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Chapitre 1

CONCEPTS FONDAMENTAUX

Dans ce chapitre, nous donnons les dé…nitions, les terminologies et notations usuelles
utilisées le long de ce cours. Pour plus de détails, le lecteur peut consulter les livres de
Berge, Harary et Diestel.

1.1 Généralités sur les graphes

Un graphe est un couple G = (V; E) formé d’un ensemble …ni V de sommets de G


et d’un sous-ensemble E de l’ensemble des paires de sommets; E est appelé ensemble
des arêtes de G. Le cardinal de V est appelé l’ordre de G; noté souvent par n. Si
e = (u; v) est une arête, on dit que e est incidente à u et v et que les deux sommets
u et v sont adjacents et on notera simplement e = uv. Une boucle est une arête dont
les deux extrémités sont confondues. Un graphe est dit simple s’il est sans boucles et
sans arêtes multiples. Tous les graphes considérés sont sauf précision, simples et …nis.

Le voisinage ouvert d’un sommet v est l’ensemble NG (v) = fu 2 V j uv 2 Eg


et le voisinage étendu de v est l’ensemble noté NGS [v] = NG (v) [ fvg. Pour un sous-
ensemble S V; le voisinage ouvert est NG (S) = v2S NG (v) et le voisinage étendu
NG [S] = NG (S)[S: S’il n’y a pas de confusion, nous écrirons N (v) et N [v] à la place de
NG (v) et NG [v] respectivement, de même pour NG (S) et NG [S]: Le degré d’un sommet
v 2 V noté dG (v) est égal au cardinal de son voisinage ouvert. Un sommet de degré
zero sera dit sommet isolé et un sommet de degré égal à un sera dit sommet pendant.
On notera par (G) et (G) le degré maximum et minimum dans G respectivement.
S’il n’y a pas de confusion, on ecrira d(v), et pour désigner respectivement dG (v),
(G) et (G):

Une chaîne C dans un graphe G = (V; E) est une séquence …nie de sommets
v1 ; v2 ; ::::; vk telle que pour tout 1 6 i 6 k 1, ei = vi vi+1 2 E. L’entier k 1
représente la longueur de C (au sens des arêtes) et les sommets v1 et vk sont appelés
respectivement extrémité initiale et extrémité …nale de la chaîne C. Une chaîne est
dite élémentaire (resp. simple) si tous ses sommets sont distincts (resp. toutes ses
Généralités sur les graphes 4

arêtes sont distinctes). Une corde est une arête reliant deux sommets non consécutifs
dans une chaîne. Une chaîne minimale induite par n sommets et notée par Pn est
une chaîne élémentaire sans cordes. Un cycle est une chaîne dont les deux extrémités
sont confondues. Un cycle élémentaire Cn induit par n sommets est un cycle dont les
sommets sont distincts.Un cycle est dit hamiltonien s’il passe par tous les sommets une
et une seule fois.Un cycle est dit eulerien s’il passe par toutes les arêtes une et une
seule fois. Un cycle pair (resp.impair) est un cycle de longueur paire (resp.impaire).

La distance entre deux sommets x et y d’un graphe G notée d(x; y) est la


longueur de la plus courte chaîne joignant x et y: L’excentricité d’un sommet v dans
un graphe G = (V; E) est dé…ni par exc(v) = maxfd(v; w); w 2 V g et le diamètre de
G noté diam(G) est égal à maxfexc(v); v 2 V g:
On note par Br (v) la boule de centre v et de rayon r 1 le sous ensemble de
sommets à distance au plus r de v : Br (v) = fu= d(u; v) rg. On a B1 (v) = N [v]:

Un graphe est dit connexe si pour toute paire de sommets du graphe il existe une
chaîne les reliant. Une composante connexe d’un graphe est un sous graphe maximal
(au sens de l’inclusion) connexe.

Soit G = (V; E) un graphe simple. On appelle sous graphe induit par S V,


le graphe noté G[S] ayant S pour ensemble de sommets et pour ensemble d’arêtes les
arêtes de E ayant leurs deux extrémités dans S: Soit U E; on dé…nit le graphe partiel
de G dé…ni par U noté GU le graphe dont les ensembles de sommets et d’arêtes sont
respectivement V et U: Le graphe complémentaire de G noté G est un graphe ayant le
même ensemble de sommets que G et une arête est dans G si elle n’est pas dans G:
D’une façon générale, lorqu’on parle de graphe minimal ou maximal avec une certaine
propriété sans avoir spéci…é un ordre particulier, on se réfère à la relation de sous
graphe. Lorqu’on parle d’ensemble minimal ou maximal de sommets ou d’arêtes c’est
au sens de l’inclusion d’ensemble.

