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<36620204770019

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Bayer. Staatsbibliothek
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M. DE N. DA LLES, Président de l'Assemblée Nation , • -


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# E Journal , dont chaqne Numéro est


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# · composé de 48 à 56 pages, paroît tous les - !
# · Samedis depuis le 22 Novembre 179o. Chaque ·
# trimestre forméra iin volume. On trouvera , .

| des collections âu bureau principal des Di- |


# · · · recteurs du Journal , où l'on souscrit à raison " ;
#| de 3o liv. pour Paris pour un an, 15 liv. pour
six mois, et 7 liv. 1o s. pour trois mois ; et .
pour les départemens, à raison de 36 liv. ,
| 18 liv. et 9 liv., franc de port. A † | t
époque qu'on souscrive, on ne peut le faire |
| qu'à dater dn commencement d'un trimestre" ·
| On souscrit aussi - ,
Chez CHAMPIGNY , Imprimeur - Libraire, rue Haute- !
Feuille, n°. 36. . | | | ;
· CROULLEBOIS, Libraire, rue des Mathurins, n°.32. -

Madame LAPLANCHE, Libraire, rue du Roule,n°.17. #


· JACQUEMART, Libraire, au Bureau de la Corres- !
· pondance nationale francaise, rue St-Martin,n°.2.so. ,
- Madame BAILLY , Libraire, rue Saint-honoré, Bar- ;
, rière des Sergens. ;
| PERISSE, Libraire, pont Saint-Michel. . | s :
Et chez les frères PERISSE, Imprimeurs-Libraires, !
grande rue Merciere, à Lyon. · · • |

, Ceux qui sònscriront pour une année, à


| dater du 22 Février, recevront, gratis, le
premier trimestre, formant le premier voluine
de ce Journal.' - , - | | - -

Tont ce qu'on voudra voir inséré dans


le nº. le pliis prochain, doit-être parvenu à
MM. les Directeurs en leur bureau , le mer
credi pour le plus tard, -
| Chaque quittance d'abonnement sera signée
| J. J. LER oºx. : - - " , • • - | - |
|· MM. les Souscripteurs des † ' .
ont priés d'affranchir le port des lettres et
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JOURNAL DES CLUBS


- O U

| socIÉTÉS PATRIOTIQUES.
)3

# N°. | XVII.
:
#
: Détails du 2 au to Mars.

C L U B S. .
De Langon du 4 Mars. "

L A société des amis de la constitution nous


' communique la suite des réflexions de M.
Cambremer l'un de ses membres sur cette
question maligne des ennemis de la révolu
. tion, qu'ont fait les états généraux ?(Voyez
le n°. 14.)
« Les guerres civiles, dit l'orateur, sous le
règne de la race des Capétiens, sont marquées
dans notre histoire , en caractère de sang.
Les Bourgogne, les Orléans, les Guise ont
fait trembler nos rois : plusieurs ont été obligés
de fuir devant des chefs des révoltés : plusieurs
II. Vol. - MC.
- -
-

I46 , J o U R N A L
ont péri sous des poignards livrés à des mains
parricides, exécutrices des affreux complots
de ces horribles factions ; l'autorité chance
lante et souvent avilie, ou le pouvoir arbi
traire et souvent oppresseur, ont été l'alter
native de la dynastie régnante. -

A Les deux premières ont eu également leurs


· agitations, des règnes de sp endeur et d'ad
· versité, de despotisme et de foiblesse ; et il
· suffit de se retracer les vicissitudes étranges
du gouvernement français, la bisarrerie et
l'incohérence de ses loix, pour se convaincre
qu'une constitution libre qui consacre de nou
veau la monarchie et l'inviolabilité du mo
narque, est le plus ferme appui du trône.
Lorsque ce n'est pas la honte de l'esclavage
et l'enthousiasme de la liberté qui provoquent
l'insurrection du peuple, elle ne sauroit être
A
· que partielle dans un état ; alors sa résistance
à la force publique ne peut être redoutable,
elle ne pourroit le devenir qu'autant qu'elle
· seroit dirigée par un chef puissant. La France
en renferinera-t-elle dans son sein, après l'a
bolition des grandes places de la noblesse et
des titres, aprês la division des provinces en
départemens et en districts ? Cela n'est pas
vraisemblable. L'égalité politique qui dorine
tant d'énergie à la société laisse nécessai
rement l'individu sans moyens pour lutter
contre la monarchie. La monarchie sera donc
exempte des secousses qui l'ont si souvent
ébranlée, et elle devra son affermissement
à l'assemblée nationale.
, Elle lui devra encore son sceptre indépen- .
• • • - - - • • • • • - - º - • - #

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D,1E S C L U B, S. . I4y
dant des brigues ultramontaines. Les sujets
de l'empire prosternés depuis tant de siècles
devant les préjugés réunis, comme les Egyp
tiens devant les crocodiles sacrés , ne se
croiront plus dégagés de leur serment de
f | » P $ - • - 2 r -

fidélité, pour un rescrit de l'évêque de Rome.


Le dieu de l'univers et les loix de leur patrie ; . -

yoilà quels seront désormais les objets de x •

leur attachement et de leur culte. On n'en


tendra plus sonner le tocsin du fanatisme,
parce qu'à l'imitation du bon roi Robert,
quelqu'un de nos princes aura épousé, sans
l'approbation du saint siége , sa cousine
jeune , vertueuse et belle. L'opinion pu- .
lique sera en droit de fulminer les anathêmes
1 contre les vices ; et les têtes couronnées des
- mains de la nation française, ne s'humilieront
plus devant la pourpre romaine. Le roi des
français sera donc plus granel , plus honoré
ue ne l'ont jamais été les rois de France ;
4 Charles-le-Chauve prenoit la qualité de
conseiller d'état du pape ; la nation a décerné
à Louis XVI celle de restaurateur de l'em
pire..... C'est au peuple éclairé à prononcer
entre ces deux titres ». - -

- L'orateur considère ensuite comme un des


grands bienſaits que nous devons aux états
généraux, l'abolition de la noblesse hérédi
taire.Examinant cette distinction outrageante
pour l'humanité, dans son origine, dans ses
progrès, il la trouve par-tout également ab
surde et ridicule. Nous me rappellerons pas
ce qu'il dit sur ce sujet, § gère teinture
de l'histoire de France suffit pour faire pré
K ij
148 . J o U R N A L:
sumer les dévelo pemens qu'il p ut avoir ,
donnés. Venons à un autre bienfait dont il
rend grace à l'assemblée nationale. « Si je
me faisois, dit-il, cette question, qu'ont fait .
nos augustes représentans, je satisferois à la
fois et à l'hommage et à la reconnoissance
que je leur dois, en me faisant cette réponse :
t ils t'ont appris à penser, et ils y ont †
tun bienfait mon moins grand , la liberté
d'exprimer ta pensée ». L'orateur profite à
· l'instant même des avantages dont il vient
d'acquérir la jouissance, et le premier usage
qu'il en fait , est pour publier des pensées
neuves pour lui sur la noblesse. Il s'exprine
ainsi :
".
» Mes yeux, jusqu'au moment de la révo
lution qui honore la France, n'avoient ja
mais fixé l'ordre de la noblesse dans son vé
ritable point de vue. Je l'avois considéré
comme une distinction propre à rehausser
l'éclat de l'empire ; je l'avois cru un sujet
d'émulation nécessaire au développement des
vertus héroïques, et il m'étoit échappé que
la vertu d'un sécretaire dn Roi , n'étoit, le
lus souvent, que celle d'un coffre fort : il
m'étoit échappé qu'un vampire plébéien,
transformé en chevalier , n'avoit formé les
dégrés de son élévation que des dépouilles
des malheureux : il m'étoit échappé enfin
que ce ne pouvoit être que des chimères
barbarement consacrées par l'usage , qui
différencioientles hommes des hommes mêmes.
* Alexandre, ce conquérant, désolateur des
nations, déclara cependant , par un édit so
•*•
*.
º

| | | | -
p E S : e L U B S. # 49
lemnel, que tous les gens de bien dans son
royaume, étoient parens les uns des autres,
qu'il n'y avoit que les méchans qu'on devoit
réputer étrangers. , - , . ·
Parmi nous, messieurs , où l'on a comp
té si peu d'Alexandre, cette distance §.
, d'un roturier à un noble, l'orgueil du der--
nier la rendoit presque incommensurable. Un
vain titre rompoit même tous les liens du
sang, et un privilegié moderne devenoit par-'
faitement étranger pour sa modeste famille,
pour des parens plus utiles que lui, pour
des parens dont l'infortune contrastoit trop
avec ses richesses, et dont pourtant il eût
rougi de soulager la misère. . •

· Les Pâris, les Baujon , les Colet et tant "


d'autres , avoient des collatéraux dans la
plus grande indigence; et les uns ont tes
té en faveur des rois , et les àutres au profit
de quelques personnes qualifiées. M. Duver
ney , dont la bienfaisance auroit dû aller
chercher dans le fond du Dauphiné , sa pa
trie, la vertu malheureuse , fit son légataire
un comte de la Blache, dont : Beaumar *.

chais a fait si plaisamment un conte pour


rire. C'est ainsi que le †, des rangs
avoit , étouffé les sentimens de la nature. .
• Si je passe, messieurs, de ces considéra
tions particulières à des conséquences plus
générales, j'y vois un dédale d'injustices et de
contradictions choquantes ; j'y vois l'abus
séduire et opprimer à la fois la masse des
citoyens ; j'y vois un nuage de maux planer
sur la patrie , et en préparer la ruine. .. . --
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r5o J O U R Nº A L.
O raison sublime ! Ce sont tes lumières
qui ont dissipé les affreuses ténebres qui
nous enveloppoient. Si les dieux veulent le
bonheur des humains, nes législateurs ont
été leurs organes.
C'est vers la fin du règne de Charles le
chauve, que les comtes et les ducs, profi
tant des troubles du royaume , commencè
à convertir leurs commissions qui n'étoient
au plus qu'à vie, en dignités héréditaires.
Ils se firent seigneurs des provinces et des
villes dont l'administration ne leur avoit été
confiée que pour tin tems, et le besoin de
se soutenir dans leurs usurpations , fut l'ori
gine des fiefs, convention par laquelle celui
qui ne s'étoit approprié qu'un bourg, s'en- •
gageoit à défendre celui qui avoit usurpé la .
province. Les ancêtres de Hngues Capet s'é
ioient ainsi rendus propriétaires du duché de
France ; et néanmoins l'on crie contre l'a
bolition des titres ; 1nais c'est à l'observa- |
teur sans passion , comme sans intérêt, à
considérer que, si la raison du plus fort a
º
été jadis la meilleure , la raison du plus
fort est aujourd'hui la plus juste...... la na
tion enfin estrentrée dans ses droits.
Nos rois eux-mêmes n'avoient pû le mé
connoître : nous avons dû à Philippe-Au
guste d'avoir soumis les grands vassaux à
mine sage subordination. Plusieurs de ses suc
cesseurs ont donné l'exemple de l'abolition
des fiefs dans lenrs terres , et Richelieu fixa ,
#
l'établissement des grandes charges, ces
yrans des provinces à la cour ; mais de des
*.
-------

D E s c L U B s. 151
potes féroces et sauvages, ils étoient devenus
des courtisans perfides et semblables à ces
· plantes vénéneuses qui gâtent tout ce qu'elles
environnent, ils parvenoient trop souvent à
· corrompre, dans le monarque, les qualités
· qui l'auroient
de son peuple rendu
». l'amour et l'admiration
• 1 ,
- - - t

• ;

, L'orateur termine par annoncer qu'il se


. propose d'user prochainement du droit qui
vient de lui être rendu , en
- »
« *
faisant voir la fu- º

- neste influence de l'ordre de la noblesse sur


". - l' isation de notre
l'organisation notre ggouvernementt ,.. et lle
· malheur d'une multitude ' d'individus dans
- l'ancien ordre de choses, d'être nés gentils
: hommes.
4 La même société nous adresse un essai
' d'éloge de Désilles, prononcé par un élève ,
dans une de ses séances. Le jeune orateur )
- · · expose d'abord le motif qui lui a fait entre
· prendre de célébrer le héros patriote : » Le
titre d'amis de la constitution , dit-il , nous :
· impose plus d'un devoir; ce seroit n'en rem
- | # qu'une partie, que de nous borner à
' l'étude de la loi ; nous devons, après avoir
· éclairé nos esprits , nourrir et former nos
cœurs » Son but est donc de proposer un
| modèle de courage et de patriotisme. En
· trant en matière, il présente le calme qui
avoit succédé aux momens de convulsion in
séparable des révolutions des empires, trou
ble par le fanatisme ; il ſait voir celui - ci
allait porter la rebellion et la discorde dans
les contrées méridionales du royaume ; it
K iv
152 J o u R N A L
asse rapidement avec lui à Montauban, à
Nîmes, au camp de Jalés, pour arriver à
Nancy. Là rappellant les malheurs qui ont
ensanglanté cette partie de la France , il ra
conte d'une manière touchante le dévouement
de son héros. Il termine, en assignant au
brave Désilles un rang au dessus de d'Assas.
» Que d'autres établissent une comparaison
entre d'Assas et Désilles , je les admire tous
deux ; c'est les louer que de les rapprocher.
· D'Assas fut grand, il sut mourir pour sau
ver sa troupe ; il sut combattre pour l'hon
neur de son roi ; mais il me pouvoit que re
tarder la mort , sans lui , échapper. Désilles
vola à sa rencontre, en se plaçant à la bou
che du canon. Il mourut non pour l'hon
neur, mais pour la patrie, pour une pa
trie encore qu'il eût cru ingrate, s'il n'eût
déjà renoncé au préjugé de sa naissance ;
Désilles fut deux fois héros.... Citoyens, ad
mirez d'Assas, mais placez sur le tombeau
de Désilles une double couronne. Comme
|
d'Assas il mérita celle de la gloire et de l'hon
neur ; il a encore des droits à ceIle dont la
patrie ceignit toujours le front de ses défen
seurs..... » Nous ne nous arrêterons pas à
examiner séparément chaque partie du dis
cours du jeune orateur ; nous nous conten
terons de dire que de tels élèves honorent
· les maîtres qni les ont formés. . | | |
• - 2

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D E s c L u = s. r53

DE MoNTsEGUR , du 1er Mars


- • -

Extrait du procès-verbal de la séance du


- 1o Février.
cc La société a unanimement arrêté ue
par tous ses mem bres seroit fait individuelle
ment, et prêté le serment de surveiller les
ennemis de la chose publique, de dénoncer
les traîtres à la patrie, les conspirateurs contre
la liberté ; et de défendre de sa fortune et
de son sang, tout citoyen qui auroit le courage
de se dévouer à de pareilles dénonciations ».
La société n'entre point ici dans les détails
des motifs qui ont déterminé ce nouvel acte
de son patriotisme. Ils seront aisément sen
tis par les citoyens dignes de la liberté ,
† lesquels ce serment doit être le signe
e ralliement autour de ses drapeaux. . !
Nous trouvons une satisfaction bien douce
de leur apprendre , à ces citoyens amis de
la constitution , que la paix règne heureu
sement dans nos contrées ; que tous les fonc- .
tionnaires publics du canton dont plusieurs
correspondent avec notre société, ont, sans
répugance , prêté le serment prescrit par la
loi ; que depuis cette époque il semble que
le respect et la vénération dn peuple pour
eux, ont acquis uu nouveau degré de force
et que le fanatisme a tenté inutilement de
† ses brandons et de faire des prosé
ytes aux environs de notre ville. La reli
gion et la raison de concert
efforts », - · • ·
ont repoussé ses-•
154 Jo u R N A L
' DE LYoN. Club central.
· Séance du 28 février. On donne lecture
d'une lettre des amis de la constitution de
Ville-Neuve-de-Berg , qui tranquilisent leurs
frères sur les troubles renouvellés dans leurs
cantons. « Frères et amis , disent-ils , - le
camp de Jalès n'est plus : il s'est dissipé de
lui-même, l'aristocratie en cette circonstance
a dévoilé tout-à-la fois, la scélératesse de
ses complots et la foiblesse de ses moyens :
les gardes nationales à Jalès n'ont trouvé
ni vivres pour se nourrir, ni tentes pour se
loger, ni chefs pour les commander, ni en
neinis à combattre. Elles n'ont rencontré que
des citoyens , tous français, tous frères, tous
amis, au nombre de 3o à 4o mille, qui trom
pés et rassemblés par les mêmes allarmes ,
ont voué de concert à leur exécration les
auteurs des calomnies répandues contre les
non-catholiques ; nos vivarais ont poussé leur
marche jusqu'aux portes de Barjac. Là , un
un abbé, nominé la Bastide a voulu se don
ner l'air d'un général d'armée ; nos braves
compatriotes honteux et indignés de voir un
calotin s'arroger le titre de leur commandant,
se préparoient à châtier sa témérité, et déjà
mille voix demandoient sa tête , lorsque cet
aristocrate , épouvanté par le cliquetis des
fusils qu'on alloit dirriger contre lui , s'est
dérobé au grand galop , au juste châtiment
qui le menaçoit. Les gardes nationales re
viennent en criant, vive la nation. La joie
" N -


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D E s ' c L U B's. i55
sé répand dans toutes les ames ; le patrio
tisme reprend de nouvelles forces ; tout ce
ui est soupçonné d'aristocratie cache son
§ hideux , «t meurt de rage et d'effroi,
aux menaces de la vengeance et aux accla
mations de la liberté. Le piége est décou
vert , et le danger passé ; et de toutes parts
· les pères embrassent leurs enfans, les fem
mes leurs époux avec de vifs transports de
tendresse : § et nous croyons qu'on
a remporté une victoire éclatante sur les
ennemis de la constitution. Un mémoire cir
constancié apprendra dans peu de jours à
tout le royaume , les détails de cet événe
ment singulier; mais en attendant , hatez
vous de publier pour la consolation et la
tranquillité des patriotes, qu'il n'y a point
eu de sang répandu à Jalès et qu'on n'a
rapporté de ce lieu , devenu célèbre, qu'une
haine profonde contre les aristocrates ».
' ȼs ,

Séance du premier mars. Un citoyen pa


triote a dénoncé les manœuvres employées
par certains curés de campagnes pour empê
cher les électeurs de leurs cantons de se ren
dre à l'assemblée électorale. :

» Oh ! Mes chers concitoyens, a-t-il-dit,


plus du quart des électeurs des campagnes.
séduits par le ſanatisme de quelques prêtres
réfractaires, dans la crainte d'encourir l'a
mathême dont ils étoient menacés , se sont
rendus parjures et ont refusé de se rendre
à l'assemblée électorale. J'ai frémi , j'ai
tremblé pour notre liberté, lorsque j'ai vu
-"
156 J o U R N A L -

que des citoyens vertueux, des citoyens naº


guère patriotes, étoient tombés dans le piége
rossier de ces dangereux tartuffes..... Souf
frirons - nous que d'indignes fanatiques re
viennent insolemment par leurs trompeuses
grimaces, nous enlever nos chers frères des
campagnes ». Il a eté arrêté que la société -
populaire rédigeroit incessamment une adresse
ui seroit envoyée à tous les électeurs du
épartement, pour encourager les uns à se
maintenir dans le chemin de la vertu , les
· autres à•y rentrer. - - r ;

DE PARIs, correspondance du club des ja -


- - cobins. " .

· Séance du 24 Février. La société de Givet


en demandant un renfort d'approvisionne
ment et de troupes , fait passer un tableau
de la situation des pays - bas, elle observe
que les retranchenens , que les Autrichiens
avoient dans les environs de Givet , sont
entièrement démolis, que toutes leurs bat
· teries sont détruites ; ' elle fait remarquer
qu'en leur supposant le projet de nous atta
uer, il eût été impolitique de leur part
e les conserver ; car placés au nord, ces
· retranchenens ne pouvoient leur être que
nuisibles et servir aux français par leurs
dispositions. | .. - :
« Les Autrichiens, continue-t-elle , ont
des magazins très-considérables et en tout
genre. -

| Les postes les plus près de nos frontières


-

D E S : C L U B S. 15y - i
dans ce moment-ci sont à Namur , il y a \

bien quelques petits détachemens à Bouvines, "

distant de Givet de trois lieues ; mais ils -

sont particulièrement destinés à protéger les


convois qui passent par Dinant , ville appar
tenant aux Liégeois. •i -

Il descend fréquemment des troupes, des ,


vivres, et des trains d'artillerie de Luxem
bourg sur Namur, les pièces autant qu'on -

a pu le découvrir sont depuis trois, jusqu'à / |-


douze livres de calibre. -
Il arrive constamment des envois d'Al- •

lemagne à Luxembourg qui se reversent dans - |


tout le pays. On fait actuellement de nou- - \

veaux magasins à Arlon. Le bruit commun *

dans cette ville et dans tout le Luxembourg,


est qu'on va former un cordon de soixante | A
mille hommes depuis ces places jusqu'à Nieu- - -

port, la dernière des pays-bas Autrichiens. . \


La garnison de Luxembourg est composée -

dans ce moment-ci de six mille hommes> *


Cette place sert particulièrement de passage
aux troupes qui ne s'y arrêtent que le tems -\:

de s'y reposer. º / -

^ A l'égard de la quantité de troupes , il - |


est difficile de s'en procurer la connoissance | •

précise. Il n'exite
corps d'armée réuniequant
, mais àla présent aucun
proximité des ' •
*| |

en droits où les troupes sont placées en fa


ciliteroit bientôt le rassemblement, s'il étoit ! \
nécessaire. . , • .* - -

Il y a encore beaucoup de fermentation


dans les pays-bas. Il arrive presque tous les -

jours des rixes, souvent des massacres entre - --

*
| 158 s .JouRN A L:
les citoyens et les troupes de Léopold, par
ticulièrement à Namur et à Bruxelles. Les
j différens partis sont loin encore d'être dé
truits. Celui des Vonkistes paroit aujourd'hui
accuelli par le ministère. Quoiqu'il en soit,
il est plus que probable que les Belges ne
sont pas aussi généralement satisfaits d'être
rentrés sous la domination Autrichienne ,
-•
· qu'on affecte de le dire publiquement.. On
sait qu'ils ont déjà fait secrétement de nou
velles propositions de se soulever , et qu'ils
éclateroient bientôt s'ils étoient secondés. La
, crainte seule paroit les contenir ; mais elle
ne les empêche pas dans toutes les occasions
de faire éclater § leurs dispositions.
Les autrichiens sont tellement convaincus
,
de cette vérité qu'ils redoutent tous les étran
gers que leurs affaires appellent aux Pays
Bas. Il n'est sorte de précautions qu'ils
n'imaginent pour les surveiller et empêcher
qu'ils ne communiquent avec le peuple. Leurs
inquiétudes les portent très-souvent à des
vexations criantes, particulièrement contre les
français qui leur sont sur-tout très-suspects.
Les anciens généraux patriotes y sont vus
de très-mauvais œil. Vandermersch, que les
injustices du congrès belgique ont rendu dans
le temps si intéressant à l'europe, vient d'en
faire tout récemment l'expérience. Appellé à

Bruxelles par le maréchal de p§ , le
peuple l'y a reçu en triomphe : cet accueil l'a
rendu suspect aux impériaux, quil'ont bientôt
forcé de quitter cette ville, malgré l'assu
rance que le ministère lui avoit donnée de
D E s c L U B s. . · 159
la part de l'empereur d'y être employé con
venablement à son service.
Les désagrémens que les français éprouvent
dans ces pays sont sans doute la principale
cause pour § on y en voit très-peu.
- Nos fugitifs sont particulierement réfugiés
en grande quantité à Aix-la-Chapelle , à
Maestrich et à Liége. La première de ces
villes est sur-tout la forge
b des libelles aristo
cratiques. C'est de là que partent tous ces
écrits séditieux qui inondent la france. .
: Les impériaux se recrutent à force dans
les pays-bas ; on a fait passer sourdement des
annonces en france, pour inviter la jeunesse
qui y porte les armes, à venir s'enrôler
parmi eux , avec promesse d'un prompt
aVanCement. :

Il est bien vrai que tous les officiers impé


riaux et étrangers qui passent ici, s'accordent
à dire que les préparatifs de l'empereur sont
destinés contre nous. Il n'est personne dans
nos environs qui ne croie à une guerre pro
chaine ; mais un examen bien réfléchi sur
les mouvemens intestins des pays-bas , le
mécontertement du peuple, l'animosité qu'il
montre tous les jours contre les impériaux ,
semble devoir nous rassurer, et prouver que
l'intentien de l'empereur est seulement de
contenir par l'appareil de la force, un peuple
dont la soumission n'a été rien moins que
volontaire. - | --
' Notre intention au surplus , n'est pas de
vous inspirer une fausse sécurité. Nous insis
tons au contraire sur la nécessité des moyens
/
-

* - -
-
-

16o 5 o U R N A L -

de prudence, et nous pensons que l'assem


biée nationale doit faire veiller à la sûreté
de nos frontières par tous les moyens qui
sont en son pouvoir. »
Séance du 27. La société de Clermont
Ferrand communique une adresse où elle
demande à l'assemblée nationale un décret
qui abolisse les titres de sire et de majesté,
que réprouve, dit-elle, la langue d'un peuple
libre , et que le roi soit appellé à l'avenir
roi des français par quiconque lui adressera
la parole.
lº§ la même séance on a lu une dépêche
de la société d'Amiens, en tête de laquelle
on lisoit en gros-caractère avis important :
» Un de nos concitoyens a reçu # UlIle
lettre 'd'un de ses amis, attaché à la cour,
qui lui marque qu'on se prépare à enlever
le dauphin et la fille du roi ... nous écri
vons par le même courier à toutes les sociétés
qui nous entourent. »
Séance du 2 mars. Les amis de la constitu
tion d'Aigueperse communiquent une adresse
à l'assemblée nationale sur l'uniforme des
troupes de ligne. » Frappés, disent-ils, des
inconvéniens qui résultent de la disparité
des uniformes de nos frères des troupes de
ligne , disparité qui paroît avoir son ori
gine dans la féodalité que nos augustes législa
teurs sesont empressés deproscrire : nousavons
cru que cet objet étoit assez important pour
demander à l'assemblée nationale un décret
qui supprime toute sorte de distinctions dans
l'armée ,
+

-
*
-
*

D E s c L U B $. 161
l'armée , et qui ordonne que tout régiment |
francais ne pourra porter que l'uniforme na
->

tional.
La société de Strasbourg a envoyé copie
' d'nne adresse à l'assemblèe nationale , pour
demander que la loi du 27 novembre .'é
· tende à tous les fonctionnaires publics , de ";

quelque religion qu'ils soient. Cette demande,


dit-elle, est d'autant plus importante que
lusieurs ministres de ce département ont
†† le même serment que les curés
cotholiques , pour calmer le peuple prévenu ,
et dissiper toutes les suggestions des mal s
veillans. - • • • - . •

^.

La sociétéde Beaune rend compte des moyens


qu'elle oppose aux manœuvres des ennenis du
bien public. Elle dit : » tandis que le parti de
l'opposition lève la tête et voit avec com
plaisance des prêtres fanatiques Gt fripons -

répandre dans la ville et dans les campa


gnes que les sacrenens administrés par les
prêtres dociles à la loi n'auront aucune ver
tu , et préparent ainsi les peuples à la re
bellion ; nous employons contre etrx les ar
mes qui sont en notre pouvoir : conférences
avec les foibles, énissions d'écrits solides -
et lumineux , dénonciations de libelles aris- .
tocratiques, correspondances dans les cam- .
pagnes : et ces moyens ne sont pas sans ef- .
fet ; mais nous , avons besoin sur-tout , et .
nous attendons avec impatience l'installation ,
de notre nouvel évêque et de ses coopéra-s
teurS >>.

. La société de Chinon annonce qu'elle 3.


-II. Vol. L
16z J o U R N A L
arrêté qu'elle tiendra tous les dimanches une
séance uniquement consacrée à l'étude et à
l'explication des décrets, et que par une
adresse elle invitera le peuple à y assister.
•,

DE SAINT - ETIENNE EN FoREz.


Cette ville vient de voir se former dans
| son sein des clubs populaires , à l'instar de
celui de Lyon. La société des amis de la
constitution de cette ville à laquelle vont se
' réunir ces clubs , sera censée être le club
central. Des députés de cette société ont pré
sidé à l'ouverture des clubs populaires ; ils
ont admiré l'ordre et l'union qu'ils ont vu
régner parmi ce peuple ouvrier. Un forgeron
a fait une adresse qui donne une idée des
progrès qu'ont déjà fait les lumières et le
patriotisme dans cette classe que les ci-de
vant grands fouloient aux pieds.
|

DE PARIs, le 4 Mars.
La société des amis des noirs a adressé à
l'assemblée nationale une plainte contre M.
Dillon ; elle est conçue en ces termes :
» Messieurs , les amis d'une classe d'hom
mes opprimée et malheureuse , s'adressent
avec confiance aux représentans d'une nation
libre, et leur demandent justice. Voués à la
défense de ces êtres infortunés , occupés sans
relâche à adoucir leur sort, ils poursuivent
avec courage leur sainte entreprise. Il n'est
aucun de leurs écrits, aucune de leurs dé
- - -

|
|
4
|
|
s

fb E S C L U 13 S, | 163
marches, même de leurs actions, dont l'hom
me le plus pur ne puisse s'honorer. Depuis
Jong-tems l'intérêt personnel , les passions
les plus viles, le délire de la cupidité s'atta
clnent à eux avec une rage insensée ; il n'est
point de calomnie § dont on ne cher
che à les noircir ; il n'est point de manœuvre
qu'on n'emploie pour les perdre dans l'opi
nion publique. Ces atrocités, ils les ont dé
daignées ; ces libelles , ils les ont méprisés.'
Forts de leurs consciences, ils s'en sont re
† sur le temps et sur leurs œuvres pour
es justifier. Mais aujourd'hui qu'un membre,
au milieu de l'assemblée nationale, s'est per
mis de l'outrager dé la manière la plus san
lante , de dire que c'étoit à ces amis de
#§ qu'il falloit imputer les troubles
qui agitent nos colonies; de dire que ces amis
· étoient vendus à des puissances étrangeres ,
il ne leur est plus possible de garder le silence,
et chacun d'eux a le droit d'exiger une ré
paration authentique de ces infâmes calom
, mies. Deux partis se présentent ; ou l'assem
blée doit improuver le membre qui a osé
hazarder des inculpations aussi coupables,
· ou elle doit permettre aux offensés de le
poursuivre en justice. C'est là que nous lui
porterons le défi formel d'alléguer , nous
ne disons pas des preuves, mais même les
plus legers indices des faits odieux dont il
nous accuse ; c'est là que l'innocence sera
"vengée. - -

- La société des amis des noirs demande done


que l'assemblée, dans sa justice, censure M,
• - L ij
r64 , J o U R N A L
Dillon , ou que le dépouillant de son invio
labilité , elle permette de le poursuivre de
yant les tribunaux, pour obtenir une rétrac
tation éclatante. « |.

a, L'assemblée nationale a cru voir une espèce


de rétractation de la part de M. Dillon, dans
·un imprimé qu'il a § distribuer , et qu'en
son absence a lu M. Moreau de Saint-Mery,
imprimé dans lequel il atteste qu'il n'a jamais
eu intention d'attaquer la société des amis
des noirs, mais bien le † qu'il persiste
à croire propre à bouleverser les colonies, et
à les mettre à feu et à sang ; en conséquence
elle est passée à l'ordre du jour.

· PARIs, société fraternelle.


- Le zèle peut égarer, lors même que l'in
tention est pure , mais alors le retour est
prompt. Un club s'est élevé pour ainsi dire
# l'ombre de celui des amis de la constitu
tion , et dans le même emplacement des ci
devant jacobins Saint-Honoré. Nous avons
rendu compte de son établissement dans le
numéro 11 de ce journal page 93.Aujourd'hui
il est connu sous le nom de société frater
nelle. Les membres de ce club avoient fait
une adresse aux sociétés patriotiques , aux
- gardes nationaux, particulièrement aux com
pagnles du centre et notamment aux gré- -

§s de la sixieme division , cette adresse


invitoit les citoyens armés à surveiller de
prétendus souterrains dont personne n'a con- .
noissance et par où devoient s'échapper les
4 -

-- *
-------------------------

» E s c L U B s. 165
membres de la dynastie régnante, à se por, *.
ter aux barrières ect etc. Contre F'intention
de ses auteurs, cette adresse pouvoit causer
du trouble et alloit directement contre les
fonctions administratives de la municipalité :
heureusement elle resta en chemin , le corps
municipalen eut des nouvelles, il s'en procura.
une copie signée ; M. Carsenac président de
la société fraternelle, fut invité à se rendre
au conseil municipal où il se rendit effec
tivement lundi 7 mars, et d'où il s'en retourna
avec la copie de l'arrêté suivant que nous
allons copier , parce que d'une part il rappel
lera aux membres des clubs ce que leur
amour pour la constitution ne leur permet
pas d'oublier, savoir qu'il n'ont pas le droit
de faire des arrêtés, et sur-tout d'empiéter
sur les droits délégués aux administrations , A
instituées par la loi ; d'une autre il prouvera
que le corps municipal a su unir la fermeté
ui lui convient avec les ménagemens qu'iI !
§ à des frères dont les intentions étoient
pures , et qui ne se sont égarés un instant
que par excès de zèle. ' «

Du lundi 7 Mars. . - º
« Conformément à l'arrêté du 4 de ce mois,
M. Carsenac a été introduit en l'assemblée ,
du corps 1nunicipal. - »

· M. le maire lui a représenté, et le secré-.


taire greffier a fait lecture de l'extrait du
registre de la société fraternelle , en date
du 23 février, rélatif à la surveillance et à
la garde des barrières, et autres objets soumis
| | L iij

-- --^--- - _ - -- \.
i -
y66 J o U R N A L !
à l'inspection des corps administratifs,et après
que M. Carsenac a eu déclaré qu'il recon
noissoit cet arrêté pour être de la société
fraternelle qu'il préside :
· Le corps municipal, oui le second substi
tut adjoint du procureur de la commune,
† que la société fraternelle qui a
-

- - onné plusieurs fois des preuves de patriotisme


et d'attachement à la constitution , n'a pu
être déterminée dans son arrêté du 23 février.
que par des motifs louables, mais considé
rant qu'elle a été égarée par son zèle ;
Arrête de rappeller à cette société que
les corps administratifs constitués par la loi,
ont seuls le droit de prendre les mesures con
venables pour l'ordre et la sureté publique,
ue les sociétés particulières n'ont que le
roit de pétition , en conséquence interdit
à la société fraternelle de prendre de pareils
arrêtés à l'avenir , ordonne que la société
l'informera , si elle a donné suite a cette dé
libération et qu'expéditon en sera remise à
M. Carsenac , après qu'il lui en aura été
fait lecture par le secrétaire-greffier ».
v A R I É T É S.
Le carnaval.

Quand viendra donc le mardi gras ? disoit


4 à sa mere un enfant qu'elle menoit recevoir
des cendres. En effet, cettc année le carnaval
est passé incognito par Paris. Quoi, la gaieté
serait-elle envolée pour jamais du milieu des
(.
|
D E s C L U B $. · 167
français ? Aurions-nous perdu le caractère
national ? Que sont devenues ces troupes de
masques qui formoient un spectacle si varié,
quelquefois si piquant, et toujours si agréable
aux yeux du peuple # Un mauvais plaisant
diroit : vous demandez des hommes masqués,
et vous en êtes environnés. Ici sont d'anciens
tyrans, ou d'anciens esclaves , déguisés en
législateurs, et soufflant le feu de la discorde,
au lieu de faire des lois ; là sont des aristo
crates humiliés , prenant un costume popu- .
laire , affectant un langage populaire, agis
sant d'une façon populaire, et faisant comme
· cette juive perfide qui combloit de caresses
un objet abhorré , pour trouver plus sûre
ment la jonction de sa tête avec son corps.
Voyez dans ces tribunes des ambitieux, pre
nant le manteau patriote ; approchez ; le car
ton qui couvre leur figure exprime un rire
sardonique. Eh bien ! ils ont beau faire, on
peut leur dire : je vous connois beaux mas
ues. Portez vos pas vers ce faubourg, jadis
célèbre par la foule de badins, revêtus d'ha
bits de caractère, que Momus y conduisoit,
la mascarade du jour est plus sérieuse : re
- © * •
gardez bien ce gros garçon déguisé en roi
jean sans terre , conduisant une bande de
vainqueurs , qui l'appellent mon comman
dant et le font trembler. Revenez au palais
du Roi ; reconnoissez-vous des ci-devant sei
gneurs, des ci-devant nobles, des soi-disant
représentans de la nation , des soi-disant mi
· litaires et officiers du Roi ? Non , vous les
prenez pour des assassins : vîte, qu'un grand
- - - L iv
/

-- ^ v. 168 | J o U R N A L

/ | domino cache toutes les ordures dont ils se,


/ sont souillés ; mais arrêtez-vous à ces bour
- geois d'autrefois, à ces vilains du tems passé ;
• - prenez garde, l'habit national qu'ils portent
n'est point un déguisement ; leur cœur, leur
'courage , leurs actions répondent au titre
qu'ils ont conquis ; ce sont des citoyens. A.
† gestes forcés, à quelqu'oubli etprès,
· ils ont été grands le jour des † des
- poignards ; ils ont été ce qu'ils ne devroient
jamais cesser d'être. C'est avec regret que je
· vous mène ailleurs, que je vous promene
- | par-tout Paris ; que dans les rues , dans les
|


(
\
- | places, dans quelques sociétés voulant sin
ger les clubs , dans un trop grand nombre
, d'assemblées de sections, je suis obligé de
| vous faire remarquer des groupes de pantins,
de polichinelles, d'arlequins, de marchands
| · d'orviétan avec leurs paillasses, se renuant,
- - | marchant, gambadant , parlant comme des
| • personnes naturelles, et n'étant au vrai que
| ' des marionettes dont les fils sont entre cer
- | taines mains.,.. Patience, il faudra bien que
| tout cela finisse, le carnaval ne dure pas
éternellement. -

Voilà pourtant ce que diroit un mauvais


j · plaisant pendant ces, jours que nous avons
ſ/ | vus, il y a peu d'années, consacrés à la folie ;
' mais l'homme qui réfléchit ne peut-il pas se
| | - \ , dire : la gaité que nous regrettons n'est que
suspendue ; il se fait, dans les français, la
révolution qui s'opère dans les individus qui
atteignent l'âge de puberté.A cette époque,
l'adolescent ne connoit plus ses jeux , il dé
1D IE 3 C L U B $. · 16g
daigne les amusemens de son enfance ; il ne
se livre plus à ces accès de rire qui annon
-Qoient l'insouciance; il a , pendant quelques
tems , le caractère farouche, il supporte im
patiemment le joug le plus #
, sa passion
est son seul guide ; bientót il commence à
sentir qu'il est homme ; son cœur s'ouvre ,
et le feu de l'amour y pénetre ; il n'aime point
sa maîtresse, ce sentiment est trop foible, il
» • A - - ·5

l'idolâtre , il ne voit qu'elle dans le monde


entier ; il n'existe que par elle et pour elle ;
sa vie n'est rien pour lui, son amour est tout ;
il est jaloux , il est injuste ; .... mais il s'u
nit à celle qu'il aime par un lien indissoluble,
l'amitié succède à l'amour, et la gaieté plus
douce revient sur ses pas. Le françois, comIne
peuple, achève son adolescence ; la liberté est
sa maîtresse, il lui sacrifie tout; le soupçon,
compagnon de la jalousie, dérobe la justice à
ses yeux ; il tremble de perdre ce qu'il chérit
avec violence ; il éprouve l'amour avec toute
son ivresse , avec toutes ses fureurs ; mais
bientôt la raison va lui présenter la loi ; la
loi qui est environnée de majesté , qui est
brillante de charmes aux yeux des citoyens.
Alors il sera sûr de posséder à jamais cette
précieuse liberté, objet de sa passion ; alors
son caractère aimable reparoîtra, et si les
jours de carnaval ne donnent pas naissance
à tant de folies, ils seront toujours des fêtes
remplies d'agrémens. »

*
- Section des Quinze- Vingt. |
On débite avec profusion dans le public un
\

/
· · ·
17o J O U R N A L -

petit pamphlet de la section des Quinze-Vingt,


qui mérite d'être commenté. On lit : « l'as
semblée, pénétrée de douleur de voir des ci
toyens séduits par les ennemis de la chose
publique, enfermés comme de vils criminels
dans des cachots et mis au secret sans pouvoir
parler, contre l'esprit de la déclaration des
droits de l'homme, même à leur père. » ---
Ces prisonniers sont ceux que l'on a pris à
Vincennes en ſlagrant délit ; ils sont crimi
nels puisqu'ils ont coopéré à faire un dégat
inexprimable ; on les a mis à la conciergerie,
une des prisons les moins affreuses et les
plus saines de Paris , ils ne sont point au
cachot, et le secret est ordonné par la loi.
On dit qu'ils sent séduits , ceux qui ont
brûle la maison de Réveillon , pouvoient
être absous sur ce pretexte frivole, mais la
loi qui ne compose pas avec le crime les a
envoyés au supplice.
« A arrêté à l'unanimité de demander la
grace et l'élargissement de ces citoyens éga
rés, mais reconnus honnêtes gens d'après les
certificats de probité, signés par douze no
tables des sections qui les reclament ». -- Les
sections ne savent donc pas que les tribunaux
doivent justice et ne peuvent faire grace.
Peuvent-elles ne pas convenir que ces hon
nétes gens ne soient la cause que des miliiers
de malheureux restent entassés dans les pri
sons qui en regorgent, qu'ils y sont plongés
dans un air infect et que toute la capi le
court risque de se voir affligée des m la #es
les plus pestilentielles, les plus meurtrières
#
D E S C L U B S. 17r
par suite de cet entassement excessif Pour- |
quoi ces démolisseurs habiles en ont-ils plutôt - |
, cru des brigands qui les poussoient au crime,
des écrivains dans le délire, qui leur présen
toient ce donjon comme une nouvelle prison
d'état, qu'un décret de l'assemblée nationale,
qu'une proclamation de la municipalité qui
instruisoit le peuple de ses intentions et de
ses motifs, l'ün et l'autre affichés et publiés
avec soin, avec profusion ? Les sections peu
vent-elles nier que ce soit du même quartier
de la ville que sont descendus les brigands qui,
• sous le nom de vainqueurs de la bastille , - º,

, ont insulté le tribunal de police, ont outragé


ses magistrats en fonctions ? Ont-elles oublié
que c'est dans ce faubourg qu'on s'est porté * -

à une barbarie qui fait frémir contre Louvain |


, u'il falloit juger et non pas assassiner # N'est
il pas reconnu, n'est-il pas avoué dans des - \
écrits signés par des habitans de ce quartier A
†º Marat est leur législateur, qu'il est l'ame
e leurs délibérations, que les papiers les
\
plus incendiaires sont leur cathéchisme jour
nalier ? Qui ne sait pas d'ailleurs comment
s'obtiennent de pareils certificats , et fut-il 4

prouvé qu'ils contiennent vérité ; l'homme, |


jusqu'alors d'une probité intacte, s'il se livre
au crime , encoure toute la sévérité des loix. ,

« Des citoyens qui , depuis le moment - |


de la révolution, n'ont donné que des preuves
de patriotisme , (nous avons expliqué ce que :

beauconp de monde entend parpatriotisme) et |

# malheureusement se sont portés sur le


onjon de Vincennes, ne peuvent paroître -
172 J O U R N A L'
coupables que d'un trop grand zèle pour la
chose publique. --- C'est par excès de zèle
aussi qu'eux ou leurs camarades, bien dignes
d'eux , ont tiré à bout portant sur un cavalier
de la garde nationale , ont essayé de tuer
- un aide-de-camp de M. de la Fayette, ont
forcé la garde de Vincennes, ont refusé
l'obéissance à leurs chefs, ont mis en danger
les jours du général ? - -

» Quoiqu'infractaires à la loi, il en existe


une autre, qui est celle de l'humanité ; la
section la #é§ ». --- Honnêtes citoyens !
votre cœur vous trompe , vous êtes dans le
cas des malades qui redoutent une opération
douloureuse, mais qui peut seule les délivrer
de la gangrène qui menace leur vie.
« L'assemblée a également pris en consi
dération lesinculpations calomnieuses débitées
avec emphase dans toute la capitale contre
M. Santerre, commnandant du bataillon de
la section ». Si ce sont des calomnies, il en
triomphera , si ce sont des vérités, il doit
en être puni ; l'opini,r publique est encore
incertaine, laissez la se fixer, laissez à la
justice son cours inexorable : l'homme qui
a signé un pamphlet intitulé le #
Mottié vendu par ses mouchards , adressé à
l'ami du # l'homme qui ne cache pas
sa tendre affection pour Marat, l'homme
ui.... l'homme qui... peut être soupçonné,
et d'honnêtes gens doivent se tenir à l'écart
pendant que l'affaire s'examine.
» Pour répondre à ces invectives, sachant
que M, Santerre n'a aucun besoin de justi
D E s ' c L U B s. 173
fication dans sa conduite du 28 février dernier
elle l'invite seulement de continuer ses fonc
tions avec ce patriotisme si reconnu, lequel
a guidé ses démarches et ses opérations depuis
le 13 juillet 1789 ». --- Le patriotisme de
M. Santerre ! Nous ne doutons pas qu'il ne
vienne à bout de le prouver, et nous serons
enchantés ; jusques là... - - #

· « L'assemblée a arrêté en outre que cette


partie du procès-verbal seroit imprimée et
,
envoyée aux 47 autres sections, et 59 autres
bataillons de la capitale , au département et
au club des Jacobins ». - -

Nous présumons qu'il y a ici faute de


rédaction et faute d'impression ; nous parie
rions même que sur le régistre cet article
est conçu de † manière suivante : cc Et en
voyée au département, à la municipalité, ,
- --

aux 47 autres sections , ( la main de tout


secrétaire de section écrit ces mots machina
lement) à l'état major de l'armée parisienne -
et aux 59 autres bataillons de la capitale ».
« Et qu'enfin ce présent seroit à §
signé de tous les membres composant l'assem
blée, et ce afin de lui donner plus d'authen
ticité ». --- Et on lit les noms de quarante
six personnes, et ces honorables membres
croyent avoir tenu une assemblée légale,
car il mettent en tête de leur arrêté : assem
blée générale de la section légalement con
voquée sur une pétition en date du 26 février
dernier signée de plus de cinquante citoyens
actifs. Cependant dans cette assemblée du
3 mars, ils traitent de l'affaire du 28 février,
|
t74 J O U R N A L

et ils n'étoient pas convoqnés pour cela, à


moins que les Quinze-Vingt ne soient devenus
très-clair-voyans et n'ayent prévu ce qui
devoit arriver deux jours après, ce qui, à bien
prendre, ne seroit pas impossible , tant ces
manœuvres qui soulèvent le peuple sont cal
culées, arrangées, assignées à jour fixe, tant
est grande la confiance que l'on porte à ces
messieurs que l'on envoye à volonté, contre
la maison d'un particulier , aux barrières ,
au faubourg St.-Antoine, à la terrasse des
Feuillans, au palais du Luxembourg , à celui
des Thuilleries, à Vincennes et par-tout où
l'on croît leur présence nécessaire. O loi !
ô constitution ! ô liberté ! Quand vous con
noîtra-t-on ? · •

Nous ne croyons point à la possibilité d'une


contre-révolution ; mais nous sommes con
vaincus qu'un très-grand nombre de malveil
lans, renforcé d'un plus grand nombre de
mécontens, la désirent , l'espérent, feront
tout ce qu'ils pourront pour §. Nous
sommes très persuadés qu'un petit noyau
peut grossir en peu de tems, qu'un peloton
peut devenir une troupe, s'augmenter et
former une l'objet
mis, c'est armée ; de
c'est l'espoir
leurs de nos enne
tentatives. r!

Laissant de côté les bruits populaires, ne


croyant point, jusqu'à la § de ce
dire, que le ci-devant prince de Condé soit
dans Landau, à la tête de 3oooo hommes,
nous nous contenterons de raprocher quelques
faits les uns certifiés vrais au milieu de l'asem
•.
D E s. C L U B S. 175
, '
blée nationale, les autres de notoriété publi
que, et de les comparer avec une anecdote
# la vérité de laquelle noüs nous sommes
assurés, et dont nous sommes en état de
répondre. #

Dans la séance du deux de ce mois, M.


de Broglio portant la parole, parle d'émi
· grzztion , a'enrôlemens coupables qui ont con
: tinué d'avoir coutrs 2, et qui'viennent même
de s'étendre jusques dans le département du
bas Rhin ; ensuite il raconte ce qui a rapport
à un soldat déserteur du régiinent †
ponts, auquel on proposa de s'enrôler dans
' l'armée des princes réfugiés. Rien ne peut
être plus prouvé que le sont ces † -

Dans la séance du 5 mars, le même M.


Victor Broglio
Broglo,.. plaidan
plaidant avec autant d'élo
/

quence que de sensibilité la cause du maréchal


· de Broglio son père , exprime dans les termes
suivant les criminelles intentions de nos
ennenis : » tranquille et sans reproche dans
la retraite isolée qu'il s'est choisie, il ( le
maréchal ) compte , parmi les plus grands
malheurs de sa position , celui de n'être pas
à l'abri des invitations coupables que ses
talens ont enhardi plusieurs fois les ennemis
de la patrie à lui faire et qui , je l'affirme
ici , viennent de lui être renouvellées avec
plus d'instance et plus d'audace qne jamais,
# des personnes, qui ne dissimulent#
urs intentions. Voici ce que dans sa fran
chise habituelle , il a répondu à ces agens
perfides, et la franchise égale, qui m'empêche
même de vous en dissimuler la rudesse,
-

*
-a
r76 - J O U R N A L
est le garant le plus sur de la fidélité de
mon exposé. Il leur a dit : je conçois qu'on
peut-être opposé d'opinion à ce qui se fait
en france , mais je ne puis entendre sans
indignation , le projet formé par des français
de porter les armes contre leurpatrie , allez ,
vcus me faites horreur. »
Nous nous abstenons de multiplier les
citations de faits confirmatifs de ceux-ci ,
nous ne prendrons de même que deux faits
de notoriété publique, propres à faire naître
dans l'esprit de nos lecteurs des milliers de
réflexions. Le premier est le départ de mes
dames tantes du roi. Elles étoient sûrement
bien instruites de ce qui se tramoit, elles
vouloient, ou renforcer le parti de nos enne- .
mis , ce dont nous ne pouvons les croire
capables ni coupables, ou se mettre à couvert
de tous les dangers qu'elles savoient bien que
l'on cherchoit à faire pleuvoir sur la france. .
Le second est l'attroupement † a eu lieu
le 28 février dans l'intérieur du palais du
roi , , avec tous ses accessoires. Le lieu ,
l'instant , la circonstance de l'attroupement,
le nom , la qualité , la façon de penser connue
de ceux qui l'ont formé, tout indique qu'il
se passoit alors ce qui arrive entre l'Etna et
le Vésuve , quand l'Italie ou la Sicile sont
menacées d'explosion. Nous venons mainte
mant à notre anecdote. .
- Le dimanche 6 Mars, un grenadier volon
taire de la garde nationale, graveur de pro
fession , est allé au bureau des fonds # la
guerre. Il a demandé le commis chargé des
détails :
D E S C I. U B st. 177
tails de l'ordre de S. Louis. Il s'est informé
à lui s'il avoit été donné des ordres pour
faire graver des formules de brevets de cheva
lier dé S. Louis. Le cominis lui a répondur
qu'il n'en n'avoit pas connoissance et qu'il
le croyoit d'autant moins que le ministre , !

venoit de faire imprimer , à l'imprimeriea


royale, mille brevets de cbevaliers de S. Louis.
Le grenadier a demandé à voir un de ces
brevets et le commis lui en a montré un
• - ". - » r - .

qu'il a reconnu , à cette différence près que


dans la formule qu'il a gravée , il y a 2
Louis par la grace de Dieu roi de France
et de Navarre , et que dans les brevets que
le bureau emploie † formule actnelle est :
Louis , par la grace de Mieu et par la loë .
constitutionne # de l'état, roi des français.
Le grenadier a ajouté qu'il avoit représenté
† formule qu'on lui faisoit graver ne
evoit plus être bonne, et qu'on lui avoit
répondu qu'elle étoit encore d'usage. Appa
\
ramment, avoit-il répliqué , que ceux qui
font faire cette gravure , croyent encore à
une contre-révolution. - - : !
#
Le particulier qui a mis le graveur en |
oeuvre s'est dit le comte de la Tour, demeu
rant rue Grange-Bateliére, Nº. 18. Ce pré '
tendu comte de la Tour, sous prétexte de |
faire faire une correction , a emporté la !
lanche et le prix convenu ; le graveur ne
† pas revu , et c'est après des recherches |
inutiles, à l'adresse indiquée que le grena
dier est allé au bureau des fonds de la guerre.
Le commis auquel il s'est adressé , lui a
II. Vol. . M
r78 rè U R N 4 E "
conseillé de remettre un mémoire de ces faits
au ministre : il a du le donner le lendemain ;
en même tems qu'il se proposoit de déposer
de ces faits § des recherches de
l'assemblée nationale et de la municipalité.
» C'est le commis du bureau des fonds de la
guerre qui nous a communiqué ces détails et
cette personne qui jouit d'une estime méritée
est digne de la plus grande confiance. . :
z Une armée qui se forme , un général
célèbre que l'on veut lui gagner, des tantes
du roi qui quittent la france , plusieurs cen
taines de gens dont la réputation d'anti-ré
volutionnaires et d'anti-constitutionnels est
solidement établie, des formules de brevets
de l'ordre de S. Louis que l'on fait graver
our récompenser ceux qui serviront dans
'armée de la contre-révolution ; en voilà
trop, il suffit de raconter et de rappeler,
pour mettre sur la voie. Si le sommeil duroit
encore d'après cela il faudroit donc un cou
de tonnère pour éveiller les français profondé
ment endormis. La contre-révolution n'aura .
point lieu ; mais on la tentera, il n'est pas
permis d'en douter , nous vaincrons nos
ennemis , nous en sommes surs ; mais ils
se préparent à nous attaquer. Citoyens cessez
des débats vains et dangéreux, l'ennemi me
mace vos frontières, c'est là qu'il faut valer.
e fi " " -- : . # ! | e : ·· · · ·
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2: D r s e L U a s. 179

NoUVELLES DES DÉPARTEMENS. .


Municipalité de Paris. . r

A Monseigneur ou Monsieur, à Jacques***


s ou à Pierre***, tu , toi , ou vous. "

Il y a long-tems que nous avions reinarqué,


en parcourant l'histoire , qu'un Athénien ,
parlant des chefs de la république, ne disoit
pas monsieur Périclès, monseigneur Tlrémis
tocle, le très-révérend Aristides, qu'un Rdmair,
libre se seroit cru deshonoré s'il eut prodigué
ces épithètes ridicules, son excellence Fabius,
sa grandeur Scipion , l'émiùentissime Cmoz-,
seigneur Ciceron, son altesse monseigneur
Octave. L'un et l'autre auroient cru faire"
une dérision s'ils eussent employé la valeur
d'une grande feuille de papier, c'est-à-dire
7llll pied de leur rouleau à mettre en vedette
1un titre honorifique, ensuite à quatre pouces
de distance §
d'affaires pour finir,'
quatre pouces plus bas,# se dire : avec un
très-profond respect , des monseigneurs les
très-humbles et très-obéissans serviteurs, et
sur la suscription le titre redoublé à mon-' 2
sieur, monsieur , - " .

Que des hommes bien complettement sou-"


mis † employé ces formules , cela devoit :
être ; la vanité puérile des grands pouvoit se
contenter de cela, en place de véritables. .
titres à la gloire. Que des gens qui n'ont rien ,
à faire , s'amusent à ces drôleries, ç'est fort
indifférent. Mais que des' --citoyens, des hom
- - • • , - .. • '• ! . -

· Mij , !
f8o · J o U R N A L "
mes libres conservent cette formule servile ;
voilà ce que défend la raison , voilà ce que
vient de proscrire le directoire du départe
ment de † , voilà ce que vient d'imiter
le corps municipal qui, le 5 mars, a arrêté
qu'à l'exemple du départenant tout protocole
sera désormais supprimé de sa correspon
v,
dance administrative
seront terminées par laetsimple
que toutes lettres
signature de
/ ceux qui les écriront. Il invite les corps ad
ministratifs et toutes les personnes qui cor
- respoudront avec lui à suivre la même for
| mule. - - - - * _ -

A. mesure que nous nous formerons à la


* _ ? - • . - , -

liberté nous suivrons cet exemple , on ne i


chargera †
les lettres de mensonges dont
ceux qui les reçoivent, ni ceux qui les écri
vent ne sont les dupes. Nous irons plus loin ;
sans craindre d'être accusés de ressembler
aux quakers, nous en yiendrons au point
, de ne plüs parler à un homne seul comme
\ s'il y en avoit plusieurs, vous ne devant pas '
signifier tu ou toi. Ceux qui tiennent §
à la politesse qu'à la raison en seront scan- .
dalisés, ceux qni ont une idée juste de la
dignité de l'homme s'en applaudiront ; les
x
flatteurs en seront bien embarassés, les enfans :
gâtés de la fortune s'y soumettront en enra
geant, et quant à nous qui n'y mettons nulle
rétention ,. nous
· preten nous n'v prendrons
n'y p pas garde.
_! pº
garde. ," |
• Suite de l'affaire arrivée le 28 aux Thuil
• - - · leries. : | : . -

! º - , " --- -- · 1 - . - - , - --- . : s -


Dans notre dernier numéro, nous avons !

-
-

* .
:

--- --- | | | | | ---


* --- - - - - - - - • -
D E s c,a-,
L U B s. | 181• «» - - -

raconté rhistoire arrivée aux Thuilleries le


28 février, nous avons dit que plusieurs par
ticuliers avoient été arrêtés On en conduisit
huit à l'abbaye et le procureur de la commune
ſut chargé de remettre à l'accusateur publiè
du premier arrondissement les procès-verbaux
|
qui constatent l'arrestation de MM. Berthier,
odard de Douville, de Fanget, de Faubelle,
Champin, de Lillers, Dubois, de la Motte
et de la Bourdonnois; la déclaration du corps
municipal et les procès-verbal furent renvoyés
ar l'accusateur public qui n'avoit pas vu
de motifs suffisans pour rendre plainte.Alors
le corps municipal , dans son assemblée du
9 du mois, considérant que la réunion d'un
aussi grand nombre de particuliers † -
toient munis de pistolets , de poignards et
autres armes secrètes, qui s'étoiènt placés
- entre la personne du roi et la garde natio 1

nale, à la même heure , de nuit, à la suite | ( .


l -

d'un attroupement considérable au donjon de


Vincennes et sans qu'aucun des commandans
de la garde en eut # prévenu , paroît néan \ ! |

moins présenter un véritable délit. , |


à
| Arrête que l'assemblée nationale sera sup
\
pliée de décider de quelle nature est le #
t de renvoyer devant les juges qui en doi
, vent connoître. . · .. !

· Le lendenain sur une lettre de M. Mory,


l eau frère de M. Berthier, l'un des détenus
à l'abbaye, contenant copie d'une ordonnance
portant : soit fait ainsi qu'il est requis ,
rendue le 9 mars par le tribunal du premier
- * º -- # # # s . e * - "- -

arrondissement sur les conclusions de l'accu


" . * a * · • · • · • · . -, ! * - - * • • º- •. , » * • ` *• -

• M iij
•12 - • - J -' -- 8. ! !
184 . .. · J o U R N A L
sateur public , disant : qu'attendu que les
exposans detenus dans une maison d'arrêt,
ne sont pas dans les prisons du tribunal, et
qu'il n y a aucune dénonciation contr'eux ,
il requiert qu'ils soient renvoyés à se pourvoir
- par - devant la municipalité qui à ordonné
leur arrestation. . - - 'r

, Le corps municipal considérant que cette


décision ne peut apporter aucun çliangemen
à l'affaire , ni aux motifs qui ont déterminé
l'arrêté pris hier, considérant encore qu'un
attroupement de personnes armées de nuit ;
daus le palais du roi ne peut-être regardé
comme un simple délit de police ; persistant
ans son arrêté d'hier , ordonne que l'assem
blée nationale sera incessau,ment suppliée de
prononcer sur les demandes qui lui ont été
§· · · · : ) • , · · • - -

.i.a , i | | - · · · · · · .
,,f, , , , Section de Bondy. . | | ' ,
* Nous avons dénoncé au public la conduite ilº
de la scction de Mauconseil, lorsqu'au mé
#
-

des lois , elle a fait l'arrestation de la :


liligence de Lille , lorsqu'elle n'a tenu au
cun compte des ordres qu'avoient donné les
administrateurs de police, lorsqu'enfin elle
a voulu s'opposer à l'exécution de deux ar
rêtés du corps municipal. L'amour de
l'ordre et du devoir nous avoient détermi
nés à dire hautement des vérités qu'il
nous coûtoit de publier centre des con
citoyens. Aujourd'hui , pour un fait abso
lument semblable, nous avons la satisfac
\ " "

- -
-

- *
-
•: ----- • -- .. - --
- - -

| -- -
D r s, e L v » s, 183

louer sa sagesse et son obéissance aux lois. :


- Mercredi 9 Mars, des particuliens arrêtè
rent la diligence de Lille , traversant l'ar
rondissement de la section de Bondy. La voi
ture est conduite aux comité dè la section ,
les commissaires de ce comité,ivrais citoyens
et dignes de l'être, ne reconnoissent que le
incipe établi dans le †
º libre circulation , il l'invoque , mais en,
vain, le peuple insiste , il faut visiter la
diligence, le corps municipal , est instruit
vers 7 heures par le comité , deux officiers
municipaux s'y transportent sur les neuf
heures du soir ( 12 heures , après , l'arresta+
- rre d
tion ) munis d'un arrêté du corps municip
p† qu'on laissera partir la diligence de
ille, et que dorénavant toutes'les messa»
geries seront escortées par un détachement
de la garde nationale. L'arrêté étoit appuyé
d'un détachement de cavalerie qui n'a pas
mit à convaincre le peuple et la diligence
a repris sa route à dix heures. | -, Ti
-
,
— º º ººº ºº
-- •

| | | Section des Gobelins. .


: Pendant que des brigands, entraînant : àt
leur suité une grande multitude d'hommesr
foibles et égarés, se portoient à Vincennes,i
les habitans du faubourg Saint-Marcèle don-t
noient des preuves de civisme que nous pré-»
senterons pour exemple à tous les citoyens.o
Mais au lieu de faire l'exposé de la conduite
qu'ils ont tenue, nous préférons de rappor- .
« M iy
184 J o U R N A L 7 º

ter l'arrêté du corps municipal à ce sujet #


· parce qu'il contient les détails relatifs à la
conduife si louable de: nos
bourg Saint-Marcel. º | frères | du | fau
3 , t
- , f , , . ' , ' :: · · · · : · · · 1 . - i , , .

. » Du vendredi 4 Mars 179i. Le corps mu


nicipal, ayant, entendu , avec la plus vive
· satisfaction, la lecture † M.
l
Acloque, commandant du bataillon de Saint
Marcel, çertifié par le comité de la section!
des Gobelins , duquel il ré ulte que , lundi
28 Février dernier , le bataillon de S. Marcel,
alarmé , par l'annonce , des mouvemens qui
menaçoient, dans la journée , la tranquilité
ublique, avoit demandé à continuer , aux
Tuileries , son service, qui finissoit à midi,
et s'étoit transporté à Vincennes au premierſ
ordre qui lui en avoit été donné par M. le.
Commandant Général ; que pendant l'absence
du bataillon, les citoyens de St-Marcel , qui,
me sont point inscrits dans la garde natio-,
male, s'étoient volontairement présentés uu
comitè de leur section , et y avoient deman-,
dé des armes pour maintenir l'ordre dans le
quartier; qu'à défaut d'armes , ils s'étoient
armés de piques, de fourches et autres ins
trumens de cette espêce , et avoient fait des
patrouilles exactes ; qu'aussi-tôt après le re-!
tour du bataillon , ils s'étoient empressés de :
rendre les piques, et de rentrer paisiblement !
dans leurs foyers, en laissant la garde à leurs
concitoyens de la garde nationale, et qu'au :
premier avertissement , tout le quartier à
· été illuminé pour la sûreté des particuliers.
v1 #
| -- · · · -------- = -

D E s c L U E s. 183
: Considérant, d'un côté, qte , s'il est au
tant du devoir de la municipalité de faire
connoître les bonnes actions, que de faire
punir les délits contre l'ordre public ; d'un |
autre coté , rien n'est plus capable de dé
mentir les bruits que les mal-veillans se sont
\
plû à répandre sur les intentions des ci
toyens du faubourg St-Marcel, de se join->
· dre aux brigands qui se sont portés, le lundi
28 février, à Vincennes, que la conduite
tenue dans cette journée et par le bataillon
et par les citoyens non armés de cette par
tie de la capitale. . " - ' » !;''

· A arrêté de rendre publics les faits cons


tatés dans le rapport de M. Acloque , com-.
mandant du bataillon de St-Marcel. , i
º Le corps municipal saisit, avec le plus vif
empressement, cette occasion d'applaudir à
l'ordre et à la tranquillité, qui n'ont cessé de
régner, depuis la révolution, dans l'étendue :
du faubourg St-Marcel, et de faire remarquer
† cet ordre et cette tranquillité , sont l'ef
et du concours des bonnes intentions , de
la bonne conduite et du patriotisme cons--
tant de tous les citoyens, de la garde natio
nale , des commissaires et du oommandant
du bataillon de ce quartier de la capitale ».
\

- : | Bulletin de la maladie du roi. .


Le roi est malade et tous les enfans hon--
nêtes de la grande famille dont il est le
père, sont affectés. Ce n'est point par une
vaine curiosité. que l'on jette les yeux sur :

- - -
- - --
, 186 J 9 U R N A L :
- le bulletin, c'est avec le plus tendre intérêt
que l'on se demande : comment se porte le
roi, avez-vous des nouvelles du roi ? L'assem
t blée nationale, le département , la munici
palité, en s'informant de la santé de ce mo
| marque chéri , peuvent ne laisser que l'idée :
d'un dqvoir acquitté , mais hier jeudi au
conseil général de la conmune , # ublic
me se contenta pas de la lecture du bulletin, | "

il voulut avoir les nouvelles les plus fraiches


et envoya le colonel des gardes de la ville
| au palais. Quand cet officier vint redire que
sa Majesté étoit un peu mieux, des applau
l dissemens universels et repris à plusieurs fois
remplirent la salle , et tous les regards, toutes
· les paroles que F'on pronçoit exprimoient ,
- - ou la crainte que l'indisposition du roi ne -

| · se changeât en maladie dangereuse ou le il !


plaisir l'aprendre combien étoit fondé l'es
| poir d'un prompt rétablissement. ' . · r :
| · La maladie du roi est un catarre, le cra- #
che,nent de sang n'a eu lieu que par inter
valle , et a été peu abondant , il venoit de - (.
la gorge qui a été très affectée, la fièvre a #
été viºlente et accompagnée de redouble- . ,
mens, la toux , l'enroue:nent ont été con- .
si,érºlies, il y a eu des évacuations bilieu- º
ses , le sommeil a été très-interrompu. En #
général aujourd'hui vendredi au matin la l
- · plupart des symptômes ont diminué d'inten- .
- sité. " · · · · .. " . - _ - à
• · , · -- - -

• • Les circonstances où nous nous trouvons - ê!

- présentent quelquefois des scènes propres à , Q,

A /

- - -
-
-
- -

->=- ------
-
| -- - ---
- - - - - "
--- -d-º >1
-"
D E. Si C L U B $ 18y
attrister les ames sensibles, elles offrent aussi
fréquemment des actes de patriotisme , de
· courage et de bien faisance dans lesquels on
retrouve le caractère généreux du vrai
français, et qui sont bien faits pour consoler
les bons citoyens. Tel est celui dont il a
été rendu compte à l'assemblée nationale
le 9 de ce mois , consigné dans une lettte
écrite de Vannes à un de nos législateurs et
datée du 3 Mars : voici la lettre même : » après
vous avoir si souvent entretenu de nouvelles
et de détails affligeans, je n'ai qu'un insta
pour vous apprendre une agréable nouvelle ,
en yous priant de la transmettre à nos
législateurs. Nous venons de procéder à la
vente de plusieurs biens. M. Perrier com
mandant de la garde nationale , est resté
adjudicataire de deux objets, l'un de 76ooliv.,
l'autre de 11975 livres. Un quart d'heure
après cette adjudication, M. Perrier est entré
et a remis au directoire de district, un acte
# lequel il abandonne les fonds et autres
) épendances des bois par lui acquis,, aux
Memmes et enfans de nos malheureux labou- .
reurs qui, séduits , trompés et égarés par le
fanatisine et les artifices des perfides ennemis
du bien public , ont perdu la vie dans la
triste journée du 13 Janvier dernier, et le
donatéur charge le directoire de Vannes de
faire la distribution de ces biens. Puisse cet
acte civique et religieux , faire rentrer en
eux-mèmes les cruelsennemis de la révolution
et les porter enfin à cesser leurs inutiles et
coupables efforts ». · · · · · · ·- _ -.

- - - • - * -- .

- ------- -- - L-ss. --- > - — - -- -------


188 • J O U R) N 2A L

L'assemblée nationale a décrété que le


récit de ce fait seroit inséré en entier dans
son procès-verbal , et que le président seroit
chargé d'écrire à M. Perrier. -

Résultat
· :· r
des travaux Jde - l'assemblée natio - -

. . ! nale , du 4 au 1o Mars.
-- , Décrets - gén éraux -

* -- ·· · - · · · · · · · · · · • - • ' • - -

, Nous remarquerons, 1°. le décret qui ré


tablit en activité de service les militaires non
nobles qui, servant chez les puissances étran
géres , voudront revenir en france. . -

2°. Le décret qui fixe pour l'avenir , à ſix,


le nombre des maréchaux , et le traitement
de cer x-ci à trente mille livres. " •• • 1 -- . "

| 3º. Le décret portant la suppression défi


initive de la ferme générale et de la régie »
et la vente de tous les tabacs qui se trouveront
dans les magasins † ſerme générale. ·
, 4º. Le décret qui institue un tribunal pro
visoire pour connoître des criines de haute
trahison. Ce tribunal sera établi à Orléans,
et ses fonctions cesseront le jour de l'instal
lation de la haute cour nationale.
, 5º. Les décret qui, completent l'organisa
tion des corps administratifs. .. | | , .
| 6°. Le décret relatif à l'organisation du
trésor public. .
-
-
· · , ·
· -
, -
- - - '' ,| . :
*- - - *

4 " , Déarets particuliers. : o .


4*
- • • 1 • · · ·: · • • • i
r '· j, · · · · · · · ,: • . •,

: 1°. Le décret en fayeur du, maréchal de


Broglio, rendu sur la mqtion de sen fils ; il
D E S. C L U , B 8. 18y
porte qu'il ne sera rien statué, quant à pré
· sent, sur le rang et le grade de 1maréchal de ·
france, dont jouit actuellement M. le maré-;
cha\ de Broglio , qui sera provisoirement.
maintenu dans le rang et le grade dont il
est revêtu. - · • , - -

· 2°. Le décret rendu en faveur des arma |


teurs et matelots employés à la pêche de
france. Ce décret porte que les primes accor
dées à la pêche de la morue et du hareng,.
continueront d'avoir lieu, avec une augmen
tation de trois livres par quintal. . ' :
· 3°. Le décret rendu en faveur des employés
privés de leurs places par les changemens
» qu'à nécessité la révolution. Ce décret tend
à leur accorder des secours et de nouvelles,
laces , suivant la qualité et l'étendue de
eurs services, suivant leur âge et leurs be º
soins. · · ·· , · · , - : , , , , -

: | 4°. Le décret rendu contre le curé de Saint--


Martin de Bergues, qui vient de publier au
prône un mandement de l'évêque d'Ypres,
ii invoque la vengeance du ciel sur les :
écrets de l'assemblée, et les françois de son -
ci-devant diocèse, qui oseroient être fidèles
à la constitution. Le tribunal du district de :
Bergues, séant à Dunkerque est chargé d'in-*
former contre ledit curé, pour le procès lui :
être fait comme prévenu d'avoir troublé l'or--
dre public. " : . .. » . : | : 2 :: . : . ?
, 5º. Le décret qui ordonne la translation à
Orléans des prévenus du crime de haute tra- !
hison , et la suspension des réparations du !
donjon de Vincennes, -- : º s3 - # es ſ»
x9e J O U R N A L, -

Le comité de constitution a fait dans la,


séance du 7 mars un rapport sur l'organisa
tion du ministère de France, on a décrété
l'ajournement du projet présenté. -

Nous avons fait connoitre dans notre der


nier No. les observations d'un patriote sur le
projet du comnité militaire, tendant à la sup
pression de l'Hôtel des Invalides, le même
citoyen vient de nous communiquer ses,
idées sur les réformes à faire dans cet éta-,
blissement pour en rendre la conservation
utile. Il trouve la source de tous les abus »|
dans l'autorité du pouvoir militaire ou du
gouverneur, indépendante du pouvoir civil.
ou du directeur Une des absurdités qui lui
paroit la plus choquante, c'est de voir tou-,
tes les distinctions aristocratiques des grades ,
dans une maison qui , comme les §
en atteste la vanité, dans une maison où la
plus honorable des distinctions auroit du être,,
comme elle le sera désormais, d'y vivre sous
la protection immédiate de la nation. Les,
vues qu'il propose tendent donc essentielle-,
ment au rétablissement de l'ordre naturel , .
dans lequel le pouvoir militaire est subor
donné au pouvoir civil , à l'exercice de la
liberté individuelle, dans la plus grande ex-,
tension sociale, et sans autre condition que,
de respecter dans autrui l'exercice de cette
même § , et le bien être des citoyens, ,
par des moyens qui se concilient également » .
aveç la justice § et l'économie, ,

|
D E s ' c L U B s. 19i
nous regrettons que les bornes d'un ouvrage
périodique ne nous laissent pas la liberté de
nous arrêter aux détails interessans qu'offra
l'honnête philantrope dont nous ne pouvons
qu'indiquer les vues ; en citant le résultat de
son projet, nous prouverons suffisamment
la sagesse de son plan. En supposant trois
miſſe six cents hommes dans l'hospice mili
taire. ( C'est le nom qu'il substitue à l'hôtel
des Invalides)'il fait monter la dépense an
nuelle à environ un million six - cent mille
livres; mais cette dépense se réduit réeller
ment à huit cents quatre-vingt dix mille ,
ou neuf cents mille livres, puisque le trésor
public profite de 71o mille livres dont l'hô
tel des Invalides jouit. Nous renvoyons pour
les détails, au projet de décret , imprimé
à l'imprimerie du Patriote Français, Place
du théatre Italien, Nº. 2. '»

PARIs , du 2o Mars.
, On lit dans le journal du soir, séance du
1o mars, que M. Chapelier a dit : « en
intéressant votre humanité, ou vous a surpris
un décret inconsidéré et indigne de vous,
c'est celui qui permet à la municipalité de
Paris , de réparer le donjon de Vincennes...
Il est honteux qu'on dépense six cent mille
Z#vres pour une pareille réparation... et le
donjon ne contiendra pas plus de quatre
v2zzgt prisonniers ». * , *
^ Ifest honte . qu'un joursnaliste fasse ainsi
•,º
parler un législateur et sur-tout M. Chapelier,
192 .»J o U R N A Lº
car il n'est pas possible que ce député ait
appelé , surpris et inconsidéré un décret sol
licité par une députation admise à la barre
de l'assemblée nationale, donnant pnblique
ment connoissance d'un arrêté pris en pu»
blic, il n'est pas possible qu'il ait porté à
• six cent mille livres une
- - § qui ne
doit pas aller à cent mille, et qu'il ait dit
que le donjon ne contiendra pas quatre
vingt prisonniers quand il est prouvé qu'il
en pourroit contenir plusieurs centaines, et
· que les lits étoient préparés pour cela , ce
que nous pouvons assurer avoir vu. Nous
soutenous que cela est honteux à un #
naliste , car il seroit trop honteux au légis
lateur d'avoir essayé , par un discours in
considéré et faux, de surprendre l'assemblée,.
pour que nous puissions croire à cette le-,
géreté ou à cette malignité de M. Chapelier,
uand même quatre-vingt journalistes
diroient chacun six cent mille fois , au reste
comme nous ne voulons pas tomber dans le
défaut que nous reprochons aux autres, nons
onnerons au public l'état exact de cette dé
pense et du nombre de prisonniers qu'au
roit pu renfermer le donjon. | .. : ,

· »

•.

# • - ; -

"- -
•r * • .

- - -- ,
A Paris, de l'Imprimerie de CH A M P I G N r ,
· , ** · ·
* • • - ---- rue Haute-Feuille, Nº. 36.
- - , 4º - - - : ... I
)

- º -
-- - - " - ,• r- - - -- -7 - •
| Tout ce que le patriotisme aura dicté trou- | | |
vera place dans ce Journal. Ceux qui vou
dront faire passer aux auteurs, des annonces,
· lettres, mémoires, ouvrages, etc. sont priés
de les adresser, port franc, à MM. les Di
recteurs du Journal des Clubs, rue du fau
| bourg Montmartre, n°. 6.
, º

l' | On s'abgane aussi chez Champigny , Imp.


Lib. pour l'Ami de la R*olution , ou Phi
lippiques , ouvrage si estimable par son |
patriotisme. -
, |

-
#
# .
D Es cLUBs
| , -
|

, sociÉTÉS PATRIoTIQUEs, -
-
| : DÉDIE • •
-

Aux Amis de la Constitution, Membres


|
des différens Clubs Français.
,
| Par MM. J. J. Le Rovx et Jas. Cuaro N,
· Qfficiers Municipaux, et D, M. R E ro z,
| ci-devant professeur de l'Oratoire.
- •- - Y

· Videte ne quid respublica detrimenti capiat.

| Samedi 19 Mars 1791.


-

, *
MoNTESQUIot, Président de l'Assemblée Nationale
L auAUZAT, Président du club des Jacobins,
A P A R I s,
| Au Bureau du Journal des clubs, rue du Faubourg Monts
# martre , n°. 6, où l'on souscrit tous les jours §4
# leures du matin jusqu'à 9 heures du soir. -

•-- •--- - -

· L'AN sE C O N D D
· · · • r

CE Journal, dont chaque Numéro est


composé de 48 à 56 pages, paroît tous les
Samedis depuis le 2o Novembre 179o. Chaque
trimestre formera un volume. On trouvera
des collections au bureau principal des Di
recteurs du Journal, où l'on souscrit à raison
º,
de 3o liv. pour Paris pour un an, 15 liv. pour
six mois, et 7 liv. 1o s. pour trois mois ; et
our les départemens, à raison de 36 liv. , *
18 liv. et 9 liv., franc de port. A quelque
· époque qu'on souscrive, on ne peut le faire
· · , qu'à dater du commencement d'un trimestre"
| | On souscrit aussi
· Chez CHAMPIGNY , Imprimeur - Libraire, rue Haute
Feuille, n°. 36. . - - -

'CROULLEBOIS, Libraire, rue des Mathurins, n°.32.


| Madame LAPLANCHE, Libraire, rue du Roule,n°.17..
| | JACQUEMART, Libraire, au Bureau de la Corres
| | pondance nationale francaise, rue St-Martin,n°.25o
| | | | Madame BAILLY , Libraire, rue Saint-honoré, Bar- .
· · · · rière des Sergens. ' - , ,
PERISSE, Libraire, pont Saint-Michel, -

Et chez les frères PERISSE, Imprimeurs-Libraires,


grande rue Merciere, à Lyon. - | |

Ceux qui souscriront pour une année , à


| dater du 2o Février, recevront, gratis, le
· premier trimestre, formant le premier volume
de ce Journal. . - | |
Tout ce qu'on voudra voir inséré dans
le n°. le plus prochain , doit-être parvenu à
" MM. Ies § en leur bureau, le mer
| º, credi pour le plus tard. - ,

Chaque quittance d'abonnement sera signée


' , J. J. LºRoºx. º, -

| MM. les Souscripteurs des Départemens


sont priés d'affranchir le port des lettres et de
:
· · ,

–- =

JOURNAL DES CLUBS


| · oU · |

· sociÉtÉs · PA RioTiQUEs. |

· · · ·· · pau . n ° sa . |
| C L U B S.
º | " . - , t :º
Adresse du club des amis de la constitution ,
séant à Sevres, département de Seine et
· Oise , district de / ersailles , à tous les .
anais de la constitution de eºpire Pºeſ -

- çais. : · · • · •
- - | | ,é
| | ; : - -

>> o U s regardons, chers frères et amis :


comme un devoir bien précieux pour nds
cœurs, de faire part à tous nos concitoyens
des quatre-vingt trois départemens , #'il -

existe dans un village près de la capitale,


une société d'hommes réunis en club : ºº
affiliés
· II. P àol.nos. -frères
" •
des jacobins| ainsi
Nº !qfi'à
3iº - - -
194 J o U R N A L t

mos frères de Versailles chef lien de notre


département ; voici notre profession de foi.
Persuadés que notre manière de penser sera
d'accord avec la votre, nous croyons ferme
ment que vous recevrez avec bienveillance ,
les principes exposés par des campagnards,
qui sentent tout le prix de la liberté , et
- † , s'ils n'ont pas le § recherché qui
- _ -

ans le discours sait la parer de fleurs , .


ont le courage qui sauroit la défendre.
Graces immortelles soient rendues à ces
· génies protecteurs , qui bravant le sistême
oppressif des siècles passés, ont eu le noble
couraged'éclairer les humains sur leurs droits,
et ont soulevé d'une main hardie , le voile
épais qui couvroit la turpitude de cette foule
de brigands titrés , sous le joug desquels
nous étions accablés ; ce sont eux qui ont
osé leur arracher ce masque de grandeur,
qui cachant la dégradation la plus abjecte ,
en imposoit par une fastueuse insolence, à
ces utiles et honnêtes villageois dont les têtes
blanchies et vénérables s'inclinoient devant
ses idoles de boue , qui valets bas et rampans
à la cour dont il savoient fait un séjour de cri
mes , en eussent totalement chassé la vertu,
si elle n'eût trouvé un azile dans le cœur
dºun monarque trop bon sans doute , mais
que le ciel nous donna dans sa bienfaisance. .
| O combien nous avons vu de forfaits !
Combien cette cour dépravée et dissolue nous
a offert de tableaux déchirans et révoltans
# , pour tout homme sensible , et ami
'humanité : Combien on s'y abrouvoit du
D E S C L U B S. 195
sang des citoyens changé en or dont on étoit
insatiable. Mais tirons le rideau sur ces scènes
d'horreur, et portons nos regards sur cette
liberté si heureusement conquise, et sur cette
constitution sublime, qui nous en assure la
possession , et immortalisera ses auteurs ; sur
cette constitution à laquelle nous devons l'é
alité de la loi pour tout membre indistinct
# la société; la justice gratuite ; l'abolition
des ordres, de la dîme , des privilèges; la
répartition égale de l'impôt ; le retour de
la religion à sa pureté , et sa simplicité pri
mitive ; l'ordre dans les finances ; le droit
aux honneurs et récompenses par le mérite
et la vertu ; l'élection des administrateurs
† et pour les administrés ; la réforme totale
s abus; et tant d'autres biens dont la source
féconde doit faire fleurir à jamais l'empire
où nous vivons. Quelle perspective conso
lantelEt combienla récolte nous dédommagera
des peines de l'ensemencement! Mais tous ces
biensseroient nuls en partie, si la réforme des
mœurs ne suit celle de l'administration. . *
Le français frivole , insouciant, s'amu
sant d'un colifichet de mode ; dédaignant ou
dénigrant et Rousseau et Mabli dont il
ignoroit la morale ; parlant de tout , m'étu-..
# rien ; riant au nom de la patrie pour
laquelle son ame n'étoit pas émue, ne peut
plus être le français d'aujourd'hui , il faut
† se , régénère par l'étude des loix qui
oivent le gouverner ; rien des détails de
l'administration ne peut lui être étranger ;
le cœtir brulant de patriotisme , sa têté et
ses bras doivent être sans cesse au service
\

· 196 J o U R, N. A L
· de la société qui le protège ; moral dans
sa conduite, probe dans ses affaires , l'ordre
le plus sevère doit présider dans son inté
rieur ; sur-tout qu'il bannisse de sa maison
| ce luxe fatal, la ruine et le désespoir des
familles, qui vaut lui seul tous les fléaux ;
qu'il fasse de ses enfans des citoyens vertueux
, et des filles ménageres ; alors nous aimerons
la patrie, alors nous aurons pleinement la
liberté , une constitution , et cette tenacité
qui empêchant qu'on n'attente à nos droits,
forcera à les respecter. -

· Rien ne peut opérer cette révolution mo


rale comme la multiplication des clubs, ces
rassemblemens civiques qui sont l'effroi des
méchans, et mettent les bons en évidence ,
où l'imagination s'épure, où l'on discute les
loix , où l'on s'éclaire par la communication
des pensées, où l'on dénonce enfin ceux dont
# Inarche est tortueuse , en même tems que
l'on livre à l'indignation publique, les en
nemis § de notre liberté. Puis
sent les clubs , au gré de nos vœux, cou
vrir la surface de l'empire ! Puisse chaque
village en avoir un dans sein ! Puissent le
brulant patriotisme , le zèle ardent pour le
soutien de cette constitution qui s'avance
d'une narche rapide et majestueuse,embraser
les français , et les unir si étroitement ,
ue leurs ennemis perdent à jamais l'espoir
† leur nuire ! Les tirans en paliront sur leurs
trônes, mais nous tranquilles et surveillans
par amour de l'ordre et non par crainte,
nous aurons l'espoir devoir réaliser cet âge
- " - 3. : ,
D E s c L U B s. . 197 -

d'or des poëtes , cette paix universelle du


bon Saint-Pierre , et la gloire d'avoir ouvert,
à l'univers étonné, la route du bonheur. Tels
sont, chers frères et amis, les vœux de ceux - 4

qui ayant pris pour devise surveiller et s'ins


truire ont toujours les yeux ouverts sur ce
qui peut intéresser la chose publique, et
# prenant part à vos peines comme à vos
plaisirs, se disent très-cordialement vos frères .
et amis , les citoyens composant le club des | |
amis de la constitution , séant à Sèvres.

| La même société nous donne communica- |

tion du procès-verbal de sa séance du 17


février, conçu en ces termes. -

» Convaincue, que nos ennemis pourl'exé


cution des projets infernaux qu'ils trament ' :

contre nous, calculent sur notre peu de con- . -

noissances militaires, la société craignant que -


le courage de nos frères ne serve à rien -

contre ces hommes habitués au maniement .


des armes : à arrêté qu'elle payeroit deux
-

l
t"
citoyens dont les talens militaires sont rocon
nus, à l'effet d'enseigner gratuitement l'exer- | A
cice aux soldats citoyens de son canton (com- l
posé de huit communes). Deux de ses mem- |
bres inspecteront cette école ; son comité ! * \ |
d'utilité publique, a été chargé d'écrire aux , - \
maire et commandant des gardes nationales i
pour les instruire, que cet exercice aura lieu . \
tous les dimanches et fêtes au matin depuis
avril, jusqu'à octobre. Quatre membres qui
· sortent du service se sont offerts pour secon- # \
der les instituteurs et concourir à la perfection
-"
N iij
198 J o U R N A L.
de cette école. Signés, les Président et Se
crétaires.

JDE SAINT-YarEx, département de la Haute


Vienne , le 6 Mars.
« Il vient enfin de s'établir dans notre ville,
une société des amis de la constitution, depuis
long-tems elle étoit projettée , mais la foule
- d'aristocrates qui nous entourent,avoient tenu .
jusqu'ici en suspens les citoyens trop confians.
Nous avons redoublé nos efforts, et leur avons
enfin fait sentir la nécessité de se rassem
bler sous cette dénomination, et nous voyons
de jour en jour s'augmenter le nombre des
membres de la société , qui s'éléve dans ce
moment à trois cens. Les municipalités de
tout le district, s'empressent de venir se
réunir à nous , éscortées de leurs braves
ardes nationaux : veuillez annoncer l'éta
lissement de notre société. » Signés, les
Président et Secrétaires.

· DE VIENNE , le 6 Mars.
· La société de cette ville nous charge de faire
connoître aux sociétés qui lui sont affiliées
l'arrêté qu'elle vient de prendre de ne plus
· recevoir de paquet par la voie de la poste à
' l'exception des lettres missives. -

CoRREsPoNDANCE
j -
DU cLUB DEs JAcoB1Ns ,
- séance du 6 Mars. . -

Le club d'Autun donne communication


D E s , e L U B S. | '199 .
· d'une adresse qu'il fait passer à l'assemblée
nationale , et dont voici l'extrait : « La dette
de notre ville est immense. L'avantage qui
lui étoit offert sur l'acquisition des biens
nationaux, pouvoit fermer la plaie honteuse
et profonde qui nous afflige. Un cri pres
que universel ayoit contraint les officiers
· municipaux de faire des soumissions. Vous
· avez tracé des modèles pour l'ignorance,
l'infidélité n'a pas voulu les suivre ; les sou |
missions renvoyées deux fois par votre comité,
" mais renouvellées par la mauvaise foi , ont
toujours été nulles, et malheureusement pour
nous, le terme fatal arrive, la municipalité
d'Autun n'a été animée ni par léclat d'une
entreprise si avantageuse à toute la commune
dont elle trahit la confiance, ni par le désir
honorable de concourir à consommer une
révolution qui fait la gloire et le bonheur
d'un grand empire. - · · · -
Si quelque chose atteste d'une manière
effrayante le systême des officiers municipaux,
c'est leur coalition avec les ci-devant vicaires
généraux d'Autun. Certes elle est bien dé
· montrée par le silence criminel de ces dé
positaires du pouvoir.
.. . · Les ci-devant vioaires généraux ces hom
, mes pervers , favorisés par des magistrats
infidèles ont obtenu une partie des succès
qu'ils désiroient. Leur conduite artificieuse
a-produit son effet : aucun de nos ecclésias
tiques fonctionnaires publics n'a prêté le ser
ment; les foibles, les ignorans ont été trom
'pés, séduits par l'hypocrisie de ces impos
· N iv

*
-- ----
grr

2ob "J oU R N A L
teurs.Ils se sont préparé de longs regrets.
Les prêtres réfractaires coalises avèc leurs
surveillans , avec ceux qui sont chargés de
faire exécuter les loix, ont excité dès op
positions à leur exécution , et combiné un
refus d'obéir aux décrets. Ces factieux sont
aujourd'hui aux pieds de M. Clermont, ci
devant évêque de Chalons et déserteur de
l'assemblée nationale. Cet évêque devenu l'é
tendart du scandale et de la rébellion, for
tifie ici le parti des ennemis de la chose
publique.
| Leur audace ne néglige rien pour exciter
i le peuple à la révolte, pour lui mettre à la
main le poignard du fanatisme. .
On a imaginé d'ouvrir une souscription- .
en faveur de ceux qui n'ont pas prêté le ser
Imlent. ... -

· · Les prêtres de l'Oratoire , qui ont le col- -


lége d'Autun , ont refusé d'obéir à la loi (1).
-

Note des rédacteurs. Il ne faut rien moins que la


conſtance due à une société d'amis de la constitution,
pour nous forcer à ajoutcr foi à la rebellion des prêtres
de l'Oratoire , qui tiennent le collège d'Autun. Ne pou
vant nous refuser à la certitude de ce fait, nous nous croyons
obligés de contribuer de tout notre pouvoir à empêcher
qu'on ne rejette sur tout le corps une ſaute qui n'est que
celle de quelques individus indignes de ce corps. Con
vaincus du civisme de la congrégation de l'Oratoire, dont
les principes nous sont connus particulièrement, et que les
marques da patriotisme qu'efie donne dans la plupart
des villes où elle est chargée de l'éducation publ que ,
attestent plus sûrement encore que notre témoignage ,
nous ne craignons pas de prédire que cette congrégation -

• - º -
v. ·D E s c L U B s. . 4c1
Un de leurs écoliers inspiré , on ne sait
ar qui, a couronné son professeur. Les of#
† municipaux ne veulent pas leur don
mer de successeurs. L'éducation de la jeunesse
est encore confiée aux mêmes hommes : c'est
ainsi, messieurs, que ces professeurs et ceux
qui doivent les surveiller concourent à cor
rompre la régénération nouvelle. .. !
Tél est le tableau fidèle de notre ville.» :
La société de Pontarlier , par un envoi en
date du 27 février, après avoir fait l'éloge
d'un curé de la paroisse de saint Bénigne,
qui lors du réglement de son traitement de
curé , a abandonné à la nation le revenu
d'une chapelle dont il étoit titulaire, ne vou
dant pas charger sa conscience de deux béné
fices, quoiqu'en confornité des décrets il eût
pu conserver jusqu'a la concurrence de trois
mille livres ; après avoir démandé l'arme
ment et l'organisation de la garde nationale ,
coIitinue ainsi : - · · · · ·,

» On mande d'Estavayer , au canton de,


Fribourg , en date du 23 du courant ; que
les portes de Genève sont fermées depuis
quatre jours, qu'on entend continuellement
tirer des coups d'armes à feu , et que le
bruit court qu'il y a plus de six cens hommes
tués. L'écrivain ajoute que l'évêque de Bâle,
prince de Porentru, s'est retiré depuis peu
', - r

désapprouvera hautement la conduite anti-civique de quel


ques-uns de ses membres gangrénés, et qu'elle saura elle
même confier à des guides plus sûrs le soin de former une
jeunesse qui fait l'espoir de la patrie.
|
-
-
2O2, J o U R N A L
à Soleure d'où il a été obligé de se sauver
précipitamment , parce qu'iI y a aussi une
gran ſe fermentation dans cette ville , et
u'on a été également obligé d'en fermer
es portes. On assure qu'il y a trois partis à
Genève ; premierement celui des aristocrates,
ensuite celui des démocrates qui se divise
en deux ; l'un pour adopter la constitution
· française et demeurer petite république ; l'au
tre, pour s'incorporer à la France ».
· · · · • • rº3 ,

La société d'Orange donne communication


d'une instruction au peuple, sous la forms
d'adresse à l'assemblée nationale. Elle est
terminée en ces termes : -

« Et vous augustes législateurs, continuez :


achevez les immortelles operations qui doie
vent combler les espérances de la patrie.
Nous sommes ses enfans , nous nous en
sevelirons vivans sous ses ruines, plutôt que
de supporter de nouveau les fers qu'ont bri
sés vos mains généreuses. On nous menace
de puissances étrangères ? On craint pour
nos frontières ? Eh ! quel est le peuple qui
oseroit s'opposer au bonheur des français ?
Quel est leur crime ? aux yeux des tyrans,
ils en ont commis un bien grand saus
doute ; mais des tyrans ne commandent qu'à
des esclaves ; et leurs esclaves , s'il s'en pré
sente sur nos frontières , baisseront le front
: devant des hommes libres ».
:
· D E- S , C- L U E S. , 2o5
t

v A R I É T É S. | r
Suite des parce que, en réponse aux pourquoi.
Pourquoi la commune, qui a des représev
tans, veut-elle être sans cesse en activité,
en permanence ?
' , Avant de répondre à cette question, dis
tinguons la véritable oommune , de la soi
disante commune. La véritable commune est
l'assemblage de tous les citoyens actifs de la
$capitale, elle est en force, elle est portion
, du souverain dans deux cas , le premier lors
qu'un grand intérêt national indique impé
,rieusement la nécessité de s'assembler , c'est
- ce que nous avons vu à † des 13, 14
| juillet 1789 et jours suivans; le second lors
, que légalement convoquée, soit pour les as
, semblées primaires, soit par une invitation
.expresse du corps † , connue de tons
les habitans, elle tient des séances où les
citoyens sont en grand nombre , fait des
| élections, ou émet un vœu collectif. 1 .
' !
· La soi-disante commune est composée des
habitués aux prétendues assemblées de sec
{ - • " -

,tions d'où s'éloignent , comme on l'a fort .


bien remarqué, les bons citoyens soumis aux
· lois qu'ils connoissent; ces habitués prennent
de prétendus arrêtés, lesquels ne sont que ,
l'expression du désir de quelques citoyens et
ne peuvent être regardés comme l'ouvrage ,
/
»

de la véritable commune ; une poignée d'es


prits inquiets et turbulens qui courent au son
2o4 J o U R N A L
, elu premier tambour qui frappe leurs oreil
les, ne devant jamais exprimer, ni enchaîner
la volonté générale. -

· La véritable commune tient des assemblées


régulières et seulement quand le bien général
I'exige , la loi y préside, le patriotisme y
existe dans tous les cœurs , l'amour de la
liberté y échauffe toutes les ames, les objets -

qne l'on y traite sont dignes de l'attention


† , les discussions y sont intéressantes,
# · décisions #. sont en même-tems sages et
| vigoureuses, l'homme de bien s'y plait, il
se trouve aggrandi, il s'honore du nom pré
cieux de citoyen, il le porte avec dignité.
- La soi-disante commune s'agite continuel
lement : deux assemblées par jour ne l'eſ
frayeroient pas. Ses habitués ont leurs ora
teurs, leurs petits tribuns et nous ne pouvons
mieux comparer leurs séances , à demi clan
destines, qu'à des conciliabules d'écoliers ,
dans lesquels les plus espiègles se ſont le plus
d'honneur, où la plus grande gloire est d'a
voir imaginé le meilleur tour pour se sous
traire à la règle du collège , la meilleure tra
casserie contre le principal ou les professeurs.
Y pense-t-on à être utile ? Point du tout ;
on pense à faire quelque chose bien ou mal,
on va son train , on occupe le secrétaire
· greffier , on fait imprimer , on fait même
affioher, l'on en voye au quarante-sept autres
sections et l'on peut assurer que sur huit cent
citoyens actifs, composant une section, il y
en a communément six cent cinquante out
sept cens qui n'apprennent que par les paplers |

"
D E S C L U B S. 2o5
publics , ou par l'explosion qu'ils ont fait
dans Paris, les beaux arrêtés auxquels ils se
roient censés avoir participés , si l'on ne
connoissoit pas la valeur actuelle de ces
mots : l'assemblée générale de telle section
légalement convoquée. .. : .. - -

Ces principes rappellés , revenons à la


question :
| Pourquoi la commune qui a des représen
zazs, veut-elle être sans cesse en activité,
en permanence ? º - • • *

dº§ parce que la soi-disante commune


est jalouse de conserver des droits qu'elle a
essayé d'usurper et que ne lui confiera jamais
la véritable commune ; parce que, quoique
les hommes raisonnables conviennent que
uand, dans une affaire particulière, ils ont
donné une procuration à une personne de
confiance, † peuvent dans cette affaire
agir par eux-mêmes, tant qu'ils n'ont point
retiré leur procuration ; cependant les zèlés
de la soi-disante commune prétendent qu'il
est fort conséquent de dire à quelques-uns
de leurs concitoyens : je vous ai nommés, je
vous ai revêtus de toute la portion d'autorité
dont je pouvois disposer, je vous ai chargés
expressément d'administrer à condition que
vous seriez responsables de votre conduite
publique et de vos actions, et cependant je
ne me contenterai pas de vous surveiller et
de vous faire rendre compte, mais je ſerai noi
même mes affaires, mais j'administrerai en
personne, mais je vous présenterai des obstacles
sans cesse renaissans, mais je serai persuadé

--
|.
2o6 3 o U R N A L
que moi qui n'ai rien examiné , rien com
biné, que inoi, soi-disante commune, poussée
on ne sait coinment, ni par qui, je verrai
les choses beaucoup mieux que vous qui en
faites une véritable étude et qui avez toujours
présent à l'esprit ce compte sévère que vous
devez à la véritable commune.
Parce que M. Guillaume ou M. le Gras
n'abandonnent leur boutique ou leur attelier,
pour courir à l'assemblée, que parce que la
soi-disante commune se comporte de manière
à tenir éloignés de Paris tous ceux qui ache
teroient ou feroient travailler, et que faute
d'acheteurs les ouvriers et les marchands n'ont
º rien à faire : parce que s'étant portés à la
section par désœuvrement, quelquefois par
désespoir, ils croyent se venger de la détresse
où ils s'entretiennent réciproquement et vo
lontairement, en abreuvant de fiel ceux aux
quels ils ont donné leurs suffrages, au mo
ment même où ils remplissent leur devoir,
en se promettant bien de les couvrir de mé
pris s'ils y manquoient une minute.
Parce que l'homme public a toujours été, "
est maintenant et sera éternellement le plas
tron contre lequel seront dirigés tous les
traits de l'envie et de la jalousie et parce que
le choix volontaire que font des citoyens
libres ne peut garantir personne de l'injustice
et du soupçon.
- Parce que chaque membre de la soi-disante
commune ne veut pas avoir le courage et
la bonne foi de se dire : un député à l'ssem
hlée nationale, un administrateur du dépar

|
- r º .. ,
D E S C L U B S» . 2oy
tement, un maire, un membre de la munici
palité n'occupe sa place que parce que je l'ai
ainsi voulu , aujourd'hui c'est son tour, de
main ce sera le mien, demain je serai comme
lui environné de l'autorité des lois , de la
force publique, dans une place plus ou moins
éminente , mais toujours honorable , je serai |
l'homme de mes concitoyens : on ne devra
plus me juger d'après mon foible mérite, mais
ne considérer en raison de ceux que j'aurai
l'honneur de représenter. En représentant
mon voisin, devenu législateur ou magistrat
du peuple , j'obéis aux lois, je respecte le
peuple, je me respecte moi-même. Si je le
trouble dans ses fonctions, je l'empêche de
faire le bien qu'il avoit projetté, # lui donne
des motifs pour s'excuser du mal qu'il pour
roit commettre, je m'ôte les moyens raison
nables de l'en punir, lorsque, cité au tribunal
†e , il devra m'exposer sa conduite en
ere. . - -

Mais puisque nous n'écrivons que pour


les hommes sages et faits pour nous entendre,
nous n'exposerons pas toutes les raisons qui
nous resteroient à leur présenter, et nous
n'en concluerons pas moins comme au 3
février (nº XII Pag- 565) qu'il n y a rien
de plus contradictoire que dPétre représenté
à'agir continuellement par soi-méme.
é?f

Aux Auteurs du Journal des Clubs.


