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ANNALEs PATRIOTIQUES FT LITTÉRAIREs
--
- D E LA FR A N C E,
- E T A F F A 1 R E s P o L IT I Q U E s D E LE UR o P e,
J O U R N A L L I B R E, par une Société d'Ecrivains Patriotes ,
dirigé par M. MercreR, et par M. Cana , un des Auteurs.
- - -- S'il est une vérité incontestable, utile à publier, c'est que tous les troubles
-

qui peuvent agiter la France, toutes les inquiétudes qui tourmentent les
citoyens , toutes les résistances que l'exécution des loix peut éprouver
encore , n'existent que par la faute du gouvernenent ; que sa conduiro, -

ou foible ou perfide , en est la cause unique , et que tout en lrance


sera paisible le jour où le roi et ses ministres le voudront.
(Conooncsr, aux anteurs du Journal de Paris , 1o nov. 1791.)

No. D C CX C. Du Jeudi premier Décembre 179t.


A S S E MBL É E NATI ON A L E. . -

appaisé par l'interposition de l'ordre du jour »


Séance du 29 novembre au soir. et l'adoption du projet du comité.
Un autre décret est rendu , et toujours sur le
Verre membres de l'Assemblée na vœu du comité militaire ; il y est statué que tout
«ionale sont élus, M. Vaublanc à la tête , pour militaire qui a servi dans les armées des puissan
ces alliées à la France , et combinées arec etle
porter au roi l'adresse ou message décrété dans pourra recevoir de l'avancement dans nos troupes
la séance précédente. - -

comme s'il y avoit servi.


Le conité militaire a fait faire le rapport de Deux mémoires du ministre de la guerre, l'un
la fanéuse affaire de M. Morcton , dont tous les sur l'examen des élèves du génie, l'autre sur la
faits sont vérifiés ; ct conformément aux conclut contribution des majors de place , sont envoyés
sions, l'Assemblée a prononcé que M. Moreton, au comité militaire.
destitué illégalement , rentre dans ses droits, et * On lit une adres-e de la sociétédes amis de la
qu'il pourra être avancé, suivant son grade, dans constitution , étabis à Versailles , qui félicitent
les nouvelles promotions d'officiers. " * l'Assemblée sur la vigueur du décret concernant
Sur un autre rapport du même comité, l'As les énigrans, et déclarent qu'ils y reconnoissent
semblée a rejetté la pétition de la ville de Lyon , le vœu intégral de la nation. Mention honorable
qui avoit deumandé à jouir de l'ancien privilége leur est accordée, non sans quelques contradic
qu'elle avoit de se garder elle - même , et de tions qui ressenbloient fort à du tumulue. -

m'avoir point de garnison de troupes de ligne. _ On se rappelle la dénonciation faite par M.


On a renvoyé les pétitionnaires au pouvoir exé Cretin , d'une caisse de recrutement pour les
cutif * énigrans, qu'it disoit être forumée à Versaiiles.
: M. Tunas, rapporteur, s'est répandu en in La nunicipalité de cette ville écrit qu'après les
culpations de toute nature : il a dit que la ville plus vi es tccherches, elle n'a nu en lecouvrir
dc * étoit agitée en tous sens pxr des fac aucune espèce de traces. M. Cretin , invité à
s'expliquer sur le 1 rincipe de sa dénonciation , a
tions et par des folliculaires ; il a cité des
fragmens du journal de Lyon , où l' Assemblée déclaré que c'éto nu oui-dirc : on a passé à
législative n'est pas épargnée.Cette lecture a l'ordre du jour. .
L'Assemublée a entcndu la lecture et approuv
offensé ; elle a été accusée d'incongruité ; elle
a" dopné lieu à quelques personnalités entre la rédaction de l'ace d'accusaiou conre i
divers membres de l'Assemblée. Le tunulte a été ieur Varnier , et la proclamation de la 4oana
*ion du haut-jré. --

-,o
( 2278 )
A samedi est ajournée la discussion d'un projet de Louis XIV ?eût-il souffert ee rassemblement,
de décret présenté par M. Rome, sur le procès eût-il souffert des secours donnés par des princes
des peintres académiciens et non-académiciens. qui , sous le non d'alliés , se conduisent en
A dix heures du soir la députation est revenue ennemis ? Ce qu'il eût fait pour son autorité,
du château des Tuileries. M. Vaublanc a dit que que votre majesté le fasse pour le salut de l'em
le roi les avoit reçus d'un air riant et satisfait , pire, pour le naintien de la constitution.
. qu'il avoit entendu la lecture du message , et Sire, votreintérêt,votre dignité, la grandeur
avoit répondu : Messieurs, que l'Assemblée na de la nation outragée , tout vous prescrit un lan
tionale compte sur tous mes soins pour faire res gage différent de celui de la diplomatie. La nation
ecter la France au dehors , et pour y maintenir attend de vous des déclarations énergiques auprès
'ordre au dedans.
des cercles du haut et du bas Rhin, des électeurs
Message de l'Asscmblée nationale au roi. de Trèves, de Mayence, et autres princes d'Al
lemagne. -

Sire, à peine l'Assemblée a-t-elle porté ses Qu'elles soient telles que les hordes des émi
regards sur la situation du royaume, qu'elle s'est grés soient à l'instant dissipées : prescrivez un
apperçue que les troubles qui l'agitcnt encore ont terme au-delà duquel nulle réponse dilatoire ne
leur source dans les préparatifs criminels des sera reçue. Que votre déclaration soit appuyée
françois émigrés. par le mouvement des forces qui vous sont con
Leur audace est soutenue par des princes alle fiées , et que la nation sache quels sont ses amis
mands qui méconnoissent les traités signés entre et ses ennemis.
eux et la France, et qui affectent d'oublier qu'ils
doivent à cet empire le traité de Westphalie, qui Nous reconnoîtrons à cette éclatante démarche
le défenseur de la constitution.
garantit leurs droits et leur sûreté. Vous assurerez ainsi la tranquillité de l'em
Ces préparatifs hostiles , ces mesures d'inva
sion , commandent des armenens qui absobent pire, inséparable de la vô re, et vous hâterez ces
dessommes immenses que la nation auroit versées jours de la prospérité nationale , où la paix fera
avec joie dans les mains de ses créanciers. . renaître l'ordre et le règne des loix , où votre
bonheur se confondra dans celui de tous les
C'est à vous, sire, de les faire ceser , c'est à
vous de tenir aux puissances étrangères le lan François.
gage qui convient au roi des François. l)ites-leur - Séance du 3o novembre.
que par-tout où l'on souffre des préparatifs contre Le cœur d'un moine est du siècle de fer,
la France, le France ne peut voir qne des enne
mis ; que nous gardons religieusement le serment écrivoit il y a trente ans un moine défroqué qui
de ne faire aucune conquête ; que nous leur avoit étépayépours'y connoître. Une municipa
offrons le bon voisinage * inviolable d'un lité du département des Vosges tient aujourd'hni
peuple libre et puissant ; que nous respecterons le même langage : « Du fond de leur capuce ,
leurs loix, leurs usages, leur constitution , mais dit-elle , les moines soufflent la séduction aux
que nous voulons que la nôtre soit respectée. femmes , aux hommes la bêtise , le fanatisme et
Dites-leur enfin que si lesprinces d'Allemagne - la cruauté ».
continuent de favoriser des préparatifs dirigés Dans une adresse d'une autre ville du même
contre les François, les François porteront chez département, on se plaint de ce que le cordon
eux, non pas le fer et la flamne, mais la liberté. de troupes n'est pas assez épais sur la frontière..
C'est à eux de calculer qu'elles peuvent être les L'Assenblée a envoyé à son comité de secours
suites du réveil des nations. la pétition de plusieurs citoyens de Boulogne
Depuis deux ans que les François patriotes sont sur-mer , qui sollicitent une pension pour la
persécutés près des frontières, et que les rebelles veuve et les cinq enfans du courier qui a été
y trouvent des secours, quel ambassadeur a parlé assassiné entre Dunkerque et Gravelines.
comme il devoit en votre nom ? Aucun. On a accueilli par de grands applaudissemens
Si les François , chassés de leur patrie par la la lecture de cette lettre du ministre dernièrement
révolution de l'édit de Nantes, s'étoient rassem nommé :
blés en armes sur les frontières, s'ils avoient été « Le roi n'a honoré de son choix en me défé
protégés par des princes d'Allemagne ; sire, nous rant le ministère de l'intérieur. Depuis le 13
vous le demandons , quelle eût été la conduite juillet 1789 j'appartemois à la commune de Paris ;
( 2279 )
je me dévoue maintenant, aec le même zèle, au Les blancs qui échappoient et qui fuyoient sur
service de la nation entière. , -- , la partie espagnole de l'isle en étoient repoussés
-

Je crois avoir fait mes preuves , et je déclare impitoyablement ; les espagnols ont fait plus ,
que je ne garderai cette place qu'autant que je , ils en ont livrés, ils en ontvendus aux chefs des
pourrai m'y livrer à mon inviolable attachenent . noirs pour 3 portugaises, 132 livres de France.
à la constitution.Signé, CAYER DE GERv 1LLE , L'orateur a ajouté qu'on évaluoit la perte à six
ministre de l'intérieur ». : cents millions , puis s'abandonnant à un empor
L'impression est ordonnée d'un rapport et d'un tement vrai ou simulé, il a dit que toutes ces
projet de décret concernant le change des petits horreurs étoient l'ouvrage de la société des amis
assignats dans les départemens , la forme dos en des noirs qui, en prêchant l'humanité, avoient
vois, des distributions, etc. La discussion ajour aiguisé les poignards, et préparé les incendies.
née à samedi. l'endant ce discours l'Assemblée a été partagée
le commissaire de l'extraordinaire écrit qu'il entre la douleur et l'indignation , sur-tout au
sera brûlé vendredi prochain pour sept millions récit des infidélités de l'Espagnol impitoyable.
d'assignats : total,trois cent quarante-quatre. Les colons ont été admis à la séance , et leur
L'Assemblée s'étant répartie dans ses bureaux discours honoré de l'impression , malgré les ab
our la nomination d'un vice-président, la plura : surdes déclanuations que le discoureur avoit dé
* absolue s'est réunie sur * Lemontey, qui a blatérées contre la philosophie. Il faut pardonner
été prociané avec applaudissemens. le langage du désespoir; et dans ce premier mo
Un des secrétaires a lu la lettre suivante , nent les législateurs, quoique avertis par MM.
adressée au président de l'Assemblée nationale : Bazire et Brissot, se sont laissé aller au mouve
« Monseigneur, j'ai eu l'honneur de vous nent de la pitié. - --

adresser l'acte du serment que j'ai prêté en con


séquence du décret rendu par nosseigneurs de
l'Assemblée nationale, sanctionné par le roi des P A R I S, le 28 novembre.
François. Je vous envoie l'acte du serment prêté » Le comité de surveillance , à l'Assemblée
ar M. Pierre-Paul Garnier, consul de France à
* , une des échelles du levant. Nous avons nationale , vient de recevoir une pièce commen
l'honneur de vous assurer de notre soumission çant par ces mots : Avis intéressant et très
instant, et finissantpar ceux-ci : S'il est néces
pour tous les décrets de nosseigneurs les repré saire, pour le bien de la patrie, que la pcrsonne
sentans de la nation françoise. Signé, ALTIER ,
consul de Francc d Marnaca en Chypre XD. qui le donne se fasse connoitre , on n'a qu'a le
faire savoir par les papiers publics ; ladite pièce
- L'audience de deux heures avoit été promise datée et timbrée de Paris, le 27 novembre 1791 .
aux six députés de l'assemblée coloniale de Saint (On a lu cette pièce dans les Annalcs de lundi
Domingue : ils ont paru et ont fait la peinture la dernier. )
p* épouvantable des désastres de l'isle. S'il faut Le citoyen qui la lui a adressée est prié de se
es en croire , les noirs ont commis des forfaits rendre au comité le plus promptement qu'il lui
: présent inconnus : les meilleurs, les plus
umains de leurs maîtres ont été massacrés avec
sera possible.
Signés , CLAUDE FAUcHET , président.
tous les raffinemens de la barbarie. - L'enseigne CLAUDE BAz1RE , secrétaire.
: guidoit les noirs aux ravages , étoit un en
ant blanc empalé au bout d'une pique.
Les nègres n'épargnoient de blancs que ceux Société des amis de la constitution de
qui étoient chirurgiens , et qu'ils gardoient pour Bordeaux.
leur service. Ils réserv oient aussi les femmes
Bordeaux , le 26 novembre.
blanches pour leurs brutales passions ; il en est
de ces malbeureuses créatures qui ont été violées F R È R E s E T A M 1 s,
sur les corps de leurs pères, de leurs mères Nous vous adressons copie de deux lettres de
- égorgés. notre société à certains journalistes de la capitale.
Des blancs ont été sciés entre des planches , Nous espérons que vous voudrez bien les insérer
des blancs ont été égorgés par des mulâtres leurs dans votre journal , et les faire passer aux autres
fils naturels : les noirs affranchis assassinoient écrivains patrioes , avec prière d'imiter votre
leurs anciens maîtres. exemple,
( 28o )
ttecevez lc témoignage de l'cstime de notre | des ennemis de la patrie est d'appeller le décri sur
société et l'assurance de notre attachement. les opérations de l'Assemblée nationale ; et quoi
Signs , les membres du comité de correspon que ce projet soit aussi absurde qu'impuissant ,
dance ,* O. F. Delpech , président ; Durand , nous ne le favoriserons pas par la lecture des
Scanescasse , Darbeler , secrétaires ; et V. papiers qui se prêtent à ce systême.
Rodrigne fils. Ainsi , nonsieur , dès ce moment nous ne
copie de la lettre écrite à MM. Romilly , sommes plus vos abonnés , et neus vous prions
* cadet et Xhronel, propriétaires du , de vous épargner la peine de nous faire passer
Journal de Paris. ceux des numéros dont vous pourriez encore nous
Bordeaux , le 26 novembre.
être redevables : ils ne seroient pas lu.
Nous somnes bien sincèrement , les amis de
Lorsque nous nous sommes abonnés, messieurs, la constitution de Bordeaux. -

au Journal de Paris, nous avons cru acquérir


uiie feuille où les principes de la liberté seroient L'un des rédacteurs de la Cazette universelle
professés avec énergie et sans :* : a dit, dans une note de sa feuille du mercredi 3o
ceux qui oseroient attenter contre elle. Votre
rnnture a ec M. Condorcet , son précédent ré novembre , qu'il attendoit du greffe criminel de
Màcon une pièce curieuse qui me concerne ; je
dacteur, et les raisons dont vous appuyez cette le somme de tenir parole et de faireparoître cette
démarche , que nous nous abstenons de quali
fier-, ne nous permettent plus de douter de pièce. C'est là qu'on verra jusqu'où l'atroce et
l'esprit qui va présider à la rédaction de votre aveugle méchanceté de ce rédacteur peut se por
feuille. -
ter, et comment il ne sera facile , en rappellant
- -

les circonstances dont il veut parler, et qui se


Comme le patriotisme et la liberté ne sont pas sont passées il y a trente-six ans, de prouver la
chez nous soumis au calcul de l'intérét et des calomnie , et d'en rendre responsable celui qui
considérations , nous avons pris le parti de vous veut s'en charger aujourd'hui : ce sera même une
laisser à vos opinions , et de nous priver , en
heureuse occasion pour noi d'instruire le public
ne vous lisant plus , du droit de nous plaindre d'une des plus horribles iniquités qui aient été
de vos maximes non sévères sur le roi et ses cornmises contre des enfans dont le plus âgé n'a
mimistres. « - - - -

Ainsi , en vous assurant avec plaisir que M. voit pas quatorze ans , et dont on a été forcé de
reconnoître l'innocence après bien des persécu4
Condorcet est toujours à nos yeux un digne tions et des calomnies. CAnRA. -

»représentant de la nation , un véritable apôtre


de la liberté , dont la plume indépendante et
fière lonoroit votre journal , nous vous avertis Grenoble. ( Extrait d'unc letrre de Turin ).
sons que, dès ce monent , nous cesson : notre | Ténits soient , monsieur , les braves citoyens
abonnement.Vous êtes même dispensés de nous de votre ville qui nous ont envoyé la constitution
envoyer les numéros qui nous reviennent jusqu'à françoise, traduite en langue italienne : combien
son expiration. Cette résolution, messieurs , est cette déclaration des droits de l'homme nous
le vœu de plus de douze ccnts citoyens , aussi a fait plaisir !je vous assure que nous en régale
amis de la libertéqu'ils méprisent la plume vénale rons tous les habitans de notre pays, et qu'en
de quelques ci-devant patriotes. - dépit de nos inquisiteurs nous en* impri
Nous sommes avec la considération qui vous mer tant d'exenplaires, que nous en joncherons
est due, messieurs, vos concitoyens les membres pour ainsi dire les chemins ; nous avons à Turin
de la société des amis de la constitution de une société secrète des amis de votre consti
Bordeaux.....----- tution , et nous avons des correspondans dans
Copie de la lettre écrite à l'autcur de la Gazette toutes les villes et bourgs du Piénont ; nous fai
nniverselle. -
sons chaque jour beaucoup de prosélytes , et
suivant toute apparence le coup d'éclat n'est
Bordeaux , le 26 novembre. pas éloigné. - Notre cour fait toujours une triste
- La manière peu décente; monsieur, dont vous figure ( sur-tout depuis l'acceptation faite par
traitez dans votre feuille l'article de l'Assemblée Louis XVI de votre constitution ). Elle est acca
nationale et ses délibérations, ne permettent plus blée de dettes, rongée de soucis , et doit plutôt
aux amis de la constitution de vous coutinuer exciter votre pitié que vos craintes; je le répète ,
- ...
leur-confiance. Nous savons qu'un des dtsscins le nonent n'est pas loin...
ANNALEs PATRIOTIQUES FT LITTERAIREs
DE L A - F R A N C E, -
ET A F F A I R E S P o L IT I Q U E S D E L'E U R o P E,
- J O U R N A L L I B R E, par une Société d'Ecrivains Patriotes ;
dirigé par M. MERcrrr, et par M. CaRRA, un des Auteurs.
On peut bien acquérir laHiberté, mais on ne la recouvre jamais.J. J. Roussav -

Nº. D c cx C I. Du Vendredi 2 Décembre 179.


As s EMBLÉE NAT 1 oN A L E. tation , que l'Assemblée a été obligée de faire
pré aloir l'ordre du jour.
Séance du 1er décembre. Plusieurs citoyens de Saint-Malo sont admis
à la barre : ils viennent exposer les malheurs de
Tanors que le despotisme dessèche toutes les nos isles, et réclamer, au nom du commerce de
vertus en isolant tous les intérêts, le patriotisme Saint-Malo , tous les secours nécessaires pour
au contraire agrandit l'ame , parce : net en rétablir la paix et l'ordre au milieu de la colonie.
commun tous les sentimens et tous les besoins. Mais bientôt, comme les députés de l'assemblée
Le vrai citoyen n'a garde de se réduire aux jouis coloniale , ils se sont jettés dans un torrent d'in
sances mesquines de l'égoïsme ; tout ce qu'il a , précations contre ceux qu'ils appellent de pré
tout ce qu'il est , appartient à sa patrie : mais tendus philantropes , leur attribuant tous les
en récompense le bonheur public est le sien ; il crimes qui se sont commis , les traitant de mons
règne pour ainsi dire avec la loi , et il s'enrichit tres parés du dehors de l'humanité, et les accu
de ses sacrifices même. Tel est l'esprit qui paroît sant d'avoir formé des vœux , au milieu de
acoir animé une adresse , lue ce matin , de la l'Assemble nationale , pour la destruction des
part de plusieurs citoyens du département du colonies. - -

Gard. « Nous avons , disent-ils , offert il y a L'Assemblée n'a pu entendre sans mécoaten
quelques mois nos fortunes et nos personnes pour tement cette diatribe plus qu'indécente : de
le service de la patrie : on n'a accepté que la toutes parts il s'est élevé des voix pour que la
moitié de nos *, le don pécuniaire ; nous parole fût ôtée au déclamateur. Après un mouve
revenons offrir notre vie, et nous espérons n'être ment de plusieurs minutes, le président lui a dit :
pas refusés ». Monsieur, en exécution du décret que l'Assem
Sur le rapport d'un membre du comité de blée viént de rendre , je vous rappelle au res
commerce, l'Assemblée a autorisé le ministre de pect qui lui est dû : continuez. - -

l'intérieur à permettre la sortie des étalons ache L'orateur continue : « Au milieu de ci grandes
tés en France par M. Thomas Ekeston, aultiva pertes, l'affreuse banqueroute se montre de toutes
teur anglois, sauf le paiement des droits prescrits arts avec ses horreurs ( murmures ). Le premier
par les décrets , et le certificat de l'ambassadeur * de la colonie de Saint-Domingue est la
d'Angleterre. aix : nous vous conjurons de l'accorder aux
Le sieur Varnier a fait encore présenter une
nouvelle réclanation sur l'état de réclusion au
* qui sons ce ciel éloigné enrichissent
leur patrie : nous y concourrons de tout notre
secret, où il est détenu depuis le moment de pouvoir X0,

l'accusation. M. Becquey a plaidé sa cause avec M. le président répond : « Messieurs, l'Assem


beaucoup de chaleur , en soutenant que , d'après blée a entendu avec douleur le récit des maux
les principes de l'humanité, un accusé ne doit afieux qu'endure la colonie de Saint-Doningue ;
pas souffrir de ce que le tribunal de ses juges soyez confians dans l'humanité et la justice de
tarde à se composer. La question de droit et la l'Assemblée : elle mettra tout son courage à dé
question defait se sont débattues avectant d'agi
- -
fendre cette colonie , et ses regards per ans pé
791
( ast2 )
métreront la trame de seux qui en ent ourdi les députation de Saint-Domingue , qui a parlé à la
malheurs ». - L'Assemblée vous invite, à sa barre, est venue en France.
séance. - -
Après ce discoars de M. Brissot, qui a obtenu
M. Lacroix a demandé que l'affaire des colonies un grand succès, et dont l'impression est ordon
fût mise à l'ordre du jour. Il n'est pas possible, née , MM. Goidel et Ducoz ont observé que la
répond M. Vergniaud, que le rapport s'en fasse colonie n'avoit échappé à une subversion to
avant dix jours ; il vient à chaque instant des tale, que par le concordat passé entre les blancs
renseignemens nouveaux et contradictoires, au et les gens de couleur ; en conséquence ils con
milieu desquels il faut trouver la vérité, et sur cluoient à la révocation du décret du 3 septem
le champ il a lu une adresse signée par des passa bre, qui avoit anéanti celui du 15 mai. L'assen
gers qui, arrivant à Saint-Domingue au moment , timent de la majorité paroissoit favoriser leur
du soulèvement des noirs, ont été mis en arres motion ; mais, sur les réflexions de MM. Aubert |

tation par les colons sans aucune forme de procès, et Brissot, on a décrété l'impression du concordat
et qui réclament contre cette violence arbitraire. et l'ajournement de la matière à sanedi prochain.
M., membre du comité colonial, a encore Décret sur la responsabilité des ministres ,
insisté sur la nécessité d'un délai pour pouvoir rendu dans le cours de la séance du... no
obtenir un rapport lucide , et l'Assemblée a dé vembre.
crété que ce rapport seroit fait dans dix jours.
M. Brissot a paru à la tribune : J'ai promis, Art. Ier. « Les ministres présenteront à l'As
a-t-il dit , de découvrir la cause des désastres ; semblée , d'ici au 1er décembre prochain , l'ap
ils sont grands, mais on les a exagérés. Ce sont perçu des dépenses à faire pour l'année 1792 dans
les auteurs mêmes du mal qui ont osé en accuser la leur département. -

philosophie , mais la vérité sera connue. L'ora Ils rendront compte, dans le même délai , de
teur a présenté un nouveau tableau des faits. Il l'emploi des sommes affectées à leur département
a peint le gouverneur Blanchelande se condui pour l'année 1791 , d'après les décrets de l'As
sant à Saint-Domingue comme Flesselles à Paris. semblée nationale constituante , en fournissant
Il a dit que la révolution des noirs n'étoit qu'un un état détaillé de la nature et des sommes des
projet de contre - révolution des blancs ; que ordonnances qu'ils auront expédiées jusqu'au
ceux-ci ont fait révolter les nègres afin d'avoir 1er décembre prochain , pour en autoriser le
un prétexte d'appeller les puissances étrangères paiement. -

et de se donner à elles. Ils indiqueront à l'Assemblée, dans le même


En se donnant aux puissances étrangères, ils délai, les abus qui auroient pu s'introduire dans -
se trouveroient tout d'un coup, dit-il, libérés les différentes parties du gouvernement.
des dettes immenses que leurs profusions, leurs II. Les ministres fourniront aussi , dans les
vices , leur corruption profonde , leurs dissipa mêmes délais , un état de ce qui pourra rester dû
tions, leur ont fait contracter envers le commerce dans leur département , tant sur l'année 179o
de France et le trésor public. que sur les années antérieures. Cet état indi
lls en auroient aussi tiré l'avantage de tenir quera la nature et l'époque de chaque article des
dans l'asservissement les gens de couleur , qui dépenses arriérées.
sont dans la colonie ce qu'étoit en France le III. Les ministres seront en outre tenus d'exé
malheureux tiers-état , tandis que les blancs y cuter, dans le mois de maiprochain, ce qui leur
sont aristocrates.
est prescrit par l'article VII de la section IV du
M. Brissot , après avoir développé sur cela de chapitre II, et par l'article III du titre V du
vastes conjectures , dénonce comme suspect à la chapitre V de la constitution.
métropole les petits blancs , les grands blancs , * Les ministres présenteront aussi à l'Assem
les administrations coloniales , les commandans blée , d'ici au 1er. décembre prochain , l'état de
dis troupes coloniales , les capitaines de vais radiation qui a dû être faite en exécution des
seaux , l'ancien comité colonial , l'ancienne dé décrets des 4 janvier et 18 décembre 179o , des
putation des colonies , le ministère, et un foyer appointemens , traitemens et pensions des fonc
qu'il dit exister à Paris, dans lequel se dirige le tionnaires publics oupensionnaires de la nation,
systême des colons. qui à cette époque étoient absens du royaume,
Il pense que ce n'est que d'après les combinai ou qui s'en sont absentés depuis , sans mission
sons prises dans ce foyer de corruption que la expresse du gouvernement , et de ceux qui ,
1 -
-
- - --
- -
-
-

--
--
-

- -
-
---

---
---

-- -
- --
( 2283 )
étant employés dans les pays étrangers , n'au vient de nommer les inspecteurs-généraux , les
roient pas prêté le serment civique dans le délai visiteurs principaux et particuliers des rôles des
prescrit -- - * - , --
:, et de la contribution foncière et mo
iliaire. Il a expédié à ces préposés des lettres
- P A R 1 s. - circulaires pour leur destination et leur instal
lation dans leurs départemeus respectifs ; mais
. Toutes les nouvelles d'Allemagne , des Pays la plupart de ces employés restent à Paris , soit
Bas autrichiens et de la Hollande , ne parlent pour leur plaisir, soit pour briguer de meilleures
que d'enrôlemens, d'équipemens, de levées de laces. -

troupes, de magasins, pour les princesfrangeis L'intérêt public exige que ces commis se
et leur armée. Il est certain que l'évêque de rendent sur le champ à leur destination pour
Liége, prince tout autrichien, accorde son ter coopérer avec les corps administratifs à la confec
ritoire ét sa citadelle aux rebelles françois , et tion des rôles, ou que le ministre nomme à leur
cela sur la demande formelle de la maison d'Au
place. -
triche. Il est certain aussi que le stathouder et
son parti en Hollande , favorisent les projets des
émigrés : le banquier Hoop, le plus riche de la Montmédi.
, --

Hollande, a prêté aux princes françois dix-huit On écrit de cette ville frontière que l'émigra
millions, sous la garantie d'une des cours de tion continue avec la plus grande aativité. Qua
l'Europe. (Quelle est cette cour ? est-ce un Bour rante émigrans ont passé dernièrement par cette
bon qui y règne?est-ce le beau frère d'un Bour ville , y ont été arrêtés. C'étoient des anciens
bon ?) Des dispositions se font maintenant entre garde-du-corps qui alloient rejoindre la maison
la cour de Vienne et celle de la Haye : on assure du roi , à Coblentz. Ils avoient chacun deux
qu'en cas de besoin la ci-devant république de paires de pistolets , une épée , et leurs voitures
Hollande fera marcher ses , troupes , à la de étoient remplies de sabres ; ils emportoient des
mande du gouvernement"autrichien , dans les louis d'or , cachés dans leurs bonnets et leurs
Pays-Bas. Au moyen de ces dispositions, t'em bottes. » - -

reur seroit libre de faire marcher contre la Observ. Graces au veto royal, l'émigration
* , et à l'appui des princes françois, les redouble , notre numéraire , nos chevaux et nos
cinquante mille * qu'il tient cantonnés munitions de guerre de toute espèce franchissent
dans ses provinces belgiques, où les troubles ne librement les frontières, et vont servir à l'exé
sont plus qu'apparens et un jeu concerté entre cution des projets des rebelles d'outre Rhin ;
les chefs des états et la cour impériale. Tous les graces au veto , la plupart de ces rebelles conti
étrangers qui s'intéressent au sort de notre révo nuent à toucher leurs pensions et traitemens,
lution, sont étonnés de la léthargie où reste la ainsi que les listes civiles des frères du roi.
nation françoise, tandis que toutes les puissances Oh ! la belle chose que ce veto ! Encore un veto
qui l'environnent se coalisent et s'ébranlent pour sur le décret contre les prêtres séditieux, et ces
la détruire ou l'asservir. On s'étonne que le roi scélérats jouiront de toute l'impunité et de toute
constitutionnel des François garde un si étrange la liberté dont ils ont besoin pour fonenter de
silence , quand les ennemis de cette nation , à nouveaux troubles dans l'intérieur, et parvenir à
laquelle il a tant de fois juré union et fidélité , cette guerre civile dont la horde des émigrans
sont rassemblés en armes sur ses frontières : on n'attend que le signal pour faire une invasion.
s'étonne qu'il souffre l'insolence de quelques
petits princes allemands , qu'on pourroit châtier Montpellier, le : & novembre.
avec dix bataillons de gardes nationales ; cette
étrange conduite de la cour devient inexplicable Les patriotes ont triomphé complettement dans
quand on croit à la sincérité de l'acceptation de cette ville. Les aristocrates et les prêtres pertur
lacte constitutionnel. - , bateurs ont entièrement disparu ; on les croit
cachés à oent pieds sous terre. Cinq cents tant
-- -- officiers que volontaires, reconnus pour mauvais
Avis important. citoyens , ont été chassés de la garde nationale,
Contribution publique. On se plaint , avec déclarés indignes de servir la patrie et de porter
raison , de la lenteur de l'assiette et du recou l'uniforme national.
vrement des contributions publiques. Le ministre Les 1 5 , 1 6, 7 et 18 de ce mois il y a eu un
( 2284 )
grand nombre de dépositions qui dévoilent un * de la cour de France séante à Coblentz , elle a
horrible complot, dont l'explosien devoit avoir offert au héros 2 millions en louis d'or et le
lieu au plutôt. Ce complot tendoit , 1°. à réta bdton de maréchal de France.Le général , qui
blir les prêtres réfractaires dans leurs fonctions ; aime à rire , lui a dit : « Madame, je parie, moi,
2°. à immoler à leur vengeance les patriotes tout ce que je possède qu'il n'y aura pas de contre
connus , et 3°. à placer dans la municipalité et révolution. Vous pariez 2 millions ; c'est trop
le conseil général de la commune , des hommes d'argent : je ne veux pas vous ruiner; mais je se
célèbres par leur haine pour la constitution , rois bien homme à vous. ainsi vovez si vous
après avoir égorgé tous les bons citoyens. On voulez mettre au jeu une de vos * nuits ».
travaille sans relâche suivre tous
à fils
les ce
de
Agnès Poltrot s'est retirée plus dépitée et con
complot et à en connoître les principaux me fuse ; elle a repassé le Rhin tout en sortant de
teurs, ainsi que les agens subalternes. Déja un chez le général , et bien lui en a pris , car la
grand nombre de ci-devant et une foule d'autres municipalité, avertie par le bravo L* , venoit
mauvais sujets, escrocs, fripons, voleurs ont pris de donner des ordres pour arrêter cette embau
la fuite , et dans ce moment tout est calme ; il cheuse.
n'y a du danger que pour les coupables. -

Obs. Ce fait et celui du même genre qui a été


P. S. Jeudi au soir 17, dans une assemblée du dénoncé par l'honorable citoyen Wimpfen , an
club,un homme du peuple annonçant qu'il avoit noncent que l'on cherche encore à trouver un
une déposition importante à faire à la municipa second ouillé.
lité, dit : « je jure de dire la vérité en présence , -- --
-

du plus * patriote de l'univers , qui est


-

- -- , - S .
D1EU ». - -
Ligny, département de la Meuse, 23 novembre
, -
--

Strasbourg , le 25 novembre.
Cette ville contient beaucoup d'ecclésiastiques ;
dix d'entr'eux avoient déja prêté le serment
: à la loi du 27 septembre ; onze,
-
-

Sous l'ancien régime c'étoient les gentils


hommes , et parfois des généraux, des maréchaux autres, les uns ex-ehanoines, bernardins, béné
de France , comme feu M. de Richelieu , qui dictins , capucins , lazaristes , viennent de le
remplissoient l'office de BoNNEAu auprès de nos : aujourd'hui, en dépit des insensés, selon
dispositions
rois et des princes de leur sang. Cet effice étoit es du dernier décret , sans attendre
même l'un des plus importans et des plus accré qu'il soit sanctionné ou non. Le vicaire nommé
dités de la cour, bien que les titulaires ne fussent Masson , qui l'avoit prêté, puis rétracté, puis
as compris dans la liste des grands officiers de sur le point de rétracter sa rétractation , n'en a
: couronne. On n'avoitpas encore vu cependant : eu le courage , parce que quelques bigotes
les princes du sang remplir les fonctions de cette ui ont promis de le regarder comme un saint s'il
charge : il étoit réservé à la révolution d'opérer persistoit dans sa rétractation : ainsi le malheu
cette espèce de prodige dont nous venons d'être reux mourra dans son impénitence, sous prétexte
témoins. Les princes françois d'outre Rhiu , d'une future canonisation. . - --

sans doute pour faire preuve de popularité , ont Nous n'avons qu'un seul émigré de cette ville,
imaginé de remplir l'office de Bonneau auprès de le sieur Conaux, ci-devant garde-du-corps.
l'un des généraux de la nation, le brave Lukner.
Ils lui ont envoyé une jeune et jolie femme, ci . La déclaration de guerre que le dey d'Alger a
devant contesse ou marquise de Poltrot. Cette faite à la Suède, n'est à coup sûr qu'une intrigue
Agnès princière a proposé au général tout ce de la cour de Madrid, qui veut ménager au don
qu'elle pouvoit lui offrir de plus séduisant pour Quichotte du nord un prétexte d'envoyer une
l'engager à quitter le parti des sans culottes , et escadre dans la Méditerranée, pour s'y joindre
l'attirer dans celui des honnétes gens. Le brave avec les flottes russe, espagnole et napolitaine ,
Lukner faisoit la sourde oreille ; alors Agnès et tenter avec elles une descente sur nos côtes
Poltrot a pris le ton diplomatique , et , au non méridionales : mais nous les verrons venir.

: on s'abonne à Paris , chez BuissoN, libraire, rue Hautefeuille, à qui l'on adressera, franc de port, le prix
de l'abonnement et la lettre d'avis , et toutes les lettres pour les Auteurs des Annales patriotiqucs.
Et chez tous les Libraires et Directeurs des Postes du Royaume et de l'Etranger.
-

- ANNALEs PATRIOTIQUEs ET LrTTERAIREs


- D E L A F R A N C E,. - - r

ET A F F A I R E s P o L IT I Q U E s D E L' E U R o P E,
J O UV R N A L L I B R E, par une Société d'Ecrivains Patriotes ,
dirigé par M. MrRcIER, et par M. Canna , un des Auteurs.
- o -

Des tigres ont juré d'exterminer la France :


Quatre ou cinq rois , dit-on, épousent leur démence ; - - ,
Je les crains peu. Calonne a transé leurs exploits :
Dieu destina Calonne à perdre tous les rois ! CxRurri. -

- o - * -
- , - --

-- -- -- .. c . Nº. D c C x CI I. Du Samedi 3 Décembre 179t. -


exemple et de leurs leçons pour se fortifier dans
As sEMBLÉE NAT 1 oNAL E. , l'exercice et ladiscipline militaire ; il conclut
Séance du 1er décembre an soir. à ce que ces braves officiers reçoivent de la pa
trie reconnoissante un double traitement. On a
Le comité de la marine a présenté un projet de applaudi à ces idées ; on en a ordonné l'impres
désret sur l'admission des maîtrcs du gué aux *: , et la question entière a été ajournée.
: de capitaines de la marine nationale, ' L'Assemblée a décrété ensuite la suspension
L'Asseiublée en ordonne l'impression et l'ajour du licenoiement des troupes des colonies , dont
nenent. , . .. . " . lé présence et le zèle ont aidé à calmer les trou
"Le comité militaire, par l'organe de M. La bles du département du Morbihan. " *
croix , propose la question de savoir si les offi On renvoie au comité de la dépense publique
ciers de toutes les armes , qui sont actuellement une lettre du ministre des contributions qui
à la tête des bataillons de garde nationale consa notifie à l'Assemblée nationale la nominat*
crés à la défense des : , peuvent conser faite par le roi de quine commissaires du bu
ver en même temps les places qu'ils oocupoient reau de comptabilité. -- -

dans l'armée de ligne ? - 1 - -

Il a été apporté plusieurs lettres adressées an


- " Ce dauble emploi, dit le rapporteur , cette sieur Varnier; l'une venue d'Angleterre; l'autre,
cumulation de places est absolument contraire à du sieur Alotet , son oncle ; une troisième, de
l'esprit de la constitution , et mettroit le ministre la dame Varnier , sa mère. La première lettre a
de la guerre dans une sorte d'impossibilité d'éta été déposée aux archives, les deux autres ren
btir l'ordre dans son travail sur les remplacemens. voyées à ses parens sans être ouvertes
Le comité vous soumet les dispositions suivantes,
1 °. la revue ordonnée par les troupes de ligne , Sur la motion de M. Thariot, il a été en
aura lieu pour les bataillons de garde nationale même temps décrété que , sous quatre jours , les
à la mêne époque du 1er mars ; 2°. les officiers quatre grands juges et les deux grands procureurs
de toutes les armes , actuellement à la tête des nationaux se transporteront à Orléans.
- bataillons de garde nationale , seront tenus de - Dans un vaisseau commandé par M. Girardin,
rrentrer dans leurs corps respectifs d'ici à cette en station à Sainte-Lucie, l'équipage s'est opposé
-époque ;3°. dans ce délai, les bataillons de garde au débarquement de dent fusils; il a forcé le capi
nationale procéderont au remplacement de leurs Ataine de repartir sur le champ pour la *
officiers. " . .. .. , n . * - . -1 ) ministre en a fait passer les procès-verbaux, et
, M. Briche , en reçounoissant la nécessité de l'Assemblée les renvoie à son comité de marine.
rendre à leurs corps les officiers de ligne , de Le jour de l'acceptation de la constitution ,
, mande que cette tnrée n'ait lient qu'au 1er avril, , l'As enblée nationale avoit décrété que la deu*
afin que lagarde nationale pnisse profiter de leur | des prisonniers pour uois de vomrrice croit
-92
r
- acquittée par le trésor public. Il ne s'est trouvé
à ce moment que trois personnes détenues. Le
( 2286 )
ajoute M. Framçois, devroient être remplies par
des hommes à l'abri de tous soupçons. Les comp
comité de secours pense que le décret de bien les arriérés sont immenses, et s'ils sont bien vé
faisance doit s'appliquer aux pères de famille qui rifiés ils doivent faire rentrer des sommes consi
étoient alors en état de contrainte , et il propose - dérables dans le trésor public. D'ailleurs , c'est
; de décréter qu'une somme de 225,ooo livres sera de la clarté de la comptabilité future que dépendra
remise par la trésorerie nationale au ministère l'économie publique et l'exercice salutaire de la
de, l'intérieur pour l'extinction de cette créance responsabilité des agens du pouvoir exécutif».
sacrée. M. l'évêque Fauchet, en adhérant à ce La sagesse de ces réflexions a frappé l'Assem
projet du comité, dont le bienfait, dit-il, s'éten blée qui les a renvoyées à l'examen de son comité
dra jusqu'à-son-département , demande que le de législation , ainsi que la question qui s'est
conhité soit chargé de présenter ses vues pour élevée « si des frères ou des parens de députés
faire parvenir à tous les départenens des secours ourrcient ètre nommés au bureau de comptabi
proportionnés à leurs besoins. te ». --

Le reste de la séance a été occupépar un rap- . Ume lettre du comrrnieraire à la caisse de l'ex
port du comité militaire, sur l'organisation de la traordinaire annonce que les venes des biens na
gendarmerie nationale.Nous donuerons inces tionaux se soht montées , pendant le mois de mo
samment les articles décrétés.
an , , * c - r -
-

vembre , à 136 millions 296 mille livres,somme


l , :, Séance du f décembre. qui ajoutée aux précédentes ventes complète un
milliard cent dix-sept millions.
rEn 1721 , dans la circonstance d'un besoin A cette lecture a succédé celle d'un long mé
urgent , la ville de Saint-Malo prêta au trésor moire de M. Duportail, lequel, 1°, demande
qu'il soit établi sur les ** du nord deux
ublic une somme de 3o millions. En 1789 ,
la,garde nationale de cette ville vola géné cours martiales de plus que les vingt-trois qui ont
reusement an secours de la ville de Nantes ; eh tété décrétées pour tout le royaume ;2º. fait passer
ag91 , cette même garde nationale a ouvert la l'état nominatif des sujets choisis en remplace
ment des lieutenances dans l'armée ;3o. ànnonce
première idée de se porter à la défense des fron sa démission, acceptée, dit-il, par le roi, et finit
ères, Ces titres , dit M., l'évêque Lecoz , ne par promettre de donner à son successéuir les
sont-ils pas plns que suffisans pour faire pardon
ner à la députation entendue hier l'ou li mo motions qu'il a acquises sur le nouvel état de
nentané u'elle a fait des bienséances , et pour 1'armée. - -- - -
épargner une ville aussi patriote le chagrin de mures de mécontentement et d'inquiétude.mur
, Au mot de démission il s'est élevé des
La
voir ses envoyés publiquement atteints d'une
mention de * sur le procès-verbal ? motion a été faite que le ministre n'eût pas la fa
de sortir du royaume avant l'appuremont
: Il a été répondu que , sous le règne de la loi, culté
de son compte. « Montmorin, ajoutoit-on, a
és fautes sont individuelles ; que les idées de
solidarité doivent être renvoyées aux temps de trouvé le moyen d'échapper à la responsabilité ».
préjugé ; que c'est à une forte majorité qu'a été Le némoire a été renvoyé aux comités militaire
décrétée la remontrance : par le : et de la trésorerie.
à - -

rateur deux fois coupable. L'Assemblée a passé M. Hérault est monté à la tribune , et y a
àl'or8r8 idf jotl. " * "* parlé sur la responsabilité des ministres et sur la
* nriucis : rappellé la notification , faire nécessité d'assurer les moyens de prévenir leurs
hier par le nainistre, de la nomination des com délits par une surveillance journalière, et de les
réprimer par une sévérité toujours juste et tou
nissaires de la comptabilité. Il observe que le
scret qui a créé ce bureau , n'ayant pas prescrît jours exempte de prévention. Il a proposé un
les conàitions de l'éligibilité , est demeuré in projet de décret conçu dans cet esprit : l'Assem
emplet, que parmi les quihze commissaîres à là | blée en a ordonné l'impression.
eomptubilité se trouvent des parens, des beaux On annonce qu'un sieur Tardy, receveur des
ders de ministres , et qu'il sereit trop commode douanes à Qnimper , a été arrêté comme co
à des ministres de rendrè leurs comptes à leurs aecnsé de M. Varnier.
parens. . --- ----- -- - Il est décrété qu'il sera transféré à Orléans
« Les places de la connivsion de comptabilité, pour y être jugé.
( 2287 )
P A R I S. accompagnent les faits qui servent de basesà leur
dénonciation. -

Les lettres de Strasbourg annoncent que la Dès son entrée au ministère , M. Bertrand a
nouvelle d'une nouvelle fuite du roi , plus heu- dilapidé les fonds de la nation. Les appointemens
reuse que la première, a fait tressaillir de joie de MM. Destremie, Karanesan et Savigiat, offi
tout le camp des rebelles de Coblentz ;l'électeur, ciers ule la marine, étoient arrètés à Brest au noun
les princes françois, les émigrans s'embrassoient de la loi ; ces officiers étoient en outre redevables
et se félicioient les larmes aux yeux: on a chanté envers la nation de sommes considérables , et ce
des Te Deumu ; on faisoit des préparatifs pour ministre leur fait payer à chacun , à Paris , une
aller se réunir au roi , que l'on croyoit être sur somme de 6oo livres : tous les jours il accorde des
la frontière de France , entouré de douze nuille comgés avec appointemens à des officiers qui n'y
Mutrichiens : le songe s'est bientôt évanoui. ont aucun droit , et qui s'étoient absentés sans
pernaission.
- On assure que la réponse des princes françois 1l11CL1I1C

à ces dernières lettres du roi est anssi insolente Une pareille conduite n'étoit pas propre à pré
que tout ce qu'ils ont publié jnsqu'à ce jout venir les esprits en faveur du ministre. VOn com
comtre la nation et ses représentains. Ces forcenée mença bientôt à suspecter la pureté de ses inten
refusent toujours de reconnoître l'acceptanon du tions, en le voyant confier des forces dè la natiou
roi , et lui annoncent qu'ils ne tarderont pas à aux officiers les plus tanés dans l'opinionpu
déployer tons leurs moyens et toutes leurs forces blique. Qui va commander la station des colo
pour rétablir un tr6ne dont ils disent au roi mies ? M. Lajaille, accusé d'y avoir déja semé le
« qu'il n'est que l'usufruitier , tenu de le re trouble et la division | Qui doit le seconder ?
mettre à ses successeurs tel qu'il l'a reçu de ses M. Kerlerce, qui chercha il y a un an à souleser
ancêtres ». On - oroit que bientôt le général les troupes de la marine contre les citoyens, et
Lukmer recevra l'ordre de marcher à la tête des qui fut alors chassé de laville par un anrêté oon
troupes mationales et de ligne cantonnées dans venu entre la municipalité et le commandant de
lAlsace pour dissiper cette horde de bandits sur la marine. Voilà les hommes choisis par le sai
le territoire , devenu ennemi , où elle est ras nistre pour aller rétablir la paix à Saint-Do
semblée. -- « - t - i « n mungue.
** Hier, plusieurs patriotes ont donné chasse à Enfin M. Bertrand vient de faire connoître
urtre bande d'aristocrates et soi-disant monar hautement ses intentions par une lettre consignée
histes qui tenoient leurs assisses au café de Foi. dans tous les papiers publics. Voici counnne il
Ces honnétes gens, avec lés coupe-jarrets à le s'exprime : , , , … .. - --

smite , s'étoient permis d'outrager un ou de , « Si j'avois été dans le cas de m'expliquer à


citoyens qui avoient dit hautement dans ce café cet égard (sur les émigrations ) je me serois fait
ère des amis de la canstitution.Ces braves, un devoir d'affirmer qu'il n'y avoit pas un seul
quand ils ont vu que des patriotes venoienten | officier de la marine qui eût quitté son poste ;
nombre égal leur apprendre à vivre , ont pris la que dans le nombre de ceux qui étoient absens ,
foite , ayantà leur tête le sieurJosserand, cafe- | plusieurs avoient été forcés , par des attentats
tier , aristocrate et insolent comme un prince | lus ou moins graves contre leurs personnes ou
françois d'outre Rhin. - - - -- leurs propriétés , à quitter le lieu de lent,é -
- Le retour du célèbre acteur Préville sur la dence ordinaire , et y la reviendroient dès que
scène , attire beaucoup de monde au théàtre dit | l'ordre , la tranquillisé , souumission aux lox
de la nation. La reine y est allée hier avec son seroient rétablis dans le royaume ; que d'autres,
fils : on a crié vive la nation et aussi vive la reine. en partant, avoient eu l'attention de m'indiquer
--
- -
la voie par laquelle je pourrois leur faire parvenir
|

.- , , " les ordres du roi, etc. ». ,


- -
-
Il m'est pas un mot de toute cette lettre qui ne
Capie de la démonciation des citoyems de la porte l'empreinte de l'incivisme et de la perfidie.
ville de Brest contre le ministre de la marine. - Pas un seul'officier n'a quitté son poste.
-
-
- -
- -
- -

L É G 1 s LA T E u R s,.
Et le résnltat de la revue extraordinaire , passée
lo 2o de ce mois , donne denx cent soixante.iix
Les citoyens de Brest vous dénoncent le mi officiers de tons grades absens sans congé dans
nistre de la marine, et des preuves authentiques * notre portsenlement, , -- , --
( 2288 )
* res offeiers qni ssnr absens ont été obligés nal, déposé aux archives de la société des amis
de quitter le lieu ordinaire de lenr résidence de la constitution de Brest, le 28 novembre.
par des attentats plus on moins graves contre
leurs personnes ou lenrs propriétés. Qu'il se Mort patriotique d'un curé réfractaire. - r
nonne donc celui des deux cent soixante-dix
officiers absens de Brest , qui a été forcé de Depuis son refus de prêter le serunent, M.
quitter son poste par quelque attentat contre sa Poitevin, ci-devant curé au district Dissurtille,
personne ou ses propriétés. N'a-t-on pas vu au n'avoit cessé de colporter dans les campagnes les
contraire les citoyens de Brest, au milieu des écrits fanatiques des prêtres démissionnaires; il
commotions violentes sourdement excitées par les n'avoit cessé de déclamer contre l'intrusion , et
ennenis de la chose publique, faire un rempart de prêcher la nullité des sacremens administrés
de leurs corps à ces mêmes êtres qui les trahis par des conformistes. Le 15 octobre dernier, il
soient alors , qui les trahissent aujourd'hui , et fut atteint d'une maladie inflammatoire ; le mé
qui ont encore la lâcheté de les calomnier. Plu decin, qui trouva son état dangereux, ne le lui
«sieurs officiers ont eu, en partant, l'attention laissa pas ignorer. M. le curé se rappella alors
d'indiquer au ministre la voie par laquelle il qu'il y avoit un enfer* les imposteurs et les scé
pourroit leur faire parvenir les ordres du roi. lérats qui trompent e peuple, et songea à mettre
ordre à ses affaires. Il fit venir le curé constitu
Cet excès de délire nous confond , et nous
avons peine à croire un pareil aveu. Que de ré tionnel , et après lui avoir demandé son amitié
flexions s'entrechoquent en méditant ces deux et le secours de ses prières, il lui confessa toutes
ses fautes. Le lendeamain il rassembla dans sa
lignes ? nous n'en exprimerons qu'une seule. Le chambre tous les prosélytes de l'un et l'autre sexe.
ministre connoît les lieux qui recèlent ces lâches
déserteurs, et il ne les rappelle pas à leur poste. « Mes amis, leur dit-il , je suis bien coupable ;
Qu'attend-il donc ? Il vous le dit lui-même , il l'espoir d'être un jour chanoine et grand-vicaire
attend que l'ordre , la tranquillité , la soumis m'a fait tout entreprendre pour vous éloigner des
- sion aux loix soient rétablies dans le royaume ; instructions du curé que vous vous étiez choisi
- ce qui veut dire , en langage ministériel, que la par l'organe de vos représentans. J'ai inaginé
contre-révolution soit opérée; car s'il existe en mille calomnies pour le noircir à vosyeux ; j
core quelque trouble, qui les excite?les ennemis vous ai persuadé que ses messes étoient autant de
seuls de la constitution. sacriléges, et pour lui et pour ceux qui les en
* Législateurs, le ministre a voulu vous tromper bien tendoient : mes amis , je vous le répète , je suis
en faisant imprimer dans tous les papiers publics coupable ; je vais:* au tribunal de
Dieu , veuillez me pardonner et lui demander
que pas un seul officier de la marine n'avoit quitté pardon pour moi.Votre curé n'a opposé à toutes
son poste : c'est à vous à prononcer la peine due mes persécutions que l'esprit de douceur et de
à sa perfidie ; mais il nous a indignement calom charité d'un véritable apôtre; nul n'est plus digne
niés en donnant pour prétexte de l'absence de que lui d'être ministre de la religion de Jesus
quelques officiers des attentats commis contre Christ : aimez-le, écoutez-le,respectez-le et prier
- leurs personnes ou leurs propriétés, et nous ré : Après ce discours, *: reçut
- clamons, au nom de la loi , une réparation so a communion de son curé , ne survécut q
- lemnelle , ou la faculté de poursuivre le calom quelques heures à cet acte de repentir et de reli
* niateur devant les tribunaux : Mais le ministre : Tout son auditoire , énu de son discours,
trahit la nation dont il dilapide les fonds ; mous ttendri jusqu'aux larmes, a voulu assister à sés
vous citons les faits, nous vous en soumettons funérailles. On ne sait trop aujourd'hui si l'on
* les preuves écrites : prononcez et montrez à la doit le haïr ou l'estimer; mais on aime sincère
* France, par un grand exemple, que la responsa ment le curé constitutionnel, et l'on court en
bilité n'est plus un mot. Suivent plus
* cents sig atures. *. , , -- " :
de quatre foule à ses prônes où il prêche l'amour de la pa
. ; : - r1
-- : trie , comme une des vertus essentielles du chré
Pour copie collationnée et conforme à l'arigi tien, .

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ANNALES PATRIOTIQUES FT LITTÉRAIRES
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E T A F F A 1 R E s P o L 1T 1 Q U E s D E L'E U R o P ,
J O UV R N A L L I B R E, par une Société d'Ecrivains Patrioses ;
dirigé par M. MaRcrEn, et par M. Cara, un des futeurs.
Des tigres ont juré d'exterminer la Francs : .
Quatre ou cinq rois , dit-on, épousent leur démance ;
Je les crains peu : Calonne a tramé leurs exploits ; * -
Caurri.
Dieu destina Calonne à perdre tous les rois

No. D C CXC II I. Du Dimanche 4 Décembre t79t.


As s EMBLÉE NAT 1oNA L E. applaudissant à leux zèle, les renvoie au pouvoir
exécutif.
Séance du 3 décembre. On a fait lecture d'un procès-verbal envoyé
par le district et la mnnicipalité de Brest, con
Donnais il n'y aura plus qu'un seul moyen tenant les détails d'un nouvement populaire
eur les hommes en place d'assurer leur crédit et , élevé dans cette ville , à l'occasion de la moni
eur repos , c'est d'être citoyens et gens de bien. nation faite de la personne de M. la Châtre pour
Vainement afficheront-ils les principes du patrio le commandement d'un vaisseau destiné à Saint
tisme et en parleront-ils le langage ; vainement Domingue. Le peuple , trop instruit des senti
avec de l'argent, des places et une table ouverte, mens de cet ex-noble , l'a poursuivi en troupe
croiront-ils se faire des partisans; qu'ils songent sur les glacis du port ; la municipalité n'est par
que la liberté est une divinité inquiète, que tous venue qu'avec peine à mettre M. la Châtre en
les yeux sont ouverts , que tous leurs pas sont sûreté dans le château.
comptés,- qu'on tient registre de leurs paroles On a décerné des remercîmens à la municipa
et de leur silence. Comment, par exemple , lité de Brest, avec mention honorable de leur
un ministre se flatte-t-il d'arriver à la confiance, conduite, et de oelle du district et des troupes
lorsqu'à sa table, et à sa sourde oreille, il se pro de ligne. -

fère des blasphênes contre la constitution ; lors Les mêmes honneurs sont accordés à une double
qu'il laisse sa bigote de femme anathématiser adresse du département de l'Aude et de soixane
impunément les fonctionnaires de l'état ; lors citoyens de Calais , qui felicitent l'Assemblée
qu'il se laisse bêtement traîner lui-même à unesur la vigueur du décret concernant l'émigra
messe de fanatiques ? De quelle assurance M. i tion, etjurent de se rallier autour du corps legis
Bertrand a-t-il pu faire insérer dans les papiers latif en répétant le serment françois : vivre le
publics son affirmation « qu'il n'y avoit pas un on montrr.

seul officier de marine qui eût quitté son poste», On lit une adresse du département du Calva
lorsqu'il est devenu constant « qu'à la * dos , qui se plaint à l'Assemblée nationale et
revue faite à Brest il y avoit quatre cent deux au roi , de ce que le ministre de l'intérieur ne
officiers absens » ? La démonstration de ce men lui a fait passer que le a5 novembre le décret du
songe bas et inutile a été mise ce natin sous les 25 septembre , sur la répartition des contribu -
yeux de l'Assemblée, et a perdu le ministre dans tions de 1792.
l'esprit de tous les honnêtes gens.A qui la faute? M. Fauchet prend la parole. Ilest temps, a-t-il
Nombre de citoyens de la marine marchande dit , de faire un grand exemple. J'accuse devant
sont venu oftrir leurs services pour remplacer vous, devant la nation toute entière, M. Lessart,
les officiers défectionnaires , et se soumettent à ministre de l'intérieur , de deux crines de hante
toute l'austérité des épeuves. L'Assemblée , en trahison. - .

79o
r

--

, -r * , * - -- : - -
-- -
- -- ( 229o ) - -
- - -

Je l'accuse d'avoir, à mauyaise intention , politique de nos ennemts est-elle assez à décou
retardé l'exécution de la loi'sur l'impôt , et vert ? Ils nous accusent de prétendre à l'indépen
d'avoir ,par cette perfidie , porté atteinte aux dance, et ce sont eux qui foulent les loix aux pieds.
finances de l'état. Ce premier :
eSt
M. Brissot a présenté le projet de décret qu'il
fondé sur les d hes que je viens de vous lire. avoit annoncé avant-hier : après avoir établi que
Je : : : * audace de l'assemblée coloniale est coupable de haute tra
prostituer le nom du roi , en difffamant le corps hison et que le gouverneur est son complice , il
législàti * dans une proclamation qu'il a fait demande 1°. que l'Assemblée coloniale soit dé
signer au roi , et qu'il a contre-signée ,publiée | créée d'accusation , et suspendue comme pré
et affichée dans tout l'empire..... venue de trahison envers la France , et d'usurpa
On trouve dans cette proclamation cette phrases tion de pouvoir. Que ceux de ses membres qui
Le roi a cru que cette loi est contraire aux | ont ris la cocarde noire soient apportés en
loix constitutionnelles, et il a pensé qu'elle . France, pour y êrejugés par la haute cour na
-

ne pouvoit pas compatir avec les nœurs des : tiouale. . , , * , *


François.-- - - ------------- -- ----

2°. Que les six députés de l'assemblée colo


Je demande que le ministre Lessart soit mand niale soient amenés à la barre et interrogés.
à l'instant , et qu'il réponde sur ces deux ques -- 3°. Que M. Blanchelande soit mis en état -

tions. - A-t-il différé jusqu'au 25 novembre d'arrestation pour avoir agi de concert avec l'as
d'envoyer la loi du 25 septembre, sur l'impôt ? - semblée coloniale , , : i 1: , : c 2 .
A-t-il inséré dans la proclamation, contre-signée || 4°. Qu'il soit formé une nouvelle assemblée
de son non , la phrase perfide que j'ai citée ? ) - coloniate, dans laquelle les gens de couleur et
. Ce discours, dont nous ne donnons que la, les blancs seront admis indistinctement. - --

substance , a é.é diversement accueilli dans les : 5°. Quil soit envoyé des commissaires de l'As
diverses, parties de la salle. L'applaudissement semblée nationale aux isles, avec 3 mille hommes
vif et multiplié des tribunes a offensé quelques de gardes nationales. , , , * , . - -

membres de l'Assemblée. Les uns ont entrepris | -- 6.Que ces conmissaires aient le pouvoir d'in
un commencement de défense pour le ministre , : former, et de faire arrêter et transportcr en France
les autres ont ajouté une dénonciation nouvelle, : ceux qu'ils jugeront suspects. - Qu'ils secon
« pour avoir, disoient-ils, laissé enlever de Saint - dent la formation de l'assemblée coloniale , et
Qmer quatre-vingt mille razières de bled ». Ce - qu'ils reçoivent et envoient en France les vœux
débat n'apu avoir lieu sans un long désordre.En des colons. -

dernière analyse, la dénonciation de M. l'évêque · 7°. 8°. 9°. 1 oº. 1 1 °. Que le roi soit prié de
du Calvados est envoyée au contité de législa rappeller M. Blanchelande et les bataillons de
tion , pour en faire le rapport nardi prochain. Normandie et d'Artois ; que les anciens commis
L'ordre du jour a ramené l'affaire des colonies. , saires soient destitués ; qu'il soit voté des remer
On a lu une adresse des députés de l'assemblée cîmens aux états de l'Amérique ; que le comité
«oloniale., ---- - -

colonial fasse incessamment un rapport sur les


A peine, disent-ils, avons-nous conçu quelque secours à donner aux colonies, et sur le node de
espoir , le récit de votre séance d'hier nous l'a contrainte à employer pour contraindre les débi
fait perdre. Vous avez ajourné la notion d'un teurs des colonies à payer leurs dettes. -

membre qui vous proposont de ratifier le concor On se rappelle que MM. Goidel et Ducos
dat passé entre les colons et les gens de couleur : |
avoient fait la notion qure l'Assemblée ratifiât le "
c'est aiasi que vous avez entrepris sur le décret | concordat passé entre ies blancs et les hommes de
constitntionnel du 24 septembre , décret auquel couleur ; MM. Vergniaud et Garan ont renou
vous ne pouvez porter la moindre atteinte , sans vellé cette motion ; elle a trouvé quelques oppo
donner une nouvelle activité à la cause de tous sans : l'Assemblée l'a ajournée indéfiniment. . »
nO3.11alllX . Il faudroit, a dit M. Lacroix , que le roi fût
-

Ah ! l'expérience n'a-t-elle pas assez démontré prié de suspendre l'envoi des troupes aux colo
que , dans ces malheureuses contrées , un décret nies. Ce seroit, ajoute M. Lasauce , y envoyer
imprudent suffit pour faire couler des flots de des assassins. Ce peu de mots a occasionné un
sang ! Cette loi du 24 septembre , que nous vons , grand tumulte ; il a été tel que l'Assemblée ,
rappellons , est le gage de notre liberté, le prin pour obtenir quelque calme , a, sur l'avis de
cipe conservateur de toutes nos propriéiés.La M. Girardin , ajourné la question à demain. -
- -
-
( 2291 )
travaux, si long-temps desiré, de voir revivre la
M. Lessart a paru , et s'est annoncé prê à ré noblesse.Et, en effet , ils ont bien raison ; car,, .
e re -àea
pond toute, incu * ion.
volpat
s * . -***
: e , lan te **
quand il y a une noblesse dans un état, les ci
ca : A toyens ont-ils aucune propriété
?. Tout est privi-.
.. . , , -- a - Tre -- sé qn'n lèges, Voulez-vous des preuves que le rétablis--
e-- - - - . aab
- ,:PA- R... I* S.
, *.: . p l ---
in
sement de la noblesse est le but commun de nos
, Le patriote Pierre Manuel vient d'ètre élu ennemis ? Regardez quels hommes composent les
rocureur-syndic de la commune, balotté avec armées de Worms et de Coblentz ;des ci-devant ,
-

* de Gerville , aujourd'hui ministre ; -


nobles et beaucoup de goujats dignes d'étre .
il a obtenu 377o yoix sur 53 1 1 : le ministre a nobles.Qui sont maintenant nos ennemis, du,
dedans ? Ce sont ceux qui, vivant au milieu de -
eu le reste , c'est-à-dire 54 suffrages. - nous , ont voulu nous égarer et nous perdre d
La cour porte M. Louis Narbonne au minis- . l'dpinions de sont des ::
tère de la guerre iiautant valoit laisser Monimo hommes ont établi en France des sociéé» feuil
rin et Duportail aux affaires étrangères et à la lantines ? les nobles.Qui vouloit pésenter
guerre , que de leur donner pour successeurs une déclaration de guerre précisément le jour du,
MM. Lessart et Narbonne. Bien des gens qui départ du roi ? Ce sont des nobles. Enfin je parle,
ne sont ni payés hi assez sots pourse fier à la
cour, conçoivent de sinistres pressentineus à la | en me rapprochant du temps , quels hommes ont
osé dire , il y a trois jours aux feuillans , que ce,
vue de toutes ces démissions ministérielles , ils décret , depuis si long-temps attendu , et rendu ,
voyent dans les démissionnaires des gens qui | dernièrement contre les émigrés , étoit contraire .
veulent se mettre à l'abri de l'orage imminent » | à la constitution ? Ce sont encore des nobles..
et dans les ministres de remplacement , des hom - Il faut remarquer cette vérité , que nos ennemis
mes adroits, qui pensent que la nation ne pourra - du dedans, comme ceux du dehors , veulent le,
pas les accuser d'une tempète qui semnblera pré rétablissement de la noblesse.Les uns le veulent
parée cous leurs prédécesseurs. - e « n q - n les armes à la main- Faites grand bruit à nos
|
,- r - -- . -
, | portes , disent lcs autres ; nous ferons cabale au
- - --
- -
- --
-
--

- , -
dedans. Criez : nous voulons la contre-révolution
Extraitd'un disc
-
ours prononcé par M. Raederer -

d la société des amis de la constitution , et touie entière ; et , par transaction , nous vous
-

qui contient le véritable mot d'ordre de tous ferons avoir la noblesse.


% aristocrates , conspirateurs , intrigcns », - _ - - - - s -- -

, ministériels , courtsars , antis de la liste Triomphe des patriotes à Saint-Flour, dépar


civile , gazetiers universels et anttres corre
révolutionnaires déguisés ou découverts, ,, , , , , t,ment du Cantal. -

- Les ennemis du dedans ne sont pas heureux


* Qu'entend-on par la contre-révolution ? veut dans leurs entreprises ; par-tout ils se font tuer
on dire le rétablissement de l'ancien régime ? ou mettre en prison : ce n'est rien lorsqu'ils sont
Non certainement. Les nobles ne veulent pas simplement mistifiés comme à Saint-Flour.
faireela guerreince r la aux tprêtres ; lee * Les aristocrates de cette ville, conduits par un
nobl de prov pour,paye
pour êtredîae
le rebu du nobl intrigant parvenu , avoient imaginé de se fan e
; es
de la ville les nobl de la cour et les valets du nommer aux places d'officiers ununicipaux : plu
roi , pour le remettre sur le trône plus puissant siers suffrages avoient été achetes à prix d'argent.
* On peut dire tout au plus que chacun M. Marie de Rufto, ci-devant évêque de Saf
e nos ennemis veut le rétablissement de quelque Flour, non par la muséicorde de Dieu , non par
chose. Le fermier-général veut la gabelle ; les son mérite , ni sa naissance , mais par une in
tètres , leurs biens et , ce qui.étoit ie meilleur, trigue qui étonna tout le clergé de France, devoit
* dîmes sur les fermes d'autrui : maison.personne venir se rétablir dans son siége , sous la sauve
ne veut entièrement la contre-résoluti Il reste
à exa»iner conment s'est pu établir cette union
garde et la protection de ces nouveaux officiers
municipaux : il avoit quelques créatures dans la
ui fait la force des rebelles , comment des ville, et sur-tout dans le voisinage. Les fanati
eonplices Se joignent-ils à ceux dont ils seroient ques redoubloient d'efforts, et le peuple, échauffé
victimes. Il n'y a qu'un fait : c'est que l'intérêt et égaré par les conseils des faux dévots , devoit
commun les entraîne vers un même but ; c'est empêcher l'évêque constitutionnet de reparcAtre à
qu'ils poursuis ent tous ce but , l'objet de leurs -
( zagm J
Saint-Flour, ou le forcer de se retirer. C'étoit sur les gazetiers ministériels qui cherchent à ca
un petit commencement de guerre civile. lomnier et à avilir notre auguste et courageuse
cette conception péniblement combinée a été Assemblée nationale, le sieur Cerisiermemenace
aussi-tôt anéantie que produite. Les aristocrates d'une pièce existant depuis trente-six ans, c'est
avoient dédaigné de se faire inscrire sur le registre à-dire lorsque j'avois treize ans, dans le greffe
r6tarier de la garde nationale. Le jour du renou criminel de Mâcon. On verra que cette pièce ,
vellement de la municipalitéétant arrivé
triotes déclarent aux aristocrates que
paà:e de que je l'ai sommé de faire paroltre, ne découvrira
autre chose, par les faits et le résultat , que la
s'étre fait inscrire dans le temps, ils ne peuvent , très-grande turpitude du sieur Cerisier lui-mème.
aux termes de la loi, exercer le droit de citoyen Mais avant d'en venir à cette menace , ce sieur
actif. ils tiennent ferme , et les aristocrates sont Cerisier commence à faire , pour la vingtième
légalement éconduits. . - -
fois au moins , l'éloge de son patriotisme en
Leur rage impuissante essaie vainement de Hollande. Il a employé, dit-il, treize ans de
mettre aux prises les diverses sentinelles ; la - travaux dans ce pays pour la cause de la France
et de la liberté. La cour de France l'avoit choisi
son, la douceur et la fermeté font régner l'ordre
par-tout. Dans l'une des sections, un scrutateur sans doute pour son casse-cou politique, ou plutôa
déshonore sa vieillesse par un faux : il est chassé pour son espion dans ce pays-là! En arguant de la
honteusement.Quelques furieux profitent de l'obs même manière, le sieur Verac, ci-devant ambas
curité de la nuit pour lancer à travers des vitres, sadeur à la Haye et aujourd'hui retiré à Coblenta,
et contre la table des scrutateurs , des pierres : après avoir quitté son poste en Suisse, peut aussi
personne n'est atteint , et ils s'enfuient noble se dire patriote hollandois, puisqu'il soutenoit le
ment comme des traîtres et des lâches. même parti que le sieur Cerisier. Feu visir Ver
Les aristocrates courent à présent dans cette gennes et la cour de Versailles , par le même
ville, ainsi que dans toutes celles du royaume , argument, étoient aussi patriotes hollandois et
de maison en maison pour faire signer la condam même patriotes américains , puisqu'ils ont sou
mation de la constitution et de ses intrépides dé tenu le parti contraire au prince d'Orange et l'in
fenseurs, -
dépendance des Etats-Unis. Non, ce n'est point
ces pauvres imbécilles perdent assurément leur dans de telles circonstances, et après avoir reçu
temps, de même que leur ci-devant évêque , qui une pension d'une cour de France, ennemie de
feroit mieux de renvoyer,à l'exemple de ses con la * comme elle l'étoit de la maison d'O
frères , ce qu'ils nommoient leurs gens , et de range, que le sieur Cerisier nous fera croire d
vendre ou faire retirer prudemment ses meubles , son patriotisme en Hollande; ce n'est point non
s'ils ne sont passaisis. -
plus par le soin qu'il a d'excuser ici les ministres
L'on assure que les aristocrates de Saint-Flour et de décrier l'Assemblée nationale qu'il nous
ae fussent pas venus à ce degré d'audace si , à persuadera son patriotisme en France. Ceux qui
lparrivée dans cette ville d'un nommé Bertrand , rejettent aujourd'hui ses feuilles et les lui ren
membre de l'Assemblée constituante , quelques voient avec ignominie, comme vient de faire la
patriotes n'avoient pas souffert qu'on prostituât société des amis de la constitution de Bordeaux,
à ce mauvais citoyen , qui avoient toujours siégé savent bien à quoi s'en tenir sur son moral et ses
à droite, à côté de M. Ruffo, dont il étoit secré prétenduesvertus civiques. Ceux qui connoissent
taire et bas valet, des honneurs qui ne sont dus sa physionomie sournoise , son col tors et penché
qu'à des députés vertueux , et non à ceux qui , et son faux air de nigaud, l'ont jugé depuis long
comme M. Bertrand , ont trahi la foi de leurs tenps; et, quoiqu'il dise * M Brissot, contre
commettans, et sacrifié les droits éternels du lequel il ose renouveller dans sa note une plate
uple aux intérêts et à la faveur mensongère calomnie à propos de je ne sais quoi , et moi,
* privilégiés. Le crime s'enhardit du moindre lui avons fait compliment en 1787, ce n'est sû
succès. rement pas sur la grande idée que nous avions
de lui. Le temps l'a fait connoître comme il en a
Discourspréliminaire au rédacteur de la Ga fait connoître * d'autres : les bons citoyens et
serre nniverselle, sur la note de sa feuille les gens de bien décideront entre lui et nous ;
du 3o novembre dernier. quant à noi j'attends la pièce en question.
Au lieu de répondre directement à ma logique | CAnAA,
--
--

ANNALES PATRIOTIQUES FT I ITTÉRAIRES


p) E L A - F R A N C E , a - -

-
-

p r A p r A I R E s P o L I T I Q U E S D E LE UR o P E,
Société d'Ecrivains Patriotes ,
, o v R N A L L 1 B R E, par une
dirigé par A. .. MERcren , et par M. Canna, un des Auteurs. - .
-

s'il est une vérité ineontestable, utile à publier , t'est que tous les troubles »
qui peuvent agirer la France, toutes les inquiétudes qui tourmentent les
citoyens , toutes les résistances que l'exécution des loix peut éprouver
*re . 'existent que par la faute du gouvernement ; que sa conduite, -

ou foible ou perfide , en est la cause unique , et ne tout en France ,


serapaisible le jour où le roi et ses ministres ie voudront
( CoNDoRcET, aux au tenrs du Journal de Paris, 1o nov. 1791 ).
-v

No. D c C x C I V. Du Lundi 5 Décembre 179t .


