Vous êtes sur la page 1sur 17

Modélisation numérique de la tenue

aux séismes des structures


en béton armé
Y. BELMOUDEN
A. ELHARIF
Laboratoire de Mécanique et des Matériaux, Faculté des Sciences de Rabat

RÉSUMÉ ABSTRACT
Une modélisation pour le calcul prévisionnel des NUMERICAL MODELING OF REINFORCED CONCRETE
performances non linéaires d’un voile en béton armé STRUCTURES SUBJECT TO SEISMIC ACTION
dimensionné vis-à-vis de secousses sismiques est This paper presents a numerical model for
présentée. Un modèle aux éléments finis predicting the non-linear performance of a
multicouches, formulé sur la base de la méthode reinforced concrete structural wall designed for
des forces, avec des éléments de contacts seismic loading. A flexibility-based multilayer finite
multicouches, et un modèle pour la simulation du element model with multilayer connection hinges
comportement hystérétique des structures sont has been proposed herein for conducting a
proposés. Les principales caractéristiques du hysteretic structural analysis. All essential hysteretic
comportement hystérétique du voile, telles que la behavioral features of the structural wall, including
dégradation de la rigidité et de la résistance, ainsi stiffness and strength degradation, flexural
que les mécanismes de déformations associés à la deformation mechanism, bond slip effect and shear
flexion, à la détérioration de l’adhérence acier-béton mechanism, are taken into account. A dissipated
et à l’effort tranchant sont pris en compte. Un calcul energy calculation in the structure by both region
des énergies dissipées dans la structure, en tenant and deformation mechanisms has also been
compte du mécanisme, est également établi. La performed. The correlation study between analytical
corrélation essai-simulation numérique est très and experimental results leads to very good
satisfaisante et montre l’aptitude du modèle à agreement and indicates the reliability of the
prédire le comportement des structures en béton proposed model in predicting the performance of
armé sous l’action d’un séisme. reinforced concrete structures exposed to seismic
DOMAINE : Ouvrages d’art. action.

FIELD: Structural engineering.

Introduction
Les murs de contreventements, ou voiles en béton armé, ont montré ces dernières années qu’ils
étaient bien adaptés à la construction parasismique. En revanche, leur mode de fonctionnement met
en évidence divers mécanismes de déformation relativement complexes.
Les codes modernes de calcul parasismique font tous appel à la notion de dissipation de l’énergie
sismique injectée, reflétant les performances non linéaires du comportement des structures vis-à-vis
de secousses sismiques, ce qui est équivalent à une ductilité d’ensemble associée à un retour hysté-
rétique. Cela est atteint en contrôlant, au niveau de la conception, la création et la localisation de
zones dissipatives (méthode de dimensionnement en capacité). Ce principe de dimensionnement se
traduit, dans le cas des voiles en béton armé, par le fait de placer la base du mur dans un état de non-
linéarité prononcée, en définissant des zones préférentielles d’occurrence d’états limites de con-
traintes, alors que le reste de la structure conserve un état de linéarité. De cette façon, la structure
est décomposée en une zone plastique, disposée et conçue constructivement pour former un méca-
nisme plastique approprié, et une zone élastique pourvue de résistance supplémentaire (capacité)
pour rester élastique lorsque les zones plastiques développent leurs surrésistance.
Dans ce travail est présenté un modèle aux éléments finis multicouches pour le calcul prévisionnel
du comportement non linéaire des structures sous chargement cyclique alterné et l’analyse des per-
formances post-élastiques des voiles en béton armé.
L’expérience a montré que les mécanismes tels que le cisaillement [2, 9, 20, 26, 27, 36, 38] et le
glissement d’adhérence aux jonctions [7, 8, 25, 37], ainsi que leurs interactions, peuvent être déter-
minants dans le comportement non linéaires des structures en béton armé sous chargement sismique.
Différents modèles pour la modélisation du cisaillement sont proposés dans la littérature. Ceux-ci

B ULLETIN DES LABORATOIRES DES P ONTS ET C HAUSSÉES - 242 - JANVIER - FÉVRIER 2003 - RÉF . 4474 - PP . 49-65 49
se fondent en général, sur une modélisation concentrée (lumped models) [13, 28], puisqu’il n’est pas
économique de modéliser ce mécanisme dans sa complexité totale pour la modélisation des structu-
res multiétagées [13]. En évoluant dans ce sens, le modèle proposé est une adaptation de la techni-
que multicouche (distributed model) pour la modélisation non linéaire du cisaillement. Le manque
de modèles de comportement fiables en contraintes et déformations de cisaillement [10] nous a con-
duit à présenter aussi un modèle trilinéaire dissymétrique en traction et en compression.
Le glissement des armatures dans les jonctions peut être traité par des éléments finis locaux avec
une modélisation détaillée de la zone de glissement [5, 18, 21], en considérant des éléments finis
représentant les barres d’armatures noyées dans le béton. Cette approche reste limitée à des éléments
de structures. Il est plus économique d’adopter des éléments finis de contacts déformables ou élé-
ments joints [13, 16, 17, 29, 32, 33] ou une formulation fondée sur l’association en parallèle d’élé-
ment poutre et d’élément barre d’acier noyée et liés à travers une interface [3, 22, 32]. Le modèle
multicouche proposé offre la possibilité de considérer le glissement relatif des armatures dans les
jonctions en respectant la configuration particulière du ferraillage, par un assemblage direct d’élé-
ment poutre et d’éléments de contacts multicouche.
Une modélisation numérique de la tenue au séisme d’une structure en béton armé est présentée et
confrontée à des résultats expérimentaux.