. J amais le peuple n'a compté plus de sen
tinelles veillant sur ses droits que dans ce
2o8 ,J o U R N A L
moinent , s'il est vrai qu'on doive appeler
de ce nom tous les auteurs des journaux
qu'on lui distribue chaque semaine , chaque
jour et pour ainsi dire à chaque heure du
jour. On l'avertit des moindres apparences
de danger , on ne perd pas de vue ses re
présentans, ses magistrats. On lui parle con
tinuellement de ses intérêts, ou prépare, on
forme son opinion sur les hommes et sur les
choses ; jamais enfin on n'a pris tant de soins
- pour assurer son bonheur et son repos. Mal
heureusement ces amis et ces guides ne sont
pas infaillibles, ils peuvent se tromper et l'é
garer sur leurs pas. Les uns inquiets par un
excès de zèle ne voient par - tout que des
traitres et des trahisons ; la démarche la plus
indifférente est toujours à leurs yeux la suite
ou les préparatifs d'un complot ; à les en
· tendre , le salut public est toujours dans le
plus grand danger ; ils excitent, ils entre
tiennent l'inquiétude du peuple, ils lui com
muniquent leurs allarmes, et le moindre in
convénient qui puisse résulter de cette dan
- gereuse sollicitude, c'est de le rendre enfin
inactif à force d'avoir sollicité , exalté son
-
activité. D'autres suivent une route opposée,
et Gonduisent à l'indifférence poyr l'intérêt
† disposition qui mène rapidement à
'esclavage.Ceux-ci blament tout , ceux - là
exaltent ce qui excite l'indignation des autres.
:· Tel homme chargé de quelque fonction pu
blique reçoit les éloges des uns, tandis que
. dans le même moment, d'autres le désignent
-

au peuple comme un ennemi, Ici on appelle


- factieux
E E s - C L U B rs. , *o9
factieux ce qu'ailleurs on décore du titre de
patriote. D'un côté on loue, de l'autre on
désaprouve , on blame. Ainsi chaque jour
le poison est distribué avec la nourriture la
lus saine ; chaque jour , la même cause ,
† même événement , la même opération
produit des effets contraires, des sentimens
opposés. Les allarmes, les soupçons, les haines
sont confusémentrépandus avec la confiance ,
avec les motifs d'espérance et de tranquil
lité. . - \ • * •• • • • • • • ,*

· Le lecteur, qui compare, sait bientôt à


quoi s'en tenir , et quelle doit être , son
opinion ; mais le peuple qui n'a pas le tems
de comparer, adopte tout, croit à toutes les
conjectures. Plus on est exagéré , emporté,
moins il raisonne ; on a parlé à son ima
gination, il est persuadé.De-là, le trouble
et le désordre, l'opposition des citoyens aux
citoyens. | . • ' - '

. N'y auroit-il donc pas un moyen de pré


munir le peuple contre le zèle indiscret et
l'erreur ? Ne pourroit-on pas pas lui inspi
rer un doute salutaire qui donneroit à la
réflexion le temps de l'éclairer. Que d'inr
uiétudes il's'épargneroit, que de piéges il
éviteroit , combien il seroit plus tranquille
s'il ne lisoit jamais qu'avec défiance !Essayons
de lui pronver la sagesse et la nécessité de
cette défiance pour tous ceux qui, n'ayant
reçu de la loi ancun Pouvoir, l'instruisent,
le conseillent, le dirigent au nom de la li
· berté et de la patrie. Rassemblons sous un
seul point de vue les manières très-opposées
II. Vol.

Y.
21o - J o U fR N A L '
dont on lui parle de tout ce qui l'intéresse ,
et que ce tableau de contradiction serve à
le convaincre qu'il ne doit pas estimer les
hommes et les choses d'après le jugement
de tel ou tel de ses instituteurs quotidiens,qu'il
peut raisonnablement supposer avoir | été
trompés eux-mêues, ou parler pard'autre mo
tif que celui de son bien.
- Extrait des différens journaux.
| » Citoyens ! on vous » Vous trompera
perd, on vous mène t'on toujours , mes
au despotisme. Nous chers concitoyens ?
sommes trahis de tou Est-ce par la violence .
tes parts : nous tou et la contrainte que
chons à l'anarchie.... vous ferez arriver
Infâmes papiers modé dans vos murailles les
rés, détestables jour fleuves d'or qui y cou
naux des clubs, sacri loient § Est
lège comité diploma ce en arrêtant la cir
tique, voilà votre ou culation de l'argent
vrage, contemplez-le. que vous ramènerez
La paix, disiez-vous, l'abondance parmi
la paix. ... Voyez où - vous ?Laissez voyager
nous conduit la paix. Mesdames , ce grand
• -• • •• • • - exemple de la liberté
Le Roi semble médi † prouvera à
ter sa fuite ; son frere , l'europe entiere que
aîné dit lui - même · tout le monde est li
u'il ne le quittera bre à Paris, et l'étran
jamais. Ce bruit se ré † , que vos insurrec
*-

and dans la capitale ; ·tions éloignent, re


,les intrépides et géné: viendra bientôt vous
-
- ---- - r -- x----- s

D E S - C L E B S. • 2 r I.

reux parisiens se por rapporter ses tré


SOI S. cc
tent au château , et - -

c'est du canon qu'on


- leur oppose. « *

» Oui , de toutes » Quel insignifiant


parts, nous sommes soupçon , d'imaginer
trahis , vendus. L'as que Mesdames, après
senblée nationale dé avoir passé les bar
· libère sur le départ rières de la france ,
des tantes du Roi , iront, comme des che
et ces femmes par · valiers errans, cher•
tent avec des passe- cher dans les cours
orts.. .. On donne étrangeres, des enne
† ordres à des sol- « mis contre notre li
dats de protéger leur berté.Voilà ce qu'an- .
fuite. L'infâme Mot- noncent les pamphlets
"tié connoît l'heure du du jour et les motion
"départ, le maire de naires du palais-royal.
| Paris ne l'ignore pas, Français , si vous
et le départ s'effec- º croyez que le succès
- tue. ce º - de votre révolution
- - - - tient à la présence de
| » Une municipalité deux femmes âgées,
· de département arrête " vous annoncez à toute
les fuyardes; elle a le l'europe qu'elle tient
| droit de les arrêter..., à un fil. Vous bravez,
· et l'assemblée natio- avec raison , tous les
· nale ne délibere pas potentats coalisés con
* sur cét acte de patrio- tre vous, et le départ
· ºtisme. Le nom , le de deux femmes vous
seul nom de princesse fait trembler. En vé
-- royale la paralyse, et rité, c'est unir la lâ
les habitans
>
d'Arnay
à
cheté au ridicule, et
4
-

--- -- --- -
-
•. O ij
-

-
-

| | ---
-
---- • -- - -res*-- ;- \
) -- - -


- , -- -
- rºi

2 I2 'J o U R N A L
restent exposés à la déshonorer, par cette
vengeancedela cour.« terreur panique , la
lus belle époque de
» Français , écou § de votre ma
: tez-moi , je le dis à tion. , -

| regret : mais lorsqu'il Les bruits semés il


8l quelque tems du
, s'agit de votre salut
. et " du mien , je ne départ du Roi et de
, connois plus d'autre la Reine ont été dé
| loi. Si les tantes du mentis d'une manière
| Roi sont amenées à · claire et positive, et
| Paris, si, de retour · les absurdités débitées
| ici, l'envie de voyager , à ce sujet ont tourné
, leur reprend encore, | à la confusion de leurs
· si quelqu'autre d'en · auteurs. -

, tre nous cherche à On a appris à l'as


· s'expatrier , dans le semblée nationale que
· moment de la crise, si Mesdames avoient été
· nous crovons sa pré , arrêtées à Arnay-le
· sence utile à la chose Duc , sur la pétition
publique, s'il se pré de treize citoyens ac
, sente une autre cir tifs, formant la ma
constance quelconque
, de † , fai
- †, et après une
ongue résistance de
tes-le sans consulter la municipalité et du
' l'assemblée nationale; district. A la nouvelle
elle n'a pas le droit de cette conduite in
de vous l'empêcher. CC
constitutionnelle,per
sonne n'a douté que
la majorité de l'assem |#
· blée " nationale me
maintînt l'observa-- t,|
tion des principes
A · qu'elle a consacrés,
e

» x s c 1 t » s. aI3
et qu'elle me déclarât
que rién me devoit
retarder le voyage de
Mesdames. | -

Il n'y a aucune loi


i défende à Mes
§ de voyager; on
ne peut donc les rete
I111 , · •

Je crois que l'europe


entière sera bien éton-. -

née d'apprendre que


l'assemblée nationale
de france s'est occu
ée pendant quatre
# du départ"de
deux dames qui ont -
mieux aimé entendre
· la messe à Rouen qu'à #
Paris.

| » Si les tantes par


veux ne partiroient

Volt , ce que sent, ce


| Quand la france ,
tent, pourquoi les Il e quand l'europe entiè
I'G apprendra qu'une

ils pas ? Voilà ce que multitude menaçante


s'est rassemblée pour
-


que dit ce peuple. Il aller arracher le frère
J'a bien senti, ce peu du Roi de son azile...
ple ; car sur les bruits L'indignation sera le
répandus que Mon premier sentiment qui
sieur vouloit suivre , remplira
p les cœurs.
ses tantes, il s'est por Les hommes raison
té en foule Lundi soir nables demanderont
au LT xembourg, pour ensuite s'il existe une
O iij .
· 3I4 J o U R N A L
savoir au juste ses in force publique à Pa
tentions. Mbnsieur ré ris, si cette force pu
-l'i aux femmes blique est dirigée par
pondit • x v

qui 1nterrogèrent all. un chef, si ce chef est


nom de dix mille ci enchaîné par les lois,
| toyens , là présens , si ces lois empruntent
qu'il ne quitteroit ja pour se faire entendre
mais le, Roi , et qu'il un organe uelcon
en donnoit sa parole : que , qu1 puisse sus
d'honneur. Hélas ! il pendre leur action ,
n'en fallut pas davan ou la déployer, sui
tage pour rassurer le vant les circonstan
bon peuple de Paris. ces ? On leur répon
On pria seulement dra : la force publique
Monsieur de se ren parisienne existe, elle
dre aux Thuileries , a son chef; le corps
# pour aller faire lui municipal existe ; il
même cette promesse existe des loix contre ,
à son frere , et il y les mouvemens sédi
fut conduit dans sa tieux, et c'est au corps
voiture , au milieu municipal que l'exé
d'un peuple immen cution en est Com
S6, cc
mise. Alors ils n'en
» Il est prouvé que, tendront pas com
contre le vœu du peu ment l'administra
sple, les sieurs Bailly tion , sagement orga
et la Fayette ont non nisée , permet qu un
seulement protégé ce attroupement auda
départ , mais qu'ils cieux entoure la re
l'ont servi. Les dames traite paisible du frère
de la halle ont été bal du Roi, et du Roi lui
lotées entre ces deux même ; comment iL
courtisans, pendant arrive quele Roi veille
« - 2/ -
D E s c L U B s 215s
tous seul à sa conserva-,
les apprèts hâtés· tion,
de cette évasion. . tandis que les,
· lois sommeillent, ain
si que leurs interprê
teS.cc " !

| » Dès le 27 Février, - Lundi 28 Février ,


le perfide | Mottié le directoire du dé-,
avoit envoyé ses émis partement, la muni-l
saires dans le fau-. cipalité et le comman
bourg Saint-Antoine, dant - général , ins
our en soulever les truits quedesgens mala
#§, pour les en intentionnés , séduits
gager, par mille insi ou payés , devoient
nuations perſides, à se porter au donjon,
se porter à Vincennes, de Vifcennes, · pour
et en démolir le don en commencer la dé-.
on. Le lendemain, à molition, prirent les
# pointe du jour, ils mesures les plus sages,
renouvellerent leurs pour faire échouer ce, #
manœuvres criminel projet , qui n'étoit
les. La jeunesse im peut-être que le voile. à
prudente se rassemble d'un plan plus vaste .
pour cette expédi et plus dangereux. Si
tion. ... L'agitation l'on doit des éloges à \
étoit extrême dans ce la prudente tranquil
faubourg , elle étoit lité de M. Bailly , on |
rès-vive dans la ville ; n'en doit pas moins
Inais le général fer à la fermeté coura- .
mant l'oreille aux cris †
M.la Fayette.
d'alarmes , concertoit ordre rétabli dans
tranquillement avec les rangs, l'expulsion
ses complices le fatal des démiolisseurs, l'ar
projet. Tous les con-. restation de soixante
jurés devoient s'intro d'entr'eux, la sagacité
" , •.

· · -- O iy T -
\
---------
Ar - ,

2Y6 | ^J o U R N A L !
- - - r ".

duire, à petit bruit et vigoureuse avec la


en armes, chez le Roi, uelle les prisonniers
tandis que leurs sup-* urent conduits et ar
pôts, rassemblés à la rachés à la fureur de
brune dans lesThuile
leurs complices sont
ries , attendroient
autant de preuves des
l'instant de frapper talens qui caractéri
leur coup. cc sent un grand hom
TI16º. cc º
•. -

. » Le général, que » Des factieux qui


son devoir appelloit à savoient fort bien que
Vincennes, étoit resté d'après un décret de
à Paris , pour voir l'assemblée nationale,
) comment s'aqhemi on réparoit ce vieux
moit l'affaire , mettre donjon, pour y ren
le holà, et sauver ses fermer d'une manière
complices de la fureur · plus humaine les pri
des grenadiers de gar sonniers entassés au
de, en cas d'évène châtelet, persuadèrent
ment. Lorsqu'il croit à des écervelés d'aller
n'avoir plus rien à abattre Vincennes.
redouter, il fait bat Déjà le marteau bri
tre .. la générale. Le soit les murailles; déjà
voilà à Vincennes, où · la flamme dévoroit les
il fait vainement tous meubles préparéspour
ses efforts pour révol les prisonniers. M. la
'ter les esprits, et met Fayette , est averti.
tre aux prises entre Prompt dans sa mar
eux les soldats natio che , éloquent , dans
maux divisés de senti ses discours, calme et
mens sur son compte.. intrépide au milieu
Tandis que ces scènes des §
, il arrive
de comique larmoyant à tems, il contient le
se passoient auxThui soldat; il ſait arrêter
/
D E S C L U B S. 2ry
leries, le chefdes cons les séditieux, et après
pirateurs étoit à l'hô avoir sauvé" Vincen- '
tel de ville, dans l'at nes, il revient pacifier
tente des évènemens. les Thuileries. «
On lui annonce la dé
confiture des conju Le corps munici
rés. Le voilà à déplo pal dont le pouvoir
rer son malheur.Livré est un peu plus légal
à ses douloureuses rê-- que le pouvoir jaco
veries, il craint de re bite, le corps municier
paroître en public. En pal composé de mem
·proie à ses résolutions. bres du choix du peu
· un billet d'une main le, vient de rendre
connue l'appelle aux à la garde nationale et
Thuileries. Riquetti, à son commandant
l'ame de tous les com énéral , le tribut dé
plots, venoit de s'y oges qu'ils méritent
rendre : c'est sa main pour la conduite cou
qui avoit tracé ces rageuse et prudente
mots : tout n'est pas qu'ils ont tenue dans
erdu ; arrivez. l'affaire de Vincen
-

, Il inspire l'idée de IlGS.


donner le change au
public par de fausses
relations de l'affaire ;
il leur propose de ré
habiliter dans l'esprit
du peuple, le général
décrié par tant d'at
tentats, prêt à être en
horreur ; il leur con
seille de le faire passer
our l'auteur de la
§ d'une consr
· piration. cc
218 . J O U R N A L

Je ne sais , fréres et amis , si vous pen


serez comme moi , et si ce rapprochement
de citations diverses que nous aurions pu
multiplier à l'infini , vous paroîtra utile
et peut-être plus convaincant que de très
bons et très-longs raisonnemens, pour per
suader au peuple qu'il est de son plus grand
intérêt de ne pas ajouter une confiance aveu
gle aux récits, aux conseils de ses amis de
toutes les couleurs qui , hors de la loi , mon
trent tant de sollicitude pour ses intérêts. Il
doit lui être démontré que l'esprit de parti,
la prévention , les haines et mille autres
motifs que l'on déguise sous le beau nom
de patriotisme, dictent à chacun le langage
§l tient. Il doit sentir qu'en suivant l'im
pulsion que chacun s'efforce de lui donner,
il ne sert pas sa cause, mais bien celle de
celui qui a eu l'adresse de le mettre en mou
vement. Qui croire donc ? où est la vérité ?
où sont nos vrais amis ? Pouvons-nous res
ter indifférens..... Ah ! gardez-vous en bien ;
» mais ne savez-vous pas que la vérité est
dans les lois, dans l'observation de vos de- .
voirs, dans le respect pour ceux que vous
avez choisi pour gouverner en votre nom.
La vérité est dans la majorité de l'assemblée
nationale ; vos vrais amis sont la constitu
tion , la loi. C'est bien vous, qui vous les
êtes donnés; soyez-leur dévoués, ils ne vous
égareront pas ».

- - -
D E s c L U B s,
-
' , - . . "
| 219 f

| NoUvELLES DES DÉPARTEMENS. ,

- Paris. La ligue étoit abattue, Henri IV


étoit reconnu roi de France ; mais il restoit
dans tous les cours du royaume des nichées
de ligueurs qui fomentoient des troubles. |
· Dans Paris notamment on comptoit plusieurs |
| hôtels où se tenoient des assemblées d'aris- - · ·

tocrates du tems ; les ambitieux d'alors, sou--


tenus de tout le clergé , se consultoient,
• ." intriguoient , établissoient une trainée de
couriers depuis Paris jusqu'à Rome, et de
Madrid à Paris. La tourbe dévote caquetoit,
distribuoit des aumônes, faisoit de petites
miches, et tout cela étoit fort drôle , parce
que le peuple, uni d'intention , se rioit des |

1 vains débattemens, des colères triviales » .


des menées souterreines, des ligueurs aux
abois. Cependant on devoit tenir les yeux
ouverts , parce qu'il ne faut qu'une étin
celle et un
incendie coup de vent pour reveiller | un-- -
, • - --

La portion du clergé qui n'a pas voulu re


connoître la loi et faire le serment qu'elle
| # exige , est bien certainement coulée bas ;
dans notre quatre-vingt troisième partie de
la France , notre évêque est proclamé (1),
- - - • ° • • •• • • • • • *

· ( 1 ) M. l'évévêque de Lydda a été élu évêque métro


politain de Paris, le dimanche 13 de ce mois. Sur 665
votans il a réuni 5oo voix. M. l'évêque de Lydda est
un de ceux qui ont prêté, les premiers, le serment ordonné
· aux fonctionnaires publics ecclésiastiques. | • -- · -· "
· *

|
32C> J o U R N A L
il va être installé ; presque tous nos curés
sont nommés , ils vont être mis en fonc
tions, ils nous donneront incessamment des
vicaires. Le peuple est satisfait, et voilà une
affaire à peu près terminée ; mais les nou
veaux ligueurs sentant bien qu'ils sont vain
cus, ne se reconnoissent pas encore domp
tés ; ils s'agitent , ils se coalisent , ils pro
jettent , ils agissent dans leur cercle étroit ;
ils enveyent à Rome, ils envoyent en Allema
gne. Pour échantillon de la pièce dont la
trame s'étend d'un bout de Paris à l'autre ,
et sur laquelle chacun brode dans son petit
coin , nous raconterons l'historiette sui
vante, importante pour quelques-uns, pi
toyable aux yeux des gens raisonnables. On
dit ; et une dénonciation légale le prouve,
ue sur la paroisse St-Paul, il y a un M.
l'abbé Dei , prêtre non sermenté qui prêche
très-gentiment la désobéissance aux lois et
à la constitution , qui prépare les esprits
à s'opposer formellement à l'installation du
nouveau curé, tandis que Madame Favier,
principale trésorière des pauvres de la pa
roisse, double les aumônes , c'est fort bien ;
mais dans l'intention d'appuyer les projets
et les prônes de M. Dei avec des com
º
mentaires fort anti-patriotes, ce qui est fort
mal ; l'on ajoute qu'il est d'usage sur la
paroisse de St-Paul de délivrer à # mi - ca
rême quarante habits d'hommes et quarante
vêtemens de femmes aux pauvres ; mais
que pour achever d'indisposer les esprits ,
déjà bien travaillés, on ne délivrera aucuns
D E s c L U E s. | ( 22 t
habits ni vêtemens, afin de faire retombèr
l'endosse sur le nouveau régime curial. · !
Les ligueux faisoient de misérables cabales
· Contre # bon Béarnois ; les anti-constitu
tionnels en font contre les décrets et le corps
législatif; ordre également troublé , mal
heurs projettés, parité d'intention , parité
de moyens , vingt - #
parités. Prenon;
garde au dénouement de 'affreuse tragédie :
Henri IV a succombé , français , ce mot
dit tout. -- ,
,•

&uite de l'affaire arrivée le 28 Février aux


Thuilleries.

Il y a toujours des méchants qui enveni


| ment les actions les plus innocentes et créent
des calomnies ; il y a toujours des folliculaires
' qui les ramenent et les poussent à pleines
| voiles, qui les font voler, il y a toujours
· de bonnes † sont là, bouche béan
te , pour gober les discours les plus in
vraisemblables , mais il se trouve †
entre tous ces groupes, des amis de la verité
" qui attendent, qui vont aux sources et sur
la parole desquels on peut compter lors
qu'ils disent, cela est vrai , j'en réponds.
| Éh bien ! ce que nous allons dire est vrai,
nous en répondons. Deux fois la municipa
lité de Paris s'est présentée à l'assemblée na
"tionale pour la supplier de prononcer sur
la nature du délit commis au palais du roi
et deux fois l'assemblée nationale a #
à l'ordre du jour; elle a peut-être du le faire :
-----

· 222 .J o U R N A L

· cependant il s'étoit commis un délit inoui,


les prévenus échappoient à la veugeance pu
· blique, s'ils étoient coupables , il s'élévoit
un cri d'indignation ; et certains personnages
adroits trouvant la municipalité de Paris
| sous leurs mains, se sont hâtés de la charger
, du fardeau. Reprenons rapidement le récit
des faits. Huit particuliers sont arrêtés armés
dans le Palais du roi, la municipalité en fait
sa déclaration à l'accusateur public , et lui
envoye les procès-verbaux d'arrestation. Là
'son ministère étoit fini, ce n'est pas à elle
à dénoncer; l'accusateur public, qui sait son
métier , n'a besoin d'aucune intervention ·
uand un délit est de notoriété publique et
celui là l'étoit. Que fait M. de Ferrière ac
| cusateur public du premier arrondissement ?
il répond qu'il n'a pas trouvé matière à porter
plainte .. et il ne dénonce point. Les détenus
présentent requête au tribunal à l'effet d'ob*
tenir leur élargissement. Que fait M. de Fer
rière : il requiert à ce qu'ils soient renvqyés
par-devant la municipalité qui avoit déclaré
que le délit n'étoit point un simple fait de
· police , qu'il n'étoit pas de sa compétence,
et le tribunal prononce soit fait ainsi qu'iI |
| est requis. Que fait la municipalité ? elle
retient les détenus et elle s'adresse au direc- ·
toire du département et à l'assemblée nä
tionale qui passe à l'ordre du jour. La mu
micipalité insiste, le directoire l'approuve par
l'arrêté suivant. . - -
D E s C L U B S. 225
-

Du 11 Mars 179t. .
- : . : - /7• 7 / . . , * - -
lExtrait du Registre des Délibérations du df
| rectoire du département de Paris , du 11
, Mars 2792. - -

» Le directoire du département, sur la com


munication qui lui a été donnée par le maire
de Paris, des arrêtés du corps municipal des
2 et 9 mars 1791 ; considérant que le rassem
blement subit d'un grand nombre de par
ticuliers sans fonctions et sans caractère pu
blic , munis d'armes cachées et suspectes
par leur nature , qui se sont introduits
furtivement dans les appartemens du roi ,
est un délit des plus graves qui puissent exci
ter les alarmes des magistrats du peuple ,
approuve l'arrêté du corps municipal du 9
mars dernier, portant que l'assemblée natio
nale sera suppliée de décider de quelle nature
est ce délit , et quels sont les Juges qui doi
vent en connoître ». : - ,

Signé, BLoNDEL , Secrétaire du département


, Le maire écrit au nom du corps muni
cipal au président de l'assemblée nationale,
sa lettre est lue et l'assemblée passe à l'or
dre du jour. Que fait encore la municipalité?
elle confirme son premier arrêté, elle con
sulte de nouveau le directoire , elle en obtient
le second arrêté. r,

-
|#
Du 12 Mars 179t.
Le directoire est d'avis que la munici alité
instruise l'assemblée nationale du véritable
| état des choses , mal présenté ce matin, et
224 ' · · J o U R N A L
dise positivement que l'accusateur public du
premier arrondissement, n'ayant pas trouvé
Inatière à plainte dans les faits qui se sont
passés au château des Tuileries, le 28 février,
on va rendre la liberté aux détenus, à moins
que l'assemblée , regardant ces faits comme
des fautes ou des delits sortant des cas ordi
maires , ne juge à propos d'établir une com
pétence ; que, si l'assemblée nationale, pré
ivenue en cette forme , passe encore à l'ordre
du jour, la liberté doit être immédiatement
rendue aux prisonniers ». , . - *

| Signé , Auson , vice-président , Sieyes ,


Germain . Garnier, Dutramblay , Mirabeau
l'ainé et Davous. .. • -

Le maire écrit encore au président de l'as


semblée mationale, et lui envoye l'arrêté du
directoire qui de son côté fait la même chose ;
· lecture faite, l'assemblée passe à l'ordre du
jour. Le soir le corps municipal prend un
arrêté † porte que : - , . "

« Délibérant sur tout ce qui précéde, et


considérant que son devoir est impérieusement
tracé par le rapprochement de l'arrêté du
directoire et de ce qui s'est passé aujourd'hui
à l'assemblée nationale, - -

| Ouï le premier substitut-adjoint du pro


cureur de la commune, · -
Il autorise le département de police à faire
mettre en liberté les sieurs Berthier, Godard
de Donville, de Fanget, de Fonbel, Champin,
de Lillers, Dubois de la Motte, de là Bour
donnaye, aussitôt qu'il se sera procuré une
expédition authentique de l'article du procès
verbal

-
" -- | --
-
—--
-
D E s : c L U-B. s. º225
verbal de l'assemblée
concerne nationale
ces particuliers ». de ce jour qui
, - r , -

· , Et les prisonniers sont effectivement mis


-en liberté. Lecteurs, rapprochez ce que vous
, venez de lire de ce qui est contenu dans le
n°. 17, copié également sur les pièces origi
: nales, et jugez de quel côté est le tort, car
il y en a un ; ce ne peut-être du côté de
·l'assemblée nationale, nous avons des tribu
- naux; ce ne peut être de la part du direc
rtoire, ni de la municipalité, ils ont fait tant
· pour solliciter la vindicte publique, c'est donc
• nécessairement , il faut le dire hautement et
nettement, du côté de l'accusateur. Mais
t s'il n'a pas fait son deveir, il a fait ou l'i
-gnorant, ou . .. Car dans une lettre adressée
« au corps † et dont nous ne nous
· permettrions pas de parler si déjà des papiers
- publics n'en faisoient mention, il voit entr'au
· tres choses, qu'il prie le corps municipal de
•vouloir bien lui dire où il a vu et sur quel
fondement il a , prononcé que lui, M. de
·. dans
Ferrière, n'a du
les faits pas28
trouvé
? ' matière à plainte
• " )
- .

: , Il avoue avoir écrit qu'il ne voyoit rien


i dans ces procès-verbaux isolés qui pût donner
• matière à plainte , spécialement contre les
· huit personnes détenues à l'abbaye ; mais de
: quel † ajoute-t-il, avez-vous conclu que
je ne trouvois pas de délits dans l'ensemble
• des faits du 28, et de quel droit l'avez-vous
· · assuré si positivement au département et par
• suite à l'assemblée nationale ? --- M. de Fer
- rière , de quel droit dites-vous des choses
· lI. Vol. - P
226 .° Ji O U R N A L ..
fausses ? Car nulle part la municipalité n'a
dit ce que vous avancez ; elle a rapporté vos
propres paroles et les voilà : Je ne m'en suis
pas moins livré à l'examen de ces procès
verbaux , et je n'ai pas vu de # suffi
sans pour rendre plainte. (Lettre du 5 mars.)
· Encore une fois, M. de Ferrière, il ne falloit
pas vous en tenir aux procès-verbaux, seules
ièces que la municipalité pût vous fournir,
il falloit, sans dénonciation quelconque, ren
,dre plainte ; c'est votre devoir , vous êtes
responsable , non-seulement de vos dénon
,ciations , mais de votre inaction , de votre
silence, lorsque la notoriété publique réclame
votre ministère. --- Vous ajoutez que le corps
municipal à induit en erreur † départe
,ment et l'assemblée nationale. Nulle autre
,réponse que : cela est faux ; les arrêtés du
· corps municipal, ci-dessus rapportés le prou
,vent. --- Vous ne devez, dites-vous, lui rendre
jcompte, ni de votre conduite , ni de vos
#ntentiqns ; on ne vous en a demandé aucun
, et vous avez mauvaise grace de faire ainsi
le discret : vous finissez, M. de Ferrière,
·par dire que vous n'annoncez, ni ne devez
· annoncer ce que vous avez-fait, ni ce qui
avous reste à faire; mais que vous priez le
scorps municipal de rétablir les faits dans leur
• intégrité, sans quoi vous le ménacez de les
,rétablir vous-même ; je donnerai, dites-vous,
à cette lettre toute la publicité nécessaire
# ·pour réparer votre erreur. Il faut croire que
inotre langue est bien imparfaite, car elle ne
acontient pas de termes propres à qualifier
t !
-

4
+
s
- -

D E S , C ,L- U B S 227
cette jactance ; ce n'est pas de l'étourderie,
· vous avez eu le tems d'y réfléchir ; ce n'est
pas de l'impudence, un officier public sait
qu'en s'adressant à un corps, même pris au
trefois dans la classe qu'on avoit l'injustice
de croire la plus vile , il auroit dû encore
conserver une sorte d'égards , a fortiori en
s'adressant au corps municipal, composé des
magistrats du peuple. Aussi le corps muni
cipal n'a-t-il été fâché que de voir un officier .
public s'oublier, et loin de suivre son exem
le, il s'est contente d'arrêter, que fort de
† conduite qu'il a tenue à l'égard des per
sonnes arrêtées le 28 février, • • - considérant
que ce n'est point à lui , mais à l'accusateur
ublic à dénoncer tous les faits qui viennent
à sa connoissance , il fera passer pour toute
réponse à M. de Ferrière copie des pièces
, imprimées et affichees; et qu'un pareil exem
plaire de cet imprimé et copie de la lettre de
† de Ferrière seront envoyés au ministre
de la justice, avec prière de le rappeller aux
égards que tout citoyen doit à tous corps
administratifs. | r | ' , ; ' !
4
- : - ' . - - : * | •

Municipalité de Paris. ) ,
Séance du t4, Le corps municipal ordonne
ue le jour où l'on cessera de donner le bul
letin du roi , ce qui annoncera le
heureux où les inquiétudes des françois seron

dissipées , tous les citoyens de Paris seront
invités à manifester leur allégresse par une
illumination générale et que le dimanch
· P ij
228 * J O U R N A L -

suivant, il sera chanté en l'église épiscopale


et métropolitaine un Te Deum en action de
grace du prompt rétablissement de la santé
du roi, et que ce même jour sera encore
célébré par une illumination générale.
· L'ancienne police ordonnoit de se réjouir
et mettoit à l'amende le malheureux qui ,
n'ayant quelquefois pas de pain, étoit hors
d'état d'acheter des § La municipa
lité invite , voilà déjà un pas de fait, mais
si elle s'en tient là , elle reste en route. Une
invitation du corps municipal ressemble trop
à un : ordre , et l'on ne doit, dans aucun
cas, ordonner aux citoyens de faire de la |

dépense pour se réjouir. Nous pensons que


dans les fêtes publiques , et certes la con
valescence du premier roi des français est
une de celles qui seront le plus gaiement célé
brées, la municipalité devroit seulement an- . - , *

noncer qu'on illuminera tel jour l'hôtel de


la commune et laisser chaque citoyen mar
quer à son gré sa joie ou son deuil, ce seroit
le plus sûr moyen de juger de ses sentimens. .
Les illuminations volontaires seroient peut
être le plus sûr thermomètre de l'aisance et
de la félicité du peuple. . -

, Le corps municipal avoit fait demander à


l'assemblée nationale la permission de députer
| vers elle pour l'inviter au Te Deum qui sera
| chanté dimanche. L'assemblée nationale, pour
· ne point enlever à l'administration un tems | |
· précieux, s'est regardée comme invitée , à
promis de se rendre à l'église métropolitaine,
et cette invitation , la ramenant à la pensée
, -

#
D E S C L U B S. 2
de la convalescence du roi, il est † des
différens points de la salle de vifs applau
dissemens.

: Séance du 16. Lecture faite d'un arrêté


du bataillon des enfans trouvés , tendant à
obtenir communication des motifs qui ont
· engagé le corps municipal à manifester le
regret de ne pouvoir donner autant d'éloges
à ſa conduite de quelques soldats d'un dé
tachement , commandé par M. Santerre ,
commandant de ce bataillon, qu'à celles des
autres bataillons de l'armée.
· Le corps municipal a chargé M. le maire .
d'observer aux députés qui se présenteroient
|† réclamer une réponse, qu'il existe une
oi qui défend à la § armée de délibé
rer ; qu'un bataillon connu, composé de
citoyens, peut faire une pétition ; inais qu'il
ne peut prendre un arrêté, encore moins
nommer des commissaires , et ordonner une
information ; que le corps municipal néan
moins ne peut † le motif qui les
a écartés de la règle , puisque c'est l'hen
neur qui anime la garde nationale ; que
les motifs du mécontentement exprimé dans
l'arrêté que le corps municipal a pris le 2
de ce mois , sont fondés sur plusieurs faits,
et entr'autres sur l'arrestation de M. Des
mottes et des cavaliers qui le suivoient dans
la route de Vincennes , sur les violences
exercées contre eux, violences constatées par
le rapport de M. Santerre qui déclare qu'il
s'est jetté au milieu des bayonnettes. Il y a
' P iij
23o . J O U R N A L - -

donc êu dans le détachement de M. San


des bayonnettes tournées contre M. Desmot
tes et ses cavaliers. *

Que le corps municipal a déclaré dans


| son arrêté que ce reproche ne porte que
sur quelques soldats du détachement com
mandé par M. Santerre ; que le fait dont
il s'agit , ainsi que les autres , seront éclair
· cis par un comité de surveillance.
, Que le corps municipal est bien sûr que
la presque totalité du bataillon y trouvera
sa justification, et qu'il lui rend d'avance
, la justice qu'il rend avec tant de plaisir à
J'armée parisienne. »

| Séance du 78. L'assemblée nationale a dé


· creté que toutes les corporations et jurandes
· seroient supprimées , et que tout citoyen
| voulant exercer nne profession , ou un
| métier quelconque,seroit tenu de se pourvoir
· d'une patente qui seroit payée à raison de
la valeur locative de l'habitation. Le terme
- † se procurer des patentes est fixé au mois
'avril pour cette année et au mois de dé
, cembre pour les années suivantes. Le décret
i attribue aux municipalités le droit de rece
voir la déclaration du prix du loyer, ainsi
| que de la profession que l'on veut exercer et
. de délivrer un certificat d'après lequel le
, prix de la patente sera perçu par le rece
. veur de la contribution mobiliaire, pour ,
| le certificat et la quittance du receveur, être
enregistrés au secrétariat du district et la
| patente y être délivrée. -
D E s c L U B s. 23r
s : Le corps municipal à arrêté que le dépar
tement des établissemens publics,seroit chargé
de recevoir cette déclaration et de délivrer
ce certificat, mais qu'il ne feroit l'un et
l'autre que d'après l'attestation que le citoyen
demandant une patente , se seroit procurée
au bureau des impositions à l'éffet de cons
tater le véritable prix de son loyer , pour
éviter des courses fatigantes aux citoyens,
il a arrêté que les bureaux du département
des établissemens publics , placés actuelle
ment rue de Vendôme , seroient transférés
à l'hôtel de Soubise rue du grand Chantier
à côté de ceux des impositions , afin que
l'on pût sur le champ se procurer l'attes
tation et recevoir le certificat. L'arrêté du
corps municipal sera très-incessamment ren
du public -

Résultat des travaux de l'assemblée natio


- nale , du l l au 17 Mars.
Décrets- gén éraux

Nous remarquerons, 1°. le décret concer


nant le supplément à payer aux propriétaires
· à raison de la dîme et des indemnités qui leur
sont dues. Par ce décret, le fermier est tenu
de payer au propriétaire la valeur de la dîme,
et le remplacement des impositions qui étoient
à la charge du fermier. L'évaluation faite à
l'amiable, ou à dire d'experts, sera acquittée
annuellément en argent, et en deux termes
P iv
I - - ------- -

322 J O U R N A L r

#, par le fermier, tant que durera sort


8lll. - -
·

2°. Le décret qui abolit toute # de


partage des successions entre les héritiers ,
aô intestat, en égal dégré. - -

3°. Le décret relatif à la question de savoi


quels seront les juges compétens, des contes
tations relatives au droit d'élection et aux
formes qui pourroient être violées.
4º. Le décret qui fixe définitivement à 66
millions la masse de la contribution mobi
liaire, et celui qui fixe à 24o millions la
masse de la contribution foncière qui doit être
versée au trésor public.
Déorets particuliers.
Les plus remarquables sont 1°. celui qui
porte que le roi sera prié de faire distribuer
14 mille fusils aux départemens des frontiè
res, en commençant par le département des
Ardennes, jusqu'à celui des Pyrénées. -

*-

2°. Le décret qui ordonne qu'il sera établi


provisoirement à Paris, au § , six tribu
naux, composés chacun de sept membres,
· pour instruire et juger tous les procès cri
minels , existant avant le 25 janvier, époque
de l'installation des tribunaux de Paris.
3°. Le décret qui fixe le siège de la cour
de
du cassation
ci-devant dans l'ancienne
parlement grande chambre
de Paris. •" , " * "

9
-4°. Le décret qui révoque les dons et ces
sions du Clermontois, faits en 1648 à Louis
· de Bourbon prince de Condé, et qui annulle
«
-
-
- º * |

D E s c L.-U B s. 233"
le contrat d'échange passé au nom du roi ,
entre ses commissaires et Louis-Joseph de
Bourbon Condé en 1784. -

De Paris. On lit dans le journal patriotique


de Grenoble du 12 Mars : » extrait d'une
Lettre d'Embrun.Il faut qu'il se trame quelques
manœuvres, car les ennemis de la révolution
ont ici, depuis quelque tems, la mine haute ;
ils ne doutent nullement de la contre-révolu
tion : à les entendre , elle arrive au
galop : ils espèrent beaucoup en Léopold ,
et paroissent assurés qu'il viendra nous faire
visite de son côté, tandis que les Piémontois
entreront du nôtre. Il n'est pas douteux que
nos aristocrates ont une correspondance suivie
avec leurs confrères de Paris, et des provinces ;
car j'ai remarqué qu'ils sont contens les jours
même où ils le sont ailleurs, selon les papiers
ublics. L'affaire des chasseurs de la chapelle
eur avoit causé une grande joie, et ils la
racontoient tous différemment ; celle de
Strasbourg les fit tous remuer comme des
fourmis autour de leurs retraites. Ils font des
chansons, à l'Autrichienne, qu'ils répandent
† les soldats, qui à la § sont sourds
ces douces paroles. Une partie des officiers
de la garnison ne porte plus la cocarde natio
nale, ils ont un bout de ruban noir à la
boutonnière. On dit que M. Duportail à
écrit à tous les commandans de prendre le
serment des officiers , ou # leur dé
mission en cas de refus ; si cela a été fais
personne n'en a rien sçu , et ces MM. ne
se croyent pas obligés, car ils n'ont pas dis
:
j
234- , J O U R N A L
continué de manifester hautement leur senti
ment et leur espoir. Mille voyageurs sont
employés pour semer la division parmi les
† Nous avons dans diverses classes
e fonctionnaires publics, quelques personnes
# ne sont rien moins que les partisans de
a constitution, et qui abusent de leur autorité
pour décourager par de petites véxations ,
celles qui sont connues par leur patriotisme et
leur attachement à la révolution. » Divers
autres papiers ont sonné l'allarme en répan
dant que le prince de condé étoit sur le point
d'entrer en france à la tête d'une armée formi
dable ; ils ont été jusqu'à avancer qu'il s'étoit
rendu maître de Landau , et l'évènement a
démenti toutes ces assertions. Pour rassurer
le peuple français contre toutes ces nouvelles,
nées pour la † dans le cerveau de
quelque folliculaire à la tâche ; pour lui
apprendre combien il doit peu s'inquiéter
de toutes les craintes que cherchent à lui
inspirer des esprits qui ne peuvent supporter
un état de calme et de repos , nous nous
contenterons de lui ſaire voir la vigilance que
l'on emploie pour lui, ce que nous ferons en
mettant sous ses yeux le tableau de notre
situation , par rapport aux puissances voi
sines , présenté par le ministre des affaires
étrangères au c6nité diplomatique et par
celui-ci à l'assemblée nationale, le 13 Février :
voici ce tableau.
« Les mesures qui dépendent du départe
mant qui n'est confié ne peuvent exister que
- | dans une surveillvance exacte et vigilante sur
- - - -
-
, i
· D E S C L U B "S. | 235
tous les points qui pourroient nous inquiéter.
Le roi m'a donné à cet égard les ordres les
plus précis, et je les ai transmis à ceux de
ses ministres qui sont placés sur nos fron
tières. Les comptes qu'ils m'ont rendus ne
présentent jusqu'à présent aucun fait qui
soit de nature à nous donner des allarmes.
Cependant comme on en a conçu d'après des
rapports que je ne saurois apprécier , je viens
de renouveller encore de la part de sa ma
jesté l'ordre de redoubler de vigilance. In
dépendamment de ces mesures générales et qui
sont dans l'ordre ordinaire , j'en ai pris
d'autres : plus particulières et dont le résul
tat sera de me tenir informé avec la plus
grande précision de ce qui se passera §
† lieux où nous n'avons pas de ministre,
et de ce qui pourroit intéresser la sureté
des frontières. J'écrirai instamment de la
manière la plus positive sur quelques bruits
· qui se sont répandus , pour vous instruire
· jusqu'à quel point ils peuvent obtenir con
,fiance ; je me ferai un devoir d'en informer
»
le comité et sur-tout le département de la
guerre ; car mon devoir est de l'avertir à
· temps des mesures qui pourroient nous re
- garder, et le sien de se mettre en état de
fºs repousser. Je comprendrai également ,
' dans les mesures à prendre à l'intérieur et à
l'extérieur, les négociations qui se suivent
avec les princes de l'empire possessionnaire
- en France. Le décret par lequel le roi est
: prié de suivre les négociatîons, m'a été en
· voyé par M. le garde-des sceaux ; et le six
136 3 O U R N A L

du même mois, j'envoyai par ordre de sa


majesté , toutes les instructions nécessaires
aux ministres que nous avons auprès de ces
princes. Quatre d'entr'eux ont consenti à
entrer en négociation, savoir M. le Duc des
deux-Ponts, M. Maximilien son frère , M.
le Duc-de-Wirtemberg, M. le prince de
- Linange.
La négociation avec le ministre plénipo
tentiaire de M. le duc de Wirtemberg est
en pleine activité ; celle avec la maison pa
latine des deux ponts y seroit également,
si les officiers du duc des deux ponts et
du prince Maximilien n'avoient rencontré
des di fficultés dans les différentes reconnois
| sances qu'ils ont été obligés de faire pour
l'évaluation. Les papiers que leurs agens at
tendoient , sont arrivés , ou arrivent cette
semaine, et cette négociation va être suivie
de nouveau. Il en sera de même de M. le
Linange, que je presse
princeaudeconsentement de donner
suite qu'il a accordé d'en
trer en négociation. M. l'évêque de Bâle
n'attend que le moment où le calme sera
rétabli chez lui , pour entrer en négocia
- tion par quelqu'un chargé de ses intérêts à
cet égard. Les autres princes s'efforcent d'in
téresser en leur faveur l'empereur et l'em -

:
:
pire, et leurs réclamations occasionnent une
· assez grande fermentation à Ratisbonne. Il y
a déjà long-tems que j'ai écrit pour éclai
· rer la cour de Vienne , tant sur vos prin
cipes, que sur les prétentions des princes.
: J'ai également chargé le ministre du roi d'en
n E s c L U E s. 237
faire autant à Berlin, Les dispositions de
ces deux cours n'annoncent rien que de pa
cifique à notre égard , et je crois que la
force de la raison et de la sagesse prévau
dra sur l'esprit des princes. -

Les électeurs ecclésiastiques ont un inté


rêt direct dans cette affaire ; mais il me se
roit impossible de donner aucune certitude
à cet égard , et je pense que nos mesures
intérieures doivent contribuer essentiellement
à la tranquillité extérieure, comme au suc
cès des négociations. La suppression de la
jurisdiction métropolitaine n'est susceptible
d'aucune négociation, parce qu'il ne peut ,
exister aucune compensation pour les princes
intéressés, et c'est cet objet auquel on pa
roit mettre le plus d'importance et de cha
leur. On ne peut, à cet égard , que mon
trer une résolution ferme et positive , et
attendre que la raison ait fait cesser les ré
clamations auxquelles notre nouvelle cons
titution ne permet pas d'avoir égard.
Je crois devoir vous prévenir aussi que
nos arrangemens militaires avec les suisses
sont dans le meilleur état , et qu'on peut
les regarder comme terminés à notre propre
satisfaction. . - -

Je crois enfin devoir vous informer de ce


- qui s'est passé relativementaux ambassadeurs,
auxquels j'ai, par ordre de sa majesté, de
mandé le serment exigé par la loi. J'ai fait
passer à l'assemblée tous les sermens qui
m'ont été envoyés. M. de Bombelles, ambas
sadeur à Venise, m'a envoyé sa démission
238 , J o U R N A L
avant que j'eusse pu recevoir sa réponse : il
a reçu immédiatement sa lettre de rappel.
L'ambassade de Genêve occupée par M. de
Castelnau, a été supprimée avant qu'il fût
question du serment. J'ai écrit à M. le car
inal de Bernis qu'il devoit envoyer son ser
ment pur et simple, sans restriction , ou sa
démission : je vois par sa réponse, qu'il ne
croit pas pouvoir prêter un autre , serment
que celui qu'il a envoyé ; je n'attends que le
rétablissement du roi pour prendre ses ordres,
lui envoyer sa lettre de rappel , et le rem
placer, ainsi que M. de Bombelles. -

A N E C D O T E.

Oublions pour le moment les armées qui


nous menacent ; laissons de côté notre ci
devant prince de Condé , détournons les
yeux de dessus tous ceux qui nous veulent
du mal , pour les porter un instant sur un
† qui a refusé de nous en faire. La
ettre que le duc de Wirtemberg à adresée,
il y a quelque tems, à M. de Condé , a
été insérée dans un grand nombre de papiers
publics , et nous n'en parlons ici que pour
rappeller dans quelles dispositions ce prince
est envers la france, l'exemple de justice qu'il
a donné par sa conduite dans cette circons
tance me fait que confirmer la haute opinion
que toute l'europe doit avoir de lui.Ce prince
après avoir passé la jeunesse la plus fougeuse,
après avoir été , si non tout à fait le tyran
de ses peuples , au moins la cause de leurs .
------

\
s
D E s c L U B s. 239
malheurs, a tout-à-coup changé de conduite
et depuis ce moment il ne vit que pour les
rendre heureux , il a donc des droits à
la reconnoissance publique, il en a de réels
á l'amour des francais, puisqu'il a craint de
nuire à leur liberté , en accueillant leur
· ennemi ; et ce sera faire plaisir à nos con
citoyens que de les mettre à portée de le
connoître. On ne peut donner une idée plus
juste de caractère populaire et de la philo
sophie du Duc de Wirtemberg qu'en faisant
connoitre un manifeste qu'il rendit il y a 13
ans , et qui se trouve consigné à la page
16 du premier volume des voyages en Alle
magne par le baron de Risbeck
En 1778 ce digne prince choisit le jour de
sa naissance pour publier un manifeste dont
voici la substance : » Je suis homme et par
conséquent fort éloigné de la perfection ;
je n'espère pas§. la foiblesse
, qui accompagne la nature humaine m'em
#
· pêche d'y prétendre. Si je suis parvenu au
rang où vous me voyez , c'est moins par ma
capacité que par un effet de la bonté divine ,
qui règle toutes nos destinées, Je fais libré
ment cet aveu , comme doît le faire tout
homme qui pense bien, et cette considéra
tion me rappelle mes obligations envers les
hommes et encore d'avantage mes devoirs
· envers le souverain seigneur de l'univers. Je
considère ce jour qui commence ma cinquan
tième année comme le cômmencement de la
seconde période de mon existence. J'assure
mes très-chers sujets, que toutes les années
· -24o J o U R N A L'
qu'il plaira à la divine providence de m'ac fºu ſe
corder , seront concacrées à leur bonheur. vei ,ace
On verra dans la suite que la prospérité dºfi
de Wirtemberg sera un effet de l'amour lºts ) !
du souverain pour son peuple , et de à les ,
· la confiance du peuple envers son souve Ittle.t
rain. Uu sujet qui a de bons sentimens, sait boug)
† plusieurs circonstances le bien public
doit être préferé à l'avantage particulier, et 0#
il ne murmure point, si tout ne réussit pas
V - • • r\ l} º
: selon ses vues, à sa fantaisie. Nous espérons #te
· que chacun de nos sujets vivra désormais M#
dans l'espoir de trouver en son prince un
† soigneux et tendre : plaise à Dieu que
'on ne dispute plus entre nous que l'honneur
· de rendre service à son pays. »
» Le duc, ajoute le voyageur, est un vrai
philosophe, il cultive les arts et les sciences,
il fonde des écoles , forme des métairies ,
· établit des manufactures ; en un mot , il
·fait tout ce qui est en lui pour réparer les
torts d'une trop bruyante et prodigue jeu
, nesse, »

| Quelle leçon pour tous ceux qui prétendent


à l'honneur d'être princes !
|
*..

A Paris, de l'Imprimerie de CH A M P 1 c Nx,


#
rue Haute-Feuille, Nº. 36. : .
- - - - - · • --
-, ,
", #, : #|
- . |
-

| .| | mémoires ,

s , adresser , port frai


*itrs dit Jozzrmal a e

| |
-
7-Nr
-
# Tº
—- • - -- < -----
-- -- -
- -
• · · -
·

Maison à Paris , ayant 5o toises de bâti- .


mens le long d'une petite riviere, et abreuvoir .
, à côté de la principale entrée. Cette maison -
contient 4ooo toises de superficie, et peut en 4
faire trois, chacune à porte cochere, avec
· jardin et cour à chacune. ·
Elle est propre à toutes sortes de grandes
manufactures, et est composée de six corps
· de bâtimens, dont trois très-vastes, et trois #
jardins , de xn entre deux riviéres. Ces #º
*
jardins ne sont point noyés dans les plus
| grosses eaux. Au-dessus de chaque corps de
ogis sont des greniers fort étendus. · · · . Pa

| S'adresser à M. Colin, notaire , place Bau#


, - | doyer. · · , •*
# · · · · , · · · · · · · - - - • r -- r +,
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| DE s C L U B s
RIOTIQUEs, | .

. . , a . .. ,
Amis de la Constitution, Membres
| des différens Clubs Français.
| Par MMa J. J. LE Rovx et Jos. Ca n o »,
| Qfficiers Municipaux, et D. M. Rzroz,
# ci-devant professeur de l'Oratoire.
V#TTTTTÉTTTTTTT
spubiica de
- #. TFTIT , EI :

| sE coND , voLvMr.
XIX

# # #$
T,UioU , Président
Président du clubdel'Assemblée
des Jacºbins.Nationale. .

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du Journal des clubs, rue du Faubour Mont
e, nº, 6e où l'on souscrit toº le jours pus,
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- L'As sE coN D DE LA LI B
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CE Journal , dont chaque Numére eet -


composé de 48 à 56 pages, paroît tous les
| | Samedis depuis le 2o Novembre 179o. Chaque
trimestre formera un volume. On trouvera
| | | des collections au bureau principal des Di- .
recteurs du Journal, où l'on souscrit à raison
de 3o liv. pour Paris pour un an, 15 liv. pour
six mois, et 7 liv. 1o s. pour trois mois ; et
pour les départemens, à raison de 36 liv. ,
18 liv. et 9 liv., franc de port. A quelque .
époque qu'on souscrive, on ne peut le faire
qu'à dater du commencement d'un trimestre .
· · -
· · On souscrit aussi 1
-

| | | Chez CHAMPIGNY, Imprimeur - Libraire, rue Hauts- !


| Feuille, n°. 36. , . · · · · ·

| " CROULLEBOIS, Libraire, rue des Mathurins, n°.32.


- Madame LAPLANCHE, Libraire, rue du Roule,n°.17. !
JACQUEMART, Libraire, au Bureau de la Corres- !
· · pondance nationale francaise, rue St-Martin,n°.2 so. . :
| Madame BAILLY, Libraire, rue Saint-honoré, Bar- .
- - rière des Sergens. , -, · ' ;
· · | · ' PERISSE, Libraire, pont Saint-Michel. "
| | | Et chez les frères PERISSE, Imprimeurs-Libraires, |
| - | | | , grande rue Merciere, à Lyon.
| Ceux qui souscriront pour une année, à
dater du 2o Février, recevront, gratis, le
premier trimestre, formant le premier volume
, de ce Journal. . |
Tout ce qu'on voudra voir inséré dans :
le n°. le plus prochain , doit-être parvenu à .. !
MM. les † GIl leur bureau, le mer- .
credi pour le plus taºd. !
Chaque quittance d'abonnement sera signée
J. J. LERoUx. · 4
MM. les Souscripteurs des Départemens
sont priés d'affranchir le port des lettres et dé
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l'argent, | -
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JOURNAL DES CLUBs


O U

| socIÉTÉS PATRIOTIQUES.
-
-

N°. XIX.
, * º* - º
!

Détails du 18 au 24 Mars.

C L U B S,
D E R o U E N , le 12 Mars.
r

L Es amis de la constitution, par une lettre


circulaire , annoncent que ce n'est qu'avec
peine qu'ils Ont VuL llIle grande quantité de
sociétés qui leur sont affiliées , s'effrayer des
frais de correspondance, et prendre le parti
de substituer à une correspondance active,
, celle qu'offre un journal qui ne paroît
u'une fois par semaine. » Chers frères
§, nous ne vous dissimulerons pas,
disent-ils, qu'un léger calcul d'intérêt pécu
niaire nous a paru bien peu fait pour balan
• II. Wol, , - º -
242 J o U R N A L
cer les avantages, nous disons plus, la né
cessité indispensable d'une correspondance
rapide , qui communiquant les lumières et
les découvertes, serve à échauffer mutuelle
ment notre patriotisme, et à nous tenir en
garde contre nos ennemis : c'est Ge qu'ils
craignent le plus, chers amis ! Tant qu'ils
sauront que, comme des sentinelles vigilantes,
nos sociétès ne les perdent pas un instant de
vue, ils n'oseront faire des tentatives ; mais
soyons un seul instant endormis , ils profi
teront de notre sommeil. « Pour associer les
vues d'économie avec l'intérêt de la chose
publique, ils demandent qu'on leur envoie
tous les objets d'un intérêt pressant et majeur,
et que pour le surplus, les sociétés se le com
muniquent par la voie du journal cons cré
à cet objet.
La même société nous fait passer une
adresse qu'elle a présentée à l'assemblée na
tionale, à l'effet d'obtenir que les représen
tans du peuple français, consacrent, par un
· décret constitutionnel, la publicité des séan
ces des législatures, ainsi que celle des séances
générales des asemblées administratives et
municipales. Les motifs justes sur lesquels
elle appuie sa demande sont présentés avec
cette force qui caractérise des hommes libres.
Elle s'exprime ainsi : » MM., les assemblées
mationales ont été chez tous les peuples l'é
pouvante du despotisme. Les Rois despotes
ont cherché, dans tous les temps, les moyens
d'asservir les représentans des nations, quand
ils ont cru pouvoir les corrompre, ou de les
D E s ' c L U B S. , 243
dissoudre quand ils ont remarqué en eux
cette vigueur et cette énergie qui fait résister
à l'oppression. C'est ce dernier caractère que
que vous avez montré, MM. , lorsque vous
vous êtes forméo en assemblée nationale.
Vous voulûtes être libres, et vous entreprîtes
tout pour le devenir ; vous sçûtes vaincre
tous les obstacles, et votre premiere victoire
\
sur le despotisme fut de dissiper ces batail \
lons armés, qu'il tenoit rassemblés auprès de
vous, pour étouffer votre liberté naissante.
Vous prouvâtes alors que l'amour de la pa- .
trie ne redoute rien , et qu'une assemblée
d'hommes libres est plus forte qu'une armée
de tyrans.
, Mais quel espoir la nation ne conçut-elle
† de votre fermeté et de votre zèle pour
e bien public , lorsqu'elle vous vit donner
la publicité à vos séances ? En vous plaçant
sous les yeux de vos commettans, vous vous
êtes entourés de l'opinion publique , cette
opinion qui, quand elle est accompagnée de
l'amour de la liberté , a toujours fait d'un
peuple d'esclaves un peuple d'hommes libres.
Par cette publicité , vous avez porté les fran
çais à ces prodiges de vertu qui, en sauvant
la france, ont donné une secousse salutaire
à tout l'univers, et fait trembler ses oppres
seurs. :,; Par elle, vous avez dévoilé la rage
et la foiblesse des ennemis du bien public...
En vous exposant aux regards des français,
vous avez hâté et affermi la constitution.... *
-
·

Vous avez consacré cette importante vérité, -

trop peu connue jusqu'alors, parce qu'elle ne


Q ij
244 . J O U R N A L

peut l'être que par des hommes libres, qu'un


peuple qui a le droit de conférer tous les
pouvoirs , a aussi celui de voir tout et d'en
tendre tout....
Parlerons-nous de l'eſfet qu'a produit la
publicité de ves séances, sur ces peuples ve-.
nus de toutes les parties du globe pour con
templer la majesté du peuple français dans
ses représentans, et des traits de lumière que
ce foyer de liberté et de patriotisme a ré
pandus sur les nations soumises à un gouver
nement arbitraire ? Après avoir été les régé
nérateurs de la france, vous le serez, MM.,
de tous les peuples de la terre. ...
Si nous jettons un coup d'œil sur les diffé
rens états de l'europe, nous verrons pai-tout
que la considération qu'on a pour le peuple
est la mesure de sa liberté, et que le peuple
est plus ou moins libre, selon qu'il participe
lus ou moins au gouvernement sous lequel
il vit. C'est encore une vérité qu'aussi-tôt
que le peuple a perdu le droit d'être admis
à l'assemblée de ses représentans, il a fait
le premier pas vers la servitude. Les plus
beaux jours d'Athênes et de Rome furent .
ceux où les aflaires du peuple se discutèrent
dans les places publiques; mais lorsque les
usurpateurs de la souveraineté au dedans,
ou d'injustes conquérans au dehors, eurent,
sous differens prétextes, écarté le peuple de
ces assemblées, ou changé par la force le ré
gime de son gouvernement , bientôt il fut
compté pour rien , et ne fut plus consulté.
Dans cet état de mépris et d'abjection, l'a
-
.
D. E s C L U B S. · · 445
mour de la patrie s'éteignit ; et ces peuplés
si fameux, déchus de l'exercice de leurs
droits, ne purent recouvrer leur liberté , et
restèrent la proie du premier despote qui leur
donna des chaînes. -

Vous avez compris, MM., que tel seroit le


sort de tout peuple libre qui ne veilleroit pas
au maintien de sa constitution ; vous vous
êtes empressés d'exposer au grand jour l'œut |
·vre du bien public, d'attacher l'œil du peuple
· à vos augustes fonctions , et de lui donner
· une haute idée de tout ce qu'il est et de tout
ce qu'il peut, en l'associant en quelque sorte
·a VOS tI'a ValaX. - - -

· La publicité de vos séances sera toujours


un écueil où viendront échouer lcs entre
prises du despotisme.. .. Si vous ne faisiez
de cette publicité qu'un décret réglementaire,
vous exposeriez à de grands dangers la liberté
des prochaines législatures. Le despotisme
toujours jaloux de s'étendre, se prévaudroit
tôt ou tard de la faculté qu'auroient les re
présentans de la nation, de changer le régime
de leurs séances. L'expérience de tous les
siècles et de tous les peuples apprend à re
douter la dangereuse influence dn pouvoir
exécutif, dont le ressort comprimé cherche
toujours à se détendre et à se débarasser de
tout ce qui le gêne. Eh ! que seroit-ce de
la liberté , s'il parvenoit à écarter de l'assem
· blée nationale les regards tout-puissans d'un
euple libre, qui lui communique nécessai
rement sa force et sa vertu ! ....
.., Nous vous supplions donc, MM., de rendre
Q iij

•º -
6 .2 J o U Ro N 2A L !
n dècret constitutionnel , portant que les
séances des législatures continueront d'être
pu bliques. - ,»

Mais , MM. , le bien que doit , pro


duire ce décret ne seroit qu'imparfait, si
, vous n'ordonniez pas la même § pour
les séances générales des assemblées admi
nistratives et municipales : Par-tout où le
peuple a des représentans, par-tout où l'on
discute ses intérêts , il ne peut y être étran
ger : il donne bien le pouvoir de l'adminis
trer, mais jamais il ne renonce au droit de
surveiller. Il n'y a que des administrations
vicieuses qui craignent sa présence, et c'est
alors une raison de plus pour les exposer à
l'œil de ce censeur rigide , dont les regards
† | souvent empêcl er plus d'abus , que
es meilleures administrations n'en peuvent
réformer. D'ailleurs , il est nécessaire pour
le maintien de la constitution , d'exciter et
d'éclairer également le patriotisme dans tou
·tes les parties de ce vaste empire. Tous les
· citoyens ne pouvant pas être placés au centre
de vos travaux , c'est à vous , MM ,
qu'il appartient de leur faire retrouver au
près de ces corps administratifs les mêmes
principes , la même considération pour le
peuple et sur-tout les inêmes facilités de jugen
si ceux quil'administrent, méritent son im
probation ou ses suffrages. Ce n'est º aSSéz
§ salut
Ci %lVOlr pour garant du
d'avoi de la
Saltlt (le chos
la Cll()S6

publique, la responsabilité des corps admi


nistratifs ; craignez, que cette responsabilité ,
sur laquelle il est si facile de tromper le
l' « J

|
· D E S C L U B S. | 247 · ·
·peuple, ne devienne illusoire , si le plus
rand jour n'éclaire leurs opérations, et si
# euple n'est pas préparé par cette publi
cité , à juger avec connoissance, non-seule
ment les comptes qui lui seront présentés ,
mais encore tous les autres actes importans
d'administration, relatifs à la liberté , à sa
sûreté et à sa propriété. ·
Enfin , messieurs, la publicité que les amis
de la constitution sollicitent de vous , rap- \

pellera sans cesse vérité,


cette importante aux fonctionnaires publics,
que les hommes en -

| |
-

place ont tant de penchant à oublier : que - -

les distinctions sociales ne sont fondées que - :

ster l'utilité commune, que l'homme élu par


| le peuple , n'acquiert par ce choix que le
#• pénible honneur de le servir , et que loin
de donner à son ambition des droits et des
prétentions à exercer, il ne prescrit à son
patriotisme que des devoirs immenses à rem
plir ». · - · · · · · . »
Nous nous étions proposés de citer ou d'a-,
nalyser, nous avons copié pres qu'entiérement:
si nous avons quelques lecteurs avides de
mouveautés ou de jolis riens, nous leur : dé
plairons ; mais nous croyons n'avoir à parler
qu'à des français régénérés, qu'à des hommes
libres, et dès lors nous sommes sûrs de mé-
riter leur approbation. - .
- ,
· •

DE PÉz EN As, le 15 Mars.
La société nous informe que par sa déli
bération du 13 de ce mois elle a exclu de
Q iv
",

)
a48 J O U R N A L

son sein, le nommé Daumas imprimeur, et


le nommé Augustin Savy , perruquier, deux
de ses membres ; le premer , pour avoir
réimprimé, à l'instigation du sieur Savy ,
curé de cette ville , réfractaire à la loi du
serinent, un ouvrage incendiaire intitulé , :
avis au électeurs ; le second , pour avoir
colporté cet infâme libelle d'après les desirs
, du curé son frère. Elle , nous apprend en
même tems, que cet indigne prêtre a été
dénoncé ainsi que les susdits personnages ,
à la municipalité , qui s'est transportée chez
l'imprimeur, où elle a saisi la planche, et
· que cette affaire se poursuit dans le moment
même au tribunal du district de Bé
ziers. . -

Adresse à l'assemblée nationale , par les


· amis de la constitution , à Nantes.
« En observant les mouvemens des factieux,
dans ces derniers temps, nous les avons vu
former des complots ; et s'agiter successive
1nent dans les différentes parties de l'Empire ;
mais le camp de Jalès dispersé, les cons
pirations d'Aix et de Lyon , prévenues ; l'in
surrection du département du Haut-Rhin
calmée par la puissance de la parole ; la ré
volte d'une partie du clergé, excitée par l'in
térêt, et étouffée par les lumières, ont dé
joué toutes les espérances qu'ils avoient con
çues dans les départemens : ensorte que ,
lassés de porter des coups impuissans dans
les différents membres de l'état, ils ont ré
-
- --- ---- --
M=-=-=----- -- | -------

E) E S C L U E S. 249
sclu de l'attaquer dans le cœur même , afin
de lui porter une blessure mortelle.
Paris est le sanctuaire de la loi, le siége
· du trône , la résidence des #5gages précieux
- ©

· qui assurent la tranquillité publique ; la


source d'où découlent tous les principes qui
vivifient l'Empire ;le centre où sont attachés
tous les fils qui le meuvent ; et c'est là aussi l
· que les mécontens réunissent aujourd'hui
| toutes leurs forces , et qu'ils méditent de
nouveaux attentats. Personne ne pourra dou
ter de leurs projets , si on considère l'é *,

vasion des ex-privilégiés qui a eu lieu , dans |


le même temps , daiis toutes les provinces ;
le recensement qui a été fait à Paris , de
trente-six mille étrangers ; les tripots de jeu
ouverts par les mécontens à une jeunesse im
prudente qu'on vouloit entraîner, par sa rui
me, dans le désespoir d'une contre-révolu
tion ; la division fomentée entre quelques
chefs de la causepopulaire ; les insurrections
excitées sous le prétexte du départ de mes
dames , et du château de Vincennes ; l'in
vasion faite, à main armée, dans les appar
temens du roi , par une troupe de brigands |

titrés ; et enfin la résurrection des monar


chistes qui, tranquilles dans les tens de paix,
ne se montrent que dans les jours de trou
ble, à-peu-près comme ces poissons mons
trueux qui ne s'élevent sur la surface des
Iners, que dans les momens de la tempête. .
Les révoltés ayant choisi la ville de Paris
pour le théâtre de leur tragédie, ils médi
tent des projets dont la pensée seule fait
-
25o J O U R N A L
frémir , et seroit inconcevable, si leurs cri
mes passés ne rendoient pas probables les
crimes qu'ils méditent pour l'avenir ; et ces
projets sont d'allumer la guerre civile , d'in
timider, d'enlever , de tuer le roi et l'héri
tier de la couronne , de dissoudre l'assem
blée nationale ; et s'ils ne parviennent pas
à l'exécution de ces desseins , leur but est
de dégoûter le peuple de la liberté , en exci
tant en lºi une ivresse séditieuse , funeste
avant-coureur des calamités des mations ;
· ou bien de le fatiguer, de le harasser , par
des travaux continuels, pour le laisser tom
ber ensuite dans cet état d'affaissement et
de stupeur, symptôme du despotisme et de
la mort. Nous osons prévoir que la fin de
· cette législature sera sur-tout marquée par
les dernières convulsions de l'orgueil déses
:
péré, si vous ne prenez d'avance les mesu
res nécessaires pour les rendre impuissantes.
Le nombre d'étrangers qui arrivent journel
lement à Paris , n'est point limité ; il peut
se porter, dans peu de tems , à cent mille
hommes, devenir plus considérable que celui
des gardes-nationales , avec d'autant plus
plus de facilité que les entrées de Paris de
vant incessamment être supprimées, les chefs
des révoltés pourront y entretenir , à moins
de frais qu'en aucun autre lieu de France ,
l'armée †brigands qui est à leur solde,
et qui ne tardèroit pas à faire la loi , si on
tardoit à la réprimer. Dans ces circonstan
ces nous nous sommes demandé quel seroit
le parti le plus propre à éloigner du sanq
D E s c L U B s. | 251
tuaire des législateurs et du trône , ces trou
bles qui les menacent; et nous avons pensé
que la loi devoit faire ce que feroit une mere
qui , livrée aux emportemens d'un fils par
ricide , appelleroit auprès d'elle , pour la
secourir, ses autres enfans accoutumés à la
chérir et à la respecter. Plusieurs millions
d'hommes épars dans les départemens , in
quiets sur votre sort, sur les jours du roi ,
sur les destinées du peuple , brûlent du desir !
de marquer leur amour pour la loi , d'aller
au champ d'honneur faire éclater un zèle
resserré dans un cercle trop étroit, d'aller
† le service des parisiens qui, s'étant
sacrifiés pour le salut des départemens, mé
ritent bien que les départemens leur sacrifient,
à leur tour , leurs soins et leurs veilles.
Un camp civique composé de cinq cents
gardes mationales, fournies par chaque dé
·partement, et librement choisies par leurs
frères d'armes , établi assez près de Paris
pour y porter des secours d§ quelques
heures, et pour y faire le service, et assez
éloigné pour qa'il ne pût jamais être accu
sé d'influer sur vos délibérations ; une telle .
armée, composée de quarante mille citoyens,
assureroit la tranquillité de Paris, du corps
législatif, du trône , prèviendroit l'enleve
ment du roi , inspireroit une terreur salu
taire à nos princes fugitifs , et les tiendroit
en échec , et feroit enfin refluer dans les ,
départemens cette multitude d'ex - privilégiés
qui inſectent Paris , et qui , divisés dans
nos villes, ne seront plus à craindre , et se
252 , J o U R N A L'
ront aisément contenus par les armes de noe
· enfans et de nos vétérans. Dans ce camp,
dont la dépense ne se monteroit pas à deux
millions par mois, on passeroit les jours à
faire des évolutions et des exercices mili
taire , et on se délasseroit le soir dans l'é
tude des loix, dans l'explication des décrets,
et l'on entendroit ces noins si doux de patrie
et de liberté, avec d'autant plus d'intérêt ,
que l'on verroit autour de soi les députés
de toute la patrie, sous des drapeaux con
sacrés à la liberté. Ce ne seroit pas là une
de ces fédérations dont le bonheur n'a duré
qu'un jour, mais une fédération permanente,
qui cimenteroit pour jamais l'union de toutes
les sections de l'Empire, et en formeroit
un tout indivisible , d'autant plus puissant
qu'il auroit acquis, en se réunissant , la con
science de sa force ; ensorte que , alors même
que la sureté du corps §# et du roi ne
seroit pas aussi ouvertement inenacée qu'elle
l'est ; alors même qu'il n'existeroit pas en
France une faction criminelle de royalistes ,
sous le nom de société monarchique ; alors
même que nous ne serions pas menacés par
des princes.français ou étrangers , on devroit
encore adopter le projet d'un camp que nous
proposons, conne une école d'art inilitaire
nécessaire aux Gardes-nationales , comme un
nouveau foyer d'instruction et de patriotisme
dont la chaleur se repandroit dans toute la
France ; comme une nouvelle carrière offerte
au zèle et aux talens ; enfin , comme un
moyen certain de consolider la révolution .
N

-
-- 7-7

D E s C L U B S. · 253
sans mouvement convulsif, et d'achever la
constitution sans troubles, Les peuples étran
gers, qui contemplent avec étonnement la
régénération de cet empire , ne manqueroient
pas de dire en apprenant ce nouveau mou
vement : « Quels sont donc ces français qui
»
s'arment pour la défense de la loi , comme
les autres peuples s'arment pour les conquêtes,
qui renoncent aux délices des villes , et vien
nent au sein de la paix , faire dans les camps
le pénible apprentissage de la guerre ? Qui
est-ce qui a pu si subitement changer l'an
cienne France en une nouvelle Sparte ? »
Mais une disposition essentielle pour main
tenir oette armée dans toute sa §, c'est
de ne pas abandonner la nomination de ses
chefs , à la cour ; ' de désigner au pouvoir
exécutif des hommes capables de justifier la
confiance de la nation ; et s'il nous étoit
† de former un vœu, ce seroit de voir
. Menou , membre de la législature, com
mander cette armée.
Nous le disons hautement aux révoltés de
TS
toutes les classes : la constitution française
ll'
ne périra point; elle n'est autre chose que la
il loi naturelle, appliquée à l'ordre social; elle !
li3 est assise sur les bases de l'intérêt et de la
volonté du peuple ; elle est enracinée dans le
cœur de tous les citoyens, et plus vous ferez
[ſſi d'efforts pour ébranler ou détruire une telle
constitution , plus vous la raffermirez sur ses
rſt fondemens éternels. Six millions de citoyens
l1! ont pris les armes pour la liberté, et nous
0ſl vous déclarons que tant que nous aurons une
254 J O U R N A L

goutte de sang dans les veines , nous défen


drons la patrie comme notre mere , la loi
comme notre égide , et nos représentans
comme nos libérateurs et nos dieux tuté
laires «. La société des amis de la constitution.

La société des jeunes patriotes , séante aux


Carmes à Nantes , aux éleves du col
lége d'Angers.
« Frerès et amis , la révolution qui vient
de régénérer la France et de la venger de la
tyrannie de ses despotes, a excité dans tous
les Français un changement subit ; elle a
imprimé en caractères indélébiles dans leurs
cœurs les sentimens d'amour pour la patrie.
Cette liberté si chere qui vient de nous être $

rendue , a axcité en nous un mouvement


†, et nous avons voulu en donner
es marques à tous nos concitoyens , et mé
riter le titre glorieux de défenseurs de la
patrie , en nous dévouant à ses intérêts dès
| notre jeunesse.
C'est sous les auspices des différens corps
administratifs , et des clubs qui existent dans
notre ville, que nous avons formé une so
ciété de jeunes patriotes qui veulent s'ins
truire de leurs droits et de leurs loix , pour
en devenir les zèlés observateurs, les défen
seurs et les soutiens. -

Nous vous engageons, frères et amis , par


tout ce que la patrie a de plus sacré, de
former au plutôt un club d'amis de la cons
titution ; et quand vous serez établis, nous
-- - ,
mE =-mm- -- ------

D E S C L U B S. 255
aurons la satisfaction d'entretenir une cor
respondance avec des frères, et de leur offrir
un acte d'affiliation , marque bien flatteuse
de notre fraternité et de notre union. Ayez
égard à notre demande , et nous faites part
auplutôt de vos intentions. Nous som
IneS , etC.

DE DURAvEL , le 16 Mars.
La société des amis de la constitution, séante
aux bénédictins, pour réduire au silence de
mauvais citoyens qui se sont permis de ca
lomnier son établissement, nous charge de
faire connoître aux patriotes des 83 dépar
temens une adresse qu'elle a résolu de publier
et d'après laquelle ils pourront juger les prin
cipes qu'elle professe. « Français qui avez
vaincu , songez que vous traînez à votre char
de triomphe un nombre infini de vos frères
§ la victoire que vous chantez intimide ou
ésespère. Votre première et plus généreuse
, occupation , c'est d'examiner si, autour de
vous, votre secours est nécessaire pour en
courager vos semblables, s'il en est d'indiffé
rens à la résurrection politique de la patrie.
Proposer donc à ceux que le mensonge et
la cupidité insensibilisent sous leur joug .
odieux, le moyen de s'affranchir, c'est non
seulement remplir le devoir sacré de citoyen,
mais encore tirer du sein même de l'esclavage
des forces utiles à affermir la liberté.
Ce devoir, cette vertu, citoyens, profon
dément gravés dans nos cœurs faisoient de
é - * : -- - - - -
256- J o U R N A L . "
puis long-tems Pobjet des réflexions de chacun
de nous ; mais il falloit noûs réunir pour
remplir cette tâche importante. - -

· Témoins passibles de la dangereuse influence


de opinions, à la faveur des quelles on essaye
de faire abjurer aux français le nouvel ordre
de choses , et les ramener à l'ancien , pour
recouvrer le droit de les opprimer davantage,
I} {)llS avons éprouvé #et nous publierons
désorinais que ſoriner des associations parti
culières, paisibles et vigilantes , c'est tromper
ces coupables espérances, s'affermir dans les
principes de l'assemblée nationale, et appré
cier en paix les bien faits de la constitution.
| Notre société, fondée sur les bases de l'é
galité et de l'honneur , agréable au corps
municipal de cette commune, liée déjà par
1un double nœud fraternel aux sociétés des
amis de la constitution et des défenseurs de
la liberté, séântes à Cahors et bientôt à toutes
celles de l'empire, ne présente point ces avan
tages des établissemens politiques, où la phi
losophie et le patriotisme éclairés influencent
les membres d| ui les comnosent.
p 2
mais encore
#

moins les dangers de ceux où l'esprit de ca


bale et de faction tient lieu de principes et
de règle. L' gl soumission aux lois,
L'aveugle loi le
pur amour de la patrie, voilà notre esprit
; et notre système, et néaninoins au milieu du
rapprochement de nos sentimens fraternels,
nous pouvons nous former à toutes les vertus
i publiques ; ô effet merveilleux de la commu
:

Irication libre de citoyen à citoyen ! A peine


- - - - - * , - a-t- Onl
B E s c L U B 's. . - 257 :

' a-t-on mis les pieds dans un club patriotique *

qu'on sent tout préjugé s'anéantir. 1 °'


Avant de vous inviter, citoyens, à venir |! ,
vous unir à nous, la société arrêta dimanche
dernier (24 février) que ses séances générales,
qui ont lieu tous les dimanches, à une heure
après-midi, seroient publiques. Vous pourrez
par ce moyen vous mettre en état de con- l |

noître les motifs de notre réunion, et vous ·


faire une idée précise de nos principes ; n'hé- - * !
sitez pas ensuite à venir parcourir avec nous
le nouveau chemin de la liberté dans le cercle - |
, ' que lui comme
réserve a tracé nous
la loià ,la et vous de
défense livrer sans
la patrie t

et au maintien de la constitution, tantôt en - |


conciliant les esprits, dont les divisions trop
Y opiniâtres laissent quelquefois des suites dan- | \
| géreuses, tantôt en étouffant les haînes par
ticulières qui tendent trop souvent à se géné
raliser, soit en instruisant ceux dont l'igno
rance expose la chose publique, soit en dé
jouant les intrigues de nos ennemis ; ici en
redressant les esprits faux, là en propageant
les bons principes et enfin en coopérant au
bien de tous . .... » | -- r
" »-
*

· De Toul, le 19 Mars. Les amis de la cons


titution aux patriotes des cantons de district :
(Nous ajouterons à tous les patriotes fran- -

çais. ) cc Chers concitoyens , tandis que les - >

représentans de la nation continuent d'élever . |


l'édifice de notre bonheur, ses ennemis em- -

ployent tous les moyens d'empêcher l'achè


II. Vol. | -- R.
|

e58 · . J & U R N A L
vement de cet immortel ouvrage, et de fairs
revivre les abus sans nombre qui faisoient .
notre misère, et dont la réforme étoit l'objet
de nos vœux les plus ardens.
| Ils sont détruits ces abus, mais ceux qui
en profitoient et les regardoient comme leur
propriété , nous présentent une multitude
innombrable d'ennemis qui cherchent à allar
mer les çonsciences, diviser les opinions, et
troubler notre tranquillité fondée sur les
biens présens et sur l'espérance d'un avenir
plus heureux encore. · t
Ils désespèrent de nous dompter par la A

force, ils ne savent recourir qu'à de noirs


cemplots, à des trames sourdes ; leurs per
fides desseins se succèdent avec une rapidité
qui décèle leur fureur. -

| Mais en vain ils réunissent tous leurs efforts


pour sapper les fondemens de notre consti
tution ; en vain ils cherchent à déguiser leur
marche en se reproduisant sous des formes
multipliées ; leurs projets, toujours déjoués,
' 1
doivent les convaincre de leur impuissance.
- Ne vous livrez cependant pas, chers con
citoyens, à une trop aveugle sécurité ; crai
gnez de vous laisser surprendre aux piéges
|
qu'ils vous dresseront de toutes parts ; ayez
toujours les yeux ouverts sur leurs mouve
# mens , soyez fermes dans vos résolutions,
, constans dans vos opinions , et attendez tout
du succès que vous promet le zèle infatigable
des représentans du peuple françois.
, C'est à un travail opiniâtre , hérissé de
difficultés sans nombre, que vous devez les
- D E·s c L t B $. 259
' avantages inappréciables de la liberté dont
*vous commencez à jouir. C'est par eux que
vous ne serez plus soumis aux lois impérieuses
d'un seigneur altier, qui créoit , aux dépens
' de vos premiers besoins, des droits qti'une
insatiable prodigalité avoit imaginés ; que
*vous ne serez plus égarés dans le dédale
obscur de lois arbitraires et de †
ruineuses. Vous serez dispensés de la pres
· tation onéreuse de la dîme , et les impôts
également répartis , seront proportionnés à
vos facultés. Vos récoltes plus respectées, ne
· seront plus à la merci de chasseurs audacieux,
· et d'animaux voraces , vous ne serez plus
exposés à des visites domiciliaires qui por
toient l'inquiétude et la consternation dans
vos familles. Vous pourrez librement faire
· circuler l'excédent de vos productions, sans
craindre les recherches fiscales : les portes
des villes rendues libres, ne vous présenteront
*bientôt plus la contrainte de droits à acquitter
sur les comestibles et sur les autres objets :
les talens, le gout, la capacité de vos enfans
régleront à l'avenir les professions qu'ils vou
dront embrasser; ils ne seront plus assujettis
·à des épreuves chicannières , à des droits
multipliés et absurdes qui rétrécissoient le
génie et l'industrie, §u de les étendre :
dégagés dans peu des difficultés qui gênoient
le commerce, vous me connoîtrez plus qu'un
*poids, qu'une mesure. Devenus libres enfin, |
par l'effet d'une sage constitution, vous devez
savoir apprécier le droit de donner à l'état des
administrateurs, des magistrats, des défen
R ij

-
-

- -, *, *- º ---
" ,
-
|
, - --

- º .
x. s- =-v- ----
26o . J O U R N A :L !
seurs : mâis gardez-vous bien de confondre
la liberte avec la licence ; n'abusez pas d'un
avantage si précieux pour intervertir l'ordre
et susciter le trouble. La liberté ne donne
pas le pouvoir de nuire aux autres ; elle di
rige les actions au bien commun de la so
ciété, elle en assure le repos et en resserre
les liens. - | ' | , , !

La religion, ramenée au premier principe


de sa pureté , va vous donner des pasteurs
sages et éclairés, qui, entièrement dévoués
aux fonctions de leur état , n'auront plus à
s'occuper que de vous donner les conseils
, qu'ils auront puisés dans le long exercice des
vertns chrétiennes ». , • "

Les amis de la constitution, après avoir


fait l'énumération des avantages du nouveau
régime, s'occupent de prémunir leurs con
citoyens contre les insinuations perfides de
ces ministres hypocrites qui, pour justifier
· leur blâmable résistance à la loi, veulent per
suader qu'on détruit la religion. Le portrait
fidèle qu'ils tracent des ci-devant prélats ,
remplit † leurs intentions Quel con
traste plus frappant en effet et plus propre à
faire bénir la nouvelle forme des élections
par les vrais amis de la religion, que celui
qui existe entre les vertueux et modestes évê
ques d'aujourd'hui, et les ci-devant prélats,
dont toute la vertu étoit de savoir étaler un
faste insultant. Ils terminent par indiquer les
moyens à la séduction , la seule arme que
les ennemis du bien public puissent employer
avec quelque espoir de succès. Opposons leur2
D' E s * c L U B 's. 261e
disent-ils, des vérités, des lumières, et nous
serons sûrs de triompher. En engageant leurs
concitoyens à propager les maximes et l'amour,
- de la constitution par la lecture régulière de
· quelque journal patriotique, propre à donner
aux moins éclairés l'instruction nécessaire ,
ils proposent comme † ériodique le
plus convenable à l'universalité des lecteurs
sur-tont dans les campagnes, la feui/ e vil
lageoise ; d'accord avec eux , 11ous ne crai
gnons pas de recommander cette feuille comme
ne pouvant produire que de salutaires effets.
\

DE MARSEILLE. Lettre des amis de la cons -

titution à l'assemblée nationale , lue dans •



· *
la séance du 2o Mars.
· Messieurs, les amis de la constitution de
Marseille n'ont pas vainement juré de mourir
our la patrie : ils ont déployé les premiers
§ de la liberté ; les premiers ils ont
juré de la défendre au nombre de deux mille.
Ils offrent à l'assemblée nationale de traversers
le royaume, et de se porter aux extrêmités
des frontières pour repousser les premières
attaques des troupes ennemies. \ º - ,
| Les Phocéens, nos pères, en abordant sur
ces côtes, jettèrent dans les eaux une masse
de fer , jurant de ne retourner dans leur
† soumise au joug du despotisme, que
orsque cette masse surnagera t elle est tou
jours dans notre golfe, et nous jurons de ne |
retourner à la servitude, que lorsqu'elle flot
tera sur les eaux ». Braves Marseillois, vrais
R iij
262 ,J O U R N A r -

français, peuple digne de la liberté que nous


venons de conquérir, comptez sur une armée
d'imitateurs de votre patriotisme. 2

DE sÉvREs. Le 23 Mars. •
Le club des amis de la constitution nous
envoye un discours qu'à prononcé le prési
dent de la société , à la messe célébrée le
dimanche 2o mars pour la convalescence du.
roi. Ce discours étant l'expression fidelle des
sentimens de tous les françois ; nous le ci
terons en entier, surs que chacun s'y recon
moitra avec plaisir. - - *

» Chers concitoyens , les amis de la cons


titution souvent calomniés , ont été plus
d'une fois indignés des atrocités dont on
accusoit leurs pères et leurs affiliés les mem
bres des jacobins ; forts de leurs principes
et de leur conscience, les idées de républi
canisme attribuées à leur opposition cons
tante pour toute espèce de puissance , qui
conserveroit le germe de l'arbitraire et du
despotisme , en leur causant des cha
rins , n'ont pu toutefois les faire dé
vier de la route , que leur ont tracé la raison
et la justice , et c'est à des français que l'on
attrihue la pensée de ne plus vouloir de
monarque ! Est-ce que leurs infâmes des
tracteurs ont oublié l'amour que les francs
, ont voué de tout temps à ceux mêmes qui
a'étoient pas dignes de les commander ?
Ont-ils pu croire , ces êtres implacables, que
les citoyens d'uné nation capable de respec
D, E s . C L U B S. 253
ter des rois, lors même qu'ils s'écartoient
des règles de la justice , n'aimeroient pas
celui qui bon et indulgent pour tous les
français dont il est le père , n'est , sévère
que pour lui ; celui qui ne voit dans cha
que individu qu'un être qui a droit à sa
bienſaisance et à sa protection, qui, affligé
des maux qni couvroient la surface de l'em
ire, chercha dans la simplicité de son ame,
† remèdes qui pouvoient les détruire , et
fut le seul qui § prés de deux siècles
voulut rendre aux français des droits qui de
voient diminuer sa toute puissance. Il sa
voit, ce bon roi, plus grand par la simpli
cité , que tous les potentats qui ont porté
le nom jusqu'a nos jours, il savoit, dis-je,
qu'un monarque n'est grand que par la ma
jesté de son peuple, qu'il n'est heureux que
par le bonheur de son peuple ; qu'il u'est
puissant que par l'affection de son peuple ;
et ceux qui , dans les momens de troubles
l'ont abandonné lâchement,lorsqu'ils veulent
faire parade de leur attachement pour sa
personne , ne seront jamais l'appui de son
thrône , comme ce peuple aimant et fidèle
qui toujours sera pour lui un rempart inex
\
pugnable , comme le peuple qui , piein de
confiance dans la bonté du monarque qu'il
connoissoit, n'eût jamais, (j'ose le croire ),
démandé de constitution , s'il étoit possi
ble que tous les rois lui ressemblassent, et
· ne fussent environnés que de ministres aussi
honnêtes gens que lui. Oui mes chers conci
toyens, quoi qu'en disent les méchans, les
R iv

254 .J o U R N A L
amis de la constitution aiment la royauté
et aiment leur roi. Navrés de la douleur
la plus vrai durant le cours de sa maladie,
ils sempressèrent de célébrer sa convalescence
l'impulsion de leur cœur est leur guide, et
lorsqu'ils viennent dans ce temple, se pros
terner devant l'être suprême, et lui rendre
des actions de graces d'un bonheur si par
fait, ils ont encore la douce satisfaction de
rendre un hommage solemnel à cette religion
sainte, que quelques esprits fanatiques re
gardent comme profanée et perdant de son
éclat : non nies concitoyens, elle ne perd
rien , elle n'est que purifiée , et désormais
le culte dégagé de töus les abus qui souil
loient son institution, n'en sera que plus su- ,
blime , plus analogue au createur , ami
lui-même de la pure simplicité ; la religion
ne cessera d'être la consolation et le refuge
des citoyens malheureux , comme elle ne
ne cessera d'être le mobile parfait des ac
tions vertueuses
anime et fortunés.
les citoyens de l'esprit de charité qui
• , .

Je n'ai pas besoin , citoyens, de vous ex


citer au récueillement,
présence d'un dieu à quique doit
nous inspirer
venons la
offrir
notre reconnoissance , vos cœurs ainsi que
le mien sont pénétrés du respect le plus
profond pour l'auguste sacrifice qui va être
consommé, mais je crois fermement être
votre interprête dans l'invocation que je vais
faire. - |
- O toi créateur de tous les êtres ! source
féconde de tous les biens ! Dieu puissant ,
- A"
# •º
:
D E s : C : L-U. E S. 265
dont un bon roi est sur la terre la plus par
faite image , que les accens de notre recon
noissance parviennent jusqu'à toi ! Ne dé
tournes pastes regards de nos mainssupplian
tes! C'est dans l'élan de nos ames que nous te
demandons de protéger le monarque que nous
a donné ta bonté, ce monarque qui , plein
de ton esprit veut que tous les français soient
heureux, gouvernés par la justice, la liberté
et l'égalité. Ecartes de lui tous les dangers
s'il doit subir un jour la loi que de toute
éternité tu as décrétée pour tout ce qui res
pire ; prolonges son existence au terme le
· plus éloigné, et fais que la régénération qui
-
t'implore , s'éteigne sans avoir à le pleurer ».
-- -

. * . ,

• ,

, D'Is s o I R E. Les amis de la constitution


out donné aux sociétés de Clermont, Ambert
et Brioudes, une fête patriotique le 22 Fé
svrier. Doux épanchemens de l'amitié, de la
fraternité, quels charmes vous répandites sur
cette heureuse réunion ! Egalité inconnue .
jusqu'à l'époque qui nous a rendu libre,
ar quelle vive allégresse tu sçus remplacer
es froides démonstrations de politesse dans
lesquelles consistoient jadis tous les liens de
la société. Patriotisme régénérateur , avec
quel art tu fais tourner au profit commun
les plaisirs mêmes de ces hommes qui na
guères , dans toutes leurs actions , ne voyoient
qu'eux, et que tu viens de transformer en
un peuple de citoyens, dévoués uniquement
au bien de leur patrie. Le discours prononcé
256 J o U R N A ».
à la fête célébrée à Issoire donnera une juste
idée des avantages que peut retirer la patrie
de semblables rassemblemens des citoyens
devenus tous frères. C'est un membre du club
de Brioudes qui parle : » MM., invitez, ap
pellez dans vos murs , les amis de la cons
titution , séans dans une ville constamment
opprimée depuis huit siécles par tout ce qu'il
y avoit de plus redoutable dans nos antiques
préjugés, le clergé et la noblesse, viennent
aujourd'hui par leurs députés, dont je m'ho
nore d'être du nombre , renouveller leurs
sermens d'amitié, de fidélité. Seuls, ils sont
étrangers parmi tant de frères. (1) Qu'ai-je
dit ! Les amis de la liberté, de la vérité, ne
connoissent d'étrangers que les partisans des
loix et du pouvoir arbitraires. Hélas ! sous
· la verge de fer du despotisme , nous , par
tageâmes vos infortunes en qualité de frères ;
# étoit vu nom plus doux et des obligations
plus sacrées , nous les reclamerions aujour
d'hui que nous sommes libres et égaux en
droits. - -

« MM. si le district de Brioude ne peut point


s'énorgueillir de ses arts ni de son commerce,
du moins il peut se flatter d'avoir pui sam
ment concouru à sauver la patrie : il falloit
#un Épanimondas (2) et son territoire le pos
sédoit • ; -


-

-- (1) Toutes ces villes faisoient partie de la ci-devant


province d'Auvergne; Brioudes est passé dans les dépar
tement de la Haute-Loire. ·

º (2) La Fayette.
f E S c L U E S. 46x
º Vous le savez, messieurs, au moment où
les droits imprescriptibles de l'homme , pro
, clamés dans l'assemblée nationale, furent
A

restitués à tous les individus de l'empire,


moment où les français ne formèrent plus,
qu'un peuple de frères, l'amour de la patrie
créa des citovens qui se dévouèrent avec
transport au salut de la chose publique. Alors
on vit de tous côtés de saintes associations
des bons contre les méchans , des amis de
la liberté contre les partisans de l'esclavage.
Tout-à-coup la voix de la patrie en péril
se fit entendre , et la même aurore trou
vant les citoyens transformés en soldats, vit
flotter dans toute la france les couleurs de
>
la nation , adoptées par la liberté. - - :

' Ainsi les chaînes que le despotisme tenoit


suspendues sur nos têtes ont été rivées sur
lui-même : ainsi l'histoire de la France esclave
et de ses rois despotes, finit à Louis xvr,
maître absolu par le droit de son épée, et
l'histoire des français , hommes libres , com
mence à Louis XVI , citoyen couronné par \
la loi constitutionelle de l'état. Ainsi des
annales trop long-tems avilies reprendront
enfin la dignité et l'intérêt que doit inspirer
une nation puissante et éclairé. - -
| Tyrans, le tems approche où vous dispa
roîtrez sans retour # la surface de la terre.
ºlus puissantes que le fer et le bronze , la
douceur, la sagesse de nos loix triomphant
enfin de vos effo§s , repandront dans tout
l'univers le bonheur et la paix. -
s68 Jo U R N A L
- Eh ! quel peuple pourroit se refuser d'ad
mirer et d'imiter notre régénération ? Quel
peuple n'a pas lancé anathême contre ses
oppsesseurs ? La liberté est le premier article
du contrat social ; elle est le vœu de la na
ture , le fruit de la raison. Il est affreux,
le droit qu'un seul prétend avoir sur la société
entière. \.