Un sous-ensemble S V est dit stable de G si les sommets de S sont deux à


deux non adjacents (ie: 8 x; y 2 S, xy 2 = E). Le cardinal maximum (resp.minimum )
d’un ensemble stable maximal de G noté (G) ( resp i(G) ) est appelé le nombre de
stabilité ( resp. le nombre de domination stable) de G.

Un sous-ensemble M E est dit couplage de G si les arêtes de M sont deux à


deux non adjacentes. Un sommet x qui est extrémité d’une arête e d’un couplage M
de G est dit saturé; dans le cas contraire on dit que x est insaturé par M . Un couplage
qui sature tous les sommets du graphe est appelé couplage parfait. Evidement, un
couplage parfait est maximum.
Généralités sur les graphes 5

On appelle transversal de G un ensemble T V de sommets tel que toute


arête de G ait au moins une de ses extrémités dans T (recouvrement des arêtes par les
sommets).

On appelle recouvrement une famille F E d’arêtes telle que tout sommet x 2


V soit l’extrémité d’au moins une arête de F . Un couplage qui est un recouvrement
est un couplage parfait.

Propriétés i) S X est un stable si et ssi XnS est un transversal

ii) M ax jSj + M in jT j = n

iii) M ax jM j + M in jRj = n

4i) Si G est biparti, alors M ax jM j = M in jT j et M ax jSj = M in jRj :

Figure 1 Pour le graphe biparti suivant, l’ensemble des sommets en gris constitue un
stable maximum et un transversal minimum. Les arêtes en gras constituent un couplage
maximum et un recouvrement minimum.

Soit P une propriété. On dit qu’un ensemble S est minimal pour la propriété
P si aucun sous-ensemble strict de S ne véri…e cette propriété. Un ensemble est dit
minimum pour la propriété P si aucun ensemble plus petit (pas nécessairement un
sous-ensemble) ne véri…e la propriété. Ainsi, un ensemble minimum est nécessairement
minimal, mais l’inverse n’est pas vrai en général.

De même, on dit qu’un ensemble S est minimal pour la propriété P si aucun


ensemble contenant S et di¤érent de S ne véri…e cette propriété. Il est dit maximum
si aucun ensemble plus grand que S (sans nécessairement le contenir) ne véri…e P.
Graphes particuliers 6

1.2 Graphes particuliers

Un graphe dont tous les sommets ont le même degré k est appelé un graphe k-régulier.
Ainsi les cycles élémentaires Cn sont des graphes 2-régulier.

Un graphe G = (V; E) est dit complet si tous les sommets du graphe sont
adjacents deux à deux. Un graphe complet sur n sommets est noté Kn . On appelle
clique de G un sous-ensemble de sommets qui induit un graphe complet.

Un graphe est dit biparti si l’on peut partitionner l’ensemble de ses sommets en
deux sous-ensembles stables V1 et V2 (ie: les sous graphes G[V1 ] et G[V2 ] ne contiennent
aucune arête). Un graphe est biparti si et seulement si il ne contient pas de cycles de
longueur impair. Un graphe bipartit complet est noté Kp;q avec p et q des entiers
positifs. Un arbre est un graphe biparti connexe ayant exactement (n 1) arêtes. Une
forêt est un graphe ou chaque composante connexe est un arbre.

Soit G un graphe et soit t 1 un entier. La fermeture t transitive de G, notée


t
G , est le graphe ayant pour ensemble de sommets V (G) tel que deux sommets u et v
sont adjacents dans Gt si et seulement si ils sont à distance inférieure ou égale à t dans
G.

Figure 2 Exemple de fermeture d’un graphe G:

Un hypergraphe est la donnée d’un couple (V; E) où V est un ensemble et E un


sous-ensemble de l’ensemble des parties de V . Les éléments de V sont appelés sommets
de l’hypergraphe, et les éléments de E les hyperarêtes de l’hypergraphe. Un graphe
non orienté peut être vu comme un hypergraphe dont toutes les hyperarêtes sont de
cardinalité deux.
Hommomorphismes de graphes et coloration 7

Figure 3 Exemple d’hypergraphe.

1.3 Hommomorphismes de graphes et coloration

Soient G = (V; E) et G0 = (V 0 ; E 0 ) deux graphes. Un homomorphisme de G dans G0 est


dé…ni par une application f de l’ensemble V dans l’ensemble V 0 telle que deux sommets
u et v adjacents dans G, ont pour images deux sommets f (u) et f (v) adjacents dans
G0 ( f est une application préservant l’adjacence).

