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Gros foie douloureux


L. Gan, T. Chiniard, A. Gervaise, P. Carassou, M. Lapierre, P. Rey

Résumé : Aborder une hépatomégalie douloureuse est une situation clinique fréquente qui ouvre un
champ étiopathogénique particulièrement vaste. Une démarche clinique rigoureuse est requise, certaines
étiologies pouvant également engager rapidement le pronostic vital. La physiopathologie traduit une
hypertrophie soit des constituants primitifs du foie, soit de constituants exogènes au foie, infectieux,
tumoraux ou d’autre nature. L’examen clinique joue un rôle prépondérant en recadrant le contexte cli-
nique et l’anamnèse de la douleur, en déterminant les caractéristiques de l’hépatomégalie et en précisant
les signes d’accompagnement. Des examens biologiques simples et une échographie abdominale avec
étude vasculaire en Doppler permettent d’aborder six grands cadres diagnostiques aux implications théra-
peutiques spécifiques : pathologie lithiasique, foie vasculaire, foie infectieux, cirrhose et ses complications,
lésions focales hépatiques et infiltrations hépatiques diffuses. La clinique et l’imagerie guident le diagnos-
tic et la thérapeutique des lithiases biliaires. Le foie cardiaque, le syndrome de Budd-Chiari et le syndrome
d’obstruction sinusoïdale déterminent le tableau congestif du foie vasculaire. Le foie infectieux nécessite
une prise en charge rapide guidée par le contexte épidémiologique pour le choix des anti-infectieux.
L’hépatite alcoolique aiguë et le carcinome hépatocellulaire sont les deux principales étiologies d’une
hépatomégalie cirrhotique douloureuse. Les hépatomégalies par infiltration diffuse et les lésions focales
hépatiques symptomatiques signent souvent une complication ou un stade avancé de la maladie causale ;
les causes néoplasiques sont les plus redoutées.
© 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : Hépatomégalie ; Hépatalgie ; Foie vasculaire ; Abcès du foie ; Tumeur du foie ; Infiltration du foie ;
Échographie-Doppler du foie

Plan rang desquels figure l’échographie abdominale avec une analyse


des vaisseaux hépatiques en Doppler. Le champ étiopathogénique
■ Introduction 1 est extrêmement vaste et peut nécessiter une prise en charge théra-
Hépatomégalie 1 peutique rapide pour des situations pouvant engager le pronostic
Hépatomégalie douloureuse 2 vital à court terme.
Les nombreux composants du foie et les multiples agressions
■ Démarche diagnostique 2 internes ou externes possibles rendent compte d’une multiplicité
Interrogatoire et examen clinique 2 des diagnostics à envisager et qui témoignent :
Bilan biologique minimal 3 • d’une hypertrophie d’un élément naturellement constitu-
Échographie abdominale avec Doppler 3 tif, réactionnel ou tumoral, intéressant les hépatocytes, les
■ Cadres anatomocliniques 3 structures biliaires et vasculaires, et/ou les composantes
Pathologie lithiasique 3 conjonctives ;
Foie vasculaire 4 • d’un apport ou d’un dépôt exogène : minéral (fer et cuivre),
Foie infectieux 6 amyloïde, microbien (embole septique infectieux), cellulaire
Hépatomégalie cirrhotique 9 par envahissement tumoral hépatique d’une hémopathie ou
Lésions focales 10 d’une tumeur solide.
Infiltration hépatique diffuse 15
■ Conclusion 18
Hépatomégalie
Définition clinique
Une hypertrophie hépatique est habituellement aisément
 Introduction accessible aux données d’un examen clinique attentif [1] . Celui-ci
doit veiller, lors de l’inspection, à identifier une éventuelle vous-
Une hépatomégalie douloureuse est une situation clinique fré- sure de l’hypocondre et/ou de l’épigastre à l’inspection, et lors de
quente à laquelle tout praticien est régulièrement confronté. Son la palpation et de la percussion, la détermination de ses dimen-
diagnostic doit être rapidement établi, basé sur le contexte cli- sions et bords. La palpation est effectuée sur un sujet en décubitus
nique et l’appui d’examens complémentaires simples, au premier dorsal placé sur un plan dur, abdomen relâché et genoux fléchis.

EMC - Hépatologie 1
Volume 35 > n◦ 2 > avril 2020
http://dx.doi.org/10.1016/S1155-1976(19)71512-5

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L’examinateur se tient à droite du patient, sa main droite pla- plus fréquente, en rapport avec la distension et l’augmentation
cée dans le flanc droit, parallèle à l’auvent costal et immobile, de pression dans les voies biliaires. L’exemple type est la douleur
puis remontant vers l’hypocondre droit pendant que le patient de la cholécystite aiguë latéralisée à droite mais ressentie pour
inspire profondément. Si le foie est palpable, son bord inférieur plus de 50 % des patients à l’épigastre. L’orientation sémiologique
vient buter sur le bord radial de l’index. La percussion de la base est alors renforcée par l’exacerbation de la douleur à l’inspiration
de l’hémithorax droit délimite le bord supérieur. Les dimensions et la notion d’épisodes antérieurs douloureux notamment dans
du foie varient avec l’âge, la taille du foie étant estimée à 5 cm la période post-prandiale, avec classiquement une irradiation en
à 5 ans et 15 cm à 15 ans, soit sa taille adulte, mais aussi en « bretelle » à l’épaule droite.
fonction du sexe et de la surface corporelle [2] . L’hépatomégalie
est habituellement définie par une hauteur sur la ligne médiocla-
viculaire de plus de 12 cm, pour un débord costal dépassant de
2 à 3 cm et un débord xiphoïdien supérieur à 3 cm. Tout foie
 Démarche diagnostique
palpable n’est cependant pas synonyme d’une augmentation de
La démarche proposée se veut simple et hiérarchisée. Elle vise à
volume. Les classiques faux positifs sont les foies « verticaux »
s’orienter rapidement vers un grand cadre anatomoclinique. Elle
des sujets longilignes, les foies abaissés par la coupole droite des
s’appuie en première intention sur un interrogatoire et un examen
emphysémateux et le lobe surnuméraire droit de Riedel (allon-
clinique complet, quelques examens biologiques de débrouillage
gement inhabituel des segments hépatiques V et VI retrouvé de
et une échographie abdominale avec analyse vasculaire en Dop-
façon prédominante chez la femme) [3] . Un syndrome de masse
pler (Fig. 1).
de l’hypocondre droit peut également reconnaître une origine
extrahépatique telle qu’une tumeur de voisinage (côlon, rein),
immobile à la respiration, ou une grosse vésicule biliaire tumo- Interrogatoire et examen clinique
rale ou secondaire à un obstacle biliaire. À l’inverse, le foie peut
ne pas être perçu en cas d’obésité, de consistance hépatique La recherche de signes de gravité est la première étape fonda-
molle, d’une musculature développée ou de la présence d’une mentale. Ces signes, qu’ils soient hémodynamiques (tachycardie,
ascite. L’hépatomégalie peut être également asymétrique, locali- hypotension artérielle, hypoperfusion périphérique telle que mar-
sée (foie gauche) ou sous-diaphragmatique, déformant la coupole brures, allongement du temps de recoloration cutané, oligurie ou
en « brioche » à la radiographie du thorax. anurie), respiratoires (polypnée, cyanose, signes de lutte) et/ou
La consistance, le caractère régulier ou nodulaire de sa surface, neurologiques (confusion, coma) imposent une prise en charge
un bord inférieur « tranchant » ou « mousse » sont relevés. En pra- en urgence. L’état général du patient est aisément appréciable
tique, le foie est d’autant mieux palpé que sa consistance est ferme, et peut orienter le diagnostic étiologique, tels qu’une patholo-
voire dure. Si l’examen clinique permet en pratique de suspecter gie néoplasique sous-jacente ou un abcès hépatique en cas de
une hépatomégalie et parfois d’envisager un diagnostic étiolo- franche altération. L’analyse de la sémiologie douloureuse de
gique en fonction des signes associés, il reste cependant peu fiable l’hypocondre droit nécessite des précisions cliniques classiques
comme en attestent des études historiques rendant nécessaire une (type, intensité, mode de début, irradiation, signes associés) et
confrontation radiologique [4, 5] . doit réunir des éléments en faveur :
• d’un contexte infectieux qu’il faut traquer : fièvre, frissons,
Définition radiologique notion de contage avec des personnes ictériques, transfusion
sanguine, usage de drogues par voie intraveineuse, rapports
En échographie, le volume hépatique est estimé par les mesures sexuels à risque, terrain débilité, voyage récent ou ancien en
du foie effectuées sur des coupes longitudinales strictes, mais avec zone tropicale, inoculation, prodromes « hépatitiques » (asthé-
d’importantes variations individuelles selon le morphotype du nie et anorexie prononcées, aversion pour le tabac, céphalées,
sujet. Les valeurs de 10 à 11 cm de hauteur sur la ligne médiane et courbatures, arthralgies et myalgies, prurit, éruption cuta-
de 12,5 cm sur la ligne médioclaviculaire sont considérées comme née). L’examen clinique complet cherche ensuite un point
les limites supérieures de la normale [6, 7] . L’appréciation globale d’appel pulmonaire (foyer, pleurésie droite), digestif (consta-
doit être complétée par l’étude du volume relatif des différentes tation d’urines foncées et de selles décolorées concomitante à
parties du foie (foie droit, segment IV, lobe gauche, segment I l’émergence d’un ictère) ou urinaire ;
encore nommé lobe caudé ou lobe de Spiegel) à la recherche d’une • d’une pathologie des voies biliaires : antécédent de cho-
dysmorphie hétérogène. L’hypertrophie du lobe caudé est un bon lécystectomie ou de chirurgie hépatobiliaire, notion d’une
signe indirect d’une cirrhose et/ou d’un syndrome de Budd-Chiari lithiase vésiculaire et de coliques hépatiques antérieures, prise
(SBC). L’aspect des contours (la partie inférieure du lobe gauche médicamenteuse pouvant favoriser une hypertonie du sphinc-
est concave) et du rapport aux organes de voisinage (le lobe droit ter d’Oddi (codéine, morphiniques), présence d’un prurit.
ne dépasse pas les deux tiers supérieurs du rein droit) complète L’examen clinique s’attache à rechercher un ictère avec ou sans
l’estimation du volume hépatique. En tomodensitométrie (TDM), lésions de grattage associées, une douleur à la palpation vésicu-
le volume hépatique est corrélé à la taille du foie déterminée laire (signe de Murphy) ou une grosse vésicule palpable (loi de
par l’examen clinique, mais pas à l’interprétation radiologique Courvoisier-Terrier) ;
qui peut être prise en défaut. Des nomogrammes ont été propo- • d’un foie « vasculaire » : antécédent d’insuffisance cardiaque,
sés pour affiner le diagnostic d’hépatomégalie en fonction de la état prothrombotique congénital ou acquis, hépatalgies à
surface corporelle (H-score avec une sensibilité de 84 % et une l’effort. L’examen clinique apprécie une hépatomégalie à sur-
spécificité de 90 %) [8] . En imagerie par résonance magnétique face lisse, rénitente et à bord inférieur mousse, associée à
(IRM), la modalité du « décompte des points » semble être plus des signes d’insuffisance cardiaque gauche (dyspnée, crépitants
efficace que la planimétrie, du fait de ses simplicité et rapidité des bases, galop auscultatoire), droite (turgescence jugulaire,
d’exécution [9] . reflux hépatojugulaire, œdèmes des membres inférieurs, épan-
chement pleural et ascite dont l’association détermine une
Hépatomégalie douloureuse anasarque) ou globale ;
• d’un foie de cirrhose : contexte d’hépatopathie chronique
La douleur de l’hypocondre droit est un signe d’appel cli- (consommation d’alcool, infections par les virus des hépatites
nique fréquent en pratique médicale sans pour autant qu’elle B/delta [VHB/VHD] et C [VHC], stéatohépatite, hémochro-
puisse être systématiquement rattachée à une origine hépatique matose, maladie de Wilson, déficit en alpha-1-antitrypsine,
ou biliaire. La douleur hépatique primitive est assez rare, locali- cholangite biliaire primitive, cholangite sclérosante, hépatite
sée dans l’hypocondre droit. Souvent décrite comme une « gêne auto-immune), bord inférieur du foie dur et tranchant combiné
persistante », sa physiopathologie n’est pas claire, pouvant corres- à des signes d’hypertension portale (circulation veineuse col-
pondre à une distension capsulaire hépatique, une inflammation latérale de type portocave, ascite, splénomégalie, œdèmes des
au voisinage de la surface hépatique et/ou une nécrose paren- membres inférieurs), et signes d’insuffisance hépatocellulaire
chymateuse. La douleur de l’obstruction biliaire est en revanche (ictère, angiomes stellaires, érythrose palmaire, leuconychies,

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Hépatomégalie douloureuse
Orientation diagnostique

Foie infectieux Pathologie Foie Cirrhose Foie Infiltration hépatique


(hors lithiase biliaire) lithiasique vasculaire compliquée tumoral diffuse

Clinique

Foie de cirrhose Néoplasie Obésité, diabète


Insuffisance
Fièvre, frissons Colique hépatique Insuffisance connue/ Adénosplénomégalie
cardiaque
Voyage-Exposition Fièvre, frissons hépatocellulaire suspectée Fièvre et sueurs
État
Contage Ictère Hypertension État général altéré Médicaments toxiques
prothrombotique
portale Hormonothérapie Maladies systémiques

Biologie

Syndrome
Cholestase Cytolyse Profil d’hépatopathie Profil métabolique
inflammatoire TP abaissé
± cytolyse ASAT > ALAT chronique Anomalies
Syndrome Hépatite
Syndrome PAL et GGT Marqueurs hématologiques
hépatique alcoolique
inflammatoire peu élevées tumoraux Cholestase
Hyperéosinophilie

Échographie

Vésicule lithiasique Dilatation


Abcès Carcinome
Paroi vésiculaire des veines Lésions focales Stéatose
Anomalies kystiques hépatocellulaire
épaissie sus-hépatiques bénignes et Diagnostic
Dilatation des Thrombose
Dilatation des Thrombose malignes différentiel
voies biliaires vasculaire
voies biliaires vasculaire
Figure 1. Arbre décisionnel. Hépatomégalie douloureuse. Données clinicobiologiques et échographiques d’orientation. ASAT : aspartate-aminotransférase ;
ALAT : alanine-aminotransférase ; PAL : phosphatases alcalines ; GGT : gammaglutamyl-transpeptidase ; TP : taux de prothrombine.

