Vous êtes sur la page 1sur 3

Le courage et l’honneur

16/10/2023 Lepoutre et Le Segretain du Patis

Esprit de la TT : le thème du courage et de l’honneur est un thème délicat à aborder car ce sont dans
ces vertus que le sacrifice de sa vie trouve sa raison. Le sacrifice, loin d’être évident, devra être abordé
avec nuance par les officiers : d’une part car c’est une notion souvent mal comprise par nombre de nos
contemporains, d’autre part car l’idée du sacrifice de sa vie n’est pas non plus un idéal à rechercher à tout
prix ; avant de se dire prêt au sacrifice ultime de sa vie, est-on prêt aux petits sacrifices du quotidien,
véritables actes d’amour et de courage ? Mais, nuance n’est pas tiédeur. La vocation de Cyrard doit
s’ancrer au-delà du folklore dans cette idée de don de soi total comme il avait été annoncé aux bazars à
Paris, et comme il leur a été rappelé ce week-end à Verdun par le Colonel des Gardes. “J’en prends à témoin
le premier Bataillon de France ! Les vivants seront dignes des morts” Général Tanant.

Horaires :
-19h45-20h00 : arrivée du conseil et début du cul bahut
-20h00-22h30 : révision des textes et apprentissage du texte (le Courage, Ernst Jünger)
-22h30 : arrivée des officiers, perception puis cornardage
-00h00 : tous les bazars doivent être rentrés, reprise du cul bahut
-00h00-? : révision des textes et débrief des perceptions

Texte de référence du bazar : Le Courage, d’Ernst Jünger :


« Le courage est le vent qui nous porte vers les rivages les plus lointains ; c’est la clef de tous les trésors, le
marteau qui forge les vastes empires, le bouclier sans lequel aucune civilisation ne saurait perdurer.
Le courage, c’est l’enjeu illimité de sa propre personne, c’est l’assaut que l’idée livre à la matière sans se
soucier des conséquences. Être courageux, c’est être prêt à se faire crucifier, c’est affirmer, même dans le
dernier soupir, l’idée dont on vivait et pour laquelle on meurt.
Maudit soit le temps qui méprise le courage et les hommes courageux ! »

Réflexion guidée sur le courage et l’honneur :


« Ce long compagnonnage avec le courage m’a été utile en prison et lorsque je suis tombé malade, à la fin des
années soixante-dix. Les heures tombaient une à une dans le silence. Je m’avançais sur les rebords du vertige,
lorsque la tentation de céder était trop forte. Je pensais alors à la nuit du tunnel et à mes frères de malheur, aux
heures d’attente dans les carlingues avant de sauter, et à ma mère devant son ouvrage, avec son aiguille, point
par point, dans la lumière pâle de l’hiver. Alors je marchais intérieurement, une respiration après l’autre, pour
atteindre la terre ferme, ou l’angoisse lâchait prise.
Ce courage-là me sera sans doute nécessaire en approchant de la mort. J’ai suffisamment vécu pour savoir que
mes victoires passées ne me garantissent pas contre l’affolement final. Chacun rejoue sa vie jusqu’à la dernière
seconde. C’est sans doute à ce moment-là qu’il me faudra retrouver, une dernière fois, le courage de ma mère,
son sourire et son regard vert. »
Hélie Denoix de Saint Marc, Les Sentinelles du soir

Le sacrifice fascine en même temps qu’il dérange ; on le voit bien à notre époque où bon
nombre de nos contemporains ne comprennent plus ce que peut bien signifier vouloir “donner sa
vie”, ce n’est d’ailleurs pas pour rien que le Commandant Hélie de Saint Marc écrivait : “Je me
répétais : «Si on doit un jour ne plus comprendre comment un homme a pu donner sa vie pour
quelque chose qui le dépasse, ce sera fini de tout un monde, peut-être de toute une civilisation»” ou
Jünger : “Maudit soit le temps qui méprise le courage et les hommes courageux”. Or dans cette
confusion moderne, l’officier doit être ce dernier veilleur, celui qui comprend et sait faire entendre
comment le courage et l’honneur français doivent savoir mener au sacrifice. Au fond, il y a quelque
chose dans tout cela d'indicible, la marque d’un passé où le courage, l’honneur et la fidélité guidaient
les pas d’autres combattants, le relent d’une ferveur qui poussa nos Anciens de la Croix du Drapeau à
prêter le serment de combattre en Casos. L’incrédule s’interroge : comment une vie peut-elle être
sacrifiée pour un idéal ? Pour la vie d’un innocent ? Pour un drapeau perdu au fond d’une tranchée ?
Le chef répond par l’appel du cœur.