Modélisation aux éléments finis de la structure


La modélisation est réalisée à l’aide d’éléments finis de poutres non linéaires, à géométrie variable
et à sections hétérogènes, pour la modélisation de structures bidimensionnelles (fig. 1). Le modèle
est formulé sur la base de la méthode des forces par une interpolation exacte des sollicitations [24].
Cela permet, d’une part de réduire les degrés de libertés, et, d’autre part, d’annuler l’erreur liée à la
discrétisation. Le modèle est capable de rendre compte de la redistribution des non-linéarités de
flexion et de cisaillement, en utilisant longitudinalement des segments de poutres placés en série,
par des fonctions d’interpolation, et transversalement des couches superposées en parallèle selon
l’hypothèse de Navier-Bernoulli pour les sections droites (fig. 1). Il est aussi doté d’éléments finis
de contacts multicouches, placés aux extrémités de la poutre, qui servent à la modélisation de phé-
nomènes localisés dans les jonctions poutres-poteaux, poteaux ou murs-fondations.

Couche k d’aire
y
x
Ak

Segment
z

Ti Tj
Mj
Mi n
Ni Nj
ηn-1 L ηnL

ui θi θj
νj

νi

uj
L

Fig. 1 - Modèle aux éléments finis : champ des sollicitations et des déplacements nodaux.

50 B ULLETIN DES LABORATOIRES DES P ONTS ET C HAUSSÉES - 242 - JANVIER - FÉVRIER 2003 - RÉF . 4474 - PP . 49-65
L’assemblage direct de ces éléments finis permet d’obtenir la matrice de rigidité élémentaire du
modèle exprimée dans le repère local par :

où : sont respectivement les matrices de flexibilités de


flexion et de cisaillement de la poutre et de l’élément de contact au nœud i et j. [R] est la matrice de
passage au système sans modes rigides de déformations à trois degrés de liberté, dont le champ de
forces nodales {Q} = {– Ni, Mi, Mj}t et de déplacements {q} correspondants sont définis par :

avec : {Fe} = {Ni, Ti, Mi, Nj, Tj, Mj}t sollicitations nodales, et {ue} = {ui, vi, θi, uj, vj, θj}t vecteur
des déplacements nodaux correspondants.
Les matrices de flexibilités de la poutre sont :

Les matrices de flexibilités de l’élément de contact aux nœuds i et j sont obtenues pour respective-
ment ξ = 0 et ξ = 1 dans l’expression suivante :

Les matrices et représentent les fonctions d’interpolation

exactes des efforts de flexion et de cisaillement en l’absence des charges réparties.

est la variable adimensionnelle de localisation du centre du segment n avec


telle que : {D(ξ)} = {N(ξ), M (ξ)}t = [b(ξ)] {Q} et {T(ξ)] = [C] {Q}.
{D(ξ)} et {T(ξ)} sont respectivement le vecteur de l’effort normal, du moment fléchissant et de
l’effort tranchant appliqués aux segments, les matrices [f{ξn)] et [fG(ξn)] étant respectivement les
matrices de souplesses de flexion et de cisaillement d’un segment de poutre telles que :

B ULLETIN DES LABORATOIRES DES P ONTS ET C HAUSSÉES - 242 - JANVIER - FÉVRIER 2003 - RÉF . 4474 - PP . 49-65 51
P = 630 kN
Sud
Nord

430 ∆w1
Fk
Groupe
B B 3

∆w2

1840 Groupe
A A 2
4560

∆w4

Groupe
A A 1560
1

600 Socle Élément de


contact
Fig. 2 - Modélisation de la structure : dimensions (mm), chargement et maillage.

Les matrices ci-dessus représentent les raideurs de cisaillement et de flexion du segment n de la pou-
tre et d’un élément de contact. Ek, Gk, Ak, S ′k et yk représentent respectivement le module d’Young,
le module d’élasticité transversale, l’aire d’une couche, l’aire réduite d’une couche et la position de
son centroïde par rapport à la fibre moyenne. {d(ξn)} = {εNN(ξn), Ki (ξn)}t est le vecteur des défor-
mations uniaxiales et de courbure que subit un segment, et {γxy(ξn)} est la distorsion dans le plan
H H H
(x, y). k i est la raideur d’une couche d’un élément de contact, A i son aire et y i sa position par
rapport à l’axe moyen de la section. Les éléments non-diagonaux dans les matrices des raideurs per-
mettent la prise en compte de l’interaction effort normal – moment fléchissant.

Ø6 Sh = 150
Ø6 Ø6
Sh = 75 Sh = 75
Ø4,2 Ø4,2
Ø6 Sh = 150

6 Ø12 22 Ø8 6 Ø12

150

30 100 100 125 125 125 125 125 145 145 125 125 125 125 125 100 100 30
2000

Béton C3 Béton C1 Béton C2 Acier S1 Acier S2

Fig. 3 - Dimensions (mm) et modélisation multicouche de la section béton armé : coupe A-A (fig. 2).

52 B ULLETIN DES LABORATOIRES DES P ONTS ET C HAUSSÉES - 242 - JANVIER - FÉVRIER 2003 - RÉF . 4474 - PP . 49-65
Ø6 Sh = 150

Ø6 Ø6
Sh = 150 Sh = 150

Ø6 Sh = 150

4 Ø12 22 Ø8 4 Ø12

150

30 200 125 125 125 125 125 145 145 125 125 125 125 125 200 30
2000

Béton C3 Béton C'1 Béton C2 Acier S1 Acier S2

Fig. 4 - Dimensions (mm) et modélisation multicouche de la section béton armé : coupe B-B (fig. 2).