Un exemple important d’homomorphisme, est la donnée d’une coloration des


sommets d’un graphe G avec n couleurs. D’une manière plus précise, soit n un entier,
un graphe G = (V; E) est dit n-colorable si on peut associer à chaque sommet de G une
couleur prise dans f1; 2; ::; ng de sorte que deux sommets adjacents soient de couleurs
di¤érentes. Une telle coloration peut être interprétée comme un homomorphisme c de
G dans le graphe complet Kn construit sur les sommets f1; 2; ::; ng et réciproquement,
un homomorphisme c : G ! Kn dé…nit une n-coloration de G.

Le nombre chromatique d’un graphe G est dé…ni comme étant le plus petit
entier n pour lequel G admet une n-coloration. Ce nombre est noté (G). Ainsi, G est
n-colorable si (G) n et G est n-chromatique si (G) = n.

Théorème 1.1 (Brooks) Soit G un graphe connexe autre qu’une clique ou un cycle de
longueur impaire et de dgré maximale ; alors (G) :

Deux graphes G et G0 sont dits isomorphes s’il existe une application bijective
f de l’ensemble V dans l’ensemble V 0 telle que deux sommets u et v sont adjacents
dans G si et seulement si f (u) et f (v) sont adjacents dans G0 ( f et f 1 préservent
l’adjacence).
Produits de graphes 8

1.4 Produits de graphes

Plusieurs opérations sur les objets que sont les graphes peuvent être dé…nies. Parmi
ces opérations, nous nous intéréssons particulièrement au produit de graphes.

On dé…nit le produit de deux graphes G et H comme étant un nouveau graphe


noté G H ayant comme ensemble de sommets V (G H) le produit cartésien des
ensembles de sommets de G et de H noté V (G) V (H): L’ensemble des arêtes est
entièrement dé…ni par les relations d’égalité, d’adjacence ou de non adjacence entre les
sommets des deux composantes G et H.

Parmi les 256 types de produit résultant de cette dé…nition, nous présentons ici
les quatre produits les plus étudiés dans la littérature.

Produit Cartésien: On dé…nit le produit cartésien de G et H noté G H (appelé


parfois aussi produit carré); le graphe où deux sommets (x1 ; y1 ) et (x2 ; y2 ) dans V (G)
V (H) sont adjacents si x1 = x2 et y1 y2 2 E(H) ou si y1 = y2 et x1 x2 2 E(G):

Figure 4 Le produit cartésien C4 P2

Conjecture 1.2 (Vizing, 1963) (G1 G2 ) = M axf (G1 ); (G2 )g:

Produit Croisé: On dé…nit le produit croisé de G et H noté G H; le graphe


où deux sommets (x1 ; y1 ) et (x2 ; y2 ) dans V (G) V (H) sont adjacents si x1 x2 2 E(G)
et y1 y2 2 E(H):

Le produit croisé est l’unique produit véri…ant les propriétés canoniques du


produit au sens des catégories et de ce fait il est aussi parfois appelé produit catégoriel.
Produits de graphes 9

Figure 5 Le produit croisé C4 P2

Conjecture 1.3 (Hedetniemi, 1966) (G1 G2 ) = M inf (G1 ); (G2 )g:

Cette conjecture n’est prouvée dans le cas général que pour n 4:

Produit total: Le produit total de G et H est le graphe noté G H tel que deux
sommets (x1 ; y1 ) et (x2 ; y2 ) dans V (G) V (H) sont adjacents si x1 = x2 et y1 y2 2 E(H)
ou si y1 = y2 et x1 x2 2 E(G) ou si x1 x2 2 E(G) et y1 y2 2 E(H):

Figure 6 Le produit total C4 P2

Produit lexico-graphique: On dé…nit le produit lexico-graphique de G et H noté


G H ; le graphe où deux sommets (x1 ; y1 ) et (x2 ; y2 ) dans V (G) V (H) sont adjacents
si x1 x2 2 E(G) ou si x1 = x2 et y1 y2 2 E(H).

De ces dé…nitions, il ressort calirement que pour toute paire de graphe G et H,


G H est un sous-graphe de G H; de même que G H et G H sont des sous-graphes
de G H:
Hypercube, Graphe de Hamming 10

1.5 Hypercube, Graphe de Hamming

L’hypercube de dimension n est le graphe ayant pour ensemble de sommets V = f0; 1gn
tel que deux vecteurs de V sont adjacents si et seulement si ils di¤érent en exactement
une coordonnée. On note Qn l’hypercube de dimension n.

On peut voir l’hypercube comme le produit cartésien de K2 par lui même:


Qn = n K2 pour tout n 1: On remarquera que la distance entre deux sommets
de l’hypercube est égale au nombre de coordonnées sur lesquelles ces deux sommets
di¤érent.

Figure 7 Qk+1 = Qk K2 : Les hypercubes de dimension 1, 2 et 3.

