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En c o l l a b o r a t i o n a v e c N a s s e r a Z aïd
Zoothérapie
Le pouvoir
thérapeutique
des animaux
A rthaud
JO SÉ SARICA
En c o lla b o r a t io n a v e c N a s s e r a Z a ïd
Zoothérapie
t si les a n im a u x p o u v a ie n t n o u s a id e r à n o u s s o ig n e r?
E N o u s le s a v o n s to u s in tu itiv e m e n t, les a n im a u x n o u s
fo n t d u b ie n : le u r c o n fia n c e , le u r p ré s e n c e a ffe c tu e u se ,
le u r a m o u r d é n u é d e ju g e m e n t s o n t u n e s o u rc e de ré c o n fo rt
au q u o tid ie n . D e p u is p lu s de tr e n te a n s, a u x E ta ts-U n is et
au C a n a d a , d e s s c ie n tifiq u e s u tilis e n t ce lie n b é n é fiq u e
co m m e o u til th é ra p e u tiq u e a u p rè s d ’e n f a n ts e t d ’a d u lte s en
so u ffran ce . La z o o th é ra p ie é ta it n ée.
D é p rim e p ro fo n d e, a n x ié té , a u tism e , d éfic it d e l’a tte n tio n ,
m aladies chroniques, troubles alim entaires, m aladie d’Alzheim er,
ab u s se x u e ls ou v io le n c e s c o n ju g a le s, la z o o th é ra p ie p e rm e t
de c ré e r u n c a d re fa v o rab le au tra ite m e n t d e s m a la d ie s
m en ta le s ou p h y siq u e s et c o n trib u e au m ie u x -ê tre d e s p a tie n ts.
F orm é au Q u é b e c , J o s é S a ric a e x e rc e la z o o th é ra p ie d e p u is
p lu s de s e p t a n s et té m o ig n e d e sa p ra tiq u e a v e c so n c h ie n
C h ico et d e s « p e tits m ira c le s » ré a lis é s a u p rè s d ’a d u lte s et
d ’e n fa n ts e n so u ffra n c e .
U n té m o ig n a g e u n iq u e e t b o u l e v e r s a n t s u r le s b ie n f a its
d ’u n e p ra tiq u e e n c o re m é c o n n u e e n F ran c e.
Zoothérapie
Le pouvoir thérapeutique
des animaux
Arthaud
© Flammarion, Paris, 2017
87, quai Panhard-et-Levassor
75647 Paris Cedex 13
Tous droits réservés
ISBN: 978-2-0813-7755-4
Je dédie ce livre à ma mère, à mon père,
à Jordan, à Dirk et à Chico.
A Catherine, mon ange gardien.
Pourquoi un livre sur la zoothérapie ?
1. Sigmund Freud.
2. Seul le silence, Sonatine, 2008.
com bien je trouvais sa présence réconfortante et
bienveillante.
J ’ai quitté la France pour vivre mon rêve d ’enfant.
Quand je donne des conférences aujourd’hui sur le
métier de zoothérapeute que j ’ai pratiqué pendant
quelques années au Québec et en France, je sens à
quel point mon auditoire est intéressé par mon histoire
et à travers elle, par celle des personnes que j ’ai sui
vies en thérapie. Nul doute que ces enfants et ces
adultes atteints d ’autisme, d ’un déficit de l’attention,
d ’anxiété ou de dépression trouvent écho dans le
public. Qui n ’a jamais côtoyé de près ou de loin quel
qu’un souffrant d ’un de ces troubles ? Alors, expliquer
et raconter en quoi un animal peut faciliter le mieux-
être de ces patients, enfants et adultes, souvent comme
un ultime recours, touchent profondément ceux qui
m ’écoutent. Pendant toute l’heure que dure la confé
rence, les cas que j ’expose, les histoires vécues que
je raconte sont la plupart du temps reçus comme des
messages qui prennent un sens différent pour chacun.
L’émotion est souvent là. Non pas que je cherche
à émouvoir mes auditeurs, mais parce que la réalité
des faits, les combats gagnés quand on n ’y croyait
plus, le sentiment du travail accompli avec mon chien
« assistant », Chico, les regards, les larmes, la moindre
lueur d ’espoir pour que votre enfant vous regarde
ou prononce un seul m ot rem uent forcément les
sens. Ce sont ces témoignages que je souhaite partager
avec authenticité dans ce livre. Au-delà d ’un traité
sur la zoothérapie, qu’il faut bien sûr expliquer pour
comprendre la démarche, je souhaite avant tout à tra
vers ces pages rendre hommage à tous ceux qui m ’ont
fait confiance.