Le prototype expérimental utilisé pour la validation est un voile en béton armé encastré dans un
socle infiniment rigide (fig. 2), dimensionné en capacité [4] vis-à-vis de secousses sismiques [14].
Le choix de ce type de structure se justifie par la complexité de son comportement non linéaire. En
outre, la variation des dispositions constructives en élévation et dans une même section permet de
mettre en évidence l’exploitation de la technique de modélisation par couches et par segments.
Le modèle adopté pour la structure fonctionne en console parfaitement encastrée à sa base et il est
discrétisé en 10 éléments de poutres multicouches disposés en groupes d’éléments, et un élément de
contact à la jonction paroi-socle pour la modélisation du décollement sous forme de rotation en bloc
(Fixed End Rotation) due au glissement des armatures à la base [29] (fig. 2).
Les sections sont discrétisées en 100 couches environ pour le béton, afin de mieux modéliser les
redistributions progressives des non linéarités et des changements de la position de l’axe neutre au
cours du chargement cyclique. Cela permet d’atténuer les chutes brusques dans les raideurs et donc
dans les rigidités dues à l’écrouissage négatif et d’éviter les phénomènes de localisation, sources
d’instabilités numériques [11] (fig. 3, 4).
La structure est ensuite soumise à une charge normale de poids propre P, maintenue constante à
630 kN durant le chargement cyclique alterné, qui consiste en un contrôle de charge durant la pre-
mière séquence, qui correspond à une ductilité en déplacement µ∆ = 0,75, suivi d’une série de cycles
sous contrôle de déplacement, en augmentant la ductilité d’une unité à partir de µ∆ = 2 jusqu’à la
rupture (fig. 5) [15]. La ductilité µ∆ est définie, à effort égal, par le rapport entre le déplacement réel
de la structure et le déplacement qu’elle aurait subi si elle était parfaitement élastique [14, 19].

Modélisation du comportement du béton


Le comportement du béton comprimé est modélisé, en tenant compte de l’effet du frettage transver-
sal créé par les aciers transversaux, en utilisant le modèle analytique de Saatcioglu et Razvi [30], qui
permet de déterminer le gain de résistance et de déformation du volume du noyau de béton confiné.
Ce gain en déformabilité et en résistance contribue fortement à la dissipation locale de l’énergie. La
modélisation du béton non confiné est fondée sur le modèle analytique de Hognestad [31] pour une

B ULLETIN DES LABORATOIRES DES P ONTS ET C HAUSSÉES - 242 - JANVIER - FÉVRIER 2003 - RÉF . 4474 - PP . 49-65 53
Sud

KS 61
Déplacement Latéral du Sommet ∆w KS 51

Fk = 306 kN KS 41
KS 31
KS 21
Fig. 5 - Historique du chargement
Temps cyclique alterné.
Fk= - 306 kN

KS 23
KS 19

Rupture
KS 33
KS 29

KS 39

KS 43

KS 49

KS 53

KS 59
Nord

résistance maximale égale à 45 MPa (fig. 6). Cette modélisation ne comprend pas la prise en compte
du béton tendu car son effet est négligeable sur le comportement non linéaire du voile en déforma-
tion et en résistance.

La modélisation du comportement des couches en béton est conduite en adoptant le modèle plasti-
que à fissuration progressive [6]. Le modèle de comportement associé à chaque couche de béton est
défini en certains points en termes de contraintes et déformations (σi, εi) et le comportement inter-
médiaire est considéré comme linéaire. Le calcul non linéaire se déroule en décomposant ce modèle
en n modèles simplifiés placés en parallèle, appelés sous-fibres. Pour un modèle défini en n points
(σi, εi) avec 1 ≤ i ≤ n, la décomposition en sous-fibres suit les règles suivantes (fig. 7) :

εby = εi pour 1 ≤ i ≤ n,

εbu = 1030 (infini) et σby = σi si i = n

Contraintes (MPa)
50
45
40
35 Béton C1
30
25
20 Fig. 6 - Modèles du comportement de
15 Béton C'1 bétons comprimés frettés (C1, C2, C3) et
10 non frettés C’1.
5 Béton C2
0 Béton C3
0

25

05

75

25

25

5
0

01

17

02
00

00

0,

01

0,

02
0,

0,

0,
0,

0,

0,

0,

0,

Déformations

54 B ULLETIN DES LABORATOIRES DES P ONTS ET C HAUSSÉES - 242 - JANVIER - FÉVRIER 2003 - RÉF . 4474 - PP . 49-65
Fissuration σ
Fracture et Fracture
endommagement totale
progressif
σby
Éc
ro
ui
ss
ag Fig. 7 - Comportement cyclique d’une
e
σc né sous-fibre en béton.
ga
tif

Ouverture Eby
σ(ε) = 0 σ(ε) = 0

ε
Refermeture εby εp εc εbu

où :σ(ε) = 0 si ε ≤ 0 : fissuration,

si 0 < ε ≤ εby : comportement élastique,

si εby < ε ≤ εbu : matériau partiellement endommagé,

σ(ε) = 0 si ε > εbu : matériau complètement endommagé,

état de chargement et déchargement avec

et 0 ≤ αc ≤ 1 le coefficient de déchargement (facteur de

dégradation du béton).

