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1924,le général Calles devenait président La réponse mexicaine ne se fit pas atten- confisquées sous la Révolution); et la

du Mexique. Il allait dominer la vie poli- dre. Prenant prétexte d'une interview de franc-maçonnerie, très influente, présente
tique pendant dix ans. Comme le recon- l'archevêque de Mexico, Mgr Mora y del à tous les échelons de l'administrâtion, et
naît la même source diplomatique fran- Rio - interview dont I'intéressé contesta qui agissait aussi par l'intermédiaire de
en partie l'authenti- diverses associations (telle la Fédération
cité -, le gouYerne- Arrticléricale Mexicaine, fondée en 1923).
ment fit appliquer à Iiinsurrection des Cristeros a été com-
la lettre les disposi- parée au soulèvement des Vendéens face à
tions de la Consti- la Révolution française. La Christiade prit
tution relatives à naissance dans les États du centre-ouest et
I'Église: les écoles progressâ jusqu à toucher environ la moi-
catholiques furent tié des États du Mexique. C'était à 95 o/o
çaise, « Calles est un aduersaire hairueux et fermées, les prêtres étrangers furent expul- une armée de paysans, pauvres, souvent
acharné de l'Église romaine [...J il est décidé sés, le nombre des prêtres dans chaque en pénurie d'armes et de munitions. Il fal-
à extirper du Mexique la foi catholique ,. État du Mexique fut limité d'une manière lut plus d'un an pour la discipliner, l'orga-
Ce n était pas une fanfaronnade d'anticlé- draconienne. Puis, le 2 jullet 1926, était niser, maintenir les troupes paysannes au
rical. Hugues Kéraly expliqte: o Calles publié un décret qui rendait passible des combat. Il y aura jusqu à 50 000 combat-
inuente dincroyables mesures pour limiter le tribunaux toute infraction relative aux lois tants cristeros, avec leurs figures mythi-
nombre des prêtres, jusqu'à celles qui les lais- constitutionnelles sur l'Église et qui ren- ques, tels les deux prêtres qui devinrent
seront tous dans I'ilhgalité. Les gouuerneurs dait obligatoire l'inscription des prêtres généraux dans l'armée cristera: le Père
d'État se sur?assent, ils feront mieux que auprès du Ministère de l'Intérieur. C'était Vega, surnommé le o Pancho Villa en sou-
lui , (2). Dans l'état de Tabasco, une loi le gouvernement qui procéderait aux tane », qri était à la tête de deux régiments
édictée le 28 fevrier 1925 o interdit I'exer- nominations dans les paroisses et les États et le Père Pedroza, généraldela o Brigada
cice du ministère » atJx prêtres qui ne rem- selon les limites fixées par la loi. de los Abos r, soit sept régiments. Il y eut
pliront pas six conditions indispensables, Ce qu'on a appelé la u Loi Calles , aussi des o Brigades feminines » qui assis-
dont celle d'o auoir plus dz quarante ans , devait s'appliquer à partir du 31 juillet. taient les combattants, pour f intendance,
et d'« être marié »l Dans le même temps, En riposte, les évêques du Mexique déci- le ravitaillement, les finances, l'assistance
le gouvernement favorisait la constitution dèrent unanimement, avec l'accord de Pie médicale mais qui aussi, parfois, faisaient
d'une n Église nationale ,,1'Iglesia Catolica XI, qu à partir de cette même date, le le coup de feu et maniaient les explosifs.
Apostolica Mexicana, qui, sous le prétexte culte catholique serait suspendu dans tou- Les troupes gouvernementales combat-
de « mexicanise» le catholicisme, s'atta- tes les églises du Mexique tant que la loi tront les Cristeros avec un acharnement
chait à séparer les fidèles et le clergé du ne serait pas abrogée. sans pitié. Jean Meyer a écrit: o la dureté
Saint-Siège. de la repression, l'exy'cution des prisonniers,
À la ûn de I'année 1925, des évêques Le soul ment le massacredes populations ciuiles systémati-
mexicains en visite au Vatican, informè- quement Pratiqué, le regroupement des
rent le pape de la gravité de la situation, Ce 31 juillet aussi, à Oaxaca, a lieu un populations, la terre bri)lée, le pillage, le
expliquant qu'il ne fallait pas entretenir premier soulèvement armé. Ce qu'on va uiol, laissaient dans le sillage des fedéraux,
d'espoir d'accommodement âvec le nou- appeler la Reuolucion Cristera, ou en germq autant de noureaux soulèue-
veau pouvoir. Pie XI fut sensible à cet n Christiade ,
en français, va se répandre ments. »

exposé. Lors de la traditionnelle allocu- dans plusieurc Ét"t. mexicains. En août On estime que sur toute la période des
tion de fin d'année, en
consistoriale 1926, on compte six soulèvements de combats (qui dureront de manière spora-
décembre 1925, tl dressa un sombre grande ampleur et plusieurs émeutes de dique jusquen l94l), il y aura environ
tableau de la situation faite à l'Église par le moindre envergure. En septembre, treize 30000 Cristeros tués au combat ou fusil-
gouvernement mexicain. Le pessimisme nouveaux foyers insurrectionnels; une lés. Des non-combattants seront exécutés
de Pie XI se trouva confirmé par l'adop- vingtaine d'autres en octobre. Les insurgés aussi, coupables seulement d'avoir fait
tion d'une nouvelle loi hostile à l'Église se soulèvent au nom dr « Christ-Roi » profession de foi catholique: 90 prêtres
prise par le gouvernement mexicain le 7 (d'où leur surnom de Cristeros) et au nom seront fusillés ou brûlés ainsi qu'un nom-
jawier 1926. de la Vierge de Guadalupe. bre, difficile à déterminer, de laïcs.
Le pape répliqua, dès Ie 2 Ièvrier, par C'est à partir de 1927 qte le soulève-
une leffre apostolique à l'épiscopat mexi- ment vâ prendre une ampleur nationale.
cain. Il déplorait toutes les lois déjà prises, Les Cristeros peuvent s'appuyer sur des
décrets « iniques » disait-il. I1 dénonçait la associations catholiques nombreuses et
o secte schismatique » dite Eglise nationale. solides, qui existaient avant le soulève-
Et il encourageait, évêques et prêtres, « â ment, notâErment lâ Ligue Nationale de
continuer de lutter courageusement pour la Défense Religieuse, l'Union Populaire et
défense de la religion catholique ,,. Dans l'Action Catholique de la Jeunesse
cette lettre, Pie XI demandait aussi aux Mexicaine. Le gouvernemenr mexicain,
catholiques de ne pas se constituer en lui, avait trois appuis principaux: l'armée
parti politique et de s'en tenir, pour leur fédérale; les o agrariens , (quelques mil-
résistance, à une o action religieuse, morale, liers de petits propriétaires terriens à qui le
intellectuelle, économique et sociale ». gouvernement avait distribué des terres

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