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Législation de l'aménagement du territoire 1

LÉGISLATION DE L'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE

Partie théorique: examen oral (3/4 des points)


Partie pratique: travail par groupe de 2 ou 3 étudiants (1/4 des points)

INTRODUCTION AUX NOTIONS DE DROIT


La Belgique est un Etat Fédéral composé de 3 régions et 3 communautés.
Avant 1980, la Belgique était un état unitaire et toutes les institutions décisionnaires et
administratives étaient uniquement nationales.
En 1980, la Région Wallone et la Région Flamande ont été créées. On leur a conféré des
compétences particulières (notamment en ce qui concerne l'aménagement du territoire,
l'urbanisme, l'environnement et la conservation de la nature). Ce sont des entités juridiques
qui peuvent agir en tant que telles. Les régions peuvent légiférer (décrets et ordonnances /
les lois se font au niveau fédéral) et les mettre en oeuvre.
A cette époque, on a laissé Bruxelles sous la coupe nationale.
En 1989, la région Bruxelles Capitale a été créée. Elle est également dotée d'une
personnalité juridique au même titre que les deux autres régions et a donc les mêmes
compétences.

A présent, voyons comment fonctionne un état fédéral.


En Belgique, il y a séparation des pouvoirs et on en distingue 3 au niveau fédéral:

 le pouvoir législatif → le Parlement (il est composé de la Chambre et du Sénat et fait


les lois)

 le pouvoir exécutif → le Gouvernement Fédéral

 le pouvoir judiciaire → les Cours & Tribunaux (ils rendent la justice)

Il faut savoir qu'il n'y a qu'un seul ministre de la justice et un seul ministre de l'intérieur (on
ne retrouve pas ces fonctions au niveau régional).
Nous allons, dans le cadre de ce cours, nous intéresser plus particulièrement au pouvoir
judiciaire. On peut ainsi distinguer au niveau civil:
- le tribunal de 1ère instance (du travail, du commerce,...)
- la cour d'appel
- la cour de cassation
Le tribunal rend un jugement.
La cour d'appel rend un arrêt, de même pour la cour de cassation (arrêt de cassation).
On ne peut avoir accès à la cour de cassation que s'il y a eu vices de procédure,... et si
celui qui a perdu en appel peut ainsi faire valoir ses droits. En théorie, elle ne regarde pas
les éléments de fait mais uniquement le droit. Elle peut soit casser l'arrêt d'appel si elle
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estime que le juge a violé le droit (l'affaire est alors renvoyée à une autre cour d'appel) soit
rejeter le renvoi en cassation.

Maintenant, au niveau régional, il n'y a pas de pouvoir judiciaire mais il y a:

­ un Parlement (avant, il était appelé le Conseil Régional)

­ un Gouvernement Régional (composé de ministres et de secrétaires d'état


régionaux qui exercent leurs compétences régionales)

Lorsque les parlements wallon et flamand légifèrent, ils font des décrets.
Lorsque le Parlement de Bruxelles Capitale légifère, il fait des ordonnances.
Le Gouvernement prend les arrêtés destinés à régler les modalités de l'application de la loi.
Au niveau fédéral, on parlera d'arrêtés royaux (pris par le roi et contresigné par un
ministre qui en prend la responsabilité car la personne du roi est jugée inattaquable) et
d'arrêtés ministériels. Au niveau régional, on parlera d'arrêtés du gouvernement et d'arrêtés
ministériels (pris par un seul ministre).
Ex.: A G RBC = Arrêté Gouvernemental de la Région Bruxelles Capitale
A Ex RBC = Arrêté de l'Exécutif Régional de Bruxelles Capitale

A côté des Cours & Tribunaux, on a le Conseil d'Etat. Il s'agit d'une juridiction
administrative. Il est composé de:
- la section de législation
- la section d'administration
La section de législation donne son avis sur les avant-projets (actes) de lois, de décrets et
d'ordonnances ainsi que sur les arrêtés à valeur réglementaire (ceux-ci contiennent des
règles suffisamment générales et abstraites pour qu'elles s'appliquent à l'ensemble des
citoyens ou à une certaine catégorie de citoyens, contrairement aux actes individuels qui
ne concernent qu'une ou quelques personnes). Elle juge de la technique légistique, de la
répartition des compétences,… mais pas de l'opportunité de la loi ou autres.
La section d'administration exerce une fonction juridictionnelle. Le Conseil d'Etat connaît
des recours en annulation introduits contre des actes administratifs réglementaires et
individuels. Par exemple, on peut faire appel au Conseil d'Etat quand un futur voisin, ayant
obtenu un permis d'urbanisme, projette de construire un bâtiment qui risque de nous gêner.
Quand le Conseil d'Etat annule, cette annulation a un effet rétroactif (c.à.d. que l'on
considère que l'acte n'a jamais existé) et vaut à l'égard de tous.
Si le recours du requérant est rejeté, le Conseil d'Etat ne peut pas lever un acte, sauf si le
requérant a oublié une règle d'ordre publique. L'article 159 de la constitution interdit aux
Cours & Tribunaux d'appliquer des actes administratifs illégaux. Il peut parfois y avoir des
refus d'application.
Les recours en annulation sont généralement couplés à un recours en suspension. Avant de
se prononcer sur le recours en annulation, le Conseil d'Etat peut suspendre l'acte. Ceci est
prévu car un recours en annulation peut n'aboutir qu'au bout de 6 ou 7 ans (il est alors
souvent trop tard) alors que le recours en suspension peut prendre effet au bout de 6 mois
seulement (?!). Pour que le recours en suspension soit invoqué, il faut que les moyens
illégaux soient fondés (les motifs doivent être sérieux) et que le préjudice soit grave et
difficilement réparable.
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Outre le Conseil d'Etat, il existe depuis 1989 une cour consitutionnelle, la Cour
d'Arbitrage (Place Royale) qui est apte à s'attaquer aux lois, décrets,… Elle a 2
compétences:
•elle tranche les conflits de répartition des compétences (Etat / Région, Région /
Communauté, ...), ceci ayant pour but de savoir lequel est en droit de légiférer sur telle ou
telle matière.
•elle annule les dispositions qui violent le principe d'égalité et de non-discrimination: tous
ceux qui sont dans la même situation doivent être traités de la même façon de même que
ceux qui ne sont pas dans la même situation ne doivent pas forcément être traités de la
même façon.
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HIÉRARCHIE DES PLANS DE L'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE


Introduction
Le 1er plan que l'on rencontre est le plan d'alignement. Il est destiné à tracer les limites
entre les voiries et les propriétés limitrophes. Ce plan consacre soit une situation de fait
soit il prévoit un alignement différent de celui qui existait. Pour être exécuté, il nécessite
parfois des expropriations.
La loi communale de 1836 prévoyait la possibilité pour les communes de faire ces plans
d'alignement.
On retrouve également des décrets révolutionnaires de décembre 1789 et d'août 1790, qui
ont donné aux communes des compétences en matière de réglementation de la sûreté, de
la salubrité, de la tranquillité des édifices publiques et de la commodité de passage dans les
rues. A l'époque, c'était la seule disposition légale permettant à la commune de faire de
l'urbanisme. Il existait également des lois qui permettaient l'expropriation par zones (1858
et 1868). En effet, dans le cadre de la politique d'assainissement des anciens quartiers, les
communes étaient autorisées à pratiquer l'expropriation afin de vendre les terrains à des
sociétés privées. C'est ainsi que l'on a créé le voûtement de la Seine, l'avenue Roosevelt et
l'avenue de Tervuren.
Pendant la 1ère guerre mondiale, un arrêté de loi datant d'août 1915 et concernant la
reconstruction des communes belges détruites a été adopté. Les communes étaient
obligées de réaliser des plans d'alignement, un règlement général pour les bâtisses et des
plans d'aménagement. En 1919, il y eu une 2ème loi ayant le même objet.
Après la 2ème guerre mondiale (2 décembre 1946), un arrêté de loi sur l'urbanisme
"provisoire" (il a régi l'urbanisme pendant 16 ans tout de même) a été adopté.
La 1ère loi est une loi organique (= constitue un tout autonome qui organise de façon
complète un système) du 19 mars 1962 de l'aménagement du territoire et de l'urbanisme.
Elle couvrait tous les plans d'aménagement et réglementait les permis de bâtir, de lotir, les
certificats, les sanctions,…
Cette 1ère loi a été modifiée de façon assez significative par la loi du 22 décembre 1970.
En fait, on a conservé le même cadre de départ et on a inséré les modifications dans la loi
d'origine.
Cette loi de 62 a fait l'objet de toute une série d'arrêtés d'exécution. Ce sont des arrêtés
royaux et ministériels qui exécutent la loi. Il faut préciser qu'il existe des arrêtés qui
déterminent la forme des dispositions prises. Cette loi, source d'inspiration des législations
régionales, est aujourd'hui abrogée dans les 3 régions. La région est en droit d'abroger une
loi qui régit l'urbanisme (puisqu'il s'agit d'une matière régionale) et de la remplacer par ses
propres dispositions législatives sous forme de décrets et ordonnances.

A présent nous allons envisager les plans de secteur et les plans de l'aménagement du
privé, et ceci pour les 3 régions car ils sont totalement différents.

Les législations régionales

La Région Wallonne
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Elle a été la 1ère à légiférer dans le domaine de l'urbanisme.


Le 14 mai 1984, un arrêté d'exécution a codifié toutes les dispositions législatives et
réglementaires relatives à l'urbanisme et à l'aménagement du territoire: CWATU = Code
Wallon de l'Aménagement du Territoire et de l'Urbanisme. Ensuite, la Région Wallone a
apporté, par voie de décrets, des modifications de la loi (un arrêté peut être modifié par un
autre arrêté du gouvernement wallon). Les modifications sont devenues de plus en plus
importantes. On a notamment introduit des décrets pour la réglementation de la
conservation du patrimoine et on a alors parlé de CWATUP.
Suite à un décret du 27 octobre 1997, un nouveau CWATUP a été adopté. Il ne comporte
plus que 2 niveaux de plans à valeur réglementaire. Aujourd'hui, ce CWATUP est de
nouveau remis en cause.

La Région Flamande

La loi du 29 mars 1962 est restée applicable jusqu'au 1er mai 2000. Elle a été très peu
modifiée entre temps. Les arrêtés d'exécution n'ont été que partiellement modifiés. Le 22
octobre 1996, un arrêté du gouvernement flamand a coordonné la loi de 62 c.à.d. qu'il a
mis les diverses dispositions des décrets dans les dispositions de la loi. On peut ajouter que
ceci a nécessité un décret confirmatif car il y a eu doute sur les compétences.
Le 24 juillet de la même année, le parlement flamand a adopté un décret portant sur la
planification spatiale. Outre les plans d'aménagement du territoire classiques de la loi de
62, ce décret a prévu des schémas de structure d'aménagement au niveau régional,
provincial et communal.
Il faut souligner le fait que la hiérarchie des plans est parfois difficile à établir. Les plans ne
présentent pas toujours la même prescription, d'où la difficulté à établir le concours de ces
plans.
Un décret du 18 mai 1999, modifié par un décret du 26 avril 2000 qui porte sur
l'organisation de l'aménagement du territoire, est entré en vigueur le 1er mai 2000. Ce
décret abroge tout le passé (loi de 62 et décret de 96). On retrouve néanmoins les grandes
notions de ces lois et notamment les schémas qui viennent s'intercaler avec les lois.

La Région de Bruxelles Capitale

Une ordonnance organique datée du 29 août 1991 et portant sur la planification et


l'urbanisme (OPU) a été adoptée par le parlement régional de Bruxelles Capitale.
L'ordonnance est entrée en vigueur le 1er juillet 1992. On a ainsi laissé aux Bruxellois un
an pour s'y préparer. En fait, cette ordonnance est partie d'une idée différente de celle qui
avait présidé la loi de 62. La volonté de Bruxelles Capitale était de décloisonner un certain
nombre de politiques. Elle ne voulait pas se focaliser uniquement sur l'aménagement du
territoire sensu stricto, mais s'ouvrir à un certains nombres de politiques transversales
(transport, économie, environnement,…). L'idée est de développer la région tout en se
préoccupant d'y conserver un cadre harmonieux.
Cette ordonnance a subi toute une série de modifications. Elle a d'ailleurs été modifiée
avant son entrée en vigueur via une ordonnance modificatrice du 30 juillet 1992 avec un
effet rétroactif.
Il y a 2 matières indissolublement liées à celle de l'urbanisme:
­ les permis d'environnement
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­ l'évaluation des incidences de certains projets sur l'environnement


Jusqu'en novembre 93, pour construire quelque chose susceptible d'être nuisible, il fallait
un permis de bâtir et un permis d'exploitation.
Ce système a été abrogé et remplacé par une ordonnance du 23 novembre 1993 relative
aux permis d'environnement (OPE 1). Ces permis d'environnement remplacent les
autorisations d'exploitation (régies par le RGTP) pour les bâtiments dangereux,
insalubres,… La nouvelle nomenclature des exploitations classées nécessite un permis
d'environnement (ex: les parkings publics et privés).
La 3ème ordonnance (ordonnance d'incidence = OI) ayant été adoptée constitue le lien
entre les 2 précédentes. Elle est aussi datée du 23 novembre 1993 et est relative à
l'évolution de l'incidence sur l'environnement de certains projets de Bruxelles Capitale. Il
s'agit en fait de l'exécution d'une directive européenne exigeant que, pour des projets jugés
dangereux, il y ait des règles et imposant des contrôles pour l'évaluation de l'incidence sur
l'environnement. Cette ordonnance comporte 2 annexes qui reprennent la liste des projets
soumis à ce système d'évaluation des incidences. On constate que, suivant le cas, ce sera
soit la construction qui fera l'objet de l'évaluation soit l'exploitation que l'on fera de
l'édifice classé.
Prenons, par exemple, la construction d'un immeuble de 22000m2 comprenant 220 places
de parking en sous-sol. Le promoteur aura besoin d'un permis d'urbanisme (pour pouvoir
construire) mais aussi d'un permis d'environnement pour le parking. Le projet est aussi
repris dans l'annexe A car ce sont des bureaux de plus de 20000m2. Le projet est donc
repris dans la nomenclature tant du point de vue de la construction (bureau de plus de
20000m2) que du point de vue exploitation du parking.
L'ordonnance de l'évaluation de l'incidence sert donc de jonction entre l'urbanisme et le
permis d'environnement.
Il y a encore une ordonnance venant modifier celle de l'urbanisme. Elle est encore du 23
novembre 1993 et modifie pour la 2ème fois l'OPU ainsi que l'OI et l'OPE. Ces
modifications sont entrées en vigueur le 1er décembre 1993.

Il y a d'autres dates clés:


 Le 4 avril 1996, a été adopté une ordonnance modificatrice relative à l'OPU qui a
installé un certain nombre de délais de rigueur en ce qui concerne les demandes de
permis. Ces délais ont notamment été imposés au fonctionnaire délégué.
 Le 5 juin 1997, dans un esprit de simplification des procédures (les communes et les
administrés se plaignaient en effet de leur complexité), le législateur bruxellois a pris la
décision de changer la façon dont ceci était présenté. Il a pris les décisions de l'OI
concernant l'urbanisme et l'évaluation d'incidence pour les injecter dans l'OPU. De la
même manière, il a pris les articles de l'OI concernant l'octroi des permis
d'environnement pour les insérer dans l'OPE 1. Le législateur a donc décidé d'abroger
l'OPE 1 (en intégrant l'OI) pour créer l'OPE 2 plutôt que d'y inscrire les modifications
apportées. C'est ainsi que l'on a vu passé l'article 111 de l'OPU de quelques lignes à
plusieurs pages.
Ces nouvelles dispositions sont entrées en vigueur le 7 juillet 1997.
 Le 16 juillet 1998, une ordonnance a une nouvelle fois modifié l'OPU en touchant
cette fois-ci les dispositions relatives au contenu et aux effets du 1er plan prévu par la
région de Bruxelles Capitale, à savoir le plan régional de développement (PRD). Elle
lui a enlevé toute valeur réglementaire. On a fait de ce PRD un plan à valeur purement
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indicative. On a ainsi dû abroger (supprimer avec effet rétroactif) les volets


réglementaires du PRD qui étaient en vigueur (plan de mars 95).
On se retrouve donc aujourd'hui avec uniquement l'OPU et l'OPE. On a vu la suppression
du pont qui existait entre les deux puisque l'OI a été divisée et que chacune des parties est
allée s'intégrer soit dans l'une soit dans l'autre selon le sujet des articles.

