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La province a-t-elle donné

naissance à des identités?


 17 Voir par exemple la formule de l’origine dans l’épitaphe AE, 1991,
1543 (du centurion T. Sempronius (...)

 18 L’un des exemples que l’on pourrait, en apparence, invoquer


est IRC, IV, 33, où il est dit, à propo (...)

 19 Voir par exemple P. LE ROUX, « L’Vrbs, les provinces et l’Empire


de César à la mort de Commode », p (...)

 20 Voir S. LEFEBVRE, « Les avocats de la Bétique entre 93 et 99 »,


pp. 57-92. On peut arguer de ce que (...)

12L’identité civique n’est pas, théoriquement, incompatible


avec l’émergence d’une identité provinciale. Il est diverses
circonstances qui, dans la documentation, font apparaître la
province comme élément possible d’identification, ce qui, il
est vrai, ne veut pas dire « identitaire ». On ne saurait nier que
les termes Hispanus, Hispanicus, Hispaniensis aient eu très
tôt droit de cité dans le langage romain et furent même
utilisés (sauf Hispanicus) comme cognomina de personnes ou
comme mention d’une origine pour des soldats17. Des
structures institutionnelles propres aux provinces existèrent
qui, selon certains, marquent l’émergence d’identités
provinciales perceptibles surtout chez les élites: les concilia,
les noms des provinces accolés aux charges des magistrats et
sénateurs ou chevaliers tendraient à accréditer l’idée d’une
identité prenant appui sur la circonscription provinciale18.
Une monnaie d’Hadrien porte exercitus hispanicus et des
personnifications des provinces virent le jour sous l’Empire 19.
En revanche, les patroni provinciae, absents des carrières
sénatoriales, ne paraissent pas avoir existé durablement et ne
peuvent pas être comparés aux patrons des cités20.
 21 La dénomination révèle, en effet, que les Grecs ne s’intéressaient
à la Péninsule qu’en fonction de (...)

 22 MART., XII, Praef., 6 : non Hispaniensem librum mittamus, sed


Hispanum.

 23 J. M. ABASCAL PALAZÓN, Los nombres personales en las


inscripciones latinas de Hispania (NPILH), p. (...)

13Si identité provinciale il y eut, ce ne fut possible que par


l’intermédiaire d’un regard romain. Le mot même
d’Hispania fut utilisé dès avant la conquête en latinisant un
terme phénicien comme pour éviter d’employer le vocable
« Ibérie » des Grecs, de toute manière peu satisfaisant, car
réduisant la Péninsule à un seul de ses aspects culturels et
ethniques21. Hispanus, comme le souligne Martial, se
distingue d’Hispaniensis et signifie « espagnol » comparé à
« issu de l’Espagne22 ». Hispanicus désigne un individu ou un
groupe qui exerce une activité sur le territoire espagnol sans
en être nécessairement originaire. Le cognomen Hispanus fut
ainsi accolé momentanément à la légion VII mais constitua,
dès l’époque d’Auguste, le surnom normal de la legio VIIII
Hispana. Il convient d’admettre en ce cas l’ambiguïté de son
contenu: ou « composée à l’origine d’Espagnols » ou qui s’est
« illustrée en Hispania », ce qui implique une équivalence
avec Hispanicus. Le surnom personnel Hispanus, moins
répandu qu’il ne pourrait paraître23, se rencontre surtout,
mais non exclusivement, dans des régions pacifiées assez
tardivement et n’a pas de connotation particulière avérée sous
l’Empire.
 24 Pour un point de vue nuancé, voir, dans ce même volume, A.
CABALLOS RUFINO, « La Bética como refere (...)
 25 Lusitanus existe comme cognomen mais il doit être mis sur le
même plan que Cantaber, Celtiber ou As (...)

 26 MART., XII, Praef., 1: provincialis solitudo, opposée à la Rome


peuplée.

 27 PLIN., Ep., IX, 23, 2: Italicus es an provincialis?

 28 SUET., Cal., XXXIX, 3: anecdote du riche provincial (locuples


provincialis).

 29 MART., XII, 2, v. 2.

 30 APUL., Apol., XXIV, 1 : cum Lolliano Avito c. v. praesente publice


dissererem, Seminumidam et Semig (...)

 31 MART., IV, 55, v. 8-10: nos Celtis genitos et ex Hiberis nostrae


nomina duriora terrae grato non pu (...)

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