Modélisation du comportement des armatures


La modélisation en couches des armatures verticales de bords et d’âme ainsi que les modèles de
comportements (σ-ε) associés aux couches sont fondés sur des données expérimentales, en adoptant
directement pour les lois (σ-ε) les mesures expérimentales menées sur les barres d’aciers (fig. 9)
[15]. Le comportement de chaque couche d’acier est défini en certains points (σi, εi) avec 1 ≤ i ≤ n,
selon le même procédé que pour le béton en décomposant le modèle en n modèles simplifiés
suivant les règles suivantes (fig. 8) :
σsy = Es εsy avec εsy = εi,

si 1 < i < n, si i = 1, si i = n

où :
–1
σ(ε) = Es ε si ε ≤ E s σsy : comportement élastique,
–1
σ(ε) = σsy si ε > E s σsy : comportement parfaitement plastique.
Le contrôle de la superposition de ces modèles élémentaires définit implicitement l’évolution du cri-
tère de plasticité et de l’écrouissage.

B ULLETIN DES LABORATOIRES DES P ONTS ET C HAUSSÉES - 242 - JANVIER - FÉVRIER 2003 - RÉF . 4474 - PP . 49-65 55
σ

σsy

Traction
Es Fig. 8 - Comportement
cyclique d’une sous-fibre
en acier.
Raccourcissement Allongement ε

Compression

− σsy

Contrainte (MPa)
800
700
600
500
Fig. 9 - Modèles expérimentaux
400
du comportement des armatures
300 d’acier de bord et d’âme.
200
Armatures S1
100 Armatures S2
0
0 20 40 60 80 100 120
Déformation (x 0,001)

Modélisation du décollement à la base


La modélisation du décollement à la base du voile s’effectue en adoptant un élément fini de contact
multicouche placé à la jonction paroi-fondation. Le comportement de chaque couche est pris comme
trilinéaire en termes de contraintes-déplacements (σ-d) (fig. 10). Le modèle trilinéaire est obtenu
par la superposition de deux composants élasto-plastiques et d’un composant élastique linéaire pour
la simulation d’un écrouissage positif, avec la possibilité de rendre compte de la dégradation de la
rigidité, de la détérioration de la résistance, du cumul de déformations irréversibles et du comporte-
ment du type glissement (fig. 11, 12). Les lois de décompositions du modèle trilinéaire en deux
composants élastiques plastiques sont :

En traction : et (avec i ≤ 2).

En compression : et (avec i ≤ 2)

avec : et σT0 = σC0 = 0 (sans état initial de contraintes et de déplacements),


Ki = ki – ki+1 la raideur d’un composant élasto-plastique (avec i ≤ 2) (fig. 11),
La raideur du 3e composant élastique est K3 = k3.

56 B ULLETIN DES LABORATOIRES DES P ONTS ET C HAUSSÉES - 242 - JANVIER - FÉVRIER 2003 - RÉF . 4474 - PP . 49-65
σk(ou τk)
Traction
σT2 (ou τT2)

σT1 (ou τT1)

Composant 1

Composant 2
Composant 3

dk(ou γk)
k1 (ou G1)

σc1 (ou τc1)


k2 (ou G2)
σc2 (ou τc2)
k3 (ou G3) Compression

Fig. 10 - Modèle trilinéaire du comportement associé à une couche.

σ (ou τ)

Traction
σ+yi

Saturation de la Fig. 11 - Paramètres de


résistance en traction définition d’un composant
(1- STDF) σ+yi élasto-plastique. STDF et SCDF
sont les facteurs de contrôle de
d−yi la détérioration de la résistance
en traction et en compression.
d+yi
d (ou γ)
ki
Saturation de la résistance
en compression
(1- SCDF) σ−yi

Compression
σ−yi

L’identification de la loi de comportement (σ-d) associée à l’élément de contact est fondée sur la
linéarisation selon un modèle trilinéaire global (fig. 13) traduisant la courbe enveloppe de la courbe
globale expérimentale donnant le moment fléchissant à la base, M, en fonction de la rotation en bloc,
θH, due au décollement mesuré au niveau de la jonction paroi-socle (tableau I).

TABLEAU I
Paramètres de définition des comportements relatifs aux mécanismes de déformation

Modèle de comportement Modèle de comportement


vis-à-vis du cisaillement (T-δ) vis-à-vis du décollement (M-θH)

k1 k2/k1 k3/k2 + + k1 k2/k1 k3/k2 + +


T1 T2 M1 M2
[kN/mm] [–] [–] [106 kN [–] [–]
– – – –
T1 T2 m/rad] M1 M2

463,636 0,02588 0,0500 408,0 451,8 4,8372 0,04170 0,09600 1 860,48 2 065,22
397,0 444,0 1 860,48 2 023,72

B ULLETIN DES LABORATOIRES DES P ONTS ET C HAUSSÉES - 242 - JANVIER - FÉVRIER 2003 - RÉF . 4474 - PP . 49-65 57
σ (ou τ)
Traction b
a STDF
σa SC
c
σc Facteur de
réduction de
la résistance

(1- PSF) σc PPF

PPF
(1- PSF) σd d (ou γ)
SDF = 0 (1- PSF) σb
SDF =
0,5
σd a+c
STDF
ST
σb Facteur de réduction de la résistance
SDF = 1 b
Facteur de réduction de la résistance
a
STDF Compression
ST

Fig. 12 - Schématisation des paramètres de contrôle du comportement cyclique d’un composant élasto-
plastique ( PPF : Contrôle de la largeur du plateau de glissement. PSF : Contrôle de la contrainte de
glissement. SDF : Contrôle du taux de dégradation de la raideur. ST et SC : Déplacements ou contraintes de
saturation en traction et en compression. a, b, et c : Cumul des déplacements ou déformations irréversibles).