La hiérarchie des plans d'aménagement


Dans le cadre de la loi de 62, on avait prévu 4 niveaux de plan et une certaine hiérarchie
entre eux. On a donc 2 plans de niveau national et 2 plans de niveau communal.

1) Voyons tout d'abord les plans régionaux, se situant au niveau le plus élevé. On a
divisé la Belgique en 7 régions urbanistiques disposant chacune d'un plan régional: 1
pour la Wallonie, 1 pour Bruxelles et 5 pour la Région Flamande. Il était censé
commander les autres. Ce type de plan n'a pas eu le succès escompté et aucun n'a été
adopté.

2) Par contre les plans de secteur ont rencontré un très vif succès. Par des arrêtés
échelonnés entre 64 et 65, le roi a désigné 48 secteurs et la Belgique est ainsi couverte
par 48 plans de secteur: 25 en Flandre, 22 en Wallonie et 1 à Bruxelles. Tous ces plans
ont été adoptés et certains sont actuellement en révision.

Les projets de plans de niveau supérieur ont une valeur réglementaire (mais tout de même
limitée), le but étant de les protéger. Cette valeur réglementaire a cours pendant 3 ans,
sauf à Bruxelles où c'est 12 mois (pas de valeur réglementaire dans le CWATUP).

3) Les plans généraux d'aménagement (PGA) n'ont pas eu grand succès. Il n'y en a pas
eu du tout à Bruxelles, il n'y en a plus actuellement en Wallonie et il en reste peut-être
encore 1 ou 2 en Flandre. Leur particularité résidait dans le fait qu'ils devaient être
élaborés par la commune et viser tout le territoire de celle-ci.
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Bruxelles
REGION Région Wallone Région Flamande
Capitale
CWATUP Décret de Après (1er mai
LOI OPU CWATUP Avant
"nouveau" 1996 2000)
Schéma de
développement
1) Plan régional PRD Plan régional Plan régional Schéma régional Plan régional
de l'espace
Niveau
régional
national
Schéma
2) Plan de secteur PRAS Plan de secteur Plan de secteur Plan de secteur Plan provincial
provincial

Plans directeurs
Schéma de Schéma de
3) PGA PCD structure structure PGA
Niveau communal communal Schéma
Plan communal
communal communal
4) PPA PPAS PPA PCA PPA

Schémas
directeurs

Hiérarchie des plans d'aménagement du territoire


Législation de l'aménagement du territoire 9

4) Et enfin, nous avons les plans particuliers d'aménagement. Eux, ils ont eu un très
grand succès. En fait, ils visent seulement une partie du territoire communal et c'est la
commune qui décide du périmètre soumis à ces PPA. Ils n'ont aucune valeur
réglementaire au stade de projet mais ils produisent des effets juridiques notamment en
ce qui concerne les permis d'environnement (ils peuvent refuser les permis).

A présent voyons quels sont les équivalents de ces plans dans chacune des régions.

Dans l'ordonnance de Bruxelles Capitale (OPU), nous avons:

1) le plan régional de développement (PRD) auquel on a enlevé toute valeur


réglementaire le 16 juillet 1998

2) le plan régional d'affectation des sols (PRAS) qui est très semblable au plan de secteur.

3) le plan communal de développement (PCD) dont tous les projets sont en élaboration,
en espérant que sorte le PRAS. C'est un plan "bicéphale" qui est peu en rapport avec
le PGA.

4) le plan particulier d'affectation des sols (PPAS) dont le contenu et les effets sont en
substance les mêmes que pour le PPA. Par contre, la procédure d'élaboration est
beaucoup plus longue. Comme le PPA, il vise seulement un morceau de la commune.
Il y en a plus de 600 pour Bruxelles.

Pour la Région Wallone (CWATUP), nous avons les mêmes plans tels que prévus dans la
loi de 62 à part le PGA qui devient ici le schéma de structure communale (un schéma en
Wallonie n'a pas de valeur réglementaire mais seulement une valeur indicative).
Mais si on s'intéresse maintenant au CWATUP "nouveau", on constate qu'il y a des
changements. C'est ainsi que nous avons:

1) le schéma de développement de l'espace régional

2) le plan de secteur qui a été modifié (par rapport au 1er plan du CWATUP) d'autorité
par le décret du 27 novembre 1997. Ainsi, les extensions d'habitats, qui faisaient l'objet
d'un schéma directeur dans l'ancien CWATUP, ont été supprimées et remplacées par
des zones d'aménagement différé. On a modifié les plans par le haut. Ce schéma
directeur est hors hiérarchie. L'ancien CWATUP prévoyait la possibilité d'établir pour
les zones de loisir et d'extension de loisirs des plans directeurs. Du point de vue de la
hiérarchie, il faudrait les situer au-dessus du schéma de structure communal car le plan
directeur annule les dispositions des plans communaux non conformes pour ces zones.
Ils régissaient l'urbanisme dans ces zones. Les schémas directeurs étaient souvent
adoptés par la commune. Pour ceux-ci, il y a une disposition (Art. 8 du décret) qui
stipule que les plans directeurs ou les schémas directeurs approuvés avant le décret
restent d'application jusqu'au moment où un plan d'aménagement communal le
supplée. Ces schémas directeurs ne devaient pas être approuvés par la région or
l'article 8 dit le contraire, ce qui a pu créer des complications.
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3) le schéma de structure communale

4) le plan communal d'aménagement

Pour la Région Flamande, les choses se présentent de façon un peu différente. A la suite
d'un décret datant de 1996, la hiérarchie des plans telle que prévue par la loi de 62 a été
modifiée et il a été décidé de créer 3 niveaux de schéma:

 un schéma de structure d'aménagement de la Flandre = schéma régional

 un schéma de structure d'aménagement provincial

 un schéma de structure d'aménagement communal

Chacun de ces schémas comportait 3 volets:


­ un volet obligatoire
­ un volet directeur
­ un volet informatif
Ces schémas plus les plans constituaient l'ensemble de la hiérarchie des plans
d'aménagement pour la Région Flamande.
La Flandre a décidé d'abroger le décret de 1996 et l'ordonnance de 96 relative aux
modalités du décret. Un nouveau décret datant du 18 mai 1999 a donc été créé et il a été
modifié par un autre décret du 26 avril 2000 qui est entré en vigueur le 1er mai 2000. Ce
décret prévoit, à la différence des autres régions, seulement 3 niveaux de plans:

 un plan régional

 un plan provincial

 un plan communal

Il s'agit de plans d'exécution urbanistique.

Nous allons à présent envisager certains plans (ceux qui sont soulignés dans le tableau) et
les étudier plus en détail.
Quand un plan de niveau supérieur entre en vigueur, il faut voir tous les effets qu'il a sur
les plans inférieurs qui sont en vigueur mai prévoyant des prescriptions différentes. Si les
prescriptions collent ensemble, il n'y a pas de problèmes. Par contre, il faut savoir ce qu'on
fait avec les différentes prescriptions qui en collent pas ensemble. Le problème ne se pose
pas un plan inférieur n'est élaboré qu'après la création des plans supérieurs car on réfléchit
d'abord à quelle sera sa marge de manœuvre par rapport aux plans supérieurs.

Le plan régional de développement (PRD)

Il a été adopté le 3 mars 1995.


Les dispositions du PRD faisaient l'objet des dispositions des articles 16 à 24 de
l'ordonnance bruxelloise. Le PRD a été conçu dans l'idée que cette ordonnance soit le
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symbole du renouveau par rapport à la loi de 62. A Bruxelles, on a voulu faire plus que de
l'aménagement du territoire. Ils avaient aussi le souci de l'économie, de l'esthétique, de
l'environnement,… On a pris, pour véhicule, 2 types de plans: le PRD et les plans
communaux.
Le PRD comportait des prescriptions d'affectation des sols ayant valeur réglementaire et
des prescription à valeur indicative.
Un plan est toujours composé d'une partie littérale et d'une partie graphique.
Si l'on prend l'exemple de la carte n°7, c'est une carte à valeur réglementaire. Dans le
PRD, on parle de périmètres et non de zones. La carte n°7 délimite donc un certain
périmètre de Bruxelles. Il y a des couleurs qui renvoient à une légende. On constate que
les couleurs dominantes sont l'orange (périmètre de protection simple du logement) et le
rouge (périmètre de protection accrue du logement).
Pour le PRD, un parti urbanistique avait été choisi, à savoir de favoriser, de façon
outrancière et parfois irréaliste, le logement. Comme les auteurs du PRD se rendaient
compte que ceci n'était pas réalisable, ils ont eu recours à une "astuce". Ils ont libellé leurs
prescriptions littérales en prévoyant un contenu différent selon la zone correspondante
dans laquelle on se trouvait d'après le plan de secteur. Ceux qui ont repris le projet n'ont
pas pu repartir de zéro. Ils ont donc gardé les couleurs et ont dû faire des distinctions en
fonction des zones.
Comparons la carte n°7 (PRD) au plan de secteur n°4. D'après le plan de secteur n°4, pour
un endroit donné, on voit que l'on ait en zone d'activité administrative. Par contre, si l'on
observe le PRD, on constate que cet endroit est repris dans le périmètre de protection
simple du logement. Que penser alors? Et bien, il faut aller chercher dans la partie littérale
du PRD, et plus précisément dans la partie protection du logement, la prescription de la
zone d'activité administrative du plan de secteur. Il était donc impossible d'appliquer le
PRD sans avoir connaissance des plans de secteur. En effet ce que l'on pouvait construire
dans telle zone ne correspondait pas nécessairement à ce qui était prévu dans la légende.
Le 16 juillet 1998, l'appréciation portée sur le PRD a été différente et toutes les
prescriptions à valeur réglementaire ont été abrogées. Aujourd'hui le PRD n'est plus
applicable en tant que tel. Mais le PRD avait produit des effets sur le plan entré en vigueur
le 3 mars 1995. Un effet juridique important s'est fait sentir sur les plans inférieurs à celui-
là. La conséquence a été l'abrogation de toutes les dispositions non conformes au PRD de
tous les plans de niveau inférieur (plans de secteurs, PPAS,…).
Prenons un exemple. Outre les prescriptions littérales et graphiques, le plan de secteur de
1979 contient un glossaire. Dans ce glossaire, la définition du logement incluait les
logements de courte durée, à savoir les hôtels, les maisons de repos,… Ceci, le PRD ne
l'admettait pas. Cette forme de la définition du logement incluant les logements de courte
durée a donc été abrogée.
Aujourd'hui, toutes les abrogations restent valables bien que le PRD à valeur réglementaire
ait été abrogé (il n'a plus qu'une valeur indicative).
Dans tous les PPAS, il y a également des dispositions qui ont été abrogées.
Depuis les 16 juillet 1998, le PRD est un plan purement politique qui ne contient que des
prescriptions à valeur indicative. Un plan qui a une valeur indicative représente, pour les
pouvoirs publics, une ligne de conduite à suivre, voire éventuellement plus. Dans un
certain nombre de cas, ce qu'ils ont décidé est vague. Dans d'autres cas, les prescriptions
sont plus précises et certains considèrent que ces prescriptions s'imposent aux pouvoirs
publics. Mais bon, il faut se rendre à l'évidence, les pouvoirs publics appliquent finalement
peu toutes ces règles.
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Il y existe tout de même une hypothèse où les prescriptions à valeur indicative sont
obligatoires. C'est dans le cas où la prescription est à la base d'octroi d'aide. L'idée du
gouvernement est de faire du PRD un plan socio-économique de développement qui ne
constitue qu'une ligne de conduite. Le PRD a une durée de vie calquée sur la législature
régionale. Le plan devient caduque dans l'année qui suit le renouvellement du Conseil
Régional bruxellois, à moins que dans l'intervalle, un nouveau plan de conseil régional
bruxellois ait été adopté.

Les plans de secteur

Ils ont valeur réglementaire dans toutes leurs prescriptions. La procédure de leur
élaboration est assez traditionnelle et on ne va donc pas en parler.
Pour ce qui concernait les plans de secteur adoptés sous le règne de la loi de 62, le projet
de plan de secteur avait valeur réglementaire pendant 3 ans avec des effets sur les
demandes de permis et il y avait suspension des prescriptions pour les plans inférieurs non
conformes. Dans le cadre du CWATUP, il n'est plus prévu que le plan de secteur ait une
valeur réglementaire provisoire. Pourquoi? Au moment où le nouveau CWATUP est entré
en vigueur le 27 novembre, tous les plans de secteur étaient déjà élaborés. Le législateur
n'a donc plus vu la nécessité de donner une valeur réglementaire pour les projets de
révision des plans de secteur. Les plans de secteur n'auront valeur réglementaire que quand
ils auront été définitivement adoptés.
Par contre le projet de plan de secteur de Bruxelles a eu valeur réglementaire en 1976 et a
eu un effet d'abrogation sur les PPA quand il est entré en vigueur en 1979.

Quels sont l'objectif et le contenu essentiel d'un plan de secteur?