hippocratisme digital, astérixis, foetor hepaticus, hypogona- • un mécanisme allergique (médicaments, échinococcoses
disme) ; compliquées) avec une hyperéosinophilie, une anémie ou une
• d’un foie tumoral : néoplasie connue ou suspectée (antécédent thrombopénie auto-immunes.
de cirrhose, altération de l’état général, syndrome tumoral ou
hémorragique, adénopathies périphériques et notamment pré-
sence d’un ganglion sus-claviculaire gauche dit « de Troisier ») ; Échographie abdominale avec Doppler
• d’une cause toxique : prise médicamenteuse en faveur
d’un syndrome d’hypersensibilité (fièvre, éruption, arthral- Elle présente, outre son accessibilité et son innocuité, le triple
gies, polyadénopathies), médicament dont l’hépatotoxicité est intérêt de confirmer le diagnostic d’hépatomégalie, d’apprécier sa
rapportée, y compris phytothérapies et homéopathies (cf. la morphologie par une analyse précise des différentes structures vas-
banque de données des lésions hépatiques d’origine médica- culaires et biliaires tout en délimitant la segmentation hépatique,
menteuse LiverTox accessible à https://livertox.nih.gov/). et d’en orienter le diagnostic :
• étude des canaux biliaires intra- et/ou extrahépatiques (dilata-
tion canalaire, épaississement pariétal, aérobilie, siège et nature
d’un obstacle le cas échéant), étude de la vésicule biliaire (taille,
Bilan biologique minimal paroi, sludge et lithiase, Murphy échographique) ;
• étude du parenchyme hépatique : échogénicité, homogénéité,
Le bilan biologique minimal comporte : numération-formule anomalie focale (abcès, kyste, lésion tissulaire), dysmorphie
sanguine et plaquettes, protéine C réactive (CRP), fibrino- hépatique cirrhotique (hypertrophie du segment I, atrophie du
gène, tests hépatiques incluant alanine-aminotransférase (ALAT), foie droit et hypertrophie du foie gauche) ;
aspartate-aminotransférase (ASAT), phosphatases alcalines (PAL), • étude de la vascularisation hépatique : perméabilité et ana-
gammaglutamyl-transpeptidase (GGT), bilirubine et taux de pro- lyse des flux des différents axes vasculaires (tronc porte et ses
thrombine. Ces analyses simples et facilement accessibles en branches, artère hépatique et veines sus-hépatiques), recherche
routine ne peuvent être interprétées que dans un contexte cli- de signes d’hypertension portale (ascite, splénomégalie, anasto-
nique précis, et peuvent montrer : moses portocaves et réseaux veineux de dérivation, dilatation
• un syndrome inflammatoire et/ou infectieux : polynucléose de la veine porte au niveau du pédicule à plus de 13 mm, atté-
neutrophile, CRP et fibrinogène augmentés ; nuation de la modulation respiratoire, reperméabilisation de la
• des perturbations du bilan hépatique en faveur d’un : veine para-ombilicale) orientant vers un foie de cirrhose, un
◦ syndrome hépatitique aigu : cytolyse aiguë prédominante sur foie vasculaire ou un foie de surcharge.
les ALAT et le plus souvent supérieure à dix fois la limite
supérieure de la normale (LSN),
◦ syndrome cholestatique avec ou sans ictère,
◦ profil d’hépatite alcoolique aiguë (HAA) : cytolyse modérée
 Cadres anatomocliniques
prédominant sur les ASAT, élévation prédominante des GGT
avec une augmentation moins prononcée des PAL et polynu-
Pathologie lithiasique
cléose neutrophile, Si la prévalence des lithiases biliaires atteint 10 à 15 % de la
◦ profil cirrhotique : cytolyse (ASAT > ALAT prédominant) population générale dans les pays développés [10] , seuls 20 % des
et/ou cholestase quel que soit leur taux, associée ou non à lithiases deviennent symptomatiques [11] . Deux types de lithiase
une baisse du taux de prothrombine/facteur V ; biliaire sont identifiés. Les lithiases cholestéroliques résultent

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l’écologie bactérienne locale, et être maintenue pour une durée de


4 à 7 jours si l’obstacle biliaire est contrôlé. La durée est prolongée
jusqu’à deux semaines en cas de bactériémie à Enterococcus spp.
ou Streptococcus spp. [17] . En cas de lithiases dites « génétiques »,
notamment au cours du low-phospholipid associated cholelithia-
1 sis syndrome (LPAC syndrome) lié à la mutation du gène ABCB4
2 codant la protéine MDR3 (transporteur des phospholipides), un
3 traitement par acide ursodésoxycholique est indiqué à la poso-
logie de 7 à 10 mg/kg par jour, pouvant être majorée jusqu’à
20 mg/kg par jour, et permet de surseoir à une prise en charge
chirurgicale [18] . Ce traitement est débuté sans attendre la confir-
mation diagnostique et permet une amélioration rapide clinique
et biologique, alors que l’évolution radiologique est plus tardive.
Figure 2. Échographie hépatique. Lithiase cholédocienne enclavée.
Importante dilatation du canal cholédoque (1) dont le diamètre dépasse
celui du tronc porte (2). 3. Veine cave inférieure.
Foie vasculaire
Les atteintes vasculaires hépatiques se subdivisent en trois caté-
gories : les blocs suprahépatiques (veines sus-hépatiques et veine
Figure 3. Cholangio-imagerie cave inférieure), intrahépatiques (espace porte, veines centrolobu-
par résonance magnétique T2. laires et sinusoïdes) et infrahépatiques (veine porte). La thrombose
Lithiase de la voie biliaire principale porte, souvent douloureuse dans sa forme aiguë, ne s’accompagne
(astérisques). habituellement pas d’une hépatomégalie, la suppression brutale
de 70 % des apports sanguins (les autres 30 % étant dédiés aux
apports de l’artère hépatique) expliquant l’absence de conges-
tion [19] . L’hépatomégalie douloureuse en cas de thrombose porte
survenant dans un contexte de cirrhose préexistante est abordée
dans le paragraphe « hépatomégalie cirrhotique » (cf. infra). Les
blocs suprahépatiques regroupent deux affections responsables
d’une obstruction au retour du flux veineux hépatique : le foie
cardiaque ou congestif [20] et le SBC [21] . Les blocs intrahépa-
tiques sont une entité plus complexe et ont récemment fait l’objet
de nouvelles recommandations. Les atteintes des veines centro-
lobulaires rassemblent la maladie veino-occlusive ou syndrome
d’une saturation de la bile en cholestérol, dont les facteurs de
d’obstruction sinusoïdale (SOS) et les atteintes de l’espace porte
risque sont le sexe féminin, l’âge, le surpoids et la multiparité [12] .
sont dorénavant regroupées sous le nom de maladie vasculaire
Les lithiases pigmentaires, moins fréquentes, sont rarement à
portosinusoïdale (MVPS) [22] . La traduction lésionnelle histolo-
l’origine d’une traduction clinique. Résultant d’un excès de bili-
gique combine une congestion et une nécrose sinusoïdale en zone
rubine libre insoluble dans les micelles de phospholipides, elles
péricentrolobulaire. Si le tableau clinique est commun avec un
sont l’apanage des hémolyses chroniques et des infections biliaires
gros foie douloureux accompagné d’ictère et d’ascite, les étiologies
parasitaires, et également présentes dans les cirrhoses. Une hépa-
et la prise en charge thérapeutique sont différentes.
tomégalie d’origine lithiasique traduit un foie de cholestase par
obstruction canalaire empêchant l’écoulement de la bile avec
rétention d’amont. Les symptômes cliniques sont aigus ou plus
Foie cardiaque
progressifs, fonction du caractère plus ou moins obstructif, voire Cette entité traduit le retentissement hépatique aigu ou chro-
fluctuant de l’obstacle. L’angiocholite lithiasique est l’expression nique d’une insuffisance cardiaque [20] . La péricardite constrictive
clinique la plus fréquente (40 % des formes symptomatiques devenue aujourd’hui beaucoup plus rare réalise un tableau
d’une lithiase endocanalaire biliaire [13] ), dont la forme la plus similaire. Les éléments cliniques évocateurs sont une poussée
accomplie réalise la triade clinique de Charcot ou Villard et d’insuffisance cardiaque droite, gauche ou globale, sans signe
Perrin combinant colique hépatique, fièvre et ictère se succé- spécifique (dyspnée, œdèmes des membres inférieurs) concomi-
dant sur une période de 8 à 72 heures. Les trois symptômes tant ou précédant, parfois de façon fugace, des signes d’appel
peuvent être présents isolément ou être associés deux à deux selon hépatiques congestifs. Ceux-ci sont plus évocateurs mais parfois
toutes les combinaisons possibles, chacune de ces combinaisons absents comme la turgescence jugulaire, le reflux hépatojugu-
représentant environ 10 % des formes symptomatiques [13, 14] . laire, les hépatalgies spontanées ou à la palpation et aggravées
L’examen, en dehors de l’ictère et d’une hépatomégalie à bord par l’effort. Une ascite plutôt riche en protides est fréquente.
inférieur mousse très inconstant, est souvent pauvre : il n’y a Dans les formes aiguës, appelées en anglais acute cardiogenic liver
pas de défense en l’absence de cholécystite associée, ni grosse injury (ACLI), l’ischémie hépatocytaire se traduit par une cytolyse
vésicule palpable si l’obstacle siège en amont de la bifurca- prédominant sur les ASAT, souvent importante, entre 10 et 20 LSN
tion cysticocholédocienne. Le siège de l’obstacle est précisé par mais pouvant dépasser 100 fois ce seuil. Elle s’installe rapidement,
l’échographie (Fig. 2). En cas de difficulté à préciser le niveau avec un pic survenant entre 1 et 3 jours après la décompensation
et la nature de l’obstacle biliaire (échogénicité altérée par le cardiaque, et se normalise dans les dix jours après résolution de
morphotype du patient ou interposition de gaz digestifs), l’IRM cette dernière. L’élévation des LDH peut être un outil diagnos-
biliaire ou cholangio-IRM (Fig. 3), lorsqu’elle est disponible dans tique et notamment le ratio ALAT/LDH qui est presque toujours
un délai acceptable, est une première option non invasive. La inférieur à 1,5 en cas de foie cardiaque aigu, alors qu’il est plus
TDM spiralée, plus accessible, est l’alternative cependant la plus élevé dans les autres causes d’hépatite. Les GGT, PAL et biliru-
invasive (irradiation, injection de produits de contraste iodés). bine sont normales ou peu augmentées [23] . L’échographie montre
L’échoendoscopie biliaire présente l’avantage d’une meilleure sen- une hépatomégalie homogène avec une dilatation des veines
sibilité diagnostique, notamment pour les petits calculs, mais est sus-hépatiques et de la veine cave inférieure, une ascite et un épan-
une procédure nécessitant habituellement une anesthésie géné- chement pleural inconstants mais évocateurs dans le contexte.
rale [14, 15] . La caractérisation de l’obstacle biliaire conditionne la La TDM n’est pas plus performante et majore avec l’injection du
stratégie thérapeutique : antibiothérapie toujours et sans délai produit de contraste le risque iatrogène rénal (Fig. 4). Les lésions
après réalisation d’hémocultures, levée de l’obstacle par cho- anatomopathologiques (biopsie hépatique à risque hémorragique
langiopancréatographie rétrograde endoscopique, mise en place majoré non habituellement réalisée) montrent une nécrose hépa-
d’une endoprothèse et/ou chirurgie [16] . L’antibiothérapie doit tocytaire peu inflammatoire et une congestion prédominant dans
tenir compte des séquences d’antibiothérapie préalable et de les territoires centrolobulaires, donnant un aspect macroscopique

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développement de la collatéralité compensatrice des veines hépa-