T2+ (ou M2+)

T1+ (ou M1+)

k1
δ (ou ΘH)

T1− (ou M1−)


k2

k3 T2− (ou M2−)

Fig. 13 - Modèle trilinéaire pour la modélisation des mécanismes de déformation du voile.

Modélisation des distorsions


Pour la modélisation du comportement, l’effort tranchant est considéré comme non linéaire sur une
hauteur de 1,56 m à partir de la base grâce à l’analyse des mesures sur le voile [14].
L’absence de modèles analytiques fiables en termes de contraintes-déformations de cisaillement (τ-
γ) pour le béton et l’acier [10] a conduit à utiliser les mesures expérimentales. L’identification de la
loi de comportement (τ-γ) à insérer aux couches (fig. 10) pour les segments de poutres est fondée sur
la linéarisation de l’enveloppe de la courbe expérimentale donnant l’effort tranchant T en fonction du
déplacement latéral δ dû aux distorsions mesurées au niveau de 1,56 m (tableau I) [14] suivant le

58 B ULLETIN DES LABORATOIRES DES P ONTS ET C HAUSSÉES - 242 - JANVIER - FÉVRIER 2003 - RÉF . 4474 - PP . 49-65
modèle trilinéaire qui a été adopté pour le décollement (fig. 13). Le comportement du reste du voile
est considéré comme élastique vis-à-vis de l’effort tranchant avec k1 = 300 kN/mm. La détermination
des modules de cisaillement G est effectuée sur la base des principes de la résistance des matériaux.
Le modèle injecté tient compte implicitement de l’effet du frettage sur les distorsions.

Analyse non linéaire de structure


L’élément fini est implanté dans le logiciel de calcul des structures DRAIN-2DX [1]. L’analyse non
linéaire de structure est conduite par la méthode incrémentale de Newton Raphson [12], avec un pro-
cédé de calcul itératif selon la technique d’ajustement évènement à évènement [34], qui définit des
sous-pas dimensionnés de façon à pouvoir assimiler le comportement de la structure à une succes-
sion de comportements linéaires.
L’ajustement de la portion des pas de chargement ou de déplacement à appliquer suppose une réac-
tualisation de l’état de la structure par celle des rigidités élémentaires et des raideurs à la fin de cha-
que itération et les déformations induites dans la structure s’obtiennent par les expressions
suivantes :
Dans l’élément poutre pour un segment n, on a :

avec :

avec :

pour l’élément de contact au nœud i (ξG = 0) :

avec :

pour l’élément de contact au nœud j (ξD = 1) :

avec :

Avec {∆ue}j l’incrément des déplacements nodales à l’itération j.


La connaissance des états de déformation permet l’actualisation des états de contraintes et des
modules en chaque couche et aussi des raideurs, des souplesses et des flexibilités élémentaires, ainsi
que des déplacements et des sollicitations dans la structure. La nouvelle configuration de la structure
est donc définie par la matrice globale obtenue par l’assemblage des matrices de rigidités élémen-
taires actuelles.

Résultats et interprétation

Comportement global
La confrontation des résultats de la simulation numérique aux résultats expérimentaux est très satis-
faisante pour la prédiction du comportement non linéaire des structures en béton armé (fig. 14, 15).
Le modèle démontre une bonne aptitude à modéliser des structures dans les conditions très proches
de celle du projet réel.

Comportement en zone critique


Le modèle permet de déduire le comportement global en zones critiques (fig. 16) et d’isoler le com-
portement vis-à-vis de chaque mécanisme mis en œuvre, tels que les distorsions (fig. 17) et le décol-
lement à la base (fig. 18). La comparaison entre les résultats numériques et les résultats expérimen-
taux au même niveau, soit à 1,56 m de la base du voile, montre une très bonne concordance.
La limitation de la modélisation des mécanismes de déformations, tels que le décollement ou les dis-
torsions, réside dans le fait que les modèles de comportement associés aux couches sont issus de

B ULLETIN DES LABORATOIRES DES P ONTS ET C HAUSSÉES - 242 - JANVIER - FÉVRIER 2003 - RÉF . 4474 - PP . 49-65 59
Charge Fk (kN)
600
500
400
300
200
100
0 Fig. 14 - Courbe charge -
-100 déplacement latéral du
-200 sommet à 4,56 m (Fk-∆W1).
-300
-400 Essai expérimental
-500 Simulation numérique
-600
-100 -80 -60 -40 -20 0 20 40 60 80 100 120
Déplacement (mm)

Charge Fk (kN)
600
500
400
300
200
100 Fig. 15 - Courbe charge -
0
déplacement latéral au
-100
niveau de 3,40 m (Fk-∆W2).
-200
-300
-400 Essai expérimental
-500 Simulation numérique
-600
-100 -80 -60 -40 -20 0 20 40 60 80 100 120
Déplacement (mm)

Charge Fk (kN)
600
500
400
300
200
100 Fig. 16 - Courbe charge -
0 déplacement latéral au
-100 niveau de 1,56 m (Fk-∆W4).
-200
-300
-400 Essai expérimental
-500 Simulation numérique
-600
-100 -80 -60 -40 -20 0 20 40 60 80 100 120
Déplacement (mm)

Effort tranchant T (kN)


