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INTRODUCTION
Au cours des deux dernières décennies, le contexte économique de
l'ensemble des pays en développement, a été marqué par un endettement
excessif. Dès l'acquisition de leur l'indépendance, les nouvelles autorités
africaines, chargées de mener la bataille du développement économique et
social, se sont vite rendues compte que les infrastructures d'équipement et de
production léguées par le colonisateur étaient insuffisantes pour amorcer un
quelconque décollage économique. Entre le besoin d'investissement dégagé
et nécessaire, compte tenu des objectifs de croissance accélérée, et les
ressources internes disponibles, le fossé est immense. La seule issue de
secours est le recours à l'endettement extérieur pour combler le déficit de
capitaux propres nécessaires au financement du développement économique.
L'endettement extérieur est considéré comme la dette contractée chaque
année par un gouvernement ou un Etat auprès des pays partenaires et
Institutions Financières Internationales, pour financer son effort de
développement.

C'est dans ce sillage que des modèles de développement ont été


expérimentés dans le but de rattraper les pays occidentaux. L'objectif final
était d'aboutir à une croissance économique accélérée pour combler le déficit
de développement qui les maintient dans un état de pauvreté inquiétant. La
croissance économique qui aurait été amorcée aurait créé les ressources
nécessaires au remboursement des prêts contractés.

Ainsi, à partir des années 1970, des sommes importantes ont été empruntées
par les pays en développement pour satisfaire un désir d'investissement
intensif destiné à réaliser des taux de croissance forte du produit intérieur brut.
Au lieu de créer la croissance attendue, le mécanisme a conduit à un cercle
d'endettement public extérieur.

Si on avait considéré en son temps que le manque de capital était une des
causes principales du retard du Tiers Monde et que le recours au crédit et aux
investissements extérieurs était considéré comme un élément normal de
politique économique dans ces pays. De l'avis de certains auteurs « il aurait
été impensable que ces pays, jusqu'à la fin des années 1960 deviennent des
emprunteurs privilégiés du marché international des capitaux et que les
sommes empruntées atteignent les montants en cause aujourd'hui ». (J-C
Sanchez ARNAU, 1982)1(*).

Les effets négatifs du niveau élevé de l'endettement sur le suivi des politiques
macro-économique nécessaire à la croissance et au développement ont été
admis, en partie, à travers le financement préconisé par le plan Baker [1985],
mais surtout, depuis les accords de Toronto [1988] et le plan Brady [1989],
dans le cadre de négociations fondées sur des menus d'options combinant
réduction et refinancement de la dette. Ce dernier point a été pris en compte
par l'initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE ou HIPC),
adoptée par le FMI et la Banque Mondiale en octobre 1996, et renforcée à
Cologne en 1999. Cette initiative tente d'apporter une solution définitive au
problème de la dette.

Face à ce problème récurrent de l'endettement sans précédent des pays en


développement, le Mali n'a pas échappé au fléau. Au début des années 1980,
le pays a été confronté à une crise économique et financière persistante avec
un point de mire le problème de la dette. Le tarissement des sources
traditionnelles à modifier le cadre de sa politique économique, et à réviser les
modalités de son financement public.

Au plan macro-économique, de 1970 à 1999, le PIB réel du Mali est passé de


360 milliards de francs CFA à 921 milliards de francs CFA, soit un taux annuel
moyen de croissance de 3,3 %, toutefois irrégulière sur la période, 4 % pour la
première décennie 1970-80 contre

2 % seulement pour la décennie 1980-90, et ensuite 3,7 % par an depuis 1990


(DNSI, Comptes économiques du Mali, avril 1999).

Les contre-performances du début des années 80 ont donné lieu à


l'application des politiques d'ajustement structurel, qui ont eu pour effet une
croissance régulière de 1982 à présent, excepté les années 1992-1993 où l'on
observe une diminution du PIB, de 4 % ; d'où l'intérêt pour le Mali de
l'ajustement monétaire d'abord en 1984 traduisant par son retour à l'intérieur
de l'Union économique et monétaire de l'Afrique de l'Ouest (UEMOA) , puis la
dévaluation du franc CFA en janvier 1994.

Le faible niveau du taux de croissance, surtout du PIB, s'est aussi


accompagné de la faiblesse de l'épargne locale et donc de l'investissement
local, et ceci bien que l'environnement macroéconomique soit de plus en plus
assaini. L'évolution des finances publiques était caractérisée par une relative
stabilité du déficit budgétaire, le solde budgétaire global hors dons se situait
en 1999 à 8,7 % du PIB. Cette évolution résulterait des effets conjugués d'une
progression des recettes budgétaires de 6,8 % et de celle des dépenses
publiques de 9,5 %. Quant au solde global, il se détériorerait en passant de -
3,7 % du PIB en 1999 à -4,5 % en 2000, en liaison avec la baisse des dons.
Le taux d'épargne est passé de 7,7 % en 1980 à 25,3 % en 1996, avec le plus
fort taux de 27 % en 1994 et un creux de 5 % en 1985 lorsque le cours du
coton (principale matière première d'exportation) avait considérablement
chuté. L'investissement direct étranger ne semble pas pallier l'insuffisance de
l'effort interne pour l'accroissement des capacités intérieures de production et
la modernisation du système productif.

