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Je

Je me trouve au bord du chemin. Facile jusqu'à présent, il se sépare aujourd'hui en deux. Un chemin à
gauche, un chemin à droite.
Un choix comme on n’en fait plus.
Je les observe patiemment. De la verdure, des arbres de chaque côté, j'aperçois même quelques
papillons voleter.
Le propre des chemins est d’avoir une destination. Encore faut-il savoir où je veux aller. Encore faut-il
avoir un objectif. Ou bien le simple fait d’avancer est suffisant ?
Un pas devant l’autre et voilà une vie bien remplie. Remplie de joies, de peines, d’amour, de haine,
d’incompréhensions et autres fabulations. Remplie de gens et autres animaux. Remplie d’objets
cassés, de cœurs brisés, de rafistolages et de confiances bafouées à répétition.
A quel point ai-je mon mot à dire? Quels pouvoirs ont mes choix sur le reste de ce qui est, a été, sera?
Je prends la droite.
Parce que l’expression “droit dans mes bottes” me fait rire. Parce qu’il y a comme un air de justice
dans ce qui est droit. Parce que je suis droitière. Parce que j’aime avoir le droit de faire les choses.
La gauche souffre de préjudices. Être gauche, c’est être maladroit. Personne n’a envie d’être
maladroit. Je le suis déjà bien assez. Et puis je ne voudrais pas passer l’arme à gauche trop vite.
Je prends à droite.
Peut-être que je me trompe. Peut-être que l’herbe est plus verte à gauche. Peut-être que les rencontres
y seront plus aimables. Peut-être que j’y apprendrais à marcher droit.
Mais je prends à droite.
Un pas, deux pas.
C’est un cul-de-sac.
Tu

Tu as l’air tellement à l’aise dans les bras de Morphée. Tu en oublierais même de respirer. Ta bouche
entrouverte, tes yeux fermés, tes petits poings à demi serrés. Tu ne laisses pas le bruit t’embêter. Dans
ton immobilité, tu sembles avoir toutes les réponses à la vie et à l’univers. Une sagesse de milliards
d’années sur ton visage de quelques heures à peine. Tu brilles de tout éclat et, dans tes rêves, tu dois
entendre les anges chanter une symphonie en ton honneur. Comment expliquer autrement la paix qui
émane de ton corps fragile? Ton impassibilité est apaisante. Le temps s’est arrêté sur toi, nous
permettant de t’admirer comme une œuvre d’art. Ta beauté ferait pâlir la Joconde. Ta peau, semblable
à de la porcelaine, est un appel aux caresses mesurées. Derrière tes paupières se trouvent les plus
beaux yeux de l’humanité.

Tes parents, entre deux sanglots, te disent de te réveiller.


Il

Il se sent seul dans son désespoir. Il se sent accablé par l’angoisse, la déception, la désolation. La vie
n’a pas été tendre avec lui, entre remords et amitiés perdues. Il est dans un ennui constant. Chaque
lever de soleil apporte son lot de questions sans réponses. Chaque coucher de soleil est synonyme
d’opportunités gâchées. Le temps passe inlassablement, et avec lui des larmes refoulées, des colères
ratées, des regrets répétés. Les pensées deviennent un être à part entière, un ennemi, le plus important
jamais affronté. Le combat est perdu d’avance, car l’obligation de se battre est une défaite en
elle-même. Il décide de tout arrêter. S’il n’y a plus de pensée, il n’y a plus de mal-être. S’il n’y a plus
d’être, il n’y a plus de pensée.
Il cherche les mélanges d’alcool et de médicaments les plus dangereux et se prépare à dire adieu à ses
amis. Il vient chez moi, me propose qu’on se voie la semaine suivante et me prend dans ses bras.
Il rentre chez lui. Il se sent seul dans son désespoir.
Il survit.
Elle

Elle est partout où elle est attendue, mais aussi partout où elle ne l’est pas. Elle caresse, rugit, mord.
Elle frappe, murmure, embrasse. Elle offre ses eaux et ses terres aux voyageurs meurtris. Elle punit
dans sa grande sagesse ineffable ses enfants orgueilleux qui lui en demandent trop, mais condamne
des milliers d’innocents au passage. Quand oubliée, elle se rappelle à nous dans le froid de la nuit,
dans la brise du matin, dans l’éclat du soir. Quand agitée, elle devient tour à tour cyclone puissant,
tsunami dévorant, séisme débilitant. Quand admirée, elle se trouve dans les chants des oiseaux au petit
matin, dans les fleurs aux odeurs enivrantes, dans le bruit du vent dans les feuilles. Elle est à la fois
accueillante et intransigeante, douce et impitoyable, morte et vivante, telle une divinité que nous
oublions trop souvent de prier.
Iel