600
500
400
300
200 Fig. 17 - Courbe d’effort
100 tranchant en fonction du
0 déplacement latéral au niveau
-100
de 1,56 m dû aux distorsions.
-200
-300
-400 Essai expérimental
-500 Simulation numérique
-600
-15 -10 -5 0 5 10 15
Déplacement (mm)

60 B ULLETIN DES LABORATOIRES DES P ONTS ET C HAUSSÉES - 242 - JANVIER - FÉVRIER 2003 - RÉF . 4474 - PP . 49-65
Charge Fk (kN)
600
500
400 Essai expérimental
300 Simulation numérique
200 Fig. 18 - Courbe de charge
100
Fk (M/4,56 m) en fonction
0
-100 du déplacement latéral au niveau
-200 de 1,56 m dû au décollement
-300 de la base (1,56 m × θH).
-400
-500
-600
-5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4
Déplacement (mm)

considérations expérimentales globales et ne traduisent pas le comportement local effectif du béton


et des aciers vis-à-vis du cisaillement ou du glissement des barres d’aciers à la base du mur.

Les figures 19, 20, 21, 22, 23 et 24 montrent l’évolution de la courbure le long du voile sur une hau-
teur de 3,4 m en fin de chaque cycle de chargement (cf. fig. 5). Le modèle multicouche permet de
ressortir les courbures qui représentent un moyen d’analyse essentiel au dimensionnement en reliant
les paramètres locaux aux paramètres globaux. Il révèle bien le phénomène de localisation des non-
linéarités et la formation d’une « rotule plastique » à la base du voile.

Courbure (1/mm)
0,00005

0,00003

0,00001

-0,00001 Fig. 19 - Courbures à l’instant


KS11 et KS13.
-0,00003 KS11 Essai
KS13 Essai
-0,00005 KS11 Simulation
KS13 Simulation
-0,00007
0 500 1000 1500 2000 2500 3000 3500 4000
Hauteur (mm)

Courbure (1/mm)
0,00005

0,00003

0,00001
Fig. 20 - Courbures à l’instant
-0,00001 KS21 et KS23.
-0,00003 KS21 Essai
KS23 Essai
-0,00005 KS21 Simulation
KS23 Simulation
-0,00007
0 500 1000 1500 2000 2500 3000 3500 4000
Hauteur (mm)

B ULLETIN DES LABORATOIRES DES P ONTS ET C HAUSSÉES - 242 - JANVIER - FÉVRIER 2003 - RÉF . 4474 - PP . 49-65 61
Courbure (1/mm)
0,00005

0,00003

0,00001

-0,00001 Fig. 21 - Courbures à l’instant


KS31 et KS33.
-0,00003 KS31 Essai
KS33 Essai
-0,00005 KS31 Simulation
KS33 Simulation
-0,00007
0 500 1000 1500 2000 2500 3000 3500 4000
Hauteur (mm)

Courbure (1/mm)
0,00005

0,00003

0,00001

-0,00001 Fig. 22 - Courbures à


l’instant KS41 et KS43.
-0,00003 KS41 Essai
KS43 Essai
-0,00005 KS41 Simulation
KS43 Simulation
-0,00007
0 500 1000 1500 2000 2500 3000 3500 4000
Hauteur (mm)

Courbure (1/mm)
0,00005

0,00003

0,00001

-0,00001 Fig. 23 - Courbures à l’instant


KS51 et KS53.
-0,00003 KS51 Essai
KS53 Essai
KS51 Simulation
-0,00005
KS53 Simulation
-0,00007
0 500 1000 1500 2000 2500 3000 3500 4000
Hauteur (mm)

Courbure (1/mm)
0,00005

0,00003

0,00001

-0,00001 Fig. 24 - Courbures à l’instant


KS61 et KS63.
-0,00003 KS61 Essai
KS63 Essai
-0,00005 KS61 Simulation
KS63 Simulation
-0,00007
0 500 1000 1500 2000 2500 3000 3500 4000
Hauteur (mm)

62 B ULLETIN DES LABORATOIRES DES P ONTS ET C HAUSSÉES - 242 - JANVIER - FÉVRIER 2003 - RÉF . 4474 - PP . 49-65
Bilan énergétique
L’énergie dissipée est déterminée en intégrant les produits de la force du vérin par l’incrément de
déformation calculé. Après chaque cycle, lors du retour hystérétique, une partie de l’énergie emma-
gasinée est redonnée au système (par l’intermédiaire du vérin) à cause de la décharge élastique, d’où
la forme en vagues successives (fig. 25). À la fin du test, toute l’énergie introduite a été dissipée par
déformation plastique. Le rapport de l’énergie dissipée à l’énergie injectée Ed/Ei caractérise la capa-
cité de dissipation d’énergie du voile (fig. 26) et est égal à 68 %. Le modèle permet de calculer
l’énergie dissipée en chaque zone de la structure, en particulier dans la zone critique, et selon le
mécanisme de déformation (fig. 26). Chaque zone correspond à un groupe d’éléments (fig. 2) :
Zone 1 (0,0 m ≤ H ≤ 1,56 m), Zone 2 (1,56 m ≤ H ≤ 3,40 m), Zone 3 (3,40 m ≤ H ≤ 4,56 m).