tiques. Elle est supérieure à l’échographie pour l’expertise de la
veine cave inférieure. Le bilan étiologique du SBC primitif consiste
en la recherche d’une cause de thrombophilie congénitale (essen-
tiellement déficits en facteur V et en protéine C) ou acquise
(syndrome myéloprolifératif, syndrome des antiphospholipides,
hyperhomocystéinémie, hémoglobinurie paroxystique nocturne,
grossesse, médicaments, maladie de Behçet). Le traitement, tou-
jours centré sur celui de la cause quand elle est accessible, combine
la prévention de l’extension thrombotique par une anticoagula-
tion efficace, la prévention des complications de l’hypertension
portale et le rétablissement du flux veineux soit par reperméa-
bilisation (angioplastie avec ou sans thrombolyse et/ou pose
de stent), soit par mise en place d’un shunt prothétique por-
tosystémique intrahépatique par voie transjugulaire (TIPS). La
Figure 4. Tomodensitométrie temps artériel. Foie cardiaque. Dilata-
transplantation peut être discutée en fonction de la sévérité
tions de la veine cave inférieure (flèche en pointillés) et de la veine
du tableau. Le pronostic global actuel est bon avec une sur-
hépatique médiane (flèche).
vie à cinq ans de 85 %. Ce pronostic est cependant pondéré
par les rechutes évolutives des maladies causales, notamment en
cas d’hémopathies malignes. L’incidence cumulée de carcinome
en « noix de muscade ». L’évolution chronique ou « hépatopa- hépatocellulaire (CHC) dans les cohortes de patients suivis pour
thie congestive » se traduit quant à elle par une cholestase le un SBC est évaluée à 4 %. Le diagnostic en est d’autant plus délicat
plus souvent anictérique, l’élévation de la bilirubine chez ces que des nodules hépatiques sont retrouvés au diagnostic dans 60
patients constituant un facteur de mortalité et un marqueur de à 80 % des cas. Ces nodules bénins, secondaires à des troubles de
surcharge volémique. La cholestase serait liée à l’augmentation perfusion, sont en général multiples et de taille inférieure à 4 cm,
de pression au sein des sinusoïdes hépatiques, venant comprimer hypervascularisés et disséminés au sein du parenchyme hépa-
les canalicules biliaires et constituer un obstacle au flux biliaire tique. Le diagnostic de CHC dans ce contexte ne peut reposer sur
dans l’espace porte [24] . La cytolyse est en revanche plus rare et ne les critères de Barcelone modifiés, usuels en cas de cirrhose sous-
dépasse pas 3 LSN. La baisse du TP et l’international normalized ratio jacente, et la biopsie d’un nodule est fortement recommandée en
(INR) étant délicats à interpréter chez ces patients souvent traités cas de doute diagnostique ou d’élévation de l’alphafœtoprotéine.
par anticoagulants curatifs, de nouveaux scores prédictifs de mor- Le dépistage ne fait pas l’objet de recommandations formelles
talité adaptés ont été validés tels que le model for end-stage liver mais doit être rapproché, attentif et multidisciplinaire [22] .
dysfunction excluding INR (MELD-XI). Cette forme chronique peut
conduire au développement d’une cirrhose, dénommée par abus Syndrome d’obstruction sinusoïdale
« cirrhose cardiaque ». Le pronostic et le traitement sont essentiel-
lement ceux de la cardiopathie sous-jacente, les lésions hépatiques Le SOS, ex-maladie veino-occlusive, est caractérisé par
étant majoritairement réversibles en dehors d’une fibrose séquel- l’association d’une obstruction non thrombotique des veines
laire avancée, comme en témoignent des études avant et après centrolobulaires à des lésions sinusoïdales et hépatocytaires péri-
transplantation cardiaque [23] . veinulaires [27, 28] . Peuvent s’y associer d’autres lésions appartenant
aux MVPS telles que la fibrose périsinusoïdale centrolobulaire, la
[25, 26] péliose ou l’hyperplasie nodulaire régénérative. Les agents cyto-
Syndrome de Budd-Chiari toxiques (la plupart des agents antimétabolites et les alkylants),
Le SBC désigne les manifestations liées à l’obstruction du drai- la radiothérapie avec une dose-dépendance, les alcaloïdes de la
nage veineux en aval des veinules hépatiques jusqu’au cœur droit. pyrrolizidine et les dérivés de l’ergot de seigle, et surtout les condi-
L’obstruction génère une augmentation de la pression sinusoïdale tionnements de l’allogreffe de moelle avec une incidence pouvant
avec une congestion prédominant dans la zone centrolobulaire, aller jusqu’à 50 % sont les principaux facteurs causaux. Les signes
responsable d’une hépatomégalie, de la production d’ascite et cliniques sont non spécifiques : prise de poids, ascite, hépatomé-
d’une hypertension portale avec le développement d’une circu- galie inconstamment douloureuse, ascite ou ictère. Trois formes
lation veineuse collatérale. Le SBC est dit « primitif » lorsqu’il cliniques sont décrites et conditionnent la prise en charge thé-
est lié à une obstruction veineuse endoluminale ou pariétale et rapeutique. La première forme, dite « minime », ne nécessite
« secondaire » en cas d’occlusion par du matériel extravasculaire aucun traitement. La forme modérée évolue favorablement après
ou par une compression extrinsèque. La présentation clinique l’introduction de diurétiques et la forme sévère est définie par
est très hétérogène, conditionnée par le délai d’apparition de la une absence d’amélioration après 100 jours. Le taux de mortalité
thrombose et son extension. Les modes de révélation peuvent est important, allant de 9 % pour les formes minimes à 100 %
être une découverte fortuite asymptomatique (notamment en pour les formes sévères. De nouveaux critères diagnostiques ont
cas d’importante collatéralité veineuse hépatique), une forme été proposés en 2016 par l’European Society for Blood and Marrow
chronique avec constitution d’une cirrhose progressive, une Transplantation (EBMT). Ils définissent le SOS classique survenant
symptomatologie aiguë avec une hépatalgie associée à une ascite dans les 21 jours après transplantation de cellules souches héma-
de constitution rapide dans un contexte évocateur d’état pro- topoïétiques (TCSH) par l’association d’une bilirubine supérieure à
thrombotique sous-jacent. Le tableau s’installe en quelques jours 34 ␮mol/l à deux critères parmi lesquels la présence d’une hépato-
et la biologie montre une cytolyse aiguë pouvant dépasser 5 LSN, mégalie douloureuse, d’un gain pondéral supérieur à 5 % ou d’une
une insuffisance hépatocellulaire fulminante pouvant survenir. ascite [29] . Le SOS retardé survient après 21 jours, sa définition
Des signes généraux sont parfois décrits : fièvre, douleurs et syn- répondant aux mêmes critères associés à une preuve histologique
drome inflammatoire réalisent alors un syndrome « phlébitique ». ou à des arguments hémodynamiques ou échographiques de SOS.
Le diagnostic fait appel en premier lieu à l’échographie-Doppler, L’échographie-Doppler montre parfois des signes
dont la sensibilité diagnostique avoisine 75 %. Elle recherche d’hypertension portale et permet d’éliminer les principaux
des arguments directs à type d’obstruction des veines hépatiques diagnostics différentiels (foie cardiaque, SBC et pathologie
principales ou une collatéralité intrahépatique, et des arguments biliaire). Il n’y a pas de place pour une IRM ou une TDM
indirects tels qu’une hypertrophie du segment I dont le drainage complémentaires. Le diagnostic est idéalement confirmé par
se fait directement dans la veine cave inférieure, une disparition la biopsie hépatique transjugulaire et la mesure du gradient
des veines sus-hépatiques ou un parenchyme hépatique hété- hépatique veineux si les conditions cliniques le permettent.
rogène. La TDM est surtout utile en deuxième intention pour L’identification des nombreux facteurs de risque de SOS (en parti-
identifier les causes secondaires tumorales de SBC. L’IRM donne culier hépatopathie préexistante, antécédent de SOS, antécédent
d’excellents résultats pour la visualisation des thromboses et le de radiothérapie ou de chimiothérapie) peut limiter sa survenue

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7-007-B-19  Gros foie douloureux

en modulant la stratégie de traitement : réduction de l’intensité


d’une chimiothérapie ou d’une radiothérapie, traitement d’une
hépatite virale chronique et déplétion d’une surcharge martiale.
L’administration d’acide ursodésoxycholique en prévention
primaire jusqu’à 90 jours après TCSH est recommandée suite à
une étude ayant montré une augmentation de la survie globale,
sans modification de l’incidence de SOS [30] . Le traitement est
essentiellement symptomatique avec un pronostic extrêmement
variable en fonction de la sévérité. Le traitement spécifique n’est
pas codifié. En marge de l’activateur tissulaire du plasminogène
(rTPA) particulièrement à risque hémorragique dans ces situations
et des perfusions d’antithrombine III, le défibrotide, un ribo-
nucléotide aux propriétés anti-ischémique et thrombolytique,
constitue une des pistes thérapeutiques les plus abouties [31] .
L’utilisation du défibrotide est actuellement recommandée pour
la prise en charge curative des formes sévères de SOS et au cas Figure 5. Échographie hépatique. Hépatite virale B aiguë. Épaississe-
par cas dans les formes modérées chez des patients à haut risque ment pariétal vésiculaire pseudotumoral.
après TCSH.

Maladies vasculaires portosinusoïdales sont plus pourvoyeuses d’une gêne de l’hypocondre droit que
d’une véritable hépatomégalie douloureuse. L’évolution débute
Le terme de MVPS rassemble nombre de maladies hépatiques
par un syndrome hépatitique préictérique et une asthénie, avant
rares dont le dénominateur commun est une anomalie des petits
l’installation d’un ictère. L’hépatomégalie est en général modeste
vaisseaux du foie regroupant l’hyperplasie nodulaire régénérative
et à bord inférieur mousse. La douleur est habituellement peu
(HNR), la veinopathie portale oblitérante (VPO), la sclérose hépa-
intense en cas d’hépatite non compliquée et est liée à la distension
toportale ou fibrose septale incomplète, et la fibrose portale non
et/ou l’inflammation de la capsule de Glisson. La découverte d’un
cirrhotique [22, 32] . Toutes ces entités aboutissent sur le plan cli-
épaississement pariétal vésiculaire isolé à l’échographie (Fig. 5)
nique à une hypertension portale non cirrhotique. La définition
ne doit pas faire porter à tort le diagnostic d’une cholécystite
retenue de MVPS par le réseau européen des maladies vasculaires
aiguë, dont la prise en charge chirurgicale serait ici inopportune
du foie (VALDIG) est l’absence de cirrhose prouvée histologique-
et délétère. Elle témoigne d’une extension pariétale du proces-
ment, associée soit à au moins un signe spécifique d’hypertension
sus inflammatoire et peut également accompagner les hépatites
portale (varices œsogastriques, hémorragie digestive par hyper-
plus sévères associées à une hypoalbuminémie et à une ascite.
tension portale, collatérales portosystémiques à l’imagerie), soit à
Mentionnons également la possibilité d’hépatalgies intenses au
au moins un signe histologique spécifique de MVPS (HNR, VPO,
cours d’une hépatite fulminante, liées à l’intensité de la nécrose
fibrose septale incomplète). Sans signe spécifique d’hypertension
hépatocellulaire et dont la prise en charge thérapeutique antal-
portale ou de MVPS, le diagnostic est retenu en l’absence de cir-
gique peut s’avérer délicate car à risque de majorer l’insuffisance
rhose prouvée histologiquement, associée à au moins un signe
hépatocellulaire ou d’induire des troubles neuropsychiques alté-
non spécifique d’hypertension portale (ascite, compte plaquet-
rant la qualité de la surveillance clinique d’une encéphalopathie
taire < 150 G/l, plus grand axe splénique > 13 cm) et à au moins
hépatique. Le diagnostic d’hépatite aiguë est en général facilement
un signe histologique non spécifique de MVPS (anomalie des
étayé par l’anamnèse, l’examen clinique et le bilan biologique où
espaces portes, désorganisation architecturale, dilatation sinusoï-
prédomine la cytolyse aiguë, excédant souvent plus de 50 LSN.
dale non zonale, fibrose périsinusoïdale légère). Le diagnostic est
Les sérologies virales, orientées par le contexte (transmission
le plus souvent porté au décours d’explorations de perturbations
orofécale pour les virus des hépatites A [VHA] et E [VHE] ou san-
du bilan hépatique, classiquement une cytolyse et une cholestase
guine pour le VHB/VHD et le VHC), apportent rapidement le
modérées, mais encore devant une hypertension portale contras-
diagnostic. Plus rarement, il s’agit d’une infection par le cyto-
tant avec des fonctions hépatocellulaires conservées (TP > 50 %
mégalovirus (CMV) et le virus d’Epstein-Barr (EBV). L’imagerie
le plus souvent) ou une élasticité hépatique basse. La réalisation
se limite à l’échographie pour écarter les diagnostics différen-
d’une biopsie hépatique est indispensable au diagnostic. Elle éli-
tiels. Le pronostic est lié au risque de développement d’une
mine une cirrhose et permet par voie transjugulaire de mesurer
hépatite fulminante ou subfulminante (essentiellement VHA,
les gradients de pression veineuse hépatique qui, lorsqu’ils sont
VHE et VHB), et pour les VHB/VHD, VHC et VHE (uniquement
inférieurs à 10 mmHg alors qu’il existe des signes d’hypertension
en cas d’immunodépression sous-jacente), à la chronicisation.
portale cliniquement évidents, constituent un argument diagnos-
Rarement, la survenue d’une hémophagocytose lymphohistiocy-
tique supplémentaire. Le bloc étant présinusoïdal, il n’a pas de
taire (anciennement syndrome d’activation macrophagique) peut
retentissement sur le gradient portosystémique et la présence de
compliquer une hépatite virale aiguë, le plus souvent liée à EBV et
varices n’est pas exclue par un gradient de pression bas. Les étio-
plus accessoirement au CMV, dont le sombre pronostic peut être
logies des MVPS sont nombreuses, infectieuses (infection par le
amélioré par l’administration précoce d’étoposide [34] .
virus de l’immunodéficience humaine), dysimmunitaires, héma-
tologiques, iatrogènes ou encore génétiques. Le pronostic est
plus favorable que celui des hypertensions portales cirrhotiques, Abcès hépatiques à pyogènes [35, 36]

marqué principalement par des complications hémorragiques y


compris après mise en place de mesures prophylactiques. La mor- L’abcès est une cavité de nécrose contenant du pus et des débris
talité est celle des maladies extrahépatiques associées. En l’absence nécrotiques. L’origine fungique étant rapportée principalement
d’hypertension portale, une simple surveillance multimodale est chez l’immunodéprimé [37] et les abcès d’origine parasitaire abor-
conseillée. La prise en charge de l’hypertension portale des MVPS dés dans le paragraphe suivant, seuls les abcès bactériens sont
ne diffère pas de celle des patients cirrhotiques, avec la possibilité traités dans ce chapitre. La prise en charge d’un abcès hépa-
de recours à la mise en place d’un TIPS. La transplantation hépa- tique pose au clinicien un triple défi : bactériologique pour
tique est une option pour les malades les plus graves, avec une cibler au mieux l’antibiothérapie, étiologique pour en trouver
bonne survie post-greffe. la cause et thérapeutique en requérant une coopération médico-
radio-biologique et parfois chirurgicale. Pathologie rare avec une
incidence de 13 à 20/100 000 qui tendrait cependant à aug-
Foie infectieux menter, l’abcès hépatique demeure une infection grave avec un
[33] taux de mortalité proche de 20 %. Plusieurs facteurs de risque
Hépatites virales aiguës sont identifiés de longue date comme le diabète et un alcoolisme
En général asymptomatiques ou paucisymptomatiques, en par- chronique, et d’autres plus récemment tels que la pancréatite
ticulier chez les patients jeunes, les hépatites virales aiguës chronique [38] et la prise d’inhibiteurs de pompe à protons [39] . La

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Gros foie douloureux  7-007-B-19

Figure 7. Tomodensitométrie abdominale temps portal. Lésion hypo-


dense homogène du segment VI en faveur d’un abcès hépatique collecté
compliquant une diverticulite sigmoïdienne.
A B
Figure 6. Échographie hépatique. Abcès du segment III (A), ponctionné
à l’aiguille (flèches) (B).

