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Fiche à jour au 31 octobre 2007

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Diplôme : Licence en droit, 3ème semestre

Matière : Droit administratif

Web-tuteur :

Lucile STAHL

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A. SUJET : REDIGEZ UN COMMENTAIRE SIMULTANE DES ARRETS SUIVANTS 2
C.E., 5 octobre 1984, « Préfet de l'Ariège » 2
C.E., 26 avril 1985, « Ville de Tarbes » 2
B. CORRIGE 3
I - La possibilité de déroger au principe d'égalité d’accès aux services publics
en cas de différences de situation 3
II – Une appréciation divergente du caractère légal de l’établissement de tarifs
différenciés pour l’accès aux services publics communaux 4
A. Sujet : rédigez un commentaire simultané des arrêts
suivants
C.E., 5 octobre 1984, « Préfet de l'Ariège »
« Considérant que le commissaire de la République du département de
l'Ariège a déféré au tribunal administratif de Toulouse une délibération du
conseil municipal de la commune de Lavelanet en date du 20 juillet 1982,
confirmée le 28 juillet suivant, en tant qu'elle porte à vingt francs le prix du
repas à la cantine scolaire pour les élèves domiciliés hors de la commune
alors qu'un tarif réduit de huit francs est maintenu pour les élèves de la
commune ;
Considérant que la création d'une cantine scolaire présente pour la
commune de Lavelanet un caractère facultatif et qu'elle n'est pas au nombre
des obligations incombant à cette commune pour le fonctionnement du
service public de l'enseignement ; qu'il n'est pas contesté que le plus élevé
des deux prix fixés par le conseil municipal n'excède pas le prix de revient du
repas ; que le conseil a pu sans commettre d'illégalité, et notamment sans
méconnaître au profit des élèves domiciliés dans la commune le principe
d'égalité devant les charges publiques, réserver à ces élèves l'application d'un
tarif réduit grâce à la prise en charge partielle du prix du repas par le budget
communal ; que le commissaire de la République n'est par suite pas fondé à
soutenir que c'est à tort que le tribunal administratif a rejeté sa requête ;
...(rejet). »

C.E., 26 avril 1985, « Ville de Tarbes »