Energie dissipée (kJ)


350

300

250
Fig. 25 - Évolution de
200
l’énergie dissipée en
150 fonction de la ductilité
globale en déplacement µ∆.
100

50

0
0 4 Ductilité

450
400 398
350
300
267 271,333
250
200
150 117,368
100 91,829
62,136
50 37,3606 Fig. 26 - Énergies mises en œuvre
12,9068 dans la structure (en kJ).
0
ai

ai

ns

t
en
tio
s

ne

ne

ne

io
Es

Es

m
a

rs
Zo

Zo

Zo
ul

se
to
m

lis
is
Si

Energie totale injectée


Energies totales dissipées
Energies dissipées par zone de structure
Energies dissipées en zone critique (1) par mécanisme

Conclusion
Un calcul prédictif des performances non linéaires des murs de contreventement en béton armé par
simulation numérique du comportement a été conduit avec succès, par confrontation avec des résul-
tats expérimentaux, en adoptant un modèle aux éléments finis multicouches non linéaire, formé d’un
élément fini poutre et d’éléments finis de contacts. Il permet de modéliser les effets non linéaires de
flexion, de cisaillement et du type glissement dans les jonctions par des modèles analytiques et
empiriques intégrés aux couches.

B ULLETIN DES LABORATOIRES DES P ONTS ET C HAUSSÉES - 242 - JANVIER - FÉVRIER 2003 - RÉF . 4474 - PP . 49-65 63
L’approche adoptée pour la modélisation des principaux mécanismes de déformations qui régissent
le comportement hystérétique de structures, comme le décollement et les distorsions, a été fondée
sur l’isolation de ces effets suivie d’une linéarisation par un modèle trilinéaire de l’enveloppe de la
courbe expérimentale des effets isolés. Les modèles obtenus sont ensuite réinjectés dans les cou-
ches.
Le modèle aux éléments finis a montré sa capacité à être exploité dans l’analyse et l’optimisation
des performances des structures en béton armé, en rendant compte de la ductilité globale, de la
déformabilité, de la ductilité locale des armatures, des caractéristiques mécaniques des matériaux,
du poids propre, des dispositions constructives, de l’effet du frettage transversal et de la capacité de
dissipation de l’énergie injectée dans la structure, en tenant compte du mécanisme de déformation.
Des travaux sont en cours pour la validation du modèle proposé dans le calcul prédictif du compor-
tement dynamique non linéaire.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
[1] ALLAHABADI R., POWELL G.H., DRAIN-2DX user guide, Report No. UCB/EERC-88/06, Earth-
quake Engineering Research Center, University of California, Berkeley, California, 1988.
[2] ATALAY M., PENZIEN J., Behavior of critical regions of reinforced concrete components as influen-
ced by moment, shear and axial force, Rep. UCB/EERC-75/19, Earthquake Engineering Res. Ctr., Uni-
versity of California, Berkeley, California, États-Unis, 1975.
[3] AYOUB A., FILIPPOU F.C., Mixed formulation of bond-slip problems under cyclic loads, Journal of
Structural Engineering, Vol. 125, 6, June 1999, pp. 661-671.
[4] BACHMAN H., DAZIO A., A deformation-based seismic design procedure for structural wall buil-
dings, Seismic Design Methodologies for the Next Generation of Codes, Fajfar & Krawinkler (eds.),
ISBN 90 5410 928 9, Balkema, Rotterdam, 1997, pp. 1-12.
[5] BARZEGAR F., MADDIPUDI S., Three-dimensional modelling of concrete structures : reinforced
concrete, ASCE, Journal of Structural Engineering, Vol. 123, October 1997, pp. 1347-1356,
[6] BAZANT Z.P., KIM S.S., Plastic-Fracturing Theory of Concrete, ASCE, Journal of the Engineering
Mechanics Division, June 1979, pp. 407-428.
[7] BECKINGSALE C.W., Post elastic behaviour of RC beam-column joints, Research Report 80-20,
Department of Civil Engineering University of Canterbury, New Zealand, 1980.
[8] BERTERO V.V., POPOV E.P., Seismic behavior of ductile moment-resisting reinforced concrete fra-
mes, Reinforced Concrete Structures in Seismic Zones, ACI Special publication SP-53, Detroit.
[9] CELEBI M., PENZIEN J., Experimental investigation into the seismic behavior of the critical regions
of reinforced concrete components influenced by moment and shear, Report UCB/EERC-73/4, Earth-
quake Engineering Res. Ctr., University of California, Berkeley, California, États-Unis, 1973.
[10] CHEN W.F., ABOUSSALAH M., Behavior and modeling of concrete materials, Revue Marocaine de
Génie Civil, 66, décembre 1996, pp. 2-15.
[11] COLEMAN J., SPACONE E., Localization Issues in Force-Based Elements, Journal of Structural
Engineering, Vol. 127, 11, November 2001, pp. 1257-1265, .
[12] DHATT G., TOUZOT G., Une présentation de la méthode des éléments finis, Maloine S.A. Éditeur,
Paris, 2e édition, 1984.
[13] D’AMBRISI A., FILIPPOU F.C., Modeling of Cyclic Shear Behaviour in RC Members, Journal of
Structural Engineering, Vol. 125, 10, October 1999, pp. 1143-1150.
[14] DAZIO A., WENK T., BACHMAN H., Versuche an Stahlbetontragwänden unter zyklisch-statisher
Einwirkung, Institut für Baustatik und Konstruktion (IBK), ETH Zürich, Bericht Nr. 239, ISBN 3-7643-
6149-2., Birkhäuser Verlag Basel, März 1999.
[15] DAZIO A., WENK T., BACHMAN H., Tests on RC Structural walls under Cyclic-Static Action – Data
Collection, Appendix to : IBK Report, 239, March 1999.
[16] FILIPPOU F.F., ISSA A., Non linear analysis of RC frames under cyclic loads reversals, Report
N° UCB/EERC-88/12, Earthquake Engineering Research Center, College of Engineering, University of
California, Berkeley, September 1988.
[17] FILIPPOU F.F., D’AMBRISI A., ISSA A., Non linear static and dynamic analysis of RC subassembla-
ges, Report N° UCB/EERC-92/08, Earthquake Engineering Research Center, College of Engineering,
Univ. of California, Berkeley, August 1992.