«Le bonheur est un rêve d ’enfant réalisé... »
1. www.douglas.qc.ca/info/zootherapie
2. François Beiger, « La zoothérapie ou médiation animale »,
in Georges-Henri Arenstein et Jean Lessard, La Zoothérapie,
nouvelles avancées, op. cit.
Étymologiquement, le terme de zoothérapie pro
vient du grec zoo signifiant animal, et de therapeia
que l ’on peut traduire par soin ou cure. Selon la
définition la plus courante tirée des travaux de Jules
L o ss1, la zoothérapie est une technique, individuelle
ou de groupe, caractérisée par l’utilisation d ’un ani
mal soigneusem ent sélectionné et entraîné, avec
lequel un intervenant dûment formé à cette fin tra
vaille pour maintenir ou améliorer la performance
d ’un patient sur un ou plusieurs plans (cognitif, phy
sique, psychologique, social ou affectif).
On peut souligner que le terme générique de zoo
thérapie englobe aujourd’hui deux pratiques : la
thérapie assistée par l’animal (TAA) où l’animal joue le
rôle d ’intermédiaire entre le patient et le thérapeute
et est considéré comme un auxiliaire du thérapeute ;
et les activités assistées par l’animal (AAA) pendant
lesquelles l’animal est cette fois-ci utilisé pour amé
liorer la qualité de vie des personnes concernées en
les invitant à participer à des activités récréatives ou
éducatives.
Le zoothérapeute est donc un professionnel qui
a été formé pour exercer, tout comme l’animal avec
lequel il travaille. Et dans ce cas précis, l’animal sert
de médiateur entre le patient et le thérapeute. Comme
le rappelle le psychologue Georges-Henri Arenstein,
« l ’animal peut rem plir une fonction projective,
c ’est-à-dire que la personne en difficulté projette,
souvent de façon inconsciente, ses sentiments et ses
La synergie triangulaire
1. www.authenticite.qc.ca/orientationTheorique
États-Unis permet d ’agir sur les comportements au
moyen du langage)1.
Les formations en zoothérapie vont s’inspirer de
l’une ou plusieurs de ces écoles de pensées pour éla
borer une méthode d ’enseignement.
L’intelligence émotionnelle
1. Ibid.
2. Daniel Goleman, L 'Intelligence émotionnelle, op. cit.
3. Sigmund Freud. L'Interprétation du rêve, PUF, 2012.
cherche à dégager des lois générales du fonctionne
ment psychique. En 1923, en révélant ses recherches
sur le principe de plaisir et le principe de réalité,
Freud inscrit l’inconscient dans une perspective
dynamique qui anime la vie mentale et considère que
cet état existe avant le conscient. L’inconscient est
structuré par le refoulement qui est entretenu par les
forces telles que les résistances. L’inconscient héberge
tout refoulé. C ’est dans l’inconscient que se loge le
réservoir pulsionnel (le ça) et les pulsions refoulées.
Le terme de « mécanisme de défense » est alors intro
duit pour la première fois par Freud. Parmi les méca
nismes de défense les plus répandus, on peut nommer
le refoulement, le déni ou négation, le mensonge,
le reproche, l’autopunition, la confluence, la critique,
le jugem ent, la supériorité, la colère défensive...
Cette liste est loin d ’être exhaustive.
Tout individu a son propre fonctionnement psy
chique dans la mesure où tel déclencheur induira
telle émotion souffrante et par la suite, telle réaction
qui pourra avoir des répercussions sur la relation1.
Cependant, le déroulement de ce fonctionnement
psychique est le même pour tous. On distingue sept
étapes : le déclencheur, l’interprétation subjective
négative, le sentiment, l’émotion souffrante, le méca
nisme de défense, l’impact négatif dans la relation à
l’autre et le processus de responsabilisation. Bien
que les six premières étapes soient des réactions en
chaîne sur lesquelles nous n ’avons pas vraiment de
pouvoir d ’action, le processus de responsabilisation
est l’étape au cours de laquelle on possède le pouvoir
sur soi.