« Sur la légalité de la délibération du conseil municipal de Tarbes :
Considérant que, par délibération du 8 septembre 1980, le conseil
municipal de Tarbes a fixé le montant des droits d'inscription à l'École
nationale de musique de Tarbes qui constitue un service public municipal de
caractère administratif ; que le montant de ces droits varie, notamment, en
fonction d'un « quotient familial » établi compte tenu des ressources des
familles des élèves fréquentant l'école et du nombre de personnes vivant au
foyer ;
Considérant que la fixation de tarifs différents applicables à diverses
catégories d'usagers implique, à moins qu'elle ne soit la conséquence d'une
loi, qu'il existe entre les usagers des différences de situations appréciables ou
que cette mesure soit justifiée par une nécessité d'intérêt général en rapport
avec les conditions d'exploitation du service ;
Considérant que, d'une part, les différences de revenus entre les familles
des élèves n'étaient pas constitutives, en ce qui concerne l'accès au service
public, de différences de situation justifiant des exceptions au principe
d'égalité qui régit cet accès ; d'autre part, compte tenu de l'objet du service et
de son mode de financement, il n'existait aucune nécessité d’intérêt général
justifiant, pour la fixation des droits d'inscription, une discrimination fondée
sur les seules différences de ressources entre ces usagers. »
B. Corrigé
La jurisprudence relative à l’accès aux services publics administratifs
facultatifs communaux, très actuelle, retient ici notre attention dans deux
affaires. Dans la première, le conseil municipal de Lavelanet (Ariège)
établit des tarifs différenciés pour les repas d’une cantine scolaire selon
que les élèves sont domiciliés hors de la commune ou dans la commune.
Pour les premiers, un tarif fort est appliqué. Dans la seconde affaire, le
conseil municipal de Tarbes établit des droits d'inscription différenciés
pour l’accès à l'école de musique en fonction des ressources familiales.
Diverses catégories d’usagers sont donc ici créées : les résidents de
Lavelanet et les personnes extérieures à la commune ; les personnes
ayant des revenus élevés et les autres.
Saisi par le préfet dans la première affaire, le tribunal administratif de
Toulouse a rejeté la requête tendant à l’annulation de la délibération du
conseil municipal de Lavelanet. Dans la seconde affaire, aucune
information ne nous est donnée quant à la procédure qui précède la
cassation mais nous pouvons supposer qu’un tribunal a été saisi par des
usagers justifiant d’un intérêt à agir contre la délibération du conseil
municipal de Tarbes.
Les pourvois en cassation ont conduit à l’adoption de solutions
différentes. Le Conseil d’Etat, dans l’arrêt Préfet de l’Ariège considère
que la délibération du conseil municipal de Lavelanet est légale alors
qu’il annule vraisemblablement celle du conseil municipal de Tarbes.
Ce faisant, le Conseil d’Etat confirme la possibilité de déroger au
principe d’égalité d’accès aux services publics en cas de différences de
situation (I) mais il porte une appréciation divergente quant au caractère
légal de l’établissement de tarifs différenciés (II).
I - La possibilité de déroger au principe d'égalité
d’accès aux services publics en cas de différences de
situation
Tout en rappelant les conditions de la dérogation (A), le Conseil d’Etat
en formule une limite en matière de tarification (B).
A – Le rappel des conditions de la dérogation
Le Conseil d’Etat rappelle les règles applicables en matière de
dérogation au principe d’égalité de traitement devant les services publics.
Ce principe est un principe général du droit (CE, Sect., 1951, Société des
concerts du conservatoire) qui régit aussi bien les services publics
industriels et commerciaux que les services publics administratifs (CE,
1991, Bachelet). Le Conseil constitutionnel a en outre donné une valeur
constitutionnelle qu principe d’égalité devant la loi (CC, 1973, Taxation
d’office) dont l’égalité des usagers devant le service public est un
corollaire.
Mais, ainsi que le rappelle le Conseil d’Etat dans l’arrêt Ville de Tarbes,
des dérogations peuvent être mises en œuvre sous quelques réserves. Les
conditions fixées par la jurisprudence Denoyez et Chorques (CE, Sect.,
1974, Denoyez et Chorques) sont ici rappelées : pour qu’il soit dérogé au
principe d’égalité, il faut qu'il existe « entre les usagers des différences
de situations appréciables » ou « une nécessité d'intérêt général en
rapport avec les conditions d'exploitation du service ». Le Conseil d’Etat
précise en outre que la différence de traitement peut-être « la
conséquence d’une loi ». Ces conditions permettent de créer des
catégories d’usagers. Dans les deux affaires en cause les communes ont
fait usage de la dérogation pour différence de situation appréciable.
B – Les limites de la dérogation en matière de tarification