physiopathogénie distingue par ordre de fréquence décroissante


les étiologies biliaires (30 à 70 %) essentiellement par obstruc-
tion lithiasique, néoplasique ou anastomotique biliodigestive,
moins fréquemment iatrogène après cathétérisme biliopancréa-
tique rétrograde endoscopique, les étiologies portales (10 à 20 %)
secondaires à des infections digestives (diverticulite grêlocolique,
perforation digestive, appendicite) ou pelviennes (salpingite, sup-
puration anorectale), néoplasiques, voire inflammatoires comme
dans la maladie de Crohn. Les abcès par contiguïté, de cause arté-
rielle (immunodépression) ou post-traumatique sont plus rares
(1 à 5 %). Il n’est pas retrouvé d’étiologie dans 10 à 30 % des
cas. Les germes les plus fréquemment incriminés sont les bacté- Figure 8. Tomodensitométrie abdominale temps portal. Abcès hépa-
ries aérobies à Gram négatif (40 à 60 %), les germes anaérobies tique du foie droit à Bacteroides fragilis sans porte d’entrée retrouvée.
et enfin les aérobies à Gram positif. Dans une étude de 2016 Lésion ovalaire, hypodense, hétérogène avec prise de contraste périphé-
comparant les spécificités des abcès d’origine biliaire versus non rique et bulles d’air au sein de la collection.
biliaires, l’identification d’Escherichia coli était la plus classique
dans le groupe des abcès biliaires, alors que Klebsiella pneumoniae une pseudotumeur inflammatoire (cf. infra). Elle se discute en cas
était majoritaire dans le groupe des autres abcès [40] . La fièvre est d’allergie aux produits de contraste iodés. L’aspect radiologique
le symptôme le plus constant (90 %), souvent élevée entre 39 et des abcès reste dépendant de leur stade évolutif ; le plus souvent
40 ◦ C avec frissons, hépatalgies (50 %) et nausées ou vomisse- en hyposignal T1 et en hypersignal T2, avec un rehaussement
ments (25 %) [41] . Une hépatomégalie est présente une fois sur au gadolinium identique à celui observable au scanner. Le traite-
deux et un ictère dans un tiers des cas. D’installation souvent ment associe une antibiothérapie et l’évacuation du pus, suivie ou
progressive, la présentation clinique peut parfois être brutale et non d’un drainage, et le traitement de la lésion responsable [35, 36] .
dramatique sous la forme d’un choc septique avec un taux de mor- La documentation microbiologique des abcès hépatiques passe
talité alors trois fois plus élevé. La biologie n’a rien de spécifique, par la réalisation de plusieurs paires d’hémocultures (qui sont
et traduit un sepsis bactérien sous la forme d’une polynucléose cependant négatives dans la moitié des cas), et si possible par
neutrophile associée à une élévation de la CRP. Les tests hépa- une ponction simple de l’abcès (Fig. 6) ou un drainage si indiqué.
tiques sont perturbés de façon très variable avec une élévation L’antibiothérapie débutée après les hémocultures doit couvrir un
minime et inconstante des PAL et de la bilirubine, la cytolyse large spectre incluant en première intention les streptocoques, les
étant en général minime à modérée. La radiographie pulmonaire bacilles à Gram négatif et les germes anaérobies. Elle associe en
peut montrer une élévation de la coupole diaphragmatique droite général une bêtalactamine à un inhibiteur de bêtalactamase, ou
et un épanchement pleural droit réactionnel ou par ensemence- un imidazolé et un aminoside, initialement par voie parentérale
ment locorégional. Très rarement, elle peut permettre de visualiser suivie d’un relais oral adapté à l’antibiogramme si disponible et
un niveau hydroaérique dans l’hypocondre droit, pathognomo- prolongé pour une durée de 4 à 6 semaines. La chirurgie est doré-
nique. L’échographie est l’examen clé du diagnostic (Fig. 6), en navant exceptionnellement indiquée. Le traitement percutané est
précisant la localisation (plus souvent droite), le nombre, la taille actuellement le traitement de première intention, réalisé sous
des abcès et leurs potentielles complications, notamment vascu- contrôle échographique ou TDM. L’aspiration simple associée à
laires (thrombose porte ou pyléphlébite). L’aspect est fonction du l’antibiothérapie est recommandée par certains auteurs. Lorsque
stade évolutif des lésions, principalement hypoéchogène (66 %), l’abcès a une taille de moins de 5 cm, le drainage ne semble pas
parfois hétérogène (33 %), à contours habituellement irréguliers, indiqué.
réalisant dans sa forme typique un aspect en « cocarde ». Elle
oriente également sur la cause en explorant la vésicule, les voies [43, 44]
Foie parasitaire
biliaires et les organes de voisinage. L’échographie de contraste
peut permettre d’affiner le stade évolutif de l’abcès et de le dif- De nombreux parasites peuvent avoir un retentissement hépa-
férencier d’une éventuelle lésion maligne [42] . La TDM offre une tique, clinique et/ou biologique et/ou radiologique, aigu et/ou
sensibilité meilleure (97 %) et montre une masse hypodense plus chronique. Le paludisme, dont le site de réplication humain
ou moins homogène parfois cloisonnée. L’abcès en lui-même est le foie au cours de la phase exoérythrocytaire, ne détermine
ne se rehausse pas, mais parfois la paroi est soulignée par un pas d’hépatomégalie douloureuse, de même que la leishmaniose
pourtour œdémateux hypodense réalisant un aspect en « double viscérale avant tout responsable d’une volumineuse spléno-
cible », décrit dans 30 % des cas (Fig. 7). Les clartés gazeuses très mégalie parfois douloureuse (large hypertrophie, complications
spécifiques sont rarement retrouvées (Fig. 8). La TDM présente hémorragiques). Suspectée face à des données anamnestiques, épi-
en outre l’avantage de participer au diagnostic étiologique des démiologiques et géographiques liées à la présence de l’hôte, du
abcès en explorant les structures abdominopelviennes et au diag- parasite et/ou du vecteur spécifique, une hépatomégalie doulou-
nostic des complications. L’IRM n’apporte pas de contribution reuse d’origine parasitaire doit être évoquée dans quatre cadres
supplémentaire pour exclure un diagnostic différentiel comme cliniques distincts [43] :

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Figure 9. Tomodensitométrie Figure 10. Échographie hépa-


abdominale temps portal. Toxo- tique. Abcès amibien hépatique
carose hépatique. Large lésion à la phase présuppurative (lésion
hypodense et hétérogène du très hétérogène).
segment V hépatique.

• une hépatite immunoallergique en réaction à la migration


du parasite au contact du parenchyme hépatique lors de la Figure 11. Échographie hépa-
phase d’invasion de certaines helminthiases (schistosomose, tique. Abcès amibien hépatique
distomatose, trichinose, capillariose, toxocarose [Fig. 9] et en cours de collection avec pré-
gnathostomose). L’exemple type est la phase d’invasion des sence d’un niveau liquidien.
schistosomoses trois semaines après la pénétration transcuta-
née des furcocercaires qui peut passer inaperçue [45] . Le tableau
est aigu et intense avec altération de l’état général, fièvre
élevée (fièvre de safari, de l’escargot ou de Katayama). Les
signes extrahépatiques labiles sont nombreux : cutanés (der-
matite cercarienne avec urticaire, prurit), pulmonaires (dyspnée
asthmatiforme, toux sèche), arthromyalgiques. La biologie, en
montrant un syndrome inflammatoire et une perturbation des
tests hépatiques, est peu spécifique, à l’exclusion d’une hyper-
éosinophilie souvent majeure (courbe en « coup d’archet » de les nitro-imidazolés par voie orale pendant 7 à 10 j, asso-
Lavier) qui alerte. Le diagnostic est confirmé à ce stade par les ciés à des amœbicides de contact [46–48] . Le seul amœbicide de
sérologies spécifiques. Le traitement par praziquantel est dis- contact actuellement disponible est le tiliquinol/tilbroquinol,
cuté à cette phase. À noter qu’une hyperéosinophilie associée dont l’exceptionnelle toxicité hépatique et neurologique a res-
à un syndrome hépatitique et des lésions cutanées ne doit pas treint sa prescription à cette seule indication. La ponction de
faire méconnaître un drug reaction with eosinophilia and systemic l’abcès paraît souhaitable dans les circonstances suivantes :
symptoms syndrome (DRESS) ; doute diagnostique avec un abcès à pyogènes, douleur résis-
• un abcès hépatique amibien. C’est la cause majeure d’abcès tante aux antalgiques usuels, absence de réponse ou aggravation
d’origine parasitaire dans le monde. L’amibe en cause est Enta- sous traitement médical, menace de rupture pour les abcès plus
moeba histolytica, sous sa forme végétative pathogène histolytica à risque (abcès dépassant 10 cm de diamètre ou formant une
qui, après une phase intestinale le plus souvent asymptoma- voussure à la surface du foie). La chirurgie est réservée aux autres
tique, dissémine dans 3 à 10 % des cas dans le foie par voie formes compliquées ;
portale. La localisation hépatique est la plus fréquente des • un ictère cholestatique fébrile : l’obstruction des voies biliaires
atteintes extradigestives, avec un tropisme tout particulier pour par la présence de parasites complique l’évolution des ascari-
le foie droit [46] . À côté de la classique hépatomégalie doulou- dioses ayant migré dans les voies biliaires ou lors de la phase
reuse et fébrile (triade de Fontan) affectant préférentiellement d’état des distomatoses hépatiques [49] . L’échographie détecte
un adulte masculin au retour d’une zone d’endémie, d’autres les vers dans l’arbre biliaire. Les ascaris apparaissent sous la
aspects cliniques plus trompeurs doivent tout autant faire évo- forme de structures échogènes linéaires de plusieurs centimètres
quer cette protozoose : fièvre isolée (3–4 %) qui revêt ici l’unique sans cône d’ombre, parfois mobiles. Les « grandes » douves
intérêt de déclencher une douleur à l’ébranlement en masse sont identifiées sous la forme d’images mobiles de 10 à 20 mm
du foie (manœuvre de Bordes et Blanc), forme atténuée lors (Fasciola hepatica) ou de plus de 60 mm (Fasciola gigantica),
de la prise concomitante de chloroquine à activité amœbi- ovales, hyperéchogènes à centre hypoéchogène, dont la juxta-
cide, hépatomégalie pseudotumorale, ictère par compression position dans la vésicule biliaire réalise un aspect en « anneaux
des voies biliaires, compression vasculaire intrahépatique à olympiques ». Les autres douves (Dicrocoelium, Clonorchis, Opis-
l’origine d’une thrombose portale ou d’un SBC, et forme surai- torchis) sont inconstamment visualisées, car de petite taille, et
guë exceptionnelle survenant volontiers sur un terrain débilité diagnostiquées par la détection d’œufs dans les selles et les séro-
en association à une colite amibienne aiguë grave. Le diagnostic logies. La cholangiopancréatographie rétrograde endoscopique
est établi par l’anamnèse, l’imagerie qui prouve la localisa- est la méthode la plus sensible pour identifier le parasite et les
tion extracolique et la sérologie qui en démontre l’étiologie extraire [50] . Ses indications sont réservées aux échecs des trai-
amibienne. Le syndrome inflammatoire biologique et les ano- tements médicamenteux (benzimidazolés ou ivermectine pour
malies de la biologie hépatique n’ont eux rien de spécifique. l’ascaridiose, triclabendazole pour les fascioloses et praziquan-
L’échographie hépatique, décisive mais non spécifique, précise tel pour les autres distomatoses hépatiques) et aux situations
le nombre, la topographie et le volume de la ou des collec- d’urgence nécessitant un drainage biliaire. L’évolution chro-
tions, dont l’échostructure dépend de la phase évolutive. Trois nique méconnue des distomatoses, pouvant perdurer dans les
types lésionnels traduisent l’évolution de la phase présuppu- voies biliaires plus de 20 ans, est un facteur favorisant le déve-
rative à la phase collectée (Fig. 10, 11) : hypoéchogène (paroi loppement d’un cholangiocarcinome [51] ;
fine, sans renforcement postérieur), liquidienne pure (anécho- • une anomalie kystique à l’imagerie. L’atteinte hépatique est la
gène, sans paroi et à renforcement postérieur franc) et mixte plus fréquente des localisations (65 %) de l’hydatidose ou échi-
(échos internes non homogènes). La sérologie, précocement nococcose vésiculaire, due au développement chez l’homme de
positive, repose sur l’association de deux techniques sériques la larve du tænia du chien, Echinococcus granulosus [52] . Dans
sensibles et spécifiques (immunofluorescence indirecte [IFI], 80 % des cas, l’atteinte ne concerne qu’un seul organe. De
hemagglutination inhibition test [HAI], enzyme-linked immuno- découverte le plus souvent fortuite et tardive, la symptomatolo-
sorbent assay [Elisa]), à répéter une semaine plus tard en cas de gie de l’hydatidose croît avec le développement de la maladie.
séronégativité initiale qui aura fait attendre la mise en route La vitesse de croissance des kystes est variable : entre 1 et
du traitement. Une réponse rapide peut être obtenue par la 50 mm par an. L’hépatomégalie révèle une tuméfaction lisse,
technique d’agglutination au latex. Le traitement des abcès déformant la paroi, régulière, circonscrite, ayant une certaine
non compliqués repose sur les amœbicides tissulaires, à savoir rénitence à la pression. La douleur dans l’hypocondre droit

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Figure 12. Échographie hépa-


Infections hépatiques fongiques
tique. Kyste hydatique présentant La principale manifestation hépatique d’une infection systé-
un décollement de la membrane mique fongique est liée à la candidose hépatosplénique (CHS),
proligère qui « flotte » dans la col- candidose disséminée rencontrée chez des patients atteints
lection (type II de la classification d’hémopathies malignes sujets aux neutropénies prolongées et
de Gharbi). aux infections opportunistes [59, 60] . L’incidence de la CHS, initia-
lement évaluée entre 3 et 7 %, a diminué depuis la prescription
plus généralisée des prophylaxies antifongiques chez ces patients à
risque. La CHS doit être évoquée en cas de fièvre persistante mal-
gré une antibiothérapie à large spectre adaptée chez un patient
neutropénique. Les symptômes les plus couramment décrits sont
des douleurs abdominales avec une hépatomégalie et/ou spléno-
mégalie dans 50 % des cas. Le bilan hépatique est peu spécifique
en dehors d’une élévation des PAL autour de 3 à 5 LSN, alors
Figure 13. Échographie hépa- que les transaminases ne sont pas élevées ou le sont peu. La
tique. Kyste hydatique contenant TDM ou l’IRM permettent de visualiser de nombreuses lésions
un amas de vésicules filles (type III de petite taille, arrondies, dans 90 % des cas, avec un aspect dit
de la classification de Gharbi). « en cible ». La confirmation histologique n’est pas obligatoire.
Le traitement repose sur l’administration d’amphotéricine B lipo-
somale en induction, puis relayée par du fluconazole per os pour
une durée de plusieurs mois au cours de laquelle une surveillance
radiologique rapprochée est poursuivie.