A S S E M B L É E N A T IO N A L E. de la contribution patriotique, état qui se porte
à soixante-deux millions.
sance décembre au soir. Le comité d'instruction publique a fait présen
dn 3
ter un p: de décret sur la contestation des
La nouvelle circonscription des paroisses de artistes , relative à la distribution des prix. MM.
Pastoret et Quatremère ont fait quelqnes objec
Paris et de sa baniieue a ôté un curé au village tious contre le projet et en faveur de l'académie »
de Bercy , et la commune , assez nonbreuse , où se trouve incontestablement , disent-ils, la
réclame la restitution de sa paroisse. C'est l'avis
suprématie du talent. L'Assemblée a adopté l'idée
de l'évêque métropolitain. Le comité de division du comité : - --

propose un décret conforme , qu'il assure être


nrgent pour l'intérêt des bonnes mœurs.Sur LAssemblée nationale décrète qu'il sera formé
un jury composé de quarante-cinq artistes, dont
l'avis de M. Charon , l'Assemblée décrète l'in quarante choisis au scrutin par ceux qui ont ex
pression et par conséquent l'ajournement du posé au salon ; de ces quarante, vingt seront pris
projet. - - --
parmi les académiciens exposans, et ving' parmi
On renvoie à demain la motion d'un membre les non-aca léniciens : les cinq autres artistes
du comité de la marine , qui demandoit que les seront nu choix du département de Paris.
maîtres de gué fussent admis à être capitaines Ces quarante-cinqjuges-experts distribueront les
des ports. M. s'y est opposé; il a dit que les prix votés pa - l'Assemb'ée constituante. La somme
maîtres des gués ne sont pas assez liabiles gens *otée sera distribué » en vingt-six nrix, dont seize
pour exercer des fonctions si importantes au pour les peintres statuaires et architectes qui a u
commnerCe*. ron excellé. Ces seize prix seront div * telle
Une députation des colons de la Guadeloupe sorte que le marinnn sera de 1o.ooo livres, et
vient désavouer des faits articulés dans une péti le minimnm de 3oco lav. Les dix autres prix
tion de la ville de Bordeaux. Les députés pré seront pour les artistes d'autres genres.
sentent des procès-verbaux qui constatent une Au connité des pensions sont en oyées et puis
insurrection du deuxième bataillon du 14° régi samanent rccommandées les pé itions de deux
ment,à la Pointe-à-Pitre. anciens officiers , l'un nonagénaire , l'autre plus
On envoie aux comités respectifs trois mé que septuagénaire , qui se plaignent d'ère privés
moires que font passer les ministres de la marine , depuis deux ans de leurs modiques pen ions de
de l'intérieur et de la caisse extraordinaire , sur 7 à 8oo liv.
M. Duportail a dit un jonr à l' Assr-di-ra
leurs como es, sur i'organisation de la garde na
ionale à cheval de Paris, sur l'eat de la recette tionale, par forie d'assertion off - le , que les
7 )i
( 22 94 )

fabriques et forges de France ne pouvoient four fait passer à son comitéde surreillance des piéces
nir, par an, que soixante mille fusils de calibre 5
aujourd'hui une députation de la société de l'in envoyées par la municipalité de Caen , relatives
à la conspiration qui y a été découverte.
vention des arts à paru à la barre , et a mis en Il a été envoyé de Toul un procès-verbal qui
fait que les quatre principales fabriques d'armes constate le fait d'enrôlemens tentés et commis au
pourroient donner , par an , deux millions de non des émigrés dans plusieurs villes du royaume.
fusils. -
La municipalité a mandé et interrogé les sieurs
Cette articulation a donné occasion à MM. Martin , * et Marthe , accusés
Rouyer et Defray de dénoncer l'ex-ministre , d'avoir formé le projet d'énigrer et d'entrainer
et même de demander qu'ilfût mis en état d'arres avec euxplusieurs jeunes gens hors du royaume,
tation jusqu'après son compte rendu. Ce compte et de s'ètre fait enrôler chez les sieurs Gauthier
estprésenté, a dit M. ..., sans doute vous croi ci-devant garde du roi , et Malvoisin, lieutenant
colonel du 13e régiment de dragons.
rez devoir l'axaminer avant de sévir.
M. Rouyer accusoit encore le ministre d'avoir Ils ont déclaré que , s'étant rendus chez le
acheté en pays étrangers cent mille fusils, tandis sieur Gaulier, et lui ayant découvert le dessein
qu'il pouvoit les faire fabriquer en France. -
qu'ils avoient d'énigrer , M. Gauthier leur a
M.Thuriot a craint que les cent nille fusils , conseillé de rester dans le royaume pour soutenir
payés par le ninis re aux fabricans de Liége , les onndesgens de leu opinion ; il les a assu
soient renis aux énigrans qui sont tout près rés que leur paie seroit la mène que s'ils étoient
delà. - à Coblentz. -

M. Davegroult déclare qu'il sait qu'unegrande Le sieur Marthe ayant insisté pour l'émigra
partie des cent mille fusils est arrivée, et emna tion , M. Gautkier les a envoyés chez M. Mal
gasinée à Givet et dans les places frontières. voisin. Ce dernier les a mal reçus , et leur a
promis de faciliter leur émigration. -

, « a Séance du 4 décembre. Chacun des trois prévenus , interrog 4 séparé


ment , a donné la mène déclaration.
- Nous voudrions ne pas parler d'un mouvement M. Gouvion a demandé que les sieurs Malvoi
élevé par nn des membres de l'Assemblée contre sin , Marthe et Gauthier fussent à l'instant dé
. l'évêque Fauchet, à raison de la dénonciation crétés d'accusation ; et conduits à Orléans , dit
qu'il a faite hier de M. Lessart. « Que le non de M. Lacroix ; que les scellés soient mis sur les
l'évêque du Calvados , disoit e notionnaire, soit effets. -

attaché à son atroce dénonciation ».... Ces mots Que le pouvoir exécutif soit prié de faire par
mal mesurés ont provoqué l'animadversion pres tir a l'instant un courier , porteur du décret.
que universelle. Le courageux prélat n'a pas Qu'il parte promptement, ajoute un membre ; i
songé à repousser l'injure : enveloppé dans son est à craindre que M. la Galissonnière , gendre
civisme, il sait que sous l'empire des loix l'ac de M. Malvoisin , en détache un quigagne les
cusation est un devoir sacré, un acte de vertu devants. -

comme la délation est une bassesse infâme sous Toutes ces motions ont é é décrétées unani
le joug despotique ; distinction que ne sait pas mement , et au milieu des applaudissemens du
encore * motionnaire. Mais M. Goi public jaloux de sa liberté.
det a voulu venger l'évèque son collègue , et a On a ensuite adnis les pétitionnaires. Les pre
appellé la censure de l'ordre sur la personne de miers étoient les commissaires nommés au bureau
celui qui, oubliant la constitution , avoit voulu de comptabilité. Ils présentent un plan de leur
rendre responsable un représentant national ; ce travail. « Vos fonctions sont telles , leur a dit le
endant après quelque débat l'Assemblée lui a président, que vous ne pouvez pas être v ertueux
* grace en passant à l'ordre du jour. ou criminels à demi. Le corps législatif attend
, On a aussi pris l'ordre du jour après la lecture d'eux la plus austère vertu. Il veut qu'une exacte
d'une lettre du sieur Rutlidge , qui demandoit comptabilité préserve le peuple des dilapidations,
d'être admis à la barre pour 1 épondre aux incul et dirige utilement le cours de ce fleuve qui se
pations de M. Fauchet , qu'il appelle calom perdoit dans des marais fangeux , ou qui arrosoit
nieuses. - -
les plantes vénéneuses ».
Avant d'entendre les pétitions auxquelles cette Les commissaires ont é.é admis aux honneurs
séance étoit oonsacrée , l'Assemblée a reçu et a de la séance , ainsi que les autres pétitionnaires
( 2295 V
qui ont paru , après eux, à la barre. Ce sont un servez bien la nation. Le peuple vous avoit donné
officier invalide réclamant des secours. sa confiance , le roi vous donne la sienne. Le
* Des députés de l'isle de Noirmoutier se plai poste où vous êtes élevé est périlleux ; il est
environné d'écueils : sans doute vous chercherez
gnant d'une surcharge d'impositions. à les éviter. Eh bien ! que votre politique soit la
Des artistes demandant une augmentation aux
encouragemens votés par l'Assemblée consti justice , que votre prudence soit la franchise
tu a n! e, que votre secret soit la publicité. Ayez toujours
Des députés du bataillon des vétérans et de le courage de dire hautement la vérité. Lorsque
celui des enfans , qui demandent de petits ca vous verrez le roi livré à des conseils perfides,
mons pour exercer les enfans de l'espérance à la démasquez ces ennemis de son repos et du bon
nanœuvre, -
heur public , qui voudroient l'entraîner dans
Un navigateur qui demande la concession l'abîme et y précipiter la nation avec lui. Répé
d'une petite isle inculte près de l'isle Bourbon. tez-lui sans cesse que la vraie morale des rois est
Il promet d'y former une petite colonie. puisée dans l'intérêt des peuples.
M. Gauthier qui offre une invention métallur
gique propre aux monnoyage. Toulouse.
Des citoyens , gardes nationaux, demandent Le sieur de Cambon, ancien érêque de Mire
des explications surune loi qui les concerne.
- poix , est mort dans cette ville le 2o novembre.
-- , - r - Voilà un gros pensionnaire de moins pour la
- P A R I S.
nation.…… M. Sermet, évêque constitutionnel,
Il existe dans la capitale plusieurs concilia accompagné d'un nombreux clergé , a fait la
bules d'aristocrates. L'un se tient à l'hôtel de cérémonie des funérailles.
Massiac ; il est composé des princes colons et -

d'une foule d'intrigans qui travaillent à faire Extrait d'une pétition adressée d l'Assemblée
concourir les désordres des colonies au plan gé nationale parle citoyen Lambert, de Toulon.
néral de contre-révolution en France. Un autre
conciliabule se tient chez Crapart , l'un des L'auteur de cette pétition , aussi sage que pa
auteurs de l'Ami du roi ; là , ce sont les prêtres triotique, demande,
séditieux qui dominent. Ces repaires sont les 1°. Que les princes françois et leurs adhérens
atteliers où se fabriquent les libelles et les pla rassemblés au-delà du Rhin , soient déclarés dès
cards contre les sociétés d'amis de la constitu on à présent prévenus d'attentat contre la sûreté de
et l'Assemblée nationale. L'idée princiaie de l'é at et contre la constitution ;
tous ces placards est toujours celle-ci : il faut 2°. Que conformément à l'article X, chapitre
chasser l'Assemblée nationale , détruire les III , sec ion première de la constitution , l'As
sociétés patriotiques , et laisser au roi le soin se.nb.ée nationale les mette en état d'accusation
de rétablir la paix dans le royaume et l'ordre et décrèe qu'ils seront 1 oursuivis devant la haute
dans les finances ; ce qui , en d'autres termes , cour nationae ; - - -

veut dire : il faut laisser à la cour ses coudées - 3°. Qu'attendu que les conjurés d'outre Rhin
continuent à se se rv 1r du non 1u roi pour ati
franches pour faire la contre-révolution , réta
blir la noblesse, les parlemens , le clergé , mas rer dans ienr parti le plus d honune ossible
le 1 oi son inv i é à s'opposer par un a te . on ?
sacrer ou chasser du royaume quelques milliers
de citoyens , confisquer les biens de quelques à tou es liars entre pis s, en confornié de l'ar.
milliers d'autres et couronner l'œuvre par une ticle VI , titre I, se tion pre ière de la consti
tu non , qui porte qu'd d' fut il sera sensé avoir
bonne banqueroute. -

abdique la royauté ; -

Disconrs de M. Pétion , maire de Paris , d 4°. Qne ou annonçant de la part des énigrés
des hos 1 t és imm,nentes qui peuvent être re
- M. Cahier de Gerville, lorsqu'il a donné sa gardées conne une déciaration de guerre , le roi
démission de la place de substitut de procu soit invité à donner , sans aucun délai , notifica
reur de la commune, et annoncé son accep tion au corps législatif de tout ce qui est et v ien
tation de la place de ministre de l'intérieur. dra à sa connoi»sance , conformeument à lrarticle
M o n s 1 E u R, Il, chapitre IIi, section première de la consta
Vous avez bien servi la commune de Paris, lut1On . -
( 22 94 )
Coup-d'œil sur les circonstances du moment. temps nos inquiétudes et nos dépenses, si nous
La cour auroit-elle pris des résolntions de étions assez simples pour ne pas nous hiter de
conduite plus conformes au sens de la constitu co"rir sur ces émigrés qu'on a nis dans le pays
tion , à l'exécution des loix et à son véritable
de Liége comne dans une chausse-trappe.
intérêt ? Le roi a sanctionné le décret contre les Au reste si les causes du changement que nous
ecclésiastiques réfractaires et pertubateurs; son croyons appercevoir dans les résolutions de la
ninistre de l'intérieur paroît s'occuper sérieuse cour ne sont pas celles que nous venons d'expo
ment de la formation de sa garde; le nouveau ser, ces mêmes canises seront toujours, par leurs
ministre des affaires étrangères nous annonce des coin binaisons naturelles et dans six mois plus en
changemens dans le corps diplomatique; celui de core qu'aujourd'hui, celles d'un triomphe certain
la guerre vicnt de donner sa démission, pour ap pour les vrais patriotes et les amis de la constitu
tion. Ce seroit vainement d'ailleurs que le pouvoir
paiser sans doute les cris élevés de toutes parts
contre lui : tous ces mouvemens penvent-ils faire exécutif et ses agens auroient cru pouvoir nous
séduire ou nous en lornir par des apparences qui
présager une marche sincère et différente de celle
qu'on a suivie : présent ? Mais quelles n'auroient point de réalité dans *
suites, lc
résultat seroit pour nous, non pas une répu
lique
pourroient être les causes véritables d'un chan
gement si subit et si peu espéré ? Nous allons en prématurée, nous ne sonmes pas si mal-adroits,
ohercher quelques-unes : 1 °. la nécessité et la mais une dynastie étrangère bien conditionnée
force des choses ; 2°. le vœu très-prononcé de la en moyens et en alliances, et pour la cour ac
grande majorité des citoyens pour la constitution tuelle une ruine inévitable et irrévocable. Ainsi
telle qu'elle est dans ses bases et dans ses prin le seul , le véritable intérêt de Louis XVI , de
cipes d'égalité civile et politique; 3°. le triomphe son fils, de son épouse et des ninistres qu'il aura
bien marqué des patriotes dans toutes les parties le bon esprit de choisir, est de marcher lovale
de l'empire, et jusques dans le café de Foix, au ment et franchement aujourd'hui dans levrai sens
Palais-Royal ; 4°. le courage , la fermeté et la de la révolution et de la constitution. Il sera sûr
probité patriotiques de nos braves législateurs alors de trouver pour amis chauds et pour zélés
actuels; 5°. l'insolence et l'extravagance des émi défenseurs , non pas une troupe de quarante
grés, qui exigeoient du roi une seconde évasion, ou einquante mille chevaliers d'honneur errans
et vouloient qu'il arrivât au milieu d'eux à sans honneur , non pas des dons Quichottes
mâles ou femelles dans le nord , non pas des
point nommé; ce qui n'étoit pas facile, et ce qui
paroît en avoir d'autant plus dégoûté le roi qne Royou, des Montjoie des Gautier, des Mal
les instances de ces émigrés étoient plus vives et let-du-Pan , mais trois ou quatre millions de
plus mcnaçantes; 6°. et peut-être la politique de bras vigoureux : nos gardes nationales et
nos bons frères les soldats de troupes de ligne
la cour de Vienne , qui d'une part veut faire
échouer tout doucement les bravades de Cathe qui n'ont point abandonné la patrie, mais de vé
rine et de Gustave, de l'autre veut voir où abou ritables françois pleins du véritable honnenr na
tira la révolution de Pologne relativement à la tional , mais de vrais amis de la constitution
Russie, à la Saxe et à la Prusse, et de l'autre , mais des écrivains vraiment probes et impartiaux
ne veut point hasarder, avec les têtes folles des Et ces mêmes sociétés d'amis de la constitution
princes françois rebelles, la rupture tant desirée contre lesquels les d'André, les le Chapelier et
autres vils fluneurs de la liste civile ont fait tant
par le corps germanique et la Prusse, du traité
de 1756, une nouvelle insurrection dans la Bel d'efforts,seront les prenières à entourer leur roi
constitutionnel et à ramener bientôt , par l'in
gique , et peut-ê re un changement de dynastie
en France. Il seroit même possible qu'en calcu fluence de la raison , de la justice et de la vérité
lant la retraite donnée aux émigrés dans la cita la confiance et la paix dont nous avons tous be
delle et le pays de Liége , on ait eu l'intentiou soin avec la liberté, et qu'on ne ramènera jamais
de les mettre plus directement sous la main des sans que cette liberté soit moralenent, politi
patriotes françois, pour s'en débarrasser plus vîte quement et physiquement bien assurée.
et plus décemment, ou pour propager plus long CARnA.
On s'abonne à Paris , chez BUIssoN , libraire, rue Hautefeuille, à qui l'on adressera , frane de port, le prix
de l'abonnement et la lettre d'avis , et toutes les lettrcs pour les Autenre des Annales pntrioliques.
Et chez tous les Libraires et Directeurs des Postes du Royaume et de l'Etranger.
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S U P P L É M E N T A U Nº. D C C X G V I.
ALMAN A CH DU PÈRE G ERARD, semble. Voilà Nicolas, par exemple, ( Nolas
pour l'année 1792 , la troisième de l'ère de la qui est un gaillard ce bonne mine, s'approche
liberté, ouvrage qui a remporté le prix proposé en riant) il est nerveux , obuste, ni trop grand,
par la sociÉ rÉ mes AM1s DE LA coN TITurios, ni trop petit ; il a l'appétit toujours bon ; ses bras
séante aux jacobins , à Paris ; par J. M. le servent , ses jambes le portent ; le cops n'est
Collot-d'Herbois , membre de la société. A pas trop lourd , la tête est saine : eh bien , tout
Paris , chez Buisson , libraire , rue Haute l'ensenble de Nicolas fait une bonne coustitu
feuille , nº. 2q. Très-jolie édition , petit tion ; et si toutes les parties qui composent le
format in-32 , àvec une estampe gravée par corps de Nicolas remplissent bien leurs fonctions,
M. Delaunay. Prix, 1 2 s. papier ordinaire, il conservera le bon tempérament que la nature
24 sous papier vélin. Il en coûtera 2o sons lui a donné, il se maintiendra en santé ;et la
- pour en recevoir douze excmplaires francs de constitution françoise aussi conservera le bon
port par la poste. tempérament qne l'Assemblée nationale lui a
donné : elle aura la santé, tant que les différens
" Les médecins disent que ce n'est pas tout que pouvoirs marcheront bien ensemble; car si Pun
de manger, qu'il n'y a que ce qui se digère qui vouloit aller trop vite ou rester en arrière , alors
fasse bon chyle et nourriture : il en est de mène il y auroit dérangement ou maladie.
desvérités politiqnes ; si elles ne sont point com Un autre paysan lui demande : Pourquoi ne
prises par la multitude , si elles m'entrent point dit-on plus roi de France ?
our ainsi dire dans les veines lactées du peuple ,
: superbes travaux de la législation demeurent Le père Gerard. Parce que ce titre sembloit
- imparfaits. Les ouvrages de nos grands écrivains dire que toute la France étoit la propriété du
ont toujours une sorte d'obscurité; ils demandent roi : ce qui n'est pas vrai. En l'appellant roi des
presque tous à être traduits dans un langage naïf François, chacun reconnoît l'expression de la
et pcpulaire. C'est donc s'élever à la hauteur des volonté nationale ; c'est là son titre constitu
tionnel.
travaux de la législature que d'avoir conçu et
exécuté le projet d'enseigner aux classes labo Un troisième paysan dit : Le numéraire,est-ce
rieuses de la société ce que nos nouvelles loix ont les assignats ?
de beauté, de grandeur et d'avantages sur les an Le père Gerard. Sans doute, les assignats ou
C1 en In eS, les écus , c'est la même chose ; c'est la confiance
L'auteur s'est très-heureusement servi de la qui fait la valeur ia France'a prouvé avec les
forme dramatique : c'est le père Gerard , ce assignats , que, si elle vouloit, elle se passeroit
aysan bas-breton député à l'Assemblée nationale de l'or et de l'argent nonnoyé, parce qu'elle est
en 1789, qui, de retour dans ses foyers, an milieu riche de ses productions. * les marchés se
de sa famille, dans son village, répand l'instruc faisant par échange , et le numéraire n'étant
tion autonr de lui ; il a été témoin de la pénible 1u'un gage de l'échange, que ce gage soit d'or
formation de ces belles loix : bien questionné , ou de papier , si on y a confiance, c'est la même
il en développe le sens précis aux habitans des chose. Le despotisme n'auroit jamais pu com
campagnes. Il résulte de ce cadre douze entre- | mander cette confiance , et il n'auroi pas pu
riens , où les expressions les plus claires servent créer les assignats ; ils sont la monnoie et ies
enfans de la liberté.
à peindre l'esprit et les principes de la constitu -

tion ; ce qui rend ce petit écrit d'une ntilité gé Tontes les définitions du père Gerard ont ce
nérale. Nous allons citer quelques fragmens de degré de justesse et de clarté; la sensibilité y ré
ces ingénieux et intéressans dialognes. pand encore ses charmes ; c'est l'ame , c'est le
Un paysan approchant, dit au père Gerard : coeur qui donnent du prix à tout, et même à la
rall SOI1 .
Pourquoi appelle-t-on tout le bien que nous a fait -

l'Assemblée nationale, constitution ?, , Le formatin-32 de ce joli Almanach fait le


Le père Gerard répond : Mes anis, constitu pendant de la Constitution du même format ,
tion nous dit et signifie un corps dont toutes les qui se débite avec tant de succès chez Garnery,
parties, toutes les proportions s'accordent bien rue Serpente, nº. 17. Les prix et les papiers sont
entr'elles, où tout est à sa place et va bien en les mènes pour les deux ouvrages.
796 bis.
( 23o2 )
Systeme genéral des finanees de France, adopté croyons rendre un service très-essentiel au public
par l'Assemblée nationale constituante, ex que d'en faire l'annonce. -

posé, mis en ordre et discnté par PrERRE L'ouvrage formera deux volumes in -8°. de
Lovrs Roe DenEr, ex-député de l'Assemblée cinq à six cents pages chacun. Ces deux voiunes
nationale constituante, etp:*s* ensenble se vendront 8 livres brockés. Ils ne
syndic du département de Paris. pourront être imprimés qu'à la fin du présent
mois ; nais la distribution pourra s'en faire par
Le prospectus de cet euvrage offre trois objets ; parties séparées, à mesure qu'elles seront ache
le premier est d'exposer les principes d'après les vées.C'est principalement pour cette distribution
quels le nouveau systêne des finances a été insti progressive que l'on propose une souscript on.
tué par l'Assemblée nationale constituante. La C'est aussi pour pouvoir régler à-peu-p-è, le
plupart de ces principes n'ont été exposés métho nombre d'exemplaires qu'il faudra tirer. Lessous
diquement et discutés que dans le comité des con cripteurs ne paieront leur exemplaire qu'après
tributions publiques. Ceux qui ont été débattus l'avoir reçu.
dans l'Assemblée nationale n'ont été qu'inexac On souscrit chez M. GALLo, boulevard Saint
tement recueillis dans lespapiers publics. Antoine, nº. 8. Il suffira aux personnes qni vou
Le second objet est de rassembler, classer par dront souscrire de lui adresser , franc de port ,
ordre de matières et arranger, suivant l'ordre des leur nom et leur demeure.
idées, toutes les loix qui constituent le nouveau
systême des finances. Les décrets les plus con Lxtrait d' une lettre du sieur Girardot , émi
nexes en cette matière ont été faits à de grands
intervalles de temps , et se trouvent mêlés, en grant réfugié d Porentru.
tassés dans la collection générale avec tous ceux cc On vient de lever le camp d'Ettenheim ; les
qu'a rendus l'Assemblée nationale ; plusieurs princes rapprochent toutes * troupes : six
aussi font partie de loix provisoires , déja deve . mille chevaux de remonte doivent leur arriver le
nues inutiles, de loix relatives à l'ancien régime 1er décembre. Les cuirassiers autrichiens sont
financier , quelquefois de loix civiles et politi en marchepour venir camper d Porentru. L'en
ques. M. Rœderer extraira, rapprochera , or pereur s'intéressera à nos affaires. Le prince de
donnera tous ces matériaux épars. - Condé commandera douze mille Hessois , et
Son troisième objet a été d'éclaircir par des vingt-cinq mille émigrés qui sont à la solde du
notes les dispositions de ces loix qui paroîtroient roi d'Espagne. Les cours de Naples , de Portugat
obscures, de suppléer aussi par des notes aux et de Pétersbourg fournissent aussi des fonds
dispositions
omises.
qui * paroîtroient insuffiantes ou considérables. L'impératrice de Russie a réclamé
-- T , T -
l'exécution du traité de Texelles, qui lui accorde
Un ouvrage de cette nature a paru absolument la permission de faire passer ses troupes sur le
nécessaire : M. Rœderer l'a entrepris par cette territoire d'Allemagne ; elles sont en marche
raison ; car il ne suffit pas que les loix existent » pour se rendre auprès des princes ». -

il faut encore que leur exécution soit assurée , N. B. Il estpossible que cette lettre contienne
ue leur réformation soit facile quand elles sont beaucoup d'exagérations , mais elle est au noins
éfectueuses , leur stabilité bien établie quand le tableau fidèle des espérances des rebelles. On
elles sont bonnes. . - - voit que ces gens-là n'ont pas oublié dans leurs
, Le civise pur, éclairé, invariable de M. Rœ projets le pays de Porentru, et qu'ils méditent
derer , la clarté singulière de ses idées , ses iu - le le faire occuper par des trompes autrichiennes.
mières acquises en plnsieurs genres , et sur-tout Nous verrons si le ministre Lessart sera plus
en finances et en administralion, nous garan issent soigneux que son prédécesseur de maintenir à
suffisamment i'exceiience de ce travail , et nous cet égard les traités avec l'évêque de Bàle. -

On s'abonne à Paris , chez BuissoN , libraire, rue Ha utefeuille, à qui l'on adresscra, franc de port, le prix
d- l'abonnement et la lettre d'avis , et toutes les lettres pour les Auteurs des Annales patriotiques. - . -
Ft chez tous les Libraires et Directeurs des Postes du Royaume et de l'Etranger.
- .
Il paroit sous les jours, un Numéro de ce Journal. Prix , 36» liv.
». " - -
, *, -
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pour un an , 18 liv. pour 6 mois, et de 9 'i. pour
5 meis, franc de port, par la poste, pour tout le Rayuune. L'abonnement ne commence quedu prenierd'un noir.
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-
ANNALES PATRIOTIQUES FT LITTÉRAIRES : -

D E L A F R A N C E, - * - , -- - --

* .
: E T A F F A I R E s P o L I T I Q U E S D E L'E U R o P E,
J O U R N A I. L I B R E, par une Société d' Ecrivains Patriotes ;
dirigé par M. MERcr ER, et par M. CARRA , un des Auteurs.

S'il est une vérité inoontestable , utile à publier , c'est que tous les troubles
qui peuvent agiter la France, toutes les inquiétudes qui tourmentent les
citoyens, toutes les résistances que l'exécution des loix peut éprouver
encore , n'existent que par la faute du gouvernement ; que sa conduite,
ou foible ou perfide , en est la cause unique , et : tout en France
- sera paisible le jour où ie roi et ses ministres ie vou rOnt.
( CoNDoncEr, aux auteners du Journal de Paris, 1 o nov. 1 791). - -

No. D C CXC V. Du Mardi 6 Décembre 1791.


- -- -- -
-

AS S E M B L É E N A T I ON A L E. été entendu , a paru à la tribune; et dans un


| discours plein d'énergie, il a stimulé l'activité de
Séance du 5 décembre. l'Assemblée, et lui a même reproché assez amère
--
ment d'avoir, disoit-il, perdu le temps en dénon
Uj N ministre qui jusqu'à présent n'a pas craint ciation , en querelles et en intrigues. Ces arti
les dénonciations , parce que sa droiture le tient culations, applaudies dans quelques points de la
toujours en état d'y répoudre , le garde des salle , ont aussi fait naître de fréquens murmures.
-sceaux a fait passer des éclaircissemens sur la Cependant comme l'orateur avoit eu l'habileté
détention des soixante laboureurs de Périgueux, de gourmander toutes les opinions, et de n'en
que l'on disoit avoir été perpétuée au préjudice de affcher aucune , il a fini par obtenir faveur en
l'annistie : il est vérifié que les accusés avoient
proposant un projet de réglement, qui a pour
été emprisonnés à la suite des atti oupemens : oljt
-
de donner aux comités une grande acti
-
-

-
- .
-

armés qui ont désolé le département de la Dor - vié , et de fixer invariablement l'ordre et la
dogne , pour se soustraire au paiement des ren décence dans les séances. -

tes nationales ; et il n'est pas moins constant M1 M. Vaublan , Cambon et Quatremère se


que la porte leur a été ouverte par les juges avant - sont accordés à demander l'impression du dis
cours : il s'est trouvé peu de contradicteurs.
le 15 octobre, jour de la plainte formée en ieur
In OIT1 . -

L'impression a été ordonnée , et l'ajournement à


Une députation du département du Nord expose trois jours. -
* M. Dorisy n présenté un plan d'organisation
-

que , sur une population d'un million deux cent


seize mille ames , il y a deux cent quatre-vingt - générale des comités de finances-t comme ce n'é
mille pau res; que les revenus des cinq hôpitaux, toit que le résultat d'un précédent décret, il a été
montant ci-devant à 48o,ooo livres , sont réduits adopé sans opposition :
à 5o,ooo lis res par la suppression des octrois. Les comités de liquidation, de l'examen des
Ils demandent un seeours extraordinaire de comptes, des domaines , des assignats et mon
2,4oo,ooo livres , en observant que le départe noies, continueront d'exerœr les fonctions qui
-
ment possède pour 1 4o,ooo,ooo de biens natio " leur ont été confiées jusqu'ici. . --

naux. Cette demande est envoyée au comité des . Au lieu des comités de la dette publique, d - la
secours , pour en faire le rapport au 15 de ce - caisse de l'extraordinaire , des contributions et
mois.On a envoyé à l'inpression un projet de de la trésorerie, il sera forme deux comités, dont
ce comité, qui vote un secours de 2oo, ooo livres l'un sera le cvnité de l'ordinaire les finances , et
pour les incendiés de Saint-Sauveur. _ , Pautre le comité de l'extraordinaire des finan.e
- :

Un des hégislateurs , qui n'avoit pas encore M. Cahier , uaintstre , instruit l' Assemblée
79 »
( 2298 )
s qu'aynt reçu hier à 3 heures et demie le décret ont retentt à la fois de la nouvelle d'une seconde
dccusation contre les sieurs Malvoisin , Gaul fuite de Louis XVI , de son épouse et de son
tier et Marthe, il l'a fait partir à l'instant par un fils. Les princes françois d'outre Rhin comptoient
courier extraordinaire ». - -
Qui pouvoit lenr avoir donné
sur cet é ènenment.
Une dépêche du département du Finistère an ces espérances ? N'y a-t-il pas eu un complot
nonce de nouveaux déchiremens , causés par un réel au chàueau des T'uileries pour une nouvelle
mandement fanatique du ci-devant évèque de évasion or , si l'on veut , pour un en'èvenent
Léon , M. la Marche , dont on a toujours plus du roi ? Voilà ce qu'on se demande aujourd'hui.
loaé la dévotion que les lumières; plusnours curés Autre question : la démission subite de Duportail
sermentés ont été chassés de leurs siéges ; un n'est-elle pas une suite du coup manqué ?
atriote a été assassiné au milieu de l'émeute.Le Quoi qu'il en soit de ces diverses conjectures,
mandement fait partie des pièces envoyées : on voici un fait rapporté dans plusieurs journaux
en a lu quelques phrases ; c'est un elixir de poi estimés , et qui peut aider à deviner l'énigne :
son. L'Assemblée a fait passer le tout au comité « Ces jours derniers , M. Santerre , qui com
de surveillance. mandoit le poste de la réserve de l'hôtel-de-ville,
Le ministre de la marine a écrit pour faire - fut averti, par quelqu'un de confiance , que la
connoître à l'Assemblée l'état de l'embarquement nuit du dimanche au landi le roi devoit partir ;
et de l'envoi, fait ou à faire, des bataillons com il crut deroir faire part de cet avis à quelques
posant six mille hommes , destinés pour appaiser officiers de la garde nationale qui commandoient
les troubles des colonies. Il y a deux mille cin la garde des Tuileries. Quelques-uns de ces
quante hommes de partis. On a discuté un instant - messieurs firent parvenir cet avis au roi , qui en
la question ajournée de savoirsi le départ du reste parut très-affecté. Ce qui est certain , c'est que
sera suspendu. - -le roi étoit attendu a-peu-près d cette époque
M. Bertrand a paru lui-mêne , et a annoncé en Allemagne et dans tes Pays-Bas. Le roi est
qu'il venoit détruire les impressions de la calom : fort en colère contre M. Santerre ».
nie , qu'en déclarant que les officiers de marine - Nous avions entendu parler de ces faits , et
étoient à leur poste , il n'avoit entendu parler on ajoutoit même que M. Santerre , en donnant
que de ceux qui étoient en tour de service , et cet avis à la garde des Tuileries , avoit dit que
non de ceux qui ne sont pas dans l'activité du son opinion étoit qu'il ne falloit point arrêter le
nnomment.
roi , s'il avoit envie de partir ; mais plutôt le
Son discours, parsemé de doléances et d'ai conduire jusqu'aux limites du département avec
greurs, a été médiocrement applaudi; mais lors - tous les égards possibles , et que les départemens
que l'impression en a été demandée et ordonnée , voisins aviseroient s'il étoit convenable aux inté
le ministre a déclaré qu'il ne pouvoit le remettre rêts de l'état d'arrêter ou de protéger la marche
sur le bureau, et qn'il le feroit transcrire.Cette du roi.
tournure a fait éclore quelques murmures de dé On écrit de Coblentz que les princes ont été
fiance; il a été fait une motion d'ordre pour qu'à un peu étourdis du coup manqué ; mais ils
l'avenir il ne pût arriver aucune surprise de ce n'abandonnent pas pour cela leurs projets , etils
genre , et l'Assemblée a décrété qu'it ne seroit continuent leurs enrôlemens et leurs préparatifa
permis de voter l'impression d'un discours quel , avec plus d'ardeur que jamais.
conque qu'après qu'il auroit été remis sur le
bureau. -

--
Extrait d'une pétition de citoyens de la Loire
- .1P A R I S, le 5 décembre inférieure d l'Assemblée nationale.
Le premier de ce mois un fabricateur de faux Les prêtres insermentés disent qu'ils respec
billets de caisse d'escompte a subi sa sentence tent la constitution; mais s'il est ainsi, pourquoi
de mort rendue par le tribunal du Palais. Un de , obligent-ils, sous peine de damnation, les offi
ses complices étoit mort en prison ; le troisième , , ciers municipaux à donner leur démission ? Pour
qui s'étoit évadé, a été condamné par contumace. quoi ceux qu'ils confessent , ne se rendent -ils
jamais aux assemblées primaires ?Pourquoi n'ont
ils jamais lu an prône les décrets de l'Assemblée
t Les Pays-Bas autrichiens, la Hollande et toute nationale ? Pourquoi la constitution est- elle
à partie de l'Allemagne frontière de la France aussi inconnue dans leurs paroisses que dans les
( 2299 )
déserts de l'Afrique ? Pourquoi ne qualifient-ils Pendant que les tristocrates faisoient rage à la
la garde nationale que d'un vit ramas de nonstres section Saint-André, un sieur Chatelard caba
et de brigands ? Pourquoi ne peut-on , dans les loit à celle de Saint-Martial. Il découvrit ses
paroisses où ils sont encore, se 1nontrer avec la oreilles au point que M. Miller les fit remarquer
cocarde patriotique , sans s'exposer aux risques à tout le monde; Chatelard se pique. .... « Un
d'être assassiné ? Pourquoi enpêchent-ils lenrs commissaire du roi comme lui! , ... .. l'insulter
sectaires d'acheter des donaines nationaux , de jusqu'à la bride ! ... .. » le cas étoit grave. Vite
recevoir des assignats , de recevoir mène la non des pistolets , et le lendemain il va trouver
- noie qui porte l'empreinte constitutionnelle ? M. Miller : celui-ci - l'empoigne d'un bras vi
Pourquoi leur font-ils espérer sans cesse le retour oureux , et le plaque contre le mur ; ainsi finit
de l'ancien régime, les flattent-ils de l'idée d'une a qnerelle des oroitles de M. Chatelard.
invasion toujours prochaine ? Pourquoi décla Mais ce qui est p'us intéressant, c'est de parler
ment-ils contre le mouvel impôt , crient-ils à des deux bataillons de la Charente, composés de
l'oppression , en empêchent-ils la recette et le
recouvrement ? - -
: de 12oo volontaires, les plus beaux honnes
u département, et tous d'un patriotisnue sûr et
On a imputé d l'anarchie la ccssation du bien nerveux.Quand cas braves frères passèrent
aiement des contribuééons. C'est au fanatisme ar Angoulènc, l'es-maire voulut les parguar
qu'il falloit 4'imputer, d ce famatisme qui pèse ans une capucinière ; mais le fauxbourg de
de tout son poids sur le crédit public, ct tend l'Honneau , dont le civisme et le courage *ont
d l'andantir, en faisant perdre anx assignats dans le genre des fauxbourgs Saint-Antoine et
toute confiancc. Les biens nationaux , dans les Saint-Marceau , s'y opposa; et chacun des habi
pays qu'ils infectent, n'ont pas été vendus , ils tans se fit un plaisir de loger un camarade. La
ont été donnés. Et quipourroit consentir à aller brave garde mationale d'Angoulême leur fit aussi
habiter au milieu de ces tigres , à placer sa for l'aecueil le plus fraternel, de sorte que, dans
tume sur des terres , sur des maisons qui sont cette circonstauce encore, l'homme au gros mes
continuellement menucées par eux du pillage et en eut un pied de plus en tout sens.Honneur aux
de l'incendie ? -

bons et honorablus habitans du fauxbourg de


l'Hommeau ! honneur à la brave garde nationale
d'Angoulème !
Angouléme , département de la Charente.
L'aristocratie et le fanatisme se sont coalisés Avis important sur la snspension proposée de
dans cette ville , coumme dans tous les départe paiement des liquidations, et qu'onprie les
mens voisins , pour faire parvenir aux places journalistes patriotes d'imprimer.
municipales des honnes corrompus ; mais l'œil
vigilant du patriotisme a apperçu et déconcerté Les ennemis de la constitution effrayent les
les complots des intrigans et rompu les fils de patriotes créanciers de l'état avec cette suspen
l'intrigue : la probité et la candeur l'ont emporté ! sion. Il est nécessaire de calmer les craintes,
M. Desbrandes a été élu maire, Gn a eu beau 1°. La suspension qu'on demande ne doit pas
coup de peine à déterminer cet honnête et res durer un an ; elle ne durera peut-être pas sit
pectable citoyen à accepter ; mais le vœu prononcé mois , puisqu'elle doit finir au monent où l'on
des honnêtes gens, et le bien public, ont vaincu connoîtra le total de la dette exigible.
sa modestie et applani le chemin que les ennemis 2°. On ne suspendra pas les paiemens au
de la constitution avoient hérissé de leurs épines dessous de 4 ou 5ooo livres ; c'est-là l'opinion
menaçantes. « Oh ! cohme l'hypocrisie a nn pied dominante.
de nez, s'écrie notre correspondant ». Ce pied 3°. Quant aux créanciers de l'état qui ont
de nez est une énigne dont le mot pourra égayer acquis des biens nationaux, et qui seront enu
nos lecteurs. L'ancien maire , que l'aris ocratie échés de payer par cette circonstance , il sera
protégeoit , é oit doué d'un nez énorme , mais si acile de prévenir leur gêne momentannée , ainsi
énorme qu'il étoit connu danstoutAngoulêmesous ue celle de ceux qui ont pris des engagemens
la désigmation du gros nez. Jamrais nez ne donna : rès leur liquidation faute.
lieu à autant de tracasseries , excepté peut-être * les patriotes se souviennent
- --

que cette
les oreilles dont nous allons parler dans l'anec mesure a pour objet d'empècher les possesseurs
dote suivante.
de grands offices ou de dettes considérables,
( 23oo )
presque tous aristocrates, d'envahir , comme ils haine ; mais ce qui n'arrivera jamais : tous ses
l'ont déja fait , les biens nationaux. fidèles citoyens périront plutôt jusqu'au dernier.

Extraitd'une lettre de Saint-Pierre-Martinique, Extrait du Moniteur.


du 1 1 octobre 1791. Il est prudent de suspecter la tolérance que
l'empereur accorde aux princes françois , et le
Nous ne pouvons douter qu'il y a un complot silence que gardent ses ministres.
bien formé de contre-révolution dans les colo L'ordre donné aux énigrés d'évacuer les Pays
nies. Le pouvoir exécutif, Béhague , est le chef
Bas autrichiens ne doitpoint calmer la sollicitude
qui fait mouvoir toutes les machines ; il a con françoise, car il ne s'exécute point; et d'ailleurs
certé avec Clugny , gouverneur de la Guade
loupe, et Gimat , gouverneur de Sainte-Lucie. - il est convenu que les émigrés seront libres de
Ce qui arrive dans ces deux isles est une suite de rassembler leurs armenens d Cologne ,à Trèves
et dans le pays de Liége, etc. L'électeur de Co
leurs combinaisons. Béhague avoit aussi expédié logne est le frère de Léopold ; c'est en dire
la corvette du roi la Perdrixpour Cayenne , avec aSSeZ. • … » .
le même plan , pour qu'on pût frapper à la fois
les mêmes coups dans le même temps ; mais Francfort, le 26 novembre.
l'assemblée coloniale de Cayenne et ses paisibles
citoyens , qui sont pénétrés des bons principes, Des chevaux de remonte viennent d'arriver ici;
se sont méfiés des intentions de Déhague , et ont ils sont distribués dans les campagnes,près de la
voulu connoître le contenu de ses dépêches. Ils ville , et doivent partir aujourd'hui pour Worns
ont en conséquence contraint le gouverneur de ou Coblentz , avec des charriots de munition.
faire voir la lettre que Béhague lui écrivoit. Ce Quant aux livraisons dont quelques particuliers
gouverneur, ne pouvant s'y refuser, l'a montrée. de cette ville sont chargés pour les émigrés , la
ón a été bien étonné d'y voir dix-sept lignes chose est vraie ; c'est un nonmé Ehrmann qui
effacées , mais de manière qu'on ne pouvoit y est le chef de 'entreprise. -

rien déchiffrer. L'assemblée et les citoyens de Rien de plus sûr que l'envoi des canons de
Cayenne avoient eu des avis , sans quoi ils ne Cassel pour les énigrés. On les fait refondre à
s'en seroient peut-être pas méfiés. Ils ont forcé la Manheim. - Notre ville a été requise de livrer
corvette à partir sous vingt-quatre heures, et, quelques pièces d'artillerie , dont elle a effecti
r cette sage précaution , ils ont conservé dans venuent à revendre , aux aristocrates ; mais elle
: colonie la paix dont ils jouissoient. Les a donné un refus absolu. Le roi , instruit de
pièces qui concernent cette affaire ont été en la résolution de notre magistrat, l'a fait re
voyées à diverses personnes de votre place ; elles mercier par une lettre écrite en son non par le
font voir le plan et les combinaisons du grand ministre Lessart,que M. Barozzi a remise avant
apôtre. Il n'est pas possible que ce projet n'ait hier. La ville a déja répondu à cette lettre dans
as sa source en France. Les ministres donnent les termes convenables. En général on a saisi ici
* mouvement dans toutes les possessions fran le bon côté du grand procès qui se plaide : la
coises, et les pauvres colonies sont déchirées bonne cause triomphera certainement.
orsqu'on fait entendre à la nation qu'on travaille
à y rétablir la paix. . Une lettre de Saint-Domingue , que nous
Nous sommes à Saint-Pierre dans les plus avons lue,porte entr'autres faits,que lestroubles
grandes inquiétudes , sans cesse dans la crainte y ont été formés et soutenus par des agens du mi
de nous voir assaillis par le parti des Dubuc. Il nistère ; que plus de cent nègres , qui sont pri
présente Saint-Pierre comme l'hydre dont il faut sonniers , disent qu'ils ont été excités par eux ,
abattre toutes les têtes. Il ne parle que de détruire et qu'on leur avoit promis de les secourir et de
cette ville,parce qu'il y voit ses créanciers et les leur donner des barils de poudre , s'ils vouloient
rélés défenseurs de la mère-patrie. Oui, si Saint continuer de servir la cause du roi. Voilà les
Pierre vouloit devenir traître à la France et se lier termes. Méprisables ministériels ! gens atroces !
avec les planteurs, ceux-ci oublieroient bienôt accusez donc les philantropes , les amis des
toute récrimination, et feroient lesactifice de leur , noirs !
-

- ANNALES PATRIOTIQUES FT LITTÉRAIRES


D E L A F R A N C E,
E T A F F A I R E s P o L 1 T I Q U E s D E L'E U R o P E, -

J O U R N A L L I B R E, par une Société d' Ericains Patriotes ,


dirigé par M. MErcrEn, et par M. Ce « « , un ces 41 teurs.
----

S'il est une vérité inconte stuble, utile à pbier , c'est que tous les 11 ,ubles
- - qui peuvent agiter la l r nce , toutes les iquietudes qui tourmentent les -

citoyens , toutes les résistances que l'exécution des loix pest éprouver
encore , n'existent que par la faute du gouverncment ; que sa conduit e,
ou foible ou perfide , en est la cause unique , et qne tout en France
sera paisible le jour où ie roi et ses ninistres ie voudront. -

(CoNnoncer , aux auteurs du Journal de Paris , no nov. 179 r). - . - - ,

- Nº. D C CX CV I. Du Mercredi 7 Décembre 1791..


A S S E M B L É E N A T I O N A L E. sur l'inportane matière de l'éducation publi
que , et elle a admis les auteurs à la séance. »
Séance du 5 décembre au soir. Un citoyen , vêtu d'une courte veste, ceint
d*
un tablier jaune , et ayant des sabots pour
Nous ne vous louons pas; le culte de la liberté, chaussure, a paru à la barre : « Je viens réclamer :
que nous professons tous , rejette l'adulation. . contre l'amnistie ; j'avois été arrê é le 16 sep
Mais nous félicitons l'enpire d'avoir choisi des ténbre au milieu du champ de Mars , on m'a,
hommes dignes de sa tonfiance. Le décret que renvoyé de prison sans me juger : cette grace ,
vous avez rendu sur les énigrés nous en offre la
dont je ne veux pas , m'a ôté mon honneur et
IIlOIl pain M) .
preuve ; continuez à vous livrer à toute votre
énergie ; si malgré tant d'efforts l'état venoit à
" Le président lui promet que sa demande sera
périr , nous nous ensevelirions avec vous sous prise en grande considération : « qu'il soit invité
Ses ruineS., à la séance , s'écrie M. Lacroix , le temps est
Telle est l'expression, à peu près uniforme , passé , où l'habit seul demandoit et obtenoit
de divcrses adresses lues à l'ouverture de la faceur ». -

séance, et venues des départemens de la Drôme,


des côtes du Nord , de Mayenne et Loire , et L'honnête artisan a pris place, dans son cos
des villes de Tulles , Angers , Viviers , etc. tume , au milieu des applaudissemens. -

L'Assemblée en a décrété la mention honorable Sur un court rapport du conié de marine , et


d'après son vœu, il a été décrété que les mat
au procès-verbal.
- A l'occasion de l'hommage que M.,peintre, tres de gués sont adinissibles aux places de capi
a fait à l'Assemblée d'un tableau représentant une taines de port. t - -

victoire na ale, M. le président a fait la décla , - - Séance du 6 décembre.


ration solemnelle des principes publics de la na
tion : « Votre offre est accepée , a-t-il dit à l'ar Les députés de l'Assemblée coloniale de saint
tiste ; mais désormais la marine françoise offrira Domingue , que M. Brissot a si vienen incul
des sujets plus heureux à yos crayon ... Nos vais pés, n'ont imaginé d'autre dé*nse que de re,enir
seaux ne porteront plus la mort, mais les richesses sur le coup en recriminant , et : lui--
du commerce et les douceurs de le fraternié. mène , non-seulement d'avoir caué les désastres
Désormais, sous le pavillon tricolore, le bonheur de l'isle, mais de surprendre des décrets à As
et la liberté circuleront d'un pôe à l'an re ». se blée nationale. Cet e alléation insol. n e est
L'Assemblée a«reçu aussi le tribut d'un tra ' délayée dans une longue lettre que 'Assemblée,
vail préparé par quelques instituteurs de Paris * a eu la patience d'entende toute entière, et
796
( a3o4 ) . ,
qu'elle a froidement envoyée à son comité co mises sous les yeux du roi par une députation :
lonial. et après une légère contradiction,toutes ces mo
La mention honorable est accordée à une tions ont été décrétées.
adresse de la section de Pari ( dite de Henri IV) L'ordre du jour a amené la discussion sur la
qui , en termes cependant mesurés, s'est permis question de savoir si on suspendroit l'envoi des
de donner quelques leçons aux législateurs , et quatre nuille deux cents hounes , sur six mille
de leur reconmander le respect du pouvoir exé destinés pour Saint-Domingue , et qui sont prêts
cutif. à partir avec un immense convoi de vivres.
Plusieurs lettres et mémoires de M. Cahier , L'affirmative et la négative ont été soutenues
minis re , contenant des demandes de secours avec nne égale chaleur, MM. Dncastel et Ducos
pour des atteliers , et pour des personnes ruinées pensent .. que la suspension des secours seroit
ar des incendi s ou par le derni r débordement attentatoire à la constitution et à l'humanité ,
du Rliône, et autres obiets de son administration , M. Blanchon et plusieurs autres estiment que
sont envoyés aux comités qui en doivent con l'envoi des troupes est une espèce d'assas-inat.
noître. -
Les ravages recommencent , dit M. Goidet ,
M. Pastoret, ancien président de l'Assemblée, et il n'y a point de vivres, ainsi l'envoi ne peut
a reçu en cette qualié une adresse de la société souffrir de retard ; mais d'un autre côté les co
des Wighs consitutionnels d'Angleterre, société lons blancs , déja infidèles au concordat qui les
immense et répandue dans les trois royaumes , a sauvés , repoussent avec détestation l'égalité
des gens de couleur , et v ont peut-être rejetter
formant ce qu'on appelle le parti de l'opposition.
Voici le contenu de cette adresse , traduction ceux-ci dans le parti du désespoir , si ce con
de M. Pas or ct. , - cordat n'est ratifié par la mère-patrie , et si
« La société , après avoir lu la constitution l'exécution n'en est assurée par les forces qu'elle
françoise, a applaudi à la révolution françoise, doit envoyer.
et aux principes inmortels de la constitution Sur la motion de M. Ducastel , l'Assemblée
françoise. --
a divisé la question de la suspension et celle ,
- Elle félicite la nation , l'Assemb'ée nationale du concordat ; puis dé ibérant sur la première ,
et le roi, de ce que le roi a accepté la cons eilé a décréé qu'il n'y a oit lieu de suspendre ,
titution : elle-vote des remercinens à l'Asse n l'envoi des troupes et appro isionnemens.
bée constituante , qui a tiré de l'err ur des pré Deux ménoires sont en oyés par M. Cahier. .
jugés et de l'esclavage , un peuple hospitalier , Il résulte du premier , que la cause occasion-,
généreux et bra e. . - -
nelle de l'émeute de Saint-Omer, où la muni
* Après cette déclaration authentique des senti cipali é a é é en dans er, n'é oit pas une expor
mens de notre socié é, nons proclamons que tation de gra ns , nais bien» un simple transport
du nord au midi de la lFrance.
nous , Wighs constitutionne ls anglois, enfans
de la liberté, nous sommes prêts à sacrifier e second mémoire annonce, que le roi d'Es
notre vie , no r fortune, nos intéêts les plus pagne a fait publ er dans ses états , une céouLE
chers , pour secourir les françois, s'its sont atta Rox A LE, par laquelle il assujétit tons les étran
qués dans leur liberté ; et nous ne nous retire gens qui enrichissoient ses é ats à renoncer à
ons qu'après avoir vaincu la tyrannie et détruit leurs pays , à leuvs toix , à lenrs religions , pour
l'escla age.En fo de qoi nous signons le pré adopter ies siennes; que presque tous les fan
sent ar é é ». Signé Pr 1N eToN , président ; sui çois , répandus dans i'Espagne , ont fui à la
vent une foule de statures. p oposition d'opter entre les galères et le renon
par un autre arréé , l'assemblée des Wighs cenent à ieur a.rie : mais qu'une grande partie
cens 1tutionnels v o e l' nvoi de son arrè é à des soixante-dix mille françois qui étoient en
Assemblée nationale, pour être communiqué Espagne se trou ant dans le fond des terres et
r la ration fran oise et au 1 oi. sans ressource , les consuls et vice-consuls de
: Apès cette iecture , qu'ont interrompu de F ance à Cad » et à Malaga, ont fourni de l'ar
vifs a plaudissenens, i'avis s'est ouvert de toutes gent à ces es inables fugi fs , et qu'ils ontpris,
at , qu'elle fû 1nérée au procès-elral, dans au nom de la F. ance , des engag nens pour
p* deux langues; que le président ffit chagé d'y fêrer les vaisseaux nécessaires à leur passage en
répondre; que l'adresse et la répone fussens en F1 ance.
v,yées aux 83 départemens; qu'elles fussent re Un des vaisseaux que le vice-consul a frêté ,

-
-

« 25e5 ) * - - - -- - - -- - - -

a apporté à Marseille 483 laboureurs qui fuient Cap le 19 octobre, annoncent que les blancs
la terre d- la tyrannie. Le ministre demande que croyant le danger passé , ont voulu se dispenser
1'Assemblée veuille bien lui voter des fonds, de tenir aux citoyens de couleur les paroles
remplir les engagemens de nos consuls en Espa qu'ils leur avoient données. It en est résulté de
gne , et tous ceux qu'ils contracteront pour sem la mésintelligencé et mêune un conbat entr'eux. .
*. CallS6, Sans doute les villes maritimes s'appercevront
L'Assemblée a applaudi avec attendrissement. enfin que le seul moyen de prévenir la ruine
Elle a v oté des fonds pour les françois rentrans, totale des colonies, est de maintenir les concor
une lettre de satisfaction pour les consuls. da s passés , dans ie moment du péril commun ,
- La discussion s'est rétablie sur l'envoi des entre les citoyens de couleur et les citoyens
troupes à Saint-Doningue. M. Gensonnet de blancs ; sans doute ces villes pro oqueront et
mande qu'il soit décrété que les troupes ne seront confirneront à cet égard la décision de l'Assen
employées qu'à réprimer l'insurrection des nè blée nationale. Mais en supposant cette décision
res , et à maintenir l'union entre les colons portée , sera-t-elle exécutée fidèlenent par le
lancs et les colons mulâtres. pouvoir exécutif ? et les agens de ce pouvoir
M. Brissot opinoit pour qu'un des objets de seront-ils choisis par lui tels que l'exigeroit le
leur mission fût le naintien du concordat , et le salut des colonies ? S, la cour y envoie, conne
maintien des gens de couleur dans l'é at où à l'ordinaire , des aristocrates , la ruine de ces
ils étoient entre le décret du 15 mai et celui du riches établissenens est consommée et notre com
23 septenibre. merce naritime ruiné. -

Ce dernier avis a éprouvé une longue et vive


contradiction : le président ayant mis aux voix la Maubenge, le 28 novembre.
priorité, trois épreuves successives n'ont pu faire
connoître le vœu de majori é, et le bureau n'est Des patriotes brabançons furent admis, le
pas parvenu à s'entendre. Cette discordance a 18 septembre 791 , à la séance de la socié é des
gagné l'Assemblée elle-même ; une heure en ière aunis de la constitution de Maubeuge : M. Ro
a eté perdue en débats et en personnalités : c'étoit ohanbeau fi s, maréchal de camp , alors prési
du feu sans lunière. Enfin le bureau ayant re dent de cette société, leur fit la réponse sui
connu que la priorité apartenoit à l'opinion de Vante : -

M. Brissot, des voix dé ordonnées ont demandé, - « Messieurs les patriotes , vous saviez appré
les unes l'appel nominal, les autres l'impres ion. cier la luberté, vous la desiriez , et des évène
La confusion est devenue extrêne , et a rappellé inens malheureux vous ont privé de sa conquète.
à la nénoit e ces jours de chaos où le défun côté Les ants de la constitution fançoise enbrassent
droit se rouloit en flux et en reflux pour désor le monde en ier dans leur systê ne de hilantro
ganiser l'Assemblée constituante. On a en endu pie , et c'est à ce titre , messi urs, qu'ils espè
pàrler d'une protestation qui atloit , disoit-on , rent qu'en retournant dans votre pays vous y jet
être mise sur le bureau. Le président a arboré, terez le germe de nos projets bienfaisans pour
en se couvrant , le signal de détresse. Aiors la qu'ils y produisen une récolte abondante ».
dbuleur universelle a pris le dessus sur l'efferves Elle fut impri née nar ordre de la socié é; mais
cence, et après un accrossement graduel des hu le gouvernenent des Pays-Bas autrichiens, prompt
meurs , l'Assemblée s'est séparée en ajournant la à s'alarmer , a conçu de l'ombrage de cette ré
question à demain. ponse , et l'a rega dée conne un libelle incen
daire. It s'est adressé au ministre de l'in éricnr
P A R I S. pour avoir des rens-gmeunens sur cet objet ; le
iuinistre a interrogé les corps administratifs du
Un citoyen nouvellement arrivé de Saint département du nord : les officiers municipaux
Domingue , d'où il est parti le 17 octobre der doivent en dresser procès-verbal ; et telle est la
mier , apporte de nouveaux détails sur les mai réponse de la socié é des amis de la constitution
heurs de cette colonie. Il les considère comme à ces deinandes bizarres et rndcules.
l'effet d'un conlot concerté avec les aristocrates
de France , exécu'é par leurs émissaires et leurs A M1 M. les offciers munic par de Mau
complices à Saint-Douningue. beuge.
-

D'autres avis apporté» par un navire parti du


--
Par quelle étrange curiosité le gouvern nent
( 23C6 )
général des Pays-Bas autr chiens ose-t-il faire ![ une cavalerie, la plus nombreuse qu'il leur sera,
des recherches inquisitoriales sur le résultat de - possible de former , que les princes Franço s re
os Drocédés ? - - - - s - -- . - belles espèrent franchir nos frontières et s'éver
: * libre , depuis la révolution , ne tuer dans l'intérieur; c'est avec des piques que ,
reçoit la loi d'aucune puissance étrangère , etdes
le nous repousserons facilement cette caracade de
- ministre de l'intérieur n'est pas à la hauteur chevaliers errans. Deux rangs de fufils et de
loix nouvelles quand il qualifie du mot libelle un bayonnettes en avant de nos colonnes ; le fond
uvrage si : - a -
de ces colonnes, dans une grande profondeur,
*: la constitution de Maubeuge sont garnies de piques et de faulx ; nos bra es arl--
les amis de l'humanité ;,ils ont rappellé leurs leurs et canoniers, disposés habilement avec leurs *
principes aux patriotes Brabançons qui ont as canons dans les inter a'les des colonnes en
sisté le 18 septembre à leur séance ; ils leur ont tr'elles ; un pas cadencé qu'on peut apprendra
dit qu'ils fermoient un insant les yeux sur leurs en hnit jours de temps aux hahitans des campa- *
malheurs passés , mais qu'ils leur présageoient gnes arnés de piques et de faulx , et conpoant
leurs succès à venir. Oui , messieurs, les prin en partie ces colonnes : voilà le : précautions
cipes qui dirigent notre gouvernement représen qu'il faut prendre , et dont les militaires patrio
tatif seront des fanaux suffisans pour les peserver tes sentiront toute l'im ortance et le be oin. .
du naufrage, et le livre sacré de nos loix philo Qu'on lise dans l'histoire de Charles XII ( tome
sophiques sera un jour ouvert au monde entier. t , liv. 3 , pages 1 1 o , 1 1 2 , r 13 ) , le récit de
Telles sont, messieurs, les opinions qu'ils se la fameuse journée de Punitz dans le palatinat
font gloire de professer, et l'insolence du gouver de Posnanie; on y verra que l'armée Saxone de
nement des provinces belgiques est poussée à l'ex Schulembourg , composée de huit mille fantas
trême quand il prétend trouver mauvaise l'ex sins de recrue , qui n'avoient jamais vu de '
ression franche et amicale de nos sentimens sur guerre, se défendit courageusement et avec suc
e sol qui nous a vu naître , sur-tout dans l'ins cès , à l'aide des piques , contre la cavalcrie
tant où il a l'impudence d'appercevoir difficile de don Quichotte du nord , premier du nom ,
ment le rassemblement hostile des officiers fran Charles XII, et contre l'élite des généraux sué-. .
çois réfugiés à Ath , parjures à leurs sermens et dois. Les soldats extrémement serrés ( c'est le
rebelles à la loi de leur pays. - - - grandpoint), dit l'historien , présentoient aux
Telle est la réponse que le ministue de l'inté chevaux des ennemis une espèce de rempart
rieur auroit dû faire , au non de la nation fran hérissé de piques et de bayonnettes. Les
çoise, à la réclanation indiscrète du gouverne coups de piques effarouchoient les chevaux, qui
ment des Pays-Bas autrichiens , et nous vous se cabroient, au lieu d'avancer. Par ce moyen
prions , messieurs , de lui en faire passer une les Suédois n'attaquèrent qu'en désordre , et
copie fidelle, afin qu'elle serve à régler sa con l'armée de Schulembourggardant bien ses rangs,
duite fature. Signés , D. M. J. Rochambeau , traversa l'Oder , après trois heures de combat ,
Lambert, Lucq, Soyer,Giroux, Gauliez, Beru, sans pouvoir être entamée. C'est avec des lauces
Philippe , Deflers, Dalmas, Bocquet, Rose, et ou piques , que les Moscovites, en 17o9 , mi
un grand nombre d'autres signataires. rent en déroute l'armée de ce même Charles XII,
à la fameuse bataille de Pultava ( ibid. liv. 4 ,
Moyen de défense contre la cave lcade des pages 1 86 , 191 ). Tous ces exemples, auxquels
chevaliers errans d'outre l' hin . on peut ajouter , pour les François , l'amour
de la patrie et le courage que donne la liberté ,
La cour des Tuileries peut avoir aujourd'hui, | confirmnent assez la valeur de nos moyens de dé
par force, les meilleures intentions du monde ; fense par des piques, et nous assurent un triom
mais comme ces intentions ne sont pas encore
-
phe conplet. Qu'aucun district de l'enpire ne
suffisamment prouvées par des faite, et que l'expé balance donc à faire forger au plutôt des piques,
rience a dû nous rendre sages , défians et vigi qnand même cette fabrication dvroit se faire aux
lans jusqu'à la fin , mous ne cesserons donc pas dépens des conmunes. Ma voix se perdra-t-elle
de tenir les bons citoyens sur le qui vive, et dans le désert ? je ne le crois pas ; car un grand
de leur prêcher à grands cris la fabrication très
nombre de vities et de villages ont déja donné ,
prompte et très-multipliée des piques. C'est par l'exemple de cette fabrication. C.
-

* -

--
ANNALEs PATRIOTIQUEs: NC
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ET ELITTÉRAIREs
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ET A r r A 1 R E s p o rr f o UE s DE LE ux oP E,
y o v R NA L L 1 B R E, par une socié d'Eerivains Patries,
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- dirigé par M. Msncren , .et par
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M. CaRna,
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un des Auteurs.
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- S'ilqui
estpeuvent
une vérité incoatesubie,
agiter nuile àles
a l' r nce, toutes publier , c'est que
inquiétudes qui tous les troubles
tourmentent les ,1 . . --
-

-- citoyens, toutes les résistances que l'exécution des loix pevt éprouver -

- -- - encore , n'existent que par la faute du gouvernement ; que sa conduite, -

- - - ou foible ou perfide , e - est la cause unique , et * tout en France . .. . -

- - - sera paisible le jour où le roi et ses ministres le voudront. - -

-
- - -
" , ( QorpaRqET, anx anteurs du Journal de Paris, 1 o nbv. 179r). ---- ---------→- -
--

- * - - _ . .. * s* 1 e nt . i » - : -- 1 - . - - . "
- : - --
- - - No. --
p c cxcvri p |
Jeudi 8 Décembre : 79
-- c. 1 r »! -- , -- .
,-- , -- -

* As s EMB L ÉE NAT 1oNAL E. u'il sera recommandé aux administrations de


r - -
veiller à llqrdre public. - -

: ... " ... - Séance du 7 décembre... - - On a admis une dé outation de plusieurs citoyens
- a - -- * - - - ,
- i, r . * ! -- individnels de la Martinique, qui, la preuve en
Le mouvement qui s'est passé hier à la fin de main , accusent l'asseublié coloniale, les anciens
la séance n'étoit pas , comme on l'a craint , une : députés-de- isles à l'Assemblée constitnante ,
menace, de protestation , mais seulement une | les diers agens du pouvoir de s'être coalisée
demande afin de comité général. Ce fait est vé contre les décrets régénérateurs, et les commis
rifié par la rédaction du procès-verbal, et nous : saires civils d'avoir fa orisé , au moins par leur
nous hâtons de le rétablir pour tranquilliser les foiblesse , les plus coupables cornplots.Voici ce
bons citoyens , qui ne doivent rien craindre tant qu'écrivoit un sieur Longepierre, député ex
:le scandale d'une scission dans l'Assemblée | Araordinaire t cx Peut-être au mement où cette
égislative., , " . 1 * , * - _ - _ -- 1 - _ - ' r | le tre vous parviendrtsnrez-vous aux Anglois.
--
--

, Plusieurs adresses, lues à l'onverture de la ! gleterre des


li faudre mesures pnuoempêcher le roi d'An
d'exiger les dix-sept cent mille livres
séance d'aujourd'hui, apportent des félicitations : que M.lubuc doit antrésor de France ». : .
à l'Assemblée sur la fixité de ses principes, nne , e : L'orateur a terminé en suppliant le corps lé
dénonciation nouvelle contre M. Duportail , et gislatif de ne confier qu'à des chefs patriotes
un dénenti formel à M. Bertrand , sur les faits |
qu'il a trop hardiment articulés pour sa défense. .| l'exécution deses décrets.On a admis les députés
à lassésnce , et envoyé les pièces au comité
On envoie an comité des secours une pétition colonial. - 1- .' - -- : * - - -- -

demadame Laroche, veuve d'un brave officier, L'Assemblée a accepté l'hommage que lui fait
ci-devant appellé de fortune , qui s'étoit , dit M. Jeanson , célèbre nusicien , d'un oeuvre fu
on, trouvé à qnarante-sept affaires , et qui étoit nèbre pour la mémoire de Mirabeau.
couvert d'honorables blessures , toutes
.. .. or - . : o -
reçues Elle a approuvé la réponse suivante, que M. le
par devant. . r - --

Président a faite à l'adresse angloise :


" M. François observe que la messe de minuit Aux Wighs constitutionnels anglois , enfants
pourroit servir de prétexte à quelques attroupe * r . * - .. de la tibèrté
nens de malfaiteurs , et demande s'il ne seroit -- ... .- - - l - -
-

pas expédient , de remettre cette solemnité au - ce Messieurs, i'ai présenté à l'Assemblée natio
point du jour.*M. Dubay *épo ue les mal nale 'adresse dans laquelle sous jurez alliance et
veillans accuseront 1'Assemblée de toucher an prorection aux citoyens françôis ; elle ena voue
culte. On a passéà l'ordre du jour, en décrétant l'envoi au roi et à toutes les sections de l'empire :
797
( 23o8 )
enfin elle n'a chargé de vous témoigner sa recon , Bientôt paroissent quatre ministres, MM. Du
noissance. pont , Tarbé, Cahier et Narbonne. Ce dernier
Telle est la solemnité qu'elle veut donner à exprime les motifs qui l'ont déterminé à accepter
l'alliance qui va exister entre la liberté angloise le ministère. cx Mon attachement à la personne
et la liberté françoise.Le traité qui la consolida du roi et à la constitution , ce sentiment, qui
à jamais a été négocié par l'inspiration seule de n'en fait maintenant plus qu'un pour tous les
la vertu, les bases en sont simples comme la vé bons François , me faisoit encore la loi de ne
rité , elles seront éternelles comme la raison. point refuser ». Il termine par promettre d'exé
Puissemt-elles être le présage de la paix univer cuter les loix qui le concernent avec le zèle que
selle du genre humain! ! paix qui doit faire tomber lui inspire son amour pour la constitution et
les préjugés cruels et le bandeau de l'erreur. pour les principes de l'égalité civile.
Salut à l'antique société des Wighs !! salut à Ce discours a été accueilli d'applaudissemens,
vous, innombrables défenseurs de la liberté !! La etsera mentionné , imprimé et distribué.
France accepte vos vœux ; elle reçoit de vous le La discussion se rétablit. M. Ducastel impugne
grand exemple d'un amour impérissable et sans leprojet de M. Brissot, comme étant d'une part,
nuélange pour la libérté de son pays. dit-il , inexécutable , le concordat n'ayant été
Vous vous êtes unis éternellement pour la
| liberté; votre société en est le ferme soutien.
accepté que d'une partie de la colonie; et d'autre
part , comme touchant au décret constitutionnel
C'est par de tels ressorts que les conspirations sont du 24 septembre. Il conclut à la rejection du
anéanties, que les états sont impérissables , et projet , et subsidiairement à ce que la discussion
qu'au milieu des plus furieux orages de la poli soit ajournée jusqu'après le rapport du comité
tique, un peuple peut sortir du naufrage debout, colonial. On ordonne l'impression du discours.
au milieu de ses loix », Signé, le président de Vous arrêterez-vous, s'écrie M. Ducos,à des
l'Assemblée nationale fins de non-recevoir , dont la première est tout
En passant, suivant l'ordre du jour , à la dis au plus une chicane de palais , et n'écouterez
cussion du projet de M. Brissot, l'Assemblée a vous pas de préférence la voix de l'humanité, qui
décrété, sur la metion de M. d'Aveyroult , que vous crie de laisser les sens de couleur unis
le niaistre de la marine seroit requis de déelarer,, | aux colons blancs et se * par un commun
séance tenante , s'il est vrai que l'assemblée colo effort plutôt que de s'entredéchirer ?
aiale de Saint-Domingue a envoyé près les états M. Gensonet propose une rédaction nouvelle,
de Pensylvanie un agent avec des pouvoirs aussi concertée,a-t-il dit,avec M. Brissot.On l'écoute
étendus que le seroient ceux d'un ambassadeur. : et on l'applaudit.
, M. Brissot a développé les dispositions de son | « L'Assemblée nationale , considérant que
projet de décret ; il est d'autant plus urgent de l'union entre les blancs et les hommes de couleur
statuer sur le sort des colonies que le gouverneur libres, a contribué principalement à arrêter la
Blaiichelande a déja manifesté la volonté de vio révolte des nègres à Saint-Domingue ; -

ler le concordat en ordonnant , par une procla Que cette union a donné lieu à différens ac
mation , aux gens de couleur de mettre bas les | cords entre les blancs et les hommes de couleur ,
411'68. - i - r -

et à divers arrêtés pris à l'égard des hommes de


, M. Garan est monté à la tribune pour deman couleur les 2o et 25 seprembre dernier par l'as
der la ratification du concordat : La déclaration semblée coloniale séante au Cap ;
des droits, a-t-il dit, est pour les Françoisd'Amé Après avoir délibéré l'urgence, décrète que le
fiqué comme pour les François d'Europe. . - roi sera invité à donner des ordres , afin que les
- TLa justice et la raison n'ont pas deux mesures; forces nationales destimées pour Saint-Domingue
la constitution et l'humanité repoussent l'aristo ne puissent être employées que pour réprimer
cratie des couleurs. Eh ! de quel front enverroit l'insurrection des noirs , sans agir directement
on nos soldats soutenir des despotes, et river les ni indirectement pour porter atteinte à l'état des
chaînes au nom d'un peuple libre ? - hommes de couleur libres , tel qu'il étoit à Saint
L'impression de ce discours est ordonnée. - , | Domingué à l'époque du 25 septenbre dernier ».
Un billet du roi annonce à l'Assemblée la no - Un incident s'est éle é à l'occasion d'iun léger
-4mnation de M. de Narbonne au ministère de la | amendement
e
A*: par M. Lacroix , le roi
guerre. Décrété que le billet sera inséré au pro fera donner des ordres , au lieu de ces mots, le
eès-verbal. roi sera invité,. , , - . . - n. -, r» * . . .. -- » *
-
----

( a3c9 )
Le ministre de la justice a demandé la parole , vent point encore se désister des mesures coa
comme s'agissant de formule des loix, objets de certées entr'elles, mais se tenir en observation ,
son ministère : il pense que l'amendement pro et faire déclarer par leurs ministres respectifs à
posé est préférable. Un bruit s'élève pour con Paris, que leur coalition subsiste, et qu'elles
tester la parole au nuinistre ; MM. Lacroix et seront prêtes à sontenir de concert, en toute
Isnard soutiennent que les : agens du pouvoir occurence , les droits du roi et de la monarchie
exécutif ne peuvent être admis à discuter au mi françoise ».
lieu du corps législatif. M. Duport a justifié ses Observ. Si on rapproche de cette déclaration
observations précédentes en démontrant qu'elles autrichienne les évènemens qui se passent aujour
étoient dictées par la fianchise, qu'elles pou d'hui en France et dans la capitale, on verra
voient être utiles , et qu'elles tenoient même à clairement qu'il existe un plan perfide de contre
sa responsabilité personnelle. On a passé à l'ordre révolution , tramé entre la cour de France ct "
du jour après une longue oscillation. celles qui lui sont unies par des pactes defamille.
M. Girardin a fait la motion que le décret En effet, les prêtres séditieux excitent le trouble
d'urgence fût rétracté, et que le projet de MM. impunément dans toutes les parties de l'empire.
Brissot et Gensonnet fût converti en simple in Le ministère, lien loin d'aser de la force exécu
vitation au roi. Après cinq épreuves, des débats, tivé pour réprimer les auteurs de ces troubles ,
du bruit, la motion de M. Girardin est décrétée. semble les encourager par diverses manœuvres ,
et notamment le sieur Lessart, ci-devant ministre
de l'intérieur, par sa lettre circulaire qui a servi
P A R I S, d'étendard de révolte aux conjurés de * Des
Grande déclaration de la cour de Vienne aux libelles, des journaux soudoyés sont répandus
gratis dans tous les départemens pour décrier
puissances étrangères , publiée , d'ordre du l'Assemblée nationale et appeller la proscriptioa
oomité autrichien, par le sieur Cerizier, ré contre les sociétés des amis de la constitution.
dacteur de la Gazette universelle, ci-dcvant Le veto est apposé au décret contre les rebelles
patriote hollandois, et de présent soi-disant - d'outre Rhin , à cette loi qui , sanctionnée , eût
patriote francois, prdneur en titre des minis suffi pour dissoudre et dissiper totalement le pari
tériels, des Janus*: des princes des princes révoltés. Des placards et des émissaires
oolons séant à l'hdtel de Massiac, et de
tous les amis de la liste civile présens et d sont répandus dans les villes maritimes pour y
aenir , etc. etc
aigrir le sentiment des maux qui causent les dé
sastres des colonies , et accuser de ces désastres
* « Sa majesté impériale fait part à toutes les la révolution de France et les plus zélés défen
cours auxqnelles elle a envoyé la première cir seurs de la liberté , tandis que ces désastres et
culaire , datée de Padoue , o juiller , en y ajou - les calamités qu'ils entraînent pour le commerce
tant maintenant la Suède , * Danemarck , la de la métropole ne sont que l'eiffet de la tyrannie
HoRande et le Portugal , qure l'é at du roi de des agens du pouvoir exécutif dans les ale, le
France qui donna lieu à ladite circulaire étant produit des manœuvres des aristocrates de France,
changé , elle croit devoir manifester aux dites coalisés avec des colons perdus de dettes, et enfin
puissances sa façon de penser actuelle ; sa na l'effet naturel de l'oppression que les blancs ont
jesté impériale croit que l'on doit regarder voulu continuer d'exercer contre les citoyens de
Connnn1e * le roi de France , et par conséquent couleurs libres , seuls et véritables défenseurs
son acceptation et tous les actes qui en sont en des colonies, seuls et véritables gardiens des mil
suivis comme valides; elle espère que l'effe de liers d'esclaves parqués dans ces isles, les seuls
ladite acceptation sera de ramener le bon ordre enfin qui puissent garantir la soumission des
en France , et de faire prévaloir le parti des per malleureux noirs , qui se révolteront toujonrs
sonnes modérées , selon le vœu de sa najesté lorsqu'ils verront leurs maîtres mulderes se que
reller et se battre avec leurs nattres bltncs....
très-chrétienne ; mais conune les espérances du roi
pourroient, contre toute apparence, être trompées, Dans la capitale que voyons nous ? Tous les
et que tous les desordes de la licence et les excès germes de la discorde y sont semés chaque jour
de violence à l'égard du roi pourroient se renou à pleines mains , de zélés patriotes de l'Assem
veller, sa majesté isnpériale croit que toutes !'es blée nationale ont été insultés par des spadasins
puissances auxquelles elle s'est adressée ne doi dès les premiers jours de sa session, les placards
7 ( a3io )
les plus injurieux ont été affichés jusques sur les de l'établissement subit d'une république dans un
murs du lieu de ses séances, les journaux minis vaste empire habitué pendant plusieurs siècles à
tériels se sont coalisés avec les journaux aristo l'allure monarchique : iis conservèrent la monar
cratiques pour avilir cette Assemblée des vrais chie, et accordèrent le trône, vacant par la dé
représentans de la nation. Les mêmes moyens sertion du làche Jacques II, à une dynastie étran
sont employés avec un acharnement incroyable gère. Ils accrurent par ce moyen leurs forces de
contre les sociétés d'amis de la constitution ; des toutes celles de la Hollande : l'empire se rallia
spadassins, des coupe-jarrets, se répandent dans sans peine autour du nouveau roi, et l'Angleterre
les cafés, dans les lieux publics ; ils se disent , - huamilia le superbe LouisXIV , qui avoit embrassé
çomme Royou, les amis du roi ; ils provoquent, - le parti de Jacques le fuyard.Jacques mourut, et
iis insultent les patriotes. Quel est le but de - ses de cndaus se sont éteints dans l'infamie et
toutes ces manœuvres? c'est d'aigrir les esprits , presque dans la nuisère. -

de provoquer des nouvemens populaires , pour C'est l .. Narbonne qui a été nommé pour
pouvoir dire ensuite : « Vous voyez que les fac remplacer le niuistre Dnportail d la guerre. Bien
ticux sont les maitres , vous voyez quc la ma des gens pensent que Mi M. Narbonne et Lessart
j sté du trône est compromise, que cette cous chasseront à merveille ensemble ; que tout ira
titution est mauvaise,puisqu'elle ne peut con comme ci-devaut dans leurs départemens, et que
tenir les factieux»;puis à la faveur des troubles Ml. Cahier-Gerville, nis d l'intérieur, n'est là
et sous prétexte des troubles , surviendra ce que comme de la poudre jettée aux yeux des ba
qu'on appelle un enlèvement du roi et de safa dauds : cette poudre n'empêchera pas les patriotes
mille, et les princes rebelles se trouveront réunis d'y voir clair et de se tenir eu garde.
au roi ; maîtres de sa personne et de l'influence
qui est attachée à son nom , ils rassembleront Ausx auteurs des Annales.
autour d'eux tous les ministériels, les intrigans
ci-devant patrio es, les soi-disant monarchistes. Longuyon , le 2 décembre
'an III de la liberté,
Alors l'empereur et le roi d'Espagne , liés à la
cour de France pàr des pactes defamille, agi Un mouvement général se fait sur la frontière
ront à découvert avec leurs alliés, pour soutenir autriclienne. Il y a à Virton, village d'Empire,
les droits du roi et de la monarchie francoise ; des préparatifs pour un cantonnement de dix
la mation sera attaquée au nom du roi, et la lutte mille lonmes. Un déserteur françois, qui vient
entre la révolution et la contre-révolution s'en- de quitter ces vils satellites pour venir jouir dans
gagera. . - . - - • ' . - sa patrie des bienfaits de la liberté, nous assure
Mais que la cour, les intrigans, la noblesse, les que d'ici à quinze jours l'on attend dans le
ministériels et le clergé réfractaire y prennent Luxembourg un corps de vingt milie hommes
garde ; la nation aura pour résister etpour vaincre | qui doivent passer ler quartier d'hiver à Gr*
sa masse indivisible, ses forces inexpugnables, maker, Arlon et Neuf-Château.Les émigrations
des alliances nationales, à opposer aux pactes continuent avec plus de rapidité que jamais ; les
de famille et à la ligue des tyrans : si jamais son fanatiques s'agitent en tout sens pour semer la
trône ... constitutionnel étoit déserté, ce trône division ; les prêtres étrangers même viennent
pourroit devenir le gage et le prix d'une grande jusque dans nos foyers allumer le flambeau de la
alliance nationale qui, doublant les forces de la discorde : il y en a un ici dont on instruit le
France , suffiroit pour imposer la loi et la paix à procès, qui est accusé d'avoir offert de l'argent
l'Europe , et pour faire repentir les cours de à des dragons du régiment ci-devant Dauphin ,
,Vienne, de Madrid et leurs alliés des secours ! qui sont détachés sur la frontière, pour le suivre
, qu'elles accorderoient aux Bourbons rebelles.En en Dmpire ; mais le chef de ces braves dr ons ,
. a688 les Anglois, foncés de défendre leur liberté : à emx , l'a arrêté et dénoncé au tribunal.
contre le tyran Jacques II, se gardèrent bien de os aristocrates sont d'une joie étonnante, et
se livrer à un nouveau Crouwel ; ils avoient répètent souvent ces mots, post gaudium luctus.
éprouvé tous les dangers et tous les inconvéniens l'atriotes,veillez ! ' . - ,- , --
--

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- __

--
- - -- -- * - -- , -- -- - , --- -

, Page 23o5, ligne 4o , première coloane , accroissement ; lisez accoisement. - --

r - - r - -- - _ ---- - r - -- - - . - - - --
- - - -
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ANNALES PATRIOTIQUES ET LITTERAIRES ,


DE LA F R A N C E,
ET A F F A I R E s P o L I T I Q U E s D E L' E U R o P E,
J O U R N A L L I E R E, par une Société d'Ecrivains Patriotes ,
dirigé par M. MERcI ER, et par M. CARRA, un des Auteurs.

