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CHAPITRE

38
Traumatismes
cervico-faciaux

Grégory Hosana, Pierre Fayoux

PLAN DU CHAPITRE
■■ Tableaux cliniques

■■ Prise en charge
yy Bilan
yy Traitement
yy Exploration

ORL de l'enfant
© 2017, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
300 Pathologies cervico-faciales

Points clés

Les principales causes des traumatismes cervico-faciaux sont les agres-
sions, les chutes, les accidents de sport et les morsures d'animaux.

Ils peuvent être isolés ou associés à des fractures osseuses ou dentaires et
s'intègrent souvent dans un contexte de polytraumatisme.

L'évaluation initiale recherchera des lésions vasculaires, nerveuses ou une
atteinte des organes creux.

Le parage des plaies doit être envisagé dans les 6  heures, l'exploration
chirurgicale pouvant être plus urgente selon les lésions associées.

Tableaux cliniques
■ Les tableaux cliniques dépendent des types de traumatisme : contusion, der-
mabrasion, plaie simple, délabrante, punctiforme, brûlures (figure 38.1).
■ Une gêne fonctionnelle peut être retrouvée du fait d'une atteinte des nerfs
mixtes.
■ Un hématome compressif par extension parapharyngée ou linguale peut aussi
être retrouvé.
■ Une lésion péri-orificielle peut être labiale, nasale ou palpébrale (figure 38.2).
■ Il peut exister une atteinte esthétique.

Figure 38.1. Contusion et dermabrasion de l'hémiface droite.


Les hématomes profonds sur le pavillon de l'oreille et la face ont été drainés.

Prise en charge
Bilan
■ Un examen clinique très précis doit être réalisé, accompagné d'un schéma et si
possible de photographies.
■ Un examen initial peut être faussé par des hématomes ou une inflammation
(déformation nasale, atteinte sensitive ou motrice).
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Figure 38.2. Morsure de la joue avec atteinte labiale.

Figure 38.3. Plaie de la paupière inférieure.

■ Selon le contexte ou la localisation, il faut rechercher :


 des pouls carotidiens et un souffle vasculaire ;
 un déficit moteur ou sensitif ;
 un emphysème ou une plaie soufflante (voir chapitre 19) ;
 une lésion du canal de Sténon ;
 une lésion du canal lacrymonasal (figure 38.3) ;
 un hématome de cloison (figure 38.4).
■ Il convient d'évoquer la maltraitance en cas de lésions multiples.
■ L'imagerie comprend :
 une échographie des vaisseaux du cou en cas de contusion avec diminu-
tion des pouls ou perception d'un souffle vasculaire cervical ;
 une TDM du massif facial et cervical sans et avec injection en cas de trau-
matisme compliqué (figure  38.5) (accident de la voie publique, hématome
facial, signes neurologiques).
On ne réalise pas de radiographie des os propres du nez quand il s'agit d'un trau-
matisme simple du nez (figure 38.6).
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Figure 38.4. Hématome de cloison.


On reconnaît de part et d'autre du septum une tuméfaction rougeâtre signant
le diagnostic.

Figure 38.5. Fracas facial.


Scanner du massif facial montrant un fracas osseux touchant tous les étages de la face.

Figure 38.6. Traumatisme nasal.


Fracture nasale avec plaie de la columelle et fracture du septum responsable
de l'embarrure du dorsum. Dans ce type de lésion, une imagerie est nécessaire.
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Traitement
■ Une exploration est réalisée en consultation ou au bloc opératoire après avis
spécialisé.
■ Selon l'âge, il est possible de recourir à la tétine sucrée ou au MEOPA (mélange
équimolaire oxygène–protoxyde d'azote) en association avec une anesthésie
locale ou générale.
■ Les plaies nécessitant une prise en charge spécialisée sont les suivantes :
 une plaie du globe oculaire – c'est une urgence ophtalmologique ;
 une embarrure, une extériorisation de substance cérébrale ou une
fuite de liquide céphalorachidien –  elles imposent le transfert en milieu
neurochirurgical ;
 les plaies des paupières dépassant le plan cutané ou intéressant leur bord
libre ;
 les plaies profondes des joues, les plaies extensives de la langue et de la
cavité buccale ;
 les plaies transfixiantes de l'oreille et du nez ;
 les plaies avec perte de substance ;
 les hématomes compressifs ;
 les plaies des organes creux.

Exploration
■ Le délai de suture est classiquement de 6 heures.
■ La réparation de la plaie après lavage et protection par une compresse humide
peut être retardée jusqu'à 24 heures sans augmenter le risque infectieux ni com-
promettre le résultat esthétique.
■ Les types de suture réalisés sont les suivants :
 point simple : plan superficiel ou plan profond – suture la plus commune ;
 colle tissulaire : plan superficiel, pour une plaie inférieure à 10 cm peu pro-
fonde franche et linéaire ne saignant pas ;
 surjet simple : fermeture rapide mais peu esthétique ;
 agrafes : plaies peu hémorragiques du cuir chevelu. Cette suture est rapide
et facile mais peu esthétique ; elle nécessite une pince spéciale pour l'ablation.

Pour en savoir plus


Garabédian EN, Bobin S, Monteil JP, et al. ORL de l'enfant. 2e éd. Paris : Médecine-Sciences Flammarion ;
2006.
Indications de la radiographie du crâne et/ou du massif facial. Rapport HAS ; février 2008.
Les plaies de la face et du cou. Monographie Amplifon ; 2010.
www.infectiologie.com/UserFiles/File/medias/_documents/consensus/consensus-COURT-
plaies2006.pdf.

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