Hépatomégalie cirrhotique
Définie sur le plan anatomopathologique, la cirrhose est une
atteinte diffuse du foie par un processus associant fibrose annu-
est décrite comme une pesanteur ou une sensation de pléni- laire et nodules de régénération. Elle correspond à l’évolution
tude post-prandiale. Elle traduit le plus souvent soit un volume terminale de la plupart des maladies chroniques du foie. Les mani-
tumoral important exerçant une distension de la capsule de festations cliniques de la cirrhose sont le témoin de son étiologie,
Glisson ou une compression des autres structures hépatiques de l’ampleur de l’insuffisance hépatocellulaire et de la présence
(vaisseaux, arbre biliaire), soit une complication. La fistule kys- d’une hypertension portale. En l’absence de décompensation,
tobiliaire est la complication la plus fréquente, observée dans les signes cliniques peuvent passer inaperçus s’ils ne sont pas
3 à 17 % des cas. Dans une série de 83 cas, la douleur et cherchés soigneusement. Les signes physiques ont une faible sen-
l’hépatomégalie étaient présentes dans respectivement 92 et sibilité pour le diagnostic de cirrhose mais une haute spécificité,
75 % des cas, associées à de la fièvre (34 %), une angiocho- en particulier ceux associés à un ictère ou une encéphalopathie [61] .
lite (23 %), un ictère (8 %) et un prurit (7 %) [53] . Plusieurs Un gros foie douloureux chez un cirrhotique signe une décompen-
facteurs de risque de complications ont été identifiés : âge sation ou une complication dont l’HAA et le CHC sont les plus
de plus de 40 ans, diamètre supérieur à 10 cm, facteurs de fréquents. Les examens biologiques ont pour objectifs d’évaluer la
risque liés à la localisation des kystes [54] . Le diagnostic est évo- dysfonction hépatocellulaire, de rechercher une étiologie à la cir-
qué sur l’origine du patient ou un séjour en zone d’endémie rhose si elle était méconnue et d’étayer l’identification du ou des
(pays d’élevage en voie de développement), la sérologie et facteurs de décompensation (infection, hémorragie, médicament,
la lésion échographique sous la forme d’une ou de plusieurs hépatocarcinome avec ou sans thrombose portale, évolution natu-
masses liquidiennes de taille variable, de 1 à plus de 10 cm relle de la maladie).
de diamètre, associées à des signes quasi pathognomoniques
qui traduisent l’existence de la membrane germinative du para-
site, la présence des protoscolex dans le liquide du kyste, Hépatite alcoolique aiguë
et/ou le développement de vésicules filles au sein d’un ou plu- Sa définition est histologique et associe des lésions de souffrance
sieurs kystes (Fig. 12, 13). Les classifications échographiques hépatocytaire (clarification, ballonnisation et nécrose hépatocy-
(Gharbi et al., Organisation mondiale de la santé [OMS]) per- taire) à un infiltrat à polynucléaires neutrophiles au voisinage des
mettent d’approcher avec une bonne spécificité la vitalité hépatocytes altérés [62, 63] . Ni les corps de Mallory (amas rubanés,
des kystes. Le traitement, médical (albendazole), instrumental intracytoplasmiques très éosinophiles) retrouvés dans 65 % des
(ponction-aspiration-injection-réaspiration [PAIR]), chirurgical cas, ni la stéatose ni la fibrose ne font partie de la définition his-
ou leur association est adapté au contexte clinique, au stade tologique de l’HAA. La présentation clinique habituelle est celle
anatomique et aux possibilités techniques [52, 55] . Le kyste hyda- d’un ictère d’apparition progressive, possiblement fébrile, associé
tique compliqué révélé par une hépatomégalie aiguë algique à une altération de l’état général et à une hépatomégalie souvent
est souvent une indication chirurgicale de nécessité, même si douloureuse, dans un contexte d’exogénose connue ou révélée.
la surinfection et/ou la fistule kystobiliaire peuvent bénéficier La biologie, peu spécifique, montre une polynucléose neutrophile
d’une approche instrumentale percutanée ou endoscopique, parfois majeure pouvant à tort orienter vers un sepsis ou une
notamment en raison d’un risque opératoire élevé [56] . L’autre hémopathie ; le bilan hépatique est souvent perturbé avec une
échinococcose, de type alvéolaire, est liée à l’infection par Echi- hyperbilirubinémie supérieure à 50 ␮mol/l associée à une cyto-
nococcus multilocularis. Elle est beaucoup plus rare, d’évolution lyse prédominant sur les ASAT mais rarement au-delà de 10 LSN.
chronique après plus de dix ans d’incubation, souvent d’allure La confirmation histologique par biopsie hépatique est actuel-
pseudonéoplasique [57] . Les signes cliniques sont tardifs et varia- lement recommandée pour les HAA sévères ou en cas de doute
bles, à type de douleurs abdominales jusqu’à d’authentiques diagnostique. Le geste n’étant pas dénué de risques, son indication
signes de dysfonction hépatique. Le diagnostic est clinique, est à évaluer au cas par cas, d’autant plus en cas de coagulopa-
radiologique et sérologique, voire histologique si nécessaire. Le thie où l’abord transjugulaire est alors requis [63] . La sévérité de
traitement curatif repose si possible sur une chirurgie d’exérèse l’HAA est évaluée par le score de Maddrey (indice = bilirubinémie
complète associée à un curage ganglionnaire, auquel s’ajoute un en ␮mol/17 + 4,6 × [temps de Quick du malade en secondes-12,5])
traitement médical par albendazole au long cours. La transplan- dont le seuil supérieur ou égal à 32 prédit une mortalité à court
tation hépatique a pu rarement être indiquée [58] . Pour ces deux terme dans 30 à 60 % des cas. D’autres scores ont également été
échinococcoses, les sérologies spécifiques sont habituellement proposés (score de Glasgow, age, serum bilirubin, INR, and serum
positives. creatinine [ABIC]) mais sont moins utilisés en pratique courante.

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7-007-B-19  Gros foie douloureux

Figure 15. Tomodensitométrie abdominale temps artériel précoce.


Figure 14. Tomodensitométrie abdominale temps portal. Carcinome Carcinome hépatocellulaire du segment V avec encorbellement de l’artère
hépatocellulaire du foie gauche (astérisque) compliqué d’une thrombose hépatique compliquant une cirrhose éthylique décompensée (ascite).
porte tumorale (flèche).

tion de gadolinium mettant en évidence l’hypervascularisation


Pour les patients graves, une corticothérapie systémique est débu- de la lésion au temps artériel précoce et un lavage tardif au temps
tée dès la suspicion diagnostique sans attendre la confirmation portal. Le diagnostic de CHC sur foie cirrhotique ne nécessite
histologique (prednisolone ou prednisone 40 mg/j ou méthyl- pas obligatoirement de preuve histologique s’il répond aux cri-
prednisolone 32 mg/j pendant 28 j) et permet une diminution tères de Barcelone modifiés : lésion de plus de 1 cm, avec wash
de la mortalité à court terme. Cependant, la crainte d’un sepsis in au temps artériel et wash out au temps portal ou tardif [70] . À
latent, d’autant plus renforcée par la présence d’un franc syn- un stade précoce, défini radiologiquement par un nodule unique
drome inflammatoire biologique dans l’HAA, doit faire réaliser inférieur à 5 cm ou au maximum trois nodules de moins de
un bilan infectieux préalable (hémocultures, examen cytobacté- 3 cm (critère de Milan), quand l’état général le permet, le patient
riologique des urines [ECBU], radiographie thoracique, ponction peut bénéficier d’un traitement potentiellement curateur (résec-
d’ascite le cas échéant), et une surveillance armée au cours du tion, transplantation, ablation percutanée par radiofréquence ou
traitement et du suivi. La mortalité précoce par cause infectieuse micro-ondes) [70–72] . Quand le patient est symptomatique, le CHC
varie entre 20 et 30 %, principalement bactérienne mais quelques est souvent de stade intermédiaire ou avancé et les traitements
cas d’aspergillose et de pneumocystose ont également été rappor- palliatifs comme la chimio-embolisation intra-artérielle peuvent
tés [64] . La réponse à la corticothérapie est évaluée précocement au prolonger la survie des patients moyennant un staging préthé-
septième jour de son initiation, par la variation de la bilirubine rapeutique précis de la maladie pour cibler les indications. Plus
estimée par le score de Lille. Une non-réponse impose l’arrêt de récemment, la radio-embolisation sélective à l’yttrium 90 a pu être
la corticothérapie [65] . D’autres alternatives médicamenteuses ont proposée en cas de contre-indication à la chimio-embolisation,
été proposées : la N-acétylcystéine dont l’efficacité en association dans des cas très particuliers. Pour les CHC plus avancés, une thé-
à la corticothérapie est en cours d’évaluation, la pentoxifylline rapie systémique est proposée, de type ciblé le plus souvent. Les
n’ayant pas montré de bénéfice en survie n’est plus recommandée, inhibiteurs multikinase sont la première ligne thérapeutique de
de même que les anti-tumor necrosis factor (TNF) en raison d’un choix (sorafénib, lenvatinib), mais peuvent aussi être utilisés en
surrisque infectieux. La dialyse à l’albumine (molecular adsorbents deuxième ligne (régorafénib). Des anti-vascular endothelial growth
recirculating system [MARSTM ]) n’a pas clairement démontré son factor receptor (VEGFR), de type lenvatinib et cabozantinib, ont
efficacité. La transplantation hépatique est une solution de der- montré également des bénéfices. L’immunothérapie (nivolumab,
nier recours à envisager, permettant une amélioration de la survie pembrolizumab) est en cours avant que ne soit précisée sa place
globale, bien que la dérogation à la « loi des six mois d’abstinence » dans la stratégie thérapeutique. En cas de cirrhose décompensée,
fasse débat [66, 67] . les soins de support sont de mise. Le dépistage du CHC chez
le patient cirrhotique est indispensable et repose sur la réalisa-
Carcinome hépatocellulaire tion d’une échographie dédiée tous les six mois. Le dosage de
Le CHC se développe dans plus de 80 % des cas sur un l’alphafœtoprotéine n’est plus recommandé pour le dépistage car
foie de cirrhose [68] . Une cirrhose non connue ou négligée peut trop peu sensible.
révéler la néoplasie. Il peut s’agir d’une hépatomégalie dou-
loureuse avec une irradiation classique mais inconstante vers Lésions focales
l’épaule droite, d’installation progressive accompagnée d’une alté-
ration de l’état général avec amaigrissement. L’hépatomégalie Le développement et la diffusion des techniques d’imagerie
est irrégulière, volumineuse, nodulaire, sensible, parfois souf- abdominales identifient de plus en plus souvent des lésions nodu-
flante. Les tests hépatiques sont perturbés de façon variable et laires hépatiques. Leur caractérisation oriente l’attitude ultérieure
s’accompagnent parfois d’anomalies extrahépatiques paranéo- amenant à distinguer les lésions d’emblée malignes des lésions
plasiques : hypercalcémie, hypoglycémie, hypercholestérolémie, bénignes, et parmi ces dernières, celles qui ont un potentiel malin
anémie ou rarement une polyglobulie par production intrahé- justifiant leur exérèse [73] .
patique d’érythropoïétine. À l’inverse, une crise douloureuse
abdominale aiguë peut être le premier signe de la maladie et Tumeurs bénignes
témoigner soit de remaniements nécroticohémorragiques intratu- Le contexte clinique, le caractère unique ou multiple et la
moraux, d’un hématome sous-capsulaire ou d’un hémopéritoine sémiologie descriptive des données d’imagerie permettent la plu-
par rupture du CHC qui peut survenir dans 3 à 15 % des cas [69] , part du temps d’établir le diagnostic [74, 75] (Tableau 1). Si les
soit de l’installation ou l’aggravation d’une hypertension portale principales lésions bénignes hépatiques ont des caractéristiques
par thrombose de la veine porte (Fig. 14). L’aspect ultrasonogra- radiologiques bien admises, leur description est aujourd’hui plus
phique du CHC est extrêmement polymorphe : hypoéchogène, contrainte par la stéatose hépatique de plus en plus fréquente.
hyperéchogène ou mixte, unique ou multiple, à contours nets ou, Il est donc fondamental, tout particulièrement en échographie,
au contraire, mal définissables. La présence d’un thrombus por- de prendre en compte l’existence ou non d’une stéatose avant
tal tumoral est un signe plus spécifique. L’imagerie de référence d’évaluer l’échogénicité d’une lésion hépatique survenant au
est le scanner injecté multiphasique (Fig. 15) ou l’IRM avec injec- sein d’un parenchyme déjà hyperéchogène. En cas de doute

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Gros foie douloureux  7-007-B-19

Tableau 1.
Caractéristiques radiologiques des lésions hépatiques bénignes non kystiques [74, 76, 79, 83] .
Angiome caverneux Hyperplasie nodulaire focale (HNF) Adénome
Fréquence ≈ 5–20 % ≈ 3 % (ratio féminin) 1/20 000 (ratio féminin)
Échographie
Souvent suffisant
Caractères généraux ≤ 3 cm, contours nets bien Homogène, iso/hypoéchogène Hétérogène, bien limité
délimités, réguliers, Cicatrice centrale hyper- ou Capsule inconstante
hyperéchogène homogène, hypoéchogène évocatrice mais rare Absence de cicatrice centrale
renforcement acoustique
postérieur
Doppler couleur Absence de signal Doppler Vascularisation centrale en « rayon de Prise de contraste centripète moins
Produit de contraste ultrasonore intralésionnel roue » franche que HNF
Rehaussement périphérique, en Prise de contraste précoce, centrifuge au
« motte », centripète, complet temps artériel, homogène et muriforme
tardif
Tomodensitométrie (TDM)
Acquisition en contraste spontané Hypodense, même densité que les Iso/hypodense Contours arrondis (95 %)
vaisseaux Cicatrice hypodense centrale (30 %) Capsule ou liseré périphérique (25 %)
Iso/hypodense
Acquisition après injection aux Rehaussement périphérique, en Prise de contraste artérielle plus intense Rehaussement homogène en phase
temps artériel, portal et tardif « motte », centripète, complet que l’adénome, pas de lavage portal et artérielle, hypo- ou isodense en phase
tardif tardif, rehaussement tardif de la zone portale
stellaire centrale Nécrose/hémorragie intratumorale
(25 %)
Imagerie par résonance magnétique (IRM)
Référence diagnostique +++ Référence diagnostique +++
Séquence T1/T2 et opposition de Hyposignal T1, hypersignal T2 Homogène, hypo/iso-T1, iso/hyper-T2 Sémiologie dépendante du sous-type
phase franc Cicatrice stellaire centrale hypo-T1 et moléculaire
hyper-T2 Lésion parfois hétérogène, zones
hémorragiques et stéatose, wash out
possible
Séquence T1 gadolinium avec Rehaussement périphérique en Prise de contraste artérielle intense et - HNF1A = baisse du signal en fat sat1
triple acquisition (artérielle, « motte » centripète homogène, muriforme, absence de - inflammatoire = hyper-T2 et prise de
portale et tardive) capsule, pas de lavage et rehaussement contraste aux trois temps
tardif de la cicatrice centrale - autres types = non spécifique
Séquence de diffusion (ADC) Pas de restriction du coefficient de Restriction modérée d’ADC
diffusion
Pièges diagnostiques Angiome capillaire à flux rapide et Carcinome hépatocellulaire Carcinome hépatocellulaire bien
angiome scléreux (TDM et IRM) fibrolamellaire différencié sur foie sain
Angiome compliqué ou remanié HNF de petite taille sans cicatrice centrale
et carcinome hépatocellulaire HNF stéatosique (mime un adénome)