* Français , resserrons encore s'il est pos-.


sible les nœuds de notre parfaite intelligénce ;
et confondons ainsi l'espérance de ceux qui
voudroient nous désunir pour triompher.
-

, C'est l'union qui est la base et le fonde


#nent de notre sureté et de notre repos. C'est
cette union que nos ennemis s'efforcent de
détruire. Ils tâchent de nous aigrir les uns .
çontre les autres ; ils veulent nous exciter
à nous déchirer par des guerres intestines.
Par eux l'union du Dieu de paix est pro
clamée comme signe de la discorde ; et le .
siècle de la philosophie voit un instant ses
bienfaisantes lumières obscurcies par les
sombres vapeurs du fanatisme. Ah ! quand
Ies hommes auront retiré du christianisme
ce qu'ils y ont mis, il n'y aura qu'une même
religion sur la terre, aussi simple dans sa
doctrine que pure dans sa morale ; comme
il ne devroit y avoir qu'une même loi, celle
de l'humanité établie sur les bases de la liberté
et de l'égalité, d'où naissent la paix et le
bonheur. , ",

- -- • - - * --


D E S C L U E S. 269

V A R I É T É S. , -
-

Qu'il est gentil ! ce voisin qui nous dit des


injures pour nous avertir qu'il est là. Peste !
mais c'est qu'il est d'une colère, c'est pire
que toute la famille du père Duchêne , et
cela parce que nous tenons à la constitution
française et qu'il veut bon gré, malgré, être
républicain , parce que nous n'invectivons
pas l'assemblée nationale, le roi, les minis
tres, les véritables amis du peuple , et que
son plaisir est de dire du mal de tout le
monde , excepté de Marat, de Fréron et
compagnie, parce que nous ne ployons sous
personne et qu'il se vaûtre devant tous les
factieux imaginables. Bravo, soi-disante ame
fière et noble , bravo sublime F. R. .... ---
Quelle bêtise ? nous allions le nommer ; il
n'en veut pas davantage, et nous serions de
puis long-tems les meilleurs amis du monde,
si nous avions pris garde à lui. - N

Vous ignorez donc, voisin, qu'on ne se


défend que contre un gros chien dont on
peut craindre les morsures , mais que pour
un petit roquet hargneux qui ne dépasse point
le bas de la jambe et qui mordille le bout de
l'habit, on se contente de lui dire : veux
tu tirer. |

Aux auteurs du journal.


Vous vous êtes, Messieurs, particulière
ment consacrés à publier les travaux des
- -
27o .2 J O U R N ° A7 Lº

sociétés patriotiques, c'est à vous que je m'a


dresse pour communiquer aux amis de la
constitution , quelques réflexions sur leurs
fsociétés. " , -,

L'amour de la patrie, l'enthousiasme qu'ins


ſpiroit une liberté naissante ont réuni des
hommes ardens et instruits dans toutes les
*villes de la France. Le but de cette réunion
est la propagation de l'esprit public et des
lumières, la remarque des infractions à la
loi et des entreprises des ennemis de la liberté,
1'étude du contrat social et de tout ce qui
peut contribuer au bonheur de l'état. Chaque
"membre a contracté, en se réunissant, l'enga
gement facile d'être toujours animé du pa
triotisne le plus pur ; et il faut avouer que
rien n'est pius propre à maintenir dans le
cœur des citoyens l'amour du bien que l'exem
ple qu'ils se donnent mutuellement. Chacun
reçoit des autres une nouvelle activité, de
nouveaux motifs de constance et de zèle pour
l'intérêt général. Si les sociétés ne s'écartent
pas d'un but aussi sage, elles seront un des
plus solides appuis de la constitution. Voilà,
sans doute, de grands avantages ; mais ils
me sont pas sans inconvéniens. H suffira, pour
s'en convaincre , de jeter les yeux sur l'affi
1lation d'une grande partie de ces sociétés.
, Toute société a un esprit qui lui est propre.
Elle tend nécessairement à s'aggrandir et à
faire adopter cet esprit, On †
dès ce
moment commence une domination qui de
vient plus absolue et plus dangereus9 à me

- . -
- - --
-
_ r -
-- | -

-- , ---- -
' ·
· •
,- . ;
--^-- -,--
D E s , C L U B S. 27r
sure que cette société compte plus de par
tisans. -

Fondatrice de tout ce qui s'est uni à elle,


elle obtient un ascendant sans bornes, une
influence irrésistible. On ne songe pas à s'op
poser à cette influence , on s'y livre sans
reserve ; les intérêts et les principes de la
société-mère, sont devenus les principes et
les intérêts de ses associées.
Les rapports de la première avec celles-ci,
sont ceux d'un souverain avec des sujets ;
les rapports de toutes les deux, vis-à-vis de
ce qui me tient pas à elles , sont ceux d'un
ennemi à un ennemi. Il ne faut donc voir
dans l'affiliation de quelques sociétés à une
société † , qu'une obligation con
tractée par celles-là, de penser et d'agir au
gré de la société principale ; il ne faut voir
que confiance et soumission d'un côté, di
rection et empire de l'autre, tyrannie enfin
et intolérance de la part de la mère et des
affiliées pour tout ce qui ne voudra pas leur
rendre hommage. -

Certes les sociétés affiliées sont loin de cette


fière indépendance, que des amis de la liberté
ont signalé à Lons-le-Saunier , en arrêtant,
dans leurs statuts, de ne jamais s'affilier,
pour ne point introduire le despotisme jusques
dans les sanctuaires de la liberté. -

Et quel est donc le motif d'utilité qui peut


justifier ces affiliations inconsidérées, et ſ'em
porter sur le danger qu'elles présentent. Les
clubs ne peuvent-ils remplir † but qu'ils se
sont proposés sans venir reconnoître la supré
- /

272 . J O U R N A L
matie d'un autre club ? Cherchent-ils par Ce3
aveux à se donner quelque considération ,
quelqu'antorité ? Misérables traces d'un anti
que préjugé, vous ne vous êtes pas effacées
de l'esprit des hommes qui naissent et de
meurent libres et égaux en droits ! -

: " Les clubs ne peuvent-ils aimer la liberté,


éclairer le peuple, observer les abus , sur
veiller les ennemis de la constitution sans
obtenir une mission de qui n'a pas le pou
voir
droitsdequ'eux
la donner,
? de qui n'a pas plus de
- · · · · * t .

& Que devient, disent les amis de la cons


titution que j'ai déjà cités, que devient l'é
galité politique des individus, quand les corps
qu'ils forment se mettent sous la direction
de l'un d'entr'eux ; quand ils ne se font pas
des principes , mais † en adoptent, et
quand par une sorte de prestige inévitable,
le corps, auquel tous les rapports aboutissent,
devient l'arbitre et le chef de tous les autres ?
Alors aucun des corps particuliers , n'a la
force de de se séparer du chef, même lors
qu'il l'opprime oul'égare : l'action de l'opinion
est une sur tous, et la résistance est partiaire :
delà l'aristocratie, le despotisme, l'inégalité
sous les prétextes de centralité, de point de
réunion et de localité ». -

L'existence, au milieu de l'état, d'une so


ciété à laquelle se joignent et s'affilient d'au
tres sociétés , § soit le motif qui les
unisse , quelque soit l'esprit qui les dirige,
les principes qu'elles professent, est incons
' titutionnelle,

,-
—----- - -
-

-- --
D E s ' c L U B s.. 273
titutionnelle. L'expérience a trop démontré
ce que deviennent les associations, les corps
dont l'établissement paroissoit si utile , dont
les commenceumens ont été si purs et si bril
lans. Or les sociétés patriotiques affiliées for
ent un corps qui reconnoît un chef, et qui
en reçoit le mouvement. -

: Ce mouvement, dira-t-on , du chef sur le ,


corps, et de tous les deux ensemble sur l'état,
ne peut offrir que des dangers imaginaires,
parce que l'esprit qui les anime n'est autre
chose que l'esprit public dans toute son éner
gie, que le patriotisme le plus ardent et le
plus éclairé . .. Je le crois ; mais personne ne
eut répondre que cet esprit sera toujours
e même, qu'il ne s'altérera pas, qu'un autre
esprit enfin , un autre intérêt que celui de
la chose publique, ne lui sera pas substitué.
Dans ce cas qu'il faut prévoir, qui est très
possible et très-prochain , ne sera-t-on pas
exposé au grave danger de l'opposition de la
volonté particulière à la volonté générale,
de la résistance du corps à l'état, du combat
et des efforts de l'nn contre l'autre ? -

Je regarde l'affiliation des sociétés les unes


aux autres comme inutile au but qu'elles se
sont proposé en se formant. Il me paroît que
cette affiliation est fºuneste à la liberté de
chaque société ; qu'elle la détruira tôt ou
tarô , qu'elle imprime à chacune un nouve
ment qui ne vient pas d'elle, qu'elle ne se
donne pas elle-même ; enfin je crois que cette
association est contraire à la constitution et
dangéreuse pour l'etat. •,

II. Vol. • - S -
274 J o U R N A L
Cependant on ne peut se dissimuler, que
l'établissement des sociétés patriotiques ne
soit très-utile ; mais il faut qu'elles restent .
isolées et indépendantes les unes des autres.
Que chacune veille de son côté, qu'elle ob-.
serve, avertisse, communique ses idées, ses
découvertes : rien de plus avantageux ; mais
cette communication entr'elles ne devroit
† que d'un centre de correspondance qui
eur seroit étranger, qui n'auroit aucun rap
† particulier, aucun intérêt avec aucune.
es sociétés enfin ne devroient avoir , en- .
tr'elles, aucune correspondance immédiate.
ſVous avez bien pensé, Messieurs, lorsque
vous leur avez offert un ouvrage périodique
où elles déposeroient leurs † Cette :
manière de communiquer entr'elles et de don
ner la plus grande publicité à leurs travaux,
me paroît réunir de grands avantages et fait
disparoître tous les inconvéniens.

J'avois juré de laisser là les prêtres rebelles.


| Il n'est question, depuis trois mois , que de
leurs efforts impuissans contre l'exécution du
décret du 27 novembre qui devoit être, selon
| eux, l'écueil de la constitution. Si l'obéis
sance de la très-grande majorité des curés
et autres fonctionnaires a rendu cet écueil
moins dangereux , elle ne leur a pas fait
perdre l'espérance, elle na pas vaincu leur
obstination. Tandis que les chefs meditent
les grands coups , la foule obscure et hypo
D x s c L v » s. 275
crite travaille sourdement et sans bruit au .
succès de leurs coupables desseins. - a•

Des lettres pastorales, des mandemens ont - * .

averti tous les chers frères en J. C. que l'im- s


piété faisant des progrès incalculables dans • . !
ce beau royaume autrefois si dévoué et si -

cher à l'église; que la religion et l'état étoient | |


perdus , s'ils ne forinoient une sainte ligue . à f,
pour les défendre. Des sermons ont annoncé : \
que le ciel alloit venger l'injure faite à ses (
ministres , et le tribunal de la pénitence a : |

retenti des menaces d'excommunication, de -

nul ité des sacremens administrés par les , ,

nouveaux fonctionnaires. On a épouvanté


les consciences et abu 6 de tout ce qu'il
y a de plus sacré pour tromper les ames
simples. · - · -

J'en crois encore à peine ce que j'ai vu


et entendu. De jeunes personnes qui se dis
posoient à faire leur première communion,
sont conduites aux pieds d'un confesseur. - º

Quelques-unes d'entre elles reviennent à la


maison, tristes , oppressées, l'œil humide. .
Cet air désolé surprend , on ſait des ques
tions et des larmes s'échappent §
ment des yeux de ces innocentes créatures ;
l'intérêt redouble, on presse, on sollicite ,
et l'on apprend qu'elles ont été renvoyées
sans absolution , et jugées indignes de faire
leur première communion, parce qu'elles ap- .
partenoient à des parens qui portoient l'habit -

de garde national , et s'honoroient du titre


de patriotes. | - -
276 J O U R N A L "

· L'assemnblée nationale a sagement ordonné


qne tous les fonctionnaires ecclésiastiques
qui ne se soumettroient pas à la loi , se
roient remplacés. On n'a pas point prétendu
les obliger au serment, mais on leur a dit
puisque vous ne pouvez pas remplir les con
ditions que la loi exige peur occuper telle
place , abandonnez-là. Ceux qui de bonne
foi ont cru que leur conscience ne leur per
mettoit pas de prêter le serrnent , se sont
retirés , et restent tranquilles ; ils n'ont pas
encouru l'animadversion publique. Mais ceux
qui après avoir refusé de se souméttre aux
| Conditions prescrites , s'opposent à l'exécu
tion de la volonté générale , s'agitent d'un
| bout du royaume à † pour trouver des
partisans de leur rébellion, employent tout
ce qu'ils ont d'astuce et de méchanté pour
égarer le peuple , ceux là doivent-être traités
comne ennemis de l'état.
· Assez long-tems on s'est contenté de mé
priser leurs discours séditieux , leurs crimi
melles entreprises. Veut-on qu'ils soient tou
jours un exemple de révolte et d'impunité ?
Quoi ! ils prêcheront la désobéissance à la
loi , ils troubleront la paix des campagnes,
semeront la haine et la discorde parmi un
peuple de frères, ils beniront des poignards,
dirigeront des bras parricides, et ils reste
ront impunis ! déja ils ont fait couler le sang,
témoins les malheureuses affaires de Nîmes,
du Morbihan , d'Uzès , et l'on a tout lieu
de le présumer celle de Douai , et on ne
les a pas ôtés du milieu de la patrie à laquelle
-
".
1) E 3 " C L U B s . 277

iIs font la gnerre ; justice , justice !,... La


conservation de l'état est incompatible avec
la leur, il faut qu'un des deux périsse.

NoUVELLES DES DÉPARTEMENS. -

Trouôles à Douai le 14 , 15, 16 et 17 Mars.


Le 14 Mars, M. Delso négociant, charge
des grains sur un bateau destiné pour Dun
kerque; le peuple s'oppose à ce chargement.
Le i5, le peuple décharge les grains ; la
municipalité informée de cet accident par
M. Delso , semble autoriser le peuple , en
ordonnant de couper les couloirs en bois
ui existoient le long de la rivière , pour fa
ciliter les chargemens. Le peuple exécute
lui même cet ordre Sur ces entrefaites, deux
officiers municipaux et le procureur de la
commune , suivis d'une grande foule, se ren
dent auprès des adrninistrateurs de départe #
ment, et demandent si M. Delso , en fai
sant charger des bleds, sans avoir prévenu
la municipalité , étoit en contravention au
décret qui fixe les principes de la circula
tion des grains. La réponse de deux com
missaires † directoire ,que la loi n'obligeoit
pas à une dénonciation antérieure au char
gement, mais seulement à un acquit à cau
tion, ne satisfait pas la multitude qui avoit
accompagné les officiers municipaux. " On -

murmure, on arrête le pillage du bateau,


la vente des grains ; on désigne même un
S iij
4

e78 ·J O U R N A L *

citoyen pour séquestre du prix de la vénre.


Le 16. Pétition de la part du négociant
propriétaire au directoire du département,
pour que sa personne et sa propriété soient
mis sous la sauve-garde de la loi. Le pro
cureur général syndic et le président du
département, informés que la fermentation
s'étoit accrue, et qu'on étoit prêt à faire
vendre sur la place les grains saisis , se ren
dent à 9 neuf heures à l'hôtel de ville, pour
s'assurer des précautions prises par la mu
nicipalité pour appaiser une émeute qui
duroit depuis trois jours. Il ne se trouva
pas un seul offi ier municipal. Les deux
membres du directoire se rendent chez le
maire qui leur avoue qu'aucune précaution
n'a été prise. Le directoire ordonne que la
municipalité s'assemble sur le champ, pour
requérir la force armée, à l'effet de s'op
poser à la vente des bleds. Cet ordre est por
té à la municipalité. Le département aver
tit , en même tems, M. Delanoue , com
mandant , de la réquisition que va lui faire
la municipalité , et le presse de prendre
ses précautions
XéCIltIOn . ·
pour n'en pas retarder | l'e
-

• Pendant cet intervalle , les administra


teurs apprenant qu'une partie des grains a
été vendue sans obstacles, écrivent de nou
veau
sition.
à la municipalité de presser sa réqui
, • • - · · · ,

, A deux heures et demie, le procureur


général syndic, informé que la fureur du
"

| -- -
'.
- D - E S : C L : U B, S. - 279 ,
*

• peuple augmente, qu'il se porte en ſoule


' · chez le sieur Nicolon , prévient le maire
- que les plus grands excès vont être commis.
· Voyant le danger devenir plus pressant, il
· se rend lui-même à l'hôtel de ville , où il
, ne trouve encore aucun officier municipal. -

· Il court chez le procureur de la commune


et ne le trouva pas. Enfin instruit que le
sieur Nicolon venoit d'être arraché de chez
, lui ; il va chez M. Delanoue , pour savoir
si la réquisition lui a été faite. Sur la ré
ponse qu'il en reçoit, que la réquisition
n'a été faite qu'à deux heures et un quart,
et que la municipalité n'a requis qu'un dé
tachement de cinquante hommes, de con
cert avec les administrateurs ; il requiert le
général de faire prendre les armes à la gar
nison, et d'envoyer des détachemens aux
portes. · · · · · , · * -

A trois heures et demie, on apprend que


M. Nicolon vient d'éprouver les plus gran
des violences, et qu'on parle de le pendre.
On se dispose à envoyer un troisième ordre
à la municipalité, lorsqu'on annonce qu'elle
vient en corps au département. Que fait-elle ?
• |
Elle raconte ce qui vient de se passer , sans
faire
prise mention
par elle. de la moindre précaution
• " " • ^ ' , " -

Le Général et le Commandant de la place


arrivent à l'assemblée du département , et
rendent compte des mesures qu'ils ont prises.
Le peuple paroissant de plus en plus disposé
à se porter aux derniers excès, le départe
S iy
28o ^ J O U R N 'A L

ment ordonne à la municipalité de se rendra


| à la maison conmune, et de faire publier
la loi martiale. Retour des officiers munici
†; à cinq héures ils viennent dire que
eur présence a failli conter la vie au sieur
Nicolon, et qu'ils n'avoient crû pouvoir le
servir plus efficacement qu'en se retirant ;
qu'au reste les troubles augmentent et que le
sieur Nicolon court les plus grands risques,
au même instant on annonce au directoire
que le sieur Derbois imprimeur et officier de
la garde nationale vient d'être trainé dans
, la rue , frappé à coup de sabre, et pendu
- à un réverbére sur la place. Nouvelle r†
tion à la municipalité de proclamer la loi
martiale. Nouveau refus de sa part; ce m'étoit
pas le cas, disoit-elle : aussi-tôt le directoire :
rassemble auprès de lui les administrateurs
et les officiers militaires , pour aviser en
commun aux moyens d'arrêter les malheurs
dont on étoit menacé. Le tribunal reçoit
, ordre d'informer , le zèle de l'accusateur
| public avoit déja prévenu l'intention du
, directoire. Les administrateurs du district
avoient de leur côté secondé le directoire du
département , en pourvoyant à la sûreté des
- magasins publics et des papiers de l'adminis
tration , et au moment où ils étoient requis
par le département , ils arrêtoient de s'y
rendre, pour remédier à une insurrection
que l'on ne peut attribuer, disent-ils qu'aux
manœuvres perfides des ennemis de la constitu
tion et à l'affectation coupable du maire et
· des officiers municipaux, de ne pas s'assujettfr
-
*
i- --

-
| -----------------
· • -
•.

D E 8 C L U B S. 281
, aux loix prescrites dans les cas d'émeute
populaire. . . | .

Les deux corps réunis délibérent sur les


mesures à prendre pour ramener la tranquillité
publique , et on arrête une proclamation |
pour inviter les citoyens à la paix. -

Tout ceci se passoit le 16 et rien autre


n'arriva ce jour. Mais le 17 une nouvelle
scène d'horreur éclate. Le sieur Nicolon
qui avoit été la veille meurtri de coups,
qui avoit été trépané pendant la nuit, est
arraché de sa prison , et pendu à un arbre.
Le directoire se voyant dans l'impossibi
lité de ramener l'ordre , et étant violemment
menacé , se transporte à Lille ; tout sem
· bloit lui annoncer que d'autres crimes alloient
être commis , et qu'il en seroit victime,
· tels sont les faits arrivés à Douai le 14, 15,
16 et 17. - - -

Si l'on considère le moment où ces trou


bles sont arrivés, ( c'est peu de |§ aVaIlt

l'époque fixée pour l'élection de l'évêque du


département) les bruits répandus que ce qui
se passoit n'étoit que le prélude de ce qui
devoit arriver, les listes de proscription et
de mort que déjà l'on faisoit circuler contre
les'électeurs , enfin le peu de vraisemblance
· que le peuple se livre de lui-même a une
insurrection pour un chargement de bled dans
,un pays où l'abondance de cette denrée est
telle, que le pain ne coûte qu'un sou la livre,
on se persuadera aisément que la nomination
, de l'évêque est la véritaLle cause des troubles

- -- -- - ------ 2 -- --- --
-

28: J o'U R N A L
· survenus à Douai, et de ceux que l'on pré
pare dans les départemens , où ils avoient
déjà commencé d'éclater.
Il seroit difficile de nier les torts de la mu
'nicipalité, de ne pas reconnoître, dans sa
conduite, la résolution de favoriser les trou
"bles, et de seconder les moyens des hommes
*pervers qui les employent. Le décret rendu
contre cette coupable municipalité, les me
sures de fermeté employées contr'elle, retien
dront, sans doute, celles que l'espérance de
l'impunité pourroit porter à l'oubli de leurs
-devoirs. Mais les criminels moteurs de ces
-révoltes ; mais ces lâches et perfides ennemis
† mettent en avant des hommes qu'ils aban
-donneroient dès que leurs desseins seroient
accomplis , s'ils pouvoient l'être, ne porte
ront-ils pas enfin la peine due à leurs abomi
mables complots ? -

: Municipalité de Paris.
On a dénoncé le 2o mars à la société
des amis de la constitution une pré
tendue ordonnance de police du 17 , qui
défend de vendre des clefs sans les serrures,
de porter des arines cachées, etc. Cette or
donnance est réellement fort inconstitution
nelle et un peuple libre,ne peut point en souf
frir de pareilles, des amis de la constitution
doivent en être allarmés , ils doivent rna
nifester hautement leur opinion, eux qui
sont les gardes vigilantes de la liberté.Voila
\
D E s Acº L U B. s. -

le but de leur institution , voilà leur devoir,


ils l'ont rempli avec d'autant plus de cou
rage qu'ils ont su braver la médisance qui
n'a pas nanqué de publier que s'ils tonnoient
contre la municipalité , c'étoit en méinoire
de l'arrêté du corps municipal qui rend jus
tice aux chasseurs que l'on avoit calomniés.
Eh bien , quand cela seroit, il faudroit dire :
tant mieux, le zèle emporte : on va au - delà
du but , quelqu'un est là qui yous remgt
dans le droit chemin ; on découvre une pe
tite figure gothique , on la débarbouille ,
on la présente comme un chef d'œuvre ,
quelqu'un est-là qui crie ah l'horreur ! Ca
chez vite ce magot , on le fait disparoitre
comme aux ombres chinoises, au milieu de
tout cela la yérité se découvre, la liberté
s'affermit et le peuple s'attache à la cons
titution. Distinguons trois choses dans cette
ordonnance , ce qu'à fait le départetnent de
la police , ce qu'on fait fait le maire et le
Procureur de la commune , enfin le corps
municipal. · · · · · · · · · · :
Le département de police frappé de ce
qui a eu lieu le 28 février au palais du roi ,
et recevant-tous les jours des plaintes sur
des portes ouvertes avec de fausses clefs ,
cherche dans les décrets et me trouve rien
de relatif à de semblables délits , mais il
découvre un article qui porte que les anr
ciennes loix, ordonnances etc. seront exér
cutées jusqu'à ce que de nouvelles loix y
, aient été substituées. Ensuite il feuillet, les

#
284 J o U R N A L -
les ordonnances de † , il en trouve une
qui cadre à merveille avec les circonstances
présentes et sans réfléchir qu'il n'a pas et ne
- ne doit jamais avoir le droit de faire une
ordonnance , il fait imprimer et placarder
cette belle pièce ; les administrateurs de ce
département sont d'honnêtes , de bons
à
patriotes,mais l'ancien stile les a égarés.
/
|
| La prétendue ordonnance est présentée à
la signature du maire et ensuite à celle du
A

/ , second substitut du procureur de la com


|) mune-qui l'un et l'autre y mettent leur nom.
•* | . C'est une inconséquence, il faut l'avouer ,
l' mais en voici l'excuse qui assurément n'est
| \ point forcée ; il est physiquement impossible
- - que le maire et le procureur ds la commune
| - chargés et surchargés d'affaires comme ils
le sont , lisent tout ce qu'ils signent , le
| | tems matériel leur manque, le maire a dut
|| se fier aux administrateurs de la police, qui,
} en personnes sages et discrètes, étoient censés
7 avoit bien médité ce qu'ils avoient fait et
le procureur de la commune qui voyoit le
nom des administrateurs et celui du maire,
a cru pouvoir risquer d'y joindre le sien. C'est
une école, on la leur a inarqué, ils se tien
dront à l'avenir sur leurs gardes. ' .
· Le corps municipal est composé de cinq
départemens , dont 16 administrateurs font
les fonctions respectives qui leur sont attri
buées , ces fonctions sont inspectées par les
trente-deux autres officiers municipaux.De
puis près d'un moisil s'assemble tous les jours, s
D E s c L U B s. 285
à l'exception de ceux où il y a conseil-géné
ral ; il traite autant d'affaires relatives à l'ad

: ministration que le lui permet le tems qu'on


lui laisse, § faite des affaires extraor
dinaires qui surviennent, et des tracasseries
qu'on lui suggère. Le corps municipal ne
pouvoit pas prévoir que le département de
la police qui mérite toute sa confiance, malgré
la publication inconstitutionnelle de cette ,
prétendue ordonnance, porteroit si peu d'at \
tention à une chose qui en étoit autant sus
ceptible. Il n'a appris l'existence de cette
affiche qu'avec le public, et il s'est hâté de .
l'annuler par un arrêté du 21, A l'avenir il
exigera sûrement qu'aucun département ne
rende rien public sans le lui avoir commu
niqué, et il fera fort sagement. Aujourd'hni
on veut à toute force lui trouver des torts, .
on le rend responsable d'une inadvertance
qu'il ignoroit , et que par la disposition des
choses il devoit ignorer ; il n'y a pas de mal .
: à cela. Il seroit trop fier si on ne le croyoit
6
pas quelquefois repréhensible , il faut bien
)
qu'il jette un peu de pâture à l'envie. Puisse
l'œil perçant de cette ennemie qui honore la
5t
plupart du tems, ceux auxquels elle s'attache,
l
ne jamais appercevoir en lui des griefs plus
considérables ! Puisse la municipalité, puis
1q sent ses administrateurs, son maire, ses pro
mi cureurs de la commune, conserver toujours
ri des vues aussi pures ; ne se tromper ainsi,
les jamais que sur le mode de faire le bien et
6 reparer aussi promptement le petit mal qu'ils
auront fait ! Et l'envie sera § de cher
cher d'autres victimes. | -

,
:
286 .J O U R N A L "
º,
Résultat des travaux de l'assemblée natio
nale , du 18 au 24 Mars.
Décrets généraux.
Nous remarqnerons, 1º. le décret rendu
en faveur des ecclésiastiques fonctionnaires
ublics, qui, n'ayant pas cru pouvoir prêter
é serment exigé, se repentent aujourd'hui de
s'être laissé tromper par des insinuations
perfides. Ce décret tend à maintenir dans la
possession de leurs cures les fonctionnaires
i n'ont pas encore été remplacés, et qui
prêteront le serinent pur et simple.
| 2°. Le décret concernant les droits à per--
cevoir sur les denrées qni viennent des co-,
lonies. -

, 3°. Les articles additionnels qui complettent


l'organisation du trésor public. -

4°. Les décrets relatifs aux baux emphi


téot iques passés par les gens de main
ma Orte. -

5°.mino décret
Lerité relatif à la régence pendant
la des Rois. Ce décret contient
entr'autres articles ceux-ci : sçavoir, que la
régence est héréditaire ; mais que néanmoins
aucun parent du Roi, ayant les qualités re
quises par la loi, ne pourra être régent, s'il
n'a prêté son serment civique : que les fem
rées seront exclues de la régence, etc. .
--

D E S C L U B S. 287
Un rapport sur les mines et minières a
occupé les législateurs pendant deux séances.
Les mines sont-elles une propriété nationale,
ou particulière au fonds , dans les entrailles
duquel elles sont renfermées ? Tel a été l'objet
de la discussion , et cette question a été ajour
née au Lundi, etc. -

- r Décrets particuliers.
Parmi ces décrets, nous remarquons celui
relatif à l'affaire de Douai , portant que les
officiers municipaux et procureur-syndic de
la commune de Douai seront arrêtés et trans
férés sans délai dans les prisons d'Orléans.
On a ouvert la discussion sur le projet du
comité militaire , tendant à la suppression
Y de l'hôtel des invalides. Cette discussion a
été continuée, - - -

/
\
- -- -
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-
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:) --◄----
|
Tout ce que le patriotisme aura dicté trous
| vera place dans ce Journal. Ceux qui vou
-

dront faire passer aux auteurs, des annonces,


| | lettres, mémoires, ouvrages, etc. sont priés
| de les adresser, port franc, à MM. les Di
| recteurs du Journal des Clubs, rue du fau
bourg Montmartre, n°. 6,
| On s'abonne aussi chez Champigny , Imp,
| Lib. pour l'Ami de la Révolution , ou Ph,
| · lippiques , ouvrage si estimable par son

· patriotisme,
-
|
-
-
· ·
- ·-

|-

i
PATRIoTIQUEs, º,

- , . · · ' ,

mis de| la Constitution,


> | .
# Aux Membres
| des différens Clubs Français.

ciers Municipaux , et D. M. It E v o t ,
devant
· ·
professeur
º , "
de l'Oratoire.
#
| Videte ne quid respublica detrimenti capiat._
- , *

ro 1 UM r

- - ident de l'Assemblée Nationale | -

|A PAR 1 s, # !

du Journal des clubs, rue du Faubour Mont- -

heures dun°.matin
# r rtre, 6, où l'on souscrit
jusqu'à 9 heurestous
du les jours depuis #
soir. ſ : T. :

N sE coN D DE LA L1B ERT#.


|
-
-
- - -
". -

-
·. -

CE Journal , dont chaque Numérº est ,


composé de 48 à 56 pages, paroît tous les
|, Samedis depuis le 2o Novembre 179o. Chaque
trimestre formera un vclume. On trouvera
des collections au bureau principal des Di
| recteurs du Journal, où l'on souscrit à raison
de 32 liv. pour Paris pour un an, 15 liv.pour
six mois, et 7 liv. 1o s. pour trois mois ; et
· pour les départemens, à raison de 36 liv. ,
18 liv. et 9 liv., franc de port. A quelque .
époque qu'on souscrive, on ne peut † fairé
qu'à dater du commencement d'un trimestre" | -

On souscrit aussi -

Chez CHAMPIGNY , Imprimeur- Libraire, rue Haute .


· Feuille, n°. 36. -

CROULLEBOIS, Libraire, rue des Mathurins, nº.32. -


Madame LAPLANCHE, Libraire, rue du Roule, n°.17.
JACQUEMART, Libraire, au Bureau de la Corres
, pondance nationale française, rue St-Martin,n°.2so,
• Madame BAILLY , Libraire, rue Saint-honoré, Bar
rière des Sergems. -

PERISSE, Libraire, pont Saint-Michel. ;

Et chez les ſrères PERISSE, Imprimeurs-Libraires,


grande rue Merciere, à Lyon,
Ceux qui sonscriront pour une année , à
# -
- - -
-

dater du 25 Février, recevront , gratis, le


premier trimestre, formant le premier volume
de oe Journal. -
| ·|

Tout ce qu'on voudra voir inséré dans !


le nº. le plus prochain , doit-être parvenu à
· MM. les Directeurs en leur bureau , le mer
| credi pour le plus tard. .
||
_, Chaque quittance d'abonnement sera signée
· l. J. LEH oUx. | | --
· MM. les Souscripteurs des Départemens
sont priés d'aſfranchir le port des lettres et de
i'argent. .. " ---
-- :- *---
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JOURNAL DES CLUBS
- - - - - Y
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tº |
, SOCIÉTÉS PATRIOTIQUES. .
- - - | \ -


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· · , | |
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-
- - -
- -
-
-- -

,t . ' Nº. XX. .


l% · · · · • Détails du 23 au 3t Mars. " .
Z. 4- - - - - · -- - - - - .

# | Question proposée à l'examen des clubs et


· | des amis de la constitution. . ,
#, • , : 2 »
-

N \ o U s l'avons
annoncé : l'amour du bien
- - -

| public est le but de nos entreprises, l'objet de


', nos écrits, l'ame de nos opinions. Nous pou
a "VOnS nOuS tromper ; mais notre erreur mène ,
, 'nous en avons le sentiment intime, ne pourra
# · faire douter de la pureté de nos intentions. ·
# Si notre opinion est utile, nous nous serons
# acquittés d'une dette sacrée , en contribuant
- 'au bonheur de nos concitoyens ; si nous nous
# sommes trompés, on s'empressera de démon ,
C. Il Vol. • es . , - º - -- -- | T -

J| - -

· ·
#

,- - : - t -
-- • • • ,• . ---- -
· ·
A
-
, ,
- T-
- º `
, -
29o J o U R N A L
trer notre erreur , et du moins nous aurons
servi au dév loppement de nouvelles lumières,
à la circulation'd'idées plus pures. C'est dans
ces principes que nous proposons la question
SlllV d Il te : -

| Le bien de la constitution n'exigeroit-il pas


que la seconde l gislature eiit le pouvoir cons
titant # ' - • *

Nous tGuchons au terme fixé pour la durée


de chaque législature , et la constitution n'est
pas † Nous sçavons que la loi qui
ordonne le renouvellement du corps législatif 4
tous les deux ans, n'existe pas pour l'assem
blée nationale , et qu'elle peut continuer ses
séances au-delà de ce terme. Elle le peut ;
ersonne n'en doute. Le doit-elle ? Nous ne
# pensons pas. -

Personne n'admire plus que nous, les grandes


choses que l'assemblée nationale a faites.
Nous mêlons nos actions de graces à celles
d'un peuple entier qu'elle a rendu libre,
u'elle a déchargé du poids de douze siècles
de malheurs et #'oppression. -

Mais si nous savons apprécier ce que l'as


semblée nationale a fait pour notre bonheur,
- § ce ne soit pas là notre unique mérite.
lle nous a jugés dignes de recevoir une cons
titution faite pour des hommes ; répondons
à son attente , et profitons des lumières dont
3elle nous a environnés. Ce ne sera pas être
ingrat que de desirer la perfection de son
-ouvrage, et de chercher les moyens d'assurer
l'édifice de la félicité publique ' . '
Nous avons dit que nous ne pensions pas
D E s ' c L U B s. 29t
· que l'assemblée nationale dût continuer ses
séances au-delà du terme fixé pour chaque
législature. Ce sentiment est appuyé sur les
considérations les plus pressantes : savoir,
l'état actuel de l'assemblée, l'influence qu'il
a sur les décrets, la réforme probablement
nécessaire de quelques décrets constitution
nels, enfin l'usurpation du pouvoir consti
tuant, à laquelle pourroit être amenée la se
conde §! Nous me donnerons pas à
ces motifs tout le développentent dont ils sont
susceptibles ; c'est aux amis de la constitution
à les discuter , et à juger de leur impor
tanCe. -

L'histoire de l'assemblée nationale présente


trois époques bien remarquables.
- Le courage et la fermeté des communes
luttant contre deux corps jaloux de perpé
tuer leur tyrannie et leurs prérogatives, résis
tant au despotisme des ministres, signalent
la première. Tels des peuples chassés du pays
lès qu'ils habitoient, rentrent dans leur patrie,
et s'unissent aux usurpateurs même , pour
# ne faire avec eux qu'une seule mation. .
· Une majorité imposante , rigoureusement
tê, dévouée au bien public, déployant une force
pº que les obstacles renversés lui avoient appris
à connoître, venge les profondes injures faites
)ſ . pendant une longue suite de siecles à la na
fº tion qu'elle représente, jette, au milieu des
)! tempêtes, les premiers fondemens d'une cons
titution digne d'un grand peuple : telle est
la seconde et la plus brillante époque.
La scène change, et la troisième époque,
T ij
-

292 J O U R N A L
celle où nous nous trouvons, fait douter que
la fin réponde à de si heureux commen
C6II1GI1S,

, L'assemblée mationale auroit-elle trop vécu ?


Sa vieillesse et ses longues fatigues auroient
elles épuisé ses ſorces ? .... Cette mobilité,
si souvent reprochée à la nation , auroit-elle
réservé toute son influence pour le sénat?...
La vivacité française s'est élancée avec en
thousiasme vers le bien ; et comme si le bien
n'étoit qu'une mode , nous avons vu cette
ardeur se lasser et s'évanouir. Non , nous ne
le dissimulerons pas, les perſides caresses de,
la séduction ont trouvé des hommes foibles,
Capoue en a énervé un grand nombre. .
Nous ne parlerions pas de la division si
connue de l'assemblée nationale, si cette di
vision n'étoit pas devenue encore plus in
quiétante. L'opposition du côté droit à tout
ce que la justice et le zèle pour la patrie
dictoient aux patriotes, ses efforts pour em
barrasser et suspendre leur marche, ses com
plots avoient fait penser à un de nos législa
teurs que l'assemblée devoit appeller ses suc
cesseurs, parce qu'elle ne pourroit jamais .
iaire une bonne constitution au miiieu d'une
opposition si active et si constante ; et dans
† tems cette opinion a-t-elle été mani
estée # dans le moment où les amis du peuple,
| forts de leur courage et de leur union, pou
voient se flatter de triompher de tous les
obstacles. -
Aujourd'hui, peut - on avoir cette con
fiance # ..
* s !
| : *-- -
- i
D E s c L U Bis. º293
Jettez un coup d'œil sur l'assemblée . Ob
servez ce côté gauche où jadis on comptoit
autant de vrais patriotes que d'individus ,
vous y trouverez le même nombre de députés;
mais vous y chercherez en vain le même es
rit et la même ame : il n'est plus d'accord.
ne partie s'est dévouée à un systême de
médiation entre le nouveau régime et l'an
'cien , entre le despotisme et ſa liberté Ce
systême est i'époque de la décadence de l'as
semblée. Il a traîné à sa suite la contrariété,
la mésintelligence: Avec lui se sont répandus
· dans les rangs des amis de la liberté †
*des vrais principes, la foiblesse , l'intérèt
personnel. On a eu d'autres pensées, d'au
tres buts que le bien public ; on n'a plus été
· inaccessible aux passions ; les regards n'ont
',- † été uniquement fixés sur la patrie , on
· les a détournés sur sa famille, sur ses amis,
sur son état; on a, pour ainsi, dire eu honte
d'avoir trop songé aux droits du peuple ,
l'habitude de voir tout entre les mains du
| gouvernement, a repris tout son empire. )
· Et quels sont les effets de cette division
du côté gauche en patriotes modérés et en -

· enragés, (il faut bien se servir du terme con


sacré), en 89 et en jacobins ? Qu'est-il résulté
de la nouvelle manière de voir et de faire le
· bien public ?.... Qnelques décrets l'appren
dront. )- -

· Qui a profité de ce mélange d'idées et de


sentimens nouveaux ?.... On peut consulter
· les noirs. A qui sera-t-il encore utile , cet
· - · T iij .
294 . J O U R N A I,
amour modéré de la liberté ?.... Le comité
de constitution le sait bien. - -

Toute l'espérance de la nation , toute la


bonne foi dans la recherche de la vérité ,
tout l'attachement sincère au bien repose donc
dans le cœur incorruptible de quelques dé
putés. Mais que peuvent leur constance et leur
vertu ? Que pent leur voix contre les cla
meurs du côté droit ? Contre la foiblesse et
les intérêts privés d'une autre partie de l as
semblée qui abandonne son poste, lorsque
sa modération étant trop évidemment une
lâcheté , elle ne veut cependant pas se com
promettre en se rangeant à l'avis des amis
de la liberté. Leur voix éveillera-t-elle cette
grande partie de l'assemblée qui sommeille
aux rapports des travaux des comités , qui
· s'en rapporte à leurs lumières, à leur droi
·ture avec d'autant plus de facilité , que cette
confiance favorise leur indifférence et leur
paresse ? . | . « , .-

- Tel est l'état de l'assemblée, Or , nous


demandons si la constitution doit être con
tinuée , irrévocablement fixée par : nos en
nemis d'un côté, de l'autre par des amis ou
fatigués , ou indiſſérens , ou tronupés ou
trompeurs. - - - ·
Passons à d'autres considérations.
, La constitution est décidément regardéepar
les aristocrates comme une criminelle inna
vation : ce sentiment ne nous touche pas
· beaucoup, les inécontens n'improuvent dans
ce monument de la liberté française que ce
qui contrarie leurs intérêts privés : cette im
º
--re--

| \
D E s c L u B s. . 295
robation m'est d'aucun poids pour des amis
u bien public. Mais ce qui mérite l'atten
tion la plus sérieuse , c'est le sentiment de
· ces mêmes amis du bien public qui desirent,
, qui trouvent nécessaire la réforme de quelques
parties de leur ouvrage. - -

Parmi les articles qui ont besoin de cette


révision , on † les constitutionels et
ceux de réglement. Nul doute que la seconde -

législature ne puisse et ne doive | réformer


ce que l'expérience aura fait remarquer de
défectueux dans ces derniers. Il n'en est pas
, ainsi des autres ; ils sont sacrés pour le corps
législatif ; le seul pouvoir constituant a le
, di'oit de les modifier , de les changer ; et ce
pouvoir ne doit revenir qu'à une époque
ien eloignée. Il faudra donc souffrir une
· imperfection, obéir à une mauvaise loi, être
· condamné à toutes les dangereuses consé
Ul º •,
-
- · · • ·
•x
, · · · - • - '
N4-l l l $ ,
• .

quences d'un faux principe, sans pouvoir y


remédier. On connoîtra un abus , et on
n'osera le détruire, on verra le bien, et il
, ne sera pas pernis de le faire, si ce n'est
dans un tems qui n'arrivera jamais pour une
partie des français. Ces défenses nous parais
sent impolitiques, et nous pensons , que si la
loi, qui met un frein à l'inquiétude et à
l'abus de pouvoir des législatures à venir,
est sage, il n'est pas moins sage de réformer,
à quelque époque que ce soit , ce qui mérite
de l'être de
exprimé , d'après le vœu. unanime et bien
la nation. - J

- *† il est peut-être un moyen de jouir


de l'avantage d'une prompte réforme sans
· · · · · · · · · T iv
/
295 . 5 oU R NA L -

déroger à la loi qui ne permet pas à quelques


|
§ , de violer par le moindre chan
gement les décrets constitutionels.
| Que l'assemblée nationale décrete la convoca
"tion des assemblées primaires pour procéder
sur le champ à l'élection de nouveaux députés :
:, .. Qu'elle décrete que ces députés réunis ne
| formeront as une seconde convention na
| tionale , ni une législature propre , mais
· seront regardés comme une continuité dé la
† législature , ce qui leur donnera
' le même pouvoir dont jouissent les législa
· teurs actuels , sans qu'ils ayent besoin de
, se constituer de nouveau. º .
L'assemblée nationale ainsi recomposée J
| aeheveroit la constitution, sépareroit les loix
· fondamentales des loix réglementaires, et
| corrigeroit les erreurs que la nation lui
, indiqueroit en la nommant pour proroger
· 'ses premiers représentans. -

, Ce projet nous paroit réunir les plus grands


# avantages. Il évite tout ce qui, dans l'état
. actuel des choses , rend impossible ou du
moins très diſficile la perfection de la cons
, titution, Il nous donneroit une assemblée
· nationale composée de députés qui seroient
· les représentans de la nation , et non pas
* comme en 1789 les representans des ordres.
· · Le peuple qui a depuis la révolution, eu
| le tèms et I'occasion de connoitre les bons
et les mauvais citoyens , me se tromperoit
- † dans , le choix qu'il feroit. La haine,
a discorde, ne donneroient plus le specta
' cle de leurs ſureurs au milieu de l'assem

- - --
- . . -
-- > -
| --
-

.
A
D E s c L U » s. (297 s
| blée. On n'y reverrôit pas ces attittides me
naçantes, cette mauvaise foi, cette volonté
décidée à empêcher le bien. La constitution
auroit le tems de s'affermir. Les nouveaux
députés s'y intéresseroient comme à leur pro
· pre ouvrage ; ils la défendroient plus éner
giquement de toute , atteinte. Ils ôteroient *.
· aux ennemis de la chose publique l'espérance
· qu'ils ont de voir la seconde législature ehar
ger, détruire tout que l'assemblée nationale
a fait. Ils ne seroient pas eux-mêmes tentés .
· d'excéder leurs pouvoirs , † leur-ani
bition n'auroit rien à désirer. Le gouverne
| ment, les aristocrates, les mécontens, forcés
' de renoncer à toutes leurs tentatives , aü
A
| roient le tems de s'accoutumer au nouvel
| ordre des choses , de l'aimer et d'oublier
· tout ce qu'ils regrettent, - , , •? \

| |
\ •º C L U B S. .
Les amis de la constitution de Valognes
ncus font passer le procès-verbal de ſeur
séance extraordinaire du 2o mars tenue poHr
la réception d'une députation de leurs frères
de Cherbourg. -

Le 2o mars les amis de la constitution de


Cherbourg se sont rendus en députation à la
| société de leurs frères à Valognes. Ils ont dit
à ceux-ci : - - - · · .
| » Messieurs, nous sommes députés ºp qua
· 298 J o U R N A L
lité de commissaires par vos amis de la société
de Cherbourg. , * /

1°. Pour vous communiquer une réponse


à faire au dernier libelle que MM. Achard
- et consorts viennent de faire circuler dans
les campagnes en s'adressant aux municipa
lités, et prendre votre avis sur cet objet. Ce
libelle dénature les intentions pures que nous
-avons manifestées , en invitant à aimer et
respecter les loix consenties pour la régéné
ration françoise ; il est de notre devoir et de
notre sensibilité de repliquer à des inculpa
tions que l'honneur nécessite de détruire.
2°. Pour vous témoigner de la part de notre
société combien elle est affectée de tous les
désagrémens que vous avez eu à essuyer jus *,

qu'à ce jour e la part de la bande aristo


cratique de votre ville ;.. ell
elle vous engage,
MM, à ne pas vous décourager et à mépriser
les claneurs de ces mauvais citoyens. Notre
société jalouse de partager vos peines et vos
dangers, vous jure par l'organe de ses com
missaires, et nous en faisons le serment de
vant vous, une amitié inviolable ; elle vous
offre en même-temps secours, appui , assis
, tance dans toutes les occasions où vous pour
rez en avoir besoin ; oui , MM. , nous nous
ferons toujours un devoir de voler au secours
de nos frères outragés, afin de leur prouver
ue nous n'avons rien de plus à cœur que
e manifester à tout l'univers que ce n'est
· pas envain que nous avons adopté la devise
vivre vlibres ou mourir ».
*- °, expressions touchantes ont ſait couler
à - - • • • • -
A v,

D E s c L U B s. 299
de délicieuses larmes ; et la société a conclu,
par un mouvement unanime dont le président
a été l'organe, à répéter le même serment
de rester unis et de vivre libres ou mourir.
Douce sensibilité , union ravissante pour
les amis de la constitution , les larmes se
sont confondues, les plus vives émotions ont
· cimenté les nœuds les plus saints : c'est ici
le triomphe de la raison et le signal de la
*
victoire. · · .

3
Adresse des amis de la constitution réunis à
Cherhourg et à Valognes, à leurs frères les
- jhabitans des campagnes.
- 4

LA RELIGIoN ,
LA NATIoN, LA LoI, - -

ET LE RoI ,

FRERES ET cHERs coNcIToYENs,


Indifférens sur nos intérêts particuliers ,
actifs et vigilans lorsque la constitution est
én péril, nous n'opposerons aux calomnies
de nos détracteurs , que notre zèle et notre
patriotisme.
Dissiper vos allarmes, vous prémunir con
tre les ſaux rapports, vous garantir de l'er
reur, est notre premier but, la partie la plus
intéressante de nos travaux. \
|:
| C'est vous, ô nos frères, que nos ennemis
veulent égarer, c'est vous qu'il veulent sé
duire, parce que plus près de la nature imple
et bonne , vous en avez la candeur s la
-
3oo - J o U R N A L • • •

sécnrité. Ils s'efforcent detourner contre vous


mêmes , ces vertus que le christianisme doit
perpétuer, tansdis que le fanatisme ne cher
che qu'à les détruire.
| Voici le moment où vous allez jouir des
· avantages de la constitution , du prix de
#vos peines et de votre persévèrance.
| Sortis des crises inséparables d'une régé
nération aussi grande , vous pourrez dé
sormais la comparer à ces jours de deuil où
A |'
le fruit de vos sueurs alimentoit le despotisme
· et les oppresseurs de la patrie.
· Nous vous l'avons déjà dit, chers conci
toyens, les impôts vont être diminués ; le
commerce va reprendre une nouvelle activité; ,
tout homme est égal aux yeux de la loi ;
Ta faveur a ſait †. à la justice ; nous
vou, l'avons déjà dit, et l'on n'a pas rougi
de nous en faire un criine. -
Vos ennemis et les nôtres redoutent le
siècle de l'équité ; oui, ils le redoutent......
· puisqu'ils n'épargnent ni proinesses, ni ar
· gent ; puisqu'ils répandent de toutes parts
· des bienfaits dangereux , qui , pour une
jouissance passagère et momentanée , vous
raviroient le bonheur, la paix, la tranquillité
-qui vous attendent ? La religion même, cette
· religion sainte, qui a gravé dans vos cœurs,
· les loix inéffaçables de l'ordre et de l'hu
manité , devient en leurs mains l'arme la plus
a terrible, - -

| Envain la calomnie voudroit en imposer :


· il n'est point anéanti, le culte de nos pères ;
le français religieux n'a point abandonné
D , E ,S - C L , U B. S 3ot
ses autels ; les frais de ce culte , que vous
suivez depuis votre enfance, sont mis au
premier rang dans les dépenses de l'état.
Vos temples ne seront point fermés ; la
piété, la vertu, ne cesseront pas d'offrir vos
vœux au ciel. - -

| Vos pasteurs anciens ne perdront point


leurs droits à vos respects , leur foi sincère,
leur amour brûlant pour Dieu, en pronon
çant le serment d'être fidèles à la constitution,,
en jurant d'aimer les hommes qu'ils chéris
,
soient déjà. La constitution a pour base ,
la morale divine de la religion.
Nos premiers chefs, vos évêques nouveaux
& élus par vous, sont ces mêmes ministres que
:
vous voyez au milieu de vous, précher la loi,
é, 4 guérir vos plaies , soulager l'indigent.
··• · Vos curés sont des citoyens zélés , que
WS
ne placera plus la brigue, mais votre choix
û
# éclairé.
Les ecclésiastiques rendus à leur simplicité
† § plus ces richesses que
2

es apôtres ne connurent pas. Ils auront l'hon


nête nécessaire, ce qui convient à leur di
gnité; et le surplus comblera le déficit im
mense que vous n'auriez jamais pu remplir ;
le surplus deviendra le pain du pauvre tiré
· de la § , de la misère, et placé sous
la protection de la loi économe et bienfai-,
SaIlte. |
Dans les conseils de ces hommes qui vous
pºrlent au nom de la religion , avez - vous
apperçu la bonne foi qui caractérise un zèle
Pur et désintéressé ? -

º < .
3o2 ·5 o U R N A L
· Vous ont-ils fait sentir que vous seriez
coupables d'un parjure , si voits résistiez à
la loi , si vous vous révoltiez avec térnérité
contr'elle ? · · · - -

Sans doute , vous sericz coupables d'un


parjure. . - -

· N'avez-vous pas prononcé le serment civi


que, n'avez-vous pas juré de maiutenir de
tout votre pouvoir la constitutioz , lorsque
dans vos assemblées primaires, vous élisiez
vos officiers municipaux, vos juges de paix, .
vos électeurs ? Ne l'avez-vous pas prêté avec
joie le seriment de chérir une loi q'ii vous
aarantit la stircté,
résistance la liberté, la propriété,
à l'oppression. • * # -

· Nel'ont ils pas prété avec vous, ceux mêmes


† temtent aujonrd'hui de vous armer en leur ,
venr ? Qni les a relevés de leur serment ?
Quoi ! ils parlent de la religion , de Dieu ,
lorsqu'ils manquent à la promesse solennelle
§ ont faite en sa présence , en vous ten
dant les mains , en vous nomimant leurs
frères ? . - -

| Quitterez-vous la charrue que vous tenez


dès votre jeunesse ; abandonnerez-vous l'utile
culture de ces champs qui font vos richesses
et qui nous nourrissent ; vous exilerez-vous
loin de vos épouses industrieuses , de vos
enfans chéris ; sortirez-vous de la demeure
• ' " - de vos péres, séjour de tranquillité et d'un
bonheur sans amartume, pour Inarcher contre
des concitoyens, à la voix de vo3 séducteurs,
des ennemis de la constitution ?
Il seroit trop tard alors, de gémir sur votre |
|

-º - | | - * - •
D E s c L U , B s. 3o3 -
égarement, d'accuser les auteurs de ces noirs
complots, quand , victimes infor tunées , vous
péririez sous la main de la loi, en envelop
pant dans votre ruine, des frères, des parens,
# des anis. • - -

- Faudra-t - il voir arriver dans un pays


calme et tranquille , ces horreurs qui vien
| ment d'ensanglanter les environs de Vannes ?
| Faudra-t-il voir une seconde fois le labou
reur humain , entraîné par les cris aigus
d'un curé fanatique (1), attenter aux jours
de ceux qui obéissent à la loi ? Faudra
t-il voir nos campagnes baignées de votre
sang et du nôtre ?........ Comme ces mal
heureux , l'on vous etnendroit dire : » oni
nous a séduits au nom de la religion, par
l'argent , par les promesses ; » on vous ver
§ " roit , comme eux , expirer dans le double
désespoir d'avoir été trompés et d'avoir com
l, mis le crime. Pnisse le ciel écarter de nous
- ces calamités ! Puissions - nous n'avoir plus
# à gémir sur des événemens semblables !
, Telle seroit l'image déchirante des désor
dres que causeroient et qu'ont déjà causés
des séditions. ·
Votre juste indignation s'est soulevée lors
qu'on vous a appris que la scélératesse osoit |
jusques parmi vous , arborer, à la faveur . ,
#
de la nuit , l'étendart de la rebellion ; osoit ·
"ut
nºſ
(1) Un curé de paroisse prês de Vannes, a dit la Messe '

à deux heures après minuit, a fait ensuite adorer le cru- - -

\ſ
·cifix à ses paroissiens , et a terminé cette cérémonie , en
leur disant : allez, allez poignarder ceux qui poignardent
( . Jesus-Christ. Jusqu'où ira donc le fanatisme et l'impiété?
3o4 J O U R N A L
planter une potence ; menacer des prêtres
assez grands pour écouter leur conscience ,
et prêter le serment. -

O nos amis , ô nos frères , on n'a pu


ébranler votre patriotisme ; mais ainsi l'on
espéroit profiter du premier moment de vo
tre colère , pour vous porter à des excès ;
ainsi l'on croyoit vous aveugler et vous con
duire à la guerre civile.
Vous révolter contre la constitution , se
roit vous révolter contre votre propre ou
vrage.
Oui , la constitution est votre ouvrage.
N'avez-vous pas choisi vos représentans ?
Ne leur avez-vous pas dit d'agir en votre
nom , de veiller à votre bien - être : lors
qu'ils font un déçret, n'est-ce pas vous qui
le faites, puisque vous les avez honorés de
votre conſiance ; puisque vous les avez ren
dus dépositaires † vos vœux ; puisque vous
avez depuis, par le serment civique , adopté
leurs travaux. - - - -

Attendez qu'il s'agisse de défendre ces lois ;


attendez que, par vos administrateurs, elles
vous appellent à leur secours , mais jusqu'a
lors ne saisissez point des armes meurtriéres ;
restez où le ciel vous a placés, où votre
oût , vos intérêts vous retiennent : laissez -
'intrigant s'agiter sourdement pour venir à
bout ses desseins ; laissez vos amis veil
ler pour vous ; laissez-nous nous occuper
avec délices du soin honorable de déjouer
/ les manœuvres perfides de ceux qui cher
chent à vous perdre. -
- *
- -- • - -

- Lorsqu'une
's.

D E s C E U B S. 3o5
Lorsqu'une loi est portée, il n'est per
| sonne qui puisse se dispenser d'y obéir ,
| | parce qu'elle est l'expression de la volonté
7 énérale ; sans cette soumission absolue et
- · refléchie , la société ne seroit que désordre
et confusion. • - -

, Vous, riches propriétaires , recueillerez


vous le prix de vos peines , si , pour des
intérêts qui ne sont pas les vôtres , mais
ceux de l'homme, jadis puissant, vous vous
précipitez dans un gouffre de maux.
| Vous, hommes moins fortunés, mais aussi
précieux , artisans respectables , n'est - ce
pas la tranquillité qui diminue la valeur
des denrées , qui vous procure l'ouvrage ?
N'est-ce pas au moyen de l'ouvrage , que
- vous pouvez nourrir votre famille et goûter
| des heures de bonheur ? Le sentirez-vous ce
bonheur, si oubliant ce que vous avez de
plus cher, vous vous livrez au gré des pas
sions et des préjugés furieux ? -

Soyez bienfaisans et justes comme la loi ;


l'homme ne perd jamais à ses yeux le ca
ractère auguste que lui imprima la nature,
elle pourvoit à ses besoins : sa surveillance est
salutaire, et devient § nous le seul gage
b
, de la tranquillité publique. . , *; ' . '
|

, - • · . - - - - •• • -

Nous avous publié l'adresse précédente


pour donner une idée du soin commun à
tous les amis de la constitution , de mettre .
toujours leur langage àl a portée de ceux dont
l'intérêt appelle leur sollicitude fraternelle, .
:: II. Vol, - | V

| ---- - -- l - - t /,
-

/ -

3c6 J o U R N A L
nous présenterons l'adresse suivante que
nous ont conmuniquée les amis de la cons
titution à Rouen , comme un modèle de
raisonnement, comme une série de réponses
malignes
irrésistibles à toutes les déclamations
des ennemis du bien public. C'est à combattre
, les libellistes et leurs insidieux sophismes ,
, que s'attachent les amis de la constitution.
» Jusques à quand , disent-ils à ces vrais
perturbateurs du repôs public, infecterez
vous le royaume de vos productions incen
diaires ? Quand cesserez-vous de secouer les
flambeau , de la discorde pour reculer le
bonheur du meilleur et du plus crédule des
peuples ? Sera-t-il toujours agîté par les
allarmes que vous entretenez dans son sein ?
Vous fermez ses oreilles à la consolation.
Vous élevez des fantômes pour empêcher
que les rayons de l'espérance ne parviènnent
jusqu'à lui..... Quel est donc votre but, ô
§ ! La vérité , malgré vos efforts,
fait tous les jours de nouveaux prosélites....
Mais si le motif de ces écrivains gagés,
dont lcs excrétions périodiques inondent
l'empire , est criminel ; si le but qu'ils se
roposent est chimérique, leurs moyens sont
plus absurdes encore. En effet on peut ranger
en trois classes , les détracteurs de notre
révolution. - * - -

· Les uns pour propager leurs pernicieux


principes , n'emploient d'autre instrument
que le ridicule. Sans doute un persiflage
· amuse quand il est soutenu par une extrême
délicatesse ; mais il y a loin de l'amuse
- V • - • • - -

| -- — .
-- |
- D E s , c L U B s. 3o7
| ment à la conviction. Le lecteur se lasse du
ton de la plaisanterie ; l'auteur a bientôt
épuisé ses ressources : il ne reste au premier
' que l'ennui, à l'autre que le sentiment de
son insuffisance. Nous n'attaquerons point
d'aussi misérables adversaires ; il suffit, pour
• les réduire, de les abandonner à leur propre
· nullité ; le dégout du public nous en fait
· raIson. ' . ' - · +
La terreur est l'arme des autres. Troms
pettes du mensonge , ils recueillent et le
plus souvent ils inventent des récits désas
ireux pour en imposer à l'imagination des
êtres sensibles, ils chargent des couleurs les
plus noires le tableau des insurrections passa
•4
gères, des désordres momentanés... Leurs fu
*
nestes exagérations produisent, hélas! tout
l'effet qu'ils s'en promettent. Le français trop
| facile à tromper, s'attendritsans examen sur les
crimes dont on lui trace un tableau hideux,
mais infidèle. Il maudit dans son cœur, et sans
la connoître, la loi qui dit qu'on doit res
pecter la liberté des autres, pour jouir de la
sienne. Homme généreux et sensible, n'é
coute pas la voix perfide qui cherche à te
séduire ! Chéris la , cette loi immortelle ; la
mature l'a gravée dans ton cœur; et si tu veux
connoître la véritable source des horreurs qui
te font gémir, vois comme de toutes parts les
passions et les intérêts s'entrechoquent. Mais
qu'est-il besoin de vous prémunir contre ces
ciniques effrontés qui, bravant le mépris, et
prêchant sans pudeur l'esclavage jusques dans
A"
V ij
r r -- --

|
so8 J:O U R N A L

#
le temple de la liberté , osent vous inviter à
replacer vous-mêmes sur l'autel de la patrie
#
les monstrueuses idoles que vous avez brisées.
· Il est des hommes plus dangereux pour
ceux d'entre vous qui n'étant pas exercés dans
l'art subtil du sophisme, se livrent avec con
A fiance aux suggestions d'un civisme hypo
,
-
crite, qui se plait à attiser le feu des passions
our incendier le contrat social , et à careser
† épendance pour détruire la liberté.
/ · Prenez-y-garde, citoyens ! Si l'inssurrection
fut le plus saint de vos devoirs pour vous
dégager des entraves de la tyrannie, pour
i -
abattre le gothique édifice d'un gouverne
ment qui vous écrasoit ; si dans l'absence
des loix , l'insubordination fut inévitable,
et la violence même nécessaire pour protéger *
les : bases de la constitution contre les eſforts
de vos ennemis, ces moyens qu'il fallut em
} ployer pour dissoudre une société vicieuse,
deviendroient bientôt ſunestes à celle que
vous venez de contracter.
Méfiez-vous donc de ces libellistes , de
ces factieux qui se disent vos amis , lors
qu'affichant un dévouement excessif pour la
chose publique, ils ont l'art de vous armer
contre elle, en donnant par des flatteries un
| essor désordonné à ce caractère indocile, que
, '/ . la nature fit pour l'ho;rme sauvage ; mais
# '
| que la loi doit modifier dans l'homme social.
Méfiez-vous d'eux, lorsque saisissant les
les occasions où la puissance des loix se
!
déploie pour le maintien de l'ordre., ils s'em
t, , | f - - -


A

D E S : C L U B TS. 3o9
pressent de semer autour de vous des allarmes
sur la liberté, et de vous inspirer de la dé
fiance contre vos délégués, en supposant
l'abus du pouvoir jusques dans l'exercice le
plus légitime de l'autorité que vous leur avez
· confiée pour un instant. · · · · · · , *t * ! 4

Méfiez-vous d'eux, lorsque sur des ap J


parences trompeuses, ils se hâteront de vous
désigner comme un traître, le citoyen qui ſ
a le mieux mérité de la patrie ; lorsqu'ils
4. * tranformeront la fermeté en tyrannie , la
prudence en lâcheté, la modération en foi
blesse, et les égards en complaisance servile
Sachez que ces hommes dangéreux n'ont
d'autre objet que de souffler parmi vous la
discorde qui détruit tout pour reprocher
à
ensuite à vos loix une impuissance qui sera
votre ouvrage , et vous dégouter de la liberté
dont vous n'aurez pas sçu jouir..., · .
Il ne reste plus qu'une classe de libellistes
à parcourir : ceux qui raisonnent sur les
loix nouvelles de l'empire français qui en
tassent les sophismes et les paradoxés pour
en prouver la prétendue incohérence ; qui
embarrassent les gens peu instruits, par l'ap
pareil imposant de longs calculs établis sur
des suppositions fausses , qui alarment les
consciences par des insinuations perfides,
et invoquent ce qu'il y a de plus sacré pour
servir les plus criminelles passions. >
Voilà frères et amis les fourbes que nons
voulons démasquer ; peut-être pour y par
venir il suffiroit de les nommer. L'abus des
talens est porté à tel point , que le vice
V iij

º,
3ro J O U R N A L t-
parle aujourd'hui le langage de la vertu ;
nais pour apprécier les discours des hommes,
il est prudent de commencer par éxaminer
leurs mœurs. - -

, Est-ce un ministre de la religion qui parle ?


Son caractère auguste imprime le respect ;
mais lui-même a-t-il respecté ce caractère ?
S'il a vieilli dans les cours, s'il y a donné
l'exemple de tous les vices ; s'il a formé sa
société intime de gens corrompus ; si des cri
mes publies ont imprimé sur son front une -
tâche indélébile ; si sa langue qui fut tou- ,

jours un objet de scandale , prostitue les


saintes expressions de l'évangile , pour con
server d'immenses revenus qui suffisoient à
Peine à ses immenses desirs , à ses sales
voluptés : le croyez-vous digne de votre +

Gonfiance ? - " , r

Vous offre-t-on les réfléxions d'un homme


vieilli dans les emplois publios, qui lui-même
a tenu les rênes de l'administration ? Sans
doute elles sont d'un grand poids. Mais ce
prétendu Nestor, s'il a dilapidé vos trésors,
s'il a gorgé de biens tortionnairement en- .
vahis, et ses parens, et ses amis et lui-même ;
si couvert de vos dépouilles il insulte de
loin à vos malheurs, et cherche à les agra
ver , si toutes les cours de l'europe l'ont
Vu mendier des secours pour les ennemis
de sa patrie, quelle ſoi pouvez-vous avoir
dans ses discours ? Rappellerez-vous , pour
rétablir vos finances, un ministre prévari
cateur, fugitif, traitre à son pays, à sou roi,
qui dans l'espoir de se rapprocher d'un trône
-

4 .

-
-

--------- --- --, - T : -- • - r ?


/

D , IE , S € L U B 8. * 311 .

qu'il souilla par sa résence d'une source


»

qu'il tarît par ses profusions, médite des pro


jets d'incendie et de carnage ?
Ecouterez-vous des auteurs placés dans
une position moins suspecte f I)es hommes
de loi distingués dans une carrière honora
ble , et qui ne peuvent être mus par d'aussi
rands et d'aussi vils intérêts f Exaniinez
# 'abord l'usage qu'ils ont fait de leurs talens;
s'ils ne les ont pas prostitués en prenant la
défense du vice ;. s'ils ne doivent pas leur
4 réputation à I'immoralité de leurs écrits; s'ils
n'ont pas tout sacrifié à leur gloire, l'honneur
même et la vérité ; s'ils n'ont pas abandonné
lâchement le poste où les avoit placés la con
fiance publique. Mais ne les écoutez pas, ou
tenez-vous en garde contre leurs séductions,
si nés avec un caractère violent, ils ont sans
· cesse fait gémir la presse de leurs diatribes,
si toujours ils se sont soulevés contre ce qui
avoit quelque puissance sur la terre ; s'ils ont
mené une vie errante et par-tout persécutée,
parce qu'elle a été par-tout une occasion
trouble et de confusion ; s'ils ont souillé leur
plume par l'expression de la plus condam
nable ingratitude ; s'ils ont déshonoré leurs
† par l'ambiguité, la versatilité de
eurs principes. - · · · · •
Cependant , frères et amis, il faut éviter "
· les excès de la prévention : le monstre qu'a
flétri l'habitude du mal , peut être encore
éclairé par un rayon de lumière ; il peut
encore faire un heureux retour au bien. Après
avoir jugé l'auteur, examinons ses œuvres ,
V iv

---------- * - ----- --
312 , J o U R N A L "
apprécions les leçons qu'il nous donne. . '
Tout immense qu'est la carrière dans la
quelle nous entrons, il faut avouer que les
bornes qui restreignent les idées de ceux dont
la voix s'élève contre notre admirable cons
titntion, sont étonnemment resserrées. Leur
pénurie est telle, que malgré l'insuffisance
de leurs moyens, malgré leurs mauvais succès,
ils les produisent sans cesse et toujours avec
une énergie décroissante..... Ils disent :
« Les représentans de la nation n'ont pas
º# leurs mandats. »
ans doute ce reproche est bien fondé dans
la bouche des anciens nobles, des membres
du ci-devant clergé. Si l'on eût tenu compte
de leurs instructions, ils conserveroient ces
droits odieux dont ils ont si long-temps abusé.
Les castes privilégiées insulteroient encore
à la caste la plus nombreuse, la plus utile
at la plus méritante. On verroit encore les
députés du peuple exprimer, dans une atti
tude humiliante, leurs doléances, et ramper
envain devant leurs oppresseurs. Si l'on eût
suivi les cahiers; ceux qui recueilloient, en
tasso ent, accumuloient les fruits de la sueur
du peuple, seroient encore dispensés de sub
venir aux charges de l'état, pendant que leurs
déprédations les augmenteroient sans cesse.
Les Plébéïens à qui la nature auroit réparti
des talens, gémiroient encore sous des loix
barbares et insensées, qui mettoient au-dessus
de tout les titres éventuels de la fortune et
de la naissance. • " • • - -

. Les cahiers! avoient-ils demandé cette juris


-
-
D E S T-CTL-U-BtS. 31
prudence fraternelle et bienfaisante des jurés
des tribunaux de paix et de famille qui
change un peuple de plaideurs en un peu
ple d'amis ? Avoient - ils demandé cette
ingénieuse division du royaume , qui rapr
proche l'homme de ses besoins spirituels et
temporels, qui simplifie l'administration de
la justice , la perception des impôts, l'ins
pection des travaux publics , la répartition
des secours dans les tems de calamités ?
Vous ne rougissez pas, ô libellistes, de ré
| pandre le vénin dont vous regorgez sur ces
sublimes institutions ! mais répondez : n'a
voit - on pas demandé le b§ peu
ple français ? Eh bien ! prouvez donc que cet
ordre de choses n'assure pas notre félicité ;
prouvez que la bigarrure de l'ancien ordre
est préférable ; prouvez , et ne déclamez
pas. , · · · · · · ·· · · · · · *
, Des cahiers ? Eh , quelle étoit la position
du peuple, quand il les rédigea ? Les pre
miers ordres , fiers de leurs antiques usur
pations, parloient avec hauteur. Le dernier,
'abruti par la servitude , n'osoit élever la
voix..... Abandonnez, ô libellistes, cet ar
gument absurde qui décèlè et votre bassesse
et votre mauvaise foi,... , · · · o · t
» Vous criez que la monarchie est détruite.
» Le roi, dites-vous, n'est plus que le premier
» officier de l'empire ; il n'a point d'inſluence
» sur les lois; à peine il peut en suspendre
» l'exécution pour un tems ; les représentans
» du peuple ont envahi jusqu'au droit de faire
» la guerre et la paix ». , -
: , ,
• - - • ,
3r4 , , y o U R N A L ,
· Eh bien , concluez. Un gouvernement vous
déplait, p# le roi sera le premier des
citoyens ! Démontrez donc que pour le bon
heur d'un peuple, il faut que les rois ne
soient pas citoyens. Prouvez que la volonté
d'un seul doit anéantir celle d'une grande
nation ; prouvez que vingt - cinq millions
d'hommes sont frappés de démence, quand
ils ne délèguent pas à un seul le droit de
les accabler dinpôts , d'enchainer leur in
dustrie , de les donner, de les vendre , de
les faire égorger par milliers, de verser sur
eux toutes les calamités, de les dépouiller,
de les écraser, de les anéantir, quand tel
sera son bon plaisir, ou celui de sa maî
tresse, ou celui d'un proxenète qui gou
*Verne eIl SOn IlOIIl. . " -

• » Mais quelle constitution, dites - vous ,


» que celle qai s'établit sur la ruine du peu
» ple , sur la destruction des ordres qui
» anéantit la magistrasture, qui abolit les
,
» privilèges des provinces, qui n'admet plus
» aucune distinction dans la société ».
* Non, vous ne vous abusez point, libellistes !
f
|.
quand vous répandez ces principes, vils apô
tres de la servitude, votre cœur abhorre la
foi que prêche votre bouche. Que parlez
vous de la ruine du peuple ? quand on ferme
tous les canaux , par lesquels s'écouloit l'or
du trésor public, † ce trésor , vrai tonneau
des danaïdes, que nos ministres n'ont jamais
espéré d'emplir, mais dont ils savoient si bien
favoriser la déperdition. Le peuple est ruiné !
Quand on supprime tous les impôts qui pe
|| |
- -

| |;

· soient sur le pauvre , quand on modifie , - |e )


quand on adoucit tous ceux qu'il n'est pas -

possible de supprimer. Le peuple est ruiné ! | |


quand on voit toutes les loix concourir vers - |. ,
un but unique, la prospérité de l'agriculture
du commerce et de l'industrie. Le peuple | |
est ruiné ! quand il est évident qu'après avoir -

remboursé | les titres de ses oppresseurs et ' !


des sangsues qui le dévoroient , il aura ce- ( ,
endant encore moins d'impots
pendant p à payer
er que
que ·

· l'
· ·
, jama1s. - | t -

· Vous regrettez la division ancienne des ci- , .


toyens en trois ordres ! on peut sans incon
vénient vous laisser votre attachement pour
cette répartition qui vous paroit si précieuse
| et sans laquelle vous ne croyez pas qu'il -

» puisse exister de monarchie. Ne d§


pas sur les mots ; s'il est de l'essence d'un
gouvernement monarchique que toutes les
avenues du trône soient obstruées par une
noblesse oisive et insatiable, par des prêtres
dont la vie fait la honte du sacerdoce ; si
tous les biens de l'empire doivent être en
gloutis parcette tourbevorace, pendantqu'au
tour d'elle il n'y aura que misère et dénue
ment, ce gouvernement répugne à des hom
· mes. Nous nous voulons la juste répartition -

des pouvoirs fixée par nos représentans ; , -


· que le roi soit soumis à la loi faite par le | |
peuple, et qu'il a sanctionnée ; qu'il soit notre - \ '
père , et qu'à ses yeux tous ses enfans soient | | | |

égaux , que le mérite seul et la vertu mettent -

unconsidération
la français au-dessus d'un autre
publique; maisfrançais dans
que devant • | |
-

| + | !

| -------- - - - - - | | - - • "
- - * ----- --- ----- - --- --
r 7

316 J O U R N A L r

les tribunaux comme devant Dieu, il n'y ait


ni premier ni dernier.
Vour regrettez encore la magistrasture ;
mais tachez donc, ô libellistes ! d'être accord
avec vous mêmes. La nation n'a-t-elle pas
demandé l'abolition de lavénaiité des charges
de judicature ? Trouvez un cahier qui ne la
§ avec force ! Citez une assemblée des
états généraux où toutes les voix ne se soient
réunies contre cette institution.....
Mais les priviléges des provinces ! Ah sans .
doute,vous voudriez bien qu'elles les réclamas- «

sent, monstres affamés de sang !Il vous tarde


de voir les français armés contre leurs frè
res. Eh bien ! votre espoir sera déçu ; c'est
là même, c'est dans les anciens pays d'é
tats, qu'un vestige de gouvernement républi- ,
cain a laissé les dispositions les plus actives
au saint enthousiasine de la liberté : c'est
de-là que nous viennent tous les jours des
exenples
la
de dévouement et du plus pur amouE
de patrie ». • . -

· Enfin tout est perdu parce qu'il n'y a plus


de distinctions et jamais il n'en exista de plus
marquées, de mieux prononcées, que dans
ce régime qui vous désespère ; la vertu, le
mérite,sont-ce là des titres équivoques#Sont-ce
des titres d'une création récente ? les voilà
les véritables distinctions. Ce sont elles qui
appellent au gouvernement d'un empire ,
le sage (1) retiré dans une habitation , mo
deste , où il employoit à l'étude le temps
, (1) M. Duport du Tertr•.

| --- --- - -------- -- -- - - :-2- -- ,l


D E S C L U B S. 317
que nos anciens favoris de la cour , par
tageoient entre l'intrigue et la débauche.Ce
sont elles qui déterminent le choix des fi
dèles quand ils vont chercher leurs pasteurs
dans les saintes retraites , qu'ils édifient de
puis long - temps par leurs qualités morales et
chrétiennes (1). Il faut en convenir, le re
tour à la raison , à la vérité, à la sagesse
est un passage laborieux pour des êtres de
† long-temps aveuglés par les prestiges de
'erreur et des préjugés.... Eh bien ! ô libel
listes, vos ressources sont-elles épuisées ? où
trouverez-vous des moyens d'ébranler la
confiance ? quand vous ne pouvez convaincre
l'esprit , vous tachez d'attaquer le cœur en
remuant toutes les passions. L'avarice vous
paroit une partie foible de l'espèce hu
maine , et c'est vers elle que vous dirrigez
vos batteries. -

» La dette nationale est prodigieusement


» accrue ; les impôts seront insupportables,
» ils absorberont au-delà du revenu des con
» tribuables ». - \

Toujours des exagérations ! Toujours des


mensonges ! Sages français , lisez la loi ,
expliquez-là, suivant les termes qui l'expri
ment et non sur les interprétations malignes
de ceux qui ne cherchent qu'à vous trom
per, repliez - vous sur les manœuvres que
i depuis deux ans on employe pour vous exciter
à † révolte..... -

-
|

( ) Les évèques élus par le peºple. - ;


:-4

--- - _ - · -- - · - -
--- -
-- -
318 . º J O U R N A Ln

Oui la dette publique est accrue, immense


fruit de plusieurs siècles de déprédation,
que le génie réparateur de deux cens minis
tres n'avoit fait qu irriter et aggrandir, les
représentans du peuple français l'ont sondée,
et sa profondeur ne les a point effrayés.
Mais quels sont les remèdes que leur sagesse
applique à ce mal invétéré f Sont des lotteries
· dont l appât séducteur, en flattant les pas
sions les plus viles, consomme la ruine du
pauvre, et lui arrache sa subsistance et celle
de ses enfans ? Sont ce des emprunts (1) à
intérêts viagers et usuraires, dont les con-
trats sont l'aliment d'un criminel agiotage.....
Sont ce des anticipations manifestes (2) ou
déguisées, qui absorbent sans fruit les re
venus de l'avenir , et préparent le malheur
des genérations futures ? Sont-ce des bons (3)
que l'on force de prendre en payement,
sans indiquér l'époque de leur acquittement,
ni la caution de leur valeur ? Telles étoient
les ressources de ces administrateurs dont
l'impéritie eût anéanti le plus beau des em
pires, sans l'heureuse révolution qui les a
réduits à l'impuissance de comblér la mesure
de nos mau#. : ;
• Rapprochons de ces absurdes palliatifs les
-

: *: - •- •. - - - -

. (º) Emprunts de Necker et de ses successeurs.


-
- : -

(2) Anticipations de tous les contrôleurs généraux , de


puis et excepté Colbert. -)

(3) Billets forcés et non commerçables de l'évêque de


Sens , ministre principal. '' · · · · · · · · ·
-

-- - -"
» E s c L U B s. 319

sages spéculation de nos représentans. D'a


bord ils coupent sans pitié tous les canaux
de déperdition ; et quand la dépense pu
blique est réduite à l'absolu nécessaire , les
possessions immenses des gens demain morte
sortent du gouffre où les avoit englouties la
stupide crédulité de nos pères,... ,
Mais quoi ! l'air retentit d'affreux hurle
| mens ! arrêtez malheureux ! vos mains sont
armées de poignards ! O fanatisme ! ô fureur
aveugle et barbare ! Faut-il encore immoler
de nouvelles , victimes !.... Frères et amis
nous sommes chrétiens ; mais nos loix sont
elles en opposition avec notre réligion ?
L'homme dieu a-t-il jamais dit que ses prêtres
accumuleroient d'immenses richesses , et ne
articiperoient point aux charges de l'état,
ui qui prêcha toujours § , la pau
vreté ? Lui qui répéta sans cesse que son
règne n'est pas de ce monde ?... Si l'exem
ple des prêtres refractaires ébranle quelques
consciences, ne doivent-elles pas être rassu
rées par l'exemple des prêtres qui sont en
même tems citoyens (1).
: Tremblez , prêtres indociles , tremblez !
Le peuple français est maintenant trop ins
truit pour être déçu par vos sophismes. Il
vous connoit trop bien , pour ne pas distin- .
guer ce qui tient à vos intérêts temporels ,
de ce qui tient à sa foi. Et dequel front

(1) Le nombre des prêtres ſonctionnaires publics qui


ont prêté le serment excédoit , au premier Mars , le
double de ceux qui l'ont refusé. .. | | | | ... i
32o J o U R N A L:
lui pourrez-vous désormais prêcher les vé
rités consolantes de l'évangile ? Si vous lui
prescrivez l'humilité , ne pourra-t-il pas
vous répondre , étiez-vous humbles quand
vous avez prétendu que vous faisiez le pre
| mier ordre de l'état ? Si vous prêchez la
· charité, ne pourra-t-il pas vous dire , aimez
vous les hommes vous qui semez par - tout
la discorde , et qui employez toutes les voies
de séduction pour exciter la révolte , et
souffler le fou. de la guerre civile...?Si vous
lui conseillez la continence, on vous dira :
vous avez vécu au milieu des vanités mon
daines, vous avez abandonné le troupeau
qui vous étoit conſié , pour vous jettcr dans
le torrent de l'intrigue , pour vous repai
tre de la corruption des cours. Si vous parlez
de la soumission à l'autorité légitime.. De
la confiance dans la bonté infinie de Dieu ,
de la résignation à ses volontes éternelles..
· Que ne l'autoriseront pas à dire , votre
exemple, les moyens dont vous faites usage,
toute la suite de votre conduite !.... ,
Tremblez, prêtres indociles ! La conclu
sion est sure, elle est terrible : c'est que
vous ne croyez pas au dieu dont vous êtes
les ministres. Mais de combien d'erreurs ,
et d'erreurs déplorables cette conclusion
fatale n'est-elle pas la source ! Dieu des
· •
chrétiens , daignez, au milieu des troubles
/ qui nous divisent , conserver dans l'empire
la pureté de la foi. - - -

• C'est de vous seuls, dignes et vénérables


pasteurs , que la France chrétienne attend
- SOIl

| A*
A" -

13 E 8 : C L U B 6, | 32 t
son salut éternel, sa paix et sa gloire dans
ce monde.... -

Pesez, ô frères et âmis, ces diverses con


sidérations ; pénétrez-vous des vérités sim
ples et palpables que nous venons de vous
exposer rapidement , et vous pourrez sans
danger lire les brochures que la rage de
nos ennemis verse à grands flots dansle monde,
· pour arrêter le travail de notre régénération..
Nous ne croirions pas, ô sages concitoyens,
avoir rempli completement notre tâché, si
nous négligions ici de vous prémunir contre
un argument sur lequel reposent les espé
rances de nos adversaires. -

| » Le Roi n'est pas libre, et sa sanction est -

» nulle. Les loix doivent être ſaites ou accep- /

» tées par la nation, Remettez le peuple fran


» çais dans l'état où il étoit lors de la rédac
» tion des cahiers ; s'il acccepte la constitu
» tion, elle sera légitime. « | | - -

, ... .. Eh ! qui peut douter de l'adhésion du


peuple aux loix décrétées par ses représen
tans ? Quatre millions d'hommes sont volon
tairement armés pour les défendre Les corps
administratifs, électoraux, judiciaires, for
més de citoyens , nommés par d'autres ci
toyens, n'ont d'autre emploi que celui de les
faire exécuter.... (1) Voyez comment le peu
-- • »

(1) Il n'y a qu'un mot à dire. Si le nombre des mécon


tens étoit {. § grand , il est bien sûr que la contre
révolution seroit faite il y a long-temps. Au contraire,
toutes les menées des ennemis de la liberté sont par-tout
sans effet. Efles trouvent par-tout des sentinelles
II. Vol. ' » - -- • º Y .
vig
322 Jou R N A L • *

ple accueille par-tout les défenseurs de la,


liberté ; comme il repousse les prôneurs de
l'ancien gouvernement ! avec quel enthou
siasine il a vu des prêtres s'élever au-dessus
des séductions , et se soumettre aux lois ?
Quelle est son indignation entre ceux qui s'y
montrent réfractaires. ...
« Et le Roi , le meilleur, le plus estimable
des Rois, que vous calomniez sans cesse, en
vantant votre attacheinent pour sa personne,
ô libellistes ! Pouvez-vous lui faire une in
sulte plus grave et moins méritée , que de
prétendre qu'il n'est pas libre ? Ainsi donc ;
s'il avoit la puissance suprême telle que vous
voulez la lui décerner, vous croyez qu'il ré
tabliroit cette noblesse, qui toujours lui fût
à charge par ses excessives prétentions ! Vous
pensez qu'à cette ca te méprisante il sacrifie-,
roit vingt-quatre millions d'honmes, qui me .
lui cédent ni en mérite ni en vertus ! Vous
pensez qu'il rendroit à des prêtres fainéans
et inutiles, les biens qne la nation applique
à l'acquittement des § , en se chargeant
de fonrnir décemment et honorablement aux
frais du culte ! Vous pensez qu'il rétabliroit
l'influence de l'intrigue sur les élections aux
premiers emplois du sacerdoce , et qu'il
anéantiroit encore une fois le droit inalié
ne ble que la raison, la justice et †
donnºit aux peuples chrétiens pour le choix

* º*
-
-

lantes qui les d, concertent. Le nombre des amis de la


constitution est donc bien plus grend que celui des lâ--
ches qui voudroient la détruire. • •

. • - *
-

· · · · · /,º - º
B É s c L U E s. | 323

de leurs pasteurs ! Si le Roi reprenoit son an


ciènne puissance , rappelleroit - il les cours
souveraines, qui formèrent si long-temps un
mur de séparation entre les pe§ § lui,
qui sacrifièrent alternatiyeuient et la prince
et les sujets, au seul intérêt qui les animât
celui de leur propre autorité, dont ils vou
l9ient sans cesse reculer les limitesf Pensez
vous que le Roi voulut rappeller autour de
son trône les monstres qui , sous l'ancien ré
giine , en rendoient les avenues si hideuses ?
L'hydre de la chicane, l'hydre du fisc,l'hydre
de la féodalité ! H a le pouvoir illimité de
verser les bienfaits avec profusion. Croyez
vous qu'il regrette celui de faire répandre en
son nom toutes les calamités (l)?" , "
Oui, Louis, tu es libre, et lé bonheur dé
la nation , qui t'a nommé son chef, peut seul
ſaire ton bonheur. Tous ceux qui repoussent
cette vérité constante sont tes ennemis; leur
hypocrisie se voile de ce faux principe, pour
en imposer à la crédulité. · · · * · . , ... ,
: Qu'auront à répliquer les ennemis du bien
publier
• - - º - - * -
- | |
· · · · · · · | -,
| e ie | #
r-TT-------- —---------

· G) Celui qui voudroit rétablir les gabelles, les #es,


les octrois, Pimpôt sur le tabac, la vénalité des offices,
les dimes, les gros bénéfces , la milice, la corvée l'iné ?

gilité des
en un mot tous les
ge,l fléaux
die e,l noble ,
dont l'assemblée nationale
nous a délivrés ; celui qui nous,voudroit autant de mal , -

sèroit un monstre qu'.l faudroit enchainer. .. e ...,


| | Y ij
(
/ -
324 J o u R N A L.

' DE SA r N r - CE R É, département du Lot,


4 - 22 Mars.

-
º Les amis de la oonstitution nous informent
iu'ils viennent de se réunir en club. » Notre
société, disent-ils, a commencé sous les plus
heureux auspices, dès notre seconde assem
blée, le nombre s'est porté jusqu'à 12o, et
il augmente tous les jours.
DE LANDERNAU , le 15.
, Le club informe les anis de la constitution
qu'il ne recevra que les paquets francs de
port, et qu'il est dans l'intention d'affranchir
tous ceux qu'il adressera aux sociétés qui cor
respondent avec lui
·

_^

DE LYoN , le 2o.
, La société populaire, dans sa séance du 17,
a lu une lettre que lui adresse une société
d'amis de la constitution de la même ville,
dont les expressions sont bien propres à dé
truire l'opinion de ceux qui soutiennent que
deux sociétés ne peuvent exister dans le même
• lieu, sans que l'une n'inspire à l'autre quelque
- / sentiment de jalousie et même de haine : « De
| • - meurons unis, se disent ces généreux frères,
· sous l'étendart du patriotisme. Alors nous
† défier tous les tyrans, et leurs im
écilles adorateurs. La victoire sera notre
partage : elle sera le prix de la concorde et
du courage ». - - -

· •
- 4
YD E s c L U B s. 323
· La même société dans sa séance du 21 a
donné lecture d'une lettre par laquelle les
amis de la constitution de N† lui dé
noncent l'évêque de Sarept pour avoir fait
depuis peu des ordinations clandestines tant
à S. Germain qu'à Neuville même. Cette
dénonciation a porté à examiner , si l'ex
vicaire général, le suffragant M. de Marbœuf,
ci-devant évêque etprimat des Gaules, n'ayant
point prêté le serment civique, a réellement
un caractère légal pour conférer les ordres,
, et faire d'autres actes dépendans du pouvoir
qui lui avoit été confié. La discussion s'est
terminée pas l'arrêté qui a été pris de seconder
les vues patriotiques du club de Neuville, et
de lui demander une dénonciation circons ---

tanciée et authentique sur tous les faits indi


qués , pour être présentée aux corps admi
nistratifs. , -- -

DE NANTEs, le 26. Les sociétés des aniis


• de la constitution , séantes dans cette ville,
viennent de former entr'elles un pacte d'af- . |
filiation, qui prouve évidemment la pureté
de leurs intentions, et indique d'une manière
non-équivoque le but unique vers lequel elles
tendent. Elles se sont engagées mutuellement
à ne former qu'une société sous la même
dénomination, quoique continuant à déli
bérer séparément ; à se rassembler en com
mun, toutes les fois que la chose publique
• sera en danger etc. Bienfaisante ardeur pour
l'intérêt commun, combien sont respectable •

- Y iij
4

326 J o U R N A L .
et sacrés les nœuds qui unissent ceux que tu
flammes !• r . "
- - ,
La société, séante aux capucins, vient de,
5résenter à l'assemblée nationale u1ie adresse.
† laquelle le généreux dévouement des,
amis de la constitution à la chose publique,,
est peint de la manière la plus énergique.,
« Indiquéz-nous, (est-il dit), quels ennénis
rious devons combattre ; quels factieux nous,
devons disperser ; assignez-nous le poste où
la loi nous ordonne de nourir pour son
maintien, nous somnes prêts à marcher,
heureux de remplir notre devoir d'hommes
libres, heureux de nous être inmolés à une
cause si belle, heureux d'avoir vu l'aurore
de ces beaux jours où le titre de citoyen
françois sera plus grand ou plus respecté que
celui de roi d'aucun état arbitraire ». , ,
-

v A R I É T É S. - -

· Il paroit un bref du pape à l'évêque de,


Sens : le saint père lui reproche d'avoir ter--
ni l'éclat de la pourpre romaine en prêtant
le serment , en adhérant à la constitution
civile du clergé de France. | Il lui rappelle :
l'illustre exemple de la majorité des évêques, ;
dont le dévouement et la fidélité aux droits .
de l'église , n'a pu être ébranlé par aucun ,
motif, aucune considération. Cette consti-,
tution civile , lui dit-il, est un amas et comme
un extrait de plusieurs hérésies. · · ,

· Le père commun des fidèles annonce en-,


suite qu'il sera obligé de déclarer schismati
| | -- º - |
D E s e L U B s. 327
ques et les évêques qui instituent et ceux
qui sont institués , de frapper de nullité tol(t.
· acte exercé par les uns et par les autres.º
Cependant il ouvre ses bras paternels au
cardinal égaré ; il le conjure , il le presse
de se rétracter et d'essuyer par son repentir,
les larmes qu'il fait répandre à l'église.
Français ! vous l'avez entendu : l'évêque
de Sens et tous les évêques que vous avez
nommés vont être déclarés schismatiques.
Vous, vous n'êtes plus que des hérétiques ,
sur lesquels on lancera bientôt tous les fou
dres du Vatican. -

Vous serez excommuniés , vous, législa


teurs , qui avez décrété la nouvelle consti
tution du clergé ! vous serez lexcomnuniés,
vous, départeinens, municipalités , électeurs
qui exécutez le décret, vous, peuple , qui
l'avez reçue avec transport ! Et que devien
drez-vous avec la disgrace de de †
Rome ? Cette belle constitution dont vous
vous vantez , vous tiendra-t-elle lieu de
messes et de vêpres ? il sera yraiement cu
rieux de voir tous ces hommés libres et égaux .
en droits devenir maigres, jaunes et hideux,
car tel est l'effet de'l'ex - communication ,
tandis que nous et nos confrères aristocrates,
frais et vermeils , jouiront d'une parfaite
santé. Une seule goute d'eau bénite vous
donnera des convulsions ! Envain vous ré
pandrez des semences dans vos champs frap
pés de stérilité, elles ne germeront pas ; les
Noires, au contraire , recevront chaque jour
la rosée du ciel et la graisse de la terre. Vojus
Y iy

--
-

sº -- | -
- -- -
" -- * - -

-
----
\— -

#

323 J o U R N A L'
| savez ce qui arriva à la femme d'un roi de
,France, de Robert qui avoit encouru l'excom
munication..... Elle accoucha d'une oie.....
4 * - - - ) .