35,5 % et d'un taux brut de scolarisation de 25 %). Ce niveau d'IDH classe le


Mali au 166ème rang sur 174 pays. La population du Mali augmente selon un
taux de 2,3 % l'an en raison d'un accroissement naturel très important : l'indice
synthétique de fécondité est de 6,7 enfants par femme et le taux
d'accroissement naturel est de 3,4 %. La différence entre le taux
d'accroissement naturel et le taux d'accroissement de la population est due à
une forte émigration. Le taux d'urbanisation, qui est estimé seulement à 28 %
en raison de l'exode rural, augmente rapidement : le taux de croissance de la
population urbaine est de 6 % l'an. Le revenu Malien par habitant est évalué à
250 dollars EU en 1997 ce qui est inférieur au revenu moyen de 321 $ relevé
pour l'ensemble des pays africains2(*). Il fait partie du groupe des pays à
revenu faible et de celui des pays les moins avancés.

Le stock total de la dette du Mali a commencé à être relativement important à


la fin des années 70 ; les 100 milliards de FCFA sont dépassé en 1990 et
l'accumulation va se poursuivre à partir de là pour dépasser 1000 milliards de
FCFA en 1994. La dette commerciale (ou dette privée) représentant rarement
plus de 5 % de l'encours total. Ainsi, la dette extérieure du Mali se décompose
en dette multilatérale et dette bilatérale. La part de la dette multilatérale a
régulièrement progressé et prédomine à partir de 1995, alors que celle de la
dette bilatérale régressait de façon régulière à partir de la même période.
Au 31 décembre 1999, l'encours se répartissait uniquement en dette publique
multilatérale (72 %) et en dette publique bilatérale (28 %). A cette date, les
principaux créanciers multilatéraux étaient l'IDA (37 %), la Banque africaine de
développement (12 %) et le FMI (11 %); les principaux créanciers bilatéraux
membres du Club de Paris comprenaient la France (9 %), le Japon (4 %) et
les autres bilatéraux dont la Chine (5 %), l'ex-URSS (4,6 %) et les Fonds
Arabes (4,2 %) (World Bank, World debt tables, External debt of developing
countries, volume II, Country tables, 1987-90, 2000).

A fin décembre 2004, l'encours de la dette publique extérieure, estimé à 725


milliards de FCFA, a représenté 64,47 % du PIB contre 43,42% en 1980.
L'intérêt qui était de 1,58 milliards en 1980 est aujourd'hui de 18,5 milliards
FCFA. Le service de la dette extérieure du Mali s'est aussi accru , passant de
9,8 en 1970 à 73 milliards FCFA en 1980 à 111,1 milliards FCFA. De cette
dette extérieure, la dépense publique destinée au secteur de l'éducation est
passée de 3, 2 % du PIB de 1985-1987 à 2,2% du PIB de 1995-1997. Quant
au secteur de la santé, il a connu une amélioration par rapport à celui de
l'éducation, passant de 1,2% du PIB en 1990 à 2,1% du PIB en 1998. Aussi,
de 1994-1997 37,2% du total de la dette a été destiné aux infrastructures et
services sociaux contre 18,3% aux infrastructures et services économiques
(OCDE, CAD, système de notification des créances).

Bien qu'il y a eu l'assistance technique et financière des partenaires aux


développements, la dépendance vis à vis du financement extérieur est restée
constante. Plus spécifiquement, la nécessité de réduire le fardeau de sa dette
l'a conduit à quatre passages devant le Club de Paris 1988, 1989, 1992 et
1996 (Banque Mondiale , GDF, 1999), puis des négociations avec la Russie
en vue du traitement de la dette envers l'ex-URSS aux conditions du Club de
Paris, des moratoires avec la Chine sur des prêts assortis d'intérêt nul,
solliciter et obtenir des allégements de dette envers des créanciers bilatéraux
comme l'Egypte, la Libye, le Maroc, le Qatar et la Yougoslavie, demander son
éligibilité au bénéfice des facilités prévues dans l'initiative PPTE . Chose
effective aujourd'hui, car, le Mali est perçu comme un pays très endetté ce qui
lui value le bénéfice d'un allégement de sa dette extérieure ces dernières
années.

Nous estimons que cette dette pourrait avoir un lien sur l'évolution récente des
relations extérieures, aux plans commercial, économique et financier. Ce qui
nous conduit à étudier le lien qui existe entre des variables hypothétiques de
l'endettement et le niveau de la dette extérieure du Mali.
Pourquoi est il important de mieux comprendre quels sont les facteurs qui
agissent sur le niveau d'endettement du Mali ?

Dans les pays en développement, les principales contraintes de la politique


budgétaire et de la gestion macro-économique sont une base d'imposition
inadéquate, une capacité limitée à collecter les impôts, le recours au
financement monétaire (dans certain cas) et la dépendance à l'égard du
financement extérieur, (St ETIENNE, 1990)3(*) traduisant des niveaux élevés
de la dette publique.