Le patient a la possibilité d ’exprimer et d ’accepter
dans l’instant présent son vécu souffrant. Ce travail de
responsabilisation demandera à l’individu, après avoir
réagi défensivement, de revenir dans la relation pour
exprimer son vécu de façon responsable et rétablir
l’authenticité de la relation1. J ’appelle cela le pouvoir
de parler au j e pour sortir de l’espace de lutte, de
conflit face à l’autre. En parlant de soi, on ne fait pas
porter la culpabilité à l’autre, on assume ce que l’on
vit, ce que l’on est. Aider le patient à comprendre les
déclencheurs de sa réaction défensive, afin qu’il soit
en mesure d ’analyser ce qu’il ressent en faisant le lien
avec son vécu et enfin de l’exprimer à l’autre dans
l’instant présent, voilà en quoi consiste le travail d ’un
zoothérapeute. Pour mieux comprendre, imaginez une
boule de neige qui glisse le long d ’une pente pour
devenir une avalanche. Imaginez cette avalanche en
vous. Pour éviter que celle-ci soit dévastatrice, vous
devez comprendre et intervenir sur l’événement exté
rieur qui a poussé cette boule de neige à dévaler la
pente. Il faut, en d ’autres mots, devenir acteur de sa
vie et non plus uniquement spectateur.
La gestalt
1. www.authenticite.qc.ca/modeDintervention
2. Ibid.
favoriser, accélérer une réaction chez le patient par
sa seule présence, réaction qui comme nous avons pu
l’observer se produirait à plus petite échelle si l’animal
n ’était pas présent. Pour Arenstein, « introduire un
animal dans une relation thérapeutique, c ’est installer
un deuxième lien là où il n ’y en avait qu’un. Et ce
deuxième lien devrait idéalement être davantage nour
rissant que le premier, sinon l’animal est réduit à l’état
de parure et, à ce moment, un toutou en peluche ferait
aussi bien l’affaire. Il n ’est pas exagéré de dire que
toute am élioration de la condition psychologique
d ’une personne est due à une relation nourrissante,
que celle-ci ait lieu avec un humain ou un animal. Si la
relation nourrissante avec un humain se double d ’une
relation nourrissante avec un animal, nous avons là un
ensemble de stratégies gagnantes. » 1 Pour sa part,
François Beiger ajoute que « par sa présence, l’animal
favorise le développement d ’une relation thérapeu
tique. Plusieurs facteurs jouent ici un rôle important :
un animal paisible va rassurer et apaiser le patient
(il aura un effet relaxant) ; de plus, il va favoriser le
contact, permettre de continuer à communiquer et à
aider à recréer des liens sociaux (ou facilitation
sociale). Il devient également un véritable médiateur
entre un patient très retiré, voire hostile, et un théra
peute parfois désemparé. L’animal permet de redon
ner une place au sujet et de ne pas croire simplement
le malade. L’animal apporte aussi une aide au théra
peute, ce qui est moins souvent reconnu. [...] En se
L’écoute sensible
Le chat
Le cheval
Le perroquet
Le dauphin
Au Québec
En France
1. Ibid., p. 124-129.
2. Ibid., p. 83-92.
aides-soignants, des aides médico-psychologiques...
aux pratiques professionnelles de la médiation ani
male mais l’IFZ est égalem ent un lieu d ’accueil,
sous le nom d ’institut de médiation animale (IMA),
où de jeunes autistes viennent régulièrement toutes
les semaines, certains depuis plus de trois ans, pour
des séances de thérapie par m édiation anim ale
par notre psychologue A urélie Jean, clinicienne-
zoothérapeute, spécialiste des troubles envahissants
du développement. Des progrès incontestables pour
chaque enfant ont été m esurés par des échelles
d ’évaluation, explique François Beiger, son fonda
teur. Un IM A, c ’est aussi une m aison ou pièce
d ’éveil où chaque enfant aura un programme person
nalisé qui lui permettra d ’apprendre petit à petit les
notions théoriques et pratiques du langage par
l’orthophonie, de l’espace, du temps, de l’équilibre
par la psychomotricité médiatique par l’animal. »
En créant cet institut, François Beiger poursuit plu
sieurs objectifs, notamment celui de faire connaître,
de convaincre et d ’inciter à recourir à la zoothérapie
auprès des malades. Il vise à « développer des forma
tions professionnelles sur la médiation animale, déve
lopper un réseau d ’intervenants professionnels en
Europe et leur apporter un soutien, des informations,
de la formation continue, aborder la dimension des
nouvelles médiations animales pour les personnes
dans le besoin, organiser des initiatives d ’informa
tions sur la médiation animale et des rencontres entre
les acteurs du social et de la santé par des colloques
et des conférences, mener une réflexion sur la média
tion animale auprès des professionnels de la santé, du
social et de l’enseignement spécialisé».
