avec l’émergence d’une identité provinciale. Il est diverses circonstances qui, dans la documentation, font apparaître la province comme élément possible d’identification, ce qui, il est vrai, ne veut pas dire « identitaire ». On ne saurait nier que les termes Hispanus, Hispanicus, Hispaniensis aient eu très tôt droit de cité dans le langage romain et furent même utilisés (sauf Hispanicus) comme cognomina de personnes ou comme mention d’une origine pour des soldats17. Des structures institutionnelles propres aux provinces existèrent qui, selon certains, marquent l’émergence d’identités provinciales perceptibles surtout chez les élites: les concilia, les noms des provinces accolés aux charges des magistrats et sénateurs ou chevaliers tendraient à accréditer l’idée d’une identité prenant appui sur la circonscription provinciale18. Une monnaie d’Hadrien porte exercitus hispanicus et des personnifications des provinces virent le jour sous l’Empire 19. En revanche, les patroni provinciae, absents des carrières sénatoriales, ne paraissent pas avoir existé durablement et ne peuvent pas être comparés aux patrons des cités20. 21 La dénomination révèle, en effet, que les Grecs ne s’intéressaient à la Péninsule qu’en fonction de (...)
22 MART., XII, Praef., 6 : non Hispaniensem librum mittamus, sed
Hispanum.
23 J. M. ABASCAL PALAZÓN, Los nombres personales en las
inscripciones latinas de Hispania (NPILH), p. (...)
13Si identité provinciale il y eut, ce ne fut possible que par
l’intermédiaire d’un regard romain. Le mot même d’Hispania fut utilisé dès avant la conquête en latinisant un terme phénicien comme pour éviter d’employer le vocable « Ibérie » des Grecs, de toute manière peu satisfaisant, car réduisant la Péninsule à un seul de ses aspects culturels et ethniques21. Hispanus, comme le souligne Martial, se distingue d’Hispaniensis et signifie « espagnol » comparé à « issu de l’Espagne22 ». Hispanicus désigne un individu ou un groupe qui exerce une activité sur le territoire espagnol sans en être nécessairement originaire. Le cognomen Hispanus fut ainsi accolé momentanément à la légion VII mais constitua, dès l’époque d’Auguste, le surnom normal de la legio VIIII Hispana. Il convient d’admettre en ce cas l’ambiguïté de son contenu: ou « composée à l’origine d’Espagnols » ou qui s’est « illustrée en Hispania », ce qui implique une équivalence avec Hispanicus. Le surnom personnel Hispanus, moins répandu qu’il ne pourrait paraître23, se rencontre surtout, mais non exclusivement, dans des régions pacifiées assez tardivement et n’a pas de connotation particulière avérée sous l’Empire. 24 Pour un point de vue nuancé, voir, dans ce même volume, A. CABALLOS RUFINO, « La Bética como refere (...) 25 Lusitanus existe comme cognomen mais il doit être mis sur le même plan que Cantaber, Celtiber ou As (...)
26 MART., XII, Praef., 1: provincialis solitudo, opposée à la Rome
peuplée.
27 PLIN., Ep., IX, 23, 2: Italicus es an provincialis?