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Chapitre II Economie minière

I- Le projet d’investissement minier

1- Définition d’un projet minier :


Économiquement, est un projet d'investissement qui commence par l'exploration puis, en cas de
découverte d'un gisement, il passe à l’exploitation de ce gisement afin de produire un ou plusieurs
produits marchands (un ou plusieurs minéraux, un concentré, plusieurs métaux plus ou moins
purs, etc.).
Ces projets sont longs et coûteux, depuis la demande d’un titre d’exploration jusqu’à la
finalisation de l’étude démontrant la faisabilité d’une mine.

2- Les phases d’un projet minier


Les principales phases économiques d'un projet minier sont généralement les suivantes :
2.1 L’exploration :
Est une phase de recherche et d'identification des ressources minières avec des études géologiques.
Coûts importants et risques élevés. Pas de revenus générés.
Les principaux travaux d’exploration : sont les levés géophysiques, géochimiques et géologiques,
l’échantillonnage et le sondage.
Le processus d’exploration dure généralement de deux à dix ans avec un risque financier très élevé
puisque, selon les connaissances géologiques initiales, seuls 5 à 20% des projets aboutissent.
2.2 Évaluation d’un projet minier :
Lorsque les résultats des travaux d’exploration sur la propriété ont permis de délimiter un gîte
minéral avec un tonnage significatif, le promoteur pourrait réaliser diverses études afin d’évaluer
les paramètres économiques d’une éventuelle exploitation du gîte découvert (évaluation
économique préliminaire, étude de préfaisabilité et étude de faisabilité). Ces études présentent les
détails du projet tels que :

 la délimitation ;
 le volume et la teneur des réserves et des ressources minérales de la propriété ;
 le type d’exploitation envisagé ;
 les méthodes de traitement du minerai ;
 le taux de production ;
 la durée de vie de la mine ;
 le marché visé ;
 l’investissement en capital pour le développement ;
 le rendement de l’opération pour les actionnaires.
Sur la base des résultats de l’étude de faisabilité, le promoteur évaluera la pertinence de
poursuivre le développement de son projet.

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 Évaluation économique préliminaire (conceptuelle) :


C’est la première étude technique et économique réalisée d’un projet minier, dans le
but de faire une première estimation des coûts d’investissement et opératoires ainsi que des
travaux à réaliser, pour avancer, selon les cas, vers l’étude de préfaisabilité ou de faisabilité,
si les conclusions justifient la poursuite des travaux.

Cette étude a pour but de :


- déterminer si le projet a un potentiel de viabilité économique après avoir pris en compte
toutes les composantes techniques, environnementales et sociétales du projet
- identifier les problèmes éventuels à résoudre nécessitant des études détaillées
- identifier et décrire, avec le budget correspondant, les différentes options ou scénarios
possibles pour la poursuite du projet.

Cette étude est basée sur un ensemble de travaux :


- délimitation des corps minéralisés sur la base de travaux d’exploration par sondage et
analyse géochimique ;
- estimation du tonnage et de la teneur des réserves et des ressources minérales ;
- le type d’exploitation envisagé, à ciel ouvert ou souterrain ;
- essai-pilote de traitement du minerai, afin de réaliser une première estimation des coûts en
capital initiaux et des coûts de production ;

 Étude de préfaisabilité :
Les objectifs d’une étude de préfaisabilité sont voisins de ceux de l’étude économique
conceptuelle. Elle diffère seulement que son degré de précision est supérieur à celui de
l’étude conceptuelle. Son utilité est de contrôler l’avancement du projet et de servir de base,
au vu des résultats, de poursuivre ou d’abandonner le projet.
L’étude doit inclure les renseignements adéquats sur l’exploitation minière, le traitement,
la métallurgie, les aspects économiques et les autres facteurs pertinents démontrant qu’il
est possible au moment de la rédaction du rapport, de justifier l’extraction rentable.
Cette étude nécessite la poursuite des travaux de forages pour obtenir une maille
suffisamment serrée de données analytiques pour pouvoir effectuer le calcul des ressources.

 Étude de faisabilité :
L’étude de faisabilité a pour but de démontrer que l’exploitation d’un gisement déterminé
est techniquement et économiquement viable (« faisable ») et socialement accepté.

