Si f, g : X → [0, +∞] sont deux fonctions mesu-
rables positives sur X, alors
 1/p   1/p   1/p
p p p
(f + g) dµ ≤ f dµ + g dµ

avec égalité si g = λf µ-pp, pour un certain λ ∈ R+ .


Démonstration. Soit q > 1 tel que p1 + 1q = 1. On rappelle que q(p − 1) = p. Si f et g
sont nulles µ-pp, il n’y a rien à montrer ; on supposera donc que ce n’est pas le cas. Idem
si l’une des intégrales de droite vaut +∞. On suppose donc les intégrales du terme de
droite sont finies et que l’intégrale du terme de gauche est non-nulle.
On a
∀a, b ∈ [0, +∞], (a + b)p ≤ 2p−1 (ap + bp ). (1.1)
On montrera cette inégalité plus loin. Cela permet de voir, en l’appliquant à a = f (x) et
b = g(x) et en intégrant sur X par rapport à dµ(x) que si les intégrales de droites sont
finies, l’intégrale de gauche aussi.
Alors, par le cas d’égalité (trivial) dans l’inégalité de Hölder, on sait qu’il existe H ≥ 0
tel que
 1/p  
p
(f + g) dµ = (f + g)H dµ et H q dµ = 1.

1 p−1
De façon explicite H =   1/q (f + g) sur X. On a donc,
(f + g)p dµ
 1/p    1/p  1/p
p p
(f + g) dµ = f H dµ + gH dµ ≤ 1 × f dµ +1× g p dµ ,

où l’on a utilisé deux fois l’inégalité de Hölder. Cela montre l’inégalité voulue.

Remarque 1.17. En utilisant la caractérisation des cas d’égalité dans l’inégalité de


Hölder, on voit que lorsque 0 < f p dµ, g p dµ < +∞, alors il y a égalité si et seulement

si il existe λ > 0 tel que g = λf µ-pp.
Comme précédemment, il est intéressant de mentionner le cas discret. Étant donné
des suites de réels positifs (an ) et (bn ) indexées par N ou Z, et p ∈]1, +∞[, on a
 1/p  1/p  1/p
(an + bn )p ≤ apn + bpn .
n n n

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