Lettre pastorale de l'évêque du département


de Landes.
" Hâtons-nous de placer à côté du bref du
† que l'on attribue à l'abbé Mauri , le
angage d'un évêque constitutionellement élu. .
Il est bien différent ce lº#ºge de celui
· des ci-devant royalement élus ! L'un ne rc
commande que la paix et la charité , l'autre
· excite à la haine, à la discorde. L'un fait de
la sournission aux lois de l'état un des pre
miers devoirs du chrétien , l'autre invite à la
désobéissance et au renversement de ces lois.
| Aussi l'un persuade et fait aimer la religion,
· tandis que l'autre, en paroissant prendre vi
vement les intérêts de cette religion , la fait
participer au ridicule et au mépris que mé
rite tout langage hipocrite et faux. -

Le premier de mes devoirs, dit M. Saurine,


· aux prêtres et aux fidèles de son diocèse, est
de vous instruire dans la foi, de vous affermir
· dans la foi, de vous prémunir contre l'erreur
et de vous prêcher la charité sans laquelle la
foi est vaine. , , -

· Il les instruit et les affermit dans la foi


en répondant à tout ce que la malveillançe
· et la mauvaise foi ont § snr les préten
dues atteintes que la constitution civile du
· clergé portoit à la religion. « Quand la piété
· craintive, quand les ames foibles ou abusées,

|
D. E s - c L U B s. 329
l? uand les ennemis de la constitution vous
disent qu'elle porte atteinte à la foi, ce n'estº
pas à la crainte qui exagère, à la foiblesse
qui s'abandonne aux opinions d'autrui , ni ,
aux passions irritées qu'il faut vous en rap
porter. --- Quel passage de l'écriture , quel |
article des symboles et du décalogue, la nou
velle constitution a-t-elle blessés ? »
. On a fait quelques changemens à la disci
pline ecclésiastique, à cette discipline exté ,
n
rieure, dont l'exercice qui se manifeste au
dehors, intésesse l'ordre public et la tran
quillité des états. (Anal. des conciles.) « Or
# a droit de changer cette discipline ainsi
éfinie, sinon ceux à qui il appartient de
régler l'ordre public et de gouverner les
états ». · · · - -

« Si vous voulez joindre à la puissance de


la raison l'autorité des témoignages; les mo
nuinens de l'histoire, tant sacrée que profâne, y ·

, attestent qu'en effet le gouvernement ecclé


· siastique fut calqué sur le gouvernement civil ;
· qi.e la police ecclésiastique fut reglée sur le
gouvernement civil ». Les actes des conciles,
l'exemple des empereurs, la conduite des plus
· grands évêques, le sentimens des meilleurs
anteurs ecclésiastiques prouvent cette vérité
ainsi que les droits du peuple à l'élection de *
ses pasteurs. - -

, « Nous entrons dans tous ces détails ,


N. T. C. F. , parce qu'on cherche à vous
égarer. Si votre attachement à la religion n'est àà
- pas éclairé, il servira la malveillance des en
neiuis du bien public, On echauffe votre 4èle
F -


-
| -

r,
) 33o
-
3 o U R N A L'
- _ , ſº -

|! pour la foi, en refroidissant votre charité ; |


*inais le zèle sans la charité est un faux zèle,
il est anathématisé par J. C. --- De toutes
les calomnies dont on charge la constitutioIl
civile du clergé , la mieux choisie est celle
qui l'accuse # se séparer du pape et qui ne
présente les nouveaux pasteurs que comme
des intrus. , *

- M. Saurine répond à cette assertion calom


nieuse qu'avant l'empire des fausses décrétalés
qui ont causé tant de maux à l'église et aux
nations chrétiennes, le pape n'étoit relative
\! ment aux autres évéques que le centre d'unité
de la foi, ce qu'il prouve par le raisonnement
et une multitude d'autorités. -

Que nous voudrions que les bornes d'un


J · extrait nous permissent d'offrir à nos lecteurs
le tableau animé, le touchant parallèle des
| bienfaits de la constitution et des maux de
\* , |
, - l'ancien régime
Y5 • b 2
! -

P - -

S'il s'adresse aux pasteurs séduits ou abusés


| qui ont déserté le sanctuaire, c'est l'indul
gente amitié qui plaint sans amertume leur
- égarement, et qui éveille le repentir dans
\ leur ame par son langage affectueux.
\ : ' « Le fanatisme a §é sa torche infer
| nale, le sang de nos frères a coulé ; et nous,
| prêtres du dieu de paix et de clémence, nous
| qui devrions des expiations au genre humain,
| · pour les exeès auxquels il nous a ponssés,
c'étoit encore sur nous qu'il comptoit, , et
- vous l'avez encouragé par votre conduite !...
! - Ah que de maux peuvent causer, même in
volontairement, les ministres de la réligion,
D E s C L U B S. 33x |,
quand ils ne prennent pas pour première règle |
la charité !..... » Revenez donc à des senti- ' #
mens plus dignes de votre vocation ; que la #
charité et la paix soient dans tous vos dis- ,
Cours. . - r ',
, A la suite de cette lettre pastorale se trouve |
la lettre de communion qne M. Saurine écrit
au pape suivant l'art. 9 § titre 2 de la cons- t,
titution civile du clergé. •
- -
» ·

· NOUVELLES DES DÉPARTEMENS. $


Municipalité de Paris, du 24 Mars. |
#

Le corps municipal donne acte à MM.


Roard et Charon de la représentation et du •

dépôt qu'ils ont fait d'un état des sommes · ·


arrivées et sorties de Paris pendant les mois #
d'octobre , novembre , décembre 179o , et ,
janvier 1791 , avec la désignation des espèces ; #
et sur la requisition du premier substitut |
adjoint du procureur de la commune, charge . |
MM. Tassin et E. Leroux de prendre de nou-, 4 #
veaux renseignemens sur cet objet important, #
et spécialement de l'assurer si la différence ,
§ a dans le montant des sommes entrées | |
et sorties provient des envois du commerce, #
ou de ceux que le trésor public est obligé - |
de faire pour le paiement des troupes et le - à
service des départemens. - - ' . #
· Le 29 il a été proposé au conseil général . ,
de la commune un projet de réglement aussi ,
propre à encourager les talens que l'étoit peu à
-
"

332 J O U R N A L -

l'ancien régime qui ne donnoit accès qu'à l'in


trigue et à la faveur. -

Ce projet tend à ouvrir des concours pour


tous les monumens et ouvrages publics de la
ville de Paris, en peinture, sculpture, gra
vure, médailles, architecture, ponts, quais,
chaussées, en un mot, pour tous les objets
relatifs aux belles lettres, sciences et arts. .
Il sera libre à tous artistes et à toutes per
sonnes de quelqu'état ou profession qu'elles
soient , de se présenter aux concours qui
seront annoncés par un programme imprimé,
affiché et inséré dans les papiers publics.
Les juges du concours seront choisis parmi
les artistes, profeseurs et amateurs de tous
genres, dont les administrateurs des travaux
publics formeront incessamment un tableau.
Un tel projet nous paroît ne devoir pas
trouver de contradicteurs dans une assemblée
d'amis du bien public. -

Les ennemis du peuple et de la révolution


sentent bien qu'ils sont vainſius ; mais ils ne
| sont point soumis. La # n'osent plus
opposer une résistance ouverte à la volonté
souverainé de la nation , mais ils se coalisent,
ils se ménagent de longne main les moyens
de renverser un jour, s'il est possible, et la
constitution et la liberté. Ce ne sont plus les
hommes faits qu'ils attaquent, c'est la géné
ration maissante qu'ils voudroient corrompre,
ce sont nos enfans qu'ils disposent à ne pas
• profiter de tout ce que nous faisons aujour
d'hui pour lenr § en nous oubliant
mous-mêmes. Ceux qui veillent à l'éducation
D E S C L U B 8, 333
puplique infectent de leur venin des jeunes i

ens, des enfans disposés à recevoir toutes -,

† impressions et la plupart des écoliers de


la capitale sont aristocrates. Le oorps muni
cipal , conformément à l'art. III de ia loi du
22 mars qu'elle avoit desirée et qu'elle en
§ l'instant, a arrêté que les aggrégés,
professeurs et autres individus faisans fonc
tions , et remplissant aucunes places dans
les établissemens appartenans à l'instruction #
publique dans la vil'e de Paris , prêteront
le serment civique en présence du conseil t
† de la commune , savoir les laïcs le -

5 avril à l'hôtel de la commune, et les ecclé


siastiques le dimanche 1o en l'église métro
politaine. Dorénavant nos enfans ne suceront
pas avec l'instruction des principes erronés
et cont.aires à l'ordre public.
-
;

Le club monarchique, las de son inaction, 4

avoit informé la municipalité qu'il alloit


reprendre ses séances. Le jour fut indiqué,
ensuite remis , à ce qu'on prétend , mais *·

plusieurs membres ignorant le contre-ordre


se rendirent le 28 aux petites écuries du roi
· faubourg S. Denis, lieu du rendez-vous. Le
peuple s'y rendit aussi, il se fâcha, il mal
traita ceux qui vouloient se rassembler en
club ; il fut question de lanterne. La garde
mationale sauva ceux que l'on menaçoit. Tels
sont en substance les faits constatés par le
directoire même du club monarchique. Il ne
manque pas d'ajouter que les acteurs étoient
des gens soudoyés. Mais nous nous permet
) 334 ' .. J-O U R N A L
trois de n'ajoriter ſoi à cette inculpation
coin nune aux deux partis oppo es, que lors
que nous verrors des preuves certaines.
: Dimanche dernier 27 mars , le nouvel
évêque de Paris, M. Gobet, ancien évêque
de Lydda , a été installé , et le même jour,
il a été consacré neuf autres évêques. Quel
ques voix qui se sont bientôt perdues , ont
crié à bas /'évéque , et l'on a fini par ap
plaudir généralement. -

Le mercredi 32 , les curés nouvellement


élus se sont réunis à l'hôtel de la commune,
† se concerter avec la municipalité Sur
Mes moyens de fournir les églises érigées en
paroisses de tout ce qui est nécessaire au
culte. Ils ont dû recevoir, le jour ou le len
demain , l'instruction canonique de M. l'é
yêque métropolitain. | |
· La nomination de M. Gobet a déjà valu
au public un petit † , sous le non
d'ordonnance du ci-devant archevêque , daté
du 21 nars. Le corps municipal qui n'est
point édifié de ce qui tend à s'opposer à
l§ des décrets , a chargé son procu
reur de la con1mune de dénoncer à l'accu
sateur public cette pièce curieuse. -
.

Dimanche prochain 3 avril , la munioi


palité de Paris doit installer les nouveaux
curés de la capitale ; le clergé se démène,
- - * -
,r

D E s ^ c L U B s. 335
les dévots aristocrates se préparent, dit-on ,
à s'y opposer ; rage impuissante , efforts inu -

tiles ? Le bon ange qui veille à la constitu


tion , planera ce jour là sur toutes nos égli
ses; le peuple les remplira, l'armêe pari ,!
sienne les environnera, les curés seront ins
tallés , et ce sera de plus une des têtes de
l'hydre qu'on aura coupée et brûlée. --

| On raconte que le curé de Saint-Sulpice


qui brûle d'obtenir les honneurs du martyre,
et qui a un puissant parti dans sa paroisse ,
a été la cause innocente que deux aimables
dévotes ont été fustigées dernièrement dans \
-*,

ou auprès de son église. Ce trait de bru


talité ne fait pas l'éloge de ceux qui se por
tent à de telles violences ; il faut plaindre
ceux qui sont dans l'erreur , et ne pas les
maltraiter. - -

v
—»
Résultat des travaux de l'assemblée natio
nale, du 25 au 32 Mars.

Nous remarquerons parmi les décrets généraux, 1°.
celui qui fixe a dix-huit ans la majorité des rois. -

" 2°. Celui qui fixe a 14 ans l'époque à laquelle le


roi pourra assister au conseil pour son instruction seule
ment, -

" 3°. celui qui attribue à la reine-mère la gal de de


l'enfant royal , pendant sa minorité.
- 4°. Ce décret qui oblige tous les fonctionnaires
publics à résider pendant toute la durée de leurs fonc
tions , dans les lieux où ils les exercent, s'il n'en sont
dispensés pour causes approuvées ; décret qui oblige le
roi eomme premier fonctionnaire public , à avoir sa

X
résidence à 2o lieues au plus de l'assemblée, lorsquelle "
est réunie , , mais qui lui laisse la liberté de la fixer
336 J o U R N A L
dans toute autre partie du royaume , lorsque l'assem
blée est séparée. D'après ce décret, si le roi sortoit du
royaume, et qu'après avoir été invité par une proclama
fion du c rps iégislatif, il ne rentrât pas en France, il
seroit censé avoir abdiqué la royauté. Ce même décret
détermine les obligations du dauphin de france, de la
reine sa mêre, et celle de l'héritier présomptif de la
CGU I'OIlIlC•

' Les décrets particuliers les plus remarquables sont 1°.


Cehui qui , conservant l'hôtel des invalides, en supprime
I'état-major , en reforme l'administration , et laisse la | 0 s'ab
liberté du choix à ceux des invalides qui préſéront la
nouvelle pension. - | # pour
2.° Le décret qui fixe le remboursement des oſ- . ;ºſpiue ,
ſices de tous les procureurs du royaume , et particu | }ºlüliiR.
lièrement ceux du ci-devant parlement de Paris.
3°. Le décret sur le conumerce de l'orféverie dans
toute l'étendue du royaume,
4°. Celui qui fixe la manière dont il sera pourvu aux
fournitures et aux vivres de l'armée. -

5°. Le décret qui met les mines et minières à la dis


sition de la nation.
5°. Le décret tendant à parvenir à établir l'unifor
mité des poids et des mesures ; décret par lequel l'as
semblée nationale adopte la gtandeur du quart du méri
dien terrestre pour base du nouveau systême de mesure.
7°. Le décret qui détermine le remplacement drs droits
d'entrée, perçus pour les dépenses de la ville de Paris ,
J

ct autres villes du royaume.


8°. Les décrets réglementaires pour l'exécution de la
loi, sur la propriété des auteurs de nouvelles décou
couvertes et inventions en tout genre d'industrie.
9°. Les articles additionnels à l'organisation de la
haute cour nationale, et le décret qui détermine les pei
nes encourues par ceux qui refuseront de remplir les
fonctions des jurés. -

| A Paris, de l'Imprimerie de CH A M P I G N Y ,
rue Haute-Feuille, Nº. 36. . . -
Tout ce que le patriotisme aura dicté treu
vera place dans ce Journal. Ceux qui vou
dront faire passer aux auteurs, des annonces,
· lettres, mémoires, ouvrages, etc. sont priés
· de les adresser, port franc, à MM. les Dz
| recteurs du Journal des Clubs, rue du faur
bourg Montmartre, n°. 6, -

, On s'abonne aussi chez Champigny , Imp#


| Lib. pour l'Ami de la Révolution , ou Phi
· .. lippiques , ouvrage si estimable par ses
| patriotisme. | | | | |
• · -

, -- . " * s . * - · a •"
-
· · · ··
- | -- ^ -
Aux Amis de la Constitution » Membres
| des différens Clubs Français.
-*
|

| Par MM. J. J. Le Ro vx et Jos. charow,


| Officiers Municipaux , et D. M. R E r o L,
#-devant Professeur de l'Oratoire.
: ## # #| | º º, •
-

videte ne quid respublica detrimenti capiat. T

| s E c o N p ro L v M E.

9 Avril 179 I.

Du 1er au zAvril.
RONCHET, Président de l'Assemblée Nationale,
- |A P A R I S, -

| Au Bureau du Journal des Clubs, rue du Faubourg Mont


, martre, nº. 6, où l'on souscrit tous les jours depuis sept
# heures du matin jusqu'à neuf heures du soir. |
JoURNAL DES CLUBS

socIÉTÉs PATRIoTIQUES.
N° XXL ,
Détails du premier au 7 Avril |: .
* •
·
-
| *• .

i - '

· - - A -' | »
5 o , . C L U B S. # « - 1 · · · ,

- ·, - '' || | ij , · · ·

De Juilly , Département de Seine & Marne ,


- | | | | le 6 Avril. | | |
· - 4 - .

- LEs amis de la conſtitution nous font paſſer deux


pièces également intéreſſantes & utiles pour le bien
commun. La première eſt un avis à leurs conci
- toyens du canton de Dammartin, par lequel en
les informant du motif qui les a engagés à ſe raſ
ſembler en ſociété, ils les invitent à venir ſe
réunir à eux.La manière ſimple & préciſe dont
ils préſentent le but & les intentions de leur raſ
ſemblément, fera voir que l'amour de la patrie
inſpire auſſi bien les habitans des campagnes que
ceux des villes. « Nos chers concitoyens, diſent
ils, à l'exemple d'une multitude d'endroits
· · · · · · : .7 d » ! . 'A
de
- - - - *

*
· - - º • _- -
338 - J O U R N A L -

toutes les parties de la France, nous avons formé


à Juilli une ſociété des amis de la conſtitution,
Voici les motifs qui nous y ont engagés.
Nos relations ſe bornoient autrefois à celles que
la parenté, ou des intérêts perſonnels nous faiſoient
entretenir. Chacun de nous , concentré dans le
cercle étroit de ſes affaires privées, ſe contentoit
de jetter les yeux ſur ce qui l'environnoit. La
renommée de ceux qu'on appelloit alors les gens
du peuple , ne s'étef doit guère au-delà du lieu
'qui les a vu naître. Peu curieux d'étudier des loix
ſur leſquelles nous n'avions aucun genre d'influence,
notre partage n'étoit , par rapport à elles, qu'une
obéiſſance purement paſlive. Il nous eût même été
dangereux de porter nos vues au-delà Sitôt qu'une
ordonnance, ſouvent arbitraire, étoit intimée , le
téméraire qui ſe ſeroit permis d en diſcuter les
motifs, auroit couru le riſque de payer ſon im
prudence par la perte de ſa liberté. .
| Aujourd'hui que la France entière n'eſt qu'une
ſeule & même famille , la ſphère de nos rapports
& de nos devoirs eſt prodigieuſement aggrandie.
Un petit nombre d'hommes en faveur diſpoſoit de
toutes les places, & elles ne ſe donnoient guère
u'à la richeſſe ou à la naiſſance. Maintenant ,
c'eſt du ſuffrage de tout le peuple ; c'eſt du vôtre,
nos chers concitoyens , que la nation attend &
reçoit les principaux § autels , ceux de
la juſtice, des finances, de la police ; & vos droits
s'étendant encore plus loin , vont juſqu'à nommer
vos légiſlateurs. Citcyens, élevez vos ames & con
cévez des ſentimens dignes du nom français. Per
ſonne d'entre vous n'eſt exclus d'aucune place, Mais
c'eſt à vous à les mériter par des talens, par des
D E S C L U B s, ·339
vertus, & par des lumières bien ſupérieures à celles
qui vous ſuffiſoient autrefois. Vous concevez com
bien il vous eſt important, dans la poſition où
vous vous trouvez, de vous connoître les uns les
autres, afin que vos élections ne tombent point
au haſard : combien il l'eſt d'étudier nos loix , d'en
bien pénétrer l'eſprit, de nous les expliquer mu- ,
tuellement, afin de nous en faciliter la pratique.
Tel eſt le but de nos conférences. Nul n'y fera
parade d'érudition , ni d'éloquence : chacun y ſera
maître d'interroger ou de répondre à ſon tour :
des intentions droites, de la franchiſe , & un dé
ſir ardent de contribuer au bonheur de la patrie,
ſont les ſeules qualités que nous exigeons pour y
être admis. . -

Ne ſoyez point ſurpris , nos chers concitoyens,


que nous prenions le titre d'amis de la conſtitu
tion. Pourriez-vous ignorer qu'il exiſte encore en
France des hommes qui s'en diſent les ennemis ?
Vous vous applaudiſſez de ce qu'elle vous a déli
vrés de la gabelle, des aides , des corvées, des
milices , de la ferme du tabac , des capitaineries,
de la dîme , des juſtices ſeigneuriales, des droits
féodaux , des empriſonnemens arbitraires , de la :
tyrannie des intendans & de leurs ſudélégués, des
odieux priviléges des meſſageries , des frais énor
mes & des délais de la juſtice, du faſte mépriſant
de ces deux ordres fameux qui faiſoient retomber
ſur le troiſième preſque tout le poids des impo
ſitions. Eh bien! ſachez, nos chers concitoyens,
qu'il n'eſt pas un ſeul de ces articles dont la ſup
· preſſion n'ait attiré les plus ſanglantes invectives
contre vos libérateurs Il eſt à croire que le but
\ des écrivains faméliques qui dº f\ 2,
-
34e " Jt O U R N A L' -

ment contr'eux des calomnies attroces, eſt unr


quement de gagner # Mais leurs jour
naux , dans leſquels ils ont l'art perfide de don
ner une tournure odieuſe aux opérations les plus
ſages, circulant dans les provinces , y ſouflent un
eſprit de fanatiſme qui pourroit aller juſqu'a for
mer le projet de retablir tous les anciens abus ,
ſi les vrais amis de la nation , de la loi & du
roi, ne ſe tenoicnt continuellement en garde con
tre leurs preſtiges. Uniſſez-vous donc à nous,
vous tous qui chériſſez votre patrie ; ne craignez
as d'introduire de la confuſion dans notre ſo
ciété, en la rendant trop nombreuſe : nous pare
rons à cet inconvénient , en nous diviſant , s'il le
faut, en diverſes ſections, qui ſeront toutes ani
Amées d'un même eſprit,
La ſeconde pièce eſt le procès-verbal de leur
remière ſéance publique. « La ſociété des amis
de la conſtitution de Juilly, pour atteindre plus
sûrement le but qu'elle § propoſé , de répandre
le patriotiſme & l'amour de la révolution parmi
les habitans des campagnes, a cru qu'il ſeroit à
propos de rendre ſes ſéances publiques; & afin de
† donner plus de poids & d'autorité , elle a
prié la municipalité de l'inſtaller dans le nouveau
† qu'elle a choiſi pour cet effet,
· La cerémonie s'eſt faite à l'iſſue d'un Te Deum
qu'on a chanté pour la convaleſcence du roi. Le
concours de peuple de tout âge & de tout ſexe,
de Juilly & des paroiſles voiſines , nous a prouvé
d'avance l'utilité de notre nouvel établiſſement,
Mais quelle a été notre joie & notre ſatisfaction,
quand nous avons vu cette multitude nous prêter
d'elle-même le plus profond ſilence, & nous ſuivre,
D E s c 1 U » s. 34I
dans toutes nos opérations, avec ce vif intérêt que
peut ſeul inſpirer le patriotiſme.
La ſéance a été ouverte par un diſcours qu'a
rononcé l'un des officiers municipaux, dans lequel
- il a prouvé, d'une manière ſimple & énergique,
les avantages de notre aſſociation : M. le préfident
lui a répondu ; après quoi, l'un des membres eſt
monté à la tribune , & a dit : qu'un bon citoyen
ne devoit mettre à ſon zèle d'autres bornes, que
celles des beſoins du peuple ; que les lectures civi
ques, établies pour l'inſtruction des hommes faits,
ayant eu le ſuccès qu'on dévoit en attendre, il
ſeroit juſte d'accoutumer auſſi la jeuneſſe à ſentir
de bonne heure les bienfaits de la conſtitution ;
que c'étoit là le vrai & unique moyen de lui don
ner des appuis ſolides & inébranlables. Fn conſé
quence , il a demandé qu'il fût ouvert un cours
d'inſtruction publique pour cette claſſe intéreſſante
de la ſocite ; on a pris l'arrêté ſuivant : 1.° Il
ſera fait, p r l'un des membres de la ſociété, tous
les dimanches & fêtes, à une heure autre que celle
des offices & du catéchiſme de la paroiſſe, une
inſtruétion publique aux jeunes gens ſur les prin ·
cipes de la conſtitution. \
2.° La ſociété fournira, pour cet effet, à chaque
enfant de 12 à 15 ans, un exemplaire du caté
chiſme de la conſtitution , ( M. Dotteville de
l'Oratoire. l'un de ſes membres, vieillard reſpec
table, dat s lequel le poids de 74 années, une di
minution conſidérable dans ſa fortune, ne ralentiſ
ſent point l'amour de la liberté & de la patrie, &
l'attachement à la nouvelle conſtitution , ayant
offert de ſe charger lui-même des frais , ſon offre
a été acceptée. ) • . -

#
- ----- • - ---

| 242 J o U R N A L*
3.° Dans l'une des ſéances du mois de juillet,
la ſociété diſtribuera des prix à ceux des enfans
q ii auront le mieux répondu ſur l'objet de leurs
cttides.
4.° Les enfans des municipalités voiſines feront
admis au concours.
La ſociété a enſuite arrêté une députation au
nouvel évêque de Seine & Marne , pour le féli
citer ſur ſon inſtallation, & l'aſſurer avec quel
tranſport clle a applaudi au choix d'un ſi digne
| paſteur, qui a ſu s'élever au-deſſus de l'exemple,
peut-être même au-deſſus de la ſéduction, & allier
deux choſes qui ne devroient jamais être ſéparées ,
I'amour de la patrie & celui de la religion. » *

|
# , V A R I E T E S,

Suite & fin des PARCE QUE , en réponſe aux


| POURQUOI. }

Pourquoi, après avoir rendu reſponſables Mes ·


| cdminiſtrateurs de la munieipalité , vouloir les
f , - forcer à prendre , pour commis, des perſonnes
qui peuvent ne pas leur convenir ? . . . )

· A l'époque où nous nous ſommes fait cette


queſtion, elle ſe rapportoit aux ſections qui, pour
º faire acte de volonté, préſentoient les ſujets de
leur connoiſſance , & vouloient exiger qu'on les
admît, à l'excluſion de tous autres. Alors l'aſſem
blée nationale n'avoit point fait les grandes rér
formes que le bien public a depuis néceſſitées. Ce
qui donnoit une trop grande extenſion aux droits
des ſections , ce qui étoit contraire à la liberté des
adminiſtrateurs, à leur reſponſabilité, devient au
D, E s c L U B s. 343
jourd'hui juſtice & devoir. C'eſt une juſtice de
recommander des hommes éprouvés par nombre
d'années de travail & de ſervices; c'eſt un devoir
de placer, par préférence , d'honnêtes citoyens ,
de malheureux pères de famille qui ſont des vic
times particulières du bien général. Avec de pareils
hommes, la reſponſabilité ne peut jamais être en
danger ; il ne reſte à la municipalité qu'un regret,
c'eſt de n'avoir pas aſſez de places à donner.
Pourquoi ſe plaindre ſans ceſſe que l'on ignore
ce qui ſe paſſè à la municipalité ? Parce que l'on
ne veut pas être juſte , parce que l'on aime mieux
ſe plaindre, & trouver à blâmer, que de ſe dire,
1.° je puis aſſiſter au conſeil-général , & là j'ap
prendrai tout ce qui intéreſſe la commune ; j'aſ
ſiſterai anx comptes , † · les rapports, je
connoîtrai les arrêtés ſur tout ce qui ſe tient aux
différentes parties de l'adminiſtration publique con
fiée à la municipalité. 2.° Je puis lire tout ce que
le corps municipal fait imprimer & fait afficher ,
ou envoie aux ſections. 3.° Je ne dois pas exiger,
moi individu , ni même moi ſection, un compte
journalier d'opératfons adminiſtratives particulières,
puiſque le compte en doit être rendu, d'abord au
conſeil-généraſ de la commune , & enſuite au
† , aſſemblée | adminiſtrative ſupérieare
i la municipalité. . "
· Pourquoi trouver aujourd'hui que 'iels | & tes
ſont les plus dignes de gérer li choſe publique,
les nommer, s'applaudir de ſeſ choix ; · & demaia
e" - ſ3 , i ii , )
leur porter enyte , & c. · · · · ! º

arce que
que de
de tout
tout temps
temps ,, dans
dans tous
tous les
· · · ·
pays.
il y *a: --eu• ,• &' • à.. 1tout
-
jamais
.*' , '
il y, aura #
, ' ' \ è * ) . ?. :
des ambi
' -- -

tieux qui attachent un grand prix aux bonneùrs *


-
-
344 J o U R N A L
& qui ſont déſolés de s'en voir éloignés. A coup
ſûr, ceux qui les déſirent, ne les connoiſſent pas :
qu'ils portent la brillante écharpe ſeulement un
mois, qu'ils ſoient dignes de la porter, ils ſentiront
combien elle eſt peſante ; de combien de pointes
aiguës elle eſt armée, ils ne la verront plus que
comme un lien de fer qui attache l'honnête-homme
à ſon devoir, plus d'une fois, au moment de s'en
décorer, la main leur tremblera , leur cœur ſera
preſſé & leur reſpiration ſuſpendue. Des eſprits
chagrins toujours prêts à tout blâmer, & qui ja
mais n'ont eu la bonne foi de ſe ſuprcſer à la place
de ceux qu'ils trouvent tant de plaiſir à denigrer ;
des envieux de tout ce qui arrive aux autres , des
jaloux de tout le bien qu'ils ne font pas ; des
préſomptueux qui ſe croient capables de tout con
duire ; des cerveaux étroits hors d'etat de ſaiſir
l'enſemble d'une grande machine , & aſſez ſots
pour croire qu'une modique ſomme puiſſe récom
penſer celui qui ſe livre aux affaires, tandis que
quelquefois elle ſuffit à peine pour le défrayer, &
jamais ne peut lui tenir lieu du ſacrifice qu'il fait
de ſes propres intérêts. Des cnnemis de la choſe
publique qui eſpèrent dégoûter les meilleurs ci
toyens, en empoiſonnant leur vie; qui ſaiſiſſent
** àvec avidité la plus légère inadvertence pour la
transformer en faute capitale; qui ſe flattent qu'en
faiſant perdre aux magiſtrats du peuple la con
fiance de leurs concitoyens, ils ſemeront la diſ
corde, cauſeront des malheurs, & viendront
| bout du perfide deſſein qu'ils ont de renverſer la
conſtitution. . : … -- … " -- * - - •

Pourquoi les ſections font-elles des députations


· .. * . .. z " ... . · · · · · · . - à des
| º º s c L u s s.4uand la
à des aſſociations Part culiéres ,
345
com
ºaſes repréſentans2 N§ dirons, dans la ſuite,
† nous penſons de§ † général , &
Particulièrement de ºelui des Jacobin, » ce ſera la
réponſe à cette queſtion.
. Fourquoi la moiié des citoyens ſe Alaint-elle
de la bibleſſé de municipalité » & l'autre
s'élève-t-ell coatre l'exercice qu'elle Jºit d'une
Partie de l'autorité qui lui eſt confiee ? Parce que
la première moitié ne veut P#º reconnoître la diffé
#ºnce qu'il y a entre foibleſſe & ºndeſcendance
fraternelle.juſqu'a ce que les loix ſoient bien éta
blies , bien Connues du Peuple , ſeroit - il de la
juſtice de ſévir § rigueur contre des hommes
égarés, qui , dans des émeutes, ſe ºouvent con
fondus avec de véritables brigands, ºec des enne
mis déclarés de l'ordre ; & ſi la force Publique
eût été. déployée toutes les fois 9ºe, les cas ſe§
bloient l'appeiler, quels malheurs n'auroient pas

Pº en réſulter ? parce 9ºe l'autre moi§ ne réflé,


#hit pas que, quand la ºnicipalité tra§ avec les
ſections , elle croit avoir affaire avec des cito €ns
qui connoiſſent le§ devoirs , ºiºi ont intéréº au
rétabliſſement de l'ordre, qui doivent ſe piquer de
donner l'exemple & le ton, qui doivent s'unir
avec elle pour que les ºPréſentans de la com
§§ tous les droits ººonnus de la
ºmmune, & ſur-tour veillent à la sûreté de tOus
& chacun des citoyens.
Quand nous avons dºnné les raiſons qui éloignent
des aſſemblées de ſections les #leurs.itoy§
· ºus n'avons pas Pºétendu excuſ§ ces citoyens
#ux-mêmes. Un reſte d'égoïſine, ºne foibleſſe
impardonnable » llfl amotlr . Propre & une pré
#

· *** ,

- -
*

346 J O U R N A L-
ſomption coupables , ſont la cauſe qui les dé
tcTm1nC.

En effet , l'égoïſme porte les uns à redouter le


fardeau des charges publiques : une affaire privée,
une ſimple occupation domeſtique, une partie de
plaiſir les empêchent de ſe rendre aux aſſemblées.
Ils enfouiſſent leurs talens; ils refuſent les emplois ;
ils ſont ſouvent diſpoſés à négliger le bien général,
dans la crainte de nuire à leur bien particulier.
Tel honnête homme n'oſe ſe montrer à ſa ſection,
comme il n'oſe prendre l'habit de ſoldat national ,
de peur que les ennemis de la révolution ne diſcon
tinuent à ſe ſervir de lui.
La foibleſſe domine les autres ; ils ne ſauroient
s'oppoſer à des motions dénuées de ſens, combattre
un avis erroné , tenir tête à un citoyen que le
zèle emporte; ils craignent la fatigue d'une
rſſemblée ; s'ils y paroiſſent , c'eſt pour y reſter
Enuets.
Mais c'eſt l'amour-propre & la préſomption qui
font le plus de mal. Tel citoyen a de véritables,
& quelquefois de grands talens ; mais il n'a point
été goûté ; mais on n'a pas toujours adopté ſes
opinions ; mais il n'a pas obtenu toutes les places
qu'il ſe croyoit , qu'il étoit même capable d'oc
cuper : il ſe dégoûte, il prend une idée de mé
pris pour ſa ſection, qui n'a pas rendu † à
ſon mérite; il ſe retire .... il eſt coupable, il eſt
indigne du titre de citoyen : qu'eſt-ce qu'un injuſ
tice vis-à-vis du devoir ?
Quel eſt le vrai citoyen ? c'eſt Ariſtide, célant
la place de chef de l'armée Athénienne, & con
tinuant de ſervir ſa patrie; c'eſt Catinat rendant
le commandement à Villeroy , & conſentant à
- -

- - ---
D E S C L U B S, 347
reſter ſon lieutenant ; c'eſt ſous nos yeux M. ...
ccmmandant du bataillon d'une municipalité voi
ſine de la capitale, puis maire de cette munici
palité, faiſant ſon ſervice de fuſilier lors de la
4
réunion, avec Paris, du pays où il avoit obtenu
la place la plus éminente, acceptant d'être lieu
tenant de la compagnie, aujourd'hui l'un de nos
notables, & refuſant enſuite le grade de com
mandant qui lui éioit déféré par ſa ſection , pour
remplir les devoirs de membre d'un bureau de \
paix, dans le déſir d'être plus utile, en employant -

des talens conformes à ſon goût & à l'état qu'il


'avoit autrefois choiſi. Le vrai citoyen ne crie ja
mais à l'ingratitude, il occupe tous les poſtes ,
- **
il eſt partont à ſa place. *
-
On reproche aux aſſemblées de ſections d'être
-
:\

· tumultueuſes, d'être mal compoſées, nous mêmes, - (
nous avons prouvé que cela étoit ainſi , car nous -

, n'avons parlé que d'après des faits ; mais pour


quoi ceux qui ont à cœnr l'intérêt public, auſſi
tôt qu'ils ont obtenu une place , ſans doute ho
norable, puiſqu'elle eſt une preuve de l'eſtime
qu'ils ont acquiſe, pourquoi ceſſent-ils de ſe trou -

ver à ces aſſemblées, quand les fonctions nouvelles


dont ils ſont chargés ne s'y oppoſent pas ? Qu'un
juge, un membre du directoire, un officier muni
cipal ne s'y rendent pas , il y auroit une injuſtice
r dicu'e à les blâmer, s'ils ſont ce qu'ils doivent
être , on ne peut que les plaindre ; mais pourquoi
les notables qui ne s'aſſemblent que de tems en
tems , ne paroiſſent-ils que rarement à ces aſſem
· blées ? Je prévois la réponſe : elles font pour la
plupart illégales; raiſon de plus, ils doivent y
être pour en faire l'obſervation. La voix d'un bon
- B 2
-," ,
348 J o U R N A L
citoyen qui parle au nom de la loi , qui ramene
, aux principes, qui ſuit la conſtitution pas à pas,
eſt preſque toujours écoutée, on n'a pas même -
beſoin d'éloquence quand on emploie le l ngage
de la vérité & de la raiſon. Ce que nous diſons
des notables, nous le diſons également des muni
cipaux. Auſſi-tôt que les affaires de la commune
n'exigeront plus qu'ils ſe raſſemblent tous les jours,
alors ils ne pourront ſe diſpenſer d'aſſiſter aux
aſſemblées de † ſections , peut être leur exemple
influera-t-il ſur le reſte des citoyens; au moins
ils auront fait leur devoir. -

L'amour de la vérité, le ſerment que nous avons


fait de parler avec franchiſe , nous ont portés à
dire à nos concitoyens compoſant aujourd'hui les
aſſemblées de ſections, ce que nous avons cru
devoir intéreſſer le bien général , devoir amener
au rétabliſſement de l'ordre, & au maintien de
la liberté qui n'eſt appuyée que ſur la ſoumiſſion
à la loi. Guidés par les mêmes motifs, nous redi
rons à tous ceux qui ont été honorés de la con
fiance publique : n'oubliez pas que vous êtes les
mandataires du peuple,| que le choix qui vous aplacé
eſt ſon ouvrage , que vous lui devez compte de
votre conduite lorſque le tems de votre geſtion
· ſera expiré, que vous ne devez avoir vis-a-vis du
peuple , ni hauteur, ni foibleſſe ; ni crainte de
lui déplaire , ni déſir de le flatter, ni condeſcen
dance ſervile quand il s'egare, ni intention de le
braver lors même qu il eſt injuſte, que vous lui
devez reſpect, amour , fidélité , dévouement par
fait ; ſongez que l'opinion publique eſt un juge
ſuprême , que c'eſt elle qui a tranſmis juſqu'à VOliS
la mémoire de ceux qui ont été utiles aux hommes,
*
-
-
-
---

· D E S C L U B S. 349
que rien ne peut vous diſpenſer de ſervir la pa
trie, ayez du caractère, faites votre devoir, fai
tes-le rigoureuſement, alors fuſſiez-vous ſeuls, ou
renfermés dans un cercle étroit, vons ſerez forts,
vous ſerez grands , vous braverez tous les traits
de l'envie , vous jouirez de la plus douce volupté
qui ſoit réſervée à l'homme de bien ; vous aurez pour
vous votre conſcience , vous pourrez vous paſſer
de la gloire, mais que dis-je, elle vous cherchera,
on calomnie le peuple quand on le traite d'ingrat ,
le vrai mérite ne ſauroit lui échapper, il le cou
ronne tôt ou tard, penſez à Mirabeau, penſez à
la manière dont la reconnoiſſance publique l'envi
ronne en deſcendant dans la tombe , & que cet
exemple vous ſerve d'aiguillon, vous n'avez pas
beſoin d'être des Mirabeau, ſoyez ſeulement des
citoyens utiles.
- —--
NOUVELLES DES DÉ PARTEMENS.
De Paris. Mirabeau eſt mort : cet homme qui fit
pâlir le deſpotiſme, en affermiſſant l'autorité royale,
qui contribua à rendre ſon pays libre, qui com
battit contre l'anarchie , où tendoit un peuple
égaré ; qui ſut repouſſer les attentats des ambi
tieux; Mirabeau, l'un des plus grands hommes de
ſon ſiècle, a expiré le ſamedi, 2 avril 179I , &
ſa mort eſt une calamité publique. Patriotes, lé
giſlateurs , miniſtres, peuple, tous le regrettent.
Le deuil eſt dans le cœur , la douleur eſt mêlée de
craintes.
Titus, empereur, fit oublier qu'il avoit été élevé
à la cour de Néron ; il fut appellé les délices du

* .º - -
- - _ - -
: • - _ - - _ - ·--- --- *
35o J o u R N A L '
genre-humain. Deux années du † avoient
effacé les égaremens d'une jeuneſſe fougueuſe, &
Mirabeau, le plus ferme appui de la liberté, étoit
devenu l'eſpoir du monde.
Il eſt mort ; & s'il étoit poſſible d'être indiffé
rent pour la patrie , en n'aimant que celui qui a
tant fait pour elle, on trouveroit que Mirabeau
vient de recevoir le ſceau qui rend ſa gloire im
mortelle. Les hommes, faits pour occuper la renom
mée, doivent trembler de ſurvivre à eux-mêmes ;
il faudroit retrancher de leur exiſtence l'âge de la
foibleſſe , comme celui des paſſions bouillantes.
Pour un Frédéric II, un Voltaire, que de Louis
XIV & de Corneille ! Celui qui fait tout pour vivre
dans la mémoire des hommes, doit envier la fin
de Céſar , de Henri IV, de Turenne, de Mirabeau.
La vieilleſſe ne leur a ricn dérobé, la mort leur a
tout aſſuré. -

La France entière pleure ſon Mirabeau ; toutes


les nations de la terre vont être frappées de ter
reur. Long-temps enchaînées par la main des ty
· rans, long-temps livrées à un ſommeil léthargi
ques, elles ouvroient les yeux aux premiers rayons
d'une liberté univerſelle. A la tête des libérateurs
du genre-humain, elles voyoient Mirabeau , &
· Mirabeau n'eſt plus. Le déſeſpoir peut ſaiſir les
peuples ; prenons des mains de la vérité la plume
qui doit ſervir à l'hiſtoire , & diſons à nos con
· citoyens , diſons aux nations de la terre, qui
attendent leur ſort du ſort de la France ; Mira
· beau a fait tout ce qu'un grand génie pouvoit faire,
mais il n'a point fait lui ſeul tous les travaux de
' l'aſſemblée,
Il adoroit la liberté; le peuple françois brûle
**-- ---- -- - -- i
D E S C L U B S. 35x
d'amour pour elle. Il a puiſſamment contribué à
• nous rendre nos droits ; nous les connoiſſons main
tenant. Il travailloit à nous ſoumettre à nos de
voirs ; nous commençons à les aimer. Il s'eſt
oppoſé aux factieus, qu'il ne confondoit pas avec
patriotes ; leur maſque eſt tombé, ils ne ſont plus
redoutables. Il avoit, ſans ceſſe, les yeux ouverts
ſur les projets déſaſtreux de nos ennemis , mais
· il y a long-temps qu'il a dit lui-même : il ne leur
reſte que la triſte poſſibilité d'enſanglanter une
révolution déjà faite.
La patrie ſeroit bien malheureuſe , la révolu
tion ſeroit bien peu aſſurée, ſi le ſalut de la France
dépendoit d'un ſeul homme. Nous admirions Mira
beau, nous ſentons toute l'étendue de notre perte,
mais eft-ce l'inſtant de ſe laiſſer aller au découra
gement ? Varon fuyant des champs qu'Annibal
avoit jonchés de morts, oſe rentrer dans Rome &
ne pas déſeſpérer de la choſe publique ; on lui dé
cerne des honneurs : Scipion ſuccède à Paul Emile,
il venge ſa patrie ; Zama devient le théâtre de la
gloire romaine, & Carthage eſt précipitée vers ſa
Il]11l6º,

Mirabeau nous eſt enlevé , mais ſon génie nous


reſte ; il deviendra le génie tutélaire de cet em
- , / - ' --- Z - Z ---? -

pire. L'aſſemblée , nationale a décrété qu'elle alloit


donner un terme à la légiſlature actuelle ; que
d'hommes , mûris par la révolution , éprouvés par
les emplois dont ils ont été honorés, formés par
Mirabeau lui-même , & dignes de lui ſuccéder ,
vont réunir les ſuffrages, & ſeront en état de con
ſolider l'édifice de la conſtitution ! Mais cet eſpoir
n'eſt qu'un motif de plus de reprendre courage ; il
en eſt un autre bien plus précieux, & qui doit raſ
352 |T Jou R N A L
ſurer tous ceux qui craindroient pour le deſtin de
la France. Convenons que Mirabeau étoit l'homme
qui avoit conçu le plan ie plus vaſte pour aſſurer
le bonheur de ſes ſemblables; qu'il avoit le plus
approfondi la politique qui convient à une grande
nation ; qu'il étoit l'homme le plus inſtruit qui exiſ
tât dans la ſcience diplomatique ; qu'il paroiſſoit,
du haut d'un trône élevé au-deſſus des mortels,
devoir dorner des loix inſpirées par la ſageſſe ;
mais aujourd'hui qu'il eſt ayé du nombre des vi
vans, ceux que les rayons de ſa gloire ſembloient
plonger dans l'ombre, vont † d'un nouvel
éclat. Un grand nombre de nos légiſlateurs, d'un
rare mérite, n'avoient fait que céder à Mirabeau
une partie de leur place ; ils vont la reprendre
toute entière, ils vont ſe hâter d'achever notre
conſtitution ; & tel ſera le deſtin de Mirabeau,
qu'après avoir conſacré ſa vie politique à fonder la
liberté de ſon pays, ſa mort même aura ſervi à
l'avnatage de ſes concitoyens, -

Chacun va s'empreſſer de parler de cet homme


étonnant ; ce ſera , pour quiconque ſait écrire, un
beſoin impérieux de le louer : mais que pourroient
de vaines phraſes ſur le ſouvenir que lui doit la
poſtérité , ſur le jugement † en portera ? Ses
vrais titres, pour envoyer ſon nom aux races fu -
tures, ce ſont les ſervices qu'il a rendus. L'éloge
le plus ſublime peut-il approcher de l'hommage
inoui qu'un peuple immenſe eſt venu rendre à ſa
dépouille mortelle ? Nul n'a dit aux citoyens : ac
compagnez cette pompe ſunèbre , & tous les ci
toyens ſe ſont preſſés autour du cercueil de Mira
beau ; tous ſembloient dire avec amertume :
· Du plus grand des François , voilà ce qui nous reſſe.
ANECDOTES
D E s C L U B s. 353

A N E C D O T E • ,

Relatives à la mort de Mirabeau.

Les papiers publics ont été remplis de différentes


anecdotes ſur les derniers momens de Mirabeau ;
la plupart ſont vraies, quelques-unes ont éte défi
gurées , d'autres ont été oubliées. Sans avoir égard
à ce qui a déjà été publié, j'ai recueilli toutes celles
que j'ai pu me procurer , & dont je garantis la vé
rité. Les unes ſe ſont paſſées en ma préſence, je
tiens les autres de perſonnes dignes de foi, qui en
· ont été les témoins, ou je les ai extraites de procès
verbaux authentiques. En les inſérant dans notre
journal, je ſuis bien ſûr de faire plaiſir à nos lec
· teurs ; tout intéreſſe dans un grand homme, on
· chérit les détails de ce qui a rapport à ſa vie, &
ſur-tout à ſes derniers momens; on les recherche,
non pas pour ſatisfaire une vaine curioſité , mais
· par une ſorte de reſpect pour la mémoire de celui
que l'on regrette ; on aime à y rencontrer un ali
ment à ſa douleur. | | -- : .

Honoré-Gabriel Riquetti , ci-devant comte de


Mirabeau, député à l eſlemblée nationale, membre
du directoire du département de Paris & comman
dant du bataillon des Capucins de la Chauſſée d'An
tin, eſt mort le ſamedi 2 Avril 1791 , à neuf
heures & demi du matin , rue de la Chauſſée,
d'Antin, ſection de la Grange-Batelière (1).

(1) La municipalité a déjà arrêté que la rue où eſt


mort ce légiſlateur, s'appellara dorenavant la rue de
Mirabeau. Il faut eſpérer qu'elle ne s'en tiendra pas-la ,
& qu'elle demandera à l'aiſemblée nationale #r -
354 J O U R N A L.
Pendant ſa maladie, on avoit répandu les bruits
calomnieux qu'il avoit été empoiſonné. Il y a long
temps que l'on eſt dans l'uſage de ſoupçonner que
le poiſon eſt la cauſe fréquente de la mort des
hommes illuſtres; mais il n'auroit fallu que jeter
les yeux ſur le bulletin, pour être bien convaincu
† la maladie , quoique aigue & manifeſtée par
es douleurs atroces, n'étoit point due au poiſon ,
qui n'auroit pu être que corroſif, & que certaine
ment le médecin du malade , qui étoit auſſi ſon
ami , auroit combattu par d'autres remèdes que
ceux qu'il preſcrivoit, & que le célèbre Antoine
Petit approuvoit.Le mercredi 23 Mars, en dînant
avec Mirabeau, je lui entendis dire qu'il ſe portoit
mal, que ſon médecin le preſſoit de prendre ſoin
de ſoin de ſa ſanté , qu'il en reconnoiſſoit lui
même le beſoin. Pluſieurs de ſes amis lui ont en
ſion de changer le nom de la ſection qui ne devroit, à
l'avenir, s'appeller que la ſection de Mirabeau. La
Grange-Batelière rappelle un fief, & ils ſont tous abolis.
Mirabeau rappellera toujours un grand homme, & ſon
nom ne ſauroit périr. La ſection qu'il habitoit eſt une
de celles auxquelles il eſt agréable d'appartenir. Ses
citoyens ſe ſont diſtingués depuis le commencement
de la révolution par leur patriotiſme, par leur fraternité
& leur union entr'eux, par leur zèle à ſervir la choſe
publique, par la ſageſſe qui règne dans leurs aſſemblées,
par le ſoin délicat qu'ils ont pris de leurs pauvres,
par l'exercice des vertus civiques, & leur parfaite ſou
miſſion aux loix. Cette ſection mérite à tous égards
de porter le nom d'un des pères de la liberté, qui
s'applaudiſſoit d'être compté parmi ſes citoyens , qui
avoit accepté d'être leur commandant de bataillon , &
leur a donné dans toutes les circonſtances des preuves
d'eſtime & d'attachement.
• *
v,

: D E s c L U E s. 355
tendu depuis répéter ce propos. Ce même jour je
me félicitois en ſa préſence qu'il fût membre du di
rectoire du département , parce qu'il ſeroit plus
à portée de juger par expérience des défectuoſités
des loix relatives aux corps adminiſtrifs, & il con
vint qu'il manquoit quelques petits rouages pour
faire aller la machine. -

Le lundi ſuivant, en allant à l'aſſemblée natio


nale , il fut vivement atteint ; on le ramena chez
lui, il jugea ſur-le-champ lui-même de la gravité
du mal & de l'inutilité des ſecours ; il vit la mort
s'approcher ſans effroi pour lui, mais non pas ſans
» inquiétude pour la patrie. Il a dit pluſieurs fois qu'il
mourroit trois ou quatre mois trop tôt; il a réelle
ment tenu ce propos déjà cité : j'emporte le deuil
de la monarchie , les fačtieux s'en diſputeront les
lambeaux. ,, , | • .

Le jeudi 31 , il fit venir madame Duſaillant ſa


ſœur, qu'il aimoit beaucoup; il ne l'a vue qu'à ce
: moment, quoiqu'elle ſoit reſtée dans ſa maiſon juſ
qu'à ſon décès, Quelques heures avant de mourir ,
on lui avoit propoſé de la faire entrer ; il n'y voulut
pas conſentir : il vaut mieux, dit-il, que je ne la
voye pas, pour ſa ſanté & pour la mienne.
Ce même jour M. Cabanis, ſon médecin, avoit
mandé M. Antoine Petit ; il refuſa de le voir ,
ur ne pas priver ſon ami du prix des ſoins qu'il
ui donnoit, & lui conſerver tout l'honneur de la
cure, s'il avoit le bonheur de le ramener à la
ſanté. Le lendemain il fit appeler M. Petit, il lui
fit des excuſes de ſa malhonnêteté de la veille , &
lui dit qu'ayant confiance en M. Cabanis, c'eût
été l'inſulter que d'en demander un autre ; il ajouta
les choſes les plus obligeantes pour M#. 2, ,


356 . J. o U R N A L -
La veille, il avoit prié M. le ci-devant évèque
d'Autun de lire ſon diſcours ſur les ſucceſſions, &
comme il avoit fait ce jour-là ſon teſtament, il fit
cette réflexion : qu il étoit plaiſant que l'homme
qui parloit de ſucceſſions, fit ſoa teſtament.
Tant que dura la maladie de Mirabeau, il y eût
dans ſa rue, un concours prodigieux de perſonnes
qui venoient, avec intérêt , s'informer de ſon état ;
un bulletin de deux heures ſaroiſſoit vieux. L'aſiem
blée nationale, le directoire , la municipalité , les
comités de ſections y envoyoient pluſieurs fois par
jour ; on y venoit régulièrement de la part du roi &
des miniſtres; mais ce qui eſt au-deſſus de tout ce
qui pouvoit être dû aux egards que l'on peut appeller
de convention , c'eſt l'afHuence du peuple, c'eft le
ſilence religieux dans lequel il s'approchoit de la mai
ſon. On ne parloit dans la rue de Mirabeau qu'à
voix baſſe, comme ſi l'on eût été dans ſa chambre,
on ne s'etoit pas contenté de mettre de la paille ſous
les fenêtres; on obligeoit les voitures à ſe détourner,
& nulle ne paſſoit devant ſa porte ; la foule ne diſ
continuoit pas depuis le matin, avant le jour, juſ
qu'au milieu de la nuit. Mirabeau y fut ſenſible, il
donna pluſieurs fois, ordre d'aller remercier le peu
ple de ces marques de ſon atachement. , …
e | , Le club des jacobins ne fut pas des derniers à
montrer l'intérêt qu'il prenoit à la ſanté d'un
homme qui fixoit l'attention de la France entière,
|| & dont la maladie excitoit ſi puiſſamment ſes crain
tes; il envoya une députation, à la tête de laquelle,
il voulut placer un de ſes membres. On dit que ce
ci-devant patriote refuſa cet honneur, & que Mira
rabeau, qui en fut inſtruit, dit à peu-près : je le
connoiſſois lâche & maladroit, maisje ne le croyois
pas ſi béte, - -

" : -- -" . " --


am ------
- º --
-
b E S .. C L.-U. B-S. 357
. Par ſon teſtament , Mirabeau demande à être
inhumé dans la chapelle du château du Marais, à
Argenteuil. Il fait M. Duſaillant, ſon neveu, ſon
legataire univerſel, en le chargeant des penſions
viagères pour mesdemoiſelles Duſaillant, ſes ſœurs.
Il inſtitue MM. de la Marck & Frocheau, tous deux
députés à l'aſſemblée nationale, ſes exécuteurs teſ
tamentaires. | - º

· Il fait des legs à ſes domeſtiques ; il laiſſa à ſon


ſecrétaire, M. de Comps, une ſomme de vingt
milie livres, avec prière de s'en rapporter à lui ſur
les comptes qu'il pouvoit avoir à rendre. Cette per
ſonne avoit toute ſa confiance pour les affaires do
meftiques, quoiqu'elle ne l'eût jamais obtenue pour
les affaires pub iques ſur le quelies ce député n'avoit
poirt de conf.cent, i • · . -

, Miirabeau annonça lui-même à M. de Comps,


le ſoir de la veille de ſa moit, ce qu'il avoit fait pour
lui, & le recommanda à M. de la Marck. M. de
Comps, ſincèrement attaché à ſon bienfaiteur, &
qui, depuit 48 heures, n'avoit pris d'autre nourri
ture qu'un bouillon , ſaiſit une # mains de Mira
beau , l'arr ſa de ſes larmes, & ſe retira dans ſa
chambre, en s'abandonnanr au déſeſpoir le plus vio
lent. Vers trois heures du matin, Mirabeau lui en
voya demander la clefde ſon ſecrétaire , n'ayant pas
répondu, la porte fut enfoncée. On trouva M. de
Comps, debout & couvert de ſang Il s'étoit donné
pluſieurs coups de canif au côté gauche du col, &
un dans la poitrine. On manda M. Defreſne, juge de
paix de la ſection, ancien adminiſtrrteur de la muni
cipalité proviſoire, & ſans contredit, un des hommes
les plus propres à la place qu'il occupe. M. Defreſne
envoya chercher le commiſſaire de police, & par
* · · -
3t8 J o U R N A L '
ſite, on fut aſſiſté de M. Maugis, adminiſtrateur
du département de police. Dès les premières ré
ponſes de M. de Comps, on s'apperçut que ſa tête
étoit dérangée, il parloit d'une marmelade que Mi
rabeau avoit mangée & qui contenoit du poiſon; il
prétendoit y avoir goûté, & avoir été empoiſonné;
après un long temps on apprit de lui qu'il avoit jeté
dans les cendres, non pas la clef qu'on lui deman
doit, mais celle de ſon propre ſecrétaire, où étoit
renfermée celle du ſecrétaire de Mirabeau. La clef
trouvée & le ſecrétaire ouvert, on vit dedans, une
léttre qui annonçoit l'intention où il étoit de ne pas
ſurvivre à Mirabeau ; elle expliquoit ce qu'étoient
deux paquets cachetés, ſur l'un deſquels on liſoit
entr'autres choſes : cet argent qui eſt bien à moi, &
qui monte à 8oo liv,, il y avoit effectivement pour
8oo fivres d'affignats; & ſur l'autre, cette inſcrip
tion : papier extrêmement important pour M. de
Mirabeau. Ce paquet contenoit 22,ooo liv. , égale
mentlen aſſignats, que M. de Comps, par ſa lettre,
reconnoiſſoit avoir reçu de M. de la Marck & de
M. l'ancien évêque d'Autun. Je ſuis entré dans ces
détails, pour laver M. de Comps des bruits injurieux
que la calomnie a répandu ſur le compte de cet ·
honnête hormme, exemple rare'd'attachement & de
reconnoiſſance ; MM. de la Marck & Renand
député de Saint-Jean-d'Angeli, en ont rendu les
meilleurs témoignages; ſes ſœurs ont été placées à
côté de lui, pour lui donner desſoins; il va beaucoup
mieux, & fa tête commence à revenir; il a déclaré
depuis, n'avoir nulle idée de poiſon. . ·
· Les douleurs qu'éprouvoit Mirabeau étoient
atroces , & cependant ſa raiſon ne l'abandonna
pas un inſtant , ſa grande ame, au moment de
- D E s C L U B s. · 349
quitter ſon corps , conſervoit toute ſon énergie ;
un quart-d'heure avant d'expirer, ayant déjà perdu
l'uſage de la parole, il écrivit à-peu-pres ces
phraſes, que M. Cabanis a conſervées, & que ſans
doute il publiera : Tant que l'on a l'eſpoir de
ſauver un malade, qui eſt ſon ami, c'eſt un de
voir de s'en occuper; mais quand il ſouffre plus
qu'un homme qui eſt ſur la roue, il faut lui donner
de l'opium , pour le ſouſtraire à ſes tourmense
Quelques minutes après, il ajouta : Il n'eſt pas
fi §. de mourir; enfin , le dernier mot qu'il
traça , fut : Dormir. — Il tourna la tête , &
rendit le dernier ſoupir. -

· Le dimanche 3 avril, à midi, l'ouverture du


corps a été faite, ſous une tente dreſſée dans le
jardin, en préſence de pluſieurs députés de l'aſſem
blée nationale , de quatre officiers municipaux,
d'un juge, de l'accuſateur public, & du greffier
du tribunal du premier arrondiſſement ; en prc
ſence de plus de trente mcdecins ou chirurgiens,
parmi leſquels on diſtinguoit MM. A. Petit, Vicq
d'Azir & Fourcroy ; les ſix chirurgiens - majors
des diviſions de la garde nationale pariſienne , les
chirurgiens de la cavalerie, & celui de la munici
palité ; en préſence des préſident & commiſſaires
de la ſection de la grange-batelière, de députés des
quarante-ſept autres ſections, de députés envoyés
par le peuple ; enfin, de pluſieurs membres du club
des jacobins, le tout compoſant plus de cent
perſonnes. -

Dans le bas-ventre , on n'a trouvé que des


marques d'inflammation aſſez communes à la ſuite
de maladies aigues, mais dont aucune n'avoit pu
· être la cauſe de la mort. Lans la tête, tout étoit

-- "
- - x- - • 1-r- ---- *
--- •
- -- -- v - --- - +

, 36o J o U R N A L -
dans l'état naturel , excepté un léger épanchement
de matière gélatineuſe entre l'arachuoïde & la pie
mère. La poitrire etoi le véritable ſiege du mal.
On lit dans le procès-verbal :
· « Le péricarde ouvert s'eſt trouvé rempli de
» près de trois dºmi-ſ tiers d'une humeur jaunâtre
& opaque : la ſurface du cœur & la face intcrne
du péricarde étoient recouvertes de concrétions
lymphatiques tres- paiſſes, qui fermoier t adné
rences , entre ces ſurfaces, juſques ſur ſ'origine
des vaiſſeaux : les cavités du cœur contenoient
ſeulement quelques caillots de ſang. Dans la
» cavité gauche de la poitrine , il y avoit epan
chement d'une chopine au moins de fluide rou
:» adhérences
geâtre. Le anciennes.
poumon , du' côté droit , avoit des # •

» D'après les faits rapportés ci-deſſus, les mé


» decins & chirurgiens ſouſſignés, eftiment que
» l'ouverture du #ºdºvº n'offre de cauſe qui pu fſe
/

» être regardée"comme mortelle, que l'état où


» ont été trouvés le péricarde , le cœur & le
D)
diaphragme. »
Le corps & le cœur ont été embaumés ſéparé
ment, en préſence du préſident de la ſection , de
- ſix commiſſaires du comité & du ſecrétaire-greffier.
Le comité a fait imprimer le procès-verbal de
· l'ouverture du corps , & a arrêté « qu'il en ſeroit
• » adreſſé un exemplaire à chacun des directoires
» des départemens & des diſtricts, avec invitation
» d'en donner connoiſſance à tous les bons ci
: » toyens de leur arrondiſſement. »
Le jour même de la mort de Mirabeau ,
M. Hoſten , rue neuve Saint-Georgcs , ne pou
·vant pas prévoir le malheur qui devoit arriver ,
IeCeVOlt

-
º
D E S C L U B S. 361
- recevoit chez lui † de ſes amis, auxquels
il s'étoit propoſé, depuis pluſieurs jours , de donner
à danſer. M. Hoſten eſt un très-honnête citoyen ;
mais la circonſtance fit croire au peuple qu'il fai
ſoit un acte d'ariſtocratie, tandis qu'au fait ce
n'étoit qu'une imprudence. On réſolut d'attaquer
ſa maiſon. Deux commiſſaires de la ſection , avec
le commiſſaire de police, ſe tranſportèrent chez
lui, & lui repréſentèrent le danger qu'il couroit ;
il promit de faire ceſſer la danſe. Les commiſſaires,
en ſortant, voyant aux environs de 1 5o perſonnes
qui approchoient de la maiſon , rentrèrent chez
M. Hoſten ; les muſiciens furent congédiés ſur-le
champ , ainſi que les perſonnes 1éunies chez
M. Hoſten. Les § ſe mêlèrent parmi
le peuple, dont le nombre augmentoit ; & avec
des paroles de paix, ils
foule. · · parvinrent
, à diſſiper la
- X

On a certainement bien fait d'empêcher ces


marques de réjouiſſances dans le moment d'un
deuil public ; on a bien fait de faire fermer les
#
ſpectacles, le ſamedi & le lundi, jour de l'enter
rement. Mais n'étoit-il pas choquant de voir le
même peuple, qui, avec raiſon , empêchoit un bal
articulier, remplir, le ſamedi , le dimanche & le
† les guinguettes voiſines de la maiſon de
Mirabeau, y danſer comme de coutume , & noyer
ſon chagrin dans le vin ? •º

Le lundi 4 , le corps de Mirabeau fut porté de


chez lui à la paroiſſe de Saint-Euſtache , & de-là
à l'ancienne égliſe de Sainte-Genevieve, où on l'a
dépoſé, en attendant qu'il puiſſe être inhumé dans
la nouvelle égliſe, baſilique deſtinée à la ſépulture
des hommes qui ont bien mérité de la patrie ;.
D.
362 J o U R N A L
bonneur qui ne ſera accordé que d'après un décret
de l'aſſemblée nationale. -

Aucune deſcription ne peut donner une idée de


la pompe de ce convoi, accompagné de vingt-cinq
mille perſonnes ; tout s'y trouva , l'aſſemblée na
tionale, le département, la municipalicé, les élec
teurs, les miniſtres, les comités de ſections , la .
garde nationale, au nombre de plus de 18.ooo
hommes, tant de Paris que du reſte du départe
· ment, les maires & officiers municipaux de pluſieurs
municipalités voiſines. Les rues étoient pleines, les
fenêtres toutes garnies, des amphithéâtres chargés
| de monde; on peut évaluer à plus de deux cens
mille, les ſpectateurs qui bordoient le chemin, &
par-tout régnoit l'ordre, le filence & le reſpect.
Une muſique funèbre ajoutoit à l'effet de ce ſpec
tacle. - 4 . , ! ' • i ,

· Le rendez-vous étoit indiqué chez madame de


Monteſſon , voiſine de la maiſon de Mirabeau ; c'eſt
avec la plus grande ſatisfaction que la ſection s'eſt
réunie chez une perſonne qui a comblée ſes pauvres
| de bienfaits ; & dont elle honore les vertus. Tous
ceux qui rempliſſoient le jardin & les appartemens
'étoient en habits de deuil, ce qui fit d'autant plus
remarquer un député, jeune, grand, mince, vêtu
·d'un fraque d'étoffe noire, mais rayée, ayant les
cheveux nattés & retrouſſés en catogan, la tête
couverte d'un chapeau à la mode, & ſon long col,
- d'une groſſe cravatte brodée, Quelques perſonnes
: ont trouvé que ce coſtume n'étoit pas plus décent
que ne l'avoit été la conduite du frère de ce député
envers Mirãbeau. Les extrêmes ſe touchent , a dit
avec raiſon Bufion, il y a des gens qui ne peuvent
·rire de bon cœur ſans verſer des larmes; ici la dou
• •.

::
D E s c t u B s. 363
leur du député dont nous parlons,étoit ſi profonde,
· qu'elle lui donnoit un air riant. . : .
On ſe raſſembla depuis 4 heures ſuivant
juſqu'à 5 quet
l'on commença à défiler dans l'ordre :
Un détachement de cavalerie, un corps de ſa
peurs, de canoniers & de vainqueurs de la baſtille,
une troupe d'invalides, une députation des 6o ba
taillons de l'armée parifienne, précédée de l'état- .
major, à la tête duquel étoit le commandant général,
un corps de cent ſuiſſes du roi & des gardes de la
prévôté de l'hôtel, une partie du clergé, ſuivie des
tambours & de la muſique militaire de la garde na
tionale (I), les membres du comité de la ſection de
Mirabeau, le ſecrétaire greffier , le juge de paix &
M. Cerutti (2); enſuite M. le curé de Saint-Euſ
· tache, accompagné de M. Derniau, faiſant les
' fonctions de commandant du bataillon de Mira
· beau, & d'une autre partie du clergé & des enfans
bleus. La compagnie du centre venoit après, avec le
drapeau du bataillon, orné d'une couronne civique,
& de la cravate que Mirabeau lui avoit donné depuis
environ quinze jours, enfin le corps de Mirabeau
porté par douze ſergens. Sur le cercueil, étoit une
couronne civique & des attributs militaires; les
à

· (1) Sur le boulevard la muſique a été déplacée, &


chargée de marcher au-devant du corps.
(2) Citoyen de la ſection, l'un de fes électeurs, mem
bre du département, connu par ſon patriotiſme autant
que par ſon éloquence, & que la ſection avoit prié
d'exprimer ſes regrets par un diſcours ſur Mirabeau,
dont il étoit redevenu un des plus ſincères admirateurs ,
parce qu'une belle ame ne voit que la patrie , ne s'atr
tachent qu'à ceux qui la ſervent bien.
D 2

-- "
- - - - - " .

-- | --- -- ,
364 J O U R N2 A L
uatre coins du drap mortuaire étoient ſoutenus par
† les députés de la ſénéchauſſée d'Aix; le cœur,
orné d'une couronne de fleurs, étoit porté, à la
ſuite du corps, par M. de Vilette , député à l'aſ
ſemblée nationale; derrière le cœur , marchoit le
deuil de la famille du défunt, enſuite les membres de
l'aſſemblée nationale, avec M. Tronchet ſon préſi
dent; précédés des huiſſiers, & accompagnés d'un
détachement des bataillons des vétérans & des en
fans, puis les membres du département, derrière
eux, ceux de la municipalité confondus avec des
maires & officiers municipaux des environs ; ils
étoient ſuivis par les électeurs, par les juges de tri
bunaux, par les miniſtres du roi, par les députés des
ſections, & par les amis de la conſtitution du club
desjacobins, & une quantité conſidérable decitoyens
en deuil. Le peu d'eſpace pour ordonner le convoi,
avoit néceſſité un peu deconfuſion dans l'ordre dont
nous n'indiquons que la diſpoſition générale; la
marche étoit fermée par un détachement d'infante
rie & de cavalerie; ſur les côtés, il ſe trouvoit un
cordon de ſoldats, à poſte fixe, & pluſieurs autres
rangs qui marchoient ſans armes. Le peuple , dans le
plus grand recueillement , faiſoit lui-même la po
lice, & jamais elle n'a été mieux exercée. -

| Le cortège n'eſt arrivé à Saint-Euſtache qu'à huit


heures. La garde nationale , voulant rendre des
honneurs militaires, il ſe fit à la porte de l'égliſe
pluſieurs décharges d'artillerie & de mouſqueterie ;
mais les ſoldats placés dans l'intérieur, déchargèrent
auſſi leurs fuſils, & ſoit par l'effet de la commo
tion , ſoit par une balle oubliée dans un fuſil , il
ſe détacha une pierre peſant au moins deux livres,
| | | -
- *
D E s C L U B s. 365
qui tomba ſur la tête d'un des ſpectateurs , & le
· bleſſa légèrement au côté du front & à la joue,
M. Cérutti prononça ſon diſcours funèbre, dans
lequel il conſidéra Mirabeau comme ayant influé,
par ſon géniè, ſur la révolution & ſur la conſtitu
tion ; les vifs applaudiſſemens qu'il reçut juſtifièrent
pleinement l'heureux choix qu'avoient fait ſes con
citoyens. - -

En ſortant de Saint-Euſtache les ſergens ne vou


- lurent point ſouffrir que le corps fût placé dans un
corbillard , ils le portèrent à Sainte-Geneviève ,
où l'on n'arriva qu'à plus de onze heures. Un nom
breux cortège continua d'accompagner les reſtes
de Mirabeau, & la foule qui ſe trouvoit ſur le paſ
fage, quoique moins conſidérable , étoit encore
ſurprenante. Le cercueil fut dépoſé à côté de celui
de Soufflot , dans un caveau dont l'ouverture eſt
ſous les arcades du cloître. Cet homme, dont la
réputation remplit le monde entier , dont le nom
paſſera d'âge en âge , & ſurvivra même à celui de
l'empire qu'il aura aidé à régénérer , occupe un
, eſpace étroit, & bientôt ne ſera qu'un peu de
cendre.
Le cœur a été remporté par MM. les députés
d'Aix , accompagnés de M. le curé de Saint-Euſ- .
tache, pour être dépoſé dans la chapelle du marais
à Argenteuil. -

Ces détails ſont longs, mais ils ſont vrais, ils


ſont relatifs à Mirabeau ; ils intéreſſeront non
ſeulement nos lecteurs des divers départemens ,
mais ceux de la capitale , ceux même qui ont été
les témoins d'une partie de ce que nous avons
raconté. - - -
-*

. • • • • - º - . - -- - - -
366 - s oU R N A L" " " "
" "" ••
-*

Inſtallation des nouveaux Curés de Paris ,


le 3 Avril 279 z.
| Au milieu des regrets que cauſoit la perte de
Mirabeau, la municipalité s'occupoit d'aſſurer la
conſtitution, en ſi grande partie ſon ouvrage, en
inſtallant les nouveaux curés de la capitale di
manche. On avoit des craintes , & tout s'eſt
paſſé avec la plus grande tranquillité. Deux petites
anecdotes ſeulement méritent , non pas de fixer
l'attention, mais d'être rapportées. A la paroiſſe
de la Madeleine-de-la-ville-l'évêque , un prêtre,
· qui déſiroit d'être le premier vicaire, & qui n'étoit
que le ſecond , avoit une faction compoſée des
jardiniers du fauxbourg Saint-Honoré , qui le de
mandoient hautement; cela fit un peu de tumtilte
dans l'égliſe; mais la fermeté & la prudence des
ment le municipaux
officiers calme. préſens ramenèrent prompte
- • - -

A Saint-Sulpice, où. l'on étoit menacé de grand


tapage, il n'y eut que des applaudiſſemens & des
bénédictions donnés à l'honnête M. Poiret, ſur
tout lorſque l'un des oſficiers municipaux dit :
« Citoyens , nous vous préſentons le premier des
· » curés du département, élus par le peuple ; ſes
» vertus nous l'ont fait choiſir , ſes vertus vous
| » le feront aimer. » Pendant que le nouveau curé
prenoit poſſeſſion , un étourdi de prêtre, que l'on
a ſu être procureur du collège Mazarin , & doc
teur de forbonne, s'eſt aviſé de trouver tout le
clergé de Saint-Sulpice un tas de ramaſſes &
' d'excommuniés. Ces propos ne plurent pas aux
auditeurs, qui trouvoient la cérémonie de leur goût.

|
-"- -
-

-
-
-
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-
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D E S C L U B S, 367 |
M. le jaſeur fut maltraité; on ne ſait trop ce que -

» lui auroit pu coûter ſon indiſcrétion ; la garde


nationale le ſauva, & le condaiſit au comité de
la ſection du Luxembourg, qui crut à propos de
l'envoyer à l'hôtel de la Force, pour calmer ſon *

intempérie de langue, & lui apprendre à reſpecter


ce que la loi preſcrit, & ce que le peuple veut pour (
obéir à la loi. Une belle dame avoit voulu cauſer
auſſi (cette malheureuſe langue fait bien du mal);
on ſe diſpoſoit à la traiter comme depuis quelqne
quelque tems on ſe met dans l'uſage de traiter
: celles qui ont la rage de caqueter, de médire des • ..
l, , décrets, & de s'y oppoſer par actions ; la jupe |
, alloit ſe lever .... la garde-nationale ſe préſente
encore, & la ſcène indécente n'eut point lieu; la \
· dévote indiſcrète en fut quitte pour réfléchir une
, heure ou deux dans une des ſalles du ſéminaire
, où ſe tient le comité. Ne verra-t-on toujours
qu'une oppoſition indécente aux décrets portés par
· les repréſentans de la nation ? Des inſtigations de
la part de ceux qui ſont acccutnmés à abuſer de
l'arme terrible de la confiance ? Des cailletages
de la part de ces femmelettes qui regrettent le
bon temps des miſtifications religieuſes ? Des noir
ceurs à droites , des préjugés à gauche , & des
ſottiſes de tous côtés ? . - -

Ce n'eſt pas que nous approuvions l'uſage très


gaillard ou l'on ſe met de fuſtiger les femmes ;
· quoique la plupart de celles qui l'ont été l'aient
peut être bien mérité , il n'en eſt pas moins vrai -

que c'eſt un abus révoltant de la force contre \


- la foibleſſe, & que la loi eſt formellement violée. -

Cela nous mène tout naturellement à parler de


: nouvclles gentilleſſes pratiquées par la ſecte anti
conſtitutionnelle cléricale.
-
- -- --- - - --- -

-
368 - J o U R N A L
-

Fédération du clergé féminin.


Des religieuſes non cloîtrées, des ſœurs griſes,
des ſœurs du pot , des Miramiones , des Fran
çoiſes , des Angloiſes , & toute la bande indocile
des porte-guimpes , porte-calots , porte-voiles ,
porte-bandeaux , &c. &c. ſe ſont liguées & fédé
rées pour s'oppoſer à l'exécution des décrets de
l'aſſemblée nationale ; nulle ne veut prêter le ſer
ment exigé de quiconque ſert directement ou indi
rectement à l'inſtruction publique & particulière.
Ces demoiſelles font comme certains de MM. les
profeſſeurs, maîtres de quartiers, &c. Tout ce
monde là (bien à diſtinguer des honnêtes & reſ
pectables inſtituteurs qui ſavent que leurs premiers
devoirs ſont ceux de citoyens ) croit-il donc fer
mement qu'on ne peut pas le balayer ? Et les Jé
ſuites qui étoient d'une toute autre importance,
l'ont bien été, le parlement n'a eu qu'à le vouloir ,
ils ont été diſperſés; que l'aſſemblée nationale ſouffle
ſur cette moinaillerie femelle , elle diſparoit à
l'inſtant.
Sans doute on doit empêcher que des grandes
filles ſoit fouettées devant tout le monde ; mais
que dire au peuple, quand il ſe porte contr'elles
parce qu'il les voit, comme à Saint-Roch, brûler
le catéchiſme & juſqu'aux bancs; quand il les voit
refuſer de faire leur ſervice, comme cela eſt ar- .
rivé à Saint-Nicolas-des-champs ; lorſqu'il a la
preuve que les égliſes des religieuſes ſervent de
réceptables à tout ce que le clergé produit aujour
d'hui de prêtres réfractaires à la loi ; lorſqu'il ſait
que là on confeſſe , on fait communier, & l'on
- * · · · s'aſſembl e

-----=
D E s d L UºB s. 369
s'aſſemble pour chercher les moyens de troubler
l'ordre public ; que lui dire, quand il apprend que
tout-à-coup tous les ſecours donnés aux pauvres
des paroiſſes ont ceſſé , par un accord cr minel ,
& qu'on a l'impudence de lui mentir, en ſoutenant
qu'il n'y a plus de fonds pour ces aumônes ? Que
lui dire , quand il voit un brulot, ci-devant curé
de Saint S.... voulant jouer le ſaint Bernard ,
prêcher une nouvelle croiſade , & fomenter la dif
corde dans tous les ceins de ſon ancienne paroiſſe ?
Il n'y a que la loi qui puiſle lui être oppoſée, elle
parle, il faut bien lui obéir : mais ſi l'on n'arrête
pas tous ces déſordres..... En voilà trcp ſur des
gens qu'il faut réprimer ſévèrement; qu'il faut, en
attendant , couvrir de ridicule & de mépris; mais
qu'il faut ſe garder de rendre importans, en fai
ſant trop d'attention à eux. Hier jeudi le corps
municipal s'eſt occupé de cet objet , il faut eſpérer
*
que: l'arrêté qu'il a pris
· P ' -- aura quelques fuccès.
mrxrEm- : , i . ** • •b.

D'Argenteuil, près Paris. Que des nations ſau :


vages & barbares immolent des victimes humaines
pour honorer la mort de leurs de potes; cela né
doit pas ſurprendre; la cruaute eſt compagne de l'i-.
gnorance, la ſtupidité eſt la ſource de l'eſclavage.
Mais qu'un peuple génereux & ſenſible veuille faire
· précéder de pareils ſacrifices, les obſèques du dé
fenſeur de la liberté, voila ce qu'on a peineàcroire,
voilà pour-tant † eu lieu dimanche dernier à
ArgenteuH. Des écrivains qui font contens :pourvu
ue leurs feuilles ſoient remplies, & qui s'embaraſ
ſentfort peu quee'eſt par des verites ou par de nen
ſonges, ont raconté ce fait"&ºl'ont dénaturé; ſelon
eux une dame fort ariſtocrate avoit reçu chez elle
E
-- ———-- --

3xo #J. o U. R N A, L.
des ariſtocrates fieffés, parmi leſquels ſe trouvoient
des eccléſiaſtiques , & pour ſe réjouir de la mort de
Mirabeau, avoit donné bal ce jour-là, leudemain de
la perte de ce grand homme. Le peuple indigné de
cette indécente-bravade , avoit voulu les punir, &
s'étoit porté à quelques excès bien pardonnables.
Telle eſt l'hiſtoire à l'envers, préſentons-la main
tenant dans ſon vrai ſens, c'eſt-à-dire, apprenons
la vérité. . | | - . : b. -

Madame Hoguet, âgée de 84 ans, femme de


beaucoup d'eſprit, & très-recommandable par ſa
piété, & plus encore par ſa bienfaiſance, eſt con
valeſcente d'une maladie très-grave , pendant la
quelle M. Munier, médecin des invalides,excellent
pºitriote & ſon ami, lui ayoit donné des ſoins. ll
étoit allé la voir dimanche dernier avec des ecclé
· fiaſtiques, non fonctionnaires publics, dont l'un eſt
& mérite d'être membre du club des jacobins , &
l'autre eſt tourmenté de la goutte, A la ſollicitation
de madame Hoguet, M. Munier , il y a quelques
années, prodigue les ſecours de ſon art aux habi
tans d'Argenteuil, dans une épidémie meurtrière
qui affligeoit ce pays . , : , ... : --: . :::: :
| Arrêtons-nous un inſtant, pour jouir du coup
'd'œil d'un bal en réjouillance de la mort de Mira
beaa , entre une convaleſcente de 84 ans, un méde
cin patriote, un prêtre goutteux & un membre du
club des jacobins & entr'eux quatre ſeuls, carper
ſonº# #tre n'étoit dans la maiſon. , , , ,
| Juſqu'à † les cauſes qui ont pu
erci les habitans d'Àrge rºuil ontre une femme
† bonheur qu'à ſoulager
lès malheureux, † comment ont été portés à cet
excès d'ingratitude ceux qu'elle n'a ceſſé d'obliger,
-
D E 's c L'U^B's. - 37r
Les voici ces cauſes : 1°, Madame Hoguet a donné
aſile à un prêtre qui a refuſé de prêter le ſerment ;
& dès-lors elle a été déclarée ariſlocrate. 2º. Ce
même jour, dimanche 3 avril, un vicaire qui avoit
prêté ſon ſerment venoit ſe rétracter en chaire, il
avoit couru les plus grands riſques de perdre la
vie, & il ne l'avoit conſervé que par le zèle & là
fermeté du maire d'Argenteuil qui , pour le ſouſ
' traire au peuple en fureur, l'avoit fait enlever par la
garde nationale, & l'avoit conduit lui-même à Saint
Germain, chef lieu du diſtrict. 3°. Mirebeau, ſi
cher à la nation en général , étoir, s'il eſt poſſible ,
plus particulièrement chéri des habitansd'Af genteuil,
où il faiſoit beaucoup travailler. Mirabeau ètoit
mort la veille, & quelques † rs publiés avoient V.

annoncé qu il avoit été empoiſonné par les àriſto


crates, & ſur-tout par les calotins, , ,
: Il en falloit fneins que cela pour délierles lan
gues, afrivent deux abbés chez une ferfifhe-fè
connue ariſtocrate, les propos courent les fues ,
ils ſe groſſiſſent en route, les pelotons ſè for
ment, les grouppes deviennent nombreux , les
· motions ſe ſuccèdent, vers cînq heures la maifoh
de Me. Hoquet eſt aſſiégée , des invectives ſe font
entendre , des cris de ºrage frappent les oreilles
de tous côtés ;-on ne parle-que-de corde, de
gibet , de lanternè ; on demande les têtes des pré
tendus ariſtocrates qui ſont dans la maiſon. Le
médecin & l'un des eccléſiaſtiques ſe mohtrent ſur
une terraſſe, ils eſſuyent une grêle de pierres,
les : carreaux des croiſées -ſont briſés ; Mé, Ho
quet, tranquille comme le ſont les honnêtes gens
qui n'ont rien à ſe reprocher , raſſure ſes do
meſtiques ;- les trois hommes que l'on vouloit fi
· · - E 2.
372 .2 J OuU 1 R , N A L q
injuſtement immoleriaux mânes de Mirabean, ſe
ſauvent chacun de leur côté,: ils ſe réuniſſent a
St-Denis, ils y réclament la force publique qui ſe
rend ſur-le-champ à Argenteuil , & le calme ſe
rétablit, parce qu'il faut toujours finir par-là.
De pareils égaremens font gemir, Citoyens
d'Argenteuil , ſi Mirabeau , que vous prétendiez
venger - pouvoit au gre de toute la France ſortir
. de la tombe, & qu'il parut all milieu · de vous, '
· pourriez vous ſoutenir ſes regards : pourriez-vous
ſupporter ſes reproches ? Quoi vous ayiez ſouvent
le bonheur de le poſſ der vivant ; quoi cet homme
dont le nom eſt devenu immortel, avoit marqué
chez vous ſa ſepulture, & vous reſpectez auſſi peu
ſa mémoire , & ſur des calomnies attroces vous
voulez ôter la vie à d'honnêtes citoyens , à des
hommes qui ont mêlé leurs regrets à ceux du reſte
des françois ! Connoiſſez-vous ceux contre leſquels
vous vous laiſſiez emporter à la, fureur ?- Savez
vous qu'ils ont des vertus que vous devez hono
rer. Qui de vous ne mourroit point de honte &
de douleur d'avoir cauſé la mort de votre bien
faitrice, ou de l'avoir donné à celui qui a arra
ché au trépas votre pere, votre épouſe, votre fils,
ou peut être vous même !o! , , • ';

- De Nancy,ile premier avril. Le directoire du


département de la Meurthe vient de prendre un
arrêté, tendant à réprimer les inſinuations, décla
mations & raiſonnemensiinſidieux, par lequel des
-eccléſiaſtiques , fonctionnaires publics , cherchent
à ébranler l'attachement des peuples à la paix. Il
-vient d'intimer, de la manière la plus ſérieuſe, à
:tout eccléſiaſtique , fonctionnaire public, l'obliga
& -
'

D E s c L U B s. . 373
tion de s'abſtenir de prêcher aucunes maximes op
poſées à la conſtitution de l'état , ſous pêine, pour
les contrevenans , d'être pourſuivis comme per- )
turbateurs de l'ordre. · .

- Le tribunal du diſtrict vient de ſupprimer une - .

brochure, contenant des principes anti-conſtitu


tiennels , & diétée par cet eſprit de rébellion, qu'on
remarque dans ces , oi-diſans zélateurs de la re
ligion. / \

* - • • , • » -

º Mºunicipalité de Paris.
Le premier avril, les tribunaux criminels pro
viſoires ont été inſtallés ; M. le maire & le préſi
dent de chaque tribunal ont prononcé des diſcours !
relatifs à cette cérémonie. On y voit retracés tous
· les ſentimens d'amour de la patrie , & d'attache
| ment à la ' conſtitution , qui ont mérité à ces
fonctionnaires publics le choix dont ils ont été
i honorés par leurs concitoyens. . -

Le 5 avril , à l'ouverture de la ſéance du con


, feil-général, le préſident (M. Andel) fait lecture
d'une lettre de M. le maire, conçue en ces termes :
« Meſſieurs , l'aſſemblée nationale & la ville de
Paris onr rendu à M. Mirabeau les honneurs
funèbres. Sa cendre ſera dépoſée dans la Baſilique
deſtinée aux grands hommes, & elle y ſera placée
la première.. Cette reconnoiſſance publique eſt un
devoir de la patrie, elle eſt en même-temps la
· politique d'un pays où l'on veut former des hom
mes ; une des diſtinctions durables & publiques
que l'on peut rcndre à l'homme qui a ſi bien ſervi
la conftitution françoiſe , ſeroit de donner ſon
nom à la rue où il a habité & où nous l'avons
--
\ *
3"4 J O U R N A L
perdu , on ſe rappellera toujours qu'il a vécu :
la tradition y conſervera ſon nom ; il me paroît
honorable pour la municipalité de l'y fixer. J'ai,
· en conſéquence, l'honneur de propoſer au conſeil
général d'arrêter que la Chauſſée-d'Antin ſera ap
ºellee déſormais la rue de Mirabeau, & qu'une
inſcription conforme y ſera ſur-le-champ appoſée.
Je ſuis avec reſpect, MM. »
Le conſeil-général, délibérant ſur la propoſition
de M. le maire , y a généralement applaudi, &,
d'une voix unanime , a arrêté que la rue de la
Chauſſée-d'Antin fera déſormais appellée la rue
de Mirabeau, & qu'il y ſera ſur-le-champ appoſé
inſcription conforme, & charge le corps municipal
de tenir la main à l'exécution du préſent arrêté,
qui ſera imprimé, affiché & renvoyé aux 48 co - ' " *
mité des ſections. , , º - •. --

· Pénétré du même eſprit qui avoit diété la lettre


de M. le maire , M. l'abbé Drene , membre du
conſeil général, a demandé la parole, & s'eſt ex
primé en ces termes : « Meſſieurs, j'ai l'honneur
de propoſer au conſeil général de payer un autre
tribut de reconnoiſlance aux mânes , de l'hommie
célèbre que les François pleurent aujourd'hui. ,
Il eſt le premier qui ait oſé porter les coups
les plus terribles at deſpotiſme pour nous ouvrir
un chemin à la liberté, que l'expreſſion de nós
regrets réponde donc à l'importance des ſervices
qu'il à rendus à ſes concitoyens. . , 2 , ,
-» Pour lui conſacrer l'hommage de notre ſou
l · venir, je propoſe au conſeil de faire occuper au
iplutôt le piédeſtal qui eſt ici vacant, par le buſte
, de M. de Mirabeau, avec cette inſcription : A
2l'homme qui a bien mérité deſſit patrie. .. :
D E s c L U B s. 375
: » S'il arrivoit que nous perdiſſions conrage pour
maintenir notre liberté, nous jetterons les yeux
ſur le portrait de ce grand homme, il nous rap
| pellera ce qu'il a fait pour nous la procurer. » .
, Le conſeil-général a accueilli, avec le plus vif
empreſlement, une propoſition qui étoit dans le
cœur de tous ſes membres ; il a unanimement
arrêté qu'un buſte de marbre ſeroit placé dans la
ſalle ordinaire des ſéances du conſeil-générai, &
qu'au bas du- buſte
rabeau. - º .
ſeroit gravé le nom de Mi - # i * º #

- Le conſeil-général renvoie au corps municipal


pour l'exécution du préſent arrêté, qui ſera envoyé
aux 48 ſections. . - i - . ' "
- On a enſuite introduit les cinq miniſtres du
roi auprès des puiſſances étrangères, qui ſe pré
ſentoient pour prêter le ſerment civique. Ceux ci
étoient : - - : | | -• • -
·
• •

· M. Louis de Ségur, ambaſſadeur extraordinaire


à Rome : - · · · · e · · ·
·nipotentiaire
M. Réné-Euſtache d'ofmond , miniſtre plé
près Sa Maj de rimpératrice de
| Ruſſie : ' c #iº - º · º· · · i · · · · · · · ·

M. Eliſabeth-Pierre Monteſquiou miniſtre ple ")

· nipotentiaire près l'électeur de Saxe : °


· M. Frédéric de Gouvernet, près les Etats-géné - - -

raux des Provinces - Unies : º º º `


Et M.deGuillaume
évêque Liège.ºBonne-Carrere,
· · · · · · | près
| le ·prince
· i .

| Ils ont † le ſerment, avec les pro


· teſtations de l'attachement le plus ſincère, & du
dévouement le plus abſolu à la , •
nouvelle conſti
tmtion. .. » . ?» : .* ' • • ••
* . ' .'
- Le conſeil général a enſuite reçu le ſerment
l . #
*3: sait ! ::
376 J O U R N A L
des profeſſeurs, maîtres de penſions, infituteurs
& autres individus chaigés de l'initruction pu- ..
blique.
–•mmpºm--

Réſiiltat des travaux de l'ajen.blée nationale, dit


premier
•-
au 7 avril. - - } ·r . |

Une diſcuſſion ſolemnelle ſur les fucccfſions. ſur


les diſpoſitions teſtanentaires, a occupe l' Iiem
blée pendant pluſieurs ſeances conlecut ves. M. l'é
véque d'Autun a lu iur ce ſujet les dernières idées
de M. Mirabeau. Cet éerit le repréſentoit lui
même ; on y a retrouvé la profondeur de les vues,
la ſagacité de ſes raifennemens , l'aſſemblée a or
donné l'impreſſion de ce diſcours, comme une der
nière preuve de ſon eſtime pour ce grand homme.
Elle a rendu , à l'occaſion de la perte de ce
père , de cet apôtre de la liberté, 'un decret qui
fixe les honneurs à accorder à tous les grands
hommes qui ont bien mérité de la patrie, & a
décrété, en même-temps , qu'Honoré-Riquetti
Mirabeau a mérité les honneurs qui ſeroit dé
cernés par la nation aux hommes qui l'auront :
t/ bien ſervie. .. · · · · · , · · ·
L'aſſemblée s'eſt occupée de la reſponſabilité des
miniſtres, & a rendu pluſieurs décrets qui déter
minent les délits dont ils peuvent être coupables
Elle a rendu un décret qui porte que les mt -
bres du corps légiſlatif, ceux du tribunal , e
caſſation , & les hauts-jurés , ne pourront êt e
, nommés au miniſtère que quatre ans après avoir
rempli leurs forétions. . · ... : º
* - º - • -- - - ' '
"» '
Quant aux affaires particulières, elle a entendu,
· ſur les réclamations de la ci-devant aſlemblee co
- - - - | . , loniale

D E S C L U B S. 377
loniale de Saint-Domingue , M. Linguet qui a
prononcé à la barre , en faveur de cette aſſemblée,
un diſcours dans lequel le comité colonial eſt
accuſé d'avoir ſouſtrait des pièces de cette cauſe.
, L'aſſemblée a rénvoyé les demandes des péti
tionnaires aux comités réunis de conſtitution , de,
marine, d'agriculture , de commerce & des co
lonies. ) : .. .
Nous remarquerons encore parmi les décrets,
particuliers , celui qui porte que le cardinal dé
Rohan , comme prévenu du crime de haute tra
hiſon , ſera arrêté & traduit dans les priſons
d'Orléans. - -

- - i .

#
-
-
-
' ,
· · · · P R O J E T , •» ,
D'une loi conſtitutionnelle, ſur t'appel en. juge
, , ment de la mémoire des hommes publics.
Dans le denil où la mort de Mirabeau a plongé
les admirateurs des grands talens, & les ennemis
du deſpotiſme & de l'anarchie , c'eſt au moins une
conſolation que de voir ce cruel événement adouci
par une belle inſtitution , capable d'honorer &
d'affermir la conſtitution françoiſe , par le décret
qui décerne un monument public aux grands
hommes qui ont bien mérité de la patrie. ) | |
Ce décret cependant eſt incomplet : il n'eſt, en | .
quelque ſorte , que la première partie de celui que $
doit rendre l'aſſemblée nationale ſur cet objet.
En effet, ſi c'eſt aſſez pour acquitter la dette de
la patrie envers les hommes doués d'un génie
bienfaiſant , s'il ſuffit de l'eſpérance *g -
378 J o U R N A L ' T
honneurs , pour enflammer & ſoutenir le patrio
tiſme des bons eitoyens , il faut une inſtitution
d'une autre eſpèce pour ces hommes inſenſibles à
la gloire, qui ſont, pendant leur vie, les fléaux
de leurs concitoyens , & ſe conſolent de la haine
qu'ils méritent, par l'eſpérance de voir, après leur
mort, leurs forfaits bientôt oublies , lorſqu'ils
auront été remplacés par d'auſſi grands ſcélérats
\ qu'eux. -

· Il faut, à l'exemple des premiers égyptiens,


. .

pourſuivre la mémoire de ces infâmes , il faut


éterniſer la haine de la patrie pour les grands cri
minels; il faut épouvanter leurs imitateurs , en
oppoſant un monument d'exécration à un monu
ment de reconnoiſſance. -
Je propoſerois , à cet effet, d'élever, ſur l'em
· placement d'une des parties lattérales du nouvel
édifice de Sainte - Genevieve , un bâtiment (1) ;
dont l'architecture annonça un ANTRE plutôt qu'un
· TEMPLE ; on graveroit, ſur le fronton , ces mots :
: , -- LES ENNEMIS DE LA PATRIE •
- , DÉVoUÉS A SA VENGEANCE. - *

L'intérieure de CET ANTRE'renfermeroit des fi


| / - - "• -

gures allégoriques , qui exprimeroient , avec


- -
-
-
- - -

- -

1 ) Une partie des matériaux provenant de la dé


molition des murs & des bâtimens de la nouvelle clô
ture de Paris, ponrroit être employée à la conſtruction
de cet édifice, & l'autre partie vendue ſur les enchè
res publiques, formeroit un produit qui pourroit être
verſe dans une caiſſe particulière, ſous la ſurveillance
du département de Paris, qui employeroit les fonds à
des frais d'établiſſémens nationaux dans la capitale. .

--=-=- ' =-=


D E s G L U B S. 379
énergie , les crimes commis : les épitaphes en
expliqueroient le ſens, & indiqueroient les per
0! ſonnages qui en ſeroient l'objet. On y verroit : *
Là, des miniſtres diſſipateurs des deniers publics;
|! Ici, des généraux d'armées, déſerteurs de leur
# poſte, à la tête des ennemis de la patrie ;
# A coté , des négociateurs perfides , trahiſſant
les intérêts de l'état ; . . º

| Plus loin, des orateurs revêtus d'un caractère


public : les uns ſervilement attachés à la cauſe du
deſpotiſme, les autres préconiſant, en hypocrites,
le règne de l'anarchie ; · . '.
· Là bas, les miniſtres d'une religion de paix
& d'égalité, prêchant le fanatiſme & la déſo
béiſſance aux loix ; - |
On y verroit enfin ces écrivains , dont la
plume auroit été conſtamment proſtituée à la cor
ruption de la raiſon univerſelle, & des mœurs
publiques. » . .
| Pour empêcher que ces places déshonorantes ne
fuſſent aſſignées par l'effet des vengeances parti
culières , ce qui dénatureroit le but moral d'une
ſemblable inſtitution, il ſeroit indiſpenſable de
procéder , ſuivant des formes impoſantes & reli
gieuſes, au jugement de la mémoire des hommes
dont la vie auroit été employée à machiner, ou
à effectuer de grands malheurs publics. . :

Les diſpoſitions relatives à cet objet , devroient


faire partie d'un décret conſtitutionnel ſur l'appel
en jugement de la mémoire des hommes publics.
, Le titre premier de ce décret ſeroit relatif
aux honneurs à rcndre aux grands hommes (1).
- ( 1 ) Le décret du 4 Avril formeroit ce titre pre
mier , avec quelques changemens, pour l'adapter à la
i
-

-
F 2
º
l
|

| ---
38o J o U R N A L
Le titre ſecond concerneroit la note d'infamie
à imprimer à la mémoire de certains hommes
| publics ; ce ſecond titre pourroit préſenter, ou
à-peu-près, les diſpoſitions ſuivantes.
T I T R E I I.
• • -

Des ennemis de la patrie.. .


A R T I C L E P R E M I E R.

