La gare

La gare est un endroit agréable pour qui sait entendre sa musique. Les va-et-vient
constants des trains, les centaines de voyageurs que l’on y croise et le sifflement du train
sont des refrains qui rythment mes journées. L’arrivée des passagers d’un train sur le quai
est semblable au fracas des vagues s’abattant inlassablement sur la rive. De là où je me tiens,
j’imagine leurs trajets. Une fois dans le wagon, ils contemplent les paysages. Les plaines, les
montagnes, le bord de mer, la ville. Autant d’endroits qu’on peut voir en si peu de temps à
bord d’un train. A bord d’un train, chacun est différent : celui qui lit son journal, l’enfant,
perdu, qui prend le train pour la première, seul. On y trouve aussi ceux qui voyagent en
famille ou entre amis, ceux-là sont sûrement les plus bruyants. Lorsque j’imagine ces
voyages, je suis moi aussi un peu à bord du train.
Peut-être qu’un jour, en balayant encore cette gare, je me lasserais de ce métier.
Mais pour l’instant, le bruit des valises martelant le quai me rappelle encore le souvenir du
bruit des pas sur les galets de ce lac où j’allais enfant, amené par un train de cette même
gare.