Il contient l'indication de la situation existante de droit et de fait.
La situation de fait correspond à l'utilisation effective que l'on a donnée à un bien que l'on
possède. Par exemple, on décide que tel bâtiment sera une usine. Cette utilisation peut ne
pas correspondre aux plans approuvés après, que ce soit au niveau communal ou régional.
Mais il faut savoir que, par un arrêt de 1980 (Spee), il a été décrété qu'aucun plan
d'aménagement ne pouvait générer une obligation de faire. Ceci signifie donc qu'aucun
plan ne peut obliger quelqu'un à démolir un bien. Mais sera-t-il alors donné la possibilité
de rester, voire de s'étendre? Un plan d'aménagement est destiné à changer l'urbanisme en
fonction des options choisies.
Pour la situation de droit, que doit comporter un plan de secteur (ou le PRAS d'ailleurs).
Elle résulte de tous les actes juridiques antérieurs qui conditionnent l'aménagement du
territoire de ce périmètre. Elle va mentionner différents points:
­ les situations de droit
­ les éventuelles annulations du Conseil d'Etat de certains plans
­ les arrêtés de classement
­ les arrêtés d'expropriation
Il y a toujours une controverse quant à savoir si elle doit mentionner les arrêtés de permis
d'urbanisme non encore exécutés.
L'objectif essentiel de la situation de droit est d'indiquer:
­ les différentes zones d'affectation et d'occupation du territoire
Législation de l'aménagement du territoire 13

­ les notifications des principales voies de communications


­ de certaines règles relatives au bâti (volume et implantation de certaines
constructions)

Le plan de secteur en Wallonie


Les plans de secteurs sont aujourd'hui régis par les articles 21 à 46 du CWATUP.
L'article 21 est précédé par l'article 19 (important) qui est le pendant de l'article 2 (base de
la loi). L'article 21 stipule que le gouvernement confère force obligatoire au plan de
secteur et au plan communal d'aménagement.
L'article 3 prévoit que le plan demeure en vigueur jusqu'au moment où un autre plan ou
une révision du plan initial entre en vigueur.
C'est le gouvernement qui désigne les secteurs d'aménagement qui sont soumis à un plan.
L'article 22 nous dit que le plan de secteur s'inspire du contenu du schéma de
développement d'espace régional. Ce schéma constitue donc une ligne de conduite pour le
plan de secteur.
L'article 23 énonce le contenu du plan de secteur en Wallonie. Ce contenu est proche de
celui prévu par la loi de 62. Le plan de secteur est un plan de zonage (affectation et
activité). Le plan de secteur concerne également le tracé des infrastructures de
communication, le réseau de voiries, de transport d'énergie et de fluide ainsi que les
mesures s'y rapportant. Il y a un contenu facultatif à ce plan:
­ périmètres où une protection particulière peut être requise
­ prescription complémentaire d'ordre urbanistique
Le plan de secteur gère les affectations (aménagement spatial) mais ne gère pas le bâti. Il
reste assez général et se préoccupe surtout de l'utilisation du sol. Par contre, pour
Bruxelles, il y a ,dans le PRAS, les prescriptions relatives à l'implantation et au volume des
bâtiments. On peut même dire que le plan de secteur en Wallonie est en retrait par rapport
à la loi. En effet, la loi prévoyait que le plan de secteur puisse contenir toutes ou une partie
des dispositions des plans communaux qui, eux, prennent en compte les dispositions pour
le bâti. En Wallonie, les rôles ont donc été bien répartis entre les plans de secteur
(affectation) et les plans communaux (bâti).
Les articles suivants (24 à 46) concernent la présentation et la mise en œuvre des
dispositions prises par le plan de secteur et arrêtées par le gouvernement. Ces dispositions
sont inspirées d'un arrêté royal du 28 décembre 1972 relatif à la présentation et à la mise
en œuvre des projets de plan de secteur et des plans de secteur eux-mêmes. Il avait été
conçu comme un arrêté cadre, une charte qui déterminait les différentes zones d'affectation
du territoire avec des définitions. Il a été abrogé dans les 3 régions mais à des dates
différentes.
Dès, l'article 25, on distingue les zones destinées à l'urbanisation (il y en a de 9 types) et
celles qui n'y sont pas soumises, à savoir -par exemple- les zones agricoles (seules sont
autorisées les habitations requises pour l'exploitation agricole et pour le logement des
exploitants), les zones forestières,…
Les dispositions suivantes dans le CWATUP définissent la zone dans laquelle on est et ce
qu'on peut y faire.
L'article 42, décrit la procédure d'élaboration du plan de secteur. Le gouvernement
élabore l'avant-projet de plan de secteur sur base d'une analyse de la situation de fait
(utilisation effective du sol) et de droit (sites classés, annulations des plans, périmètres de
Législation de l'aménagement du territoire 14

protection, permis de lotir,…). Dans le CWATUP, le plan de secteur ne doit plus


comporter de cartes décrivant les situations de fait et de droit. Dans un certain nombre de
cas, l'avant-projet doit faire l'objet d'une évaluation d'incidences, et ceci dans le cadre de la
directive européenne (mais ça n'a pas le même contenu que celle effectuée à Bruxelles). Le
gouvernement adopte provisoirement cet avant-projet et le soumet à une enquête
publique. Les éventuelles objections ou réclamations des citoyens se font par écrit. Les
différentes communes concernées par le plan de secteur (bourgmestres et échevins)
émettent leur avis. Ensuite, tout le dossier est soumis à l'analyse de la Commission
Régionale. C'est elle qui va examiner toutes les réclamations et émettre un avis sur ce qui
ne va pas.
Selon l'article 44, dans les 12 mois après l'acceptation du projet de plan, celui-ci est
adopté. Les projets de plans de secteurs en Wallonie n'ont pas de valeur réglementaire
provisoire.
Si le gouvernement s'écarte de l'avis de la Commission Régionale , il doit énoncer les
motifs de sa décision et donc se justifier. Chaque réclamant doit pouvoir retrouver, dans
l'avis de la commission (ou, à défaut, dans l'arrêté), la justification du rejet de sa
réclamation. Et là, si ceci n'est pas respecté, le Conseil d'Etat peut mettre son grain de sel.
Il peut, dans ce cas, annuler une partie du plan (à la mesure de l'intérêt du requérant),
voire carrément tout le plan.
Ensuite, l'arrêté du gouvernement est publié au Moniteur Belge. Dans les 10 jours qui
suivent la publication, le plan de secteur est envoyé aux communes concernées par ce plan
de sorte que le public puisse aller consulter les cartes de l'administration communale.
D'après l'article 45, l'arrêté doit énumérer les dispositions non conformes des plans
communaux qui sont abrogés (solution de base → abrogation express).
Quant à l'article 19 §3 alinéa 3, il contient une règle subsidiaire qui ne s'écarte pas de
l'abrogation tacite, à défaut d'une abrogation express, mais qui ne dit pas tout de même la
même chose que l'article 45. La formulation est un peu différente. C'est le gouvernement
qui détermine la non conformité. Pour le surplus, il n'y a que les dispositions incompatibles
qui sont abrogées. Ceci n'est pas idiot. En effet, si l'article 19 ne prévoyait pas ceci, le
Conseil d'Etat ne pourrait censurer que ce qui est manifeste (on parle de non conformité).
Mais il y a des cas tangents de conformité-non conformité où c'est le gouvernement qui est
responsable. Donc le CWATUP a été bien pensé. Le Conseil d'Etat ne pouvait substituer
son appréciation à celui du gouvernement.
Bon, reprenons un peu tout cela parce que ce n'est pas très clair. Le Conseil d'Etat tranche
en droit. Il ne peut se mettre à la place de l'autorité administrative, en l'occurrence le
gouvernement. Si l'administration va trop loin, elle verse dans l'erreur d'excès
d'appréciation, ce qui est illégal. Ceci concerne donc le droit et le Conseil d'Etat peut
censurer. Le CWATUP prévoit donc l'abrogation express. Mais, selon l'article 19, le
Conseil d'Etat ne peut se substituer s'il ne s'agit seulement que d'une appréciation de non
conformité. Il ne peut agir qu'en cas d'incompatibilité.

Le PRAS (Bruxelles)
Il se situe au même niveau que le plan de secteur dans le CWATUP. C'est le plan de
secteur qui est d'application jusqu'à ce que le PRAS entre en vigueur.
Le PRAS est régi par les articles 25 à 34 de l'OPU.
L'article 25 stipule qu'il s'applique à l'ensemble du territoire de la région Bruxelles
Capitale.
Législation de l'aménagement du territoire 15

L'article 26 détermine le contenu qui est très semblable à celui des plans de secteur
(surtout ceux établis sous la loi du 29 mars 1962). Le PRAS précise le PRD en le
complétant. Il indique:
­ la situation existante de fait et de droit
­ l'affectation générale des différentes zones du territoire et les prescriptions qui s'y
rapportent
­ les mesures d'aménagement des principales voies de communication
­ les zones où une protection particulière se justifie pour des raisons sociales,
économiques, culturelles,…
­ les prescriptions relatives à l'implantation et au volume des constructions
­ les modifications à apporter aux plans communaux de développement et aux plan
régionaux particuliers d'affectation
Le PRAS peut comporter des prescriptions d'ordre esthétique.
Les articles 28 et 29 sont relatifs aux procédures d'élaboration. Au niveau régional, le
projet de plan (une fois qu'il a été adopté provisoirement par le gouvernement) a valeur
réglementaire et force obligatoire pendant 12 mois. Cette valeur a un double incidence à la
fois sur les plans inférieurs et sur les demandes de permis.
Dans les 3 régions et pour tous les plans, les procédures d'élaboration sont sensiblement
les mêmes.
Au niveau de la procédure, quand le gouvernement est prêt à arrêter un projet régional, il
le fait sans enquête publique préalable et sans aucune consultation. L'arrêté du
gouvernement de la région Bruxelles-Capitale (AGBRC) arrête (provisoirement) le projet
de PRAS sans aucune consultation. Il est ensuite publié, avec ses annexes, au moniteur
belge et entre en vigueur 15 jours après sa publication. Ce projet a des effets juridiques
précis et a normalement valeur réglementaire (rem.: celui qui est en cours n'a pas de valeur
réglementaire). Ceci laisse 12 mois au gouvernement pour faire sa procédure. Le projet de
PRAS a valeur réglementaire afin de protéger l'avenir du plan et ce que sera l'acte définitif
(pour qu'il ne soit pas dépassé).
Après son adoption, le projet de PRAS est soumis à une enquête publique. Les projets
sont toujours annoncés publiquement dans la presse, à la télévision et à la radio. Le projet
de plan est déposé dans chaque maison communale afin qu'il puisse être consulté par tous.
Toute réclamation peut être adressée par écrit à la Région avec possibilité de
communiquer une copie de celle-ci à la commune (la commune peut appuyer la demande
faite lors de l'enquête publique). L'enquête a une durée de 60 jours.
A son expiration, les conseils communaux ainsi que les instances consultatives (elles
peuvent fournir des informations utiles pour le plan définitif) doivent émettre un avis
endéans les 60 jours, faute de quoi leur avis est considéré comme favorable ("Qui ne dit
mot, consent").
Ensuite, l'ensemble du dossier est transmis à la Commission Régionale de Développement
(CRD) qui doit également émettre son avis. Le CRD est le chaînon le plus important de la
procédure car c'est elle qui reçoit tout le dossier, qui examine toutes les réclamations qui
ont été émises et qui est censée y répondre. Elle doit tout examiner dans un délai de 60
jours après réception du dossier. Ceci lui procure tellement de travail (5000 réclamations)
que la CRD a dû se diviser en sous-commissions.
Après tout ceci, le dossier retourne au gouvernement. Normalement, il doit arrêté le plan
définitif au maximum 12 mois après l'entrée en vigueur du projet. Quand le gouvernement
Législation de l'aménagement du territoire 16

s'écarte de l'avis de la CRD, il doit motiver sa décision. La CRD n'est en fait qu'une
commission consultative. D'après le Conseil d'Etat, quand on a le droit de réclamer,
l'autorité (en l'occurrence le gouvernement) a l'obligation de regarder ces réclamations. Si
dans sa décision finale il passe outre, il doit remettre des motivations pertinentes
exprimant la raison pour laquelle il n'a pas retenu telle ou telle motivation. En d'autres
termes, le réclamant doit pouvoir retrouver les raisons susceptibles d'expliquer le refus de
sa réclamation. Si ceci n'est pas fait, on peut alors considérer qu'il y a vice de procédure et
donc risque d'annulation partielle du plan par le Conseil d'Etat.
En résumé, le gouvernement doit prendre un arrêté motivé, on a ensuite la publication au
moniteur belge et l'entrée en vigueur du plan dans les 15 jours qui suivent.
Pourquoi l'étape où AGRBC arrête le projet de PRAS est-elle si importante?
Il arrête donc pour une période de 12 mois → on dit qu'il a valeur réglementaire pendant
12 mois.
L'article 31 est une disposition importante de l'ordonnance. Cet article nous dit que le
projet adopté par le gouvernement a même valeur réglementaire et force obligatoire que le
plan définitif. (Dans le cas d'une suspension de projet de PRAS sur les plans inférieurs, la
suspension est levée si le plan définitif n'est pas entré en vigueur endéans les 12 mois) En
fait, ce n'est pas tout à fait juste. Il y a, dans cet article, le 3ème alinéa qui vient nous dire
que le 1er n'est pas tout à fait exact. Les dispositions du projet qui ne sont pas conformes
avec celles suspendues à l'alinéa 3 n'ont pas de valeur réglementaire. L'alinéa 3 est ou était
censé exprimé d'une manière complète le double gel que la région voulait appliquer. Le
projet de PRAS suspend les dispositions non conformes des plans inférieurs. Mais les
dispositions qui ont justifié cette suspension n'ont pas valeur réglementaire ni force
obligatoire. On gèle donc ce qui existe et est non conforme ainsi que les dispositions du
projet qui ont justifié la suspension.
Par exemple, dans le cadre du PRAS, on est propriétaire d'un bien en zone administrative.
Si on regarde le projet de PRAS, on est en zone verte. Les 2 sont alors suspendus / gelés.
Dans cet article 31, on a le principe, la suspension et le double gel. Cet article 31 a été
appliqué avec ses 3 alinéas jusqu'au 20 mai 1999. Avant l'arrivée du 4ème alinéa, on s'est
posé des questions point de vue des permis. Au niveau des permis, le gel jouait bien dans
un sens. Dans l'article 116 §2, il est dit que le fonctionnaire délégué fonde son avis
défavorable sur le fait que la demande est incompatible avec le PRAS. Il faut souligner le
fait qu'on peut être non conforme mais néanmoins compatible. Etre incompatible, c'est
plus grave que d'être non conforme. Par exemple, si j'introduis une demande de permis qui
colle avec l'affectation prévue dans le projet de PRAS mais point de vue gabarit, je suis
au-dessus du seuil (3500m2 au lieu de 3000m2). C'est non conforme mais pas forcément
incompatible. Ca pourrait marcher . Mais si on veut construire dans une zone qui ne
correspond pas à l'affectation prévue par le PRAS (par ex., en zone rurale), ça, c'est
incompatible et à fortiori non conforme. Ma demande sera alors rejetée.
On retrouve les mêmes dispositions dans l'article 118 §3. Le Collège des Bourgmestres &
Echevins refuse un permis s'il est incompatible avec le PRAS.
L'article 123 prévoit que le refus de permis devient caduque si le plan n'est pas entré en
vigueur dans les 12 mois.
Dans l'article 31, il résulte qu'une demande de permis est refusée si elle est incompatible
avec le PRAS. Mais on ne trouvait aucune disposition pour un projet conforme et
compatible avec le PRRAD mais non conforme avec la partie gelée du PPAS. Dans cette
hypothèse, le permis pouvait être délivré. On a rajouté un 4ème alinéa (20 mai 1999) à
l'article 31 qui rend le double gel "étanche". Dans les zones de non conformité (PRAS et
Législation de l'aménagement du territoire 17

PPAS), les permis ne sont pas délivrés.