S'il est une vérité incontestable , utile à publier, c'est que tous les troubles -

qui peuvent agiter la France, toutes les inquiétudes qui tournentent les
- citoyens , toutes les résistanccs que l'exécution des loix peut éprouver
- - encore , n'existent que par la faute du gouvernement ; que sa condui o,
ou foible ou perfide , en est la cause unique , et que tout en France
sera paisible le jour où le roi et ses ministres le voudront.
(CoNDoRcEr, aux auteurs duJournal de Paris, 1o nov. 1791.)

No. 1D C C X C V I I I. Du Vendredi 9 Décembre 1791.


ASSEMBL É E N ATI ON A L E. qui laissoient penser que l'assemblée coloniale
pensoit traiter de puissance à puissance ».
Séance du 8 décembre. Ces notes sont adressées par les ministres des
affaires étrangères et de la marine à l'Assemblée »
Us pygmée qui oppose toute sa personne à qui les envoie à son comité colonial. .
un torrent débordé, le petit M. Duval préten - L'ordre du jour appartenoit à la matière des
dant tenir tête à la nation françoise , ce sont finances. Plusieurs membres de l'Assemblée sont
deux choses démesurément risibles. Nous avons montés à la tribune pour. représenter l'étrange
vu ce matin une petite extravagance de même rareté et cherté du numéraire. M. Tarhé a de
aloi : c'est une lettre écrite à l'Assemblée matio mamdé qu'il fût décrété qu'il seroit fabriqué des
nale par un individu , soi-disant Anglois , qui assignats de 25 livres, 5o et 25 sous , ajour -
a la bonté de se mettre à la traverse de l'opinion nant à lundi la question sur les assignats de
pubtique, et de prévenir les législateurs contre ro sous , et chargeant le comité des finances de
une méprise qu'il croit dangereuse : « Gardez fanre un rapport sur la somme et les proportions
vous , leur dit-il, gardoz-vous, pour le bien de de ces diverses fabrications , et sur les moyens
la pnir , de donner trop d'importance et de de répartitions dans les départemens.
publicié à i'adresse des Wighs constitutionnels : M. Canbon a v o'é pour que l'on décrétat d,
à présent une fabrication de deux cent milions
c'est un club pen nombreux ; il jouit en Angle
terre d'une médiocre considération. ». L'As d'assignats de 1o et de 25 livres ; et cette idée ,
semblée n'a pas voulu en entendre davantage ; appuyée par M. Merlin , a obtenu la priorité , et
les risées du mépris ont accueilli l'avertisseur a étépromptement décrétée. Ensuite, sur le vœu
bénévole. -- - -- des mêmes opinans, on a ajourné à trois jours les
- Adresses individuelles de plnsieurs milliers de questions suivantes : "… ) -

citoyens de Dijon , de Strasbourg, de Bôrdeaux, Savoir, « s'il y aura des assignats au-dessous
ui félicitent l'Assemblée législative sur la pu de 5 livres ? quelles en seront les fractions : et
reté de ses principes et la vigueur de ses dé comment on fera , dans les départemens , la ré
crets. -
partition de ce papier petite-monnoie » ?
- M. de Tournan , ambassadeur de France près Une voix s'est fait entendre, qui proposoit de
des états-unis d'Anérique , a fait passer des réduire la dépense qu'entraînent la signaure et
notes , desquelles résutte la certitude « que l'as le numérotage des assignats. L' Assemblée a re,
semblée coloniale deSaint-Domingue a envoyé, voyé cette motirn à l'examen dn cornité … -- *
s des Etats-unis , un fondé de pouvoir , M. * lettrc du commissaire à la caisse de l',
oustan , avec des lettres.de créance en termes traordinairs annonrr que demain-vendredi il sera
798
( 2312 )
brdlé pour quatre millions d'assignats provenus prend que sa nission s'est bornée au seul compte
de la rentrée des aliénations nationales. général imprimé au 1er mai 1789. M. Dufresne
se chargea * des comptes postérieurs , à-
commencer par celui du 1er mai 1789 au 1er mai
- -
P A R 1 s. 179o.
Nous avons annoncé dernièrement que le dé Rochefort, le 3 decembre 1791..
cret rendu contre les prêtres séditieux étoit ou
devoit être sanctionné , c'est une grande erreur, Les citoyens composant la société des amis
tout indique au contraire que le roi dira veto , de la constitution d Rochefort, à Pétion ,
maire de Paris.
ou que du moins il attendra l'expiration du délai
de deux mois que lui accorde la constitution pour S A L U T,
prononcer. Déja on fait jouer les grandes ma Brutus délivra son pays du despotisme , et le
rionnettes pour préparer les esprits à ce veto peuple reconnoissant l'éleva à la magistrature ;
qui enhardira les rebelles de l'intérieur, comme tu as combattu avec le même conr.ge pour la
celui sur la loi des énigrans a encouragé les re liberté du tien , tu as brisé de la nèune nanière
belles d'outre Rhin. Une action qui devient le sceptre de la tyrannie, et il étoit juste que
énigmatique quand on y voit coopérer MMI.Tal tes services fussent également récompensés. En
leyrand, ci-devant évêque d'Autun, et la Ro quelque lieu que tu eusses fixé ta demeure ,
chefoucauld, c'est la pétition individuelle que . l'estime publique eût investi ta personne, et la
dix membres du département de Paris viennent reconnoissance t'eût décerné la couronne civique.
d'adresser au roi, pour lui denander l'apposition " Si tes vertus , si ton incorruptibilité font pàlir
de son veto au décret contre les prêtres aristo les partisans de l'aristocratie , c'est qu'ils sont
crates et séditieux. Que ces messieurs indiquent aussi lâches que vicieux ; les vrais patriotes ap
doncà la nation un moyen de réprimer les trou plaudiront toujours à ton élévation , et la posté
bles excités par ces prêtres, et qui sont intime , rité ratifiera leur jugement. Reçois les vœux que
memt liés aux projets des ennemis extérieurs de | nous formons pour ta prospérité.
la patrie. C'est ce qu'ils ne font pas dans leur Pour copie. Esprit Baudry , président.
longue épître au roi,.et ce qu'ils auroient dû
faire cependant pour éviter les justes soupçons
que peut faire naître contre eux leur étrange zèle Déclaration faite par M. Roux, curé de Saint
à protéger ces implacables, ces dangereux enne Michel-de-Dèzes , le 23 octobre , 79r. -,
-
-

-
mis qui déchirent le sein de la patrie, et sènent L'an mil sept cent quatre-vingt-onze , et le
la division parmi ses enfans au moment où leur
union devient pius nécessaire pour résister aux vingt-troisième jour du mois d'octobre apès midi,
ennemis extérieurs qui la menacent. devant nous , notaire royal, et les témoins sous
signés, est présent M. Joseph Roux , prêtre et
curé de la paroisse de Saint-Michel-de-Dèzes ,
M. Danton vient d'être nommé substitut du lequel sachant avoir étéinstruit qu'il y a d'inséré
procureur-syndic de la commune. dans un courier intitulé le Journal général , en
Les princes colons et députés extraordinaires date du 7 octobre , ces mots : « De Langogne,
de la colonie de Saint-Domingue , composans le le 24 septembre. Les protestans des Cévènes sont
tripot politique de l'hôtel de Massiac, effrayés de toujours arrogans et républicains.A Saint-Michel
l'accusation de haute trahison portée , par le ci de-Dèzes, ils ont chassé le curé et protesté qu'ils
toyen Brissot, contre l'assemblée coloniale de n'en vouloient point d'aucune espèce : ainsi les,
cette islé, ont répandu et affiché des milliers de pauvres catholiques, en nombre inférieur , sont
placards injurieux contre cet austère patriote : le privés de tous secours spirituels. Jusqu'à quand
public indigné à déchiré les placards. nos malheurs dureront-ils »! Et comme cet exposé
est des plus faux , ledit sieur Roux , curé, dé
M. Burté, cet excellent citoyen, dont nous clare par cet acte que , bien loin d'avoir été
avons cité le mémoire , lu à la société des ja - chassé , ses paroissiens protestans lui ont assuré
cobins , dans notre numéro 788 , et que nous leur protection en cas de besoin, offrant même
avons dit avoir composé et rédigé les comptes d'en faire la preuve , s'il est nécessaire ; décla
rendus signés Necker et Dufresne,- nous ap- 1 rant en outre n'avoir éprouvé de leur part la plus
u -- * --- r

légère insulte : bien au contraire, que depuis cette dernière eût rayé de ses registres le 1 cs de
qu'il a reçu sa mission de pasteur jusqu'au temps le Chapelier. D'aurres sociétés , telles que ce1les
prescrit , il a vécu au milieu d'eux dans une de Marseillie , de f on noins et de Toulonse, ont
tranquillité la plus parfaite, accompagnée même donné des leçons fraternelles assez vertes à celle
des témoignages de bonté qu'ils n'ont cessé de de Rennes pour qu'elle ne talance pas à revenir
lui manifester ; ayant fait la présente déclaration sur ses pas. « La liberté de la presse a : aquée ,
pour rendre gloire à la vérité, et pour s'acquitter dit la société de Toulouse; les loix que l'huma
envers toute personne de son devoir , avec pro nité avoit sollicitées pour des colons qui sont nos
testation *| entend que le susdi, Journal géné - fères , abrogées ; l' 1fluence dangereuse et le
ral se rétractera de suite , en désignant la per crédit trop pn1ssant dont on a investi les minis
sbnne qui a esé faire la calounie la plus insigne ' tres ; les sociétés qui ont fait la ré« oiation et qui
contre les protestans de sa paroisse, de la décla propagent l'esprit public, qu'on a tenté ti'anéan
tion qu'il a ance dans son journal. tir ; ces actes immoraux (auxquels M. le Ghape
Fait et récié au Collet-de-lDèzes, dans la, lier a eu la plus grande part ) sont-ils des titres
maison le 1. Girard de l' hern , en présence de à la reconnoissance nationale ?... Si vous aviez
sieur Vacqwcs Pucccgut, négociant , et Jean réservé vos palmes triomphales aux Coroller, aax
Louis Comte , habitans audit lieu du Collet , Kervelegan, et à ce boni Gerard dont l'ame can
signés avec ledit sieur Roux, curé , de ce requis : dide et patriarchale ne s'est jamais éloignée de l«
par nous Francois-Balthazar Bertrand, notaire société-mère , où la constitution naquit, voas
royal de la paroisse dudit Collet, recevant, sous auriez vu la majorité de l'empire parteger votre
signé.Roux, curé de Saint-Michel ; Pechigat, hommage ; et nous n'y voyons aujourd'hui qu'un
Conte ; Bertrand, notaire , signés à l'original. piége tendu à votre bonne foi, pour jetter au
Enregistréà Villefort par M. Sauvan, qui areçu hasard le germe d'une scission que les ennemis
20 SOulS. -

du bien public desirent depuis long-temps, mais


-
Collationné, Bertrand , notaire. - que l'amour sacré de la patrie empêchera de
- P. S. Une délibération du conseil général de naître , malgré l'art consommé de ceux qui la
la commune de Saint-Michel-de-Dezes, du 3o provoquent..…… Nous adnirons les hommes à
octobre dernier , confirme la déclaration de M. talens connus, mais nous ne les encensons point ;
Roux, et charge le procureur de cette commune nous avons trop lieu de craindre qu'ils en abu
de poursuivre en calomnie l'auteur du Journal sent : nous n'idolàtrons que les loix et la liberté.
général, et d'exiger sa rétractation. C'est ainsi Tels sont les principes de la société-mère des
que ces infâmes gazetiers ministériels et contre jecobins de Paris , qui nous sont communs : le
révolutionnaires s'efforcent, par leurs impostures prestige de l'illusion va s'évanouir, ce seront les
et leurs calomnies, d'allumer par-tout la guerre vôtres , et nous serons toujours frères ».
,
civile ; mais on déconcertera toujours leurs ma
1m6euvreS.
Avis important donnépar un militaire patriote
hollandois.
Le sieur le Chapelier-Biribi par-tout repoussé.
«Sivos chevaliers françois vous attaquent ,
- Tôt ou tard on fait justice des mauvais ci soyez persuadés que les premiers coups seront d.
toyens, des ennemis du peuple et des flatteurs des rigés du côté de Saint-Avold et de Forbach : ces
rois.La société des annis de la comatitution de denx petites places ne peuvent faire la moindre
Rennes avoit écrit une circulaire aux autres so résistance aux émigrans rassemblés dans l'électo
ciétés de l'empire pour justifier l'accueil qu'elle rat de Trèves ; 1'ennemi peut suivre facilement
avoit fait à M. le Chapelier-Buribi en l'admettant la chaussée de Chàteau-Salins, en laissant sur le
dans son sein , et pour blâner le club national droite Metz , Sarre-Louis , et artiver sans le
de Bodeaux des réflexions que ce club avoit ex moindre obstacle à Nanc. Gette ville ne mérite
primées, et sur M. le Chapelier, et sur les fourbes pas le non de place for é t or , de Nanci à la s
qui lu 1 essenblent; mais cette circulairo n'a pas 1l n'y a pas une seule porte à ouvrir. --

fait for une : plusieurs sociétés ont dédaigné d'y Rien n'est plus instant que de jetter des forces
répondre. La société métropole, comme je l'ai dans Marsal » Moyeuvic et Chà eau Salins : Cette
deja annoncé, a déclaré qu'etie cessoit toute cor ligne couvrirou Nancs et correspondront avec la
respondance avec celle de Rennes jusqu'à ce que | garnison de Metz. Les marais qui entourent Cha
=- ---------
---- -
T
- -- ------------
--
------------- - --
( 2314 )
teau-Saiins rendent cette position très-impor de Teschen et de Westphalie auprès des états de
tante, parce que l'on doit nécessairement traver l'Empire. -

«er la chaussée; un corps de fantassins y repousse


roit facilement tous les cavaliers qui s'y présente MA Y E N c E , le 27 novembre.
roient : et l'on sait aujourd'hui que , graces à
l'esprit indulgent du pouvoir exécutif, les forces Extrait d'une lettre d'un émigré d un de ses
de vos rcvcmaus consistent dans leur cavalerie. Il - parens.
est absurde de leur avoir prêté le dessein de vou La grande , l'importante nouvelle (de la faite
loir s'emparer de Bitche , cette conquête leur du roi) nous fut apportée ici par un courier
seroit parfaitement inutile : Sarre-Louis leur don venant de Coblentz. Nous étions ivres de joie ;
viendroit davantage; mais ils n'oseront pas seule plusieurs d'entre nous partirent sur le champ
ment le regarder , à moins que des gens complai pour se rallier autour de la personne du roi. La
sans ne leur fassent signe , d'y entrer appa noblesse de ce pays et sur-tout l'électeur don
rcntnrucrt ». nèrent des marques non équivoques de la joie
que leur inspiroit cet évènement. Ce dernier
M A n R 1 m , le «o novembre. donna aussi-lôt ordre de jouer la pièce de Richard
- Le roi a accepté l'offre de don Francisco Ccur-de-Lion, et se rendit lui-mêne au spectacle.
Tous lespassages quipouvoient avoir rapport au
Marti, qui lui a proposé de lever deux régimens malheureux roi furent reçus par le grand nombre
d'infanterie à ses frais. Le premier se nommera
volontaires de Tarragona , et le second de Gi des nobles, des François réfugiés et de l'électeur
rona. Le marquis de Castrillo sera colonel de même avec les plus vifs applaudissemens. Mais
l'un , et le fils du sieur Marti de l'autre. cettejouissance n'étoit cependant pas absolument
* Il est bon d'observer que ce scgnor catalan pure : des mal-intentionnés eurent l'audace de
doit être bien riche pour lever ainsi deux régi mQntrer leur mauvaise façon de penser par des
mcms à la fois.Tous les autres segnores vont se siflets , malgré l'assemblée auguste qui donnoit
: d'émulation , et le roi d'Espagne aura le ton dans la salle. En général , ii parolt que
ientôt une autre armée qui ne lui coûtera rien. les habitans de Mayence ne sontplus ceux d'au
Admirons la profonde politique de la cour de trefois , et que l'épidémie françoise commence à
Madrid : les recrues se sont faites depuis deux | faire des progrès dans cette ville.
ans à petit bruit. ** que les régimens Le digne général Bouillé est ici ; il croit sa
présence
sont complets, voilà de bons gentilshomnes qui de Condénécessaire auprès de l'électeur. Le prince
vont lever dè nouveaux corps, précisément lors est à Coblentz. - Le nombre des émi
que la paix vient de se conclnre avec l'empereur grés retirés dans cette ville est considérable , et
de Maroc. J'avois toujours pensé que c'étoit au 1l en arrive encore journelienent. - Nous comp
contraire le temps de faire-des réformes. L'Es tons beaucoup sur les prêtres non-jureurs , qui
pagne est maintenant en paix avec tout l'univers, sauront disposer le peuple en notre faveur. De
et on augmente l'infanterie ! oh ! la belle finesse ! tous les princesd'Allemagne, l'électeur de Trèves
Veillez, patriotes des départemens du midi. est celui qui moutre le plus de zèle pour notre
, * 1 o* . -
-

, 7 , - l - ,
-

--
-
, »
cause. - Nous avons trois mille deux cents
- - - - - , -- 1 , , , , , -- lhommes à Goblentz , bien éqnipés , et nos pré
- -
c - l : -- RAtis**os: s* :: , le- 9y novembrè.
,
. -- " - , - -- ,
paratifs de guerre se font avec le meilleur snccès.
, Depuis quelque tenps , tout étoit ici dans le Nous n'aurons qu'a nous montrer aux fon
tieres , et nous somrnes surs d'etre soutenus
plus profond sience sur les affaires de l'Alsace ,
dans i'attente du décret de la commission impé puissannent. . : , n - - - •- , -

-
-

riale. Aujourd'hui on s'attend que cet objet sera nit ne nous faut qu'un point d'appui pour com
suivi avec beaucoup de aigleur. - , x , o b nencer à agir , etc. . | -

, , Le baron d'Assemborg, ambassadeur de Rus - d'espère que vous viendrez bientôt nous joindre.
sie, absent depuis quelques années , est de retour JLes grands coups vont se donner, et quelle
ici, avec ordre de suivre le naintien des traités |i honne pour voussi on disoit il n'y étoit pas -
- ,. -* . ..
-- ' . , | - , - -- - - n - | -

* on s'abonne à Paris , chez Buisson , libraira. rua Hs utefeuille , à qui l'on adressera , franc de port, el prin
de l'abonnement et la lettre d'avis , et toutes les lettres pour les A1 utcurs des Annales Patriotiques, - _ -

- Et chen tous les Libaaires et Directeues des Postes du Royaummé et de 1'Etranger. - - - -- -

---- l i - . : .. .. -- 1 - - … -- " -- -- --

-- L -- 1 - - t - ... ----- *
ANNALES PATRIOTIQUES ET LITTERAIRES
DE LA F R A N C E, -- * -

ET A F F A 1 R E s P o L I T I Q U E s D E L' E U R o P E,
J O U R N A L L I B R E, par une Société d'Ecrivains Patriotes ,
dirigépar M. MERcIER , et par M. CARRA, un des Auteurs.

S'il est une vérité incontestable, utile à publier, c'est que tous les troubles
qui peuvent agiter la France, toutes les inquiétudes qui tourmentent les
citoyens , toutes les résistances que l'exécution des loix peut éprouver
- encore , n'existent que par la faute du gouvernement ; que sa conduiro
ou foible ou perfide , en est la cause unique , et que tout en France
sera paisible le jour où le roi et ses ministres le voudront.
- (CoNDoRcET, aux auteurs du Journal de Paris , 1o nov. 1791.)

r - No. D C C X C I X. Du Samedi so Décembre 179t.


AS S E M B L É E N AT I O N A L E. mandant d'un bataillon volontaire; ils insultent
journellement la gardenationale : il a pensé y avoir
- Séance du 8 décembre au soir. une affaire générale entre la troupe citoyenne
et la troupe de ligne , et le général Toulongeon
Lus acclamations viennent de toutes les parties voit ces désordres sans y pourvoir. Le déo*te
de 1'enpire investir l'Assemblée nationale de ment du Doubs demande instamment que le régi
l'approbation universelle; et plus l'opinion pu ment soit déplacé. L'Assemblée nationale dé
blique est libre, moins elle est équivoque. Une crète que le ministre de la guerre viendra donner
place honorable a été donnée sur le procès-verbal des renseignemens sur l'objet de ces plaintes.
à des adresses sans nombre , qui annoncent l'ad On envoie au comité des domaines la dénon
hésion ia plus complète aux principes vigoureux ciation que viennent apporter deuxjeunes ecclé
de nos augustes législateurs. siastiques de la mission Saint-Lazare, contre les
L' Assemblée nationale a reçu l'hommage qui ci-devant supérieurs, qui bien déterminés, disenu
- lui a été fait de l'invention d'un nouveau cabes ils, à ne : aucun sernent, font leur pelote
tan qui servira les progrès du fé: dans les arts à part et dénénagent nui'amment la maison.
et métiers. L'inventeur est M. Jérône Lefran Une députation de la commune du Havre vient
çais, cet astronome si illustre sous le nom de la supplier l'Assemblée de ne pas ratifier le concor
Icnde. Le comité d'agriculture est chargé de dat passé entre les blancs de Saint-Domingue et
faire faire l'expérience, et d'y appeller des mem les gens de couleur ; acte, dit-on, extorqué par
bres de l'académie des sciences. la rebellion , et signé en lettres de sang à la
Il a été porté plainte de ce que les chevaux lueur des incendies. « Que les forces destinées
de remonte de l'armée ne sont plus, dit-on , * les colonies, continue l'orateur , y portent
»ris en Normandie , mais qu'on les fait venir a paix entre les deux partis, et que l'Assemblée
d'Allemagne à grands frais. « C'est, dit M. Fau se réserve de ratifier un vœu de la colonie quand
chet , une nouvelle infidélité du ministre de la il aura été recueilli au sein de cette paix si desi
guerre ». M. Laneth atteste avoir connoissance rable ».
que les remontes se font toujours en Normandie, M. Fauchet a commencé la lecture d'une pièce
et qu'il y a un nouveau dépôt pour les haras à intitulée , ordonnance pour les compagnies du
la ci- devant abbaye du Bec. Mandement est tiers-état qui se rassemblent sous les ordres de
donné au conité * de vérifier les faits. Monsieur et de monseigneur le comte d'Artois
Le 22e régiment de cavalerie , caserné à Be - Art. Ier. Les princes prenant en considération
sançon , y affiche toute l'insolence de l'incivisme. ta bonne conduite des bourgeois , gros fermiers
Des soldats ont assassiné M. Monmahoult , com etpersonnes aisées du tiers-état qui se joignent à
799 -
2316 )
la noblesse pour défendre le roi , la religion et sur le bureau le procès-verbal de ee mariage dressé
1'état , leurindiquent, dans chacun des quartiers par la municipalité de Saint-Cyr.
de leur armée, l'officier-général qui y commande Au comité de surveillance a été renvoyée une
chez lequel ils pourront se faire inscrire. lettre de M. Roisset , administrateur du dépar
II. Ils y feront inscrire leurs noms, âge , qua tement du Var, qui dénonce de nouveaux troubles
lités, devises. excités dans les départemens méridionaux par la
L'ordre du jour a été réclamé de tous les points rage des p êtres hypocrites.
de la salle, et a été bientôt décrété. L'Assemblée nationale a admis à la barre et
Le comité de la salle présente trois plans pour ensuite aux honneurs de la séance quelques par
changer l'économie intérieure du prytanée na ticuliers , colons de Saint-Domingue , qui sont
tional ; M. Dumas en offre un autre : tous sont venus exposer les mêmes faits et présenter les
débattus, et l'Assemblée renvoie la matière à un mêmes demandes que l'assemblée coloniale.
nouvel examen.
M. Galtereau , auteur de quelques papiers
On a entendu le rapport du comité de marine publics imprimés et répandus à Saint-Domingue,
sur les faits avancés par M. Bertrand,et démentis a exposé de nouveaux faits qui établissent, contre
ar la ville de Brest. Il paroît établi que plus de les membres de l'assemblée coloniale , tous les
* moitié des officiers de la marine ci-devant
soupçons de trahison dont M. Brissot les a déja
royale sont en émigration. Le comité propose environnés. - - --

ce de constater le fait par une proclamation du roi


aux commandans des ports , et de remplacer les L'ordre du jour amenoit la discussion sur la
défectionnaires par des membres de la marine question présenée par MM. Brissot et Clavière,
marchande. L'impression du projet est ordonnée. s'il ne seroit pas expédient de suspendre le »em
Enfin, sur la proposition du comité des do boursement de la dette exigible ? Après un debat
maines , l'Assemblée décrète que le terme qui paisible et éclairé , l'Assemblée a adopté le dé
étoit accordé, jusqu'au 1er janvier 1792 , aux cret suivant , proposé par M. Dorizy :
acquéreurs de biens nationaux , sera prorogé « L'Assemblée nationale , considérant qu'il
jusqu'au 1er mai. est de la loyauté françoise de ne permettre au
cune suspension dans le paiement de la dette
- Séance du 9 décembre. . exigible, décrète que les rembourseumens ne se
ront pas suspendus ; elle ouvre la discussion sur
Des trois personnes mises en état d'accusation le node de ces remboursemens ».
par l'Assemblée pour fait d'enrôlement à Toul , Et à l'instant, sur la motion de M. Condorcet,
e sieur Marthe seul a été arrêté à Toul ; les il est décrété« que les comités des finances seront
sieurs Gauthier et Malvoisin ont fui au premier chargés de présenter un plan sur le mode des
bruit : c'est ce qu'annonce une lettre écrite à remboursemens ».
l'Assemhlée par le ministre de l'intérieur. Ensuite la discussion s'étant portée sur les
On envoye au conité militaire une autre lettre moyens de pourvoir aux demandes des départe
àu'iniinistre de la guerre qui invite l'Assemblée mens qui annoncent le besoin de petits assignats,
à décider si les troupes suisses qui servent en trois personnes ont parlé pour faire décréer un
France seront soumises à la revue générale et à envoi direct de ces papiers de petite nonnoie.
la nouvelle prestation du serment civique , or M. Cambon a fait , au contraire , la motion
donnée par l'Assemblée constituante , pour l'ar qu'on remît au trésor national , en échange de
mée françoise. -

gros assignats, tous ceux de 5 livre» que la caisse


" A Noyon , un ancien chanoine a usé, dans de l'extraordinaire peut fournir , et qu'on laissât
toute son étendue, de l'article V de la déclara à la trésorerie le soin de les épandre sur toute la
ion des droits, qui porte « que tout ce qui n'est | France. -

pas défendu par la loi ne peut ètre empêché » ; L'Assemblée a ordonné l'impression du dis
c'est-à-dire, qu'attendu que nulle loi positive ,
même dans le fatras de nos anciennes ordonnan cours et du projet de M. Cambon , et a ajourné
la matière à mardi.
ces, n'a jamais prohibé la cumulation du sacre
ment de nariage avec celui de l'ordre , M. l'ex
chanoine a pris une épouse légitime. Le contrat -- - Département de la Vendée.
a été passé devant le juge de paix, et aujourd'hui
M. Basgnoux, membre de l'Assemblée, a déposé
-- -
. Les habitans des campagnes se rassemblent la
«
( 2e 17 )
nuit, et font des processions autour des calvaires, Injusti es et vexations exercées con *re les
sur l'arbre desquels il y a de petites figures de soldats patriotes du régiment de la Gua
fayence qu'ils appellent Notre-Dame de bon - deloupe. . : - , . ' , , - -

Secours. Après s'être prosternés, ils chantent : Par-tout où le pouvoir exécnrif a pu mot de
- Saint Barnabé, conservez-nons notre curé.Cette sur les citoyens ou sur ies soldats patriotes , il a
rière est prononcée par celui qui conduit la laissé des marques de sa dent destructive ; et ce
*. Ces processions, qu'ils appellent neu n'est pas seulement sur nos braves frères des
vaines , sont composées de quinze à dix-huit troupes de ligne qui servent en France , mais
cents idiots. Ce même chef raconte que tel curé aussi sur ceux qui servent duns nos colonies, que
a été inspiré par un ange qui lui est apparu.Alors ce pouvoir, né du despotisme et de l'aristocratie,
la horde fauatique se rend au lieu indiqué , et exerce sa malveillance. Près de cent soldats du
demande à ce curé une messe qu'il ne manque pas régiment de la Guadeloupe , en garnison à la
de leur dire , en les assurant que cette démarche Martinique, furent renvoyés en France au mois
leur ouvre les portes du ciel, et que Dieu , pour de juillet de cette annéé , parce qu'ils étoient
récompenser le zèle avec lequel ils défendent sa accourus , du consentement du gouve neur de la
cause, fera tomber les armes de ses ennemis à Guadeloupe , au secours de leurs frères de Saint
leurs pieds. Des miracles viennent bien ôt à son Pierre , et qu'ils avoient donné des marques évi
secours pour confirmer ses promesss; tantêt c'est dentes et constantes de leur bravoure et de leur
un garde national qui , pour avoir dit que T)ieu
patriotisme. Damas et Béhague , ces vils instru
est trop vieux, et qu'il faut le changer pour un mens des projets contre-révolutionnaires de la
plus jeune qui entende mieux les affaires, a été cour dans les colonies, conne l'infàme Bouillé
puni par Dieu même d'un aveuglenent subit ; et ses conplices l'étoientpour la contre-révolu
tantôt c'est un autre dont la langue et les bras tion en France , avoient juré dès lors la perte de
ont été frappés de paralysie , parce qu'il a dit ces braves soldats. Arrivés à l'isle de Rhé , ces
qu'il faut pendre les prêtres non-sermentés : enfin infortunés, mais toujours vertueux soldats, adres
c'est un forcené appellé patriote, dans les nains sèrent à l'Assemblée nationale une pétition , que
duquel le poignard dont il a voulu assassiner un le ministère eut soin de rendre «ulle. Transpor
saint et vénérable pasteur, s'est dissous et évaporé tés de l'isle de Rhé à Hennebond, ils sont aujour
en flannes brâlantes qui l'ont consumé. Ces d'hui dans cette dernière ville, sans armement ni
* ont tellement échauffé les nalheureux
habillement , n'ayant que des sarauts de toile
bitans qu'ils courent comme des furieux dans pour passer l'hiver ; mais ce qui les a conblés de
les rues en criant : Où sont ces gens de la na
tion , que nous les pendions. f* na doulenr , c'est d'avoir vu avec quelle impudence
et quelle fausseté le fourbe, le contre-révolution
tionat est abhorré, et celui qui le porteroit serot naire Damas les traitoit de soldats rebelles et
très-exposé.... ----

insubordonnés. Ils savent bien , ces infortunés,


' Obs. L Assemblée nationale a fait son devoir ainsi que tous les autres soldats de l'armée de
en rendant un décret repressif des troubles reli ligne, que les ministres et les officiers aristocrates
gieux qui agitent le royaume ; si le pouvoir exé trantent de rebelles et d'insubordonnés tous les
cutif rejette cette loi, c'est lu qu'il faudra accu régimens qui ne veulent pas les aider à une com
ser de toutes les horrenrs qui seront la suite de trc-révolution , et qui refusent d'égorger leurs
son veto. Ce veto enhar dira les pr êtres sédi concitoyens au nom de leur idole. Mais ces mi
tieux , et aux troubles ils feront succéder la maistres et ces officiers scélérats auront beau faire,
guerre civile. Que diront alors ces honnes au ils ne rémussirontpas , et les socié és des amis de
masque philosophique , qui sollicient ce a eto la constitution prendront toujours la défense des
comme un gand acte de sagesse de la part du 1 on ? soldats opprimés et calonniés. Déia celles de
Ces habiles aiministrateu1 s devroient bien faire l'Orient , de Port - Louis et d'Hennebond ont
part au pub c de leur secret pour faire payer les marqué un vif intérêt à la cause des soldats du
contributions, vendre les domaines nationau et régiment de la Guadeioupe , et ont démontré la
assurer la 1 an quillité publique dans les cam justice de cette cause à toutes les an res sociétés
pagnes , li t ées à une horde de p ètres tana patriotiques et à l'Assemblée nationale. La péti
tiques et sé la 1 ux auxqueis ils veulent assurer tion que nous avons sons les yeux est une preuve
l'impunité et leur subsistance aux dépens de la irréfragable en leur faveur, et nous invitons tous
mation qu'iis déchirent, - - les bons citoyens , ainsi que tous les menbres
( 23 r8 )
atriotes de la législature actuelle, de faire tous 1eur est décidé , non-seulement à ne rien entre
leurs efforts pour qu'on rende enfin justice à ces prendre lui-même contre la France , mais à ne
braves soldats , et qu'on punisse leurs calomnia point permettre aux autres princes de rien entre
teurs et ceux qui n'ont pas honte de les laisser prendre ». -

dans l'état déplorable où ils sont à Hiennebond, En effet , si les François ont le bon esprit et la
sans arnes et sans vêtemens. C... sage politique d'attaquer les premiers, non-seu
lennent le succès n'est pas douteux, mais ce sera
ce succès même qui épouvantera les puissances
MExtrait d'une lettre de Strasbourg, du 27 no voisines et les menacera d'insurrections natio
- vembre. - -

nales chez elles. Ces puissances auroient donc


· Les princes rebelles ont fait, tant à Francfort parfaitement raison de ne rien entreprendre contre
qu'à ayence , une commande de trois mille nous , afin d'éviter les invasions que nousferions
selles, de douze cents manteaux. On lève ouver alors dans leur pays avec l'étendard de la liberté
tement sur les terres d'Issenbourg, pour le roi et la déclaration des droits de l'homme.
de France, un régiment, habit bleu , revers
rouges, nº. 1 15, au mépris du concordat passé -- V 1 E N N E , le 22 novembre.
entre la France et l'Empire; concordat qu'aucun - 1 ; - - -

ambassadeur de la nation ne réclame. On fond Les princes françois et les cours de Madrid ,
: en pièces de campagne, trente-sept de Naples et de Turin redoublent d'efforts pour
déterminor l'empereur à soutenir de ses armes
pièces de vieux canons pour le service des éni
rés françois. On prépare aussi des magasins de leurs projets communs contre la constitntion
* et autres comestibles aux environs de françoise.Aujourd'hui les ministres d'Espagne et
Worms, et sur les bords du Rhin.A Mayénce, de Bussie près de notre conr, ont donné audience
le sieur Okelly, ministre de France en cette ville, à un envoyé des princes francois arrivant da
reçoit habituellement chez lui et vit dans la plus Coblenz , et qui s'est montré publiquement aveq
rande intimité avec le sieur Biré, envoyé des la cocarde blanche. Immédiatement après ceute
princes fangois , et accrédité par eux auprès de audience , les ninistres de Russie et d'Espagne
l'électeur. - - - -
se sont réunis avec ceux de Sardaigne et de
Naples; ils sont allés ensemble chez le ministre
Extrait d'une lettre datée des bords du Rhin prince de Kaunitz , où ils sont restés enfermés
du 27 novembre. près de quatre heures. A l'issue de cette confé
- La France est véritablement menacée. L'armée
rence , des couriers ont été expédiés à Madrid ,
à Naples , à Pétersbourg et à Turia , et un pa
et le trésor des princes se grossissent d'hommes quet a été remis au ministre du roi de Prusse. .
et d'argent fournis par l'étranger.Tout les pro
tège. Il faut être insensé pour ne pas le croire
hors de la France, et traître pour en douter au Extrait d'une lettre de Mons, le 27 novembre.
dedans.Vos frontières n'ontparu en bon état cc Vos émigrés se flattent toujours d'avoir bien
de défense , et l'indiscipline qui est encore dans tôt le roi parmi eux, et le bruit même a couru
une partie de votre arnée cessera devant l'ennemi. ici que déja il étoit arrivé à Condé, d'autres
Mais je ne pense point que l'attaque des princes disoient à Valenciennes. La nouvelle s'est trou
ait lieu cet hiver. Ce n'est pas qu'ils ne fussent vée fausse , et j'ai lieu de croire qu'on l'avoit
êts selon l'occasion; mais l'occasion a déja man débitée à dessein. Si la chose arrive un jour ou
qué plusieurs fois.Ce n'est pas là le plan .…... l'autre , attendez-vous qu'il sera reçu à Bruxelles
Je voudrois être responsable , et j'offrirois ma à bras ouverts ; car il ne faut pas se fier à toutes
tête en garantie que si vous attaquez les princes, ces belles protestations d'anitié que vous fait le
que si vous enlevez tout à l'heure le camp , les gouvernement autrichien , à la réalité de toutes
magasins, le trésor des rebelles, vous sauvez la les notes ministérielles de ce gouvernement pour
trie des plus grands dangers ; vous évitez par dissoudre les émigrés. On ne cherche qu'à sauver
f* guerre terrible qui vous menace pour le les apparences ; aussi vos émigrés ne s'en émeu
printemps prochain. - - - vent pas , et ils restent toujours. Dans notre
Dans une autre lettre des bords du Rhin , du fauxbourg de Mons , dit village de Nimy , ils
e8 novembre , insérée au Moniteur du 8 de ce se sont formés en compagnie , s'exercent tous
mois , en dit : « Si les François attaquent les
les jours à la marche réglée , et vont régulière
premiers , on sait très-positivement que l'empe l nent à la messe en parade ». -
--
u
.5
ANNALEs PATRIOTIQUEs FT LITTÉRAIREs *r

- D E L A F R A N C E, ,
ET A F F A 1 R E s P o L 1T 1 Q U E s D E LE U R o P E,
J O U R N A L L I B R E, par une Soeiété d'Ecrivains Patriotes ,
- dirigé par M. MEncrER, et par M. CARRA , un des Auteurs. -

--

S'il est une vérité incontestable, utile à publier , c'est que tous les troubles ,
qui peuvent agiter la France, toutes les inquiétudes qui tournentent les .
citoyens , toutes les résistances que l'exécution des loix peut éprouver
encore , n'existent que par la faute du gouvernement ; que sa conduite,
ou foible ou perfide , e 1 est la cause unique , ct qne tout en France
sera paisible le jour où ie roi et ses ministres ie voudront. -

(CoNDoRcEt, aux auteurs du Journal de Paris, 1 o nov. 1791 ). -

- No. D C C C. Du Dimanche 11 Décembre 179t.


A S S E M B L É E N A T I O N A L E. étoit chargé de s'adresser directement au ministre
du congrès , sans avoir recours au consul de
Séance du 1o décembre. France ; enfin , que les dépêches de M. Roustau
contenoient quelques expressions qui sembloient
- L, A ss E M E L É E nationale , dont l'activité est indiquer que l'assemblée coloniale traitoit avec
arrêtée chaque jourpar une multitude d'incidens, les Etats-Unis de souverain à souverain.
a toujours voulu connoître tous les moyens d'éco Ce M. Roustan, c'est moi; et je viens répondre
moniser son temps et d'accélérer ses travaux. à des calomnies trop long-temps écoutées.
Aujourd'hui elle a fait l'accueil le plus distingué Je fus dépêché auprès * Etats-Unis pour de -
à M. Camus, archiviste de la nation , " qui s'est mander des secours : pour constater ma mission »
fait tant d'luonneur au milieu de l'Assemblée j'étois porteur d'une adresse au congrès , et d'un
constitwante par sa pureté constante, et par cet acte de la constitution des colonies , arrêté le 9
esprit de néhode , qui seul a fait marcher cette août , par lequel l'assemblée générale déclare
machine immense qu'on appelle la constitution. qu'elle représente les citoyens de Saint-Donin
M. Camus a desiré que son expérience tournât gne , représentation qui la rend compétente à
au profit de la nouvetle législature , et les vues stipuler leurs intérêts. -

éccnomiques qu'il a présentées ont été reçues Arrivé à Boston , je n'y fis qu'une seule visite,
a VGC reCOnIlO1SS21I1Ce, et ce fut à M. la Forest , consul de France. Je
On a décerné la mention honorable à une me rends à Philadelphie , je communique me,
adresse de deux cents citoyens de Clernont dépêches à M. Déterneau, ambassadeur de France .
Ferrand , qui portent à l'Assemblée l'hommage je ne vais qn'avec lui chez le tainistre du congrès,
de leuradhésion aux deux décrets qu'elle a rendus et j'écris à M. Blanchelande qu'il peut désormais
pour écarter les fléaux du dedans et du dehors. s'adresser directement à M. IDéterneau. -

Un menbre de l'assemblée générale de Saint Voilà, messieurs, voilà quelle est la démarcle -
Domingue a paru à la barre. - que nos ennemis ont eu l'audace de calomnier ».
cc Vous avez entendu , messieurs , la lecture L'orateur s'est livré ensuite à uelques décla
qui vous a été faite , par M. Davérhoult , d'un nations qui plus d'une fois l'ont * interrompre
paragraphe du journal de M. Dupont , intitulé désagréa'lement. M. Brissot , contre qui il se
Correspondance patriotique. permettoit des personnalités, a deunandé que l'on
Il est énoncé dans ce journal que M. Roustan continuât de l'entendre. Le président l'a rappellé
a été envoyé par l'assemblée générale de Saint au respèct qu'il devoit au corps législatif : il a
Doningue auprès des états - unis d'Amérique repris. ----- -- --

pour demander des secours ; que M. Roustan * dit que nous avons reproché avec iudécence
833
à un membre dè l'Assemblée constituante d'avoir | coloniale ont été ou dispersés, ou massaerés : la
dits« Périssent les colonies, plutôt que sacrifier colonie a été en proie au fer et à la flamme.
un seul principe » !On ajoute que nous avons Le gouverneur et l'assemblée générale ont
dit : « Périssent les colonies , plntôt que d'ao pensé , au milieu du prenier efoi , à nettre à
corder aux gens de couleur libres les droits po couvert la ville du Cap : le gouverneur a fait
litiques » ! - -
ensuite des sorties sur les rebelles ;il ne les fai
Non, messieurs, non, jamais ce blasphême ne soi" pas sans succès; mais ses forces ne pouvoient
s'est trouvé que dans la bouche de nos calomnia résister long-temps au torrent de la révolte.
teurs. Nous avons dit que les colonies periroient Il a fallu avoir recours aux puissances voisines :
si l'Assemblée nationale faisoit, pour ces parties il étoit impossible d'attendre pendant six mois
lointaines de l'empire , des loix que la distance l'arrivée des secours de France. L'assemblée gé
des lieux empêche de combiner avec les mœurs, nérale et le gouverneur ont toujours agi de con
les usages , les différens rapports des colonies. cert dans le malheur commun.
Nous l'avons dit, et notre prédiction ne s'est que Une autre mesure de détresse a été la retenue
trop malheureusement accomplie ! des cargaisons, pour éviter le fléau de la famine.
– Enfin l'assemblée générale a armé les mulâtres.
Vous venez d'entendre , messieurs , la vérité - Ils ont bien servi la colonie; elle leur a permis
simple et sans fard : j'espère quecitoyen.Si
dans ma conduite celle d'un bon
vous trouverez
l'en de s'assenbler et de faire des pétitions : elle leur
pouvoit y trouver un coupable, je serois seul res a Promis l'exécution du décret du 15 mai , aussi
ponsable de ce crine imaginaire ; je vous le dis, tôt sa notification officielle.
sans toutes ces phrases qu'on médite si aisément Quelques colons blancs et des mulâtres ont
dans le silence du cabinet, je suis prêt à marcher anticipé sur cette promesse par le concordat que
VO118 C9nnO1ssez. -
à l'échaffaud. - 4 •

" Tous mes collègues sont dans la même dispo , La suite du rapport est ajournée à mercredi.
sition : parlez , et nous nous rendons dans les M. Narbonne, nouveau ministre de la guerre,
prisons de la haute cour nationale. Qu'on exa a demandé la parole ; et dans un discours que
mine notre conduite ; que l'on compare nos as l'Assemblée a ordonné être inséré dans son pro
sertions avec celles de nos calomniateurs , et si cès-verbal, il l'a suppliée de vouloir bien prendre
les mesures les plus efficaces pour que la corres
après cet examen nous ne sommes pas entière
nl6nt justifiés, nous 4G sortirons des prisons que pondance entre le corps législatif et le ministère -

pour marcher au supplice. - - - •


soit prompte et facile.
, M. le président lui a promis attention et pus Il est important, messieurs, a - t - il ajouté ,,
tice au mon de l'Assenblée nationale , et l'a que rien n'interrompe cette correspondance si
invité à la séance au milieu de quelques récla nécessaire. Nos intérêts, nos ennents sont com- -

tlOtiS, muns 5 nos démarches doivent être concertées,


*: comité colonial, par l'organe de M. Tarbé, Ce n'est pas seulement la lettre de la loi qu'il
a présenté son rapport, depuis long-temps atten faut faire exécuter, il faut encore en conn*tre
du, sur les désastres insulaires. Il commence : l'esprit, et c'est ce qui ne se Peut qu'au moyen
de cette communication.
un précis des faits arrivés à Saint-Domingue de -

puis la révolution ; des prétentions de ** Vous ferez donc cesser, messieurs , ces crain
mière assemblée coloniale, arrêtées par M. Mau tes , ces défiances qui empêchent le succès de nos
duit, qui est devenu victime de son zèle et de la ºPérations, en nous empêchant de nous connu
haine aristocratique.Viennent ensuite les décrets niquer mutuellement nos lunières.
opposés de l'Assemblée constituante, les mouve Par une dépèche du département de la Meur
mens d'Ogé et des autres hommes de couleurs. Le the , on apprend que le sieur Malvoisin » Ce
1o août dernier, continue le ** il s'est racoleur des émigrans, a éte arrê é à Joinviile.
L'Assemblée s'est répartie dans ses bureaux
formé une nouvele assemblée coloniale, confor pour proceder à l'élection d'un président , et
nément aux décrets , de l'Assemblée nationale :
l'époque de sa formation a été saisie comme le dès le premier scrutin la pluralité absolue s'est
moment favorable pour une grande secousse. réunie sur M. Lemontey.
Les noirs ont été soulevés ; on connoît leurs
ravages : j'en épargnerai le douloureus S OlV en1r P A R I S. - -

à vo cœurs. - Plusieurs membres de l'assemblée


La nouvelle s'est répandue que M. Merey
d'Argenteau , ci-devant ambassadeur de la cour tions particulières, surveiller toutes les entre
de Vienne en France , est de retour à Paris de prises du pouvoir exécutif, et acquérir, en dépit
puis quelques jours , qu'il y garde l'incognito , de la cour, la mêmepopularité et les mêmes forces
et qu'il est chargé d'une mission secrète auprès . qui sauvèrent la nation et ses représentans en
de la ceur des * d'autres disent qu'il va - 1789; cette faction, disons-nous, paroît recourir
reprendre son caractère d'ambassadeur, et récla à ses moyens ordinaires pour dominer l'Assem
mer, au nom de l'empereur son maître , la per blée nationale et enchainer le peuple françois par
sonne de la reine. Cette nouvelle étant supposée la terreur. Quoi qu'il en soit, que les déclara
vraie, on pourroit dire que Marie-Antoinette tions de Léopold et la réclanation de Mercy
d'Autriche est bien la maitresse de retourner d'Argenteau se vérifient ou non, l'Assemblée nu
- chercher le bonheur à Vienne , si elle croit ne tionale et la nation doivent redoubler d'énergie
l'avoir ni apporté ni trouvé en France; elle a le et de courage ; elles n'ont que ces mots à ré
droit d'abandonner le trône constitutionnel des pondre à tout : nous voulons étre libres , cons
François où siége son époux , tout conne la battre et vaincre. La consaitution deeiendroit un
. nation souveraine aura celui de disposer de ce ronan , et la liberté une dérision , ou plutôt la
trône pour son plus grund avantage, si ceux qui honte, la ruine et l'esclavage de l'empire seroient
l'occupent s'en rendent jamais indignes. Au reste bien ôt consommés, si la nation souffroit qu'une
si Léopold réctane sa sœur, cette démarche doit cour corrompue prétendît l'enchaîner au moyen
être considé ée comme un préiininaire de guerre, de ses alliances et de sespactes de faniile , et si
et nous de ons nous préparer à la lui faire bonne. enfin toutes les tentatives du despotisme et de
A la déclaration de cette majesté impériale , que l'aristocratie , pour renaîre de leurs cendres ,
nous avons publiée dernièrement , on ajoute ac étoient sans cesse appuyées par cette cour de la
tuellement une lettre de la même majestéà l'im menace des puissances étrangères et d'une guerre
ératrice de Russie, dans laquelle on fait dire à externeure,

: : « que la situation des choses en France


» paroissant être toujours la même, et le projet Adresse des citoyens de Marseille d l'Asscm
» de mettre des limites à l'autorité monarchique blée nationale.
» étant suivi par la nou elle Assemblée nationale
» avec plus d'ardeur et de persé érance encore I. É o 1 s L A T E u R s ,
» que par l'ancienne , il vient enfin de se décider
« Pourquoi de mauvais citoyens sont-ils nos
» à agir efficaceaeut et conforinétnent à ses dé conpatriotes ? pourquoi avons-nous à vous dé
» clarations de Paloue et de Pilnitz , et qu'en noncer , à dénoncer à la nation entière un acte
» conséqu. nce il v a prendre toutes les mesures criminel et attentatoire à nos loix constitution
» nécessaires et propres à suivre cet objet avec nelles , enfanté dans les murs d'une ville si cé
» vigueur , ne douant pas d'ètre secondé par les lebre dans la révolution ? Ii le faut cependant ,
» efforts de toutes les puissances intéressées au et tout nous y oblige. Le cri d'une grande ville
» maintien de l'autorité monarchique ».- indignée et alarmée s'élève contre des traîtres
Toutes ces déclarations peuvent fort bien être quiveulent la dé-honorer; ul les cite au tribunal
considérées cotnme des ruses muinistér ielies ima de notre opinion : et pourrions-nous ne pas cor
ginées pour intimider la nation et ses représen respondre à ce témoignage de confiauce ? Non ,
tans. On doit se rappeller qu'à l'époque de la législateurs, non ; il nous est impossible : notre
révision de la constit nt on , en juillet et août sitence seroit pris pour un assentinent coupable
dernier, cette méprisable faction de l'Assemblée à ce chef-d'œuvre d'arrogance, 'e perfidie, d'or
constituante, connue sous le non des intrigans, gueil et d'avilissement tout à la fois ; et l'oppro
essaya d'effrayer et ia France et l'Assenblée na bre qui en convrira pour toujours les auteurs se
tionale par des mouvelles pareilles : le but de ces rée, cut eroit infailliblement sur nous , qui ne
manœuvres ci ininelles étoit de rendre le peuple l'aurions pas désavoué a ec tant de raisors déter
et SeS représentans dociles à transiger sur toutes ninantes lour le faire.
les violations qu'on vouloit faire à la déclara Quelques négocians de notre vil'e ont souscrit
tion des droits, à l'égalité et aux loix constitu , et adressé directement au chef du pouvoir exécu
tiomelles , sous prétexte de révision. Aujour tif une lettre contenat des offres de facultés pour
d'hui la nème factien, irritée de voir l'Assemblée ddoucir les malhers arrivés aux colonies. Le
nationale s'opposer aux combinaisons des anbi croire vous, lésialecus, aucun benmg- n'es
( 2321 )

rendu à l'Assemblée respectable que vous com avoit eu un démêlé avec une religieuse de Laon ,
posez !ils ne vous y mentionnent même pas ! et la béguine l'avoit dénoncé comme atteint et
Ignorent-ils que vous êtes les représentans du convaincu de patriotisme.Ah ! c'est un patriote ,
seul souverain légitime ? Non; au contraire, ils dit le commissaire de guerres, M. Poitevin de la
croient, en offrant au roi des secours à l'insu du Motte, il faut le chasser; oui, le chasser, répé
pouvoir législatif, ébranler la constitution jusque toit M. Lanoue, officier général si fameux dans
dans ses fondemens : ils se trompent, et nonobs l'affaire de Nanci. Mais , messieurs , disoit le
tant leurs criminels efforts et ceux de tous les chirurgien - major, si vous chassez cet honnête
scélérats de la terre réunis, ces fondemens seront jeune homme qui est plein de talens et de mœurs,.
indéfectibles. Les lâches qu'ils sont ! ils abdi parce qu'il est patriote, je vous déclare qu'il faut
quent la qualité auguste de membre du souverain me chasser aussi, et avec moi les sept huitièmes
pour se dire bassement les humbles, les dévoués des dragons , car nous sommes tous patriotes.
sujets de celui qu'ils appellent leur maître, leur Sur cet argument la bile aristocratique de M. le
monarque. O comble de l'avilissement et de la cominissaire et de M. l'officier général s'est ap
corruption ! ô soif horrible de l'or , que ne pou paisée, et on n'a chassépen soure.
vez-vous point ! Ala 1re a7ecdote. Toute la France a su q«e le
Il est inutile, législateurs , de nous appesantir petit b i tn boche Gouy-d'Arci a été nommé colo
snr routes les défectuosités qui caractérisent cette
production méprisable.Vous dire qu'eiie est per nel du 6 régiment dont nous venons de parler ;
fide , vous dire qu'elle est attentatoire aux droits mitis ce qu'elle iguore peut-être, c'est la harangue
qu'il fit en arrivant en Laon aux dragons 31SSGI1-
immuables de la souveraineté nationale , c'est en blés. cx Dragons, je desire vous voir enfin rentrer
dire assez pour faire tomber sur elle la plus pro dans l'ordre ( Bamboche d'Arcis cn tend par
fonde indignation. -
l'ordre l'antomatie d'un soldat), et j'espère
Ces vils adorateurs du pouvoir jadis arbitraire que vous m'obéirez aveuglément dans toutes les
lui offrent des facultés, pour armer des bras...… occasions où j'aurai besoin de vous pour le ser
mercenaires sans doute! Mais nous, législateurs, vice du roi ». Morne silence, signe * plus pro
nous, plus intrépides, plus dévoués et plus géné fond mépris pour le colonel liliputien de la part
reux qu'eux, nous vous offrons nos propres bras des solda s. - Mais q ie vois-je , s'écria-t-il ?
pour faire exécuter toutes les loix quivous seront les armes d'Autriche voitées par le drapean natio
dictées par l'amour de la liberté et du bonheur
national ». -
nal de France !Vîte ,qu'on remette ces armes au
r Suivent les signatures de plusieurs centaine grand jour. - Mais, raon petit Gouy Gouy ,
tous les régimens sont numérotés ajourd'hui ;
da citoyens. ils ne doivent plus porter et reconnoître d'autres
Gentillesses aristocratiques.
armes que les trois couleurs natiouales , emblême
de la liberté de : François et de la rage aristocra
- M. lPetit-Bois , député au côté droit de l'As tique des ci-devant. -- Je le veux, moi ; et aussi
scnblée nationale, et colonel du 16e régiment tô Gouy-Goay revient à toute bride au châeau
de dragons ( ci-devant d'Orléans ) a proposé der des Tuileries pour rendre conpte au roi et à la
nièrement le duel à un dragon de son réginent, reine des succès qu'il a eus sur l'esprit des so'dats,
M. Conrard , pour des propos patriotiques que de leur douceur noutonnière et de leur complai
ce dragon a eu l'audace de tenir en sa présence. sance pour les armes d'Autriche. - On ne peut
« Je respecte trop, monsieur, votre double qua pas trop faire pour de si braves gens ; ordre au
lité de législateur et de colonel de mon régiment, ninistre de faire donner un surtout neuf à chacun
a répondu M. Conrard, pour porter ma main d'eux. Voilà comme le petit Gouy a cru mettre
sur vous , et je sais trop ce que je dois à ma le 6e régiment de dragons dans les intérêts de
patrie pour hasarder , dans un pareil combat, l'aristocratie et de la contre - révolution ! Mais
un sang que j'ai juré de ne verser que pour elle ». comme il est loin de son compte , le petit bon
Cette 1 éponse digne d'un véritable militaire fran lionne ! Il ne sait pas que , pour bien attacher
ois , met naturellement le dragon à la place du les soldats au roi , il faut toujours lier le roi à la
colonel et le colonel à la place du dragon.Voilà nation et à la loi , et leur dire un petit mot de
comme la plupart des hommes sont déplacés ! la constitution. C'est la vraie manièrc de se con
* Autre anecdote. Un élève en chirurgie du duire pour un homme qui prétend avoir de
6e régiment de dragons ( ci - devant la Reine ) l'esprit. C. .. - --

-------
ANNALES PATRIOTIQUES FT LITTÉRAIRES
DE LA F R A N C E,
ET A F F A I R E S P O L I T I Q U E S D E L'E U R o P E,
J O U R N A L L I B R E, par une Société d'Ecrivains Patriotes ;
dirigé par M. MERcIER , et par M. CARRA , un des Auteurs.
On peut bien acquérir la liberté, mais on ne la recouvre jamais. J. J. RoUssEAu.

Nº. D C C C I. Du Lundi 12 Décembre 179a.


AS S E M BL É E N A T I ON A L E. mens. « S'il étoit possible , disent-ils, que l'en
nemi triomphât , il ne régneroit que sur des
Séance du 1o decembre au soir. cadavres ». --

Cinq cents citoyens d'Angoulême , autant ou


Exron our un secret par toutes sortes de voies, plus de laville de l'Orient,viennent solliciter un
pressurer la : humaine, et violer tous les décret d'accusation contre les chefs des conspi
rateurs d'outre Rhin.
sanctuaires de la confiance , c'étoit naguère le
systême de cette pétaudière qu'on appelloit ici Adresse souscrite par un nombre considérable
le ooUvERNEMENT. Un mot sonore, la RAIsoN de citoyens de Paris, qui remercient l'Assemblée
D'ÉTAT, justifioit, ennoblissoit toutes ces turpi nationale de la loi qu'elle a porté contre les
tudes.On n'attendoit pas même le commandement membres gangrenés de la tribu de Lévi , et qui
des circonstances , le prétexte de la nécessité : attestent l'impatience publique jusqu'au moment
on tenoit à gros deniers un bureau ad hoc de de la sanction.
jurés amolisseurs de cachets. Et quoi donc ? ne , 'Une pétition individuellement signée de tous
pourrois-je pas vous citer tel pied-plat qui, à ce les volontaires du troieme bataillon national du
noble métier , étoit devenu baron , et qui en département de la Drôme est présentée par des
déglutie encore cent mille écus de rente ? Tel députés, et expose ce que pour acquérir l'expé
autre qui est monté au ministère pour avoir , rience de la discipline , ils ont élu pour chefs
pendant trente ans, pompé le secret de dix mille MM. Gouvion et Beaupois, capitaines d'artille
familles, dont il anusoit l'oiseuse malignité d'un rie ; que ces dignes militaires ont accepté la
potentat ? nonination, quoique d'un traitement bien moin
Le régime de la liberté abhorre cette indignité dre que celui de leur enploi précédent ; mais
des indignités. Plein du sentiment de sa force , que le ministre de la guerre vient de leur ordon
il n'estime utile que ce qui est honnête ; il ne ner de rentrer dans le corps de l'artillerie ». La
connoît de moyens à son usage que ceux qui garde nationale , consternée , sollicite la faculté
s'avouent à la face de l'univers. Exemple : Un de garder ses chefs. « Cette conservation , disent
individu est monté aujourd'hui à la barre avec les députés, influera beaucoup sur notre ardeur,
un visage d'assurance. ce J'ai été , dit-il, chargé et cette ardeur il est important que nous la con
ar un prisonnier de l'Abbaye de mettre une servions ; car l état, dont vous êtes la tête, dé
* à la poste , j'ai cru devoir l'ouvrir ; elle pend peut-être de nous qui en sommes kes bras.
contient des choses importantes, et je vais... Quelle que soit votre décision, nous jurons de
L'universelle horreur a foudroyé ces paroles sur courber religieusement la tête sous le joug de
les lèvres du misérable ; il est rentré en terre , la loi ».
ou peut-être il a été immergé dans le crachat des Un applaudissement universel a accueilli , au
tribunes indignées, non de la loi, cette soumission vraiment civique.
La lecture d'une adresse d'adhésion , souscrite Il est décrété avec acclamation que l'adresse de
par plusieurs citoyens de la ville d'Ornans, dépar la Drôme sera imprimée , distribuée , envoyée
tement du Doubs, a enlevé mille applaudisse | aux 198 bataillons de la garde nationale.
- 8o1
( 2324 )
Pour les comités de commerce et d'agriculture, trouvons pas ce veto extraordinaire. Il est contre
M. Monneron a fait un rapport sur les subsis nature , comme l'a dit Machiavel , qu'un roi
tances, et présenté un projet de décret en trois veuille tomber de si haut.
articles , dont on a ordonné l'impression et Nous ne sommes donc pas surpris que le roi
l'ajournement. Entre autres dispositions , il est ait frappé de mnllité le meilleur de vos décrets ;
proposé de faire tenir dans chaque municipalité mais que des administrateurs du département de
un registre des grains ou farines qui y passent , Paris, que des magistrats dupeuple atent pro, o
du lieu de leur départ et de leur destination. qué ce même veto contre votre décret sur les
Séance du 1 1 décembre.
prêtres conspirateurs, voilà un mêlange d'ingra
titude et de scélératesse que nous ne pouvons
COnCeVolr. -

Les premières pétitions que l'Assemblée a en


tendues sont celles de la ville de Quimperlay , Eh ! quels sont ces gens qui font une pétition
qui demande des secours;- de la ville de contre un décret déja rendu ? Ce sont ceux qui
Riom , qui demande l'établissement d'un hôtel ont fait fusiller au champ de Mars les signataires
de monnoies. d'une pétition relative à un décret non encore
rendu. Ces magistrats pervers ouvrent aujour
Le département du Cher fait passer des mé
moires sur l'amélioration de la culture. d'hui un grand registre de guerre civile ; ils en
MM. les ci-devant employés à la ferme ou signent la première page , et donnent ce funeste
régie des charbons de Paris demandent des in exemple à tous les ci - devant voleurs des 83
demnités. départemens. - -

Les citoyens de Pontoise expriment leurs re Savez-vous , messieurs , ce qui arrivera si le


grets sur le veto déclaré par le roi, et l'imputent roi défère à la pétition du directoire ? La nation
aux ministres dont ils suspectent les principes. se vengera elle-mêne comme elle a déja fait.
Plusieurs sections de Paris, celles des Enfens Nous vous demandons un grand exemple ; nous
Rouges , de l'Observatoire, du Luxembourg , de demandons que le directoire soit mis en état
d'accusation. -

la Croix-Rouge, de Mauconseil , des Quinze


ingts , et trois autres , viennent apporter à La pétition qui a été présentée au roi est cou
'Assemblée nationale l'inprobation la plus posi pable , 1°. parce qu'elle contrarie l'effet de la
tive de l'adresse ou pétition présentée au roi par loi ; 2°. parce qu'elle est collective. Elle est col
dix individus, membres du département de Paris, lective ; car les signataires se sont désignés
qui ontprié le roi d'apposer son veto au décret comme membres du directoire, et, dans le cours
rendu concernant les prêtresperturbateurs. de la pétition , ils ont parlé de leurs fonctions.
La section du Luxembourg a déja fait passer Ne soulevez pas , messieurs , la massue natio
au roi lui-même un vœu tout contraire ; celle nale pour écraser des insectes tels que les Var
de la Croix-Rouge demande que le décret rendu nier, les Delattre. Caton et Cicéron ne s'amu
soit déclaré constitutionnel : ce qui a fait élever soient pas à faire le procès aux esclaves de Céthégus
lus d'un murmure. et de Catilina. Frappez les chefs de la conspi
ratiOn .
Nombre d'autres députations de pétitionnaires,
tous citoyens de Paris, arrivent successivement , Usez de la foudre contre les princes conjurés,
et énoncent avec une énergie nouvelle et comme et de la verge contre un directoire insolent ».
à l'envi, le même sentiment d'improbation. Nombre de voix demandent que cette adresse
Parmi ces députations il en étoit une qui avoit soit imprimée, insérée au procès-verbal, envoyée
pour orateur le célèbre Camille Desmoulins. Il a aux départemens. D'autres votent pour qu'elle
dit qu'il craignoit l'insuffisance de sa voix , et soit envoyée au comité de surveillance : l'Assem
M. Fauchet a lu son adresse. Des applaudisse blée décrète l'envoi au comité de législation, et
mens et des murmures en ont accompagné la les pétitionnaires sont admis dans le sein de la
lecture. séance.
« Législateurs, les applaudissemens sont la liste Les officiers municipaux de Versailles, der
civile du peuple ; nous vous offrons les nôtres. nièrement nonmés, viennent se plaindre de ce
Recueillir les éloges des bons citoyens et les im que leurs devanciers ne leur cèdent point la
probations des mauvais , c'est réunir tous les
lace , et de ce qu'à raison d'une opposition
suffrages. Le roi a apposé son veto au décret * par l'une des sections de la commune, le
que vous avez porté contre les émigrés ; nous ne
département suspend leur installation.
( 2325)
Cette plainte a été fortement appuyée par M. cette deuxième proclamation , si dangereuse à
Lecointre, qui accuse d'aristocratie, et le dé faire , la première étant tombée tout à plat.
partement et la précédente municipalité. L'accu Cette pétition a été làchée pour sonder d'avance
sation a été rejetée par M.leCheron , en termes l'opinion publique, et pour escorter le veto si
peu mesurés ; il a sommé préopinant de dé- on se détermine à le lancer. Aujourd'hui que
poser Sl1r le bureau SOI1 accusation et les preuves l'opinion repousse cette pétition, ses auteurs se
ensemble, « sinon , a-t-il dit , je le déclare ca retranchent à dire qu'elle n'est que l'énoncé de
lonniateur à la face de la France entière ». Cet leur opinion particulière; mais, dans ce cas,
éclat en a produit d'autres : MM. Lacroix et pourquoi ont-ils affecté d'accoller à leurs signa
Grangeneuve demandent que M. Cheron soit tures leur titre de membres du directoire du dé
mis à l'ordre , avec insertion de son nom au partement ? Il est évident qu'ils ont voulu agir
procès-verbal. Un avis plus modéré a prévalu, comme directoire, comme corps imposant, pour
présenté par M. Vaublan ; le rappel à l'ordre, se servir de leur expression. Il y a dans cet acte
8g I18 1I1Sert ! On . un manége de cour , une manœuvre dont les
- On a ensuite renvoyé au comité militaire la francs patriotes sont indignés ; ils ont été fâchés
pétition présentée par une députation du direc de voir que l'honnête, le bon la Rochefoucauldt
toire de département de Seine et Marne , M. le s'y soit laissé entraîner et surprendre. Quant à
Brun, membre de l'Asse - lée constituante, por M. l'abbé Talleyrand , personne ne doute qu'iI
tant la parole : on demande une augmentation soit un ami sincère de la constitution; nais il a
de vingt-quatre brigades de gendarmerie natio de l'ambition, il veut être ministre un jour, et
nale, pour rétablir l'ordre dans le département quand on a ce desir, dans un gouvernement
de Seine et Marne , où des scélérats parcourent mixte comme le nôtre , on croit devoir allier
les campagnes , mendient les armes à la main , les complaisances pour la cour aux services
pillent les fermes, répandent le désordre et la réels rendus au peuple : c'est une mode angloise
terreur. - - -- - qui commence à se naturaliser chez nous , mais
- Un soldat de la Guadeloupe a été admis à la qui sera toujours dédaignée par les hommes supé
barre ; il est couvert de blessures qui rendent sa rieurs, et méprisée par les vrais anis de la li
marche très-pesante. Le président l'a invité à berté. Au reste, les administrateurs des dépar
parler assis : l'Assemblée a applaudi. - Le sol temens frontières et de l'intérieur, ou les prètres
dat s'est assis ; il a exposé qu'il a sollicité en vain séditieux et fanatiques sont plus dangereux qu'à
son admission à l'hôtel des invalides, il espère Paris, tiennent un autre langage, et les adresses
que l'Assemblée rendra justice à son courage et à de félicitation qui arrivent à l'Assemblée natio
ses services. - L'Assemblée l'a accueilli hono nale , de toutes les parties de l'empire , prou
rablement ; le comité militaire est chargé de faire vent assez que son décret est aussi bon et aussi
le rapport de sa demande. - | nécessaire que le veto du roi pourroit être fu
Plusieurs maîtres d'écriture et de mathéma neste dans les circonstances actuelles.
tiques ont présenté leurs hommages à l'Assem
blée, et l'ont assurée du zèle avec lequel ils se Circonstances et rapprochemens de la plus
dévouent à l'éducation de la jeunesse. haute importance.
P A R I S. Des soldats auxgardes suisses disent tout bon
nenent qu'ils doivent aller joindre leur colonel
* Voici, dit-on, le mot de l'énigme de la péti général ( M. d'Artois ) au prennier jour de l'an,
tion présentée au roi par le directoire du dépar et qu'on leur donnera la veille du départ un louis
tement de Paris, contre le décret rendu pour la à chacun. On se rappelle que M. Montmorin a
répression des prêtres séditieux : la cour, ou le eu grand soin de ne pas renouveller la capitula
parti de cette cour qui veut apposer le cher veto tion avec les suisses ; M Lessart n'y songe sûre
à ce décret effrayantpour les rebelles de l'inté ment pas non plus ; M. d'Affry prévient que les
rieur, a senti que le pas étoit glissant; le ministre régimens suisses au service de France ne doivent
Lessart , signataire de l'inconstitutionnelle pro point préter le serment national ; et cependant
clamation royale qui a suivi le premier veto sur on fait approcher insensiblement tous ces regimens
la loi contre les énigrans, n'osoit pas se charger des frontières du nord : le projet saute aux yeux.
d'en faire et signer une seconde dans le cas du l)epuis le commencement de ce mois , les
veto présent; on a imaginé une pétition du réémigrans, sur lesquels on compte le plus à
directoire de Paris, comme un remplacement de Worms et à Coblentz, reviennent à la hâte et en
v, ------- r

foule tant à Paris que dans les chefs-lieux de directoire de Paris , conmuniquée d'avance aux
leurs divers départemens en France ; les uns ont directoires des quatre-vingt-deux autres départe
pour but de donner la main aux prêtres séditieux mens par le gentil Lessart , a dû présenter, en
au moment d'une prochaine explosion ; les au effet , une perspective nouvelle qui exigeoit sans
- tres, de se trouver dans la capitale en ce même doute d'autres combinaisons que celle d'aller si
instant ; tous ensemble de faire de nouveaux tôt proposer la guerre contre les émigrés. Ainsi
fonds : le projet saute aux yeux , et il coincide - la publication d dessein de la nouvelle décla
parfaitement avec celui du départ des suisses et ration de Léopold pour effrayer l'Assemblée
du rapprochement de leurs divers régimens vers nationale ; la réalité de cette déclaration pour
les frontieres. faire marcher des troupes étrangères vers nos
. La prompte publication , par ordre , dans la frontières et agir hostilement quand on voudra ;
Gazette universelle , de la nouvelle déclaration le silence du ministre Lessart sur cette double
de l'empereur, dont nous avons parlé dans notre perfidie ; la belle pétition des Garnier, Démeu
Nº.797, peut avoir pourbut (je dis la publica nier , Beaumetz et autres , communiquée aux
tion si pronpte et de si bonne foi) de nous effrayer e,uatre-vingt-deux autres directoires de départe
et de pusillanimiser l'Assenblée nationale ,pour mens ; l'accélération des préparatifs de guerre
la préparer à des modifications dans la constitu des princes frères ; toute ces circonstances co
tion , ou l'empêcher de prendre des résolutions incidant avec le reflu - *raordinaire des rééni
vigoureusesà temps et à propos; mais cette dé grans en France et le popos des gardes-suisses ;
- claration en elle-même n'en est pas moins réelle. tout le conplot , dans toutes ses combinaisons ,
D'ailleurs, pour les puissances coalisées , elle saute aux yeux, et il n'est plus permis qu'à un
n'en est pas moins une suite du complot général traître ou auplusstupide deshommes d'en douter.
médité depuis le traité de Beichenbach et la dé Sire, en êtes-vous de ce complot ?j'aime à ne
claration de Padoue et celle de Pilnitz entre les pas le croire ; mais venez donc au milieu de ce
différentes cours d'Europe ; enfin , elle n'en est bon peuple , au milieu de ses dignes représen
pas moins une déclaration deguerre très-évidente, tans;venez leur découvrir toutes les traumes dont
très-insolente, très-officielle, très-diplomatique, les ennemis de la patrie environnent le trône:
dont on peut arguer militairement à chaque ins en vous jettant dans les bras du peuple souverain
tant contre la nation françoise, qui rugit d'indi nous serons 25 millions d'hommes, qu'avez-vous
gnation en attendant que ses représentans prennent à craindre avec nous ? vous avez tout à craindre
enfin un parti, et contre le roi, qui devroit tout avec nos ennemis. On vous dira peut-être que
savoir et tout dire , et qui cependant ne dit rien l'occasion est plus belle que jamais ; que tout est
encore. Cette déclaration a été suivie ou accom p1 éparé à souhait ; que nous sommes endoruuis
pagnée d'une lettre au roi , qui l'a lue mardi sur le danger et fatigués de nos maux. Peut-être
dernier 6 de ce mois, en présence de quelques voudra-t-on vous entrainer à une seconde éva
personnes qui l'ont répété, et qui ont cru voir sion , peut-être imaginera-t-on plutôt de vous
dans le roi une disposition décidée d'aller lui , faire demander d'être à la tête d'une armée qui
même en faire part, jeudi dernier 8, à l'Assem iroit combattre vos frères. Rejettez, sire, toutes
blée nationale , et d'y proposer lui - même la ces insinuations et ces conseils ; restez avec nous,
guerre. Pourquoi le roi a-t-il changé d'avis ou nous défendrons bien notre cause et celle du
retardé son apparition à l'Assemblée nationale ? trône constitutionnel si vous n'en faites qu'une
C'est ce qu'on ne peut pas dire au juste. On pré des deux. Souvenez-vous, sire , que la déclara
sume soulement que lafameuse pétition présentée tion des droits de l'honme est impérissable comme
mardi au soir par les dix menbres du directoire la nature , et que si les rois d'Europe s'arment
du département de Paris , qui ont eu l'insolence contre nous , nous armerons contre eux tous les
criminelle de prendre l'initiative du veto royal peuples et leurs propres soldats : la commotion
sur le décret contre les prêtres insermentés , est du feu sacré de la liberté va enbràser toute l'Eu
la cause de ce changement ou retard. Cette cir rope au premier coup de canon tiré contre nous.
constance de la pétition de quelques membres du CARRA.