La mémoire de tous les hommes qui auront ſuivi


une carrière publique, ſera dans le cas d'êrre ap
pelée en jugement devant le corps légiſlatif, pour
des délits majeurs commis contre la patrie, à dater
de l'époque de la liberté françoiſe. .
II. Nul, autre qu'un membre du corps légiſlatif,
ne pourra ſe porter dénonciareur de la mémoire
d'un homme public , dans l'aſſemblée du corps
légiſlatif. · · · · · · · -

III. L'appel en jugement de la mémoire d'un


homme public ne pourra être formé que devant
la légiſlature qui ſuivra celle pendant laquelle ſera
décédé tel homme public. .
· IV. Le membre de la légiſlature qui ſe chargera
de dénoncer la mémoire de l'homme public, ſera
tenu d'expoſer ſur-le-champ les motifs ſur leſquels
il fonde ſon appel en jugcment. |

V. Sur cet expoſé, le corps légiſlatif décidera


dans la même ſéance, s'il y a lieu ou non à juger
la mémoire d'un tel homme public. -

VI. Dans le cas où le corps légiſlatif décidera


qu'il n'y a pas lieu à juger la mémoire de tel .
loi générale & conſtitutionelle ſur L'APPEL EN JUGE
MENT PE LA MÉMoIRE DEs HoMMEs PUELIçs. :
- # 1 , -
P E s C L U B s. 38r
homme public, l'appel en jugement ſera rejetté,
· ſans qu'il puiſſe être jamais renouvellé.
VII. Si le corps légiſlatif déclare l'appel en
jugement fondé, il ajournera à un mois , comme
délai préparatoire, la diſcuſſion des faits relatifs à
tel homme public. -

· VIII. Ce délai expiré, tous les membres de la


légiſlature pourront ſe porter défenſeurs ou dénon
ciateurs de la mémoire de l'homme public appelé
81A †
X. Lorſque la diſcuſſion aura été fermée, il
ſera procédé par appel nominal, ſur la queſtion de
ſavoir, ſi la mémoire de tel homme public ſera
dévouée à l'infamie ou non.
X. Tous les hommes publics qui auront été con
damnés par la haute cour nationale, comme cri
minels de lèze-nation, ſeront de droit, après leur
mort, voués à l'infamie.
XI. Au commencement de chaque légiſlature ,
deux membres de la haute cour nationale préſente
ront à l'aſſemblée la liſte des hommes publics con- .
damnés pour crime de lèze-nation , & qui ſeroient
décédés dans l'intervalle d'une légiſlature à l'autre,
& il ſera , ſur cette préſentation, rendu un décret
d'annotation d'infamie. -

XII. Les délits, ſoit matériels, ſoit moraux ,


commis envers la patrie, par des hommes publics
dont la mémoire aura été vouée à l'infamie, ſeront
énoncés dans le préambule du décret rendu à cet
effet, ſoit qu'ils aient été appelés en jugement de
vant le corps légiſlatif, ſoit qu'ils aient été con
damnés par la haute cour nationale.
XIII. Il ſera conſtruit ſur l'emplacement d'une
des parties latérales du nouvel édifice appelé ci
382 J o U R N A L
devant de Sainte-Geneviève (I), un bâtiment au
faîte duquel on inſcrira ces mots : antre de l'infa
mie ; & plus bas, ſur le fronton , ſe trouveront
ceux-ci : les ennemis de la patre dévoués à ſa
vengeance. Cet édifice contraflera avec celui qui
portera cette inſcription : temple de la gloire ; &
plus bas : aux grands hommes, la patrie recon
noiſſante. -

XIV. Chaque fois qu'il aura été rendu , par le


corps légiſlatif, un décret pour vouer à l'infarnie
la mémoire d'un homme public , il ſera accordé
une ſomme de 3oo liv. pour prix, à celui des ar
tiſtes qui préſentera le meilleur projet de monu
ment pour perpétuer avec les § les plus
vraies & les plus énergiques , le genre de délit
commis envers la patrie, par l'homme public dont
la mémoire aura été vouée à l'infamie. -,

XV. La mémoire de tous les hommes publics


dévoués à l'infamie, ſera gardée au moyen d'un
monument particulier à chacun d'eux , qui
ſera placé dans l'intérieur de l'édifice à ce deſtiné ;
& l'inauguration de chaque monument ſera faire
ſuivant le mode de cérémonie qui fera déterminé
par le directoire du département de Paris. - "

XVI. Les projets, les modèles & tous les plans


relatifs à la conſtruction de l'antre de l irfamie ,
ſeront arrêté par le directoire du département de
Paris , & leur exécution lui ſera définitivement
confiée, après que l'aſſemblée nationale aura ap
• 1 ,

-- - ' -
º *

1 ) Cette dénomination doit être changée d'après


la nouvelle deſtination de ce monument, ainſi qu'o
le verra ci-après. - . : . : -
D E s G L U B s. · 383
prouvé le tout, & fixé les ſommes à employer à
cette dépenſe. -

· Un tel monument qui pourſuivroit à perpétuité


la mémoire des factieux de tous les partis , ne
ſeroit-il pas un hécatombe digne de la cendre de
Mirabeau ? Cette inſtitution ne ſeroit-elle pas me
naçante dans ce moment où tant de malfaiteurs
méditent le bouleverſement de la patrie ? Mais
dans tous les tems , ce ſeroit un grand & ntile
ſpectacle que de voir plaider au milieu de l'aſ
ſemblée nationale, pour ou contre les forfaits com
mis par une certaine claſſe d'hommes. Quel iné
puiſable ſujet d'éloquence ! Quels moyens plus
puiſſans de perpétuer l'amour de la liberte ! Quel
ardent véhicule pour les mœurs publiques que cette
cenſure nationale exercée à la face de toute l'Eu
rope ! Quel mode terrible de reſponſabilité ! On
verroit diſparoître pour jamais, s'ennoblir même
ces vengeances populaires ſi ſouvent exercées ſur
les mânes des hommes publics échappés à la juſte
ſévérité des loix. La plus grande imprécation con
tre tout nouveau citoyen , deviendroit celle-ci :
A L'ANTRE DE L'INFAMIE. Oui ! la France doit
retirer de cette inſrition les effets les plus ſigna
lés. Il me ſemble déjà appercevoir la jeuneſſe ſtu
dieuſe, aborder avec un ſaint reſpect la place
publique entourée de deux monumens. Je vois
cette jeuneſſe s'acheminant vers un troiſième édi
fice ( 1 ) , jetter un regard d'admiration ſur le

| ( 1 ) Les écoles de droit conſtruites depuis long-º


tems fur l'autre partie latérale du nouvel édifice de ſainte
Geneviève. a
| -•• - •-
-

: e , • -- • : • •
-

384 | J o U R N A L
' # DE LA GLoIRE, friſſonner à l'aſpea de
I'AFT E DE L'INFAMIE : & l'imagination frap
pées d'impreſſions ſalutaires cette claſſe précieuſe,
l'eſpérance de la patrie, ſe Précipite vers les por
tiques de L'ÉcoLÉ DEs Loix, où elle va puiſer
les premiers élémens de notre droit public, l'ou
Vrage des grands hommes dont elle vient de lire
l'apothéoſe, & le déſeſpoir des mauvais citoyens
dont elle redoute le châtiment.
Signé A. .. .. l'un de vos abonnés
• * : r -

| Nota. Nous avons conſidéré Mirabeau ſous de


points de vue généraux, & à l'époque de ſa mort ;
au prochain numéro, nous entrerons dans lexa
men des titres qui lui aſſurent la reconnoiſſance de
la nation. · •
| -,
• -

· JoURNAL DEs LABoUREURs.


Si le langage ſimple mais inſtructif de ce jour
nal, permet peu à l'auteur de ſe faire remarquer l'é
légance de la diction, le but qu'il ſe propoſe, ne ſui
promet pas moins un ſuccès complet. Les amis de
la conſtitution.s'empreſſeront, nous n'en doutons
pas, de le faire connoître à la claſſe utile, à laquelle
il eſt conſacré. -

-=-•

De l'ImprimerieFavart
de L., PoTIER
N°. 5.
DE LILLE, rue ' • !
- sº
| J O U RNAL
D Es CLUBS

sociÉTÉs DPATRIOTIQUEs,
É D I É | •

. · º, | Aux Amis de la Constitution , Membres


! . | des différens Clubs Français.
| Par Mir J. J. Le Roux et Jos. citanov, |
Officiers Municipaux , et D. M. REA oL ,
ci-devant Professeur de l'Oratoire. #

•2 — \ ^

'
|: Videte
º s .
ne
.
quid
-\
respublica detrimenti capiat.
-, · -

s E c o V p ro L U M E.
· Nº. XX I I.
s TTTT7
|
- · Du
· A
s
7- au , 14 Aoril | | · 3 º . | - - ,
-

· M. CHABROUD, Président de l'Assemblée Nationale .


·
|| ,
A , >
PA R I S,
· Au Bnreau du Journal
" ! |
. Montmartre, n°. 6. . . . -

| L'A N s E coN D D E LA L 1 B E R T É. -

- | De l'Imprimerie du Journal des Clubs, rue Bouibon


· Villeneuve, n". 21, ".
j o u R N A L
DES CLUB S
O U

SOCIÉTÉS PATRIOTIQUES.
No. X X I I.

Détails du 7 au 14 Avril.

C L U B S.
DE LANGON, le 26 Mars
Les amis de la constitution nous font passer
la suite des réponses de M. Cambremer, à cette
question des détracteurs de la révolution, QU'oNT
FAIT LES ÉTATS GÉNÉRAUX. L'auteur y fait voir
d'une manière piquante , le ridicule à, préjugé
de la noblesse. il s'exprime ainsi : -

Un privilège au moins anti-naturel, élevoit dans


l'empire, une classe d'hommes au-dessus des au
tres classes de la société, et cet établissement gi
†, était devenu un droit d'hérédité pour
es générations qui se succédaient. Le temps dé
compose tout.La dureté du marbre ne résiste†
à ses influences, mais le gentil-homme sans doute
d'une matière plus compacte que cette † cal
caire , prétendait se soustraire à cette oi impé
-

G
386 D E S C L U B S

rieuse de la fatalité. Des siècles accumulés alté- |

: roient nécessairement dans la nature entière, ses


productions les plus durables : bientôt elles n'oſ- -

fraient plus que le spectacle hideux de la cadu


- cité, bientôt elles cessaient d'éxister, mais l'in
: dividu qualifié prètendait au contraire que la vé
, tusté la plus gothique, devait ajouter à son illus
tration. Chargeant la terre d'un fardeau inutile ,
* le miroir de son orgueil était cependant pour lui
la fontaine de Narcisse, et si Adam nous a mal
heureusement , transmis le péché originel ,
l'auteur du noble, suivant l'ancien et ridicule pré
jugé, lui avait assuré, malgré la fragilité du sêxe
et ses gouts dérogeans, plus de considération que
les vertus du premier ne lui en avaient procuré à
lui même, en supposant qu'il eût obtenu sa place
dans le nobiliaire, pour avoir été vertueux.
Un être vicieux, et le fléau de ses concitoyens,
un automate à charge à sa patrie, s'ils pouvaient |

éxercer la plume du garde-note, à buriner sur le


parchemin, les qualifications de MoNSEIGNEUR, |

de MEssIRE, de CH. etc. etc. , etc. étaient des ,


demi dieux pour le reste des hommes....... Un
aveugle-né qui proposerait cet argument : mon
trisayeul avait des yeux de linx, ma filiation est
incontestable, donc j'y vois clair : n'offrirait pour
une conséquence plus étrange. Cependant nous
avons encensé pendant nombre de siècles, ces ido
les fantastiques, et si† chose peut justifier
cette longue et étonnante fascination, c'est cette
remarque de M. de Fontenelle : « qu'une folie pas
sée, § rarement sur une folie présente» .....
Il est enfin tombé ce charme imposteur, la main |
généreuse et intrépide de l'Assemblée Nationale,
Jo U R N A L 38y
a déchiré le bandeau que les générations passées n'a
· vaient pas même osé soulever.
Nous avons vu, MM., disparaître ces naims,
qui se croyaient des colosses, et leur chûte est un
triomphe pour l'humanité, pour la philosophie
qui en a si généreusement soutenu les droits sa
crés et imprescriptibles. ·
, L'attrait de ces grandeurs usurpées, faisait né
cessairement languir les institutions les plus uti
les ; le fils du négociant dédaignait le commerce
qui avait enrichi son pere, et contribué à la
prospérité de sa patrie, et bientôt un vain titre
consacrait sa nullité, c'est ainsi que le ver labo
rieux se métamorphose en chrysalide ; mais cet
insecte ne s'endort qu'après avoir rempli sa
tâche. - -

| Tous les arts étaient altérés par cette pompe


aspirante de la vanité ; les arts utiles étaient dé
daignés par la noblesse indigente, à qui ils au
raient offert des moyens honnêtes de subsister.
Elle se devait d'ailleurs au bien de l'Etat, ce de
voir est inherant à tout pacte social, et néan
moins l'empire était surchargé du poids de son
IIlaCtIOn. - -

| » Une grande naissance ( pardonnez-moi MM.


ce terme insignifiant ) donnait un droit presque
exclusif aux premières dignités du royaume, aux
[! premiers emplois. Nous avons vu les plus émi
llS nentes vertus, les plus grands talens rehausser en
core cette prédestination ; mais nous avons vu
et aussi les premiers grades militaires, les négocia
tº tions les † importantes, les postes qui éxigeaienº
a$ le plus de génie et d'expérience, confiés à l'inca"
#
pacité, tandis que dans la masse, trop #º
l]
|,
E -- 2 -- "TT TT -

A 388 DES CL U Bs

| avilie des citoyens, il y avait une multitude


d'hommes de mérite destinés à demeurer dans
l'oubli, lorsqu'on aurait pû les employer avec le
plus grand succès. De là, les fautes qui ont si sou
vent exposé le sort de l'empire, de là les cala
mités qui en ont si souvent oppressé les su
Jets. . - -

Les détracteurs de notre sublime révolution ,


croyent la déprimer en disant qu'aucun gouver
nement n'a pû en donner le modèle ; ce qui est
le dernier degré de sa perfectibilité, ce qui l'éleve
au plus haut point de gloire où les établissemens
humains puissent atteindre , est pour eux une
occasion de censure.Ils citent la constitutionanglai
se qui n'a point exclu la noblesse héréditaire ; mais
doit-on sérieusement leur répondre, ou plutôt ,
pour trancher surtoutes leurs vaines déclamations,
cette réponse ne suffit-elle pas :
- S. Roma tueris , romano vivito mor°.
- DE VA L o GNE s le 5 Avril.
| Depuis long-tems les sociétés de Cherbourg et
de † d'esprit et de cœur, marchoient
d'un pas égal vers le même but; plusieurs fois elles
avaient de concert combattu les ennemis de la pa- (!

trie et de la paix par les armes du ridicule et de la


raison;plusieurs fois ellesavaient cherché à rappeller
le calme et à ranimer l'éxercice des vertus civiques '
dans les campagnes des deux districts , par des |
adresses qui respiroient l'amour de la paix et de
l'humanité et les lettres d'un grand nombre de
municipalit'és en applaudissant à la pureté de leurs.
intentions, à la vivacité de leurs patriotisme, les
avoient assurées d'un succès flatteur pour elles ,
et honorable pour ceux qui en étaient l'objet.
J o U R NA L 386
Une députation du club de cherbourg venait
tout réceniment de jurer au club de Valognes ,
une amitié inviolable et lui promettre appui et
secours au premier signal; sans-doute l'union était
entièrement consommée, rien ne manquoit à sa
perfection, rien ne pouvait l'entamer; déjà le club
de Valognes avait consacré cette scène attendris
sante en votant unanimement sa publicité; déjà
une séparation indispensable faisoit couler les lar- .
mes, lorsque par un élan sublime parti de tous
les cœurs et prononcé par toutes les bouches, les
deux sociétés confondues jurent de n'en faire
plus qu'une et de rendre l'être suprême témoin
et dépositaire de ce serment solemnel. -

La divinité qui veille aux destinées du premier


· empire chrétien, venait de rendre aux vœux de
tous les bons français un roi adoré, le restaurateur
de leur liberté, le chef de la constitution; c'est
dans cet instant que se consomme l'accord des
vertus civiques et religieuses; c'est cette circons
tance touchante, que saisissent avidement les
deux sociétés pour rendre leurs concitoyens té
moins de leur réligion, de leur amour pour le
| roi et de l'indissolubilité du lien qui venoit de
les unir; le patriotisme et l'amitié avaient ordonné
cette fête , et la réligion la fixa au dimanche 27
mars, jour destiné au repos et consacré à la re
COI]IlOlSS3lIlC6". • -

L'aurore éclaira enfin ce jour attendu avecim


patience : un empressement uniſorme porta la so
ciété de Valognes sur la route de Cherbourg; la
sérénitè brilloit sur tous les visages et la joie in
térieure que tous ressentaient, se | peignait sur
leurs trait ; quelques voitures vuides, un petit

-- 9-2 D E S C L U E S

nuage à l'horison, furent le signal d'un attendris


sement général ; quelques larmes coulèrent, elles
furent l'avant-coureur de celles qu'on répandit au
moment de la réunion, alors les cris D'UNIoN ,
FoRcE et AMITIÉ, furent répétés par-tout ; douce
sensibilité! heureuse harmonie ! Non , l'ennemi
de la patrie et de la paix, n'en sentit jamais le
prix, n'en connut jamais le mérite, et ne sçut ja
mais en apprécier les avantages. » .
Les amis de la constitution entrent ici dans les
détails de la fête patriotique qu'ils ont célébrée ;
gaieté touchante, délire enchanteur, enthousiasme
du patriotisme, émotions de la fraternité, allé
gresse commune à tous les citoyens, tels sont les
caractères de la description intéressante que nous
a communiquée la société de Valognes. Elle ter
mine ainsi : « enfin toutes les jouissances du sen
timent étant èpuisées , on s'embrasse , on se
qnitte en pleurant, et on ne se console que dans
l'espérance prochaine de répéter la même fête à
Cherbourg » -

« Le 6 avril, dit encore la même société, des


députations des gardes nationales des districts de
Cherbourget Valognes, venaient d'assister à l'ins
tallation de l'Evêque de la Manche, s'unissent de
nouveau avec les amis de la constitution ; un ban
quet civique proposé par la municipalité, cimente
de plus en plus une si digne union. La mort de
Mirabeau apprise ce jour là frappe tout le monde,
et par un accord unanime on convient d'en por
ter extérieurement le deuil pendant huit jours ,
on prend aussi l'engagement de se rendre à Cher
bourg le lundi 11 du même mois , pour y faire
célébrer en commun un service en mémoire de
JoUR NA L · · •
ce philosophe ami de l'humanité, que la France
a perdu. »
DE PARIs, le 7 Avril. .

La correspondance du club des jacobins. pré


sente plusieurs traits de patriotisme , à la publi
cité desquels nous nous faisons un devoir de con
tribuer, persnadés qu'il suffit d'indiquer aux
les
amis de la constitution, des moyens de concourir
ºe ; au bien général, pour les voir s'empresser de les
me
adopter. -

La société de Clermont-Ferrant, vient d'ou


les vrir une souscription pour l'échange gratuit des
Q\\S assignats de cinquante francs ; elle a fait sur cet
ter
objet un réglement , par lequel elle a tâché de
;en parer aux abus, elle annonce que déjà sa caisse
se est remplie, que le nombre des souscripteurs,
lIlS
et les sommes qu'ils ont déposées, surpassent de
e a beaucoup les avantages qu'elle s'était , promis
de cet établissement patriotique.
, ûes La société de Limoux rend compte du fruit
S de des missions qu'elle fait dans les campagnes,
'ins « Elle apprend qu'un succès complet la récom
lt de nse de ses travaux, que les villageois que des
ban insinuations perfides avaient égaré, reviennent
ente de leur erreur.
t de La société de Tours s'occupe à faire circuler
nde, des écrits patriotiquesanalogues aux circonstances,
JOr »armi ceux qu'elle annonce avoir fait circuler
rS » e mois dernier, nous remarquerons celui où
ner elle traite de la contribution foncière, où elle
aire fait aux municipalités l'offre de former les ma
, de trices de leurs rôles ; nous distinguerons encore
deux adresses au peuple, l'une sur les patentes
--

392 D E S -C L U B 3
d'industrie, l'autre sur les manœuvres anti-révo
lutionnaires, préparéespar les prêtres rebelles pour
le temps de Pâques. |

La société de L'Aigle s'exprime ainsi : « notre


joie est est à son comble ; la parole patriotique
se répand avec fruit, elle convertit les cœurs
droits ; ils étoient victimes de la séduction et
dupes du mensonge, la lecture des décrets jointe
à § interprétation, le rapprochement et la
comparaison du règne de la tyrannie avec celui
de la liberté, le code humiliant de la féodalité,
et la liste monstrueuse des abus que nos immor
tels législateurs ont réformés, mis en † aVGC
les droits de l'homme , et le tableau des bienfaits A

qu'opère notre sainte révolution, en faut-il d'a


vantage pour ramener victorieusement dans le
patrie , ceux que les ennemis du bien public en
avoient arrachés. -

Tranquilles du côté , des prêtres réfractaires,


notre patriotique sollicitude n'est cependant pas
sans allarmes. Un redoutable corps dépositaire
de la force nationale, les troupes de lignessont
sous le commandément des ci-devant nobles. Les
officiers sont de vrais fonctionnaires publics,
, nous desirons l'épreuve du serment civique ».
DE PoRT-LoUIs, le 8 avril. Les amis de la
constitution nous chargent de faire connoître la
résolution qu'ils ont prise, de ne recevoir dé
sormais ni lettres ni paquets qui ne soient affran
chis, et d'affranchir pareillement tout ce qu'ils
6ºnVerrOnt. -

Journal
| • -

V A R I É T É S.
C O U P-D' OE I L
s UR H o N o R É-R I Q U E T T I M I R A B E A U,

Il n'est pas de la dignité d'un peuple libre de .


fixer ses regards sur la vie privée d'un homme.
Dédaignant de s'occuper des différens traits qui
peuvent intéresser des particuliers, des amis ou
des ennemis, un peuple ne distingue dans la vie
d'un citoyen que les jours qui lui ont été con
sacrés ; le moment où l'on a éxercé quelques
· fonctions publiques est seul
digne de son atten
tion ; il n'honore de ses regrets, il ne flétrit de
sa censure que l'influence qu'on a eu sur le bon
heur ou les dangers de l'Etat. - )

Que d'autres rassemblent toutes les époques


de la vie de M. de Mirabeau ; qu'ils le suivent
dans toutes ses actions, dans tous ses mouvemens,
qu'ils dévoilent sa conduite dans les différentes
circonstances où il s'est trouvé : pour nous, nous
ne le considérerons que depuis l'instant où il est
| venu pour concourir avec d'autres Citoyens à la
régénération de la France. C'est là où commence
la vie de M. Mirabeau. Qu'importe à la Nation
l'histoire particulière de quarante années qu'il
n'a pas employées pour elle ; Elle ne prononcera
son jugement que d'après sa conduite dans les
fonctions de Législateur. |l

Suivons-le dans cette carrière, et que le récit


de ce qu'il a fait démontre si la liberté et la France
doivent déplorer la perte d'un ami et d'un grand
homme, - • 4 )

- H

-- - - -- *
394 J O U R N A L
-
Les Communes, après l'ouverture des Etats
Généraux, restèrent quelque tems inactives par
l'obstination du Clergé et de la Noblesse qui s'as
semblaient séparément et refusaient de se rendre
dans la salle Nationale. Ce systême d'immobilité
fut appuyé par M. Mirabeau, qui en fit sentir
toute la sagesse. Il déjouait, disait-il, d'autant
† évidemment les ennemis
t
de la cause popu
aire, qu'ils le calomniaien davantage. Cette iner
tie raisonnée, devait cependant avoir un terme, et
les Communes nommèrent des commissaires char
és de conférer avec ceux de la Noblesse et du
#§ pour obtenir la réunion. M. de Mirabeau
exposa et le danger de compromettre la chose pu
blique par une démarche hardie et prématurée ,
· et la nécessité de déployer une fermeté capable
d'en imposer à l'activité de l'orgueilleuse noblesse.
Bientôt il développe le plan d'une conduite pru
dente et ferme, et sur son avis accueilli par accla
mation , les communes envoient au § uInGe

députation solemnelle, pour l'inviter au nom du


Dieu de paix et de l'intérêt National, à se réunir
à elles. « Il est tems, avait-il dit, de nous préparer
: à ne pas laisser le plus léger doute sur notre réso
lution, sur nos principes. Les argumens de la
noblesse se réduisent à ce peu de mots : « nous
ne voulons pas nous réunir pour juger des pou
voirs communs. notre réponse est très simple :
Nous voulons veriſier les pouvoirs en com
IYllIIl. » - -

l'inutilité de l'invitation et des conférences des


commissaires conciliateurs détermina les commu
nes à se constituer en assemblée active. L'opinion
de M. l'abbé Sieyes, qui vouloit que l'on se cons

*
º D E s CLUB s 395
tituât en assemblée des représentans connus et
vérifiés de la Nation Française, fut vivement com
battue par M. de Mirabeau. Il proposa de se cons
tituer sous la dénomination de représentans du
peuple français. Si l'Assemblée ne se détermina
pas à adoptér ce titre qu'il défendait par les rai
)
sons d'une sage prévoyance, par la crainte d'une
précipitation périlleuse, elle dut à la force de ses
objections le changement de la première dénomi
nation, et l'idée de substituer aux expressions de
« représentans connus, etc. » celles-ci « l'Assem
blée Nationale. « - - - |
Les Français n'oublieront jamais lá séance des
potique du 23 Juin 1789. Ils puiseront dans ce
souvenir une nouvelle haine pour le despotisme,
un nouvel attachement pour la constitution.Mais
ils oublieront encore moins la sublime réponse
de M. Mirabeau à M. de Brezé: » Oui , M.
nous avons entendu les intentions qu'on a suggé *

rées au Roi, et vous qui ne sauriez être son organe


auprés des Etats Généraux, vous qui n'avez ici
ni place, ni voix, ni droit de parler, vous n'êtes
pas fait pour nous rappeller son discours. Cepen
dant pour éviter toute équivoque et tout délai, je
vous déclare que, si l'on vous a chargé de nous
faire sortir d'ici , vous devez demander des ordres
pour employer la force, car nous ne quitterons
nos plans que par la puissance de la bayon
, nette. »

S'il était possible qu'un jour affreux vît la na


tion dans de nouveaux fers , s'il était possible
qu'un jour, l'amour de la liberté s'éteignît dans le
cœur des Français!.... Mirabeau !.... qu'une voix
bienfaisante prononce ton nom ; § rappelle
396 JO UR NAL ·

cette journée que tu as rendue immortelle; qu'elle


répète ces paroles qui portent l'épouvante dans
le cœur des tyrans ; et mille siècles d'habitude à
l'esclavage n'empêcheraient pas les Français de
donner!
lution à l'univers le spectacle d'une seconde
| révo
A

Cette réponse fut suivie quelques momens après


de la motion qu'il fit sur l'inviolabilité des mem
bres de l'Assemblée Nationale. l'Assemblée en
l'adoptant, s'environna d'une imposante majesté,
et porta l'étonnement et le trouble au milieu des
despotes. - -

# qu'elle s'occupait de la question des


mandats impératifs, l'œil vigilant de M. Mira
beau, observait les mouvemens des ennemis de la
patriè. Allarmé des dangers que courait le peuple
et ses représentans, il dénonce le rassemblement
de troupes qui se faisait entre Paris et versailles.
Sa brûlante èloquence peint la dignité de l'As
semblée Nationale blessée, le sanctuaire de la
liberté souillé, le peuple confiant et tranquille ,
environné de bayonnettes menaçantes, le peuple
déja accablé par la circonstance de la cherté et
de la disette † grains, assailli par des milliers
de soldats qui venaient lu disputer les restes de
sa subsistance. Il propose une adresse au roi pour
le renvoi des troupes, pour prendre des mesures
· efficaces de pourvoir aux besoin du peuple, pour
la formation des gardes bourgeoises.
Frappée de la grandeur du péril qui menace la
patrie , l'Assemblée adopte cette motion, et lui
confie, au milieu des applaudissemens, la rédac
tion de l'adresse. Les Français dans cette mémo
rable adresse, parlent enfin à leur monarque le
D ES CLUBs 397
langage des hommeslibres. Elle est un chef-d'œuvre
d'éloquence et de sentiment. . |
La réponse du Roi ne rappelloit pas la con
fiance, M. Mirabeau insiste pour qu'on demande
sans délai , l'éloignement absolu des troupes.
Les évènemens des 12, 13 et 14 juillet, avaient
impérieusement commandé cet éloignement. Ce
n'était pas assez pour le salut du peuple; Mirabeau
remonte à la source des calamités, et soumet à
l'Assemblée une nouvelle adresse pour le renvoi
des Ministres...... ils fuient ; La justice du peu
ple, l'inébranlable fermeté de l'Assemblée les dis
perse. - -

Délivrés des dangers les plus instans, les repré


sentans se hâtent de commencer l'ouvrage après
· lequel † la nation. Quelques membres du
clergé réclament contre la pluralité simple des
suffrages. Mirabeau repousse cette réclamation.
Il démontre que vouloir substituer la pluralité
raduée, c'était transporter à la minorité des suf
frages, l'influence que le bien général donne incon
testablement à la majorité, que ce systême n'était
qu'une rénovation sourde, mais très effective ,
des ordres, du veto, et de tous les mouvemens
contradictoires qui désorganisent la société.
De vaines considérations, des prérogatives pré
tendues, ne lui en imposent pas, lorsqu'il s'agit
de consacrer l'autorité de la loi sur tous. Ainsi ,
lorsqu'on proposait dans le décret qui abolit le
† exclusif de la chasse, une exception en
aveur des plaisirs du roi , il a fait entendre que
le délégué de la nation ne pouvait être dispensé
de la loi commune, que le principe décrété était
sacré pour le monarque comme r# $tous. #

-
398 . JoU R N A L
L'abolition des dîmes éprouvait de grandes diſ.
ficultés; on voulait les remplacer par une rede
vance en argent. Mirabeau ajoûte de nouvelles
humières à celles déja répandues sur cette matière.
Il fixe l'idée qu'on devait prendre de ce tribut
oppressif, en prouvant que la dîme, loin d'être
une propriété, loin d'être même une possession,
n'était qu'un subside avec lequel la nation salariait
les ministres des autels. Il lui paraissait juste et
convenable qu'ils fussent dotés d'une manière con
forme à la dignité de leur ministère ; mais il re
présentait qu'il ne falloit pas que le Clergé pût
réclamer un mode pernicieux de contribution ,
comme une propriété. -

La même politique circonspecte, la même pru


dence de l'homme d'état que M. Mirabeau avait
montrée, lors de la proposition aux communes
de sortir de leur inaction par une démarche déci
sive, cette même prudence le dirige dansson opi
nion sur l'emprunt de 3o millions. ifconvenait que
les besoins étaient très urgens, mais le respect pour
la lettre formelle des mandats, l'essai douteux d'un
crédit qu'on ne devait jamais compromettre , le -

déterminent à proposer que l'emprunt soit fait sur


l'engagement des membres de l'assemblée qui se
† responsables envers les prêteurs, chacun
selon ses facultés. Cette résolution patriotique oſ
- frait de grandes conséquences. L'assemblée s'in
vestissait d'une force morale, capable de rétablir
et conserver la perception des impôts, elle déve
loppait l'esprit public; elle donnait une nouvelle
confiance aux commettans, elle ne les obligeait
pas de s'en rapporter à son jugement sur les cir
constances qui nécessitent une ressource à laquellé
DES CLUB S 396
tient de si prés la liberté des empires; elle mettait
par son dévouement un frein aux déprédations.
Ce fut dans la circonstances des débats sur l'em
prunt que M. Mirabeau donna une nouvelle acti
vité à la volonté de l'Assemblée qui avait placé
les créanciers de l'état sous la sauve-garde de
l'honneur et de la loyauté Nationale. -

L'assemblée déclarait enfin les droits del'homme


L'article qui devait oſfrir aux citoyens la chartre
de leur libcrté individuelle partageait les opinions.
Les unes ne voulaient que la responsabilité du
supérieur, les autres demandaient aussi celle des
agens subalternés. M. Mirabeau démontre avec
une grande force l'impossibilité d'établir la liberté
particulière et publique sur une autre base que la
rcsponsabilité de tous les mandataires de l'auto
rité ; il fait voir que cette responsabilité serait il
lusoire, si elle ne s'étendoit pas depuis le premier
Ministre, jusqu'au dernier des Sbirres. L'évidence
u'il porte sur cette question , décide l'opinion
§ , et l'article VII est décrété.
Nous craindrions de rappeller la séance orageuse
du 23 août, où, dans une déclaration des droits,
on a placé le germe de l'intolérance, si nous n'a
vions à remarquer que M. Mirabeau s'opposa en
vain aux efforts d'un parti qui , profitait du mo
ment où il se trouvoit en force. ð redoutait trop
les ressources de son éloquence, l'énergie avec la
quelle il défendait les Droits de l'Homme, pour
qu'on lui permît de parler.
L'opinion qu'il manifesta dans la question du
| veto qu'il § sans restriction, mais que dans
son systême, il regardoit comme parfaitement
fimité, montre que dans son dévouement à la
H 4
4oo - · Jo U R N A L
à cause de la liberté et de la nation, il a pu quel
quefois adopter des moyens moins efficaces pour
| assurer cette liberté. Il a parlé pour la sanction
royale sans restriction écrite, mais limitée de
fait ; l'assemblée a décrété un veto suspensif
de six ans; a-t-on trouvé un meilleur moyen ?
Si long-tems on s'est plaint du Châtelet de
Paris, si la nation à long-tems attendu un tribu
nal qui lui manquait pour prononcer sur les cri
· mes contre elle, ce n'est pas que M. Mirabeau
n'ait parlé avec force contre le projet d'ériger le
|§ en juge des crimes d'état; ce n'est pas
qu'il n'ait demandé la prompte création d'un tri
bunal qui par des éxemples sévères, une infléxi
bilité nécessaire, aurait prévenu les attentats con
tre la patrie , que toute autre - conduite facilite
rOlt. -

· En même-tems qu'il conseillait les mesures a


rendre contre les ennemis de la chose publique,
il proposait une loi sur les attroupemens.Toujours
guidé par le respect pour le peuple et la liberté ,
il ne confie le pouvoir militaire qu'à des magis
trats élus par le peuple, et donne aux mécontens
attroupés, un moyen légal de faire entendre leurs
plaintes, et de demander le redressement de leurs
griefs. Il craint de blesser les droits du peuple ;
mais après avoir opposé des barrières à l'abus et .
à la tyrannie, il garantit le † de sa prQpre
fureur, de son propre aveuglement, en le sou
mettant aux précautions sévères de la loi.
Au sage décret sur les attroupemens , suc
· cède celui sur les faillis et les débiteurs insolva
bles. Je vous propose, avait dit M. Mirabeau ,
une loi , qui, si vous la rendez , honorera la
Nation.
- /

4- |

/ DES C L U B 5 4o1
- Nation. Dans la nécessité où hous sommes dere
r · monter chez nous tous les principes sociaux, de
n nous donner des mœurs publiques, d'unir par de -

e sages liens, la partie consommatrice à la partie


if roductive, une loi qui éloigne de tout droit po
#
† , un citoyen qui a fait faillite, ou qui vit
insolvable, est non-seulement utile , mais indis
l- pensable. Retournons à ce qui est droit, à ce qui
- est honnête. - -

l] , A peine cette loi morale a-t-elle été décrétée


e que M. Mirabeau en propose une autre propre
S à monter les ames des citoyens à ce dégré de
- force qui a produit dans l'antiquité de si grandes
. " | choses. Il développç les heureux effets de l'inscrip
l- tion civique. La patrie, dit-il, en revêtant d'un -

: - caractère de solemnité, l'adoption de ses enfans,


| . imprime plus profondément dans leurs cœurs le
d prix de ses bienfaits et la force de leurs obliga
» tions.. - ·
rS L'Etat était menacé de tomber en dissolution
) ' par la crise où se trouvaient les finances. Le nu
S- méraire avait disparu , la foule des émigrans en -

lS · avait emporté une partie hors du royaume, l'au


s ' tre était enfouie par la défiance. Les revenus de
rs l'Etat étaient anéantis, le trésor sans fonds, la
, force publique sans ressorts.
et - Cette situation désespérante avait été exposée
re à l'Assemblée Nationale par le premier ministre
l- · des finances; il avait en même-tems proposé des
moyens de remédier à tant de maux et de sub
C- venir aux besoins les plus pressans. Le comité des
"d' finances chargé de l'éxamen de ce plan et de ces
ressources, avait adopté la demande que M. Necker
la faisait du quart des revenus, et avait pensé que
- - l . - -

-
-- "
r

/
4o2 Jo UR N A L
le salut du royaume, tenait essentiellement àl'effet
de ce secours.
L'Assemblée commençait à se livrer à des dis
cussions sur les différentes parties du plan du mi
nistre et des vues du comité, et paraissait oublier
que des circonstances impérieuses éxigeaient quelle
arrêtât sans délai, une résolution importante.
« Tous les détails que nous demandons , s'écrie
· M. Mirabeau , sont, quant-à-présent, des ques
tions de simple curiosité.... Il y a déjà trois jours
que le Ministre des finances vous a peint les dan
gers qui nous environnent avec l'énergie † ré
clame une situation presque désespérée; il vous
demande les secours les plus urgens, il vous in
dique des moyens ; il vous presse de les accepter.
Votre comité des finances vient de vous soumettre
un rapport parfaitement conforme à l'avis du mi
nistre; c'est sur cet avis et sur ce rapport qu'il
s'agit de délibérer. »
l représente que l'Assemblée n'a pas une seule
des connaissances préliminaires, indispensables
our essayer de se former un ensemble des besoins
de l'état et de ses ressources; qu'il était imprati
cable dans des momens si pressés et si critiques 9

d'éxaminer le projet et de proposer der objections,


qui ne pourraient porter que sur des données hy
pothétiques, les seules que la nature du gouver
nement ait permis jusqu'ici de se procurer.
Il représente qu'il n'est pas de la sagesse de
l'Assemblée de se rendre responsable de l'vène
ment, soit en se refusant aux moyens qu'elle n'a
pas leloisir d'éxaminer, soit enleur en substituant
d'autres qu'elle n'a pas celui de combiner.
« Acceptez ses propositions, sans les garantir,
*
•..

D ES C L U B S 4o3
puisque vous n'avez pas le tems de les juger, ac
ceptez-les de conſiance dans le ministre, et
vous, remplissez vos devoirs de citoyens et de re
présentans de la nation.
· Un mouvement d'enthousiasme s'empare de
l'Assemblée...., mais rappellée aux formes sévères
d'émettre son vœu , elle charge M. Mirabeau de
rédiger son projet de décret. .
Cependant on fait des observations; on propose
d'autres moyens, on critique la motion, on suppose
des intentions secrètes à l'auteur.
Il revient avec le projet de décret, et personne
ne parait en être satisfait.
« On fait de grands efforts, dit-il, pour tâcher
de me deviner. .... On m'a deviné ou plutôt on
m'a entendu , car je n'ai jamais prétendu me
cacher. Je ne crois pas en effet que le crédit de
l'Assemblée Nationale doive être mis en balance
avec celui du premier ministre des finances ;Je
ne crois pas que le royaume fût en péril quand M.
Necker serait trompé, et je crois que le salut pu
blic serait très compromis, si une ressource vrai
ment nationale avait avorté , si l'Assemblée avait
perdu son crédit, et manqué une opération déci
SlV6*.

« Je le déclare, j'opposerais à ce plan de gran


des objections, s'il s'agissait de le juger. mais forcé
de choisir en un instant pour la patrie, je ehoisis
le plan, que de confiance pour son auteur elle pré
fererait elle même.
« Vous, devez MM, dans ce moment pres
sant votre concours et vos recommandations pa
triotiques. Ecrivez une adresse à vos commettans,
où vous leur montriez ce qu'ils doivent à la chose
4o5 JoU R NA L
publique.Publiez cette adresse, j'en fais la motion
spéciale. C'est un grand motif de succès pour le
§ de vos finances ; mais avant tout, donnez-lui
les bases qu'il vous demande par une adhésion de
confiance à ses propositions. »
« A ce discours ont succédé des débats très ani
més. Un grand bruit retentissoit de toutes parts
dans l'Assemblée.
M. Mirabeau paraît pour la troisième fois à la
tribune , et s'efforce de ramener à la délibération
du jour. Il demande si l'on a un plan à substituer
à celui de M. Necker; en supposant qu'il y en ait
un, il observe qu'il n'est pas connu, qu'il faudrait
le discuter, que son auteur aurait pu se tromper;
quº, fût-il éxempt de toute erreur, on peut croire
qu'il s'est trompé, qu'en un instant on ne rivali
sait pas une longue expérience, la réputation du
premier talent en finances.... » Il faut donc en re
venir au plan de M. Necker. Mais avons-nous le
tems de l'éxaminer, de sonder ses bases, de véri
fierses calculs.... Non ! non ! mille fois non. D'in
signifiantes questions, des conjectures hazardées,
des tatonnemens infidèles : voilà tout ce qui dans
ce moment est en notre pouvoir. Qu'allons-nous
donc faire par le renvoi de la délibération! man
quer le moment décisif.
· A ces raisonnemensil ajoute le tableau affrayant
des malheureux que va immoler l'indécision de
l'Assemblée. Il ouvre à ses yeux le gouffre où des
millions d'hommes vont être engloutis, où elle
à même par l'explosion terrible du désespoir sera
# entraînée. - - -
- - « »

-
« Eh ! Messieurs, à propos d'une ridicule mo
2 nion du Palais-Royal , vous avez entendu naguères
----

DEs cLUB s 4O4


ces mots forcenés : Catilina est aux portes de Rome
et l'on délibère : Et certes il n'y avait autour de
nous ni Catilina, ni périls, ni factions, ni Rome...
Mais aujourd'hui la banqueroute, la hideuse ban
queroute est là; elle menace de consumer vous,
vos propriétés, votre honneur..... et vous dèli
bérez ! - - · ·

Des applaudissemens presque convulsifs annon


cent le triomphe de Mirabeau; et son projet de dé
cret est adopté. ' ,
Ce n'était pas assez de trouver des ressources
pour les besoins du moment. L'Assemblée Natio
nale désirait soulager un peuple épuisé et libé
rer l'Etat. Quels grands moyens pouvaient la con
duire tout-à-coup à ce double objet de ses vœux.
L'Evêque d'Autun lui présentait lé projet de s'ap
proprier les biens des différentes communautés
religieuses qu'elle jugerait devoir supprimer ;
ainsi que tous les bénéfices sans fonctions. M. Mi
rabeau conçoit llIl6 plus grande idée , un projet
plus vaste ; il propose de consacrer ce principe
que les biens ecclésiastiques sont la propriété de
la nation. . | * -

Les destins de la France tenaient à cette ques


tion de la propriété des biens de l'Eglise. D'un
côté toutes les ressources ont été employées con
tre ce principe : de l'autre il a été soutènu par
tout ce que l'éloquence et la raison ont de plus
décisif et de plus entraînant. Les amis de la pa
trie attendaient avec la plus vive inquiétude la
ſin de ce combat. Il n'était pas certain que la pa
trie l'emporterait, Mirabeau qui a observé les
mouvemens, combiné les causes qui partagent les
\
4O9 JoUR N A L

esprits, fait briller une nouvelle lumiere et la vic


toire est pour la patrie.
Tout ce qui intéressait la liberté et la gloire de
la nation; tout ce qui portait atteinte à la justice,
tout ce qui compromettait l'intérêt du peuple, le
crédit national sans lequel la révolution n'eût été
qu'un inutile mouvement , pour la conquête de
la liberté, devenait l'objet des vives réclamations,
des attaques impétueuses, des motions éloquentes
d'un homme profondément philosophe et qui sem
blait avoir dévancé tous les autres dans # COIl•

noissance des droits de l'homme et des moyens qui


font prospérer les sociétés. - -

C'est ainsi qu'il a proposé de rendre à leurs


patrie ceux des corses, qui, après avoir combattu
our la défense de la liberté, se sont expatriés par
ſ§ et les suites de la conquête de leur île. Une
proclamation avait prononcé la peine de mort
contre ces hommes généreux. Un décret leur a
donné la faculté de rentrer dans leur pays, pour
y éxercer tous les droits de † français.
C'est ainsi que dans l'affaire du prévôt de Mar
seille, il dénonce ou les coupables délais par les
quels on a voulu cacher au peuple les bienfaits du
uouvel ordre des choses, ou la criminelle audace
qui a enfreint les décrets, et qu'il invoque la sé
vérité de l'Assemblée contre ces perfides détours,
ou ces violations manifestes de la loi. -

C'est ainsi qu'à la vue d'un peuple qui tous les


jours était forcé d'abandonner ses travaux pour
attendre inutilement qu'il fut satisfait aux enga
gemens dont il était porteur, il sollicite l'hon
neur et la justice de l'Assemblée de réparer la

*
----

^. DES CLU BS , 4o7

la -
.onte, et d'arrêter les funestes effets des arrêts
de surséance.
iredt C'est ainsi qu'il fait observer les anxiétés de
Paris sur les subsistances, la rareté du numéraire,
u ſite, la dèfiance des créanciers de l'Etat. Il en démon
ple, le
ût été
tre les causes; il veut qu'on soulève le voile qui
#te dt
couvrait les finances, que la dette publique n'eſ
ſraye plus par son obscurité, qu'on mette à la
tions, lace de toutes les causes destructives de la con
llentºS
isem°
§ moyens dont l'efficacité se découvre
aux yeux les moins éxercés, et se soutienne par
COIl°
la § et la sagesse de leur propre construc
squi tion.
C'est ainsi qu'il dévoile les manœuvres de ces
l leurs
tribunaux de sang qui à l'abri de formes barbares
jbattu
égorgeaient impunément leurs victimes.C'est ainsi
és par
qu'il venge le peuple des vieux préjugés sous l'hu
§ miliation desquels voulaient encore le retenir
mOrt
quelques corps irrités de leur chûte prochaine.
eur à
C'était une idée bien noble et bien digne des
, pour représentans d'un † libre que l'idée de ren
lS, dre hommage à la liberté en prenant le deuil de
, Mar. ses héros. Les Etats-unis de l'Amérique venaient
r les de perdre l'un des peres de leur constitution et
its du et des fondateurs de leur liberté, et le congrès
udace avoit ordonné un deuil de deux mois dans l-éten
la sé due des Etats-Unis.... Mirabeau monte à la tri
OulS, bune et dit : Francklin est mort...... Le génie qui
affranchit l'Amérique et versa sur l'Europe des
s les torrens de lumière .. n'est plus.... assez long-tems
bOuT - l'étiquette des cours a ploclamé des deuils hypo
nga crites; les nations ne doivent porter que le deuil
hOn° de leurs bienfaiteurs ; les représentans des nations
ef la ne doivent recommander à leurs hommages que

- .
-- 7 -

4o8 D ES CLU B3

les héros de l'humanité. Ne serait il pas digne de


nous, MM., de participer à l'hommage que l'A
mérique rend à l'un des plus grands hommes qui
aientjamais servi la philosophie et la liberté?... Je
propose que l'Assemblée Nationale porte pendant
trois jours le deuil de Benjamin Francklin. Des
applaudissemens s'élèvent de toutes parts, et l'As
semblée consacre par un décret les témoignages
de regret et de souvenir, qu'une nation libre et
éclairée doit au génie qui sut dompter la foudre
et les tyrans.
Nous ne suivons pas M. Mirabeau dans toutes
· les circonstances où il élevait le ton des discussions
à cette hauteur d'idées et de vues qui doiventprépa
rer les décrets des legislateurs ; où sa pénétrante
et profonde sagacité ouvrait de nouveaux jours
à l'esprit humain ; où toujours tranquille et fer
me, il faisait triompher laraison au milieu des agita
tions et des convulsions de l'Assemblée où par des
illuminations soudaines il calmait les esprits et les
ramenait au but d'où le trouble et la confusion
les éloignait. -

Nous ne parlons pas d'une multitude d'affaires


particulières dans la discussion desquelles il s'est
toujours montré vigilant pour les intérêts du peu
ple, constant à défendre la cause de la justice,
et le plus redoutable adversaire des ennemis de
cette cause. - - · · ·
Nous passons sous silence sa conduite dans les
affaires § prévôt de Marseille, des magistrats de
Rennes, dans celles de Nîmes, de Nancy, de Brest,
de l'abbé Perrotin, dans celles des régimens in
· subordonnés; drns ce fameux procès que le Châte
let vouloit faire à la révolution, -

* L'Assemblée
--

DEs cluss 4o3


º:
· L'Assemblée Nationale avait déjà mis en mous
vement toutes les parties du gouvernement ; elle
avait ou décrété ou éxaminée tous les articles
constitutionnels etréglementaires. La sociétéenfin
était organisée, et ses rapports intérieurs établis.
Restait un objet important à discuter, les rapports
extérieurs de la France avec les autres nations. Il
n'en avait pas encore été question, lorsque des
difficultés survenues entre l'Espagne et l'Angle
terre, les préparatifs de cette dernière puissance,
et l'explication que la première demandoit à la
France , déterminèrent l'Assemblée Nationale à
s'occuper du pacte de famille et des traités engé
héral. - - -

· M. Mirabeau, chargé de présenter à l'Assemblée


· l'avis du comité diplomatique, est guidé dans ee
travail important par d'autres principes que ceux
que les cours ont adopté jusqu'à présent. Il cher
€he à concilier la justice † prudence, nos dé
oirs et nos intérets, nos traités aveé les principes
e la constitution nouvelle. Il observe que la na
tion française, en changeant ses loix et ses mœurs
doit, sans-doute, changer sa politique; mais coñ
damné par les erreurs qui règnent en Éurope, à
suivre partiellement l'ancien systême, elle ne peut
· renverser aucune base de la sûreté publique avant
· de l'avoir remplacée. -

Un jour l'Eurepe n'aura plus besoin de politi


† parce qu'il n'y aura plus ni despotes, hi
espotes, ni esclaves. Un jour la France n'aura
· plus besoin d'alliés, parce qu'elle n'aura plus d'en
nemis. Le vœu de la philosophiê sera réalisé; la
liberté règnant sans rivale sur les deux mondes
· absoudràl'espèee humaine du eriihe de là guerrè ,
H
| 41o JoU R N A L
et proclamera la paix universelle. Alors se con
| sommera le pacte de la fédération du genre hu
main. Mais il n'est pas encore permis de donner
le signal de la bienveillance universelle, et la
prudence et l'intéret de notre constitution éxige
que nous nous oocupions encore des alliances et
-
# la guerre.
\ , Après avoir posé pour principes, que tous les
traités précédemment conclus par le roi des fran
º -

' - çais, doivent être observés par la nation jusqu'à


ce qu'elle les ait annullés, changés ou modifiés ;
) que dès ce moment on fera connaître à toutes
| les puissances que le desir inaltérable de la paix
et la renonciation à toute conquête, étant la †
- d de notre conduite, la Nation française ne regarde
| comme éxistantes et comme obligatoires dans tons
ler traités qne les stipulations purement défensi
l .ves et commerciales ; M. Mirabeau entre dans de
- -
plus grands détails surl'affaire particuliere de l'Es
| | pagne, et le † de famille . - . -

- ! · Depuis que Louis XIV, a reuni dans sa famille


les sceptres de France et d'Espagne, nous avons
· constamment trouvé dans les espagnols des amis
et des alliés fidèles. Quand ce peuple généreux
· nous vit prêts à succomber, après une guerre fu
: neste qui nous avait coûté nos vaisseaux, nos
richesses et nos plus belles colonies, il vint par
, tager nos infortunes, relever nos espérances, et il
, signa un traité d'alliance avec nous sur les tron
- çons brisés de nos armes. Cette paix n'aurait pas
| été troublée, si l'Angleterre eut † dans ses !
· colonies les principes sacrés qu'elle adore chez
, elle, et si les français avant d'avoir su conquérir
la liberté pour eux-mêmes n'avaient pressé leur

# |
DE s c L U E s 4t t
Roi de défendre celle des Américains. Fidelle à ses
· traités, l'Espagne , dans cette circonstance nous
livra ses flottes , ses trésors, ses soldats. Depuis
cette époque, la guerre a paru prête à se rallu
mer. Dès qne le Roi des Français eût avertit son
allié, des flottes redoutables remplirent les ports
d'Espagne.
Conviendrait-il aprèsune telle conduite de rom
pre nos traités avec l'Espagne, dans l'instant où
elle serait préssée par les mêmes dangers qu'elle
a repoussés trois fois loin de nous ? -

§ La reconnoissance et notre intéret , se


trouvent d'accord ; la conduite que dicte la pru
dence ne contrarie pas nos principes.
M. Mirabeau ne propose point de ratifier en
entier le pacte de famille conclu dans un tems ou
les rois parlaient seuls au nom deseuples, COIIlIYl6e
si la § du monarque put décider de leurs
destinées. Il pense que l'on doit ratifier les arti
cles relatifs à la garantie réciproque des posses
sions , aux secours mutuels, aux avantages de
commerce; mais on ne peut souffrir l'apparence
même des clauses offensives. Il pense qu'il fautres
serrer les liens de la France avec l'Espagne en
faisant de ce traité un pacte national d'où l'on re
tranchera toutes stipulations inutiles et offensives
proscrites par notre constitution.
A ces mesures, M. Mirabeau propose d'ajoûter
celles d'un armement proportionné à celui de
nos voisins, puisque les nations ne sont pas en
core assez philosophes, pour n'avoir plus besoin
de se surveiller, et de se redouter, puisque pour
· assurer la paix, l'affreuse politique de se ruiner
- - • -

-- . - " " - 1 is
* • * - -
* :,

412 - : , : J OU R N A L : - .

en préparatifs de défense , est encore néces


Sall'6º, . · : · · · · e . .. º ,

· Le projet de décret arrêté par M. Mirabeau


- de concert avec le Comité était une conséquence
, si stricte des principes de la jnstice et de la pru
dence, il était si conforme à nos intérêts et au
· vœu de fraterniser avec les nations qu'il a souf
• ſert peu de débats et a été unanimement adopté.
: -- A peine M. de Mirabeau avoit-il reçu les
applaudissemens que méritait le rapport qu'il
:: venait de faire , qu'il propose un projet qui doit
- le couvrir de gloire. ) , e , ,, , , :
On avait décrété la vente de la totalité des
...obiens du clergé, Les destins de la liberté, la soli
dité de la constitution, la paix et la prospérité
-: | nationale dépendaient du succès de cette vente.
: Les patriotes n'étaient pas sans inquiétudes, et
- : les ennemis de la patrie souriaient de l'incertitude
- c des mesures qu'on proposait, et se flattaient déjà
: de voir s'anéantir cette liberté qu'ils détestent,
- en calculant les erreurs et l'insuffisance de ces
" IYl6 SUlr6ºS, 1 : - , * | v º
-

-
. .. -
•. . .

· · · Le comité des finances venait d'avouer qu'il


- avait suspendu son jugement. Mirabeau monte
| « à la tribune et dit. .
Le comité ne présente qu'un avis : c'est une
· opinion qu'il vous faut. Plus hardi que lui, je vais
» vous présenter celle que j'ai conçue. J'ai suivi
- avec § du doute et l'intérêt du patrio
r tisme, tous les mouvemens que la nouvelle créa
· tion des assignats devoit imprimer aux affaires.
\
· … Aujourd'hui muni de l'expérience et de réflexions
nouvelles , voyant la crise où nous nous trouvons,
et les menaces de l'avenir, je me suis décidé,
Jo U RNA L | 413
et je ne balance pas à vous exposer mon opinion \
actuelle sur le parti sage et conséquent que les -

circonstances sollicitent. º : , · · · ,
:-,
· Vous avez décrété la vente de 4oo millions
de biens nationaux ; vous avez décrété que des ·
assignats gage de de cette vente tiendroit lieu de
nvméraire. Cette mesure à eu tout le succès
annoncé ; mais ce n'était là qu'un remède pas
sager, et non une cure complette. Tant que nous :
n'établirons pas sur la base dont nous avons re-,
connu la solidité, une opération vaste qui nous :
mette au-dessus des événemens, nous en serons
les éternels jouets, et nous périrons de langueur,
dans la vaine crainte d'une décision hardie qui
nous tire de l'état où nous nous trouvons.je pense
dônc, après l'heureux essai que nous avons fait,
que nous devons faire, pour la libération-de la
§e · nationale, une opération : qui n'admette
d'autres intermédiaires entre la nation débitrice w
et ses créanciers, que ces mêmes assignats-mon
noie , dont les fonds nationnaux et la nation garan
tissent le paiement. : · · · · · · · · : · : ·; , - a
Je me défie ici d'une conception trop extraor
dinaire qui peut éblouir par sa hardiesse, et n'of
frir au fond que des hazards. Je propose eri satis
faisant à de vastes besoins, de se borner néan-moins
au nécessaire, et d'observer des mesures, tout en
s'élançant dans une courageuse détermination. ,
* Deux considérations parlent en faveur du pro
jet de M. Mirabeau. Le besoin pressant de rap :
5eler l'activité, la circulation dans les affaires ;
† - monnoie , en même, tems qu'ils
payent la dette exigible, fournissent ces moyens
démulation, d'activité , de restauration. ,e
| .. : 29 . • : : . :: - s : - so ºr • » I iij i
\
- --

414 pEs cLU Bs


Des vues politiques se joignaient à ces consi
dérations. Mirabeau voulait multiplier les défen
seurs de la révolution, réchauffer pour elle les
ames froides, et faire des ennemis mêmes et des
détracteurs de la constitution, des amis et des
soutiens.
Les contrats que l'on propose atteindront-ils
jamais cette dissemination des assignats entassés
dans les mains des capitalistes; offrant une com
paraison entre leur produit et celui des terres, la
vente sera difficile ou ne se fera qu'ensuite de
quelque spéculation considérable ; et l'on n'aura
travaillé qu'à créer un nouvel ordre de grands
propriétaires fonciers.
Les assignats feront disparaître la rareté du nu
méraire, et sont le seul moyen, jusqu'à ce que
la confiance se rétablisse, de supléer à ce numé
raire. Ils ne sont point comme à voulu le dire,
la cause de la stagnation et de la rareté de l'ar
ent. Les sourdes manœuvres, les troubles publics,
# terreurs paniques, les délais du trésor dans
ses paiemens, voilà les circonstances qui pro
duisent cette rareté.
Le besoin universel d'un instrument d'échange
et de travail se fait sentir. C'est le besoin d'as
signats pour l'homme d'affaire, c'est le besoin
d'argent monnoyé pour celui qui vit de monnoye
et ne connoit qu'elle. Le premier versement des
assignats n'a pas fait sentir ses bienfaits à la classe
mal-aisée et si intéressante ; mais qu'une série d'as
signats puisse conduire de la somme de deux cents
livres à celle d'un louis ; ils deviennent une res
source dans les mains de tous. - .

Parler de la reconstruction de la rente , ce n'est


t - --

-- . - - "AN "$ .

- , JoU R N A L . | 415
pas respecter les titres de chacun des eréanciers,
qui peut avoir ses raisons pour ne pas préférer
cette réforme, et d'ailleurs une reconstruction
n'est pas un paiement, et pourquoi ne pas payer
quant on le peut. - | | |
Repousser le moyen des assignats, c'est nous
plonger dans des suspensions éternelles, des re
tards indéfini.N'estce-donc paslà s'écrie Mirabeau
ce que nous avons repoussé avec tant d'horreur,
et ce qui nous atteindra enfin. Ne pas prévenir
cette horrible catastrophe , c'est la vouloir. Ah !
je le vois, nous reviendrons sur nos pas, nous
demanderons instamment ces assignats ! Mais en
attendant, que besoins, que de désordres, que
de plaintes, que de maux ? Ah ! prévenons ce
moment fatal ! ... quant à moi, j'atteste la patrie
que je ne vous ai rien dissimuler des dangers
qu'elle court, si vous négligez le seul parti qui
vous reste à prendre , le seul, oui le seul qui soit
prompt, facile, énergique qui remplace tout, et
que rien ne remplace. :

| | Le projet de M. Mirabeau étoit d'une telle


importance , que le salut ou la subversion de
l'Etat en dépendoit. - - ·
Une discussion très-étendue s'était engagée.
La question étoit agitée dans tous les sens, soit
dans l'Assemblée, soit dans des Sociétés particu
lières. De nombreux écrits la traitaient contra
dictoirement. Ceux qui n'avaient pas encore pu
se convaincre de la disponibilité des biens du
clergé, qui ne voulaient pas croire à leur vente,
repoussaient les assignats par cela même qu'ils ne
|
-

devaient laisser aucun doute sur cette vente. La |


prudence les repoussait encore, et ils étaient
| I iv

----

DEs cLU B s
rejettés par ceux qui ne voulaient trouver des
moyens de salut que dans le systême qu'ils
avaient adopté. La discussion ouverte pendant
un mois, avait tellement multiplié les objections
et les réponses, que les esprits semblaient être
reportés au même point d'incertitude d'où ils
étaient partis. - -

, Mirabeau rassemble les objections, et il les


combats et les détruits ; il rappelle les raisons ·
dont-il a appuyé son projet. Il s'élève contre ceux
lieu de raisonnemens, ne jettent que des
cris d'allarmes. « Convient-il, de sonner la trom- .
pette de la défiance ? Quitte à dire si ce que l'on
prédit arrive, « je l'avais bien dit ». Fh de grace,
dites dites donc aussi ce qu'il faut faire ; car il
ne suffit pas quand le vaisseau s'enfonce sous nos
yeux, de crier à ceux qui veulent tenter d'en |
sortir : « ne vous fiez pas à cette nacelle » : il faut -

leur fournir un moyen plus sûr de salut ». |


| Enfin tous les esprits sont convaincus, la luz
mière à pénétré de toute parts. L'appel nominal
met fin à la tumultueuse résistance de ceux qui -

ont coutume de ne laisser échapper aucune occas


manifester leur malveillance, et l'Etat est
»ilà ce que M. Mirabeau à fait † liberté.
Voilà l'homme qui vient d'être enlevé à la cons
titution. Les services qu'il lui a rendu y sont
écrits presque à chaque page; ils déposeront
éternellement pour sa gloire.
Mais ce n'est pas seulement le génie, dont les .
hautes conceptions aggrandissaient l'empire de la
raison, posaient lesbases d'un gouvernement libre,
que la France regrette ; l'Assemblée Natig -- . -4 --

-- • - º - · • -- • - - • ---- - -- "
Ez - -
4 |

Jo u R N A l . 417
et et †
abi † l'orateur le † §
• « y t • • • * .

qu'ils habile à convaincre, à décider l'opinion incer


eAd \t . .
jections "#
| Elle perd l'homme qui .savait le mieux par des
º\ \ «ws mots hardis, des traits † , des mouvemens
d'où ils imprévus , lever les di icultés, imposer silence- * 4
-

aux passions, et terrasser un adversaire parl'armé


t il les terrible du ridicule. | | | | | |
, I sons · Elle perd l'homme qui † le mieux la
tre ceur tactique des Assemblées, l'homme qui lui a le
que des appris à connaître ses forces, à savoir les em
a trOIſl- , †º l'homme à qui elle a du souvent sa fer
,e\ » meté, son énergie , l'homme qui ne laissait
de gratt ! - · èéhapper aucune occasion de l'élever à la di
e ; car ) gnité , à la hauteur qui convenait aux repré
sous n08 · sentans d'une grande nat1on. : ·

ter d'en Rappelleron nous ſ'adresse au roi, celle aux


: il faut · commettans, sés discours sur la propriété des
P) .

\S , la l':
†† †
e crédit national , sur le pacte de famille, sur
•l nom ! es assignats, etc. le raisonnement y déploie toute
ceux ( l ses forces, et l'éloquence ses plus heureux mou:
,une 0cc* yemens.
Parmi ces traits vifs dont nous venons de parler,
t j'Etat est
rappellerons-nous ce mot qu'il adressa à ceux, qui
la liberté dans le décret en fayeur des Corses expatriés,
à la canºr
voulaient qu'on supprimat ces expressions: « après
u y sont · avoir combattu pour la défense de la liberté ». On
dirait, s'est il écrié, « que le mot de liberté fait
poseront ici sur quelques hommes, la même impression
, dont lºi que l'eau sur les Hydro Phobes ». |
\re de li | Rappellons-nous ce trait si justement appliqué
lentlibrº
à ceux † se livrèrent à des mouvemens de rage
lar# de motion de Dom-Gerles : voilà, dit-il,
Naugº
,*
418 D E S C L U B 9

« une des ruses de la cupidité , † se cache sous


les déhors du fanatisme, d'ici.... de cette tribune..
on peut appercevoir la fenêtre par laquelle un
roi égaré par des causes semblables, tira sur ses
sujets avec une arquebuse, et donna le signal
du carnage.
Citerons-nous cette grande et noble idée qu'il
exprima, lorsqu'un membre prétendit que #
semblée n'étoit point une convention nationale :
« vous êtes devenus MM. une convention natio
nale, lorsque placés au milieu des périls les plus
allarmans, entourés de soldats et de bayonnettes,
la capitale et les provinces se sont ébranlées pour ::
venir à votre secours , et ont menacé les agens -- .

de la tyrannie ; lorsqu'elles ont juré toutes en


semble, de périr plutot que de laisser subrister
l'ancien ordre de choses Vous n'avez rien fait que
de juste ; et si l'on vous demandait compte de
vos opérations et de vos décrets , chacun de vous
(son geste désignait le côté gauche du président),
pourrait répondre avec ce grand homme de l'an
tiquité , que des tribuns factieux accusaient d'a
voir agi contre les lois : « je jnre que j'ai sauvé la
république )> , - -

Arrêtons-nous, il est inutile de citer ce qui


tant de fois à frappé les amis de la liberté.
· Atteint d'une maladie mortelle , Mirabeau
s'occupait encore de ses obligations envers la pa
trie. If à travaillé pour elle jusqu'au dernier mo
ment, et le seul regret qui soit entré dans son
ame., en perdant l'espérance de conserver ses
/
jours , c'était de ne pas concourir à l'achevement
de la constitution. . " · -

• La nouvelle de sa maladie avoit répandu une


|
:
- JoU R N A L - 4 I9
inquiétude générale. On n'osait réfléchir sur les
signes de danger qui devenaient chaque jour plus
allarmans. L'idée de sa mort était repoussée,
comme si cette idée eut du l'accélérer. On ne
pouvoit se persuader qu'il pût cesser d'être.
Cependant à ses inquiétudes muettes à succédé
l'éclat des regrets. Mirabeau n'était plus.. .. il
n'est plus ! ... ce cri de douleur à retenti de
toutes parts , toutes les voix ont exprimé le
sentiment pénible que cette perte excitait; toutes
ont fait entendre son éloge. Voyez cette pompe .
funèbre , voyez ce peuple immense qui vient
contempler les tristes reste de son ami. Pénétrez
dans cette foule, écoutez.... oh! vous avez l'ame
bien froide si vous ne mêlez votre douleur à la
nôtre ! vos idées du bien sont bien étrangères
aux nôtres, si ces honneurs que la patrie décerne,
vous paraissent immérités.... non, nous savons
distinguer des mouvemens commandés , nous sa
vons par quels ressorts on fait agir un certain
nombre d'hommes ; mais nous nous écrions : il
a bien mérité du peuple , celui qu'un grand
peuple regrette ; elle , était précieuse la vie
de celui
trépas ! dont-on déplore universellement
- |
le •,

*
Mais pourquoi éviterions-nous d'entendre les |$
reproches qu'on pense avoir à lui faire ! Discours
importuns, vous n'affaiblirez pas nos regrets !
la patrie en deuil chaque année ornera sa tombe
d'une couronne civique , et le deux avril sera
· SeS longtemps dans les jours de notre liberté, un jour
Ynent nefaste. -

Ses desseins dites vous n'étaient pas toujours


· une purs, il n'était pas invinciblement attaché à la
•,
|
2o D E s cL UB s
bonne cause. Eh ! que vous importe ! ... , il était
au milieu de l'assemblée nationale. Là , Mira
beau était un grand homme. Il avoit des talens
sublimes, et toute la probité de l'assemblée na
tionale l'environnait. L'assemblée nationale rece
vait les hautes conceptions de son génie, delà
elles venaient pures et sans tâche , étonner et ra
vir les amis de la liberté. · · · · · · ·
# Vous qui êtes sensibles aux effets d'une sublime
éloquence; vous qui aimez le peuple et la liberté,
pleurez sur cette tombe, votre douleur est
uste. - -

Jeunes citoyens, espérance de la nation , qui


vous préparez à la servir, venez sur cette tombe
apprendre comment on mérite les regrets d'un
uple. Fréquentez ce temple destiné à recevoir
† cendres de ceux auxquels il décerna le titre
de grand homme ! Que votre cœur s'emflamme
du feu sacré du patriotisme ! Jurez sur cette
tombe, jurez par ces ombres illustres de vous
dévouer à la patrie. Elles vous ont tracé le che
min de la gloir, et marqué les écueils que vous
devez éviter. . · - •.

C o M 1 T É D E B I E N FA I s A N c E. .
, Quand la paix est faite entre les généraux, elle
est censée faite entre les gougeats, dit le poëte
Rousseau; aujourd'hui on peut retourner la phrasé
et dire : Presque tous les généraux du clergé †
déclaré la guèrre à la constitution , et ceux qu
sont chargés , du # de l'armée cléricale ,
veulent faire la guerre à la constitution, Il est si
doux de faire la guerre ! il est si doux de se perº
suader que l'on joue un rôle.Quoi! pauvres sœurs
* º *
-
-- •• , - • --

*
-

5 | - JoURNAL | 421
' ' - - ---*---- '1 1 -1 -- "-.- . ' º ',
º ... iléti grises, noires, blanches, etc. vous vous mettéz
". Là, Miº | bravement de la partie, et vous aussi freres à
Voit des tales grands chapeaux, misérables ignorantins , vous
assemblée m,. voulez faire comme ces messieurs à soutane vio
nationalere . lette, insensés que vous êtes! croyez-vous que le
On gènie, d# rhône qui entraîne des quartiers de rochers, ne
, étonner ttn pourrait submerger une flotte de Lilliputiens !
des vicaires ont voulu résister, des curés , des évê
tsdunes blime ques, des archevêques, des principaux et déspro
upleetlaliberté, cureurs de collège, des professeurs, des maîtres
tre douleur est •
de qnartiers, des éducatenrs de toutes· les
* ' * •• - s . classes
" . - f. - : -

, et ils sont tous tombés dans le uéant, et vous,


e lan W , W
vous resteriez! vous sentez bien que cette préten
| tion, est souverainement ridicule , voyez les d -
: sur cette tome
, bris du clergé de la noblesse, des parlémens, des
les reges di lits de justice, de l'ancien ministère, dés inten
•stiné à receſ0lf
| dans, des gouvernemens, des bastilles, des lettres
décema le titre , de cachets † ées autour de la constitutlon, au
·ur s'emflamme
\utel sut teut tour de laquelle la nation entière fait ſlotter le
-

, drapeau de la loi, et chercher à résister. Vgus


lustres de vºi youdriez bien, bonnes ames de dieu, chèrès dé
nt tracé le de votes! qu'il y eût parmi vous quelques martyrès,
écueils que vºs , il seroit si glorieux de mourir, pour la foi ! | mais
# du tout, le peuple ne veut point entreren
, I S A NCE. ureur, il se contente de vous trăiter avec mé
sgénéraux, elle | pris, ce sont des femmes qui corrigent des fem
s dit le #
mes, † comme ce jeu a quelque chose de
urnerlaphrase
-
, cruel; d'indécent et
- -† | pourrait
-----
- -
devenir très
- - * » . )sé• • • •| • - | | -

, rieux, il seroit du plus grand danger de n'y pas


t du clergé ont , mettre ordre. Le décret dit : ou prêtez sermènt
, et ceux qui
ée clèricale , · ou quittez les fonctions publiques mais la loi ré
tion , Il eSt s - pète par tout que la personne est sacrée Toute :
UlX de se per
· violence est punissable, et nul n'a le droit de s'é
riger en vengeur public que celui que la loi en
pauvres sº
- 422 · DES CLU B S

charge. D'ailleurs en convenant que tout Français


doit se soumettre aux décrets , que quiconqne
est réfractaire à la loi , se rend coupable envers
la nation, nous soutiendrons toujours que le peu
· ple qui se fait justice, deyient lui-même coupable
par le fait même, eût-il la raison de son côté. Des
curès, beaucoup de prêtres et presque toutes les
troupes légères du clergé refusent le serment ,
ils ne doivent plus être fonctionnaires publics ,
nul doute à cet égard, mais le peuple peut-il si
promptement oublier que parmi ceux qu'il tour
mente, il y avoit eu en général jusqu'à ce jour la
pratique des vertus les plus précieuses et toutes
éxercées à son avantage. Presque tous les Curès
étoient des êtres bienfaisans et respectables, les
sœurs des diffèrentes congrégations dans les hôpi
taux, dans les charités de paroisses et sur-tout
dans les campagnes ; étoient pour la plûpart les
meres des pauvres; passés leur quelques défauts
de sexe et de moinerie, vous leur devez des élo
ges et même des récompenses. Les freres réunis
aux sœ urs , faisoient seuls l'instruction des
enfans des pauvres et l'on ne peut sans ingra
titude oublier les services qu'ils ont §.
Mais il n'ont point prêté le serment.... Eh bien !
c'est à dire que, foibles d'esprit, ils ont suivi des
impulsions dangereuses, ils ont écouté des insinua
tions perſides, ils se sont rendus les instrumens
de desseins qu'ils n'ont pas bien connus , il faut
les éclairer s'il est possible, il faut les plaindre ;
s'ils ne sont qu'abusés , il faut ne ne plus se ser
vir d'ex puisqu'ils se séparent du reste des ci
toyensu,il faut leur faire voir que l'on peut s'en
passer, ais il ne ſaut pas les molester ; il ne
U 8$
-- J o U R N A L .423
t que t\t\tarti
faut pas surtout aller envers eux jusqu'aux voies
s, que # de fait. Laissez couler le tems et tout s'arrangera
\d ºupa)e # · pour le mieux, déjà plusieurs freres ou sœurs ont
ou ºurs quekº rêté le serment et continuent leurs fonctions.
lui-mème (0 # † freres de S. Antoine, entr'autres, au nombre
s(n de S0ll cºté la de 24 sont venus faire cet acte de citoyens au
t presquelles conseil général de la commune le mardi 12 et
ſusent le sermºl, voilà de quoi fournir dix ou douze écoles. Déjà
ciionnis pi#s, § citoyens et bonnes citoyennes se
sont mis à la tête § etites écoles, et des cha
le pepe , ils
armi tºn ,l(º rités de paroisse. M. Roussineau, curé de S. Ger
alir# #jura | main-des-Prés, a chargé du soin de l'éducation
s pré#ss fttOUles de jeunes ecclésiastiques qui y mettent du zèle,
sur to, les QNts et qui assurément vaudront bien les grands cha
, etrespºtº k peaux et les grandes guimpes. Les pauvres et
sur-tout les malades allaient souffrir de la sus
gations darsle † pension des secours donnés dans les charités, le
#roses et SUF!
| pour h pl# le | directoire a autorisé la municipalité à prendre
dans sa caisse une somme de six mille livres
Uſ quelques d pour parer † aux cas les plus urgens
, leur devel dsº et secourir les plus nécessiteux. Le Corps muni
s Les teresſº cipal vient d'établir un comité de § ,'
, l' suutº º composé des administrateurs desétablissemens pu
le peut SaTS # blics, d'un autre officier municipal et de deux
#s ont rtº
notables, qui se concertent avec les comités de
§ Phº : sections pour cette répartition et † établir à
it, ils ontº l'avenir un mode de perception et de distribution
técoulé desinslnº
des sommes destinées au soulagement des pau
dus les inst# vres. Le directoire fait de ces œuvres de charité
n connus ! une affaire essentielle, les comités de mendieité
§ lsplainº
plus se
ne ne St
et de santé de l'assemblée Nationale y portent

du reste des º une attention particulière, et l'on peut prédire -

5º que tout ira bien. La source des aumônes n'est


§molester
l'on peut
.; il! !! point tarie, dimanche dernier 1o du mois, le curé

|
- -
| | -
- ---
-

424 . b # s cLUB s.
de S. Sulpicè a fait uné quête dans sôñ église,
son bonnet carré ètait comble, il y avait ufié
grande
§ il quantité de pieces d'argent; et dans le
se trouva un assignat dè 2oo liv, poùr
les besoins réels, c'est peu, mais pour la circông.
º# *) * | • | , | **** • • • • •

· NOTE DES REDACTEURS.


- Des circonstances impérieuses nous ont forcés |
· à nous renfermer , dans des bornes étroites † |

# l'ordinaire. Nous contractons 'engagement |


e dédommager amplement et au plus-tôt nos
souscripteurs. -
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| · J OD EUs RCLUB
N As L
| oU

socIÉTÉS PATRIoTIQUEs,
«
-
· ·

º,
|
Aux Amis de la Constitution , Membres
des différens Clubs Français.
, "
-

\ #
-

| | \ Par MM J. J. Le Roux et Jos. cHaRoN,


· Qfficiers Municipaux , et D. M. REvoE,
ci-devant Professeur de l'Oratoire.

Videte ne quid respublica detrimenti capiat.


•, - -

| | | •
s E c o v p ro L U M E.
· - Nº. x x II I. • -- 4 * , ,
-


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Du 15 au 21 Avril. · ·
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' M. CHABROUD, Président de l'Assemblée Nationale :


4

| | A PA R I S, !

i · Au Bnreau du Journal des Clubs, rue du Faubourg


· Montmartre,
-- * -- • ° * °
n°. 6. - , , #.
| | — - ,-

| L'AN s E coN D DE LA L1B E RTÉ.


. · De l'Imprimerie du Journal des Clubs, rue Bguibou
, | Villeneuve, ' nº.
\
211 ' ^ -
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J O U R N A L
D ES C LUBS
O U

SOCIÉTÉS PATRIOTIQUEs,
Nº. X X I I I. .

Détails du 15 au 2 1 Avril. • .

C L U B S.
Adreſſe de la Société des amis des Noirs à l'Aſ-
» - $
ſemblée Nationale, à toutes les villes de com- | -

· merce, à tcutes les manufaélure , aux Colonies,


à toutes les ſociétés des amis de la conſtitution ;
adreſſe dans laquelle on approfondit les relations
politiques & commerciales entre la Metropole &
· les Colonies & c., rédigée par E. Claviere, mem
bre de cette ſociété.

· LEs calomnies répandues contre la Société des


amis des Noirs, et la nécessité d'éclairer les esprits
u'on s'efforce de prévenir et d'égarer ont donné .
lieu à cette adresse. Il n'est pas difficile aux amis
I
º
,
(

----- -
426 J o U R N A L
des Noirs de répousser les absurdes inculpations
de leurs adversaires, et de démontrer jusqu'à l'é
vidence le danger d'accueillir les propositions des
représentans des Colons blancs. -

Les députés des Colonies demandent, que l'as


semblée nationale statue définitivement, que c'est
à elles seules exclusivement † appartient de
proposer sur le régime des exclaves, et l'état civil
des gens de couleur, les loix ou les réglemens que
ces objets importans pourront exiger; que c'est à
elles seules exclusivement qu'appartiendra toujours
l'initiative pour le régime intérieur, dontl'état des
personnes est la premiere et la plus importante
partie. Ils sollicitent le commerce, les manufac
4 tures, les villes maritimes pour appuyer ces de
mandes. Selon eux, la prospérité de l'état dépend
de cette initiative; si on rejette leur vœu, les Co
lonies sont ruinées, le commerce et la force poli
7|'! tique du royaume anéantis, son sol et son numé
raire perdus, enfin la banqueroute est inévitable.
De telles menaces sont bien capables d'effrayer,
i
#
et de faire croire qu'on n'a d'autre parti à prendre,
que celui que les députés proposent. Cependant #
examinons avec les amis des Noirs, si ces mena
ces ne sont pas exagérées, et peut être si l'accueuil
de la demande des Colons blancs n'entrainerait
pas toutes les conséquences qu'ils attribuent à sa
réjection.
La société dans la premiere partie de son adres
se examine ; 1o. la demande des Colons blancs
envisagée en elle même, et dans ses conséquen
ces; 2°. quels sont leurs titres pour obtenir une
, initiative qui mettrait dans leurs mains le sort des
colonies et leurs habitans; 3°. comment la Metro
^

| 7
- D E s C L U B s. 427
pole doit considérer les hommes de couleur; 4°.
quel cas on doit faire de leurs menaces.

$. P R E M 1 E R.
La Metropole , en abandonnant la législation
des colonies sacrifierait une nombreuse classe de
Colons, les esclaves, et les créanciers des Colons.
Comment pourrait-on remettre le régime des colo
nies, entre les mains d'une classe de propriétai
res planteurs », qui n'ont pu jusqu'à présent être
envisagés que comme des avanturiers, qui vont
dans les § chercher fortune, dans le but de
l'apporter dans leur pays natal, but qui prive des
avantages de cette ſortune le sol qui l'a produit,
et tend à détériorer une partie du domaine aux
dépens de l'autre «. - " . •

» La raison de la localité est un criminel subter


fuge à l'intérêt particulier; on ne sacrifie pas à
d'aussi vaines considérations, ce que les hommes
ont de plus précieux, leur état civil et politique,
§ sont d'ailleurs une raison de plus pour
les
ue la puissance législative reste indépendante des
ð blancs, car la position des colonies favo
rise singulierement l'intention d'éluder le com
merce exclusif que la Metropole a voulu jusqu'à
présent, se réserver à leur égard «.
$. I I.

· Les amis des Noirs viennent d'observer, que


l'initiative absolue que demande les Colons blancs,
enchainerait le pouvoir législatif à leur volonté,
que les raisons de localité dont on appuie cette
- I ij
428 J o U R N A L
demande, sont absurdes et barbares, qu'enfin err
la décrétant, on sacrifierait aux préjugés cruels
que les blancs s'obstinent a défendre, malgré la
révolution , et les citoyens de couleur, et les co
· lonies. Ici les preuves se multiplient; elles acquie
rent une force, une évidence incontestables.
A quels titres les Colons blancs demandent-ils
le droit exclusif d'initiative, qui mettrait en leurs
mains le sort des colonies et de leurs habitans ?
doit-on cette confiance à leurs talens, à leur hu
manité, à leur patriotisme ? leur humanité! elle
est prouvée par le meurtre de deux citoyens de
couleur qui reclamaient pour leurs peres, proprié
· taires, le droit de citoyens actifs, le droit de voter
dans les Assemblées primaires. Leur justice ! elle
est prouvée par l'audace avec laquelle ils ont violé
le lieu où s'assemblait la société des amis des
Noirs, par les calomnies qu'ils ont répandues con
tre elles, par les perquisitions qu'ils ont faites par
tout avec une criminelle violence, pour trouver
des preuves des prétendus attentats de la société;
recherches infructueuses qui n'ont produit que la
confusion des calomniateurs. Il n'y a qu'un seul
ordre de citoyens , avaient dit les Colons blancs,
celui des propriétaires planteurs , qui sous ce rapport
sont égaux . .. et ils assassinent les mulâtres pro
priétaires, pasce qu'ils reclament cette égalité de
rapports, et ils poursuivent comme des brigands
une classe de citoyens, qui par leur indigenat,
leurs propriétés , par leur attachement au sol où
ils sont nombreux, sont nécessairement de tous
les Colons les plus sûrs et les plus précieux, tant
pour les colonies que pour la Metropole.
· Il accusent la société de l'insurrection des gens
D E s C L U B s , 429
de couleur. Mais l'instruction du 28 mars, qui
déclare que les conditions auxquelles est attaché le
droit de citoyen actif sont : majorité d'âge, pro
priété immobiliaire , ou domicile de deux ans et
paiement d'une contribution; cette instruction pour
être entendue des Mulâtres, avait-elle besoin de
leur être expliquée par la société ? la société avait
elle besoin de leur ouvrir les yeux sur leurs droits
reconnus , déclarés par cette loi. Et quand les
Français mulâtres ont connu la mauvaise ſoi des
Colons blancs qui leur contestaient ces droits bien
évidens, quand ils ont connu toutes les manœuvres
employées pour empêcher l'exercice de ces droits,
ont-ils eu besoin pour résister à l'oppression et à
la tirannie, que la société envoyât un chefde bande
pour susciter une insurrection? / • .

Quand on craint que le langage de la raison


et de la justice ne soient un obstacle à de cri
minels desseins, il faut bien jetter de la défaveur
sur ce langage, en imputant des horreurs à ceux
qui le tiennent; il faut bien prévenir contre les
ersonnes pour qu'on croie moins à leurs discours.
# crime des amis des noirs, c'est d'avoir dé
masqué les tyrans des hommes de couleur, c'est
d'opposer de vives lumières et un patriotisme ar
dent à tout ce que l'injustice et la tyrannie des
colons blancs inventent, pour ravir à une classe
· nombreuse de citoyens toute existence politique.
Tel est le but des colons blancs, tel est leur
vœu ; voilà les législateurs des colonies, voilà les
hommes qui demandent l'initiative exclusive sur
le régime des colonies. Il n'est personne qui ne
frémisse des suites du décret qui la leur accorde
rait; ce serait décréter l'asservissement deshommes
I iij
43o •J o U R N A L
de couleur, le despotisme des blancs ; ce serait
violer les droits de l'homme et du citoyen ; ce
seroit vouloir que des citoyens obéissent à des
' loix qu'ils n'auraient pas consenties , à des loix
ſaites par leurs plus cruels ennemis ; « ce serait
mettre une différence politique entre des Français
tous propriétaires , tous contribuables, par la
seule raison que les uns sont plus blancs que les
· autres ; ce serait enfin tracer aux uns une ligne
de démarcation qu'ils ne pourraient jamais fran
chir, et au-dedans de laquelle ils seraient privés
des avantages de la société. »
Mais indépendamment de ces raisons, qui seules
seraient assez puissantes pour ſaire rejetter les
prétentions inconstitutionnelles des blancs , les
amis des noirs, pour ne laisser aucun doute, au
cune incertitude sur une question qui décidera du
sort des colonies, passent en revue toutes les
objections, tous les raisonnemens de leurs adver
| saires, et en démontrent le ridicule et la fausseté.
Les colons blancs prétendent quesi l'on accorde
aux hommes de couleur les mêmes droits qu'à
eux, « les esclaves n'auront plus pour eux ni le
même respect, ni la même soumission. »
Eh! les blancs ne seront-ils pas plus en état de
réprimer leurs esclaves quand ils seront unis avec
les hommes de couleur, qui ont aussi des esclaves ?
Les ſorces réprimantes ne seront-elles pas plus
grandes ? Divisez ces forces, rendez-les ennemies ;
# sûreté des colons blancs court de grands risques.
Ils disent encore : « Nous ôter le droit exclusif
de statuer sur les gens de couleur, c'est dévouer
à la mort un million d'individus dont les Antilles
sont peuplées ». Vaine terreur : que l'on fasse at

Z
D E s C L U B s. 431
tention aux événemens récens, et l'on sera con
vaincu que tous les colons sans exception seront
soumis aux décrets dès que l'assemblée nationale
aura manifesté clairement l'intention de faire
jouir les colonies , comme parties de l'empire
français, des fruits de l'heureuse régénération qui
s'y est opérée. -

S. I I I.
On vient de voir que les prétentions des colons
blancs sont extravagantes ; que leurs motifs et
leurs expédiens sont également insensés ; mais
cette vérité se manifeste plus ſortement lorsqu'on
- examine la population, † caractère, la force et
l'industrie de ces Français de couleur, que leurs
frères blancs veulent , au nom de la loi, sou |
mettre à leurs caprices.
Il résulte de la comparaison des deux classes,
que les hommes de couleur ont plus de droit à
la législation des colonies que les blancs. Des té
moignages non suspects prouvent « que les Fran
çais mulâtres se sont toujours bien comportés ».
Ils présentent, par leur civisme et leur courage,
beaucoup plus § cautions pour la sûreté des co
| lonies, qu'on ne peuten attendre des colons blancs.
$. I V.
Après avoir prouvé combien est fausse l'opinion
que les blancs veulent faire prendre des hommes
· de couleur , les amis des noirs examinent « quel
cas on doit ſaire des opinions que les colons blancs
ou leurs amis, avancent si souvent, sur le com
/ I iy
-'
432 J o U R N A L.
merce entre la métropole et les colonies, et des
menaces qu'ils ne cessent de faire contre la France,
si l'assemblée rejette les traités qu'ils proposent ».
Nous ne pouvons suivre les auteurs de l'adresse
dans cet examen, nous nous bornons à dire qu'il
· résulte de cet examen : « que les députés des co
lons blancs, aussi peu instruits des matières de
connerce que du droit public et de la politique
des états libres, ne connaissent pas les objets dont
ils parlent, lorsqu'ils prétendentallarner les Fran
çais sur le sort de leur commerce , de leurs ma
nufactures , de leur numéraire , de leurs subsis
tances, de la dette publique , de la constitution
ménie , dans le cas où l'assemblée nationale re
jetterait les loix impérieuses qu'ils prétendent lui
dicter ». Il en résulte : « qu'ils supposent mé
chamment, dans les travaux actuels de la métro
pole une calamité qui n'existe point ; que si d'in
justes planteurs insensibles à la liberté de leurs
| | frères , et sans ſoi ces, peuvent causer quelqu'in
· quiétude, on doit , à l lus forte raison, craindre
pour la † lorsqu'on outrage une population
lus non breuse, et qu'on prend pour la dépouiller
# d'une révolution qui restitue à l'homme
social tous ses droits. »

Après la lecture de cette première partie de


l'adresse , il ne reste aucun éclaircissement à de
sirer sur la demande de l' nitiati, e, sur les motifs
et le but des colons blancs , sur les cruels et fu
nestes efiets de l'adoption de leur projet, Le lec
teur est indigné des manœuvres, des calamnies,
de l'orgueil et de la tyrannie des ennemis des hom
mes de couleur; il est indigné des perfides eſſorts
D E s C L U s s. 433
lits,ttdes que l'on fait pour tromper l'assemblée nationale,
lefatt, etl'entraîner à servir l'ambition des colons blancs.
ºps!, La seconde partie de l'adresse expose les opinions
le dres générales de la société des amis des noirs sur l'es
à Creul clavage. « Ils n'ont jamais demandé l'affranchis
ulis (sſº sement subit des esclaves », sur les Français mu
disé lâtres, sur la traite, et enſin sur le commerce de
a pliº · la métropole et des colonies. Ces opinions sont
dºdº celles d'hommes justes, éclairés, humains, amis
dsf E de la liberté et de la patrie. Le lecteur fatigué
e un me des entreprises de la perversité, avoit besoin de
ur sºir , se reposer en conversant avec des philosophes.
s'!U ". -

|(trºni -
Lettre adressée à la société des amis de la vérité
Seante au cirque.
r :º - - - - - -

( antº » Patriotes et freres, le quinze avril pour la pre


: desir miere fois, j'ai assisté a vôtre assemblée au cir
| º que; qu'il me soit permis, comme patriote, com
#l ' me ami de la liberté et de la vérité de vous com
# \ IT] uniquer , sans aucun fard, les réflexions que m'a

a , fournies cette séance. - -

| Elle a été très-scandaleuse , VOus en conv1en

|à lUl / · l'organisation
drez, et elle ademisvotre
au grand
sociétéjour tous dire
: j'ose les vices de
qu'elle
· est incontitutionnelle, comme toute société qui
, rartie dt s'écarte dans ses statuts et réglemens des principes
ºntà de · adoptés par la grande société de la Nation, je
lsmotifs veux dire , l'Assemblée Nationale.
ls et fu- Je n'ai pu m'empêcher de m'écrier au milieu dé
Le lec- vous, que la liberté n'y était qu'une chimere, lors
lamnies, que j'ai été témoin de l'adulation qu'on y prodi
des hom guait à certain individu ; de la précipitation avec
les eſloº #aquelle on lui donnait raison, et l'on condamnoit,
----
J
|

434 J o U R N A L
sans vouloir les entendre, ceux qui voulaient s'é
lever contre l'enſant gâté de cette société.
Comment, Messieurs, vous créez parmi vous un
Ol'ateUr en chef permanent , un procureur-général
permanent ? mais avez-vous donc envie de faire,
sans sortir de chez vous, un petit tableau ou mi
miature du gouvernement de Selim.
M. l'abbé Fauchet est votre souverain, Mes
sieurs, sans que personne s'en doute, excepté lui :
vous l'avez créé tel par votre idolâtrie : il peut
maintenant se mettre à son aise avec vous, car
vous ne pouvez plus voir ses erreurs; s'il en com
met, vous êtes tout prêts à les consacrer ; vous
n'osez plus vous permettre de penser différem
ment de lui ; en un mot vous voilà réduits à voir
tout en l'abbé Fauchet, comme Mallebranche voyoit
1out en Dieu.
Et comment Claude Fauchet, qui n'est pas si
Claude, mais que je crois pourtant bon patriote,
que je crois disposé à prévenir les abus, peut-il
souffrir qu'on lui donne, peut-il demander lui
même des titres préjudiciables à la liberté d'une
société, une dictature oratoriale par exemple.
J'ai été bien plus étonné de le voir élever une
querelle d'Allemand, qui devient la cause d'unc
scission dans votre assemblée, une querelle typo
raphi-grammaticale que je compare à la dispute
des lilliputiens, sur la question de savoir si l'on
† œufs par le gros ou par le petit bout.
CaSSG r:l

Quel rapport toutes ces miseres avoient - elles


avec le vrai but de cette société, les discussions
p† et l'institution publique ? Si Claude
auchet avoit à se plaindre d'altération de sens
dans l'impression de ses discours, ne pouvoit-il,
l L D E S C L U B 3. 435
º #iº #. sans se donner l'air de vouloir essayer l'affection
· cette s0ciété de son peuple, par une menace de démission, de
uscrºetpimivºRn désertion, ect. ect., se plaindre tout bonnement
, Unprorufºr# au rédacteur, et, de gré à gré, donner dans le
s donc envie de#, n°. suivant un petit supplément correctif, et tout
7 ptit labºu ai eût fini là. Au lieu de cet accommodement, voilà
\é m. un grand procès porté au tribunal de l'opinion
tre toUſer , / , publique, voilà un scandale, car c'est ainsi que je
n doule,t li qualifie toute scission dans une société pareille ?
re idol#iel pºt quoi ! faudra-t-il aussi un juge de paix dans les
aise attt Vº,fºr sociétés particulières pour appaiser les rixes de
leurs membres ?
erreurs sien ( E
les consa(f" : W05 Je dois le dire à M. Fauchet, cette scène de scan
le pensºr diº dale lui a fait du tort dans l'esprit de beaucoup
voilà réduisº s · de personnes d'un très-grand sens ; on a remar
J(#rinc# # qué qu'il se plaisoit à conquérir beaucoup de po
pularité dans l'assemblée; on a cru lire en lui une
certaine joie secrette sur l'essai qu'il venoit de faire
t, qui rººº
tant bon panº de la dévotion de cette assemblée pour sa per
sonne, une certaine satisfaction de # vengeance
|
r les abUs, pº
·il demºnitº qu'il avoit obtenue ; et on en a conclu qu'il gou
à la liberéduº verneroit la société exclusivement, sur-tout parce
qu'il est prêtre et qu'il y a grand nombre de bon
ar etempº nes femmes ; en vérité on a dit tout haut :
voir élever uº
, la cause d'une On vit régner César sous le nom d'Empéreur
e querelletVpº" lci régne Fauche t sous celui d'orateur.
asaroir
à h sidº
|'on
Frères et amis souvenez vous des grands prin
epetitbº cipes de la liberté : toute prééminence trop dura
noient-elles ble doit être bannie de toute société, et les parti
s discussions culiers que l'on veut revêtir d'une portion d'auto
, Si Claude
ion de seº
rité trop grande doivent chercher des moyens non
suspects de s'y soustraire, s'ils sont vraiment les
|. pouvoiº 2
436 J o U R N A. L
amis de la liberté. Ce fut ainsi qu'en usa Solon à
l'égard des Athéniens qui vouloient lui conférer
la royauté qui ne lui paroissoit pas convenable au
salut du peuple.
Tous les hommes ont le dispotisme dans le cœur
dit Helvétius et bien d'autres; il ne faut donc ja
mais les mettre à même de pouvoir développer
cette tendance naturelle, car honores mufant mores
et non saepe in meliores : rappellez-vons que les
Athéniens établirent l'ostracisme contre la trop
grande popularité des citoyens , contre la trop
grande prépondérance que les actions d'éclat leur
· donnaient dans l'état dont on Craignoit qu'ils n'u
surpassent le gouvernement.
§ l'idolâtrie des peuples pour les individus
· qui créa les tirans : il faut se défendre de cet en
§ qui nous fait regarder un homme com
me supérieur à tout, parce que bientôt nous le
mettons au-dessus de tout; et il n'y a plus de li
berté où tous les respects, toute la considération
se portent exclusivement et aveuglement vers un
seul homme, parce que nécessairement on envient
à consacrer ses erreurs et ses fautes ( et rappellez- %
-

vous l'errare humanum est, l'omnis homo mendax )


parce qu'on ne veut plus voir et entendre personne
que lui, parce que l'on condamne tousses adver
saires sur l'étiquette du sac, si je puis parler ainsi.
Et pourtant , frères et amis, vous avez été di
· rectement contre ces premiers élémens de la li
· berté , dans votre séance du 15 avril , en cou
ronnant, pour ainsi dire, l'abbé Fauchet, comme
- votre roi. Quelle inconséquence ! souffrez que je
vous le dise, d'avoir commis cette faute, et d'a
· voir cependant donné des applaudissemens à un
-- -- 1

, D E s C L U B s. 437
muta$ºn#
lui contrer orateur qui rappellait que Mirabeau avoit dit de
Dnvenableau M. Necker, que la popularité dont il avait joui
en France avait été un moment dangereuse ; qui
dansetgr disait que Mirabeau lui-même en avait une un peu
aut dor#
trop grande quand il mourut, qu'il en avait quel
fois abusé à la tribune, et qu'il eût peut-être été
r dºdoº par la suite très-dangereux, s'il avait ce caractère
#nt #
que ses ennemis lui prêtaient.
# # ls Frères et amis, les passions des hommes ten
re h trºp
re la tºp dent sans cesse à détruire toute espèce d'égalité,
ºcdatlºr et toutes les institutions humaines , toutes les
it ils # loix, toutes les règles de toutes les sociétés, sans
exception, doivent tendre sans cesse à rétablir
s ir# cette sainte égalité ; c'est , à mon avis le chef
de tetelr d'œuvre de la politique. Souvenez-vous donc de
mnt (Ûffl
ne jamais trop honorer un homme de son vivant,
tôt misk lorsqu'il est encore dans l'activité de l'âge , de ne
pasluiaccorder trop de pouvoiret d'autorité: c'est à
plis de# sa vieillesse qu'il faut réserver le maximum des hor
sidéralIUM
neurs de la société, parce qu'alors il est présumé
nt vers lin
nºnvient
sans ambition , et que faute d'activité il cesse
d'être dangereux ; parce qu'alors le compte du
rpºlº bien et du mal qu'il a fait en sa vie peut être
mºndºv )
arrêté , et qu'on peut en soumettre le résultat à
personne
l'opinion qui n'a plus à craindre un retour sur
sadver elle-même.
crainsi.
été di Mais, me dira-t-on , d'après ces principes,
· la li pourquoi donc dans notre grande société natio
j cOtI nale, un homme si éminemment distingué des
Infil6 autres, appellé roi ? |

lued je Pour moi, voici, en ma qualité d'homme li


t :l bre , ma profession de foi à cet égard ; elle ne
, à un | Plaira pas à Dépresménil , mais en revanche elle

| - s - t -
438 J o U R N A L -

aura quelques suffrages de plus grand poids que


les siens.
Je n'ai jamais aimé le titre de roi, parce que
j'ai toujours dit que par-tout où il y avait un
roi , il y aurait une cour; c'est-à-dire un centre
de corruption, un foyer de servitude et jamais
de mœurs ; que par-tout où il y aurait une cour
avec des faveurs et des graces à distribuer, il y
aurait de l'intrigue et de la bassesse employées
pour obtenir ; que dans tout état où il y aurait
un roi distributeur de places et de récompenses,
il y aurait un roi distributeur d'insolence, d'or
gueil, de vanité, de ridicules prétentions, en ce
que tout ce qui ne s'obtient que par l'intrigue
et la faveur, inspire toutes ces belles qualités,
et qu'il en est bien autrement des places conférées
par un peuple éclairé : on ne les obtient que par
des vertus et les vertus sont ennemies de l'orgueil
et de l'insolence, qui détruisent cette égalité ,
la base de notre constitution.
Mais si quelque chose peut excuser une grande
nation où y a tant de § nouvelles et de
philosophie, d'accorder à un homme une telle
distinction qu'il devienne un être séparé des au
tres hommes ses semblables, par ses étonnantes
|# atives, au nombre desquellés paraît d'a
ord l'inviolabilité ; c'est sans doute la crainte
de compromettre ce grand axiômepolitique : salus
populi suprema lea esto ; c'est l'idée que ce dépôt
immense d'autorité nous garantit des maux qui
ourroient résulter de la précipitation de l'esprit
§ dans les § àe crise où se trouvent
quelquefois les états, des écarts de l'imagination,
des élans d'une reconnaissance et d'une admira
D E s C L U E s. , 439
pô ; #t tion souvent surprises , de cette idolâtrie enfin
qui s'attache aux individus malgré nous, et qui
pºte ! pourroit peut-être placer un Cromwel où nous
| dWdll llll avons pensé mettre un honnête homme.
• Un Cºllº Ce qui doit apprendre aux rois que ce n'est
et ami point pour eux, pour leur bon plaisir qu'ils sont
i llIlt (UI créés premiers fonctionnaires publics, mais pour
Me, ily le bien de tous : ce qui doit leur rappeller, et à
tous ceux auxquels on confère des pouvoirs, l'ar
,ts ticle de la déclaration des droits de l'homme : que
y auſal
toutes distinctions sociales ne sont fondées que sur
mº, l'utilité commune ; ce qui doit prouver que toute
Re, du -
pſS, fſ (t
société générale et particulière doit supprimer
toutes distinctions qui ne se rapportent pas à ce
l# grand but, parce que dès-lors elles lui deviennent
q#, contraires et nuisibles.
(0nltirô
tque # JACQUES BOILEAU , juge de paix à Avalon,
e g! et député de cette ville.
égal )
De Cherbourg , le 17 avril. .
endº La société des amis de la constitution nous
setde communique une adresse qu'elle vient d'envoyer
ine telle
à l'assemblée nationale ; elle est conçue en ces
, des au° termes : « MM. plus on est frappé de la sagesse
finantes de vos décrets, §
on est pressé d'en jouir , et
it d'a moins on supporte les longs retards que leur envoi
rainte éprouve. Nos troupes de ligne attendent, mais
: ſalus toujours envain, le décret qui substitue les cra
dépôt vattes nationales à celles dont la vanité décore
X qui leurs drapeaux. Soldats de la nation, c'est sous
esprit les couleurs de la nation que ces bons citoyens
uvent veulent se rallier et combattre : que tarde-t-on
ation, donc à satisfaire leur vive et louable impatience ?
mira*

r - s-
º * • .
44o JoUR N A L - ^

Il est encore un autre décret dont on désiré


aussi ardemment l'envoi mimistériel. C'eſt celut
qui rend libre le service des ser-ens.
Grace aux dégouts dont on accable ces braves
officiers, grace aux minutieuses mais fatiguantes
persécutions qu'on leur fait essuyer dans presque
tous les régimens , nous aurons la douleur d'en
voir un grand nombre profiter de ce décret.
Ah ! Messieurs , qu'il connoissoit bien l'état
des choses , ce grand homme qui n'est plus au •
milieu de vous, lorsqu'il assuroit que la France
ne serait heureuse et tranquille qu'après avoir
opéré un refonte totale dans le corps de l'armée !
Oui , nous osons le dire (et que peuvent craindre
des citoyens qui ont juré de tout sacrifier à la
patrie et à la vérité ) La plus grande partie des
officiers croit à une contre-révolution , et ils ne
négligent aucuns moyens d'en hâter les momens.
On voit de ces êtres sans mérite , sans vertus,
même sans ce qu'on appellait un nom , aller bas
sement courtiser les soldats qui servent sous leurs
ordres, affecter avec eux la plus intime familia
rité, leur lire les papiers les plus incendiaires ,
sous le prétexte spécieux de les instruire , dimi- *
nuer leur attachement pour leurs sous-officiers
dont ils redoutent les lumières et le patriotisme ,
et faire supporter à ceux-ci tout ce que l'orgueil
a de plus insultant. Voilà pourtant les hommes
que la révolution favorise ; voila ceux auxquels
la nation assure un sort plus heureux et des aVan
cemens plus rapides ! ingrats † déchirent la
main qui les soutient , qui les alimente ! -

Depuis long-tems, Messieurs, on vous demande .


un décret qui oblige les officiers de ligne au sérº ent "
individuel.
- " -- - 9 ,
· DES c L U n 8
* • . ' * .
44t - .

indºviduel. C'est du m iºs én supposer à ceux


d'entr'eux qui sont ennºmis de la constitution
assez de, délicatesse pour ne point jurer contre
leur conscience, ou pour être fidèles au sermºnt
qu'ils auront prèté. Ce décret d yient de plus en
plus indispens blº. Le soldat patriote, ass zcou
rageux pour divulguer son opinion, se fatigue de
se voir tourmenté par des tyrans ( ) ; que sera
ce lorsque ces braves sous-officiers l'auront aban
donné? Messieurs, nous le répétons, le momènt
est précieux 5, si vous atteiide# la défection pres
que totalè du corps respectable des sous-officiers,
vous vous † des trºyaux immenses, et à'
tout l'empire des maux ii #leu ables. . "
Nous allons ſinir par un dernier vœu qui est
particulier à . nötre ville. Nous demandons, en
g ace, que le quara7tº-u# è ne ré inéni infanierie
que nous avºns le bonheur de pºssédér, n chdnºe
point de car7ison a an la fin de votre du ra e. Il
est bien intéressant que le ministre ne soit point
trompé sur le vrai intérêt des peuples , et qu'en
isolant s ns cesse le soldat dés autres citoyens ;
il ne contribue à re susciter ces anciennes mé
4
fiances, ces divisions dont le despotisme tira long
tems un si grand parti - , -- .. ! - , r "
-

,-* . * : -

- - --
- -
-

, Puisse votre sage fe mesé , Messieurs , calmer


- nos inquiètudés, et forcer le mauvais citoyens,
-- - - - - - •' * ' • ' * - " ". " - -

nous ne disons pas à aimer les loix, mais'. du


2 - -
·
-
moins
.
- - - - - - • • • ' * ' e -

- à leur obèir. » - • .. , · · · -- • • • • •• •
--- • ••

• ' • t - - -- - -

- - - • -
- • • , " • , , , , - ^ • •• • • • ••
- — *---------- -- 1
-
- - . - - - - -

| | -- , - ' ; • * • - * . " " , ". - - • * ' ,

(*) Il n'y a que des cœurs mou'és pour l'-ſclav ge gui


uissent abuser d'une autorité qui ne leur est confiée qae
pour le bonheur & l'avantage genéral. - - - - • • -
-

". -

• -- - »- - - "- - - . • ^ -----
| | | -
- ---- . -

- '" | º -. -
* .. ,
44 J o U R N A 1,
- - . . - -

La même société nous donne communîcation


de la lettre qu'elle a écrite à celle des Jacobins,
pour la prier d'appuyer de tout son pouvoir les
quatre pétitions contenues dans son adresse à l'as
semblée nationale. « Messieurs, dit-elle, au mi
lieu de la capitale, entourés de citoyens éclairés,
le troupes § les chefs sont patriotes, comme
elles vous ne pouvez apprécier que faiblement
le besoin d'une régénération totale dans l'armée.
C'est dans les départemens qu'on est à même d'en
juger : il faut être témoin pour ajouter ſoi à tout
*#
royse
ez-pas
-
nouse.
s , mes. sie..
urs, croyez vos frères, vos»
amis ; notre sublime révolution rétrograde depuis
quel ques mois : non-seulement les mauvais citoyens
ne se déguisent plus, mais ils injurient publi
quement les loix et la nation. Il faut nécessaire
ment qu'il existe quelque nouvelle trame dont ils
se promettent un grand avantage, puisqu'ils lè
vent si audacieusement la tête, eux qui ont rampé
si † · - · · ais:
· onn
| Nous avons reçu avec bien de la· rec -

sance, la lettre que vous nous avez écrite rela


tivement aux justes réclamations des officiers de '
mérite du 41e. régiment d'infanterie. La con
fiance de ces respectables militaires, est la preuve
la plus convaincante de celle que vos travaux,
vos lumières, votre civisme inspirent à tous les
Français. Nous nous sommes empressés de leur
communiquer votre lettre ; ils avaient besoin de
cette consolation ; et leurs yeux, que la douleur
n'avait jamais mouillés , ont pleuré d'attendris
Sement. .
La constitution, si favorable à la vertu et au

| -- ^ • A -

"--
-
—| -- à -
- - D É s C L 9 B s. . -

mérite, cette révolution qui devrº it les consoler,


à la fin de leurs jours, des injustices dont ils ont
été si long-tems victimes : eh ! bien , messiºt rs,
qui le croirait ? Voilà la source de tous les dé
goûts dont on empoisonne es derniers mon ns
† vie si précieuse | o r 'état Ce sºnt des
enfans, des jeunes agréapies qui , en sifilait et
pirouettant, font boire l'ignominie à ces véné
rables vieillards couverts de Llessures! Est-ce ainsi
qu'on acquitte le s ng versé pour la patrie ? Mar
tvrs de l'ancien régime, par quelle fatalité le sont
ils enco e du rouveau ! (

- Ah ! messieurs 9 · rºssez le décret du $ r ne r


individue t, ou suggérez à nos augustes législateurs
aun autre moyen de faire triompher la loi, et de
venger tant d'outrages. . , . ..
Pour vous engager à ne point négliger la de
mande des officiers de mérite et à nous obtenir
une prompte décision, nous.ioignons ici une
note qui constate le passº-droit fait à l'un d'eux,
et la coupable négligence que l'on apporte à leur
procurer la croix , cette récompºnse qu'ils ont si
bien méritée, et dºnt au io rd'hui ils sont d'autant
plus jaloux, qu'elle est devenue un ordre vrai
ment national, et que sa distribution ne sera plus
désormais avilie par la faveur et l'intrigue. .
· P. S. Une lettre arrivée ce matin de Paris 9

annonce que les ieniandes peu la cr x, oubliées


long-tems dans les bureaux, ont été retrouvées et
· placées enfin dans le porte-ſeuille du ministre.
# ^ Ainsi , onpeut espérer que sur cet objet les délais
J' · sont près d'expirer.