Cependant, le degré élevé de la dépendance à l'endroit du financement


extérieur, créateur d'endettement pour financer les déficits budgétaires dans
certains pays, qui souvent entraîne une instabilité macro-économique. De tel
sorte que, les différents Sommets des Chefs d'Etat des pays les plus
industrialisés au monde et les consultations des bailleurs de fonds en ont fait
une préoccupation majeure. La problématique de la dette revient à l'ordre du
jour de la plupart des rendez-vous internationaux. Car, il s'agit d'un élément
central des enjeux économiques du monde actuel. Depuis quelques années,
le problème de l'endettement fait l'objet d'un grand nombre de travaux et
suscite diverses interprétations. Dans la littérature, l'endettement est lié à un
déséquilibre. Suivant les cas, il s'agit soit du déséquilibre épargne-
investissement, du déficit budgétaire et du déficit de la balance courante.
L'approche du "double déficit" est attribuée Chenery [1966]4(*) qui peut être
transposée en approche du "triple déficit" (Bacha, [1990], Taylor [1994])5(*), en
ajoutant le déficit budgétaire. Ces études ont ouvert la voie à des recherches
fécondent dont la majorité a testé les hypothèses générales

La plupart des études sur la détermination des facteurs susceptibles


d'encourager ou de réduire le niveau total de la dette extérieure publique,
s'accordent à reconnaître comme des variables hypothétiques influençant
l'endettement, les variables suivantes. Il s'agit, du déficit budgétaire (Reisen et
VanTrotsenburg [1988]6(*), Blancheton (2004) et Arcand (2000)), l'ouverture
commerciale (Raffinot (2001)), la balance courante, le taux de change,
( N'diaye (1993), Sachs (1988), Krugman (1988), Boreinsztein (1990) et
Cohen (1996)), l'importation, l'exportation, le taux d'intérêt, la variation des
termes de l'échange, le taux de croissance, le service de la dette (Artus et
Morin (1991), Loubelo (2002), Ndo Dong (1991), Yapo (2001), Eichengreen et
Portes (1986) , Ojo (1989) , Ajayi (1991), Cohen (1996), Rougier (1994) ).
Parmi toutes ces études, celles qui traitent les déterminants de l'endettement il
n'est pas fait cas de la fuite des capitaux et de l'impact du surendettement sur
le niveau de l'encours de la dette. Certains auteurs ont fait beaucoup d'effort
pour le premier à une analyse statistique, exemple surtout dans le cas de la
fuite des capitaux en Afrique notamment Boyce et Ndikumana (2000). Pour le
second, il apparaît pour montrer l'impact du fardeau virtuel de la dette (debt
overhang) sur l'investissement (Gürbüz et Raffinot, 2001) et sur le taux de
change (Sene, 2004). Ce surendettement peut expliquer les difficultés de
nombreux pays à sortir du sous développement en raison de son effet
dissuasif sur les efforts des débiteurs à améliorer leurs performances
économiques (Corden [1988], Krugman [1989], Sachs [1989], en particulier)7(*).
Aujourd'hui, les économistes ont progressivement reconnu le surendettement
et la fuite des capitaux comme un obstacle majeur à la croissance et au
développement des pays débiteurs et ou de ses conséquences en termes de
contraintes de liquidité et de rationnement du crédit sur les marchés
internationaux (Borensztein,1990 , Callier,1989, Claessens ,1990, Hofman et
Reisen ,1990, Froot 1989 )8(*) et (Hermes et Linsink, 1992)9(*).

Face au problème de fuite des capitaux, le surendettement et à celui du


caractère spécifique de l'endettement du Mali, ce pays n'a autre source de
financement de son développement que l'endettement international. Ainsi,
malgré son niveau d'endettement, le pays continuera donc à s'endetter. A
terme le pays va persister à moins qu'il se réalise des allègements successifs
dans le temps comme aujourd'hui avec le programme PPTE. Cette succession
d'allègements étant peu envisageable, il faut identifier des mécanismes par
lesquels les pays en développement pourront continuer à s'endetter tout en
maintenant leur capacité de remboursement. Donc, traiter les déterminants de
l'endettement, savoir que tel ou tel facteur permet de favoriser la dépendance
à jamais vis à vis du financement extérieur ou de décourager cet état de fait,
voir assurer le payement des engagements de la dette extérieure. Ceux-ci
nous conduit en effet, à poser le problème d'identification des facteurs
explicatifs du niveau de la dette extérieure des pays en développement.
Autrement, c'est se demander quelles sont les variables hypothétiques
explicatives de l'évolution de la dette publique extérieure de ces pays. La
question devient alors « comment le Mali pourra faire face aux
remboursements de ses dettes ou recourir à l'endettement massif dans
l'avenir?

CHAPITRE I.
QUELQUES CONCEPTS ET
INTERPRETATIONS DE
L'ENDETTEMEMT PUBLIC
EXTERIEUR DANS

LA THEORIE ECONOMIQUE
Le présent chapitre est consacré aux concepts et théories de l'endettement.
Le premier titre définit les concours de l'endettement et le second titre
présente les explications de l'endettement.

I. DEFINITION DE QUELQUES CONCEPTS DE


L'ENDETTEMENT

Nous verrons sous ce titre la dette extérieure et le surendettement puis les


notions des étapes de la balance de paiement et de solvabilité/souténabilité.

1. Dette extérieure et surendettement

1.1. Endettement extérieur et dette odieuse

1.1.1. Dette extérieure

L'endettement extérieur d'un pays est une transaction économique naturelle,


qui permet aux agents économiques nationaux et étrangers de procéder à des
arbitrages inter temporels mutuellement avantageux, qu'ils n'auraient pas pu
réaliser dans une économie fermée. Pour être naturel et favorable à l'efficacité
du système économique, les flux de capitaux peuvent néanmoins déboucher
sur des situations de crise d'endettement, et on considère souvent que la dette
extérieure crée autant de problèmes qu'elle n'en résout. C'est à dire, on
entend par endettement l'ensemble des concours demandés par un
Gouvernement auprès des partenaires (bilatéraux, multilatéraux, institutions
financières, marchés financiers, etc) pour financer les actions de
développement qui n'ont pu être prises en charge par le budget national. C'est
le montant total des dettes contractées, chaque année l'endettement
augmente à cause de nouvelles dettes et diminue parce que les dettes
antérieures sont remboursées. A ne pas confondre endettement et déficit (ou
besoin de financement). Le déficit annuel est à l'origine de la variation
annuelle de l'endettement. Aussi, la dette extérieure est le plus souvent
remboursée en devises étrangères.