On s'abonne à Paris , chez BuissoN, libraire , rue Hautefeuille, à qui l'on adressera, franc de port, el prix
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Et chez tous les Libraires et Directeurs des Postes du Rovaume et de l'Etranger. * -

Il paraît tous les jours un Numéro de ce Journal. Prix, 36 liv. pour un an, 18 liv. pour 6 mois, et de 9 lie. ponr
5 mois , franc de port, par la poste, pour tou le Royuunue. L'abonncment ne commence quedu premierd'un mois
ANNALES PATRIOTIQUES ET LITTERAIRES
D E L A F R A N C. E, - _ - .- r -

ET A F F A 1 R E s P o L 1T 1 Q U E s D E L E U R o P E ;
J O U R N A L L I B R E, par une Société d'Ecrivains Patriotes ,
dirigé par M. MERcrER, et par M. CaRRA, un des Auteurs.

Des tigres ont juré d'exterminer la France :


Quatre ou cinq rois, dit-on, épousent leur démence ;
Je les crains peu. Calonne a tramé leurs exploits :
Dieu destina Calonne à perdre tous les rois ! CERUrri.

Nº. D C C C I I. Du Mardi 13 Décembre 179t.


A S S E M B L É E N A T I O N A L E. il ne fût fait aucune mention d'aucune adresse »

Séance du 12 décembre.
et que l'on : * rayer celles qui ont
été accordées dans les deux dernières séances .
M. Lacroix a demandé à son tour , « s'il étoic
U« démon , ennemi du bonheur de la France , ossible de revenir ainsi sur le veeu d'une majorité
a faitgermer au milieu de l'Assemblée nationale éclarée»?Il a dit que c'étoit l'effort d'une petite
un principe de discorde et de mésintelligence qui coalition. - A l'ordre, s'écrie M. Cheron, qu'il
comble d'affliction tous les vrais citoyens. Quoi ! soit mis à l'ordre ! -

l'Assemblée constituante , composée , dans la M. Daveyroult invoque la paix et la bien


moitié de ses élémens , de la plus noire aristo séance : cx Messieurs , a-t-il dit , il est permis
cratie , a pu élever sur les ruines du despotisme sans doute à tout citoyen de penser , de parler
le magnifique édifice de la constitution , et la et d'écrire sur les actes des pouvoirs constitués ;
seconde Assemblée, purgée de ces élémens im mais il seroit indécent , impolitique , injuste ,
mondes, fille aînée du peuple, forte de l'assenti qu'un pouvoir constitué , que le pouvoir légis
ment universel, ne saura pas conserver cet esprit latiffit trophée, au désavantage du pouvoir exé
public qu'elle a trouvé tout créé ! Assurémentil cutif, de quelques adresses , de quelques dé
ne manque dans cette Assemblée ni lumières, ni clamations suspectes, et qu'en les faisant sonner
vertus ; il est à peu près certain que tous , ou bien haut il montrât l'intention usurpatrice de
- : tous les représentans nationaux , veulent miner le pouvoir exécutif. De pareilles inten
e bien ; mais chacun veut le faire à sa guise, et tions , une pareille conduite , sont indignes de
l'on ne cherche pas à s'entendre ; l'intention est la loyauté , de la franchise de l'Assemblée na
la même, les moyens sont dianétralement oppo tionale. ,
sés : et cependant le temps se perd , les loix L'Assemblée décrète que M. le secrétaire ef
restent à faire, le trésor public s'écoule, le pa facera de sa rédaction tout ce qui a trait à ce que
triotisme tombe en langueur , l'incivisme relève les adresses ou pétitionnaires ont dit de contraire
sa tête hideuse ,il ose espérer. au 1e fo, ,
La séance d'aujourd'hui a été presqu'entière Le procès-verbal d'hier, rédigé par M. Gran
ment consommée par de vains * sur la ré geneuve , n'a pas éprouvé moins d'oppositon.
daction de la séance précédente. M. Fauchet , M. Cheron lui a fait un procès de ce qu'en par
secrétaire , avoit fait usage des expressions de lant des sections de Paris, venues hier à la barre,
quelques-unes des pétitions que l'Assemblée avoit il avoit dit un grand nombre de citoyens ; expres
accueillies : deux membres de l'Assemblée se sion incorreoie , dit-il , parce que le mot grand
sont écriés que c'étoit autant d'attentats au pou nombre est purement relatif. Je demande que le
voir exécutif et à la constitution. M. Quatre secrétaire note le nombre exact des pétition
mère est parti delà pour demander que dorénavant naires.
8 aa
-
- -
--
-
- -
-
-

-
-1 ( 23a8 ) . - - - -- --

M. Ramond a abpuyé M cheron"Plusieurs M* Duport, d ordonné que le comité de légis


personnes demandent l'ordre du jour ;, le prési lation en feroit le rapport demain.
dent le met aux voix , et trois épreuves fai
au , Une séance extraordinaire est indiquée à de
milieu du tunulte ne donnent aucun résultat. main soir, sur la lecture de la lettre que voici :
Vainement M, Lasource avoté pour que la mo- . : « Au chef-lieu du globe ( c'est-à-dire à Paris)
tion de M. Cheron fût discutée dans un autre le 12 décembre, l'an troisième de la liberté. -
instant, vainement M. Lacroix requiert à cet - Le monde oppressé et le monde oppresseur sont
effet pour ce soir une séance extraordinaire ;un - aux prises ; leur guerre rappelle les combats du
troisième propose de tenir demain, à neu éures bon et du nauvais principe.
du matin, un comité général : toutes ces motions Il est temns **
cesse ; je prie l'Assemblée
sont écartées ou se perdent dans le désordre gé | de m'accorder un moment d'audience ; je jure
néral ; la sonnette du président perd toute son " qu'il ne sera pas perdu pour le bien du genre
efficacité. Enfin , de guerre lasse, et après trois , humain ». - Signé, Anacharsis Cloots, orateur
heures perdues, on a décrété, snr la motion de du genre humain
M. Cambon , que le décret qui a ordonné hier -- L'Assemblée a-passé- dans les bureaux pour
l'envoi du procès-verbal aux départemens seroit élire un vice-président et des secrétaires. A son
retiré, et que le reste de la rédaction subsisteroit retour elle a entendu et envoyé à ses comités des
en SOIl Cent1er. procès-verbaux venus du département du Nord,
, Le ministre de la justice , ayant obtenu la concernant la suggestion temtée par les émigrans
parole, a fait trois rapports. Le premier,sur une pour entraîner dans leur parti le général Wimpfen.
-contestation élevée , par le chapitre d'Annecy, La séance est terminée par un rapport du co
sur quelques propriétés dont la jouissance est mité de l'extraordinaire des finances, sur la né
assurée par la France à la république de Genève. cessité de déterminer la coupure des assignats
La réclamation du chapitre d'Annecy est depuis au-dessous de cent sous , dont la fabrication
long-temps pendante au conseil du roi ; mais le avoit été décrétée d'une manière purement abs
nouveau régime nécessite une décision de l'As traite , sans désignation de la valeur des petits
semblée sur cette affaire. -- assignats.
- Des réclamations pareilles sont faites par l'é Le comité propose de porter cette fabrication
vêque de Spire et par le duc de Deux-Ponts , à cent millions et de la scinder en trois parties ,
pour les possessions qu'ils avoient en Alsace , et savoir : quarante millions en assignats de 5o sous,
qui se trouvent maintenant réunies à la France. trente millions en assignats de 1 5sous, et trente
L'Assemblée est encore seule compétente pour millions en assignats de 1 o sous.
statuer sur cet objet. - , - Cette masse de papier-monnoie répartie sur la
Enfin , il est nécessaire que l'Assemblée porte France , conformément à la considération de la
un décret sur une extraction de banque à laquelle population, du commerce et des manufactures ,
de cabinet de Vienne témoigne attacher un grand * cesser l'agiotage sur le papier , et rendra la
intérêt. L'Assemblée a décrété le renvoi de ces vie au commerce en rendant la circulation plus
trois objets à l'examen du comité diplomatique, active. Ajourné à demain. -

Le ministré a rendu compte des obstacles qui - -


- - -

ont retardé la formation de la haute cour natio - . P A R I S. . - -

nale. Les procès-verbaux n'ont phs été signés


par les commissaires du roi , présens à la nomii - L'abbé Bonnet , fameux par son fanatismé ,
mation des deux grands procurateurs nationaux. s'étoit insinué ces jours derniers chez une dame
Ces procès-verbaux n'ont pas été remis au mi attaquée d'une maladie dangereuse ; il l'avoit
nistre , et par conséquent il ne connoît pas offi confessée en l'absence de son fils , garde natio
ciellement la convocation de la haute cour. mal. L'abbé Bonnet sort après la cérémonie , et
Ces défants de forme, et plusieurs autrés, ont rèvient bientôt noir faire communier la malade.
arrêté le ministre. Il demande que l'Assemblée - Qne demandez-vons ? que voulez-vous , lui
s'en occupe , et règle jusqu'aux moindres points, , dit le fils , qui étoit de retour ? - J'apporte le
afin que la haute cour ait toute la noblesse , la bon Dieu d madane votre mère.- Et où est-il,
dignité et l'utilité qui convient à une telle insti où est le ciboiré ? - Le fanatique est forcé de
-tution. -

dire qu'il l'a dans son gousset. - Allons,f. le


L'Assemblée , en applaudissant aux vues de * camp , dit le garde national , ma mère ne prend
( 2329 )
as chat en poche, et il va trouver le curé de jourd'hui sur le complot des traîtres, et sur les
nt - Victor, qui s'empressa de communier orreurs qu'on nous prépare. Bientôt nous serons
cette dame avec les formatités ordinaires , mais enveloppés dans le tourbillon funeste de la tra
sans exiger qu'elle se confessât de nouveau. hison la plus infernale, si le peuple françois tout
( Extrait du Conrier du patriote Gorsas.) entier, réveillé en fureur, ne lève son énorme
massue , et ne parle enfin en souverain et en
maître. Le pouvoir exécutif et ses agens prin
Colmar, le 4 décembre. cipaux ont savanment conbiné depuis long
' Ce matin , un détachement de trente hommes tenps et profondément conspiré aujourd'hui notre
de cavalerie , accompagné d'un commissaire du perte ; ils étoient , ils sont et ils seront long
département, partit pour la petite ville de Sainte { temps encore parfaitement d'accord sur ce point
Croix pour mettre à * raison une horde d'hommes avec nos ennemis du dedans et du dehors ; car
et de femmes fanatiques qui ont commis les excès cette poignée de chevaliers errans d'outre Rhin ,
Ies plus effrénés. Le curé constitutionnel de Her ces prêtres imbécilles et séditieux de l'intérieur,
lisheim ayant été voir son collègue de Sainte ces tyrans européens qui chancèlent sur leur
Croix , ces furieux attaquèrent le presbytère, et trône, comment auroient-ils osé nous menacer ?
blessèrent le premier d'un violent coup de hache. connent auroient-ils osé regarder seulement en
La gendarmerie nationale fut déja envoyée hier face le drapeau national de France , enblême
pour se saisir des principaux acteurs , excités sacré de la déclaration des droits de l'homme ,
par plusieurs prêtres non-jureurs qui avoient cette base immortelle de notre constitution , si
établi leur domicile à Sainte-Croix. Ces ministres le pou oir exécutif de l'ancien régine, introduit
de paix seront conduits sous bonne escorte à dix impudenment dans cette constitmtion, ne la tra
lieues de l'endroit, et recommandés à la vigilance hissoit elle-même sous tous les rapports ? Oui ,
particulière des municipalités. Ce détachement citoyens ! le pouvoir exécutif, chargé , par la
restera à Sainte-Croix pour y maintenir la tran constitution , de défendre nos droits , notre li
quillité, et sera logé chez les particuliers les plus berté et cette sainte égalité de droits , le plus
sujets à caution. beau présent du ciel , a formé l'affreux complot
* Plusieurs maires et mêmes quelques municipa de les détruire en vertu de cette constitution
lités de nos environs, intimidéspar les menaces même. Tout nous trahit donc, jusqu'à cette cons
des scélérats et des fanatiques dirigés par les titution , ou plutôt, dis-je, jusqu'aux articles de
| prêtres séditieux , ont envoyé leur démission
Dans quelquesvillages , on est assez embarrassé
cette constitution , inventés par les Déneunier,
les le Chapelier, les d'André et autres , qui sont
de leur remplacement. les premiers traîtres constitutionnels.
Obs. Les mêmes manœuvres sont employées, Mais comment nous garantir de tant de piéges
avec le même succès , dans les départemens des tendus à la fois et dans tous les sens ? Des cons
Pyrénées par les prêtres aristocrates , excités et pirateurs nous bravent : les attaquerons-nous les
soudoyés par l'or de l'Espagne ; et c'est dans de premiers , ou attendrons -nous qu'ils viennent
telles circonstances que ces mêmes hommes qui nous attaquer ? Si nous les attaquons , comme
ont fait massacrer le peuple de Paris au champ de nous en avons le droit , dans le champ clos de
Mars , pour étouffer dans son sanginnocent la leur retraite , d'où ils nous insultent et nous dé
juste indignation qu'avoit excitée en lui l'évasion clarent chaque jour la guerre, le pouvoir exécu
de Louis XVI ; c'est dans ces circonstances , tif ne les avertiroit-ilpas en secret des opérations
disons-nous, que ces mêmes hommes osent oppo des propres armées dont la direction suprème lui
ser à la loi juste , portée par l'Assemblée natio est confiée ? ne profiteroit-1l pas de cette occa
nale pour sauver la patrie des troubles religieux sion pour grossir l'armée même de ses fières de
qui la déchirent , une pétition perfide , combinée tous les régimens suisses et ailemands qui sont à
avec une cour corrompue et toujours ennemie. notre soide , et peut-être de quelques régimens
françois où de traires officiers sont restes sans
QUEsTIoN nÉc1s1vE : Devons-nous attaquer les doute exprès, sous prétexte de faire marcher ces
rebelles d'outre Rhin , ou devons-nous at régimens contre les rebelles la conspiration gé
nérale des tyrans d'Europe n'en tireroit-elle pas
tendre leur attaque ? des conséquences diplomatiques à sa guise, pour
Non, citoyens ! il n'y a plus aucun doute au envoyer de toutes parts au secours des princes
( 233 o )
rebelles leurs troupes et leur flottes , sous pré Allemand , et autres étrangers suspects , qui de
texte de la violation du territoire germanique ? vroient être dans l'intérieur : on a eu soin d'en
Cette occasion même n'en seroit-elle pas une faire sortir , vers la fin de novembre dernier , le
bien favorable pour faire passer en gros au-delà 12e régiment de dragons , dont les sous-officiers
du Rhin le reste du trésor national, dont le pou et soldats, animés du patriotisme le plus pur,
voir exécutif a la clef, et dont on n'a pu faire auroient vu trop clair dans le complot et l'au
p: jusqu'à présent que des parties en détail ? roient déjoué par leurs lumières et leur courage.
e roi ne saisiroit-il pas lui-même cette occasion, On nous écrit de Thionville que le projet des
ou d'autres incidens amenés à dessein, pour aller rebelles cantonnés à Worms et aux environs ,
s'enfermer à Metz ou dans une autre ville des est de venir nuitamment par les forêts de Sar
frontières , et tout cela sans qu'on puisse voir bruck s'emparer de Metz, en laissant Thionville,
d'avance la trahison assez à découvert ou assez Sarre-Louis et Longwy de cô é : ils croyent que
à temps pour la punir sur le champ et parer à ses tout est disposé à Mi* pour leur ouvrir les
suites? Qui peut douter de toutes ces nanœuvres ortes. Mais malgré tous ces préparatifs de tra
infernales quand on a la terrible expérience du * de tout genre, dans un cas comme dans
passé, la perspective plus terrible encore du pré l'autre , il paroît bien plus prudent , toute ré
sent, les preuves multipliées de la conduite aris flexion faite dans la cruelle alternativ e où nous
tocratique des ministres qui viennent de quitter ? sommes , d'attendre les rebelles , parce qu'alors
quand on connoît l'immoralité des cours, la ten le pouvoir exécutif et ses principaux agens étant
dresse de Louis XVI pour ses frères et la maison bien convaincus , non-seulement d'une négli
d'Autriche, son doux penchant au veto; quand gence perfide , mais d'une trahison complète et
on saitjusqu'où la rage et l'orgueil des ci-devant réparée, la nation toute entière , conne je l'ai
peuvent les porter, et jusqu'où la vengeance des * plus haut, se levera en fureur et saura bien
rois qu'on a rendus constitutionnels malgré eux punir les traîtres du dedans , et chasser igno
eut aller ? Pour exécuter tous ces complots il minieusement de ses frontières les traîres du
* nous endormir et nous surprendre : il est dehors. Citoyens des 83 départemens ! ce que je
donc d'une évidence frappante que si le roi pro vous dis et vous annonce est de la plus sérieuse
pose à l'Assemblée nationale de déclarer la guerre importance : tenez -vous prêts pour le coup ;
aux émigrés,c'est pour s'investir d'une confiance veillez plus que jamais ; armez-vous de toutes
qui le rendroit maître absolu de toutes les opéra pièces; despiques, des piques sur-tout !!! L'heure
tions militaires, de toutes les places fortes, de avance ; le tocsin d'une révolution générale en
toutes les gardes nationales, sans que personne Europe va sonner. CAR RA.
osât douter de la sincérité de sesintentions, nicri
tiquer ses démarches; c'est enfin et par ces moyens P. S. C'est vers le 15 janvier, dit un voyageur
qui arrive de Worms, que les rebelles doivent
et par ceux que nous venons de développer qu'il nous attaquer ; nous y serons.
rempliroit avec une plus grande certitude et plus
de célérité le but d'une contre-révolution , et le Vota.Si la grandeposte arrête quelquesfeuilles
lan combiné dès long-temps entre ses frères, ses de ce numéro , comme cela lui arrive quelquefois
alliés et lui. C'est-là à coup sûr la résolution de lorsque je donne des avis importans , je la dé
la cour, car elle ne peut pas se persuader qu'à la noncerai au peuple entier comme ayant conservé
fin elle ne nous prendra pas dans ses piéges. le cabinet secret;je dirai comment on a auré les
D'un autre côté, en attendant l'attaque des portes de ce cabinet d'un côté , et comment on
les a ouvertes de l'autre.
rebelles , nousvoyons bien que tout estpréparé -

également par le pouvoir exécutif et ses princi


paux agens, pour leur faciliter cette attaque vers La Gazette universelle , du 6 courant, peint
différens points de nos frontières , et opérer en comme insubordonné le régiment ci-devant Lor
d'autres sens des trahisons de tout genre. Metz raine : elle se trompe grossièrement ; c'est au
n'est plus gardé aujourd'hui que par des régimens régiment de Touraine auquel le général Witt
suisses et allemands ; savoir, Nassau , loyal genstein a parlé.
On s'abonne à Paris, chez Buisson, libraire, rue Hautefeuille, à qui l'on adressera , franc de port, le prix
de l'abonnement et la lettre d'avis , et toutes les lettres pour les Auteurs des Annales patriotiques.
Et chez tous les Libraires et Directeurs des Postes du Royaume et de l'Etranger.
ANNALEs PATRIOTIQUES ET LITTERAIRES
3
- D E L A F R A N C E,
ET A F F A I R E s P o L 1 T I Q U E s D E L E U R o P E,
J O UV R N A L L I B R E, par une Société d'Ecrivains Patriotes ,
dirigé par M. MsRcIER, et par M. CARRA, un des Auteurs.
--

Jes tigres ont juré d'exterminer la France : -

Quatre ou cinq rois , dit-on, épousent leur démence ;


Je les crains peu. Calonne a tramé leurs exploits :
Dieu destina Calonne à perdre tous les rois ! " CERUTT,

N. D c cc 11 I. Du Mercredi t4 Décembre 179t.


A S S E MBL É E N AT I ON AL E. qui seule peut sauver l'armée ». Sur sa motion ,
l'affaire est envoyée au comité militaire.
Séance du 13 décembre. Le département du Morbihan se laint de ce
L- commerce des grains est une partie sur qu'il n'a pas encore reçu le décret du 15 sep
tembre, sur les inpositions.
laquelle la multitude ne peut s'accoutumer à re La municipalité de Saint-Brieux fait passer à
connoitre le systême bienfaiteur de la liberté ; l'Assemblée la déposition de deux soldats du 36e
on ne veut voir que le besoin du moment , et réginent , qui accusent un abbé d'avoir essayé
l'on ne calcule pas que la circulation gênée est de les enrôler peur l'armée des princes. La ruuni
un principe de cherté et de famine. Le peuple de cipalité de Saint-Brieux a cherché l'abbé enbau
Saint-Omer a arrêté quarante mille razières de cheur, il avoit disparu. -

bled destinées pour le département de la Gironde ; L'Assemblée a décrété, sur la motion d'un de
l'administration de ce département invoqne l'au ses membres, que le ministre de l'interieur pré -
torité des législateurs pour être préservée des pro sentera l'état de l'emploi de l'argenterie et des
chaines angoisses de la disette. Sur la motion de cloches des églises supprimées.
M. Cambon , il est décrété que cette lettre sera - A samedi est ajournée la discussion d'un rap
envoyée au pouvoir exécutif ,pour la faire im port du comité de commerce concernant l'arres
primer et l'envoyer aux départemens du Nord , tation faite , sur la frontière , de quatre cent
de la Sonne et du Pas-de-Calais. Le peuple , quatre-vingt-trois nille livres, dues et envoyées
a-t-il ajouté, n'est qu'abusé; dès qu'on lui prou par des banquiers de l'aris à l'état de Soleure. Le
vera que les grains du royaume ne vont pas comité est d'avis de la nain-lèvée.
nourrir les énigrés, nous n'aurons pas d'insur M. Rull a proposé un plan de conduite et ma
rection à craindre. -

projet de décret sar les prétentions des potentats


M. Lessart envoie un mémoire sur les ponts germaniques possessionnés en Alsace. Ils affec
et chaussées , et s'engage à répondre aux attaques tent, dit-il, d'ignorer que le traité de Westphalie
de M. Fauchet, qu'il appslle injustes, violentes ayant assuré la souverainetéde la France sur l'une
et « ruclles. et l'autre Alsace, l'Assemblée constituante, dans
Le calme est absolument rétabli à Besançon, le fameux décret du 4 août 1789 , en abolissant
graces au zèle et à la bonne intelligence des la féodalité, n'a fait qu'user du droit souverain,
troupes de ligne et de la garde nationale , dont et qu'il n'étoitpas dû plus aux étrangers qu'aux
les administrateurs parlent avec les plus grands res nicoles; c'est donc une surabondance de géné
éloges ;. nais ils estiment que le bon ordre ne rotté qui a fait proposer une indemnité aux
peut être consolidé que par le licencienent du princes possessior nes, qui se permettent aujour
régiment de Nassau. « Ce n'est pas le licencie d'ui de faire les dfiiel.s. Je propose de décré
ment , s'écrie M1, Vaublan , c'est la discipliné ter qu'attendu les précédens décres qui leur ont
8o ;
v ar- Va V

été notifiés par le roi , et qui leur promettoient un projet de décret qui est consacré à l'instant
toutes indemnités, s'ils entroient en négociations, même par l'unanimité. -

il ne leur sera plus donné qu'un mois pour en «Toutfrançois ayant un traitement, pension,
voyer au roi leurs titres et leurs demandes. - ou rente quelconque sur le trésor public, ne
Passé ce temps, leurs droits féodaux suppri pourra en obtenir le paiement , même s'il se
més seront mis dans la classe de ceux qui appar présente en personne , qu'en présentant un cer
tenoient aux habitans de la France , et qui ont tificat de résidence * royaume , sans inter
été abolis sans indemnité. --
ruption depuis six mois. --

Leur refus d'entrer en négociations les consti Ces certificats seront délivrés par la municipa
tuera en état d'hostilité; en conséquence , leurs lité du lieu du domicile de fait, et visés par le
possessions en France seront confisquées et district : ils ne seront valables que pendant un
vendues.
mois, à compter du jour de leur date.
Le projet est renvoyé au comité diploma Lesfonctionnaires publics seront obligés, pour
tique. être payés, de présenter un certificat, où il sera
La discussion s'est porteé sur la matière des énoncé qu'ils sont actuellement à leur poste, et
remboursemens. M., dans un excellent dis qu'ils ne l'ont pas quitté depuis six mois.
cours , dont l'Assemblée ordonne l'impression , Les négocians sont exceptés des présentes dis
a passé en revue les intrigues combinées de l'in positions, moyennant un certificat qui cons atera
eivisme et de l'agiotage, et a fait sentir que un leur profession. Tout receveur ou trésorier qui
et l'autre seroient déjoués par une énission de paiera en contravention du présent décret , sera
papier-monnoie qui remplaceroit dans tous les personnellement responsable et privé de son état.
sens le numéraire fugitif. Il assure que les assi Les cessionnaires de créances sur l'état qui ne
gnats inférieurs à la valeur de 5 liv. sauveront la justifieroient pas de la résidence de leur vendeur
parie, et conclut en proposant , dans un projet en France, depuis et pendant six mois, ne seront
de décret, de nouvelles mesures pour accélérer pas payes ». -

-
la rentrée des impositions , un rapport prompt
sur le mode des remboursemens , enfin une par P A R I S.
cimonie scrupuleuse dans les dépenses publiques.
L'Assemblée reçoit un tribut d'espèce singu Le nouveau ministre de la guerre , M. Nar
lière ; c'est un rouleau de vingt-cinq louis d'or bonne va partir pour parcourir les fron
qui avoit été offert pour corrompre un employé tières des Pays-Bas françois et des haut et bas
de la caisse de l'extraordinaire : il fait hommage Rhin. Tout ce qu'on peut dire de ce voyage ex
à la nation de ces dons du crime, et l'Assemblée traordinaire , qui indique que nous sommes à la
les ennoblit en ordonnant qu'ils seront distribués veille de la guerre , c'est que si le ministre est
aux pauvres de Paris. Mention honorable est dé patriote, sa présence aux frontières peut faire
cernée sur le procès-verbal. -

beaucoup de bien ; mais s'il n'est qu'un aristo


M. Narbonne a rendu compte de la querelle crate déguisé sous le masque constitutionnel qui
élevée à Marseille entre quelques citoyens et le couvre aujourd'hui tant de perfidies, son voyagé
régiment suisse d'Ernest. Le calme a été rétabli ne donnera pour résultat que d'horribles trahi
par la sortie du régnent. Le rapport est envoyé sons. Nous approchons du dénouement ; sous
au comité militaire. deuxou trois mois nousyserons parvenus : puisse
. M. Merlin a ramené la discussion sur les l'Assemblée nationale s'élever à la hauteur des
finances ; il a proposé une fabrication de trois circonstances , et puisse son courage et sa vertu
cents millions * de 5o, 25 et 1 o sous. sauver la liberté et l'empire , dont les destinées
La municipalité de Paris, M. Pétion à la tête, sont aujourd'hui dans son sanctuaire ! Les aris
a paru à la barre, au milieu de mille et mille - tocrates et les ministériels voudroient placer ces
applaudissemens qui l'ont suivie dans l'intérieur | destinées dans la main du pouvoir exécutif ;
du prytannée. Elle vient déférer un astuce des mais pensent-ils donc que nous ayons déja ou
mauvais citoyens , qui en émigrant trouvent le | blié le 21 juin , et toutes les trahisons qui ont
moyen d'emporter la substance de la patrie, en précédé cette mémorable journée ? Si le pouvoir
se passant de certificats de résidence , ou en en - exécutif étoit aujourd'hui de bonne foi, commé
résentant d'infidèles. | on voudroit nous le persuader , ne sentiroit-il
Le comité des finances a présenté sur cet abus | pas qu'il ne peut regagner la confiance qu'en
( 2333 )
obéissant à l'impnlsion de l'Assemblée natio au général Wittgenstein le procès-verbal des offi
tionale , de ces représentans que le peuple s'est ciers municipaux. Le général a répondu à notre
librement donnés ? Bien loin de là , le pouvoir commandant qu'il alloit donner les ordres les
exécutifsemble me travailter qu'à diviser cette plus précis pour que pareille chose n'arrivât plus
Assemblée nationale,à la dominer,àse l'asservir, à l'avenir; et Elias , garde-magasin des lits mili
à l'avilir aux yeux du peuple, pour pouvoir en - taires à Sedan , a paru par sa lettre en date du 6
suite la culbuter à son gré , et avec elle le nou du courant, écrite à notre premier lieutenant
vel ordre de choses. colonel, décliner la jurisdiction du général à cet
Les ambassadeurs de Suède et de Russie sont effet; car il dit positivement que c'est du commis
partis, ou à la veille de quitter la France : on saire des guerres, de l'ordonnateur et du ministre
se rappelle que celui d'Espagne a déja disparu. que , d'après l'article 16 de son traité, il dépend
Le club des feuillans est redevenu le centre de entièrement ; que c'est à eux à juger.
toutes les intrigues ministérielles ; les citoyens Ainsi, d'après lui, lorsqu'une fourniture mau
de la capitale s'alarment sur le danger des na vaise seroit présentée , il s'ensuivroit qu'il fau
nœuvres qui peuvent se traner dans ce club mys droit ou s'en passer, ou l'accepter; car, s'il falloit
térieux , pour diviser, énerver et dominer l'As attendre la décision du ministre de la guerre ,
semblée nationale , et pour préparer d'autres et sur-tout de ceux qui ne sont pas patriotes et
é, ènemens. On demande aujourd'hui que les qui détestent lesvolontaires nationaux, les gardes
séances de ce club soient publiques, comme nationales seroient dans le cas d'acheter même la
celles de la société des amis de la constitution. paillepour les coucher,puisque la décision seroit
Les feuillans, un peu embarrassés de cette de extrêmement longue à venir.
mande, ont répondu à ceux qui l'ont fornée, Vous pourrez par vous-même juger de la four
que sous quinze jours à trois semaines ils espèrent niture qui nous a été faite, et dont une très-petite
pouvoir satisfaire le vœu public. Le club aristo partie, prise au hasard, vient d'être envoyée par
cratique présidé par Cazalès, fit il y a un an la nous à l'évêque patriote du Calvados, chez lequel
même réponse dilatoire au peuple , allarmé de vous pourrez , si vos occupations vous le per
l'existence de cette capucinière. mettent , vérifier les faits que nous vous dé
nonçons.

Les chefs, officiers, sors-officiers et volon Quelques-ans de nos volontaires ont mieux
taires du deuxième bataillon du département aimé coucher sur la paillasse que sur des langes
de la Marme, aupatriote Carra. aussi dégoûtans : heureux si tous a oient pris ce
- Donchery, le 8 décembre 1791.
parti l le bataillon n'auroit pas eu en très-peu de
temps vingt-trois hommes à l'hôpital, dont la
Nous vous avons écrit, ily a environ un mois, majeure partie est attaquée de la galle, épidé
pour vous dénoncer les vexations les plus odieuses nie que nous craignons voir se propager. Nous
exercées contre nous : vous en avez parlé dans vous observerons que les autres fournitures ne
un devos numéros.Vous avez pris, mais en vain, sont guères meilleures que celle des draps ; et
notre défense ; recevez nos remercimens et la nousajouterons que nous croyons que l'on cherche
demande que nous vous faisons , au nom de la à rebuter les gardes nationales ( mais assurez la
patrie, de la justice et de l'humanité, de dénon patrie de notre patriotisme et de notre dévoue
cer à la nation entière ce qui vient de se passer. nent ) car les troupes de ligne , nos frères
Il avoit été donné aux volontaires du bataillon d'armes enfin , sont mieux traitées que nous.
des draps dont la malpropreté quiy étoit empreinte Annoncez aussi à tous les François que notre
et le mercure dont ils étoient encrassés annon bataillon a envoyé, il y a environ un mois , une
çoient qu'ils avoient servi dans un hôpital de adresse à l'Assemblée nationale, à l'eflet d'offrir
vénériens et galleux ; nous nons sommes récriés ses services pour passer à Saint-Domingue , et
sur la malpropreté de cette fourniture , mais en que nous sommes singulièrement consternés de
vain. Nous nous a tendions que celle du con n'avoir pas vu sur vos feuilles qu'il ait été ques.
mencenent de décembre seroit meilleure : quelle tion de nous.
a été notre surprise de la voir encore plus nau Adieu , brave patriote , nous sommes tout à
vaise que la première ! M. Bergères , notre vous , parce que vous ées tout à la patrie , vos
premier lieutenant-colonel, a prié la municipa frères et anis, Naullet, adjud.-maj. ; Drouet ,
lité de cette ville d'en verbaliser , et a fait passer capit. ; Grenet, capit.; Chenery, lieut. ; Ber

--
-
2 54 )

gères, prem. lieut.-col.; Degaulle , capitaine; Le général leur demanda jusqu'à quelle heure on
Spital , adjud. sous-offcier; de Pinteville, sec. danseroit ?-Jusqu'au matin. - Fort bien ,
Mieut.-col. ; Maxinin , capit. ; Glenat , sous messieurs, ce n'est pas trop,je serai des vôtres :
lieut.; Dimaumont, lieut.; Brémont, scg.-naj. ; et j'espère que lorsque je vous invierai à moia
tour à une autre danse, vous ne mentrerez pas
Champy, caporal; Piéton, volontaire.
moins de bonne volonté. - Ceux qui connois
sent le patriotisme éprouvé du corps des canon-.
Aux autenrs des Annales. niers, devineront sans peine la réponse.
( Courier des deux nations. )
Les Vans, le 3 décembre.
Du 9. Les soldats du cardinal-collier et de
Je vous prie , messieurs , d'insérer dans vos Mirabeau-Tonneau ont attaqué, dans la nuit du
Annales le fait suivant : 4 au 5 de ce mois , un bateau strasbourgeois ,
Le nommé Thomas ayant assassiné non fils monté de trois hommes qui alloient acheter dut
unique, en l'accusant de patriotisme , a été con bois sur la rive droite du lthin. Les brigands du
danné à être pendu sur la place de la Grave de cardinal ont attendu que les troisbateliers fussent
la ville des Vans ; il a appellé du jugement au | endormis pour fondre sur eux : ils leur ont tout
tribunal de Villefort, où il a été traduit. enlevé, bagages , provisions, et l'argent destiné
Dans cette ville , le siège du fanatisme , on à leurs achats. On ne sait si cet argent a été porté
regardoit Thomas comne un martyr de la reli à la caisse militaire de la légion Mirabeau , ou
gion, aussi a-t-il été traité avec la plus grande si le colonel 1'a partagé avec ses brigands.
indulgence : sa prison étoit une maison bour
geoise , où il étoit gardé par un seul homme,
où se rendoient chaque jour plusieurs personnes Pcrpignan , le 23 novembre.
qui mangeoient, buvoient et jouoient avec lui.
Dès que j'en fus instruit , prévoyant ce qui Un languedocien de Castelnaudary vivoit à
devoit arriver, je fus faire des réclamations au Madrid depuis quelques années avec sa familie.
Sa profession étoit d'enseigner les nathéatiques ;
près du tribunal et de la municipalité; le sieur
Chabert , maire , ne répondit : « Votre fils étoit et comme il y faisoit assez bien ses affaires , il
patriote et soutenoit les protestans, il est mort prêta le serment fatal qne le gouvernenent avoit
et l'a mérité ». Trois heures après j'appris exige.
que Thomas avoit disparu. J'ai dénoncé ce tri L'ordre fut publié et affiché pour que tout le
bunal et cette municipalité à l'Assemblée natio monde rentrât chez soi à huit heures du soir, et
défenses de sortir avant hunt heures du matin. Le
nale , et je voudrois les dénoncer à toute la lendemain ce françois attendit le moment où il
France , afin de lui faire connoître les traîtres
qu'elle nourrit dans son sein , et de leur faire in pourroit sortir sans désobéir à la loi pour aller
fliger les peines d'une telle prévarication , tant donner ses léçons ; mais le premier spectacle qui
par le blâme de la loi que par celui de l'opinion s'offrit à ses regards fut des potences où des nal
publique. heureux venoient d'expirer : il en compta jusqu'à
* Je suis, etc.ALozERT. dix. Il ne fut pas tenté d'aller chez ses écoliers.
-------
Rentrer chez lui , faire ses malles et arrêter une
voiture , fut l'affaire de peu de momens. Je l'ai
Strasbaurg , le 6 décembre, vu ici à l'auberge; il a emmené avec lui sa femme
et ses enfans, à l'exception d'un qu'il a laissé en
. Les canonniers de lagarde nationale ont donné nourrice. J'ai vu cette mère qui fondoit encore
dimanche dernier, en l'honneur de sainte Barbe en larmes au récit que son mari nous faisoit de
àeur patronne ,-um grand bal. Le général Luc cette exécution digne des Tibère et des Néron.
kner, auquel nos qoncitoyens ont donné le sur Vous pensez bien qu'il n'a pu s'informer quels
nom de patriote , fut invité à cette fête ; il s'y sont les coupables : il soupçonne qu'un françois
rendit, et fut reçu avec fanfare, Plusieurs sous recevoit des papiers publics de France, en société
officiers du réginent d'artillerie en garnison en avec plusieurs de ses compatriotes qu'il rassem
cette ville , et dont le civisme est connu , s'y ren bloit chez lui en secret , et que la police en ayant
dirent aussi , à l'invitation de lears confères, été informée en fit j'enlèvenent,
- , -- -


ANNALEs PATRIOTIQUEs ET LITTERAIREs
D E L A F R A N C E,
E T A F F A I R E S P O L I T I Q U E S D E L' E U R O P E ;
J O U R N A L L I B R E, par une Société d'Ecrivains Patriotes ,
dirigé par M. MERcIER, et par M. CARRA, un des Azteurs.

Destigres ont juré d'exterminer la France :


Quatre ou cinq rois, dit-on, épousent leur démence ;
- Je les crains peu. Calonne a tramé leurs exploits :
Dieu desrina Calonne à perdre tous les rois ! CERUTr1.

No. D C C C I V. Du Jeudi 15 Décembre 179t.


AS S E M B L É E N A T I O N A L E. dra faire enfin. - Ce seroit s'abuser que de frap
per des coups isolés : non , il faut frapper par
Séance du 13 décembre au soir. tout à la fois , il faut porter par-tout l'étendard
de la liberté. Le François dont l'artillerie pour
Crre séance destinée , comme toutes celles du roit foudroyer toutes les armées combinées des
soir ,à des matières secondaires, s'est successi despotes, l'agile François qui, à l'arme blanche,
vement remplie d'objets plus urgens , plus im fait pâlir toutes les autres troupes ; le François
portans l'un que l'autre , et a fini par s'étendre eut braver l'orage que les vents amoncèlent sur
au-delà des bornes de la nuit même; l'Assemblée
ne s'est séparée qu'aujourd'hui mercredi à huit
: de tous lespoints du globe.
· Les rajas du nord réfléchiront à deux fois sur
heures du matin : travail exhorbitant , qui a cette guerre; car ou le françois tendra la gorge
mis les législateurs dans l'impossibilité de repren en agneau, ou bien il combattra en lion ; dans
dre leurs places avant cinq heures du soir. le premier cas , le cabinet de Saint-Cloud re
On avoit d'abord reçu l'hommage de l'assem prendra ses intrigues, qui gênent les puissances ;
blée coloniale de l'Isle de France , qui pro dans le second cas, la France noyée dans le san
teste de son inviolable attachement à la mère disparoîtra de dessus le globe, et l'Allemagne ,
patrie. l'Espagne restentsans alliée, et l'Angleterre, qui
On envoie aux comités respectifs divers mé est là , restera dominatrice des mers , maitresse
moires adressés par les ministres , concernant du commerce , maitresse de l'univers.
l'arrestation des embaucheurs de Toul , et le Dans ce cas, les petits états de l'Empire , la
traitement des conspirateurs de Caen , ainsi Pologne , les Terres-d'Eglise , le Sarde qui ne
qu'une adresse de la ville de Sarre-Louis , qui perçoit plus ses impôs qu'en assignats, et la Hol
génit sur l'état d'insuffisance où sont et ses for lande elle-même , ne tardent pasà disparoître à
tifications, et les troupes envoyées pour la dé leur tour. -

fense de sa frontière. Mais cette triste alterna iv e est impossible


A la tribune est monté Anacharsis Cloots , à les François seront victorieux. -

qui l'audience étoit pronise. Son discours , âpre Le président lui répond : « Monsieur, l'Assemr
comme celui du riverain du Danube, a été inter blée nationale ne sera jamais ébranlée par les
rompu par de fréquens applaudissemens : il invite projets de ses ennemis : elle sait qe la France
la France à intinider , par les premiers actes est la clef de la voûte des états de l'Europe.
d'hostilité , ces potentats qui osent la braver en IElle s'étonne peu des légers débats que la dis
accueillant.
cussion de grands intérêts fait nai re; elle saut
Ce seroit s'épuiser en dépenses vaines que de qu'au premier péril le foible esprit de parti dispa
temporiser pour en venir à une guerre qu'il fau à roîtroit devant l'esprit qui enfan a la révolution.
8c,
t 2336 ) -
--

- A la hauteur où le peuple françois s'est élevé, On envoye au comité des contributions l'a
il ne peut pius voir l'orage que sous ses pieds». dresse d'un commis aux octrois de Rouen , qui
A lhuit différentes reprises , la barre a été " dit avoir droit à une indemnité de la part de la
occupée par une multitude de pétitionnaires ci nat1 On .
toyens de Paris, qui sembloient s'é ertuer à qui Les commissaires, chargés de porter à la sanc
désavoueroit avec le plus d'énergie la pétition tion le décret quiordonne la retenue des créances
résentée au roi , le 5 de ce mois, par dix mem de tout émigré sur le trésor public, sont venus
* du département. Les uns ont déclaré qu'ils rendre compte de l'accueil que le roi leur a fait.
regardoient cette pétition conne non indivi Ils s'étoient présentés au château une première
duelle , et par conséquent comme infiniment fois, le roi étant alors au conseil, et ils étoient
plus coupable ; les autres traitent les signataires revenus, ne croyant pas qu'il fât de la dignité de
de complices des émigrans et des prêtres sédi leur mission de demeurer expectans dans une
tieux : celui-ci va jusqu'à provoquer contre le antichambre. ----
- --
département une punition exemplaire. « Quel Un vieillard , porteur d'une croix de Saint
regret , dit celui-là , que le fils aîné de la nation Louis , et privé d'un bras , ancien commandant
ait imposé son veto sur la volonté nationaie ! de la légion de Luxenbourg, pour laquelle il
mais quel sujet d'indignation qu'un corps admi
a contracté des dettes , vient denander refuge
nistratif se soit jetté entre le roi et l'Assemblée contre les contraintes qui le menacent. « J'ai
pour les dégrader tous deux !Votre gloire, ajoute servi la nation et non M. de Luxembourg : elle
t-il , est la nôtre ; continuez de braver le fana se chargera de ma dette ; je l'ai bien servie ;j'ai
tisme des nouveaux Mathans et la perfidie de ces reçu six coups de feu, deux coups de fusil , l'un
patriotes de circonstances, ci-devant aristoerates, à la tête , l'autre dans un endroit caché. J'ai
maintenant ministériels. soixante-six ans ; j'ai fait dix-huit campagnes ,
Leur coalition s'achève au dehors par tout ce je ne peux plus voyager de comités en comités.
u'il y a de tyrans couronnés. Mais qu'elle se Je suis revenu avec dix hommes d'une affaire
orme cette coalition , nous ne capitulerons ja chaude, où tous les miens restèrent ;j'ai la croix
mais.... Une capitulation entre les préjugés et de Saint-Louis ;je n'ai plus qu'un bras , mais il
la philosophie, entre la féodalité et la liberté, en vaut bien deux : nes cheveux ont blanchi sous
entre le gentillonme et l'honme ! ...... Non , le casque. J'espère que ma patrie me secourra ;
non , jamais ! ..... jamais ! ma reconnoissance ne finira qu'avec moi ».
Ce sera un combat à nort.... Qu'ils viennent, Réponse du président. « Oui , brave et res
nous les attendons.... Soyez calmes au milieu pecable guerrier, la patrie sera reconnoissante ,
de l'orage , inébranlables à votre poste; ayez les elle vous rendra justice ; et si l'heure du conbat
yeux fixés sur la constitution , mourez avant d'y vient à sonner, elle se rappellera l'offre que vous
: atteinte. Nous, nons porterons nos saintes
- - 1 - - -
lui faites d'un bas qui fut v 1ctorieux ».
oix aux Thermopiles ; mais nous y serons plus , La pétition est envoyée au comité des secours,
de trois cents xo. et le vénérable soldat est introduit dans la salle
Les applaudissemens donnés à ces différentes au bruit de mille et ni le applaudissenens.
adresses et harangues ont été vifs , mais non pas Les comités nilitaire et de surveillance ont
universels. Plusieurs menbres de l'Assemblée , présenté un rapport sur des troubles récenment
notamment MM. Cheron et Girardin , se sont survenus à Perpignan. « Un officier , nommé
levés pour prendre la défense de la pétition du 5 Saillan , commandant d'un réginent d'in an erie
décembre et des sou cripteurs d'icelle, et delà ils en garnison , a prétendu sabrer les jacobins , a
se sont échauffés contre les pétitionnaires pré insulté la municipali é , et a fait ou rager plu
sens, que MM. Bazire , Merlin , Lacroix n'ont sieurs citoyens ». L'Assemblée s'est réservé de
- pas moins chaudennent protégés. On sent que ce prendre de plus amples renseignemens de la part
débat n'a pu avoir lieu sans un long tunulte , des ministres.
dans lequel les tribunes se sont permis d'interve La soirée s'avançoit ; la séance alloit être
nir. Le président les a rappellées à la décence, levée : le président du conié de surveillance ,
elle, ont applaudi le président . Il a répondu d llX M. Fauchet, a paru à la tribne, anorant des
divers pétaionnaires en ternes généraux : « le preu es authentiques sur le fait des recrutemens
salut du peuple est dans le unain ten de la cons con re la ré ou ion , qui se font nantenant avec
titution et dans l'éloignement de l'anarchie ». une publicité insolene.
( 2m637 )
« Deux compagnons ouvriers ont dénoncé , mens satisfaisans, et est renvoyé honorablement.
dans la soirée , chez M. le commissaire de la Raouck est un vieux tambour allemand , qui nie
place Vendôme , qu'étant à boire dans un caba certains faits et en avoue d'autres : il reconnoît
ret près les Petits-Pères, ils ont été accostés par avoir bu avec Luco , mais assure ne pas le con -
le nommé Luco, garçon menuisier et déserteur. noître. On fait venir le limonadier et la mar
Luco leur a dit qne depuis huit jours il buvoit chande de vin.
aux dépens des émigrans ; qu'il ne tenoit qu'à M. Lagrevol annonce qu'on aura quelques
eux d'en faire autant, en s'enrôlant pour l'armés renseignenens d'un nommé Ducros , conunis
des émigrans chez le sieur Raouck , tambour sionnaire, qui a reçu de Raonck des propositions
major de la section de l'Oratoire, de recrutement. On le fait conparoître; il cite
Le commissaire a fait arrêter Luco ; il l'a deux camarades qu'on va chercher : Raouck ne
reconnoît aucun des trois. -
interrogé. Luco a déclaré que M. Raouck l'a
invité à s'engager pour les émigrans ; qu'il l'y a Ducros dit le reconnoître. On congédie Du
sollicité deux fois dans la soirée de samedi : la cros , t ses deux camarades, et quelques membres
de l'Assemblée leur donnent des secours.
première fois, en buvant le rog6me chez le limo Le limonadier et la marchande de vin arrivent
nadier, sur le carouse Pdu Palais-Royal , près la
en tremblant. La marchande renie son cousin
maison du boucler ; que le garçon du liuona
dier pourra l'attester : la seconde fois, chez la Raouck , qui tâche de lui prouver sa parenté en
marchande de vin de la rue Saint-Thomas-du allemand.
Louvre, qui est la cousine du sieur Raouck , et Eile convient qu'il est venu samedi soir de
que cette dame pourra l'attester. mander à boire chez elle , mais il é oit seul ; et ,
Luco a dit qu'il n'a pas voulu s'engager; qu'il sauf respect, M. le président , il étoit saoul
a refusé les assignats que lui présentoit le sieur comme une bdte, c'est un sac à vin. Le linona
Raouck : il a ajouté que cet enrôleur lui a dit dier et la cousine connoissent très-bien le tam
travailler pour MM. Duval et la Salle, ses crou bour-major ; quant à lui il ne connoît qu'eux.
piers, demeurans rue Royale; qu'il lui a dit que, Ils ne connoissent pas Luco : ils nient les faits
s'il s'engageoit, il falloit qu'il fût rendu le 22 de qu'il a dit être à leur témoignage.
ce mois à Coblentz; que sur la route , par Sois - Il étoit jour avant que tous ces interrogatoires
sons , Laon , Noyon , Givet ,il trouveroit des fussent terminés. La notion s'est faite pour que
étapes aussi bien fournies que celles des troupes l'affaire fût envoyée à la police de Paris : c'é oit
de ligne ; enfin que, pour s'engager, il falloit l'avis de MM1. Fauchet, Cheron, Girardin ; M.
prêter serment de fidélité aux énigrans ». Grangeneuve à soutenu qu'il y avoit lieu au dé
Le conmissaire , après cet interrogatoire , a cret d'accusation.
retenu Luco. Il lui a fait écrire à M. Raouck , L'Assenblée , fatiguée par cette longue nuit
tambour-major de l'Oratoire , le billet suivant : d'agitation, n'apas voulu prononcer sur la liberté
« Mon ami , je vous envoie un jeune homme à des citoyens sans avoir repris cette tranquillité
engager; j'en réponds comme de moi-même ». physique qui convient à des juges. Elle a fait vé
Signé, etc. rifier l'état actuel de la séance qui ne se trouvoit
Ce billet a été porté par un affidé du commis pas composée de deux cents membres ; et cette
dernière considération l'a déterminée à remettre
saire. - M. Raouck , en le recevant , a dit au
porteur qu'il n'avoit qu'à repasser après le 1er jan la séance et la discussion à cinq heures de relevée.
vier, qu'il le froit parter à M. Richard, sergent
major du bataillon de l'Oratoire. IP A R I S.
Le commissaire a adressé tous ces renseigne
mens au comité de surveillance. -
La cour , les ministériels , et toute la bande
A l'instant, sur les conclusions du rapport , des intrigans , ont imaginé un régulateur d'un
et à la presqu'unaninité , que n'ont pu dé rure nouve au genre , applicable à l'opinion des ba
uelques vains débats , un mandot d'amener est dauds de Paris , contre l'Assemb,ée nationale ;
: rné contre Luco, Raouck et Richard. c'est une plate et 1 idicule manœuvre d'aguotage
Ils comparoissent à une heure après minuit , sur les assignats. Aussi - ôt que l'Assemblee na
amenés par la gendarmerie , et sont interrogés tionale montre quelque vigueur à 1 éprimer les
séparément. Lucopersiste dans tous ses dires ci manœuvres ou les entreprises des ministres et de
dessus déduits, Richard donne des renseigne la faction feuillantine, on envoie rue Vivienne,
( 2334 )
et dans les environs du Palais-royal, une horde somme en or et en argent, suffisent pour faire
de marchands d'argent, pour faire et consommer dans la rue Vivienne cent marchés simulés
en apparence des marchés d'assignats contre et publics , qui établiront en deux fois vingt
écus , marchés sinulés dans lesquels le vendeur quatre heures des cours factices de 4o, 5o, 6o
prétendu d'assignats les donne à quarante-deux et 8opour 1oo de perte figurée sur les assignats ,
pour cent de perte contre écus, et à cinquante et qui ramèneront ensuite en aussi peu de temps
pour cent contre louis d'or. Ces misérables tri cette monnoie territoriale à sa valeur réelle.
potages se font à la barbe du public, et les ba Telles sont les misérables manœuvres employées
dauds ont la bonhommie de croire à la réalité de depuis l'ouverture de la session pour manéger les
ces marchés : l'alarme se répand , le numéraire esprits dans la capitale, et faire hausser ou
se resserre , et on fait crier contre l'Assemblée baisser à volonté l'opinion à l'égard de l'Assem
nationale jusqu'à ce qu'elle mollisse. Alors les blée nationale, si les Parisiens sont assez cré
gazetiers universels de la faction feuillantine en dules pour être long-temps les dupes de ces ma
bouchent la trompette , et crient à toute la nœuvres ministérielles, et si l'Assemblée étoit
France : assez foible pour laisser influencer ses décisions
" « La séance de l'Assemblée nationale de di par les mouvemens qu'inprine à la capitale la
» manche dernier avoit jeté l'alarme dans Paris, tourbe agioteuse ; si d'un autre côté l'énergie de
» en décrétant l'envoi aux quatre-ving-trois dé la nation et de ses représentans pouvoit ètre jouée
» partemens de péitions contraires à celle de à la hausse et à la baisse par les cajoleries ou les
» quelques membres du département de Paris »
menaces de la cour, qui gagneroit les uns par des
( sur le décret contre les prétres séditieux ). promesses , et intimideroit les autres par la ter
» On sembloit provoquer un appel au peuple , et reur de telle ou telle puissance étrangère , pré
» comme le décret sur les prètres est de telle sentée tantôt conne une amie fidelle, tantôt
» nature qu'il auroit été accueilli dans une comme une ennemie formidable qui menace la
» partie du royaume et rejeté dans l'autre , la France, si son Assemblée nationale n'est pas assez
» différence d'opinions auroit enfanté les fac souple et assez docile ;si,disons-nous, la machine
» tions, la guerre civile et toutes les horreurs politique étoit mue par de tels ressorts , nous
» qui en sont la suite. Aussi cette perspective, serions réduits à demander bientôt où est la na
» jointe au danger d'une guerre étrangère , pro tion souveraine, où sont ses dignes représentans,
» duisit un tel effet que l'argent monta à plus de où est la liberté, où sont la déclaration des droits
» quarante pour cent ; les louis furent vendus de l'homme et la constitution. Au lieu de tous
» douze, et nême jusqu'à quatorze francs....... ces grands objets, nous ne verrions bientôt
» aussi les bons esprits de l'Assemblée nationale qu'une misérable farce jouée par des histrions
» se sont ralliés , et le lendemain ils parvinrent politiques, dont le dénouement seroit une catas
» à faire rapportcr le fatal décret de la veille : trophe contre-révolutionnelle , la guerre civile ,
» depuis cette époque le crédit public s'est re la servitude et la banqueroute. -

» levé, les effets ont repris faveur , et la perte Les princes colons du tripot Massiac sont par
» des assignats n'est plus qu'à trente pour cent ». venus , dit-on , à faire nommer par le roi les
( Gazette universelle dn 14 courant). sieurs MLALoe ET et ARTI1 U R D1LLoN connan
Ces pertes de 5o, de 4o, puis tout à coup de
dans de l'expédition qui doit rétablir la paix à
3o pour 1oo sur les assignats contre especes, ne Saint-Domingue. Si ce sont des aristocrates qu'il
sont que des cours factices imaginés et pratiqués faut à cette colonie pour la sauver de sa ruine
ar les ministériels pour effrayer à volonté les to'ale, assurément le choix est bon ; mais si des
* Parisiens et intimider les membres de l'As chefs aristocrates ne peuvent que consommer la
semblée nationale qui sont assez bonnes gens ruine de cet établissement , et y perpétuer la
pour être dupes de ces viles manœuvres. Vingt guerre entre les colons blancs et les colons de
quidams , soudoyés à six livres par jour, et nan couleur , il est facile de prévoir les effets qu'y
tis de 5o mille liv. en assignats, et de pareille produira la présence d'un Malouet.
On s'abonne à Paris , chez BUissoN , libraire , rue Hautefeuille , à qui l'on adressera, franc de port, el prix
de l'abonnement et la lettre d'avis , et toutes les lettres pour les Auteurs des Annales patriotiques.
Et chez tous les Libraires et Directeurs des Postes du Royaume et de l'Etranger.
Il paroit tous les jours un Numéro de ce Jounral. Prix, 36 liv. pour un an , 18 liv. ponr 6 mois , et o liv pour
5 mois, franc de port,par laposte, pourtout le Royaume. L'abonnement ne oommence que du prcmier d'un nois.
s U P P L É M E N T A U Nº. D c c c 1 v.
Les citoyens de Toulouse d l'Asscmblée : ouvenez-vous de ce que vous êtes , de ce qne
nationale. nous sonmes , de ce que nous voulons être ; et
Toulouse , le 24 novembre , l'an III lorsque la volonté suprême du véritable souve
de la liberté. rain se fait entendre , consolez-vous des délais
momentanés et suscités par le chef du pouvo r
REr RisENTANs DEs FRANçoIs, exécutif. (Suivent les signatures ).
Honneur, trois fois honneur au courage éner
gique que vous,venez de déployer ; enfin vous Aux autenrs des Annales.
avez prononcésur le sort de ces audacieuxtrans
fuges qui, des bords du Rhin , osoient insulter - Meaux, le 3 décembre.
à notre apatique modération. Législateurs , cet
acte de vigueur vous élève à la hauteur de vos S'il n'est rien de plus beau et de plus digne
fonctions ; il atteste la majesté d'un grand peuple d'éloges que de voir nos braves volontaires sacr -
qui commence à vouloir , après avoir long-temps fier fortune, parens , amis , pour voler à la dé
balancé; il nous rappelle les triomphes sublimes fense de la patrie, se disputer l'honneur de com
mais trop rares de vos devanciers ; il proclame battre ou d'être un holocauste à la fidélité , il
dans toute l'Europe votre inébranlable fermeté, n'est rien , selon mon cœur, de plus déclairant
et nous devonsvous le dire, il détruit une illu que de voir les lâches ennemis de notre const --
sion qui nous avoit trop long-temps consternés. tution, et conséquenment du véritable ordre, les
Oui, législateurs , nous vous l'avouerons , le tourner en ridicule , et répandre par-rout que
voile de * calomnie avoit rembruni le tableau de la plupart sont des désœuvrés animés par l'aprit
nos espérances , et l'opinion d'un grand nombre du gain. Concourez avec moi à les venger,
de citoyens vous supposoit plus de tendance à quoiqu'ils le soient déja dans l'opinion publique,
mollir ou à tergiverser, et moins de résolution en donnant de la publicité à ma lettre ; ell•
contient un trait de délicatesse et d'hunarité
ou de caractère. Forts de vos principes , vous
avez su repousser cet injuste soupçon. dontje défie aucun de leursdétracteurs de renou
Jouissez donc de toute votre gloire , et osez veller l'exemple.
acquérir de nouveaux droits à notre reconnois Le premier bataillon des volontaires du dé,
sance : encore un décret ferme sur la horde noire partement de la haute Vienne venant, il y a quel
qui dissémine la rage et le fanatisme dans tous ques jours, de Chaumes en cette ville, cinq parni
les départemens, et qui ne rougit pas de récla eux qui marchoient en avant , firent rencontre
mer la liberté , de désunir les familles, et de d'un particulier en chaise de poste, qui s'arrè
susciter des guerres civiles ; encore un décret tant leur demanda s'ils étoient bons patriotes?.
pour que la responsabilité des ministres ne soit Oui , morbleu, nous le sommes , et nous le se
pas illusoire , pour qu'à la faveur d'une démis rons jusqu'à la mort. - Eh bien je le suis
sion adroitement combinée les prévaricateurs aussi, répond le voyageur ; voilà chacun un écu
n'aillent pas se soustraire à la vengeance pu de six livres pour boire à ma santé. Aussi- tôt
blique , et contempler de loin l'explosion des ca dit, il part. Nos jeunes militaires , encore dans
lamités qu'il ont préparées. et l'Europe s'ap la surprise , ne croyant pas faire mal , av oient
percevra à peine que l'Assemblée du nois de juin reçu les cinq écus de six livres ( il y a donc en
1789 et du mois de juin 1791 ait quitté le sanc core des écus ! ) et continuent leur route en se
tuaire de nos loix. - livrant à toutes sortes de réflexions : elles albot
En apprenant la mesure que vous venez de tissent à leur persuader qu'ls n'auroient pas dû
prendre, nous avons été étonnés de savoir que accepter cet argent ; mais puisque le nal éoit
le roi des François avoit refusé de la sanctionner ; fait ( si toutefois c'en étoit un ), il fallot le faire
nous aimons à penser que des notifs purs ont tourner à l'avantage de l'hunanité. Ce noble et
déterminé cette suspension : mais s'il étoit poss - vertueux projet est incontinent communiqué a
ble qu'elle eût alarmé votre zèle , législateurs , l'état-major, à qui on remet les trente livre, en
voyez la nation entière revêtir votre décret de espèces, pour être distribue - s aux pauvres.
l'unanimité toute - puissante de ses suffrages ; A peine arrivé à Meaux , l'éat-najor s'est
8c., bas.
( 234o )
empresé de déposer cette somme à la société des disparoisse entièrement, et par-tout , de la sur
amis de la constitution , en la priant de se char face de la terre. Vainement les rois voudroient
ger d'en faire la distribution. ils relever la féodalité des chutes qu'elle va faire
La société , en applaudissant à cette action, . successivementpar-tout , ils n'y gagneroient pas
a aussi-tôt arrêté de s'acquitter au plutôt de cette lus qu'à vouloir relever l'empire théologique et
dette, et de se concerter à cet effet avec la nou * du pape ; il risqueroient au con
velle municipalité, dont elle se fait gloire de par traire de perdre leurs couronnes dans la mêlée :
tager les sentimens, et sur-tout le patriotisme. ilvaut donc mieux pour eux qu'ils sachent con
Je suis, etc. FUNDAR , président de la so server ,sous le titre de roi , le pouvoir exécutif
ciété des amis de la constitution . des nations qui tendent toutes à la liberté.
- Certes , voilà le meilleur conseil qu'on puisse
leur donner ; c'est à euxà choisir des ministres
Sr- /": lrcse ' s Vighs .constitutionnels qui sachent le faire valoir; et pour cela il faut
d' Angleterre à l'Assemblée nationale de que ces ministres ne soient point entachés de
écrice.
l'aristocratie féodale et nobilière, sans quoi ils
entraîneront les rois dans la chute de cette aris
Avez-vous entendu , rois d'Europe, ce langage tocratie même. C. -

de la majeure et la plus saine partie du peuple


anglois ? Par mons tous , Vighs constitution
nels , enfins d'c la liberté, L1 : R Ézé quc si un De quelques changemens politiques opérés ou
ou plusieurs pozvoirs despotiques, quels qu'ils projettés en France pendant les années 1789,
sont , fis oient quelques tentatives pour 179o et 1791 , ou Liscours sur divers points
« 7, haiter le peuple framois , ndnue pour alté importans de la constitution et de la nouvelle
r r t /ibcrte dont il jouit , notre vie et notre législation du royaume. Par M. Delandine ,
joerne seront employées d repousser leurs deputé d l'Assemblée nationale de 1789. A
e / o t , jusqu'à la destruction entière de l'escla Paris , chez Laurent , libraire, rue de la
« ge , de l'usurpation et de la tyrannie. Harpe, et Denné, libraire, au Palais-Royal.
Eh bien ! ce langage sera bientôt celui de
toutes les nations qui nous environnent à une L'auteur reproduit ses opinions sur le mot
grande distance , car il est dans la nature des communes,sur la déclaration des droits, sur le
ci , ses et dans la : arche de la perfectibilité de la veto royal, sur le papier-monnoie. Ces grandes
1 aison humaine. C'est bien là , dans toute son questions ont été décidées , en grande partie ,
evidence , le commencement de cette fédération contre l'avis du député. Il nous paroît plus heu
universelle des peuples, que nous avons prédite reux dans ce qu'il dit des mines du royaume et
depuis si long - temps et que les despotes ont de leur propriété, et sur-tout sur la propriété
regardée conme une :: ique. Que particulière des charbons fossiles : on aimera en
feront-ils maintenant ces despotes ? Voudront-ils core à lire le chapitre sur la conservation et l'uti
- toujours lutter , par des menaces et par la force lité politique dessociétés littéraires dans les dé
ouverte , contre la déclaration des droits de partemens. L'erreur, dit M. Delandine, a pu se
l'homme et l'égalité des droits promulguées en glisser dans mes opinions, mais un but sordide,
France ? ils accélerront leur perte.Voudront-ils une séduction funeste ne les dictèrent jamais.
continuer à employer les maximes de Machiavel ? - Tous les écrits qui sont publiés aujourd'hui
Ces maximes sont usées : un prince peut encore serviront sans doute à quelqu'homme de génie
tromper les hommes sur leurs propres avantages, que la nature créera tout exprès pour tracer les
mais ce ne sera plus comme autrefois, en ne fai causes et les effets des grands évènemens dont
sant réellement rien qu'à son profit. Non , il faut nous sonmes témoins; c'est lui qui peindra les
que les chefs des nations plient sous la nécessité orages des partis et la profonde ondulation d'un
des évènemens et sous les efforts de la raison gouvernement changé dans toute sa masse ; il re
universelle , ou que leurs trônes soient renversés dira les chocs réciproques de l'orgueil qui ont
pour jamais. La noblesse est irrévocablement déterminé le sort des peuples; mais il annoncera
abolie en France , parce que la providence l'a plus souvent encore la volonté ardente et sincère
ainsi décrété , pour que cette abolition serve d assurer leur aisance et leur bonheur : c'est un
d'ex eunple aux autres peuples du globe, et qu'en- . éloge qu'on ne sauroit refuser sans une extrême
fin l'inégalité des conditions civiles et politiques injustice à l'Assemblée constituante.
ANNALES PATRIOTIQUES ET LITTERAIRES
D E LA F R A N C E,
ET A F F A I R E s P o L I T I Q U E s D E L' EU R o P E ;
J O UV R N A L L I B R E, par une Société d'Ecrivains Patriotes ,
dirigé par M. MERcIER, et par M. CARRA, un aes Auteurs.

Des tigres ont juré d'exterminer la France :


Quatre ou cinq rois, dit-on, épousent leur démence ;
Je les crains peu. Calonne a tramé leurs exploits :
Dieu desrina Calonne à perdre tous les rois ! CERUTTI.

No . D C CC V. Du Vendredi n6 Décembre 179t.


n'est plus délibérante, et avertit que personne
A s s EMBL É E NAT I oN A L E. \
n'ait à prendre la parole. Le roi paroit , entouré
de ses ministres ; un silence universel et impo
Séance du 14 décembre.
sant le conduit à sa place, et il dit :
Les législateurs se rassembloient à l'heure dé M E s s 1 R u R s,
terminée pour renouer le travail du jour à celui, « J'ai pris en grande considération votre mes
de la nuit dernière , lorsqu'un message du roi est sage du 29 du nois dernier. Dans une circons
venu annoncer que sa majesté se rendroit , à six tance où il s'agit de l'honneur du peuple françois
heures précises , au milieu de l'Assenblée na
et de la sûreté de l'empire , j'ai cru devoir vous
tionale. porter moi-même ma réponse ; la nation ne peut
Alors s'élève la question de savoir si, au milieu qu'applaudir à ces communications entre ses re
des grands intérêts qui pouvoient amener le roi
présentans élus et son représentant héréditaire.
au sein du corps législatif, et dans l'incertitude Vous m'avez invité à prendre des mesures dé
de l'objet de sa venue , le président auroit toute cisives pour faire cesser enfin ces rassemblemens
mission pour répondre au roi sans consulter extérieurs qui entretiennent au sein de la France
l'Assemblée. une inquiétude, une fermentation funeste , né
Ensuite d'une discussion courte et paisible , il cessitent une augmentation de dépenses qui nous
a été réglé « que le président répondroit au roi épuise , et compromettent plus dangereusement
que l'Assemblée nationale, après avoir délibéré la liberté qu'une guerre ouverte et déclarée.
sur les propositions, lui no ifieroit, par un mes Vous desirez que je fasse connoître aux princes
sage , le résultat de sa délibération ». voisins , qui protègent ces rassemblemens con
L'Assemblée , en attendant , n'a pas voulu se traires aux règles du bon voisinage et aux prun
livrer à la matière qui étoit à l'ordre du jour : cipes du droit des gens , que la nation francoise
on a fait couler le temps sur des objets de moin ne peut tolérer plus long-temps ce manque d'é
dre tenue. M. Bazire a fait la motion que l'As gards et ces sourdes hostilités. -

semblée , entrant enfin dans la partie législative, Enfin, vous n'avez fait entendre qu'un mou
s'occupât incessamment de l'émancipaion des vement général entraînoit la nation, et que le
fiis de faniile. Cette motion est ajournée. cri de tous les François étoit : plutôt la guerre
Le comité militaire a commencé un brief rap qu'une patience ruineuse et avilissante.
port d'affaire particulière. Le bruit des tambours Messieurs , j'ai pensé long-temps que les cir
annonce l'arrivée du roi. La députation envoyée constances exigeoient une grande circonspectioa
au devant de lui entre la première : les huissiers dans les mesures ; qu'à peune sortis des agitations
proclament ; l'Assemblée se tient debout et dé et des orages d'une révolution , et au milieu des
couverte : le président annonce que l'Assemblée preners essaus d'une constitution naissante, il
U2342 )
ne falloit négliger aucun des moyens qui pou sité, mais qu'une mation généreuse et libre sait
voient préserver la France des maux incalculables entreprendre lorsque sa propre sûreté, lorsque
de la guerre. Ces noyens, je les ai tous employés. l'honneur le commandent.
D'un côté, j'ai tout fait ponr rappeller les françois Mais en nous abandonnant courageusement à
émigrans dans le sein de leur patrie, et les porter cette résolution , hâtons - nous d'employer les
à se soumettre aux nouvelles loix que la grande moyens qui seuls peuvent en assurer le succès.
majorité de la nation avoit adoptées : de l'autre, Portez votre attention, messieurs, sur l'état des
j'ai employé les insinuations amicales , j'ai fait finances, affermissez le crédit national , veillez
faire des réquisitions formelles et précises pour sur la fortune publique; que vos délibérations ,
détourner les princes voisins de leur prêter un toujours soumises aux principes constitutionnels,
appui propre à flatter leurs espérances, et à les prennent une marche grave, fière, imposante, la
enhardir dans leurs téméraires projets. seule qui convienne aux législateurs d'un grand
L'empereur a rempli ce qu'on devoit attendre empire : que les pouvoirs constitués se respec
d'un allié fidèle, en défendant et dispersant tout tent pour se rendre respectables; qu'ilsse prêtent
rassemblement dans ses états. Mes démarches un secours mutuel , au lieu de se donner des en
n'ont pas eu le même succès auprès de quelques traves ; et qu'enfin on reconnoisse qu'ils sont
autres princes : des réponses peu mesurées ont été distincts, et non ennemis. Il est temps de mon
faites à mes réquisitions.Ces injustes refus provo trer aux nations étrangèes que le peupie fançois,
quent des déterminations d'un autre genre. La ses représentans et son roi , ne font qu'un. C'est
nation a manifesté son vœu ; vous l'avez re à cette union, c'est encore , ne l'oublions ja
cueilli ; vous en avez pesé les conséquences ; nais , au respect que nous porterons aux gou
vous me l'avez exprimé par votre message. Mes vernemens des autres états, que sont attachées la
sieurs,vous ne m'avezpas prévenu : représentant sûreté , la considération et la gloire de l'empire.
du peuple, j'ai senti son injure, et je vais vous Pour moi , messieurs, c'est vainement qu'on
faire connoîre la résolution quej'aiprisepour en chercheroit à environner de dégoûts l'exercice de
poursuivre la ré, aration. - l'autorité qui m'est confiée. Je le déclare devant
Je fais déclarer à l'électeur de Tèves que si, la France entière , rien ne pourra lasser ma per
avant le 15 de janvier, il ne fait pasdispositions
cesser dans sévérance ni ralentir mes efforts. Il ne tiendra pas
ses états tout attroupement et lOul t es à moi que la loi ne devienne l'appui des citoyens
hostiles de la part des françois qui s'y sont réfu et l'effroi des perturbateurs. Je conserverai fidè
iés, je ne verrai plus en lui qu'un ennemi de la lement le dépôt de la constitution , et aucune
#* Je ferai une semblable déclaration à tous considération ne pourra me déterminer à souffrir
,
ceux quifavoriseroient de nêune des rassemble qu'il y soit porté atteinte ; et si des hommes qui
mens contraires à la tranquillité du royaume ; et ne veulent que le désordre et le trouble , pren
en garantissant aux étrangers toute la protection nent occasion de cette fermeté pour calomnier
qu'ils doivent attendre de nos loix , j'aurai bien mes intentions , je ne m'abaisserai pas à re
le droit de demander que les outrages que des pousser par des paroles les injurieuses défiances
françois peuvent avoir reçus soient pronptement qu'ils se plairoient à répandre. Ceux qui ob
et complètement réparés. servent la marche du gouvernement avec un œil
J'écris à l'empereur pour l'engager à continuer attentif, mais sans malveillance , doivent recon
ses bons offices, et, s'il le faut , à déployer son noître que jamais je ne m'écarte de la ligne cons
autorité , comme chef de l'empire , pour éloi titutionnelle , et que je sens profondément qu'il
gner les malheurs que ne manqueroit pas d'en est beau d'être roi d'un peuple libre ».
traîner une plus longue obstination de quelques On croit bien que ce disconrs n'a pu être en
membres du corps germanique. Sans doute on tendu sans de vifs et fréquens applaudissemens :
peut beaucoup attendre de son intervention, ap seulement il a été remarqué que la partie droite
puyée du poids imposant de son exemple : IIldl1S de l'Assemblée, et celle des tribunes, où brilloit
je prends en même temps les mesures militaires les le sexe aimable et mobile, se sont abandonnées à
plus propres à faire respecter ces déclarations ; etune sorte d'ivresse admirative,tandis que le côté
si elles ne sont point écoutées, alors, messieurs, gauche conservoit, dans ses approbations même,
il ne me restera plus qu'à proposer la guerre, la | ce caractère de grandeur et de virilité qui lui est
guerre , qu'un peuple qui a solemnellement re | propre , et qui vaut bien l'enthousiasme. Le pré
noncé aux conquêtes ne fait jamais sans néces l sident a répondu au roi dans la formule qui avoit
( 2343 )
été décrétée. Le roi se retire entouré d'une dépu de la discipline aux braves gardes nationaux, les
tation , précédé de ses ministres , escorté de la premiers fondateurs de la liberté.
garde nationale , enveloppé de toutes les expres Pendant mon absence, je remettrai le porte
sions du contentement universel. feuille de la guerre à l'un de mes collègues ; et
Lorsque les cœurs , les tètes, tout a été rassis, telle est ma confiance que j'appelle sur ma tête
la motion a été faite de plusieurs points à la fois, la responsabilitépour les ordres qui seront don
que le discours du roi fût imprimé , distribué et nés par le roi et contre-signés par M. Delessart,
envoyé aux 83 départemens ; ce qui a été una ministre des affaires étrangères.
nimement décrété. M. Bazire auroit desiré qu'on Trois armées m'ont paru nécessaires : MM.
y joignît la réponse du président ; M. Da eroult Rochambeau , Lukner et la Fayette sont dési
observe que le roi n'ayant fait aucune proposi gnés pour les commanderpar la patrie, et aujour
tion, le lecteur ne seroit pas à portée d'apprécier d'hui la patrie et le roi ne font plus qu'un.
le mérite de cette réponse , et la sagesse calme Sa majesté eût desiré que les loix militaires lui
qui l'avoit dicée. permissent de donner à MM. Rochambeau et
- M. Na bonne, ministre de la guerre, demande Lukner le titre de maréchal de France : une loi
la parole : -
s'y oppose ; mais aujourd'hui la loi suprêne
Messieurs , le roi veut la paix ; il n'a négligé, n'est elle pas le salut de la patrie ? -

il ne néglige aucun des moyens qui peuvent l'as Un supplément de fonds deviendra indispen
surer ; mais en même temps il croit devoir ap sable ; la France ne marchandera pas la liberté.
puyer se smesures pacifiques par des démarches l)'ailleurs , ce surcroît de dépense doit moins
vigoureuses.
effrayer les créanciers de l'état que la continua
tion de l'incertitude et de l'anarchie.
- Sa majesté m'a chargé de donner des ordres
pour que cent cinquante mille hommes soient Que le jour où la guerre seroit déclarée , les
rassenblés avant un mois sur les frontières. Je
propriétés soient protégées mieux que jamais. .
Terribles sur les frontières , tranquilles dans
me suis assuré qu'une réunion aussi imposante l'intérieur ; voilà quel doit être notre état.
est possible , est aisée. Que le paiement des impositions, la protection
Il faut enfin relever cet esprit de décourage et la conservation des colonies , la confiance pour
ment qui voudroit présenter la France comme le gouvernement, le respect pour les puissances
dénuée de son influence politique ; il faut mon quigarderont la neutralité, nous assurent le suc
trer que c'est la même nation , la même puissance cès d'une guerre qui n'est entreprise que pour
qui combattoit sous Louis XIV ; il faut prouver l'intérêt du peuple et le maintien de la consti
que la gloire d'un siècle n'appartenoit point à tution.
un seul seul homme.
- Dans l'entreprise immense et peut-être hardie
Je sais qu'à l'instant où le gouvernement dis que j'ai conçue, quelques détails ont pu m'échap
pose tout pour la guerre, ceux même qui deman er;je puis cependant me dire à moi-même , avec
doient la guerre à grands cris , entourent de dé * de ma conscience , que j'ai forte
fiances toutes nos démarches ; mais vous décon
ment employé le temps depuis mon avènenent au
eerterez , messieurs , de telles manœuvres, et ministère.
l'on persuadera difficilement à une grande nation J'espère ne : aucune des parties con
que l'on défend la liberté avec de simples dis fiées à mavigilance. Le roi m'aide dans mon tra
COl1ITS.