3W
- .. • ^. , •• • • 4

444 · * J ö U RN À L ' -
- , , ! ·· · · · ·: · · · · ,- • •- -
: ' D'Etroeng, 17 avril.
: La société nous charge d'annoncer qu'elle ne
recevra plus de lettres qui ne soient aſfranchies,
et que de son côté elle aurasoin d'affranchir celles
qu'elle enverra. -

| RÉFLEX1 O NS ,
D UN PATRI oT E, .
Etprojet sur la manière d'inspirer au peuple l'amcur -

de la constitution. *
, • ** « -

Pour établir solidement une constitution dans


· un vaste empire , il faut constamment avoir la
très-grande majorité pour soi. Cette très-grande
majorité vient du peuple : pour l'obtenir, il faut '
travailler sans cesse pour son bonheur, ce n'est
: pas tout encore, il faut que le peuple sente et
| -voye si bien, que ce que vous faites est pour son
' , avantage, qu'il soit toujours prêt à vous seconder '
dans les occasions difficiles, et pour qu'il voye
que ce que vous
" qu il soit en
faites esttoujours
conséquence pour sonprêt
avantage, et
à vous se
· conder par sa force imposante ; il faut dissiper
- les préjugés qui obscurcissent sa raison, et l'em
êchent d'appercevoir son intérêt dans les ré
· formes, il faut qu'il soit éclairé, il faut qu'il
soit prémuni contre les fausses insinuations des
ennemis du bien public.
· v -
-

--------- - - -

- · D E s C L U B s. 445
· Le peuple français, quoique mûr pour la li
berté, quoique disposé à recevoir les lumières
de la raison, est cependant encore, et sur-tout dans
les pays éloignés de la capitale, enveloppé dans
les langes de l'ignorance et des préjugés, il sert
aveuglément d'instrument à l'ambition des prêtres,
il est encore leur dupe, et on le voit par fois
encore obéir à la voix de l'aveugle superstition,
ou du fanatisme en fureur. •

Tel est le mal auquel il faut remédier, tels


sont les écarts qu'il faut prévenir en ce moment,
où la circonscription des paroisses, la coalition
des évêques fanatiques ou hypocrites, le renou
vellement du corps législatif, la trame des emne
mis du déhors et du dedans, les nouvelles imposi
tions devant co-incider en quelque sorte, prépa
rent peut-être de grands maux à la France. Pour
les prévenir, je ne connais qu'un frein pour le
peuple, celui de l'instruction.
- Amis instruisons le peuple, et le peuple est
sauvé ; encore quelques efforts de patriotisme de
· la part de l'assemblée nationale ; et le français
donne la loi à l'univers, et ne la reçoit de per
| sonne.
| Hé bien ! il est deux moyens d'instruire le
peuple, relativement à la constitution, à l'utilité
des réformes. · · - -

: 1°. Par le langage des signes, je veux dire


des objets matériels auxquels l'art donne une ex
pression qui d'abord ne frappe que les sens ; mais
cependant les émeut de manière que l'impression
qu'ils reçoivent se † , arrive au centre de
idées , de là jusqu au foyer du sentiment, et fai,
K iij
•---

445 , J d U R N A É
sot vent ainsi prendre un sublime essor à la
fé,ison. . · · ,

2°. Par les discours et le raisonnement, au


moven desquels, en opérant, d'une manière di
ré te, la conviction, † persuasion , on f.it flé
chir l'esprit , et on conduit les hommes à bien
agir. · · · ·
On peut , et il fut en ce moment critique,
fººre concourir ces deux moyens d'instruction en
France. . ' |

, i.º premier, celui des signes sensibles, étoit


la ressource d s anciens. L s hyérogliph s, les
pirimides , }-s obélis ues, les spectacles de toutes
#spèces, les montanºns les plus variés se multi
plioient à l'infini, chez les Athéniens, chez les
5rºcs et chez les Romains, pour agir ſort ment
sur l' esprit , !ºs sent mer et la raison du peuple ;
et chez nous ce m.oyen ºst presque nul. -

Ne serait-ce bas un 5
grand bien, que
j'à l'assemblée -

mationale invitât , par un décret, chaque muui


eipelité de ville, soumissienn ire pour les biens
nºtionaux , à fire ériger d ns son enceinte, sur
la place la plus convenable , un obélisque ou une
† à la liberté , oii seroient inscrits tous
s avant ges de la révolution, et dont la dépense
se ferait s.r le seizième du prix de la vente des
bi ns nationaux , accordé à chacune des muni
cip*.- lités
_ . .
sounnissionnaires.
* : , -
-
: . - -
- Ce sig res ,e table, propre à émouvoir la
· s nsibilité , u p · pie, à exciter son atta hement
à la const, n, et sa reconnaissance dans un
morcent où le sentiment en devient si néces aire,
serºit sºn cºntre de ralliement : c'est là qu'il s'as
semblera,. dans les beaux jours, sur la iiu de la
D E s C. L u B s. 447
journée par forme de délassement sous un cou*
Vert SOutenu simplement par des pilliers et en
touré d'arbres : c'est là, sous ce couvert, que se
roient l'autel et la statue de la liberté : c'est là
dis-je, qu'il s'assemblerait pour entendre la lec
ture des nouvelles sur les affaires du gouverne
ment qu'il s'est choisi et pour recevoir des ins
tructions : c'est là seul que seroient affichés les
décrets des législateurs, comme en un témple ,
et que serait célébrée la fête du 14 Juiliet. .
ð ! lorsqu'on trouve à chaque pas des mo
numens élevés au § prêtres, plu
tôt qu'à la gloire de la religion : à la tyrannie
les et § vanité des grands, plutôt qu'à leurs vertus,
#
ar la superstition cette maladie des sots, ou par
sili e fanatisme celle des fous , et par la bassesse e
p !
· la flatterie celle des ambitieux ! La liberté ,
cette mère des vertus les plus précieuses à la so
§ ciété, cette idole des grands cœurs, ne recevrait
m# pas en France les mêmes marques de distinction!
\!
# ! ses amis n'auroient pas le crédit de lui faire
décerner dés honneurs ... .. avilis à force d'être
S#

te,*
prodigués, et qu'elleseule peut réhabiliter en les
obtenant.. ... . · · · ·
ou !
ts ,
L'autre moyen d'instruire le peuple, qui tient
aux discours et au raisonnement, et qui porterait
éº son influence jusques dans les cabanes les plus
nic
obscures, consisterait à faire un don, §
un an, au nom de la nation, de deux exemplaires
V0lf
. ! | de la Feuille villageoise à toutes les municipalités
hemº
du royaume, avec injonction aux officiers muni
cipaux de choisir un lecteur au peuple , et de
|n !
ºS ºſ ,
fixer à ce lecteur un emplacement commode pour
les instructions qu'il aurait à lui donner, d'après
' # | | K iv
u&
4 º - , , ^
l48 | | | Jo urs AL -

as principes de cetté feuille, en observent que


dans tous ies lieux où il y : urait des juges de
paix établis, ces hot orables fonctions leur appar
§ de droit, : fin de rº ndre leur ministère
encore plus respect | le et plus s: int. ' . "
| Cet aboi nenient nºtioral ne coûterait pas 3oo
mil.º livres, et jamais arg nt n'. t rait été mieux
ei | loyé : le peuple s'accoutume ait à cette manne
préel use, · elle deviº ndrºit l' liment nécess ire
, son esprit et de sa raison : de sorte que par
la suit il r pourr, il s'empêcher de suivre † ! .

bonnenieri : la déºhºrge de la nation. .


| Tel est le X au d' n b n citoyen , qui coopérera
son aine.du l#et d# tºute sa ſorce et de
à l'exécution
touſe > ... 4à: A 4

|
, * , e,ºc z : · · · · ·
, Sit ne , JACQUES BOILEAU, juge de paix à
Av: lon. • • •• • . | | T. | 1 , • - - - 2 , º
* • r- -* • • -- - ' - -

· Le citoyèn patriote qui nous a communiqué


ces réflex : s , bien | prºprºs à justifier le choix
dont il a é é l onCré , º : joint en m me-uems
ut niodèle des inscrip,ions 'qui pourroient être
gr (es sur l'espèce d montinent qu'il propose.
# # de ne pot voir en rapporter le
texte,; ſoicés par les bornes étroites dans les
quelles nous sºmmes circcnsctits, nous ne vs con
tenter rs d dire qu'elles rºn plies nt pleinement
les vt os qu'a indiquées l' uteur du projet. Per ua
dés qu'il suffit de ſºire connaître aux amis de la
constitution les différens moyens de procurer le
bien commun, et qu'on peut ei suite s'en rap
porter à eux pour l'exécution, nous croyons avoir
ren pli notre tache, en concourant, autant ( u'il
est en nous, à la publicité d'un projet dont nous
A
T-rr--a----
-
> --------- "
-
| A
#

'- - 449
D E s , C L U B s. - •!

pensons
tion. .qu'on ne pourrait trop hâter la réalisa-
• - -
-l

· | : - • ' - - - - º, #
| O BSE R V ATI ON S # · · ſ .
" -
Sur le monument des grands hommes.
,
-
. | \ \
-
· · · · ·
Le projet d'un monument destiné à honorer la # (
mémoire des grands hommes de la patrie, a quel- .
que chose de sublime , et son exécution annon
cera au premier coup-d'œil tout ce qu'il a de
grand et de magnifique. . · · · · ·
· La nouvelle basilique de Sainte-Geneviève de- . -
\'
viendra le panthéon de la nation française ; ce - | | |
monument sera à Paris pour les grands hommes,
ce qui étoit à Rome le temple d'Agrippa pour - - º

tous les dieux de l'empire. Le panthéon français -- '!


réunira dans sa vaste enceinte, et dans les bâti- 2
mens qui l'environnent, tout ce que la patrie a - - -

de grand et d'utile ; il deviendra un véritable | - ·


lycée, une académie ; il sera le rendez-vous des , •

' arts, le séjour des lettres, et le foyer des sciences. -

Une bibliothèque immense sera une école tou- 5

† ouverte aux citoyens qui viendront apprendre


es élémens de la morale et de la politique; cette ,
-

" f
-"

bibliothèque, appellée nationale, § · les - -

écoles de droit, dont le bâtiment sera mieux em- \

† les connaissances qni excitent l'é- - \


, mulation et échauffent le génie. (.

En proposant ce projet , qui paraîtra peut- | . #

être trop compliqué à ceux qui n'ont que de petits - | |


moyens pour l'exécution, j'adopterai celui qui a -

# donné : , • •---
par un anonyme dans le Journal des
-
45o JoUR N A L
Cet anonyine propose d'élever un monument
· sous le nom d'antre de l'infamie , avec cette ins,
cription : Les ennemis de la patrie dévoués à la
vengeance. Il le place sur une partie latérale du
nouvel édifice de Sainte-Geneviève , parallèle au
bâtiment des écoles de droit, qui seroient sup
primées comme inutiles, puisque la bibliothèque
que je propose y suppléerait. Ce monument ser
virait, comme chez les premiers Egyptiens, à
poursuivre la mémoire des grands criminels ; il
épouvanterait leurs imitateurs en opposant un
monument d'exécration à un monument de recon
naissance. - - - /

Enſin, pour rendre l'établissement encore plus


utile, et d'un objet plus étendu et plus analogue
aux vues du corps législatif qui, en disposant des
biens du clergé au profit de la nation, s'est chargé
d'acquitter les fondations des abbayes, monas
tères et maisons religieuses, je proposerai qu'on
chargeât d'acquitter ces fondations dans la nou
velle basilique , un nombre d'ecclésiastiques pris
dans la classedes anciens curés qui auroient vieilli
dans les travaux assidus du\ministère évangéli
que. Ces ecclésiastiques seroient au nombre de
† , au choix des quatre-vingt-trois
épartemens qui nommeroient alternativement à
· ces places, qui seroient la récompense de ces ver
tueux ecclésiastiques, qu'on appelleroit seniores,
les anciens. Ce corps d'ecclésiastiques seroit pré
sidé par M. l'évêque de Paris ; ils vivroient en
commun, et leur costume simple et modeste ne
seroit distingué que par une médaille d'or ou
d'argent, suspendue à un ruban violet , avec la
devise : aux grands hommes de la patrie.
| T - " * - -- * -- a - * : #--- - - -- |

*
i

D E s cL Uàs 4° 1
, ' La nouvelle basilique de Sainte-Geneviève ne
serait pas une paroisse, ainsi que l'annonce le dé
cret; mais j'insisteraispour que lachâsse de Sainte
Geneviève y fut transportée, par reconnaissance
pour l'approvisionnement des bleds que cette
vierge de Nanterre a dans un tems de disette et
de fâmine procuré gratuitement à la capitale en
faisant un sacriſice généreux de sa fortune. Ce
seul trait de sa vie et cet exemple de patrictisme
mérite les honneurs de l'apothéose , d'ailleurs
personne n'ignore que Sainte-Geneviève est de
puis quatorze siècles l'objet de la vénération des
parisiens. Enſin le Panthéon Français serait la
récompense des ecclésiastiques qui auraient bien
mérité de la patrie, ainsi que des grands hommes
que le corps législatif doit y placer après leur
{mort. · · -

JAcQUEMART, de la section des Lombards.


- . 2 pº -

La vérité rétablie ſur une anecdote inſérée dans le


- Spectateur du 12 avril.
'église del'abbaye de Saint-Germain-des-Prés,
ayant nécessité des changemens indispensibles,
et des travaux pour l'usage de la paroisse , on a
óté la menuiserie au-dessus des stales des reli
gieux, découvert les pilliers, abbattu les grilles,
supprimé les tombeaux de Childebert , des rois
et reine de la première race. En démolissant les
| marches de la nefau chœur, les ouvriers ont ou
vert un petit caveau dans lequel s'est trouvé un
corps entier bien conservé , et revêtu d'habits
religieux , pour faciliter les travaux, on l'a tiré
v 452 J o U R NA L :
de cet endroit et transporté à la sacristie, ou il a
été exposé, non pas à la dévotion comme l'assure
le Spectateur, mais à la curiosité publique ; on
a fait à ce sujet des raisonnemens à perte de vue,
comme témoin oculaire je dois cet hommage à
la vérité que ce que le Spectateur qualifie de
momerie monachique , n'a jamais existé, que le
fait qu'il raconte est dénaturé, que la police n'a
pas fait cesser, comme il l'avance, cette préten
due momerie, ni fait rentrer le prétendu saint
dans l'obscurité de son tombeau , ni que les reli
gieux ayent été présens à cette découverte, ex
cepté D. Lieble, sous-bibliothécaire de la mai
son, connu par ses recherches, sur-tout par un
mémoire # a remporté le prix de l'académie en
1764, sur lès limites de l'empire de Charlemagne.
Ce savant religieux, ainsi que ses confrères res
† sont trop éclairés pour avoir jamais
ru qu'un corps trouvé entier et bien conservé fut
un signe certain de prédestination, et ces Mes
sieurs ont trop bien mérité du public par leurs tra
vaux littéraires pour être accusés aussi légère
ment et inculpés aussi mal-à-propos.
Si le spectateur eut été plus instruit , il nous
aurait dit que ce n'est pas la première fois qu'on
a découvert ce corps entier, qu'il l'a été en dif
ſérentes circonstances notamment en 17o2 , lors
de la construction du maître-autel de l'abbaye ,
que ce prétendu saint étoit Guillaume III , dit
l'évêque, soixante-septième abbé régulier de Saint
Germain, mort le 11 décembre 14 18 , que cet
abbé est auteur du commentaria invetus testamen
tum , manuscrit qu'on voit à la bibliothèque de
Saint-Germain sous le Nº. 122, et du recueil des
'D Es cL'U'B s 453
privilèges , titres et renseignemens de cette mai
son, et qu'on appelle le livre de l'abbé Guillaume.
Que bien différent de nos abbés commendataires,
il n'a employé ses revenus qu'à procurer à ses reli
gieux les moyens de cultiver les lettres et les
sciences qui ont été en vigueur pendant son gou
vernement , qu'enfin le corps de Guillaume dé
· couvert le 3 avril de cette année , a été remis
à la même place sous la tombe de cuivre sur la
quelle il est représenté au bas des marches du
chœur dans la nef, que cette découverte à peine
connue du voisinage de l'abbaye, n'a eu d'autres
témoins que des ouvriers des maçons et quelques
· particuliers que le † , et que
· tout s'est passé sans trouble , sans bruit, ni sans
momerie monachique. .
* .
: -

" •- 2

JACQUEMART, Libraire , citoyen de la sec


,· · tion des Lombards. - :
*

· NoUVELLES DES DÉPARTEMENS.


• t
- /

:D E P A R I s.
-

- - ' ^. -

- ·· · Evènement du 17 Avril.
Que veulent les aristocrates ? renverser la cons
-titutions et se rapprocher, autant que possible,
de l'ancien régime. Que veulent les prêtres ré
: fractaires à la loi ? renverser la constitution et
remonter, autant que possible, au trône qu'une
conſiance aveugle leur avoit consacré, auquel les
s,
454 JouR sA L
préjugés servoient de dégrés, que l'ignorance èn,
touroit d'un voile épais et que l'orgueil, soutenu
de la richesse et du crédit , défendoit depuis tant
de siècles. Que veulent les factieux ? renverser la
constitution , augmenter autant que possible ,
l'a archie, déchirer l'état, rompre tous les liens
qui attachent le peuple à la loi et satisfaire leur
ambition, en se partageant les débris de l'empire,
comme des conquérans se partagent les dépouilles
d'un ennemi vaincu. -

Que doit vouloir le peuple ? conserver la cons»


titution qu'il a juré de maintenir. Que doit vou
loir le Roi ? conserver la constitution qu'il a juré
de maintenir. Les intérêts du peuple réuni au roi,
les intérêts du roi réuni au peuple sont les mêmes,
tous ceux qui tentent de troubler l'harmonie qui
doit exister entre la nation et son chef, sont en
nemis du peuple et du roi. - - -

Lundi 18 avril, à la suite de troubles prédits,


excités, combinés, le roi qui ne pouvoit pas
ignorer dans quelles dispositions étoient les esprits
et quelle cause les tenait en effervescence, par
tait pour Saint-Cloud. Le † allarmé a pensé
que le roi vouloit le quitter , i l'a retenu de force
et certes quand le peuple aura réfléchi à la mor
telle atteinte qu'il a portée à la constitution , il
ne trouvera de motif d'excuse à ses propres yeux
que la connoissance parfaite qu'il avait des des
seins perfides de ses ennemis et que le malheur
d'être dans une de ces circonstances qui dans tou
tes les révolutions forcent quelquefois de violer
la justice parce que la liberté en fait un besoin
impérieux. ·
.
-

ous n'entrerons point dans les détails de cette

- -------- . - _- ^
• • • •- • • • • ^ ' A.

. . . , ... DEs cL U B s. 435


journée si mémorable † pourroit être si fu
fieste à la France , tous les papiers publics en
ont parlé , nous. laissons aux génies qui traceront
l'histoire de notre révolution le soin de la pré
senter éclairée par un des rayons que ſa vérité
ne manquera pas de répandre sur elle. Et le peu
plé, osons le dire, et le roi semble s'être unis
our † eurs ennemis communs ,
# s aristocrates, es mauvais prêtres, les factieux. -

e roi a manqué de prudence, il a oublié ses


-! ! >- - ;
†intérêts, qui ne peuvent dans aucun cas
ètre séparés de ceux de la nation. Le peuple de
Paris, et nous entendons par cé mot les vrais ci
toyens de la Capitale a manqué de conſiance, il
à mis la troupe nombreuse ! †
manquent jamais de donner le signal du trouble,
dans le cas de sé porter à des excès dont il seroit
njuste de l'accuser lui-même , mais qui lui pa
roîtront criminels aussi-tôt qué le bandeau de l'er
reur sera tombé de ses yeux. Le peuple et le roi
· ont fait également des ſautes ; mais qui sont les
vrais coupables ? ce ne sont assurément ni le #
ple ni le roi qui sont les ennemis de la chose
publique, allant directement au même but par
des chemins opposés ? Un petit nombre d'aristo
crates et , le prêtres entourant le roi , un petit
nombre de factieux et de fauteurs recevant des
torches de factieux de la main des chefs de quel
† sociétés, les allumant aux flambeaux ardens
· de quelques écrivains incendiaires et les secouant
| dans tous les quartiers de la ville. Les premiers
ont dit : « si le roi fait une fausse démarche, il
· perd la confiance du, peuple; si les liens d'amour.
qui l'unissentt à la nation sônt une fois relâchés ;
|
A
456 JoU R N A L
si nous l'amenors au point d'avoir l'air de fuir ; .
si nous l'avons mis un fois dans le cas de craindre,
il sera forcé de se jetter entre nos bras, la foule
des mécontens viendra se réunir autour de lui,
nous deviendrons les maîtres. | |
| | Mais le roi est un honnête homme, son ame
| franche et loyale est . ennemie du parjure ;
- il aime le peuple, il a juré de maintenir la cons
| §
§e de préjugés qu'ildoii à sa mºuvaise
| #ducation, le laisse encore à certains points sou
nºis § des prêtres ; eh bien! d'une part
\

, ,

| empruntons des décrets eu mémes, de quoi sa


| per la constitution, de l autre alarmons Sa cons
cience. Un décret permet au roi de | voyage à
vingt lieues de la capitale, un àutre décret éta lit
i§erté de toutes les religions, de tous les cultes :
partons de à, Le roi n'est que le premier citoyen
de l'ensºire, il doit obéissance aux loix qu'il est
- - · chargé de faire exécuter : mais dans tout ce qui º

1 n'a point exigé une exception , il doitjouir de tout


ce que la loi qu'il a sanctionnée ou acceptée er
- met au reste des citoyens; il est donc libre d'aller
| · où bon lui semble ; il est donc libre de faire ses .
º - pâques où il veut et par qui il veut; il est donc
| , libre de ne croire bonne une messe ou une abso
- lution que de la part de tels ou tels prètres; car
/ · la loi dit bien que ceux qui ne prêteront pas le
' serment, ne seront plus ſonctionnaires publics sa
- · lariés par la nation ; mais elleajoute formellement
| qu'ils rempliront leursdevoirs de prêtres, et que .
· nul ne pourra les en empêcher : et certainement
§ux yeux de Dieu et aux yeux de tout hommerai
| sonnable, la messe d'un prêtre non sermenté
- • •. -
,
· mals

|
p E s C L U B s, 457
mais bien catholique, apostolique et romain, ce
prêtre, fût-il un monstre, est la même pour celui
qui l'entend de bonneſoi que la messe d'un prêtre
sermenté : depuis des siècles nos ecclésiastiques
français n'en entendoient point d'autres. »
Partant de ce raisonnement, qui est de rigueur
pour la généralité des citoyens, mais qui n'est que
spécieux pour le roi, ainsi que nous le prouverons,
ils ſont aisément tomber dans le piége un homme
· incapable de trompèr personne et qui ne peut
imaginer qu'on veuille le tromper. Le voyage est
décidé, le mode des pâques l'est également ainsi
que le lieu, et les prêtres qui doivent en faire la
· cérémonie. Mais ce n'étoit encore que le premier
pas de fait, cela ne remplissait point l'ob t ; il
allait que le roi fit insulté, fut ret n , fut dé
claré prison ier ; parce que tout ce qu'il avait
| sanctionné et accepté devenait nul. Qu'importe
à des ames scélératesd'exposer un peuple qu'elles
ont rendu furieux, à se couvrir du crime le plus
atroce ! Que leur importe que le sang d'un roi
honnête homme et citoven coule, avec celui des
des honnêtes gens et des vrais citoyens qui se se
roient f it immoler pour sa déſense, et se con
fonde avec le sang des régicides au milieu d'un
carnage dont l'idée f it frémir , et #n'aurait
été que le signal d'une longue suite e meurtres
ui aurait couvert la France de crimes, de sang,
† deuil, de misère et de honte ! . · · ·
Tels étoient pourtant, au moins tout porte à le
· penser, tels étoient les proiºts d s ennemis d'une
| constitution dont le nom les f f ssonner, parce
qu'elle leur en ve des privilºgºs iniustes, et qu'elle -

· rend au peuple ses droits. Mais si les gºns qu en°

-
| ---"- - _ - • -- - --
* ..* • .. - ^ • •

458 - JoURNA L
vironnent le Roi ne sont pas des scélérats, ils sont
au moins des imbéciles, des imprudens, de mau
vais politiques. Sans doute, aux termes des décrets,
le Roi est libre de voyager à 2o lieues, il est libre
de faire ses pâques où et comme il veut, mais quand
le peuple craint qu'on n'enleve le Roi, quand on
voit la sédition prête à éclater, quand, entraîné
dans une erreur fatale et assurément condamna
·ble, il a donné la veille des preuves de désobéis
sance à la loi, qu'il a méprisé l'arrêté du direc
toire, qu'il s'est porté à des violences; quand ou
· bliant que, sans § religieuse, sa liberté
· ne seroit qu'illusoire, il s'est porté à la persécution ;
est-ce l'instant, si les intentions sont pures, ou si
elles sont dirigées par la raison, de conseiller au
TRoi de quitter la capitale ? le prêtre non sermen
| té, nous en sommes convenus, peut dire une fort
bonne messe, il peut faire une parfaite commu
ºnion, mais ceux qui ont fait acte de citoyen, en
jurant de maintenir la constitution, d'être fidèles
| à la nation, à la loi et au Roi, ne sont ils plus ce
" qu'ils étoient il y a six mois ? la conscience doit
-† être également tranquile d'un et d'autre côté,
| le reste n'est qu'une affaire de préjugé. Des pré
jugés de cette espèce ne tirent pointà †
· pour un hommê confondu dans la ſoule des ci
* toyens, mais les actions qu'ils ont déterminées
'sont dans la personne du chef de l'état, une in
º † tacite de ce que la nation a décidé par
- l'organe de ses représentans, elles annoncent une
, scission dangéreuse , elles donneraient trop d'a
vantages à ceux que l'on connaît pour ennemis de
, la constitution. Le dicton de son ayeul Henri IV,
devoit #rvir de devise à Louis XVI , ventre saint
-
& : *
/
-

- - C , A

- - : D E s C t U B s. . | 459
grºt Paris vaut bien une rnesse. il étoit donc im
politique, imprudent et hors de raison, s'il n'é
toit pas criminel, dans un moment de violente
eſ,ervescence, de conseiller au Roi de quitter Paris,
et communier ailleurs qu'à sa paroisse et par les
| mains de son nouveau curé, le Roi a ſ it une dé
marche inconsidérée, c'est une faute; mais ceux
qui l'ont conduit à cette démarche sont les seu s
coup bles ; quand Jacques Clément mis le cotin
teau dans ie flanc de son Roi , c'étoit les moines
qui l'avoient conduit au régicide qu'il auroit ſ'illu
livrer au supplice , encore plus que le foiLle ins
trument qu'ils avoient employés. . ' : º )
Les seconds, savoir les factieux, ont dit : « le
peuple aime la constitution, il aime son Roi, en
trainons le à porter atteinte à la constit tien avant
, le soit con olidée , à irsulter le Roi, afin
#. 1 ire crouler l'édifice en brisºnt la clºſ de la
- º -

voute , ensuite nous régierons sur les débris » : ils


on làché leurs Sé des , ils ont envové leu s
Oinars; une méche souſtrée a été attachée aux
| grands magasins à poudre du Ciub des qo'deliers
et de la société fraternelle, l'explosion s'estº ite,
elle a portée sur les bataillens, la ville entière à
été ébranlée, et le peuple et la garde nºtionale
confondus avec les troupes de brigands lºrforcées
des détachemens, des sous factieux se sont portés
au palais du Roi ; la g rde n ti nale a m i s,
pour la maieure partir à ſovinelleinenê t s béi
aux ordres de son eommahdant général , qui ne
pouvoit les donner qu'en vertu de ceux qt'il re
cevoit du maire, et le maire s'étoit concerté avec
le directoire du département qui n'avoit lui-mêmê
en vue que l'exécution de la loi. Il est donc prouvé
L ij

|
46o -J o U R N A L
par ce seul fait que la force publique peut-être
nulle, et que l'on a porté à la constitution une at
teinte qui doit effrayer tous les bons citoyens ,
que devient le sort de l'état sans la constitution?
que devient la constitution si la force armée n'a
point pour la loi une obéissance passive et sans res
triction ? que nous importe, si l'on veut, que ce
soit Bailly et la Fayette, ce n'est point au seul
souvenir des services qu'ils ont rendus, ce n'est
point seulement à la conduite soutenue qu'ils ont
tenue, ce n'est point seulement à leur mérite
personnel qu'il falloit rendre hommage, la vertu
des peuples n'est point la reconnaissance, mais
c'est à la loi que l'on devoit porter respect et .
sonmission, c'est au serment prêté avec autant de
pompe que de légèreté que l'on devoit être fidèle,
c'est un maire, c'est un officier général que l'on
devoit considérer; ce sont tous les liens de la cons
titution que l'on devoit craindre de romprc. C'é
toit non pas seulement le bon Louis XVI qui a
voulu nous rendre à tous la liberté, que l'on de
voit trembler de chagriner en le punissant du crime
de ceux qui l'environnent, ce n'étoit pas seulement
le Roi de France qui étoit venu le 17 juillet 1789,
se réunir à son peuple, ni celui qui les 5 et 6 oc
tobre avoit prévenu le carnage, que l'on devoit
chérir et excuser d'un momentd'oubli, mais c'étoit
le Roi des Français, le Roi de la constitution dont
la personne doit être inviolable et sacrée, ainsi
que l'ont reconnu les représentans de la nation.
| Malheureux peuple ! que te reste-t-il ? tu brises
toi-même ton † tu détruis ta constitu
tion; vois-tu l'affreux précipice où les uns te pous
sent, où les autres t'entrainent ? tu es si bon natu
#
- -• • •
# • ,

D E s C L U B s. . • 461
rellement, comment peux tu renoncer à ton carac
tère ette livrerainsi à la fureur?les lumières, l'ins
truction t'environnent; comment peut-tute laisser
ainsi conduire en aveugle ? ouvrez les yeux, ci
toyens, il en est tems, ouvrez les yeux, peut-être
tout n'est-il pas perdu, mais si vous persitez dans
votre erreur fatale, attendez-vous donc à toutes
les horreurs qui peuvent pleuvoir sur une nation,.
ue la colère celeste a décidé de faire disparoître
e la terre. Tout est contre vous, intérêts de re- .
ligion, intérêts de politique, intérêts d'ambition,
intérêts de vengeance, la misère vous presse, la .
gu rre civile plane sur vos têtes, le sang d'un frère
va couler sous la main d'un frère, l'ami va percer
le cœur de son ami, le père, le fils combattront
l'un c ntre l'autre, vous serez la proie de vos en-,
nem is, vous leur ferez des bains de votre sang que
vot s mêmes aurez répandu. Et vous particulière
m nt, citoyens de Paris, vous qui aviez donné un .
si bel exemple à toute la France, au monde en
tier; qui peut vous égarer à ce point, qui peut
vous exciter à vous ruiner vous mêmes ? quand ,
l'Empire sera démembré, que deviendra votre
superbe ville? un amas de maisons désertes fera-t'il
reconnoître la capitale d'un royaume florissant ? si
vous excitez contre vous les autresdépartemens qui
veulent la constitution, et quel'esprit de vertige n'a
pasencore saisis,comment resisterez-vousàvosfrères
devenus vos ennemis les plus implacables ? qui vous
fera vivre ? on n'aura pas besoin de vous combat
tre pour vous détruire, la famine fera plus que le
canonetlesbayonnetes, etsi vous êtesobligésd'em
ployer ces armes meurtrières pour avoir du pains .
462 J o U R N A L
vous serez l'obiet et l'exécration du reste des Fran
çºis, de la risée des autres peuples et du mépris
des g'nérations fitures. Ouvrez les yeux, distin
guez vos amis de vos flatteurs, les bons citoyens
de ceux qui n'ont que des dºsseins periides, les
ſ tieux des p triºtes.. .. les factieux ! pensez à
Mirabeau, il vous les a désignés, n'en faites point -

des victimes de vos iustes vengeances, cess z seu


· lement d'être ent e leurs mains les instrumens de |
votre perte, laissez atteindre leur tête par le glaive .
d la justice, lent mais sur, ils ne peuvent échap- )
per au supplice si vous consentez à les recon
na'tre. *,

() mes concitovens ! vous vous laissez désunir,


vous n'avez plus de foi cº; aussitôt que la fornida
ble colonne Anglaise, formée à Fontenoy, ut
entamée : la victoire se rangea du côté des Fran
çais. Au nom de la patrie, au nom de la consti
tution qui peut seule vous sauver, : u nom de vot
mêmes et de tout ce que vous avez de plus cher -

au nmonde, renouez autour de vous les liens de la


plus tendre ſi ternité; forts et victorieux si vous
êtes unis, ſoibles et vaincus, si vous ne vous pres
sez les uns contre les autres : soyez unis, ne for
mez qu'une l an de sacrée, présentez aux ennemis
qui vous environnent up ſi ont serré, redoutab'e
et qui de tous côtés répºnde la terreur dans leurs -

âmes; réparez un moment d'erreur par un dévou


ment parlait à la chosé publique, alors tous vos
ennennis »r , rº ra es rºres iéfr,ié a res fact eu r,
quittent le tcnd'arrogance que vous leur avez donné
lundi : leur joie se change en douleur, ils sont à
yos | ied et vous continuez à marcher vers le bou
bt et la gloire, . -
D E s - C L U. B-s. 463
De Calais , le 18 avril. « La mort de M. Mi
rabeau a fait ici une bien vive sensation : tous
les clubs se sont réunis, et ensemble ont fait cé
lébrer un service funéraire ; ils ne se sont pas
bornés-là, ils ont pris le deuil pendant trois jours....
Les Anglais partagent nos regrets, ils déplorent
comme nous la perte de cet homme, peut-être
unique dans ce siècle..... " ·
On a mis ces jours derniers dans les prisons,
deux Français, que notre ambassadeur à §
y a fait arrêter , ils sont accusés d'avoir contre
fait des assignats, et aujourd'hui on doit envoyer
la planche, de Londres. On assure que ces misé
rables n'ont pas eu le tems d'en distribuer.... *

Les biens ci-devant ecclésiastiques se vendent


ici à des prix fous ; les habitans de la campagne
sont les plus avides de les acquérir. º -

* .

La récolte a la plus belle apparence, heureu- . |t


sement; car on embarque à Dunkerque des grains
de toute espèce , et en quantité ; nos négocians
n'oseroient le faire ici, ils craignent trop le peu
ple.....
De Paris, le 21 avril. Toutes les nouvelles des
départemenssemblent se réunir à ces deux points :
regrets sur la perte de Mirabeau, réception tou
chante des évêques constitutionnels dans leurs dio
cèses § et leur installation.
Chaque département, chaque municipalité, cha
que société patriotique paie son tribut d'éloge
au législateur que la France vient de perdre ; af
ſectés d'une égale douleur, tous la manifestent
,ar des signes également certains : services so
§, craisons funèbres, deuil général
• • • * º* à . * •L iy ; telles
* •• · . # A
------- *

464 :Jo U R N A L '


sont les marques extérieu es qui attestent par-tout
l' fſli tion des Français.
Le même accueil raternel , le même empresse
ment , la meme allégresse se font remarquer dans
tous les départemens à l'arrivée des nouveaux
évêcues. l'ar-tout ce sont dºs enfans qui viennent
au-devant d'un père chéri, par-tout c'est un pas
teur respectable d ns les bras duquel se trouvent
heureux de se jetter des f dèles, sûrs d'avoir dans
leur évêque un , ni, un consolateur, un modèle.
Une ivresse universelle enmbrâse les cœurs à la
vue de l'e u du j eu le ; les amis de la constitu
tion sort par-tout les premiers à rendre hommage
à la ve tu récompensée.Une noble simplicité, en
nemie d'une basse adulation, caractérise toujours
les témoignages de respect qu'ils rendent à celui
que le choix dt peuple en rend digne. Un seul
. discours prononcé au rom d'une so iété, mettra
à portée d'en juger ; c'est celui qui a été pro
noncé au noin † amis de la constitution, à
Saintes , que nous : llons citer : • • • • • ' •

« Mi. l'évêoue , la socié é des amis de la cons


tituti, + l ( nt trée de la plus vive : dmiration pour
les vetus iviques et eligieuses qui vous ont porté
sur le siége épiscopal de ce département , nous
a chargé d'êt e : u rès de vous les interprêtes de
ses s ntin ºns d'. nour et de vénération. Que ne
pouvºns ncus , Mon ieur , dans ce moment, vous
peindre tous les transports d'allégresse qui ont
agité notre assemblée lorsque nous avons appris
† nouvelle de votre consécration et de
vot; e prochain retour dans cette ville ! que le
joie ſ # mais mieux sentie! mais aussi cuelle joie
eut jamais une plus belle cause : Assez long-tems
| prs cLU Es 465 !
nous avons gémi sous le despotisme sacerdotal et
ministé iel , assez long-tems la faveur, l'intrigue,
que di - e, la bassesse même, ont élevé aux pre
mières dignités de l'église, des hommes la †
indignes du caractère auguste et imposant dont
ils dtoit revêtus ; il étoi 1 t tems enfin que la
· ve tu reprits s droits et sou empire; son plus beau
triomphe, sans doute , Monsieur , est de vous • •

avoir appellé anx fonctions honorables de premier - | - #


pasteur de ce département. C'est ainsi qu'un # -

† lib1e dans ses suffrages, et qui s'élève à


a hauteur de ses devoirs, sait honorer et récom-
penser le mérite. Lorsque la postérité apprendra
ce choix heureux de prélats sages et éclairés qui 1 l
vont régénérer l'église dans toutes les parties de ce | \
vaste empire, saisie de respe, t et d'un saint en -
thousiasme pour ses ayeux, elle s'écriera avec at-
tendrissement , le siècle de la liberté étoit aussi
: ?
|

le siècle de la vertu ». \

· Les nouvelles d'Avignon lues aujourd'hui à l'as


semblée nationale offrent une peinture affreuse de - «
la situation de cette ville ; M. Roberspierre pres
sant l'assemblée de statuer sur la pétition des , - º º

A ignonais et de c mtat Venaissin, § réunis :

à l'empire français, a représenté les malheureux # v


citoyens de ce pays livrés à toutes les horreurs de | |
la guerre civile. - - -

M. Bouche a donné lecture d'une lettre offi- / ,

cielle ccntenant des détails qui font frémir. L'é- | :


vêque de Vaisons le crucifix à la main, au nom \ |
de la religion détruite, au nom du ciel a invité - !

les f natiques à égorger les patriotes ; il leur a


m s des armes bénites à la main, et a donné le
- |


1l
signal du carnage. Des monstres dignes de lui
- A
|
| t, \ \\
- z \

-- —- ----
466 . J o U R N A L
ont obéi à ses ordres ; douze patriotes ont été
· tués , et l'évêque s'est retiré triomphant dans son
église, où il a fait chanter un Te Deum en ac
tions de grace du succès de son crime.
—-

MUNICIPALITÉ DE P A RIS.

Les évènemens se sont tellement multipliés


dans Paris depuis huit jours qu'à peine poûvons
nous en donner une idée, et qu'il nous est impos--
sible , faute d'espace et de tems, de suivre la
marche du corps municipal et du conseil-général.
Nous présenterons un simple extrait de faits et
nous n'insisterons qne sur ce qui peut être d'un
intérêt général, ou sur ce que nous croirons n'être
pas connu de nos souscripteurs.
' D'après un arrêté du directoire du départe
ment, la municipalité avoit loué l'église des théa
tins à des prêtres non-sermentés qui se proposoient
d'y célébrer l'office divin. Le peuple qui paroît
n'avoir encore nulle idée de ce que c'est que tc
lérance religieuse , ni sur-tout de ce que c'est
qu'obéissance à la loi ne trouva pas cette mesure
bonne, et dimanche dernier s'opposa par la vio
lence à l'exécution d'une chose conseillée † la
raison et ordonnée par la loi ; on empêcha des
dévots d'entrer dans # , on leur fit des ava
nies, le maire avait fait arracher un placard ridi
cule et très anti-constitutionnel ; à peine fût-il
retiré qu'on rétablît ce placard et que l'on eût
grand soin de mettre qu'on en avoit ainsi agi quoi
que le maire l'eût fait enlever. Il y a toujours
- - • -
pr s c1 Un s . | 467
des gens mal-intentionnés qui ne veulent que la
désob issance à la loi et des hommes égarés qui
sont prêts à les seconder, des sots qui applaudis
sent et qui ne voyent pas que quoi qu'il soit ſort
indifféreit en soi de ne pas respecter M. Bailli,
rien n'est plus contraire à la constitution que de
ne pas défèrer à ce que fait le maire en exécution
de # loi. - -

· Depuis plus de huit jours, les écrivains incen


diaires avoient pre dit du tumulte, et comme ces
messieurs sont dans la conſidence des fac'ieux aux
quels ils obéissent ; ils sont fort instruits de tout ce
qui doit arriver. l n effet le lundi 18 le Roi par
toit pour St.-Cloud. Quelques centaines de citoyens
occupoient les cours du palais, rien n'étoit plus
f cile à la arde que de favoriser le départ du Roi;
\
ce fut-elle qui s'y opposa. Les troupes se multi #

lièrent et la plupart [ rirent aussitôt les mêmes


int ntions, le directoire ayant été consulté , le
n aire et quelques officiers municipaux donnerent
vainement l'ordre de faire partir le Roi. Le com
mardant général ne pº t jamais parvenir à se faire .
obéir, le Roi attendit près de deux heures ; ses
jours, ceux de la Reine, du Dauphin furent exposés,
ou au moins menacés; quoique ce crime ne soit assu-, i
rément pas celui de la nation, ni même celui des 4
,#

bons citoyens de la capitale, il n'en estpas moins


vrai qu'il se tint autour du carosse du Roi des propos, | |

infames, et que l'honnête homme ne peut pas f


Stº † de répéter , quoiqu'ils soient sortis

de la bouche de scélérats, soit de ces malheureux


à demi nuds, soit , il faut l'avouer, d'hommes
qui dans ce moment auroient déshonoré la garde
nationale, si le crime de gens indignes de porter
• -- - * —

468 J o U R N A L -

l'uniforme pouvoit atteindre les vrais citoyens,


Une société de gens qui osent se dire amis de la
constitution, le club des Cordeliers, prit le soir
même un arrêté dans lequel on trouve réuni le
comble de la démence et le comble de l'atrocité.
La calomnie l'a déterminé, le délire l'a écrit, la
méchanceté l'a répandu. Il y est dit que le roi a
reçu la communion du grand aumônier, prêtre
réfractaire, en présence du maire et du comman
dant-général, et qu'un grenadier du centre en a,
été le témoin ; or on peut donner un démenti,
formel au grenadier et au club , le roi n'a pas
communié , le maire ni le commandant-général
n'ont assisté à aucune messe célébrée au chateau,.
depuis que le roi habite Paris : nous avons pris là .
dessus les informations les plus précises, et nous,
pouvons attester, sur notre honneur, que ce récit .
est un mensonge. Ensuite le club dénonce le roi
aux représentans de la nation, et fait quelques au
tres bêtises ou infamies aussi ridicules ; mais dont .
nous ne parlerions pas si cela ne partait d'une so- .
ciété qui se dit patriotique. Est-il possible qu'on
profàne ainsi une des plus belles institutions dont
puisse s'enorgueillir un † libre ? Ainsi les
mauvais prêtres ont pendant des siècles abusé de
ce que la religion a de plus saint. -

Le commandant-général a sur-le-champ donné .


sa démission ; le lendemain elle a été présentée
au corps municipal qui n'a pas voulu l'accepter;
le commandant a insisté, il l'a fait mettre à l'or
dre de jeudi ; alors les bataillons, les sections se
sont assemblés, et des députations de presque tous -

ces corps ont été chez le général , à la munici- .


palité , au directoire. La municipalité, cédant au

-
- -
----- - --

---- ---- -" — - -------------- •e


D E s C I. U * s 469
desir d'un grand nombre de ces sections et batail
lons, est allée chez M. de la Fayette, qui n'a pas
cru, par respect pour un corps administratif,
qui faisait une telle démarche auprès d'un par
ticulier , devoir rendre réponse chez lui , et a
romis de l'apporter ce soir au conseil-général de
a commune.Quelles que soient les intentions du
général que nous ne pouvons pas présumer, nous
nous permettrons de dire d'avance ce que nous
pensons. S'il était assez faible pour accepter de
retirer sa démission , sans avoir l'assentiment de
toute la garde nationale dont il reprendraitle com
mandement, et cela, parce que de nombreuses
troupes de soldats et de citoyens ont été lui don
ner des marques d'estime, ( ce qui est assurément
la plus belle réponse à toutes les horreurs que l'on
journellement contre lui ) liOUS I1G verrions
VO Il l lt ,

en lui qu'un homme bien au-dessous de sa répu


tation, et ne répondant point du tout à l'idée que
nous nous sommes faite d'un citoyen digne deservir .
sa patrie da s le pcste éminent qu'ila si l ienremplî
jusqu'à present. Que l'on ne dise pas qu'il y aurait
† lâcheté à abandonner ce poste : un homme
: ne doit garder la place qu'occupe M. de la
# Fayette qu'autant qu'il peut y faire son devoir,
en faisant exécuter la foi ; or qu'est-ce qu'un
commandant auquel on reſuse d'obéir ? Quelle
confiance peut-il prendre en des soldats qui n'ont
| pas craint de manquer au serment qu'ils ont fait
sous leurs drapeaux , et qu'ils ont renouvellé si
solemnellement au champ de la fédération?
Mais si M. de la Fayette insensible aux mar
ques d'attachement que lui a données depuis hier la
majorité des bataillons, auxquels se sont joints
plusieurs sections réunies en assemblées, compo
• - - - --" -- - - º º º - -

à
47o . J o U R N A t,
sées de plus de 5oo citoyens, refusait sans mo«
tiver sa demande, il y aurait alors d ns sa con
duite une sorte de fatuité rrès-blàmable, il y au
rait plus, de la dureté, de l'indiiiérence pour le
bien de son pays. Il sent que sa présence à la
tête de l'armée parisiºnne est utile à l'achèv ment
de la con titution : il ne peut oublier qu'il a pour
amis l'élite des vrais et loyaux citoyens ; il sera
trop grand pour mºt º en balance son intérêt
personnel , son amour-propre blessé ; il ne verra
ue la patrie; ce sera, n'ºn doutons pa#, l'intérêt
† sesconcitoyens qui le décidera. Il n'a donc qu'un
parti à prendre, celui de n'accepter qu'avec des
conditions telles que la faute même d'une partie
de la garde nationale tourne à l'avantage de la
chose publique , et que la constitution ébranlée
des secousses qu'on vient de lui faire subir, s'élève
sur des bases encore plus fermes. Ses amis, ses
ennemis; les citoyens, les brigands; les patriotes, *
les factieux, ont les yeux fixés sur M. de l Fayette;
· sa démarche présente lui enlève le fruit de ses tra
vaux , ou assure sa gloire. ·
Pend nt que ces considérations particulières "
agitoient la § , comme on'entend ma mu
rer l'air après un orºge , le dépa ment t une
adresse au roi , i e n, ie le ces vérit s qu n p cu
ple libre doit à son chef Le roi , it à l'assemblée
nationale, ou il renouvella les assurances de son
attachement à la constitution , et avertit qu'il
toit toujours dans l'intention de faire le vo,age
de Saint-Cloud. . - · -

| Le département assemb'é prit un a rêté en


voyé à la municipalité pour qu'elle e t à con
voquer les sections d la Comin Inº à l'e,let d'avoir
leur vœu sur l'une de ces questions : le roi sera

--- s- -
* ,
pr s c L U s s
- , 471
t-il prié de poursuivre le projet de se rendre à
Saint-Cloud où sera-t-il remercié d'avoir pris le
parti de rester à Paris ? Nous ne porterons pas de
jugement sur cette démarche du †
mais nous dirons que presque toutes les sections
'ont décidé qu'il n'y avait pas lieu à délibérer et
· quelques nues , guidées par des principes vrai
ment constitutionnels , ont reconnu que les sec
tions n'auraient pas dues êrre consultées sur ces
· questions. - - -

Le corps municipal a aussi fait une adresse au


" roi qui a été présentée mercredi, le roi dans sa
réponse verbale dit qu'il aimoit le peuple , qu'il
* était le premier ami du peuple, qu'il étoit fâché
que l'on méconnut ses sentimens , qu'il les avait
exprimés la veille à l'assemblée nationale et que
- l'on ne devait pas en douter, il rappella à la mu
-nicipalité
peuple. que son devoir étoit d'éclairer le
' * t . -

Mais les deux adresses du département et de la


· municipalité , que nous ne transcrirons pas ici
· parce qu'elles sont très connues, valurent à l'une
- et à l'autre de ces administrations la lettresuivante
- que nous allons copier et qui répond à mille ca
lomnies que l'on prend tant de soin de répandre.
- ***
- -
Du 2 , Avril I79 I.
- " 4 - • • • -- - * • .

. Parmi les diſſérens objets, Messieurs, que vous


| avez présentés à la considération du Roi, et sur une
partie desquels Sa Majesté avoit déjà prévenu le
vœu que vous lui exprimez, Sa Majesté a particu
| lièrement fixé son attention sur le désir qu'a té
• mo g ié le département, qu'elle fît connoître aux
* nations étrangères ses sentimens pour la constitu
* tion. Le Roi n'a cessé de les manifester en toute
472 Jo u R NA L -

occasion, par la voie des ambassadeurs; et c'est


sans doute aux assurances qui ont été données de
, sa part aux différentescours de l'Europe, qu'est due
la tranquillité dont nous avonsjoui jusqu'à présent.
Mais Sa Majesté, qui écoutera toujours l'opinion
publique , et qui n'hésitera jamais lorsqu'il sera
· question d'écarter des doutes sur ses sentimens, va
§ ordre aux ambassadeurs et ministres de
France dans les cours étrangeres, de s'expliquer en
son nom de la même manière qu'elle l'a fait elle
, à l'Assemblée Nationale.
· Vous reconnaîtrez, MM. dans cette démarche,
· l'empressement avec lequel le Roi adopte tout ce
| qui peut contribuer à tranquilliser les esprits, et à
éloigner la méfiance et les inquiétudes. .
- Si ne, D E L E S S A R T.
Le département de Taris a fitafficheruneadres
: se aux citoyens, que nous regrettons de ne pou
voir transcrire, qui est pleine de vérités et de lu
mières; et qui devroit ramener à la raison le peu
ple le †
égaré; mais hélas ! on lit une infame
pamphlet que l'honnête homme r'ose toucher parce
· qu'il lui semble que le sang en découle, et l'on né
† des écrits où reslicent la raison et le patrio
SII16 , -

L I T T É R A T U R E.
| Gaspard de Thorng cu l'insurrecticn de Bavière,
Piece hiſtorique en cinq acces, du théatre A.lle
mand ; avec cette épigraphe :
Vincit amor patriae, laud n cue immnsa apido.
Un Prince consulté par des Ministres perve s,
opprimoit son peuple -- espérons que bientºt les
- annales

-

N, . " * .
* ----- | ------,
- -
• * •
-- *

-
- \

D E s C L U B s. 473 ,
annales des Nations n'offriront plus de semblables -

:
le
écrits -- l'excès de l'oppression réveille le désir et
l'amour de la liberté dans l ame des citoyens; ils
l, † les armes et la servitude disparoit avec
és tl ranS. |)
)l Telle fut la cause de la révolution de Baviere,
a au commencement du quinzieme siecle , êt des
événemens qui font le sujet de ce drame.
º! PREMIE R A c T E. - |

º On vient annoncer à Thoring, chef des états,


Chevalier renommé par sa valeur et son austeré
" vertu, que les Magistrats de Landshut, assemblés
: secretement pour convenirdes moyens dese défaire
3 des Ministres, ont été trahis, que l'un deux a subi
le dernier supplice en invoquant 1 horin , pour
vengeur, et que le cri du peuple avoit conſirmé •
#! ce vœu. Cri funeste ! s'ecrie I'horing,..... n'im- ,
j" porte, ce cri m'honore et remplit mes vœux les
\' • plus ardens. -

# SEcoN D A c T E. A

t(? · Les Conseillers perfides du Duc de Baviére,


ſi " ( Henri ) effrayés de l'arrivée de Thoring, per
# suadent à ce Prince de le traiter avec hauteur,
de rejeetter ses plaintes, de l'irriter, afin qu'au
- moindre signe d'impatience ils se saisissent de lui
et le poignardent comme un parricide.
ºf - S C E N E V I I I.
# ' H E N R I , T H o R I N G.
' , Thoring -- vous accablez vos sujets d'impôts,
idº que leurs besoins les mettent hors d'état de payer,
" :) et que vous n'avez pas le droit d'exiger.
ks * " * - M
l#
-----

| 474 -J o U RN A L ,
1 'enri -- pas le droit d'exiger ! · · · ·

Th r n -- vous connaissez les pactes du Roi


Othon : vous avez juré de les observer; vous avez
mal gardé vos sermens. Ft quand même ces pac
tes n'existeraient pas, la voix du peuple aurait
droit de s'élever, et de vous accuser d'être plutôt
son ennemi que son prince. On sait u'à votre #
le cœur n'est pas encore assez sensible au cri de la
atrie, on excuse votre jennesse, et la haine pu
†. n'a pour objet que les vils flatteurs dont les
conseils pernicieux vous empoisonnent. Nous ne
nous sommes jamais soumis à ces scélérats, il ne
dépend pas de vous d'en faire nos maîtres-écartez
les vices qui vous environnent. On vous a fait des
remontrances, vous ne les avez point écoutées ;
on a enfin éclaté , et conspiré contre les démcns
qui vous obsédent. Cette entreprise était inique,
et je n y ai point participe : cela est aussi vrai
cu' l / est cu, je m'appel e 1 hcr n . La trame a
été découverte, les conjurés sont en votre puis
sance , Leutgeb a péri ...... il est tems de par
donner, les états tout opprimés qu'ils sont, vous
restent encore fidèles. †
le savez ! ils ont at
tendu votre résolution relativement aux remon
trances des citoyens de Landshut. Maintenant il
faut parler...... votre devoir est de chasser vos
IIl l ll 1Si l'(ºS. "\ -

fienr -- j'ai bien voulu vous laisser dire pour


. voir jusqu'où vous porteriez l'impudence.
, hor n est menacé, il porte la main sur son
| épée, Henri donne le signal, les ministres et les
tgardes accourent. Il tue un des ministres; la troupe
épouvantée lui laisse le passage libre. ) -
, ,
-

-- * - - · · · · · · · -
, )
| .

"

- - - -
-- - --
-r.

|\

D E s . C L U B s. . 475
,# T R o 1 s 1 E M E A C T E.
, d\º]

s# Retour de Thorinc dans son château. Il y trouve


ºUſ !
une foule de chevaliers réunis pour la cause de la
l! | patrie, il leur apprend ce qui vient de se passer
ſt #t au palais du duc -- serment des chevaliers, assem
i, à · blés dans un souterrein, de combattre et de mourir
º*
#
pour la † -- Un Spectre vient annoncer à
Thoring les événemens les plus sinistres, mais la
)8 ſt
patrie l'appelle, rien ne peut l'arrêter. *

· t
· ſºl Q U A T R I E M E A c T E.
lºt - - .. i " , .
lett, Henri a perdu une bataille ; la vengeance l'en
#rt flamme, il vole au château de Thering ou ce che
# valier a laissé son épouse et un fils encore enfant.
ij. ll Cette femme courageuse à la tête de ses domesti |
a# ! ques a resisté envain aux troupes du prince. Le
· château est la proie des flammes, et elle tombe
l# au pouvoir du vainqueur. : ' -

t! Cependant Thoring marchait vers la capitale ;


Oſlº il voit les flammes qui consument son château ;
·eſſſº tous veulent aller le défend e.
nºſ W : º I horing -- marchons à Landshut.
er W | | Tcus -- à Landshut !
Thoring -- oui à l'instant. Pourquoi ai-je pris les
| p0r armes ? pour les états. Que leur fait 1 hcring et sa
famille ?
Jr s'? | Guillaume -- mais, mon, frère, daigne réflé
et ts chir; ton épouse !, ton ſils ! -

r0 ! Thoring -- oublie-tu la cause que nous déſem


dons. -

a
.
»/ Guillaume -- ton fils captif! ton épouse prison
niere ! et peut-être .....
1
476 Jo 6 R N A L DEs EtUB.
| Thoring-nacheve pas.... Dieu! grand Dieu!...
mon devoir veut que j'aille à Landshut. •"

Laining -- non Thoring ! le salut de la patrie


est par-tout où vous êtes. .
Thoring--pensez-vous que j'abandonneraisainsi
mon épouse, et l'héritier de mes nobles ancêtres
si la nécessité ne m'y contraignait pas, et si la pa°
trie n'était pas pour moi plus qu'une épouse et
qu'un fils ! ...
Les chevaliers refusent de le suivre à Landshut.
et le forcent d'aller défendre le château. Secoude
bataille.Thoring délivre sa femme et son fils; mais
il est blessé, est il perd la plus grande partie de
ses soldats et les chevaliers les plus braves.
C 1 N Q U 1 E M E A c T E.

| Thoring est condamné à mort par le frane tri


bunal; ses amis sont dispersés; sa femme meurt.
· Le Speetre reparaît et lui conseille de faire la
paix avec Henri. Thoring s'indigne de ce lâche
conseil. Le Spectre lui démontse que l'intérêt de
la patrie l'exige; alors le héres renonce à ses projets
de vengeance. -

L'armée de Henri et celle des confédérés sont


en présence. L'archevêque de Saltzbourg arrive,
et † sa médiation.
enri reconnaît ses injustices, il promet de les
réparer, et jure le maintien des libertés des états,
Thoring, au nom des états, jure d'être fidèle au
prince.

|-,
! |-×
*
- ---------
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*: *…!!!•
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!!!!!!!!! ºſº, **
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| JOURNAL
| DE s CLUB s

· s |
| D É D 1É - . · - . ' "

| Aux Amis de la Constitution, Membres


· · ·
»
" des différens Clubs Français.
$
· Par MM. J. J. LE RoUx et JOS. CHARON,
· Qfficiers Municipaux , et D. M. REVOE ,
· ci-devant Professeur de l'Oratoire.
- • , • --,

·· · Videte ne quid respublica detrimenti capiat.

| s E c o v p ro L U M E.

| Samedi 3o Avril 1791. |


Du 22 au 28 Avril. .
| | M. R HEUBELL, Président de l'Assemblée Nationale
| A PA R I s,
Au Bureau du Journal des Clubs, rue du Faubourg -
- Montmartre, n°. 6. · •· s .

L'AN s E coN D D E LA L1 B E R T É.
| 1)e l'Imprimerie du Journal des Clubs, rue Boumbon
· Villeneuve, nº. 19.
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J O U R N A L
DES CLUBs
O U

SOCIÉTÉS PATRIOTIQUES.
Nº. X X I V.
•n

Détails du 22 au 28 Avril.

C L U B S.
| D'AJACCIO. du 27 Mars.
Adresse de la société de cette ville, à toutes
les société des amis des la Constitution duc
royaume , avec cette épigraphes
/

Réunis, sous 1 s drapeaux de la 1 berté s


Nous devons veiiler à la conservation. .

AMIs de la constitution, modérateurs de l'opi


nion publique, nous sommes les dépositaires de
palladium sacré de la félicité d'une grande na
Ce

tion;veillons sans interruption afin que le feu de la


liberté ne perde rien de son activité : c'est à sa con
,. - N
478 J o U R N A L
servation que sont attachés les destins de l'empire,
jettons des faisceaux de lumière sur les nuages.ac
cumulés par les ennemis dti bien public ; incapa
bles désormais de pouvoir résister de front à un
peuple immense et libre, c'est en le divisant, c'est
en l'aveuglant qu'ils prétendent en triompher ;
c'est l'évangile à la main qu'ils prétendent renou
veler ces scènes d'horreur dont une nation géné
reuse devroit rougir encore, si une nation esclave
pouvoit être responsable des excès qui se commet
tent dans son sein, si le bras de l'assassin pouvoit
être coupable des blessures meurtrières, auxquelles
il est irrésistiblement impulsé.
C'est sous mille formes différentes qu'ils sèment
l'erreur et le mensonge, ils comptent sur la cré
dulité des peuples, sur la fidélité de leurs émis
saires, comme si celui qui n'est pas fidèle à lui
même pouvoit l'être à autrui. Citoyens, c'est sur
, notre vigilanee que la nation a droit de se repo
ser, pourrions-nous la tromper ? quelques années -

avec les Français nous avons , en frémissant,


traîné les chaînes de la servitude, aujourd'hui
nous devenons Français de cœur et d'ame dès
· qu'ils deviennent libres : c'est après ce titre que |

· nous soupirons depuis des siècles..... Vous l'avez


conquise, généreux Français nos frères, cette li
berté précieuse pour laquelle tant de générations |

de nos ayeux se sont succédées dans les combats ,


dont le systême féodal sembloit vous avoir fait
perdre jusqu'au desir ; vous deviez l'avoir perdu

- - -- -
- -
-

· -- •
D E s C L U B s. 479
après tant de sièclcs d'abrutissement et de dégra
dation, si la voix de la nature n'étoit point inex
tinguible comme celle de la conscience ; inutile
ment le pouvoir arbitraire cherche à étouſſerl'une,
les crimes à dénaturer l'autre, toujours irréfra
gables elles ne meurent qu'avec l'homme dont
elles ne cessent d'être le guide , la récompense
ou le tourment.
Français, le moment du réveil est venu ; te
nons-nous sur nos gardes ; sociétés des amis de la
constitution redoublons nos soins, éclairons l'opi
nions publique, que des hommes dénaturés par
tisans des gouvernemens oppressifs cherchent à
aveugler, découvrons-lui ces trames odieuses, ces
bruits mensongers avec lesquels ils cherchent à
|
faire perdre courage à un peuple conquérant de
sa liberté. ... Les malheureux ! ... ils ignorent ce
que peuvent des hommes régénérés, rappelés à
leur destination primitive.
A les entendre, les fureurs de la guerre civile
dévorent tel département ; cet autre est en com
bustion : l'anarchie qui règne dans tout doit bien
nous faire regretter le calme perfide du despo
tisme.
C'est ainsi qu'ils voudroient nous épouvanter
avec notre propre ombre : faire frémir l'habitant
du nord par le récit mensonger des horreurs qui
se commettent au midi. - s .

C'est à nous d'éclairer ce bon Peuple qui saft


encore être souverain ; c'est à nous à lui appren
- N 2 ,
--,

43o JoU RN A L
dre la situation des choses dans toutes les parties
de l'Empire, à lui faire connoitre la soumission
de ses frères à ces décrets bienfaisans, qui, expres
sion de sa volenté, tendent nécessairement à la
ſélicité générale, afin de déjouer les bruits calom
mieux des ennemis de la liberté des Nations.
Pour parvenir à ce but, point de moyen plus
direct, plus efficace que celui d'une correspondance
réciproque entre toutes les sociétés des amis de la
· Constitution; ainsi chacune de ces sociétés en ré
fléchissant les rayons de lumière qui lui seront trans
mis par toutes les autres, les répandra ensuite au
milieu des Peuples qui l'entourent : toutes en re
cueillant la lumière, comme autant de prismes, en
éclaireront en un même instant tout l'empire, dont
l'opinion publique ne pourra plus être iuduite en
erreur par ces pam phlets apocryphes dontoninonde
· le public. -

| La liberté a toujours eu des autels dans notre


pays; trop souvent les tyrans la noyèrent dans le
sang de ses adorateurs, et l'ensevelirent sous des
monceaux de cendre et de poussière.
· Les ennemis de la liberté ont toujours été les
qu'ils déchaînent
nôtres, aussi est-ce contre nous
leurs fureurs; nous leur avons prouvé par notre
exemple que le peuple pouvcit devenir souverain,
et être en même tems doux et juste; il n'y a que
2oans que iesistême dont ils feignent de croire l'im
possibilité nous rendoit heureux au milieu de la
méditerranée; un citoyen, homme de génie, nous
D E s c L U E s. 481
avoit tracé déjà le plan d'un gouvernement mo
delé sur les mêmes principes que celui qui doit
faire notre félicité, qui sera augmentée en propor
tion du plus grand nombre d'individus avec les
quels nous allons la partager.
A entendre ces hommes dégénérés, ces esclaves
de leur intérêt momentané, le département de
Corse est plongé dans les horreurs de l'anarchie,
les loix y sont méconnues, le peuple devenu fré
nétique ne connait d'autre liberté que la licence
la plus anti-sociale. Tels sont les bruits qu'ils ré
pandent, . . .. mais nous vous devons la connois
sance de la vérité à vous, messieurs et chers frères,
comme nous la devons à nous-mêmes.
Nous devons vous dénoncer leurs calomnies en
vous assurant qu'il regne dans notre département
la tranquillité la plus entière, que le peuple con
noît l'esprit de la liberté qu'il a acquise, et sait la
distinguer de la licence; il est enthousiaste de cette
constitution dont il attend avec impatience le com
plément; la constitution civile du clergé y est reçue
avec les élans de la joie et de la reconnoissance,
et les ecclésiastiques fonctionnaires public ont
prouvé qu'ils étoient aussi bons chrétiens que bons
patriotes en prêtant avec enthousiasme le serment
solemnel que nous devons regarder comme le pacte
d'ailiance entre le sacerdoce et l'empire dont
les longues discussions ont accablé de tant de ca
lamités les peuples, lorsqu'asservis sous le joug
dépravateur du ſanatisme et du pouvoir arbitrai
482 , J oUR NA L
re, ils ne savoient que croire passivement et
servir. - - -

Lorsque les agens du pouvoir ministériel, que


vous avez détruit, vinrent nous ravir une liberté
que nous avions acquise après quarante ans de
combats continuels, ils nous trouvèrent encore les
armes à la main . . . François, que vous a-t-elle
couté cette liberté précieuse ? Un Monarque
bienfaisant vous a tendu les bras . . . Comparez
vos eſſorts avec les nôtres, et vous les trouverez
bien foibles et de courte durée . . . mais aussi
toute votre chaleur est concentrée en vous-mê
mes, votre nombre est immense ; préparez-vous
pour la défense de la liberté aux mémes efforts "
que nous employâmes jadis pour son acquisition.
, Eh! quel sera le prince audacieux qui osera croire
vous pouvoir encore façonner au joug ? ... Sa vie
ne sauroit y suffire. -

Vivons pour la liberté, et s'il le faut mourons,


pour elle.
Signés les amis de la constitution d'Ajaccio dé
partement de Corse.
DE NANTEs le 18 avril , Adresse des deux
sociétés des amis de la constitution réunies, à l'as
semblée nationale. « MM. au milieu des troubles
qui nous agitent , menacés au dehors par des
ennemis, que de folles espérances encouragent,
inquiétés au dedans par des factieux , que l'impu
nité enhardit, nous attendions en silence l'organi
D E s C L U B s. 483
sation de la garde citoyenne, ce premier rempart
de la liberté. Vous aviez vous-mêmes senti le be
soin d'établir sur des bases solides cette partie im
posante de la force armée , qui n'a jusqu'ici suivi
que les élans de son patriotisme, et son amour
pour la constitution. Déja un de vos membres,
M. Robespierre, recommandable par ses vertus et • .

ses talens, vous avoit présenté sur cette matière


un projet qui a subi l'examen, et réuni les suf
frages de la France entière. Lorsque pénétrés des
principes qui y sont établis, nous nous occupions -

à vous développer nos motifs d'adhésion , nous - · .


étions loin de penser qu'avant de vous offrir des
vœux, nous eussions des craintes à vous commu
(
niquer. On nous prévient que votre comité de -

constitution doit vous proposer une loi qui place |

les citoyens armés sous les ordres du pouvoir mi


mistériel ; dans des tems plus heureux , lorsque
nous appercevions nos ennemis moins hardis, et

les amis de la liberté plus nombreux, un tel bruit


nous eût paru sans fondement ; mais les principes
professés par votre comité de constitution n'y don
nent que trop devraisemblance, et ne nouslaissent
même pas la consolation de douter d'un projet - [
( aussi désastreux. Destructeurs du despotisme, V |
quelle loi pourroit nous forcer de concourir à son
:

$
rétablissement ? Car, c'est-là ce que nous voyons
dans le projet qui nous menace. La constitution
-

-
l -

est perdue, si ses plus fermes défenseurs doivent - ,


plier sous la verge du pouvoir exécutif, ce protée . || |
|

• *

« - _ - -- ^ - «
| -
| -- * - .
4| | .
484 J ou RN A L
qu'il faut charger d'entraves pour le forcer à être
utile. Une constitution libre , ou la mort, voila
le premier cri du peuple que vous représentez ;
et nous le répétons aujourd'hui avec l'intrépidité
que donne le sentiment des maux qu'a soufferts
· notre malheureuse patrie ; nous le répétons au
jourd'hui , qu'un plus long silence seroit une lâ
cheté. Du silence à l'oppression, l'expérience des
tems nous dit qu'il n'y a qu'un pas, nous voyons
encore l'empreinte des chaînes de plusieurs siècles,
parce que pendant plusieurs siècles nous avons été
InlletS, -

Représentans de la nation, promenez vos re


gards sur l'étendue de l'empire , et VOuS nOus Vera
rez encore à la hauteur de la révolution. Coura
geux , vertueux et patient , le Français n'est au
jourd'hui mû que par cette raison éclairée qui lui
imprime la tendance à la liberté ; il n'est aujour
d'hui guidé que par cette force universelle qui
doit écrâser tous les tyrans.
Parce qui s'est fait jusqu'à présent, considérez
ce que nous pouvons faire encore. La tyrannie
est tombée sous nos coups, alors mal assurés ;
ce lit de justice, qui faisait l'espoir de nos en
nemis, fut le lit de mort du despotisme ministé
riel. Entre le jour de la séance royale , et celui
où nous vous dénonçons le comité de constitution,
nous avons placé des siécles. La nation régénérée
a des idées plus justes de ses forces et de sa gran
deur ;. et c'est envain que votre insidieux comité
cherche à trahir sa confiance et la liberté. Un
#
- D E s 485 C L U B s.
• Un instant encore , citoyens législateurs , et
vous allez être confondus dans la foule du peuple ;
encore un instant, et l'opinion publique à votre
égard sera déterminée. L'espérance brille au fond
de l'avenir ; assurez - vous la reconnoissance de
vos commettans ; ôtez à la postérité , jusqu'au
desir de détruir votre ouvrage, en ne vous écar
tant pas des principes sublimes décrétés dans des
instans d'énergie, et adoptés par la nation 'aveè
enthousiasme. La France est libre , elle demeu
rera libre ou elle périra, · · 9 : | , | , 1 ci
• s. . , | . . , : ... . . ! "
| Signés les amis de la constitution séants aux
capucins, et aux cordeliers. . · ·· ·· · · :: i ;

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V A R I , É T É S. a - 9
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Le prisonnier d'état, ou tableau historique de


la captivité de J. C. G. le Prévot de Beai,
· mont, durant vingt-deux ans deux mois ,
, écrit par lui-même. A Paris rue Jacob. F. S, G.
N°. 29, · · · · · · · · · · ;

· Quel service ils ont rendu les bras qui ont si


gnalé leurs premiers eſſorts pour la liberté par
la prise de la bastille, et que nous sommes heu
reux de n'avoir plus à redouter les tirans ! nous
devons bien adorer la liberté, nous attacher à la
- " •

constitution en nous

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† le misérable etat
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où nous avons gémi si long-tems, en écoutant *


486 - J oU R N A L
le récit des horribles tourmens qu'ont éprouvés
une foule de victimes; aucun de nous ne pouvait
se flatter d'éviter la persécution et quel abri,
quelle ressource pouvions nous lui opposer ! le
bien que l'on pouvait faire était souvent le pré
texte qui allumait la colère des tirans. C'est pour
cette cause que M. le Prévot de Beaumont a été
enseveli dans les prisons pendant vingt-deux ans.
C'est pour avoir découvert le pacte de Laverdy,
qui s'exécutait contre la France entière, qu'il est
devenu l'objet des vengeances ministérielles. Le
but de ce pacte était « détablir methodiquement
les disettes, la cherté en tout tems; et dans les
années de médiocre récolte, les famines générales
dans toutes les provinces du royaume, par l'exer
cice des accaparemens et du plus grand monopole
des blés et des farines. » . ·

La France était donnée à bail à quatre million


naires pour la ravager au bénéfice de la ligue,
collectivement avec elle par une armée d'agens
répandus dans les provinces. .
« La ligue était composée des contrôleurs-gé
néraux des finances, des ministres, de leurs pre
miers commis, des lieutenans de police, des in
tendans des finances, des provinces, du commerce,
des gouverneurs des provinces, et de geoles d'état
auxquels était encore associéeune grande partie de
la grand'chambre du parlement de Paris. Leur in
térêt était réglé sur le plus ou le moins de faveur
et de travail qu'ils donnaient tous au succès de l'en
treprise. » - -

-
D E s C L U B s. | 487
· Après avoir donné des détails sur ce pacte, dé
noncé ses auteurs et leurs complices, provoqué la
vengeance de la nation contre eux, M. le Prévôt
de Beaumont trace l'histoire de sa captivité.
Arrêté au milieu de la nuit, en vertu d'une de
ces lettres en blanc seing, que Phélippeaux déli
vroit à Sartine son subdélégué en police, il est
englouti à la bastille. Il y demeure onze mois,
delà il est transféré au donjon de Vincennes.
Le récit de ce que l'auteur a souffert au don
jon de Vincennes est précédé de la définition du
mot conjuration. Les exemples de conjuration
qu'il donne sont le tableau effrayant, mais vrais,
où l'on peut reconnaître l'ancien régime, sous
lequel la France était opprimée.
M. le Prévôt de Beaumont, pendant les quinze
années qu'il a été détenu au donjon de Vincennes,
en a passé, en différentes fois, près de huit dans
les cachots, avec les chaînes aux pieds et aux
mains le plus souvent, toujours nud, toujours
réduit à la famine, et privé de toutes choses. Ses
ennemis n'oubliaient rien pour le tourmenter ;
mais un scélérat, nommé Rougemont, geolier
de cette maison , ajoutait encore à ses maux,
en surpassant les ordres qu'il recevait et qu'il pro
voquait par de faux rapports. Il ne lui a donné,
pendant dix-huit mois, que deux onces de pain
par jour et un verre d'eau pour tout aliment. M.
le Prévôtallait succomber à ce barbare traitement :
cependant l'avarice de son geolrer le rappelle à la
|
- O 2
- .2 J o U R N Aa L | --

vie et à de nouyelles souſfrances, Si je le perdais,


disait Rougemont, l'on m'ôterait bien vîte ceux
qui sont venus avec lui et après lui.
Sartine venait d'être nommé ministre de la
marine ; Malesherbes, son successeur au dépar
tément de Paris, vient au donjon de Vincennes,
et visite M. le Prévôt de Beaumont. Les plaintes
et les vives réclamations du prisonnier n'aboutis
sent qu'à lui demander un mémoire qu'on s'en
gage de communiquer au roi. Le mémoire est
envoyé; mais on n'en fait pas l'usage qu'on avait
promis. · · · , - | .

