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Phlou 0035-3841 1963 Num 61 71 5216
Phlou 0035-3841 1963 Num 61 71 5216
van Aubel Madeleine. Accident, catégories et prédicables dans l'œuvre d'Aristote. In: Revue Philosophique de Louvain.
Troisième série, tome 61, n°71, 1963. pp. 361-401;
doi : https://doi.org/10.3406/phlou.1963.5216
https://www.persee.fr/doc/phlou_0035-3841_1963_num_61_71_5216
Présentation aristotélicienne
des prédicables et des catégories
A. Les prédicables.
La doctrine aristotélicienne des prédicables ne soulève pas de
gros problèmes d'interprétation. Nous nous trouvons en présence
d'une doctrine dont la signification et le contenu ne laissent aucun
doute : il est indiscutable qu'il s'agit d'une théorie proprement
logique (I>. C'est une évidence qui se dégage spontanément de la
présentation et des définitions des prédicables.
Ceux-ci représentent, en effet, les modes généraux suivant
lesquels, dans toute proposition, le prédicat peut être uni au sujet,
ou, pour le dire plus brièvement, la doctrine des prédicables
représente la classification des « relations logiques des concepts » {i).
Elle prend donc place dans la logique aristotélicienne et y étudie
les différents liens pouvant exister entre les termes du jugement.
C'est dans les Topiques qu 'Aristote énonce les différents modes
possibles d'attribution : a Toute proposition et tout problème
expriment ou un genre, ou un propre, ou un accident » {3). Deux
précisions apportées aussitôt nous permettent de constituer la liste
définitive : la différence est un rapport de même nature que le genre,
et doit donc être rangée avec lui (4) ; au sein du propre, au
contraire, il faut opérer une distinction : il y a le « propre » qui exprime
l'essence du sujet, et qu'Aristote appelle la définition, et le propre
véritable qui n'exprime pas la quiddité du sujet (5>. Au total donc
quatre prédicables : définition (Spoç), propre (fôiov), genre
et accident (au[Ji[3epY]%<5ç) <6).
Comment doit-on les définir ?
<"> Article para dans la Reoxxe philoêophiqa* ê» Lentoain, 1946 (44), pp. 349-
369.
<"> Métaph. T 2, 1003 a 33-34.
<"> Métaph. T2, 1003 a 31 -b 19.
("> Métaph. E 2, 1026 a 33 - b 2; 6 10. débat.
<"> Métaph. À 7. 1017 a 22-27.
366 Madeleine van Aubel
• • ♦
P*' Notons, sans vouloir y insister, que la liste des predicaments cités par
Aristote varie très fort d'un texte à l'autre. La liste la plus complète, qu'on ne
trouve que dans quelques textes fort rares {Top. A 9, 103 b 21-23 et Cat. 4,
1 b 25-27), comporte dix catégories. C'est cette Iiete qui est devenue
traditionnelle.
<"> Voir H. BONÎTZ, Index Aristotelicn», au mot
Accident, catégories et prédicables chez Aristote 367
,
celui-ci mérite le nom de substance (25).
(**) Ceux qui ont opté pour cette interprétation traduisent littéralement c ce
quelque chose >. Mais on peut noter qu'on attendrait plutôt dans ce cas xd§S
TÔ Xt. Il semble qu'il faille comprendre < un ceci >, c quelque chose qui eat
ceci », comme on dirait ^vfrpwrcdç XtÇ. A ce propos, voir W. D. Ross, Aristotle's
Metaphysics, I, pp. 247-248.
<iT> A. Smith, Td8e Xt in Aristotle, dans The Classical Review, 1921 (35).
p. 19; D. R. COUSIN, Aristotle's Doctrine of Substance, dans Mind, 1933, p. 332;
A. De Vos, Het « Eidos » als « Eerste Substantie » in de Metaphysioa oan Ans-
toteles, dans Tijdschrift ooor Philosophie, 1942 (4), p. 60.
<"> De A n. A 1, 402 a 23-25. Voir aussi Mitaph. Z 4. 1030 a 18-20; Z 13.
1039 a 1-2; De Gen. et Corr. A 3. 319 a 12.
372 ' - Madeleine van Aubel
• ♦ ♦
Il
m • •
Les deux textes le plus souvent cités sont des textes des Seconds
Analytiques.
Le premier de ces textes (1> présente le ou|i,pepY]X(5ç par
opposition au xafr'a&xd, et cette opposition se ramène à trois points :
1° sont nafr'aôxdc les prédicats appartenant à l'essence du sujet,
comme la ligne appartient à l'essence du triangle, et les prédicats
contenant le sujet dans leur propre définition, comme le rectiligne
contient la ligne dans sa définition. Les prédicats n'appartenant
au sujet d'aucune de ces deux façons sont appelés aup,(3ej37]xdxa.
Ce sont, par exemple, les prédicats « blanc » ou « musicien » pour
le sujet « animal » (3>.
quand elle affirme, non pas l'inhérence d'un attribut dans un sujet,
mais la connexion entre une cause et son effet ; et elle est
accidentelle quand elle n'affirme que la concomitance de deux
événements » (9>. Nous retrouverons ce dernier sens de xô a\)\L$e$'fiK6ç
un peu plus loin, dans des textes de la Métaphysique.
♦ • ♦
soi : c'est « ce qui appartient par soi à un sujet, mais sans se trouver
dans sa substance » (e8). Cette sorte d'accident, fort différente de la
première, Aristote la désigne tantôt par aujifkjfyxdç, comme c'est le
cas ici, tantôt avec plus de précision par au\i§z§"fiY.à<z xafr'aôxd <69) ;
c'est l'appellation la plus courante de ce genre d'accident, qui
représente l'attribut non essentiel mais nécessaire. L'exemple qu'Aris-
tote cite en général, comme ici, pour cet accident est la propriété
qu'a tout triangle d'avoir la somme de ses angles égale à deux
droits (70). Cet « accident par soi » représente de toute évidence
un accident logique, mais celui-ci, nous l'avons signalé plus haut, ne
se voit cependant pas attribuer de place par Aristote dans la
classification des prédicables étudiée précédemment.