Cette étude détaille notamment :


- le projet d’exploitation.
- la méthode de traitement envisagé,
- le calcul des réserves exploitables et de la rentabilité,
- les besoins en personnel et les sources de financement du projet

Le rapport de cette étude va servir à l’entreprise :


- pour monter le financement de la mise en production par des investisseurs potentiellement
intéressés par une prise de participation dans le projet ;

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- décider de la mise en route des opérations d’achats de matériels et de services d’ingénierie,


recrutement et formation du personnel, travaux préparatoires tels que la construction des
infrastructures nécessaires, de l’usine de traitement du minerai, des aires de structure,
décapage éventuellement nécessaire pour accéder au minerai.

2.3 Conception et planification :


Une fois la décision de mise en œuvre prise, le projet passe à la phase de conception détaillée.
Cela inclut la conception d'infrastructures minières, de routes d'accès, de systèmes de traitement
des minerais, etc.
Des plans opérationnels sont établis, et les permis et licences nécessaires sont obtenus.
2.4 Construction de la mine :
Importante mobilisation de capitaux pour construire les infrastructures et installations
nécessaires à l'exploitation. Peu ou pas de revenus durant cette phase.
La construction et la mise en exploitation de la mine peuvent prendre plusieurs années et
demander un investissement important, selon le cas (50 millions à plus de 2 milliards de
dollars). La construction inclut notamment les infrastructures suivantes :
- installations minières : rampe d’accès, puits, galeries souterraines, chantiers d’exploitation,
chevalement et autres, selon que l’exploitation est à ciel ouvert ou souterraine ;
- bâtiments de services ;
- halde (empilement) de stériles ;
- parc à résidus miniers ;
- concentrateur (selon le projet) ;
- usine de transformation (selon le projet) ;
- route, chemin de fer, port, ligne électrique, aérodrome (selon le projet).
L’objectif d’une exploitation minière est d’extraire du minerai tout en minimisant l’empreinte
sur l’environnement, dans le respect des communautés vivant à proximité. En particulier,
le locataire a l’obligation de mettre en place et de maintenir un comité de suivi jusqu’à
l’exécution complète des travaux prévus au plan de réaménagement et de restauration.
2.5 Exploitation :
Début de la production et des revenus de vente des minerais. Coûts opérationnels importants.
Retour sur investissements attendu durant cette phase.
La phase d'exploitation commence lorsque la production de minerai commence réellement.
Les activités d'extraction, de traitement, de transport et de commercialisation des minerais sont
gérées.

2.6 Fermeture/Réhabilitation :
Arrêt de la production, démontage des installations, réhabilitation du site minier. Coûts de remise
en état des sols. Fin des revenus.
Une société minière peut notamment procéder à la fermeture de sa mine lorsque les réserves sont
épuisées ou lorsque l’exploitation du minerai n’atteint plus les seuils de rentabilité. La fermeture
d’une mine doit être planifiée avant même son ouverture.

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Note : Les risques économiques sont élevés en phases d'exploration et de construction du fait des
investissements requis sans garantie de résultat. La phase d'exploitation doit générer les profits
permettant de rembourser les investissements initiaux et rémunérer les actionnaires.
Il est important de noter que ces phases peuvent varier en fonction de la taille, de la complexité
et du type de projet minier. De plus, chaque phase doit être réalisée en conformité avec les lois
et les réglementations environnementales et de sécurité en vigueur.

Figure.1 phases d’un projet minier

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3- Facteurs de réussite d’un projet minier :