L'autre constatation, c'est que l'alinéa introduit une contradiction point de vue refus de
permis d'urbanisme pour des raisons fondées sur le projet de PRAS. Dans les articles 116
et 118, on parle d'un refus quand la demande de permis est "incompatible". Dans l'alinéa 4
de l'article 31, on parle de "non conformité".
L'AGRBC qui arrête le plan, abroge les dispositions non conformes des plans communaux
de développement et d'affectation du sol. Ce mécanisme d'abrogation tel qu'il est prévu est
express. (Il y a des vues différentes sur la notion de non conformité)
Parlons de l'actuel projet de PRAS. Il a subi ± 350 modifications. La structure est restée la
même en général.
Le 16 juillet 1998, le gouvernement a arrêté provisoirement le 1er projet de PRAS. Il a été
publié au moniteur et est entré en vigueur le 3 septembre 1998 avec les prescriptions
littérales et graphiques. Il avait une valeur réglementaire pendant 12 mois (jusqu'au
3septembre 1999). Durant l'enquête publique, à peu près 3000 réclamations ont été
émises. Les avis des communes étaient assez conséquents et suggéraient des modifications
assez importantes pour des bien leur appartenant. L'avis de la CRD était très volumineux,
mais il y avait plusieurs vices de procédure. D'une part, l'avis a été remis dans les délais
mais il était unilingue (la version flamande a été remise après le délai de 60 jours) et
d'autre part, il y a eu des problèmes dans communication de l'avis de la CRD (la prof ne
sait plus exactement de quoi il s'agissait). On ne sait pas exactement ce qui a provoqué
l'échec de l'adoption du plan définitif. Les raison retenues étaient que certaines
modifications ne présentaient pas un lien suffisant avec l'enquête publique. Selon l'arrêt
Creppe du 17 décembre 1991, les modifications ne peuvent avoir lieu si elles ne présentent
pas de lien avec l'enquête publique. L'avis des communes remonte à la clôture de l'enquête
publique. Or, le gouvernement voulait apporter des modifications qui ne faisaient pas
partie des réclamations résultant de l'enquête publique. Il était impossible que les
communes se présentent ainsi dans l'enquête publique. Le gouvernement a finalement
décidé de ne pas adopté le 1er projet. Il en a publié un 2ème et a refait toute la phase de
consultation. Le 2ème projet de PRAS a été adopté le 30 août 1999et a été publié au
moniteur le 2 septembre 1999. Les communes se sont aussi positionnées dans l'enquête
publique. Le 2ème projet n'a pas eu la valeur réglementaire escomptée car le Conseil
d'Etat s'y est opposé. Il a déclaré qu'un projet pouvait avoir une fois valeur réglementaire
mais que les projets suivant ne pouvaient en avoir. Le 2ème projet est en fait une ligne de
conduite.
Etudions à présent la composition du projet de PRAS.
On a des prescriptions littérales et graphiques. Ces prescriptions auront même force
obligatoire et valeur réglementaire quand elles auront été adoptées en 2001.
Si l'on s'intéresse plus précisément aux prescriptions littérales, on constate qu'il y a:
­ des prescriptions générales qui s'appliquent à toutes les situations
­ des prescriptions particulières par zones
Les prescriptions générales l'emportent le plus souvent sur les prescriptions particulières.
Citons, pour exemple de prescription générale, une prescription qui concerne les
équipements d'intérêt collectif et de service public. Dans le PRAS actuel, elle a une
définition plus restrictive qu'auparavant. On a une énumération qui est, en principe, non
limitative mais il y a des conditions ("accessible au public") et des exclusions pour les
ministères et administration courante. Il y a donc des imprécisions qui seront corrigées lors
des modifications.
Législation de l'aménagement du territoire 18

Il existe une clause relativement importante dans la prescription n°7 qui précise qu'un
immeuble inscrit dans la liste de sauvegarde ou classé (relatif à la législation du patrimoine
de l'ordonnance du 24/03/93) peut être occupé par des bureaux, hôtels,… pour autant que
la possibilité d'utiliser sa fonction originale ait été démontrée. On ouvre les affectations
quelle que soit la zone où il se trouve.
La clause de sauvegarde est aussi consacrée par une prescription générale. Cette clause est
beaucoup plus large que dans les autres plans (du moins pour l'instant). Il faudra voir si
elle est maintenue. Les conditions de cette clause sont:
­ pas d'augmentation de plus de 20% de la superficie existante par tranche de 20 ans
­ la reconstruction est autorisée si on conserve les caractéristiques de l'îlot
(l'augmentation de la taille d'un bâtiment déjà trop grand ne peut se faire que dans
le respect de la prescription 013 concernant la zone d'affectation établie).
Quant aux prescriptions particulières, elles s'appliquent à chaque zone considérée, à savoir
les zones résidentielles, d'habitation, mixtes (de simple ou forte mixité), les zones
d'industrie urbaine, forestières, administratives, d'équipements d'intérêt collectif et de
service publique,… Quand on est, par exemple, hors zone d'équipements d'intérêt collectif
et de service publique, il ne faut pas oublier que l'implantation doit s'accorder avec les
affectations qui y sont, et l'inverse se passe quand on veut mettre des logements dans une
zone d'équipement d'intérêt collectif et de service publique. Pour comprendre ces
prescriptions, il existe un glossaire. Dans ce glossaire, un certain nombre de définitions se
superposaient et il y avait des contradictions. Des modifications ont donc dû être
apportées pour certains points.
Une maille est définie comme étant le périmètre au sein duquel la superficie des îlots
affectées aux zones… et leur densité d'occupation sont prises en compte pour le calcul de
la superficie… (?) En fait, dans les différentes zones, on va tenir compte d'une certaine
superficie admissible de bureaux
C'est la prescription 013 qui organise la kasbéa (?) Ah non, pardon, je voulait dire la case
BA (Bureaux & Administrations). Les 16 planches de la case BA se trouvent au verso de
la carte existante de droit. Dans le centre de Bruxelles, les mailles sont saturées. Dans
certains cas, les bureaux existants dépassent le double, voire même le triple, de la surface
de bureaux admissibles. La case BA est destinée, sur base des constatations des bureaux
existants, à limiter par maille la superficie des bureaux admissibles.
Les mailles ne suivent pas la délimitation des zones et peuvent les recouper. Elles peuvent
également être à cheval sur 2 communes. La maille est ± arrêtée de façon arbitraire.
Quand une maille est sursaturée (bureaux existants > bureaux admissibles), la demande de
permis pour la construction de nouveaux bureaux est refusées (enfin normalement). Par
contre, si la maille offre beaucoup de disponibilité, on va se tourner vers les prescriptions
particulières et on peut donc très bien envisager la construction de nouveaux bureaux. Le
critère de superficie de bureaux admissible est basé sur le rapport P (plancher bureau) / S
(superficie de la maille).

Le plan de secteur en Flandre


Jusqu'au 1er mai 2000, c'était la loi de 62 qui était toujours applicable bien qu'elle est été
soumises à un certain nombre de modifications apportées par décrets.
Le 22 octobre 1996, une coordination a été confirmée par un décret.
Le décret du 18 mai 1999 porte sur l'organisation de l'aménagement du territoire. Il devait
Législation de l'aménagement du territoire 19

entrer en vigueur le 1er octobre 1999 mais son entrée en vigueur a été postposée. Il y a eu
un décret modificatif daté du 26 avril 2000 et ce décret est entré en vigueur le 1er mai
2000.
Les règles sont très différentes de celles de Bruxelles et du CWATUP. Il y a 3 niveaux de
plans qui sont prévus mais également des schémas de structure d'aménagement:
 schéma de structure d'aménagement au niveau régional
 schéma de structure d'aménagement au niveau provincial
 schéma de structure d'aménagement au niveau communal
Il y a par ailleurs 3 niveaux de plans d'exécution spatiale:
 plan d'exécution spatiale au niveau régional
 plan d'exécution spatiale au niveau provincial
 plan d'exécution spatiale au niveau communal

Les schémas de structure d'aménagement comporte 3 volets:


­ 1 volet obligatoire
­ 1 volet directeur
­ 1 volet informatif
Ces schémas n'ont pas de valeur réglementaire. Ils ne s'imposent pas aux citoyens. Il
n'interviennent pas dans la délivrance de permis. Il y a une dérogation possible pour les
schémas directeurs, mais pas pour les schémas obligatoires. Les pouvoirs publics sont
obligés de suivre les schémas pour établir le plan ⇒ les schémas vont se répercuter sur les
citoyens.
Pour ce qui est de l'élaboration, c'est toujours, à peu de choses près, la même procédure à
suivre.
Le schéma est d'abord fixé provisoirement (=projet selon l'article 20). Il est soumis à une
enquête publique qui a une durée de 90 jours. Le gouvernement doit organiser au moins
une réunion d'information et de participation dans chaque province. On peut adresser ses
observations ou ses réclamations à la Commission Flamande pour l'Aménagement du
Territoire. Les conseils communaux émettent aussi leur avis sur le projet. La Commission
Flamande réunit et coordonne tous les avis, toutes les objections, les remarques (sauf l'avis
du Parlement Flamand). Elle émet un avis auprès du Parlement Flamand et du
gouvernement dans un délai de 60 jours après la fin de l'enquête. Le gouvernement reçoit
tout le dossier et arrête définitivement le schéma de structure de la Flandre dans les 240
jours (on peut aller jusqu'à 300 en cas de prolongation) après la date du début de l'enquête
publique. Ensuite, il est publié au Moniteur Belge et entre en vigueur 15 jours après sa
publication. La procédure est donc en fin de compte assez classique.
L'article 22 prévoit que ce schéma est arrêté pour un délai de 5 ans mais reste en vigueur
tant que le nouveau schéma n'est pas arrêté. Ce délai est donc purement théorique.
L'article 22 §1 alinéa 2 est une disposition importante et nous dit que:
"Les dispositions obligatoires des schémas de structure d'aménagement provinciaux et
communaux existants, qui sont contraires au schéma de structure d'aménagement de la
Flandre nouvellement décrit, sont limitativement décrites dans le volet obligatoire du
schéma de structure d'aménagement de la Flandre nouvellement fixé et sont donc de ce
fait abrogées de plein droit".
Le décret du 18 mai 1999 prévoit également des plans d'exécution spatiale à 3 niveaux.
Le plan d'exécution spatiale comprend:
Législation de l'aménagement du territoire 20

 un plan graphique indiquant les zones concernées par ce plan


 les prescriptions urbanistiques correspondantes (en matière de gestion notamment)
 une description de la situation de fait et de droit
 la relation avec les schémas de structure d'aménagement ou les schémas dont il donne
l'exécution
 une énumération la plus limitative possible des plans d'exécution spatiale qui lui sont
inférieurs et contraires, et qui, de ce fait, sont abrogés
Ces plans sont l'exécution des schémas (qui n'ont pas valeur réglementaire) et ont, eux,
valeur réglementaire.
Concernant les dispositions d'abrogation, un plan régional peut abroger ,de plein droit, les
plans provinciaux et communaux qui lui sont contraires, et un plan provincial peut abroger
les plans communaux qui lui sont contraires.
Ce sont des plans d'aménagement c.à.d. qu'ils décident de l'affectation des zones
impliquées.
A présent, voyons quelle est la procédure à suivre.
L'article 41 prévoit que le gouvernement flamand puisse établir des plans d'exécution
spatiale régionaux. Le gouvernement fait alors un avant-projet. Les communes (via le
Collège du Bourgmestre & des Echevins) et les différentes administrations consultatives
émettent un avis sur cet avant-projet. Le projet est alors fixé provisoirement et n'a pas de
valeur réglementaire (contrairement au projet de PRAS à Bruxelles). Il est soumis à une
enquête publique pendant 60 jours au cours desquels les remarques et les objections
peuvent être formulées par écrit auprès de la Commission Flamande de l'aménagement du
territoire (elle correspond à peu près à la CRD). Cette commission réunit et coordonne
toutes les objections et remarques. Elle remet un avis adressé au gouvernement dans les
90 jours après la fin de l'enquête publique. En principe, le plan doit être arrêté dans les 180
jours après la fin de l'enquête. On peut aller jusque 210 jours si la commission en fait la
demande. Lors de l'adoption définitive, les seules modifications qui puissent être apportées
par rapport à l'avant-projet initial, doivent être basées sur les remarques, objections et avis
donnés pendant l'enquête publique ou résulter de la prise de connaissance de nouvelles
données inconnues lors de la fixation provisoire de l'avant-projet et ayant un impact décisif
sur le plan.
Selon l'article 42 §7, quand le plan d'exécution spatiale n'est pas définitivement fixé dans
les délais, le projet d'exécution spatiale cesse de produire ses effets. Y a-t-il une valeur
réglementaire là-dessous? En principe, un projet n'a de valeur réglementaire que si la loi le
dit. Or, on a aucune trace à ce sujet et donc on ne sait pas.
L'arrêté qui arrête le projet du gouvernement est publié au Moniteur Belge dans les 60
jours après la fixation du plan et entre en vigueur 15 jours après sa publication. Il est
ensuite envoyé aux différentes communes concernées.
Les plans d'exécution spatiale provinciaux ne peuvent pas déroger aux prescriptions des
plans d'exécution spatiale régionaux. De même, les plans d'exécution spatiale communaux
ne peuvent pas déroger aux plans d'exécution spatiale provinciaux et régionaux. Tel n'est
pas le cas dans l'OPU et le CWATUP qui prévoient des possibilités de dérogation quand le
plan supérieur est antérieur.

Les plans particuliers d'aménagement

Le PPAS de Bruxelles Capitale


Législation de l'aménagement du territoire 21

Les PPAS sont régis par les articles 48 à 67bis de l'ordonnance.


Chaque commune a l'obligation d'élaborer ses PPAS. Cette obligation se retrouvait déjà
dans l'article 14 de la loi de 62. Elle peut se traduire par une "invitation" (c'est un doux
euphémisme car ce serait plutôt un ordre) du gouvernement à établir ce PPAS. Si ce n'est
pas fait, la région peut alors se substituer à la commune pour faire ce plan. Cette tutelle de
substitution est rarement utilisée. De toute façon, même si c'est l'autorité de tutelle qui fait
le plan à la place de la commune, c'est cette dernière qui reste juridiquement responsable
de son plan.
L'article 55 réserve un droit d'initiative aux particuliers. Il prévoit que, pour un quartier
d'un périmètre donné, les personnes majeures (> 18 ans) habitant dans ce périmètre et
représentant au minimum 1/3 de la population de celui-ci peuvent faire la proposition d'un
PPAS pour ce quartier à la commune. Le Conseil des Echevins soumet la demande au
Conseil communal. Si le conseil accepte la proposition, la procédure traditionnelle
d'élaboration du PPAS est entamée. Si, par contre, il la rejette, il doit motiver sa décision.
Il faut savoir qu'il n'y a pas de recours administratifs lors du rejet d'une proposition de
PPAS. Parfois, on peut tout de même avoir recours au Conseil d'Etat si on constate un
vice de procédure ou s'il y a un manque de motivation.
Voyons, à présent, quel est le contenu du PPAS.
Le PPAS est le dernier des plans dans la hiérarchie et il doit donc respecter les plans
supérieurs. Il peut les compléter ou, sous certaines conditions, y déroger (cf. article 59). Il
indique pour la partie du territoire qu'il détermine (il revient au conseil communal de
déterminer le périmètre qui ne doit pas être trop grand sinon il y a des problèmes lors des
éventuelles modifications):
­ la situation existante de fait et de droit
­ l'affectation détaillée des diverses zones et les affectations qui s'y rapportent
­ les prescriptions relatives à l'implantation et au volume du bâti (gestion du bâti)
­ les prescriptions concernant l'esthétique des constructions et de leur abords
­ le tracé et les mesures d'aménagement des voies de communication
Un PPAS poursuit 2 objectifs:
 gérer l'affectation
 gérer le bâti, les constructions
Ce plan est accompagné d'un exposé des motifs sans valeur réglementaire (c'est d'ailleurs
la seule partie qui n'a pas de valeur réglementaire). Cette partie doit résoudre les
contradictions et exprimer les intentions des initiateurs du plan en cas de doute sur sa
légitimité. L'arrêt accorde une légère préférence aux prescriptions littérales car elles sont
moins sujettes à erreur que les prescriptions graphiques.
Le PPAS est soumis pour son élaboration à un rapport d'incidence et, dans certains cas, à
une étude d'incidence. Ce rapport (ou cette étude) est joint au plan. Ainsi, est soumis à une
étude d'incidence, le projet de PPAS qui permet la réalisation d'un total de plus de 500
emplacements de parking pour autant que le nombre d'emplacements nouveaux soit
supérieur à 25% du nombre d'emplacements qui s'y trouvaient déjà. Est également soumis
à une étude d'incidence, le projet de PPAS qui permet la réalisation de plus de 50000 m2
de bureaux pour autant que la surface de bureaux excède d'au moins 25% la surface de
bureaux préexistante.
Il y a également une annexe qui indique les dispositions qui dérogent aux plans supérieurs
préexistants.
Législation de l'aménagement du territoire 22