.. A Malesherbes succède Amelot ; nouvelle visite


au prisonnier; mêmes plaintes, mêmes promes
ses infructueuses. • , -

• « Sur la fin de 1783, Breteuil arrive au mi


nistère, bouffi d'ignorance et gonflé d'orgueil. ll
se détermine, par le conseil de Vergennes et de
Sartines, à me transſérer dans une troisième pri
son, parce qu'ils craignent que mes écrits, mes
découvertes, mes dénonciations, les injustices des
ministres et des Heutenans de police ne percent
enfin. Il m'envoie, le 29 février 1784, un officier
auquel il donne ordre de tâcher de me surprendre
et de m'enlever de nuit par violence. »
. Il faut lire ici, dans l'ouvrage même, le détail
de trois assauts que M. le Prévôt eut à soutenir
contre les envoyés de Breteuil qui voulaient l'en
lever. On admirera la présence d'esprit du pri
| sonnier, son industrie, son courage , sa fermeté,
- -

- _ --
-

—- --
- *--
D Es cLU B s. | 489
et le succès de sa défense à la suite de ces trois
combats. On le laisse trois jours et trois nuits
sans pain et sans eau. Quinze jours après arrive
le même officier de Breteuil, avec une troupe de
brigands enrôlés à la police, et précédé d'un
chien dogue de la plus haute taille. Mais écoutons
l'auteur raconter lui-même ce quatrième assaut,
« Surbois fait ouvrir mes portes avec bruit ;
alors tous se taisent et examinent mon ouvrage :
· 1°. un mur sec, bâti des débris de mon poële,
et de briques sur le premier degré de ma chambre
qu'il faut franchir ; 2°, la tête de mon lit qui do
mine encore. Aucun d'eux ne m'entend et ne me
voit au coin de l'ouverture de la porte, Comment
entrer, disait Surbois, pour peu qu'il s'y oppose ?
Voilà un mur, un lit plus haut que le mur, des
chaises couvertes de pierres, prêtes à être lancées
sur nous. On ne peut attaquer que par la porte ;
mais il pourrait nous tuer avant que nous eus
sions pu faire la moindre brêche ; il faut ici le
chien, l'exciter à aboyer, à s'élancer sur le mur
et à le franchir : il vaut mieux qu'il soit tué que
nOuS. -

Ils excitent donc le chien ; mais plus ils l'en


couragent à franchir le mur, moins il ose l'en
treprendre, Voyant les carreaux pleuvoir sur lui,
, il s'éloigne rapidement. -

Surbois tient conseil avec ses brigands; on dé


libère d'abattre le mur sec, et d'attirer à soi les
· moellons avec un crochetau bout d'une longue per
49o J oU R N A L

che : et pour savoir si je souffrirai tranquillement ;


Surbois, à qui on reprochait de n'avoir point
encore annoncé sa mission, m'adresse ce qui suit
à haute voix : Je suis chargé , monsieur, de
2vous arrêter et tranférer ailleurs. » -

Sur la promesse qu'on transportera avec lui


sa malle et ses papiers, M. le Prévôt se livre à
Surbois ; mais sans malle et sans papiers.
· Le prisonnier croyait trouver dans les frères de
charité, geoliers de Charenton, moins de barba
rie que dans le cruel Rougemont, qui pendant
quinze ans l'avait traité avec une cruauté inouie.
Il se trompait ; il éprouva que les charitables
frères n'étaient ni moins tyrans , ni moins des
potes dévoués à la police que les geoliers de la
bastille, de Vincennes et de bicêtre. Le sous
directeur défend expressément au porte-clef de
donner à M. le Prévôt de la chandelle, de l'en
cre, des plumes, du papier, un couteau , des
livres. L'hiver était rigoureux ; on lui interdit le
feu et les vêtemens. , ' , ' •

La chambre des vacations du parlement fait


une visite à Charenton ; M. le Prévôt qui avait
été prévenu de cette visite par les autres prison
niers, avait préparé un mémoire instructif; il le
donne aux conseillers qui lui promettent de le
| lire en pleine chambre à la première séance. Mais
ils ont déjà violé leur promesse , avant de sortir
de Charenton, et ils livrent aux geoliers les pa
quets qne le prisonnier vient de leur confier.
A
: D E s C L U B s. 49t
trr tmr, º Le 19 octobre 1784 M. le Prévôt est transféré
le navir !on à bicêtre. « La haine que me portait le Noir, lieu
res tqisit tenant de police, rendit pire de plus en plus le
monsitu, # traitement dont me faisait jouir Tristan. Bientôt
rs. » on me fit jeûner par extraordinaire ; on me fit
potºn ar li fouiller impudemment par la garde quatre-vingt
Prévôts lº ! dix-sept fois durant un an et demi ; on me plaça
papirs -
seul dans une galerie de Cabanons pour m'ôter
dans les#º toute communication ; on fouillait mes porte
moins ,º clefs, on espionnait les vivres que je faisais ache
nt ,qui pº ter ; on me fit défense d'écrire à mes parens,
e cruautº à mes amis pour les informer de ma situation ;
e les d# et de peur que je n'en reçusse des secours capables
, ni misº
d'appaiser une faim et une soif qui m'exténuaient .
eSgeoliºº depuis deux ans, on obligea tous mes espions à
se surveiller l'un et l'autre. On s'efforçait à me
icºue. Lº faire périr d'inanition ou du scorbut; je luttais
potº
3ll
contre tous ces assauts par une patience coura
an !,º geuse, et Dieu me préserva du scorbut. » -

1
n coutea "
Le 19 septembre 1787, de Crosne fait trans
n lui irº porter M. le Prévôt à la maison de force du sieur
Picquenot, rue de Berry. Cette prison, dit l'au
arlement à
teur, va être un paradis ponr moi, en comparai
#ôt qui* son des quatre premières. - ( -

$ autres pº Le lieutenant de police lui fait dire qu'il lui ·•


IlStfuctif, º donnera , sous six mois , sa liberté entière, s'il
nettent dº cesse d'écrire contre le gouvernement. On entend
eséance. M#
vant de 50fl' -
ce que veut dire, dans le style d'un lieutenant de
police, écrire contre le gouvernement. Le pri
oliers les pr sonnier cesse d'écrire ; mais M. de Crosne ne tient
]l' conſicº pes sa promesse.
2 --

492 · JoURNAL
Enfin arrive la révolution , « avee quel plaisir
je voyais de ma fenêtre avec une lunette d'appro
che, foudroyer la bastille le 14 juillet 1789, an
noncer sa prise le soir et celle du gouverneur ,
la démolition de cette forteresse les jours sui
vans. .... Cependant deux mois après la révolu
tion , on ne visitait point encore les prisons. Je
m'avisai d'écrire au ministre Saint-Priest, persua
dé qu'il ne pouvait manquer en vertu des décrets
· de l'assemblée nationale, de me délivrer. » Cette
première lettre ne parvient pas au ministre ; il en
s écrit une seconde et trois jours après le 5 octobre
1789 , on lui annonce sa liberté. - -

M. le Prévôt de Beaumont pendant sa longue


captivité a composé différens ouvrages ; l'Arai
gnée de cour ou le résultats des résultats , les
· cris et les gémissemens des prisonniers d'état
de la Bastille et de Vincennes , l'Art de ré,
gner en vingt volumes environ. Ces ouvrages lui
ont été successivement enlevé par la police dans
les différens changemens de prison qu'elle ordon
nait. - - t, ·· · ,

M. le Prévôt a peint ses malheurs à l'assemblée


nationale , et sa pétition a été renvoyée au co
mité des lettres de cachet. • i
- " «
D Es cLU Es - 493
•----"

Supplément à l'apologie des décrets , ou lettre


a l'abbé Jabineau , par le P. Lalande de
l'oratoire, Paris chez Froullé quai des Augus
tins, et le Clerc rue St. - Martin, pages 86.
in-8°. -

Nous avons annoncé les deux éditions de l'a


pologie de la constitution civile du clergé, par
le P. Lalande. - -

Au milieu du succès mérité de cette apologie,


un abbé nommé, dit-on, Jabineau à'est permis de
publier contre l'ouvrage etl'auteur cinquante pages
d'injures grossieres, que le P. Lalande eut mé
prisées, si ledit sieur Jabineau n'eût joint à ses
invectives, quelques discussions critiques qui pou
vaient inspirer à des lecteurs peu éclairés des dou
tes sur la vérité des faits et des principes répandus
dans l'apologie; le P. Lalande a cru devoir donner
au public des preuves incontestables del'ignorance
et de la mauvaise foi de son censeur : c'est l'ob
jet qu'il s'est proposé et qu'il a complettement
rempli dans ce supplément - -* -

Ce supplément est divisé en trois parties; dans


la première l'auteur expose les preuves justificati
ves des faits qu'il avait cités ; dans la seconde il
défend contre les sophismes du sieur Jabineau,
les principes qu'ilavoit établis concernant les juris
diction ecclésiastique; la troisième traité desdroits
P
494 JoURNAL
du peuple dans les élections de ses pasteurs,
C'est dans l'ouvrage même qu'il faut chercher
les importans détails de cette savante et solide
discussion; on y verra que le sieur Jabineau prend -

des marais pour des villes; qu'il cite en sa faveur,


des écrivains qui sont textuellement contraires à
assertions, et l'on se convaincra de plus en plus
de la sagesse des loix de l'Assemblée Nationale,
de leur conformité avec les usages primitifs de l'é
glise, et de l'impuissance où sont les détracteurs
de la constitution civile du clergé, d'appuyer de
quelques prétextes tant soit peu raisonnables, leur
désobéissance et leurs éternelles calomnies,
-

" Vrais pasteurs, sincères amis de la chose pu


blique , vous qui êtes prêts à donner votre vie
pour le salut de vos ouailles, que les menaces des
persécutions ne vous effrayent pas, veuillez le
bien de vos ennemis malgré eux ; votre fermeté
ne sera pas infructueuse, la récompense la suivra
de près, vos persécuteurs stupéfaits deviendront
vos plus zélés partisans, ils rougiront, et venant
vous faire l'aveu de leur complot , et ils feront
avorter les infâmes projets de ceux auxquels une
erreur passagère les avait associés. Le trait sui
vant peut servir à appuyer notre prédiction; nous
le rapportons tel qu'il nous a été communiqué par
celui qui en est à la fois l'objet et le narrateur,
« M'étant chargé de prêcher le vendredi saint, je
DEs cLUE s 495
me rendis à ma destination ce jour-là, et sans ef
froi, quoique l'on eût tenté de m'en inspirer. Le
jeudi j'avais reçu un billet anonyme, où , en- .
tr'autres sottises, on me faisait craindre de né
pas me tirer sain et sauf de ma prédication ; je
trouvai néanmoins une assemblée nombreuse, très
paisible et très édifiante; c'était une assemblée de
charité en faveur des prisonniers de l'hôtel de -
ville et de la conciergerie, les auditeurs furent
attentifs, et la récolte parut bonne. Samedi ma
tin, autre billet anonyme m'a encore été adressé,
mais il étoit d'un autre genre que le premier, voici
ce qu'il contenait: « vous avez eu du courage, Mon
sieur, je vous ai entendu, et je me suis retiré con
vaincu qu'il n'y avoit qu'un sot qui ait pu vous
écrire le billet que vous avez dû recevoir jeudi,
ce sot, c'est moi ;je n'ai pas encore la force de me
nommer, mais instruit que vous confessez, j'aurai
celle d'aller me jetter à vos pieds. « ,

s-i- «è• - •' t


Toutes les tribunes ont retenti des éloges fu- • -

nèbres de Mirabeau ; partout on s'est accordé à


parsemer sa tombe de fleurs, l'homme public a - |
fait disparaître l'homme privé, et le défenseur •º

de la liberté des peuples a emporté les regrets » ,

de tous les Français. Parmi les différens homma-


ges rendus à la mémoire de Mirabeau , nous
'- |
º
l
croyons devoir distinguer celui d'un grenadier vo- ,

lontaire du bataillon qu'il commandait. L'orateur


- P2
496, J e U R NA L
( M. Cahier, avoué et électeur ) a su joindre à
une diction pure et simple tout le pathétique
du sentiment, aussi parlait-il d'après son cœur,
Il expose d'abord quels sont les titres qui peuvent
donner des droits aux regrets et aux éloges de la
patrie. « Trop souvent , dit M. Cahier , des flat
teurs et des esclaves ont prostitué les nobles ac
cens de l'éloquence à eélébrer des noms , des
rangs et des titres ; trop souvent dans les temples
élevés au Dieu qui a dit à chaque homme : sois
diumble , pacifique , et sur-tout sois utile , des
bouches mercenaires n'ont offert au culte du peu
ple que les idoles fastueuses de l'orgueil qui l'in
sultait, les fantômes superbes de la gloire qu'il
· payait de son sang, ou les vaines images de la
mollesse et de l'oisiveté qu'il engraissait de ses ,
sueurs. Il est tems enfin que l'éloquence revête
un caractère plus digne de son origine céleste ,
et que désormais sa voix libre ne soit plus con- .
sacrée qu'à.l'éloge de la véritable grandeur , des
vertus réelles, des talens utiles ». L'apologiste
de Mirabeau, d'après ces principes, établit les
droits de son héros. Il le présente comme celui
que l'être suprême avait appellé pour rompre les
fers honteux que les mains du despotisme avaient
étendus sur toute la surface de l'empire français,
Il le fait voir, avant la révolution, mûri à l'école
de l'adversité, préparé, par de longues études,
aux grandes destinées auxquelles il étoit réservé,
Il le montre révélant dans sa vingtième année, les
»
D E s C L U B s. | 497
vices et les nombreux abus des gouvernemens ar,
bitraires, et dénonçant aux peuples cette lâche
conspiration d'un petit nombre d'hommes contre
leur liberté ; tomnant, quelques années après, con
· tre les lettres-de-cachet, dévoilant l'affreux trai
tement réservé dans des cachots obscurs à l'écrivain
courageux qui osait dire aux hommes des vérités
utiles, sapant dès-lors les fondemens des bastilles.
« Que ne puis-je, MM., dit l'orateur, vous le re

résenter tantôt déclarant la guerre à toutes ces
inégalités choquantes, à toutes ces distinctions
puériles qui séparent l'homme de l'homme, le
frère de son frère ; tantôt attaquant, poursuivant
sans relâche l'hydre dévorante de l'agiotage....,
ici étudiant les ressorts des gouvernemens voisins,
épiant lejeu des empires, le secret de leurs forces
, et de leurs maux ; là traçant des leçons aux rois,
aux dépositaires de leur autorité, et parlant enfin
de leurs devoirs à des souverains que l'on n'entre-.
tenait jusqu'alors que de leurs droits; enfin pro
fessant toujours son amour pour le bonheur des

peuples, dans un pays où l'on ne connaissait qu'un
maître et des esclaves, et où tout sacrifiait les es
claves au maître. C'est ainsi que Mirabeau s'es
sayait aux combats qu'il devait bientôt soutenir
pour la cause du genre humain , et préludait en .
quelque sorte à la révolution des grandes vérités
qu'il devait faire entendre sur un nouveau théâtre».,
Arrivé à la convocation des états-généraux, M,,
Cahierjette un coup-d'œil rapide sur les différentes
498 J o U R N A L
partiesdela constitution, marquées de l'empreinte
du génie de Mirabeau ; il le trouve dans toutes
les opérations importantes; il le suit jusqu'au mo
ment où il prenaitl'engagementsolemnel de pour
suivre et de démasquer les factieux, de quel
que parti , de quelque côté qu'ils pussent être ;
c'est ici que son cœur se déchire. « Déjà, dit-il, le
germe destructeur fermentait dans son sein ; tout
à coup des signes plus allarmans se déclarent, et
le bruit se répand que les jours de Mirabeau sont
menacés». Il peint le désespoir du peuple, s'ac
croissant à mesure que le danger augmente ; il
présente Mirabeau seul gardant un front serein
au milieu de ses amis éplorés. « L'heure fatale a
sonnée , tout est perdu, Mirabeau n'est plus »..
Un tableau touchant de l'abattement universel ter
mine l'éloge de Mirabeau. L'orateur, s'adressant
à ses compagnons d'armes, finit par leur rappeller
les principes de celui qu'ils pleurent. « Et vous,
témoins de l'hommage simple et vrai que des ci
toyens soldats rendent à la mémoire d'un grand
· homme, en le pleurant avec nous, pénétrez-vous
· de ses principes. Ah ! si du sein des morts Mira
beau pouvait encore faire entendre sa voix dans ce
tèmple, il vous dirait : « Français ! si je vous aidai
» à conquérir la liberté, croyez-en celui que
« vous avez honoré du nom de votre défenseur ;
« gardez-vous de ces excès criminels qui pour- .
« rarent souiller vos triomphes. Tous vos ennemis
« ont disparu ; vous n'avez plus à vous défendre

---- | 2 - -- --- - -- - ---- --- -- •


D E s C L U B s. | 499
« que de vous-mêmes et des écarts dangereuxd'un
« zèle faux et inconsidéré. Le tems des vengean
« ces est passé ; le règne des loix s'affermit cha
« que jour. Jouissez paisiblement du fruit de vos
« travaux; plaignez, mais ne maudissez pas, mais
« ne persécutez pas ceux qui, en partageant aveç
« vous les bienfaits de votre constitution, s'opi
« niâtrentencore à la calomnier. Français! je vous
« laisse en mourant des loix sages, une patrie, un
« roi plus affermi sur son trône, et toujours jaloux
« devotrebonheur. Obéissez aux loix, veillez pour
« votre patrie ; aimez votre roi ; et si vous voulez
« honorer ma dépouille, que la crainte de trou
« bler le séjour où elle repose, écarte de cette ca
« pitale, et les intrigues obscures des factieux, et
« les mouvemens convulsifs de l'anarchie. »

NoUvELLEs DES DÉPARTEMENs, |A


Municipalité de Paris. !-

-#

Nous en sommes restés au 21 Avril, dans le récit


des troubles qui agitent Paris dans ce moment.
Le jeudi soir le corps municipal, cédant aux ins
*.
tances des bataillons, s'étoit transporté chez M. .r
de la Fayette qui avoit promis de rendre sa ré -

ponse le lendemain au conseil général de la com


% \
mune. Le vendredi la salle du conseil étoit renº,
plie plus que ne le sont celles de spectacles,unjour
-)

4
\
, 5oo , J oU R N A L
| de grande foule,les corridors, les escaliers, la cour,
la place de l'hôtel-de-ville étoient couverts de ci
toyens armés ou non armés. Les membres du con
seil s'étoient pelotonnés et avoient cédé la ma
jeure partie de leurs places aux députés du batail
lons. Vers dix heures, M. de la Fayette arriva et
prononça le discours suivant que nous rapportons
en entier, parce qu'il contient les vrais principes
dont tout citoyen ne devroit jamais s'écarter.
« MMJe viens dansla maison commune, où tant
de souvenirs se retracent à moi, reconnaître les
derniers témoignages de vos bontés, avec toute
la sensibilité d'un cœur dont le premier besoin,
| après celui de servir le peuple, est d'en être aimé,
et qui s'étonne del'importance qu'ondaigne mettre
à un individu , dans un pays libre où rien ne de
vrait être important que la loi. . , "

· Si ma conduite, dans cette occasion, MM., pou


vait n'être réglée que sur des sentimens d'atten
drissement et de reconnaissance , je ne répondrais
aux regrets dont vous et la garde-nationalem'avez
honoré , qu'en obéissant à vos instances ; mais de
même que je n'avais écouté, pour cette démar
che, aucun motif personnel ; de même au milieu
des mouvemens qui nous agitent, ce n'est point au
gré d'affections particulières que je puis me dé
terminer. |
Je ne pense point que la garde-nationale, dont
la grande majorité fut toujours inaccessible aux
séductions de l'esprit de licence et de parti, ait
- Vkl
- P E s C L U B s. . ,, 5o 1
vu avec ndifférence ce qui a causé mon découras
· gement ; les autorités constitutionnelles mécon
| nues, leurs ordres méprisés, la force publique op
posée à l'exécution de la loi, dont la protection
1ui est confiée..... Nous sommes citoyensMM., nous
sommes libres, mais sans l'obéissance à la loi , il
n'y a plus que confusion , anarchie , despotisme 2

et, si cette Capitale, le berceau de la révolution»


au lieu d'entourer de ses lumières et de son res
pect les dépositaires des pouvoirs de la nation, les
assiégeoit de ses tumultes, ou les fatiguoit de ses
violences, elle cesserait d'être l'exemple des Fran
çais, elle risquerait d'en devenir la terreur ,
· Cependant , MM., dans les marques si tou
chantesd'affections que j'ai reçues, on a beaucoup
trop fait pour moi, on n'a pas assez ſait pour la
loi ; je me suis convaincu avec la plus tendre
émotion, que mes camarades m'aimoient , je n'ai
point encore su à quel point ils chérissoient tous
les principes sur lesquels la liberté est fondée.Je
· dépose en vos mains, MM., cet aveu sincère de
mes sentimens ; daignez les faire connaître à la
garde-nationale ,dont j'ai reçu les témoignages
d'amitié avec tant de sensibilité , pour qui je s--
rai toujours un frère aussi affectionné que recon
naissant. J'avoue que pour la commander, j'avais
besoin d'être assuré qu'elle croirait unanimement
le sort de la constitution attaché à l'exécution de
la loi , seule souveraine d'un peuple libre ; que
#a liberté des personnes, la sureté des domiciles ,
Q
Wii
5o2 JoU R N A L
la liberté religieuse , le respect des autorités lés
itimes lui seraieut, sans exception, aussi sacrés
qu'à moi. C'est non-seulement de courage et de
vigilance que nous avons besoin, mais aussi d'u
nanimité dans les principes que je viens d'exposer,
et j'ai pensé, je pense encore que la constitution
sera mieux servie par la démission motivée que
j'ai donnée, que par mon acquiescement à l'in
vitation dont vous avez daigné m'honorer.»
Les mouvemens furent violens, mais ils n'é
taient point de fureur ; ils exprimaient les regrets
du refus de M. de la Fayette , l'amour qu'on lui
portait, la ferme résolution de vivre et mourir
pour l'exécution de la loi ; jamais les sentimens
de pur civisme n'ont été exprimés avec plus de
véhémence.Un citoyen, M. Dubut de Longchamp,
a demandé la parole et a prononcé un discours
plein de sensibilité, dans lequel on remarqua en
tr'autres cette expression : Général , vous serez
obéi, comme vous étes aimé. On applaudit beau
coup à cette heureuse idée, et l'on ſit répéter la
phrase. - -

| Les marques d'attachement auxquelles M. de la


Fayette parut extrêmement sensible , l'émotion
générale qu'il partageait ; peut-être l'extrême cha
leur qu'il faisait dans la salle, l'affectèrent au point
qu'il demanda la perrnission de sortir et de re7 .
prendre ses sens : il sortit en effet. L'impatience
de voir revenir le général étant extrême, M. le
maire fut prié de l'y engager ; mais il revintan
b E s c L U B s. 5o3 ,
honcer que M. de la Fayette s'étant trouvé mal ,
on l'avoit emmené. Rien ne peut peindre ce mo
ment-là ; les uns voulaient qu'on l'allât chercher
par-tout où il serait ; les autres qu'on le forçât à
reprendre le commandement ; d'autres que toute
la garde nationale , présente à tout ce conseil
général , allât le trouver : c'étoit un délire ; cha
cun avait l'air de demander un conseil et d'être
hors d'état d'en prendre un; enfin un avis eut l'air
de prévaloir, et finit par être adopté ; savoir :
que le lendemain le discours de M. de la Fayette,
imprimé pendant la nuit, serait envoyé à tous les
bataillons qui s'assembleroient pour continuer le
serment d'obéissance à la loi. Ensuite les députés
voulaient faire sur-le-champ ce serment, au nom
de leurs bataillons respectifs ; enfin on pria M. le
maire de porter sur-le-champ à M. de la Fayette le
vœu si formellement exprimé de tous les citoyens
présens. M. le maire se rendit aux desirs de l'as
"
|
semblée ; il ne pût rencontrer M. de la Fayette,
èt alors, après de longs débats, les députés se re
tirèrent dans l'intention de s'assembler le lende
*.

main, et d'exprimer par-là le vœu de toute l'armée.


Il n'y a point eu d'arrêté à cet égard. •.

Le samedi, le corps municipal resta assemblé


toute la journée. Le dimanche soir il avait déjà
reçu les arrêtés des 57 bataillons, et ceux de la
cavalerie et des chasseurs ; il était assuré que les
trois autres bataillons étaient assemblés et disposés .
à se joindre au restè, Une dèputation composée de
Q 2

• • - * -- • - - - ., -**
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\ - -- *-- , --,
5o4 joùr N , i , .
huit officiers municipaux, présidée par M. le mairë ;
se rendit auprès de M. de la Fayette , qui dans ce
moment était chez M. de la Rochefoucault, prési -
| dent du département de Paris. M. de la Fayette ,
sur les assurances que dorénavant la loi serait exé:
cutée, puisque l'armée jurait de nouveau obéisº
sance à ses chefs parlant au nom de la loi ; reprit
le commandement. Le lundi il donna l'ordre et
· fit faire la parade devant l'hôtel-de-ville. A cette
époque les trois bataillons qui, pour des raisons
particulières, n'avaientpas pu s'assembler le same
di, s'étaient réunis aux autres; et le vœu de toute
l'armée était unanime. Le bataillon des Cordeliers
s'était rendu à la maison commune avec son dra
peau , etavait annoncé au corps municipal le desir
qu'il avait de changer de nom pour ne plus être
confondu avec le club des Cordeliers, et de s'ap
peller à l'avenir le baiaillon de l'Observance.
· M. de la Fayette convoqua mardi des députés
de toute l'armée, pour les remercier de l'attache
ment qu'elle lui avait térnoigné: L'affluence des
bataillons qui se portaient chez lui pour lui témoi
gner leur satisfaction, et renouveller leur serment
d'être fidèles à la loi, ne lui permit pas de serendre
avant midi au milieu de ses frères d'armes assem
, blés à la maison commune. Là il fut accueilli par
des bravo , des applaudissemens dont l'unanimité
dut lui prouver combien la garde iiationale le chéº
| Fissait, et qu'elle avait été sa douleur en apprenant
sa perte. Il prononqa d'abondance de cœur un dis*

• -- - * _ | | | --- --------- ^ , • · · · · -
· · - • -----
r--

5 E s C L U s s, 5o5
cours, dans lequel il rappella à la force constitu
\
tionnelle armée ses devoirs. Il témoigna combien
il avait été sensible aux marques d'amour qu'elle
lui avait données, et termina par jurer à ses ca \
marades un attachement qui ne finirait qu'avec
sa vie. L'impression , l'impression , s'écria-t-on
de toutes parts. L'impression , reprit avec l'émo
tion la plus vive M. de la Fayette, restera à ja
mais gravée au fond de mon cœur « Nous vous
supplions de l'y retrouver , mon général, dit un
volontaire ; hos frères d'armes absens ont droit
· comme nous à votre affection , et nous ne pour
rions leur en rendre les expressions avec autant
d'énergie que vous l'avez fait ». L'impression fut i
votée à l'unanimité. -

L'assemblée alloit se séparer lorsqu'un volon


taire fit la motion de voter au nom de la garde
hationale , les remercimens au roi sur la lettre
qu'il avoit écrite à toutes les puissances étrangères
« La force armée, dit M. de la Fayette, en repre
haiit la motion ne peut ni ne doit délibérer ; mais
elle peut quand elle est rassemblée par un ordre
constitutionnel exprimer en corps un vœu de re
connaissance sans prendre d'arrêté; je proposerai
donc si vous le trouvez bon que nous nous trans
portions à l'instant chez le roi que je vais avoir
l'honueur de prévenir - * .

Comment doit être composée la députation , di* :


rent quelques personnes, la députation répondit
Ai, de la Fayette est toute formée, prenons-nous

-"- | |# - * --, - - |

-- -------- - - - -- ... ------ •


•º -
* -- *" -
* • • •
- - _ ------
|

5o5 | JoURNA L |
sous le bras par six de front et marchons tous en
sêmble ; si sur la route quelqu'uns de nos frères
d'armes veulcmt se joindre à nous qu'ils en soient
les maîtres. » - -

En attendant la réponse du roi, M. de la Fayette


composa le petit discours suivant , dont il fit lec
ture et qui fut vivement applaudi. . -

« La garde nationale parisienne vient féliciter


le roi de l'éclatante et patriotique démarche par
laquelle, en proclamant par-toute la terre la sou
veraineté du peuple français, les principes de li
berté et d'égalité sur lesquels la constitution est
fondée, en faisant connaître les bases de notre or
ganisation populaire et représentative, ainsi que
les fonctions et les bornes de l'autorité royale, vous
avez annoncé à toutes les nations quels sont leurs
droitsetleurs devoirs, quelle est la majesté d'un peu
ple libre, et à tous les gouvernemens comment les
la royauté peut survivre aux révolutions, comment
rois peuvent subſtituer aux usurpations et aux faus
ses jouissances du despotisme, un pouvoir fondé
sur l'utilité commune, un bonheur composé du
bonheur de tous, une gloire d'autant plus pure
qu'elle s'appuie sur la vertu, et qu'elle ne craint
plus d'être souillée par la flatterie. . -

Sire, nous sentons plus que jamais le besoin dé


déposer dans le sein d'un père tendre et indulgent ,
de présenter au cbef suprême de la force publi
que, le serment que nous avons tous renouvellé
de remplir nos devoirs avec une constance inſati*

DEs cLU B s 5o7
gable, avec une inébranlable fermeté; recevez
sire, cet hommage de notre obéissance à la loi,
de notre zèle pour le maintien de l'ordre constitu
tionel, de notre horreur pour l'intolérance, le dé
sordre et l'anarchie; il sera pour vous le gage le
le plus sûr, et le témoignage le plus cher à votre
cœur de notre reconnoissance et de notre amour. »
Depuis la fédération la garde nationale pari
sienne n'avait pas eu un aussi beau moment ; elle ,
monta au château par l'escalier de la chapelle et
descendit par celui du pavillon de Flore en défi
lant devant le roi qui répondit à M. de la Fayette
dans les termes les plus flatteurs pour elle : « Je
reçois avec sensibilité les assurances d'attachement
et de zèle que vous me donnez au non de la garde
nationale de Paris ; j'aimerai toujours à compter
sur la fidélité de ceux à qui le soin de maintenir
la liberté et la tranquillité publique est particu
lièrement conſié ; c'est à la garde nasionale pari
sienne qu'il appartient de donner l'exemple de cette
obéissance constitutionnelle, qui doit faire la force
et lasûreté de l'état; qu'elle ne doute jamais de mes
sentimens pour elle, et pour son chefsi digne de
sa confiance. » Les cris de vive le roi, vive le res
taurateur de la liberté française , le petit fils
d'Henri IV se firententendre pendant près de trois
quarts-d'heure que défila la gardenationale.Un vo #
lontaire dit au roi en passant devant lui : sire c'est
mous qui sommes vos vrais amis.
5p8 J O U R N A l, - ---

s•

| Nous n'avons point voulu interrompre l'ordre


des démarches de la municipalité , faites
pour cé,
der aux instances réitérées de ses concitoyens, et
· engager M. de la Fayette à reprendre le comman
dement de la gardé nationale, mais nous devons
remarquer que la plûpart des différens corps de
de l'armée parisienne, qui s'adressoient au corps
municipal, et alloient chez le général, portoient
aussi leur vœu au directoire du département qui
prit le 21 l'arrêté suivant, « sur la connoissance
« que le directoire a eu de la démission, donnée
« au maire de Paris, par M. de la Fayette com,
« mandant générale de la garde nationale pari
« sienne, des députations qui lui ont été envoyées
« par le plus grand nombre des bataillons de la
« garde nationale, pour l'engager à retirer cette
« démission, des demandes fais par les mêmes
« bataillons au corps municipal, pour » qu'il ne
voulût point l'accepter , le directoire arrête que le
procureur général syndic, se transportera chez le
commandant général de la garde nationale pari
sienne, pour joindre aux vœux publics, qui lui
ont déjà été manifestés, le vœu particulier du di
rectoire , de le voir reprendre les fonctions de
commandant de la garde nationale, que l'intérêt
public et le vœu du peuple bien prononcé lui font
un devoir de conserver. » - -

Le 23 le directoire écrivit encore la lette sui


- - - vante
- D E s C L U E s àg9
yanteà M. de la Fayette. « Dès que nous avons été
instruits, M., que vous aviez donné votre démis
sion, nous nous sommes empressés de vous té
moigner, par l'organe de M. le procureur-général
syndic, notre vœu de vous voir reprendre une \
place où vous avez rendu de si grands services à la
constitution. Ce vœu se ſortifie tous les jours, et
les circonstances qui nous environnent ne peuvent
que le rendre plus vif Nous venons aujourd'hui
vous l'exprimer de nouveau, et sang doute vous
céderez au desir de vos concitoyens ; vous avez
reçu d'eux les témoignages les plus honorables de
regrets et d'èstime, ils vous en demandent pour
récompense de les servir encore; vous ne serez pas
plus long-tems insensible à la voix de la patrie et
de la liberté. » . · · ·
| Les citoyens soldats viennent de donner une
nouvelle preuve de dévouement à la constitution
et d'obéissance à la loi ; le général est rendu à
le$ . son armée; il serait naturel de penser que le calme
16 , est rétabli ;cependant il n'en est rien ; le ſeu couve
le | sous des volcans prêts à éclater ; l'explosion la plus
le prochaine nous menace. Les factieux n'ont été
qu'étourdis du coup qui semblait avoir démonté |
lui leurs batteries ; ils reprennent connaissance , les
di misérables; ils ne seront contens que quand nous
nous serons égorgés ; citoyens, vrais et bons ci
t, toyens, restons unis, nous seront forts , encore
# un peu de patience et de courage, et nous alloni :
jouir du fruit de nos travaux ; la •º sºs
# •. »
1O JoU R N A L
chève, l'organisation de la garde nationale se
fait maintenant; nos ennemis ne pourraient doré
navant nous combattre qu'à visage découvert,
vous laisserez-vous entraîner par des suggestions
perfides, et gâterez-vous par votre précipitatio le
plus bel ouvrage des hommes, qui est sur le point
d'atteindre sa perfection?
Le lundi 25, le corps municipala pris un arrêté
d'après lequel la compagnie des grenadiers de la
sixième division a été licenciée. La plus grande
rumeur a eu lieu à cette nouvelle; les soldats cou
pables, au lieu de mériter l'oubli de leur faute par
des marques de repentir, se sont livrés le soir et
le lendemain à la débauche, et ils n'ont cessé de
faire grouppe autour d'eux, et se plaindre de l'in
gratitude de leurs concitoyens ; de crier par-tout
qu'on ne les punissait que parce qu'ils avaient re
fusé de tirer sur le peuple. La municipalité n'a
point rendu publiques ses raisons; il est des circons
tances où les corps administratiſs doivent, pendant
quelques instans seulement, garder le silence, au
risque d'être calomniés. Mais nous, nous ne crain
drons point de faire connaître les motifs puissans
de la municipalité. Depuis long-tems cette compa
gnie de grenadiers était dans l'état d'insubordina
tion le plus décidé; le 18 avril elle était de service
au château des Thuileries , mais elle y était en
quelque sorte à poste fixe, et ne fut point com
mandée pour favoriser le départ du roi ; quel
ques - uns des soldats qui la composent quit
- D E s . C L U E s. 511
tèrent la consigne qu'ils avoient reçue et se ré
pandirent dans les rangs de la garde nationale pour
l'engager à désobéir, ils insultèrent des officiers
supérieurs, ils allèrent jusqu'à menacer la cava
lerie de faire feu sur elle si elle obéissait, ils invec
tivèrent le roi dans son carosse et l'accablèrent des
propos les plus outrageans; (notez qu'il est faux
qu'ils ayent refusé de faire feu sur le peuple, ja
mais un ordre aussi barbare n'a été donné ) ils ont
été depuis à la caserne d'où l'on avoit chassé le
soldat calomniateur accueilli par le club des cor
| deliers, ils ont voulu exiger qu'on le reprît ; tous
ees faits sont prouvés et le corps municipal a usé
de la plus grande indulgence en se contentant de
· licencier ces soldats. Dans un tems où les lois se
raient en activité, ils eussent été livrés à un con
seil de guerre et le supplice les attendait.
Mais il ne faut pas ici confondre quelques cou
pables avec un grand nombre d'honnêtes gens qui
out bien servi la chose publique et sont prêts à
donner leur sang pour la patrie. La municipalité,
pénétrée de cette vérité, a, le mercredi 26, pris un
second arrêté pour former une nouvelle compa
gnie de grenadiers de la sixième division, et elle
s'est proposée de choisir d'abord les bons sujets de
l'ancienne, avec la précaution de changer le ca :
· sernement de cette compagnie.

Tandis que la municipalité et le département


- R2
3r2 , J o U R N à L , , ,
travaillaient de concert à ramener le calme, à
rétablir l'ordre, à engager le généràl à reprendre
le commandement que la patrie aIlarmée remet
tait entre ses mains, le roi ne concourait pas moins
èfficacementà tranquilliser son peuple, en l'assurant
desonamour pour lui, de son attachementinviolable
à la constitution. Le directoire du département a
fait connaître au roi le vœu de son peuple pour
qu'il éloigne des prêt res suspects d'auprès de sa
personne, pour qu'il notifie solemnellement aux
puissances étrangères , que c'est librement qu'il
s'est déclaré le chef la révolution, qu'il chérit et
déſeiidra de tout son pouvoir la constitution Le
roi se rend au vœu du peuplé , il renvoie son
grand aumônier et d'autres prètres dont la déso
béissance à la loi faisait appréhender les conseils
perſides, il s'entoure du nouvel évêque de Paris ;
des nouveaux curés de Saint-Germain et de Saint
Roch ; il vient au milieu des représentans de son
peuple renouveller l'expression de ses sentimens
et de ses intentions dirigés uniquement vers son
bonheur, il fait adresser à tous ses agens près des
cours étrangères une manifestation solemnelle de
$on adhésion libre et entière aux nouvelles loix
constitutionnelles de la Francé:
- - - · · · , · · i. , - - - -

- - - · · : , , - ! : : s : : · · · ,
Lettre écrite au nom du Roi , aux Ainbassas
deurs et ministres résidens près les cours
étrangères.
| | Le Roi me oharse, Monsieur, de vous inander
D E s C L U E s. 513
que son intention la plus formelle, est que vous
manifestiez ses sentimens sur la révolution et la
constitution Françoise, à la cour où vous résidez.
\
Les ambassadeurs et ministres de France près les
cours de l'europe, recoivent les mêmes ordres,
afin qu'il ne puisse rester aucun doute, ni sur les
intentions de Sa Majesté, ni sur l'acceptation libre
qu'elle a donnée à la nouvelle forme du Gouver
nement, ni sur son serment irrévocable de la main
tenir. - ·
Sa Majesté avoit convoqué les états-généraux
du royaume, et déterminé dans son conseil que
les communes y auroient un nombre de dépu
tés , égal à celui des deux autres ordres qui exis
toient alors. Cet acte de législation provisoire,
que les obstacles du moment ne permettoient pas
de rendre plus favorable, annonçoit assez le désir
de Sa Majesté, de rétablir la nation dans tous ses
droits. - º - - -

· Les états-généraux furent assemblés, et prirent


le titred'assemblée-nationale ;bientôt une cons
titution propre à faire le bonheur de la France
et du monarque, remplaça l'ancien ordre de cho*
ses, où la force apparente de la royauté ne cachoit
que la force réelle de quelques corps aristocrati
ques. · · · · · -

L'assemblée-Nationale adopta la forme du gous


vernement représentatif joint à la royauté héréº
ditaire. Le corps législatiffut déclaré permanent ;.
+'élection des ministres du culte, des administra
514 J oU R N A L
teurs et des juges fut rendu au peuple; on con
féra le pouvoir exécutif au Roi ; la formation de
la loi au corps législatif, et sa sanction au monar
que. La force publique, soit intérieure, soit ex
térieure, fut organisée sur les , mêmes principes
et d'après la bâse fondamentale de la distinction
des pouvoirs : telle est la nouvelle constitution du
royaume.
Ce que l'on appelle la révolution, n'est que l'a
néantissement d'une foule d'abus, accumulés de
puis des siècles par l'erreur du peuple, ou le pou
voir des Rois. Ces abus n'étoient pas moins funes
tes à la nation qu'au monarque ; ces abus, l'au
torité, sous des régnes heureux, n'avoit cessé de
les attaquer, sans pouvoir les détruire : ils n'é
xistent plus; la nation souveraine n'a plus que des
citoyens égaux en droits, plus de despote que la
loi, plus d'organes que des fonctionnaires publics,
et le Roi est le premier de ces fonctionnaires; telle
est la révolution française. -

Elle devoit avoir pour ennemis tous ceux qui,


dans un premier moment d'erreur, ont regretté, -

pour des avantages personnels, les abus de l'ancien


gouvernement.Delà, l'apparente division, qui s'est
manifestée dans le royaume, et qui s'affoiblit cha
que jour; delà, peut-être aussi, quelques loix sé
vères et de circonstances, que le tems corrigera ;
mais le Roi, dont la vêritable force est indivisi
ble de celle de la nation, qui n'a d'autre ambition
que le bonheur du peuple, ni d'autre pouvoir que
D E s C L U E s. · 5 I5
celui qui lui est délégué, le Roi a dû adopter, sans
hésiter, une heureuse constitution qui régénéroit,
tout à la fois, son autorité, la nation et la monar
chie. On lui a conservé toute sa puissance, hors
le pouvoir redoutable de faire des loix ; il est resté
chargé des négociations avec les puissances étran
gères, du soin de défendre le royaume et d'en re
pousser les ennemis, mais la nation Française n'en
aura plus désormais au-dehors, que ses aggres
seurs. Elle n'a plus d'ennemis intérieurs que ceux
qui, se nourrissant encore de folles espérances,
croiroient que la volonté de vingt-quatre millions
d'hommes, rentrés dans leurs droits naturels, après \
avoir organisé le royaume, de manière qu'il n'e
xiste plus que des souvenirs des anciennes formes
et des anciens abus, n'est pas une immuable, une
irrévocable constitution.
Les plus dangéreux de ces ennemis sont ceux
qui ont affecté de répandre des doutes sur les in
tentions du monarque; ces hommes sont bien cou
pables ou bien aveugles; ils se croient les amis du
Roi ; ce sont les seuls ennemis de la royauté ; ils
auroient privé le monarque de l'amour et de la
- confiance d'une grande nation, si ses principes et
sa probité eussent été moins connus. Eh ! que n'a
pas fait le Roi, pour montrer qu'il comptoit aussi
la révolution et la constitution Française parmi ses
titres à la gloire ? -

Après avoir accepté et sanctionné toutes les loix,.


il n'a négligé aucun moyen de les faire exécuter..
516 J o URN A L
Dès le mois de février del'année dernière, il avoit,
dans l'Assemblée Nationale, promis de les main
tenir; il en a fait le serment au milieu de la fédé.
ration universelle du royaume. Honoré du titre de
restaurateur de la liberté Française, il transmettra
plus qu'une couronne à son fils, il lui transmettra
une royauté constitutionnelle.
Les ennemis de la constitution ne cessent de ré:
péter queleRoi n'est pasheureux;comme s'il pouvait
exister pour un Roi d'autre bonheur que celui du
peuple! Ils disent que son autorité est avilie; com
me si l'autorité fondée sur la force, n'étoit pas
moins puissante et plus incertaine que l'autorité
de la loi ! Enfin, que le Roi n'est pas libre : ca
· lamnie attroce, si l'on suppose que sa volonté a
pu être forcée; absurde, si l'on prend pour défaut
de liberté, le consentement que Sa Majesté a ex
primé, plusieurs fois, de rester au milieu des ci .
toyens de Paris, consentement qu'il devoit accor
der à leur patriotisme, même à leurs craintes, et
sur-tout à leur amour. -

| Ces calomnies cependant ont pénétré jusques


dans les cours étrangères; elles y ont été répétées
par des Français qui se sont exilés de leur Patrie,
au lieu d'en partager la gloire, et qui s'ils n'en
sont pas les ennemis, ont au moins abandonné leur
poste de citoyens. Le Roi vous charge, Monsieur,
de déjouer leurs intrigues et leurs projets. Ces mê
mes calomnies, en répandant les idées les plus
fausses sur la constitution Françoise, ont fait sus
pecter,
•==

D E s C L U E S. 517
pecter, chez plusieurs nations voisines , les inten
tions des voyageurs Français; et le Roi vous recom
mande expressément de les protéger et de les dé
fendre. Donnez, Monsieur, de la constitution Fran
çoise, l'idée que le Roi s'en forme lui-même; ne
laissez aucun doute sur l'intention de Sa Majesté,
de la maintenir de tout son pouvoir. En assurant
· la liberté et l'égalité des citoyens, cette constitu
- tion fonde la prospérité nationale sur les bases les
plusinébranlables,elle affermitl'autorité royale par
lesloix;elle prévient,par une révolution glorieuse,la
révolution que les abus de l'ancien gouvernement
auroient bientôt fait éclater, en causant peut-être
la dissolution de l'Empire, enfin, elle fera le bon.
heur du Roi; le soin de la justifier, de la déſei -
dre et de la prendre pour régle de votre conduite,
doit être votre premier devoir.
· Je vous ai déjà manifesté plusieurs fois les sen
timens de Sa Majesté à cet égard; mais d'après
ce qui lui est revenu de l'opinion qu'on cherchait
à établir dans les pays étrangeres sur ce qui se passe
en France, elle m'a ordonné de vous charger de
anotifier le contenu de cette lettre à la cour où vous
êtes; et, pour lui donner plus de publicité, SaMa
jesté vient d'en ordonner l'impression.
M O N T M O R I N. .
A la lecture de cette lettre les représentans dn
peuple français reconnaissent Louis XVI ; ils veu
lent à leur tour lui porter l'expression de la sen*
sibilité de son peuple. Une députation de soixante
·S , -- 4
518 Jo U R N A L
membres de l'assemblée nationale, ayant à sa tête
le président, est nommée à cet effet. Sile discours
du chef de la députation peint fidèlement la con
fiance des Français en leur roi, la réponse du mo
narque ne rend pas, d'une manière moins tou
chante, la douce émotion que lui cause la vue de
son peuple, écartant de lui toute défiance et lui
rendant amour pour amour.
Discours du président del'assemblée nationale,
chef de la députation , au roi.
« SIRE, les Français ne sont pas surpris de cette
nouvelle preuve que vous leur donnez de votre
amour; votre cœur leur est connu ; ils sont accou
tumésà prononcer votre nom avec les épanchemens A

de tendresse et de reconnaissance que commandent


de grands bienfaits. -

Il est venu le moment où le calme va succéder


aux craintes et aux espérances entre lesquelles la
nation flottait incertaine; vous imposez silence aux
détractéurs de nos loix nouvelles. L'hydre des fac
tions avait cent têtes, vous avez fait tomber la der
nière. Sire, j'ai la présomption d'annoncer à votre
majesté qu'elle sera heureuse ; car elle vient de
fixer le bonheur du peuple. L'assemblée nationale
m'a chargé d'apporter à V. M. l'expression dessen
timens qu'elle vient d'éprouver..... »
Réponse du roi.
«Je suis infiniment touché de la justice que me
rend l'assemblée ; si elle pouvait lire au ſond de
mon cœur, elle n'y verrait que des sentimens pro
pres à justifier la confiance de la nation; déetout

-
--<.- -^ -- - - ..
DE s c L U B s | 519
fiance serait bannie d'entre nous, et nous serions
plus heureux.» - , ' ' > #

| DE PA R I s , Adresse du directoire du dé º,
partement de Paris à l'assemblée nationale. ,
« Le premier hommage des administrateurs du
département de Paris à l'assemblée nationale, a
été l'engagementsolemneld'employer toutes leurs
ſorces et tout leur zèle au maintien de l'ordre pu
blic. Votre président leur a rappelé cet engage
ment , lorsqu'ils sont venus pour vous rendre
compte des mesures qu'ils avoient prises pour
ramener la paix dans la capitale troublée. Ils ont
parlé au roi ; ils ont parlé au peuple : la munici
palité a employé les mêmes moyens, et le direc
toire vient avec elle vous annoncer aujourd'hui
que le calme se rétablit ; mais ils seraient coupa
bles s'ils vous dissimulaient que leurs inquiétudes
ne sont pas dissipées. Depuis long-temps les enne
mis de la constitution ont placé leur espoir dans
l'anarchie ; ils ont compté sur l'exagération du pa
triotisme, et surl'excès de cette ardeur impatiente
que produit la conquête rapide de la liberté ; ils
ont calculé cette habitude de défiance d'un peuple
- toujours abusé; cette haine, long-temps compri ,
mée, d'un gouvernement oppresseur; ces mou-'
vemens de crainte et de mépris, qu'inspirent tous
les actes de l'autorité, quand elle est usurpée; ces
sentimens, qu'ils ont dû trouver par-tout, ils les
ont employés avec la plus funeste adresse contre
tous les pouvoirs légitimes conférés par un choix
libre.
•.
52o •J o U R N A L

| Le temps et les lumières dissiperont sans doute


ces funestes agitations , mais peut-être trop tard »

peut-être après des maux que vous devez épargner.


Il faut que le systême complet des loix nouvelles
fasse enfin cesser l'impunité , résultat nécessaire
de l'intervalle entre des lois qui ne sont encore
abrogées que par l'opinion, et des lois qui n'exis
tent pas encore. .
- Hâtez, MM. , la publication du code pénal,
afin de contenir ces hommes audacieux qui , par
des provocations publiques, excitent à la viclence ,
soit contre les personnes, soit contre les proprié
tés, et qui prêchent, avec un enthousiasme fac
tieux, la désobéissance au roi, et la révolte contre
les autorités constitutionnelles. Ne croyez pas ,
MM., que nous venions nous plaindre ici de la
liberté illimitée dans les discours et dans les écrits :
cette liberté est un feu sacré qui doit être conservé
religieusement ; sa flamme salutaire doit épurer ,

toutes les idèes, toutes les opinions, tous les sen


timens; mais l'homme qui , abusant de cette li
berté, conseille le crime à ses concitoyens, celui
là doit être puni; et ce grand délit, si multiplié,
est une des causes les plus puissantes de nos maux.
Il est une autre loi dont le besoin est urgent,
celle sur le droit de pétition, droit qu'il ne faut
conſondre avec l'exercice des pouvoirs résultant
différentes représentations politiques. /
Vous penserez aussi peut-être, MM., que les
actes émanés des autorités constitutionnelles der
vraient avoir, dans le mode de leur publication,
p E s C L U B s. 52 r
un caractère qui les distinguât de ceux étrangers
à l'ordre public. Ne faudrait-il pas que les citoyens
pussent les reconnaître par la manière dont ils leur
sont présentés, et que les actes produits par des
individus ou par des sociétés particulières, ne pus
sent plus se montrer sous la forme et avec l'appa
reil de la loi ?
Voilà, MM., les trois objets sur lesquels le di
rectoire et la municipalité viennent vous deman
der des loix promptes et précises. Ils ne les ont
point sollicitées pendant l'orage, mais c'est dans
|
le moment de calme qu'il faut prévenir le retour :
d'un orage nouveau. La ville que les législateurs
habitent doit donner l'exemple de la soumission et
de l'obéissance. Les citoyens de Paris sont pénétrés
de ce sentiment ; et si on avait pu le révoquer en
doute, l'énergie avec laquelle la garde nationale,
un moment égarée, vient de le manifester, fera
connaître à tout l'empire, que ceux qui les pre
miers ont acquitté le saint devoir de l'insurrection
contre le despotisme, seront aussi les plus fermes
soutiens de la constitution et de vos loix. »
De Versailles, le 28. Le régiment de Flandres
ayant reçu l'ordre de quitter cette ville, son dé
part a pensé causer un massacre général. Le motif
de cet ordre n'était point connu ; on n'a pas man
qué de supposer que c'était un trait de perfidie de
la part du ministre ; les bourgeois ont voulu em |
pêcher le départ du régiment de Flandres. Une
cspèce d'action s'est engagée entre la garde natio
nationale et les Chasseurs de Lorraine ; il y a eu
522 J o U R N A L
quelques coups de fusils tirés; heureusement on
ne dit pas que personne ait péri.En attendant qu'on
nous démontre qu'un motifsecret a porté la garde
de Versailles à s'opposer au départ du régiment
de Flandres, nous nous croyons fondés à dire qu'une
raison toute naturelle, l'habitude de vivre avec
º

*. des frères d'armes connus et aimés, a été la seule


cause de l'opposition qu'on a montrée. - -

| De PARIs. L'assemblée nationale , après s'être


* occupée de l'organisation de la marine, vient de
commencer celle de la garde nationale. Un pre
"mier décret a été rendu, portant que les citoyens
actifs s'inscriront pour le service de la garde na
tionale, sur des registres qui seront ouverts à cet
effet dans les municipalités de leur domicile.
Depuis plusieurs jours on remet la discussion de
l'affaire d'Avignon ; il faut espérer qu'enfin les dé
lais que demande continuellement le rapporteur
auront unterme. En attendant, ce malheureux pays
est le théâtre de la guerre civile. -

S'il reste quelque sincérité aux détracteurs de


notre révolution, s'il en est qui osent de bonnefoi
regretter l'ancien ordre judiciaire, qu'ils lisent le
trait suivant, et qu'ils prononcent ensuite sans par
tialité entre ce régime qui mettait la vie des ci
| toyens, le sort des familles au pouvoir de ceux
que l'intrigue ou la ſortune élevait au rang de ju
ges , et ce nouvel ordre de choses, où la vertu et
le mérite reconnus, sont les seuls titres pour arrir
ver aux fonctions publiques..
D E s C L U B s. . 523
· Le tribunal de district de Marseille avoit ren
du, au petit criminel, un jugement qui, par re
, quête civile, fut porté à l'audience le 11 février.
Le procès reçut alors un développement, dont
l'effet a été de prouver au juges qu'on ne les avoit
point surpris, mais qu'ils s'étoient trompés. Ils en
ont fait l'aveu, et ce triomphe de la justice sur
l'amour propre n'est rien encore auprès de la dé
termination inspirée par leur délicatesse. - En ré
voquant leur ordonnance de contrainte forcée,
|
avec dommages, intérêts et dépens, MM. les juges
ont déclaré, par une disposition de leur jugement,
qu'ils paieraient eux-mêmes l'indemnité et les dé
pens de toutes les parties; et ils ont annoncé qu'en
se faisant ainsi justice à eux-mêmes ils donnaient A

· une preuve des sentimens d'impartialité qui les


dirigeoient toujours en la rendant aux autres.
La prononciation de ce jugement a donné lieu
à un combat de générosité entre les membres du
tribunal. Ceux qui n'avaient pas concouru à l'or
donnance réformée ont voulu contribuer à réparer
une erreur involontaire; les défenseurs ont imité
, ce noble et généreux exemple, tant il est vrai
qu'une belle action n'est jamais stérile. L'homme
de loi qui parloit pour le défendeur, s'étoit per
mis des traits un peu vifs contre ces magistrats :
touché de leur conduite honorable et pure, il leur
a écrit une lettre d'excuses. La réponse qui lui a
été faite par l'organe du président, est un nouveau
triomphe qu'il faut mettre sous les yeux du lec
teur. - -
| 524 - ^ 'J o U R N A L
« Il est des momens d'erreur, inséparables d'un
nouvel ordre de choses, et qu'au milieu de gran
des préoccupations la foiblesse humaine pourroit
faire excuser. Mais si l'on peut se tromper quel
quefois, on doit toujours s'empresser de réparer
les fautes les plus involontaires, sans craindre mê
me de les avouer. C'est ce que le tribunal n'a pas
rougi de faire sollemnellement. Cet exemple de
sévérité envers lui-même, est un sûr garant des
principes qui le dirigent, et dont il ne se dépar
tira jamais. Etabli par la confiance publique, il
en jaloux et il se sent digne de la justifier en sou
tenant de toutes ses forces des lois de la constitu
tion et de la justice, en respectant et faisant res
pecter les droits sacrés de la liberté. S'il est glo
rieux pour vous, Monsieur, de la défendre aussi |
généreusement que vous le faites, notre devoir est
de la venger même des plus légères atteintes que
\
nos propres erreurs pourroient y porter. Que ces ,!
sentimens, qui sont ceux du tribunal, et dont je
vous porte l'assurance en son nom, vous rassurent»
et que la crainte d'avoir blessé nos cœurs par des
) expressions véhémentes ne réfroidisse pas votre en
/ thousiasme ; qu'elle n'altère en rien vos succès.
Convaincu de la pureté de vos intentions, le tri
bunal n'a vu qu'elles et il ne peut qu'applaudit à
votre sensibilité.

}
# .
' º .

)
• • * , •e '' -

| JOURNAL ,
DES C LU BS .
ou
| soCIÉTÉs PATRIOTIQUEs,
# | DÉD1É
Aux Amis de la Constitution , Membres
· des différens Clubs Français.
- ^ - ' , ,, - s

Par MM. J. J. LE RoUx et Jos. CHARoN,


Qfficiers Municipaux , et D. M. REPoz,
ci-devant Professeur de l'Oratoire. . -
| | | | , - , • - · • - . . -
: - Videte ne quid respublica detrimenti capiat. -

s E c o N D ro L U M E.
N°. X X V.
· Samedi 7 Mai 1791.
- | Du 29 Avril au | 5 Mai. - -

M. RHEUBELL, Président de l'Assemblée Nationale. -

*,
"

· Au Bureau du Journal des Clubs, rue du Faubourg


| - Montmartre, nº. 6. ;

L'AN s E C o N D D E LA L I B E R T É.
| De l'Imprimerie du Journal des clubs, rue Boubo•
| Villeneuve, n°. 19. -
· | | | · |

| | º - E Journal , dont chaque Numéro est com- .


| | | posé de 48 à 56 pages, paroît tous les Samedis !
| | | | depuis le 2o Novembre 179o. Chaque trimestre
, ' , formera un volume. On trouvera des collections au
| bureau principal des Directeurs du Journal, où
. l'on souscrit à raison de 3o liv. pour Paris pour !
un an, 15 liv. pour six mois, et 7 liv. 1o s. pour
trois mois; et pour les départemens, à raison de
36 liv., 18 liv. et 9 liv., franc de port. ·
A quelque époque qu'on souscrive, on ne peut
le faire qu'à dater du commencement d'un tri- .
· mestre. | | | | | | |
· On souscrit aussi · · · i
Chez CHAMPIGNY, imprimer Libraire, ne
Haute-Feuille, n°. 39.
CROULLEBOIS, L#ire, rue de Maºum , |
, n°. 32. - , *

N§ LAPLANCHE, Libraire, ne du
Roule, n°.
-

§MAET , Libraire, au Bureau de la |



Correspondance
Martin, n°. 25o. nationale
|
française,
| |
rue St. - , , #

Madame BAILLY, Libraire, rue St.-Honoré,


· Barrière des Sergens. -
PERISSE, Libraire, pont St-Michel. !
| Et chez les frères PERISSE, Imprimeurs
Libraires, grand rue Mercière, à Lyon.
-

- · Ceux qui souscriront pour une année, à dater


, r-v r - • • • * ; - • • , , , , • •a

du 2o Février, recevront, gratis, le premier tri


mestre, formant le premier volume de ce Journal
| Tout ce qu'on voudra voir inséré dans le n°. le
| | plus prochain, doit être parvenu à MM. les Diree
· teurs en leur bureau , le mercredi pour le plus tard.
· Chaque quittance d'abonnement sera signéeJ.J.
| LFRoUXx - . : º ! ·· · --
· MM. les Souscripteurs des Départemens| sont
sc
priés d'afranchir le port des lettres et de l'argent.

-
J O U R N A L
· D E s CLUB s

SOCIÉTÉS PATRioTiQUEs.
| N°. X X V. - - * -

Détails du 29 Aerit au 5 Mai,

De VILLANDRAUT, le 24 « vril.
LA société nous communique le procès-verbal
de sa séance extraordinaire du 11 avril. « Le pré
sident, après avoir exposé avec autant de sensi
bilité que d'énergie, l'influence des conseils des
ennemis du bien public sur la conduite de certains
ecclésiastiques de l'ancien diocèse de Bazas, qui
ont cédé à des insinuation perfides ; après avoir
déploré l'aveuglement de ces prêtres qui, dans le
tems pascal, pouvait priver le peuple des graces
et des consolations de la religion, a dit : --- « Vous
| savez, MM., que M. Vignal, qui le premier prêta
son serment civique et religieux dans cette con
".
#
trée, n'a donné sa démission de la cure d'Uzeste,
* T
#

#
526 - J o U R N A L
que parce qu'après 43 ans de travail il avait besoin
de repos. Députons vers ce prêtre citoyen, pour
lui annoncer que la patrie est en danger ; que la
religion a besoin de son secours ; que, dans une
paroisse qu'il a si long-tems et si sagement dirigée,
les ennemis de la chose publique profitent de sa
retraite et du refus étrange de M. Poujet, promû
par le corps électoral pour lui succéder, pour por
ter parmi les habitans, le trouble, le désordre et
le désespoir. Sans doute, MM., ce respectable
vieillard , pénétré de ces douloureuses considéra
tions, reprendra de nouvelles forces; et un zèle
aussi pur que sa piété et ses mœurs, le rendra de
nouveau au service de sa paroisse ».
| Cette motion, applaudie à l'unanimité, il a été
délibéré que six membres de l'assemblée seraient
députés pour remplir cette mission honorable , et
le choix en ayant été déterminé, il a été arrêté
que le rapport du résultat de cette démarche, se
rait fait à la première séance. -

Dans celle du lendemain, le président, comme


chefde la députation, en a rendu compte en ces
termes : « MM., nous nous sommes rendus ce matin
à huit heures dans le bourg d'Uzeste, et l'intérêt,
ni l'importance de notre mission, ne devant nous
faire oublier nos devoirs envers les magistrats , Or- ,

ganes de la loi, nous avons exposé à MM. les offi


ciers municipaux et plusieurs des notables, réunis
chez M. le maire, les motifs de la négociation dont
nous étions chargés : ils ont été justifiés par des
D E s C L U B s, 52y
applaudissemens ; mais la municipalité ne nous a
point laissé ignorer qu'elle avait malheureusement
à douter de la réussite de notre démarche, dont
l'insuccès, a-t-elle ajouté obligeamment, ne pou
vait diminuer le prix. Elle nous a dit alors qu'elle
avait elle-même tenté inutilement la veille d'ob
tenir de M. Vignal ce que nous venions demander
aujourd'hui ; que cependant elle était prête à nous
accompagner, à nous seconder dans une nouvelle
tentative. | | | ° ° !

C'est avec ce cortège, qui honore autant les oſ


ficiers municipaux d'Uzeste qu'il a honoré vos dé-/
putés, que noussommes allés chez M. Vi gnal; c'est
en tenant à la main le procès-verbal du serment de
ce prêtre vénérable, que l'un de nous lui a exposé
vos vœux et votre confiance : la nôtre a augmenté,
MM., en voyant les larmes de ce respectable vieil
lard : elle n'a pas été déçue, et nous n'avons pas
demeuré long-tems dans l'incertitude.
: J'espère, nous a répondu M. Vignal, que laprc
vidence ne m'abandonnera point, et qu'elle me
donnera des forces suffisantes pour remplir digne
ment des fonctions que je reprends avec plaisir,
et que je ne quitterai que lorsqu'il me sera absolu
ment impossible de continuer.
· M. le maire d'Uzeste a oſſert alors à ce digne
prêtre les clefsdu presbytère, et nous l'avons vu
les accepter avec empressement ». , . -

| Nous apprenons que cette conquête a produit un


avertir dans certaines têtes très-aristocratiquement
T 2
528 , JoURNA L
organisées ; mais nous croyons que des médecins
patriotes ordonneront des bains froids pour calmer
la violence de ces déplorables accès.
DE PARIs, le 29 avril. La société fraternelle
séante aux Jacobins vient de publier une invita
tion aux citoyens, pour les détourner du cou
pable projet formé, dit-on, d'incendier les bar
rières le premier mai. Nous ne pouvons que ren
dre justice au motif patriotique qui a dicté ce
salutaire avis : » frères et citoyens, non-seulement
la constitution française a rétabli le peuple dans
l'exercice de ses droits moraux et politiques, mais
elle le soustrait encore à ces charges onéreuses
que la fiscalité sembloit n'avoir inventées que
pour faire supporter au pauvre une portion exor
bitante de l'impôt public. Les législateurs Fran
çais ne se sont pas contentés d'avoir réintégré des
hommes, opprimés depuis des siècles, dans tous
les droits de la souveraineté ; ils ne se sont pas
bornés à fournir des alimens à la sainte ardeur
qui porte tous êtres vers l'égalité civile et politi
que , ils ont voulu encore stipuler d'une manière
avantageuse les conditions de l'association, et dé
charger la partie indigente du su plus de ces con
tributions forcées, de ces impôts odieux sur les
denrées nécessaires à la vie, afin qu'aucun Fran
çais ne pût dire qu'il donnoit à la société plus
· qu'il ne retiroit de ses associés. -

| Le salutaire décret snr l'abolition des droits


D E S C L U B S. 529
d'entrée, satisfait à cet égard et le vœu de la na
ture, et les principes de toute association libre,
, et la volonté de tous les gens de bien. Lcs pari
siens l'ont reçu avec les accens de la vive recon
naissance : il n'était que trop juste d'ailleurs de
payer à cette brave et chère portion du peuple
Français le résultat nécessaire d'une révolution
qui est principalement son ouvrage. L'hydre ter
· rible de la fiscalité a été détruit, l'Assemblée Na
tionale l'a terrassée d'un seul coup de massue. Eh
bien! le croiroit-ton ? nos ennemis veulent en ce
moment le faire renaître de ses cendres; ils trom
pent, ils abusent ces citoyens faciles, en leur per
suadant que l'époque heureuse du premier mai
doit être une époque d'insurrection : ils savent, les
traîtres, que ces tours scandaleuses, que ces mu
railles insolentes ont été de tout tems l'objet des
réclamations publiques; ceux-là mêmes qui les ont
fait élever voudroient aujourd'hui les faire dé
truire. Ah ! c'est sûrement pour réédifier la bas
tille avec leursdécombres. Mais ne vous y trom
pez pas, frères et amis, voyez le loup dévorant
sous la peau de l'agneau; ne considérez dans ces.
hommes qui cherchent à vous faire abuser d'une
joie légitime, que des traîtres, gagés par les par -

tisansdel'aristocratie et du despotisme. Onveut que


vous vous portiez en foule aux barrières, que vous
démolisiez vous-mêmes ces monumens honteux ;
n'en faites rien : elles vous appartiennent ces pier
res accumulées à grands frais; laissez à vos manda
53o JoU R NAL -
taires le soin d'en tirer parti, ne donnez point à
vos ennemis la satisfaction de voir déployer con
tre vous la force imposante et nécessaire de la loi,
ne fournissez point aux brigands le prétexte de se
mêler à vous ; réservez-vous, réservez vos bras,
ces bras ſiers et purs, réservez-les pour combattre
les ennemis de notre sainte et auguste constitution,
si jamais ils osent se montrer, si l'on vouloit faire
maître l'Empire de la tyrannie; joignez le discer
nement au courage ; et faites dire à l'aristocratie
honteuse, qu'il est trop tard, après deux ans de
liberté, de chercher ni à vaincre ni à séduire ceux
qui en ont fait la conquête. » , , , . |
i DE CHARTRES. Adresse de la société des
amis de la constitution, à l'assemblée natio
zuale. « Si nous n'écoutions que les mouvemens de
notre admiration et les sentimens de notre recon
noissance pour les régénérateurs de la liberté fran-.
çaise, nous les conjurerions de ne nous point en
· lever la faculté de leur confier de nouveau des
pouvoirs dont ils ont fait un si noble usage pour
la gloire et le bonheur de la France. .
: Mais des considérations puissantes nous arrê
tent, D'un côté, nous craignons que des vues pro
fondes et étendues, couronnées par des succès
éclatans et mérités, ne laissent, chez leurs auteurs,.
des impressions qui les rendroient peut-être, dans
la législatnre qui va s'ouvrir, contraires à des plans
politiqnes qui leur seroient présentés et qu'ils n'au
roient pas prévus, Nous le savons tous, messieurs,
D E s c L U E s. 53i
la prévention semble prendre des forces en raison
de l'énergie de l'ame et de la sublimité des talens;
ce qui ſaisoit dire à d'Aguesseau qu'elle étoit l'er
reur de la vertu et le crime des gens de bien.
· D'un autre côté, nous rencontrons dans vos pro
pres décrets, dans l'abolition de la vénalité des
offices, dans la limitation des fonctions adminis
tratives, l'opposition que vous avez toujours ma
nifestée à laisser trop long-tems l'autorité dans les
mêmes mains. Vous avez toujours cru la perpétuité
des pouvoirs contraire aux principes qui doivent
guider une nation libre : vous paraissez même n'a
voir jamais mieux senti cette grande vérité, qu'en
rendant le décret qui porte que le renouvellement
des membres de chaque législature sera fait en
totalité. Nous ne balançons pas à vous le demander ;
votre intention à cet égard ne serait-elle pas réel
lement contrariée, si par le sort des suffrages, ce
qui est possible, la prochaine législature n'allait
être composée que des membres actuels du corps
constituant que vous formez, et que vous n'auriez
pas déclarés non-rééligibles ? Pourrait-on dire alors
que cette législature serait vraiment renouvellée ?
Si ce premier décret ne résout pas la question im
portante qui va être soumise à la discussion, elle
· fait au moins pressentir quels sont vos principes
sur la non - rééligibilité des membres d'une lé
gislature à une législature suivante et immédiate.
Or ces principes, que vous-mêmes nous ensèignez,

_- ' --- - . •
538 J oU R N A L
à nous nous faisons gloire de les adopter.
Combien d'avantages naîtront du décret qui va
| ériger ces principes en une loi constitutionnelle !
Vous écarterez par-là tous les chefs de factions
qui peuvent conserver l'esprit secret de se faire
réélir par des voies occultes, et de venir porter,
dans la législature suivante, tous les troubles par
lesquels ils ont souvent cherché à lasser votre pa
triotisme, et ébranler votre fermeté.
A
| D'ailleurs, MM., la France ne doit-elle pas, á
) titre de justice, à tous les grands hommes qu'elle
possède, et qui sont aujourd'hui instruits par vos
leçons et formés par vos exemples, l'honneur et la
gloire de servir successivement leur patrie, en lui
donnant des loix ? Des législateurs sont rarement
placés au point de vue le plus propre à bien juger
de l'effet des loix qu'ils ont portées. Nos nouveaux
députés auront été encore plus à portée d'étudier
ces effets, et de s'instruire du vœu général de leurs
commettans. La loi tiendra donc davantage de ce
caractère essentiel, qui fait qn'elle représente la
volonté de tous. Oui, et nous osons vous le prédire :
vous-mêmes vous vous empresserez d'applaudir à
vos successeurs dont les hautstalens seront votre ou
vrage, et la dignité de ce désintéressement ne ſera
qu'ajouter à votre célébrité. -

Quelle douce jouissance encore pour vous, lors


que ramenés au milieu de nous, vous serez les té
moins et de notre gratitude et de notre bonheur !
» · Vous
D E s C L U B s. 533
Vous jouirez de la seule récompense digne des
grands cœurs. Vous jetterez l'épouvante chez les
traîtres qui seraient tentés de prévariquer; vous se
rez les interprêtes des loix que vous aurez données ;
votre exemple, en obéissant à ces loix que vous
mêmes aurez dictées, serale plus puissant aiguillon
qui achèvera de graver, dans toutes les ames, le
sentiment d'unesoumissionsan bornes, à une cons
titution sage qui doit perpétuer d'âge en âgel'éclat
et la stabilité du plus puissant et du plus glorieux
· empire de l'univers. , N , -

· Nous vous prions donc, MM., de vouloir bien


décréterconstitutionnellement, qu'aucun membre
actuel du corps constituant ne pourra être réélu
pour la législature prochaine, et que dans la suite,
aucun membre d'une législature ne pourra passer
dans une autre législature immédiate. »
De BREST, le 26 avril. Un grand nombre de
citoyennes sont venues dans le sein de la société
| |!
professer leur attachement inviolable à la consti
tution. Une d'entr'elles, chargée d'exprimer S(?S
sentimens et ceux de ses compagnes, a prononcé
· un discours où l'on retrouve le patriotisme le plus
pur. La citation de quelques phrases mettra à por
tée de juger de tout le discours. « Nous savons, a
dit l'orateur, que notre sort est tellement lié à
celui de nos pères, de nos époux et de nos enfans,
qn'ils ne peuvent être heureux ou malheureux, li
bres ou esclaves, sans que leur opprobre ou leur ,

gloire ne devienne notre partage; nous ne sommes $


#
584 J o U R N A L
pas moins persuadées qu'ils ne peuvent recouvrer
leurs droits sans travailler à nous rendre les nôtres;
et tranquilles sur l'avenir, nous prenons la juste et
ferme résolution de nous soumettre absolument aux
décrets de leurssagesreprésentans.D'ailleurs,MM.,
nbus aimerons toujours à croire que les intrépides
défenseurs de votre liberté ne se seront point em
pressés à rompre vos indignes liens, pour en for
ger de nouveaux à vos faibles, mais intéressantes
compagnes.
Pour vous prouver enfin, MM., que nous som
mes persuadées que la durée de notre constitution
ne dépendra pas moins de notre conduite que de la
vôtre, et pour vous montrer à la fois combien nous
sommes jalouses de mériter l'estime de tous les
vrais patriotes, nous venons jurer en votre présence
de mépriser à jamais, de chasser de nos asyles,
et même de poursuivre, s'il le faut, tous ces êtres
orgueilleux, ennemis déclarés des nouvelles loix,
qui affectent un esprit de tyrannie, en regrettant
leurs anciennes chaînes; tous ces hommes sans ta
lens, sans énergie, absolument nuls pour la société»
· qui ne rougissent point de se livrer lâchement à la
paresse et à l'inutilité; et nous promettons encore
de ne reconnoitre pour parens, et de n'admettre au
· rang de nos amis et de nos époux, que les bons ci
toyens, seuls partisans de la liberté, de l'égalité
et de la justice, qui, sous les auspices de nos loix,
consacreront leurs travaux et leurs veilles à la pros2
périté de la patrie,
-

p E s C L U B s. 535
Tels sont, MM., les sentimens que nous saurons
inspirer à nos enfans, et dans lesquels nous sommes
bien résolues de vivre et de mourir. »
CORRESPONDANCE DES JACOBINs. De MAcoN ,
le 16 avril. La société, après avoir demandé, par
une adresse à l'assemblée nationale , le renouvel
ſement des électeurs, sollicite une loi qui rende pu
bliques les séances de toutes les sociétés quelcon
ques établies dans le royaume, et qui soumette
à la surveillance des municipalités la conduite et
les principes de chaque société. .
Cette demande prouve à nos yeux la droiture
des intentions et la pureté du patriotisme de la
| société. Quand les municipalités et les sociétés pa
triotiques auront-elles en elles une confiance réci
proque ? - - -

De NIORT, le 16 avril. La société présente ".


-
comme très-contraire à l'ordre social, la peine pro
noncée souvent dans nos tribunaux, du bannisse
-s
-

-
:

· ment de leur ressort. Elle demande un décret qui #

abolisse au plutôt cette peine.


De STRASBoURG , le 17 avril. Les amis de la |i
4
constitution , par une adresse à l'assemblée natio
nale, demandent le licenciement de tous les offi
ciers de ligne, et leur remplacement, soit par ceux
d'entr'eux qui sont dignes de demeurer en fonc
tions, soit par les sous-officiers patriotes, soit par
les militaires que la morgue des courtisans avait
forcés de quitter le service ou de porter leurs ta
lens et leur bravoure chez les puissances étrangères.
V 2
536 JoUR N AL
Ils demandent encore que tous ceux qui seront
admis aux fonctions d'officiers, soient tenus de
prêter serment individuellement, à haute voix, en
présence du peuple, des officiers municipaux, et
des soldats sous les armes ; qu'il y ait des peines
statuées contre ceux qui l'enfreindraient, et qu'ils
soient jugés par les tribunaux civils et non par des
tribunaux militaires. -

De DoUAI, le 18 avril. « Il n'a pas fallu de


grands efforts de notre part, disent les amis de la
constitution, pour rétablir la tranquillité dans cette
ville et l'y maintenir. Les bons citoyens sont plus
persuadés que jamais, que le calme n'aurait point
été interrompu, si la municipalité n'avait elle
même prêté la main au désordre par des délibéra
tions anti-constitutionnelles et des manœuvres se
Cl'ettG'S.

Depuis les événemens malheureux qui ont eu


lieu ici, le peuple est repentant et convaincu que
tout citoyen prévenu de crime, ne doit être exécuté
que d'après un jugement légal. La publicité de nos
séances nous assure de la prorogation de ce prin
cipe, et nous fait entrevoir la récompense de nos
travaux, le peuple convaincu que son bonheur
et sa siireté consistent dans l'obéissance et le
rcspcct pour la loi. »


DE S C L U B S 537

v A R I É T É S.
• Compte rendu au Conseil du Département de
Paris , par M. Pastoret , Procureur général
· Syndic, le 28 Avril.
Ce compte n'est autre chose que le résultat gé
néral de tous les travaux particuliers, que M. Pas
toret met sous les yeux du Conseil du Département.
Son exposé rapide offre d'abord la conduite
du directoire, relativement à la journée du 28
·.
/'

Février : » la poursuite et le jugement des délits \


commis dans cette journée, dit ce magistrat du peu
ple, sortoient des bornes prescrites aux corps ad
ministratifs; les tribunaux en furent investis, mais
le directoire n'épargna aucun effort pour obtenir
d'eux l'activité que la loi recommande, et que
l'humanité exige. Un délit d'un genre nouveau,
vient provoquer l'indignation du directoire ; il
s'agit du libelle pastoral par lequel l'ancien évê
que de Paris, après avoir lâchement abandonné
| son troupeau, après avoir trahi, les intérêts de la
Nation par une désertion criminelle, tente de sou
· lever.les esprits et de troubler les consciences. Que
fait dans cette occasion le directoire ? il veille à
ce que ce délit soit dénoncé à l'accusateur public.
• Il fait pareillement dénoncer les moyens que l'on
a employés pour corrompre les gardiens de Bi
cêtre, - - - i
538 J o U R N A L
M. Pastoret présente ensuite le directoire por
tant une surveillance immédiate sur les prisons,
les hopitaux, lesatteliers de secours et de charité,
la mendicité, le vagabondage, etc.
En s'occupant des moyens de secourir l'huma
| nité souffrante, et de ſavoriser l'industrie , le direc
toire ne perdoit pas de vue le point le plus impor
tans de tous les objets administratifs, les subsis
tances publiques. Il a mis l'attention la plus scru
puleuse à chercher les moyens les plus surs et
les moins dispendieux, de prévenir, de défier pour
ainsi dire la stérilité de la terre, et de lutter con
tre la suspension forcée des moutures. Les diffé
rentes sortes de travaux publics ont aussi été sou
mises à ses délibérations; « en général rien n'a été
oublié pour encourager ces arts , qui sans être
nécessaires au bonheur, répandent tant de plaisirs
sur la vie entiere, sur ces arts qui nous consoloient
de l'esclavage, et qui embelliront notre liberté. »
Les sciences et les lettres n'ont pas été négli
gées; « elles ont été principalement considérées,
dit M. Pastoret, dans leurs rapports avec l'instruc
tion publique, » on a senti la nécessité de grands
changemens dans notre enseignement moral et
politique, mais en attendant ce nouveau bienſait
de l'assemblée nationale, il falloit arrêter les insi
nuations perfides et déjouer les calculs de la mau
vaise foi qui trompoit l'enfance sur une constitu
tion dontelle jouirasansavoir à gémir des maux qui
nousontsouventaffligés.Le directoires'est empressé
D E s C L U B s. 539
de remplacer par des citoyens éclairés et fidèles,
ceux qui rougissaient de manifester un attachement
pur aux nouvelles loix. Il avait auparavant mis le
même zèle à remplacer les pasteurs rebelles à la
constitution ; il ne s'était pas laissé intimider par
leur coalition, par leurs menaces des anathêmes
romains. Mais comment en avait-il agi envers les
perfides apôtres d'une religion dont l'esprit tend
à l'affermissementdesloix, d'une religion amie de
la liberté ? Avait-il suivi l'exemple de ces ministres
pervers qui proscrivaient tous les bons citoyens ?
Non ; il s'était distingué à leur égard par une to A
lérance entiere, mais sans négliger les mesures in
dispensables pour l'exercice suffisant du culte ca
tholique, seul culte national. Cette vigilance à la
quelle rien n'échappait, ces intentions pures, hau
tement manifestées, semblaient devoir prévenir
tous les troubles. Comment s'est-on permis des
excès indignes d'un peuple libre ?
M. Pastoret arrive à l'instant de la dernière crise
éprouvée il y a peu de jours, pour laquelle le dé
partement se rassembla. « Le succès de vos soins,
dit-il, est connu ; ils ont donné une impulsion nou
velle à la constitution française. Le besoin et les
moyens de rétablir l'ordre public si souvent violé,
nesolliciteront jamais autant votre attention.Parmi
ces moyens, il faut mettre au premier rang l'orga
nisation de la force publique, la vente et l'admi
nistration des domaines nationaux, l'assiète exacte
et la perception fidelle des impositions »,
54o · J o U R N A L -

M. Pastoret présente ici les travaux détaillés du


directoire, relativement à ces trois objets , qui
sont traités chacun dans un bureau particulier.
Dans l'un de ces bureaux on voit le travail de la
gendarmerie nationale préparé, la suite de la cor
respondance nécessaire pour le maintien de l'ordre
dans toute l'étendue du département, pour l'étape
et le logement des troupes, pour lesdemandes d'ar
mes et de munitions nécessaires aux gardes natio
nales, pour l'examen des dépenses occasionnées
par le service même de ces braves défenseurs de
la patrie et de la liberté, etc.
· Dans la seconde section, chargée des domaines
nationaux, on voit toutes les mesures prises par le
directoire auprès de la municipalité de Paris, pour
connaître le résultat de cette partie de son admi
nistration. On voit les deux districts fournis des
pièces nécessaires pour procéder aux ventes des do
maines nationaux, situés dans leur arrondissement ;
quant à ceux situés dans la ville de Paris, on voit
la municipalité chargée des fonctions relatives à la
vente aux particuliers, sous la surveillance du di
rectoire, qui reçoit et termine les réclamations re
latives à ce grand objet. - -

On trouve dans cette même section les travaux


du directoire, par rapport aux frais du culte, aux
pensions des religieux, religieuses, chanoines, bé
néficiers. . -

" La troisième section enfin offre la marche du


directoire relativementaux impositions. Examiner
et

|#

|
D E s C L U B s. 541
et protéger le recouvrement des impositions an
ciennes, établir la perception des nouvelles, tel
était le devoir du directoire. S'en est-il acquitté?
Par rapport aux impositions anciennes, on voit
les soins pris pour connaître le montant des im
positions directes du département, pour accélérer
, le recouvrement de l'arriéré. - ' -

Par rapport aux impositions nouvelles, on voit


un apperçu d'une diminution sensible de l'impôt
dans les districts de Saint-Denis et du Bourg-la
Reine; mais quant à la contribution annuelle de
Paris , on ne trouve encore rien de certain : seu
lement on voit que les mesures prises par le direc
toire le mettront biontôt à portée d'offrir, sur cette
contribution, un tableau sûr. -

· M. Pastoret termine par un court éloge de l'ad


ministrateur dont le directoire déplore la perte
avec tout bon citoyen, mais plus particulièrement
qu'aucun ; il le propose pour modèle à ceux avec
lesquels il partage l'honorable soin de veiller à la
conservation des droits du peuple; enfin une espèce
de profession de foi, dans laquelle il manifeste toute -

la pureté de ses sentimens, toute l'ardeur de son


zèle, achève le compte qu'il présente au conseil de
département. Sûrs de plaire à tout bon Français
en parlant de Mirabeau, en publiant des sentimens
de vrai patriotisme dans un instant où ce mot est
malheureusement un prétexte avec lequel on séduit
le peuple, en montrant, comme dignes de la con
fiance dont on les a honorés, des magistrats que les
X
542 J o U RN A L
malveillâns cherchent de toutes manières à avilir,
nous citerons avec empressement la conclusion du
compte rendu par M. Pastoret. « Je crois avoir par
couru tous les travaux du direcsoire, et il serait
bien inutile d'ajouter que son zèle laborieux ne
s'est jamais démenti. Ceux de ses membres que
· vous aviez choisis dans l'assemblée nationale, ne
se sont pas livrés avec moins d'ardeur aux soins
del'administration. Un d'entre eux nous a été ravi
au milieu de sa carrière ; et le directoire, en lui #
offrant un juste tribut de douleur, a cherché, dans
ce malheur même, l'occasion d'un grand exemple,
ou plutôt d'une grande leçon pour la postérité. Cet
hommage éternel de la reconnaissance publique,
était bien dû à celui dont le génie s'éleva constam
ment à la hauteur de la liberté. L'infortune et la
méditation l'instruisirent à connaître, à chérir , à
défendre les droits du peuple; et il expia ainsi par
un dévouement honorable, les erreurs de sa trop
longue jeunesse. / -

· Comme lui, Messieurs, livrons-nous, toujours


à cette défense sacrée. Servons nos concitoyens
sans distraction et sans crainte. Surveillons égale
ment et ces hypocrites de patriotisme qui cares
sent le peuple pour le tromper, et ces indompta
bles apôtres de l'aristocratie, dont la force n'est,
au reste , que celle de l'agonie ou du délire.
Ces derniers veulent en vain nous effrayer par
: leurs menaces et leurs complots ; leurs menaces
i
sont impuissantes ; leurs complots n'échappe
ront jamais aux civiques regards des hom
•'
D E s C L U B s. 543
mes qui tous les jours veillent, écrivent pour la
liberté.
- Gardons-nous, cependant, de ces reproches mu
| tuels d'exagération ou de foiblesse, reproches at
tisés avec soin par les ennemis de la patrie, dans
l'espérance criminelle de désunir des cœurs qu'un
seul desiranimera toujours.Gardons-nous de penser
que le patriotisme n'est que le résultat d'une cons
titution vigoureuse, ou que la raison est condam
née à n'habiter qu'une organisation délicate et foi
ble. L'inégalité physique peut diversifier l'expres
· sion des sentimens ; elle n'établit aucune différence
entre leur sincérité. -

Nous serons calomniés sans doute, et malheur


à nous si nous ne l'étions pas. Les cris de la haine
ou de la vanité trompée sont une sorte de capita
tion politique que l'homme de bien doit payer aux
méchans. La calomnie est pour eux un besoin; elle
les console de leurs remords.
Quant à moi, je le jure devant vous, dignes en
fans de la patrie ; envain on voudra flétrir mes à
opinions et mes travaux ; envain on nourrira l'es i
poir de jetter dans mon ame le découragement et
la crainte ; inébranlable par tout autre sentiment
que celui de ma conscience, debout devant l'au
tel de la patrie, je soutiendrai d'une main ſerme
l'édifice de la constitution Française. Plaignant
les malheureux qui ne savent que troubler et haïr, (

je les couvrirai de mon indulgente pitié. Mais en


leur pardonnant, comme citoyen, je ne cesserai .
)\ -:

X 2

| --- ------ • --- -- "


544 ' J oU R N AL
comme magistrat du peuple, de les surveiller, et
de les poursuivre au nom de la loi. Je ne cesserai
de répéter à ce peuple qui daigna me confier ses
intérêts les plus chers, qu'on le trompe en lui per
suadant qu'il peut avoir un autre intérêt que celui
de la justice. Je dirai également à ceux qui l'ai
ment, qu'être populaire, c'est être juste. Je dirai
à tous, Roi, Prêtres, Citoyens, qu'il est tems de
se réunir pour s'aimer, au lieu de se séparer pour
se combattre; et que si la religion et le trône furent
véritablement honorés, c'est par une constitution
qui place le sceptre et la croix sous le bonnet de
la liberté. »

Peuple que l'on égare, nation infortunée qui te


livres aveuglément aux caresse trompeuses d'une
poignée de factieux, que l'ardeur de régner dé
«
vore, et qui réduits à ne pouvoir trouver leur éléva
j
tion, que dans le désordre, veulent à toute foroe
amener ces circonstances d'une anarchie meur
trière à la faveur desquelles seules ils peuvent voir
leur ambition satisfaite, écoute un instant la voix
,# d'un de tes vrais amis. Il sait qu'il va s'exposer au
'courroux des flatteurs, qui te dominent, et aux
quels tu obéis en esclave, il sait qu'il pourra de
venir l'objet de tes calomnies, il sait que son zèle
sera payé de la plus noire ingratitude ; mais assez
recompensé par le témoignage de sa conscience à

-
-
- - |
-- ' "
-=-=-=-==---=--

D E s C L U B s. 545
l'abri de toute atteinte, il peut te dire sans crainte,
jfrappe, mais écoute.
Ces hommes qui se sont montrés ouvertement
tes ennemis, mais qui le sont réellement moins
que ces flatteurs que tu idolâtres ne peuvent-ils
pas, avec raison, dire aujourd'hui : « La voilà donc
accomplie cette prophétie de Mirabeau expirant:
J'emporte avec moi le deuil de la monarchie *
Ne sont-ils pas autorisés à dire : vous proclamez la
liberté , la constitution, et vous entrez en fureur
quandon vous parle des moyens de maintenirl'une
et l'autre ? La nation veut une constitution libre ;
mais où est-elle ? La liberté régne-t-elle dans un
pays où les loix sont sans autorité, les magistrats
impuissans et méconnus, les chefs de la milice re
poussés, désobéis ; les administrateurs sans forces,
sans moyens, contraints de remettre à leurs com
mettans l'exercice de leurs pouvoirs; où les hom
· mes armés délibèrent, prescrivent des conditions
au monarque, interprêtent au gré de leur fureur
des loix nouvelles, dans un pays où l'on ne peut ;
sans danger parler d'autre langage que celui des
factieux; telle est cependant notre position ». Oui,
sans doute, ils sont fondés à en parler de la sorte ;
là où il n'y point de loi , il n'y a point de li
berté , car la liberté n'est autre chose que le
, droit de n'obéir qu'à la loi. Voilà ton ouvrage »
peuple, trop docile à la voix (1) de cette troupe

(1) Ami des patriotes , nº. 23 .


546 J oU R N A L
d'écrivains sacrilèges qui ne prêchent que le meur
tre et le carnage , la dcsobéissance aux loix, le
mépris pour les magistrats; qui enveloppent dans
leurs grossières invectives, et l'assemblée natio
nale entière, et les membres les plus vertueux, et
le département et la municipalité, et le roi et leº ,

ministres, et la garde nationale….; qui exercent '


leur rage contre quiconque a en main quelque por
tiond'autorité.Apprends enſin à distinguer celui qui
tesert véritablementd'avec celui qui voile d'unmas
que séducteur ses vues secrettes d'ambition, qui af
fecte la plus grande popularité pour mieux parvenir
à ses fins. Compare le résultat des mesures que te
conseillent ces faux amis, avec celui des projets
coupables que tu supposes, non sans raison à la
vérité, à ces hommes qui se sont montrés ouver
tement, les ennemis de tes droits. Que disent ces
derniers : « tremblés; d'innombrables armées d'Au
trichiens vontentrer en france venger les injures fai
à tes aux Rois; votre constitutionnesauroit tenir con
tre les attaques du dehors et les mécontentemens du
# dedans. » Que disent les prétendus amis du peu
ple, « tremblez : tous vos magistrats, tous vos man
dataires conspirent contre vous, vous ne pouvez
rester long-tems libres. » Quel accord dans le but
de ces discours. Tous les deux tendent également
à provoquer la résistance à la loi, le meurtre et
les incendies; tous les deux tendent également à
l'avilissement des magistrats établis; ce n'est pas
moins par les écrivains se disant populaires, que
- \
» r s c | u » s. 547
par les aristocrates, que les fonctionnaires publics
sont maltraités, dénoncés, vilipendés d'une manière
atroce.Que cette ressemblance dans les ſins que se
proposent tessoi disantamis, et tes ennemis connus,
t'éclaire enfin, et t'aprenne à mieux placer ta con
fiance. Fais attention que ces hommes si populai
res en apparence ont le même intérêt que les aris
tocrates, celui d'exciter des troubles qui retardent
l'achevement de la constitution , ils parlent tous
également de liberté, de religion et de patrie, et
aucun d'eux n'y croit. Il ne vous faut point dé
Roi, disent ceux-ci, il ne vous faut d'assemblée
nationale, disent les autres; quel soit celui dont
tu suives les conseils, que devient ta constitution ?
citoyens, avides de liberté, calculez enfin les effcts
de ces excès dans lesquels on vous entrainent sous
le prétexte, de vous conduire au terme de vos
desirs, à l'affermissement de la liberté; reconnois
sez qu'en favorissant l'un ou l'autre des partis op
posés qui veulent capter votre suffrage, vous êtes .
également les jouets de vos ennemis. Remarquez
ce concert perpétuel de moyens, qui regne entre
ceux dont vous vous méfiez à juste titre ; et ceux .
auxquels vous accordez une confiance sans bor
nes. Voyez ce soin égal de part et d'autre de ré
pandre, de fabriquer les nouvelles les plus fausses.
Il y a long-tems que la France (1) ne seroit qu'un

(1) C'est toujours l'ami des patriotes que nous citons.


548 J o U R N A L
monceau de ruines, si la moitié des bruits semés
par la gazette de Paris , l'orateur du peuple,
l'ami du Roi ou l'ami du peuple étoit fondée.
Vous êtes encore assez dégagés de prévention, pour
écouter celui qui parle contre vos idoles, cherche
à vous guérir de toute envie d'éxagératien en exa
minant de près, et ceux que vous croyez aveuglé
ment, et ceux qui sont vos ennemis déclarés; met
tez-vous à portée d'entendre les entretiens parti
culiers des uns et des autres pendant deux séances
seulement , dans l'intérieur de l'assemblée na
tionale, une fois à l'extrêmité de la droite, une -

autre fois à l'extrêmité de la gauche : si vous


trouvez des deux côtés les mêmes propos, les
mêmes projets , ne vous étonnez plus alors
d'aucun des excès populaires en voyant la pa
trie livrée à de tels hommes. Peut - être direz
vous qu'ils ont peu d'influence dans l'assemblée
nationale qui ne se décide en général que pour
les partis sages ; votre remarque sera juste ; mais
pensez-vous que la politique de ces hommes se
borne à exagérer les idées populaires à la tribune
de l'assemblée nationale ? Il n'en est, certes, pas
ainsi ; les uns vont dans les clubs, les autres dans
les caves religieuses porter leur frénésie, agiter
les esprits par de fausses terreurs ; ils font impri
mer les plus infernales atrocités, et agitent de tou
tes parts le brandon de la licence ;ils provoquent
les plus redoutables excès. Les esprits ne sont pas
disposés au fanatisme, et pourtant vous avez vu
- N - C6:
- · D r s C L U E s. . 549
te que peut le fanatisme ; ils sont plus disposés à
l'exagération de la liberté, au mépris de toute auto
rité ; aussi voyez-vous ce que produit ce sentiment.
Songez-vous à nier que ces écrits soient conduits,
dirigés, payés peut-être, mais au moins protégés
par des membres de l'assemblée nationale. Si cela
est, comment se fait-il que l'on trouve dans les uns
toutes les folies du côté droit, dans les autres tou
tes les folies du côté gauche ? Pourquoi les uns
louent-ils constamment et exclusivement certains
membres de la droite, tandis que les autres louent
constamment et exclusivement certains membres
de la gauche ? Voilà les véritables factions qui cau.
sent des mouvemens désordonnés. -- -

Au milieu de ces factions, au milieu de ces dé


sordres qu'elles fomentent, que doit faire l'homme
sage, le vrai patriote également froissé, injurié,
calomnié par tous les partis ? Marcher intrépide
ment à son but, qui doit être l'affermissement de
la constitution, établie par la volonté générale ;
défendre de toutes les facultés de son ame les bases
constitutionnelles, saufà attendre d'une autre con
vention la réforme de ce qui peut être vicieux, :
étant bien persuadé que déshabituer les citoyers :
du respect pour un des actes les plus solemnels de
la nation entière, c'est les préparer à les mépriser
tous; bien convaincu que si une fois on peut por
· ter la plus légère atteinte à la constitution , on
ébranle le tout, et rien alors ne garantit notre li
berté. Mais l'état où nous nous trouvons ne le dé
X
55o |J o U R N A L *
couragera-t-il point! Il est effrayant, sans doute,
l'ordre actuel des choses, il ne faut pas se le dissi
muler. Une esquisse fidelle fera connaître si les
craintes sont bienfondées.Les provocations aux cri
mes se font avec une audace faite pour étonner
quiconque a dans le cœur quelque idée de justice
et de respect pour les loix. On outrage publique
ment la constitution, on exhorte, on projette pu
bliquement de pendre la Fayette ; des femmes ju
rent de marcher à la tête des hommes qui voudront
mettre à exécution les arrêts de proscription qu'on
prononce, et leur serment est reçu par une société
qui demande que le général exécute ses ordres
plutôt que ceux de la municipalité : on annonce
hautement que la guerre civile éclatera sous peu
de jours, si la société dominante n'est pas obéie ;
cette société, à laquelle se joignent des fillesbien
dignes d'une telle mère, s'attribue le gouvernement
de Paris et du royaume, s'érige en juge du roi, des
ministres, etc. reçoit des pétitions , des députa
tions, nomme des commissaires pour vérifier des
faits débattus entre la municipalités et les sections ;
les sections à leur tour cassent les arrêtés de la mu
nicipalité, prennent sous leur protection ceux dont
on a puni une insubordination dont elles-mêmes
se sont plaintes, etc. etc. etc. Telle est la déplo
rable situation des choses; elle est bien faite pour
· allarmer. Le citoyen patriote se laissera-t-il donc
décourager ? renoncera-t-il à servir sa patrie qui
· s'obstine à rejetter ses bons offices ? Non ; plaçant
, -
|
D E s C L U B s. 55r
encore son espérance en l'assemblée nationale , il
sera soutenu dans ses travaux civiques, parl'espoir
de retrouver en elle le dépôt sacré des principes;
il demeurera persuadé que là encore réside la li
berté ; il se gardera de soupçonner que ceux qui
ont déployé une si courageuse énergie aux mois de
juin et de juillet 1789, puissent en manquer au
jourd'hui ; enfin il n'hésitera pas à croire que celle
ci s'inquiétera peu de la rumeur de Paris, des cla
meurs de ses clubs, ses motionnaires et ses écri
vains prêchant le carnage lorsqu'elle aura à pronon- .
· cer entr'eux et la France qui lui a confié son salut.

NOUVELLES DES DÉPARTEMENS.


De P A R I S , le 3 mai.