ADC : apparent diffusion coefficient.

diagnostique, il est recommandé de prendre un avis auprès de façon plus exceptionnelle diverses complications : syndrome
d’équipes expertes en tumeurs hépatiques (éventuellement au de Kasabach-Merritt (thrombopénie, coagulopathie de consom-
cours d’une réunion de concertation pluridisciplinaire [RCP] mation et purpura), rupture hémorragique, torsion d’un angiome
dédiée), et de réaliser le cas échéant une ponction-biopsie pédiculé, compression d’un organe (estomac) ou vaisseau de voi-
ciblée pour avoir une confirmation histologique. Suivant la sinage (voies biliaires, SBC) [77] . Le diagnostic par l’imagerie est
topographie et l’aspect lésionnel, la biopsie peut être conduite habituellement aisé sauf quand il est très remanié, pouvant alors
par voie transpariétale ou par cœlioscopie pour une tumeur mimer des métastases (Tableau 1). L’échographie peut suffire
superficielle accessible, voire lors d’une laparotomie explora- au diagnostic en cas de lésion typique mesurant jusqu’à 3 cm.
trice en cas de doute persistant, eu égard au potentiel malin En cas d’atypie en échographie ou de contexte néoplasique ou
ou aux complications possibles, en particulier hémorragiques. d’hépatopathie sous-jacente, le recours à l’imagerie en coupe
L’hépatomégalie au cours des lésions focales hépatiques est expli- (Fig. 16, 17) ou à l’échographie de contraste est indispensable.
quée par leur volume, la douleur par le volume tumoral, la mise À l’issue de ces explorations radiologiques, la biopsie hépatique
en tension capsulaire, une complication nécrotique ou hémorra- peut être exceptionnellement envisagée en l’absence de diagnos-
gique et plus rarement une compression d’un organe de voisinage tic de certitude. La découverte d’un angiome est le plus souvent
ou une thrombose portale en cas d’affection néoplasique ou de fortuite, mais, lorsqu’il est symptomatique, le point d’appel le plus
complication septique. fréquent est une masse douloureuse de l’hypocondre droit, parfois
une satiété précoce. La douleur serait plus liée aux remaniements
Angiome provoqués par des hémorragies intratumorales, une ischémie péri-
C’est la plus fréquente des lésions focales du foie après les méta- tumorale ou des thromboses et des compressions locorégionales
stases. Sa prévalence est extrêmement variable en fonction des qu’à la taille de la lésion elle-même. L’angiome non compliqué ne
études, estimée entre 0,4 à 20 % dans la population générale, le justifie ni prise en charge spécifique ni surveillance radiologique.
plus souvent autour de 5 % dans les séries radiologiques [76] . Le Les indications d’exérèse chirurgicale sont très rares, limitées aux
diagnostic est majoritairement porté entre 30 et 50 ans, avec un angiomes compliqués et après discussion collégiale. La transplan-
sex-ratio variable. L’angiome est en général asymptomatique, y tation hépatique est encore plus exceptionnellement indiquée.
compris pour les lésions les plus volumineuses. Rarement, notam- Un traitement médical (corticothérapie, vincristine) ou radiolo-
ment pour les lésions multiples ou mesurant plus de 5 à 10 cm gique (embolisation) a été proposé pour les angiomes compliqués
(hémangiome dit « géant »), il peut engendrer des douleurs et d’un syndrome de Kasabach-Merritt [77, 78] .

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Figure 18. Tomodensitométrie abdominale temps artériel. Lésion


tumorale vasculaire du segment IV hépatique révélée par une pesanteur,
Figure 16. Tomodensitométrie abdominale temps portal. Angiome
sans caractérisation radiologique spécifique. Hyperplasie nodulaire focale
hépatique typique se rehaussant progressivement de façon périphérique
sur la pièce opératoire.
centripète en « mottes » aux temps tardifs.

hommes, principalement en cas de consommation de substances


anabolisantes ou d’un syndrome métabolique préexistant. His-
tologiquement, l’AH correspond à une prolifération tumorale
monoclonale d’hépatocytes bien différenciés sans espace porte
ni canal interlobulaire, aujourd’hui de mieux en mieux carac-
térisée en biologie moléculaire [85] . Quatre sous-types d’AH sont
identifiés par des caractéristiques morphologiques spécifiques et
Figure 17. Imagerie par résonance magnétique hépatique. Angiome
des risques de complications propres : AH avec inactivation de
hépatique typique avec rehaussement discontinu périphérique centripète
HNF-1␣ (AH-H, 30 à 40 %), AH inflammatoires (AH-I, 40 à 55 %),
en « mottes » et homogénéisation aux temps tardifs.
AH avec mutation du gène de la ␤-caténine (AH-␤, 10 à 20 %) et
AH inclassés (5 à 10 %). Les complications sont principalement
d’ordre hémorragique (souvent pour les lésions de plus de 5 cm
Hyperplasie nodulaire focale (HNF) ou les AH exophytiques) ou à terme de transformation maligne
L’HNF est la deuxième lésion bénigne du foie la plus fréquente, (lésions de plus de 5 cm, AH-␤). Si la voie de la caractérisation bio-
avec une prévalence variable selon les études, estimée entre 0,4 moléculaire des lésions semble prometteuse, à l’heure actuelle il
et 3 % en population générale [79, 80] . Elle concerne le plus sou- n’est pas recommandé de réaliser systématiquement une biopsie
vent des femmes (jusqu’à 90 %) avec un âge moyen au diagnostic hépatique et un sous-typage moléculaire. La présentation radio-
de 35 à 50 ans. La sensibilité aux estroprogestatifs (grossesse ou logique des AH est variable : les lésions sont le plus souvent
contraception orale) n’est cependant pas étayée et il n’existe pas uniques, bien limitées, parfois pédiculées, de taille variable allant
de potentiel malin connu. Cette lésion traduit une réponse hyper- de quelques millimètres jusqu’à 30 cm, richement vascularisées
plasique polyclonale à une malformation artérielle [81] . Dans la avec présence de nombreux vaisseaux sous-capsulaires. Les AH
plupart des cas, l’HNF est unique et mesure moins de 5 cm. Dans sont plus volontiers multiples notamment dans le cadre de mala-
20 à 30 % des cas, l’HNF est multiple ou peut être associée dans dies métaboliques comme la glycogénose de type I ou III. L’entité
20 % des cas à un angiome hépatique. Les formes secondaires « adénomes hépatiques multiples » a détrôné celle d’ « adéno-
(HNF-like), volontiers multiples, peuvent se voir dans de nom- matose hépatique » définie par la présence de plus de dix AH sur
breuses anomalies vasculaires (agénésie de la veine porte, SBC, foie sain, le décompte radiologique des AH ne permettant pas le
VPO, télangiectasies hémorragiques héréditaires, etc.) ou tumo- diagnostic de foyers adénomateux microscopiques identifiés dans
rales (hémangioendothéliome épithélioïde). L’IRM est l’examen 20 % des cas au sein de pièces de résection hépatique [86] . L’IRM,
de choix pour le diagnostic d’HNF, mais peut être prise en défaut à l’aide de multiples séquences spécifiques, est l’examen de réfé-
en cas de petite taille de moins de 3 cm (le plus souvent sans cica- rence qui permet de diagnostiquer à la fois l’AH et son sous-type
trice centrale), où l’échographie de contraste prend toute sa place. histologique dans 80 % des cas (AH-H très stéatosiques, AH-I riches
Dans sa forme typique à l’imagerie (Tableau 1), la confirmation en télangiectasies) [87] . Habituellement asymptomatiques en cas
histologique n’est pas nécessaire. En cas de doute diagnostique, la de petite taille, les manifestations cliniques sont plus fréquentes
biopsie ciblée peut être requise. Le plus souvent asymptomatique quand l’adénome dépasse 5 cm de diamètre, en raison d’un
(80–90 %), une douleur abdominale est possible mais son impu- risque de nécrose ou d’hémorragie intratumorale limitée, voire
tabilité doit rester un diagnostic d’exclusion. La complication péritumorale avec hématome sous-capsulaire (Fig. 19, 20). Les
hémorragique est bien plus rare que pour l’adénome et majo- douleurs de l’hypocondre droit avec hépatomégalie, et exception-
ritairement pour des lésions dépassant 4,5 cm de diamètre. Le nellement un choc hémorragique par rupture intrapéritonéale,
pronostic vital est exceptionnellement engagé. L’indication chi- résument alors la présentation clinique. La stratégie thérapeu-
rurgicale de résection, réservée aux rares formes compliquées ou tique est conditionnée par les données du patient (âge, sexe,
en cas de doute diagnostique (Fig. 18), doit être discutée de façon facteurs de risque d’AH) et les caractéristiques de l’AH (cinétique
collégiale [82] . Lorsque le diagnostic est certain, il n’y a pas lieu de croissance, complications). Un algorithme de surveillance et
d’engager une surveillance radiologique. Les contraceptifs oraux de prise en charge est proposé par l’European Association for
peuvent être poursuivis. the Study of the Liver (EASL) [74] (Fig. 21). En cas d’instabilité
hémodynamique secondaire à une complication hémorragique
Adénome hépatocellulaire (AH) d’un AH, l’embolisation radiologique est un traitement d’attente
L’AH est une tumeur beaucoup plus rare, dont la prévalence avant la chirurgie secondaire [88] . Pour les patients non éligibles
est faible entre 0,001 et 0,004 %, soit dix fois moins fré- à une prise en charge chirurgicale, les techniques de destruction
quente que l’HNF [83, 84] . Elle touche principalement les femmes localisée peuvent être envisagées après confirmation histologique
(90 %), avec un âge moyen au diagnostic de 40 ans. Son en cas de doute et sur avis d’un centre expert. Les techniques
estrogénosensibilité est bien établie, l’utilisation prolongée de chirurgicales (cœlioscopie et laparotomie dont les modalités de
contraceptifs oraux augmentant jusqu’à 40 fois l’incidence de résection doivent être carcinologiques) dépendent du nombre,
l’AH. Son incidence est cependant en augmentation chez les de la taille, et de l’accessibilité des lésions. La transplantation

12 EMC - Hépatologie

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Gros foie douloureux  7-007-B-19

hépatique est réservée à de rares indications. La grossesse étant un rehaussement central et lésion encapsulée de plus petite taille,
facteur de risque de croissance des AH, il est recommandé d’initier peu ou avasculaire avec un centre nécrotique [90] . En échographie,
un suivi échographique toutes les 6 à 12 semaines. En cas de crois- la lésion est hypoéchogène hétérogène et mal limitée, parfois
sance significative d’AH, qui expose entre autres à un surrisque de mieux définie et encapsulée, de tonalité tissulaire inconstante.
rupture, une embolisation radiologique peut être discutée (après Les aspects tomodensitométriques sont encore plus variables :
24 semaines d’aménorrhée), voire même une résection chirurgi- hypo- ou isodensité avec un rehaussement plutôt périphérique
cale [89] . et au temps tardif, cependant inconstant. Des calcifications sont
possibles. L’aspect en IRM est classiquement hypo-intense en T1,
Pseudotumeur inflammatoire iso- ou hyperintense en T2, avec un rehaussement au gadolinium
Pouvant affecter d’autres organes dont l’orbite et le poumon, hétérogène. Le signal T2 peut être très discret en fonction de
cette entité clinicoradiologique a été décrite pour la première fois l’abondance de la nécrose. Un hypermétabolisme élevé (standar-
dans sa localisation hépatique par Pack et Baker en 1953 [90] . C’est dized uptake value [SUV] 7,1 à 7,3) à la tomographie par émission
une entité rare, définie par une prolifération fibroblastique asso- de positons (TEP)-TDM a été rapporté dans quelques observa-
ciée à un infiltrat inflammatoire polymorphe, potentiellement tions [92] . Le tableau clinico-radio-biologique n’ayant rien de
secondaire à un processus infectieux d’origine digestive et/ou spécifique, le diagnostic est en fait porté par une biopsie percu-
des désordres auto-immuns, dont une maladie à immunoglobu- tanée voire chirurgicale. Le diagnostic anatomopathologique doit
lines G4 (IgG4 ) [91, 92] . Pouvant être révélée par une hépatomégalie comporter de nombreuses colorations spécifiques et l’utilisation
douloureuse parfois fébrile et associée à un syndrome inflamma- de nombreux marqueurs en immunohistochimie pour exclure
toire inconstant, cette lésion en impose souvent pour un abcès les diagnostics différentiels que sont les abcès septiques, les
hépatique ou une lésion tumorale atypique [93] . Deux formes ana- lymphomes, les tumeurs à cellules folliculaires dendritiques, les
tomocliniques sont décrites et rendent compte de l’ambiguïté tumeurs myofibroblastiques inflammatoires et les sarcomes à
diagnostique qui n’est souvent pas levée à l’imagerie : volumi-
neuse masse hétérogène à composante vasculaire comportant un

Figure 19. Imagerie par résonance magnétique abdominale T1 temps Figure 20. Tomodensitométrie abdominale temps portal. Hématome
artériel. Hématome sous-capsulaire spontané du foie gauche devant ame- sous-capsulaire bifocal spontané devant amener à rechercher une lésion
ner à rechercher une lésion focale sous-jacente. focale sous-jacente.

Figure 21. Arbre décisionnel. Prise en charge diagnostique et


Adénome hépatique confirmé par une IRM thérapeutique des adénomes hépatiques (d’après [74] ). IRM :
(avec injection de produit de contraste) imagerie par résonance magnétique.

Femme Homme

Contrôle des Tumeur


facteurs de risque hémorragique avec
(perte de poids, arrêt instabilité
des contraceptifs) hémodynamique

Embolisation
IRM à 6 mois
radiologique

Taille < 5 cm stable Taille > 5 cm


ou en diminution ou augmentation

Suivi IRM à 1 an

Résection
chirurgicale

EMC - Hépatologie 13

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7-007-B-19  Gros foie douloureux

**

A B
Figure 24. Tomodensitométrie temps portal. Macrokyste infecté (asté-
Figure 22. Tomodensitométrie abdominale temps portal. Polykystose risque) (A) d’une polykystose hépatique traitée par drainage (double
hépatorénale. astérisque) (B).