Voyons, à présent, quelles sont les conditions de dérogation aux plans supérieurs.
Le PPAS peut déroger aux plans supérieurs selon les conditions suivantes:
­ On ne peut pas porter atteinte aux données essentielles du plan supérieur (c'est le
Conseil d'Etat qui décide de la valeur essentielle de telle ou telle données)
Ex: Si le PRAS prévoit, pour un périmètre donné, toute une zone d'habitation et
qu'ensuite le PPAS modifie cette zone pour en faire une zone administrative, le
PPAS va à l'encontre des données essentielles du PRAS et le Conseil d'Etat est
obligé de réagir. Par contre, si le PRAS a prévu un zone de forte mixité et que
le PPAS se permet juste une redistribution des affectations, celui-ci reste dans
le respect des données essentielles du PRAS et pourra être accepté.
­ La dérogation doit être motivée pour des raisons culturelles, sociales,
économiques,… qui n'existaient pas lors de l'élaboration des plans supérieurs (il
faut qu'il y ait des besoins nouveaux)
­ Il doit être démontrer que l'affectation nouvelle réponde aux possibilités
d'aménagement de fait
­ On ne peut porter atteinte aux dispositions prises en application de différents
articles (art. 17, 26,…) de l'OPU déterminant le contenu des plans supérieurs. Par
exemple, dans l'article 26; le PRAS indique les modifications à apporter au PPAS,
la direction dans laquelle il doit aller. Une dérogation d'un PPAS qui s'élabore ou se
modifie ne peut aller à l'encontre de ce qui a été prévu dans le PRAS.
La conséquence d'une dérogation est que les dispositions des plans supérieurs, auxquelles
le PPAS déroge, cessent d'être d'application pour le périmètre du plan dérogatoire.
Par une ordonnance modificative du 20 mai 1999, la procédure d'élaboration et de
modification a été simplifiée pour les communes concernées. Le législateur y a ajouté des
articles bis. Il permet à la commune de faire une opération "accordéon" c.à.d. d'élaborer
un dossier de base plus détaillé que celui prévu par l'ordonnance. Ainsi, on compacte les
procédures du dossier de base et du projet de PPAS. Dans cette optique, le dossier de base
constitue donc le projet de PPAS. Le Conseil communal peut dès lors soit adopter
définitivement le dossier de base soit suivre la procédure habituelle (adopter le projet).
Il existe une autre ordonnance modificative qui va bientôt sortir et qui prévoit:
1) à propos de la procédure d'abrogation suivie par la commune, d'abroger partiellement
un PPAS
2) que les prescriptions de PPAS, abrogées pour non conformité aux plans de secteur
(1979) ou aux PRD (3 mars 1995), recouvrent leurs effets initiaux à une double
condition:
­ les prescriptions doivent être conformes au futur PRAS
­ les prescriptions n'ont pas été modifiées ou expressément abrogées par une autre
procédure.
Concernant cette nouvelle ordonnance, le Conseil d'Etat doit encore donner son avis.
Donc, cette ordonnance n'a pas encore été adoptée et, si elle l'est, elle entrera en vigueur
avec le PRAS.

Le PPAS en Région Wallone (PCA)

Il s'agit du plan communal d'aménagement.


Son contenu est défini à l'article 49. Cet article prévoit que le PCA comporte:
Législation de l'aménagement du territoire 23

• les options planistiques et urbanistiques


• les différentes zones d'aménagement
• le tracé des voies de communication
• les emplacements des espaces verts, sites écologiques, les équipements d'intérêt
public,…
• la gestion du bâti
• …
En synthèse, le contenu comprend les prescriptions d'affectation des sols et la gestion du
bâti. En substance, le contenu est donc le même que pour Bruxelles. Certaines choses sont
plus précises et d'autres le sont moins. De même, il y a un régime similaire pour les
dérogations que les plans communaux en élaboration peuvent avoir par rapport aux plans
de secteur. Les conditions de dérogation sont énumérées à l'article 48:
­ la dérogation ne peut avoir d'effet sur l'économie générale
­ elle doit être motivée par des besoins sociaux, culturaux,… nouveaux
­ l'affectation nouvelle doit répondre à l'affectation existante de fait
Quelles sont les différences entre le PPAS de Bruxelles et le PCA de la Région Wallone?
 Dans l'OPU, on ne peut pas porter atteinte aux données essentielles. En Région
Wallone, c'est à l'économie générale qu'on ne peut pas porter atteinte.
 Il n'y a pas de dossier de base lors de la procédure d'élaboration du PCA
 A la fin du délai de rappel, si le gouvernement ne s'est toujours pas prononcé, le projet
est approuvé (et non rejeté comme c'est le cas à Bruxelles)
 Dans le cadre du droit d'initiative pour la révision du plan de secteur, la Région
Wallone peut (sur avis) considérer qu'il faille élaborer un PCA dérogatoire au plan de
secteur. C'est en fait une façon détournée de modifier un plan de secteur qui serait
obsolète. C'est évidemment la commune qui est chargée de l'élaboration.

La hiérarchie des plans d'aménagement - Conclusion


On va regrouper les principes qui permettent le fonctionnement des plans les uns avec les
autres.

Commençons par la Loi de 62.


La hiérarchie des plans est en fait un cas d'application du principe de la hiérarchie des
normes dans la Constitution.
L'objectif de toutes ces règles est de déterminer le statut urbanistique d'un bien. Quand on
a un bien, quels sont les plans et les règles qui s'y appliquent? Pour un même bien, il y a
plusieurs plans qui peuvent s'appliquer concourramment. Quand ces plans sont conformes
les uns aux autres, il n'y a pas de problème. Par contre, quand ils ne sont pas conformes les
uns aux autres, là, les choses se gâtent.
Dans la loi de 62, il y a l'article 2 qui dit que:

­ tous les plans ont valeur réglementaire et restent en vigueur tant qu'il n'y a pas un
nouveau plan modificateur (la révision était considérée comme LA solution miracle
aux conflits entre plans)
Législation de l'aménagement du territoire 24

­ on ne peut déroger que conformément au texte

L'article 12 dernier alinéa expose le contenu du plan de secteur et précise que le plan de
secteur peut "au besoin" (c'est flou comme terme) déroger aux plans supérieurs (c'est la
seule fois où l'on voit ce mot avec l'article 16 qui parle de le même chose pour le PPA).
L'arrêté du projet du plan régional suspend les dispositions non conformes des plans
inférieurs (dans la loi, on ne dit pas quand? ni comment?).
Il y a 2 controverses importantes:

1) Absence d'indication quant à la façon de résoudre un conflit de plans lorsque l'on


adoptait un plan supérieur comprenant des dispositions non conformes aux plans
inférieurs.
Il y a alors eu un premier arrêt du Conseil d'Etat daté du 23 décembre 1982, l'arrêt Stenos.
Cet arrêt remet les pendules à l'heure et stipule que la suspension est la solution aux
conflits de plans.
La Cour de Cassation a alors dit, par arrêté du 9 mai et du 18 septembre 1985, que tout se
solde par une abrogation tacite des dispositions non conformes aux plans supérieurs, vu
que la loi ne dit rien.

2) Un plan inférieur pouvait ou ne pouvait pas déroger aux affectations des plans
supérieurs selon les personnes qui interprétaient les textes. Il ne fallait tout de même
pas déroger à tout et n'importe quoi. Il fallait des dérogations limitatives.
En 1988, un arrêté a été rendu par les chambres flamandes (Meubel Centrale Heylen) et a
mis fin à cette controverse concernant les dérogations. Cette arrêté stipule qu'un plan
inférieur peut déroger à un plan supérieur à la condition que:
­ il soit démontré que la partie du plan supérieur concernée est obsolète
­ la zone d'application soit limitée (il ne faut pas toucher aux données essentielles)

Voyons à présent comment les choses se présentent pour l'OPU.


L'article 5 est l'équivalent de l'article 2 de la loi de 62. Le Gouvernement confère force
obligatoire aux communes. Les plans ont valeur réglementaires et sont en vigueur jusqu'à
ce qu'il y ait substitution par d'autres plans, modifications ou dans le cas d'une ordonnance
prévoyant une suspension ou une abrogation totale ou partielle de leurs dispositions. La
force obligatoire et la valeur réglementaire sont précisées pour chacun des plans. On a
tenté de modifier l'article 5 par une ordonnance de 1998.
Le PRD a provoqué des modifications importantes. Il contient des prescriptions à valeur
indicative et des prescriptions d'affectation des sols à valeur réglementaire. L'article 21
concerne le PRD et déclare que le projet de plan arrêté par le gouvernement a même
valeur réglementaire que le plan. Cet arrêté détermine les dispositions des plans inférieurs
qui sont non conformes et les suspend pendant 12 mois.
Pour le PRAS, les même dispositions ont été prévues dans l'article 31. L'arrêté (septembre
1998) qui arrête le projet (qui a valeur réglementaire pendant 12 mois), détermine les
dispositions des plans antérieurs et des plans inférieurs qui sont alors supendues.
Cette suspension est obligatoire, express et énumérative. Pourquoi parle-t-on de
mécanisme express et énumératif? L'arrêté était considéré comme insécurisant d'un point
de vue juridique car tout ce qui est tacite ne se voit pas et risque de mener à un procès.
Il y a le mécanisme de double gel explicité dans l'article 21 alinéa 3 (il a été abrogé) et
Législation de l'aménagement du territoire 25

dans l'article 31 alinéa 3 + 4 (introduit par l'article 2 de l'ordonnance du 20 mai 1999). Les
dispositions du projet de PRAS qui ont provoqué la suspension des dispositions des plans
inférieurs, sont provisoirement privées de valeur réglementaire. On gèle ce qui existe
(plans inférieurs) ainsi que la prescription dans le projet de plan qui a justifié la suspension.
Il n'y avait pas moyen d'obtenir un permis non conforme au projet de PRAS (selon l'article
116 §4 alinéa 2 et l'article 118 §3 alinéa 1). Par contre, aucune disposition n'interdisait la
délivrance de permis non conforme à un PPAS suspendu. Le 4ème alinéa de l'article 31
prévoit à présent le refus des permis non conformes à la partie suspendue d'un PPAS.

Faisons un RAPPEL de ce qui a été dit au cours précédent.


Dans la Loi de 62, on a vu que le cadre hiérarchique des plans d'aménagement du territoire
était défini par les articles 2, 12, 15 et 16.
Ainsi, il existe 4 niveaux de plans pour lesquels les plans inférieurs doivent se conformer
aux plans supérieurs. Le législateur pensait naïvement que, quand un nouveau plan
supérieur était adopté, les plans inférieurs allaient être automatiquement révisés pour s'y
adapter. L'article 43 vise la révision des plans inférieurs qui sont non conformes aux plans
supérieurs. Mais, en pratique, ça ne se passait pas comme (< manque de moyens des
communes). Alors, comment pouvait-on régler le problème de concours des plans qui
prévoyaient des règles urbanistiques ou des affectations du sol différentes? Pour ça, on a
les articles 2 et les derniers alinéa des articles 12, 15 et 16.
L'article 2 nous dit que:
• Le Roi confère force obligatoire et valeur réglementaire aux plans régionaux, de
secteur et communaux jusqu'au moment où un nouveau plan est élaboré. La
dérogation est réglementée (un plan ne peut déroger à une ou des prescriptions d'un
autre plan qu'en respectant les prescriptions des articles 12, 15 et 16). Ainsi, les
prescriptions auxquelles le plan inférieur a valablement dérogé, cessent de produire
leurs effets. L'article 12 concerne le plan de secteur, l'article 15 le PGA et l'article 16 le
PPA. Les 3 articles disent la même chose, à savoir qu'un plan inférieur peut, AU
BESOIN, déroger aux plans supérieurs.
Donc, ce premier paragraphe de l'article 2 concerne la dérogation.
• Les projets de plans régionaux et de secteur, arrêtés provisoirement par le ministre,
ont aussi valeur réglementaire. Ainsi, l'arrêté des plans ministériels suspend les
prescriptions non conformes des plans inférieurs vis-à-vis du projet.
Ce deuxième paragraphe concerne donc l'effet de suspension qu'on les projets de plan
sur les prescriptions non conformes des plans inférieurs.
Dans le cadre de la loi de 62, c'est tout ce qui a été dit sur le sujet.
Donc, la dérogation vise un plan inférieur qui voudrait bien déroger à un plan supérieur
antérieur pour lequel il est non conforme. Par exemple, on pourrait envisager la
dérogation par un PPA à un plan de secteur qui lui est antérieur.
Un arrêt a été rendu en 1988 par les chambres flamandes (Meubel Centrale Heylen). Cet
arrêt stipule que l'on ne peut déroger que si:
­ les motifs sont sérieux (plan supérieur est obsolète)
­ la zone concernée est limitée géographiquement
Le cas échéant, il y a donc moyen de déroger à une zone d'affectation . Le problème, c'est
qu'il faut savoir jusqu'où on peut déroger puisque l'on a pas le droit d'aller jusqu'à la
modification d'un plan supérieur.
Maintenant, voyons ce qui se passe quand un nouveau plan supérieur n'est pas conforme
Législation de l'aménagement du territoire 26

aux plans inférieurs qui lui sont antérieurs.


Dans la loi de 62, il était dit que le projet de plan suspend les prescriptions non conformes
des plans inférieur (voir 2ème § de l'article 2). Mais la loi ne disait rien quant aux plans
ayant été adoptés définitivement.
En 1983, un arrêt du Conseil d'Etat (arrêt Steeno) a été rendu et, en 1985, 2 autres arrêt
de cassation ont été rendu. Dans l'arrêt de 1983, le Conseil d'Etat a confirmé que c'était le
plan supérieur qui prenait l'ascendant sur les plans inférieurs. Mais, il utilisait le terme de
"suspension", ce qui n'est pas correct car cela suppose quelque chose de provisoire (or, on
parle ici de plan adopté définitivement). Les arrêté de 1985 ont donc dit que, quand le plan
supérieur entre en vigueur, il abroge les prescriptions non conformes des plans supérieurs.
Mais, personne n'a précisé les modalités de cette abrogation. Il s'agit donc, de ce fait,
d'une abrogation tacite, qui s'oppose à une abrogation express que l'on peut lire dans les
textes. Une abrogation tacite n'est pas visible juridiquement et ne se lit nulle part. Elle est
implicite et il faut donc la remarquer soi-même. Il y a donc une très grosse insécurité
juridique pouvant mener à des procès. Par contre, dans l'OPU, le mécanisme d'abrogation
a été conçu de manière express.

Voyons ce qui se passe à Bruxelles dans l'OPU.