La réussite d’un projet minier dépend d’une gamme large de facteurs, ce qui rend sa mesure
délicate, d’autant plus si elle essaie d’intégrer les points de vue des différentes parties prenante.
Pour l’entrepreneur, l’indice synthétique final est le profit que dégage l’exploitation du gisement
concerné par le projet, mais pour les populations riveraines ce sera le bon compromis entre
limitation des dégâts environnementaux et retombées économiques directes, et pour le
gouvernement l’adéquation avec des objectifs, eux-mêmes variables, de politique publique.
Ces facteurs sont les suivants :
 l’existence d’un gisement, c’est-à-dire d’une concentration minérale dont il a été démontré
qu’elle est exploitable ;
 la disponibilité des savoir-faire nécessaires pour mettre en œuvre un projet minier.
Dans le cas de projets industriels à grande échelle, ces savoir-faire sont très
diversifiés.
- Des compétences :
 dans différentes disciplines des géosciences (géologie, géochimie,
géophysique, minéralogie, pétrographie, pétrologie, télédétection,
géostatistique, modélisations numériques 3 et 4D),
 dans les domaines du forage, de la métrologie (analyses chimiques et imagerie
scientifique pour la caractérisation des minéralisations en vue de leur
traitement),
 de traitement des minerais, de la métallurgie,
 de l’ingénierie et de la gestion sont nécessaires.
Il est souvent fait appel à des compétences externes à l’équipe de projet
(prestataires de forages, de géophysique, sociétés spécialisées en ingénierie
minière, universités), mais cela suppose une forte capacité à planifier et à
coordonner l’ensemble de ces intervenants et à évaluer de manière critique et
continue les données acquises et les connaissances générées par ces
intervenants externes ;
 la disponibilité des capitaux nécessaires à l’accomplissement de chaque étape du projet
minier ;
 l’adhésion de l’ensemble des parties prenantes concernées par le projet minier.
Celles-ci sont nombreuses et leurs attentes sont diverses et souvent contradictoires, voire
conflictuelles. Fédérer les acteurs, développer du consensus autour d’un projet minier est une
tâche complexe nécessitant des moyens et des talents spécifiques. La consultation des groupes
d’acteurs concernés, leur participation au processus tout au long du projet, la transparence dans
la mise en œuvre de celui-ci (jusqu’au stade post-exploitation, après l’arrêt des opérations) et une
communication claire au cours du projet sont des clés de sa réussite, en particulier du point de
vue du territoire qui porte ce projet.

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Figure.2 Les parties prenantes du projet minier (les parties dont le nom figure en italique
sont spécifiques de projets dans des pays en développement).
© BRGM/CHRISTMANN et al., 2012

4- Paramètres qui influencent la possibilité d’exploitation d’un gisement


A. Teneur et tonnage
Pour qu’un gisement soit exploitable, il faut qu’il contienne plus qu’une concentration
minimale et un tonnage minimal d’une valeur marchande.
La plupart des gisements qui sont à la fois grands et de fortes teneurs ont été exploités et il
reste désormais des gisements petits et à forte teneur et d’autres gisements beaucoup plus
grands mais avec de plus faibles teneurs. Dans tout gisement, la teneur du minerai est
variable. Si la société a besoin d’une ressource, si aucun substitut ne peut être trouvé, et si
le recyclage n’est pas suffisamment efficace pour répondre à la demande, alors le prix de
cette ressource augmente, et des roches de plus faibles teneurs deviennent des minerais. Il
y a bien sûr des limites et des complications à ce modèle, mais ce type d’argument nous
amène à penser que théoriquement, les ressources en de nombreux métaux ne seront jamais
épuisées. Cela ne signifie pas que les besoins de l’industrie seront toujours assouvis. Il est
possible que d’autres facteurs comme la minimisation des modifications
environnementales, encouragées par la société civile limitent ou stoppent l’exploitation de
certains types de gisements.
B. Nature du minerai
Plusieurs autres facteurs influencent fortement la possibilité d’exploitation d’un gisement.
Un facteur important est la nature du minerai. Les caractéristiques à prendre en
considération sont par exemple : le type de minéraux, la taille des grains et la texture du
minerai. Ces caractéristiques influencent le coût de l’exploitation minière : Les minerais
sédimentaires friables et peu résistants sont creusés plus facilement que les roches

