Le recours ô lo résislonce ormée est prévu por lo théologie cotholique, mois d'une foçon
ossez restrictive. Uinsurrection des Crisleros répond-elle ô ces critères de légirimité?
Cristero sur le poinl d'être ossossiné.
tout acte ou manifeste, de qu€lque ?ersonne
qu'il émane, fut-elle ecclésiastique et hdut
placée, qui serait conttutire à la liberté de la
religion,, lit-on dans l'organe r;,llitant La
Vanguarrlia. Le 21 avril 1926, les évêques
mexicains, par une lettre pastorale collec-
tive, font « une très graue obligation de
conscience » à tous les fidèles de se mobili-
ser n ltlous uous demarul.ons de uous inscrire
dans des organisations qui enseignent au
peuPle, en théorie aussi bien qu'en pratique,
les droits et les deuoirs du citoyen, et qui
mobilisent la nation pour la d.efense de la
liberté religieuse. , ô loquelle s'oppliqueroiènt por onologie les
C'est anx mois de juin et jujllet 1926
que les dispositions légales anticatholiques,
votées par une chambre fëdérale largement
maçonnrque et acqulse au gouvelnement,
atteignent leur sommet: expulsion des
congrégations, inventaire des biens de
l'Église aux fins de nationalisations, arres-
tation et emprisonnement des religieu-
ses... Après quinze ans de persécutions
quotidiennes depuis la Révolution de
191 1, voici que vient le point décisif : l'en-
registrement des prêtres, équivalent de 1'as-
sermentation française de 1791. Tous les
ministres du culte public sont conviés
manu militari à passer sous le contrôle
direct du pouvoir civil. Le moindre curé de
campagne doit pointer au commissariat et
y signer des engagements de non-prosély-
tisme religieux.
Début de l'été 1926,le peuple mexicain
est au pied du mur. Sa résistance immé-
diate, unanime, exemplaire, est tout
entière à l'initiative des organisations de
n connoît bien les vers de Péguy:
<<Heureux ceux qui sont morîs pour lo
lerre charnelle, / Mais pourva que ce fût
dons une iuste guerre. >> Dons quelle mesure
le recours oux ormes est-il pour les chrétiens
possible et même nécessoire? Quelle vio-
lence est justifiée, voire iuste?
Le Cotéchisme de l'Eglise Cotholique
(nn. 2302-2330) lustement roppelle en lo
réoctuolisont lo doctrine troditionnelle de lo
« guerre fuste » notomment êloborée depuis
soint Augustin : << On ne souroil dénier oux
gouvernements, une fois épuisées toutes les
possibilités de règlements pocifiques, le drort
de légitîme défense ». Mois qu'en est-il pour
lo sociéié civile, dons le cos de lo résistonce
à l'occupont por exemple, mois oussi, cos ô
combien délicot, dons ie cos où l'Étot lui-
même, ÿronnique ou totolitoire, s'en prend
ô ses propres sujets ou citoyens? Le CEC
roppelle oussi Ie droit et même le devoir de
rêsistonce civile ô lo ÿronnie et précise les
conditions du recours oux ormes |n.2242-
22431 que les Cristeros remplissoient o pos-
teriori pleinement. On se souviendrq oussi ô
ce suiet de lo ihéorie du ÿronnicide chez
soint Thomos d'Aquin por exemple, et c'est
cette lêgitimotion sons doute qui ossuro dons
son octe le héros cristero José de Leon Torol
lorsqu'il vido son pistolet sur le générol-pré-
sident Obregon, « Coudillo de lo
Revolucion >> et dictofeur du Mexique. Y o-t-
il donc une « légitime défense sociole »
conire lo ÿronnie, une << guerre cîvîle iusfe »
mêmes critères de discernement et de légiti-
mité que porir les guerres entre Etots et
notions? Y o-t-il un droit à lo rébellion, à lo
résistonce ormêe? Peut-on être soint et gué-
rillero? [Église o répondu por l'offirmotive
en cononisont et beotifiont des comboïtonts
pormi les morÿrs de lo Cristiodo.