Les articles 27 (il a été abrogé mais a laissé des traces), 37 et 50 concernent les
dispositions selon lesquelles un plan inférieur peut déroger à un plan supérieur.
L'article 27 se consacrait au PRAS pouvant déroger au PRD. Mais, vu que le PRD n'a
plus qu'une valeur indicative (il a perdu son volet réglementaire suite à une ordonnance du
16/07/1998), le PRAS ne doit plus justifier ses différences avec le PRD. C'est pourquoi
l'article 27 a été abrogé.
L'article 37 concerne les conditions selon lesquelles le PCD peut déroger au PRAS.
L'article 50 concerne les conditions selon lesquelles un PPAS peut déroger à tout ce qui lui
est supérieur, à savoir le PCD et le PRAS (s'il se décide à sortir!). Pour cet article, 3
conditions sont émises:
• Il ne peut être porté atteinte aux données essentielles du PRAS et du PCD ni aux
dispositions concernant la composition des plans supérieurs relative aux modifications
que ces plans supérieurs apportent aux plans inférieurs. Cette condition restreint donc
la possibilité de déroger pour peu que le plan supérieur soit particulièrement
contraignant.
• La dérogation doit être motivée par des besoins sociaux, économiques, culturels ou
d'environnement qui n'existaient pas lorsque ces plans sont entrés en vigueur (il s'agit
donc de besoin nouveaux).
• Il doit être démontré que l'affectation nouvelle répond aux possibilités d'aménagement
existantes de fait.
Comme cela avait cours dans l'article 2 de la loi de 62, les dispositions des plans
supérieurs auxquelles le plan a valablement dérogé, cessent de produire leurs effets.
Comment se passe les choses dans l'autre sens? C'est beaucoup plus compliqué!
Tant pour la suspension que pour l'abrogation, Bruxelles ne voulait pas quelque chose de
tacite. La sécurité juridique nécessite une énumération des plans inférieurs qui sont
abrogés ou suspendus. Il s'agit donc d'un mécanisme obligatoire, express et énumératif.
Donc, du point de vue des modalités, les choses sont différentes par rapport à la loi de 62.
Ca se traduit donc par des textes.
Pour la suspension, c'est l'article 31 qui détermine les effets du projet de PRAS sur les
Législation de l'aménagement du territoire 27

plans inférieurs. Il contient 3 principes:


• Le projet de PRAS arrêté par le gouvernement a même force obligatoire et valeur
réglementaire que le plan définitif (en fait, ce n'est pas tout à fait exact).
• L'arrêté du gouvernement arrêtant le projet de plan prévoit une suspension (avec
énumération des dispositions suspendues) pendant 12 mois. Si le projet n'a pas été
adopté durant ces 12 mois, les suspensions cessent leurs effets.
• Le mécanisme de double gel a été instauré. Cela consiste en une privation, par voie de
conséquence, des dispositions du projet de PRAS lui-même qui ne sont pas conformes
aux dispositions des plans inférieurs qui ont été suspendues. Ceci a donc, entre autres,
pour conséquence que le 1er alinéa n'est pas tout à fait vrai puisque certaines
prescriptions du PRAS sont suspendues.
L'article 31 a été complété par un alinéa concernant l'étanchéité du double gel. Les
autorités compétentes refusent les permis qui ne sont conformes ni aux plans de secteur ni
au projet de PRAS. Aucun permis n'est délivré dans les zones où il y a conflit de
disposition. Dans toute les zones d'incompatibilité, on gèle la délivrance des permis.
Pour ce qui est de l'abrogation, ce sont les articles 34 et 47 qui sont concernés.
L'article 34 a trait à l'abrogation, par l'arrêté arrêtant le PRAS, des prescriptions non
conformes des plans inférieurs, à savoir les PCD et les PPAS.
L'article 47 concerne l'abrogation par le PCD des dispositions non conformes des PPAS.
Quand le PRAD a été arrêté (03/03/1995), il a, en exécution de l'article 24 de l'OPU,
abrogé irréversiblement les dispositions non conformes de tous les plans qui lui sont
inférieurs (plan de secteur, PPAS). Normalement les modalités d'abrogation doivent être
les mêmes que dans l'article 34 et 47. Mais il se fait que l'article 24 n'a abrogé
expressément que très peu de dispositions. Des problèmes sont alors survenus car le
gouvernement avait délibérément laissé des dispositions de plans inférieurs qui auraient dû
être abrogées. Le Conseil d'Etat a alors considéré que, quelle que soit l'envie du
gouvernement (abrogation express), il est des cas où l'on peut envisager une abrogation
tacite. Ces abrogations sont définitives, même si la disposition qui a provoqué l'abrogation
disparaît.
On peut citer l'exemple du Val d'Or à Woluwé Saint Lambert qui, selon le PRD, se trouvait
en zone verte et, selon le PPAS, en zone mixte. Le gouvernement n'avait pas abrogé
expressément les dispositions du PPAS. Quand le problème de construction d'habitation
ou de commerces s'est posé, des comités de défense de l'environnement sont allés devant
le Conseil d'Etat. Ce dernier leur a donné gain de cause en déclarant que l'on pouvait avoir
une abrogation tacite là où l'abrogation express n'a pas été respectée, et le quartier est
donc rester en zone verte (prévue dans le plan supérieur).
Le Gouvernement a voulu faire une nouvelle ordonnance pour éviter que le cas se
représente et ainsi faire échec au Conseil d'Etat. Cette ordonnance du 26/03/1998 (arrêt le
10/09/98) est un ajout à l'article 5. Il en résulte que cet article stipule que le
Gouvernement confère force obligatoire aux plans inférieurs et que ceux-ci restent en
vigueur tant qu'ils ne sont ni remplacés ni explicitement abrogés. Ceci permettait donc
d'éviter l'abrogation tacite des plans inférieurs non conformes aux plans supérieurs. Le
Conseil d'Etat n'a pas apprécié et a déclaré que cette ordonnance était inconstitutionnelle.
Il ne l'a donc pas appliqué et a annulé tous les permis. En effet, le principe de base de la
hiérarchie des plans, c'est qu'une disposition supérieure abroge les dispositions inférieures
qui lui sont non conformes.
Ensuite, le 14/12/2000, a été adoptée la 8ème (ou 9ème → on ne plus trop) ordonnance
Législation de l'aménagement du territoire 28

modificative de l'OPU. Elle a été publiée au Moniteur Belge le 30/12/2000. Elle adopte un
article 18 qui ajoute un paragraphe à l'article205. Il prévoit que les dispositions des plans
inférieurs, qui avaient été implicitement abrogées du fait de leur non conformité aux
dispositions réglementaires du plan de secteur ou du PRD, devraient recouvrer leurs effets
initiaux si elles s'avèrent conformes au futur 1er PRAS. Evidemment, cet article n'est pas
applicable tant que le PRAS n'est pas sorti. Donc, le jour où le PRAS sort, toutes les
dispositions "mortes" des PPAS vont pouvoir "revivre", ce qui risque certainement
d'engendrer des conflits.
L'article 65bis prévoit une procédure permettant au Conseil communal d'abroger un PPAS
si il s'avérait que celui-ci devait être trop modifié pour répondre aux normes actuelles ou
qu'il était carrément obsolète.
Cet article a été modifié par l'ordonnance du 14/12/2000 qui prévoyait que l'abrogation
pouvait être partielle. On peut donc abroger le PPAS sur tout ou une partie de sont
périmètre. C'est alors les prescriptions du plan de secteur qui s'appliquent à ce périmètre.

Voyons à présent ce qui se passe en Région Wallone dans le CWATUP.


Pour rappel, nous pouvons simplement dire qu'il ne reste plus que 2 niveaux de plan à
valeur réglementaire (le plan de secteur et le PCA), les 2autres niveaux étant des schémas
de structure. La hiérarchie des plans en est donc considérablement simplifiée.
Nous avons tout d'abord l'article 19 qui est l'équivalent de l'article 2 de la loi de 62 et de
l'article 5 de l'OPU. Il énonce des principes:
• Le Gouvernement confère force obligatoire et valeur réglementaire aux plans de
secteur et aux PCA.
• Ces plans restent en vigueur jusqu'à substitution ou révision.
• Les dérogations d'un PCA par rapport à un plan de secteur se font selon les formes et
les cas prévus par les codes (cf article 48).
• Les prescriptions d'un PCA "incompatibles" avec un plan de secteur approuvé
postérieurement cessent de produire leurs effets.
Dans quelles mesures peut-on déroger?
C'est l'article 48 qui répond à cette question.
Tout d'abord, il faut souligner que la dérogation d'un PCA par rapport à un plan de secteur
se limite au périmètre du PCA, ce qui est logique.
L'article 48 dit que le PCA précise, en le complétant, le plan de secteur et les prescriptions
visées à l'article 46 (déterminant la révision). Le PCA est élaboré après examen du schéma
de structure communal (si celui-ci existe). Le PCA peut donc au besoin et moyennant
motivations déroger au plan de secteur si les conditions suivantes sont réunies:
• La dérogation ne porte pas atteinte à l'économie générale du plan de secteur.
• La dérogation est motivée par des besoins sociaux, économiques, culturels ou
d'environnement qui n'existaient pas au moment de l'adoption définitive du plan de
secteur (→ besoins nouveaux)
• Il doit être démontré que les prescriptions d'aménagement correspondent aux
possibilités d'aménagement de la situation existante de fait.
C'est la même chose que dans l'article 37 et surtout 50 de l'OPU.
Voyons ce qui se passe dans l'autre sens pour l'abrogation.
L'article 19 parle de l'abrogation par le plan de secteur postérieur des dispositions
"incompatibles" avec ce plan de secteur des PCA antérieurs.
Législation de l'aménagement du territoire 29

L'article 48 s'ajoute à cet article et dit qu'on abroge expressément et de façon énumérative
les dispositions des PCA non conformes aux plans de secteur (c'est comme dans l'article
34 de l'OPU).
Donc, quand un plan de secteur entre en vigueur, les dispositions des PCA qui sont
simplement non conformes doivent être abrogées. Ne sont abrogées tacitement que les
dispositions du PCA qui sont "incompatibles" (le terme est plus fort que "non conformes")
au plan de secteur. On remarque que ces modalités peuvent poser des problèmes. En effet,
si une disposition non conforme n'est pas expressément abrogée et que l'on ne puisse dire
d'elle qu'elle est incompatible au plan de secteur, elle devrait normalement rester en
vigueur. Mais on peut supposer que le Conseil d'Etat ne laissera pas passer ça. Pour
l'instant, on parle un peu dans le vide car le problème ne s'est pas encore posé.

Voyons, à présent, comment les choses se déroulent en Région Flamande.


Rappelons tout d'abord que, dans le cadre du décret du 22/10/96, 4 niveaux de plans
traditionnels étaient prévus par la loi: - le plan régional
­ les plans de secteur
­ les PGA
­ les PPA
Il a également été prévu, dans le décret de juillet 96, qu'il y ait 3 niveaux de schémas de
structure: - le schéma de structure d'aménagement de la Flandre
­ le schéma de structure d'aménagement provincial
­ le schéma de structure d'aménagement communal
Le décret entré en vigueur le 1er mai 2000 n'abroge pas entièrement le décret de 1996 et
prévoit des schémas de structure aux 3 niveaux ainsi que des plans d'exécution spatiale qui
sont à peu près l'équivalent des plans classiques.
L'article 19 "Schéma de structure d'aménagement provincial" prévoit que le volet directeur
est la partie du schéma à laquelle une autorité ne peut déroger, à moins qu'il n'y ait des
développements imprévus au niveau des besoins territoriaux d'ordre social,
économique,… et que ce soit urgent.
L'article 31 "Schéma de structure d'aménagement communal" stipule que celui-ci doit
suivre les directives des schémas de structure d'aménagement de la Flandre et de la
province, et qu'il ne peut déroger à la partie directrice de ces schémas supérieurs que s'il y
a des développements territoriaux imprévus pour des besoins urgents. Donc, quand un
schéma communal s'élabore, il ne peut déroger que sous certaines conditions au volet
directeur des schémas supérieurs mais jamais au volet obligatoire.
Voyons ce qui concerne les plans d'exécution spatiale organisés par le nouveau décret.
Pour ce qui est des plans d'exécution spatiale provinciaux, il est prévu (dans l'article 44)
qu'ils ne puissent pas déroger aux prescriptions des plans d'exécution spatiale régionaux
qui leurs sont antérieurs. Il en va de même pour les plans d'exécution spatiale communaux
qui ne peuvent quant à eux pas déroger aux plans d'exécution spatiale régionaux et
provinciaux (article 48 §2). Il n'y a donc aucune possibilité de dérogation.
Par contre, dans l'autre sens, on a toujours le mécanisme d'abrogation.
Il est ainsi prévu que les prescriptions des plans d'exécution spatiale régionaux abrogent de
plein droit les prescriptions des plans d'exécution spatiale provinciaux et communaux qui
leur sont contraires (le terme employé dans les textes flamands est "en conflit" qui est plus
fort que la non conformité). De même, les prescriptions des plans d'exécution spatiale
Législation de l'aménagement du territoire 30

provinciaux abrogent les prescriptions des plans d'exécution spatiale communaux qui leur
sont contraires.
Dans l'article 37 §1 déterminant le contenu d'un plan d'exécution spatiale, il est dit que le
plan comporte une énumération la plus limitative possible des prescriptions qui lui sont
contraires et qui ont donc été abrogées.

Nous en avons fini pour la hiérarchie des plans.µ


Législation de l'aménagement du territoire 31

LES PERMIS
Nous allons étudier ce qui se passe dans la Région de Bruxelles Capitale. Nous
soulignerons tout de même les différences notables entre les régions.

Actes et travaux soumis à permis


Dans l'ordonnance bruxelloise, l'article 84 énonce les actes et travaux soumis à un permis.
Il y est dit que nul ne peut, sans un permis préalable écrit et express délivré par le Collège
des Echevins et du Bourgmestre, faire certains actes qui sont ci-dessous énumérés:
• Construire ou placer une installation fixe (même en matériau non durable) qui est
incorporée au sol, ancrée dans celui-ci ou y trouvant un appuis, et destinée à rester en
place alors même qu'elle peut être démontée ou déplacée.
• Apporter des transformations à une construction existante à l'exception des travaux de
conservation et d'entretien.
(Par "transformation", on entend la modification intérieure ou extérieure d'un
bâtiment, par adjonction ou enlèvement d'un local, d'un toit, ou par l'utilisation d'un
autre matériau, et ce même si ça ne modifie pas le volume de la construction)
• La démolition
• La reconstruction
• La modification sensible du relief du sol (par un déblais ou un remblais, par exemple).
(On entend par "modification sensible" une différence de 50 cm par rapport au niveau
initial)
• Le déboisement
• L'abattage d'arbres à haute tige c.à.d. qui, à 1 m de hauteur, présente une circonférence
de 20 cm et qui atteint au moins 3,50 m de hauteur.
• La modification de tout ou une partie d'un bien même si cette modification ne
nécessite pas de travaux.
(On entend par:
­ utilisation = utilisation existante de fait d'un bien non bâti ou de un ou plusieurs
locaux d'un bien bâti
­ destination = destination d'un bien non bâti, ou d'un ou plusieurs locaux d'un bien
bâti qui est précisée dans le permis d'urbanisme ou, à défaut, dans l'affectation du
plan d'aménagement)
Remarque: Ce dernier point a été ajouté à la liste car il y avait une volonté de faire
disparaître les bureaux "sauvages". En effet, transformer par exemple une
maison de maître en bureaux ne nécessitent à priori pas de travaux requérant
un permis. Par contre, en introduisant ce nouveau point, ceci n'es plus possible
puisque, bien que l'on ne fasse pas de travaux notables, on change tout de
même l'affectation du bâtiment.
Nous pouvons souligner que toutes ces actions sont sanctionnées pénalement, la sanction
étant maintenue tant que l'infraction perdure.

Le 2ème paragraphe de l'article 84 stipule que le Gouvernement peut énumérer la liste des
travaux qui sont dispensés de permis par un arrêté. Ceci permet d'assouplir le 1er
Législation de l'aménagement du territoire 32

paragraphe de l'article 84. Ainsi, l'arrêté du 11/01/1996 détermine les travaux dispensés de
permis d'urbanisme:
• Les constructions d'infrastructure des chantiers
• Le placement d'équipements intérieurs sanitaires, électriques, de chauffage, de
ventilation ou d'isolation
• A condition que la stabilité de l'immeuble ne soit pas mise en danger, il est autorisé de
faire des travaux d'aménagement intérieurs (y compris le cloisonnement) pour autant
qu'il n'y ait pas:
­ de problème de construction
­ de modification de l'utilisation ou de la destination
­ de modification du nombre de logements
­ de modification du volume construit
­ de modification de l'aspect architectural
• Certains travaux de voirie (ex: mobilier urbain)
• Certains travaux d'aménagement de jardin

Le 3ème paragraphe de l'article 84 déclare que les dispositions de la présente ordonnance


sont applicables aux actes et travaux qui ne sont pas énumérés dans le paragraphe 1 mais
qui sont visés par un règlement d'urbanisme (il complète la liste légale).