Cet appel du cœur, c’est son honneur. L’honneur n’est pas le fait d’un moment, d’une
occasion, c’est plutôt le fruit d’une vie qui ne se plie pas aux concessions extérieures. D’ailleurs
l’honneur ne se recherche pas, il se cultive. L’honneur, pourrait-on dire, est le regard répété au
quotidien de l’homme dans son miroir resté fidèle, fidèle à ses convictions, aux hommes dont il a
charge d’âmes, à ses promesses de jeunesse. “Jeunesse et fidélité”, ainsi nous intiment les
Saints-Cyriens de la Nouveau Bahut. L’honneur est aussi de servir ses hommes, de servir le bien
commun. Il implique un profond désintéressement. L’honneur enfin est une posture, une attitude,
celle de Charette répondant à l’officier bleu lui déclarant “Que d’héroïsme pour rien !” : “Monsieur,
rien ne se perd jamais”. Bref, l’honneur est un regard sur soi. Le courage est son prolongement dans
nos actions.
On rêve parfois de courage, celui des preux chevaliers servant la veuve et l’orphelin, celui de
tel seigneur de guerre commandant une charge de cavalerie, celui de l’officier combattant le
Viêt-Minh sur la RC4. Le courage est aussi celui des petites choses : celui du lever, celui de rester
digne, celui de ne pas céder - ou du moins de se relever. Ce même courage qu’il nous faut forger si
nous espérons un jour avoir à exercer le courage suprême du sacrifice. “Préparez-nous aux grandes
choses par la fidélité aux petites” dit la prière des Chevaliers. Nous n’aurons peut-être jamais
l’occasion de commander à nous-mêmes ou à nos hommes un tel courage, alors notre courage sera
de lutter inlassablement, jour après jour, à retisser le même ouvrage quotidien, à partager notre idéal,
à se tenir dans l’espérance de plus nobles combats, à défendre au quotidien la France, sans même
pour certains ne jamais en voir les fruits.

“Le courage est le vent qui nous porte vers les rivages les plus lointains ; c’est la clé de tous les trésors, [...] le
courage c’est l’enjeu illimité de sa propre personne.”

Mais ce courage-là n’est pas vain, ce courage nous servira un jour car le courage est le
ferment de l’héroïsme et “nous sommes faits pour une vie héroïque” (Ltn Tom Morel). Ce courage
nous devons l’avoir pour nous-mêmes, pour nos hommes, pour nos frères et tous ceux dont nous
aurons la charge. Pour ce qu’a bâti de beau notre civilisation et animés par la certitude que c’est par
cet esprit de service et d’engagement que nous œuvrerons encore pour le bien, le beau, le vrai.
L’héritage français n’est pas autre : à travers tous ces conquérants, ces explorateurs, ces aventuriers,
ces missionnaires, il y a un courage presque vertigineux. Il y a l’appréhension du risque, l’amour de
l’inconnu, le culte de l’espoir à tout prix. Aussi rappelons-nous que “le monde sera demain à qui
risquera le plus, prendra plus fermement son risque” (Bernanos) : on ne vit réellement que dans la
mesure où on est prêt à s’exposer, à repousser ses propres limites, à mesurer le risque.
Le courage, c’est peut-être là la plus belle des chevaleries, la plus réaliste aussi : réaliser que
notre idéal n’a de valeur que si nous avons la volonté de l’appliquer dans notre quotidien. Le courage,
l’honneur, oui ! Mais d’abord celui des choses banales, celui des tâches ingrates. Rêver des gloires
passées est une chose, mais entretenir l’espoir du lendemain est sans nul doute plus exigeant. Alors,
gardons cela en tête : soyons des hommes courageux et des hommes d’honneur pour notre
promotion, pour nos carrières, pour nos familles, pour la France.

“Pour le service de la France, ne me dites pas que c’est impossible !” Maréchal Leclerc

Quelques autres textes de référence :


“Enfin, je lui dirai que de toutes les vertus, la plus importante, parce qu’elle est la motrice de toutes les autres et
qu’elle est nécessaire à l’exercice des autres, de toutes les vertus, la plus importante me paraît être le courage,
les courages, et surtout celui dont on ne parle pas et qui consiste à être fidèle à ses rêves de jeunesse.
Et pratiquer ce courage, ces courages, c’est peut-être cela «L’Honneur de Vivre»”
Hélie Denoix de Saint-Marc, Que dire à un jeune de 20 ans ?

“Il n’est d’honneur que de la personne, de la famille et de la patrie.”


Georges Bernanos

“Il faut avoir le courage de ce que l'on est avant d'avoir le courage de ce que l'on veut être.”
Gaston Courtois

“Le vrai chef est désintéressé. Il va au but parce que son devoir est de l'atteindre. Il ne va pas à son succès
personnel, il ne cherche ni son avantage particulier ni sa propre gloire: les temps ou l'on travaillait pour le
succès d'un homme semblent assez abolis. Notre temps est de plus en plus entraîné dans le mouvement des
grandes vies collectives. Le chef n'est tel que parce qu'il représente le bien commun, et il est chef pour les
autres, non pour lui-même.”
Escoffier

“On a trois ou quatre fois dans sa vie l'occasion d'être brave, et tous les jours, celle de ne pas être lâche.”
René Bazin

“Je me répétais : «Si on doit un jour ne plus comprendre comment un homme a pu donner sa vie pour quelque
chose qui le dépasse, ce sera fini de tout un monde, peut-être de toute une civilisation».”
Hélie de Saint Marc

“Les raisons de l'honneur ne tiennent pas debout. Mais les peuples ne peuvent se passer d'honneur, nous
paierons cher d'avoir cru en nous plutôt qu'en lui.”
Georges Bernanos

“La plupart d’entre nous n’engage qu’une part infiniment petite de leur être comme les avares opulents qui
passaient pour dépenser le revenu de leur revenu.” G. Bernanos

Vous aimerez peut-être aussi