A B
Figure 25. Échographie hépatique (A) et cholangio-imagerie par réso-
Figure 23. Tomodensitométrie abdominale temps portal. Macrokyste nance magnétique T2 (B). Kyste simple surinfecté au contact de la
simple du segment IV hépatique devenu symptomatique (pesanteur liée convergence biliaire déterminant un encorbellement compressif des voies
au volume lésionnel). biliaires.

cellules fusiformes [93] . Le traitement est souvent chirurgical, sur- exceptionnellement rapportée. Le diagnostic, aisé dans les formes
tout en cas de symptômes généraux marqués et/ou d’un doute simples, peut être difficile lors des complications. Alors que le
diagnostique [90–93] . La récidive postopératoire est rare. Si la biop- kyste simple est de diagnostic purement échographique quand il
sie hépatique est contributive, l’évolution est souvent favorable est typique (anéchogène, limites nettes et régulières, renforcement
sous traitement antibiotique et anti-inflammatoire. Des régres- postérieur des échos et absence de paroi, de septas et de calcifica-
sions spontanées ont été également rapportées. tion murale), les complications peuvent lui faire prendre un aspect
hétérogène. L’IRM est particulièrement indiquée pour mettre en
évidence un saignement endokystique sous forme d’un hypersi-
Kystes hépatiques simples et polykystose
gnal T1 spontané. Elle permet également d’estimer la volumétrie
hépatique rénale corrélée à l’apparition d’une insuffisance rénale secondaire.
Le kyste hépatique simple est la formation hépatique la plus D’une manière générale, devant un gros foie douloureux, toute
fréquente et de découverte le plus souvent fortuite, dont la pré- échographie hépatique de première intention mettant en évi-
valence, estimée entre 2,5 à 18 %, tend à augmenter avec l’âge et dence une lésion à composante kystique atypique nécessite un
chez la femme [94, 95] . Le terme kyste biliaire est souvent employé complément d’imagerie à la recherche d’un contenu hétérogène,
à tort comme synonyme puisque le kyste ne communique pas de septa, de nodule mural, de calcifications ou d’une autre tumeur
avec l’arbre biliaire. La polykystose hépatique est arbitrairement primitive. En effet les diagnostics différentiels sont nombreux,
définie par la présence d’au moins 20 kystes et admet le plus en premier lieu les kystes infectieux (hydatidose), les métastases
souvent une origine génétique comme pour la polykystose hépa- kystiques (tumeur carcinoïde, cystadénome ovarien ou pancréa-
tique isolée (Fig. 22) ou encore la polykystose rénale autosomique tique, sarcome), les tumeurs kystiques primitives au demeurant
dominante (PKRAD) bien plus fréquente [96, 97] . L’atteinte est ini- exceptionnelles (cystadénome et cystadénocarcinome) et les mal-
tialement et isolément hépatique pour la première, qui reste rare formations congénitales kystiques (maladie de Caroli, hamartome
(1/158 000) et est expliquée pour 20 % des cas par une muta- biliaire) [99] . Aucune surveillance radiologique n’est indiquée en
tion des gènes PRKCSH (chromosome 19) ou SEC63 (chromosome cas de kyste simple. Le suivi radiologique des formes génétiques est
6). L’atteinte hépatique, comme manifestation extrarénale de mal codifié, mais repose en premier lieu sur l’IRM. Seules les rares
la PKRAD, est beaucoup plus fréquente (0,1 à 0,2 % de préva- formes symptomatiques ou compliquées peuvent justifier un trai-
lence mondiale) et fait suite à des mutations des gènes PKD1 tement soit instrumental (ponction-aspiration-sclérothérapie),
sur le chromosome 16 (atteinte rénale plus grave et plus pré- soit chirurgical (fenestration, kystectomie, hépatectomie, voire
coce) et/ou PKD2 sur le chromosome 4. Moins de 15 % des kystes transplantation hépatique) [95, 96, 99] . Dans le cas particulier des
hépatiques ont une traduction clinique ou biologique [95, 98] . Une polykystoses génétiques, un traitement médical peut permettre
douleur abdominale peut être observée en cas de kyste volumi- de diminuer le volume hépatique comme les analogues de la
neux (> 8 cm) (Fig. 23) ou compliqué. L’hémorragie intrakystique somatostatine. Les inhibiteurs de mechanistic target of rapamycin
(2 à 9 %) est un mode de révélation aigu, parfois elle est pro- (mTOR) ou encore l’acide ursodésoxycholique n’ont pas fait leur
voquée par un traumatisme. Une hémorragie intrapéritonéale preuve dans cette indication. Le tolvaptan, antagoniste des récep-
est rare. L’infection spontanée du kyste est rare (Fig. 24). La teurs V2 de la vasopressine, est actuellement recommandé pour
compression de structures voisines (3 à 9 %) peut générer une les atteintes rénales et permet à la fois de retarder le déclin de la
cholestase par dilatation des voies biliaires intra-, voire extra- fonction rénale et de diminuer le volume rénal. Une légère dimi-
hépatiques (Fig. 25), une hypertension portale ou un SBC en nution de la taille des kystes hépatiques a parfois été rapportée
cas de compression vasculaire. La dégénérescence maligne a été avec ce traitement [100] .

14 EMC - Hépatologie

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Gros foie douloureux  7-007-B-19

Tumeurs malignes
Tumeurs primitives
Hépatocarcinome sur foie non cirrhotique. Le CHC est le
plus fréquent des cancers primitifs du foie (90 %) dont la cirrhose
est un facteur de risque majeur (cf. supra). Le CHC sur foie non
cirrhotique a des caractéristiques particulières qui conduisent sou-
vent à un diagnostic plus tardif révélé par un syndrome tumoral. Il
touche des individus plus jeunes, avec un sex-ratio inversé. Les fac-
teurs étiologiques retrouvés sont globalement identiques à ceux
retrouvés dans le CHC sur foie de cirrhose et il est souvent asso-
cié à des lésions d’hépatite chronique. À l’inverse du CHC sur
foie de cirrhose, la biopsie ciblée est indispensable pour confir-
mer le diagnostic. Son architecture peut être classique ou prendre
l’aspect d’un CHC fibrolamellaire caractérisé par une prolifération
de grands hépatocytes oncocytaires et une fibrose lamellaire par- Figure 26. Échographie hépatique. Métastase hépatique d’un adéno-
ticulière [101] . Ce type de CHC est réputé de meilleur pronostic carcinome colique.
quand un traitement curateur chirurgical est accessible [70, 102] .
Cholangiocarcinome. Le cholangiocarcinome est par ordre
de fréquence le deuxième cancer primitif du foie. Il partage avec
le CHC certains facteurs de risque (cirrhose, hépatites virales,
alcool, syndrome métabolique) mais est également favorisé par
les kystes du cholédoque et, en Asie principalement, par des
distomatoses biliaires (Opisthorchis viverrini et Clonorchis sinen-
sis) [103] . Longtemps asymptomatique, le pronostic est sombre car
il est souvent révélé à un stade tardif. La douleur et l’altération
de l’état général peuvent s’associer à un ictère et un prurit.
L’examen peut montrer une hépatomégalie, une grosse vésicule
ou des signes d’hypertension portale. Toute la difficulté réside
dans l’appréciation de la résécabilité tumorale, nécessitant la
combinaison des examens d’imagerie médicale. Trois formes de
cholangiocarcinome sont décrites : la forme exophytique ou
« masse », la plus courante, la forme péricanalaire infiltrante et la
forme endocanalaire, dont le diagnostic radiologique est plus dif-
ficile [104] . Une lésion résécable fait envisager une chirurgie à visée
curative. La place et la stratégie des traitements adjuvants sont Figure 27. Tomodensitométrie abdominale temps portal. Multiples
à préciser, actuellement à base de 5-fluorouracile (5-FU) ou dans métastases hépatiques d’un adénocarcinome colique.
le cadre d’essais cliniques. Pour les tumeurs non résécables, un
protocole de chimiothérapie par gemcitabine seule ou en combi-
naison associée à un sel de platine ou à du 5-FU peut améliorer la fréquent, prédominant en général dans l’hypocondre droit. Ini-
survie globale, bien que les données issues de méta-analyses soient tialement modérée et progressive, souvent décrite comme une
discordantes [105] . pesanteur, l’exacerbation aiguë peut témoigner d’un saignement,
Autres tumeurs. D’autres tumeurs primitives sont plus d’une nécrose ou d’une progression métastatique volumétrique.
exceptionnellement rapportées : tumeurs épithéliales (cysta- L’hépatomégalie a des bords irréguliers, sauf en cas de nodule
dénocarcinomes), tumeurs mésenchymateuses (angiosarcomes, centrohépatique. Elle peut s’accompagner d’une altération de
hémangioendothéliomes épithélioïdes, autres sarcomes), tumeurs l’état général et de fièvre, parfois d’ictère et d’ascite. Le diagnos-
mixtes (hépatoblastome), lymphomes hépatiques (cf. infra) et tic radiologique est multimodal [106, 110] . L’aspect échographique
tumeurs endocrines primitives du foie [93] . typique représente des lésions multiples irrégulières, constituées
d’un centre iso- ou hypoéchogène cerné d’une couronne périphé-
rique hyperéchogène (images en « cible » ou « cocarde »), avec
Tumeurs secondaires
un renforcement postérieur (Fig. 26). En TDM, le temps portal est
Le foie est un organe cible pour la dissémination métasta- optimal pour visualiser les métastases hépatiques d’aspect hypo-
tique de nombreuses tumeurs solides par sa double vascularisation dense et qui ont habituellement une prise de contraste seulement
portale (tumeurs digestives) et artérielle (autres tumeurs), mais périphérique au temps artériel (Fig. 27). Certaines tumeurs très
également via les sinusoïdes hépatiques dont l’épithélium fenêtré vascularisées (carcinome à cellules rénales, mélanome, tumeur
favorise l’implantation des cellules tumorales [106] . La fréquence neuroendocrine) ont une prise de contraste intense au temps arté-
des métastases hépatiques au moment de la découverte d’un can- riel, ce qui justifie toujours la réalisation des trois phases. L’IRM
cer est corrélée au type tumoral, à la localisation, au degré de est plus sensible et spécifique (injection et séquences de restric-
différenciation, et aux stades T (taille de la tumeur) et N (node tion de diffusion) que la TDM. Les lésions métastatiques sont
pour atteinte ganglionnaire) du cancer primitif. La théorie de généralement en hyposignal T1 et hypersignal T2. La TEP-TDM
l’organotropisme préférentiel des cellules tumorales, envisagée n’est indiquée que si son résultat peut modifier la décision théra-
pour la première fois au XIXe siècle, fait l’objet de nombreuses peutique. Quelle que soit la néoplasie, la présence de métastases
recherches et propose des réponses via les exosomes protéiques hépatiques marque un tournant pronostique majeur particulière-
des cellules tumorales [107] . La majorité des métastases hépatiques ment bien documenté pour le cancer colorectal où elle représente
provient de carcinomes (90 %), de type adénocarcinome dans la première cause de décès. La résection chirurgicale reste le
75 % des cas. Les primitifs des adénocarcinomes les plus fréquents gold standard parmi toutes les avancées thérapeutiques : radio-
sont d’origine colorectale (35 %), pancréatique (8 %) et mam- fréquence, cryothérapie, embolisation, souvent combinées à une
maire (6 %). Les autres carcinomes sont de type neuroendocrine chimiothérapie systémique [106, 111] .
(13 %) et squameux (2 %). Les tumeurs non carcinomateuses pour-
voyeuses de métastases hépatiques sont les mélanomes (3 %) et
les sarcomes (1 %) [106] . Les métastases hépatiques sans tumeur Infiltration hépatique diffuse
primitive identifiée représentent environ 15 % des cas et sont de
moins bon pronostic, la majorité des types histologiques retrouvés Le foie est un organe aux multiples fonctions (synthèse,
étant des carcinomes (90 %), et principalement des adénocarci- métabolisme et immunologie) dont témoigne une architecture
nomes (70 %) [108, 109] . La douleur est le signe fonctionnel le plus cellulaire et matricielle riche et complexe qui peut être le siège

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7-007-B-19  Gros foie douloureux