64 B ULLETIN DES LABORATOIRES DES P ONTS ET C HAUSSÉES - 242 - JANVIER - FÉVRIER 2003 - RÉF . 4474 - PP . 49-65
[18] KWAK H.G., FILIPPOU F.F., Non linear FE analysis of R/C structures under monotonic loads, Com-
puters ans structures Journal, Vol. 65, 1, Elsevier, 1997, pp. 1-16.
[19] LESTUZZI P., BADOUX M., An experimental confirmation of the equal displacement rule for RC
structural walls, Proceedings of the fib-Symposium ; Concrete Structures in Seismic Regions, Athens,
2003.
[20] MANDER J.B., WAHEED S.M., CHAUDHARY M.T., CHEN S.S., Seismic performance of shear cri-
tical reinforced concrete bridges piers, Report NCEER-93-0010, State Univ. Of New York, Buffalo,
N.Y, 1993.
[21] MAZARS J., Application de la mécanique de l’endommagement au comportement non linéaire et à la
rupture du béton de structure, Thèse de Doctorat, Université Pierre et Marie Curie, Paris VI, 1984.
[22] MONTI G., SPACONE E., FILIPPOU F.C., Model for anchored bars under seismic excitations, Report
N°UCB/EERC-93/08, Earthquake Engineering Research Center, College of Engineering, University of
California, Berkeley, December 1993.
[23] MONTI G., SPACONE E., Reinforced Concrete Fiber Beam Column Element with Bond Slip, Journal
of Structural Engineering, Vol. 126, 6, June 2000, pp. 654-661.
[24] NEUENHOFER A., FILIPPOU F.C., Evaluation of Non-linear Frame Finite-Element Models, Journal
of Structural Engineering, Vol. 123, 7, July 1997, pp. 958-966.
[25] OTANI S., KITAYAMA K., AAYAMA H., Beam bar bond stress and behavior of RC interior beam-
column joints, Second US-NZ-Japan Seminar on design of RC beam column joints, Tokyo, Japan, 1985.
[26] OZCEBE G., SAATCIOGLU M., Hysteretic shear model for reinforced concrete members, Journal
Structural Engineering, ASCE, 115(1), 1989, pp. 132-148.
[27] PINTO A.V., VERZELETTI G., NEGRO P., GUEDES J., Cyclic testing of a squat bridge pier,
Rep. EUR 16247 EN, European Laboratory for Structural Assessment (ELSA), Ispra, Italy, 1995.
[28] RAMDAN, GHOBARAH A., Analytical Model for Shear-Link Behavior, Journal of Structural Engi-
neering, Vol. 121, 11, November 1995, pp. 1574-1597.
[29] RUBIANO-BENAVIDES N.R., Predictions of the inelastic seismic of concrete structures including
shear deformations and anchorage slip, PhD Dissertation, Dept. of Civil Engineering University of
Texas, Austin, 1998.
[30] SAATCIOGLU M., SALAMAT A.H., RAZVI S.R., Confined columns under eccentric loading, Jour-
nal of Structural Engineering, Vol. 121, 11, November 1995, pp. 1547-1555.
[31] SAENZ L.P., Equation for stress-strain curve of concrete, Journal of the American Concrete, 61, 1964,
pp. 1229-1235.
[32] SALARI M., SPACONE E., Finite element formulations of one-dimensional elements with bond-slip,
Engineering Structures, 23, August 2000, pp. 815-826.
[33] SHAHROKH G., JACKY M., Recherche et génie parasismique : Stratégie de calcul simplifies pour
l’analyse du comportement des structures en BA : le code EfiCoS, Revue Française du Génie Civil,
Vol. 2, 1, 1998.
[34] SIMONS J.W., POWELL G.H., Solution strategies for statically loaded non linear structures, Earth-
quake engineering research center, Report N° EERC 82-22, University of California , Berkeley.
[35] SPACONE E., FILIPPOU F.C., TAUCER F.F., Fiber beam column model for nonlinear analysis of RC
frames : Formulation, Earthquake Engineering & Structural Dynamics, 25, 1996, pp. 711-725.
[36] SPURR S.D., PAULAY T., Post-elastic behavior of reinforced concrete frame-wall components and
assemblages subjected to simulated seismic loading, Rep. 84-19, Dept. of Civil Engineering, Univ. of
Canterbury, Christchurch, New Zealand, 1984.
[37] VIWATHANATEPA S., POPOV E.P., BERTERO V.V., Seismic behaviour of RC interior subassem-
blages, Earthquake Engineering Research Report N° EERC 79-14, University of California , Berkeley,
1979.
[38] ZAGAJESKI S.W., BERTERO V.V., BOUWKAMP J.G., Hysteretic behavior of reinforced concrete
columns subjected to high axial and cyclic shear forces, Report EERC 78-05, Earthquake Engineering
Res. Ctr., University of California, Berkeley, California, 1978.

B ULLETIN DES LABORATOIRES DES P ONTS ET C HAUSSÉES - 242 - JANVIER - FÉVRIER 2003 - RÉF . 4474 - PP . 49-65 65

Vous aimerez peut-être aussi