Je partirai dans peu de jours, d'après les ordres vail. Les cfforts qu'il fait pour le bien public
du roi, pour n'assurer de l'état des frontières et
seront connus un jour , et redoubleront envers
sa personne l'attachement de tous ceux qui ,
de l'armée. Je parlerai aux officiers et aux sol comme moi , ont uni indissolublement leurs
dats au nom de la grandeur nationale et de leur destinées à la liberté de la France.
propre intérêt , puisque les françois déserteurs Pendant et après ce discours , un sentinent de
vouent une haine implacable aux militaires fi satisfaction a paru réunir toute l'assistance.
dèles.
M. Brissot demande que la discussion sur le
Je leur dirai que le mot de trahison n'est d'au compte du ministre soit ajournée à samedi pro
cune langue , et qu'au moment de laguerre toute chain : l'on verra, dit-il, si les patriotes méritent
incertitude est un crime, selon les loix de l'hon les préventions injustes dont le ministre les a
neur et de la raison. Enfin , j'inspirerai l'amour accablés.
( 2344 )
- Après quelques débats, l'Assemblée décrète | mands seront admis à ces places, en se soumettant
que le discours du ministre sera inséré au procès aux loix du royaune.
verbal , impriné , distribué et envoyé aux 83 (La snite demain).
départemens ; et cependant , sur la motion de
M. Garan , il est dit que l'envoi sera suspendu Aux soldats-citoyens et aux citoyens-soldats ,
jusqu'à ce que l'Assemblée ait répondu au roi sur la résolution de la guerre.
| par un message. -

L'heure étant avancée, il n'étoit guère possible Victoire aux patriotes ! Le roi des François
dattirer l'attention de l'Assemblée sur l'accusa a-t-il reconnu enfin que les lettres et les procla
tion du tambour Raouck et du sieur Luco. L'af mations sont un langage trop doux pour nos
faire a été ajournée , les parties demeurant en enragés d'outre Rhin ? a-t-i1 donc bien vu qu'il
état de mandat d'amener. n'y a d'autre parti à prendre que de leur parler
à coups de canon ? -

Séance du 15 décembre. Le pouvoir exécutif reconnoîtroit-il aussi qu'il


n'y a de salut pour lui que dans la constituion ,
-
| ORGUEIL ET LUxE sont les attributs du régime et qu'il vaut mieux être le roi constitutionnel
aristocratique; ceux de la liberté sont sIMPL1 d'une nation libre et généreuse , que l'esclave
c1TÉ ET B 1ENFA1sANcE. L'assemblée provinciale couronné des orgueilleux aristocrates ? S'il est
du ci-devant Berri tenoit ses séances à Bourges , pour nous , comme il est de son intérêt abolu de
dans un salon éblouissant de glaces et de dorures; l'être , certes ! nous le seconderons de toutes nos
le conseil général du département du Cher s'as forces, et l'armée de Mirabeau-Tonneau ne mena
semble maintenant dans le même local , mais il cera pas long-temps la terre de la liberté. Braves
a ordonné que les fastueuses inutilités seroient soldats des troupes de ligne, qui n'aviez jamais
vendues au profit des pauvres. M. François a conbattu auparavant que pour les caprices des
fait lecture à l'Assemblée nationale de cet arrêté tyrans , quels prodiges de valeur ne ferez-vous
pris sur la proposition de M. Heurtaut-Lamer pas si vous avez à défendre la cause de la patrie
ville , président du département, l'un des nem et de la constitution ! Et vous , gardes natio
bres sains de l'Assemblée constituante. nales, soldats de la liberté, apprenez à l'univers
* On a lu ensuite et envoyé au pouvoir exécutif que le secret de la victoire est dans le cœur des
une lettre du maire d'une municipalité du district guerrierspatriotes , et non dans les mou emens
de Lille, lequel prévient l'Assemblée que le sieur compassés de l'autonate dressé à la prussienne.
Etienne-François d'Aligre et dame. Baudry, Voici le jour de gloire pour les peuples libres !
son épouse, auxquels il avoit donné un certificat mais , malheureux que nous sommes , ils n'at
de 1ésidence pour toucher leurs rentes , sont ac tendront pas nos coups : les lâches ! ils ne savent
tueliement domiciliés à Menin , ville de la Flan menacer que de loin ; ils fuiront jusqu'au bout
dre autrichienne. de l'univers. Quoi qu'il en soit, il est 1nportant
que les soldats-citoyens et les citoyens-soldats se
Il est indiqué pour ce soir une séance extraor préparent à sortir glorieusement de l'épreuve où
dinaire , à l'effet de prendre connoissance de les aristocrates les attendent, et qu'on leur fasse
faits de recrutement anti-civique, dénoncés par voir qu'ils ont menti par leur goge et dérai
une lettre de S rasbourg. sonné pour la millième fois, quand ils ont d t
Sur la lecture du procès-verbal de la séance que la * n'avoit pour armée qu'une troupe
nocturne , et des interrogatoires de Raouck et sans valeur et sans discipline, et que nos braves
Luco , M. Thuriot a demandé qu'on s'assurât de gardes nationales disparoîtroient à l'approche du
la déclaration d'un garçon marchand de vin , feu comme les armées qu'on voit dans les nuages
témoin , dit-on , des propositions d'embauche se dissiper par un coup de vent. Calomniateurs
nent ; l'Assemblée l'a ainsi décrété. de la révolution ! votre dernier jour est venu ;
Elle renvoie au comité de législation le vœu vous allez porter la peine de toutes vos bras ades.
à'un député du haut Rhin , qui demande qu'at Honneur aux guerriers qui recevront les pre
la disette de prêtres citoyens pour le service miers la palne du triomphe, en rentrant en vain
des paroisses, il soit décrété que les prêtres alle queurs sur la terre de la liberté ! C,.,

-- -
----
ANNALEs PATRIOTIQUEs FT LITTÉRAIREs
DE LA F RA N C E,
ET A F F A I R E S P O L I T I Q U E S D E L'E U R o P E,
J O U R N A L L I B R E, par une Société d'Ecrivains Patriotes .
- dirigé par M. MERcr ER, et par M. CaRRA, un des Auteurs.
----

i On peut bien acquérir la liberté, mais on ne la recouvre jamais.J. J. RoussE au.

Nº. D C C CV I. Du Samedi 17 Décembre 179t.


-

AS S E M BL É E NAT I O N A L E. ce Messieurs , j'ai l'honneur de présenter an


législateurs françois les nouveaux officiers de la
Suite de la séance du 15 décembre. : nationale parisienne ; ils ont juré de dé
endre de tout leur pouvoir la constitution , ils
U, grand applaudissement a accueilli la mo seront fidèles à leur serment. )

tion faite par M., « que l'Assemblée s'occu Ils ont entouré le berceau de la liberté fran
pât sans relâche d'accélérer la rentrée de l'arriéré çoise ; ils ne l'abandonneront jamais , ils s'en
des impôts ». montreront les intrépides défenseurs.
Le comité de l'ordinaire des finances a fait MM. les officiers de l'armée parisienne, ajonte
rapporter à l'instant l'état dans lequel se trouve le M. le maire , demandent l'honneur de défier
devant VOllS xo,
répartiment des rôles provisoires. Sur quarante
un mille municipalités , vingt-six mille en sont La demande est décrétée par acclamation.
au recouvrement ; sur einq cent quarante-quatre Les officiers présentés ont défité sur deux
districts,trois cent cinquante-un sont en retard. rangs , entrant par une porte, sortant par l'autre,
M. le rapporteur a la liste des départemens , et au milieu des applaudissemens, des bénédictions
la note purement numérique et non nominale des larmes de l'attendrissement et de la recon*
du nombre de districts qui , dans chaque dépar noissance fraternelle. La municipalité et l'état
tement , ont donné preuve de patriotisme et major sont invités à la séance ; la troupe entière
d'activité en accélérant la répartition de leurs l'eût été , si le local eût pu s'agrandir avec le
impôts. vœu des législateurs.
1. Lemontey , président , cédant le fauteuil A l'instant, et comme par inspiration , M.
à M. Ducastel, a demandé la permission de faire Vaublan s'est élancé à la tribune et a dit :
lecture du projet de réponse qu'il a rédigé pour « L'enthousiasme qu'éprouve en ce moment
être faite au roi au nom de l'Assemblée. Il s'est l'Assemblée doit l'engager à s'occuper incessam
élevé quelque débat sur ce point; plusieurs per ment d'une loi sur les récompenses à décerner
sonnes , entre autres MM. c* et Thu aux guerriers qui auront bien nérité de la patrie,
riot , ont établi qu'il étoit de la maturité des L'honneur et l'amour de la gloire seront entre
législateurs de laisser passer un premier moment vos mains deux pnissans mobiles pour les coeur,
de chaleur. La majorité n'a pas adopté cet avis, françois. Faites briller aux yeux de nos guerriers
et a ordonné la l* du projet : elle alloit l'éclat de ces pompes triomphales qu'offrirent les
commencer. On annonce que le maire et la mu beaux jours de Rome.
nicipalité de Paris viennent présenter à l'Assem Un prix si glorieux , proposé au général vic
blée MM. les nouveaux officiers de la garde torieux , donnera une nouvelle énergie à la bra
nationale parisienne. voure. Alors vous verrez les soldats sortir d,
L'Assemblée ordonne leur admission ;et comme terre et devenir des héros ; alors aucune bel
ilpleuvoit , elle a ordonné qu'ils fussent intro action ne restera sans récompense.
duits à l'instant. M. Pétion , devancé par mille Représentez-vous le jour où le corps législatif
applaudissemens, paroit à la barre , et dit : après un mâr examcn , décernera les tonneur
8c
v --- - r

du triomphe. Que ces honneurs se perpétuent ; que j'avois éprouvé en faisant hier au roi une rd
que ceux qui les auront obtenus aient des places ponse de forne ». Cette suppression a ramené
distinguées aux fêtes publiques. quelques esprits ; et, après un peu de discussion
C'est ainsi que vous achèverez de faire oublier et de tracas , la réponse est adoptée, nais déca
les distinctions de la naissance pour en créer de pitée des trois lignes initiales.
nouvelles , qui ne seront pas dévolues au fils
inutile et méprisable d'un grand homme ». Séance du 15 décembre au soir.
Cette idée , chaudement applaudie, est en Une séance du soir avoit été indiquée pour con
voyée à l'examen du comité d'instruction pu sommer l'approfondissement de l'affaire Raouck
blique. et Luco ; mais avant de s'en occuper, l'Assem
M. Lemontey a fait lecture de son projet de blée nationale a reçu à la barre un citoyen , qui
reponse.
vient faire hommage à la nation de la propriété
« Sire, l'Assemblée nationale vient se soulager d'un canal à lui appartenant , et rapportant ,
du silence auquel la condamnoit la nécessité de dit-on , 12,ooe livres de rente. Cette offrande
prendre des déterminationsplus profondes. généreuse est envoyée à l'examen des comités de
Au langage que votre majesté lui a fait enten commerce et d'agriculture.
dre, l'Assemblée a reconnu le roi des François ; A l'occasion d'une demande présentée par le
elle a senti plus que jamais combien est précieuse département de l'Aisne , afin de concession d'un
l'harmonie des pouvoirs et les communications secours de 2oo,ooo liv. pour dresser des atteliers
anches qui sont le vœu et qui seront le salut - de charité, il a été décrété que lundi prochain le
de l'empire. , comité des secours apporteroit son travail sur la
Sire, elle attachera toute son attention sur les distribution des libéralités nationales entre tous
mesures décisives que vous lui annoncez , et si les départemens de l'empire.
tel est l'ordre des évènemens qu'elles doivent L'ordre du jour arrivant, on a introduit à la
s'effectuer, l'Assemblée nationale promet à votre barre le garçon du sieur Belanger , marchand de
majestéplus degloire qu'aucun de vos aïeux n'en vin, rue Saint-Nicaise ; il a déclaré que sanedi
al :
soir , à dix heures , Luco et le tambour ont
Elle promet à l'Europe le spectacle nouveau | bu demi-septier; que le tambour a proposé au
d'un grand peuple outragé dans son amour im
menuisier de s'engager dans l'infanterie ; qu'il
muable pour la liberté ; les bras qui s'armeront a voulu le mener dans la rue Poissonnière , et
seront unis par le cœur. qu'ils sont sortis en se claquant dans les mains.
Par-tout le peuple françois combattra avec Le tambour Raouck et Luco ont été interro
fierté ses ennemis, qui sont les vôtres; du Rhin gés ensuite. Luco a persisté dans tous ses dires.
aux Pyrénées , des Alpes à l'Océan , toute la Le tambour a déclaré dans son jargon , « point
France sera couverte des regards d'un bon roi , se souvenir d'avoir entré dans un cabaret la
et de soldats intrépides et fidèles.
samedi soir. Quand j'ai suis ifre , a-t-il ajouté,
Voilà, sire, la * que méritevotre cœur ; il m'arrife souvent d'entrer dans un cabaret, et
ceux-là sont vos amis, ceux-là ne vous ont pas de boire sans m'en appercevoir ».
abandonné. - -

Le peu de lumières qui est résulté de ces nou


Tous les représentans du pcuple françois, tous veaux interrogatoires , a déterminé l'Assemblée
les vrais françois garantissent, sur leur tête , la au parti de l'indulgence , ou plutôt elle a vu ,
défense d'une constitution jurée, et du roi chéri dans le fonds de l'affaire, une querelle d'ivrognes,
dont elle a affermi le trône ». -
et les allégations d'un homme qui a voulu se
Ce projet a paru obtenir la pluralité des appro donner de l'importance. Sur la motion de M.
bations. Cependant ils n'étoient pas non plus en Cretin , il est décrété qu'il n'y a pas lieu à déli
petit nombre ceux qui en ont trouvé la façon bérer sur la proposision du décret d'accusation
unole et adulatrice. M1M.Grangeneuve, Albite, contre les sieurs Raouck et Luco , et ils ont été
- Lacroix, Merlin, Chabot , Rouyer l'ontjugéen remis en liberté.
bloc inadmissible et l'ont travaillé en détail ; on - M. Cretin n'a pas résisté à la tentation de faire
a sur-tout attaqué la phrase du début comme sur le zèle du comité de surveillance quelques
imprégnée des odeurs de la vieille flagornerie. plaisanteries qui ont paru froides , et qui l'ont
« Je propose de la retirer, a dit l'auteur; j'avois fait rappeller à l'ordre par M. Chabot, ennemi
«herché à m'y dédommager du sentiment pénible - des feddure.
( 2347 )
On a encore entendu un major des troupes dans la fabrication des petits papiers , le triple
françoises, dernièrement arrivé d'Allemagne. Il danger des longueurs , des frais et de la contre
assure que la constitution françoise a déja germé façon. « Les gros assignats, dit-il, ont fait dispa
chez la plupart des peuples germaniques , et roître les sacs d'argent , les assignats de cinq
n'attend qu'un soleil pour verdir les campagnes livres ont fait dispa oître les écus , les assignats
du nord.
au-dessous de cinq livres feront disparoître la
Séance du 16 décembre. monnoie , que les billets dits de confiance ont
déja chassée en grande partie.Tout au plus pou
La garde nationale de Paris, défilant au sein vez-vous, s'il faut absolument céder à la né
de l'Assemblée nationale, toutes les mains s'unis cessité de l'instant, décréter une fabrication de
sant pour applaudir à ces braves officiers, tous papiers de cinquante sous seulement ».
les cœurs pour jurer avec eux , c'est-là un spec Pour obvier à l'inconvénient des lenteurs et de
tacle , ce sont des jouissances qui appartiennent la dépense , M. Isnard propose d'apposer quatre
à la nation touse entière ; aussi l'Assemblée timbres secs sur les assignats de cinq livres, aves
avoit-elle décrété unaninement que le procès faculté de les diviser en quatre coupons de vingt
verbal de cette fête touchante seroit envoyé aux cinq sous. Ici s'est fait une courte interrup
83 départemens. Ce procès-verbal , rédigé avec tion par la nomination des vingt-quatre députés
beaucoup de détails par M. Grangeneuve, a été chargés de porter au roi ce soir , à l'heure par
lu ce matin , et fort approuvé. Cependant M. lui indiquée , le message dont l'Assemblée a
Cheron a requis une addition importante , et a adopté la rédaction ; ensuite, la discussion re
fait semonce au rédacteur d'avoir omis le fait , prise, il a été décrété pour base première, qu'il
que l'Assemblée , les officiers et les tribunes, au sera fait une émission d'assignats de valeur au
milieu de la jubilation civique, ont crié de con dessous de cinq livres.
eert : z covsarr2rvarrow oU LA MoRT" ; que
plusieurs voix disoient l'équivalent : La zrnErzr
Un courier extraordinaire, du département du
our rA AroRzr. Vous sentez que le secrétaire pa bas Rhin , apporte des dépêches et des procès
triote ne s'est pas fait prier pour ajouter à sa verbaux dont la lecture est faite sur le champ. En
rédaction ces mots sacramentels. voici le précis :
M. Lacroix a dit , mais on lui a soutenu le M. Boyer, soldat au treizième régiment, qui
contraire ) que CeS SernmenS le S6 prononçoient
étoit en garnison il y a quelques mois à Stras
qu'en face de la partie gauche.Sur ce débat l'As bourg , et maintenantà Neuf-Brissac, a été in
duit à la trahison par M. Silly, officier au mèfè
semblée a appellé l'ordre du jour. régiment , et par M. Loyauté, ancien officier,
C'étoit la discussion sur laproposition d'émettre
des assignats d'une valeur moindre de cinq livres. agent de M. le cardinal Rohan. --

Le premier opinant a proposé de faire fabriquer Ils l'avoient d'abord engagé à livrer le poste
pour cent millions d'assignats de cinquante sous,
du grand Rhin , quand il y seroit de garde et en
faction ; ils avoient aussi concerté, dans le cas
pour cent millions d'assignats de vingt-cinq sous, où ce premier projet ne réussiroit pas , de lui
pour cent millions d'assignats de dix sous. faire livrer la citadelle de Strasbourg, quand il y
M. Caminet , appuyant cette proposition , a
representé que tout le fruit qu'on peut attendre seroit de garde.
de cette fabrication dépend de la célérité qu'on
Il devoit la livrer , en gardant le silence,
mettra. Savez-vous, a-t-il dit, pourquoi ,
quand six cents gentilshommcs , déguisés en
depuis quelques jours, le prix de l'argent a haussé gardes nationaux , viendroient escalader , pen
dant la nuit, le rempart dans l'endroit où il
d'une manière effi ayante ? C'est que la proposi
tion faite dans cette Assemblée , d'émettre des seroit placé en sentinelle. -

etits assignats au-dessous de cinq livres, a ef Ces projets ont é é déconcertés par le départ
* tous ceux qui ont émis des billets de con qui a été ordonné du 13e régiment , transféré de
fiance. Les spéculateurs ont redoublé leurs ma Srasbourg à Neuf Brissac.
nœuvres ; ils ont craint de voir la fin de leur Les conspirateurs, auxquels s'est joint un sieur
règne , ils ont voulu vendre chèrement leur vie. Cort, officer, voyant qu'ils ne pouvoient pas
L'orateur a terminé en se référant à la de employer M. lloyer , conformément à leurs pre
mande d'une fabrication de trois cent n illions mières vucs , ils l'ont engagé à paser au-delà du
Rhin dans l'armée des énigrans; et pour cela ils
d'assignats de cinquante,vingt-cinq , et dix sous.
M. Guiton est d'un avis opposé; il apperçoit ! l'ont adressé au nommé Louis , tailleur du car
U 234o J

- dinal Rehan , qui a des ordres du cardinal pour zette des feuillans , accuse de contradiction
faire des habits bourgeois aux soldats qui vou plusieurs patriotes qui ont cru voir un piége dans
droient se déguiser pour passer de son côté. la détermination subite de la cour à la guerre.
' M. Boyer s'est prêté, en apparence , à toutes Comme cette gazette ne fait dans ce reproche
ces manœuvres. Il a fini par les découvrir à la que commenter la même idée , présentée par le
municipalité de Strasbourg. -- nouveau ministre de la guerre dans son discours
Dans le même temps où il faisoit sa dénoncia à l'Assemblée nationale , il suffira pour répondre
tion , on a arrêté au poste du Rhin un soldat qui très-cathégoriquement à la gazette ministérielle ,
désertoit déguisé en habit bourgeois, et qui , au ministre et aux feuillans , de citer ce para
dans son interrogatoire , a déclaré avoir pris son graphe du Patriote françois, nº, 858.
déguisement chez le tailleur du cardinal * « Le ministre ( dans son discours après celai
- * mnnicipalité de Strabeurg a mis en état du roi ) n'a pas cru pouvoir se dispenser de dé
d'arrestation MM. Silly , Cort , Loyauté , le cocher quelques traits contre les patriotes que
tailleur et sa femme , ainsi que le soldat déser l'expérience a rendus défians ; il a trouvé mauvais
teur. M. Léonard Rœderer , juge de paix à que plusieurs d'entre eux qui denandoient la
Stasbourg, a été commis pour les interroger. guerre à grands cris y fussent contraires main
Les trois officiers ont tout nié ; le tailleur, sa tenant que legouvernenent s'y dispose. M. Nar
femme et le soldat ont tout avoué. bonne trouve là de la * , il n'y en a
Le département finit par invoquer protection , pas ; il n'y en a que dans la conduite du gouver
* recommander fermeté , et par promettre vigi nement qui , après avoir refusé de sanctionner
ance et patriotisme. un décret propre à dissiper les rassemblemens
Quatre membres de l'Assemblée , MM. Gen d'émigrés , propose aujourd'hui de faire la
sonnet , Vergniaud, Goupilleau et Becquet ont guerre , si ces rassemblemens ne sont pas dis
parlé sur ces procès-verbaux , et ont conclu au SOU18 D,

décret d'arrestation contre les sieurs Silly, Cort, Au reste le gouvernement va bientôt se trouver
Loyauté , le tailleur et sa femme. Un cinquième en position de dissiper toutes les défiances; elles
a provoqué le même décret contre Louis Rohan , s'évanouiront devant sa conduite si elle est fran
cardinal. L'Assemblée ordonne une seconde lec
che et sincère , et les patriotes les plus sévères à
ture des procès-verbaux , après laquelle le décret surveiller le pouvoir exécutif seront aussi les
est rendu , sans contradiction , contre Silly et plus prompts à rendre justice à ce pouvoir quand
Loyauté. le roi remplira dignement ses fonctions de repré
. Quant au cardinal , M. Daveyroult observe sentant du peuple, servira avec vigueur et loyauté
qu'il est prince de l'Empire, envoyant à la diète, la nation , sa souveraine , et la constitution
ayant droit de lever des troupes ; que s'il offense qu'elle s'est donnée.
le droit des gens en embauchant des François, il Les feuillans ont été enfin forcés de se sou
n'y a d'autre mesure que de lui déclarer la guerre. mettre au vœu du peuple : leurs séances seront
- Mais , objecte-t-on , il a été déja mis par
l'Assemblée constituante sous le coup d'un dé publiques et leurs intentions seront connues ; ils
cret , et n'en est sorti que par le bienfait de ont inspiré de la défiance parce qu'on les croit
l'amnistie. - Il étoit alors François, membre de beaucoup plus amis de la cour et des ci-devant
l'Assemblée , évêque de Strasbourg;il n'estplus grands que de la constitution , de la déclaration
rien de tout cela. des droits et de l'égalité, bases de cette constitu
La difficultéest envoyée au comité diplomatique. tion.Si leurs opinions et leur conduite sur-tout
Le décret contre le tailleur Louis et sa femme viennent à démentir ces justes soupçons, tant
a été rendu , et l'on a décrété que le comité de mieux : les patriotes se réjouiront d'avoir trouvé
surveillance seroit entendu sur ce qui est à faire des frères là oùils craignoient de trouver l'intri
gue et les chefs d'une faction accusée de vouloir
à l'égard du sieur Cort, officier. ressusciter la noblesse, et de profiter de la guerre
P A R I S.
pour établir , par une médiation armée , une se
conde chambre législative , une chanbre de no
La Gazette universelle 9 Cl ui n'est q
que la g,
ga bles, un sénat d la Mounier.
On s'abonne à Paris , chez BuissoN , libraire , rue Hautefeuille , à qui l'on adressera , franc de port, el pris
de l'abonnement et la lettre d'avis , et toutes les lettres pour les Auteurs des Annalespatriotiques. -

Et chez tous les Libraires et Directeurs des Postes du Royaume et de l'Etranger.


--t_
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S U P P L É M E N T A U No. D C C C V I.
Département du Pas-de-Calais. de Tèves, et autres princes protecteurs des émigrés
rebelles , d'avoir à dissiper hors de leurs é as,
Bapaume, le 4 décembre. avant le 15 janvier prochain , les rassemblemens
Nous avons l'honneur , messieurs, de vous de françois armés qui s'y forment , en violation
du droit des nations et en infraction des traités,
adresser ci-joint le résultat des ventes des do sans quoi la France regardera comme ennemis cet
maines nationaux de notre district, depuis le 1o
janvier 1791 jusqu'au 1er. de ce mois. Nous électeur et les autres princes ses conplices , et,
passé le 15 janvier , leur déclarera la guerre.
espérons continuer cette opération avec le même L'empereur a promis au roi d'envoyer ses lettres
succès encore plusieurs mois : le patriotisme de réquisitoriales à ce sujet, et c'est-là où nous v er
notre district et sa confiance dans la constitution rons en définitif la bonne ou mauvaise foi de
sont si bien affermis, qu'au premier signal douze Léopold, car ce prince , en qualité de chef de
mille brasvigoureux s'armeroientpour la défense l'empire et par sa seule dictatnre impériale, sans
de la patrie et de la liberté. que la nation françoise ait besoin de déclarer
Les administrateurs composant le directoire la guerre, peut faire dissiper les rassemblemens
du district de Bapaume. CRo1s1LLE, secrétaire.
Le montant de ces adjudications, pour onze d'émigrés rebelles d'outre Rhin.Je dis plus ; si
mois de l'an 1791 , est de 9,613,517 liv. 14 sous Léopold connoît bien son véritable intérêt poli
5 d. ; celui des évaluations étoit de 6,37o,313 l. tique et les véritables devoirs d'un allié, il agira
dans cette occasion , non-seulement comme chof
9 s. 8 den. La différence entre l'estination et de l'Empire, mais comme chef de la maison d Au
l'adjudication est de 3,243,2o4 l. 4 s. 9 d. triche, allié dcpuis 1756 avec la nation et le
roi des François ; il nous rendra les secours et
Point de vue politique de l'état actuel des les services que la nation françoise a rendus si
choses relativement d une déclaration de souvent et à si gros frais à l'impératrice sa mère,
guerre.
dans la guerre de sept ans et depuis ; il nous
tiendra compte en cette occasion des sacrifices
Lorsque nous avons exposé, à la tribune des que nous avons faits à cette alliance, malgré les
jucobins et dans le nº.8o2, du 13 courant, des désavantages qui se trouvent pour nous dans le
Annales, notre opinion et nos défiances sur les traité. -

propositions de guerre que le roi devoit faire Que Léopold se consulte bien sur toutes ces
dans le sein de l'Assemblée nationale, ilfaut le observations, et il verra que n'étantpoint l'allié
dure , et on nous croira sans doute , nous ne re des émigrés rebelles , mais bien d'une nation
doutions certainement pas nos ennemis ni tous libre , généreuse , composée de vingt-cinq mil
les rois d'Europe ligués contre nous ; nous re lions d'hommes, il n'a pas à balancer sur le parti
doutions une déclaration de guerre impromptu, qu'il doit prendre. Veut-il conserver notre al
qui nous livroit à la discrétion des évènemens, liance , oui ou non ? S'il veut la conserver, qu'il
et pouvoit nous envelopper dans le tourbillon agisse donc à la fin franchement et ouvertement -
funeste d'une trahison peut-être trop long-temps avec nous. Que peut-il attendre des cours étran
préparée et soupçonnée depuis trop long-temps gères coalisées contre nous, et dont il paroî: être
et avec trop de raison. Mais le point de vue sous le meneur,sinon que la plupart de ces cours ne
lequel le roi , dans son discours du 14, a pré demandent pas mieux que de le voir se compro
senté cette déclaration , laisse respirer un mo mettre avec les François pour faire ronpre le
ment nos inquiétudes et nous fait entrevoir un traité de 1756, et se mettre à sa place ? Il sait
horizon politique beaucoup moins chargé de bien que dans le fonds c'est ruse contre ruse , et
nuages et une marche plus digne de l'intérêt que le plus habile des princes de l'Europe sera
combiné de la nation et du roi , qui ne doivent celui qui conservera tous ses avantages sans 1 is
jamais faire qu'un dans tout état de cause poli quer une insurrection et une révoiution natto
tique extérieure ou intérieure. Il s'agit , dit le nales dans son pays.Si donc Léopoll, en croyant
roi, de faire intervenir l'empereur, pour qu'en sa mener Catherine,Gustave et Frédéric-Guillaume,
qualité de chef de l'empire, il notifie à l'électeur croit nener aussi de même la nation françoise , il
8c6 bis.
( 235o )
se trompe étrangement.Son véritable jeu aujour S'il s'agit des contributions publiques , le
d'hui, son véritable intérêt politique, est d'aban père Gerard dit : Un grand ben, c'est que les
donner les émigrés rebelles à leur folie et à leur contributions portent aujourd'hui sur ce qu'on
nullité; de parler fortement et sans ombrages aux a ; au lieu que les inpôts autrefois portoient sou
princes allemands protecteurs des rassemblemens vent sur ce qu'on n'avoit pas. On paie aujour
de ces rebelles ; de fournir même des troupes d'hui la contribution foncière, parce qu'on a
contre eux,s'il en est besoin , en vertu du traité des fonds ou des immeubles ; la contribution mo
de 1756; de donner par là occasion aux Francois biliaire , parce qu'on a des revenus, ou qu'on
de revenir de leurs tropjustes préventions contre s'en procure avec ses talens et son industrie : on
la maison d'Autriche, et d'opérer enfin une paix estine ces revenus en proportion du loyer qu'on
générale en Europe, dont les rois ont plus besoin occupe ; le droit de patentes , qui porte sur les
encore que les peuples , et dont les François bénéfices d'une entreprise ou d'un commerce pu-
niène, qui ne sont jamais ingrats, lui sauront g é. blic , aujourd'hui dégagés de la gêne des mai
Ainsi tout peut se concilier par la politique de trises, des jurandes et des priviléges , autrefois
| | la justice et de la bonne foi ; politique dont le | sources de tant de divisions et de jalousies. Il y
| succès n'est jamais douteux. S'il en est autrement, | a encore le droit d'habitation, commun à tous
nous le verrons bien , et nous savons d'avance , | ceux qui ont un domicile , sans lequel on seroit
- non pas seulement ce qu'il faut dire , nais ce | réputé vagabond.
qu'il faut faire. CAR RA. Un paysan. Allons , ça vaut mieux qu'autre
r| - fois; car il y avoit des impôts de toutes les
ALMANA c H DU PÈRE GERARD, | º*:
Le père Gerard. Et les plus durs portoient sur
pour l'année 1792, troisième de l'ère de la les 1 essiers besoins de la vie.Tout ce qui sert aux
Milerté. ( Se cond extrait. )
vêtemens , à la chaussure, étoit imposé ; et aussi
| Cet almanach a tout le succès qu'il mérite. tout ce qui est utile dans le ménage , le bois, le
On sait qu'il est divisé en douze entretiens , qui sel , l'huile , le savon...
traitent de la constitution, de la nation , de la Un paysan. Et le tabac donc , père Gerard !
- - loi, du roi, de la propriété, de la religion , des le tabac !Je gagne au moins à la révolution 3o
| contributions publiques , des tribunaux, de la | francs par an là-dessus , sans compter l'entretien
- force armée, des droits de chaque citoyen , de | de ma pipe. -

. . ses devoirs, de la prospérité et du bonheur do- Dans l'entretien de la force armée, il y est
| mestique. - question d'une attaque qu'on pourroit tenter
" , Il n'étoit pas trop aisé d'expliquer la nécessité | contre la France :
de la séparation des pouvoirs. Un paysan. Qu'en- Un paysan dit : Les gardes nationales y seront
tendez-vous par les pouvoirs ? bien pour leur part. Nous en avons fourni cent
Le père Gerard. Ce sont les moyens qui font pour les frontières , père Gerard , et s'il en avoit
aller la constitution. Le pouvoir lgislatif, c'est fallu trois fois autant , on les auroit trouvé.
l'Assemblée nationale ; c'est conne la tête dans Le père Gerard. Il en a été de même dans
le corps humain : c'est là qu'est la pensée, le bon toute la France;voilà ce qu'opère le saint amour
vouloir. Le pouvoir exécutif , c'est le roi ; c'est de la liberté. Autrefois , un milicien pleuroit
-
comme les bras qui exécutent ce que la tête a pour aller au rendez-vous donné, il trembloit de
résolu; et je pourrois dire que le peuple françois, tout son corps lorsqu'il étoit en faction sur les
circulant par-tout , est comme le sang qui porte murailles : aujourd'hui le garde nationalvoudroit
dans toutes les veines de l'etat la chaleur qui sauter par-dessus pour aller joindre l'ennemi.
anime et fait vivre ia constitution..... Quoique Un paysan.Je suis marié , j'ai quatre enfans ;
séparés, ils doivent aller ensenble ; car si la tête mais je suis prêt à marcher.
vouloit, et que le bras n'agisse pas, c'est comme Un enfant de dix ans , brandissant son
si la tête n'a oit pas voulu : et d'un autre cô é, fusil. Et moi aussi ; je sais faire la charge en
la nature nous indique elle-même que les bras et douze temps.
la tête doivent être à une certaine dis ance; elle On voit que l'auteur n'a rien négligé de ce qui
a placé les bras de manière qu'ils peuvent servir pouvoit faire aimer la constitution et être agréabte
utilement toutes les parties du corps : mais s'ils au peuple; c'est en le respectant et en s'occupant
étoient attachés ou plus haut ou plus bas , s'ils sous tous les rapports et sans cesse de lui, que
vouloient mener la tête , cela ne vaudroit rien. l'on mérite sa confiance et son estime.
ANNALES PATRIOTIQUES ET LITTERAIRES
DE LA F R A N C E,
ET A F F A I R E s P o L I T I Q U E s D E L' E U R o P E ;
dV O UV R N A L L I B R E, par une Société d'Ecrivains Patriotes ,
dirigé par M. MERcIER, et par M. CARRA , un des Auteurs.
Citoyens, l'espoir de nos ennemis se fonde sur nos divisions , et sur le
non payement des contributions publiques : oublions toutes nos que
relles, étouffons sur-tout ces misérables disputes religieuses que les
rêtres réfractaires veulent introduire parmi nous , payons exactenent
es subsides décrétés par nos représent ans , et nous sommes sûrs d un
triomphe qui ne sera pas même acheté par la guerre.

No. D C C C V I I. Du Dimanche n8 Décembre 179t.


AS S E M B L É E N A T I O N A L E. nous tenons au-dedans, qu'ils ne sont pas uni
quement faits pour porter la quenouille ».
Séance du 17 décembre. Cette adresse, vivement applaudie, a é é hono
rablement insérée au procès-verbal sur la motion
Aux premiers temps de la régénération fran de M. Couthon. -

çoise quelqu'un a prétendu que le patriotisme On envoie au comité militaire une lettre du
ne seroit pas la vertu des femmes, et qu'accou - bataillon des volontaires de Marne , qni est aux'
tumées à la frivolité, aux mollesses, à la corrup frontières ; il se plaint de ce qu'un sieur Elias
tion de notre antique température, elles auroient leur a fourni de mauvais draps, et des lits plus
peine à respirer l'air vifde la liberté, et à digérer . mauvais encore.
la constitution, qui est le PA1N DEs FoRTs. L'ex- . M. Guitton , qui a présidé la députation
périence a confirmé plus d'une fois ce présage chargée du message au roi, a rendu compte que
austère. On a remarqué que les préjugés de l'aris le roi avoit reçu avec amabilité les députés na
tocratie , les inepties de la superstition et les tionaux, et les avoit reconduits après leur a oir
fureurs du fanatisme s'étoient comme retranchés fait cette réponse , qui sera insérée au procès
dans une certaine classe de femmes : mais gar verbal : « Je reconnois , messieurs , le langago
dons - nous bien d'étendre cette injure sur la et le cœur des François, dans les remer inens
majorité d'un sexe aimable , que sa sensibilité qu'ils n'adressent. : sont na famille , et
a placé plus près de toutes les vertus. En ce mo j'espère que cette famille se réunira toute entè: o
ment trois cents citoyennes de Clermont-Ferrand sous la protection de la loi ; c'est-là mon vœu le
appellent sur tout leur sexe l'admiration de la plus cher ». -

patrie , en donnant un grand exemple de dé L'Assemblée nationale envoie aux comités


vouement et de courage. Leurs époux leurs en
respectifs diverses lettres des ministres de la jus
fans sont aliés à la déleuse des fontières ; elles tice , de l'intérieur et de la marine , qui font
les ont animés par des cris d'encouragement ; passer à l'Assemblée l'état des dépenses cou
elles déposent leurs sentinens dans une adresse rantes, des sommes dues, et des dépenses pré
à 1'Assemblée nationale :
sumées nécessaires pour l'année prochaine, dans
« Ils sont partis, disent elles ; ce sacrifice a leurs départemens. - - --

coûté à nos cœurs, mais ils ne s'en attachent que Au comité de surveillance, dos pièces adressées
plus à la patrie ; les enfans que nous allaitons par le directoire du département du haut Rhin ,
sucent un lait incorruptible , clarifié à l'esprit de notamment la déclaration de M. Wimpfen, con
la raison. ce nant la tentative faité, au nom des princes,
Nous vous attestons qu'au premier signal de pour le séduire et l' rgager à livrer , par tra
guerre nous apprendions à certains ennemis, que son, la ville de Ne -l3rissac. - -- --

8c7
( 2352 )
M. Wimpfen a remis an directoire les lettres Très-honoré et très-favorable seigneur, nous
qui lui avoient été écrites , après en avoir effacé desirerions obtenir de l'auguste Assemblée la
les signatures : il a déclaré qu'il ne feroit com permission de faire un établissement dans la
noître le nom de celui qui les avoit signées, que puissante ville de Paris.
dans le cas où l'Assemblée nationale lui en don Cet établissement auroit pour but de fabriquer
neroit l'ordre précis. et de filer en France le coton, conme on le fait
On a lu une foule d'adresses portant félicita dans l'état de Bàle, et de naturaliser en France
tion sur le décret concernant les énigrans. Parmi la culture du coton.
ces adresses se distinguent celles des villes de Si l'Assemblée applaudit à nos vues , d'après
Coutances et de Lyon. la réponse que nous attendons de vous , monsei
L'ordre du jour ramenoit la discussion sur les gneur, nous vous adresserons un ménoire dé
etits assignats. M. Isnard a renouvellé et déve taillé concernant l'établissement que nous nous
* la motion par lui faite hier , afin que les proposons de former. Nous avons l'honneur
d'être , etc.
assignats de 5 livres fussent chargés de quatre
timbres secs , et pussent être coupés en : - La lettre est envoyée aux comités d'agricul
segmens de 25 sous. Dans l'exposition de ses ture et de commerce. -

motifs , l'opinant a essuyé quelques interrup La discussion se reporte sur la distribution des
tions; mais il les a vigoureusement repoussées. petits assignats dans les départenens. M. Cam
En ce moment , le comité de liquidation est bon propose de décréter que les 6o millions que
venu présenter à l'Assenblée le premier décret la caisse de l'extraordinaire doit verser dans les
de liquidation qui ait été soumis à la législature. départemens , d'ici au 15 janvier, y soient por
L'Assemblée l'a ajourné à trois lectures de hui tés en assignats de 5 liv.
taine on huitaine. M. Baigneux et un autre membre demandent
Le comité des finances expose que le besoin que chaque département reçoive , en petits assi
des caisses publiques et le retard de la rentrée gnats et pour change , une somme égale à leur
des impôts nécessitent une nouvelle émission contribution mobiuaire; que d'ailleurs l'Assem
d'assignats ; it propose de porter l'énission to blée prenne pour base de ce change la popu
tale à 2 milliards 1oo millions. lation.
Ce projet , combattu par M. Cambon , mais La discussion est continuée à lundi.
soutenu par M M. Dorizy et Becquet , a réuni la
majorité de l'Assemblée , qui décrèe « que la P" A R I S.
mise en circulation des assignats sera de 1 6 cent
millions au to al ; qu'en outre il sera fabriqué La séance d'hier des amis de la constitution
pour 2 cent millions de petits assignats , qui séans aux jacobins a dû déconcerter un peu les
seront employés à changer , dans les départe intrigans et les ministériels qui rivalisent avec les
mens , de gros assignais , b1 filés aussi-tôt après rebelles de Coblentz dans leur haine contre cette
leur rentrée. Enfin il a été retiré de la circulation , société. La Gazette universelle et autres oracles
par la vente des biens nationaux , 3 cent 35 feuillantins s'étoient hâtés de crier à plein gosier
millions. que lesjacobins qui demandeient quelques jours
Il résulte de l'addition de ces diverses sommes atiparavant la guerre la repoussoient aujourd'hui,
qu'il aura été fabriqué, après l'exécution du pré parce que lepouvoir exécutif paroissoit renoncer
sent décret, pour deux milliards cent trente-cinq au systême de la paix. Il est bien vrai que le
millions d'assignats, et qu'il y en aura en émis changement subit des plans de la cour avoit fait
sion pour seize cents millions. naître quelques défiances très-justes et très-légi
Plusieurs adresses , signées des citoyens de times dans l'esprit des francs patriotes ; mais ils
Bordeaux , qui réclament la bienfaisance natio n'ont pas tardé à sentir que le véritable intérêt de
male en faveur des colons de Saint-Domingue , la nation est de dissiper promptement les enne
ruinés par l'insurrection. Envoyé au comité de mis extérieurs qui répandent au dedans une
Se COl1lS . inquiétude funeste et y alimentent l'espoir de
M. Ramond, secrétaire, fait lecture de la let tous les conspirateurs. Ils ont senti que l'intérêt
tre , datée de Bâle, écrite en allemand, traduite du peuple est de hâter et de se précipiter avec
en françois. tout son courage vers ce dénouement de la révo
A M. le président de l'Assemblée nationale. lution , qui tôt ou tard ne pouvoit être que la
- ( 2347 )
guerre. M. Brissot , dans un très-beau discours sation à rendre contre les princes rebelles et
dont l'impression a été votée d'une voix unanine, leurs adhérens d'outre Rhin ;2°. le changement de
a démontré aux patriotes rassemblés en foule dans toute notre diplomatie. Si, disoit-il , l'Assem
la salle des jacobins , que l'intérêt le plus pressant blée nationale fait précéder par ces deux mesures
de la nation , de la liberé et de la constitution la déclaration de guerre , peut-être alors les mi
étoit la guerre ; il a dénontré que la crainte des nistres et la cour se repentiront de l'avoir pro
trahisons que peuvent méditer les intrigans pour voquee.
al érer et nolfier la constitution, et faire rétro M. Barthelemy , ministre de France à la cour
grader la liber é à la fas eur des chances de la de Londres , vient d'ètre nommé ambassadeur en
guerre, ne doivent point effrayer le peu ple, qui Suisse. Cette ambassade est importante dans ce
saura bien faire échouer ces trahisons, avec quel monent , où il s'agit de renouveller les capitu
que perfilie , avec quelque profondeur qu'elles lations des Suisses avec la France.
puissen ê re ourdes. On a baucoup applaudi M. de Ricé remplace M. Dumoustier à Berlin,
ce passage du discours de M. Brissot : « La nation et M. de Sainte-Croix , qui a éé quelque temps
» a besoin de la guerre pour connoître enfin ce chargé des affaires de France en Suède, remplace
» que vaut son pouvoir exécutif; elle ne peut M. de Vereennes à Cobentz.
» pas, sans un danger imminent d'anarchie, res M. de Choiseul-Gouffier est désigné pour l'am
» ter plus long-temps dans l'incertitude et la bassade d'Angleterre, et s'il l'accepte , M. Du
» défiance à cet égard. Les sentimens les plus moustier passera à celle de Constan inople.
» intimes et les plus cachés du roi vont paroître M. Narbonne, dans sa tournée sur les fron
» au grand jour : s'il est patriote, il ne tardera tières, doit avoir à Metz une entrevue avec M.
» pas à obtenir , pour prix de sa sincérité et de Rochambeau et M. Luckner , pour concerter
» son civisme, la confiance et l'amour des Fran avec eux les dispositions relatives à la guerre
» çois. Ces jacobins , tant calomniés et présentés contre les émigrés et les princes qui les pro
» sans cesse comme des ennemis de la royauté, tègent.
» cemme des républicains , deviendront des
» royalistes et des ministériels le jour où le roi Adresse du bataillon de l'Aube d l'Assemblée
» se fera connoître pour un franc patriote ». - nationale.
lci des app'audissemens réitérés et prolongés
pendant long-temps. Carvin , dèpartement du Pas-de-Calais,
le 14 décembre.
M. Danton a parlé après M. Brissot , et
comme lui, il a pensé que la nation avoit besoin R E r r É s EN T A N s ,
de consommer sa glorieuse révolution par la Aujourd'hui nous avons des armes ; nous brû
guerre ; il a établi une distinction bien vraie et lons d'en faire un usage digne de vous et du
bien importante entre les deux classes d'aristo peuple françois.
crates qui menacent aujourd'hui notre liberté : Vous avez bien mérité de la patrie , et toute
les uns sont ces fous d'outre Rhin qui veulent la France admire vos loix sages et vigoureuses ;
reconquérir l'ancien régime et la France ; les mais toute la France s'effraie de leur nullité :
autres , plus dangereux, sont ceux qui se pro elle s'indigne de ce qu'on détruit, à mesure qu'ils
osent de faire rétrograder la liberté ot la révo naissent, les fruits de vos sublimes travaux.
l* jusqu'à une constitution angloise , et éta Nous partageons ces justes alarmes, et nous
blir en France une chambre des pairs, un sénat demandons à la nation dont vous êtes les orga
législatif qui redeviendroit l'asyle ou plutôt la nes , et dont nous avons été constitués les défen
eaverne des princes et des ci-devant nobles. seurs , qu'enfin elle fasse entendre la voix du
Vous devez, disoit M. Danton, craindre que la souverain , et qu'elle force son délégué de dé
cour, les ministériels et les plus fins d'entre les ployer contre les traîtres l'appareil menaçant des
aristocrates, n'entrevoient dans laguerre où vous combats. Nous demandons à verser les premiers
vous précipitez des chances favorables à cette un sang qui ne peut circuler désormais que pour
transaction si honteuse pour vous et si heureuse la liberté.Ah ! que ne sommes-nous déja au mi
pour eux , puisqu'elle vous ramèneroit bientôt lieu des peuples qui nous environnent ; ils nous
d la constitution de Constantinople. tendent les bras : déja ils s'apprê ent à recevoir
M. Danton a proposé, comme conditions né de nos mains le signe éclatant de l'affranchisse
cessaires avant la guerre , 1°. le décret d'accu * ment des nations. N'en doutez pas, aussi-tôt que
( 2354 )
nous aurons posé le pied sur la terre de l'escla nistrateurs, qui ont comblé d'éloges une conduite
vage elle deviendra libre, et les premiers succès aussi patriotique. C'est ainsi que quelques ci
de nos armes seront les avant-coureurs de la toyens aisés de cette ville, par un acte efficace
félicité du genre hunain. de civisme et de générosité , ont secouru la pa
Signé, Forgeot, Herblou, Mathieu, Mouy, trie , que le retard du recouvrement des contri
Girardon , Febvre , Pouru , etc. etc. butions peut perdre plus sûrement que l'armée
noire et les efforts du fanatisme. Cet exemple,
Copie de l'adresse d l'Assemblée nationale, s'il étoit suivi , sauveroit infailliblenent l'état ,
- faite par le bataillon de volontaires du dé et pour l'être il senble qu'il suffira de le propo
partement de l'Hérault, en garnison d Mère, ser. Il n'y a point de commune où il ne se trouve
le 6 décembre 179r . sept ou huit bons citoyens , capables de faire
L É G 1s L AT E U Rs, pour cinq ou six mois le sacrifice de l'intérêt
Nos bras sont armés pour la défense de la pa d'une somme assez modique. Cette dénarche
trie , et jusqu'à présent ils ne lui ont été d'au assure à tous les contribuables une juste réparti
cune utilité : des brigands sont aux portes de la tition , parce qu'elle laisse aux municipalités le
France , ils la menacent d'une invasion, et nous temps pour va ncre toutes les difficultes, et se
ne sommes pas à portée de les repousser. procurer tous les renseignemens nécessaires dans
Nous vous en conjurons, législateurs, rappro l'assise de l'impôt : d'ailleurs elle est un ace de
chez-nous de la frontière menacée, que nous par bienfaisance et d'humanité à l'égard de la classe
tagions avec nos frères d'armes des départenens des citoyens peu fortunés, à qui elle procure une
du Rhin ou du Nord les dangers de la guerre , espèce de délai qui leur rend plus conmode et
et qu'ils n'aient pas seuls la gloire d'avoir con plus facile le paiement de leur quote-part.
couru au salut de la patrie et au maintien de la Francfort, le 3 décembre.
liberté.
* Notre énergie n'a besoin , pour prendre tout On a reçu ici la nouvelle certaine que l'élec
son essor , que d'être en présence de l'ennemi ;
teur de Mayence a ordonné de vuider les ca
nous sommes prêts à marcher: ordonnez, et nous sernes pour les remettre aux françois émigrés, et
volons à la victoire ou à la nort. de loger ses propres troupes chez les bourgeois.
Le bataillon de volontaires du département de Ceux-ci sont indignés de cet acte de despot sune ;
l'Hérault. Signé, Massia , lieutenant-colonel la rumeur est géné: ale , et si l'éiecteur ne ré
tommandant. -
voque pas l'ordre, il pourroity avoir une émeute.
Obs. Les innombrables lettres et adresses pa Le landgrave de Hesse-Cassel a fait p ésent au
reilles que nous recevons tous les jours , portent conte de Wittgeinstein de qua re-vingts nisé
rables ou malfateurs tirés des prisons , pour en
toutes le même dévouement, la nême empreinte
de civisme. Que ne pouvons-nous toutes les im augmenter l'armée noire.
primer !- --
-
-

Une lettre de Coblentz assure que les cours


Exemple d suivre par tous les bons françois. françoises d'outre Rhin et des Tuileries sont
réellement brouillées. Le bruit court que les
Saint-Amour , département du Jura.
émigrés cantonnés - à Ath vont être rappellés
Avant de procéder à l'assise des impôts de la dans l'électorat de Mayence, et que bientôt les
commune, le conseil général , sur la proposition deux rives du Rhin seront couvertes de l'armée
de M. Renaud, qui venoit d'être réélu maire , a des princes.
ouvert une souscription pour fournir les avances Douze nille Autrichiens , porte la mêne
des impositions. La souscription a été presque lettre, viennent augmenter les garnisons du Bra
aussi-tôt remplie que proposée , et l'argent qui bant ; mais il paroît que l'Angleterre et la cour
en est résulté a été versé dans la caisse du dis de Vienne s'unissent pour la neutralité : ce qui
-
trict , au grand contentement de MM. les admi rapprochera naturellencnt la Russie et la Prusse.
On s'abonne à Paris , chez BUnssoN, libraire , rue Hautefeuille , à qui l'on adressera , franc de port, el prix
dc l'abonnement et la lettre d'avis , et toutes les lettres pour les Autcurs des 1 nnales patriotiques.
Et chez tous les Libraires et Directeurs des Postes du Royaume et de l'Etranger.
Il paroit tous les jours un Numéro de ce Journal. Prix , 36 liv. pour nn an , 18 liv. pour 6 mois, et de 9 liv. pour
5 mois ,franc de port, par la poste, pourtout le Royuune. L'abonnement ne commencé quedu premier d'un mois,
ANNALES PATRIOTIQUES FT LITTÉRAIRES
D E L A F R A N C E,
ET A F F A I R E s P o L I T I Q U E s D E L'E U R O P E,
J O U R N A L L I B R E, par une Société d'Ecrivains Patriotes ,
dirigé par M. MERcr ER, et par M. CaRRa, un des Auteurs.
- --
-----
On n'a jamais vu la bombe rentrer dans son mortier; on ne verra point les
François repasser sous le joug.
-

Nº. D C CC V I I I. Du Lundi 19 Décembre 179. -


A S S E M B L É E N A T I O N A L E. de la Mayenne, écrivent une diatribe contre leur
comnissaire du roi, qu'ils accusent, en qualité
Séance du 17 décembre au soir. d'aristocra e, de commercer avec les fanatiques,
ou tout au moins d'affecter de la négligence à les
C'est une chose étrange qu'il y ait si peu de réprimer. La tournure incorrecte et presque risi
: qui entendent le vrai sens des décrets sur
es fonctionnaires
ble de cette adresse a détourné l'attention qu'elle
du culte. L'Assenblée natio pouvoit mériter.
nale reçoit une adrcsse signée de plusieurs péti L'Assemblée a passé à l'ordre du jour, qui étoit
tionnaires de Saint-Jean-de-Luz , département la discussion du projet de décret sur l'organisa
des basses Pyrénées , qui demandent naï enent tion générale des gardes nationales volontaires :
la destitution de leur curé constitutionnel trop les articles suivans ont été décrétés.
bien soutenu , disent-ils , par la municipalité , L'Assemblée nationale, après avoir entendu le
et le rétablissement de l'ex-curé, qui s'est refusé rapport de son comité militaire, décrè e ce qu
3 ult :
au serment civique. On a envoyé leur pétition
aux comités pour vérifier les faits de vexations Art. Ier. « Les bataillons de gnrdes nationales
qu'ils a ticulent. « Eh ! qu'ils aillent, s'ils veu volontaires seront payés de leur solde , depuis
lent , a dit M., à l'office de leurs inserm nés, et compris lejour fixé pour leur rasenbenen
qu'ils les paient , et nous laissent en paix ! .. jusque et compris le jour de leur licenciencnt.
Le sieur Malvoisin , détenu à Orléans pour It sera accordé de plus à chaque gardevolon
l'affaire des racolenens de Toul, écrit qu'il est taire national trois sous par lieue, pour se rendre
innocent, et demande d'être incessamment jugé. de son domicile à l'endroit du rassemblement ,
MM. les capitaines de la garde nationale à et de l'endroit du licencienent à son domicile ».
cheval de Paris se sont présen és à la barre pour (La suite demain).
avertir l'Assemblée de ne pas obtempérer à une Séance du 18 décembre.
pétition que lui ont présentée les adjudans-majors
de cette mê ne trompe , pour obenir exclusive - Les pétiions n'ont pas tnanqué dans cette
ment certaines places dans la nouvelle formation séance, qui ieur éoit p«ricièremen ac mise.
On envoie au conié nilt - ire, 1 °. tte r, a
de ce corps. -

L'Assemblée a rcnvoyé la pétition au comité mation de quelques officiers de ce nlarn- i nt .


militaire : elle a 1nvité les pétitionnaires à la tionale ; 2°. la d nande pé « n ée par un non
séance. Un rapporteur du comité militaire a pré breuse dépu ation des canonniers volontaire , le
senté un projet de réglement en cent qnatre-vingt l'aris , lesquels supplient l'Assembie de retirer
deux articles , pour l'amélioration du sort des un décret de l' Assenblée constituante , qui a
invalides. La présentation de ce projet a été réduit de beaucoup le nombre dont ce corps avoit
comptée pour première lecture ; après les deux été originairement formé. -

autres lectures de formuule constitutionnelie , il Mi.Colo , c- levant d' Herbois, a fai lomm .
sera discuté. - à l'Assemb eérslative d'un catlué hisne de la
Cent habitans de la ville d'Evron , département constrution , q'il di composé ponr les cau
8c8
| pagnes , sous le titre d'ALMANAcH Du PÈRE cipitera sur les traîtres qui occupent le pays dont
GERARD. nous sommes ex patriés ».
«Je vous l'offre, a-t-il dit, simple , modeste , cx La France vous adopte , leur a dit le prési
humble comme celui dont ilporte le non. Peut dent, vos cœurs sont françois ;votre offre mérite
ê re cet alnuanach se trouvera-t-il au milieu de un sérieux examen , elle la méditera avec inté
-
gensfermes, patriotes et vertueux. Si c'est là sa rêt et prudence ».
de stinée, qu'elle s'accomplisse dès aujourd'hui : Divers mémoires du ministre de l'intérieur,
je le dépose sur votre bureau. relatifs à son département, sont envoyés aux
Le père Gerard ne prononçoit pas de longs divers comités.
discouns ; mais souvent dans sa bouche un mot M. Bertrand a demandé, et l'Assemblée a
franc et naïf, une expression proverbiale, eut un ordonné la communication des pièces sur les
effet prodigieux. C'est ainsi qu'il disoit un jour quelles est appuyée l'accusation portée contre lui
aux ennemis de la constitution , acharnés à gêner par la municipalité de Brest.
les opérations de l'Assemblée nationale : « Comme Une très-nombreuse députation de la garde
que vous fassiez , la constitution s'achèvera, nationale de Montmartre est venu offrir son hom
car le peuple la demande; et la voix du peuple mage aux législateurs dans le style du plus ardent
est la voix de Lieu ». atriotisme. Elle est honorablement admise dans
- J'ai tâché de transporter ce langage dans le : séance, et le discours inséré au procès-verbal.
petit ouvrage que je VOl1S présente : : In &
Cinq députations de citoyens de Paris, notam
sera-t-il pas inutile pour faire aimer la constitu ment de la section du Palais-Royal , viennent
tion , c'est-à-dire pour la faire connoître. désavouer, en termes très-vifs , la fameuse péti
Réponse du président : « Vous présentez à tion GARNIER , du 5 décembre. Quelques-uns
l'Assemblée un ouvrage utile au peuple ; vous mène s'emportent jusqu'à vouloir que ses signa
avez consacré au bien public les talens dont vous taires soient mis en état d'accusation.
êtes doué; vous avez bien mérité de la patrie , Un homme , accusé d'avoir été chef d'une
l'Assemblée vous invite aux honneurs de la sédition à Saint-Malo , s'est présenté à la barre.
séance ». Il venoit dénoncer sa municipalité ; il a été
L'offrande et le discours ont été infiniment rejetté. -

applaudis. M. Couthon fait la motion que l'ou La députation de Perpignan a annoncé à l'As
vrage soit déclaré BIENFAIT PUBL1c. L'Assemblée sembiée que trente-cinq des officiers de la gar
envoie l'ouvrage au conité d'instruction , et dé nison sont emprisonnés comme pr évenus d'avoir
crète l'impression , insertion et honorable men voulu livrer la citadelle de cette ville aux
tion du discours. émigra ns. -

Un colon de Saint-Domingue , ruiné par les Le ninistre de la guerre présente , de la part


derniers désastres , présente un mémoire contre du roi , la lettre qui suit :
la société des amis * noirs , contre lesquels il « Messieurs , l'apperçu qui vient de n'être
provoque un décret d'accusation, comme étant, présenté par le ninistre de la guerre porte les
-
dit-il , soudoyés par l'Angleterre * opérer la approvisionnemens de son départenent à 2o nil
subversion et la séparation des colonies. lions , dont il est nécessaire que l'Assemblée
L'Assemblée, en envoyant le mémoire au co nationale fasse un fonds extraordinaire.
mité colonial, a manifesté sa justice impassible, Je vous prie, M. le président , d'en mettre la
et sa pitié pour les insensés, en faisant asseoir discussion à l'ordre du jour des prochaines déli
bérations de l'Assemblée.
| l'auteur.
Nombre de patriotes liégeois et brabançons , J'adopte volontiers , dans cette occasion , la
réfugiés en France , viennent demander à l'As forme de conmunication que l'Assemblée a paru
semblée la permission de former une légion , où desirer : cependant je persiste à penser que la
se réuniront leurs infortunés compatriotes disper formule dont avoit usé le ministre de la narine
sés par la tyrannie. est constitutionnelle , et elle a l'avantage d'être
« Nous ne denandons, disent-ils, que la per plus expéditive ». - Signé, LOUIS. - Contre
mission de lever un drapeau , et d'y mettre la signé , NAR BoNNE , ninistre de la guerre.
devise liégeoise : Mieux vaut périr volontiers Après la lecture de cette lettre , le ministre a
ue du perdre la liberté. Aussi-tôt on verra se présenté un mémoire de l'emploi des fonds de
* une phalange formidable » et elle se pré mandés. L'Assemblée en a ordonné l'impression

-
-----

( 25a7 )
et le renvoi aux comités militaire et diploma Nouvelles , notes et avertissemens divers ex
tique. --
- traits de plusieurs lettres.
C'est un fait certain que le scélératissime Ca
PA R I S, le 18 déeembre. lonne a une fabrication de faux assignats à
Jenx. - L'abondance des matières nous a Coblentz ; les poinçons et tout l'attirail de cette
manufacture criminelle , qu'il a fait venir de
empêché de parler de l'expédition contre les jeux Londres , lui coûtent près de cent mille francs.
du passage de Radzivil il y a trois jours. Cette Le conseil d'administration de la ville de
expédition s'est faite avec une activité et un zèle
Tulle prit la résolution , le 7 de ce mois , de
qui honorent infiniment le commissaire de police faire fabriquer douze cents fusils et autant de
des Petits-Pères, qui en a été chargé. Les ordres
ortoient de forcer les portes , en cas de refus. piques pour les habitans des campagnes voisines.
n conséquence , il étoit assisté de serruriers A Amiens , les bons citoyens font forger éga
armés de pinces. Plusieurs de ces repaires ont été lement un grand nombre de piques.
saisis à la fois. On a trouvé des pacta convcnta On nous écrit de cette dernière ville que les
filles bernardines de l'abbaye du Paraclet entre
qui attestoient que les maîtres de ces cavernes tiennent une correspondance criminelle avec des
étoient liés par une hontense association. Les
brigands ont voulu faire quelque résistance; mais brigands et aristocrates de Paris. Ne pourroit-on
la fermeté du commissaire , auquel , encore une pas donner sur les : à ces béguines rebelles,
fois, on ne peut donner trop d'éloges , l'a ren et les prendre sur lo fait ?
due illusoire. Il a fait présenter la bayonnette Il en a nenti le traîre Lostanges , colonel
par la brave garde nationale, qui l'a secondé avec transfuge du réginent de cavalerie ci - devant
une fermeté imposante , après avoir invoqué le Royal-Picardie , lorsqu'il s'est vanté publique
respect à la loi. Si vous bronchez, dit-il aux ment à Namur qu'il auroit ce corps en entier
escrocs et aux souteneurs, je vous la fais passer dans cette ville au premier ordre. Les braves
d travers le corps , je dresse procès-verbal et cavaliers de Royal-Picardie sont tout entiersà la
nation , à la loi et à la constitution ; le témoi
j'envoie vos cadavres d la mogue. Vingt-deux gnage de leurs frères les volontaires nationaux
particuliers ont é é ariètés , tous les uste nsiles et de la Meuse et des citoyens de Rocroy, où ils
banques saisis. Une nuit entière a à peine suffi
pour cette lionorable expédition. Tous les bons sont en garnison , leur suffit ; et ils n'attendent
citoyens ne tarissent pas sur les louanges qu'ils que l'heureux noment d'aller prouver leur pa
donnent à M. Pétion. Comme l'on voit , il n'a triotisme aux chevaliers de la trise figure d'outre
Meuse et d'outre Rhin. -

pas de conmis qui , moyennant la plus honteuse C'est aussi vainement que les officiers aristo
rétribution , tolèrent cette infaunie qui a désho
noré depuis deux ans la capitale , renversé des crates du régiment de cavalerie ci-devant Royal
fortunes, occasionné mille forfaits , et fait mou Normandie , en garnison à Besançon , ont cru
corrompre leurs cavaliers en lear donnant de
rir des épouses , des mères d'inanition et de l'argent , et en leur faisant porter des moustaches
désespoir, pendant qu'elle alinente des brigands
à la Coblentz ; ces braves soldats viennent de
et des assassins. ( Lxtrait du patriote G orsas. ) m'écrire qu'on verra dans l'occasion que leur
Observation. Il seroit bien important pour les cœur est tout entier pour la nation et la loi, et
mœurs et l'ordre public qu'il y eût enfin des loix que ce sera tant pis pour ceux qui voudront sépa
sévères contre ces infâmes tripots. Nous n'hési rer leur cause de celle de la nation et de la cons
tons pas à mettre au rang des peines qui devroient titution.
être infligées par la loi à la deuxième infraction , L'affaire du 38e. réginent ( ci-devant Dau
la démolition de la maison dans laquelle la loi phiné ) va bientôt être rapportée et décidee à
auroit été enfreinte pour la deuxième fois , et en l' Assemblée mationale. Ce qui prouve co.be
outre une peine infamante contre les maî res de ce régiment mérite l'estine des bons citoyens
la naison et contre les chefs du tripot. Si cette par-tout où il se treu e, c'est une déle ou
loi salutaire étoit en vigueur , les propriétaires y que le département de l'Ardesches , ou il est en
regarderoient à deux fois avant de louer leurs garnison depuis quelques swuiaines , vient de
maisons à des bandits quipaient par des monceaux prendre en sa fax err, en lui 1 « ndant toute ra
d'or l'asyle criminel que des bonnes avides ne justice qui est due à l'honnèteté , à la bonne
rougissent pas de leur accorder. conduite et au patriotisme invariales des soldats.
Nous invitons le ministre de la guerre, qui va ment décidé à ne pas quitter son trône et sa
parcourir les frontières , s'il veut calmer les pré parie, et que , sans cette terrible appréhension
ventions formées contre lui , de faire fournir le de la part des ennemis de l'état , ce coup de
plutôt possible les bataillons nationaux de tout main auroit é é effectué depuis long-temps.
ce qui leur manque en munitions , en armes , Ces traîtres à leur patrie s'apperçoivent, sans
en vêtemens , et il leur manque beaucoup de doute, que c'est déja trop pour eux d'avoir tous
choses. Le 4e. bataillon de la Meurthe, en gar les patrio es à coabattre, sans leur donner encore
nison à Marville , entre Montmédi et Longwy , l'appui d'un peuple libre et puissant , dont la
est seul dans ce poste à deux lieues de la fron réunion rendroit inutile toutes les basses intri
tière , et il n'a pas de munitions de poudre pour gues et tous les efforts des despotes conjurés.
dix minutes ; il faut que le ministre y fasse at Il y a deux factions parmi les énigrés; celle du
tention. La manufacture de Charleville est presque maréchal de Broglie et des princes de la maison
dans l'inaction. Le mois dernier , elle n'a livré de Condé veut le rétablissement de l'ancien ré
aux arsenauxque 3oo fusils , tandis qu'antérieu gime dans toute sa plénitude , c'est-à-dire, un
rement sa livraison étoit de 2,5oo ; le fait est roi absolu , une noblesse privilégiée, un clergé
certain , et M. Narbonne doit rétablir l'activité tout-puissant et propriétaire , et les parlemens
de cette manufacture. Nous ne voulons point pour consolider par la terreur des décrets judi
environner ce ministre de défiances dans la tour ciaires et des potences la ligue des nobles , des
née qu'il va faire, mais nous voulons des preuves prêtres et des robins ; l'autre parti, qui est celui
»ositives des bonnes intentions qu'il a annoncées. des frères du roi , tend au mê ne but , mais par
* l'exhortons aussi à maintenir la bonne une voie plus détournée et par un moyen pius
harmonie qui règne entre les troupes de ligne et adroit. Il veut proposer une transaction qui opé
les gardes nationales , et nous prions nos corres reroit le premier rétablissement de la noblesse
pondans , ainsi que les soldats-citoyens et les par une chambre des pairs ou sénat législatif ;
citoyens-soldats de nous instruire de tout ce qui mais ils calculent très-bien que ce sénat noble
se passera dans cette tournée du ministre , afin une fois établi, la constitution une fois entamée,
que nous puissons le juger dans son nouveau l'égalité une fois détruite , rien ne seroit plus
poste et lui rendre justice s'il la mérite. C. facile que de former une coalition entre le roi , le
sénat et l'armée , pour achever de ruiner l'édi
Extrait d'une lettre de Coblentz , du 1o fice constitutionnel , et rétablir bien ôt après le
décembre. despotisme royal , le gouvernement des grands ,
le régime féodal, l'aristocratie sacerdotale , et la
Ceux des émigrés qui ne sont pas dans le servitude complète du peuple. La nation fran
secret du cabinet de Coblentz, attendent jour çoise est à la veille d'attaquer et de dissiper tous
nellement l'évasion du roi , mais les conseillers ces brigands d'outre Rhin; mais pour ferner en
intimes des princes, les ninistres des puissances tièrenent la porte à ces transactions perfides qui
étrangères , et les politiques , nieux informés »
pourroient dans le cours de la guerre être propo
la craignent autant qu'ils la desirent, parce qu'ils sées par les émigrés et favorisées par le parti de la
sont instruits par une foule d'espions qu'ils sou cour qui dirigera cette guerre , il faut que préli
doient dans les grandes villes de France , et ninairement l'Assemblée nationale déclare re
notamment à Paris , des suites funestes que belles tous ces factieux d'outre Rhin, et qu'elle
pourroit avoir cette mesure inconsidérée. Ils lance le décret d'accusation contre les princes et
croyent que si sa majesté quittoit la France pour autres personnages qui ont l'audace de s'en dé
se réunir à eux , on pourroit voir le peuple se clarer les chefs. Il est juste aussi de prendre sur
porter à l'extrénité de proclaner roi des Fran leurs biens tous les frais des armemens et de la
cois un desfils du nonarque de la Grande l5re guerre ; car leur principal but est de nous épuiser
tagne , dans l'intention d'intéresser la nation d'argent et d'assignas , qui sont les principaux
angloise au succès de la révolution , et de faire soutiens de la constitution qu'ils veulent ren
de tous les Anglois autant de soutiens de la cons verser. E,t-il juste de faire payer aux paisibles et
titution et de la monarchie françoise. On assure bons citoyens les frais de guerre que ces bandits
ue cette raison seule a , jusqu'à présent , em fo cent la nation à faire ? non , sans doule : l'au
pêché l'enlèvement du roi , qu'ils sav ent absolu guste Assemblée y pourvoira.
--
-
- - -
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-
ANNALES -PATRIOTIQUES
«a - D E L A F R A NET
- - C LITTERAIRES
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ET A F F A 1 R E s P o L rT 1 QUE s D E L E U R o P e 5
J O UV R N A L L I B R E, par une Société d'Ecrivains Patriotes ,
- . -
dirigé par M. Mnncrrr, et par M. Canna, un des Auteurs.
- -

Les prêtres séditieux ont dit aux ci-devant nobles : allen, épuises l'or
et l'argent de la France ; combines au dehors les attaques, pendant
qu'au dedans nous vous disposerons d'innombrables complices. Le
royaume sera dévasté, tout nagera dans le sang; mais nous recouvre
rons nos priviléges. ABfmons toutplutôt, c'est l'esprit de l'égtise.
- * (CLAUDE FAucHEr , évéque du Calvadoe.)

Nº. D C C C I X. Du Mardi 2o Décembre 179t. -


-
.

. A SS E M B L É E N A T I O N AL E. fait hommage par un citoyen de Saint-Male.