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magmatiques plus dures et un corps minéralisé compact et regroupé est beaucoup plus
facile à exploiter qu’un corps minéralisé discontinu et entrecoupé de failles.
Ces caractéristiques influencent également le coût de la purification du métal. En effet la
taille des grains et la dureté du minerai influencent le coût de son broyage en fine poudre.
Cette opération est généralement nécessaire pour les purifications en raffinerie ou en
fonderie. Mentionnant également dans cette partie les éléments mineurs qui augmentent ou
diminuent la valeur d’un minerai. Dans de nombreux cas, le minerai contient d’autres
métaux à des concentrations inférieures aux teneurs limites d’exploitation, mais si ces
métaux sont récupérés lors de la purification du minerai principal, ils peuvent contribuer
de manière significative à la rentabilité d’un gisement. Des exemples de ces métaux «
bonus » sont l’or et l’argent contenus dans les minerais de cuivre et les platinoïdes contenus
dans les minerais de nickel. En revanche, la présence de petites quantités d’autres métaux
peut compliquer le processus d’extraction et diminuer la valeur du minerai. C’est le cas des
« métaux toxiques » parmi lesquels le phosphore que contient parfois le minerai de fer.
C. Localisation du gisement La valeur et la viabilité d’un gisement sont réduites lorsqu’il
est éloigné des régions industrielles et peuplées, lorsqu’il est situé dans un climat hostile
ou dans une région politiquement instable. Tous ces facteurs augmentent le coût de
l’exploitation minière, le coût du transport des produits et le risque d’une exploitation.
La localisation géologique est également un paramètre important. La profondeur d’un
gisement a une influence majeure sur le coût d’exploitation. Un gisement peu profond peut
être exploité à ciel ouvert, qui est une alternative bien moins onéreuse qu’une exploitation
souterraine.
D. Facteurs économiques, politiques et techniques Les critères économiques et
politiques peuvent influencer considérablement la viabilité d’un gisement. Dans certains
cas, ils favorisent l’installation d’une exploitation et augmentent la valeur d’un gisement,
tandis que dans d’autres cas, ils empêchent toute exploitation. Le développement
technologique a une influence positive sur les exploitations minières : c’est grâce à
l’amélioration des techniques d’extraction et de traitement que nous sommes capables
d’exploiter des minerais de moins en moins concentrés.

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II- Rôle de l’ingénieur dans le projet d’investissement minier


Dans un projet d’investissement minier l’ingénieur est responsable de la conception et la
planification, comme il est requis de sa part de :
- Mettre à disposition l’information technique sur les paramètres de la conception, des
méthodes d’extraction, coût de production, récupération des réserves, puissance de
production, et d’autres variables.
En fait, l’ingénieur doit établir les données quantitatives des variables du projet en se basant
sur l’analyse technique.
Ce n’est que lorsque les variables sont quantifiées, que le projet d’études de faisabilité
puisse se mener afin d’établir les décisions d’investissement.
L’exploitation des mines est un environnement d’investissement unique :
Le processus d’évaluation des opportunités d’investissement minier est d’habitude itératif
dans sa nature.
A chaque fois une variable est changée, et l’analyse doit évaluer l’impact de ce changement
sur d’autres variables du projet et sur les résultats financiers. Le processus itératif doit se
répéter jusqu’à ce que la plupart de la conception économique soit achevée sur le projet
analysé. Cela exige du temps, mais représente l’essentiel de l’ingénierie dans le processus
d’évaluation.
Certainement, l’environnement d’investissement associé à l’industrie minière est unique
comparé à l’environnement d’autres industries manufacturières. Certaines caractéristiques
de l’exploitation minière sont les suivantes :
1- Intensité du capital : l’exploitation minière est extrêmement intensive en capital.
L’importance du capital requis pour une nouvelle venture minière varie en fonction du type
de minerais, de la méthode d’exploitation, de la taille de la mine, de sa localisation et
d’autres paramètres, les nouvelles grandes mine exigent un financement allant de 500
millions $ à plus de 10 milliard $.
L’infrastructure de la mine seulement peut demander quelques centaines de millions de
dollars. La plus petite mine de métaux précieux à teneur élevée n’employant pas plus de
10 mineurs ne peut être exploitée à moins de 1 million de dollars.

2- Longues périodes de pré-production : lorsque l’occurrence d’un gisement a été bien


établis, il faut quelques années d’effort intensif avant de pouvoir produire le minerai de
manière continue. Le temps nécessaire pour pouvoir développer une production donnée
peut varier de manière significative. Jusqu’à présent, la période de pré-production allant de
4 à 6 ans est une bonne moyenne d’estimation. Cependant, les réglementations
environnementales récentes est les procédures d’acquisition de permis d’exploitation peut
amener les compagnies minières à des durées de 10 à 12 ans à partie de la date de la décision
d’investissement jusqu’à celle de production.
Cependant, plus cette période est longues plus la probabilité de changement est élevée
concernant les paramètres économiques et d’ingénieries utilisée dans la décision
d’investissement initiale.

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3- Risque élevé : en plus des risques associés à l’intensité du capital et aux longues périodes
de pré-production, il y a également d’autres risques liés à l’exploitation de la mine projetée.
Certains de ces risques sont contrôlables par l’investisseur, d’autres sont clairement
incontrôlables. Généralement ces risques sont placés sous les risques géologiques,
d’ingénierie, économiques et politiques.

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