Nous retenons de ces définitions, que la première est beaucoup trop


théorique, mais par contre l'autre définition est plutôt technique.

- Dette publique : contractée par des emprunteurs publics (un état) auprès de
particuliers,

des banques, des entreprises, des états.

- Dette privée : emprunts contractés par des emprunteurs privés (banques


commerciales,

grandes entreprises) quel que soit le prêteur. Certaines dettes privées sont
devenues des dettes publiques car les états du Tiers Monde ont donné leur
aval.

- Dette bilatérale : contractée par un état auprès d'un autre état et négociée
au sein du Club

de Paris (le cartel des états créanciers).

- Dette multilatérale : contractée auprès des institutions financières


internationales (FMI, BM). Plus le pays est pauvre, plus la part de la dette
multilatérale est importante.

- Taux d'intérêt nominal / taux d'intérêt réel : Le taux d'intérêt nominal est
égale au taux d'intérêt réel majoré par le taux d'inflation.

- Le service de la dette : amortissement du principal emprunté +


remboursement de l'intérêt.

- Le rééchelonnement : consiste à repousser dans le futur les échéances


d'un prêt.

- Le Club de Paris : groupement des principaux états créanciers. Présidence


et secrétariat sont assurés par le trésor français.
- Le Club de Londres : enceinte de la négociation entre gouvernements
débiteurs et banques créancières.

- Les Institutions financières internationales: Nous en retenons les deux


fameuses institutions Financières.

- La Banque Mondiale (BM) : créée en 1944 à Bretton Woods. C'est une


banque transnationale chargée de prêter à long terme pour financer des
actions de développement dans le Tiers Monde ou les ex-pays socialistes.
Son capital est apporté par les états membres et elle emprunte sur les
marchés financiers. Montée en puissance de cette banque à la fin des années
60 sous la direction de Mac Namara.

- Le Fonds Monétaire International (FMI) : créé à Bretton Woods en 1944


pour assurer la stabilité monétaire internationale par des taux de change fixes
et aider ponctuellement des pays connaissant des difficultés de balance de
paiements. Son capital est constitué par l'apport en devises fortes et en
monnaie locale des pays membres (182 en 1998). En fonction de cet apport,
chaque membre a des Droits de Tirage Spéciaux : des actifs monétaires
échangeables contre des devises d'un pays tiers. Huit pays en détiennent
50% (les USA 18%, la France 5%, le Royaume Uni 5%).

En 1971 (fin des accords de Bretton Woods et de la parité or / dollar), le FMI


voit disparaître sa fonction de surveillance du système de Bretton Woods, les
grands pays ont laissé flotter leur monnaie, c'est le début de la spéculation
financière. En 1973 (choc pétrolier), les PVD importateurs de pétrole sont
touchés, le FMI devient une «coopérative» de banques centrales.

Quand les caisses d'un état sont vides, il peut emprunter au FMI, mais celui-ci
dicte ses règles et restructure l'économie de cet état. Le mode de décision du
FMI est celui d'une répartition des droits de vote en fonction de la cotisation
des états membres. Avec 18% les USA disposent d'une minorité de blocage.

1.1.2. La notion de dette odieuse

Selon Alexander Sack, théoricien de cette doctrine, « Si un pouvoir despotique


contracte une dette non pas selon les besoins et les intérêts de l'Etat, mais
pour fortifier son régime despotique, pour réprimer la population qui le combat,
cette dette est odieuse pour la population de l'Etat entier. Cette dette n'est pas
obligatoire pour la nation : c'est une dette de régime, dette personnelle du
pouvoir qui l'a contractée; par conséquent, elle tombe avec la chute de ce
pouvoir » (Sack, 1927)10(*).
Ainsi, les dettes contractées à l'encontre des intérêts de la population du pays
endetté sont «odieuses» et, en cas de changement de régime, les nouvelles
autorités ne sont pas tenues de les rembourser. La doctrine de la dette
odieuse trouve son origine au 19ème siècle. Une de ses applications remonte
à l'année 1898, lorsque les Etats-Unis prirent le contrôle de Cuba après la
guerre contre l'Espagne et que celle-ci leur demanda d'assumer la dette
cubaine à l'égard de la couronne espagnole, conformément au droit
international. La Commission de négociation des Etats-Unis refusa cette dette,
la qualifiant de «poids imposé au peuple cubain sans son accord». Selon ses
arguments, «la dette fut créée par le gouvernement de l'Espagne pour ses
propres intérêts et par ses propres agents. Cuba n'a pas eu voix au chapitre».
La Commission ajouta que «les créanciers ont accepté le risque de leurs
investissements». Le litige fut éteint par la conclusion d'un traité international
entre les Etats-Unis et l'Espagne signé à Paris en 1898. La dette fut
entièrement annulée11(*).