Donc, en résumé, l'article 84 comprend 3 paragraphes:


§1 → actes et travaux expressément soumis à un permis d'urbanisme
§2 ("élastique") → travaux de minime importance et dispensés de permis d'urbanisme
§3 → les règlements régionaux ou communaux d'urbanisme peuvent compléter le
paragraphe 1 à condition que le règlement ne contredise pas le 2ème paragraphe

Introduction de demande et d'instruction de permis


Pour ce propos, on se réfère aux articles 108 et suivants.
Le dossier de demande de permis se compose de la manière décrite par un arrêté du
Gouvernement.
Ainsi, l'article 108 §1 déclare que le Gouvernement détermine les conditions requises pour
qu'un dossier de demande de permis soit considérer comme complet.
L'arrêté du 06/07/1996 détermine la composition du dossier de demande de permis
d'urbanisme. Cet arrêté comporte plusieurs chapitres qui sont différents selon le type de
permis que l'on demande (construction, démolition,…). Cet arrêté a été modifié plusieurs
fois.
L'article 108 §2 déclare qu'en cas de projet mixte, un certain nombre de principes sont
applicables et suivis:
• Il faut notamment que les demandes de certificat ou de permis d'urbanisme et
d'environnement soient introduites simultanément, le caractère complet d'une
demande étant conditionné par le caractère complet de l'autre demande.
Rappelons qu'un projet mixte est un projet requérant en même temps un permis
d'urbanisme ainsi qu'un permis d'environnement pour une installation de classe IA ou IB.
Législation de l'aménagement du territoire 33

Une installation de classe IA impose de faire une étude d'incidence alors qu'une installation
de classe IB ne nécessite qu'un rapport d'incidence. Il n'y a pas de mixité entre le permis
d'urbanisme et le permis d'environnement pour les installations de classes II et III. On peut
encore ajouter que ces classes sont reprises dans la nomenclature de l'ordonnance du
05/06/1997.
On tombe très vite dans la classe IB (ex: moteur d'ascenseur).
Parfois, d'un point de vue urbanistique, il se peut que l'on ait besoin d'un rapport ou d'une
étude d'incidences. C'est notamment le cas pour un immeuble de plus de 5000 m2 de
plancher de bureaux pour lequel un rapport d'incidences est requis (si il faisait plus de
20000 m2, il faudrait faire une étude d'incidences). Cet immeuble sera évidemment pourvu
d'installations de classe II et IB par exemple. Nous savons déjà qu'une installation de
classe IB nécessite un rapport d'incidences alors que ce n'est pas le cas pour les
installations de classe II. Mais, la classe la plus contraignante (c'est en l'occurrence, ici, la
classe IB) prend le dessus sur les autres pour lesquelles il faudra également faire un
rapport d'incidences.
Si maintenant on veut faire un parking en sous-sol de plus de 200 places, on se retrouve
alors dans la classe IA et une étude d'incidences est requise.
Il faut savoir qu'une étude d'incidences est nettement plus gênante qu'un rapport
d'incidences. En effet, ce dernier peut être fait par le demandeur, il n'alourdit pas la
procédure et ne touche que la demande.
Quand on est en projet mixte, il suffit que l'un des points soit soumis à une étude
d'incidence pour que l'ensemble du projet y soit également soumis. On doit donc faire
l'étude d'incidences pour les deux demandes de permis (urbanistique et d'environnement).

• Les mesures de publicité se tiennent en même temps pour les 2 demandes.


• Il faut une note préparatoire, un cahier des charges ou un rapport d'incidences unique.
• Les autorités compétentes procèdent en commun à l'examen de la demande de permis
et le Gouvernement veille à cela. Chaque autorité évolue dans la sphère de ses propres
compétences et prend sa décision sur la demande de permis qui la concerne. C'est
l'IBGE (Institut Bruxellois de Gestion de l'Environnement) qui délivre les permis
d'environnement (et non la commune). La délivrance du permis d'urbanisme et de celui
d'environnement sont deux décisions distinctes. Il serait illégal pour une autorité de
croire qu'elle est liée à l'autre. C'est pourquoi on dit pudiquement que les autorités "se
concertent" pour examiner les demandes de permis.
• Un accusé de réception pour une demande de permis ne peut être délivré que s'il y a
un accusé de réception pour l'autre demande de permis.
Il s'agit d'un régime unique et aucun "panachage" n'est possible entre une étude
d'incidences et un rapport d'incidences. C'est soit l'un soit l'autre mais jamais les deux, et
c'est le plus lourd qui l'emporte. C'est à la commune de vérifier dans quel régime on se
trouve (projet mixte ou non, classe I ou II,…). Elle est le pivot du contrôle de
l'introduction de demande permis.
L'article 109 nous signale que la demande de permis est introduite à la commune (la
demande de permis d'environnement sera transmise par la suite à l'IBGE), et ce de 2
façons différentes:
­ soit elle est déposée à la maison communale avec, en retour, une attestation de
dépôt (ce qui ne signifie pas que le dossier soit complet);
Législation de l'aménagement du territoire 34

­ soit elle est envoyée par recommandé.


A partir du dépôt ou de l'envoi par recommandé, la commune dispose de 10 jours pour
vérifier si le dossier est complet. Si un rapport d'incidences est nécessaire pour la demande
de permis, il doit figurer dans le dossier. Si une étude d'incidences est requise, une note
préparatoire doit se trouver dans le dossier.
Dans l'annexe, le formulaire de l'accusé de réception doit mentionner le délai global
d'instruction de la demande. Pour calculer ce délai, la commune devra encore se poser
toute une série de questions selon le type de procédure qu'il faudra appliquer. La
commune doit faire ses comptes sur base de l'article 119. Si la commune dépasse le délai
prévu, on peut la désaisir du dossier et demander au fonctionnaire délégué de statuer en
lieu et place de la commune.
La commune a donc 10 jours pour délivrer un accusé de réception ou pour annoncer par
recommandé au demandeur que le dossier est incomplet. Si la commune ne fait rien durant
ces 10 jours, les délais de procédure se calculent à partir du 11ème jour (ça ne signifie pas
que le dossier soit complet).
Lorsque la demande donne lieu à la consultation d'administrations ou d'instances, le
Collège du Bourgmestre et des Echevins leur envoie une copie complète du dossier dans
les 10 jours de l'envoi de l'accusé de réception. Lorsque la demande permis est soumise à
l'avis de la Commission de Concertation, le Collège du Bourgmestre et des Echevins
transmet les documents essentiels (décidés par le Gouvernement) dans les 10 jours de
l'envoi de l'accusé de réception.

Nous allons passer, pour l'instant, les articles 110 et 111, ce dernier traitant du système
d'évaluation des incidences (règles relatives à une étude d'incidences + règles relatives au
rapport d'incidences).

Les mesures particulières de publicité (MPP)


Les articles de l'OPU s'y référant sont les articles 112, 113 et 114.
Les MPP concernent d'une part l'enquête publique et d'autre part l'avis de la Commission
de Concertation.
L'article 112 stipule que quasi tous les plans et règlements requièrent pour une demande
de permis une MPP.
Le tempérament de l'article 67bis de l'ordonnance déclare que, à moins que ses
prescriptions ne l'imposent expressément, dans le cas d'un PPAS approuvé après le 1er
janvier 1981, la demande de permis est dispensée d'une éventuelle MPP requise dans les
plans supérieurs. Mais, par contre, il faut aller vérifier dans les règlements communaux ou
régionaux d'urbanisme dont certaines prescriptions imposent un MPP.
Il y d'autres causes requérant une MPP. C'est le cas lors de dérogations soit à certaines
prescriptions du PPAS ou du permis de lotir soit à certaines prescriptions du PCD. Une
demande de permis d'urbanisme peut impliquer une dérogation à certaines prescriptions de
PPAS ou de PCD. On estime que le public peut se prononcer vu qu'on va déroger à un
plan pour lequel il s'est déjà prononcé. Ceci est précisé dans les articles 116 §2 et 118
§2.déterminant le type de dérogations possibles et imposant une MPP.
L'article 113 énonce, quant à lui, que, quand une MPP est prescrite, le Collège du
Bourgmestre et des Echevins organise d'initiative une enquête publique dans les 15 jours
suivant l'accusé de réception du dossier complet. L'enquête publique, organisée par la
Législation de l'aménagement du territoire 35

commune, peut être portée à 30 jours quand la demande de permis a une incidence sur les
voiries.
Il y a un arrêté (repris dans l'article 8) qui détermine les modalités précises et concrètes
relatives à l'enquête:
• Elle doit être annoncée au moins 48 heures à l'avance par un affichage le plus visible et
le plus lisible possible.
Remarque: Il n'y a pas de sanction si le délai d'enquête publique n'est pas respecté. Par
contre, il y en a une dans le cas où la commune dépasse son délai global et on
peut alors avoir recours au fonctionnaire délégué.
• L'enquête publique a une durée supérieure à 15 jours.
• Au moins la moitié du délai d'enquête doit se situer en dehors des vacances scolaires
de Pâques, des grandes vacances et de Noël.
• Le dossier doit être disponible au moins un jour par semaine jusque 20h00 afin que
toute personne désirant le consulter puisse le faire sans trop de problème.
• Quiconque peut obtenir des informations techniques.
• Quiconque peut formuler ses observations oralement ou par écrit et ce avant la fin de
l'enquête.
• Le Gouvernement ou la commune peut décider d'augmenter la publicité.

Le public peut demander à être entendu par la Commission de Concertation (article 114).
L'alinéa 1 de l'article 114 stipule qu'elle doit émettre son avis sur la demande de permis
dans les 30 jours de la fin de l'enquête publique. Le Gouvernement savait très bien que ce
délai de 30 jours était très court. C'est pourquoi il y a un alinéa 2 à l'article 114 qui dit que
si la Commission de Concertation ne remet pas son avis dans les 30 jours, l'instruction
peut être poursuivie car l'avis est encore pris en compte dans les 30 jours qui suivent les
30 jours de l'alinéa 1. Le délai est donc en fait de 60 jours.
Un arrêté du 28/06/1992 détermine la composition de la Commission de Concertation.
Auprès de chaque commune, elle est composée de 8 membres:
­ 3 représentants de la commune;
­ 1 représentant du Service des Monuments & des Sites;
­ 2 représentants de l'Administration de l'Aménagement du Territoire et du
Logement (AATL);
­ 1 représentant de l'IBGE;
­ 1 représentant de la Société de Développement de la Région Bruxelloise (SDRB)
qui est chargée de l'expansion économique et de la rénovation urbaine.
Que se passe-t-il à la Commission de Concertation?
Elle convoque le demandeur de permis et ses conseils éventuels (techniques et juridiques).
Une fois que tout le monde s'est exprimé, (demandeurs et opposants), les 8 membres
émettent un avis à huis clos. Théoriquement, il faudrait que l'avis soit décidé à l'unanimité
mais, en pratique, ce n'est pas toujours le cas. Tant l'avis que le PV de la séance de la
Commission de Concertation sont publiques. On peut les consulter et éventuellement en
faire une copie. Ceci permet au demandeur de voir sous quelles conditions il peut bâtir.

L'instruction de la demande de permis


Législation de l'aménagement du territoire 36

Il y a 2 articles-clé: les articles 116 et 118.


L'article 116 vise l'instruction de la demande de permis lorsqu'il n'existe pas, pour le
territoire où se trouve situé le bien, de PPAS en vigueur ou de permis de lotir non périmé.
L'article 118 vise l'instruction de demande de permis lorsqu'il existe un PPAS en vigueur
ou un permis de lotir non périmé.

Le permis de lotir a une valeur réglementaire d'après ce qui est dit dans l'article 91. Il
autorise la division d'un bien en plusieurs lots dont au moins un est destiné à la
construction d'habitation, étant entendu qu'il s'agisse d'un bien vendu, loué pour plus de 9
ans ou qu'il fasse l'objet d'un droit réel d'emphytéose de superficie. La Cour de Cassation a
décrété que la division a pour effet d'attribuer la possibilité de construire → terre à bâtir.
On peut dire que le permis de lotir se situe à un niveau supérieur que celui du PPAS car il
ne peut être suspendu ou abrogé par un plan supérieur. Le seul plan susceptible de le
toucher est justement le PPAS. Le PPAS peut ainsi être établi en vue de modifier ou
d'annuler le permis de lotir.
Le permis de lotir se périme au bout de 5 ans pour les lotissements non encore utilisés. Il y
a péremption après 5 ans quand au moins 1/3 n'a pas été utilisé.

Reprenons le contenu de l'article 116.


Quand il n'y a pas de PPAS ou de permis de lotir, il faut l'avis préalable du fonctionnaire
délégué. Il s'agit d'un fonctionnaire régional ayant un certain grade dans la hiérarchie
(fonctionnaire délégué du ministre), désigné pour un certain délai et ayant un certain
nombre de compétences propres.
C'est une procédure d'avis conforme. Si il émet un avis défavorable quant à la demande de
permis, la commune est obligée de refuser la demande de permis (contrairement au cas où
la Commission de Concertation donne un avis défavorable). Par contre, si son avis est
favorable mais assorti de conditions, la commune peut accepter (ou non) la demande mais
elle est obligée de respecter les conditions. Enfin, si l'avis est simplement favorable, la
commune a le choix d'accepter ou de refuser la demande de permis.
En ce qui concerne cet avis préalable, des délais de rigueur ont été imposés au
fonctionnaire délégué afin de ne pas se limiter au délai global. En effet, il vaut mieux
donner des délais partiels pour éviter tout dépassement du délai global. Ainsi, le
fonctionnaire délégué dispose d'un délai de 45 jours. Le point de départ de ce délai est
explicité à l'article 110 de l'OPU. Quand le fonctionnaire délégué reçoit le dossier, il
dispose d'un délai de 15 jours pour constater que le dossier est complet. Si tel n'est pas le
cas, il en fait part à la commune en indiquant les documents manquant et en précisant que
son délai ne commencera à courir que quand le dossier sera complet. Le fonctionnaire
peut aussi éventuellement s'adresser directement au demandeur pour obtenir les
documents manquant.
Si le fonctionnaire ne dit rien durant le délai de 45 jours, son délai de 45 jours a commencé
à courir le jour où il a reçu le dossier.
Maintenant, si il a notifié son avis dans les 45 jours, toutes les règles de procédure d'avis
conforme sont applicables. Par contre, s'il n'a pas notifié son avis dans le délai imparti, son
avis sur la demande de permis est réputé favorable.
L'acceptation d'une demande de permis pourrait nécessiter une dérogation au RRU, au
règlement communal ou au PCD. Dans ce cas-là, le fonctionnaire doit , en plus d'avoir
donner son avis sur la demande permis, statuer sur les dérogations. S'il n'a rien dit dans le
délai de 45 jours, son avis est donc réputé favorable mais les dérogations éventuelles sont,
Législation de l'aménagement du territoire 37

quant à elles, réputées refusées.