Si des dérogations au principe de l’égalité d’accès au service public
peuvent être admises, elles ne sont néanmoins pas sans limites. En ce
qui concerne la tarification des services, l’arrêt Préfet de l’Ariège précise
en effet que le prix le plus élevé ne doit pas excéder le « prix de revient
du repas ». Autrement dit, la tarification d’un service peut-être modulée à
condition que le prix le plus élevé ne soit pas supérieur au coût marginal
du service. Cela se justifie par la nature du service, administratif, dont
une des principales caractéristiques est de ne pas fonctionner dans les
mêmes conditions qu’une entreprise privée soumise à des impératifs de
rentabilité.
La règle ainsi posée se limite au cas des services publics administratifs
facultatifs, ici une cantine scolaire. Cette jurisprudence a ensuite reprise
à propos d’un conservatoire de musique (CE, 1997, Commune de
Gennevilliers et Commune de Nanterre). L’arrêt Ville de Tarbes ne
s’attache pas à examiner cette limite dès lors que le juge arrête son
raisonnement au constat de l’illégalité de la différenciation tarifaire
fondée sur les revenus. Il n’a donc pas eu à connaître du montant de la
tarification.
II – Une appréciation divergente du caractère légal
de l’établissement de tarifs différenciés pour l’accès aux
services publics communaux
Les solutions différentes retenues par le juge dans les deux affaires en
cause se justifient par des considérations contextuelles (A) qui seront
pourtant remises en cause ultérieurement (B).
A – Une appréciation justifiée par des contextes différents
Le Conseil d’Etat considère dans l'arrêt Préfet de l'Ariège que la
discrimination fondée sur le domicile est légale alors que celle fondée sur
les ressources ne l’est pas (arrêt Ville de Tarbes). Il a eu à apprécier les
différences de situations et a considéré dans un premier arrêt qu’elles
étaient « appréciables » c’est-à-dire significatives mais pas dans le
second.
Il est en effet tout à fait concevable que les habitants d’une commune qui
contribuent aux impôts locaux et donc au fonctionnement des services
publics communaux ne paient pas le même prix qu’une personne
extérieure à cette commune.
En revanche, la position du juge quant à l’illégalité d’une tarification
fondées sur les ressources semble beaucoup moins justifiée à moins de
considérer que les plus pauvres ne peuvent bénéficier de conditions plus
avantageuses quant à l’accès au service public.
Le juge fonde aussi son appréciation sur la nature du service, le premier
étant un service social (cantine scolaire) alors que le second est un
service culturel (conservatoire de musique). La position du juge est très
critiquable sur ce point. Certes l’accès égal à un service public social est
une nécessité impérieuse et celui à un service public culturel est moins
vital, mais une telle position traduit néanmoins une vision étroite de ce
que la culture peut apporter au bien-être social. Elle n’est pas sans
rappeler d’ailleurs la position du commissaire du gouvernement Hauriou
dans ses conclusions célèbres de l’arrêt Astruc (CE, 1916, Astruc) dans le
domaine de la qualification de service public : un théâtre ne satisfait pas
l’intérêt général mais il habitue « les esprits à une vie factice et fictive,
au grand détriment de la vie sérieuse, et [excite] les passions de l’amour,
lesquelles sont aussi dangereuses que celles du jeu et de
l’intempérance ».
Une telle divergence d’appréciation du caractère semblable ou différent
des situations témoigne en réalité de la difficulté d’apprécier
objectivement l’application du principe d’égalité devant le service
public.
B – La remise en cause ultérieure de ces divergences
d’appréciation
Les arrêts en question s’inscrivent dans un contentieux très riche relatif à
l’usager du service public.
La solution adoptée par le juge dans l’arrêt Préfet de l’Ariège n’a pas
connu d’évolution substantielle. Ainsi, les discriminations fondées sur le
domicile ou la résidence des usagers du service ou de leurs ayant-droits
ont toujours été admises. L’appréciation du lien avec la commune a
néanmoins fait l’objet de précisions ultérieures dans l’arrêt Commune de
Dreux (CE, Sect., 1994, Commune de Dreux) selon lequel les personnes
ayant un lien particulier avec la commune sont, non seulement celles qui
y sont domiciliées mais également celles qui y ont leur lieu de travail ou
qui y sont scolarisées.
A l’inverse, la différenciation tarifaire fondée sur le critère des
ressources a posé plus de problèmes pour finalement être plus volontiers
admise. Ainsi en a-t-il été de l’accès à des crèches municipales (CE,
1989, Centre d'action sociale de La Rochelle), des centres de loisirs (CE,
1994, Dejonckeere) ou à un conservatoire de musique (CE, 1997,
Commune de Nanterre). De même, le juge est revenu sur le refus d’une
discrimination relativement aux services publics culturels (CE, 1997,
Commune de Nanterre).

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