1.2. La notion du surendettement

Selon J.Sachs (1989)12(*) , le surendettement est analogue à la situation d'une


entreprise insolvable non protégée par les lois de la faillite. Dans ce cas, les
créanciers prennent des actions antagoniques pour se servir les premiers sur
la valeur restante des actifs, préjudiciables à la survie de l'entreprise. Sachs
démontre, à partir d'un modèle interpemporel à deux périodes, dans lequel le
service de la dette agit comme une taxe désincitative à la production. Pour lui,
il existe un seuil optimal d'endettement pour lequel tout supplément marginal
d'endettement conduit à une réduction importante de l'investissement et le
débiteur aurait intérêt à ne pas rembourser la dette. D'où la notion de debt
overhang (le fardeau virtuel de la dette).

2. Les notions des étapes de la balance des paiements et de

solvabilité souténabilité.

2.2. Les notions de solvabilité /souténabilité

Il y a maintenant deux façons d'aborder la notion de soutenabilité de la dette :


la première traditionnelle, considère qu'un pays peut rembourser lorsqu'il
dispose de ressources suffisantes pour le faire.

La seconde approche, plus récente, considère que des pays qui ont la
capacité de rembourser ne le feront que s'ils y trouvent leur intérêt.
II. LES DIFFERENTES INTERPRETATION S
THEORIQUES DE

LA DETTE EXTERIEURE PUBLIQUE

On peut regrouper ces différentes interprétations en deux conceptions. Les


conceptions anciennes et celles nouvelles.

1. Les anciennes conceptions

1.1. La conception keynésienne de l'endettement

Pour les keynésiens, l'endettement en général n'entraîne pas de coût ni pour


les générations présentes et futures du fait des investissements nouveaux qu'il
génère. Dans le modèle keynésien de l'endettement de l'Etat, la démarche
globale et les effets multiplicateur et accélérateur sont des caractéristiques
fondamentales de leur théorie. Dans cette approche, l'endettement favorisant
la relance de la demande globale entraîne par l'effet accélérateur une
augmentation plus que proportionnelle de l'investissement, qui provoque à son
tour une hausse de la production. Le déficit budgétaire, qui conduit par ses
flux successifs à augmenter le stock de la dette produit l'expansion du cycle
économique par la demande et l'investissement autonome. Le déficit auquel
correspond l'emprunt stimule la demande et permet d'alléger le coût de son
remboursement Cet argument reste plausible tant que le sous-emploi des
ressources productives existent, selon la thèse keynésienne14(*).

1.2. La conception classique de l'endettement

Au contraire d'un endettement public qui favorise l'accumulation du capital et


la consommation des générations futures ou présentes, les classiques
assimilent l'endettement à l'impôt futur et imputent à l'Etat une connotation
négative. Selon Ricardo (1817)15(*), les citoyens voient dans l'emprunt un impôt
différé dans le temps et se comportent comme s'ils sont contraints de payer un
impôt ultérieurement pour rembourser cet emprunt quelque soit le décalage
intergénérationnel. En d'autre terme, le comportement des agents
économiques est guidé par une anticipation à la hausse des impôts. Toutefois,
une réserve peut être introduite selon la nature ou la qualité des dépenses
(dépenses de transfert ou d'investissement) financées par l'emprunt.
1.3. La conception de l'école des anticipations rationnelles face à
l'endettement

Il faut donc remarquer que Barro expose sa théorie grâce à un outil appelé
fonctions d'utilités inter temporelles à générations imbriquées, appelé principe
d'équivalence Ricardienne. La paternité revient à Ricardo mais le principe est
attribué à Barro (1974)16(*) . Il approfondit la thèse de Ricardo en combinant les
thèmes d'évictions et d'anticipations rationnelles. Selon lui, si le gouvernement
finance un accroissement de dépenses publiques en ayant recours à l'emprunt
(cher aux keynésiens), ou s'il abaisse les impôts en laissant la dépense
publique et la masse monétaire inchangées, le public va anticiper les hausses
d'impôts qui seront nécessaires ultérieurement pour payer les intérêts de la
dette accrue et pour rembourser le principal. De ce fait, les agents savent a
priori que ces deux modalités de financement sont un recours aux déficits
publics ; ils savent aussi qu'il aura alourdissement de la dette publique et
usage de la taxe inflationniste. L'accumulation de l'inflation à long terme et
l'augmentation des impôts finiront par rendre peu crédible l'Etat. Les agents
vont donc se préparer à la purge fiscale future. Ils vont accroître leur épargne
actuelle en prévision des alourdissements futurs des impôts et ne se
considéreront pas plus riches après la mise en oeuvre de la politique de
relance. Il en résultera que cette politique suivie par le gouvernement n'aura
aucun effet stimulant sur l'économie, quelles que soient les modalités de
financement des déficits ; les effets à long terme sont équivalents. Cette
proposition générale signifie donc la neutralité de la dette publique à long
terme (multiplicateur fiscal et budgétaire tendant vers zéro).

II- THÉORIES DE L'ENDETTEMENT

Plusieurs théories ont été développées sur l'endettement d'un pays. Elles vont
de la perception même de l'emprunt public à la capacité d'endettement d'un
pays. Le but de cette section est de présenter ces différentes théories en les
renforçant si possible par des études empiriques réalisées.

II.1- Perception de la dette publique

L'endettement de l'État n'a jamais fait l'unanimité chez les économistes. Sa


perception varie selon les écoles de pensée. C'est ainsi que certains
économistes pensent que la dette peut être nécessaire et même efficace pour
le développement d'un pays alors que d'autres rejettent systématiquement
l'emprunt public et pensent que tout emprunt public ne peut qu'être nuisible
pour les agents économiques.