Tout ceci n'est à priori pas très logique. En fait, le législateur a voulu faire avancer la
procédure mais n'a pas voulu qu'on puisse accorder des dérogations du fait du silence du
fonctionnaire.
Mais alors, qu'est-ce que le demandeur peut faire contre cela? En effet, son projet n'est pas
conforme puisque les dérogations n'ont pas été accordées. Pour remédier à cela, on a fait
l'article 152 quarter qui donne la possibilité au demandeur de supprimer les dérogations de
ses plans en cours de procédure. La commune peut ainsi délivrer le permis. De plus, dans
ce cas, les modifications ne doivent pas être resoumises aux actes d'instruction auxquels la
demande de permis a donné lieu. En outre, les modifications du plan par le demandeur ne
peuvent pas changer l'objet de la demande, elles doivent être accessoires.
Dans le cadre de l'article 116, le §1 explique le principe de la soumission de la demande de
permis au fonctionnaire délégué. C'est donc tout ce qu'on vient de raconter, s'y étant
greffer en plus les articles 110 et 152 quarter.
Le §2 de l'article 116 concerne les dérogations. Le fonctionnaire délégué peut:
­ lorsqu'il donne un avis favorable, émettre des conditions;
­ accorder des dérogations dans certains cas (il faut que la commune donne son
accord en ce qui concerne les dérogations de ses propres plans);
­ sur proposition motivée du Collège du Bourgmestre & des Echevins accorder des
dérogations supplémentaires au PCD, en ce qui concerne la dimension des
parcelles, le volume, l'implantation, l'esthétique des constructions (lorsque l'on
déroge à un PCD, une MPP est requise).
Par contre, aucune dérogation n'est possible dans le cas d'un changement d'affectation.
Cependant, une dérogation pour l'implantation ou le volume peut impliquer une
dérogation pour l'affectation d'une zone contiguë pour autant qu'elle ne mette pas en péril
les caractéristiques essentielles de la zone contiguë.
Le §3 de l'article 116 stipule que le fonctionnaire délégué PEUT émettre un avis
défavorable.
Le §4 de l'article 116 précise dans quelles conditions le fonctionnaire délégué DOIT
émettre un avis défavorable:
• Quand la demande de permis est incompatible avec un PPAS en cours d'élaboration (il
n'a donc pas de valeur réglementaire) dont le dossier de base a été approuvé par le
Gouvernement, et ce pendant un délai de 3 ans. Il faut relier cette disposition avec
l'article 123 al.1,1°: refus de permis devient caduque si le plan n'est pas entré en
vigueur endéans les 3 ans suivant l'approbation du dossier de base. On doit alors
réexaminer la demande de permis et, dans ce cas, si on la refuse, c'est pour d'autres
motifs.
• Quand la demande de permis est incompatible avec le projet de PRAS. Il y a aussi une
caducité de ce refus après 12 mois (art. 123 al.1,2°)
• Quand Gouvernement a décidé la modification de prescriptions du PRAS ou d'un PCD
en s'écartant au besoin des dispositions du plan qu'on veut modifier (?). La caducité du
refus a lieu au bout de 2 ans.

Passons à présent à l'article 118.


Le §1 de l'article 118 énonce le principe: quand il y a un PPAS en vigueur ou un permis de
lotir non périmé, le fonctionnaire délégué n'a pas à donner son avis et c'est le Collège des
Législation de l'aménagement du territoire 38

Bourgmestre et Echevins qui statue directement sur la demande de permis.


Le §2 de l'article 118 stipule que quand il y a dérogations au PPAS, au permis de lotir ou
aux règlements communaux, le fonctionnaire délégué doit intervenir. Il peut accorder des
dérogations sur la dimension, le volume, l'esthétique des constructions pour autant que
l'on ne porte pas trop atteinte aux prescriptions et qu'il y ait des MPP. Le fonctionnaire
délégué a toujours un délai de rigueur de 45 jours. S'il ne s'est pas prononcé au cours du
délai imparti, les dérogations sont réputées refusées. La commune doit alors demander au
demandeur de supprimer les dérogations si elle veut pouvoir délivrer le permis.
Le §3 de l'article 118 stipule que le Collège des Bourgmestre et Echevins:
1) DOIT refuser la demande de permis si elle est incompatible avec le projet de PRAS (le
refus devient caduque si le PRAS n'est pas arrêté définitivement dans les 12 mois).
2) PEUT refuser la demande de permis si les travaux de réalisation du projet sont
susceptibles de nuire au bon aménagement du lieu. Cette disposition se retrouve dans
l'article 125 (tutelle de suspension du fonctionnaire délégué) → il peut refuser un
permis bien que la commune l'ait accordé, si il estime que le projet n'est pas bons.

La décision
Le délai global dont dispose la commune pour statuer sur une demande de permis est
précisé dans l'article 119. Il dépend du type de demande de permis:
• Si elle ne requiert ni MPP ni avis préalable du fonctionnaire délégué → 45 jours (à
partir de l'accusé de réception).
• Si elle requiert une MPP mais pas d'avis préalable du fonctionnaire délégué → 75
jours.
• Si elle ne requiert pas de MPP mais bien l'avis préalable du fonctionnaire délégué →
90 jours.
• Si elle requiert à la fois une MPP et l'avis préalable du fonctionnaire délégué → 120
jours.
Ensuite, il y a toute une série d'hypothèses pour lesquelles on peut avoir prolongement du
délai:
­ si l'instruction se déroule pendant les vacances
­ si la demande implique des dérogations → +45 jours
­ si la demande est soumise à l'administration ou à l'instance concernée → + 30 jours
Ces délais s'appliquent pour les demandes qui ne sont pas soumises à un rapport ou une
étude d'incidences.
Si la demande de permis est soumise à une étude d'incidences ou est accompagnée d'un
rapport d'incidences, le délai se calcule beaucoup plus en aval de la procédure, à savoir à
partir de la réception de l'avis de la Commission de Concertation, ou à l'expiration du délai
de cette même Commission → délai de 45 ou 90 jours selon que l'on ait besoin ou non de
l'avis préalable du fonctionnaire délégué.
Mais que se passe-t-il quand la commune n'a rien décidé dans le délai qui lui était imparti?
En l'absence de décision:
• Soit le demandeur attend
• Soit le demandeur procède à la dessaisie de la commune et à la saisie du fonctionnaire
délégué qui devra donc statuer sur la demande. L'article 128 prévoit un délai de
Législation de l'aménagement du territoire 39

rigueur de 45 jours pour le fonctionnaire délégué (prolongeable). Si le fonctionnaire


délégué ne se prononce pas dans ce délai, son silence équivaut à un refus tacite de la
demande de permis. Lorsque le demandeur saisit le fonctionnaire délégué, il doit
adresser une copie de sa lettre au Collège des Bourgmestre et Echevins pour éviter
une décision croisée. Le délai de 45 jours commence à la réception du recommandé.
• Soit le demandeur peut aller directement en recours (sans passer par le fonctionnaire
délégué) au Collège d'Urbanisme. C'est une solution qui est rarement utilisée car le
demandeur perd alors une chance d'acceptation de sa demande au niveau du
fonctionnaire délégué.

Le demandeur a donc un recours (dans les 30 jours) auprès du Collège d'Urbanisme, selon
l'article 13 de l'ordonnance.
Le Collège d'Urbanisme est composé de 6 experts nommés par le Gouvernement d'après
une liste double de candidats proposés par le Conseil Régional (Parlement Bruxellois).
Leur mandat est de 6 ans et est renouvelable. Il s'agit d'un organisme très indépendant qui
fait à la fois du droit et du fait.
Le délai du Collège d'Urbanisme est de 60 jours à dater de la réception du recommandé,
pouvant être augmenté de 15 jours si il y a une demande d'audition (→ 75 jours).
Si le Collège d'Urbanisme estime qu'une MPP ou une consultation de la Commission de
Concertation sont nécessaires, elle demande à la commune de le faire avec un délai d'ordre
de 5 jours. Le délai est alors encore prolongé de 30 jours.

Ce sont les articles 129 à 132 qui organisent le recours au Collège d'Urbanisme.
Le Collège d'Urbanisme peut donc:
1. octroyer le permis
2. refuser le permis
3. ne pas décider
1. Si le permis requiert l'octroi de dérogations, le Collège d'Urbanisme peut les octroyer,
mais pour ce qui est du plan communal, il faut une proposition motivée de la commune
pour les dérogations.
Le permis n'est pas directement exécutoire. Le Collège des Bourgmestre et Echevins
ou le fonctionnaire délégué peut introduire un recours devant le Gouvernement. Pour
ne pas mettre la commune ou le fonctionnaire délégué devant le fait accompli, le
permis n'est pas directement exécutoire. L'ordonnance prévoit que le recours, ainsi
que le délai pour le formuler sont suspensifs. Comme ils ont 30 jours pour formuler
leur recours, le permis est d'office suspendu pendant 30 jours. Si il y a recours, le
permis est suspendu jusqu'à décision du Gouvernement.
2. Pour ce qui est du refus de permis, le demandeur peut introduire un recours auprès du
Gouvernement (qui est la dernière instance de recours).
3. Si il n'y a pas de décision, le demandeur peut introduire un recours.
Le recours est toujours introduit dans les 30 jours suivant la notification de l'octroi ou du
refus. Si nous nous retrouvons dans la situation du point 3 (le Collège d'Urbanisme ne se
prononce pas), d'après l'article 134, c'est à l'expiration du délai imparti → le délai de 30
jours ne joue plus.
Le demandeur peut également introduire un recours dans le cas d'un octroi de permis
moyennant des conditions particulières que le demandeur conteste (ex: autorisation de
construire un immeuble si on lui enlève 2 étages). En effet, si les conditions pour
Législation de l'aménagement du territoire 40

l'obtention d'un permis n'arrangent pas le demandeur, ce dernier peut introduire un


recours.
Même si le recours est partiel, il porte tout de même sur la totalité de la demande de
permis. Il se pourrait que le Gouvernement, après reconsidération de tout le dossier, refuse
totalement le permis. Le Gouvernement peut ainsi réformer la décision du Collège
d'Urbanisme et le demandeur se retrouve alors sans rien.
Le Gouvernement doit statuer dans les 60 jours à partir du dépôt à la poste du
recommandé (+ 15 jours si il y a une demande d'audition). Si à l'expiration du délai, le
Gouvernement ne s'est pas prononcé, le demandeur peut adresser un rappel au
Gouvernement. L'article 137 envisage 2 hypothèses pour le permis tacite:
• Si c'est le demandeur qui a introduit un recours, quand le délai est expiré, le
demandeur peut envoyer un rappel au Gouvernement. Si le Gouvernement ne statue
toujours pas après le rappel, le demandeur peut se lancer dans ses travaux en se
conformant à son plan de départ et en respectant les plans d'aménagement et les lois →
pas de dérogations (d'après l'article 182). Le permis tacite n'est pas attaquable devant
le Conseil d'Etat.
• Dans le cas où le permis a été introduit devant le Collège d'Urbanisme et que celui-ci a
octroyé le permis mais que la commune ou le fonctionnaire délégué ne sont pas
d'accord avec cette décision et qu'il y a donc un recours devant le Gouvernement, si ce
dernier ne statue pas, le permis ayant été précédemment octroyé est définitif. Dans ce
cas-ci, comme on a un permis, c'est attaquable au Conseil d'Etat par le Collège
échevinal ou par le fonctionnaire délégué.
Si cela s'avère nécessaire, le Gouvernement, quand il octroie un permis, peut également
accorder des dérogations sans propositions motivées de la commune.

La tutelle de suspension
Lorsque le permis est octroyé par la commune et que les conditions éventuelles
conviennent au demandeur, la commune doit notifier sa décision auprès du demandeur et
elle doit envoyer une copie conforme au fonctionnaire délégué. Le fonctionnaire délégué
dispose du droit d'exercer éventuellement une tutelle de suspension, conformément aux
articles 124 et 125 de l'OPU. Pour ce qui est des délais, ce sont les artticles 87 §2 et 120.
Il peut également y avoir parfois une tutelle d'annulation par le Gouvernement (articles
126 et suivant).
En fait, les articles 124 et 125 sont les pendants des articles 116 et 118.

Dans le cadre de l'article 124, la tutelle de suspension est réduite à certaines conditions
particulières car le fonctionnaire délégué a déjà émis son avis sur le dossier. En effet, dans
le cadre de l'article 116, le fonctionnaire délégué a dû émettre un avis préalable. En aval, la
tutelle de suspension est alors fort circonscrite. C'est juste pour vérifier la régularité de la
procédure.

Pour ce qui est de l'article 125, comme il y a un PPAS pour le territoire concerné, le
fonctionnaire délégué reçoit le permis sans avoir vu le dossier avant. Ses pouvoirs de
suspension sont alors plus étendus. L'article 125 détermine la tutelle de légalité ( plus large
que dans l'article 124) et d'appréciation de bon aménagement du territoire notamment.
Le §1 énonce la tutelle de légalité. On vérifie la procédure de délivrance ainsi que toute la
Législation de l'aménagement du territoire 41

réglementation. En cas de non conformité, il y a suspension de la décision du Collège


échevinal (→ suspension du permis). Dans un délai de 20 jours, le fonctionnaire délégué
doit notifier sa décision au Collège échevinal, au demandeur et au Collège d'Urbanisme.
Le §2 envisage la suspension d'un permis en accord avec le PPAS mais incompatible avec
le projet de PRAS. Le fonctionnaire délégué doit le signaler même si le permis a déjà été
délivré.
Le fonctionnaire délégué peut également suspendre le permis quand il estime que les
travaux prévus dans le dossier sont de nature à compromettre le bon aménagement des
lieux, dès que le Gouvernement décide de la modification ou de l'établissement d'un PPAS
ayant pour effet de modifier un permis de lotir (ça se retrouve également dans l'article 118
§3 al.2).
Enfin, l'appréciation de la commune peut être remise en question par le fonctionnaire
délégué.

Les calculs des délais pour la tutelle de suspension sont précisé dans les articles 187 §2 et
120.
Le permis délivré selon les modalités des articles 116 et 118 est exécutoire si, dans les 20
jours suivant l'acceptation du permis par la commune, le fonctionnaire délégué n'a pas
notifié sa suspension au demandeur. La commune doit veiller à bien notifier sa décision en
même temps au demandeur et au fonctionnaire délégué pour assurer le bon
fonctionnement des opérations et éviter tout litige concernant la dates de notification.
Il y a une exception pour ce qui concerne les projets mixtes. C'est une exception de taille
dont le principe est prévu à l'alinéa 2 de l'article 120 qui renvoie à l'article 87 §2. Ainsi,
quand on est en projet mixte, le permis d'urbanisme est suspendu dans son exécution aussi
longtemps que le permis d'environnement n'a pas été délivré. Une fois que le permis
d'environnement est définitif, le permis d'urbanisme n'est plus suspendu. A ce moment-là
seulement, prend cours le délai de la tutelle de suspension. Ceci vaut également dans
l'autre sens (environnement → urbanisme).
DONC: - projet d'urbanisme normal: → permis d'urbanisme le 02/01
→ notification le 04/01
→ tutelle de suspension du FD jusqu'au 23/01
- projet mixte: → permis d'urbanisme le 02/01
→ permis d'environnement définitif le 02/03
→ tutelle de suspension du FD à partir du 02/03

Les articles 125 et 126 concernent la tutelle d'annulation par le Gouvernement. Le


Gouvernement n'est pas obligé d'annuler. Si il n'annule pas, le permis est exécutoire.
L'article 126 précise que, dans les 60 jours qui suivent la notification de la décision de
suspension du fonctionnaire délégué, le Gouvernement peut annuler le permis après avis
du Collège d'Urbanisme.
Il y a ajout de 15 jours au délai si le fonctionnaire délégué demande à se faire entendre
lorsque le Gouvernement n'annule pas.
Il n'y a qu'un permis qui est exécutoire tout de suite et qui échappe à la tutelle de
suspension (et à la tutelle d'annulation): c'est le permis octroyé suite à la saisie du dossier
par le fonctionnaire délégué quand la commune n'a pas statué, et ce conformément à
l'article 128. Il est logique que si le fonctionnaire délégué délivre le permis, il n'a pas de
Législation de l'aménagement du territoire 42

tutelle de suspension sur son permis.

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