L’hypercube a été généralisé en ce qu’on appelle les graphes de Hamming. Un


graphe de Hamming est le produit cartésien de cliques de tailles quelconques.

1.6 Grille, Tore, Grille in…nie

Une grille de dimension n est le produit cartésien de n chemins. Un tore est le produit
cartésien de cycles. La grille in…nie est le produit cartésien dechemins in…nis P1 :

On dé…nit la grille n dimensionnelle (in…nie) comme étant le graphe ayant


pour ensemble de sommets Zn et pour ensemble d’arêtes
X
n
fuv n d1 (u; v) = jvi ui j = 1g où d1 (u; v)
i=1

représente la longueur d’un plus court chemin entre u et v. La distance d1 est appelée
parfois distance de Manhatan ou encore distance de Lee. On utilsera simplement le
terme de grille pour la grille bidimensionnelle.
Alphabet, Mot, Métrique 11

On désigne par bande de hauteur k le sous-graphe Sk de la grille induit par le


sous-ensemble de sommets f1; :::; kg Z, et par demi-bande de hauteur k le sous-graphe
Sk+ de la grille induit par le sous-ensemble de sommets f1; :::; kg N.

Nous appelons grille k n (…nie) le sous-graphe Gk n de la grille induit par le


sous-ensemble de sommets f1; :::; kg f1; :::; ng:

1.7 Alphabet, Mot, Métrique


P
UnP alphabet est un ensemble de lettres. Un mot sur cet alphabet est un élément
k
de où k désigne la longueur du mot.
P
L’alphabet le plus courant est l’alphabet binaire, = f0; 1g:
Etant donné deux mots u = (u1 ; u2 ; :::; uk ) et v = (v1 ; v2 ; :::; vk ) de f0; 1gk , on
désigne par u + v le mot ((u1 + v1 ); (u2 + v2 ); :::; (uk + vk )) où + est la somme modulo
2.

Sur un ensemble de mots, on dé…nit une métrique, c’est à dire une règle de
calcul des distances. Il existe principalement trois métriques.

Métrique de Hamming
La distance entre deux mots est le nombre
P de caractères par lesquels ils di¤èrent.
Par exemple, dans l’alphabet = f0; 1; 2; 3g; les mots (0; 3; 2; 3; 1) et (3; 3; 2; 1; 1)
sont à distance 2.

Métrique de Manhattan
Si l’alphabet comporte k éléments, on note ses éléments par les entiers de 0 à k 1.
La distance entre deux mots u = (u1 ; u2 ; :::; uk ) et v = (v1 ; v2 ; :::; vk ) est dé…nie par

X
n
d(u; v) = jui vi j :
i=1
P
Par exemple, dans l’alphabet = f0; 1; 2; 3g; les mots (0; 3; 2; 3; 1) et (3; 3; 2; 1; 1)
sont à distance (3 0) + (3 1) = 5:
Alphabet, Mot, Métrique 12

Métrique de Lee
Ressemble beaucoup à celle de Manhattan. Deux lettres sont à distance 1 si leur
di¤érence est 1, mais aussi s’il s’agit des lettres 0 et k 1. On peut imaginer les lettres
placées sur un cycle , et non plus sur un chemin.
La distance entre deux mots u = (u1 ; u2 ; :::; uk ) et v = (v1 ; v2 ; :::; vk ) est dé…nie
par
Xn
d(u; v) = M in (jui vi j ; k jui vi j ):
i=1
P
Par exemple, dans l’alphabet = f0; 1; 2; 3g; les mots (0; 3; 2; 3; 1) et (3; 3; 2; 1; 1)
sont à distance 3; car M in(j0 3j ; 4 j0 3j) = 1 et M in(j3 1j ; 4 j3 1j) = 2
mod 4:

Remarque 1.4 Dans un alphabet binaire, les trois métriques correspondent. De plus,
sur un alphabet non …ni, les métriques de Manhattan et de Lee correspondent.

Rapport aux graphes


P
Pour un alphabet , une longueur de mots k et une métrique correspondant P
à une
distance d, on dé…nit le graphe G ayant pour ensemble de sommets V (G) = k et
pour ensemble d’arêtes

E = f(u; v) 2 V 2 = d(u; v) = 1g:

Si on considère l’alphabet binaire et une longueur de mots k, dans chacune des


trois métriques, le graphe résultant est l’hypercube Qk :

Si on considère l’alphabet à l éléments et des mots de longuer k, alors:


- avec la distance de Hamming on obtient le graphe de Hamming Hkl ,
- avec la distance de Manhattan on obtient la grille Pkl ;
- avec la distance de de Lee, on obtient le tore Ckl :

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