II.1.1- Rejet de la dette publique (classiques)9(*)

Les classiques assimilent l'endettement public à un report de l'impôt sur les


générations futures et imputent à l'État une connotation négative. Selon
RICARDO (1817), les citoyens voient dans l'emprunt un impôt différé dans le
temps et se comportent comme s'ils sont contraints de payer un impôt
ultérieurement pour rembourser cet emprunt quel que soit le décalage
intergénérationnel. En d'autres termes, le comportement des agents
économiques est guidé par une anticipation à la hausse des impôts. BARRO
(1989) montre qu'une politique de déficit budgétaire financée par l'emprunt
reste sans effet sur l'activité économique dans la mesure où les agents ne
sont pas victimes de l'illusion fiscale. Ils anticipent alors une hausse des
impôts destinés à rembourser l'emprunt en constituant une épargne d'un
montant équivalent à l'endettement public. Pour SMITH (1759), la dette est
pernicieuse et ne doit pas être encouragée. Elle incite le souverain à des
dépenses inutiles et favorise l'irresponsabilité. J.B. SAY (1799) pense qu'il faut
limiter l'emprunt public parce qu'en plus d'alimenter la consommation publique
destructrice de richesse et de valeur, il fait intervenir le paiement des intérêts.
HAYEK (1989) dénonce l'endettement comme étant une croissance
artificielle, fondée sur un investissement supérieur à l'effort d'épargne de la
nation. Ainsi, pour les classiques l'État doit tout simplement assurer sa mission
régalienne à partir des ressources générées par l'activité économique. Toute
intervention de l'État dans l'économie est source de sous-optimalité et de
nuisance. Aucun déficit budgétaire n'est justifiable et par conséquent,
l'emprunt public n'est pas envisageable. Cependant, d'autres écoles
contestent cette pensée et pensent à l'efficacité du financement par l'emprunt,
d'un déficit budgétaire justifié et maîtrisé.

II.1.2- Nécessité de la dette publique (Keynésien et HARROD-DOMAR)

Contrairement aux classiques, les keynésiens pensent que l'endettement


public en général n'entraîne pas de coûts ni pour les générations présentes, ni
pour les générations futures du fait des nouveaux investissements qu'il
génère. Ils pensent que le principe de l'équilibre budgétaire ne doit pas
toujours être respecté. Un déficit budgétaire justifié et maîtrisé peut être un
facteur de relance économique, de lutte contre le chômage : stimulation de la
demande et/ou de la consommation globale (infrastructures), qui par le biais
de l'effet multiplicateur, sont capables de promouvoir une croissance durable.
Dans cette approche, l'endettement public favorise la relance de la demande
qui par son effet accélérateur, entraîne une augmentation plus que
proportionnelle de l'investissement qui provoque à son tour une hausse de la
production, permettant ainsi de créer les emplois et de lutter contre la
pauvreté.

Selon HARROD et DOMAR, il peut toujours y avoir croissance. Un État, pour


atteindre le taux de croissance garanti, peut être amené à créer un déficit
budgétaire et de le financer par un emprunt extérieur. En effet, l'hypothèse de
base du modèle de croissance de HARROD et de DOMAR est qu'il n'y a pas
de croissance si un pays n'investit pas et le taux de croissance de la
production est une fonction croissante du capital.

II.1.3- Efficacité de la dette extérieure

Contrairement aux idées développées supra, certains économistes


s'interrogent plutôt sur la capacité du financement extérieur à développer un
pays (puisque si un pays s'endette, c'est nécessairement pour concrétiser ses
projets de développement). Autrement dit, ils se demandent si le financement
extérieur entraîne un effet de levier ou de massue pour un pays. Aujourd`hui,
cette question est loin de faire l'unanimité chez les économistes. En effet, le
débat historique qui a opposé les partisans d'un financement extérieur
enrichissant et d'un financement extérieur appauvrissant a pris dans les
années 80, une dimension nouvelle.

Pour les uns, notamment les radicaux, le financement extérieur ne peut être
qu'appauvrissant pour l'économie réceptrice puisqu'il n'est rien d'autre qu'une
manifestation nouvelle de l'impérialisme au stade suprême du capitalisme en
développement dans un état de perpétuel asservissement. Pour les libéraux,
le financement extérieur est la manifestation de l'esprit de solidarité des pays
dits développés qui mettent généreusement à la disposition des pays en
développement des capitaux pouvant leur permettre de combler à la fois leur
déficit d'épargne et de développement, et de les hisser ainsi sur la voie royale
de la croissance économique et du développement.

Entre les deux idées diamétralement opposées, un courant intermédiaire


établit une relation empirique entre le financement extérieur, l'épargne
nationale et la croissance économique. Les relations économétriques testées
montrent que dans bon nombre de PVD, le financement extérieur peut être
considéré comme nuisible à la croissance et au développement dès lors qu'il
exerce une influence négative sur le taux d'épargne et développe au niveau
des populations du Sud une propension élevée à la mendicité et à l'assistance
internationale.
Toujours est-il que les PVD ont besoin des financements pour assurer leurs
investissements. Depuis les indépendances, il est noté que l'épargne
nationale est faible dans ces pays alors contraints de recourir aux emprunts
extérieurs. Ainsi, le problème de l'endettement surtout pour les PVD peut
plutôt se poser en termes de capacité d'endettement.