Mais qu’existe-t-il vraiment en termes de pratiques
de la zoothérapie en Europe, et notamment en France ?
Il existe plusieurs centres d ’équithérapie qui tra
vaillent avec des enfants et des adultes présentant
des difficultés diverses. Parmi celles-ci, on trouve des
handicaps physiques (moteur, congénital, accidentel,
déficits sensoriels), des troubles psychiques et rela
tionnels (troubles du com portem ent, dépression,
névrose, psychose). Selon Karine Martin, fondatrice
de la société française d ’équithérapie en 2006', «de
plus en plus de particuliers et d ’organismes proposent
aujourd’hui des formations d ’accompagnement en
médiation équine, souvent courtes (de quelques heures
à deux cents heures), certaines basées sur des fonde
ments spirituels, souvent à des tarifs horaires exorbi
tants et toujours non encadrées par des thérapeutes
spécifiquement formés en équithérapie ou thérapie
avec le cheval ». Peut-être à cause des formations
exigeantes. « Se spécialiser en équithérapie, poursuit-
elle, c ’est devenir thérapeute et cela suppose un che
minement et des connaissances théoriques et pratiques
qui ne peuvent s ’acquérir que sur un minimum
d ’heures de formation. » Tout comme ses confrères,
elle met en garde sur la qualité de la formation du
thérapeute et de son animal. Cela ne s ’improvise
pas. « Si vous êtes à la recherche d ’un équithérapeute,
il est absolument nécessaire de se renseigner sur les
qualités et la formation de l’équithérapeute en ques
tion. Il se doit d ’être un professionnel du secteur
médico-social, d ’avoir suivi une formation de qualité
en équithérapie et d ’être signataire d ’une charte 1
1. sfequitherapie.free.fr
d ’éthique et de déontologie professionnelle. De même
si vous êtes intéressé par une formation en équithéra-
pie, ne vous laissez pas abuser par certains sites »,
prévient-elle sur sa page Internet.
Mais afin de comprendre pourquoi en France le
recours à la zoothérapie pour le mieux-être prend
autant de temps à s’installer dans des centres de santé
publics ou privés, il me semble intéressant de compa
rer la situation de la zoothérapie en France avec celle
en Belgique. Pour cela, je m ’appuie sur les propos du
spécialiste Joël Dehasse, vétérinaire comportementa
liste, thérapeute systémique, coach en comportement
animal, en relations humain-animal et en dévelop
pement. Son point de vue m ’interpelle et m ’incite à
penser que dans l’un et l’autre de ces deux pays occi
dentaux, la susceptibilité médicale n ’y est peut-être
pas pour rien. Joël Dehasse résume parfaitement la
place des activités assistées par l’animal en Belgique1.
Les réticences pourraient, selon lui, s’expliquer par
la terminologie : « En Belgique, on parle d ’activités
assistées par l’animal (AAA), le corps médical étant
susceptible sur le mot “thérapie”, utilisé dans “zoo
thérapie”. Les AAA n ’y sont pas légiférées et il n ’y a
aucune association nationale rassemblant les diverses
initiatives individuelles. [...] En Belgique, la situa
tion est un état de contemplation, de circonspection :
on est conscient du phénomène, mais l’action reste
minime et l’initiative individuelle ; la peur du risque
(hygiène, accident) et le besoin de se protéger de1
De la théorie à la réalité
Le monde de Jérémy
Devant la caméra
Un premier rendez-vous
pas comme les autres
Se réapproprier le non
Marc-Antoine et Arthur
Place à la panique
il H lll
A rth u r rencontre
Chico et moi pour
la prem ière fois.
Ja m a is de sa vie,
il n’a été dans
la même pièce
qu’un chien.
A rthur tend
une friand ise
du bout des doigts
à C hico sous
le regard ému
de sa mè
Stéphanie Audebert
À la fin de chaque
rencontre, les
ju m elles prom ènent
C hico su r la p lage
du cen tre de
delphinothérapie
d ’Eilat.
HH
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L’absence de Léna
Le jeu du masque
La renaissance de Georgette
Garder espoir
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