M. le président fait observer qu'une plante de
- Séance du 19 décembre. gérofle a valu à la France plusieurs millions.
L'ordre du jour a porté la discussion sur Ie
Lrs loix les plus difficiles à exécuter sont celles mode d'échange des petits assignats dans les dé
qui touchent aux maladies de la vanité ; déja il partemens. Le projet présenté à ce sujet par
est tombé dans une sorte de désuétude, ce sage * Cambon avoit obtenu la priorité dans la
décret qui a rayé les surnoms en brisant les ar- . séance dernière. - , * -

moiries.Un pétitionnaire nomméle sieur Dubut, - A ce projet étoit joint un état des sommes
attaché, à ce qu'il dit, à la constitution, a signé destinées en assignats de 5 livres à chaque dépar
son mémoire Dubut de Longchamp; et M. Ra tement.
mond, secrétaire, en a fait I'extrait , décoré du - « M. Cambon , dit quelqu'un , a fort bien
surnom en toutes lettres. Sur cette lecture , M. traité le département de l'Hérault , dont il est
uriot réclame la radiation des onze lettres député ». Le comité a répondu que la répartition
oiseuses ; M. Boizot, ci-devant de la Cour, s'est avoit été réglée par la plus stricte équité : l'As
permis de trouver l'observation risible , et s'est semblée , passant à l'ordre du jour sur tous les
attiré, de la part de l'austère Chabot, quelque l'urgence et a adopté le projet
incidens : a décrété
sarcasme sur le surnom qu'il a porté lui-même. ainsi qu'il suit :
Quelques personnes ont réclamé l'ordre du jour ; *** commissaire du roi à la caisse de l'ex
le président a consulté l'Assemblée sur cette traordinaire versera à la trésorerie , au fur et
motion ; M. Chabot n'a fait d'autre défense que mesure de la fabrication , et d'ici au 15janvier,
de lire la loi : l'Assemblée a ordonné qu'elle une somme de 6o millions en assignats de cinq
seroit exécutée , et que les mots de Longchamp livres , en échange d'assignats de plus forte
seroient supprimés. sonme , qui seront annullés et brûlés. -

On remarque que les séances se remplissent .. Le ministre de la marine a fait un rapport dé


très-lentement , et qu'indiquées à neuf heures , taillé sur l'état actuel des colonies, sur * C\llSe
elles ont à peine à onze heures le nombre com réelles ou présumées des derniers désastres, sur
pétent. L'Assemblée décrète , sur une motion les accusations respectivement portées contre
d'ordre faite par M. Cheron , qu'il sera fait l'assemblée coloniale et contre la société des
jeudi prochain , à dix heures précises , un appel amis des noirs; accusations qu'il estime exagé
mominal. -
rées de part et d'autre. Il présente des mesures
L'Assemblée nationale envoie au jardin des générales et particulières pour empêcher le re
Plantes une racine de rhubarbe dont il lui a été tour d'une rebellion et pour réparer le mal qui
8o9
w - wvv

a été fait.Par exemple, il propose d'abandonner velontaires arriverent dans le liei désigné pour
nos créances sur les Etats-Unis, afin qu'avec le | le rassemblement de leur bataillon, ils se présen
montant de ces créances les Américains four
nissent aux colons de Saint-Domingue dés bois teront au commissaire du directoire du dépare
ment chargé du soin de ce rassemblemen *
et autres matériaux pour relever leurs édifices t.
incendiés. * , * . - * - | -- 1 - -
ci inscrira, sur un registre à ce destiné , le nom
L'Assemblée ordonne l'impression de ce dis de chaque volontaire national , le jour de son
cours, et le renvoie au comité colonial. arrivée et le nombre de lieues pour * il
Lettre du roi qui renvoie à l'Assemblée son devra être payé. Ce registre servira provisoire
ment de livret de revue.
décret du 15 novembre , sur la répartition des ,
impôts : ce décret n'estpas soumis à la sanction ; , III. Les bataillons déja sur pied recevront, par
mais quelques-unes des dispositions qu'il ren forme de gratification , la solde et le dédomma
ferme ayant besoin d'être sanctionnées , cette gement auquel ils auroient eu droit de prétendre
forme inconstitutionnelle a empêché le roi d'en en vertu de l'article Ier. du présent décret : ils en
ordonner l'exécution. seront payés sur des états fournis et certifiés par
En attendant que l'Assemblée ait fait dans ce les directoires de leurs départemens respectifs.
décret les changemens nécessaires , le roi a fait IV. Une moitié de la somme qui, en vertu de
prendre d'avance par les ministres des mesures de l'article précédent, reviendra à chacun des gardes
précaution * empêcheront que la chose publi volontaires nationaux dont les bataillons sont
que ne sountre. - déja formés, sera remise à sa libre disposition ;
« -

On annonce la note envoyée par le ministre l'autre moitié sera appliquée , soit au paienent
de la justice des décrets que le roi a sanctionnés. . des habits et autres effet qu'ils auront reçus, soit
Un secrétaire en fait lecture au milieu de l'atten aurenboursement des avances que les directoires
tion et du silence ; il en est venu au décret con leur auroient faites avant qu'ils passassent à la
cernant les prêtres fanatiques : LE Ro1 ExAMI charge du département de la guerre.
» ERA. -

V. Le ministre de la guerre est chargé de faire


- Le département du Nord a enveyé plusieurs : sans délai les gratifications accordées par
rocès-verbaux qui annoncent que les villes de 'article III , et opérer les retenues prescrites par
*, de Lille, et quelques autres, se rem l'article IV. 1 - ------ -

: d'étrangers quiparois
"banço
se disent patriotes bra |
tranqui VI. Les commissaires chargés par les direc
ns ; quoiqu'ils sent lles et toires de départemens du rassemblement des ba
qu'ils soient sans armes, le département a conçu taillons de gardes nationales volontaires, remet
quelque inquiétude qu'il n'y eût parmi eux quel tront aux commissaires des guerres , lors de la
ques émissaires de la troupe émigrante : on en a première revue qu'ils en passeront , le contrôle
interrogé plusieurs, leurs réponses sont satis auront fait , en vertu de l'article II du
faisantes ; mais , dans un moment aussi diffi qu'ils en présent décret. . -
cile , le département ne voulant rien donner au
hasard, a fait une proclamation pour avertir les VII. Immédiatement après la première revue
chaque
étrangers, qui n'auroient point de passeport, de ment degarde volontaire national prêtera le ser
sortir de Lille dans vingt-quatre heures. , vivre libre ou mourir, de maintenir de -
-

tout son pouvoir la constitution du royaume


Il termine par se référer à l'Assemblée natio décrét
nale et au roi. Déja le ministre, M.Cahier, a ée par l'Assemblée nationale constituante
écrit à ce directoire, pour le remercier de sa pru aux années 1789 , 179o et 1791 , et d'étre en
| dence et de ses soins. L'Assemblée nationale a tout fidèle d la nation , à la loi et an roi , , ,
chargé son président de lui témoigner la satisfac La formule de ce serment sera prononcée par
tion de l'Assemblée. le commandant du bataillon , et chaque volon
- -

Les pièces sont envoyées aux comités diplo- . taire proférera les mots je le jure.
matique et de surveillance , pour en faire un VIII. Tous les citoyens admis dans les batail
-
rapport à la séance de demain. lons de gardes nationales volontaires seront
-
libres de se retirer après la fin de chaque cim
-

Suite des articles sur l'organisation des gardes pagne , en prévenant deux mois d'avance le
- -- » - nationales des frontières. capitaine de leur compagnie , afin qu'il soit
-

, , --
* At. II. - A mesure que les gardes nationa pourvu à leur remplacement , ainsi qu'il sera dit
les artiole XVII.
|
- -
- -- - - -- » - - -- - -

_-_- - -- -- - --
u au r s J

Ea campagne sera censée terminée le premier Vergennes , qui n'ont cessé depuis le connan
décembre de chaque année. cement de la révolution d'outrager et de trahir
- IX. Tout citoyen admis dans les bataillons de la nation qu'ils représentoient dans différentes
gardes nationales volontaires, qui aura servi sans cours d'Allemagne, sont enfin rappellés. . --

interruption depuis l'époque du rassemblement M. Sainte-Croix est nommé auprès de l'élec


de son bataillon jusqu'au moment de son licen teur de Trèves. « - -- - "

ciement, jouira dès-lors de la plénitude des droits - - 1 .


de citoyen actif, et chaque mois de service qu'il Aux auteurs des Annales,
aura fait lui sera compté pour deux mois , tant - , --
pour obtenir la décoration militaire, que les ' Lille, le premier décembre. .
récompenses pécuniaires accordées à ceux qui La société des amis de la constitution de Lille
ont servi l'état. recommande à votre patriotisme la publication
X. Les gardes volontaires nationaux que des d'un arrêté qu'elle vient de faire unanimement.
affaires instantes ou majeures obligeront à sus « D'après l'avis certain que M. le Chapelier
pendre momentanément leurs services ,pourront avoit été reçu membre, et aussi-tôt nommé pré
dans tous les temps, d'après des certificats de leurs sident à la société de Rennes, celle de Lille a
municipalités , visés par les directoires de dis résolu de cesser son affiliation et toute corres
trict, obtenir la permission de s'absenter pour pondance avec la première.
un temps déterminé. Nous espérons que notre conduite ne sera pas
XI. Il sera remis à chaque garde volontaire sans effet, et que messieurs de Rennes ne balan
national , au moment où il quittera le service , ceront point à se séparer du membre le plus in
un certificatqui attestera le temps pendant lequel civique qu'ils puissent avoir, s'ils ne * pas
il aura servi : ce certificat sera signé par le capi renoncer, dans l'esprit des jacobins de tout le
taine , visé par le commandant du bataillon , royaume, à l'estine et à l'honneur du vrai pa
contrôlé par les cônmissaires des guerres , et triotisme ».
approuvé par l'officier général sous les ordres C'est encore par la plus insigne méchanceté
duquel le bataillon servira, -- « que le 24e régiment ( ci-devant Brie ) a été ca
XII. Il sera remis de mêne à chaque garde lomnié dans différentes feuilles. Certainement il
volontaire national , qui sera forcé de suspendrè n'y a pas de corps militaire dont le patriotisme
momentanément son service , un certificat qui et la fidélité soient plus sûrs, et qui donne plus
indiquera l'époque de son départ et celle où il fréquemment des marques de son zèle et de sou
devra rejoindre son bataillon. -- attachement pour la nation. Nous avons le bon
XIII. Tout garde volontaire national sera heur d'avoir une grande partie des officiers et
tenu , au moment où il rentrera dans son domi sergens de ce brave régiment pour frères et pro
cile , de faire inscrire au greffe de sa municipa pagateurs des bons principes , et le concours est
lité le certificat de service qu'il aura obtenu , nombreux de tous les soldats qui viennent s'ins
ou la permission de s'absenter qui lui aura été truire à nos séances , etc. -- | -- | --

accordée , afin de m'être point confondu avec Signés, Nolt, président; Paul, G. François,
secrétaires. --

ceux qui auront abandonné sansune autorisation -

légale les drapeaux de la patrie ».


La suite demain. V 1 E N N E , le 3o novembre. - -

L'ambassadeur de France, M. de Noailles,


-- p A R I S. -
eut avant-hier une audience privée de l'empereur,
dans laquelle il remit à S. M. I. une lettre du roi
On débite que l'électeur de Trèves a donné des François. Il se répand que dans cette lettre le
ordre aux émigrans françois attroupés et armés roi requiert notre monarque de la manière la plus
dans ses états, de se disperser et de se retirer pressante d'employer toute son autorité pour por
sans armes.On ajoute que le ci-devant Monsieur ter certains états d'Enpire à défendre chez eux
est très-malade à Coblentz : on varie sur les tout attroupement d'émigrés armés , et de leur
ucauses de cette maladie ; les uns l'attribuent à refuser le séjour*dans leurs terres.1 L'empereur
une indigestion , d'autres à la peur , d'autres en doit avoir répondu fort brièvement « que sa façon
accusent madame de Balby. de penser sur cet objet ne soufroit aucun doute
Les sieurs Montezan , Okelli , Berenger et depuis sa dernière déclaration, donnée par son
- -- -
- --- -- - - - - -
-

C 2362 ) -

-
-

ordre à l'agent des émigrés , M. la Queille , par par la nouvelle constitution de la France; a°. lA
le gouvernement des Pays-Bas ; mais que si le réconciliation des princes françois émigrés avec
roi croyoit avoir desplaintes d faire, il s'adres le roi et la nation ; 3°. de porter les électeurs
sét, en droiture auar états d'Empire que cela de Trèves et de Mayence à ne plus protéger ou
concerne, pour y faire d oit ». -
tolérer le rassemblement des émigrés dans leurs
On trouve dans ce moment un placard en très états. - Notre ninistère, et principalement le
grandes lettres, exposé devant le magasin du li vice-chancelier, prince Colloredo, ont fait con
braire et imprimeur de la cour, Tratnern , par noitre d'avance à l'ambassadeur l'impossibilité où
lequel il annonce la vente de l'acte constitution se trouvoit t'empereur de se charger de cette mé
* des François, avec le discours du roi y rela diation. Au reste, la réponse de S. M. I. sur le
tif, et la réponse du président de l'Assemblée troisième article (voyez l'article précédent) est
mationale. C'est une preuve, ajoute le correspon certaine.Quant au premier, on prétend qu'il n'y
dant, que la constitution françoise n'a aucun a qu'un conclusum unanime de la diète, qui
risque à courir chez nous. Puisse autoriser légalement l'empereur de coopé
rer à son succès. : princes, frères du roi , ont
* obs, La réponse ambiguë de l'empereur, rap aussi écrit tout nouvellement à l'enpereur , et
portée ci-dessus , n'est point telle que le roi l'ont prié de donner au moins une nouvelle décla
constitutionnel et le peuple françois avoient droit ration en leur faveur , pour effacer la mauvaise
de l'attendre. Ce n'est point là le langage d'un impression que la suspension apparente des dis
allié fidèle, pour nous servir de l'expression de positions favorables qu'on leur avoit d'abord té
Louis XVI dans son dernier discours à l'Assem moignéespourroit faire naître. -

blée nationale. Personne n'ignore que les princes


allemands qui donnent asyle aux rebelles fran Des lettres de la Suisse annoncent que le can
çois, sont dans la dépendance immédiate de l'em ton de Fribourg refuse de reconnoître l'accepta
pereur, et que sur la première réquisition sé tion du roi des François ; que le canton de So
rieuse de ce chef de l'Empire, agissant de concert leure tolère que l'on recrute sur son territoire
avec le roi des François, nos émigrés seront
chassés de Worms, de Coblentz , de Spire et de pour l'armée des princes rebelles , et que le can
ton de Berne permet qu'on fonde des canons
Liége : ainsi, si Léopold se refuse à faire cette pour cette armée dans la ville d'Arau. L'évêque
réquisition, ou si les petits princes n'en tiennent prince de Bâle continue à maltraiter les françois
aucun compte, nous devrons croire que l'empe patriotes, que leurs affaires attirent dans son petit
reur est parfaitement d'intelligence avec eux sur état ; il permet qu'une assemblée d'aristocrates
tous les points de leur conduite à l'égard de la conspirateurs se tienne à Saugeren , à une lieue
France, et en faveur des rebelles qu'ils protègent.
Line autre donnée non moins sûre, c'est que la de Delemont, ville de son évèché. Il a prétexté
conduite de Léopold dans cette circonstance dé des troubles pour engager l'empereur à lui fournir
licate, soit * montre l'allié franc et loyal des soldats , et le ministre Montmorin et son
successeur Lessart ont souffert et souffrent en
des François , soit qu'il conserve cette attitude
ambiguë ou plutôt hostile qu'il a gardée jusqu'à core , au mépris des traités, que des troupes au
ce jour, cette conduite , disons-nous , sera tou trichiennes occupent ces défilés importans du
jours concertée entre lui et la cour de France ; Porentru, qui devroient être gardés par des trou
c'est sur la girouette de Vienne que nous devons pes françoises. L'Assemblée çonstituante s'étoit
avoir l'œil pour bien connoître le vent qui va eccupée de cet objet, elle avoit senti que la
souffler des Tuileries. Tout ce que fera le frère Franche-Comté pouvoit être attaquée avec succès
sera conseillé par la seur , et vice versâ. par cet endroit , et que les dispositions de l'em
ereur étoient trop douteuses pour qu'on ne
Du 3 décembre.Voici les articles sur lesquels : pas l'évêque de Bâle à faire sortir les au
Louis XVI a requis, par l'intervention de son trichiens de son territoire. Nos traités avec ce
ambassadeur , la médiation de notre monarque, prince nous en donnent le droit, pourquoi donc
no. sur l'arrangement des réclamations des états ces mesures de sûreté sont-elles négligées au
à'Empire, concernant la lésion de leurs droits jourd'hui ?
* on 'abonne à Paris, chez Buisson, libraire, rue Hautefeuille, à qui l'on adressera, franc de port, elpria
de l'abonnement et la lettre d'avis, et toutes les lettres pour les Auteurs des Annales patriotiques.
Et chez tous les Libraires et Directeurs des Postes du Royaume et de l'Etranger.
ANNALES PATRIOTIQUEs-ET LITTERAIREs
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ET A F F A 1 R E s P o L 1T 1 QUE s D E L E U R o P E,
J o U R N A L L 1 B R E, par une société d'Ecrivains Patriotes,
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*
dirigé par M. Mercrer, et par M. CaRRA, un des Auteurs.
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Les prêtres séditieux ont dit aux ci-devant nobles : allez, épuisez l'or
et l'argent de la France ; combinez au dehors les attaques, pendant
-
- -, - qu'au dedans nous vous disposerons d'innombrables complices Le
- reyaume sera dévasté, tout nagera dans le sang ; mais nous recouvre
- IrOI1S InOS priviléges. Abtmons tout plutôt, c'est l'esprit %
-
. , (CLAUDE FAUcHET , évéque du vados.) r

Nº. D C C C X. Du Mercredi 21 Décembre 179t.


ASS E MBL É E NATIONAL E. Au nom des comités diplomatique, militaire
. et de surveillance, M. Ramond a fait un rapport
- Séance du 2o décembre. concernant le rassemblement des soi-disant pa
triotes brabançons. « Ils affluent, dit-il, dans les
U« motionnd'ordre a sollicité et obtenu les villes de Lille et Douai.
premières attentions de l'Assemblée. «Si le vEro Il est établi qu'ils ont des chefs qu'ils ne nom
donné au roipar la constitution, a dit M., ment pas ; ils ont une solde ; ils viennent se
n'est que suspensif, celui qui a été apposé à vos former en corps de troupes pour une expédition
deux décrets est absolu, et par conséquent n'est étrangère à la France.
pas dans la constitution ; car il seroit hors de Ils étoient soupçonnés, suivant des lettres par
sens de laisser durer deux ans une inexécution ticulières , d'enrôler en France pour accroître
qui deviendroit fatale et irréparable au bout de leur troupe ; mais lesprocès-verbaux les justifient
deux mois : dans le cas d'urgence extrême , il de ce soupçon.
ne reste que le recours au souvRRAIN.Je propose Ils ne cachent point leurs projets, puisque
de faire au peuple françois une adresse expédi M. Charost de Déthune , ci-devant duc , a été
tive de la conduite de l'Assemblée nationale et chargé par eux de négocier auprès du départe
du roi. Je demande que les corps électoraux ment du Nord pour leur obtenir des emplacemens
soient rassemblés dans les 83 départemens, pour pour leurs manœuvres et des logemens.
sanctionner ou rejetter les deux loix que le veto Les comités , tablant sur ces bases certaines ,
royal vient d'annihiler provisoirement ». - ont reconnu pour principe certain que le salut
Cette motion a fait éclore des oppositions en de l'état exige que l'on considère les frontières ,
core plus vives que nombreuses. Quelques-uns non comme de simples communes , mais comme
des opposans accusoient l'auteur d'avoir frondé les points principaux d'un grand camp. Elles
les principes ; d'autres prétendoient le faire rap doivent être , dans des ciroonstances difficiles ,
peller à l'ordre : l'ébullition a été en augmen soumises aux sévères loix du code militaire plu
tant, et n'a pu cesser qu'en faisant place à l'ordre tôt qu'aux loix municipales.
du jour. Elles sont les chefs de l'empire ; on ne doit
Une adresse souscrite par un grand nombre de rien permettre de ce qui pourroit en compro
citoyennes de Dijon , réfute la pétition Garnier, mettre la sûreté. Le dépôtprécieux des arsenaux
et félicite l'Assemblée sur la vigueur de ses et des magasins qu'elles ont dans leur enceinte
décrets. M. Bazire accuse le président d'avoir doit être inviolable.
empêché la lecture de cette adresse. Elle est au D'après cette première donnée seroit-il pru
comité, répond M. Lemontey. dent de laisser nos villes frontières à la merci deà
81o
étrangers qui viendroient , sous ua prétexte attroupement armé. - L'Assemblée approuve
quelconque , en former la garnison , et par con la conduite et la prudence du département du
séquent s'en rendreraitres ? Nord et du district de Lille ».
Est-il bien vrai qu'en supposant que les Bra On a commencé quelque discussion de ce rap
bançons réfugiés ne soient point des émissaires, port : M. Daveyroult observe que la condition
des auxiliaires de nos émigrans; qu'en supposant des cautions seroit illusoire , et le rapporteur
qu'ils n'aient pour but que de rentrer dans le consent qu'elle soit supprimée. Plusieurs person
Brabant , : bien vrai que nous puissions les nes demandent que les réfugiés soient tenus d'en
regarder comme amis de nos loix ? -
trer dans les terres françoises vingt-lieues en deçà
L'aristocratie nobiliaire et sacerdotale n'étoit
des frontières. L'Assemblée finit par ordonner
elle pas l'ame des révolutionnaires du Brabant ? l'impression du rapport, et en ajourne à demain
C'étoit après l'indépendance, et non pas après la la discussion..
liberté , qu'ils couroient ; ils voyoient avec L'Assemblée se distribue dans ses bureaux pour
effroi notre liberté assurée sur des bases qui l'élection d'un vice-président, et la pluralité ab
devoient ruiner les leurs.
solue se porte sur M. François, ci-devant Neuf
Le chef qui s'est présenté au nom de ces soi château.
disant patriotes ne doit-il pas nous inspirer quel M. Bertrand , ministre, a rendu compte des
ques défiances ? Son ancien état, la nature de
ses propriétés, tout ne doit-il pas être matière à faits du soulèvement arrivé sur la frégate l'En
soupçons? - --
buscade, dont l'équipage , sur des soupçons
graves , a forcé le capitaine de revenir à Roche
N'est-il pas évident que ces réfugiés vont fort. La discipline s'est rétablie : le capitaine et
contre le vœu de la majorité des habitans de leur l'état-major demandent à être dispensés de rendre
pays ? s'ils l'avoient pour eux , fuieroient-ils plainte; la municipalité a laissé espérer le pardon,
eur terre natale ? iroient-ils emprunter un ter et le ministre y joint sa prière. -

ritoire voisin ? S'ils avoient le vœu de leurs


concitoyens , la révolution seroit mûre chez Le rapport est renvoyé au comité colonial , et
ueux ; ils ne fuiroient pas les tyrans pour les com l'Assemblée ordonne, sur la motion de M. Bris
battre, ils les attaqueroient dans * foyers, sot, que les pièces concernant les troubles de la
et la terre s'ouvriroitpour engloutir la tyrannie. Martinique seront jointes au rapport qui doit
embrasser l'affaire entière des colonies.
Quand les réfugiés seroient les sincères amis , La discussion s'étant ensuite établie sur le
de la liberté , ne seroit-il pas très-impolitique mode de répartition des soixante millions d'assi
de permettre qu'une guerre étrangère se préparât gnats de 5 livres , destinés par le décret d'hier
chez nous ? * donner l'hospitalité à
ce fléau ? .. aux besoins des départemens,il a été décrété que
* " -- . " , " - - cette répartition se fera entre les départemens en
: Nous , qui avons juré de ne susciter aucune proportion de leur représentation au corps légis
guerre , serions-nous conséquens dans nos prin latif, et entre les districts en proportion de leur
cipes si, réclamant la paix des nations , nous impositions et population combinées.
leur fomentions la guerre ?
. Nous avons pesé ces grandes considérations,
et alliant le respect dû à l'humanité, les loix sa - . P A R I S.
crées de l'hospitalité , à celles du droit des na
tions et du bon voisinage , et aux circonstances Nouveaux changemens dans la diplomatie de
dans lesquelles se trouve la France , nous vous puis ceux dont nous avons donné la note.
-
proposons de décréter :
Que les rassemblemens des brabançons , qui M. l'abbé Louis est nommé ministre plénipo
se forment dans le département du Nord , soient tentiaire en Danemarck , à la place de M. de la
dissipés; ils seront libres de vivre sous la pro Houze , qui se retire vu le - mauvais état de sa
tection des loix françoises, mais ils seront tenus santé. ---- - - -

provisoirement de sortir de nos places de guerre, - M. d'Assigny est nounné ministre plénipoten
à moins qu'ils y aient des établissemens per tiaire près l'électeur Palatin. -

manens , ou des répondans qui se po1teroient M. Montciel , président du département du


caution pour eux. - Jura , ministre plénipotentiaige près l'électeur
Les corps administratifs empêcheront tout . de Mayence. -

- --
t 235i )
M. Marbois, ministre plénipotentiaire à Ra -
t
-- rrr -- Iyon r[ - ' - ' - " -- ' ,
tisbonne. . Voici ce qu'on lit dans le journal de cette
M. Makaa , à Flerence.
, M. Maisonneuve, pas le due de Wirtemberg. ville, du 12 courant. Cette dénonciation impor
tante rappelle toutes les agitations qu'a éprouvées
cette grande cité pendant le cours de la révolu -
tion, et les divers complots qui y ont été formés
Société des amis de la constitution séante aux pour en faire le siége et le foyer d'une contre
-* jacobins de Paris, 19 décembre 1791. i évolution :
*
_ « Il existe un projet pour faire servir cette ville
- Hier au soir , cette société a fait l'inaugura de contre-capitale et de foyer de guerre civile. Il
tion des trois drapeaux destinés à être suspendus est question d'y appeller les princes , d'y entraî
en faisceau aux voûtes de la salle de ses séances ; ner le roi ; ils seront à portée d'être soutenus par
savoir, le drapeau anglois , le drapeau américain l'Espagne ( les frontières de ce côté-là sont dé
et le drapeau national de France. Ce spectacle , garnies) et par le roi de Sardaigne : dans deux
tout à la fois sublime et touchant, faisoit couler jours les Piémontois peuvent être ici. Pour par
de tous les yeux des larmes brûlantes de patrio venir à ce but il est nécessaire de désarmer les
tisme et de tendresse fraternelle. Une députation citoyens : la campagne n'est pas armée. Le dépar
de vingt-quatre dames ou demoiselles s'est pré tement a eu l'art d'éluder jusqu'ici la remise de
sentée à cette occasion , et l'une d'elles a pro quatorze mille fusils accordés par les décrets aux
noncé à la tribune un discours plein de cette cinq districts extérieurs,
chaleur douce , mais pénétrante , qui part du Pour désarmer les citoyens il faut la force et
cœur, et quifait sur f* une impression pro
fonde. Pendant ce discours, une jeune demoi
: plausible ; le département se procure
selle , placée au bureau, développoit et montroit |
la force en appellant dans nos murs des troupes
surccessivement les présens patriotiques que la | de
ligne : six mille hommes de froupes sont en
marche, et doivent arriver au premier jour. Les
députation des citoyennes apportoit aux amis de aristocrates se rendent ici de tous côtés, et en
la constitution. C'étoient le bonnet de la liberté, grand nombre. Nous apprenons , par un rapport
une constitution reliée en naroquia, la couronne officiel, qu'il en est plus de quatre mille cachés à
civique , l'épi de bled et trois petits drapeaux , l'ancien et nouvel hôtel de Provence, au Palais .
emblême de l'alliance fraternelle que les Fran royal, etc. etc. dans des couvens, chez des par
çois contractoient en ce moment avec les Anglois ticuliers, déguisés dans toute sorte de forme. Il
et les Américains des Etats-Unis. Le député des * dans la rue Longue un certain Dupaquet ,
nombreuses sociétés de Wighs constitutionnels rapier, dont la boutique est place Fromagerie,
d'Angleterre étoit présent à la séance ; il respi qui cherche et propose les logemens de tous les
roit à peine , tant son ame étoit remplie de l'au endards qui arrivent d'Avignon , Carpentras,
-guste et touchante cérémonie : « Je leur dirai, imes, Montpellier, etc. : c'est le bureau d'a
s'est-il écrié en bégayant à peine le françois, aux dresse. Ce Dupaquet est savoyard de naissance ;
Anglois vos frères , je leur dirai quel est ce il a un frère à Chanbéri qui loge des éugés de
peuple qui consacre aujourd'hui son union avec haut parage , gens tenant à la cour. -

eux ; ils sentiront et je sens moi-même mieux Le prétexte pour désarmer les citoyens seroit
que je ne peux l'exprimer tout le prix et l'heu d'infructueuses révoltes , amenées adroiteuent
reux présage de cette sainte alliance ». par la cessation du travail et la misère. C'est
* Après cette cérémonie , on a continué la dis dans cette vue qu'on a accaparé les soies au moyen
* eussion sur la résolution de la guerre, discussion de plusieurs millions fournis par les n.écontens
que j'ai entamée le premier il y a huit à dix et peut-être les puissances étrangères : ce Du, a
jours, afin d'avoir sur cet objet un résultat plus quet est un de ces accapareurs que nous avons
" mûr , plus réfléchi , et dans lequel on verra , promis de dénoncer , sous peu nous v ous nom
: quoique les ministériels se soient hâtés de juger murons les autres. Un monopole affreux s'exerce
* et blamer mon opinion , que je n'ai point varié, sur toutes les denrées de première nécessité, c'est
* ni dans mes principes de politique , ni dans ceux une vraie conjuration pour nous reduise a la fa
" depatriotisme. Le discours que je dois prononcer II11 Il . -

à cette occasion sera imprimé en entier dans les On croit tout si bien disposé pour l'entrée des
Annales. C.
princes en cette ville , qu'un certain Andrieux,
w - wr wr
-

autre drapier de la rue Trois-Carreaux, a fait - Aur auteurs des Annales. ". -
signer une liste de tous les aristocrates sur les -
-
quels les princes peuvent compter, et la leur a Marseille , le 8 décembre
envoyée à Worms, par un grand drôle qui est Comme il est beau de recannottre et d'abjurer
déja de retour : le parti a donné le nom de 6ha ses erreurs , comme il y auroit à rougir d'yper
elet à cette fameuse liste : si l'on bouge nous le sister , nous vous prions , messieurs, d'insérer
défilerons ce chapelet; et le peuple ira, comne dans votre journal le fait suivant : . .
les frères quêteurs, de porte en porte dire ave, Une poignée de négocians de notre ville fit
Maria. - - -- une adresse au pouvoir exécutif, pour solliciter
Il est sous la terrasse de l'Oratoire une célèbre le prompt envoi des secours que le corps légis
laïs nommée Savorney , connue par sa haine latif a décrétéspour les colonies. Comme arma
contre la révolution, et ses liaisons avec ce mal teurs elle nous fut présentée , et sans réflexion
heureux Favras, qu'elle a conduit à l'échafaud; nous la signâmes. Dans ce moment nous n'avions
c'est le canal des graces du département ; c'est en vue que l'objet; et cet objet , qui embrassoit
elle qui a le plus influencé pour obtenir la pan notre fortune , ne nous permitpas de faire atten
carte, liberté de culte , qui a allumé la guerre tion au style bas et ranpant qu'on y prodigue,
civile dans les campagnes. Le secrétaire de Jean 1 non plus que sur sa marche inconstitutionnelle.
de Marbœuf est logé chez elle : et voyez comme Mais aujourd'hui , méditant sur cette infrac
tout se tient lié, cette courtisanne est la cama tion , nous nous glorifions de pouvoir haute
rade de la misérable prestituée que Dupaquet ment la désavouer ; nous desirons y donner la
tient au premier étage de sa maison en rue plus grande publicité, et nous nous flattons que
Longue. vous prendrez ce soin.
On nous assure que ce traître
arti en
*: est
poste au commencement de la semaine Les patriotes peuvent être supris , mais bien
tôt le voile se déchire ; leur perspicacité voit les
* en ce cas , quelqu'évènement sinistre dangers, les évite et s'empresse à les dénoncer. .
se prépare : s'il a dirigé sa route vers Paris , il Signé , GEoRGEs MANENT , RoYER , ect.
sera reconnu , on a envoyé son signalement ».
Clergé: Les prêtres réfractaires de cette ville
sont si intimement convaincus des approchesd'une Réception patriotique faite au 3e. bataillon
contre-révolution, qu'ils viennent de se remettre des volontaires de la Meuse, à Rocroy.
à portée de leurs anciennes églises , et disent
ouvertement que les intrus seront chassés au pre Qu'elle est douce , qu'elle est ravissante cette
mier jour. , . -- harmonie indestructible , cette tendresse frater
« * Le séditieux Courbon est près Sainté-Croix nelle qui règnent entre les gardes nationales et
1'imbécille Rudigoz en rue v*ieille-Monnoie : : leurs frères les soldats des troupes de ligne ! Les
va se tapir, en attendant sa rentrée chez les Ur volontaires du 3e. bataillon de la Meuse arri
sulines, avec les Pernis, les Raton, les Roberty, voient à Rocroy, venant de Charleville, par un
etc.; plus de soixante réfractaires sont casernés temps affreux.Ces bons amis! ils étoient transis de
chez l* joséphites. Des négocians qui , jusqu'à
froid et n'avoient aucun vêtement, aucun lingequi
ce jour, n'ont eu d'autre dieu que l'or et d'autre ne fût mouillé! ( car on a oublié, depuis quatre
culte que celui de Priape, se rendront auprès mois qu'ils sont sur les frontières, de leur fournir
*'d'eux dévotement, parce qu'il est de leur intérêt : sacs de peau)eh bien, les citoyens et les soldats
*de donner de mauvais exemple afin de diviser les | de Lorraine et de Picardie courentau-devant d'eux;
•itoyens, mais au moindre bruit on les fera bien les uns leur offrent des bas et des chemises, les
marcher, et en avant; ils regretteront peut-être autres des habits et les autres leurs lits, oui leurs
alors de ne s'ètrepas montrés les amis de la classe lits , et ces llts sont préparés avec le plusgrand
pauvre du peuple, la seule où se trouvent encore soin. Voilà comme les hommes doivent s'aimer
quelques vestiges de la bonne foi, de la franchise et se secourir ! Amis ! cette union fraternelle fait
et de la vertu. notre force et notre joie : aimons-nous donc
Municipalité. Les nouveaux municipaux sont tous, unissons-nous donc tous , et nous serons,
* nommés enfin , et cette fois-ci ils ont accepté : non-seulement invincibles , mais nous devien
--
on nous assure qu'ils sont tous excellens patriotes. drons la gloire et l'honneur du genre bumain,
-
ANNALES PATRIOTIQUES ET LITTERAiREs
-
--

-- , - D. E L A F R A N C E,
- ET A F F A I R E S P o L IT I Q U E s D E L' E U R o P E ,
J O UV R N A L L I B R E, par une Société d'Ecri, ains Patrictes ;
- 4irigé par M. MERcrer , et par M. Canna , un «es Azueurs.

S'il est une vérité incontestable,utile à publier, c'est que tous les troubles
qui peuvent agiter la France, toutes les inquiétudes qui tourmentent les
citoyens , toutes les résistances que l'exécution des loix peut éprouver
- encore , n'exisront que par la faute du gouvernement ; que sa conduite,
ou foible ou perfide , en est la cause unique , et qne tout en France
sera paisible le jour où le roi et ses ninistres ie voudront.
(CoNDoRcET, aux auteurs du Journal de Paris, 1o nov. 1791 ).

- No. D C C C X I. Du Jeudi 22 Décembre 179u.


A S S E M B L É E N A T I O N A L E. presqu'aucun d'eux n'a refusé le serment; l'émi
gration a é é peu considérable , et nous n'avons
Séance du 2o décembre au soir. vu fuir que quelques honnes foibles ou pervers.
Nous venons vous demander quelques dégrève
Ls funestes progrès du fanatisne presbytérien mens de contribution ; c'est par notre empresse
dans le département de la Mayenne , ont forcé le ment à remplir les rôles provisoires que nous
directoire de recourir à ces mesures -igoureuses voulons mériter le succès de notre demande. -

qu'indique le décret de l'Assemblée nationale ; Poursuivez , messieurs , marchez à pas de


M. Goupilleau a fait la lecture de cet arrêté. géant dans la carrière législative. Eh ! qui pour
Plus d'une voix en a demandé la mention hono voit vous arrêter ? Seroit-ce un monarque lié à la
rable; mais comme le décret n'a pas acquis force constitution par sa volon é? Seroit-ce des minis
de loi, M. s'est élevé fortement contre l'ar tres qu'une responsabilité sé.ère enchaîne ?
rêté; il l'accuse d'être entaché des monstrueuses Quelques clameurs retentissent sur les bords
dispositions de l'arbitraire , et l'Assemblée a du Rlin ; des françois indignes de ce non , des
pa : é à l'ordre du jour. - ----
armées étrangères menacent d'entrer en France ;
Des faits plus consolans ont éé mis sous ses mais écoutez : Chez les Suisses nos bons alliés ,
yeux par une députation du département de dans la vallée de Morat , quatre murailles for
l' Yonne , dont l'orateur étoit M. Louis-Michel ment nne enceinte assez vaste ; sur l'une des
le Pelletier, ( ci-devant Saint-Fargeau ) de l'As fcas on lit cette inscription : Le drc de Bour
senblée constituante. « Messieurs , a-t-il dit, au gogne étant entré en Suisse, n'a laissé que ces
noment de notre séparation nous vous offrons s.u 's traces de son passage : ces traces , ce
le compte des soins principaux dont nous avons sont les ossemens de quatre-vingt mille soldats ».
été occupés pendant notre session. » La députation , vivement applaudie , est hono
* Votre imagination , fatiguée par des récits rablement intröluite à la séancé , et le discours
affligeans, se reposera sans doute avec plaisir St1 inséré au procès-verbal.
le tableau d'une contrée où la liberté s'est établie On envoie au comité d'agriculttire une pétition
sans orage, a régné sans licence. Ia tolérance présentée par M. de Mandre * sollicite un
n'a souffert aucune atteinte dans nos campagnes. sccours pour perfectionner la machine ingénieuse
Nos gardes nationaux ent volé en grand nombre qu'il a inventée , et au moyen de laqu lle il a
ahx frontières, Quand nous avons proclamé la reuré du lit de la Marne cinquante rochers , du
constitution , nos prêtres étoient au milieu de : de vingt mille jusqu'à cinquante mille
nous et partageoient nos sentimens. 1 vrs. - -- -- - --- - - 1
Tous nos fonctionnaires sont à leur poste ; Un officier françois, qui a servi dans les guerres
l 1
v -- v - r

de Hollande , présente un traité sur les fortifi le comité des secours a fait la motion que ce bail
cations. Il a inventé aussi des fusils et des canons fût suspendu jusqu'à ce qu'il ait été fait un rap
d'une nouvelle construction. Les procès-verbaux port sur la question de savoir si l'Hôtel-Dieu ne
des épreuves suffiront, dit-il, pour inspirer quel sera pas transféré dans ce vaste et brillant édi
que terreurà nos ennemis. fice , où les malades jouiront d'un air salubre,
Sur un rapport du comité de division , con en sortant de cette sentine que la paresse, l'igno
cernant les difficultés élevées dans le départe rance et la stupidité ont fait reconstruire pour
ment de Seine et Oise , à raison de l'élection de leur perte et pour l'empoisonnement de la capi
MM. Lebas et Odanger, officiers municipaux , tale. Cette motion intéressante est ajournée à
qn'une section de Versailles prétend être inéli samedi.
gibles , et dont le département a suspendu l'ins On a passé à l'ordre du jour sur une proposi
tallation. tion de M. Godet, qui avoit pour objet de dé
L'Assemblée a décrété « que , nonobstant clarer que la patrie est en danger, et de décréter
l'arrêté du département , la municipalité fera que la sortie du royaume fût interdite aux per
l'installation des officiers municipaux élus , sauf sonnes , au numéraire et aux provisions de
aux opposans à se pourvoir aux tribunaux judi guerre; que la gendarmerie nationale fût mise au
-

ciaires , sans qu'aucune section puisse rester complet ; que les citoyens qui, d'ici au 15 jan
assemblée sous ce prétexte ». vier , n'auroient pas payé l'arriéré des imposi
- a * - ---- - - i -

Personne n'ignore qu'après la sanglante jour tions, jusqu'aux six premiers mois 1791 inclusi
née de la Hogue , les vingt-deux vaisseaux qui vement, fussent condamnés à payer le double de
demeurèrent furent sauvés dans la rade de Mont leur arriéré. - -

marin.Un grand citoyen, M. Benjamin Dubois, L'ordre du jour étoit la discussion sur le ras
de Saint-Malo , a acquis cette terre et en fait semblement des Brabançons. Les comités réunis
I'offrande à la patrie, à l'effet d'y construire un ont fait présenter par M. Ramond le projet de
port qui assurera notre navigation dans la Man décret suivant : - - -

: comité de marine propose de décréter cc L'Assemblée nationale, instruite qu'un grand


que le roi sera prié de nommer des commissaires nombre d'étrangers, se disant brabançons, se
our se transporter sur les lieux , examiner et sont rassemblés dans les villes de Douai et de
: ies établissemens de Montmarin , afin Lille , décrète que ces personnes seront tenues
que l'Assemblée statue ensuite sur l'acceptation provisoirement de fixer leur domicile hors des
ou le refus de l'offre de Benjamin Dubois. villes de guerre, d moins qu'elles n'y forment
On ordonne l'impression et l'ajournement du des établissemenspermancns. - -

projet. - -1 L'Assemblée enjoint aux corps administratifs


* Au comité de l'ordinaire des finances est en et municipaux de faire cesser tous rassemble
voyée une pétition des ouvriers employésà l'achè mens, avec ou sans armes. Elle approuve les
vement du Panthéon françois,dont quelques-uns mesures prises par les corps administratifs de
ont éé renvoyés à cause du manque de fonds. Lille et de Douai ». -

, On reçoit de M. Gauthier , juge de paix à Après une courte discussion le projet est
fennes, les procès-verbaux de l'arrestation d'un adopté, avec cette légère modification , qu'au
sieur abbé Paulmye, prévenu d'avoir tenté d'en lieu de ces nots ( d moins qu'elles n'y forment
rôler,pour l'armée des princes, deux soldas du des établissemens permanens ) l'Assemblée a
36e régiment, ci-devant d'Anjou, en garnison à fait mettre ceux-ci, sans que le présent décret
Saint-Brieux. -

déroge en rien aux loix commerciales. -

_ La discussion est ajournée à la prochaine On en est venu ensuite au rapport au comité


séance.
des finances touchant la distribution des petits
. Le reste des momens de celle-ci est employé à assignats. Sur la proposition de M. Cambon ,
décréter, sur la garde nationale volontaire, une -
rapporteur, il est décrété que les petits assignats
suite d'articles que nous donnerons incessamment. qui resteront entre les mains des receveurs de dis
' Séance du 21 décembre. - . tricts, après avoir satisfait aux besoins de l'état,
JJ l) ,
seront donnés par ces receveurs , en échange ,
« Le jeudi 29 décembre, il doit être procédé à aux fabricans , agriculteurs ou armateurs qui
r* du bail des bâtimens qui compo justifieront auprès du directoire du besoin qu'ils
soient ci-devant l'Ecole militaire. Aujourd'hui , auront de petite monnoie.
( 2369 )
L'Assemblée réserve trois millions de petits municipale a commis nn forfait ; car c'en est un
assignats pour la caisse de change , dirigée à que de violer les domiciles , sur-tout pour elle ,
Paris par M. Lamarche , pour le service de tous qui doit protéger jusqu'au sommeil des citoyens.
les départemens. ix personnes se sont présentées chez M. Didot
* Cette proposition a éprouvé des difficultés. et delà chez M. Garnéry , qui impriment des
Quelques députés demandoient la suppression de lettres de Mirabeau ; et il y avoit dans cette
la caisse de M. Lamarche , mais leur motion a patrouille civile quatre ou cinq hommes de loi !
C'étoit pour saisir , au nom des créanciers des
été rejetée. - -

Riquetti, sans titrespréalablenent reconnus par


La même caisse de M. Lamarche, qui est une
agence de la trésorerie nationale , sera chargée la loi , ce qu'il écrivoit , il y a quinze ans , à
de faire le change des petits assignats qui seront la marquise de Monnier, dont les créanciers, si
dévolus au département de Paris ; mais elle ne les elle en avoit, pourroient encore mieux réclamer
délivrera qu'à des citoyens de la capitale. ce porte-feuille de l'amour. Les lettres de Gabriet
Plusieurs membres ont proposé des articles ont été trouvées , plusieurs sous les débris de la
additionnels qui ont été renvoyés au comité. Bastille , quelques-unes à la mairie, et beaucoup
ont été données par les anis de Sophie. -

- P. Manuel a passé un an à les recueillir,à les


P A R I S, -
déchiffrer et à les disposer, pour lionorer la mé
" Le ministre de la guerre est parti pour sa tour moire de celui qui a créé la garde nationale.
née aux frontières, ses compagnons de voyage Une fois il parloit à Mirabeau de ses recherches,
sont MM. d'A rblay , colonel de l'un des trois et le prisonnier de Vincennes lui dit : Ne les
régimens de troupes de ligne en garnison à Paris, pnbliez qu'après ma mort ; car on ne veut pas
encore me connoître.
Desmotte, ancien aide de camp de M. la Fayette;
Matthieu de Montmorency, et Dellay-d'Agier, Si jamais la responsabihité doit peser sur un
ex-députés de l'Assemblée constituante, et enfin fonctionnaire du peuple, certes ! ce sera sur celui
M. d'Arçon, officier du génie , et inventeur des qui a osé signer cet ordre , plus effrayant pour
bateries flottantes à Gibraltar. les citoyens que toutes les lettres de cachet des
Les dernières lettres du Havre annoncent que . Breteuil et des Sartine.
la paix est rétablie à Saint-Domingue , et que - « M. le commissaire de la section de Henri IV
les nègres sont rendus a leurs atteliers et à leurs est autorisé à se transporter chez Didot et Ger
travaux. Une lettre du Cap-François porte, que nery , pour prendre toutes les déclarations néces
le tribunal de cette ville a jugé à nort et fait ex saires, faire perquisition des ouvrages et papiers,
irer sur la roue plusieurs blancs accusés d'être faire la saisie de ce qui s'en trouvera imprimé ,
: anteurs de la révolte des nègres. Du nombre ensemble et les manuscrits , soit en originaux ,
de ces suppliciés sont, suivant la même lettre, soit en papiers , et rompre les planches qui se
les sieurs de Sollenges, de Vertamont , de Sé trouveront en forme, en tout ou partie ; et en cas
gur, Coulaud , ancien procureur du roi à Bor de difficultés,il en sera référépardevant moi ».
deaux , l'abbé Brou et un père Cajétan. Ces MAuG1s, administrateur.
coupables étoient , dit-on , du parti des aris Le commissaire a rougi de sa mission , sur
tocrates , et ils ont cherché dans la révolte tout quand il s'est trouvé presqu'à côté du lit où
des nègres la perte de la colonie et la ruine de le procureur de la commune rêvoit la liberté .
nosplaces maritimes, qu'ils considéroient comme Cinq copies avoient été saisies sur ces presses
un moyen puissant de contre-révolution. On at sacrées, auxquelles la loi même ne pent pas tou
tend la procédure, qui jettera un grand jour sur cher. M. Manuel , à son réveil , a été les re
cet affreux évènement, et qui fera enfin con prendre chez le commissaire Cuvilliers , qui re
noître ses causes , que tant d'intérêts divers grettoit bien d'avoir été l'exécuteur d'un pareil
cherchent à obscurcir. ordre. (Extrait de la Chronique de Paris ).
On répand la nouvelle que l'empereur a cassé Observ. Ce M. Maugis croit Tellul0I1t (u
les états de Brabant, et que les membres de ces la contre-révolution est *
états se sont réfugiés en France, avec un grand -
nombre de brabançons ; ils sont, dit - on , à
Douai. Les membres de la confrairie , dite du Saint
Dans la nuit du 19 au 2o , l'administration à Sacrement, de la succursale de Bonnière, canton
v -- / - r
i de Rosny, district de Mantes, vient d'offrir à ia Où sommes-nous donc , encore un coup, et
commune de l3onnière le peu d'argent qui leur que signifient la révolution de 1739 , l'énergie
restoit,toutes dépenses acquittées, pour faire l'ac des Parisiens à la prise de la Bastille et les tra
quisition de fusils pour la garde nationale de vaux de l'Assemblée constituante ? Tout cela
cette paroisse : leur rœu a été mis aussi-tôt à n'est-il qu'un rêve ? et l'Assemblée nationale
exécution. : - - -

n'est-elle qu'une vaine représentation des ci


Il seroit à desirer que toutes les confrairies devant parlenens du royaume , dont la cour bif
imitassent cet exemple , et que l'Assemblée lé foit les arrêtés sur leur registre nêne ? Ah ! que
gislative autorisât toutes les communautés à de réflexions une telle conduite de la part du
prendre l'argent des confrairies , et même celui pouvoir exécutif doit faire naître ! que de soup
des fabriques, pour faire l'acquisition de fusils et çons doivent se réveiller dans l'ame des patriotes
de piques, et se mettre en état de défense contre sensibles et éclairés qui ont bien voulu appaiser
les ennemis du bien public. --
un moment leurs défiances pour laisser jour aux
- - - -
bonnes in entions apparentes du roi et de ses
- - - -
ministres ! On veut, il n'y a plus de doute, une
Rapprochemens et observations sur les circons guerre au dedans, conbinée avec une guerre au
* tances du moment , et sur le second vezo dehors. Ce second veto est le signal d'une guerre
* du roi. - - ,- 1 civile, comme le premier d'une guerre étrangère ;
-
-- - - - - _ - . -
voilà le développenent du grand complo qui
« Où en sommes-nous ?où veut-on nous mener ? commence à se faire ! voilà comme on nous con
Le roi , en mettant le veto absolu qu'il n'a pas duiroit dans l'abîme, si nous n'en connoissions pas
sur le décret d'urgence contre le énigrés , a dû tous les dé: ours, et si le flambeau sacré de l'amour
voir que cet acte, prétendu constitutionnel de sa de la patrie n'en éclairoit pas toute la profon
part, mais attentatoire dans le fonds au salut du deur. .. , --

peuple, à la souveraineté du peuple et à contre Non! citoyens, non ! la nation ne succomber


sens de la constitution , étoit improuvé haute pas dans cette lutte opiniâtre d'un seul homme
ment par la très-grande majorité de ce peuple contre vingt-cinq millions; la raison, la justice,
dont le veto n'est qu'un a pel à lui-même , et la providence éternelle ne le veulent pas. Eh !
' non un droit arbitraire, inhérent au chef du pou qui est-ce quisera responsable à la nation de tous
voir exécutif. Il a dûvoir également que le veto, les maux que l'auguste Assemblée veut p: évenir,
dont on menaçoit le décret contre les prêtres sé et que le roi aura causés par ses veto absolus ,
ditieux, rebelles aux loix sociales et constituées, s'il n'y renédie sérieusement d'une autre ma-
étoit repoussé d'avance par les quatre -vingt nière ? Rassurez-vous, citoyens ; soyez fernues au
* centièmes de la nation ;n'importe, il milieu des orages qui se préparent ; armez-vous
a voulu encore paralyser ce second décret.Ainsi d'nne défiance et d'une surveillance infatigables ;
les deux seuls actes de vigueur , les deux seuls levez les yeux vers le ciel; regardez cet astre
actes consolans pour la liberté, la sûreté et le tout briilant de lumière qui porte la chaleur sur
repos du peuple, que la nouvelle Assemblée na la terre ; eh bien ,il n'a jamais rétrogradé dans
tionale ait faits depuis le commencement de sa sa course ; de même la déclaration des droits de
-- session , sont censés réduits en vapeur par une l'homme ne rétrogradera jamais sur la terre : au
uissance dont la nagie semble faire disparoître contraire, toutes les résistances qu'elle éprouve
entièrement aujourd'hui cette souveraineté na accélèrent d'autant les progrès de la raison et de
tionale, base inmortelle de nos droits et de notre la philosophie. Amis ! sourions en pitié des vains
constitution, Un seul homme arrê e par un mot complots et de l'œuvre inpie et absurde des
la volonté bien prononcée, la volonté suprême méchans; ce sont eux qui les premiers seront
| de vingt-cinq millions d'honmes ! terrassés | CARRA. -

on s'abonne à Paris , cbez Brisson, liraire, rue Hautefeuille, à qui l'on adressera , franc de port, le prix
de l'abonnement et la lettre d'avis , et utes les lettres pour les Auteurs des Annales patriotiques.
Et chez tous les Libraires et Directeurs des Postes du Rovaume et de l'Etranger.
Il paroft tous les jours un Numéro de ceJournal. Prix , 3 liv. pour un an, 18 liv pour 6 mois, et de 9 liv. pour
5mvis, franc de port, par la poste, pour tout le Roxuune. L'abonneent ne commence quedu prenierd'un mois.
: - ' -- t * ---- " - l - . ---- -- - -
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ANNALEs PATRIOTIQUEs FT LITTERAIREs


D E L A F R A N C E,
ET A F F A 1 R E s P o L 1T 1 Q U E s D E LE U R o P E,
J O U R N A L, L I B R E, par une Société d'Ecrivains Patriotes ,
dirigé par M. MERcr ER, et par M. CARRA , un des Auteurs.
-

S'il est une vérité incontestable , utile à publier, c'est que tous les troubles
qui peuvent agiter la France , toutes les inquiétudes qui tout mentent les
citoyens, toutes les résistances que l'exécution des loix peut éprouver
encore , n'existent que par la faute du gouvernement ; que sa conduito ,
ou foible ou erfide, en est la cause ueique , et que tout en France
sera paisible le jour où le roi et ses ministres le voudront.
(CoNDorcET, aux auteurs du Journal de Paris, 1 o nov. 1791.) -

-- - --
- -

- No. D C C C x 1 I. Du Vendredi 23 Décembre 79i. - --

As s EMBLÉE NAT 1oNAL E. Les fonctions de commissaire du roi près la


haute cour seront renplies par le conmissaire du
Séance du 22 décembre. roi attaché au tribunal crininel du département
où la haute cour tiendra ses séances. Le ministre
Larrer nominal a été fait , et il en résulte de la justice correspondra avec ce commissaire
qu'une vingtaine de députés ne sont pas encore comme avec tous les autres. --

à leur poste. Parmi ces défaillans la malignité a Les grands-procurateurs nationaux pourront
remarqué le nom de Louis Loménie-Brienne , agir concurremment ou séparément , selon l'in
jadis ministre de la guerre, élu par le départe portance ou la multiplicité des affaires. Les grands
ment de l'Aube. - juges nommeront un greffier, dont les appointe
Des dépêches extraordinaires du département mens seront de 3oo liv. par mois , et quatre luis
de haute * annoncent qu'un incendie, dont siers qui auront par mois 125 liv. chacun. -

les auteurs seront bientôt judiciairement connus, - Les grands-juges , les hauts-jurés, le commis
a dé oré l'hôtel-de-ville du Puy , où le direc - saire du roi, le greffier , les liuissiers auront le
toire tenoit ses séances. Les scélé ats en vou costume fixé pour les nutres tribunaux. Les grands
loient aux papiers , et c'est précisément la seule procurateurs, étant considérés comme membres
chose qui ait pu être sauvée par le zèle de la du corps législatif n'auront aucun costune.
rnunicipalité et de la garde naionale. L'Assem Si, à la fin de la session du corps législatif, la
blée a v oté à ces dignes citoyens les remercîunens haute cour n'a pu encore statuer sur toutes les
de la nation. -
accusations qui lui ont é é renvoyées , il sera
- Le comité de législation présente un rapport convoqué une nouvelle haute cour nationale ,
sur la fornation de la haute cour nationale , mais la première continuera ses travaux jusqu'à
retardée jusqu'à présent par une infinité d'inci ce qu'elle les ait terminés.
dens. Le comité estime que la correspondance A l'époque où la haute cour nationale se sé
doit être direc e et immédiate entre le corps ié parera , les pièces et papiers qui aui ont servi à
gislatif et lesprocurateurs-nationaux, sans passer ses travaux seront, à la requisition des grands
* l'internédiaire du ministre de ia justice ; que procurateurs nationaux , transférés aux archives
a haute cour doit être saisie de toutes les accu du corps législatif
sations portées pendant le coars d'une session ; - Ce projet envoyé à l'impression sera mis à la
que les lauts-jurés qui auront prononcé sur une discussion lundi prochain.
accusation ne doiveni pas être rayés de la liste On se rappelle la dénonciation faite par NT.
du jury. On présente un projet de décret qui Rouhier , d' une infidéiité du ministrère qui fai
contient ces dispositions et celles qui suivent. so, disoit-sl, entrer en compte le paiement de
812
v -- / - r

la pension d'un M. Lamothe , décédé depuis La proclamation inculpée ne contenoit qu'une


trente ans. M. Dufresne-Saint-Léon envoie des | phrase de motifs ; le reste en étoit consacré aux
éclaircissemens sur ce fait. C'est un certificat du invitations les plus pressantes pour ramener les
procureur-syndic du district de Reims, portant émigrans.
| que M. Lamotthe, depuis longues années retiré Le chef de dénonciation , fondé sur les liai
dans cette ville, n'y est mort qu'au mois de mars sons de M. Lessart avec M. Necker, est regardé
dernier. M. Rouhier est monté à la tribune pour par M. Lessart comme un honneur.
défendre la dénonciation qu'il n'a faite que sur Quant à l'exportation prétendue des grains ,
pièces probantes ; il soutient que le pensionnaire M. Lessart s'en disculpe par sa correspondance
dont on parle n'est pas celui qu'il a dénonmé, avec les départenens, et par l'impossibilité de la
et qui est bien mort depuis trente ans, ce que lui, vente à l'étranger, puisque le bled est moins cher
M. Rouhier, tient de témoins qui ont assisté chez nos voisins qu'il ne l'est chez nous.
aux funérailles. L'Assemblée envoie ces débats
Il est faux , dit le ministre, que les prêtres

| au comité de liquidation .
L'acte d'accusation contre le sieur Delattre

: féré à Orléans.
non-sermentés aient été mieux ni plutôt payés
que les prêtres constitutionnels. L'accusation de
est arrêté et décrété , et cet accuséva être trans la prétendue faveur accordée aux prêtres non
sernentés, fondée sur la lettre officielle aux dé
M. Lessart, arrivé avec les autres ministres, partemens, sur la liberté des cultes , est calon
, - demande la parole, et annonce qu'il veut se dis nieuse; j'offre en preuve la lettre même que l'on
culper de tous les chefs articulés contre lui par dénonce.
M. Fauchet.
- , On m'accuse de m'être entendu avec la majo
: , 1 M. Fauchet m'accuse d'avoir retardé l'envoi de rité des administrateurs du Calvados pohr opérer
-
-
la loi relative à la répartition des contributions un soulèvement ;je regarde comme mon devoir
de 1792 : cette loi a été décrétée par l'Assemblée de m'entendre avec la majorité d'un département
| le 14 octobre; je ne l'ai reçue que le 22 no pour faire respecter la loi.
: vembre , et je l'ai fait partir le même jour pour Tous ces chefs d'accusation sont ou vagues ,
- tous les départemens. ou mal-intentionnés , ou évidemment erronés ;
,
- Celui du Calvados est le seul qui se soit plaint mais il en est un qui, par son atrocité , m'afflige
- du retard. et m'étonne , c'est l'imputation horrible des
| massacres d'Avignon.
- - - Le ministre de la justice atteste que la loi n'est
sortie de l'imprimerie royale que le 22 novembre. On ose m'en charger, parce qu'un mois avant
- l - Le ministre des contributions ajoute qu'il est qu'ils n'arrivassent , un mois avant qu'aucun
--
| étonnant que le département du Calvados ait té homme les pût imaginer possibles, je n'ai pas fait
moigné tant d'impatience de recevoir la loi rela marcher à Avignon les gardes nationaux desti
tive aux contributions de 1792 , tandis que le nés, par un décret, pour la garde des frontières.
répartiment de 1791 est à peine entamé par denx Le respect que j'ai pour l'Assemblée me défend de
districts de ce département. qualifier ce chefd'accusation.
-
M. Delessart passe au chef d'accusation fondé Le ministre termine par déplorer les maux qui
, sur ce qu'il a motivé, dans une proclamation du naissent du systême colérique des dénonciations.
i- roi, le veto apposé sur le décret relatif aux émi Les ministres , disoit-il, sont en butte à toutes
| rans. Il met en principe que le roi ne peut pas les haines.
1
| -- tre condamné à voir la France s'abuser sur les On s'efforce de les désigner comme des ennemis
- ; motifs qui le dirigent dans l'exercice de tel ou publics, et cependant ils sont françois et ci
tel de ses droits. toyens comme vous ; ils servent la patrie mieux
Si le roi avoit le veto absolu, il ne seroit tenu que les dénonciateurs, ils ont aussi juré ou la
- d'en donner aucuns motifs, mais le veto sus constitution ou la mort, vos ennemis sont les
--
pensif n'est qu'un appel dont il faut fournir les leurs. . -

Ta1SOInS .
L'évêque du Calvados ne seroit pas resté sans
, Le corps législatifa le droit d'arrêter la volonté réponse : l'Assemblée a envoyé celle du ministre
du pouvoir exécutif dans beaucoup de circons au comité de législation , et a passé à l'ordre du
tances où il a l'initiative. Les représentans élus jour.
du peuple , pourroient alors publier leurs mo On a lu et envoyé aux comités respectifs plu
tifs, le représentant héréditaire a le même droit. sieurs mémoires présentés par M. Cahier , con
--
( 2373 )
cernant les convois militaires , la sûreté des parations de décrets funestes à la liberté et à
routes , et les difficultés relatives aux élections. l'égalité ; des accaparenens de voix dans le parti
ministériel ; sivous ne cherchez point à égarer
l'opinion sur la situation des colonies ; si vous
P A R I S.
attaquez de front le pouvoir exécutif et ses agens,
Tous les papiers publics ont retenti des com quand ils entraveront la marche de la consuitu
plots qui viennent d'éclater dans les villes de tion ; si vous n'admettez point parmi vous des
Desançon et Perpignan ; dans la première , des honmes à deux faces, de petits renégats de la
soldats de Royal-Navarre , excités par leurs offi liberté, des ci-devant nobles bouffis d'arrogance
ciers, et mêne par le sieur Guépard-Toulongeon , et dévorés de la soif de dominer , des ci-devant
commandant militaire , ont assassiné des volon parlementaires qui , malgré la chute de leur
taires nationaux ; à Perpignan , les chasseurs de corps , n'ont pas pour cela renoncé au despo
Roussillon , les officiers , et quelques mauvais tisme et aux épices : enfin si, adorateurs de la
sujets de Cambrésis, coalisés avec les aristocrates constitution en public, vous ne formezpoint de
et les prêt es séditieux de cette ville, y ont ex comités secrets pour sapper les fondemens de la
déclaration des * s, telles sont, messieurs,
cité les mênes désordres. Un sieur Cholet, offi
cier-général , étoit à la tête de ce complot , qui vos intentions , c'est alors que le peuple viendra
eût entraîné la ruine de Perpignan , sans la résis en foule applaudir à vos travaux. Après avoir
tance qu'ont opéré le patriotisme et le courage rendu vos séances publiques, il vous reste, mes
de Médoc, des canonniers et de la garde natio sieurs, pour dissiper tous les doutes, étouffer
nale. Cependant le pouvoir exécutif se tait, il ne tous les soupçons , une mesure à prendre ; c'est
punit ni ne dénonce à l'Assemblée nationale de faire imprimer la liste de vos menbres ».
aucun des coupables, et il continue néanmoins à Le président du club, un peu étourdi de ce
se plaindre de la juste défiance qu'il inspire. La discours , a répondu tant bien que mal , et a
protection , les veto, sont en faveur des conspi invité l'orateur à la séance. L'opinion de plu
rateurs , des rebelle,, des prêtres séditieux , et sieurs bons patriotes sur le club des feuillans ,
toutes les calomnies , toutes les manœuvres les est qu'il s'y trouve de bons citoyens , mais les
plus odieuses sont réunies contre les sociétés pa vneneurs sont détestables, et très-suspects dans
triotiques, sans lesquelles la France seroit depuis leurs vues, Le jour où les feuillans seront très
long-temps en proie à la guerre civile. nombreux , le jour sur-tout où ils en agiront
Le club des feuillans a tenu, dimanche der avec leurs coryphées comme firent il y a quel
nier, 18 courant , sa première séance publique : ques mois les jacobins, quand ils chassèrent la
plusieurs citoyens s'y étoient rendus comne spec cabale Lameth, Barnave et compagnie, ce jour
tateurs; l'un d'eux , s'adressant au club , dit : là sera celui de la réconciliation des patriotes
« Messieurs, les associations les plus patrioavec les feuillans ; ils ne seront plus réputés
feuillans , mais bien amis de la constitution et
tiques sont calomniées; que de pamphlets , que bons frères, Ainsi soit-il
deplacardsinjurieux n'a-t-on pas répandus contre
la société des amis de la constitution ! Si la ca
lomnie ne les a pas épargnés, vousflatteriez-vous * Aux auteurs des Annales.
de n'être point en butte à ses traits ? C'estpar une
démarche franche et non politique quevousvenez - - · Boulogne-sur-Mer , le 19 décembre.
de luiimposer silence.La publicité de vosséances
répondra victorieusement aux doutes que vos * Vos principes connus , messieurs , ne me
ennemis hasardoient sur la pureté de vos notifs , laissent pas douter un seul instant que vous ne
sur le désintéressement de vos intentions , sur vous empressiez de rendre public le fait suivant ;
la droiture avec laquelle vous soutiendrez la il est tracé d'après la vérité la plus exacte , et
cause du peuple, sur votre zèle à défendre la fait trop d'honneur au patriotisme pour ne pas
constitution , sur votre inébranlable fermeté à vous l'envoyer sur le champ.
repousser le système de deux chanbres , et à ne L'amour de la patrie et le desir de la servir cou
point exhumer le « adavre de la noblesse ; enfin rageusement dans toutes les occasions » opèrent
sur votre mépris pour les tonnes d'or de la liste à chaque instant des actions d'éclat. Un vieillard,
civile. Le peuple enfin vous rendra justice si aussi respectable par son patriotisme que par son
vous interdisez des notions insidieuses, des pré àge , avoit un fils volontaire dans le deuxième
( 2 c74 )

bataillon des gardes nationales du département Copie de la lettre écrite par la société de Mar
du Pas-de-Calais , en garnison à Boulogne-sur seille d celle de Rennes , le 4 décembre.
Mer. Cejeune homme , égaré par les suggestions ( Cette copie nous a é é adressée , aux auteurs
erfides d'un de ces vils agens de l'intrigue et de des Annales , par la société de Marseille ).
* trahison , abandonne son drapeau et revient Frères et amis , nous aimons à vous donner
chezlui. Le père étonné lui demande son congé,
et , le voyant confus et déconcerté , lui fait les encore ces titres: ce sera pour la dernière fois si
reproches les plus sanglans ; et , partant sur le vous persévérez à garder dans le sein de votre
champ avec lui , viens , lui dit-il , réparer la société le sieur le Chapelier ; nous ne savons ni
honte que ta lâcheté fait à la patrie et à tes cama feinlre ni dissimuler , vous lui avez accordé les
rades. Arrivés à Boulogne , le père , ancien honneurs du triomphe , nous n'avons jamais re
militaire , vient offrir à M. d'Urre , commandant connu dans sa conduite versatile le triomphe de
l'honneur .
de ce bataillon, les regrets de son fils et les siens.
Il le supplie de jetter un coup d'œil de compas Vous êtes les maîtres de vos suffrages , vous
sion sur sa *, quiva devenir, dit-il, une pouvez les accorder ou les prostituer; mais nous ,
mort perpétuelle pour lui , si son fils reste cou nous sommes les maîtres de noire correspon
vert de l'infamie qu'il a trop méritée. Le colonel, dance, et jamais elle n'ira se souiller dans les
trop généreux pour ne pas être attendri d'une mains de ceux qui décernent le prix du civisme
scène aussi intéressante, pardonne au fils etpro aux zélés partisans de la liste civile et du pouvoir
exécutif. -
digue mille louanges au père; mais celui-ci, plein
de ressentiment pour la conduite de son fils , le - Tels sont les sentimens des citoyens libres et
mène à la tête de sa compagnie , et adressant la vrais, formant les sociétés des amis de la cons
titution à Marseille. - -- -

arole à tous les volontaires qui la composent :


ce Voilà mon fils , dit-il , que je vous ramène ; il Signés , Enmanuel Bausset , président ; P.
a un moment perdu de vue ses devoirs, j'espère l'rahan , secrétaire, etc. -

qu'il regagnera cet instant d'erreur par une sou Collationné par nous , secrétaire , conforme
mission pleine et entière à la loi et à la séyérité d l'original. . Trahan. . -

- Observ. Depuis que nous avons reçu la copie


de la discipline militaire. S'il eût refusé de me
dangers , je le dé
suivre , de venir partager vos de cette lettre, nous avons appris que cent vingt
savouois , et je venois moi-même le remplacer , six patriotes de la société de Rennes se sont
trop heureux de verser auprès de vous jusqu'à la séparés des biribis de Rennes, et ont formé une
dernière goutte d'un sang qui a déja coulé pour sociétéà part sous le non d'amis de la consti
tution , constituée le 8 décembre 1791 . Cette*
la patrie ».
- Apès avoir fini ces mots , ce brave-- militaire
- … ..
*
société, ainsi purgée des biribisiens , aura sans
se tournant vers son fils : « Et vous, dit-il, vous difficul é l'affiliation à la société-mère et à toutes
- - - l -

connoissez la faute que vous avez con se; ren les autres de l'empire , malgré le feuillantin Fer
« t , mont , qui espère r'avoir l'affiliation pour celle
dez-vous en prison ». Le fils obéit. - - (

Ce dignevieillard se nomme Chrétien-Joachim l dont il est membre , et où il a introduit M. le


Senneville , du bourg de la Ventie, département Chapelier. Vain espoir ! le règne des biribis est
du Pas-de-Calais, district de Déthune , à vingt , passé. . -
-

deux lieues de Boulogne. | -

Je suis avec la fraternité la plus parfaite, etc. | Née de la Rochelle, libraire, rne du Hure
Gou n n1N , adjudant du deuxième bataillon des poix , près du Pont-Stint-Michel, nº. 13 , offre
volontaires du Pas-de-Calais. au public les articles suivans :
- -…
- Je certifie avec bien de l'intérêt l'authenticité | - L'Ehiopie occidentale , carte originale de
du fait énoncé dans cette lettre ; il fait trop d'Anville , 1 liv. 1 o s. Carte particulière des
d'honneur au patriotisme d'un vieux soldat, et royaume d'Angola, Mantamba et Benguela, par
trop d'impression parmi nos volontaires , pour d'Anville , 1 livre 1 o sous. Carte particulière du
ne pas prier M. Carra de vouloir bien le rendre royaume de Congo,par d'Anville, 1 liv. 1o s.
publio. ,, 1 » , ... . - Vue du grand sérail de Constantinople, 1 l. 16 s.
Signé, D'URRE , lieutenant-colonel , com La ville et le port de Constantinople , 1 l. 4 s.
mandant du deuxiène bataillon des volontaires Vue de l'Hellespont et de la l'ropontide , 1 liv,
nationaux du départenuent du Pas-de-Calais. 4 sous,
, - - 1. - ' -- - - -- :
ANNALEs PATRIOTIQUEs FT LITTÉRAIREs
- -

- D E L A F R A N C E, : - - --

. ET A F F A 1 R E s P o L 1T 1 Q U E s DE LE U R o P E,
J O U R N A L L I B R E, par une Société d'Ecrivains Patriotes,
- - dirigépar M. MERcrER, et par M. CARRA , un des Auteurs. , , ,
- -

- _ - - 1 , 2 S'il est une véritéincontestable, utile à publier, c'est que tous les troubles
qui peuvent agiter la France, toutes les inquiétudes qui tourmentent les
- - - _ - - citoyens, toutes les résistances que l'exécutiou des loix peut éprouver … - I
encore, n'existent que par la faute du gouvernement; que sa conduite ,
- -
-

- ou foible ou perfide, en est la cause unique , et que tout en France -

sera paisible le jour où le roi et ses ministres le voudront. -

(CoNDoRcEr, aux auteurs du Journal de Paris, 1o nov. 1791.)


--
-
-
* ' "_ - _-

Samedi 24 Décembre 1791.


No. D C C C XII I. Du -

A s s EMBLÉE NAT 1oNALE. - 1 décrets de l'Assemblée, regrets sur le veto, in


probation de la pétition Garnier. Ces pétitions
Séance du a2 décembre au soir. sont au nombre de quatre cents, venues de dépar
- temens, districts, villes, municipalités, gardes
u E nous serviroit donc d'avoir conquis la | nationales, sociétés d'amis de la constitution ,
liberté , d'avoir, à grands cris , fait descendre | sections de communes, bataillons des frontières,
du ciel la déclaration des droits , si le fanatisme | et de citoyens individuellement pris. _ - , --

vient poignarder nos citoyens avec impunité , si | .. L'Asseublée a fait l'accueil le plus distingué
l'assassin trouve des protecteurs parmi les nagis- | à une citoyenne charitable qui est venu présen
trats mêne du peuple ? A Villefort , départe- | ter un ménoire sur la distribution des secours
ment de la Lozère , un jeune garde national a | dus à l'indigence. Le père de famille aime qu'ou
été insulté par un enfant des prètres ; sensibte à | lui enseigne l'art de payer ses dettes. --

l'injure , et menaçant de s'en venger , il a été On renvoie au comité militaire la deuand»


percé de deux coups de couteau. Le meurtrier, | présentée par une députation du bataillon de la
nommé Thomas , échappé sous la faveur du | Manche , qui réclame contre le licenciement
maire , a é é repris par la justice et condamné | d une compagnie , ordonné par le ministre
au gibet ; la faveur l'a fait évader une seconde | Duportail. - -

fois. Le père de l'assassiné, dans une adresse | .. Un sieur Bruant, prêtre , chanoine, trésorier,
leine de douleur et d'énergie , demande aux | aristocrate, habitant de Rlois, a essayé de recru
égislateurs vengeance de l'assassin et de ses | ter à sa manière pour les émigrés et la contre
fauteurs. L'Assemblée nationale décrète de ren- | révolution. Il a donné, par forme d'arrhes, deux
voyer ce malheureux père au pouvoir exécutif, | écus de 6 francs à trois particuliers qui étoient
qui ne pourra lui refuser de faire déployer toute | allé sonder ses sentinens , et qui en ont faut
la rigueur des loix. leur déclaration à la municipalité de Blois. La
-

Sur un rapport du comité de division , l'As- | municipalité a cru devoir faire arrêter le cha
semblée a admis dans son sein M. Henry, député | noine racolleur, et en a écrit au comité de sur -
de haute Marne, dont la nomination avoit essuyé | veillance. Le comité en fait le rapport ; il ne voia
quelques difficultés. , | dans la conduite de l'abbé que de mauvaise,
Le comité de secours propose une gratification | intentions, et non le caractère de haute trahison.
de 12,ooo liv. en faveur du village incendié de | Le comité opine pour qu'il soit mis en liberté ,
Saint-Sauveur, haute Saône. Décrété. , | et l'Assemb ée le décrète ainsi. M, Grangeneuve
Lecture d'une foule d'adresses et de pétitions, | votoit *r qu'il,fût livré à la justice correc
extraites par M. Gossuen, portant adhésion aux l tionnelle. -

S13
-
, z7w )
On ordonne la main - levée de l'arrestation | Vidal , marchand de Bruxelles, a paru snspect,
d'une somme de 4oo,ooo liv. envoyée à l'état , et a été mis en arrestation , sur la réquisition du
de Soleure par la maison Rougemont, pour rela | procureur-syndic de Lille , et sur la dénoncia
tions commerciales. --
tion de M. Béthune. Il s'est trouvé porteur d'un
Sur l'avis du comité de marine , il est accordé pouvoir écrit de la nain de Calonne, et signé de
un secours de 1o,ooo livresà MM. Petitbois et Louis-Stanislas-Xavier et Charles-Philippe ,
Druant , lieutenans de vaisseaux , qui équipent princes françois , à l'effet d'enprunter en leur
deuxpetits navires, avec lesquels ils se dévouent nom trois millions. Ce particulier assure avoir
à aller, dans la mer du Sud , à la recherche de
M. la Peyrouse, des découvertes et des liaisons
* le parti des princes pour celui des patriotes
Brabant, mais on a cru devoir le retenir en
de commerce pour le compte de la patrie. lieu de sûreté.
| Séance du 23 décembre.
| surveillance.
- Toutes les pièces sont envoyées au comité de
L'état actuel de la caisse de la trésorerie natio L'Assemblée a décrété que le jour de Noël elle
ouvriroit une séance à six heures du soir.
male est remis , par les commissaires, sous les
yeux des législateurs. Il s'y trouve , tant en pa La gravité des législateurs a été déridée un
pier qu'en numéraire, une somme de 76 millions. instant par le récit d'une extravagance d'un sieur
On a passé promptement à l'ordre du jour, à Charette, ci-devant la Colinière, jadis président
la loi sur les assignats de valeur inférieure. La au défunt parlement de Rennes , lequel , pour
discussion précédente ayant porté la question au payer les contributions imposées,prétend qu'elles
point de maturité, le décret a été rendu , et soient consenties par les états de Bretagne et en
statue « qu'il y aura des assignats de 5o , de 25, " registrées au parlement. Le département de Loire
inférieure demande contre lui un décret d'accu
de 15 et de 1o sous ».
Vous ne parviendrez , dit M. Cambon , à sation. M. Lacroix propose une assemblée de
rendre sensibles les avantages de cette émission famille pour conférer la curatelle de M. l'ex
qu'autant qu'elle sera assez considérable pour président. Après quelques éclats de rire , on a
être répartie en même-temps dans tous les dépar passé à l'ordre du jour.
temens , et : excédera la somme des billets La question a été élevée de savoir s'il sera fait
mis en circulation par les caisses patriotiques. quelque retenue sur les sommes dues par le tré
Il faut donc changer entièrement le systême sor public aux titulaires d'offices supprimés. La
discussion est commencée et continuée à denain.
des assignats, remplacer totalement le numéraire,
substituer les assignats inférieurs à 5o sous à la
monnoie , ceux de 5 livres aux écus, ceux de 5o P A R I S.
livres aux doubles louis, et fixer à notre systême
d'assignats les mêmes bornes qu'au systême mo Les lettres et la patrie viennent de perdre M.
nétaire. J'ai en conséquence l'honneur de vous Berquin ; cet estimable citoyen, si connu par ses
proposer d'émettre pour quarante millions d'as charnantes poésies et par ses ouvrages sur l'édu
signats de 1o sous, pour soixante millions d'assi cation, a été enlevé par une fièvre maligne. Il
gnats de 15 sous , pour cent millions d'assignats 1 étoit l'un des plus sincères amis de la liberté et
de 25 sous, et pour cent millions d'assignats de de la constitution ; il s'occupoit dit-on , d'une
5o sous. révision de ses écrits sur l'éducation , pour les
La justesse de ces réflexions a frappé tous les rendre propres à celle d'un peuple libre.
yeux, et le décret est rendu en conformité. * On répand la nouvelle que l'empereur vient de
Il estvenu de nouveaux renseignemens sur la sanctionner le conclusum de la diète germanique
conduite des brabançons réfugiés dans le dépar sur les réclamations des princes allemands pos
tement du Nord. Ils ont quitté Lille et les autres sessionnés en Alsace, et qu'en conséquence il
villes de guerre où leur présence paroissoit don a écrit à tous les princes allemands , pour leur
mer desinquiétudes, et se sont retirés à Orchies, - ordonner d'armer sur le champ et de fournir leur
où leur nonbre grossit à chaque instant. M. Bé contingent dans l'armée qui doit appuyer les ré
thune, leur chef, répond de leur : soumis clamations de l'Empire contre la France. Cette
aion aux loix. Le département, les corps admi nouvelle mérite confirmation , d'autant qu'elle
mistratifs, les commandans, MM. Rochambeau vient de la gazette feuillantine , et que le club
et Biron , redoublent de surveillance. Un sieur
- -
feuillantin est accusé de vouloir régenter et mi
( 2377 )
nistérialiser la Franee par la terreur des armes réduire cette métaphysique aux véritables ernes
du pacifique Léopold. de son objet. Le veto du roi n'est autre chose que
-
- ---- le vœu supposé du peuple, qu'un appel au peuple
pour avoir ce vœu ; et si le peuple, au lieu de
Questions simples et analytiques sur le rEra. donner et d'approuver le vœu que le roi fait sortir
La constitution n'a donné au roi que le veto pour lui, le réprouve et le blâme , il est clair
suspensif sur les loix réglementaires seulement, alors
:
que le veto du roi n'a été qu'un abus de la
: une contradiction au véritable
pour empêcher que ces loix ne fussent contraires àvœu
celadu c*:
, peuple. Qu'on:?
répoade* raisonnablem
r mablement
aux droits et à la souveraineté du peuple : pour
quoi le roi change-t-il ce veto suspensif en veto _ -

absolu , en l'apposant à des décrets d'urgence - - -


-
- -

et de circonstance qui ne peuvent et ne doivent


comporter l'examen de trois législatures, et qui A L. .. E M A G » E.
finissent là où le motif qui les a fait rendre est
détruit ? Le roi a donc en cela ouvertenent violé La nouvelle des dispositions des Francois à
la constitution. porter la guerre dans l'électorat de Trèves pour
Le vero n'est pas un attribut inhérent à la dissiper les attroupemens de rebelles fornés à
Coblentz , a répandu la terreur dans ce pays.
royauté, il n'est qu'une émanation de la souve Les habitans ont réclané auprès de l'électeur
raineté du peuple , répandue sur le roi pour dé pour qu'il fît cesser les causes de la juste animad
fendre cette même souveraineté contre les at
version de la France. L'électeur a pris peur, et
teintes du pouvoir législatif, et mon pour s'en il a fait remettre la note suivante aux princes
emparer lui-même. Si cela est ainsi ( et je défie françois par le baron de Duminique , son mi
qui que ce soit de prouver le contraire ) le 1h1Stre :
veto ne signifie donc autre chose que ceci : « Je , - r - ,-- « , -- , -- « « .
« Le soussigné ministre ,. dirigeant d'état et
défendspour le peuple l'exécution de tel ou tel
décret, de telle on telle loi ». Mais si le peuple du cabinet, est chargé de répondre au conseil des
dit : Bien obligé , monsieur le roi,pour le veto augustes princes , frères du roi , que son altesse
que vous croyez apposer en notre faveur; nous sérénissime électorale ne changera jamais des
vous déclarons, à la majorité, que nous n'en sentimens connus envers les princes ses neveux r
voulons point, que ce veto est un caprice de et qu'elle recevra avec plaisir les énigrans fran
votre volonté, une réminiscence de votre ancien çois que les circonstances malheureuses forcent
despotisme, un abus de la constitution , un lo de quitter leur pays natal, et qui, par leur boune
gogryphe dont le mot est le vœu du peuple , et conduite et le sort très-dur qui ies accable, mé
non le vœu du roi , que peut répondre alors le ritent à tous égards l'estime et l'intéré général ;
roi ? que peuvent répondre les ministres , les mais elle doit persister dans le sysême de ne pas
ministériels et toute la sequelle de cesfaux logi permettre ni un rassemblement qui pourroit
ciens qui croient nous pétrifier par la nagie d'un faire ombrage , ni un corps armé, sous quelle
veto ? Eh bien ! la très-grande majorité de la dénomination que cela soit.
nation s'est exprimée ainsi , et même d'avance, Son altesse serénissime électorale est parfaite
sur les deux veto dont le roi a fait usage : eh ment tranquiile sur une invasion quelconque de
bien, le roi a violé la constitution en bravant le la part de la nation françoise dans l'électorat
vœu du peuple et en attaquant hautement les - parce que cela seroit le noyen le plus sûr d'atti
bases essentielles et immortelles de sa souverai rer à la France des déclarations de gnerre d'une
neté et de ses droits. - , : | Pius grande cour , et de renverser la mouvelle
Non, nous ne sommes plus dans cestemps de té constitution ; mais il devient nécessaire de rassu
nèbres où la ridicule magie des mots l'emportoit rer les habitans de l'électorat, en éloignant mènue
sur la certitude des choses, et où quelques figures le moindre prétexte aux malveillans d'une inva
symboliques et hiéroglyphiques faisoient plner le sion hostile. -

genou à des millions d'honmes ; et quoique l'As * Pour agir de concert et éviter tout ce qui
semblée constituante nous ait laissé dans le veto pourroit causer des mésentendus , le soussigné
une métaphysique aussi ncohérente à la décla est chargé de déclarer , -

ration des droits de l'homme qu'à la souveraineté 1°. Que son altesse sérénissime électorale est
nationale , nous trouverons bien le moyen de * très-satisfaite de ce que les princes frères du roi
-
-
- --- -- ' v -- y - r

ont interdit l'exercice et toute démonstration rences de désarmement , elle doit exiger que les
militaire. " * " " * ' * , - chefs des rebelles , c'est-à-dire les fiéres et les
2°. Aucun françois n'étant armé, on ne peut cousins du roi, s'éloignent de ses frontières , et
les regarder que comme des étrangers qui habi que les cantonnemens, les corporations des éni
tent ces pays , tel qu'on leur a accordé l'asyle grés , formés tant en Allemagne que dans les
dans les Pays-Bas autrichiens et différentes pro Pays-Bas autrichiens, soient dissous et ces émi
vinces de l'Empire. - ---- grés dispersés. - .