Tableau 2.
Principales étiologies des stéatoses non alcooliques. Figure 28. Échographie hépa-
tique. Stéatose nodulaire
Toxiques multifocale sous la forme de
Médicaments lésions arrondies hyperéchogènes
Amiodarone disséminées.
Tamoxifène
Méthotrexate
Corticoïdes
Estrogènes de synthèse
Nifédipine, diltiazem
Analogues nucléosidiques
Isoniazide
Solvants industriels
Déséquilibres nutritionnels inconstante [118] . Les tableaux aigus des stéatohépatites alcoo-
Perte rapide et importante de poids liques ne sont pas retrouvés dans la stéatohépatite non alcoolique
Chirurgie de l’obésité (non-alcoholic steato hepatitis [NASH]). De même, il n’y a pas de
Kwashiorkor corrélation entre l’expression clinique et l’intensité des lésions
Malabsorptions digestives sévères histologiques. L’examen clinique recherche principalement des
Résections étendues du grêle signes d’hépatopathie chronique et des signes extrahépatiques
Nutrition parentérale d’insulinorésistance telle l’obésité androïde. Les tests hépatiques
Hépatite C sont en général peu perturbés (cytolyse et GGT < 5 LSN), la cyto-
Maladie de Wilson
lyse prédominant sur les ALAT sauf en cas de fibrose avancée. Une
Dysthyroïdies
hyperferritinémie modérée sans élévation du coefficient de satura-
Divers
tion est fréquente. En cas de syndrome métabolique, le dépistage
Lipodystrophie des membres
Maladie de Weber-Christian
de NAFLD par échographie éventuellement combinée au dosage
Pullulation microbienne des transaminases est actuellement recommandé [117] . En écho-
A/hypobêtalipoprotéinémie graphie, la stéatose hépatique est détectée lorsqu’elle intéresse au
moins 30 % des hépatocytes (foie hyperéchogène avec atténua-
tion en profondeur, de façon diffuse ou hétérogène). L’IRM est le
meilleur moyen non invasif pour l’identifier avec certitude en cas
d’une accumulation de matériel cellulaire ou non. Les causes
de stéatose nodulaire pseudotumorale (Fig. 28) et pour quantifier
d’une infiltration hépatique diffuse sont multiples et l’expression
la graisse [119] . Le pronostic est conditionné par l’évolution fibro-
clinique de l’hépatomégalie qui en résulte est très variable.
sante qui surviendrait dans un tiers des cas [116–118] . Elle est dépistée
par l’utilisation de moyens non invasifs tels les scores clinico-
Foie de surcharge biologiques, l’utilisation de biomarqueurs et la détermination de
En cas d’amylose hépatique [112] , de surcharge en fer géné- l’élasticité hépatique (élastométrie) qui supplantent la ponction-
tique [113] , ou en sphingolipides comme la maladie de Gaucher [114] , biopsie hépatique. La fibrose évoluée conduit à la cirrhose et à ses
l’hépatomégalie, bien que parfois très volumineuse, n’est habi- complications souvent révélatrices. En cas de douleur, l’imagerie
tuellement pas ou peu algique. D’autres infiltrations peuvent est particulièrement utile pour les rechercher, en particulier la sur-
donner des foies de surcharge douloureux plus spécifiques. venue d’un CHC, le diagnostic étiologique de la cirrhose étant
rétrospectif et essentiellement fondé sur l’anamnèse d’un foie
Stéatose et stéatohépatite dysmétaboliques métabolique inconnu ou négligé, alors que les éléments cliniques,
La stéatose a une définition histologique et correspond à tel le surpoids, peuvent avoir disparu sous l’influence de la cir-
l’accumulation de lipides sous la forme de vacuoles habituelle- rhose. La prise en charge thérapeutique est multidisciplinaire et
ment macrovésiculaires au sein de plus de 5 % des hépatocytes. se concentre, en cas de syndrome métabolique, sur la prise en
La qualification de stéatohépatite associe des signes de souffrance charge des facteurs de risque cardiovasculaires (perte de poids y
des hépatocytes (ballonnisation, nécrose) et une inflammation compris chirurgie bariatrique, changement des habitudes alimen-
traduite par un infiltrat lobulaire contenant de façon prédomi- taires, éviction de l’alcool et du tabac, activité physique régulière,
nante des polynucléaires neutrophiles [115] . Les hépatopathies statines) [116–118] . De nombreux traitements médicaux ont été
stéatosiques dysmétaboliques excluent de leur définition les expérimentés et non validés par insuffisance thérapeutique ou
stéatoses d’autres origines, notamment alcool, maladies géné- toxicité. Ne sont actuellement disponibles que la vitamine E dont
tiques monogéniques et médicaments stéatogéniques (Tableau 2). l’efficacité est modérée, l’acide obéticholique en cours de valida-
Leurs risques évolutifs sont la fibrose hépatique, la cirrhose tion et d’autres médicaments en phase I et II.
et le CHC, sans occulter les comorbidités cardiovasculaires
et tumorales qui accompagnent le syndrome métabolique et Maladie de Wilson
peuvent être au-devant de la scène. Ce syndrome combine des Cette affection métabolique héréditaire transmise sur un mode
anomalies clinicobiologiques plus ou moins marquées (obésité autosomique récessif est caractérisée par l’accumulation excessive
centrale, hyperglycémie à jeun > 5,7 mmol/l ou diabète de type de cuivre dans l’organisme, en particulier le foie et le système ner-
2, hypertriglycéridémie ≥ 1,7 mmol/l, hypo-high density lipopro- veux central [120] . L’âge de découverte est très variable mais les
tein [HDL]-cholestérolémie < 0,4 g/l [homme] ou < 0,5 g/l [femme], manifestations hépatiques sont un des principaux modes de révé-
hypertension artérielle, hyperuricémie). Si la prévalence de ces lation (40 %), en particulier chez les jeunes patients, et précèdent
lésions est un enjeu de santé publique, elle est néanmoins souvent les atteintes neurologique et psychiatrique [121] . Une
sous-estimée du fait de sa grande hétérogénéité de présentation insuffisance hépatocellulaire aiguë associée à une anémie hémo-
clinique, radiologique ou même biologique [116] . La stéatose hépa- lytique nécessitant une transplantation hépatique en urgence
tique non alcoolique (non-alcoholic fatty liver disease [NAFLD]) et des formes d’hépatite chronique et de cirrhose décompen-
est l’atteinte hépatique la plus fréquente dans les pays occiden- sée sont les principaux modes de révélation. L’hépatomégalie est
taux, affectant 17 à 46 % des adultes, et la première cause de souvent dure (fibrose) et le classique anneau de Kayser-Fleischer
perturbation des tests hépatiques aux États-Unis [117] . Le plus parfois absent dans les formes à début hépatique. Le diagnostic
souvent asymptomatique, un inconfort à type de gêne dans est étayé par l’abaissement de la céruloplasmine (< 0,1 g/l) en pré-
l’hypocondre droit est parfois décrit et pourrait correspondre à sence d’un anneau de Kayser-Fleischer. Dans les autres cas, ce
l’hypertrophie hépatique ou à la mise en tension de la capsule dosage est moins fiable et souffre à la fois de faux positifs, faux
de Glisson lorsque la stéatose s’est constituée rapidement. Les négatifs ou encore de variations en cas de mutations hétérozy-
hépatopathies stéatosiques sont très souvent asymptomatiques. gotes du transporteur biliaire ATP7B. La cuprurie des 24 heures est
Une asthénie est principalement signalée et l’hépatomégalie est élevée. Des algorithmes et scores diagnostiques ont été validés,

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Gros foie douloureux  7-007-B-19

fique (Fig. 29). L’aspect tomodensitométrique est celui d’un ou


plusieurs nodules hypodenses ne se rehaussant pas après injection
de produit de contraste [123] . L’histologie est indispensable avant
de débuter un traitement qui, sans consensus formel, repose sur
la chimiothérapie plus ou moins associée à une radiothérapie et à
la chirurgie [123, 126] .
Toutes les tumeurs malignes ayant un potentiel métastatique
hépatique, une infiltration intrasinusoïdale diffuse associée à
une nécrose parenchymateuse sont une forme évolutive possible.
Parmi les étiologies prédominent les hémopathies (maladie de
Hodgkin, LNH, syndromes myéloprolifératifs, leucémies aiguës
et chroniques), mais aussi les tumeurs solides : adénocarcinomes
(notamment du poumon et du sein), mélanomes, tumeurs ana-
plasiques. La symptomatologie initiale est peu spécifique avec
un amaigrissement, une douleur de l’hypocondre droit et de la
fièvre. La tumeur primitive est souvent peu symptomatique dans
Figure 29. Tomodensitométrie abdominale temps portal. Hépatosplé- ces localisations hépatiques et l’examen clinique est particulière-
nomégalie au cours d’un lymphome B à cellules du manteau. ment attentif à la recherche d’adénopathies, d’une splénomégalie,
d’un mélanome sans oublier la palpation des seins. Des évolu-
tions foudroyantes sont décrites par insuffisance hépatocellulaire
notamment le score de Leipzig qui, lorsqu’il est supérieur ou égal massive [127] .
à 4, confirme le diagnostic [122] . La biopsie hépatique n’est plus
systématiquement requise pour le diagnostic positif. La confirma- Granulomatoses hépatiques
tion génétique de la maladie est délicate, plus de 500 mutations
ayant été mises en cause, et la plupart des patients présentant Si une hépatomégalie est possible lors d’une granulomatose
un profil d’hétérozygotie composite. Néanmoins, la recherche de hépatique, son caractère douloureux, le plus souvent une simple
mutation du gène ATP7B est recommandée en cas de suspicion gêne, est moins patent, la douleur ne constituant ici sou-
de maladie de Wilson, notamment pour le screening familial que vent qu’un épiphénomène inconstant [128] . L’éventail étiologique
le diagnostic impose. Cependant, avec l’avènement de nouvelles est particulièrement large : maladies auto-immunes (cirrhose
techniques d’analyses d’acide désoxyribonucléique (ADN) (puces biliaire primitive en premier lieu, sarcoïdose), infectieuses virales
à ADN, sondes spécifiques d’allèles mutés), ces recommanda- (VHB, VHC), bactériennes (brucellose, fièvre Q, tuberculose,
tions pourraient évoluer et les indications de recherche génétique
s’étendre [122] . Le traitement est fonction du stade de la maladie
et repose en priorité sur des agents chélateurs (D-pénicillamine,
trientine) ou le zinc qui bloque l’absorption entérocytaire du
cuivre. La transplantation hépatique est réservée aux cas les plus
“ Points essentiels
graves [120–122] .
• Un gros foie douloureux évoque six grands cadres
diagnostiques : la pathologie lithiasique biliaire, le foie
Infiltration tumorale diffuse vasculaire, le foie infectieux avec notamment les abcès
L’infiltration diffuse du foie par une tumeur primitive (essen- hépatiques, les complications du foie cirrhotique, les
tiellement lymphome non hodgkinien [LNH]) ou métastatique lésions hépatiques focales bénignes et malignes, et les
se présente en général comme une hépatomégalie algique avec infiltrations diffuses hépatiques, également bénignes ou
altération de l’état général et peut poser de réelles difficultés malignes.
diagnostiques, en particulier à l’imagerie, en l’absence de lésion • Le contexte clinique (antécédents, histoire de la mala-
macronodulaire individualisable.
die), l’examen clinique et quelques tests biologiques
Les LNH primitifs du foie, définis par l’absence d’atteinte
médullaire, splénique, ganglionnaire ou sanguine, sont rares,
simples (numération-formule sanguine, CRP, tests hépa-
constituant moins de 0,02 % de tous les LNH et 0,4 % des LNH tiques et taux de prothrombine) permettent dans la
extraganglionnaires [123] . Par opposition, une infiltration hépa- majorité des cas une rapide orientation diagnostique.
tique par un lymphome ganglionnaire ou extraganglionnaire est • L’échographie couplée au Doppler est l’examen
fréquente, observée dans 5 à 20 % des LNH B ou T. Les LNH pri- d’imagerie de première intention incontournable pour
mitifs du foie sont majoritairement des lymphomes de phénotype l’orientation diagnostique en précisant les caractères de
B (46 à 96 % des cas), affectant des hommes d’âge moyen et fré- l’hépatomégalie. Elle recherche la perméabilité de la voie
quemment rencontrés en cas d’infection virale préexistante (VHB, biliaire, les signes d’hypertension portale, la présence de
VHC, virus de l’immunodéficience humaine [VIH], EBV) et/ou lésions focales et qualifie la vascularisation hépatique.
d’immunodépression. Les atteintes hépatiques des LNH du foie • L’absence de lésion focale oriente vers les causes vas-
de type T, plus rares et d’expression clinique plus agressive, sont
plutôt la conséquence d’une dissémination systémique [124] . Des
culaires, immunoallergiques, infiltratives, cirrhotiques ou
lymphomes T hépatospléniques, de pronostic particulièrement biliaires non compliquées.
péjoratif, survenant chez des sujets jeunes atteints de maladie • Parmi les examens biologiques spécifiques, les sérolo-
de Crohn traités par l’association infliximab-azathioprine, ont gies amibiennes et hydatiques sont les plus rentables pour
été rapportés, bien que les mécanismes physiopathologiques ne les étiologies parasitaires.
soient pas encore parfaitement élucidés [125] . Les présentations cli- • La symptomatologie douloureuse des lésions focales
niques des lymphomes hépatiques sont très diverses, allant d’une bénignes signe une complication souvent hémorragique.
découverte fortuite à une insuffisance hépatocellulaire sévère. Toute atypie dans la présentation clinique ou radiologique
La douleur abdominale est le symptôme le plus fréquent avec nécessite une confirmation histologique pour éliminer une
l’hépatomégalie et concerne plus de 50 % des patients. Les signes
néoplasie sous-jacente.
B (sueurs profuses, asthénie, amaigrissement) sont un peu moins
• La douleur n’est pas initialement au premier plan pour
fréquents, bien que les données cliniques soient hétérogènes selon
les études [126] . Trois formes radiologiques sont décrites : lésion les étiologies malignes. Elle signe souvent une complica-
unique (55 %), forme multinodulaire (35 %) et infiltration hépa- tion à un stade avancé, au potentiel thérapeutique curatif
tique diffuse, beaucoup plus rare, dont l’aspect radiologique est plus limité et au pronostic en règle plus péjoratif.
souvent limité à la description d’une hépatomégalie non spéci-

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7-007-B-19  Gros foie douloureux

maladie de Whipple, salmonellose, yersiniose) ou encore parasi- [16] Borie F. Recommandations des méthodes thérapeutiques de la lithiase
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dans les hémopathies malignes. Le pronostic est fonction de la [19] Heurgué A, Payancé A, Habes D, Franchi-Abella S. Thrombose
cause, bien que 10 à 30 % des hépatites granulomateuses soient porte récente non cirrhotique. Hepato-Gastro et Oncologie Digestive
d’étiologie indéterminée, mais semblent avoir un pronostic plus 2018;25(Suppl. 2):31–5.
favorable. La démarche étiologique doit être en pratique guidée [20] Correale M, Tarantino N, Petrucci R, Tricarico L, Laonigro I, Di Biase
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L’hépatomégalie algique est une situation clinique qui couvre Clinical practice guidelines: vascular diseases of the liver. J Hepatol
la majorité des étiologies des atteintes hépatiques, nécessitant 2016;64:179–202.
parfois une démarche diagnostique rapide pour des situations [23] Koehne de Gonzalez AK, Lefkowitch JH. Heart disease and the liver:
menaçantes. Les analyses clinique et échographique-Doppler per- pathologic evaluation. Gastroenterol Clin North Am 2017;46:421–35.
mettent dans la grande majorité des cas d’orienter vers les grands [24] Nikolaou M, Parissis J, Yilmaz MB, Seronde MF, Kivikko M, Laribi
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L. Gan, Interne des hôpitaux des armées.


Service de pathologie digestive, Hôpital d’instruction des armées Sainte-Anne, BP 600, 83800 Toulon cedex 9, France.
T. Chiniard, Praticien hospitalier.
56e Antenne médicale base aérienne 116, 70301 Luxeuil Air, France.
A. Gervaise, Praticien hospitalier certifié.
Service d’imagerie médicale, Hôpital d’instruction des armées Bégin, 69, avenue de Paris, 94163 Saint-Mandé, France.
P. Carassou, Praticien hospitalier certifié.
Service d’hématologie, Centre hospitalier général de Mercy, 1, allée du Château, 57530 Ars-Laquenexy, France.
M. Lapierre, Praticienne hospitalière certifiée.
Service d’imagerie médicale, Hôpital d’instruction des armées Sainte-Anne, BP 600, 83800 Toulon cedex 9, France.
P. Rey, Professeur agrégé du Val-de-Grâce, chef du service (phirey2@gmail.com).
Service de pathologie digestive, Hôpital d’instruction des armées Sainte-Anne, BP 600, 83800 Toulon cedex 9, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Gan L, Chiniard T, Gervaise A, Carassou P, Lapierre M, Rey P. Gros foie douloureux. EMC - Hépatologie
2020;35(2):1-20 [Article 7-007-B-19].

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