Ce que dit Ie Co hisme
our écloirer cette question, il fout relire
ce que dit le CEC (nn. 1897'19Q41 du
devoir d'obéissonce ô l'outorité légitime: s'il
roppelle ovec soint Pqul lo force de ce
devoir (« Oue ioul homme soît soÛmis oux
oulorités qui exercent le pouvoir, cor il n'y o
d'outorité que por Die;u et celles quî exislent
sonr éfiblies por Lui. Ainsi, celui qui s'op-
pose à l'outorité se rebelle conlre l'ordre
voulu por Dieu, et les rebelles otlireront la
condomnqtion sur eux'mêmes >> Rm I3, I -
2), il en trqÇe qvec soint Thomos d'Aquin les
ustes limites: « La législotion humoine ne
f
revêt le coroctère de loi qu'outonf qu'elle se
conforme à lo iuste roison; d'où il opporoîl
qu'elle tient sa vigueur de lo loi éfernelle.
LE NNr I N'179 I FÉVRIER 2OO7
Dons lo mesure où elle s'écorteroit de lo roi-
son, il foudroit lo déclarer in'1usle, car elle ne
vérifieroit pos lo notion de loi ; elle serait
plulôl une forme de violence » lSomme théo'
logique | -2, 93, 3, sd. 2). Selon le
Cotéchisme, lloutorilê ne s'exerce légitime-
ment que si elle recherche le bien commun
du groupe considéré ei si, pour l'otteindre,
elle emploie des moyens morolement licites.
S'il orrive oux dirigeonts d'édicter des lois
iniustes ou de prendre des mesures controi-
res ô l.'ordre morol, ces dispositions ne sou'
roient obliger les consciences. « En poreil
cos, l'aulorilé cesse d'êIre elle-même et
dégénère en oppression » lPocem in lerris,
n. 5l). Jeon-Poul ll o lui-même fermement
condomné un certoin pocifisme: << Si poro-
doxol que celo paroisse, celui qui veut pro-
fondément lo poix rejelte tout pocifisme qui
seraîl de lo lacheté ou lo simple préservotion
de lo tronquillité. Ceux en effet qui sonf len'
tés d'irnposer leur dominolion renconfreront
touiours lo résistonce d'hommes et de fem-
mes intelligents et courogeux, prêts à défen-
dre lo liberté pour promouvoir Io iustice. »
Du droit ou d ir
e CEC (nn. 2263-22671énonce por oil-
leurs lo dockine de lo << défense légitime
des personnes ef des sociétés » comme droit
mois oussi comme devoir: « En plus d'un
drort, lo légitime défense peut être non seu-
lement un droit, mois un devoir grove pour
qui esr responsable de lo vie d'outrui. Lo
défense du bien commun exige que l'on
melle l'ogresseur hors d'état de nuire. »» Le
Compendium de lo Doctrine Sociole de
/'Église roppelle lo même doctrine sur l'outo-
rilé ei sur lo guerre. Le recours ô lo violence
opporoît donc, dons certoins cos porticuliers
et une fois épuisés tous les outres moyens
pocifiques, pouvoir être dons de iustes et
étroiies limites, un droit et même un devoir.
En s'en ienont oux foisceoux de critères éto-
blis por le Cotéchisme et lo Doctrine sociole
de l'Église écloirés por toute lo Trodition, on
peut donc penser que l'insurrection cristero
fut iuste et lqlitime, voire nécessoire: si
l'Eglise distingue soigneusement depuis tou-
iours lo mort ou combqt du morÿre, clest ce
droit ô lo résistonce ormée qui peut même
être un devoir grove qu'elle o reconnu en
élevont ô lo gloire des outels pormi les
Cristeros morts morÿrs des guérilleros.
Heureux donc, ceux qui sont morts chonlonf
les éloges de Dieu et tenonl en moin I'épée
à deux tronchonls, commè dit le Psoume
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F.v.G.l