3°. La séparation des gardes-du-corps étant L'électeur de Mayence a répondu aux récla
faite suivant le desir de son altesse sérénissime mations des habitans de Worms qu'ils pouvoient
électorale, il n'y a plus rien à redire à cet égard, être tranquilles sur les menaces de la France,
et l'assurance que les princes ont donnée à l'é que la guerre dont cette puissance les menaçoit
lecteur ne laisse plus rien à desirer. n'étoit pas si prochaine, et qu'il avoit des moyens
4°. Comme les compagnies rouges ont quitté de la prévenir. -

l'électorat, ce point cesse de soi-même. .-


5o. Les cantonnemens différens de la noblesse - Extrait d'une lettre de Rome, du 8 décembre.
françoise sont conformes aux arrangemens qu'on
a adoptés dans les Pays-Bas autrichiens : tout , Nous nous somnes moqués les premiers de
-
rassemblement qui peut faire ombrage est évité, l'écrit que le pape appelle son manifeste : le
- et ils peuvent mieux s'entr'aider mutuellement, style en est àcre et mauvais , c'est du Maury
- étant séparés par provinces. . · - tout pur , qui ne sera pas cardinal, non parce
- 6o. L'électeur se flatte que les princes frères du que le pape est à toute extrêmité , mais parce
roi voudront bien continuer à faire veiller stricte que l'abbé est regardé ici comme un grossier et
ment dans la suite sur la défense des fusils , très-mal-adroit politique : il n'y a qu'un imbé
eanons, munitions de guerre, et qu'on ne re cille qui puisse parler aujourd'hui de contre-ré
crute pas dans l'electorat. * .' - * , volution, Les françois qui sont à Rome ny ont
-
· '7°. Son altesse sérénissime électorale desire et point d'ambassadeur ni personne qui prenne leur
espère de l'amitié et de l'attachement des princes défense; il y a un secrétaire d'ambassade, nom
ses neveux , qu'ils ne feront pas de difficulté de mé, Bernard , qui loge chez le cardinal de
donner leur déclaration par écrit , et dont on Bernis , à qui il fait bassement la cour. La
puisse faire usage, de vouloir prendre les mesures France donne 2 1,ooo livres par an à cet homme,
nécessaires pour éloigner tout prétexte au mi pour lui er pour son fils , et l'un et l'autre sont
vendus à la cour de Rome sans pudeur. Qu'est
nistre de Frande, et pour rassurer en mème temps - ce que c'est qu'un homme qui loge chez un car
les habitans ce pnys. ,
de - s . , dinal , qui est à ses ordres, qui en dépend , qui
: A Coblentz, le 8 décembre 1791, Sgué, le s'est fait italieu et qui tire beaucoup d'argent par
baron de Duminique.
-

----
, « * ,,
-
-
, , , ,
**
s *".
... r
-

rvv | an de la France pour lui être incessamment dé


- - - --
-

, Obs. On voit que cette pièce n'est nullement | favorable ? Les tantes du roi rentreront, selon
satisfactoire pour la France; c'est un chefd'œuvre | toute probabilité , au printemps. La cour de
d'escobarderie politique : l'électeur a l'air d'or Rome est perduo ; les romains soupirent après
donner le désarmement des émigrés françois , un autre gouvernenent : un nouvel ordre de
mais il laisse subsister leurs rassemblemens sous choses , les jours de la régénération ne tarderont
le nom de cantonnemens par provinces Mais - pas. L'Italie , dégradée par l'ignorance, la su
ui ne voit que les émigrés , ainsi cantonnés et perstition et les assassinats, peut sortir de son
: par provinces , c'est-à-dire en corps mili avilissement : les lumières cachées feront une
taire, peuvent continuer de s'exercer aux ma prompte explosion.Tous les élèves de l'académie
nœuvres militaires, quoique sans armes, et qu'ils de France sont bons patriotes, et travaillent à
sauront bien où retrouver leurs armes lorsque le se distinguer, etc. ( L'original de cette lettre,
moment de l'attaque sera venu? La nation fran écrite par un observateur intelligent et bien ins
çoise ne doit pas se contenter de ces vaines appa | truit, est dans nos mains ). .
-
-

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Et chez tous les Libraires et Directeurs des Postes du Royaume et de l'Etranger. -
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ANNALES PATRIOTIQUEs ET LITTE
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- ET A F F A 1 R E s P o L 1T 1 QU E s D E L E u R o p e,
J O UV R N Apar
dirigé I B R E, et
L MERcIER,
L M. par M. Société
parune d'Ecrivain
CARRA, un s Patriotes
des Auteurs. ;
* r " ... ,
-- l -

- . i * :

- r - Des tigres ont juré d'exterminer la France : -- * -- n « …e- .


- - - Quatre ou cinq rois, dit-on, épousent leur dénenice ; . . -- . . . - | --
- - Je les crains peu. Calomne a tramé leurs exploits : - --

- , Dieu desrina Calonne à perdre tous les rois ! CERUTr. -

Nº. D C C CX I V. Du Dimanche 23 Décembre 179u. , .


- -- - -- -- n li
« A S S E M B L E E N A T I O N A L E. - 1 - Lecture est faite de la lettre qui suit : - 11
-- « Le roi m'ayant confié le commandement
Séance du 24 décembre, d'une des trois armées destinéesà défendre l'état,
je prie l'Assemblée de permettre que je vienne
Le comité des donaines , à qui avoit été ren- | aujourd'hui offrir, avant mon départ, aux repré
voyée la proposition de faire un hôpital dans les l sentans du souverain l'hommage de mon dé
bâtimens de la ci-devant Ecole militaire, est d'avis [ vouement. LA FAYETTE ». - -

que l'adjudication du bail de cet édifice soit pro- Décrété que M. la Fayette sera admis à deux
visoirement suspendue , et l'Assemblée nationale | heures.
l'a ainsi ordonné par le premier des décrets ren- A l'ordre du jour est revenue la question de
dus en ce jour. savoir s'il sera fait une retenue des impositions
On ordonne l'impression , et on ajourne à l sur les intérêts dus aux créanciers de l'état dent
mardi la discussion d'un projet présenté par le | la liquidation est ordonnée. C'est l'avis de M.
cotnité de l'extraordinaire des finances, qui pro- Guiton , fondé sur ce que toute propriété doit
pose comme mesure préparatoire de l'appure- contribuer dans son produit à la subvention pu
ment des créances à liquider sur l'état , d'ac- | blique; MM. Cretin, Vergniaud, Goidet, pen
corder pour terme d'échéance aux créanciers , | sent au contraire qu'il y auroit de l'injustice à
d'ici au 1er mars pour produire leurs titres, passé | faire supporter aux créanciers une sorte de peine
lequel terme, ceux qui seroient en retard seroient | pour la lenteur que la nation , débitrice , met à
déchus de tout droit au remboursement, et il ne | les rembourser , tandis qu'ils paient d'ailleurs
leur resteroit qu'à faire liquider leurs créances , | une contribution mobiliaire. Après quelques dé
et à les faire convertir en contrats sur l'état. bats assez prolongés, il est décrété que **
Au nont du conité militaire, M Dumas ex- | des sommes dues par l'é at aux titulaires d'offices
pose le desir que le roi a témoigné de pouvonr , | supprimés, continuera d'être calculé à cinq pour
par une dérogation à la loi qui réduit à six le | cent , mais il sera sujet à la retenue des deux
nonbre des maréchaux de France , conférer ce | vingtièmes et des quatre sous pour livre ju qu'au
grade à M M. Rochambeau et Luckner, généraux, | 1er janvier 1791 , et depuis cette époque à *
qui doivent, avec M. la Fayette , connander | retenue du cinquiène. - --

les trois armées que la nation a mises debout A deux heures et demie on a vu à la barre un
pour la défense de sa liberté. Le rapporteur a | uniforme d'officier général ; c'étot le fondateur
développé en peu de mois les titres de chacun de | de la liberté des deux mondes , qui a dit :
ces héros , et le vœu du comité, qui est d'auto- « L'Assemblée nationale connoît mes principes
riser leur nomination comme les circonstances la l et mes sentimens.Je me bornerai à lui ténorguer
conumandent. Le projet de décret est envoyé à | ma sensibilité aux témoignages de bonté et aux
l'impression et ajourné à mardi. - applaudissemens que l'Assemplée a daigné accor«
814
-
t 238o )
der à la nomination que le roi a faite de moi à L'empereur se plaint, 1°. de ce que le roi lui
la place d'officier général. a éerit en dernier lieu dans un idiôme non usité
e viens devant l'Assemblée lui attester mon entre les deux cours ; 2°. de ce que le roi n'a
attachement pour elle , et mes inviolables réso point rétabli dans l'ancien ordre de choses les
lutions pour le maintien et la défense de la cons droits spirituels ou temporels des princes alle
titution ». mands, ecclésiastiques et laïcs, possessionnés en
Réponse du président : ce Monsieur, le nom Alsace et en Lorraine.
de la Fayette rappelle la liberté et les victoires L'empereur nie que les traités faits avec la
américaines. La victoire suivra aussi les drapeaux France, depuis 1648 , aient donné toute souve
françois.__ raineté à la France sur les terres des princes
allemands cédées à la France.
Ces gardes nationales , que vous avez formés
dès leur naissance, reconnoîtront votre voix : L'empereur taxe d'iniquité toutes les innova
leur confiance et leur courage serontindomptables. tions que les décrets de l'Assemblée nationale
Si tel est l'aveuglement des puissances jalouses ont fait éprouver , depuis 1789 , aux princes
de la splendeur de la France , qu'elles viennent possessionnés en Alsace.
nous attaquer , marchez aux combats , guidez Il en demande le redressement; il prie le roi de
dans les sentiers de la gloire le peuple françois ; lui faire une prompte réponse. - Les autres pièces
il a juré de vaincre pour ses loix. notifiées sont la ratification que l'empereur a
Il présentera toujours avec confiance aux ty faite du conclusum de la diète de Ratisbonne ,
rans ses ennemis , comme aux nations ses amies, qui garantit, même par la guerre , la réinté
sa constitution et la Fayette. L'Assemblée vous : des princes possessionnés en Alsace ; qui
invite , monsieur , aux honneurs de la séance ». eur défend toutes compositions sur leurs droits ;
Le général s'est placé au milieu de l'applau qui lie tous les membres du corps germanique
dissement universel. entre eux, pour exercer la police la plus active
L'Assemblée envoie au comité de marine un dans leurs états respectifs , écarter tout soulève
mémoire présenté par le ministre , concernant les ment populaire , arrêter par tous les moyens
mesures à prendre pour le rachat des françois l'introduction des papiers *
captifs, qui ne doivent pas souffrir de la sup M. Lessart a déclaré que la réquisition du roi
pression des ordres de la Trinité et de la Mercy. à l'électeur de Trèves, pour qu'il chasse,d'ici au
Le ministre des affaires étrangères présente à 15 janvier , les émigrés , sous peine d'avoir la
l'Assemblée les réponses que le roi , notifiant la guerre dans ses états , estpartie.
constitution par lui acceptée , a reçues des rois Ces diverses pièces , dont la lecture a été en
de Sardaigne , de Danemark et de Naples , de tendue avec la plusgrande tranquallité , sont en
- l'électeur palatin , du gouverneur , de la gou voyées au comité diplomatique.
vernante des Pays-Bas , du landgrave de Hesse
· Cassel , du margrave de Bade , du duc de Wur
temberg, des républiques de Venise, de Genève Extrait du discours sur la question de la
r et de Valais. -
guerre , prononcé le 2 1 de ce mois d la
La seule république de Valais fait des vœux société-mère des amis de la constitution par
M. CARRA. -
our la prospérité de la nation françoise.
outes les autres puissances accusent réception Messieurs , je viens vous dire à quoi vous ju
" sans autre commentaire. Le roi de Sardaigne gerez bientôt la nécessité de la guerre, comment
conserve son vieux style en souhaitant le bonheur il faut la déclarer, à qui la nation doit la faire,
- des svyEzrs de S. M. T. C. et quand il faut la commencer ; je viens vous
Le roi d'Espagne annonce qu'il envoie dans apporter ces mesures, combinées en sens inverse
ses colonies d'Amérique des troupes pour empê du plan de nos ennemis, soit pour les forcer, en
" cher que l'insurrection de la partie* de dévorant leur orgueil et leur rage , à céder et
- Saint-Domingue ne les gagne. rester en paix , soit pour obtenir un succès plus
L'Espagne notifie encore que l'on ne doit certain et plus cotnplet dans la guerre même.....
rendre , en France , aucun ombrage de l'envoi Je me suis demandé: pourquoi et comment le
" qu'elle fait d'un ambassadeur près les cantons pouvoir exécutif et ses principaux agens nous
- helvétiques. La mission de cet envoyé étoit déter mettroient-ils soudain en mesure d'attaquer, eux
- minée depuis cinq ans. - qui ont montré depuis la révolution jusqu'à pré
( 2381 )
sent tant d'insouciance et de mauvaise foi à nous ourd'hui , mais tel est aussi l'état où se trouvent
mettre en état de défense ? Je me suis demandé : * despotes de ce continent qui ont été blessés
à qui le roi va-t-il déclarer la guerre ?à ses frères ? à mort de la déclaration des * de l'homme.
Mais ses frères ne sont pas une puissance ; ce Le tempéranent politique que le roi a pris dans
sont les chefs d'une horde vagabonde au-delà du sa proposition à l'Assemblée nationale va décider
Rhin , qu'il faut simplement débusquer de leurs la crise ou en bien ou en mal ; car ce tempéra
repaires à l'aide de notre gendarmerie nationale. ment n'offre que deux chancos , deux seules
A l'empereur ? mais tout prouvoit d'avance que chances, dont il ne peut plus sortir lui-même
ce n'étoit pas là à coup sûr l'intention du cabi et qui vont enfin fixer nos déterminations : ces
met autrichien des Tuileries. Aux électeurs de deux chances sont, ou la dispersion des émigrés
Trèves et Mayence?mais l'empereur peut forcer, rebelles par la seule autorité de l'empereur, et par
sans le secours de nos armées, par sa seule dicta conséquent la paix avec toute l'Europe, ou une
ture impériale , comme chef de l'Empire , ces | démarche illusoire et inutile de l'empereur , et
mêmes électeurs à dissiper les rassemblemens ar par conséquent la guerre contre lui, et vraisem
més qui se forment chez eux , en infraction du blablement une insurrection générale de tous les
droit des gens et des nations. Ainsi, messieurs , peuples voisins contre leurs tyrans.Voilà le véri
aucun motif bien posé de déclaration de guerre table point de mire où toutes nos observations
en ce moment ne se présentant à mon esprit, en nos calculs et nos discussions politiques doivent
faveur de notre révolution et de l'intérêt du aboutir jusqu'au 15 janvier prochain , parce
peuple , je devois être naturellement, non pas qu'encore un coup , sans vouloir exciter les dé
effrayé de la guerre, mais d'une déclaration su fiances accoutumées contre le pouvoir exécutif
bite de guerre qui renversoit toutes mes idées sur et ses principaux agens , c'est à cette époque que
la cour des Tuileries , et me paroissoit le dé le problême de notre situation politique et des
nouement de quelquegrand et nouveau complot. vraies déterminations à prendre , sera parfaite
Ce que je vais vous dire, messieurs, est bien plus ment résolu. Venons anx considérations majeures
péremptoire encore en faveur de mon opinion et qui forment le co-efficient du problème.
de ma manière de voir. Le roi lui-même n'a point , L'empereur n'est pas seulement le chef de
fait, dans son discours, une proposition directe l'Etnpire, il est aussi l'allié de la France depuis
et immédiate de guerre à l'Assemblée nationale ;1756. S'il insiste, comme tout le prouve, pour
sa proposition à cet égard n'est que condition conserver cette alliance, eh bien ! il faut qu'il la
nelle ; et quelles que soient ses intentions se mérite aujourdhui envers la nation , ou qne la
crètes , il ne pouvoit pas faire cette proposition nation s'en affranchise, soit pour en former d'au
autrement , sous peine de manquer à toutes les tres, soit pour n'être plus entravée par celle-ci,
règles du droit public d'Allemagne envers le corps : jusqu'à présent nous a coûté plus d'argent et
germanique, et d'exciter en même temps, par les de pertes que dix années de guerre contre la mai
réflexions d'après coup, les plus violens soupçons son d'Autriche elle-même. je dis donc que l'en
contre lui dans l'opinion publique en France. Le pereur étant l'allié de la France et non celui des
roi a donc pris un tempérament plus sage en lui chevaliers errans d'outre Rhin , non-seulement il
même qu'une subite déclaration de guerre ; et doit employer sa dictature impériale pour forcer
c'est dans ce tempérament politique que nous la dispersion des émigrans armés hors des états
devons découvrir enfin , et le vrai but de la cour, germani ues , mais employer Ses propres troupes
-

et les vrais dispositions respectives despuissances à cet effet , conme nous avons employé les
étrangères qui veulent jouer un rôle dans cette nôtres pour empêcher le trône de Marie-Thérèse
circonstance. de succomber sous les coups du grand Frédé
Vous comprenez , messieurs , que les con ric. Si ses lettres réquisitoriales à l'électeur de
vulsions politiques occasionnées par notre ré Trèves et aux autres princes protecteurs des
volution dans les différentes cours d'Europe , rassemblemens des rebelles , ne sont pas un jeu
en réagissant sur la France , doivent y opérer concerté , cet électeur et ses voisins y obéiront
quelques intermittences dans les résolutions , et sur le champ , et nous conserverons l'alliance de
que le nonent d'une crise générale est justement 1756. S'ils n'y obéissent pas, et que Léopold
celui où les pulsations de l'esprit, comme celles hésite de nous proposer son intervention armée
de la fièvre, sont plus inégales et plus accélérées. pour les forcer , ces mêmes lettres ne seront
Tel est l'état où nous sonues nécessairement au qu'une simagrée dont on aura fait usage et pour
u -- e r

gagner du temps et pour renforcer les rebelles. muenacer davantage que celle de Vienne , mais
Alors , messieurs, alors, puisqu'il faut attendre qui dans le fond ont des intérêts bien mieux cal
jusques-là , nous en *erons à l'initiative du oulés et bien plus pressans que ceux de s'attirer
roi pour la guerre, à cette initiative qu'il a pro chez elles des insurrections nationales , change
osée pour le 15 janvier prochain , et qui laisse : alors, à coup sûr, de langage et de marche. .
à l'Assemblée nationale le droit de diriger la ondres , Berlin et la Haye riroient sous cape
guerre où elle voudra , et non où voudra le de la bévue de Léopold, et du piége dans lequel
pouvoir exécutifs et la nation , par l'organe de il seroit tombé lui-même en voulant nous y pren
ses représentans , déclarera la guerre , non à dre. On tergiverseroit alors sur les secours promis
quelques rebelles en : , mais au pro à la coalition ; on chercheroit à entamer des né
tecteur en chef, bien connu alors, de ces re gociations avec l'Assemblée nationale ; le mo
belles, l'empereur. Oui, c'est-là, c'est dans les ment d'un changement de dynastie pour la monar
provinces belgiques, en même temps qu'à Liége, chie françoise paroîtroit mûr : la France est
plutôt qu'à Worms et à Coblentz, qu'il faudra toujoursjeune et belle malgré les agitations de son
porter l'étendard de la liberté et frapper lespre ame ; elle est toujours bonne à épouser , même
miers coups. C'est-là que vous irez retrouver constitutionnellement. D'un autre côté, croyez
votre numéraire, en formant des légions braban vous de bonne foi que la Prusse , l'Angleterre et
çonnes, valonnes et liégeoises. Vous savez que la Hollande , sous prétexte de la constitution
i* peuples vous y attendent avec une 1mpatience françoise , s'épuiseroient d'hommes et d'argent
et un amour vraiment fraternels, et pour secouer pour donner à Léopold le plaisir de subjuguer les
le joug de leurs propres tyrans, et pour y arborer François , de démembrer la France , et de faire
es couleurs sacrées de la cocarde nationale. Ne du reste une province de l'Autriche , comme
croyezpoint par conséquent que la seule mesure avant la révolution ? Non , messieurs , la haine
que vous ayez à prendre soit de vous attacher di de la révolution françoise chez les despotes eu
rectement aux repaires circonscrits des brigands ropéens est bien grande sans doute , mais leur
françois d'outre * cette mesure isolée seroit ambition respective est plus grande encore, mais
vaine et inconsidérée : les làches fuiroient devant leurs animosités réciproques sont éternelles.Son
vous et s'enfonceroient dans l'Allemagne , * gez donc que jusqu'à présent les rois n'ont usé
« ousyattirer et vous environner de pièges,et, ien des peuples que pour se détrôner entr'eux et se
tôt après votre retraite, ils reviendroient sur leurs rendre maîtres de la proie les uns des autres ,
pas pour recommencer leurs rassemblemens et vos jusqu'à ce qu'un seul ait toutes ces proies sous
inquiétudes. Non, messieurs, ce ne sont pas des sa griffe royale ou impériale.
brigands qu'il faut s'amuser à suivre à la course Mais supposons que par un esprit de vertige
dans la forêt noire ou au fond du Palatinat, ce répandu sur tous les despotes de l'Europe , du
sont les peuples : au-delà de vos fron nord au sud et de l'est à l'ouest, tous marchent
tières qu'il faut soulever et municipaliser, comme à une croisade contre l'arche sainte de la décla
- Ia dit M. Rœderer, dans toute la circonférence ration des droits de l'homme , eh bien ! n'est-ce
, de votre empire. Voilà la guerre qu'il faut faire ! pas précisément ce que nous avons le plus à
* voilà la guerre qu'il faut déclarer ! Cette guerre desirer? Tous les peuples, de leur côté, n'entou
" sera celle du peuple françois contre les enne reroient-ils pas cette arche sacrée dans laquelle
mis du peuple françois et de tous les peuples est le dépôt de leurs droits naturels et communs ,
ses voisins ; cette guerre sera celle de la décla et le type divin de leur liberté future ? Vous
ration des droits de l'honne contre les ennemis savez quelles sont nos espérances et nos res
de l'homme et de ses droits ; elle amènera la sources dans une pareille circonstance ; elles
- guerre de tous les peuples contre leurs tyrans, et sont inmenses ces ressources et ces espérances.
*ous établirez alors , pour la première fois , la Eh ! ne croyez pas qu'elles fussent vaines ; et
différence entre la guerre des rois contre les quand même elles le seroient, ce qui est impos
" penples, et celle des peuples contre les rois. sible , n'aurions-nous pas toujours rempli nos
-r Mais , dira-t-on peut-être, si nous attaquons vœux et nos sermens , ceux de v1vRE LIBRE ou
1'empereur, nous serons bientôt attaqués nous MIO U R I R .

mêmes par la coalition entière des despotes eu Je me résume : l'Assemblée nationale,sur l'ini
ropéens. Non , vous dis-je ; écoutez-moi en - tiative du roi proposée pour le 15 janvier pro
confidence : certaines cours qui semblent nous chain , et d'après la supposition d'une démarche
1- -

S U P P L É M E N T A U No. D C C C X I V.
illusoire de la part de l'empereur auprès dcs élec Strasbourg sentant , monsieur, la nécessité de
teurs de Trèves et de Mayence , doit déclarer la donner dans les circonstances actuelles tou e
guerre à cet empereur lui-même ; elle touchera l'activité possible à sa correspondance , a ar è.é
alors le nerf sensible , le vrai point de mire. Le le plan d'un journal par lequel elle se propose
nœud gordien de la conspiration d'outre Rhin d'instruire tous les citoyens des nouvelles qu'elle .
sera tranché net par cette déclaration, et le talis recevra de l'étranger, et de donner la notice de
man dg la coalition des despotes européens sera ses débats. -

rompu ; car en déclarant la guerre aux électeurs Nous vous prions, monsieur , au nom de la
de Très es et de Mayence , au lieu de la déclarer société, de donner à cet avis toute la publicité
au chef de l'Empire , à cet allié dont la perfidie qu'il mérite. - --

ne seroit pas douteuse alors, ce seroit nous atti Les secrétaires de la société des amis de la
rer peut-être sur les bras tout le corps germa - constitution, séante aux jacobins,
nique ; et ce qui seroit pis encore, nous nettre A L. MÉcH1N , RoussE L.
dans le cas de voir ce chef , cet allié perfle
vouloir jouer ensuite le rôLE DE MÉDIATEUR Qucstions.
eatre nous et les émigrés rebelles, entre nous et
les princes allemands possessionnés en A lsace. On desireroit savoir si les vingt millions de
Voilà le grand mot de * entre la cour de mandés dernièrenent par le roi à l'Assemblée
Vienne et celle des Tuileries : la neutralité nationale pour la guerre, sortiront tout de suite
apparente de l'emperaur pour neutraliser notre et tout entier de la caisse nationale , pour être
constitution ! Jugez alors , messieurs, combien tout de suite et tout entier à la disposition du
notre position politique seroit embarrassante , et ministre de la guerre ; ou si ces vingt millions
combien le cabinet autrichien des Tuileries au ne seront délivrés qu'à fur et mesure des besoins
roit de nouveaux ressorts en main pour nous tra rRouvÉs de l'armée de France, et sur des man
vailler en tout sens et au dedans et au dehors , dats spécificatifs de ces besoins et du vérital '
et amener forcément l'Assemblée nationale à emploi qu'on en veut faire * Pardon , messieurs
transiger sur les principes et les bases de la cons du pouvoir exécutif, si nous faisons cette ques
titution. Je le répète , et de cette mesure dépend tion ; nous aimons à voir clair dans nôs affaires ,
le salut de la patrie , Ta guerre contre l'empereur et nous"craignons l'émigration de nos fonds à
s'il nous trompe , et si par sa dictature impériale Coblentz. - -

il ne met les électeurs de Trèves et de Mayence Autre demande. Il se répand un bruit que
à la raison , et le décret d'accusation contre les c'est le roi qui , sous le nom d'une compagnie ,
princes françois rebelles , ainsi que plusieurs a acheté le château Trompette de Bordeaux. Cu
opinans l'ont sagement proposé , comme préli demande des éclaircissemens là-dessus pour des
minaire de la guerre ! - raisons importantes, politiques et particulières.
* J'ai dit , messieurs ,ssous quel point de vue
nous devions envisager une déclaration de guerre, Quelques observations sur le renon vellement du
dans quel juste milieu nous devions l'entrepren corps diplomatique et sur l'objet de ce re
dre , là où nous devions la faire , quand nous nouvellement.
devions la commencer ; j'ai rempli ma tâche ; je
ne tairai sur ce point jusqu'à ce que de nouveaux Est-ce pour persuader à la nation qué le pou
voir exécutif avoit les meilleures intentions dû
apperçus et de nouvelles oscillations politiques
m'aient fournis de nouveaux développemens et monde au dehors qu'il a fait ce renouvellement ?
de nouveaux résultats. - -
En ce cas , il s'est parfaitement trompé ; car il
-- est aisé de voir que le travail de ce renouvelle
*Société des amis de la constitution , comité ment ne présente qu'une conbinauson bien plus
. de correspondance. dangereuse encore que la précédente. MM. Ver -
gennes, Mlontezan , Taleyrand, Donodrt et
Paris , le 22 décembre.
-

Kelly, ont donné leur démission , parce que les


La société des amis de la constitution de cours qu'ils quittent sont suffisamment décidées
814 bis,
( 2384 )
à 'a cva'ition , et qne les nouveaux ministres cachetés, pour n'être ouvcrts qu'à certaine lau
par lesquels on les remplace , quand même ils teur. Où va cette escadre ? elle va sans doute se
a :: ro ent des v t1es p'us droi es et plus pa'riotiques, s'ationner au rendez-« ous donné aux escadres
n'y « h : rgeroi nt rie n. vlais le Dannema k n'ayant suédoise et.russe qui se disposent , au conmen
vont encore tnor du à cette coalition , et M. de la cement du prin emps prochain, à passer dans la
* n'ayant pas assez de talens ou de bonne Méditerranée. On sa't que , par une ruse gros
volonté pour réussir sur ce point, on y a envoyé sière, Gustave l II, fait mine d'avoir une que
un aristocra'e beaucoup plus délié, l'abbé Louis. relle avec le dey d'Ager, pour envoyer une es
On a eu le même objet en retirant l'honnête M. cadre et des troupes dans la Méditerranée ; il a
Bérenger de Ratisbonne , et en lui substituant déja donné des ordres pour l'équippement de
*. Marbois, ame damnée de la cour et de la cette escadre et l'embarquement de trois régimens
fortune. On a mis dans une place insignifiante d'infanterie. D'un autre côté, Catherine , pour
pour le moment , près l'électeur palain , un avoir le même prétexte, vient d'élever de nou .
homme d'esprit et au fond assez patriote,quoique velles difficultés qui retarderont la conclusion
lié avec M. Duportail , dont il n'a pas toujours définifive de sa paix avec la Porte ottomane.
dirigé les actions , M. d'Assigny , au lieu de Ainsi il paroît évident que l'escadre de Carri
l'envoyer à Ratisbonne ou en Dannema k. On zosa est allé préparer toutes choses pour les deux
profite des talens de M. Bar helemy pour l'en autres escadres , et que le rendez-vous est à
« oyer en Suisse renouveller nos capitulations , Malte ou dans les ports de Majorque ou Mi
non pas avec la nation suisse , comme cela de norque, ou peut-être en Sardaigne. Nous invi
v roit être, mais avec trente ou quarante familles tons les navigateurs patriotes de Marseille, Tou
très-aristocratiques , qui auront seules le profit lon , Cette , enfin de toute la côte de la Médi
de ces capitulations comme auparavant , et qui terranée , de s'informer de l'escadre espagnole
vendront par conséquent le sang de leurs compa et de la station qu'elle pourroit prendre , parce
triotes, non pour l'avantage de la liberté , mais qu'on jugera par-là de la direction que les flottes
pour celui du despotisme. Que signifie M. Du suédoise et russe doivent suivre , après avoir
moustier à Constantineple , si ce n'est pour passé le détroit de Gibraltar. ** -

endormir le divan et l'empêcher de se réveiller Nousavertissons, d'un autre côté, les citoyens
contre les Russes , au moment où Catherine et la garnison de Givet, que leur ville est en ce
essaiera de réaliser ses menaces contre nous ? moment un des points principaux de la convoitise
Que signifie M. de Ségur à Berlin , si ce n'est des énigrés rebelles , parce qu'elle renferme un
pour épier, sous des formes nouvelles, les dé grand nombre de munitions de guerre, et qu'elle
marches secrètes de cette cour contre celle de
leur paroît propre à garantir le pays de Liége
Vienne , et tàcher de l'affermir dans la coalition ? d'une invasion des troupes nationales françoises.
Qu'on observe bien que les changemens princi Nous savons que la plupart des commis de la
paux fais dans ce prétendu renouvellement du
guerre , entr'autres le sieur Berthier, et des af
corps diplomatique, sont plutôt des changemens faires étrangères , sont incorrigibles dans leur
de lieux que des changemens de personnes. Cons
aristocratie , et qu'ils se proposent de contrarier
tantinople et Berlin sur-tout exigeoient des pa plus que jamais les bonnes intentions que les mi
triotes bien connus , bien sûrs et assez éclairés nistres pourroient avoir. Il est bon qu'en cas
pour déjouer la Russie et la Suède d'une part, d'é ènemens fâcheux , et au premier coup de
et les princes émigrés de l'autre.Je dis donc que canon tiré contre nous, la nation connoisse ses
ce renouvellement , s'il n'est pas d'une insigne ennemis et leurs turpitudes. -

mauvaise foi , est au moins d'une grande mal Si les circonstances nous obligent à faire la
adresse. C.
----- guerre à l'empercur dans les provinces belgiques,
comme je lai démontré dans mon discours du 2 1
Gijets dignes d'attention et de surveillance. de ce mois, aux jacobins , il ne faudra pas ou -
blier de charger le général Paoli de faire une
Une et cadre de trois vaisseaux de ligne, dix des cente en Toscane , pour soulever et munici
légates et six brigantins, est sortie du port de paliser les Toscans , et porter l'étendard de la
Cadix vers Ala fin du mois de novembre dernier. liberté jusqu'aux mon agnes du Tirol. Je dirai
l)on * Carrizosa , qui en est le comman dans le teinps pourquoi et comment il faudra s'y
prendre de CC côté la. C…
«ant, a reçu de la cour de Madrid des ordres
ANNALES PATRIOTIQUES FT LITTÉRAIRES
DE L A F R A N C E,
- E T A F F A I R E s P o L IT I Q U E S DE L'E U R O P E,
J O U R N A L L I B R E, par une Société d'Ecrivains Patriotes ,
dirigé par M. MExcrER, et par M. CaRRa, un des Auteurs. -
--

A U X R. O I S.

Mais enfin votre chute , à vos yeux déguisée ,


- Aura ces mêmes yeux pour tristes spectateurs ,
Et votre abaissement servira de risée
A vos propres flatteurs. RoussE s U.

No. D C C C X V. Du Lundi 26 Décembre 179t.


PA R I S , le 25 décembre. clergé de l'autre. Lepublic s'obstine à voir dans
l'institution du clubfeuillantin le but de diviser
( Il n'y aura de séance que ce soir , à cause les patriotes en deux partis , dont l'un , par sa
de'la solemnité du jour). réunion à la faction aristocratique et au pouvoir
exécutif, pourroit devenir assez fort pour tenter
wO, parle déja d'un troisième veto royal prêt bientôt cette transaction que " le courage et le
à frapper le décret rendu avant-hier pour l'énis civisme des patriotes de Varennes ont fait échouer
sion des petits assignats de 5o, 25, 15 et 1osous. il y a six mois.
Le premier veto a été rendu , sans doute sans On publie la réponse suivante de l'empereur à
dessein , en faveur des rebelles d'outre Rhin ; le la dernière lettre du roi des François , qui lui a
secon l , en faveur des prêtres séditieux et autres é é remise par M. de Noailles, arbassadeur.
rebelles de l'intérieur. Il ne manqueroitplus que cc On ne peut *
douter de ma façon de
d'en voir paroître un troisième en faveur des » penser sur les a aires de France. Ma dernière
agioteurs , accapareurs et marchands d'argent , » déclaration , et les ordres que j'ai fait donner
dont la narnite se-trouve renversée par le décret » par mon gouvernement à Bruxelles à l'agent
des petits assignats. » des émigrés françois,prouvent que je regarde
Le club des feuillans ne fait pas fortune dans » mon beau-frère conne libre , et que mon in
l'opinion publique : les séances ont été un peu » tention n'est pas de me mêler des affaires de son
troublées jusqu'à ce jour par lesplaisanteries des » royaume , aussi long-temps que les François
spectateurs. On dit cependant qu'il y a dans cette » lui laisseront tout ce qu'ils lui ont assaré
société de bons citoyens , sincères amis de la » volontairement, et ce qu'il a volontairement
constitution ; nais il faut convenir qu'ils ont été accepté dans le nouveau contrat constitu-
bien nal - adroits de placer le siége de leurs » tionnel; mais qu'on n'exige point de moi da -
séances aux feuillans. Ce nom seul rappelle » vantage. Si le roi des François a des griefs
l'horrible et très-inique boucherie du chanp de » contre les états particuliers de l'Empire , sou
Mars ; il ra pelle les intrigues qui ont souillé » verains libres comne moi en vertu de la cons
les derniers temps de l'Assemblée constituante » titution germanique qu'il s'adresse à eux -
et la révision de la constitution. Les patriotes » mêmes , et qu'il termine avec eux conne it
feuillans ont eu grand tort aussi de prendre » l'entendra ».
pour leurs chefs de file des hommes que l'opi Cette réponse assez pacifique , quoique à cer
nion publique accuse d'avoir favorisé le départ tains égards très-anbiguë, paroît cependant bien
du roi en juin dernier, afin d'amener , aux dé contradictoire à la dernière notification de l'en -
pens de l'égalité et de la souveraineté nationale , pereur, relative à l'affaire des princes allemands
une lâche et honteuse transaction avec le peuple possessionnés en Alsace , communiquée par la
d'une part , et le monarque , sa noblesse et son ministre à l'Assemblée nationale, dans sa d...
815
r

nière séance.Seroit-ce que Léopold prétend nous livré à l'esclavage. Les antiques sectateurs du
faire la guerre comme chef de l'Empire , et en soleil de la liberté sont venus l'adorer sur le sol
mêmetemps rester notre fidèle allié comme prince que sa lumière féconde et vivifie. François, nos
souverain de ses états héréditaires ? Il ne man cœurs ne peuvent servir que cette divinité, nos
queroit plus que de voir le cabinet des Tuileries bras ne peuvent s'armer que pour la défense de
pro oser à la nation la conservation du traité de son culte outragé. Qu'il nous soit permis de vous
1756 avec cet allié à double visage, et empê - en faire l'offrande !Puission-nous marcher bientôt
cher, en cas de guerre , une invasion françoise à une victoire certaine ! Vos ennenis sont les
dans le Brabant, sous prétexte que Léopold reste nôtres ; v oilà pourquoi les tyrans qui nous ont
notre allié comme duc de Brabant , tandis qu'il subjugué s'empressent de leur donner toute l'as
nous fait la guerre comme empereur. sistance qui est en l ur pouvoir. - Tout ce qu'il
On publie que la flotille est agnole armée au y a de braves Liégeois, de Liégeois patriotes et
Ferrol , et commandée par don Carrizosa , est amans de la liberté, se dévouent au service de la
de tinée à porter dans la partie espagnole de Saint France ; ils vous proposent , messieurs, de les
Domingue quelques régimens d'infanterie, pour compter au nombre des soldats destinés à la dé
y prévenir l'introduction des troubles qui ont ra fense de vos frontières ; ils vous proposent de
vagé la colonie françoise. lever une legion devolontaires liégeois, ou tout
autre corps militaire que vous jugerez , dans
votre sagesse , plus convenable aux circons
Eartrait de la pétition des patriotes liégeois , tances , plus utile à la chose publique. Les
Iue d la barre de l'Assemblée nationale par hommes , les armes ne manqueront pas. Dai
M. Lebrun.
gnez , messieurs, daignez seulement agréer nos
services , et aussi-tôt tous nos compatriotes dis
Représentans du peuple françois , des Lié persés, errans de contrées en contrées, dans l'e -
eois persécutés ; proscrits , fugitifs , pour la poir de trouver des vengeurs à leur triste patrie,
cause de la liberté, pourroient-ils paroître étran
viendront se réunir sous l'étendard qui portera
gers au milieu de son sanctuaire ? Nous aimons cette ancienne devise des Liégeois :
nous rappeller qu'il y a quinze mois les dépntés
: c - niêm e peuple ont été accueillis parvos pré Vaut mieux mourir de franche volonté
Que du pays perdre la liberté.
-
décesseurs , par les fondateurs de ce temple ma
js ueux élevé à la raison et à la justice , quevos
mains sont des inées à achever, à consolider sur
Bordeaux, le 4 décembre, l'an 3 de la liberté.
tout, et peut-être à défendre. - Alors nous étions
libres encore ; nos heureux efforts avoient pu Il se trane actuellement un nouveau complot
triompher des forces combinées de plusieurs des contre la constitution , d'autant plus exécrable
potes de la Germanie ; mais ces efforts n ê ne ont qu'on cherche à égarer les bons citoyens , et à
é,é la première cause des affreux désastres qui les en rendre eux-mêmes les instrumens. Des dé
ont suivi. Les tyrans d'un ordre supérieur ont putés des colonies auprès de l'Assemblée natio
pâti de ce te résistance d'un petit peuple; nous nale , de concert avec les ennemis de notre li
avons été menacés d'une conjuration plus formi berté , sous le prétexte du besoin de l'envoi le
dable, d'ètre écrasés par une masse de forcespré plus prompt des troupes nécessaires à l'extinc
pondérantes.Une main puissante , qui a oit paru tion de la révolte des noirs et des secours pécu -
nous protéger , s'étoit retirée ; une main plus niaires pour rétablir les proprié és dévastées, ont
puissante encoresembloit nous offrir, avec l'olive fait proposer à tous les départemens, à toutes les
de la paix , l'assurance de tous les droits que villes maritimes et de conmerce , d'envoyer à
nous réclanions. Insensés ! d'avoir pu nous Paris des députés chargés de pouvoirs spéciaux,
fier à la parole des 1 ois !... - Bientôt cette terre afin de presser le corps législatifde décréter leurs
infortunée a été couverte des satellites du despo demandes, c'est-à-dire , en d'autres termes, de
tisme ; bientôt a commencé , sous les amspices de le forcer à accorder au nombre ce que la justice
l'aigle autrichienne , ce systême de spoliation , pourroit lui faire un devoir de refuser.
Mais le véritable but de ces démarches est en
e proscriptions , d'emprisonnemens , de vio
lences inou1es. Les cachots se sont remplis , effet de placer dans la capitale un corps nom
les échafauds ont été dressés.…….……………… breux d'individus de tous les départenens,voués
- Nous avons fui ce triste pays , de nouveau à leurs projets contre- révolutionnaires , qui ,

- - _ -
( 2387 )
revêtus de la confiance des communes qu'ils s'obstinoit à ne pas vouloir donner une sanction
cherchent à surprendre, demanderont bien haut générale à cet acte de justice, alors nous croirons
des subsides considérables, moins dans la vue de tôt ou tard possible une subversion générale de
secourir les colonies que de jetter le désordre nos possessions dans le nouveau monde. Les mar
dans nos finances ; des forces imposantes et des chandises coloniales sont à des prix extravagans :
commissaires, dont la nission secrète ne seroit nous en profitons pour vendre , mais nous ne
pas de rétablir la tranquillité, sous la protection faisons pas un sou d'achat.
de la justice et des loix , mais de servir la haine Notre ville est tranquille , et nous comptons
et l'orgueil des colons blancs , et de les venger sur une paix générale dans pe u, si l'Assemblée
du pacte sac é que les circonstances les ont con - nationale et le pouvoir exécutif, d'accord , pren
traint de contracer avec leurs frères de couleur, nent un caractère d'énergie soutenu : il ne faut
et que ces derniers ont rendu plus saint encore que cela pour faire fréunir nos ennemis et élec
par leur conduite franche et généreuse. -
triser le patriotisme.
Et cependant ces mandataires audacieux , se -

plaçant habilement entre le peuple et ses vrais Dijon , le 2 o décembre.


représentans , secondés dans leur marche par le
pou oir exécutif, s'efforceront d'usurper le ca Les calotins rebelles se rassemblent à Dijon p
ractère d'une autorité nouvelle , rivale du corps sous les ordres de leur ci-devant chef Monsiers ,
législatif, et l'anarchie, résultante de cette mons et sous la bannière du veto. Le directoire du
truosité politique , entraînera infailiibiement la
district de Champlite vient de nous donner avis
chûte de l'édifice constitutionnel et la perte de du rassemblement de ces homases noirs , qui
notre liberté.
trament quelques perfidies nouvelles. Citoyens ,
Ces projets ont échoué dans notre ville ; nos redoublons de vigilance ; qu'elle déjoue leurs
concitoyens et les corps administratifs ont refusé
intrigues et leurs manœuvres : méprisons l'im
de coopérer à cette députation dangereuse et puissance de nos ennemis du dehors, mais re
attentatoire à la loi , qui ne reconnoît pour man doutons ceux de l'intérieur. Des hommes mas
dataire du peuple que les dépués à l'Assemblée qués, sortant des cavernes du fanatisne, impro
nationale , réunis en corps législatif. Nous espé prement dites communautés religieuses , vien
rons que les mêmes manœuvres auront le mène
succès parmi vous, et que par-tout elles seront nent d'échapper aux recherches des patrouilles.
déjouées par le zèle des vrais amis de la consti Des inconnus , des gens sans aveu , non décorés
tution.
du signe tricolore de la liberté , se répandent
· Nous n'avons pas besoin d'ajouter , pour vous
dans les cafés pariotes , afin d'y exciter des
trombles par leurs propos inciviques. Les disciples
déterniner, que l'Assemblée nationale a déja des Royou , Montjoie , Crapart , Pelletier et
accordé de pnissans secours aux colonies ; qu'en Durosoi , s'assemblent dans une maison place
ce moment , peut-être , elle a entendu le rapport Mirabeau. C'est vous en dire assez. Amis de la
sur les troubies qui les ont désolées, et qu'elle a constitution , ne dormez que d'un œil ; le danger
pris ou doit prendre incessammentun parti con de la patrie doit vous donner l'éveil. Les bons
forme aux intérêts et à la dignité de la nation citoyens applaudissent au zèle patriotique qui
qu'elle représente. vous anime , aux sacrifices pécuniaires que vous
Il ne sera pas inutile de remarquer ici que ces faitespour vous mettre en état de défense.ilà ez
mêmes honn s qui viennent aujourd'hui inplo
rer notre générosité, sont ceux-tà mène qui ont
vous de fabriquer ces lances , ces piques que le
arboré une cocarde étrangère, et levé ainsi 1'éten courage doit diriger; armez-en les citoyens à qui
dan d de la révolte contre la mère-patrie. leurs facultés ne permettent pas de se procurer
des mousquets ; réparez votre artilerie ;préparez
des fanaux au haut de vos tours , s fin d'appeller
Nantes, le 7 déccmbrc. à vous les baves habitans des canpagnes. S : s
pacem , para bellum : voilà la naxine d'un
Le mal qu'il y a dans la partie du nord de peuple qui veut défendre sa liberté. Miais si nous
Saint - Domangue est grand sans doute , mais nous endormons dans une profonde sécurité, si
qu'on accorde aux gens de couleur libres ce que les citoyens n'écoutent pius la voix des écriva ns
l'équité réclaine, soyezsûr qu'en peu les colonies patriotes qui les av ertissent du danger , s'ils se
seront plus que jamais florissantes. Mlais si on laissent endornir par ces égoïstes qui se parent
( 2388 )
des nons de modérés et modérateurs , alors il guerre à Pampelune, à douze lieues de Bayonne,
faut consentir à se laisser rattacher au joug,à se il est très-important qu'on s'occupe de la sûreté
voir égorger comme les patriotes du Comtat ve de cette place, et qu'on seconde par de nouvelles
naissin , et à courber sa tête devant la marche troupes le zèle de sa garnison et de ses braves
triomphale des tyrans. citoyens.
Cependant les patriotes dijonnois ont redoublé
de zèle : les réparations à faire aux pièces de R. o M E.
canon , aux fusils et autres armes , entrainoient
la municipalité dans une dépense assez considé Le saint-père vient d'être frappé d'apoplexie ;
rable ; les amis de la constitution ont aussi-tôt on croit qu'il n'en relevera pas. * Maury
ouvert une souscription pour le prix de ces répa est arrivé dans cette capitale quelques jours avant
rations ; les citoyens artisans ont offert leurs cet évènement , et il a reçu du pape , non le
bras pour cet objet , n'exigeant que le prix de bonnet de cardinal, mais seulement le titre d'évê
leurs fournitures. On s'est empressé de contribuer que, et celui de nonce du Saint-Siége auprès de
la cour de France séante à Coblentz. Ainsi voilà
à cette dépense : les dames amies de la constitution
ont en oyé leur souscription à leurs frères, avec l'abbé Maury évêque et nonce in parttbus infi
delium.
ui ne lettre , dans iaquette elles font connoître à
nos ennemis que le sexe esclave, que l'on croyoit
que la nature avoit éternellement destiné aux B A s L E , le 14 décembre. -
fuseaux, sait, chez les François libres, dédaigner
la mollesse , s'accoutumer aux privations , re - Quand serons-nous débarrassés une bonne fois
de vos aristocrates ? Il faut être d'une bonté sur
noncer aux frivolités pour se consacrer tout en
tier à la défense de la liberté de son pays toutes naturelle pour les souffrir plus long-temps , sur
-
les fois qu'il la croira en danger. tout dans les pays où ils sont rassemblés en nom
bre, et pour n'avoir pas pris déja le parti de les
:
-
- - chasser, et vous mettre par-là en état d'exter
--

: Nous annonçons avec plaisir que la nouvelle miner cette race, qui par-tout ne fait que ren
- : , insérée dans plusieurs journaux, de la désertion chérir les denrées et corrompre les mœurs. Si on
-
de trente-six grenadiers et de deux officiers, che avoit mieux surveillé chez vous la sortie du
- -
valiers de Saint-Louis , du régiment ci-devant numéraire , vos émigrans seroient déja réduits à
- , 4 Angoumois , en garnison à Bayonne , vers les la misère : mais ils ont des gens affidés qu'ils
-

- frontières d'Espagne , est absolument fausse. envoient de temps en temps en France y chercher
- . IQepuis plusieurs années que ce régiment est à de l'or , que ces fidèles serviteurs ont toujours
, Bayonne, les citoyens de cette ville n'ont vu en su cacher , et tronper la vigilance des commis.
r - lui que le plus pur patriotisme et un attachement Je sais que dernièrementun de leurs commissaires
| .
- ien décidé à ses devoirs et à la constitution. avoit cousu des louis dans la doublure de son
-
Un ténoignage aussi authentique et aussi
rable pour ces braves et bons soldats nous a été
hono chapeau ; moyennant cet :: il passa heu-
- reusement avec son magot. Vous ne veillez éga
1 , transmis par différentes lettres des citoyens de lement pas assez sur la sortie des grains : sans
-
Bayonne, et entr'autres par tout l'état-major de ceux de France que l'évêque de Bâle àsu se pro
--
la garde nationale de cette ville. Nous ajouterons curer, il auroit été fort embarrassé de nourrir
à cette oocasion que Bayonne est une des cités les Autrichiens. -

: de l'empire où l'ordre , la paix, le civisme et Observ. Quand donc le soi - disant patriote
1'harmonie entre tous ses habitans et tous les ministre Lessart s'occupera-t-il de contraindre
-

-
fonctionnaires publics , ont régné le plus cons l'évêque de Bâle à faire évacuer ses défilés par
tamment depuis la révolution ; et dans ce mo les Autrichiens , qu'il y a introduits au mépris
ment où les Espagnols font des préparatifs de de ses traités avec la France ?

On s'abonne à Paris , chez BUnssoN , libraire , rue Hautefeuille , à qui l'on adressera , franc de port, el'prix
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- - Il paroît tous les jours un Numéro de ce Journal. Prix, 36 liv. pour un an 918 liv. pour 6 mois, et de 9 liv. pour
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l .
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1 D E L A F R A N C E, r,,

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T A F F A 1 R E s P o L 1T 1 Q U E s D E L E U R o P E; :: -
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J O U R N A L L I B R E, par une Société d'Ecrivains Patriotes,


dirigé par M.MERcrER, et par M. CARRA, un des Auteurs.
A UX R O I S. -

Mais enfin votre chute , à vos yeux déguisée , ----

Aura ces mêmes yeux pour tristes spectateurs,


Et votre abaissement servira de risée
A vos propres flatteurs.- RoussEAu.

No. D C C C XV I. Du Mardi 27 Décembre 179t.


- As s E M B L É E NAT 1 oN A L E. , revenir vainqueurs. Ils ont soifdu sangdestraîtres.
in.t « Loin de nous , disent-ils , la pitié qui foiblit
Séance da 24 décembre au soir. , ! au risque de la liberté. O France ! reposes-toi sur
le bras de tes enfans ! ils te feront un rempart des
I. y a eu samedi soir une séance de quelques cadavres de tes traîtres ennemis. Cependant il se
heures , occupée par des articles additionnels à peut que l'arbitre des combats juge notre mort
la loi sur la gendarmerie nationale :par un rap nécessaire à la victoire de notre parti. Eh bien !
port du comité de législation , qui propose de nous nous ensevelirons , s'il le faut, sous les
négocier auprès du corps helvétique la grace des débris de nos armes ; mais la postérité verra Rà
quarante soldats de Château-Vieux ; projet qui | monument qui couvrira notre tombeau , elle
sera imprimé et ajourné : par un discours de M. diu : ils vécurént , ils moururent libres ; Tls ne
Antoine , membre de l'Assemblée constituante, furent point vaincus ».
qui , au nom de la ville de Metz, vient faire des Une adresse souscritepar plusieurs citoyennes
protestations de patriotisme et désavouer les bruits de Dijon sollicite la suppression des grilles et
injurieux qui avoient répandu que Bouillé avoit prisons , qui sont connues sous le nom de mai- .
des correspondances dans cette ville. Enfin , par sons de religieuses.
une adresse de la commune de Sainte-Menehould, La garnison de Valenciennes fait part des
laquelle réclame la fourniture d'armes qui lui a démarches employées par les émigrans pour la
été prounise en juin 1791 . " -
rendre complice de leurs crimes et de leur dé
fection. - -

Séance du 25 décembre.
Le sieur Delattre, fils du prévenu de haute
A six heures du soir, les législateurs ont ou trahison , a eu l'assurance de paroître à la barre
vert leur séance en faveur des pétitionnaires. avec sa mère et son aïeule ; il a dit que l'arres
Les secrétaires ont lu l'extrait d'une foule tation de son père étoit un attentat contre la
d'adresses de départemens , districts , municipa constitution, et a exhorté l'Assemblée à se faire
lités , gardes nationales , sociétés d'amis de la honneur en rétractant son décret. J'allois à Co
constitution et individus qui secondent de leurs blentz ; mon père m'a donné une lettre de recom
vœux l'Assemblée nationale , et se disputent de nandation pour M. de Calonne ; la lettre est
patriotisme. Les uns appellent la guerre à grands sortie de mes mains par une trahison , je la re
cris , les autres l'atteudent avec intrépidité , demande pour la brfiler..
d'autres désignent les ennemis intérieurs ligués Monsieur, lui a dit le président , l'Assemblée
à ceux du : cx Que la faulx de la mort, a entendu avec impartialité votre demande d'un
- disent-ils , moissonne les coupables ». genre nouveau ; votre piété filiale lui offre un
On a distingué l'énergie d'un discours des dé tableau intéressant. L'Assemblée a aussi sa piété
putés du bataillon de la Charente , qui jurent de filiale , qui lui fait un devoir sacré de la conser
816
- --- r - --, rr - , 4 2390 ) . - , - r - --

vation de la patrie, notre mêre commune : votre décret d'accusation qu'il falloit. Messieurs, si
pétition sera exaninée très-sérieusement. L'As dix mille citoyens , obscurs comme celui qui a
semblée 'a renvoyée au comité d» législation. , l'honneur de palet devant vous , se fussent ras
Des voix patriotiques se
| sont
fûtélevées
ad pour
d - semblés contre la patrie , eussiez-vous différé si
demanderque la famille E)elattre fût adme dans long-tenps de nous accuser ? A quoi donc a tenu
la séance. ( Qne ne lui votoient-ils des remerci- . votre lenteur ? Est-il donc aussi une caste privi
mens ! ) Les péititionnaires se sont fait plus de légiée pour le crime ?
1justice , ils ont disparu. - Il y a près d'un an que Mirabeau a provoqué
On a admis à la barre , et introduit dans la ici, à cette tribnme , un décret d'accusation
séance des citoyens dont la patrie a droit d'être contre Condé, et cependant alors il n'y avoit
losieuse , une députation du bataillon des as quarante mille émigrans réunis ; alors des
** Nousvenons, dit la garde * frères de Louis XVI le plus jeune dormoit
nationale, remercier l'Assemblée de ce qu'elle a , dans son exil ; l'autre, fidèle à la politique des
: à la promotion de M. la Fayette à la princes, restoit au milieu de nous , et il nous
p ace de général : nous attendons de l'Assemblée : rassuroit par des sermens.
nationale la paix au dedans de l'empire , l'acti -- Mirabeau connoissoit bien les honnes : Mira
vité des : constitués, la direction de l'es beau n'est plus, et Condé respire un air libre.
pritpub i c ni en-deçà ni au-delà de la constitu Mes ieurs, les mânes de Mirabeau sont ici ; je
tion ; enfin l'ordre dans les finances. Pendant vous conjure par elles d'être fermes ;nous ne
qu'elle se livrera à ces vastes travaux, lesgardes voulons pas la mort des traîtrès, il suffit qu'ils
fuient ; qu'ils aillent mandier superbement dans
nationales et l'armée la feront respecter au dehors.
Une autre députation parisienne, à la tête de les cours ; que la liberté , hideuse à leurs yeux,
laquelle étoit M. Louvet , dans un discours très les suive par-tout ; que les nations amies du peu
brillant et fréquemment applaudi , demande que le, lequinom
: seradeleur libérateur, refusent à ces trai
francois. n , » r
le décret sur les énuigrans, paralysé par le veto , -- 4r - - - - ----

soit converti en un décret d'accusation , sur le Si ces nouveaux Tarquins trouvent des Por
qnel le veto n'a point de prise. .. -- . : . ' senna, mon pays aura plus d'un Scévola. Nous
Voici comment il s'exprime : , -- -
demanderons à l'Etre suprême s'il a voulu que lé
: Dés traîtres , qui se disent encore f angois , monde appartînt à quelques frêles tyrans; nous
entourent notre patrie. Il faudra bienôt que la lui demanderons s'il veut que la terre les porté
yengeance nationale aille ar-delà le Rhin dé enCOre . -

-
-

ployer le drapeau rouge * nation françoise a Se pourroit-il que la coalition fût formée contr
juré la constitution , elle ne foiblira jamais sur la France ?Le moment est-il venu où nos légions
son serment. La nation françoise n'est qu'en doivent se précipiter par torrens sur la terre de
France ; signifiez aux factieux , d'outre Rhin l'esclavage : il est temps d'appeler ici les plénir
n'une, lo***rebelles n'est que la minorité potentiaires des nations, ils viendront signer ,
* la nation , et qu'on ne traitera jamais avec elle
-
-

-
au nom des peuples , une paix universelle. ' ,
comme a ec une puissance. - Cette pétition est des enue une motion dans la
- Ils veulent des priviléges , les rebelles : ils se bouche de MM. Isnard et Grangeneuve; et, sur
disent les aînés de la nation : dignes aînés du pre l'observation faite par M. Goidet , que le décret
nier des hommes , ils ont soif du sang d'Abel. ayant donné aux défectionnaires le délai du reste
Imprimez sur leur front une marque distinctive , de l'année , il seroit possible que d'ici là letroi
qu'ils traînent par-tout après eux leur accusation. . en sanctionnant , et les émigrés en rentrant ,
* A Versailles, tout l'univers le sait , ils vou fissent cesser les alarmes publiques , il est dé
loient étoufler la liberté; leurs mains parricides crété que la motion deneure ajournée au premier
étoient trop foibles. Foibles Catilinats , ils ont pauv1er 1792. - -

fui ; nous, magnanimes , nous les rappellions, On a vu à la tribune l'avignonois Duprat,


nous leur conservions le titre flatteur de princes , chef du parti Monteux , échappé à la poursuite
quand ils méditoiont de nous rendre esclaves. du tribunal qui instruit sur les faits de la nuit du
, Le décret sur les émigrans nous paroissoit . 16 au 17 septembre. M. Duprat , en protestant
juste , un mot l'a anéanti ; ce mot , nous le res de son innocence , dénonce les commissaires ,
pecterons tant qu'il sera constitutionnel ; mais , singulièrement M. Mullot, les ministres , le
messieurs, ce décret étoit insuffisant : c'étoit un commandant des troupes , la municipaiité d'A
--
( 2391 )
vignon et le tribunal. Sa pétition , sur le vœu de françoise doit bien distinguer dans Léopold deux
M. Mullot , est encoyée au comité. personnages , dont l'um , qui nous déclare la
Un citoyen de Paris, M. Letailleur, avoit été guerre, n'est que l'empereur , et l'autre , notre
arrêté par ordre de M. le maire , sur le mandat fidèle allié, qui est le monarque autrichien-hon
que voici : « Le connité de surveillance , d'après grois et duc de Brabant, doit conserver la paix
une lettre qui lui a été remise, datée de Coblentz, avec nous, et conserver les Pays-Bas intacts de
signée le comte de la Marck, qui approuve les notre part , tandis que comme empereur il por
dispositions prises par M. Letailleur pour faire tera le fer et la flamme dans notre Lorraine et
sauser le qnartier Saint-Jacques de Paris, le co notre Alsace. . - -

mité est d'avis qu'il est urgent de s'assurer de la * Mais si tel est le jeu conceré entre le cabinet
personnie du sieur Letailieur. - Signés , Fauchet de Vienne et celui des Tuileries, si Léopold
et Merlin , membres du comité x2. t o ... » étend conserver le tratté de 1756 tout en nous
Il a été vérifié que la lettre de Coblentz étoit isant la guerre, qu'il'môus fournisse donc, aux
pseudonyme ; M. Latailleur a été reconnu immo termes de ce traité , vingt-quatre mille hommes
cent et mis en liberté. Il vient à la barre deman dans celle que nous allons avoir incessannent
avec les électeurs de Trèves et de Mayence ; qu'il
der le nom de ses dénonciateurs et une indemnité.
emploie ces vingt-quatre mille hbnnes à enlever
Quelqu'un a crié qu'il falloit livrer aux tribunaux
le comité de surveillance , et nominativement | la petite armée des princes fançois rebellés ,
MM. Fauchet et Merlin. Une voix plus instruite | cautonnés dans ces deux électorats ; qu'aprés
a dit que le plaignantasoit toujours la soie de avoir fait risonniers de guerré les frères et les
justice réglée. L'Assemblée a passé à l'ordre du | cousins de L8uis XVI , il lire ces réoles à la
pour , en se séparant à ou heures du soir. natte cour nationale de France, séante à Orléans.
-
- Ators nous pourrons croire que Léopold, de
- - -- - -
, v'i , ..,,:, ** , * , ... .. d , -- | Brabant , reste l'allié fidèle des François
, quoi
Copie d' e lettre adsséa dua douté | qu'il entre dans la guerre de l'empire gérmaniquie
, l' Assemlée na4 ega4editée de Pouai contre éux. Bien loin delà , ce Léopold renforce
ses armées dans les Pays-Bas , ét de plus on
*ppa*t
Il selsd,rasé
*

front
1 , ,

*nois légienens
tenens :
à sortiqu*
| :lon *uie
, relativen ent nonce qu'il va faire entrer dir mile Wommes
lI

*& B*tbingo s*é l'était de neutralité. Une | dans l'« lactorat de Trèves , pour y dérrar,
contre
éstafette arrivée avant-hier à Bruxelles, y a ap rebellesles armes francoises , l'electeur et les
porté là nouvelle d'un avertissement donné par - i i * ci-devant
° *
Francois.
_
- - -- -

i _ - --
'empereur à tout le cor s germinique » de se - d « on ! oe « l - , ,. , - - b
stenir pi'é à marcher contre la France. Les Era - à l . Le vale est entièrement dechiré. . »
bançons n'en iront pas moins leur train : il y a - -- , t « rt -- r 1 * e n .
à paieiiti'a antûn mois : * :
-

sonne nous as ez frahis,


Tetts* els iioyeiis sont ès- tissans; les archi beries du comité autrichien des Tuileries com
- - -- r . - -- , - - « - - * - - --

ducs, qui ne les connoissent pas, ont déja perdu bi nees avec Léopola sont-elles assez é,identes ?
la tête. Bruxelles est sans-dessus-dessous , Namur Ce : vient de sanctionner le conclusum
de la diète germanique , donner le signal de la
*'est dépalissadé, et toutes les munitions qui s'y
trouvoient viennént dê re transportées à Lux ent
bourg* Il paroît que les confédérés brabançons -
----
uérre conre
4- 1 * - -

qu'il ne pouvoit s'en,


nous ;»,
-
et

*is bien ô il vous


1spenser : - ct
: e

: c': 3r le non qu'ils, prennent ) sont sûes de - ffmpire :* sa qualt tr s f de l


*ésir ** t ' " : * -- - - . : . maison
. . d'Auitriche
- 1 - ' , ,, , et çoinme alié du roi
-- ---- - l - - : - », t
* \ Obs. C'est dans de telles circonstances que l'en deviendra médiateur entre v ous et les énugiés
nereur vient dé nous déclarer la guerre comme , veut jouer.
rebelles.. Voilà le double rôle qu'il
chef de l'Empire ; il espère sans doute que le ca Je l'avois prévu dans mon discours du 21 de ce
binet autrichien des *** a sez d' in nois ; j'avois dit le secret de cet 11 fâne complo,.
*fluence sur la nation t ses représentans pour Ainsi , d'un côé , Léopold nous fera la gtr 1 re ,
* empêcher les François ilel'attaquer dans sa par , et de l'autre il lrosestera de son anté pour ja
tie foible, qui est le Brabant. C'est dans cette France , afn que Il O t13 n'entrons as * les
* vne apparemment ' qii'un M. La croix " v ient de - pro inces belgiques, car voilà toute sa craine ;
publier une bille lettre dans la Gazette univer et vons verrez que Louis XVI , parfaitement
selle , dont le but est de preuver que la nation d'accord avec son beau-frère, écartera toujours
-
( 2392 )
l'idée d'une attaque par les provinces belgiques. belgiques et à Liége, c'est là où doivent eom
Grand dieu ! et nous nous laisserions ainsi con mencer nos triomphes. CARRA.. --

duire à notre perte ? nous serions assez lâches et : - --


-
* - -

assez stupides pour voir le piége et ne pas nous - - t - - - « -


en garantir ? Non , citoyens, non ; c'est au per • --
Aux auteurs des Annales,
- n , - -

fide Léopold qu'il faut faire la guerre : la guerre,


- L'Orient , le 16 décembre ,
la guerre , la guerre à Léopold ! ! ! c'est dans -- l'an III de la liberté.
- - -

les provinces * età Liége qu'il faut com La société des amis de la constitution, à l'Orient,
mencer à soulever les peuples contre leurs tyrans : sentant , messieurs , tout le danger qu'il y auroit
c'est ainsi , et de proche en proche, que la dé que les sociétés cessassent de correspondre entre
claration des droits de l'homme et l'étendard de elles , et croyant que l'affermissement de notre
la libertéporteront bientôt leur divine influence constitution dépend de la communication des
jusqu'au fond de l'Allemagne , et détruiront idées de tous les bons citoyens, a arrêté de pu
successivement les efforts des tyrans ligués contre blier par la voie des journaux qu'elle continuera
nous. Ah ! citoyens , ne vous aveuglez pas , de recevoir toutes les lettres et paquets qui lui
voyez dans tout son jour la perfidie de la cour seront adressés par ces sociétés.
des Tuileries et de celle de Vienne toujours Nous vous invitons , messieurs, de rendre cet
combinées , marchant toujours ensemble : on a arrêtépublic par la voie de votre journal.
senti que pour cette fois il ne falloit pas fuir, Les commissaires à la correspondance, Mou
mais rester, afin de paralyser par d'absurdes et quet, G. Enouf, Duquesnel fils aîné , Arnoul.
magiques veto l'Assemblée nationale , et de - - « l , - - - - , , ,,
diriger la guerre comme on voudroit, et empê
'cher sur-tout que cette guerre ne se portât dans M A D R 1 D , le 22 novembre.
les provinces belgiques : voilà le grand mot de M. d'Urtubise, chargé des affaires de France,
l'énigme! - a dépêché pour Paris un courier, qui avoit at
, Mais, quoi ! Léopold trame depuis deux ans tendu ici quinze jours après la réponse du cabinet
une coalition de tyrans contre notre sainte li espagnol , sur les secondes tentatives faites près
berté; il la trame avec la cour des Tuileries ; sa de notre cour par le ministère françois , pour le
trane aujourd'hui n'est plus équivoque, et nous porter à reconnoître la nouvelle constitution, et
balancerions à punir ce chef de tyrans , le plus acceptation libre de sa majesté très-chrétienne.
cruel des ennemis de la France et de l'huma Cette réponse a été donnée verbalement ;- le
nité !!! Nous balancerions à délivrer les Belges chargé des affaires l'a écrite sous la dictée du
de l'oppression funeste où ils sont ! nous balan ministre espagnol ; elle porte littéralement ,
cerions à nous réunir à eux, ainsi qu'aux Lié « que le roi n'avoit pas encore assez d'expérience
geois, pour augmenter nos forces et étendre la de la conduite des * envers leur roi et
- circonference de nos remparts ! Non , nous ne envers l'Espagne , pour pouvoir donner une ré
serons point assez aveugles, assez stupidespour ponse cathégorique ». L'on est curieux d'appren
laisser conduire nos armées ailleurs que dans les dre quelle sensation fera en France ce renvoi à
contrées où les peuples opprimés et soupirant l'avenir. Il est conforme au parti que l'Espagne
après la liberté nous tendent les bras. Non, les paroît avoir pris de temporiser. D'abord ce n'é
soldats-citoyens et les citoyens-soldats ne mar toit pas son systême ; l'exemple de la Russie et de
cheront point là où les traîtres ont calculé notre la Suède l'animoit, pour ne point parler de celui
erte ou d'inutiles victoires ! Est-ce après avoir de quelques électeurs d'Allemagne ; il semblojt
insolemment violé la constitution par deux veto même que les liaisons formées à ce sujet avec les
· absolus, et mis dans le plus grand danger le salut cours de Pétersbourg et de Stockholm , alloient
de vingt-cinq millions d'hommes , qu'on espère entraîner bientôt des démarches décisives , où
encore conduire la guerre au gré de nos enne l'on se flattoit de voir prendre part les cours de
mis? Ah! citoyens, ne sentez-vous pas tout votre Turin , de Lisbonne et de *
, soit par des
sang bouillonner ? ne rougissez-vous pas, comme troupes ou de l'argent ; mais la modération de
moi , d'une iridignation profonde en voyant tant la cour de Vienne a arrêté tout-à-coup ces me
de perfidies accumulées, et tant de projets atro sures; l'on s'est déterminéà donnerquelque chose
ces sur le point d'éclater ? La guerre ! la guerre ! à la prudence durant l'hiver , et à attendre les
- contre Léopold : marchons dans les provinces évènemens,
-
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1 -

- -- - Paris 26. - les traîtres qui, désespérant de rétablir d'en


- , blée l'ancien régine dans toute sa plénitude ,
Avis très-important. - : commencer par ébranler la constitution
TPArRi o rEs ... Vous vous éndormez sur votre dans ses bases, l'égalité civile et politique, et
bon droit, et sur votre grante majorité : les : luuiéé du corps législatif, pour nous ramencr
ennemis de notre constitution et ceux de notre bientôt après sous la ccnstitutiou - de Constan
liberté, veillent sans cesse et sont unis entr'eux, tinople. Voici de nouveaux faits publiés par le
par un esprit de malveillance , qui se répand atriote Gorsas, et qui concourent à prouve»
usques sur les détails. Ils se trouvent dans tous 'existence de ce complot : -

** ieux-publics, et ils y pratiquent des intrigues : - -


1
ils manoeuvrent , ils échauffent les esprits : les Pas de calais, .
- -
progrès qu'ils font dans les spectacles, sont surtout -

remarquables. Ils ne quittent ni la salle , ni le " On nous écrit de ce département, dit-t-il, un


foyer , ni les loges ( 1 ) d'acteurs et d'actrices, - fait qui mérite d'autant plusde publicité, qu'il
de danseurs et de danseuses, de chanteurs et de - découvre un des chaimons de la grande chaîne
cantatrices ; ils y forment des cabales : ils s'in que le pouvoir exécutif étend insensiblement
sinuent dans les bonnes graces des coulisses et autour de nous, pour ensuite la resserrer à
despremiers sujets, ou bien ils lesgourmandent l improviste, et nous ramener «lans un cercle
et les persécutent, selon qu'ils rencontrent leurs - étroit et plus odieux que celui que nous avons
rincipes perfides, ou des principes contraires. brisé, et dans lequel nous géuuissions sous l'an
e cette sorte , ils parviennent trop à altérer cien régime.Une funeste coalition existe bien
1'esprit-public , à faire jouer les pièces qu'ils
veulent, à faire retirer ou fléchir celles qui leur
:
entre le seigneur suzerain de la
iste civile, ses ministres et la grande majorité
déplaisent, et même à faire siffler ceux des acteurs des départemens. On sait que le catholique
ou des actrices , qui sont les mieux connus par - Delessart a invité, il y a environ cinq semaines,
leur civisme et ** talent , selon qu'ils leur tous les départements à envoyer à : un de
voyent remplir des rôles, plus ou moins dignes leurs membres, avec des instructions. Il est facile
de nos institutions nouvelles,.. PATR1 oTEs ! de saisir le but secret de ce comité des LXXXIII,
Surveillez domc et tenez-vous unis, même à tous chargés, en apparence , du vœu des 83 sec
nos théâtres. Trouvez-vous y , et que votre tions de l'empire. Ce qui prouve qu'une grande
nombre imposant, y fasse respecter nos loix , et immense trame s ourdit, c'est le secret im
motre nation , notre constitution et notre liberté pénétrable dont s environnent les directoires :
Ce point est de la plus haute importance. des agens secrets vont, viennent, circulent de
-- - toutes parts, : taiter les opinions et attacher
Paris 27. , le barpon.Tel a été le but du voyage de Biribi
- Chapelier à Rennes et ailleurs; tel est même
-
-

Nous avons fait connoître hier, par l'article le but, mais en plus grand/, du voyage minis
Bordeanx , qu'il existe un nouveau complot - tériel de M. Narbonne, qui est enfant de la
contre la constitution, dont le moyen d'exé famille, et qui chassera de race. L'un des signa
cution consiste à rassembler dans la capitale taires de la fameuse pétition de nos vetogogues,
un nombreux concours de députés extraordi parcourt dans ce noment la ci-devant province
naires des villes et départemens du royaume , d'Artois et par de là. Il est arrivé il y a en
pour opposer bientôt cette assemblée, ou plutôt , viron six jours à Arras, où il a visité les corps
cette coliue, à l'assemblee des véritables repré - administratifs; il n'a pas dissimulé , dans ses
sentants de la nation , et tenter l'introduction cotteries, l'objet de sa mission. Cet honorable
du systême des deux chambres. Ce systême est agent est M. Briois dit Beaumetz, non d'une
en ce moment à l'ordre du jour parmi tous terre où il est détesté. Cet émissaire des Tui

) 1 ) On a vu hier 25 au concert du théâtre de la rue Feydeau aux galeries une fille publique qui avoit une
espèce de pouf, fond noir , sur lequel étoient brodees trois deurs de lys d'or , et ces mots en grosses lettres :
avive le rvi.
2398
leries, au moment où l'on nous écrivoit, par beaucoup tous les patriotes de ce pays. Nous
la voie du département , recevoit ordre du craignons beauconp par raison , que le roi ne
ministre de partir sur-le-champ pour Paris : veuille pas sanctionner le décret contre les prê
fait dont la preuve est acquise, malgré le voile tres réfractaires.Je suis bien fraternellement
dont les administrateurs se sont enveloppés.
- MEssiEURs.