II.2- Capacité d'endettement

La crise de l'endettement a ouvert de nouvelles pistes d'analyse de l'emprunt


public. Le problème ne se situe plus au débat sur la nécessité de l'emprunt
public ou pas, mais plutôt à la capacité d'endettement d'un pays. En effet,
RAFFINOT (2004) trouve paradoxal le problème de la crise d'endettement du
tiers monde. Il se demande comment un État peut avoir des difficultés à
rembourser une dette contractée à des taux si faibles (0,75 % dans le cas des
prêts de l'Agence Internationale de Développement (AID) de la Banque
Mondiale) et à des conditions si favorables (durée de 40 ans, dont 10 ans de
différé pour ces mêmes prêts) ? La situation est encore plus curieuse si l'on
tient compte du fait que la part des dons dans le financement total est
également très élevée. Cette question remet en cause la capacité
d'endettement des PVD. Ainsi, nous pouvons nous interroger sur le niveau
optimal de la dette souveraine, c'est-à-dire, sur le montant maximal de la dette
qu'un pays peut emprunter sans avoir à compromettre sa croissance et la
création additionnelle de la richesse. C'est dans ce contexte que nous
examinerons dans les paragraphes suivants les théories de l'endettement
optimal et de la capacité d'endettement supportable.

II.2.1- Endettement optimal : modèle endettement-croissance

Dans la seconde moitié des années 90, les conséquences négatives d'un
endettement excessif sur la croissance des pays pauvres commencent à
susciter une attention croissante. Le fardeau virtuel de la dette ou « debt
overhang » est défini comme étant une situation dans laquelle se trouve un
pays débiteur, telle que l'encours de sa dette est élevé au point que toute
stratégie d'investissement est dépourvue d'efficacité. Cette inefficacité des
stratégies d'investissement demeure, à moins qu'il n'y ait une réduction du
stock de la dette ou de son service (CLAESSEUS et DIWAN, 1989)10(*).

La plupart des PVD ont bénéficié pendant les décennies passées,


d'importantes entrées de capitaux étrangers à titre de prêts souvent contractés
à des conditions concessionnelles (élément don supérieur à 25 %). Le constat
montre que le remboursement du stock de la valeur actuelle restante est «non
seulement virtuellement impossible mais également contre productif et
contraignant pour les pays pauvres » (PATILLO et al., 2002). S'assurer des
effets positifs d'un endettement extérieur c'est savoir à partir de quel niveau la
dette extérieure a un effet négatif sur les performances économiques du pays
emprunteur, c'est-à-dire le niveau au-delà duquel toute accumulation
supplémentaire n'est pas souhaitable. Cette approche d'analyse de
l'endettement nous conduit à parcourir les études relatives à l'endettement et
la croissance.

La plupart des études sur l'endettement public et la croissance émettent


l'hypothèse selon laquelle l'investissement est le canal indirect de
transmission des effets de l'emprunt extérieur sur la croissance. Ces études
révèlent que l'emprunt public ne fait pas systématiquement obstacle à
l'investissement et à la croissance. En effet, certains analystes pensent que
l'emprunt extérieur a un effet positif sur la croissance jusqu'à un certain seuil
au-delà duquel son effet devient négatif. Jusqu'à un certain seuil, les emprunts
supplémentaires accroissent la probabilité de remboursement. Car pour un
pays peu endetté, un accroissement d'emprunt extérieur peut stimuler la
croissance dans la mesure où le capital supplémentaire financé à l'aide de ces
nouvelles ressources rehausse la capacité de production. Si la production
augmente, il est plus facile pour un pays de rembourser sa dette avec les
intérêts. Au delà de ce seuil, les investisseurs sont découragés, car leurs
incertitudes augmentent au regard des moyens par lesquels l'État doit
s'acquitter de ses lourdes obligations du service de la dette. En effet, lorsque
la dette souveraine augmente, les investisseurs peuvent craindre que l'État
finance ses obligations du service de la dette par des mesures génératrices de
distorsions, par exemple en augmentant rapidement la masse monétaire
(conséquence directe : l'inflation) ou en augmentant le taux d'imposition
(conséquence directe : fuite des investisseurs). Et même s'ils investissent, il y
a de fortes chances qu'ils retiennent des projets offrant des rendements
rapides et élevés, et non des projets de longue haleine qui pourraient
rehausser durablement la croissance. Aussi, au-delà de ce seuil, le
gouvernement sous la pression des créanciers peut être contraint de ne pas
engager certaines reformes structurelles et budgétaires qui pourraient affermir
la croissance économique du pays et ses finances publiques.

Une étude de PATILLO (2002) portant sur 93 PVD durant la période 1969-
1998 confirme solidement l'hypothèse d'une relation entre l'encours de la dette
extérieure et la croissance. Les auteurs constatent que l'incidence de la dette
extérieure sur la croissance du PIB par habitant commence à être négative à
partir du moment où la VAN de la dette dépasse 160-170 % des exportations
et 35-40 % du PIB. Les résultats de leurs simulations ont abouti au constat
suivant : le doublement de la dette ralentit la croissance annuelle par habitant
d'environ 0,5-1 %. Une étude complémentaire (PATILLO, 2004) réalisée sur
61 PVD montre que le doublement du niveau moyen de leur dette réduit de
près de 1 % la croissance tant du capital physique par habitant que de la
productivité totale des facteurs.