Bref· du Pape ; Sa Sainteté brûlée au Palais


Royal.
Le saint-père Braschi ou le saint-père Royou,
comme on voudra, a, cette semaine, répandu par
milliers, un bref dans Paris et les départemens ;
le tout pour la plus grande gloire de Dieu, la con
solation des fidèles aristocrates, des dévotes et des
très-spirituels desservans des chapelles intérieures
des religieuses blanches, noires, grises, bleues,
etc. Nous faisons grace à nos lecteurs de toutes les
impertinences, folies, absurdités, que le pontife
ultramontain débite dans cette brochure ; l'esprit
• Y 2

-• . .. *- * . -
-
· • º
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* -* -
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=-=-s

552 J o UR NA L
qui a dicté les mille et un mandemens des ci-devant
évêques, a aussi guidé le cœur, la tête et la plume
de l'un ou de l'autre serviteur des serviteurs. Cette
constitution civile du clergé est d'un si dangereux
exemple, qu'il faut l'anéantir à quelque prix que
ce soit ; voilà pourquoi une multitude de lettres
pastorales en date du 13°. ou 14°. siècle, ont ana
thématisé les évêques et les prêtres constitutionnels.
Le bref est un peu plus modéré ; le pape ne lance
pas encore la foudre; il annonce seulement qu'il
va la lancer. Cette miséricorde du saint-siége aura
le plus grand effet. Nous ne doutons pas que les
quarante jours qu'il nous accorde pour abjurernos
erreurs ne soient utilemènt employés.
. En effet, à peine le bref était sorti des presses
de l'Ami du Roi, qu'on s'est empressé de connaître
les idées et les sentimens que le saint-père dit
· avoir puisé dans les sources les plus pures de la
science divine.
L'émotion a été subite et profonde.Une idée
Se présente, celle-là était aussi puisée dans des
· sources pures, elle a été adoptée unanimement »
et le lendemain on se rassemble, pour l'exécuter,
· au Palais-Royal. Là, dans l'espace qui se trouve
· entre le bassin et le cirque, est placée l'effigie de
l'évêque inconstitutionnel de Rome , avec la thiare
et les ornemens pontificaux; autour de lui sont en
tassés des exemplaires du bref. On fait lecture du
réquisitoire qui condamne l'ouvrage et l'auteur,
- et les flammes les réduisent en cendres.
D E S C L U B S. , 553
, DE NANTEs , le 3o Avril. Lettre d'un garde
mational.Le trentième régiment,ci-devant du Per
· che, arriva à Nantes lundi dernier. Les patriotes,
étonnés de ne point voir les cravattes tricolores
attachées aux drapeaux de ce régiment, deman
dent que la municipalité lui offre ces cravates,
, signe de la liberté. Les municipaux volent au de- .
vant du desir de leurs concitoyens, et le comman
dant du trentième régiment accepte l'offre avec
le plus vif empressement. Quelques-uns de nos
frères de ce régiment étaient détenus prisonniers
pour quelques fautes légères, les amis de la cons
titution députent vers le commandant pour de
mander leur grace ; au nom sacré d'amis de la
constitution, les soldats prisonniers sont libres. Il
est patriote le lieutenant colonel du trentième ré
giment , et tous ses soldats le sont aussi ; il est peu
de régiments où l'esprit public ait fait autant de
progrès que dans celui-ci. Je passe au récit des
événements du 26 avril, qui me fournira l'occa
sion de parler de ces braves militaires.
Il m'est impossible d'exprimer la satisfaction
quej'éprouvai mardi dernier;comment mettresous
les yeux de mes lecteurs les différentes circonstan
ces qui dans le cours de cette journée, qui vivra
· dans la mémoire des patriotes, procura à mon
ame les plus délicieuses jouissances, jouissances
parfaites qu'il n'appartient qu'aux vrais amis de la
liberté, de sentir et apprécier. - -

Ce fut mardi dernier que nous remimes au sein


554 J o U R N A L
de sa famille le citoyen Jean Thebaud (1) qu'un
décret de prise-de-corps en tenoit éloigné depuis
six mois. Nous le conduisimes d'abord à la grand'
messe; tous ses concitoyens manifesterent, à sa vue,
la plus vive satisfaction.Voila mes libérateurs, s'é
cria Thebaud, en nous montrant aux Villageois
qui nous entouroient (2). A ces mots toutes les
physionomies changent et annoncent le plus grand
étonnement.Ces honnêtes campagnards qui, l'ins
tant auparavant, trompés par leur curé; ( il leur
avoit dit que les habits bleus étoientdesbourreaux
qui devoient venir l'assassiner ) exprimoient par

- |
|

· (1)Ce JeanThébaud, officier municipal à la Che


vroliere avoit fait ôter les bancs et les armoiries qui
étoient dansl'église,conformémentaux décrets tous
les ci-devantgrands du pays et le curé se coalisèrent
contre le patriote Thébaud, et lui firentintenter un
procès-criminel, enle faisant accuser d'avoir tué un
† mort depuis dix-neufà vingt mois. Le mu
nicipal fut décrété de prise de corps, il prit la fuite et
eut recours aux amis de la constitution auxquels il
prouva son innocence. Les amis de la constitution
prirentsadéſenseet profitèrent de l'install ion des
nouveaux tribunaux pour évoquer cette affaire au
tribunal de district de Nantes. Le citoyen Dorvo -
membre de la société plaida la cause, et Jºan Thé
baud qni s'étoit constitué prisonnier fut élargi et
déchargé de toute accusation.
2) Nous étions une douzaine en uniforme de
garde nationale et deux de nos frères de l'artillerie.
D E s C L U E s. 555
des regards inquiets et ſarouches, l'horreur que
nous leur inspirions, ne voient plus en nous que
des êtres bienfaisants, des protecteurs de l'inno
cence; ils cessent de voir avec inquiétude des ar
mes que nous ne portons que pour la défense de
leurs droits;ils nesavent comment nous prouverleur
reconnoissance. Après des témoignages récipro
ques de fraternité , nons les quittàmes pour con
duire Thebaud à son village situé sur les bords du
Lac de grand-lieu ; tous les habitans du hameau
nous attendent.A notre arrivée, un feu de joie s'al
lume, les Villageois forment plusieurs danses aux
quelles ils nous invitent à prendre part ; les cris de
avive la garde nationale , vivent les amis de la
constitution , se font entendre, et les échos des
bois qui bordent le Lac les répetent. La famille
de Thebaud sur-tout se livre a une joie inexpri
mable, nous témoigne ses remerciments, non par
ce langage faux de la politesse des villes, mais par
les expressions touchantes de la nature et de la vé
rité. Nous rendions un ami à ses amis, un époux à
SOIl épouse, un père à ses enfants. O mes compa

gnons d'armes ! témoins de cette scene attendris


sante, vous ne putes retenir vos larmes. Qu'elles
sont douces ces larmes que le plaisir ſait répandre !
quel beau moment pour des hommes libres. Non,
je n'ai jamais rien éprouvé de pareil; jamais mon
•º,
· ame ne fut livrée à de plus délicieuses sensations.
O liberté, c'est un de tes bienfaits. :

Après avoir réparé nos forces autour d'une table


556 J o U R'N A L
frugalement servie, nous nous disposames à par
tir. A l'instant où nous allions nous embarquer,
un tambour se fit entendre dans la campagne,
c'étoient les habitants du bourg de la Chevrolliere
et de tous les hameaux voisins qui venoient en ar
mes nous remercier d'avoir sauvé leur concitoyen
des griffes des aristocrates, et nous jurer une ami
tié inviolable, nous assurant qu'ils verraient partif
avec le plus grand plaisir leur curé réfractaire.
Nous nous embrassâmes, en nous promettant une
fidélité réciproque. Les cris de vive la nation,
plusieurs ſois répétés, et des décharges de mous
queterie, annoncèrent à toutes les paroisses situées
sur les bords fertiles du lac, le pacte d'union que
nous venions de contracter avec nos frères de la
Chevrollière. Nous ne pûmes rester avec eux aussi
long-tems que nous le desirions, parce que nous
devions être sous les armes pour l'inaugurarion des
cravattes tricolores qu'on devait donner au tren
tième régiment. -

· Nous nous rendîmes promptement à Nantes, où


d'autres plaisirs nous attendaient.Arrivés au champ
de la fédération, nous y trouvâmes toutes les gardes
· nationales et les troupes de ligne, ayant à leurtête
le trentième régiment en bataille et formant un
carré long. Au centre étaient les trois corps admi
nistratifs, au milieu desquels on voyait avec plai
sir le nouvel évêque. Les cravattes nationales fu
rent présentées au trentième régiment qui les ac
cepta, en donnant des preuves non équivoques
d'une
D E s C L U. B s. 557
d'une satisfaction complette. A l'instant où les
couleurs chéries parurent au-dessus des drapeaux,
tous les chapeaux parurentau bout des bayonnettes
et des épées. Le cri sacré vive la liberté, la na
tion et le roi, fut mille et mille fois répété ; l'al
légresse publique était au comble. Une multitude
innombrable de citoyens qui joignaient leurs voix
à celles de leurs défenseurs , la sérénité du tems,
la beauté du local , la certitude qu'on avait du ci
visme des soldats aux drapeaux desquels on venait
d'attacher les cravattes, l'enthousiasme avec lequel
toutes les troupes de ligne applaudissaient au pa
triotisme des Nantais, les grimaces que faisaient
certains aristocrates, témoins de cette superbe
scène et dont la longueur du nez et des oreilles
était incommensurable, tout enfin concourait à
rendre cette fête de la liberté une des plus belles
qui se soient célébrées à Nantes.
Le soir, le commandant, les officiers, un grand
nombre de sous-officiers et soldats du trentième
régiment, assistèrent à la séance de la société des
amis de la constitution, qui, par des applaudisse- -

mens multipliés, et par l'organe de son président,


leur témoigna combien elle était flattée de voir
dans son sein d'aussi bons patriotes. Le comman
dant demandal'affiliation ; ce qui fut accordé avec
le plus vif empressement.
La nuit se passa dans la joie. Les musiciens des
régimens et des gardes nationales se réunirent, et
l'air ça ira, en faisant donner les aristo-calotino
\
Z
558 JO U RN A L
· crates à tous les diables, suspendait de tems en
tems le sommeil des patriotes, et les réveillant
, agréablement, rappelait à leur souvenir les plaisirs
qu'ils avaient goûtés pendant le jour.
Mercredi, le trentième régiment partit pourse
rendre à sa destination. Les Nantais regrettent de
n'avoir pu retenir chez eux ces braves soldats-ci
, toyens. » | ' -

De GRENOBLE, le 27 avril. --- Extrait d'une


adresse du directoire du département de l'Isère,
au roi. --- SIRE, le directoire du département de
l'Isère, justement allarmé des nouvelles cabales
dont les ennemis de votre repos, de votre gloire
et de votre bonheur, ne cessaient depuis quelques
jours d'environner le meilleur des rois, allait vous
adresser une pétition pour prier votre majesté de
mettre un terme à ce scandale, quand les journaux
nous ont annoncé que toutes les manœuvres étaient
déjouées, et que le chefde la nation venait de ci
menter, une seconde fois, au mikieu de ses dignes
représentans , le pacte solemnel de maintenir la
constitution, de la chérir comme citoyen, et de la
faire respecter par tous les citoyens de l'empire.
Ainsi nos représentations doivent se changer en
actions de graces, et nos voix se mêleraux applau
dissemens que vous avez reçus de la diète auguste
qui vous possédait dans son sein, et qui sentait le
prix de votre démarche, dans un moment où la ca
pitale était, peut-être, autorisée à douter de vos
sentimens, par l'impudence des réfractaires dont
D E s C L U B s. · 559
le trône s'environnait. Ce soupçon, s'il a existé, a
disparu dès sa naissance.Vous avez dit à ce bon
peuple qne vos principes n'étaient point changés,
et tous les cœurs vous ont été rendus, quand vous
avez montré la crainte de les perdre.
Mais si l'attachement du peuple français peut ,
sans altération, éprouver ces atteintes ; si la con
fiance que vos vertus ont inspirée jusqu'à ce mo
ment, l'a soutenu contre les efforts des ennemis
secrets de votre personne, de ces monstres qui fei
gnent d'aimer le roi, et qui sacrifieraient la nation
entière à l'espoir chimérique de recouvrer leur au
torité...... SIRE, daignez entendre la vérité terrible
qui nous échappe : l'amour des Français peut avoir
un terme, et ce serait le jour que votre majestés'a
· bandonnant aux conseils perfides dont on ne cesse
de l'accabler, démentirait, par sa conduite, la
haute idée qu'on a conçue de sa franchise et de sa
loyauté. Un seul instant peut anéantir le repos
qu'elle a droit d'attendre de ses sacrifices au bien
général ; une seule démarche peut appeller la
guerre civile au milieu de nous ; ce fléau des rois
et des peuples, où les loix se taisent devant l'anar
chie, où les droits du monarque sont méconnus,
parce que, sans les loix, il n'est plus de monarque,
et qu'il devient l'ennemi nécessaire de la nation
qu'il a trompée, et dont les convulsions sont le
plus souvent l'ouvrage de sa haine ou de son im
prudence. s -

Ah ! sans doute, ce jour affreux ne luira point


Z2
56o , J o U R N A L
sous le successeur de Louis XII et de Henri IV.
Vous venez, SIRE, de rassurer, de consoler le peu
ple François, en jurant de nouveau que vous serez
fidèle à la constitution ; et que, premier citoyen
de l'Empire, vous donnerez toujours l'exemple de
la soumission aux loix de l'état. . . . . .
· Sire, n'attendez rien de la cour de Rome, qui
tient encore à ses usurpations, et que l'exemple
de l'Angleterre et de tant d'autres états puissants
qui ont abandonné l'unité de foi, n'a pu guérir
de son antique erreur. Vous aviez cru que sa poli
w
-

tique alloit céder à vos instances, à votre amour


pour la religion, à vos desirs de ramener la paix
troublée par les efforts des prêtres réfractaires ;
mais, Sire, vous ne pensiez pas que la nation ne
pouvait reconnaître une approbation de la cour de
Rome, quand même elle était demandée par vous.
Rome, quelque jour, auroit donc pu dire qu'elle
avoit sanctionné les loix de la France; et ce seroit
d'un prince étranger que dépendroit notre législa
tion! Sire, ne souffrez pas qu'une réponse appro
bative vous soit jamais envoyée de Rome, et défen
dez à votre ambassadeur de solliciter auprès du
, saint-Pere une bulle contraire à nos libertés.
Nous adhérons, Sire, à tous les principes qui
ont servi de base au sage arrêté qu'a pris le direc
toire du département de Paris. Ils sont puisés dans
les droits de l'homme, dans les décrets sur les opi
nions religieuses, et dans les loix indestructibles
de la nature et de la raison.Votre majesté les adop
|

DE S C L U B S 56I
tera, si désormais elle résiste aux vaines objections
du clergé réfractaire. Daignez, Sire, vous rappel
ler la leçon sublime que Fénélon donnoit à tous
les princes de l'univers : « accordez, disoit ce
« grand homme, dont la doctrine n'est pas sus
« pecte , accordez à tous la tolérance civile, non
« en approuvant tout comme indifférent, mais en
« souffrant avec patience ce que Dieu souffre, et
« en tâchant de ramener les hommes par une douce
« persuasion ». Si c'est ainsi que parloit Fénélon,
dans un siècle où le despotisme avoit fini par être
persécuteur, que n'auroit-il pas fait pour la révo
lution dont sa morale est le principe !
MUNICIPALITÉ DE PARIs, le lundi 2 Mai. On
a formé une nouvelle compagnie de grenadiers de
la sixième division. Un officier municipal, M.
Viguier de Curny, s'étoit rendu sur le terrein au
devant de la colonnade du louvre, avec M. le com
mandant général, et un détachement de grenadiers
volontaires. M. Viguier et M. de la Fayette furent
|
priés de se rendre à la caserne de l'oratoire, pour
installer la nouvelle compagnie. M. Viguier refusa
parce que, envoyé par la municipalité et se trou
verent à la tête du détachement de volontaires, il ne
pouvoit quitter le poste qui lui étoit confié, M. de la
Fayette s'y rendit, la cérémonie se fait de la ma
nière accoutumée; mais à l'instant de sortir de la
caserne, le peuple, amassé en foule au-devant de
la porte, s'opposa à la sortie des soldats, et s'y op
posa de manière que, sans violence, il eut été im
• 562 J o U R N A L

possible à la nouvelle compagnie de rejoindre le


détachement qui étoit sur ce terrein. Ce détache
ment , informé de la résistance opposée à la ca
serne, prit par le louvre, et rasant la porte de la
- caserne repoussa la foule qui en bouchoit l'entrée,
nétoya la rue de l'oratoire et la rue d'angivillier;
la nouvelle compagnie alla retrouver le détache
ment, et toute la troupe se rendit à la caserne de
la rue verte, au faubourg St.-Honoré où elle fut
installée. -

Le 4 Mai. Le corps municipal voulant rendre


º hommage à la mémoire de deux hommes qui ont
i illustré leur patrie en l'éclairant, et qui ont pré
- - paré la révolution par leurs ouvrages, a arrêté que
le quai jusqu'ici connu sous le nom des Théatins,
portera à l'avenir le nom de quai de Voltaire,
parce que ce grand homme est mort dans une des
maisons qui bordent ce quai; et que le nom de rue
de Jean-Jacques Rousseau sera substitué à celui
de rue Plâtrière, parce que cette rue est la dernière
que ce citoyen-philosophe, et précurseur de l'as
semblée nationale, ait habitée.
Ce moyen de faire passer à la postérité le nom
d'un homme qui a bien mérité de sa patrie, sera
un motif d'encouragement ajouté au monument
de Sainte-Geneviève, dans lequel nos enfans n'en
treront qn'avec un respect et un recueillement di
gnes de la majesté du lieu, où reposent les cendres
l des bienfaiteurs de l'humanité. En passant une rue,

l'inscription placée au coin rappellera le souvenir

-- --* -- _ - --
-- --- • *
| --- •s .
D E s C L U B s. 563
d'un citoyen utile et qui a bien mérité de ses sem
blables ; mais il faudrait dorénavant, quand on
n'aurait point de motifs puissans comme ceux qui
ont déterminé d'appliquer à telles rues les noms
de Mirabeau, de Voltaire et de J. J. Rousseauz,
substituer indifféremment aux noms anciens ceux
des hommes que la nation veut honorer, par-là
on abattrait petit à petit du coin des rues ces noms
qui font naître dans l'ame du citoyen un sentiment
pénible, en fixant la pensée sur des êtres qui n'ont
· vécu que pour le malheur de leurs concitoyens.
Ensuite on ferait disparaître les noms triviaux ,
comme ceux des rues du Pet-au-Diable , Trousse
Vache, etc. On terminerait par effacer, 1°. ces
noms beaucoup trop longs à prononcer, comme
grande rue du faubourg Saint-Honoré , rue des
Fossés-Saint-Germain-l'Auxerrois , rue Basse
du chemin du Rempart, etc. 2°. Ceux qui par
leur ressemblance jettent de la confusion dans les
idées, comme rue des Grands-Augustins , rue
rue des Petits-Augustins , rue des Vieux-Au
gustins , rue Veuve-Saint-Augustin. 3°. Ceux
qui sont répétés dans différens quartiers, comme
de Grenelle, du Four, d'Orléans , Royale , etc.
Ces détails doivent paraître minutieux, peut-être
, qu'en réfléchissant on y trouverait une vue d'utilité
réelle, en pensant à toutes les erreurs, plus ou
' moins nuisibles, que la multiplicité des noms a
| pu occasionner dans maintes circonstances.
564 J o U R N A L

L'assemblée nationale venait de rejetter par un


appel nominal l'article proposé par son comité di
plomatique et d'Avignon, Conçu en ces termes :
« L'assemblée nationale déclare (1) que le Comtat
Venaissin et la ville d'Avignon, avec leurs terri
toires et dépendances, n'ayant jamais pu être dé
tachés de l'ancien domaine de Provence, font partie
intégrante de l'empire français ». Le peuple, dont
l'attente avait été trompée, en attribua la cause
en partie à M. Clermont-Tonnerre ; à sa sortie de
l'assemblée il fut insulté; on se porta vers sa mai
son que l'on menaça et que l'on commença d'at
taquer. M. le maire s'y étant transporté, y trouva,
non pas la classe de citoyens qui se trouve com

(1) Le 5 mai, à la lecture du procès-verbal, une


difficulté très-délicate s'est élevée par rapport au dé
cret rendu sur la réunion proposée d'Avignon et du
Comtat à la France. L'assemblée nationale a-t-elle
décrété que ce pays ne faisait † partie intégrante
de l'empire français, ou a-t-elle seulement non dé
claré la réunion proposée ? Les explications qui ont
été données, ont montré que l'assemblée, en rejet
tant le premier article du comité, avait seulement
voulu ne pas déclarer à l'instant qu'Avignon et le
Comtat font partie intégrante de la France; comme
si la question avait été posée en cestermes : l'assem
blée nationale déclare-t-elle ou ne déclare-t-elle
Pas que...... - - -

munément

·
".\

D E s C L U B s. 565
·
munément dans les émeutes, mais des personne
qui paraissaient s'y être rendues à bon escient.Il y
avait entr'autres un homme déguisé en garde na
tional, qui prétendait qu'il ne connaissait pas
le maire de Paris ; qu'une foule d'hommes ras
semblé par hasard représentait le peuple et était
entouré de toute sa majesté ; que dans ce cas
elle ne devait aucune soumission aux loix , ni
à ses organes ; et que pour lui, si son capitaine
lui ordonnait de s'opposer à la volonté du peu
ple, il lui brûlerait la cervelle. Quand on entend
de pareilles choses, dont la vérité ne peut être
révoquée en doute, on croit que l'on rêve ou que
l'on vit chez les Tartares. -- La réserve s'étant por
tée à la maison de M. Clermont-Tonnerre, les
mal-intentionnés se sont dissipés.
Un député n'a donc plus le droit de dire libre
ment son avis au milieu de l'assemblée qui a rendu
la nation libre ? Le peuple sera donc continuelle
ment excité à confondre le titre de membre d'un
club qu'il a proscrit, avec celui d'un représentant
de la nation ? Qu'on blâme la conduite de l'homme
3Ul panthéon, aux écuries du roi ; qu'on veille sur
ses démarches si on les croit insidieuses ; qu'on
combatte ses écrits s'ils sont dangereux ; qu'on pour
suive sa punition si ses actions sont contraires à
la loi ; mais que l'on ne se porte à aucune violence
contre le citoyen, ni dans sa personne, ni dans ses
propriétés; que l'on respecte le législateur et qu'on
lui laisse toute liberté dans ses opinions. Que serait
A a
566 · JoU R N A L

un décret qui ne serait porté que parce que l'as


semblée nationale n'oserait suivre ce qui lui parai
trait juste ? Nous avons que si nous avions eu un
· vœu à porter dansl'affaire d'Avignon, c'eût été pour
que cette partie de la Provence appartint à la Fran
ce; cela paraissait juste. D'un autre côté, nous avons
assez nettement exprimé ce que nous pensons du
club monarchique ; mais tout plie à nos yeux de
vant la loi, et nous ne voyons dans M. de Clermont
Tonnerre qu'un eitoyen et un législateur. Nous
allons copier une lettre de ce député a adressé à l'au
teur de la Feuille du Jour, parce qu'elle fait con
noître un trait que les amis de l'ordre et de la cons
titution ne verront point avec indifférence.
« Monsieur, dit M. Clermont-Tonnerre, dans
les circonstances où je me suis trouvé aujourd'hui
en sortant de l'assemblée nationale, accueilli par
les outrages et les menaces atroces d'une foule
d'hommes queje n'avais pas provoqués, j'ai éprouvé
un sentiment bien doux et que je m'empresse de
manifester. -

Au moment où je suis entrée chez le suissc des


thuilleries pour me soustraire à ceux qui pour
suivoient, j'ai vu un jeune officiers de la garde
national se précipiter dans cette même pièce, me
jurer qu'il mourroit avant que l'on insultât devant
lui un membre du corps législatif : mon frère, m'a
til dit, est mort en faisant son devoir, en mainte
nant l'ordre public, je veux imiter son exemple.
Cet estimable jeune homme se nomme M. Duro
| D r s c L U B s. 567
oher. Il ne m'a point quitté qu'il ne m'eut remis
chez moi.
Au même moment, un autre citoyen m'a fait
une offre semblable, s'est de même attaché à mes
pas et m'a conduit chez moi.J'ignore son nom; il
m'a quitté dès que je n'ai plus eu besoin de lui,
en me disant seuleument qu'il étoit domestique
chez une personne dont je n'ai pas bien entendu
le nom. Je desire que cet honnête citoyen veuille
bien se faire connaître à moi. -

En tout, j'ai a rendre à la garde nationale l'hom


mage de reconnoissance le plusmérité. Sixcavaliers
ont sauvé ma personné et ma maison de la foule,
qui, ayant brisé ma porte, a pénétré dans ma
cour.
Je vous prie, Monsieur, d'insérer ma lettre dans
votre Journal. »

J'ai l'honneur d'être, etc.


•-–•

M. Champigny, imprimeur, rue de la Harpe,


a été accusé d'avoir imprimé des ouvrages incen
diaires ; ce ne sont pas de ceux dans lesquels on
conseille de brûler ou dévaster les maisons , de
couper des têtes ou de suspendre à la lanterne ,
c'est bien pis que cela; on s'y permet des réflexions
contre la société fraternelle et contre le club des
Cordeliers. Il y avait huit jours que ces pamphlets
avaient parus un instant sur la scène pour tomber
Aa 2
568 J o U RN A L
avec les autres dans l'oubli ; on n'avait pas pris
garde à eux, lorsque ceux qui avaient envie de
monter un coup contre M. Champigny, présu
mèrent encore que s'était chez lui qu'on avait im
primé une réponse à la lettre de M. Dubois de
Crancé à ses concitoyens. Des colporteurs vien
nent mercredi assaillir sa maison , l'en arrachent,
au moment où il avait la fièvre et une maladie
éruptive ; ils menacent de le pendre , parce que
c'est-là le signe infaillible du patriotisme de cer
taines gens, et la manière dont ils veulent élever
à la hauteur de la révolution ceux dont le vol n'at
teint pas les Marat, les Fréron. Une plaisanterie
échappe ; on parle de mettre Champigny sur un
âne, et cela lui sauve la vie ; sans cela il avait eu
beau réclamer d'officiers mu nicipaux de sa connais
sance, son jugement, fait d'avance, allait être exé
cuté. La garde nationale (1) le délivre et le con
duit au comité de la section des Thermes de Ju
lien. Champigny, effrayé des apprêts de sa mort,
avait avoué tout ce qu'on avait voulu. Transféré à
l'hôtel de la commune , il nia tout ce qu'il avait
avoué, soutint qu'il n'avait point imprimé le pam
phlet soi-disant incendiaire, que parconséquent il

(1) Il fautentendre celle qui est composée d'hon


| nêtes citoyens, qui frémissentàl'idée defaire l'office
debourreaux; car parmi les assassins dusieur Cham
pigny il y avait deux gardes nationaux qui ont été
reconnus, et dont l'un est ſils d'un libraire, |
à

D E s C L U B s. 569
n'en connaissait point l'auteur. Pour le soustraire à
la fureur du peuple, on eu la faiblesse de l'envoyer
à l'hôtel de la Force où il resta jusqu'au soir, que
l'administrateur de police, qui convenait bien n'a
voir pas le droit de faire emprisonner un citoyen
domicilié, lorsqu'il n'y a contre lui aucunchefd'ac
cusation fondée, donnal'ordre deson élargissement.
Jeudi le corps municipal prit l'arrêté suivant,
qui fut affiché vendredi. « Le corps municipal dé
libérant sur l'exposé, soit par M. Maugis admi
nistrateur au département de la police, du traitez
ment qu'a essuyé hier le sieur Champigny, impri
meur libraire, rue de la harpe, et sur la lettre qu'il
lui a adressée, et par laquelle il reclame qu'il lui
soit fait justice, considérant qu'il est spécialement
chargé de veiller à la suite de tous, et chacun des
citoyens et de défendre les propriétés
Que c'est faire une infraction manifeste à la loi,
que de violer l'asile d'un particulier, que c'est un
attentat punisable que de menacer la vie d'un ci
toyens, considérant que des hommes égarés, se
sont permis d'entrer de force chez le sieur Cham
pigny, l'ont arraché de sa maison avec violence,
l'ont menacé de lui faire perdre la vie. -

| Qu'il n'y a aucune accusation légale contre le


sieur Champigny, reconnu pour un citoyen hon
nête, déclare. 1° Que le sieur Champigny étant
comme citoyen sous lasauve-garde de la loi, il pren
dra toutes les mesures qui sont en son pouvoir pour
mettre en sureté lapersonne, et la propriété du
sieur Champigny; 2°. arrête que le procureur de la
· .. / -

57o . Jo U R NA L -

commune sera chargé de dénoncer à l'accusatcu


public, l'attroupement fait à la porte et autour de
la personne du sieur Champigny ; 3". que le pré
sent arrêté sera imprimé et afliché.
· Le bruit public m'apprend que le sieur Cham
pigny m'a aussi nommé comme auteur de la feuille
incendiaire, dit-on, qui a servi de prétexte aux
violences qu'ila essuyées.Sa rétractation me justifie
d'abord pleinement, ainsi que tous ceux dans le
nom desquels il a cherché à trouver quelque moyen
de calmer la fureur des assassins lancés contre lui.
Mais comme le pamphlet qu'on lui impute passe
pour contenir des injures contre l'assemblée natio
uale, et pour être écrit en style du père Duchêne,
je déclare, quant au premier article, que je ne me
suis jamais départi des principes de patriotismema
niſestés dans ce journal ; sur le second point, je
i | déclare queje n'ai pas encore conçu de la multitude
une opinion assez défavorable, pour penser qu'on
ne puisse être entendu d'elle qu'en lui parlant un
langage hérissé, de mots sinon grossiers, tout au
moins insigniſians. · -

Signe REvoL, citoyen de la section de Mirabeau.


| - -

AssEMBLÉE NATIONALE. Deux questions impor


tantes ont été soumises à la discussion depuis le 28
avril. La première était pour savoir si Avignon et
le Comtat seraient déclarées ou non parties inté
grantes de l'empire français. La délii tion sur
cette proposition a été continuée pendant plu
D E S C L U B s. 571
sieurs séance, et la question ayant été posée en ces
termes : « L'assemblée nationale d'clare-t-elle que
les terres du Comtat et d'Avignon font une partie
intégrante de l'empire français? » Le résultat a été
qu'elle ne le déclarait pas pour le moment.
La seconde discussion avait pour objet la fabri
cation de nouveaux assignats de petite valeur. La
nécessité de petite monnoie réelle ou ſictive se fait
|
:
sentir tous les jours de plus en plus, elle paraît gé
ralement reconnue ; cependant rien encore n'a été
statué. ·
La lettre suivante de M. Montmorin au nonce ,
· du pape, lue dans la séance du 5 mai , donnera
une idée de la situation des choses par rapport
au pape « j'ai mis sous les yeux du rois la réponse
de sa sainteté à la lettre, par laquelle le roi l'avoit
prévenue qu'il rappelait le cardinal de Bernis.
Sa majesté a vu avec étonnement cette répon
se, que le pape sembloit annoncer qu'il ne rece
vroit pas d'embassadeur de France qui eût prêté
sans restriction le serment exigé de tous les fonc•
tionnaires publics par les décrets de l'assemblée
nationale, et sanctionnés par le roi.
Le roi se plaît encore à penser que ce n'a pas été
le véritable sentiment de sa sainteté; ce seroit vou
loir nécessairement rompre toute communication
entre le Saint-Siége et la monarchie Française, et
sa majesté se refusera aussi long-tems qu'elle le
pourra à croire à une pareille intention de sa sain
teté. Le serment sans restriction étant prescrit
/
572 J e t R N A L
à tous les fonctionnaires publics, c'est un devoir
indispensable pour tous les ambassadeurs de France
près les cours étrangères. Le roi ne pourroit les
envoyer près sa sainteté, si le serment étoit re
gardé par elle comme un motif d'exclusion, et
dès lors la dignité de la nation et celle de sa ma
jesténe lui permettroient plus de conserver un non
ce du pape à Paris. Le saint père pèsera dans
sa sagesse les conséquences qui résulteroient de
cet ordre de choses dans les circonstance actuel
les. ,
Il ne pourroit se dissimuler qu'il les auroit pro
voquées. Je ne saurois me dispenser d'observer
qu'il seroit aussi assez extraordinaire que le pape
croyant pouvoir conserver auprès de lui un chargé
des affaires de France qui a prêté le serment pres
crit, crût devoir refuser un ambassadeur qui l'au
roit prêté. . - \

Le roi a donc pensé que le sens de la réponse du


pape n'étoit pas tel qu'il se présente au premieras
pect, et il se plaît à persister dans cette façon de
penser, à moins que votre exsellence ne soit auto
risée à lui donner, sur celà, des éclaircissemens
propres à les faires changer.
S. M., cependant, par égard pour S. S., a, par
une attention particulière pour V. E., suspendu le
départ de M. Segur, en attendant votre réponse
pour prendre le parti que le soin de sa dignité ren
droit indispensable.
- Signé, MoNTMORIN.
Tout ce que le patriotisme aura dicté trouvera
place dans ce Journal. Ceux qui voudront faire .
passer aux auteurs, des annonces, lettres, mé
moires, ouvrages etc. sont priés de les adresser .
port franc, à MM. les Directeurs du Journal
des Clubs , rue du faubourg Montmartre, n°. 6,
-

· ·.
-

| -,
'|
j,
DE s C L U B s '
· , oU

soCIÉTÉS PATRIOTIQUES,
Aux Amis de la Constitution , Membres
| | . des différens Clubs Français.
Par MrM. J. J. Le Roux et Jos. citanow, | | | ·
' Qfficiers Mumicipaux , et D. M. REVoL, .
· .
ci-devant Professeur de l'Oratoire. | |

· -- Videte !ae quid respº aetriment capiat.

| s E c o N D V o L U M E.

Samedi 14 Mai 1791..


Du 6 au 12 Mai
- M. D'A N D RÉ, Président de rAssemblée Nationale,
| A P A R I s,
Au Bureau du Journal des Clubs, rue du Faubour# -
(\
- Montmartre, n°. 6. | ' -
". .

L'A N s E c o N D D E LA L I B E R T É.
De l'Imprimerie du Journal des Clubs, rue Bourbon
- | . Villeneuve, n". 1,. ,

:
»

| C E Journal , dont chaque Numèro est com


posé de 48 à 56 pages, paroît tous les Samedis
depuis le 2o Novembre i79o. Chaque trimestre |
formera un volume. On trouvera des collections au
bureau principal des Directeurs du Journal, où
l'on souscrit à raison de 3o liv. pour Paris pour
un an, 15 liv. pour six mois, et 7 liv. 1o s. pour
· trois mois; et pour les départemens, à raison de
36 liv., 18 liv. et 9 liv., franc de port.
A quelque époque qu'on souscrive, on ne peut
le faire qu'à dater du commencement d'un tri
- mestre. . ' | |
| | On souscrit aussi | | | |.
| " Chez CHAMPIGNY, Imprimeur-Libraire, rue
· Haute-Feuille, n°. 39.
|
| | - cºgurºos Libràire,.rue des Mathurins,
|
. · n°. 32. - . . ,
| | | Madame LAPLANCHE, Libraire, rue du
|
· · ·
Roule, n°. 17. | Libraire, au Bureau
JACQUEMART, -

de la
-

| Correspondance nationale française, rue St.


Martin, nº. 25o. -

· Madame BAILLY ,Libraire,rue St-Honoré, |


| Barrière des Sergens. - , ... , ,
· PERISSE, Libraire, pont St-Michel.
| Et chez les frères PERISSE, Imprimeurs
| Libraires, grand rue Mercière, à Lyon.
- · Ceux qui souscriront pour une année, à dater
du 2o Février, recevront, gratis, le premier tri
| mestre, formant le premier volume de ce Journal
| Tout ce qu'on voudra voir inséré dans le nº. le
· plus prochain , doit être parvenu à MM. les Direc
| teurs en leur bureau,le mercredi pour le plus tard.
· Chaque quittance d'abonnement sera signée J. J.
· MM. les souscripteurs des Départemens ºnt
| priés d'afranchir le port des lettres et de l'argent -
, "
4 /
JOUR NA L
DES C LU B S
O U

SOCIÉTÉS PATRIOTIQUES.
Nº. XXV I.

Détails du 6 au 12 Mai.

C L U B S.
De J U 1 L L Y , le 6 mai.

LA société des amis de la constitution nous com


munique un projet vraiment patriotique qu'ellese
propose de mettre à exécution. Nous espérons avec
elle queson zèle trouvera plus d'un imitateur. Qu'il
est doux pour nous d'avoir à publier de semblables
preuves de dévouement à la chose publique! « Ci
toyens,lasociétédesamisdelaconstitutiondeJuilly,
bien persuadée que rien de ce qui touche àl'intérêt
public ne saurait vousêtre indifférent, vous adresse
l'arrêté qu'elle a pris dans sa dernière séance, afin
que si vous le jugez de nature à produire quelque
bien, vous puissiez l'adopter et le suivre, avectous
B b
574 J o U R N A L
les changemens que les circonstances vous feront
juger nécessaires ou utiles. C'est une idée heureuse
que la société se félicite d'avoir eu la première,
parce qu'elle tend à affermir la constitution en fa
cilitant le cours des paiemens publics, et qu'elle
peut ainsi déjouer les menées sourdes de nos en
nemis qui auraienttout à espérer du désordre qu'en
traînerait dans les finances un plus long délai dans
la perception des impôts. .
Considérant les grands avantages qui résulte
raient pour la chose publique, si tous les citoyens
s'empressaient d'acquitter provisoirement une par
tiedes contributions, relativement à leurs facultés
respectives, et à compte de ce que les loix nou
velles leur imposeront, sans attendre l'époque en
core éloignée où ce mode nouveau sera établi : la
société a fait prendre à tous ses membres\'enga
gement solemnel de s'employer, de concert avec
les officiers municipaux, pour inviter les habitans
à payer, d'ici à la fin du mois, les sommes que
chacun aurait à acquitter sur sº contribution, ou
sur celle de ses propriétaires, si les rôles avaient
été faits à l'époque ordinaire. . |
· Quant au mode de recouvrement , voici celui
qu'elle a regardé comme le plus facile dans son
exécution, et le plus propre à inspirer la con
fiance. Il sera convoque, dans chaque paroisse, à
la requête du maire, une assemblée générale, pour
rocéder, par la voie du scrutin, au choix d'un
ou deux citoyens qui seront chargés, sur leur res
D E s C L U E s, 575
ponsabilité, de cette recette provisoire, et déli
vreront, à chaque contribuable, une quittance ,
qui sera par la suite remise au préposé receveur,
pour être émargée sur le rôle des impositions.
L'amour de la patrie, le desir de lui être utile,
ont seuls guidés la société dans cette démarche ;
elle ne peut manquer d'obtenir l'approbation de
tous ceux qui se gloriſient du nom d'amis de la
constitution et de la liberté. » · · · · ·
· De ToUL, le 7 Mai. Toujours des regrets, des
témoignages de la reconnaissance des Français li
bres à l'intrépide défenseurdeleur liberté. « Et nous
aussi, disent les amis de la constitution, nousavons
· payé à la mémoire de Mirabeau le tribut de notre
reconnaissance ; les voûtes de notre ci-devant ca
thédrale ont retenti des chants et concerts fu
nèbres. L'autel élevé dans la nef était chargé
d'inscriptions
p -
et d'emblêmes qui rappellaient
- ppe les -

grands traits de sa vie : ce monument était en


touré d'une foule d'amis de la liberté : des prêtres
voués à la patrie par le serment civique ont seuls
participés à l'honneur de la célébration. Les faces
mâles et rembrunies de nos gardes nationales ont
succédé à l'embonpoint fleuri des chanoines ; les
habits bleus aux ſourures herminées, et l'éclat des
bayonnettes, à celui des croix pectorales ; point
de corporations
p civiles , point
p de places
p distin • • •

guées : tout s'est fondu dans le peuple qui a joui


par-tout d'un libre accès ; il a senti la différence
de cette cérémonie à une autre du même genre
Bb 2
576 , J o U. R N A L
où de prétendus patriotes opposaient, à sa reli
gieuse curiosité , des barrières et des bourrades.
Rendons graces à quelques personnes ci-devant
dites comme il faut , qui ont préféré de pleurer
chez elles leur ami Mirabeau , pour laisser ces
bonnes gens jouir à l'aise d'un spectacle qui eût
ému trop vivement la délicate sensibilité du beau
monde. Le peuple a apprécié cette attention : ila
eule plaisir d'être compté pour quelque chose : il a
entendu avec attendrissement l'éloge deson illustre
ami, de l'intrépide défenseur de ses droits qui »
selon l'expression de l'orateur ( 1 ) a vu dans la
liberté , le grand principe de la force , de la
gloire et du bonheur des nations. Le sentiment
| profond de la liberté fut pour ainsi dire le res
sort de tous les mouvemens de son ame , des
travaux continuels de sa vie , de cette élo
quence dont les élans vigoureux foudroyaient
les tyrans et les esclaves , de ces écrits immor
fels qui Seront à jamais la leçon du genre hu
J7la1J7. ! • *.

· La société des amis de la constitution de cette


ville s'est affilié nombre de patriotes des cam
pagnes voisines. Son apostolat a eu moins desuc
cès à la ville, elle n'y possède encore aucun des

( 1 ) M. Blaise ci-devant cordelier. vicaire de Foug &


la Neuve-Ville, & membre de la société des amis de la
constitution. *.
D E s C L U B s. 577
· ci-devant chanoines , aucun membre du direc
toire, ni du tribunal du district, aucun officier
de la garnison ni de l'état-major de la place. Mais
elle compte parmi ses membres la presque tota
lité du conseil général de la commune ; elle y
compte la partie la plus considérable de la garde !
nationale, où l'émulation militaire a pris plusd'ac
tivité que jamais. Elle saura défendre, au besoin,
la constitution avec autant de courage, qu'elle a
montréjusqu'à présent de modération et dejustice.»
D'HENNEBoN le 7 mai. La société nous charge
d'annoncer aux amis de la constitution l'arrêté
qu'elle a pris de ne recevoir ni adresser que des
lettres ou paquets affranchis ; elle se servira de la
voie de ce journal pour faire connaître à tous les
bons citoyens ce qu'elle croira pouvoir les inté
resser : quand aux avis pressans, elle les leur don
\
nera par le moyen de couriers dépêchés de ville
en ville. |

• CoRRESPONDANCE DES JACOBINs. De BREsT ,


le 25avril. Adresse de la société à l'assemblée na
tionale. Elle demande que cette auguste assemblée
ordonne qu'il lui soit fait un rapport sur la forma
tion de l'armée dite des princes. « Et si la voix
publique nè s'est point trompée (continue la so
ciété de Brest) : si MM. d'Artois et Condé sont
à la tête des satellites réunis pour tenter une in
vasion dans les départemens du Rhin ; qu'ils soient
traduits par un décret pardevant le tribunal pro -
visoire siégeant à Orléans, et que leur procès leur
578 ^ J o U R N A L
soit fait comme accusés du crime de lèse-nation.
Quels que soient, au reste, les projets de ces
fugitifs, nous les attendons de pied ferme. Si leur
devise est vaincre ou mourir, la nôtre est la li
berté ou la mort. Nous verrons qui triomphera,
des satellites du despotisme, séduits par l'appât de
l'or ou par les promesses, ou des citoyens com
battans pour défendre leurs foyers et éviter l'escla
vage. Les Brestois ne démentiront pas dans cette
circonstance le patriotisme qu'ils ont montré jus
qu'à ce jour. Oui, MM., la résolution est prise ;
c'est aux représentans de la nation que nous en fai
sons solemnellement la promesse; ceux d'entre nous
à qui la vigueur de l'âge permet de supporter plus
facilement les fatigues de la guerre, sont prêts à
courir aux frontières, pour y combattre sous les
drapeaux de la liberté. Quant à ceux qui resteront
dans nos murs, tous exposeront avec ardeur leur
vie pour les défendre, et conserver l'un des plus
précieux dépôts des forces navales de l'état. Plu
sieurs ont pris l'engagement d'aider de leur for
tune ceux qui ne pourraient pas subvenir aux frais
de la campagne ». -

De LyoN, le 25 avril. Lettre du comité de


correspondance de la société des amis de la cons
titution de Lyon, affiliée à celle de Paris. « Affligés
autant que convaincus de la perte que nous ferions
par la retraite de M. de la Fayette, nous pensons
moins encore à vous exprimer nos regrets qu à vous
solliciter, au nom de la patrie, lorsque nous nonu
DES C L U E s, 579
merez (1) le commandant de la garde nationale
de Paris, d'opposer tous vos efforts aux cabales,
d'employer tous vos moyens pour faire triompher
la cause de la vertu , et de réunir en faveur du
héros de la liberté l'unanimité des suffrages qui
lui est due à tant de titres, L'envie, nos ennemis
bien plus que lessiens, lui ont rendu trop pénibles
des fonctions qu'il n'exerçait que pour notre bon
heur. Son zèle, ses services , ses vertus civiques,
nous dicteraient les loix de la reconnaissance, si
l'intérêt de la nation nous permettait de les oublier.
Le général sous lequel nous avons conquis la
liberté, maintenu l'ordre au milieu des calamités
publiques, a sans doute les droits les plus sacrés
à l'ombre de l'olivier dont il a pressé l'accroisse
ment. Il est de notre devoir, il est de notre hon
neur de l'en faire jouir.
Non, les Français libres et généreux n'auront pas
à rougir de l'oubli de ses travaux, leurs ennemis
ne jouiront
honteuse pas du plaisir de les voir entachés d'une
ingratitude. / A

Brûlans du desir de conserver à la patrie son


sage et zélé défenseur, aux vrais citoyens leur plus
ferme appui , nous écrivons à M. de la Fayette
pour enchaîner par nos vœux son ame à la cause
(1) La société de Lyon a voulu dire, n'en doutons
pas , lorsque vous coucourerez à nommer ; car , comme
l'a très-bien observé M. Choderlos dans son journal , ce
n'est pas la société des amis de la constitution qui nomme
les fonctionnaires publics, c'est la commune.
58o J o U R N A L
qu'il a si bien servie. Nous réclamons les soins de
la municipalité de Paris auprès des quarante-huit
sections, pour lui faire oublier les dégoûts qu'il
aurait dû ne jamais connaître. Nous vous commu
niquons nos démarches comme les actes de la plus
ferme adhésion à celles que nous sommes bien sûrs
que vous ferez, et vous concaincre de l'unité des
sentimens qui animent les amis de la constitution. »
Nous sommes très-fraternellement, etc.
Signés, les président et secrétaires du comité
de correspondance.
De MARSEILLE, le 25 avril. Lettre de la so
ciété à celle des Jacobins de Paris. « Nous obéissons
aveuglément à tous les décrets de l'assemblée na
tionalesanctionnés par le roi ; nous aimons, et de
quelle force, la constitution; nous avons juré de
la maintenir, de la faire respecter : et le serment
des Marseillois est terrible..... » Voilà les vrais amis
de la constitution. -

De SÉzANNE, le 1*. mai. La société informe


qu'elle a arrêté de se transporter à Scellières, et
d'assister à la cérémonie de la translation des cen
dres de Voltaire à Paris. Elle envoie un arrêté du
conseil général de la commune qui donne le nom
de MIRABEAU à la principale rue de cette ville.
De PARIs, le 7 mai. La société des Jacobins,
dans sa séance du 7 mai, a arrêté de prendre le
deuil pendant vingt-quatre heures, pour la mort
du docteur Price, et d'écrire à cette occasion à la
société des amis de la révolution à Londres.
VARIÉTÉS.
D E s C L U B s. 581 .

V A R I É T É S.

L'AEcole des laboureurs , ouvrage dans lequel on


explique aux citoyens des campagnes , d'une
manière nouvelle, simple et facile à compren
dre, ce que c'est que la révolution française, les
avantages qu'elle leur procure , les maux dont
elle les délivre et la manière dont ils doivent
se comporter pour en tirer tout l'avantage possi
ble : ou Lettre familière aux labotireurs de
Bretagne,parJ. M. le Quinio; seconde édition,
revue et corrigée.A Vannes, chez l'auteur et
chez les principaux libraires de France; prix
15 sols. - -

Il n'est que trop vrai que les habitans de #a


\
campagne ne sont pas instruits et que c'est à leur
ignorance qu'il faut attribuer les désordres qui
ont éclaté dans les campagnes à la naissance de la
liberté. La révolution a rompu leurs chaînes, et
leurs bras dégagés ont été dirigés au gré de leurs
passions et de celles des autres. Si quelque lu
mière les eût guidés, ils se seraient arrêtés là où !

commençait la licence, et la tranquilité publique |


n'eût pas dépendu de l'abus qu'on pouvait faire
de leur extrême simplicité. Ils aiment la révolu
tion ; ils aiment la constitution, mais s'ils étaient
instruits, leur attachement serait bien plus solide, -

- C c . - |
#

582 · J oU R N A L
ils connaîtraient mieux les bienfaits qu'elles leur
assurent ; ils feraient mieux la différence du passé
et du présent. « Ils ont le sens droit , ils sont sus
ceptibles d'étendre leurs idées; mais il faut prendre
la peine de les conduire , se faire un devoir d'en
trer avec eux dans les derniers détails et les leur
présenter sous une ſorme analogue à leur position
et à leur ignorancé. » -

« On leur lit les décrets au prône de la messe ;


mais en général ils n'y entendent rien..... Ils n'ont
d'ailleurs aucune connaissance de ce qui a précé
dé, accompagné, suivi la révolution ; cela ne
se lit point au prône, et je ne connais aucun livre,
aucun papier public qui soit à leur portée. »
Ces réflexions ont engagé l'auteur à travailler
pour l'instruction des habitans de la campagne.
Maire de Rhuis pendant trois ans, il a souvent
fait des prônes politiques à la maison commune ;
il a recueilli le fruit de ces soins patuiotiques.
Ecouté avec plaisir, entendu par ses auditeurs à
la portée desquels il savait se mettre, il a répandu
des lumières parmi ses concitoyens. Animé du
même zèle, il a publié cette lettre familière qui
a produit un heureux effet dans les départemens
des côtes du Nord, du Finistère et du Morbihan.
ll serait a désirer qu'elle fût répandue dans les au
tres départemens, et qu'elle donnât à quelques
amis du bien l'idée de se consacrer à l'instruction
des campagnes. - -

Guidé par l'expérience, M. le Quinio a saisi


*
» r s C L U B s. | 583
dans cet opuscule le ton qui convient à cette
portion de citoyens pour laquelle il écrit. « J'écris,
dit-il, pour des gens absolument ignorans, et je
n'ai pas crû pouvoir m'exprimer d'une manière
trop simple, ni redouter les détails, et peut-être
même les répétitions. La méthode que j'ai prise
est la seule qui m'ait semblé propre à donner aux
citoyens des campagnes la manière et l'habitude
de réfléchir ; c'est une leçon élémentaire de po
litique et de philosophie , mise à leur portée,
prise dans la nature, qui les mène pas à pas , et
plus que quelqu'autre livre que je connaisse capa -
ble de les dépouiller des préjugés qui ont si fort re
tardé parmi nous les progrès de la raison. »
L'auteur s'est proposé d'expliquer aux habitans
des campagnes ce que c'est que la révolution.
Pour exécuter cette idée , il examine avec eux ce
qu'ilsétaient avant la révolution, ce qui l'a amenée,
ce que c'est que les aristocrates, ce qu'ils ont fait
et ce qu'ils font pour s'opposer à la constitution,
quels biens elle produit, et ce qu'il faut faire pour
que ces biens soient durables. . -

« Depuis le roi jusqu'à vous, leur dit-il, c'était


une échelle de distinction ; chacun voulait y mon
ter, vous restiez au bas, et tout le monde vous
passait sur le corps. »
« Vous étiez le jouet et les victimes de vos
seigneurs, de leurs intendans, de leurs gens d'af
faires et de leurs laquais; après ceux-ci les bour
Cc 2
584 | J o U R N A L
geois des villes se croyaient aussi des êtres plus
Importans que vous.»
« Les uns et les autres quoiqu'ils fussent beau
coup plus riches que vous, jouissaient de privilèges
et d'exemptions injustes. » Vous supportiez tou
tes les charges , tôus les impôts ; le trésor public
était enrichi à vos dépens, et tous ces MM. à
privilèges volaient le trésor public, pillaient les
coffres de l'état à mesure que le fruit de vos sueurs
y entrait.
· La dilapidation était devenue si excessive que
le gouvernement, ne sachant plus comment sortir
d'embarras, invita toute la France à nommer des
députés pour chercher les moyens de réparer le
mal.
A peine les députés sont arrivés à Versaillcs,
qu'on cherche à dissoudre l'assemblée.
L'auteur raconte ici les événemens des mois de
juin et juillet 1789.Il explique, avec la plus grande
clarté et de la manière la plus appropriée aux idées
des habitansdela campagne, comment l'assemblée
· nationale était composée, des divers intérêts qui
animaient le clergé , la noblesse, et le vœu mani
festé par tous les Français d'avoir de nouvelles loix,
un nouveau régime , et d'ètre gouvernés comme la
raison veut que les hommes soient gouvernés.
Pour leur expliquer ce que c'est qu'un gouverne
ment, leur en faire sentir la néces-ité, ct connaît les
principes sur lesquclsil doit être étabii,l'auteur fixe
l'attention deseslecteurssurunesociété de centhom
A

• - . - * -
DEs cLU B s ` 585
mes qu'il suppose jettés tout à coup dans une isle.
«Chacun prendrait son état,et cela feraitune société
où ils pourraient tous vivre heureux en s'entr'ai
dant et en s'aimant comme des frères ; ils n'au
raient pas plus de droits l'un que l'autre, ils seraient
donc tous égaux en droits, et voilà ce que sont tous
les hommes. Mais quoique l'un n'ait pas plus de
droits que l'autre, s'il est plus fort il voudra faire
le maître ; un autre qui est fripon, voudra voler
son voisin ; chacun aura de même ses passions et
voudra les satisfaire. Il faut donc que tout le monde
s'accorde à faire des règles qui puissent arrêter les
gens colères, afin qu'ils ne blessent personne , for
cer au travail les gens paresseux, afin qu'ils ne
vivent pas aux dépens des fatigues et des sueurs
des autres ; épouvanter les fripons, afin qu'ils ne
prennent pas le bien d'autrui , et ainsi du reste.
Ces règles-là, c'est ce que l'on appelle les loix
Vous voyez bien que ces loix doivent être l'ouvrage
de tout le monde et non pas d'un seul homme :
c'est l'accord de la volonté de tous ; il faut donc
que tout le monde soit appellé pour les faire, et
qu'il se réunisse dans un même endroit pour cela. »
Aprèsavoir fait comprendre comment une grande
nation, dans l'impossibilité où elle est de se réunir
pour faire ses loix, nomme des députés qu'elle
charge de cette ſonction, il explique ce que c'est
qu'un roi, quels sont ses devoirs et l'autorité qu'on
lui confie. De-là il descend aux autres fonction
naires publics, pour lesquels ils recommande le «
586 JoU R N A L
respect à cause du public qu'ils représentent ; mais
ce qui doit beaucoup contribuerà établir ce respect
nécessaire au bien public, c'est le bon choix de
ceux qu'ils appellent à remplir quelque fonction.
Les qualités indispensables qu'on doit rechercher
dans ceux que l'on choisit, c'est la probité et le
patriotisme, c'est-à-dire l'amour de la chose pu
blique, le zèle pour les nouvelles loix.
Il examine ensuite ce que l'assemblée nationale
a fait pour pour acquitter les dettes de l'état, et
abolir des impôts excessifs. Elle a dit qu'il n'y au
rait plus de privilèges, et que chaque citoyen con
tribuerait en proportion de ce qu'il possède. Elle
a rendu à la nation la propriété et la disposition
des biens de l'église, à la charge de fournir aux
frais du culte. -

Ces opérations justes et sages n'ont pas été du


goût des ci-devant privilégiés, des évêques et des
grands abbés ; ils ont protesté contre les décrets,
et ont voulu faire naître une guerre de religion.
--- Excellente leçon de tolérance. --- Horreur ins
pirée pour le fanatisme. -- Mauvaise foi de ceux
qui, sous prétexte de religion, ont protesté contre
les décrets. -

M. le Quinio prévient ensuite les habitans des


· campagnes des différens moyens que les aristocra
tes emploient pour parvenir à leur but, qui est
de renverser la constitution et de remettre les choses
comme elles étaient avant la révolution.
« Ils vous disent que vos députés vous trompent
)

D E S , C L U B s. 587
et ne défendent pas vos intérêts , ils excitent le
trouble et les divisions; ils exagèrent et augmen
tent autant qu'il est en eux les malheurs attachés \
&RUlX premiers momens d'une révolution, afin de
lasser, de fatiguer tout le monde et de faire re
gretterl'ancien régime ; ils voudraient nous mettre
en guerre entre nous-mêmes et rendre les habitans
des villes odieux aux habitans des campagnes.
Comme les citoyens des campagnes ne sont pas
instruits, ils trouvent aisé de leur faire accroire
ce qu'ils veulent, sur-tout quand ils peuvent être
aidés par quelque prêtre ennemi de la constitution ;
enfin ils voudraient nous mettre en guerre avec
les nations étrangères..... »
« Défiez-vous donc de tous les pièges qu'ils vous
tendent; défiez-vous sur-tout de tout ce qu'ils vous
diront par rapport à la religion..... »
« Voulez-vous un moyen sûr d'éviter tous les \
écueils auxquels vous êtes exposés, un moyen sûr
de n'être trompés, ni par les ci-devant nobles, ni
par les prêtres, ni par les gens de justice, ni par
les autres habitans de la ville, par personne enfin ?
apprenez à lire.
L'auteur invite fortement les habitans de la cam
pagne à se mettre en état de voir par eux-mêmes, »

en lisant les papiers publics. Ils y trouveront l'ins


truction qui leur est nécessaire ; ils y apprendront
ce qu'on fait à l'assemblée nationale, à la cour,
à Paris, dans tous les coins du royaume, ce qu'on
invente de nouveau dans les arts et metiers. « Vous
588 | JoU R N A L
serez, leur dit-il, bientôt aussi habiles que la plus
part des habitans de la ville ; la moitié d'eux. ne
lisent point d'autres livres. Quand vous aurez lu
le journal, vous pourrez causer avec tout le monde,
vous ne serez point étrangers aux affaires publi
ques. Rassemblez-vous tous les dimanches, et lisez
les journaux. Dans une assemblée chacun fait ses
réflexions sur ce qu'on a lu; vos réflexions à vous,
en ſeront faire à votre voisin , ce qu'il dira vous
fera vous-même ensuite faire une réflexion nou
velle. Vous apprendrez beaucoup plus enlisant en
public qu'en particulier. Après la lecture tout le
monde cause ensemble, et on s'instruit les uns et
les autres; lisez donc régulièrement le journal tous
les dimanches, lisez-le en public, c'est le meilleur
conseil que je crois pouvoir vous donner.» - ^

Nous le répétons : il serait à desirer que des


ouvrages tels que celui-ci fusseñt répandus dans
les campagnes : le succès en serait également ra
pide et certain; et ce n'est pas peu contribuer aux
progrès de la révolution, au maintien de la cons
titution que dese consacrer à l'instruction des cam
pagnes. Espérons que l'exemple de M. le Quinio
sera imité, et qu'il ne sera pas le seul ami de la
patrie auquel cette partie des citoyens français de
vra des lumières et le bonheur.

Réflexions sur le club des Jacobins.

Nous faisons lejournal des sociétés patriotiques ;


- mais
p E s C L U e s. . | 589
mais nous nous permettons de rappeler à l'ordre
certains clubs qui nous paraissent s'écarter des
principes. Nous avons parlé librement du club
des fédérés , du club des vainqueurs de la bastille,
du club monarchique, du club des cordeliers, de
la société fraternelle. Le club des Jacobins lui
même ne serait point à l'abri de notre censure , s'il
cessait d'avoir pour objet le maintien de la cons
titution, ce que nous ne croyons pas possible, car
pour parodier deux vers de Tancrède nous avons
toujours pensé que :
Si la liberté même habite sur la terre ,
Le club des Jacobins en eſt le sanctuaire.

Nous connaissons un grand nombre des mem


bres de ce club, et nous le disons avec autant de
plaisir que de vérité, nous ne connaissons pas de
plus honnêtes citoyens, de meilleurs patriotes,
d'hommes plus dignes de la liberté.
· Les autels de la religion la plus sainte sont quel
que fois desservis par d'indignes prêtres; plussou
vent peut-être les ministres respectables , confon
dus avec ceux dont la morale et la conduite sont
répréhensibles, se trouvent en butte aux traits de
la calomnie; mais les hommes pieux qui remplis
sent les temples, n'en portent pas moins des adora
tions sincères à la Divinité.
Le club des jacobins doit être regardé comme
un temple élevé à la liberté. La constitution en
est le gardien fidèle ; les patriotes sont seuls dignes
Dd

-- ^
J o U R N A L
d'y être admis ; trois mots sacrés pour eux , la
mation , la loi , le roi , ne sont pas seulement ins
crits sur les portes et sur les parois de l'édifice ;
ils sont gravés dans les cœurs, ils composent toute
la croyance, ils sont l'unique objet du culte. Mais
tous les temples sont exposés à receler par fois des
profanes, des fanatiques, des frondeurs, des im
posteurs, des incrédules.
Sans doute il s'est glissé dans le club des Jaco
bins des ennemis de la révolution. Il s'y trouve
des profanes , le nombre en est petit ; il se réduit
à quelques aristocrates déguisés, à quelques fac
tieux intéressés, à quelques hommes vendus à un
parti. Ce sont les moteurs secrets des troubles qui
nous agitent ; leur but est connu, ils veulent l'a
narchie, ils veulent le brisement et le démem
brement de l'empire pour dominer ensuite sur une
de ses parties. Ce sont des matières hétérogênes,
qui excitent la fermentation, et que la fermentation
finira par assimiler à la masse générale, ou par
rejetter au dehors.
Dans tous les temps, on a vu des esprits ardens
qui portent tout à l'extrême et sont loin du vrai
but. S'ils sont religieux ils aiment les austérités,
les privations, ils peuplent les déserts, ils ne con
naissent qu'un dieu livré au courroux et à la ven
geance ; ils sont enthousiastes, ils employent la
persécution, il leur faut des victimes, ce sont des
fanatiques. Il y en a quelques uns dans le club
des Jacobins ; ils adorent la liberté, mais la con
- -

- --- -"
D E s C L U B s. 591
noissent-ils ? Etre libre, selon eux, c'est ne re
connaître aucun joug , pas même le joug salutaire
des lois; c'est prendre sa pensée pour une inspira
tion divine, c'est prendre pour l'expression réflé
chie de la volonté du peuple la résolution d'une
foule quelquefois insensée et furieuse, et presque
toujours mue par des ressorts qu'elle ne connaît pas
elle-même ; c'est mettre de la violence dans toutes
ses actions ; c'est enfin vivre sans gouvernement |

fixe, comme les Tartares ou les Iroquois.


Au-dessous des fanatiques sont placés dans ce
club, des gens attrabilaires qui ne sont contens de -

rien au monde , pas même d'eux ; qui trouvent


l'assemblée nationale perfide, ils brûlent d'en être;
la constitution détestable dans son ensemble et
dans ses parties, ils auraient desiré d'en dresser les
articles; tous les décrets insignifians ou dangereux, \
ils voudraient les porter; le département tyranni
que, ils souſfrent d'en être exclus; la municipalité -

tour à tour aristocrate et ridiculement inutile, ils - |

en parlent par envie ; la garde nationale effrayante


ou mép.isable, ils sont enrôlés et ſont leur service
en enrageant; les mouvemens populaires, le com
ble du délire, ils ydonnent les mains; les sections
turbulentes et repréhensibles, ils y sont très-assi
dus, il n'y a que pour eux à faire des motions vio
lentes; les papiers incendiaires dignes du feu, ils
les lisent tous et se nourrissent de leur esprit ; les
grouppes punissables, ils s'y fourrent du matin au #

soir; les clubs souverainement impolitiques et le - º

Dd 2
J o URN A L
club des Jacobins très-mal composé, ils ne man
quent pas une de ses séances. Ils ne veulent ni
constitution, ni assemblée nationale, ni roi, ni
aristocratie, ni démocratie, ni gouvernement mixte
et représentatif, ils veulent trouver tout mauvais:
ce sont des frondeurs. -

Parmi les imposteurs qui se sont introduits aux


Jacobins, il faut compter tous ceux qui ne se sen
tent pas des talens assez éminens pour prétendre
au rôle de factieux, qui intriguent bassement, qui
| espèrent se faire une petite réputation en usurpant
la tribune pour y débiter une morale qui ne leur,
est pas propre, mais qu'on leur prescrit le matin
lorsqu'ils vont à l'ordre ; en répandant, en appa
rence, pour leur compte, des écrits où le men
songe , la contrainte et l'esprit de parti se font
sentir ; en faisant chaque jour une dénonciation
nouvelle ; en allant au-devant de celles qu'on ne
pensait point à porter au club : en effrayant sur
des dangers imaginaires ; en calomniant avec
adresse et sous le voile de l'intérêt public; en dé
chirant la représentation de tous ceux qui se con
tentent de remplir leur devoir, sans crier dans les
carrefours et sur les toîts : Je fais telle ehose, je
suis propre à tel emploi ; en mettant des paroles
| à la place des actions, l'astuce à la place du rai
sonnement, la populasserie à la place du patrio
tisme, l'impudence à la place du courage, la jac
tance à la place des services réels ; qui ſont tout
pours'attirer quelques bravo, quelque claquemens
- D E s C L U B s. 593
· de mains, quelque article dans l'Ami ou l'Orateur
du peuple, pour se rendre dignes de ramper hono
rablement un jour à la nouvelle cour des factieux,
lorsqu'ils auront réussi dans leurs projets.
Nous entendons par incrédules ceux qui, dé
signés sous le nom générique d'amis de la cons
titution, n'adoptent pas les bases de cette consti
tution. Des hommes respectables, des citoyens
très-patriotes peuventêtresincèrementrépublicains
et souhaiter de bonnefoi le gouvernement aristo
cratique, ou la démocratie pure. Chacun a sa ma
nière de concevoir et d'aimer la patrie; nous avons
assez fait voir dans tout le cours de ce journal que
c'était franchement et par principes que nous te
nions à la constitution française dont l'assemblée
nationale a posé les ſondemens, pour n'être pas
soupçonnés d'adopter une opinion qui s'en éloigne,
pour convaincre même que nous la croyons une
erreur. Mais nous ne serons point injustes et into
lérans, au point de condamner sévèrement ceuxqui
ne sentent pas comme nous. Que notre voisin pro
ſesse la religion qui lui paraît la vraie, nous ne
le mépriserons, ni ne le persécuterons jamais pour
cela, et dans ce sens les incrédules à la constitution
ne nous paraissent pas déplacés dans le temple de
la liberté ; ils peuvent même y rendre de grands
services, ils y offriront une barrière aux partisans
- du despotisme. -

Mais laissant de côté les différens partis qui


existent dans le club des Jacobins, ne considérons
z

594 J o U R N A L ` • -

que la société entière. Disons d'abord ce que doit


être un club, rapportons ensuite ce que nombre
de personnes prétendent qu'est le club des Jacobins,
pour finir par exposer franchement ce qui nous pa
raît être l'état actuel de cette société.
· D'après les décrets, que doit être un club ? Une
société de citoyens qui s'assemblent paisiblement
et sans armes, après en avoir donné avis à la mu
nicipalité du lieu. D'après la raison, que doit-on
faire dans un club ? Discuter les grands intérêts de
la patrie; étudier, suivre fidèlement la constitution;
la faire entendre à ses concitoyens, la leur faire
aimer ; entretenir le peuple dans la connaissance
de ses droits, l'accoutumer à la pratique des de
voirs de citoyens; le prémunir contre l'égarement ;
lui prêcher, par les préceptes etsur-tout parl'exem
ple, la soumission à la loi, sans laquelle il n'y a
qu'une licence affreuse , au lieu d'une véritable

liberté ; avoir les yeux ouverts sur les démarches


de ceux qui sont institués pour l'exécution de la
loi, et s'ils s'en écartent les dénoncer aux autori
tés légitimes supérieures, aux représentans mêmes
de la nation; éveillerl'attention du peuple et celle
de l'assemblée nationale sur tous les objets d'une
utilité générale, gouvernement, politique, juris
prudence, agricultnre, commerce, force militaire,
police intérieure, établissemens publics, bienfai
sance, éducation, sciences et arts, enfin sur tout
-
ce qui peut contribuer à la puissance et à la gloire
| de l'empire, à la liberté, à la sûreté, au bonheur
- D E S C L U B S, 595
des citoyens français. Ce rôle est magnifique à
remplir ; il suffit à l'ambition des amis de la cons
titution, qui ne doivent se réunir en clubs que pour
s'éclairèr mutuellement, et qui , dans aucun cas
ne peuvent se permettre de faire les fonctions at
tribuées aux corps administratifs. -

· On a reproché au club des Jacobins de contenir


dans son sein des factieux dans toute la force du
terme et la plupart des écrivains reconnus pour
très-incendiaires; on l'a accusé de tourmenter avec
acharnement ceux qui ne suivaient passes principes
aveuglément et qui prétendaient être libresd'uneau
tremanière que celle qu'il avait adoptée;onlui a fait
un crime d'entretenir une correspondance très-ac
tive avectoutes lessociétés patriotiques du royaume
et d'influencer par-tout en despote de l'opinion ;
on a voulu faire accroire qu'il déterminait les avis
qui prévalent à l'assemblée nationale et qu'il sa
vait, par des agens secrets ou des prosélites fervens,
gouverner souverainement les assemblées des sec
tions de Paris ; on a été jusqu'à lui reprocher de
diriger les mouvemens tumultueux du peuple, et
comme un nouvel Eole de souffler à son gré la
tempête et les orages.
Des gens ombrageux et méchans ont osé laisser
entendre que ce club avait adopté et suivi la con
duite des Romains; selon ces déclamateurs, plan
pareil, même marche, politique semblable, suc
cès égaux.
Les Romains, ont-ils dit, voulaient être libres
596 J o U R N A L
et que tout ce qui les environnait fut sournis à
leur puissance. Ils n'offraient leur alliance que
pour imposer bientôt un tribut ; ils s'étaient pro
posé d'étendre leur domination sur tout le monde
connu ; ils y parvinrent soit par la force des armes,
soit en semant la division parmi les peuples, soit
enfin en affiliant à leur empire les nations, les in
dividus; en accordant à certaines conditions le ti
tre de citoyen romain que des potentats venaient
mendier. Mais si la fierté, si la grandeur romaine
résidait dans le peuple, la politique et le plussou
vent la véritable souveraineté étaient concentrées
dans le sénat. Après avoir tout envahi, après s'être
affaiblie à force de s'aggrandir, Rome sentit le
besoin de se recruter ; elle donna trop facilement
la liberté, elle y joignit trop inconsidérement le
droit de bourgeoisie ; alors, outre son sénat, ses
patriciens, son peuple (plebs ), ses légions, elle
eut ses colonies, ses alliés, ses affranchis, ses trou
pesauxiliaires, ses soldats mercenaires ; alors aussi
l'univers ouvrit les yeux, mais il n'était plus tems ;
le monde ne fit que de vains efforts pour conserver
sa liberté, tout plia sous le joug jusqu'au moment
où l'anarchie la plus épouvantable vint déchirer
toutes les nations réduites en esclavage.
Pour nous, qui par goût et par justice n'aimons
quela vérité, nous la dironssurle club des Jacobins,
sans flagornerie, sans bassesse indignes d'hommes
libres : elle conservera dans cet écrit son air sévère,
mais noble. - - - - -

Prétendre
D E s C L U B s. . 597
Prétendre que tous les individus, composant une
grandesociété, possèdent également toutes les ver
tus qui constituent le vrai citoyen, ayent entr'eux
une unité parfaite de sentimens et d'opinions, ce
serait être dans l'erreur, ce serait exiger une chose /

sans exemple et sans raison, sur-tout dans le mo


ment où la constitution elle-même n'est point éta
blie d'une manière immuable ; dans le moment | - |
où il est peut-être impossible de décider lequel
a parfaitement raison ; dans un moment où , en
supposant que chaque loi portée soit tellement
sage qu'on ne doive pas se permettre d'y toucher,
au moins serait-il certain que toutes les loix ne sont
, pas liées ensemble, et que pour passer de l'une à
l'autre on manque de moyens. Autrefois un scan
dale commis par un prêtre animait contre tout le \
clergé, une lettre-de-cachet, crime d'un seul hom
me, remplissait d'horreur pour tout le ministère ;
, aujourd'hui une inconséquence faite par un admi
nistrateur rend coupable aux yeux du public tout
le corps auquel il appartient ; ne serait-ce point
· une injustice criante que de charger tous les amis
de la constitution des fautes de quelques-uns , ou - ,

de les supposer avoir tous la même façon de penser ?


Quoi! parce que Marat a été du club des Jacobins,
parce que Fréron en est, et que tous deux conseil- -

lent le meurtre, doit-on croire que ce club soit un 4

repaire d'assassins ? Parce que Robert est du club


des Jacobins, et qu'il prêche le républicanisme, | \

ce qu'il peut faire de bonnefoi et en honnête hom


-
-
- E G 3 - 3
598 J o U R N A L
me, en concluera-t-on que ce club ne soit composé
que de républicains et non point d'amis de la cons
|
titution, laquelle conserve un roi , qui n'est que
- -
- " -

· le premier magistrat du peuple, le premier citoyen


français ? Parce que quelques sections se sont adres
sées au club des Jacobins pour présenter des pé
titions, pour faire des dénonciations, ce qui sans
doute est une erreur de leur part; et parce que le
club, entraîné par le patriotisme qui abusait les
citoyens, les a accueillis sans réflexion , a reçu
leurs députations , est - ce une preuve que le
club prétende se mettre à la place des corps admi
nistratifs ? Parce que des orateurs sont montés à
la tribune pour y faire l'éloge de la calomnie, s'en
suit-il de-là que tous les membres du club soient
des calomniateurs ? Parce que l'on a prêté \'oreille
•un instantaux plaintes injustes de quelques soldats
amenés dans l'assemblée, doit-on dire que le club
conseille l'insubordination, applaudisse aux ou
trages et ne cherche qu'à armer les citoyens les uns
contre les autres ? Et quand il serait prouvé qu'il
y a dans le club des Jacobins un certain nombre
de factieux, que c'est à eux que nous devons les
troubles qui nous agitent, serait-ce une raison pour
accuser tout le club d'être factieux et de n'avoir
que de mauvais desseins ? Le club des Jacobins tient
une correspondance presque universelle avec tous
les clubs de la France; mais qui pourrait blâmer
ce commerce réciproque de lumières, cette ma
nière de s'entendre pour le maintien de la liberté
et de la constitution ? Voyons lamasse du bien que
D E s C L U B s. 599
cet établissement a produit, pensons aux services
réels que le club des Jacobins a rendu, soit en
discutant les matières qui ont donné lieu à des dé
crets, soit en ralliant les citoyensautour de la cons
titution, et gardons-nous de mériter à son égard
:
le reproche d'ingratitude, défendons-nous de l'in
justice d'attribuer au corps ce qui est la faute des
individus; sur-tout pénétrons-nous de cette grande
, vérité: que dans une assemblée de citoyens libres,
réunis à l'ombre de la loi, dans une assemblée
non politique et non délibérante, il est essentiel
que chacun ait le droit d'énoncer ses sentimens,
sans crainte et sans détour; et que tel puisse avouer
qu'il est républicain, tel autre qu'il aime la cons
titution telle qu'elle a été décrétée, un troisième
qu'il est aristocrate. Quoique ce mot doive écor
cher les oreilles d'un patriote, il faut s'accouturner
à l'entendre et à le pardonner, comme il faut qu'un
catholique voye un homme et un citoyen dans un
protestant, dans un juif, dans un mahométant.
Mais ce qui est condamnable dans toute société,
comme dans tout individu, c'est l'intolérance, c'est
la calomnie, ce sont tous les projets qui tendraient
à troubler l'ordre, à attaquer la sûreté, la vie ,
l'honneur d'un citoyen ; une dénonciation, fruit
d'une surveillance active, n'est point une délation
sans autrefondement qu'un mensonge. Que la'pen
sée, que les discours soient libres, mais que les
actions soient guidées par la loi, et alors le club des
Jacobins continuera de mériter par excellence le
nom de club des amis de la constitution.
6oo JoU R N A L

Lettre auae Rédacteurs du Journal.

« Patriotes et frères, à tant de scandales que


fournit une certaine partie de l'assemblée natio
nale, plus, une portion de l'autre partie, en faut
il donc joindre encore un d'un genre nouveau, je
veux dire, celui qui résulte de l'admission des
femmes à la barre, comme spectatrices.
A dieu ne plaise que je veuille interdire à cette
précieuse moitié de nous mêmes la faculté de
prendre quelque part à nos affaires, de s'instruire
de notre forme de gouvernement, de notre consti
tution ; car enfin , il ſaut bien que nos femmes
connaissent ce dont elles doivent jetter les pre
miers germes dans le cœur de leurs enfans ; mais
je soutiens qu'il est du plus grand inconvénient
d'exposer ainsi directement à la vue des législa
teurs des objets aussi séduisans , aussi intéressans
et aussi distrayans qne ceux-là.
. Voici, d'après mes observations, ce qui résulte
de cet usage tout nouveau. -

Comme presque toujours on place à la barre ou


les femmes, ou les sœurs , ou les nièces , ou les
cousines , ou les amies de MM. les députés, et
qu'elles sont directement sous leurs yeux , leur
présence excite, pour le mo ns , les mouvemens
d'un puéril amour propre. Alors on parle pour
parler , pour se faire remarquer, et en parlant,
l'on est hors de scêne, ainsi que ces acteurs qui
D E s C L U B s. 6o1
tout en déclamant de beaux vers, lorgnent dans
les loges les ci-devant comtesses et marquises leurs
, maîtresses : de-là tant de nugœ canorœ qu'on re
proche à tant de députés, qui excitent tant de
murmures, qui font perdre tant de temps ; de-là
tant de motions incidentes, et seulement mora
toires , tant d'amendemens et sous amende
mens. etc. , etc.
La jeune innocente , il est vrai , est là qui
baille d'étonnement et admire , mais le public
qui est plus loin, et qui n'en voit que mieuæ,
n'apperçoit alors qu'un fromage échappé du bec
du corbeau , pour attester qu'il n'est qu'un sot.
L'assemblée doit forcer le législateur à tous les
moyens de recueillement qui peuvent s'allier avec
l'indispensable publicité des séances, avec le cou
cours des hommes qui veulent s'instruire sur la
chose publique.
S'il s'agissait de jeux olympiques, des exercices
•v
de la gymnastie, de l'escrime, de l'équitation,
de la danse , je serais le premier à desirer l'in
fluence directe de la beauté ; mais ici , le seul
amour dont je veux l'influence, c'est celui du bon,
du beau en général, c'est-à-dire de l'ordre.
D'ailleurs la galante précaution de réserver aux
femmes des places à la barre, favorise leur paresse
et leur nonchalance; et, si l'on n'y met obstacle,
l'assemblée va se donner un ridicule ; bientôt on
appellera la barre, la place musquée de l'assem
blée , comme on appelle messes musquées les
-

va
>
'y -- • -

/
#
|

6o2 J o U R N A L
messes tardives qui semblent instituées pour ceux
et celles qui font de la nuit le jour , et du jour la
| nuit- - -

- | Dirai-je , pour finir par un trait de scandale


frappant, que j'ai vu un député noir profiter du
désordre, que produisoit dans l'assemblée une dis
•. cussion vive et tumultueuse, pour s'approcher de
la jeune provençale que tout le monde a vue à la
barre, et lui caresser la main, lui passer mème la
sienne sous le menton. Je l'ai vu, député noir !
c'est digne de vous. L'assemblée doit donc réser
ver la barre uniquement pour les hommes. »
Signé JA c QUES B OIL L E A U , d'Avallon,
Juge de Paix.

Réponse. Patriote et frère, comme vous, nous


· avons vu,nousavonsretrouvélagalanterie française,
mais nous cherchions la majesté d'un peuple libre.
Extrait d'un ouvrage intitulé : Intérêts et maxi
mes des princes et des états souverains. A •

Cologne, chez Jean du Païs », 1666.


Du Comtat Venaissin. ||

« Pour le comté de Venaissin, lepape l'eut d'une


étrange sorte : le comte de Saint-Gilles ayant sçu
| les plaintes de ses sujets, de ce qu'un curé ne vou
· lait point enterrer le corps d'un paroissien qu'il
· n'eût été payé d'une somme que la veuve et ses
| enfans ne pouvaient fournir; il commanda quel'on
portât le corps en terre , et que l'on fit la fosse

-
D E S C 1, U B s. . 5o$
profonde ; et après que le corps du défunt fût mis
dans la fosse, il commanda que le prêtre qui avait
été cause de la puanteur , pour avoir différé de
l'enterrer, fût jetté dans la même fosse, afin que
cet exemple chatiàt l'avarice ordinaire des prêtres.»
« Le pape en fût tellement indigné qu'il fit ve
nir ce comte à Avignon, où, après l'avoir tenu
prisonnier, chargé d'excommunications et d'une
austère pénitence, il le fit venir au cloître de l'é
glise épiscopale tout nud de la ceinture en sus, la
chemise pendante, les mains liées derrière le dos,
et le fit promener en procession comme cela ; de
vingt en vingt pas, il frappait d'une baguette sur
ses épaules. L'ayant honteusement promené et
flagellé de cette manière, il le fit remettre en pri
son, dont il ne peut sortir qu'au préalable, il n'eût
cédé toutes ses terres et seigneuries clll pape. Sor
tant d'un lieu très obscur, pour accomplir sa péni
tence, qui était d'aller visiter quelques églises,
comme il fût exposé tout d'un coup des ténèbres
à la lumière, il mourut peu après. (Révolutions
de Paris. )

. . . .. Je ne puis oublier, dit Linguet dans ses


annales politiques, le faste insolent de ces domina
teurs subalternes, (1) qui écrâsaient le peuple, qui
sacrifiaient des hommes à leurs cerfs , à leurs per

=,.

( I ) Des princes.
#
6o4 ' JoURNA L -

drix; qui ne se croyaient princes, et grands princes,


que quand ils achevaient de dévaster avec des meu
tes de chiens , de chevaux , de piqueurs , des
campagnes déjà ravagées par leur gibier, et dont
ils regardaient comme une de leurs plusglorieuses
prérogatives de pouvoir éterniser la stérilité.
Je me souviens toujours qu'en mai 1789, l'épo
que est remarquable, revenant de Bruxelles à
Paris , j'eus le malheur de me rencontrer sur la
route de Chantilly , avec les chiens de Monsei
gneur, qui allaient se promener à leur maison de
campagne : car les chiensde Monseigneur avaient
leur séjour pour chaque saison. Ils étaient au nom
bre de huit cens chiens A PIED; un corps de cava
lerie de 8o maîtres, c'est-à-dire de piqueurs bien
montés, les soutenait , le tout aux ordres d'un
chef à la livrée jaune et rouge. -

Ma voiture n'allait pas vite : mais enfin elle al


lait : le commandant de cette armée trouva mau
vais qu'on ne s'arrêtât pas pour laisser défiler sa
troupe : il marqua de l'humeur, osa faire des me
naces. Si je n'avais pas eu le costume anglais ,
le verbe haut de ma nature, un cocher allemand,
et sur-tout la circonstance en ma faveur, je ne sais
ce qui en serait arrivé : il aurait fallu livrer bataille
aux chiens de Monseigneur, ou céder humble
ment le pavé aux chiens de Monseigneur. -

Et à Ecouen , terme de leur voyage , lieu où


ces Messieurs prenaient leurs ébats d'été, j'ap
pris des détails qui ne contribuèrent pas peu à
augmenter
D E S C L U B 3 -6o5
augmenter mon horreur pour ce régime Princier. •

Le pain était cher alors : le peuple souſſrait, et


beaucoup. Les chiens ne souffraient pas. -

Il y avait exprès pour eux une boulangerie, et - *


un four toujours chaud : et tous les matins arrivait
au chenil, sous les yeux de tout le village, un nom
breux convoi de tombereaux bien escortés, rem- |
plis de têtes, de pieds , defressures de moutons ,
dont on faisait des soupes savoureuses à ces bien- -

heureux chiens. Aussi le paysan qui me donnait


CeS détails , ajoutait-il, en soupirant, ces bétes

là sont bien mieux QUE LEs PERsoNNEs. "

Quand on a vu tout cela, Monsieur, en 1789,


et les accessoires des plaisirs des princes; qu'ona
º - été embastillé deux fois pour le bon plaisir de ces
| mêmes princes, vous sentez qu'on ne peut être
partisansi de
choses rien de cequiquidégradait
corrupteur, touche àégalement
un état de
la t

nature humaine par les deux extrêmes, qui inspi


rait à la classe d'enhaut, une si monstrueuse dureté,
· qui réduisait les autres à un si douloureux anéan
tissement, à une si humiliante abjection. i

· Vous les tenons : ah les bonnes nouvelles !


C'est quelque chose de bien plaisant qu'un aris- ·

tocrate, mais très plaisant. Qui de nous n'a pas


ri au convalescent de qualité P · · · · -

Voulez-vous vous amuser, faites usage de ma


recette. Lorsque quelque idée noire me travaille,
F f
º 6o6 | Jo U RN A L
| je rassemble deux ou trois de ces comiques per- |

sonnages, et leur conversation remet l'équilibre -

dans mes humeurs. |

Hier cependant je n'ai pas obtenu l'effet ac- |

coutumé de ces entretiens, et pour la première


fois ils m'ont donné de graves inquiétudes.
Tous les rois de l'Europe, tous les Satrapes al
lemands vont entrer en France avec des forces su- i
périeures à celles du grand flagellateur d'une mer
irrespectueuse. -

La chûte du banc seigneurial dans les églises de


nos villages, l'enlèvement des armoiries, et la dé
fense faite à Madame d'Escarbagnas de prendre le ,

• titre de comtesse, sont de ces évènemens qui in


- téressent toutes les cours. Il y a long-temps qu'on
nous prédit qu'elles ne tolereront pas de pareilles
injures, et nous n'avons tenu compte de ces pré
dictions. Malheur à nous , les dispositions sont
faites; le projet de vengeance est arrêté, et sous
• peu de jours il va paraître un manifeste précurseur
- de la première et de la dernière raison des rois,
Ce redoutable écrit, intitulé manifeste de l'Eu
rope, où l'on nous reproche le scandaleux exem
ple que nous donnons aux nations, nous annonce
que les Majestés irritées vont enfin mettre un terme -
à nos forfaits..... Quoi vous riez ! mais rien n'est
· plus vrai. Vos ennemis triomphent; ils s'occupent
dans ce moment à compter leurs victoires, et ils
º
sont si certains du succès, qu'ils ont promis au ci
-

\
D E s . C L U E s. 6o7
devant évêques que dans six mois ils seront réins
tallés dans leurs palais. - -

Vous n'écoutez que vos journaux prétendus pa


triotiques qui, tous vous trompent et vous dégui
sent la véritable situation des affaires dans vos dé
partemens. Ils vous disent, par exemple, qu'il n'y
a qu'un très petit nombre de prêtres qui ayent re
fusé le serment. Eh bien, on vous en impose ; et
la preuve c'est que dans toute la Bretagne on veut
conserver les anciens pasteurs. On laisse bien pro
céder à de nouvelles élections ; mais on s'oppose
formellement à l'installation des élus. Dernière
ment un ecclésiastique assermenté substitué dans
un village à un curé réfractaire a été chassé par
les paroissiens ; il a eu recours à la municipalité
de Rennes. Le maire suivi d'un détachement de
la garde nationale s'est mis en marche pour faire
exécuter la loi. A cette nouvelle, les habitans du
village réunis à vingt autres paroisses, formant un
corps de plus de trente mille hommes ont repoussé
le détachement, blessé le maire et tué le com
mandant. Ils avaient bien raison nos ennemis lors
qu'ils disaient que le serment était le drap mor
tuaire de la constitution. Que faut-il faire ? voilà
de terribles nouvelles : nous sommes réellement
dans de grands dangers..... ne pourrait-on pas les
prévenir en composant. ..... vous ne m'écoutez
pas ! Citoyens , où courez-vous donc ? aux ter
mopyles. -

Ff 2 .

**- •
- • --
-- -- -
_ -
, - ·
- --
--- -
- - - -

6o8 JoUR NAL

· NoUVELLES DES DÉPARTEMENS.


- De GRENoBLE, le 7 mai. Depuis quelquesjours
il arrive dans cette ville beaucoup de Savoisiens qui
viennent respirer un air libre. Plusieurs d'entr'eux
se proposent de parcourir la France, et de ne re
tourner à Chambéry que lorsqu'une révolution y
aura détruit les abus et le despotisme du gouver
neur, M. Perron. Ils assurent qu'il y a présentement .
à Chambéry un grand nombre de troupes et des
canons, malgré le traité passé avec Louis XIV, par
lequel il est statué que le roi de Savoie ne peut
point avoir de canon dans tout le territoire de
Savoie.
* A en croire les ennemis de la patrie, l'ancien
ordre de choses ne tardera pas à se rétablir. Ils
étayent leurs assertions des manœuvres ténébreuses
qu'ils mettent en usage pour inspirer la méfiance,
et conduire le peuple au dégoût de nos loix régé
nératrices. C'est ainsi que, par des insinuations
perfides, des libelles hebdomadaires, ils tâchent
de persuader aux habitans des campagnes que les
contributions nouvelles seront pour eux une sur
charge bien plus considérable que les anciennes.
Mais les efforts impuissans de ces taupes aveugles
· ne peuvent séduire un seul instant les vertueux ha
bitans des campagnes. --- O vous ! qui regrettez un
régime oppresseur où ies places étaient à vendre -
-
-
· • ' ' ;
* • --
t

D E s C L U B s. 6o9
et non à mériter, songez que nous ne sommes
plus dans un siècle de ténèbres, et que la révolu
,
tionne ſera pointune marcherétrograde; ils n'igno
rent pas, les époux de la terre, que vous cherchez
à les tromper, que vous étiez dans l'état sembla
bles aux branches parasites qui épuisent peu à peu
la sève du tronc qui les supporte. Vous allez en
juger par les exemples suivans qui démentent vos
prédictions sinistres. -- La commune de Paladru,
· (département de l'Isère) considérant que la con
tribution foncière ne sera en recette dans tout le
royaume que dans l'espace au moins de trois mois ;
que cependant l'état a des besoins quotidiens; que
le retard du recouvrement des contributions four
| nirait aux ennemis de la constitution les moyens
de causer des troubles, etc. etc. a arrêté le 17 avril
1791 : - - - ,

« Qu'elle fera à la nation une avance de treize


cent soixante-huit livres un sol sept deniers, sur
l'imposition foncière qui doit être mise en recette
dans le cours de la présente année, et qu'à la dili
gence du procureur de la commune, la présente
· sera envoyée dans deux jours à MM. les adminis
trateurs du district, pour que, sur leurordonnance,
le rôle soit mis en recette, et la somme versée dans
la quinzaine dans la caisse du district, etc.»
| | La commune de Pommiers a pris une sembla
ble délibération le 2 de ce mois. Beaucoup d'autres
sans doute imiteront cet acte de patriotisme. ----
Voici un autre trait qui ne prouve pas moins le

- -

-—--- -- -- ---- -
- | --*-- - - --
--
* - -
- -
6 yo ,J o U R N A L
civisme de ceux qui en sont les auteurs. La muni
cipalité d'Auris en Oisans, district de Grenoble,
en formant les sections de son territoire pour la
répartition de la contribution foncière, a nommé
ses sections ainsi qu'il suit : première, la révolu
tion.Deuxième, la constitution. Troisième, la
nation. Quatrième, la loi. Cinquième, le roi. Si
xième, laliberté.Septième , les patriotes. Huitième,
^ les noirs. Neuvième, l'égalité. La section sous le
nom (les noirs) est un sol ingrat, marécageux,
changé très-souvent de sombres vapeurs, et dont
l'aspect est aſfreux. --- Sectaires de l'ancien ré
gime, je vous laisse juges de la comparaison.Ex
Araiº du Journ.patr. de Grenoble. -

• *
D'Aix. La lettre que la société des amis de la
constitution de cette ville vient de recevoir de la
société des amis de la révolution à Londres, at
teste la générosité inaltérable des sentimens de ces
fiers insulaires à l'égard des Français travaillant à
assurer leur liberté sur dès bases solides. « MM.,
nous aurions dû depuis long-temps vous accuser
la réception de la lettre infiniment honnête que
vous nous avez adressée, il y a quelques mois ;
mais nous avons voulu attendre le retour de quel
ques membres absens. Les amis de la révolution,
en Angleterne, ne peuvent que se croire très-ho
norés, en apprenant que l'établissement de leur
sociétéa donné lieu de former, en France, de sem
| blables associations, parmi lesquelles nous distin
guons partigulièrement la société séante à Aix.Ils
#

- ---- ---- - _ -- .
l

- D E s C L U B s. 61 r
savent combien les associations sont utiles pour
soutenir l'esprit public, et propager la liberté; et
sur-tout en France, dans un moment où les plus º

grands efforts sont nécessaires pour parvenir à ce


but. -

: Oui, MM., que les hommes vertueux et libres


s'unissent, et forment une liguesacrée; ils chasse
ront le vice en le couvrant de honte, et banniront
le despotisme de l'univers. L'union générale que
forment, dans la nation française, les citoyens et
les soldats animés du même esprit , cette union si
chère aux amis de la liberté , et si odieuse aux
partisans du despotisme qu'elle remplit d'eſfroi,
n'a qu'à se conserver dans sa pureté et dans sa vi
gueur primitive, pour assurer la liberté, et par
conséqtent le bonheur de votre empire. Qu'elle
produise ce salutaire effet, et qu'elle étende sur
tout l'univers sonheureuse influence : c'est, croyez
nous, MM., le plus ardent de nos desirs. Quelque
jeune que soit la liberté, sa voix est forte, ses traits
sont beaux, sa stature mêle et robuste ; la juste
proportion et l'harmonie de ses membres, nous
assurent que notre Hercule enfant, est doué dès son
berceau , d'une saine constitution , et d'une force
capable d'étouffer ce monstre à trois têtes qui
règne sur les malheureux humains, la tyranniemo
narchique , aristocratique et ecclésiastique. En
remportant cette victoire, vous écrâserez, ou plu
tôt vous avez déja écrâsé l'insupportable orgueil
des nobles et des prêtres, soutiens et agens du
n

-
"- -- ..
612 J o U R N A L
despotisme, dont on peut même dire qu'ils cons
tituent l'essence. En détruisant la tyrannie, vous
avez légitimé la monarchie , qui , pour la pre
mière fois, est devenue une partie du gouverne
ment français. Sanctionnée par le consentement
de tous, elle remplit, dans votre constitution, un
rôle honorable pour elle-même, et salutaire pour
les peuples. La nation française, ainsi renouvellée
et ainsi unie pour le maintien de la liberté, il n'est
aucune coalition des usurpateurs, monarchiques,
aristocratiques et ecclésiastiques, de la souverai
neté du peuple, qui puisse vous ravir vos droits
légitimes. Quelles que soient la malice et la noir
ceur de ces ennemis de toute société, ils n'ont au 1

cun prinêipe sur lequel puisse s'établir entre eux


une confédération stable. Leur foiblesse intrinsè
que, dont ils ont tous le sentiment intime, décon
certera toujours leurs combinaisons les plus pro
fondes; et elles ne feront qu'accélérer , au lieu de
retarder, les conséquences qu'ils redoutent le plus.
Ainsi donc, malheur à toute nation qui s'effor
cerait de troubler la constitution que vous avez
établie ! et honté même à notre contrée, si elle en
faisait la tentative! Ce n'est point à des Anglais à
tremper dans une conspiration contre la liberté.Ce
n'est point à des Anglais, qui ne peuvent que se
rappeller la folie de leurs anciennes guerres contre
la France, causée par les vaines prétentions féo
dales de leurs rois normands, à se plonger de nou
veau dans tous les horreurs d'une guerre , pour
-, soutenir

-
-

- - • -- --- --- . -

-- · - » •* -- - -- - ---*
- D E s C L U B s. 613 #

soutenir en faveur des autres, des prétentions fon


dées sur cet abominable systême; et il ne peutêtre
ni de l'intérêt, ni de l'honneur des Anglais , de
justifier en aucune manière par leur conduite,
dans cette occasion, l'arrogance que leurs ancêtres
détestèrent dans Louis XIV, lorsque soutenant la
cause du roi J acques, il s'efforça de renverser la
constitution de la liberté, établie par notre glo
rieuse révolution de 1688. Nous nous flattons,
MM., que l'aveu de ces sentimens de notre part,
ne sera point désagréable à la société des amis de
la constitution , séante à Aix , dont la correspon
,dance nous énorgueillit.
· Nous sommes, etc., les membres de la société
»
des amis de la révolutioif, séante à Londres.
Signé, Co o P E R, secrétaire.
· De CoLMAR, le 4 mai. « Dimanche dernier,
le mandement de notre évêque constitutionnel de
vait être lu à l'église de Ribeauvillé dans le voisi
nage de cette ville. Pour en faire lecture , on fut
obligé d'avoir recours au ministère d'un huissier,
qui même ne put l'achever. Une poignée de gens
séduits , et sur - tout un bataillon de femmes ,
interrompirent le lecteur et le ſorcèrent de se re-'
tirer dans la sacristie, abandonnant la lettre pas
torale à leurs griffes exterminatrices. Cinquante
chasseurs d'Alsace sont allés rappeller à l'ordre
cette armée payée en indulgences. »

Gg
614. J @ U R N A L
Par-tout , sur les montagnes, comme dans les
plaines, c'est principalement dans les femmes qu'on
· remarque le plus d'exaltation ; pourquoi ? Parce
que c'est sur ces têtes faibles que les prêtres ré
fractaires ont particulièrement exercé leur empire.
De NANTES, le 7 mai. A côté des égaremens
réitérés des fausses dévotes, plaçons les élans de
patriotisme et de sensibilité que viènt de manifes
ter une religieuse de l'ordre de ces sœurs qui, à
Paris, ont si courageusement marché sur les traces
de leurs directeurs, et qui en ont été si mal récom
pensées. Le 4 mai , une des dames du dehors de
la communauté de Sainte-Claire, étant chez un,
administrateur du district de Nantes, y prouva,
par les expressions les moins équivoques, tout le
civisme dont elle faisait profession, et donna les »
témoignages de la vénération la plus vraie pour
l'évêque constitutionnel. Elle ne dissimula point
la faiblesse de toutes les religieuses de sa commu
nauté à céder aux suggestions des prêtres réfrac- .
taires. Elle fit plus ; sur la proposition qui lui fut
faite d'assister au service célébré pour Mirabeau,
elle accepta avec un empressement qui fit connaî
tre la part qu'elle prenait à la perte du grandhom
me que nous regrettons. On lui attacha le ruban
national dont elle se laissa décorer avec cette satis-
faction extérieure qui peint si bien les sentimens
du cœur. -

e De PARIs , le 1o mai. Amis du bien général,


surveillez ces froids partisans du nouveau régime, *
& "
',

|
[. - D e s C L U B s. 615
: . qui, en paraissant coopérer à établir la constitu
tion, la renversent d'une manière plus efficace que
' ceux qui s'en déclarent ouvertement les ennemis.
- Vous qui faites profession de patriotisme, mais
qui n'avez pas assez de force pour sacrifier des
habitudes particulières, un bien apparent à l'intérêt
commun , sachez que par votre faiblesse vous
, échauffez dans votre sein des serpens qui vous dé
chireront tôt ou tard; encore si vous seuls deviez
porter la peine de votre coupable compassion ; ,
mais pensez que votre criminelle condescendance
met tout l'état en péril. C'est aux sociétés patrio
tiques du département de l'Ain que je ſais part de
mes soupçons, afin d'éveiller leur vigilance active.
Si l'on peut faire quelque fonds sur les récits
naïfs d'une jeune personne dont la corruption des
villes n'a point encore gâté le cœur, j'ai tout lieu
de présumer que certaines municipalités des cam
pagnes de ce département sont au moins trop.fa
ciles sur le serment de leurs pasteurs, et laissent
la direction des ames à des guides trop justement
suspectés. Amis de la constitution , travaillez à
éclairer des citoyens que l'on égare; la ci-devant
province de Bresse vous offre encore des terres à
cultiver. Pasteurs, instituteurs, que tout fonction- -

naire public, en un mot, soit tenu de manifester


des principes conformes à la constitution. R....
Les nouvelles reçues de Nantes au sujet de l'in
surrection qu'étaient parvenus à exciter les prêtres
et les nobles dans le district de Challans, départc
# Gg 2 '
616 J o U R N A L
ment de la Vendée, ne sont rien moins que ſavo
rables aux contre-révolutionnaires. Encore une ſois
leurs projets paraissent avortés. Les gardes natic
naux de Nantes n'ont pas été plutôt informés du
danger que couraient les patriotes du district de
Challans, où deux citoyens et un officier municipal
avaient été tués, que sans attendre la réquisitiondela
loi, un grand nombred'entr'eux arrêtèrent de partir
à leurs frais pour allersecourir leurs frères. Leur ar
rêté, mis à exécution, ils trouvèrent en chemin
| des députés desgardes nationaux de Challans, qui ve.
naient demander ces secours qu'ils allaient leur of
frir. Poursuivant leur route, ils arrivèrent au camp
*- , •
le 4 mai , sur-lendemain d'une action qu'avaient
osé tenter les rebelles qui avaient été punis de leur
témérité.A peine arrivés, un courier dépéché de
Saint-Gilles annonce que les paroisses voisiness'as
semblent et que le tocsin sonne de toutes parts.
L'armée ayant nommée le commandant-général ,
l'ord,e est donné dese porter vers Saint-Gilles. Les
· paysans apprenant qu'on marche contr'eux, crai
gnent ; leurs chefs viennent au district de Chal
lans se disculper, on s'assure d'eux, et pendant
ce tems on continue de s'avancer vers Saint-Gilles.
-
La terreur avait saisi les habitans; les gardes natio
naux sont recus comme des dieux tutélaires, l'ordre
serétablit. Les paysans trompés avouent qu'ils n'ont
agi qu'à l'instigation de leurs prêtres.
-

v,

» r s c t u » s. 617

.

A s s E M B L É E
#
N A T I O N A L E.

Fabrication décrétée d'assignats de 5 livres pour


cent millions; fabrication d'une nouvelle monnoie
de cuivre pour l'échange de ces petits assignats ;
récompense accordée aux citoyens qui ont dénoncé
les fabricateurs de faux assignats; liberté entière
donnée aux prêtres non assermentés et à tous les
ministres de religion quelconque d'avoir des tem
ples pour leur culte particulier ; droit de pétition
consacré pour tout citoyen sans distinction ; droit
,» d'affiche accordé à tous les individus; lieux destinés
-
aux affiches des autorités publiques, distincts de
ceux destinés aux affiches des particuliers ; droits
des sections et formes de leurs délibérations déter
minés; organisation de deux nouvelles compagnies
de gendarmerie nationale résidentes à Paris; dis
cussion ouverte sur la constitution des colonies ;
tels ont été du 6 au 12 mai les principaux points
de délibération de l'assemblée nationale.
Le mercredi 12, l'assemblée nationale a décrété
que le droit de pétition appartient à tout individu
et ne peut se déléguer, et que toute pétition sera
signée par les individus qui la feront --- ce qui est
de toute raison; il était bien plaisant de voir la
majorité de citoyens présens à une assemblée en
chaîner la minorité pour lui faire demander ce
• r - • « - -\

qui était entièrement contre son vœu , tandis qua


618 . J o u R N A L-
cette prétendue majorité ne composait quelque
fois pas le sixième des citoyens actiſs de la section
dont le reste ignorait même que l'on fût assemblé.
Que les citoyens non-actifs jouiront de ce droit
comme les citoyens actifs, --- rien ne pouvait être
plus juste, l'activité civique n'augmente pas les
besoins, ne fait pas maître les idées utiles ; et
puisqu'un citoyen non-actif a droit à la liberté
et est soumis aux lois comme un citoyen actif,
pourquoi n'aurait-il pas eu comme lui droit de pé
vitron ? -

Que les assemblées de communes ou de sections


de communes ne peuvent s'occuper que d'objets
*
PuEement municipaux. --- Il y a long-temps que
les citoyens amis des lois et de l'ordre , desiraient
qu'on prévint les fermentations intestines et qu'on
otât aux turbulens les moyens d'égarer le peuple. .
Que les coprsadministratiſs n'auront pas le droit
de pétition. --- H y a dans cette mesure deux dis
positions bien sages. La première que la pétition
étant individuelle, nul ne peut se présenter pour
un autre ; ainsi la municipalité, le département
ne peuvent aller demander pour moi, ni pour mon
voisin ce que nous ne demandons pas nous mêmes.
La seconde, c'est que si les corps administratifs
eussent eu le droit de pétition, ils auraient été
continuellement en butte aux sollicitations des ci
toyens en plus ou moins grand nombre ; et comme
ceux qui prennent à tâche de retarder la marche
des administrations pour avoir le doux plaisir de
"


-

- e
-- 1 - - i
D p S C L U B S. - 61y |

crier contre les administrateurs, n'auraient pas ,


manqué de leur décocher journellement une ſoule -

l'. de mécontens, vrais ou prétendus, il en seraitré- |.

3 sulté que tous le temps aurait été employé en pro- #


l menades réciproques , en plaintes , en délibéra
tions oiseuses. Alors même le refus du droit de
• petition aux communes ou sections de communes
aurait été doublement illusoire, la pétition aurait
eu lieu sous une autre forme et un autre nom , -

elle aurait eu bien plus de force, faite collective- · i ·

ment au nom d'une commune par une grande mu


nicipalité, ou un département. 1

Que toute affiche pourra être faite par un ou


: plusieurs individus, mais à charge d'être signée, ·
qu'une place distincte sera marquée pour les affi
- ches des actes émanés des officiers publics, et que \
· les affiches ne pourront jamais être faites au nom - * /

- d'une société ou autre collection de citoyens.—


En effet , n'étoit-il pas ridicule de voir les pla
cards posés par le département ou la municipalité -

couverts par une dénonciation ou un arrêté quel- · · ·


conque d'un club qui n'a jamais dû avoir le droit - #

de prendre des arrêtés et de rien faire afficher en | #|


qnalité de club ? Nous pensons avec M. Rhœderer
que ce serait ajouter à la sagesse de ce règlement
en ordonnant que toute affiche sera timbrée; il est
juste de faire tourner au profit de l'état la déman
geaison de tapisser les murs. Le bonheur de se 49

faire imprimer , de se faire lire à tous les coins «

de rues ne saurait trop se payer. -

Fin du second trimestre et second volume,

—- * ----- a - | "-" --
A V IS D E S R É D A CT E U R S.

D'après le vœu manifesté plus d'une fois par


un grand nombre de sociétés patriotiques , d'a
voir entr'elles une correspondance plus suivie,
que celle que leur offrait un journal qui ne pa
raissait qu'une fois par semaine , nous nous
sommes empressés de chercher les moyens de
satisfaire leur desir;en conséquence nous avons
pris des mesures pour faire paraître régulière
ment deux fois par semaine le journal qui est
consacré à publier leurs travaux civiques.Vous
nous sommes même arrangés de manière à pou
2 oir le faire paraître plus souvent , lorsque les
circonstances présenleront des événemens dont
la prompte publication pourra intéresser les so
ciétés. Chaque V°. n'était composé que de trois
Jeuilles , il le sera toujours de trois feuilles et
demie, partagées en deux fois au moins ; el
dans des cas pressans nous ne craindrons pas
de le rendre plus volumineux, … .
. On souscrira dorénavant au seul Bureau du
Journal , rue du Fauxbourg-Montmartre , n".
6, où l'on voudra bien adresser tout ce qu'on
desirera faire insérer dans le Journal. Le prix
sera toujours le même , savoir, de 3o liv. par
an pour Paris , et 36 liv. pour les départemens.
· Tous nos souscripteurs présens et futurs sont
priés de faire dater leur abonnement ou renou
vellement du commencement d'un trimestre ,
c'est-à-dire, des 2omai, 2o aoiit, 2o novembre,
et 2o février.
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Tout ce que le patriotisme aura dicté trouvera #


place dans ce Journal. Ceux qui voudront faire · ·
passer aux auteurs, des annonces, lettres, mé- ' .
· moires, ouvrages etc. sont priés de les adresser,
· · port franc, à MM. les Directeurs du Journal . ;
- des Clubs , rue du faubourg Montmartre, n°. 6. -
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