- Francfort , du 13Décembre. Votre bon frere et ami, BAsTIDE,


: Nos banquiers continuent toujours à fourmir cnré de Gion de Mamou.
de grandes sommes à vos énigrés. Derniere
ment encore on leur a assigné dix millions dans
cette ville. Et ne croyez pas que tout cet argent
vienne de la Russie qui n'a que du papier , de Chàlons-sur-Saône, le 14 Déc. 1791,
l'Autriche dont les * sont très dérangées,
et dont l'esprit économique frise l'avarice. U ne SOCIÉTÉ des Amis de la Constituuion,
grande partie vient de la France et de l'Espagne. établie à Châlons-sur-Saône.
Suisse , le 15 Décembre. .
AUx A u T E U R s D E s A N N A LE s.
--
Les émigrés françois viennent d'envoyer ici
un M. Castelnau en qualité d'ambassadenr, pour LE Décret sur les émigrés, et celui sur les
prier le cantons de ne point renouveller leur prêtres réfractaires doivent sauver l'Enpire.
capitulation avec la France. L'ambassadeur de c : l'un et l'autre sont frappés du veto.
cette cour de mouvelle date , tâche de persuader ll faut donc que les amis de la constitution
que le roi dans la situation où il se trouve , ne élevent la voix, et que les jourmalistes patriotes
sauroit contracter aucun engagement valable ; et éclatent. -

il assure que si la capitulation est renouvellée , Notre Société vient en conséquence de déli
les puissances étrangères qui ont de nos troupes bérer, au nom des citoyens de Châlons-sur
à leur solde, nous les renveront sur le champ, Saône , de faire une pétition au Roi pour le
et rompront avec mous. -
supplier de retirer ses vétos. Elle adressera cette
-

pétition aux Ministres de la Justice et de l'Inté


rieur, avec priere de la faire parvenir au Roi,
-- Gion de Mamou , ce 2o Décembre 1791. et de l'appuyer : elle en enverra en même-tems
- t - - - une copie à l'Assemblée natiouale. -

Exemple à suivre par les Directoires, Munici La Société invite toutes celles de l'empire de
palités et Départemens. faire la même pétition.
- Dr P U 1 s que le département du Cantal, Sans doute qnand le Roi connoîtra l'opinion
Messieurs , s'est rendu â Aurillac , les arristo générale , il la suivra et ordonnera l'exécution
de deux loix salutaires. -

crates et prêtres réfractaire n'y sont pas si fiers ;


l'ancien curé de Pers , paroisse du district d'Au Nous vous prions donc, Monsieur , d'insérer
rillac, ne cessoit avec ses vicaires de fanatiser cette invitation dans votre prochain Numéro ,
et d'annoncer en outre à tous nos amis, que nous
cette paroissse qu'ils habitoient encore. Le nou
veau curé s'en étant plaint au département , le desirons qne cette correspondance fraternelle
curé réfractaire et ses vicaires ont eu ordre de qui unissoit les différentes Sociétés, reprenne
SOIl COlllS .
sortir de Pers dans les vingt-quatre heures, les -- - |
officiers municipaux de Pers ont été nandés Nous sonumes , Messieurs et Freres,
pour rendre compte de leur conduite , et le
procureur général syndic , est chargé de dénom La Société des Anis de la Constitutiou
cer à l'accusateur public, l'ex-curé, les ex-vicaires de Châlons-sur-Saône.
et les officiers municipaux, pour être poursuivis
suivant l'exigence des délits; si tous les départe Signés, GEoRGERAT, ex-président; RoYER ,
mens montroient autant de vigueur, les prêtres Curé , Secrétaire ; JoLY, Secrétaire ;
réfractaires ne désoleroient pas comme ils font,
les canpagnes et les villes , et la paix remaîtroit MAURICE, jeune ;MoaEAu ; TURET,
dans l'intérieu du royaume. Le véto que le roi - --

à posé sur le décre contre les énigrants , allige


ANNALES PATRIOTIQUEs ET LITTERAIRES
D E L A F R A N C E, - ,
-

ET A F F A I R ES P o L I T I Q U E s D E L' E U R o P E,

J O U R N A L - L I B R E, par une Société d'Ecrivains Patriotes ;


dirigé par M. MERcr ER, et par M. CARRA, un aes Ateurs.
A U x IR O I s.
Mais enfin votre chute , à vos yeux déguiséo ,
Aura ces mêmes yeux pour tristes spectateurs ,
Et votre abaissement servira de risée
A vos propres flatteurs. RoussEAU.

No. D C CC XV I I. Du Mercredi 28 Décembre 179t.


AS S E MBL É E NATION A L E. volontaires , ainsi que le demande M. Narbonne
- par une lettre datée de Valenciennes.
- Séance du 26 décembre. Des dépêches venues de Saint-Domingue an
- comité colonial , annoncent que tout est tran
LJe brigade du quatrième régiment de cava- | quille dans les parties du nord et de l'ouest de
lerie, ci-devant Lorraine, est partie pendant la | cette isle. Les révoltés sont réduits à un nombre
nuit de la ville , et passée chez l'étranger avec [ peu considérable , et leur situation est très-cri
chevaux , armes et bagages. tique. Le concordat entre les blancs et les gens
Le lendemain au matin , les portes de la ville | de couleur a été signé dans la partie de l'ouest
ont été trouvé fermées : la municipalité de Sarre- | avec franchise et loyauté : les deux partis ont
bourg qui envoie le procès-verbal de cette défec- | juré d'être fidèles à la nation, à la loi et au roi,
tion, suspecte fortement le sieur Deffier, lieute- | et de maintenir la tranquillité. L'Assemblée en
nant-colonel, qui commandoit dans la place. Parmi | voie les pièces au comité. -

les personnes qui ont parlé sur ce fait important, Au nom des comités diplomatique , militaire
M. Bazire s'est fait remarquer par une sortie vi- | et des finances , M. Genson et a fait le rapport
goureuse contre le ministère qui affecte, dit-il, | de la demande que le roi a faite de 2o millions
d'affoiblir nos frontières en en confiant la dé- | de fonds extraordinaires pour la guerre. L'avis
fense à des régimens étrangers et à des hussards. | des comités est d'accorder au ministre de la guerre
MM. Dumas et Daveyroult se sont levés pour | les 2o millions de fonds extraordinaires , pour
c r ifier le patriotisme de ces régimens , et après | qu'il rende compte, quinzaine par quinzaine, de
quelque débat, l'Assemblée décrète que son pré- | leur emploi.
sident prendra, auprès du ministre de la guerre, " Le comité des secours demande 22 miliions à
des renseigncnens plus positifs sur le caractère | répartir dans les départemens, aux hôpitaux ,
et les principes de M. Deffier. maisons de secours et attetiers publics. Projet
L'Assemblée reçoit avec sensibilité l'hommage | ajourné après l'impression et la distribution.
de quatre assignats de 25 liv., envoyés par quatre L'Assemblée envoie au conité de législation
citoyennes qui ne se nomment pas, et destinés | un ménoire remis par le ministre de la justice,
à l'entretien des troupes de la frontière. sur l'établissement des jurés.
On envoie au comité militaire la proposition Le président élu est M. François , ci-devant
très-civique de M. , officier de la garde na- | Neufchâteau , vice-président.
tionale parisienne, qui offre de lever et d'équi Séance du 26 déccmbre au soir.
per, à ses frais, une compagnie de soixante-trois
grcnadiers pour l'armée la Fayette. Sur la moindre apparence que la patrie est en
Une séance extraordinaire est indiquée à ce | péril, il ne devroit pas être un seul honne, vrai
soir pour terminer l'organisation des bataillons l *ent digne du nom de citoyen, qui dût marchan
817
w -- 7 r r

der son intérêt particulier, sa liberté, sa vie peut devenir dangereuse.Tant qu'il y aura deux
néme! Mais voyez que nous sommes loin encore sortes de patriotisme , tant qu'il y aura deux
de connoître toute l'étendue de cette vertu par partis dans cette Assemblée , janais nous n'au
excellence qu'on appelle le PATRIoTisME ! Hier rons de véritable liberté, ni tranquillité.
M. Letaillcur est venu froidenient se plaindre à Je demande qu'aucun membre de l'Assemblée
la nation d'une errour commise dans sa personne nationale ne soit membre d'aucune autre assen
par les sentinelles de la mation , tandis qu'ii de blée délibérante , d'aucun club , d'aucune so
voit doublement s'énorgueillir , et d avoir été ciété. Je le demande , non pas comme une loi,
trouve innocent , et d'av oir servi d'enseigne à la mais comme une invitation ;j'espère qu'elle aura
vigilance publique. Le comité a é é d'avis qu'il tout l'effet qu'on peut attendre , et je m'engage
étoit urgent de s'assurer de sa personne : ce à m'y soumettre le premier.
n'étoit pas un ordre , c'étoit un coup de tam Les uns applaudissent, les autres réclament
bour.. Osez donc reprocher au tambour d'avoir l'ordre du jour. Sur la motion de M. Grange
trop bien fait son des oir !.. neuve, il est décrété que la sentinelle qui a ar
Ces réflexions , offertes ce soir par M. Grange rêté M. Merlin , sera amenée à la barre. Des
neuve à l'Assemblée nationale , l'ont déterminée
huissiers vont exécuter le décret, et rapportent
à faire réformer le procès-verbal du 25; et la lettre que la séance des feuillans est levée, et qu'il n'y
du comité de surveillance au maire de Paris y a plus de garde.
demeurera qualifiée, non pas d'ordre, mais d'ia- | Cette annonce opère de nouveaux mouvemens,
vitation. . - -

auxquels le président a mis fin en séparant l'As


La séance étoit particulièrement consacrée à semblée.
compiéter la loi sur l'organisation des bataillons
Séance du 27 décembre. -
de la garde nationale volontaire , et en effet il --

en a été, sur le rapport de M. Lacuée , dé Le département d'Isle et Vilaine est désolé par
crété nombre d'articles que nous rapporterons des troupes de brigands et de gens sans aveu,
très-instamment. qui ont l'effronterie d'exciper de la constitution
Mais la séance a été distraite et abrégée par un qui leur assure , disent -ils, la liberté illimitée
incident qui senbloit devoir être absolument étran- | d'aller et de venir où et comme bon leur semble.
ger à i'Assemblée. Le club des feuillans étoit en ! Le département, par l'organe de M. Lecoz, son
convocation : des membres de l'Assemblée na- | é êque, demande qu'on rétablisse , pour ce mo
tionale ont été arrêtés par la garde dans les cor - ment d'incertitude, la loi des passeports. Motion
ridors du club, et même à la porte des feuillans, | env oyée au conité de législation.
m'ayant pas la carte particulière. M. Lacroix est Au même comité est envoyée la proposition
monté à la tribune pour se plaindre de la con- faite par M. , de proroger jusqu'au 1er jan
signe du club , qui fermoit l'avenue de la salle vier 1793 , l'époque à laquelle les greffiers des
nationale. L'officier de garde a été mandé : il a juges de Paris doivent remettre la minute des
dit que la carte du club étoit triangulaire , que | jugemens aux tribunaux de districts.
celle des députés étoit ronde , et qu'il s'étoit ! M. Amelot envoie à l'Assemblée le relevé
renfermé dans les ordres qui lui avoient été
approximatif des biens nationaux vendus et à
donnés. On a passéà l'ordre dujour. vendre dans quatre-vingt-dix districts; cet état
, Bientôt après M. Merlin a paru , et après se monte à 27o millions , qui, joints aux états
avoir eu quelque peine à se faire entendre , il a déja envoyés par d'a tres districts , forment un
dit qu'allant au comité de surveillance il s'étoit total d'un milliard 5o3 millions dans trois cent
vu arrêter par des sbires et conduit au club des ; vingt-deux districts.
feuillans, où il avoit été insulté de paroles, et , L'Assemblée nationale applaudit vivement à
même de voies de fait. ces expressions, extraites d'une lettre des com
- Cette plainte a élevé un grand tumulte. M. | missaires de lagarde nationale du Port-au-Prince
Girardin demande qu'elle soit envoyée aux com (à Saint- Domingue ) : « En exécution de vos
missaires de la salle. Que tous les clubs, s'écrie ! décrets , nous avons reconnu les droits des gens
M. Lacroix , sortent du territoire de l'Assem de couleur , nous vous envoyons le concordat
blée. - Que tous les clubs , dit un autre, sor que nous avons passe avec eux ».
tent de Paris. - Je vois avec douleur , répond Sur le rapport de M. Blanchon , l'Assemblée
M. Jaucourt, les tristes effets d'une rivalité qui " a décrété plusieurs dispositions relatives au dé
v -- / -- r

lacement de spapiers qui sont aux archives , et ses rapports intérieurs et extérieurs dans les cir
ont les comités de l'Assemblée ont besoin pour constances présentes.
leurs travaux. Il prémunit le peuple contre l'erreur où les
A l'ordre du jour intervient un autre décret , ennenis du de dans voudroient le plonger sur ses
lequel statue « que la retenue du cinquième grands moyens de défense. -

s'exercera par l'état sur les intérêrs des sonnes Il témoigne des regrets sur l'usage que le
dues aux créanciers des corps administratifs , pouvoir exécutif a fait du veto. li appelle la sur
communautés religieuses , corporations judi veillance des magistrats sur les prêtres séditieux
et sur les ci-devant nobles conspirateurs. -
ciaires , communautés d'arts et métiets. Les
rentes à quatre pour cent seront exemptes de la Il prévient le peuple du complot tramé pour
retenue lorsque les parties l'auront ainsi stipulé». avilir l'Assemblée nationale, pour décréditer les
Une lettre du naire de Paris annonce les in assignats, et pour jetter les citoyens dans la las
quiétudes que le public a conçues à l'occasion situde et dans les dégoûts. -

des rixes élevées entre les deux clubs des jacobins Il rappelie , au nonu de la patrie, au nom de
et des feuillans. Il demande que l'Assemblee na - la gloire et de la liberté, la bouillante activité
tionale décide si le local occupé par le club des du François et son'indomptable courage.
feuillans est dans l'enclos de l'Assemblée natio Il place dans un tab eau , dont la touche est
nale, enclos dans lequel l'Assem blée s'est réservé nale et lumineuse , les maux affreux , incalcu
la police, ou si ce local peut être regardé comme lables » les dilapidations , les désordres , les
sujet à la jurisdiction des magistrats de Paris. massacres , les guerres civiles qui seroient les
, « Il n'est pas douteux, disent MM. Lacroix suites des progrès des contre-révolutionnaires.
et Goupilleau , que le local des feuillans ne soit Il prend le peuple françois et l'univers à té
moin de la fermeté que l'Assemblée nationale
du territoire de l'Assemblée, et il est encore plus
constant que les séances du club gênent les opé va déployer. Jamais , non ,jamais , la constitu
rations du comité de surveillance ». tion ne vacillera dans ses mains. -

- Sur cette matière , le comité d'inspection a Les représentans des françoispériront , s'il le
présenté àr l'instant même un rapport donu le 1 é faut , pour les saintes loix de l'égalité potitique,
sultat a été adopté à l'unanimité. En consé source de tout bonheur et de toute gloire.
quence il est décrété « qu'aucune société ou club - Puisque le moment est venu où le peuple fran
ne pourra s'établir dans le bâtiment des feuillans, çois dont prendre la place que lui narquent ses
afin que l'Assemblée nationale ne soit point hautes destinées, qu'il suive sans crainte ses re
troublée par les rixes et les batteries de ces présentans. Le jour n'est peut-ê re pas éloigné où
les rois porteront avec orgueil le titre de citoyen
clubs ».
On a entendu ensuite un rapport du comité de frangois, comme ils porèrent celui de citoyen
ronau n.
l'ordinaire des finances et un projet de décret , -

en conforumité duquel l'Assemblée, en déclarant . Cette lecture a été vivement applaudie. Il est
l'urgence , décrète que la somme de trente mul ordonné que le projet sera mus à l'impression
lions, en assignats de la création du 29 juinlet distribué et rapporté.
dernier , et destinée à retirer de la circulation M. Lessart , qni a , par interim , le porte
une pareille somme en assignats de deux mille feui.le de la guerre , a rendu coup e de la tour
livres , sera employée au service de la caisse de née de M. Narbonne. Ce ministre faut faire à
l'extiaordinaire. Sarrebourg une information sur le fait de la dé
Ces trente millions seront remplacés partrente se t1on d'une brigadie de la garnison.
autres millions à prendre sur la création de trois
cents millions qui a été décrétée. Cette nouvelle Motion de M. Marimin Isnard , faite dans
somme servira à ret 1 1 er de la circulation les assi
la séance de l'Assemblée nationale du 26
gnats de plus forte valeur qui seront indiqués par décembre 1791 .
l'Assemblée nationale.
L'Assemblée , qui s'étoit distribuée dans ses Je convertis en motion la pétition que vous
bureaux pour élire un vice-président, est rentrée venez d'entendre : oui, je demande que t'Assem
sans avoir formé un vœu de pluralité absolue. blée mette en état d'accusation les princes éni
M. Vergniaud propose à l'Assembtée la rédac grans et 'ous les chefs des conjurés. Vous ne
tion d'un projet d'adresse au peuple françois, sur Pouve* Plus , messieurs, différer ce décret sans
fouler aux pieds la constitution , ssns insulter de la liberté du nouveau monde sont la Provi
aux loix , sans trahir tous vos devoirs. Il n'est dence, les écrits des philosophes, parmi lesquels
plus possible d'objecter que le crine des révoltés on ne voit point ceux de M. la Fayette ; puis
est douteux. La France , l'Europe, l'univers, le Franklin et les membres du congrès ; puis le
public , et le roi vous a dénoncé lui-même ses général Washington , si célèbre à juste titre , et
frères le jour qn'il est venu vous demander cent cent unille braves américains, allemands et fran
cinquante mille hommes pour les conbattre. çois, parmi lesquels M. la Fayette a sans doute
Quoi ! les Varnier, les Tardy sont aux fers, sa cent millième portion de gloire, voilà tout.
et les Condé , les d'Artois ne sont pas même Les vrais fondateurs de la liberté en France
accusés ! ... O honte des représentans du peuple ! sont également la Providence et les écrits des
ô puissance des grands ! ê impuissance de la jus philosophes ; puis les électeurs de 1789 , les ci
ice ! Ah ! que le philosophe Anacharsis avoit devant gardes-françoises , unis aux braves Pari
bien raison , lorsqu'en parlant des loix il les siens , qui ont pris la Bastille , et parmi lesquels
comparoit aux toiles d'araignée qui ne prennent on n'a vu paroître M. la Fayette que cinq jours
uc les mouches , tandis qne , comme a très après cette première époque de la révolution ,
* dit Raynal , la loi doit étre un glaive qui pour en recueillir tous les fruits ( ce qui est
se promène sur toutes les tétes , et qui ** constaté par les procès-verbaux des électeurs de
tout ce qui s'élève au dessns du plan %* 1789 , du 1 1 au 18 juillet ); puis les vrais pa
tal sur lequel il s'éneut. Il s'en faut bien que triotes de l'Assemblée constituante, qui, planant
jusqu'ici nous ayions imprimé ce mouvement au sur tous les évènemens , a posé les bases de la
laive de nos loix. Vous venez de voir à cette constitution. Voilà la vérité et la logique des
f* un fils , une épouse , une mère qui vous hommes libres. CAR RA. -

demandoient la délivrance du sieur Delattre , de


cet homme que vous retenez au secret , parce Grenoble.
qu'il a eu seulement la volonté d'envoyer son fils
auprès, de M. Calonne , tandis que ce même Sur les représentations de la commune du Mo
Calonne, dont la vie n'est qu'une longue cons nestier de Clermont, que leur ancien curé trou
piration , n'est point encore accusé. Pourquoi bloit l'ordre dur canton , le directoire vient d'ar
ces égards ? Seroit-ce parce qu'il a dévoré vos rêter que le sieur Fauron, curé du Monestier,
trésors, creusé l'ablme du deficit , sur les bords sous trois jours évacueroit la cure, et sortiroit du
duquel la France demeure encore suspendue ? canton , et qu'en conséquence M. l'évêque du
Non , c'est parce qu'il est un de ces hommes département sereit prié de choisir un desservant
qu'on appelloit grands , et qui , à ce titre , à la cure du Monestier de Clermont. Nous nous
avoient le droit de commettre impunément tous eunpressons d'applaudir à cet arrêté et de le rendre
les crimes. public , afin d'effrayer les perturbateurs du repos
Je vous dis, messieurs , que vous ne pouvez, public. -

sans être lâches et parjures , différer plus long Observ. Les administrations des départemens
temps le décret d'accusation , et je demande que ont en main les moyens de contenir les prêtres
la discussion sur cet objet s'ouvre sur le champ , réfractaires et séditieux ; aucun veto ne peut les
ou bien qu'elle soit renvoyée à un jour très enpêcher d'en user. Que les administrateurs pa
prochain. triotes se servent avec vigueur de ces moyens :
au défaut de la loi qu'un veto vient de frapper de
- PA R I S, le 27 décembre. nullité, qu'ils consultent la loi suprême du salut
du peuple ; qu'ils fassent tout ce que cette loi
Je désavoue hautement l'erreur insigne et l'in commande ; et dans le cas ou le pouvoir exécutif
digne flagornerie qui se sont glissées dans la ré oseroit les inquiéter et les troubler dans l'exer
daction de l'article AssEMBLÉE NATIoNALn , cice de leurs fonctions , qu'ils appellent à l'As
séance du 24 décembre, nº. 814 des Annales semblée nationale ; la constitution confère au
: seconde colonne, au lieu où il est pouvoir législatif le jugement suprême des dé
dit que M. la Fayette étoit le fondateur de la mè,és qui peuvent s'élever entre les ministres et
liberté des deux mondes, Les vrais fondateurs les corps admin stratifs,
On s'abonne à Paris , chez Bunsson , libraire , rue Hautefeuille , à qui l'on adressera , franc de port, el Jpri
de l'abonnement et la lettre d'avis, et toutes les lettres pour les Auteurs des Annales patriotiques.
Et chez tous les Libraires et Directeurs des Postes du Royaume ot de l'Etranger.
ANNALEs PATRIOTIQUEs ET LITTERAIREs
D E L A F R A N C E, - . -

- - --

ET A F F A 1 R E s P o L 1T 1 Q U E s D E L E U R o P E,
J o v R N A L L 1 B R E, par une Société d'Ecrivains Patriotes, ,
- -- dirigé par M. MERcrer, et par M. CRR, un des Auteurs. 1
-

: r 1
A U x R o 1 s.
Mais enfin votre chute , à vos yeux déguisée,
Aura ces mêmes yeux pour tristes spectateurs , -

Et votre abaissement servira de risée


A vos propres flatteurs. RoussEAU.

No. D C C CXV I I I. Du Jeudi 29 Décembre 179t. - -

A SS E MBL É E N A T I O N A L E. la discipline dans l'armée, de la pompe guerrière


et des marques extérieures de la confiance na
Séance du 27 décembre aa soir. tionale , accède à la proposition faite par le mi
nistre de la guerre , et approuvée par le comité
I, nous manque un traité philosophique de l'in militaire ». .
fluence que peuvent avoir les localités et les L'Assemblée a entendu ensuite , sur l'état des
formes extérieures sur la pensée des hommes frontières de l'empire, un rapport fait r le co
rassemblés , et sur le dernier résultat de leurs | mîré mititaire, d'après les mémoires du bureaa
délibérations. Plus d'une fois l'Assemblée cons de la guerre et des officiers du génie; en voici le
tituante s'est ressentie de cet empire du terrein résultat :
dans la salle qu'elle a occupée si long-temps à Toute la frontière du nord à l'est est bordée
Paris , et que remplit aujoard'hui l'Assemblée sur deux lignes de qnarante-sept places fortes
législative.Ces angles où tous les yeux ne peu qui se trouvent dans l'état le plus formidable
vent pas pénétrer, ont servi de foyer à plus d'un ces placessont celles de Dunkerque, Gravelines
complot obscur qui a croisé la volonté univer Bergues, Cassel, Saint-Ouner *: Lille,
selle. Nos législatenrs, instruits de cet inconvé * , Marchiennes,Condé, Bouchain, Douai,
nient, et voulant l'éviter pour eux-mêmes, ont le Quesnoy, Cambrai, Maubeuge, Landrecy,
Avesnes, Guise, Rocroy, Charlemont, Givet,
chargé leurs connaissaires de s'assurer les moyens
Mézières, Bouillon , Sedan, Rhetel, Carignan ,
d'arriver au meilleur ordre possible. Ce soir le
conité de la salle a apporté ses vues, appuyées Stenay , Montmédi, Longwy, Clermont, Ver
sur le sentiment d'artistes distingués ; et l'As dun ,Jametz, Thionville, Sarlouis, Metz, Sar
semblée a consacré ce nouveau plan du prytanée, uemine, Bitche, Wissembourg, Haguenau ,
d'après lequel il paroît dénontré que la voix des * Schelestadt, Colmar, Neuf Brissac ,
orateurs se répandra plus également sur toute Huningue, Béfort et Besançon.
l'Assemblée , et qu'il sera plus facile d'établir Il y a cent trente mille hommes effectifs ; les
le calne et la méthode au milieu des délibé places sont hérissées de bouches à feu ; i y a
rations. deux grands trains d'artillerie de campagne , de
Le comité militaire , par l'organe de M. Du neufcents pièces de canon, et trois mille chevaux
- mas, a présenté le projet de alécret qui détermine - tout prêts pour les traîner sur l'ennemi.
la création de deux places de maréchaux de Les places sont approvisionnées pour fournir
France pour MM. Luckner et Rochambeau. à l'armée pendant toute la campagne prochaine.
« L'Assemblée, considérant l'avantage qu'il y La poudre à canon dans tous les arsenaux de
a pour l'état à encourager et récompenser d'une France est, non compris celle de la marine , de
manière éclatante le mérite de ces deux géné dix-neuf millions de * pesant.
raux , et à les environner , pour le maintien de Les frontières d'Espagne , de Perpignan à
818
-- - - - _ ( 24oo-- * )-- . -, - --- : - - -- r ,
-- - - - - r - r - --
Bayonne, sont foiblement fortifiées ; mais les lons de valontaires nationaux , qui les forment
Pyrénées , rempart naturel, en rendent l'abord aux exercices militaires , et qui ont mérité leur
impraticable à une armée pendant la majeure gonfiance j conserveront leurs places après le
partie de l'année. On propose d'en rétablir les licenciement des volontaires , quand la guerre
laces sur le pied de guerre. Du côté de l'Italie, sera terminée ».. - - - - - r
* Alpes sont unebarrière inaccessible. Les côtes Le comité des domaines fait un rapport sur les
de la Méditerranée , depuis Saint-Paul jusques dissensions qui règnent dans la maison Saint
rès de Perpignan , celles de l'Océan , depuis Lazare de Paris, entre les vieux officiers et su
* jusqu'à Dunkerque , sur troi» cents périeurs pourris d'aristocratie et de fanatisme ,
lieues de long , sont défendues par nos places rebelles au serment civique, et les jeunes prêtres
--
marltimes. qui les accusent de tyranniser le jour, et de dé
-----------

Les forts avancés , dont tous nos. ports sont valiser la nuit. Sur l'avis du rapporteur , il est
couverts , les protègent de manière à ne laisser * décrété que le monastère discordant est mis sous
rien à craindre. - la surveillance de la municipalité.
Résumé géné al. - Forces inertes. Frontières On a reçu une pétition très-touchante de M.
d'Allemagne , fortifiées sur deux lignes. Dix Duchenin , oncle de deux orphelins , dont le
mille pièces d'artillerie de places ou de campagne père ardent patriote a été égorgé à Montauban
et six millions de boulets, non compris l'artille le 1o mai 179o, par le fait de cette coupable mu
rie de la marine , c'est-à-dire plus que n'en a le nicipalité, que l'Assemblée constituante suspen
reste de l' Europe, Cent vingt-cinq mille fusils dit alors de ses fonctions. Le procès en réparation
actuellement en magasin et qui sont neufs , se poursuivoit à un tribunal du district de Tou- .
excepté trente-cinq mille qui demandent des louse, lorsque l'amnistie est venu retirer les mu
réparations. nicipaux de dessous le glaive de la loi. M. Du
. Forces actives. Deux cent, cinqnante mille chemin demande à la nation , pour les deux en
homunes actuellement , levés , non compris. les
-

fans infortunés , une pension jusqu'à l'âge de


auxiliaires qui vont l'être incessamment , et non vingt ans. Les faits de sa pétition sont attes és
-
-

compris cinquante - quatre bataiflons de gardes |


-
-
-
* Dupui-Montbrun, député du Lot, témoin
nationaux qne les départemens sont en retard de oculaire : la demande est envoyée au comité des
fournir, Ainsi nos forces au printemps prochain pensions , et le pétitionnaire a été accueilli par
pourront être de quatre cent mille hommes. - toutes les marques de la sensibilité nationale.
: * Toute notre terre , qui est celle de la liberté,
-

Séance du 28 décembre.
-

|
-

--

et une des plus belles et des plus florissantes de l


"l'univers , est couverte de soldats qui conbat . | MM. Garan, Bazire, et quelques autres zéla
tront , non pas pour la gloire de : indi | teurs de l'égalité politique , ont représenté que
|
vidus , mais pour leurs femmes , leurs enfans, les principes en étoient offensés par le décret qui
leurs propriétés les plus chères : l'Europe entière a créé hier deux nouveaux maréchaux de France,
-
* coalisée contre nous , nous n'avons rien mais la majorité de l'Assemblée a cru devoir per
à craindre; l'Europe entière seroit vaincue , et sister dans les notifs qui ont déterminé cette dé
tous les despotes anéantis. cision instantanée., - -

• Sur la no ion de M. 1)unas, il est décrété que On a passé à une lecture générale des décrets
" ce rapport sera imprimé et envoyé aux 83 dépar concernant les bataillons des frontières : tous les
* tenens. Il n'est pas douteux que le patriotisme articles sont revus et consacrés. -

ne s'électrise à l'aspect d'une position si bril


, - L'Assemblée est allée dans ses bureaux pro
lante, et que le citoyen ne s'empresse de con céder à l'élection d'un vice-président, et M.Da
courir à la défense de ses foyers , en acquittant veyroult a eu la pluralité absolue. -

l' imposition. Que celui qui voudra désormais On a envoyé au comité d'institution , après
- refuserà l'empire françois , la fleur de l'univers » lecture faite , un mémoire du directoire du dé
- un hommage d'admiration , apprenne à lui payer partement de Paris , qui demande l'extinction
l'honmage de la terreur. - , , de l'université, l'établissement d'écoles primaires
-

* Sur un autre rapport de M. Lacroix, et en con dans chaque section de Paris avec les fonds de
" formité de son vœu, l'Assemblée, après quelques l'université.
débats , a décrété « que les officiers des troupes Le comiué des finances a fait une troisième
- de ligne qui se sont incorporés dans les batal lecture de son projet de décret sur la résidence
«
( 24o1 )
exigible des créanciers de l'état. Ce décret a été de commerce de Marseille. On passe à l' ordre
adopté définitivement , ainsi qu'il surit : du jour. - n - t - -- * n *
, 1º. Tout citoyen françois , porteur de recon
M. Lessart présente l'état des dépenses dn dé
noissance de liquidation provisoire ou défini partement de l'intérieur pour 1791 , etl'apperçu
tive , ne pourra ére admis à en recevoir le pour 1792. La dépense faite est de 582 millions ; »
montant qu'en représentant les certificats de il porte à 4oo mliions la dépense à faire.
résidence habituelle exigés par les décrets pré - - l- - -
cédens. - - -- | --- - T ,- l - 1 n ,
20. En cas de cession ou transport des recon Extrait d'une lettre de Mantmédi, au 2
moissances , ceux qui en seront porteurs seront .. . - décembre. | | -- -
*

assujétis aux mêmes formalités. Les receveurs " On a fait des logemens pour trente mille
de district seront responsables des paiemens qu'ils hommes dans l'électorat de Trèves : les troupes
auroient faits en contravention au présent dé s'approchent vers Siek ; l'empereur en fournit,
Cret, - - - -
- -

c'est une chose avérée. Kinglin commande un


.. 39. Les membres de l'Assemblée nationale, le corps à Growmaker , duché de Luxembonrg.
roi , les ministres , les administrateurs , et tous | Nous desirons ici qu'on mette en état d'accusa
les autres fonctionnaires dont la présence à leur tion les princes, et qu'on défende définitie
poste est de notoriété publique , sont exemptés nent l'émigration. Nous sommes en état de
de cette disposition. - - guerre ; les choses doivent changer, et il est its
:. Les créanciers de l'état dans les colonies, les tant de veiller sur-tout à la désertion. Les em
négocians qui ont transféré depuis peu leurs éta baucheurs se répandent et l'on craint tout , jus
blussemens en France , jouiront de la même qu'aux mesures prises par le roi... Notre 'an
exemption. guste Assemblée nationale doit êre le véritable
M. Lessart a fait au nom du roi cette notifica et le principal centre de ralliement de tous les
tion officielle : " -

bons citoyens et leur grand espoir.. – On nous


- « A peine l'électeur de Trèves a-t-il eu con apprend de Luxembourg que le con insnn de la
noissance , par les journaux françois , du dis diète est pour la guerre. Pouilly, chf de diision
cours du roi à l'Assemublée nationale , le 14 de des émigrés , l'a répandu avec allégresse dans
ce mois , que l'altesse électorale a prié M. de Luxembourg. Il y a quelques anglois qui lèvent
Vergennes , ambassadeur de l'rance , de faire un régiment à Coblenz. Mais gare aussi nos vo
parvenir au roi nn office de sa part. | lontaires , gare aussi les possessions des émigrés
, Dans cet office , daté de Coblentz , l'altesse s'ils ne reviennent. - - -
| - --- -- -
électorale dit qu'elle ne mérite pas le reproche --

-
d'avoir favorisé les rassemblemens des françois -

émigrés ; qu ils n'ont dans ses états que l'usage La guerre, la guerre, la guerre"ontre I'opoi * !
de l'hospitalité , comme ils la trouvent sur les Plus on examine les précautions et les insinu -
, terres de l'empereur-roi ; que dans l'élcctorat de tions que les ministériels se hàtent de répandre
. Trèves , à Coblentz, Worms , etc. les émigrés dans les papiers qui leur sont dévoués pour nahs
. ne font aucun exercice militaire , qu'ils n'v for cnpêcher de soulever ies provinces belgiques et
, ment aucuns corps rnilitaires, et n'y font aucnne ; les Liégeois , plus nous der ons persister à porter
- démonstration hostile ; qu'ils n'on point de ca nos vues et nos étendards de ce cô é là. Eh !
mons , point d'armes : enfin l'électeur déclare voilà ce que ces tyrans redoutent tant, Que vient
qu'il prendra des mesures pour montrer son atta nous dire M. Lacroix , professeur du Lycee .
«henent et son respect en vers le roi ».
- dans la Gazette univers ete du 26 de, ce, noie ?
« Au reste, ajoute le ministre , l'envoyé chargé est-il aussi chargé de nous endormir ? Quo ,l
* par le roi de porter à l'électcur sa dernière invi noms nenace de la Prusse , de l'Angleterre et de
tation, a ec terme définitif et fa al au 5 janvier, la Hollande si nous entrons dans les tro atcs
a été rencontré en roue par le courier qui a belgiques ? Il suppose donc que ces trois pus
- apporté l'office et la promesse anticipée de l'élec sances , si elles soi er - rrr activement lain , la
teur. Le roi attend des explications précises en coalit on, n'y croient pas également dans une
réponse à son invitation. guerre dirigée seulemen contre le corps gruna
-- M. Cahier lit un mémoire dont les conclusions
tendent à suspendre la suppression de la chanbre
mique ! Une telle supposition est une pre inte
d'irréexion ou de nauvaise foi , car un des
( 24e2 )
grands moyens pour nous est de réunir à nos claré contre la France, et que le ministre de la
étendards les Delges et les Liégeois nos voisins , guerre ne sbit pas le précurseur de quelque évè
et de les opposer à nos ennemis communs. La nement singulier ? N'est-ce pas Léopold qui a
peur que M. Lacroix témoigne de nous voir conduit, avec le comité autrichien des Tuile
entrer dans la Flandre autrichienne est aussi ries, la grande trame dont on voit aujourd'hui
inpolitique que suscepte et perfide. Léopold, tous les fils ? qui a souffert tranquillement que
empereur , fournira son contingent d'Empire les princes ecclésiastiques de l'Allemagne insul
pour nous faire la guerre , et nous devons le tassent continuellement la France; qui a fourni
laisser en paix et distinguer Léopold empereur, lui-même de l'argent aux princes énigrés ; qui
de Léopold roi de Hongrie et de Bohême ! C'est dans ce moment augmente considérablement le
ainsi qu'un professseur avilit sa logique, et qu'il nombre de ses troupes dans ses possessions voi
ose nous conseiller une fausse marche dans le sines de la France, et qui , au nuoment où l'on
monent de danger où nous sommes ! Mais, dira s'y attend le moins, appuye vivement les récla
t-on, la Hollande et la Prusse viennent de ga mations menaçantes des princes possessionnés
rantir à l'empereur les provinces belgiques. Eh ! en Alsace , quoiqu'il ait respecté le pavillon
qu'importe cette garantie ! ce n'est qu'une vaine national , quoiqu'il ait fait mine d'expulser
pr canton pour nous cn imposer et nous empê les émigrés de ses provinces, queiqu'il ait ma
cher de profiter de la fermentation qui règne en nifesté les dispositions les plus pacifiques à
ce moment dans les provinces belgiques, dont notre égard, selon le discours de Louis XVI ?
toutes les places sont ouvertes ; fermentation Eh ! qui devons-nous donc attaquer , si ce n'est
que je regarde comme un effet de la Providence, notre plus cruel , notre plus dangereux ennemi,
qui veut nous présenter par là un des grands LÉoPoLD ???? C.
moyens de combattre les tyrans et d'opérer de --

proche en proche des insurrections nationales par -


-

A L. L E M A o N x.
tout. M. Lacroix nevoit donc pas que si nous com
mencions par user notre courage et nos armes
L'envoyé du roi de Prusse auprès de la diète
contre les troupes du corps germanique qu'il de Ratisbonne a notifié le 9 décembre à cette
regarde comme redoutables, l'empereur auroit assemblée l'adhésion de son maître, comme élec
seul tout l'avantage des suites d'une pareille teur de Brandebourg , à la déclaration faite par
guerre dont il profiteroit bientôt et contre notre l'empereur relativement aux réclamations des
constitution et contre le corps germanique lui princes allemands possessionnés en Alsace; l'en
même ? Croit-il d'ailleurs, M. Lacroix , que la voyé de Prusse a ajouté que l'alliance qui vient
ressource des manifestes et des adresses du peuple d'être conclue entre les cours de Berlin et de
françois aux peuples voisins , n'est pas la plus Vienne a pour base essentielle le maintien et la
, efficace de nos armes ? Eh bien ! si la Prusse
garantie de la constitution germanique.
et la Hollande nous attaquent, nous y réveille Obs. Il est très-permis de douter de la sincérité
-rons, comme ailleurs, l'instinct ou l'énergie de de cette dernière partie de la déclaration , et de
la liberté ; nous assignerons des récompenses et croire au contraire que la nouvelle alliance de
des terres aux soldats étrangers qui viendront se deux grandes puissances dont la rivalité garan
ranger sous les étendards de la liberté. Qu'il tissoit ci-devant la sûreté et la liberté du corps
nous prouve donc , M. Lacroix, que les deux germanique, finira par opérer la ruine et l'asser
cours de Vienne et des Tuileries , comme le dit vissement de cette république de princes.
1 le patriote Gorsas, dans son courier du 26 de ce
mois, ne sont pas d'accord ensemble pour un
plan de contre-révolution ; que la menace faite Nota. C'est par erreur que nous avons mis
par Louis XVI aux princes allemands n'a pas été dans le nº. 817 , séance du 26 décembre , ligne
une précantion pour prévenir l'indignation du 2 , une brigade de ci-devant Lorraine , au lieu
epeuple , au moment où Léopold se seroit dé de la Rcine. q e . -

on s'abonne à Paris , chez Bunsson , libraire , rue Hautefeuille , à qui l'on adressera , franc de port, el prix
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Et chez tous les Libraires et Diregteurs des Postes du Royaume et de l'Etranger.
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ANNALEs PATRIOTIQUES FT LITTÉRAIREs
DE LA F R A N C E,
ET A F F A I R E S P O L I T I Q U E S D E L'E U R O P E,
J O UV R N A L L I B R E, par une Société d'Ecrivains Patriotes ,
dirigé par M. MERcrea, et par M. CRRA , un des Auteurs.
A 1U X \ O I S.

Mais enfin votre chute , à vos yeux déguisée,


Aura ces mêmes yeux pour tristes spectateurs ,
Et votre abaissement servira de risée
/ A vos propres flatteurs. RoussAu.

Nº. D C C C X I X. Du Vendredi 3o Décembre 1791.


A S S E M B L É E N A T I O N A L E. La caisse de l'extraordinaire versera en outre
treize milluons trois cent mille livres pour les dé
- Séance du 29 décembre. penses particulières de novembre ».
L'ordre du jour a amené la discussion sur la
La multiplicité des adresses qui viennent de demande en versement de 2o millions d'extraor
- tous les départemens sur toute sorte de matières, dinaire pour les dépenses de la campagne. Lcs
consommant chaque jour , même en extraits, un comités diplomatique , militaire et des finances
temps précieux que réclame impérieusement la . par l'organe de M. Gensonnet , proposent de
chose publique ,il est décrété, sur la motion de décréter que les commissaires de la trésorerie .
M. Bigot, que le comité de législation appor tiendront , à la disposition du ministre de la
tera incessamment ses vues sur l'exercice du guerre , ao millions de fonds extraordinaires . a
droit de pétition au corps législatif compter du 1er janvier prochain,à la charge par
le ministre de rendre compte , tous les quinze
Au district de Mondoubleau, département de
Loir et Cher, quelques habitans de la commune jours , de l'emploi de ces fonds.
M. Brissot
d'uneest
de Joui , ayant à la tête un maréchal ferrant leur monté à la tribune. Dans un
discours grande étendue , mais exempt de
procureur-syndic, et un sieur Roled, comman
dant de garde nationale , ont eu l'audace de se longueurs, il a passé en revue l'état des puis
transporter au chef-lieu du district, d'en vou sances européennes en regard avec la France. Il
loir brûler les archives et les administrateurs a montré
la l'Angleterre s'intéressant noblement à
liberté constitutionnelle, l'empereur craignant
même , et de déclarer qu'ils ne vouloient pas l'insurrection de ses propres
payer d'impôt pour 1791.. La dénonciation faite états , le forfante .
Gustave tombé dans la banqueroute et dans le
par le district est envoyée au comité de sur - -

mépris, Frédéric-Guillaune dans l 1mputssance,


veillance. -

la Russie tournant son ambition sur l'orient .. le


Sur le vœu du comité des finances , rapporté Danemarck prulent et timide , la Pologne *
par M. Cambon , il est décrété que « la recette à la cause de la librté , l'Epagne avilie par la
du mois de novembre dernier ne s'étant élevée
superstition , dénuée de forces militaires "et de
qu'à trente millions , tandis que les dépenses or ressources commerciales, la Hollande more sou,
dinaires se sont montées à quarante-huit mil
lions , la caisse de l'extraordinaire versera , à la tyrannie , la po"lace des potentats allemands
s'agitant dans une foiblesse presque risible.
celle de la trésorerie , la somme de dix-huit mil La guerre ! la guerre ! s'écrie soudain l'ora
lions , pour établir la balance entre la dépense teur; c'est la guerre qu'il nous fant , c'est la
et la recette.
guerre qni rétablira nos finances. Deman lons
Cette somme scra réintégrée à la caisse de l'ex comme les Spartiaes , où sont nos ennemis et
traordinaire lors de la rentrée des impositions. aon pas coubien ils sont. Oui , je le dis haute
819
U 7.4v4 J

ment , s'il se trouve des Porsenna , il se trou


vera aussi des Scevola.
blée , porté par : membres au roi ,
" traduit dans toutes lesangues de l'Europe , et
Que toute autre considération s'anéantisse envoyé aux 83 départemens et à toute l'armée.
devant celle de notre grandeur ! Les intrigues de Le ministre des affaires étrangères annonce
notre ministère ne sont pas dignes de nous oc que le roi de Suède a enfin reçu la notification
cuper. Ne jettons pas les yeux sur les promenades de l'acceptation du roi , mais qu'il n'a pas ré
éternelles de ces négociateurs qui ne négocient ondu.
rien ; que nos ministres ne veuillent pas la ré L'Assemblée reprenant l'ordre du jour décrète
volution , la nation la veut , et la nation est la livraison de vingt millions au ministre de la
tOut.
guerre ; le surplus ajourné à dimanche.
-

--
L'opinant examine les nombreux outrages que
les François, que la majesté de la nation fran PA RIS, le 28 decembre.
çoise a éprouvés en Espagne, en Russie,
Suède, en Allemagne et en Italie. Le 19 de ce mois le tribunal séant au Palais
Cette oraison, vraiment romaine ( dont nous a condamné Charles-François Lamy - Evette ,
donnerons la suite demain), a obtenu le plus Antoine Dunand et Joseph-François Vidaud, à
grand succès : l' mpression et la distribution en être pendus à la place du Palais-Royal , comme
ont été ordonnées à lapresqu'unanimité. fabricateurs de faux assignats.
La discussion est interrompue un instant. On
lit et on envoie au comité colonial une lettre du Dans la séance du 26 courant , le ministre de
-
gouverneur Blanchelande, en date du 22 octobre, la justice a annoncé qu'il seroit peut-être néces
qui écrit qu'en ce moment la colonie de Saint saire de suspendre l'établissement des jurés ,
Domingue est encore agitée par le soulèvement qu'il combloit cependant d'éloges. Il croyoit
des noirs ; que le concordat,signé entre les gens que nous n'étions peut-être pas mûrs pour cette
de couleur et les blancs , est mal reçu par beau institution ; il élevoit mille objections. C'étoit
coup de colons blancs. s'y prendre un peu tard , car le juré doit être en
M. Hérault reprend la discussion : « Le temps activité au 1 er janvier.
est venu, dit-il, où il faut jetter un voile sur la M. Girardin s'est élevé avec force contre cette
statue de la liberté ». -
suspension , qu'il regardoit conne le coup le
M. Condorcet propose un projet de manifeste plus mortel porté à la liberté; il a annoncé que
à publier dans les états des princes qui nous ne cela tenoit à une manœuvre qu'il dévoileroit un
nacent. Il y rappelle, que la nation françoise \ jour, et que si le ministre n'avoit pas établi le
renoncé aux conquêtes. Les peuples étrangers ne juré dans le temps indiqué, il falloit exercer sur
seront point ses ennemis; elle emploiera toute sa lui la responsabilité. - Renvoyé au comité de
force pour les garantir , pour les protéger. législation. ( Extrait du Patriote françois ).
Les François , forcés à faire la guerre , se
conduiront sur le territoire étranger comme sur
Note de M. l'abbé Fauchet.
le leur ; ils n'outrageront point la nature : ils
seront justes envers ceux même qui leur intentent Pendant que M. Lessart disoit de vaines pa
une guerre injuste. roles pour justifier ses perfidies réelles , Claude
Ils ne verront que des frères dans leurs adver Fauchet écrivoit sur le bureau de l'Assemblée
saires , vaincus ou désarmés ; ils ouvriront les nationale la note suivante, qu'il auroit appuyée
bras à tous ceux qui imploreront leurs secours ; des pièces justificatives qu'il avoit en main , si
ils défendront leur constitution ; ils respecteront on lui eût accordé la parole : -

l'humanité. J'avois dû exposer, messieurs, dans une pers


C'est ainsi que la nation françoise fera, pen pective générale , que le ministre , accusé d'une
dant la guerre, plus de bien aux nations que les m unière formelle sur deux points de prévarica
tyrans pendant la paix ; et ceux même qui osent tion dont les preuves sont complètes , n'étoit à
se dire les maîtres des hommes n'auront à crain l'abri de reproches sur aucun des grands objets
dre d'elle que l'autorité de son exemple. de l'adninistration qui lui étoit confiée. On s'est
Un applaudissement universèl a couvert cette attaché aux objets dont la preuve consommée n'é
lecture.Sur la motion de M.Dumas , il estdécrété toit pas si clairement acquise. Mais n'est-ce rien,
que ce manifeste sera authentiquépar l'Assen- l messieurs ,que les réclamations des diverses par

--
( 24oa ) .
ties de la France sur les desseins d'un ministre ticulièrement des vôtres, messieurs , des vôtres
qui favorise les prêtres réfractaires dans tous les qui sentent la justice et adorent la patrie.
- départemens, qui laisse flotter toute3 ses mesures
pour l'approvisionnement des pays méridionaux
où manquent les subsistances , et qui n'arrête Encore un petit mot sur la proposition de com
point l'exportation des grains des pays septen mencer la guerre en soulevant les Belges et
trionaux, où elles étoient abondantes ? La cherté les Liégeois contre leurs tyrans.
qu'il objecte s'y est mise par l'exportation même. Ah ! généreux François , peuple si bon , si
Nos grains sont vendus chers , mais pour des humain, ne commencez point la guerre par les
assignats , aux étrangers qui achètent ces assi provinces belgiques ; vous dérangeriez tous les
gnats à bas paix , et nous sont revendus plus chers plans de Léopold et du comité autrichien des Tui
encore pour des écus qui achèvent de mettre dans leries. Qu'avez-vous d'ailleurs à craindre de l'ar
les mains de ces étrangers le reste de notre numé mée de l'Empire, qui ne sera tout au plus que de
raire. Voici des lettres , messieurs , qui vous quarante mille hommes, et qu'on exposera tout
prouveront que ce n'est pas sans motifs que j'ai exprès contre vos cent cinquante mi le hommes
fait cette énonciation. pour les faire battre tout à l'aise ? Vous voyez
J'aurois lu les lettres , et j'aurois ajouté :bien que Léopold n'a ratifié le conclusum de la
Qui pourroit être assez aveugle pour ne pase diète que pour vous procurer des victoires cer
voir dans le ministère dirigé par M. Lessart le taines sur les troupes de l'Empire , dont les
projet le plus complet de bouleversement dans siennes font partie. Ainsi laissez-vous conduire
l'empire ? Les prêtres perturbateurs soutenus et par son beau-frère et ses ministres ; ils vous mè
favorisés , les administrateurs perfides que dé neront par le plus beau chemin du monde. Tel
testent les patriotes, applaudis par le ministre , est le langage , peuple françois , que l'on vous
qui s'en fait gloire ; les bleds disparoissant des tiendra bientôt et à différentes reprises pour vous
pays fertiles et n'arrivant point aux pays dépour empêcher de toucher au véritable but qui vous
vus ; les loix sur les impositions envoyées deux convient, celui de provoquer et soutenir les
mois trop tard, par la faute , dit-on , de l'impri insurrections nationales dans la Belgique , à
merie du roi ( pitoyable excuse, avec laquelle Liége et tout autour de vos frontièrers. On vous
on ponrroit paralyser toutes les loix les plus dira que l'arnée de l'Empire n'est que de qua
urgentes ); le cops législatif diffamé par des rante ou cinquante mille hommes ; mais on ne
proclanations royales; toutes les mesures propres vous dira pas qu'aux prenières trahisons prépa
à réprimer les perturbations, les enrôlemens, les rées contre vous , et dans vos armées , et dans
énigrations , les agiotages , les massacres , la vos places frontières , si ces premières trahisons
dissolution entière de l'ordre; toutes ces mesures réussissent , d'autres armées étrangères vien
ou affoiblies , ou retardées , ou contrariées , ou dront se joindre d celles qui auront commencé
complètement annullées, voilà les chef-d'œuvres la campagne et entamé vos provinces; on ne vous
du ministère de M. Lessart , qui n'a passé aux dira pas que peut-être on se propose, au moment
affaires étrangères, où il n'entend rien, que parce où les armées ennemies seront en présence , de
qu'il savoit le secret des intrigues contre-révo faire arriver subitement Louis XVI pour tenter
lutionnaires de Montmorin : c'est assurément un si l'armée ou une partie de l'armée nationale
homme de génie , car il en faut pour préparer françoise ne voudra pas le suivre dans l'armée
ainsi avec impunité la ruine de la liberté pu des rebelles, réunie à celle de l'Empire. Croyez
blique et la destruction de la patrie. J'acheverai moi , je ne parle pas au hazard. Si l'Assemblée
de le peindre lors du rapport du comité de lé nationale est assez foible et assez peu instruite
gislation ;je jetterai tant de lumière sur son por des droits souverains du peuple qu'elle repré
trait, qu'on sera forcé d'yvoir toutes les nuances sente pour laisser diriger au pouvoir exécutif
de la vérité. Alors , messieurs , si par des vues la guerre oà il la veut diriger , soyez sûrs que
de politique que je ne comprends point, il n'est tout est prepare pour tourner cette guerre à la
pas mis en état d'accusation par l'Assemblée na perte de notre liberté et au profit seul du roi et
tionale , il y sera mis par la France, l'Europe et des émigrés. Il faut la guerre ; nais il faut la
la postérité ; sa condamnation , par je ne sais commencer dans la Belgique et à Liége pour
quelle prudence , ne sera pas dans vos bouches, soutenir la sainte insurrection de ces peuples
mais elle nartira de tous les cœurs libres - et Dar contre leurs tvrans - et donner l'éveil nn - ----
v a qww .

peuples de proche en proche. En entrant dans les n'y a pu faire les réparations nécessaires , et les
Provinces belgiques ,vous annoncerez la paix à deux Puissances de Darmstadt et Cassel ne sau
tous les habitans qui veulent être libres , vous roient fournir, àbeaucoup près, assez de troupes
respecterez les moindres chaumières , et vous pour la défendre. En un mot , pour faire échouer
direz que vous n'avez de querelle avec personne le plan de ces cours , il snffiroit que le brave pa
qu'avec un nommé Janus-Léopold, qui se dit triote Kellermann passât le Rhun près de Ger
Propriétaire de plusieurs millions d'hommes , et * mershein , à quatre lieues de Worms , avec un
qui forme des conjurations contre tout le genre détachement de cinq mille hommes. Alors les
humain.Voilà le véritable jeu, la véritable guerre troupes de Darmstadt et de Cassel seroient obli
que nous devons faire au dehors , et à coup sûr gées de se tenir sur leurs gardes , ne sachant si
tous les peuples et les soldats mêne seront de le détachement se porteroit à Darmstadt ou à
notre avis , et tous chanteront bientôt à leur Hanau. Il y a à Mayence trois régimens , à
tour : Ca ira , ca ira. C. Darmstadttrois ou trois et demi, un à Giesen , et
trois à Hanau. Les soldats de Hesse-Cassel sont
extrêmement mécontens du landgrave , paree
Extrait d'une lettre de Francfort, du 14 dé qu'il les traite comme des bêtes de somme : eux
cembre.
et la plupart de leurs officiers , assez éclairés
« Les fugitifs d'outre Rhia sont plus occupés ur sentir les avantages et la dignité de la non
quejamais : ils paroissent réunir tous leurs efforts velle constitution , se décideroient aisément à -
pour faire enfin une tentative sur les frontières. : au service des françois libres. Dans toutes
Presque toutes les diligences leur apportent des es contrées du Rhin le peuple est très-favora
barrils d'argent. Dernièrement les princes ont blement disposé pour la constitution françoise,
acheté des chariots à Darmstadt et à Cassel. Ce
quoiqu'il ne la connoisse que par des fragmens
pendant leurs munitions ne sont pas fort consi échappés à la vigilance de la police. En consé
dérables, mais ils comptent sur les magasins de quence, il seroit à propos que les François, en
la France : ils entretiennent une correspondance entrant en Allemagne ( ce que tous les patriotes
suivie avec les officiers aristocrates de l'intérieur.
allemands attendent avecimpatience), portassent
Par leur moyen, et par celui des prêtres fanati dans ces contrées un extrait de leur constitu
ques qu'ils méprisent aussi bien que la religion , tion , et le répandissent avec profusion. Il fau
ils espèrent renverser bientôt l'édifice de la cons droit que cet extrait fût sinple et court, et qu'il
titution françoise ; enfin l'électeur de Trèves, à exposât d'une manière frappante tous les avan
la prière réitérée de ses états qui ne veulent pas tages que cette constitution offre aux dernières
exposer le pays à sa ruine pour quelques traîtres classes du peuple : rien n'est plus aisé, car pour
que leurprince appelle ses cousins, l'électeur de comprendre et aimer cette constitution , il ne
Trèves a défendu tout rassemblement aux éni
faut ni érudition ni philosophie abstraite ».
grés; mais cette défense n'est qu'en jeu. L'élec A la suite de cette lettre sont des réflexions
teur de Mayence qui ajuré à la nouvelle consti sur la mauvaise foi des électeurs de Trèves et de
tution une haine de prêtre, c'est-à-dire implaca Mayence , qui ne feront exécuter aucunes des
ble, ne sait encore quel parti prendre. M. d'Al mesures qu'ils ordonneront publiquement contre
bini, son digne chancelier, a, dit-on , gagné un les rebelles françois attroupés sur leur territoire.
mal de tête très-opiniâtre en cherchant les moyens Cette lettre ayant été lue à la société des amis
de parer le coup dont les décrets menacent son de la constitution séante à Strasbourg, on char
maître. En attendant, on a cru se mettre en garde * quelques membres émigrés de l'Ailenagne de
contre une attaque imprévue des François, en aire , dans leur langue , un extrait de la cons
faisant avec Hesse-Darmstadt et Hesse-Cassel un titution , pour être distribué dans le cours de la
traité par lequel ces deux cours s'engagent à rochaine expédition ; et quelques vicaires de
jetter plusieurs régimens dans la forteresse de * aussi émigrés de l'Allemagne , se sont
* dès qu'elle sera menacée d'une attaque. offertspour aumôniers, et chargès en même temps
Cette forteresse ne peut être mise en état de dé de fournir à l'armée toutes les instructions né
fense , car depuis long-temps les dissipations de cessaires , relatives au local et aux dispositions
la cour ont tellenent épnisé les finances qu'on des habitans. -
-
----

ANNALES PATRIOTIQUES ET LITTERAIRES


D E LA F R A N C E,
ET A F F A I R E s P o L I T I Q U E s D E L' EU R o P E ;
J O U R N A L L I B R E, par une Société d'Ecrivains Patriotes ,
dirigé par M. MERcr ER, et par M. CARRA, un des Auteurs.
-- A U x IR O I S.

- Mais enfin votre chute , à vos yeux déguisée,


Aura ces mêmes yeux pour tristes spectateurs , -

Et votre abaissement serv ira de risée


loussEAU.
A vos propres flatteurs.

No. D C C C X X. Du Samedi 31 Décembre 179u.


(Nous donnerons en entier , dans un de nos grande importance, en surprenant la religion du
prochains numéros , le manifeste de la na corps législatif
Le comité considérant la nécessité de faire un
tion françoise , proposépar M. CoNDoRcEzr, grand exemple, vous propose de déclarer au roi
et décrété par l'Assemblée nationale).
* son ministre de la marine a perdu la con
ance publique ».
Le projet de décret a été envoyé à l'impression
AS S E M B L É E NAT I ON A L E. et ajourné à samedi soir.
Nous ne voulens pas omettre qu'à l'ouverture
Séance du 29 décembre au soir. de la séance il a été fait lecture de nombre
d'adresses patriotiques sur différens sujets, qui
Le temps est passé où les hommes en place ont été mentionnées honorablement et envoyées
pouvoient mentir impudemment et impunément ; aux comités relatifs. Ces adresses viennent des
il faut à cette heure qu'un ministre soit homme départemens d'Isle et Vilaine, de la Vendée
de bien, de gré ou de force : l'hypocrisie même de la Corrèze , de la Mayenne , des villes de
ne lui servira de rien, parce que toutes ses ac Lizieux , Laon , Chartres, Marseille, Orléans ,
tions, etjusqu'à ses pensées , sont soumises au Landau , Btois , Dijon , Saint-Cloud et de la
grand jour, et que la vérité dévorante ne souffre section des Gobelins de Paris.
pius ni vice trionphant ni réputation usurpée : Les gardes des ports, à Paris, viennent deman
il y en a eu ce soir un exemple effrayant. Le der d'être conservés ; les gardes de la ville de
comité de marine a fait faire le rapport des mandent d'être incorporés à la gendarmerie na
faits dénoncés par la ville de Brest , contre tionale. Les comités examineront ces diverses
M. Bertrand. « Vérification faite de toutes les pétitions.
allégations respectives, nous avons, dit le rap . On envoie au comité de liquidation celle d'un
porteur, reconnu qu'un grand nombre d'officiers colon des indes orientales , qui réclame une
de marine en activité étoient émigrés à l'instant indemnité de 5o,ooo liv. pour avoir été, dit-il
même où le ministre affirmoit, dans l'Assemblée dépouillé par le despotisme de toutes ses proprie
nationale , ---
que tous étoient à leur poste. Ce tés , emprisonné par lettre de cachet » amené en
----- -------- l - f, , , ses 4 la carn ------
- Y - : - l - --- l.--.-- l
- 1- 4Y … :
--------- l' - 1 t
v ----- r

deuxième bataillon des Landes , qui dénoncent sées 4 millions, haute cour et tribunal de cassa
un sieur Guyot, commandant de la neuvième tion 45o mille livres, écoles et académies 1 mil
division militaire , qu'ils accusent de les avoir lion , l'intérêt de la dette publique liquidé 1o
*** à quitter leurs drapeaux, millions , intérêt de la dette non liquidée 18
. Condorcet a rendu compte de sa mission. millions, rentes viagères 1oo millions, rentes per
En exécution de votre décret , nous avonspré pétuelles 3oo millions , etc. » - -- -

senté au roi la déclaration que vous avez adoptée L'apperçu de la recette n'est encore que de
hier au nom de la nation françoise. Le roi a 53o millions , ce qui nécessitera de la part de la
répondu : « L'Assemblée nationale peut être caisse de l'extraordinaire , un versement de
sûre que je soutiendrai toujours la dignité de la 244 millions. Le comité propose de décréter,
Inat1On xo.
1°. que la trésorerie nationale paiera provisoire
M. Bazire a fait le rapport de l'insurrection ment , sur les mandats des ordonnateurs géné
des habitans et municipaux de Chou , district de raux , les sommes nécessaires aux dépenses
Mondoubleau. Les faits paroissent judiciairement publiques , conformément aux états qui ont été
constatés. Le rapporteur propose un décret d'ac dressés pour 1791 , jusqu'à ce que les états de
cusation contre Robert Lagrange et tous les mu 1792 soient terminés ; 2°. que les comités des
nicipaux. - Un membre de l'Assemblée observe finances s'occuperont, sans aucun délai, de dres
: a eu plus d'égarement que de méchanceté. ser les états de toutes les parties de dépense et de
es prévenus vouloient défaire le district, parce recette pour 1792.
u'il leur coûte 25,ooo livres. Sur la motion de Le rapport est envoyé à l'impression ; la dis
* Becquet , il est décrété que l'affaire sera cussion ajournée à demain.
envoyée au pouvoir exécutif, pour en rendre A demain est aussi ajournée la discussion
compte sous huit jours. d'un projet de décret sur la formation des jurés ,
- Séance du 3o décembre.
dont le comité de législation a fait aujourd'hui la
première lecture.
Les 2o millions que demandoit le ministre de Le même comité présente un projet de réglc
la guerre, et qui ont été accordés hier , ne sont ment de la haute cour nationale. Il a proposé de
pas des fonds nouveaux à faire pour le départe décréter que le haut-juré connoîtroit de toutes
ment de la guerre , mais seulement des fonds à les accusations de haute trahison , portées par le
prendre sur le non complet de 1791 , que la corps législatif qui auroit formé le haut-juré.
trésorerie n'a pas fourni en entier au département L'existence du haut-juré ne seroit pas prolon
de la guerre. C'est ce qu'annonce une lettre de gée au-delà de la session du corps législatif qui
M. Narbonne, lue à l'ouverture de la séance. l'auroit établi. Cependant, s'il restoit des procès
Les corps électoraux, quand ils se rassemblent criminels indécis , la haute cour continueroit
our la nomination des ministres du culte catho après la législature, jusqu'à ce que la législature
l* , peuvent-ils nommer en même-temps aux nouvelle eût installé un nouveau juré.
Dans chaque accusation , la composition du
emplois qui sont vacans ? - Sur cette question ,
présentée par le comité de division , il est dé haut-juré se feroit par le tirage au sort sur cent
soixante-six membres fornant le tableau du haut
crété que les assemblées électorales pourront , en
se formant. pour quelque cause que ce soit , juré. Ceux qui auroient déja été employés en
nommer à tous les emplois quelconques. cette qualité ne pourroient , pendant le cours de
Le comité des finances , par l'organe de M. la législature , s'excuser par ce motif d'entrer
Lafont-Ladebat, a mis sous lesyeux de l'Assem , dans la composition des nouveaux jurés, si le sort
blée nationale le tableau de la recette et de - la les y appeltoit.
dépense pour l'année 1792. La dépense sera de La discussion de ce projet a été commencée
774 millions , dont voici les objets principaux : dès aujourd'hui , chaudement controversée , et
« Aux princes apanagistes 5 millions, dépen enfin aiournée à lundi.
ses de la guerre 221 mullions , des affaires étran M. Diétrick , maire de Strasbourg, a envoyé
gères 6 millions, de la marine et des colonies 43 à l'Assemblée nationale une adresse du magistrat
millions , administration générale 5 millions , de Worms , lequel annonce la réquisition qu'il
culte salarié 81 millions , ecclésiastiques pen vient de faire à M. de Condé pour qu'il eût à
sionnés 68 millions, Assemblée nationale 5 mil quitter cette ville. - La régence de Brisgaw a
lions, liste civile 2â millions , ponts et chaus | de même donné ordre à tous les émigrés françois
de quitter ce pays dans les vingt-quatre heures. rouge Rohan et de son lieutenant-colonel Ri
« Les soldats autrichiens , écrit M. Diétrick, | quetti-Ramponneau, s'est dispersée , et est allée
| déserteroient par centaines , si nous avions sur , se rallier sous les drapeaux des princes rebelles
les frontières des compagnies libres de ces corps à Coblentz. Ces nouvelles méritent confirmation,
qni sont ouverts aux déserteurs ». - - - | d'autant qu'on annonce aussi que les princes con
- -

Il ajoute que onze cents dragons vont être can | tinuent d recruter our leur armée. Les électeurs
tonnés dans le Brisgaw, et que les officiers dé qui leur ont donné territoire comptent en impo
fectionnaires font , pour attirer nos sous-offi | ser à la France par des ordres simulés de désar
ciers, des efforts merveilleux, mais inutiles. - mement; mais cette ruse grossière ne peut trom
M. Saint-Georges, syndic de Spire , écrit per la nation : elle aura raison de voir une armée
qu'il n'y a plus d'émigrans françois dans cette de rebelles dans les attroupemens des émigrés
ville, et se recommande au général Kelermann , rassemblés ,' méme sans armes , sur nos fron
pour qu'il fasse savoir à l'Assemblée nationale , tières, et des chefs de conspiration dans les frères
que les habitans de Spire ont la plus haute véné et les cousins du roi , tant qu'ils resteront à la
ration pour la constitution françoise. tête de ces émigrés formés en compagnies mili
Toutes ces lettres sont envoyées aux comités taires sous le nom de provinces, et qui , quoique
diplomatique et militaire , qui donneront leur désarmés en apparence, savent bien qu'ils trou
avis sur la création des compagnies libres. veront des : des canons et des munitions de
- Un député de Strasbourg, M. Rhull, ajoute : dans les arsenaux des électeurs et des
que les émigrans s'enfoncent dans l'Allemagne , ays-Bas autrichiens lorsque le jour de la
qu'ils se retirent à Limbourg, dans l'évêché de guerre sera venu.
Trèves , que quatre mille autrichiens »'avancent Un M. Bosquillon, que bien des gens accusent
à Mercy, près de Sarre-Louis ; que les émigrans d'avoir agi d'après les suggestions de la cour et
se sont fait un réglement ou manifeste pour la des ennemis personnels du citoyen P. Manuel
campagne prochaine , et qu'ils prennent pour avoit attaqué devant un tribunal de Paris l'élec
devise , défenseurs de la religion catholique. tion de ce patriote à la place de procureur-syndic
Sur les demandes afin de secours , qu'a pré de la commune. Un jugement est intervenu, qui
sentées la municipalité de Paris, l'Assemblée na confirme la validité de l'élection , et condamne
tionale, de l'avis de son comité , accorde à cette Bosquillon aux depens. C'est un triomphe de
eapitale 3co, ooo l., à prendre sur les deniers 4a liste civile du peuple.
provenans de l'aliénation des domaines natio
I1dlllX . Un adjudant-général vient de partir pour
Metz, chargé de porter à MM. Luckner et Ro
- . P A R I S. chambeau le bâton de maréchal de France, que
la nation leur a décerné sur la demande du roi.
Dans la séance de la société-mère des amis de On suppose que ces deux généraux sont en ce
la constitution , séante aux jacobins , de lundi monent à Metz , réunis à M. la Favette et au
dernier 26 de ce mois, il a été ouvert une sous ministre de la guerre, pour concerter le plan de
cription pour fournir des armes aux bataillons la campagne prochaine.
nationaux qui en seroient dépourvus. A peine
la souscription a-t-elle été ouverte , qu'on s'est
empressé de la remplir : les membres de la société, Explication claire, positive et très-exacre snr
les citoyens des tribunes et même les citoyennes les troubles survenus au club des feuillans,
se sont disputé l'honneur de concourir à cetre et sur la conduite de M. le maire en cette
occasion.
œuvre patriotique. -

Sans doute il est dans ce club, ci-devant des


On publie que les magistrats civils de Worms feuillans, plusieurs amis de l'ordre et de la cons
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- - v a4 1 v --)
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perséeutés, Ces derniers, à qui la publicité des professe jamais , ni à la tribune, ni dans les
séances ne convenoit nullement , parce qu'il InG conversations particulières, des principes incons
leur étoit plus si facile d'insinuer aux députés titutionnels; et vous savez que la voix du peuple
candides , séant parmi eux , le germe des deux est la voix de Dieu. Mais pour prouver que :
chambres et du retour de la noblesse , ont su non-sociétaires des feuillans étoient, dans la cir
mettre à profit cette même publicité pour faire constance de ces troubles, les véritables amis des
éclore adroitement les troubles qui sont arrivés. loix et de la paix, lisez la lettre du commissaire
-
Quelques-uns de ces derniers, dis-je , depuis la de police à M. le maire, en date du 25 décembre,
publicité des séances, affectoient dans leurs con et imprimée avec les autres pièces dans la petite
versations particulières , auprès, des tribunes et " brochure intitulée, Conduite de M. le maire de
des non sociétaires mêlés parmi eux , de répéter Paris d l'occasion de la société des feuillans,
les noms de marquis, de comte, de duc, et de et vous y trouverez ceci : « C'est qu'au noment
dire que le peuple n'en seroit pas moins heureux où, revètu de la marque distinctive de connis
et moins libre quand mêne on rendroit les titres saire de police , et m'étant annoncé au non de
aux ci - les ant nobles. Ces discours , ces insinua - la loi, tous les citoyens ra semblés, soit dans les
tions é oient rapportés de proche en proche , et tribunes, soit dans l'intérieur de la salle , où ils
le peuple , dont l'ane est pure et qui sait très s'étoient introduits quoique non-sociétaires, ont
bien qu'il n'y auroit plus ni constitution ni li manifesté leur respect pour la loi , en disant
berté dès qu'il n'y auroit plus d'égalité civile et presque d'une voix unanine , messieurs , cha
politique, s'indignoit de ces discours : delà les peaux bas ». -

murmures qui ont commencé à se faire entendre Eh bien ! malgré ces preuves démonstratives et
aux tribunes le 21 décembre ; murmures provo authentiques en faveur du public des tribunes ,
qués et attendus avec impatience prr les faux l'hypocrite M. Cheron écrit à M. le maire , en
amis de l'ordre et de la constitution , et qui ont date du 26 décembre, pour se plaindre de ce pu
donné l'heureuse occasion à M. Chéron , pré blic. « Il me seroit trop pénible, dit-il, de vous
sident des feuillans, de vtte réclamer un com faire le récit détaillé de toutes les indignités que
missaire civil ; murmures qui ont augmenté par nous avons constamnentsouffertes pendant plus
cette réclamation et par celle de la force armée, de trois heures ; ce qui m'a désespéré bien da
le 23 du même mois , ainsi que par la provoca vantage , c'est de voir les organes de la loi ou
tion d'un homme armé, le sieur Dijon , aupublic tragés , votre seing méconnu , la loi elle-même
des tribunes ; murmures dont l'explication est méprisée ». Ici on voit non-seulement la calom
- teute entière en faveur du public des tribunes nie envers le peuple , mais l'intention marquée
dans le procès-verbal du commissaire de police d'irriter le maire contre ce nême peuple , et ce
de la section des Tuileries , que M. le maire peuple contre son vertueux maire; c'étoit là une
vient faire imprimer avec toutes les lettres et suite de la pro ocation méditée et dont nous
pièces relatives à cette affaire et à sa conduite avons exposé l'origine. Ces messieurs croyoient
propre. du même coup faire égorger les citoyens les uns
Lors de la lecture de notre procès-verbal , par les autres, perdre notre brave et incorruptible
dit le commissaire, tous les citoyens non-socié Pétion, et dissoudre toutes les sociétés patrioti
taires ont demandé de nouveau que la sociétéfût ques; mais ce projet étoit trop fort pour des têtes
dissoute pour toujours , accusant les sociétaires étroites et mal organisées ; il étoit trop absurde
de ladite assemblée de professer des principes et trop atroce pour avoir même une ombre de
anti-constitutionnels, EN PRovoQUANT LE PU succès. La justice , la raison , le respect des ci
n L1 c. Certes, le public n'est ni sourd, ni aveu toyens pour la loi , et la sagesse admirable du
gle , et il se connoît bien en principes constitu maire de Paris, ont fait échouer tout le systême
tionnels ou inconstitutionnels. Il n'a jamais fait de ce projet, et la honte en est toute entière pour
cette querelle aux jacobins , parce que là on ne ceux qui l'ont conçu. C.
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