Par ailleurs, d'autres études dont celle de CLEMENTS et al. (2005) montrent
qu'à partir de 50 % du PIB pour la valeur nominale de la dette extérieure ou à
20-25 % du PIB pour sa valeur actuelle nette, la dette pèse sur la croissance
des pays à faible revenu. Ces résultats montrent que la réduction substantielle
de la dette extérieure escomptée pour les pays bénéficiant de l'initiative en
faveur des PPTE aura pour effet d'ajouter directement 0,8-1,1 points à leurs
taux de croissance du PIB par habitant. Aussi, en moyenne, chaque fois que
le service de la dette augmente de un point du PIB, l'investissement public
diminue d'environ 0,2 %.

Enfin, les travaux de EICHENGREEN et PORTES (1986) sur l'identification


des déterminants du stock de la dette montrent qu'un endettement excessif et
le défaut de paiement tendent à réduire le taux de croissance réelle et la
crédibilité de l'État.

Ainsi, le problème de gestion de la dette extérieure se pose aussi en terme de


capacité de remboursement, c'est-à-dire la capacité d'un pays à produire et à
gagner des devises pour le remboursement de sa dette extérieure.

II.2.2- Capacité d'endettement supportable : capacité de transfert élargi

Dans ce paragraphe, nous analysons l'endettement supportable d'un pays par


sa capacité de remboursement, c'est-à-dire sa capacité à transférer une partie
de sa production à l'étranger pour assurer le service de la dette extérieure. En
définissant la capacité de paiement d'un pays comme le maximum
transférable à l'étranger, Keynes a réduit cette capacité de transfert au surplus
exportable. Il pense qu'un pays ne doit pas transférer tout son surplus de
production à l'extérieur au risque de briser le ressort de l'activité. Il semble
d'après TOUNA (1985) qu'entre la notion de surplus exportable et de surplus
total de production, il existe une notion intermédiaire de surplus plus
englobante qu'il assimile à la capacité de transfert élargi.

Pour décomposer cette capacité de transfert élargi, il part de la décomposition


Keynésienne du revenu global.
R = C + I + X - M (1)

Avec R, C, I, X, M respectivement le revenu global, la consommation des


ménages, l'investissement net, les exportations et les importations, I + X - M
est considéré comme le surplus total de production.

Sachant que Keynes définit l'épargne (S) comme l'excès du revenu distribué
aux ménages (Y) sur la consommation (C), l'on peut déduire que :

S = Y - C (2)

A partir des relations (1) et (2), la capacité Keynésienne de transfert à


l'étranger s'écrit :

R - Y = (I - S) + (X - M) (3)

R - Y est le revenu non distribué, autrement dit, le gain obtenu de la dette est
égal à la différence entre l'investissement net de la période et le flux de
financement.

(X-M) est le solde de la balance commerciale ou excédent commercial ou


encore surplus des exportations sur les importations.

(I - S) est le surcroît de valeur accumulée des investissements sur l'épargne


des ménages. Cet excédent, aussi appelé autofinancement est réductible au
surplus de la valeur accumulée sur les sources externes de financement. Il
peut s'agir d'un financement direct (actions, obligations) ou d'un financement
indirect (crédits bancaires).

I - S n'est pas nécessairement nul dans la mesure où S est ici l'épargne des
ménages. L'équation (3) indique que si la différence (I - S) est positive, la
capacité de transfert du pays est élargie par rapport à son niveau maximum (X
- M). Dans le cas contraire, cette capacité est restreinte.

La capacité de paiement d'un PVD est égale à sa capacité de transfert élargi


(X - M + I - S), qui détermine elle-même son seuil d'endettement supportable
ou niveau maximal d'endettement dans la mesure où le service de la dette est
au plus égal à (X - M + I - S).

En admettant par simplification que la monnaie a pour seules contreparties les


crédits aux entreprises et les créances à l'étranger, il revient que :

S = F + X - M (4)
Où F désigne le flux de financement externe des entreprises (dettes).

D'où l'on peut déduire :

I - F = I - S + X - M (5)

La relation (5) montre ainsi l'identité de la plus-value (I - F) et de la capacité de


transfert élargi (I - S + X - M). Le transfert élargi signifie le transfert à l'étranger
des plus-values financières.

De cette relation, on déduit R - Y = I - F

La grandeur I - F définit donc la capacité d'endettement extérieur du pays


débiteur. Elle est la limite au-delà de laquelle tout nouvel emprunt doit être
considéré comme non remboursable. La grandeur I - F doit toujours être
positive (I - F >0) pour que le pays soit en mesure d'honorer ses engagements
financiers extérieurs.

La dette publique est un concept vaste et complexe qui requiert plus de


précisions pour une meilleure compréhension. Dans le traitement et l'analyse
du processus de l'endettement, plusieurs intervenants sont concernés : les
États emprunteurs, les créanciers (bilatéraux et multilatéraux), des comités
consultatifs (Club de Londres et Club de Paris) et des IFI. L'émergence de la
crise de l'endettement du tiers monde préoccupe plus que jamais la
communauté internationale et le problème de l'endettement reste d'actualité.
Les débats sont toujours en cours sur la nécessité et l'efficacité de la dette
publique particulièrement pour les PVD.

Après avoir ainsi défini quelques concepts relatifs à l`endettement, nous avons
présenté les principaux créanciers, les différentes formes de financements
extérieurs, quelques théories pour comprendre le problème d'endettement
d'un pays. Mais, qu'en est-il de l'émergence de l'endettement des PVD ? Le
chapitre suivant, fournit quelques éléments de réponse à cette interrogation

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