Iel n’est pas encore là. Iel est attendu.e. Comme la pluie après une sécheresse. Comme la ligne
d’arrivée d’un marathon.
Iel sera un miracle, comme tant d’autres avant soi et tant d’autres après. Responsable de sourires, de
rires, de pleurs, d’heures d’inquiétude et d’espoir inégalé. Iel sera un.e parmi tant d’autres, et sera
l’être le plus important de l’univers. Une poussière dans l’infini, un tsunami en approche.
Iel dansera parmi les tambours et les sifflets. Iel chantera pour les âmes égarées. Iel aura le coeur qui
bat et des personnes pour l’épauler quand il sera brisé.
On

Mon corps se tord. C’est plus impressionnant de l’intérieur. Tout se contracte et se relâche
dans un ordre aléatoire, part dans tous les sens, il vaut mieux ne pas être à côté.

Mon corps tombe. L’énergie le quitte. Plus rien ne répond. Là, deux options :
Soit je rêve. Un rêve précis, détaillé, que je ne veux pas quitter. Quand je me réveille, mon
premier réflexe est de vouloir repartir dans le rêve. Puis j’entends les voix autour de moi et je réalise
que je suis au sol. J’ai peur. Je me souviens de ce que je faisais avant, et de qui j’ai autour de moi. Je
respire.
Soit je cauchemarde. Je sens mon corps se diriger vers le sol. J’ordonne à mes bras d’amortir
la chute avec plus ou moins de succès. je me fais mal à l’épaule mais au moins ce n’est pas ma tête
qui cogne le sol. Je ne bouge plus. Je ne peux pas. Je pense. Les gens font du bruit, se demandent ce
qu’ils peuvent faire, mais pas grand chose en vérité. Au moins ils réfléchissent à mon confort. C’est
gentil.

Mon corps ne m’appartient pas. Il a des bouts que je ne veux pas, des membres que je ne
contrôle pas. Je ne peux pas faire ce que je veux. Je ne peux pas ressentir ce que je veux.

Mon corps me demande des choses que je ne veux pas lui donner. Il me donne des choses que
je ne veux pas recevoir. Je lui donne des choses qu’il ne demande pas.

Mon corps et moi, on s’entend pas.


Nous

Nous avons eu nos désaccords. Nous avons eu nos instants de colère, de tristesse, de jugement. Nous
avons eu nos incompréhensions. Nous avons eu nos assiettes brisées, nos verres trop remplis, nos cris,
nos pleurs, nos portes claquées. Et pourtant nous sommes encore là. Tels des musiciens, devenant
meilleurs que nous-mêmes pour l’ensemble. Nous sommes une famille, nous réunissant dans la joie et
la tristesse, prêts à tendre une main à chaque instant. Nous nous rassemblons et nous racontons les
dernières nouveautés. Nous partageons les repas, les jeux, les histoires. Nous rions, beaucoup.
Vous
Ils

Ils sont infinis. L’imagination est leur engrais. Le temps leur essence.
Ils commencent par des belles nuits d’été accompagnées d’amis. Ils avancent dans des balades en
forêt, quand les feuilles tombent et que le temps est doux. Ils se réchauffent au coin d’un feu lors des
premières tombées de neige. Ils sourient face aux fleurs qui éclosent et au soleil qui réchauffe.
Ils rient, ils grandissent, ils se trompent, ils espèrent. Ils prennent dans leurs bras les âmes esseulées.
Ils sont toujours et jamais à la fois.
Ils sont solitude et amour.
Ils sont dans la brise matinale, dans l’étoile la plus brillante du ciel, dans un signe de la nature.
Ils sont accompagnés d’un désespoir qui semble insurmontable. Ils sont l’injustice même.
Ils sont rêvés, ils sont pleurés.
Les jours qui ne seront jamais.
Elles

Elles changent la donne, le futur, les opportunités. Elles se déclarent aux mauvais moments qui
s’avèrent être les bons, permettant les temps d’arrêt et les remises en question. Elles brisent le coeur
parfois, changent la vie souvent. Quand fauter devient une habitude, il s’avère compliqué de ne pas
s’y identifier. Les erreurs de jeunesse, de vieillesse, de maladresse se succèdent parfois en peu de
temps, et les étourderies se transforment en aberrations, les bévues en bêtises, les boulettes en
bourdes.
Les fautes
Les chaussettes

Les genres dans les amitiés, c'est comme les chaussettes. Dès que c'est pas les mêmes, on les
remarque et on les pointe du doigt. On y trouve un attrait incongru et on leur écrit des histoires
d’amour. Si elles sont si différentes, c'est qu'elles se complètent après tout. Sinon, pourquoi avoir une
chaussette rouge et une chaussette verte côte à côte ? Quelle idée saugrenue, si ce n’est pour
s’entrelacer et se nouer dans une décadence filaire, et se tricoter une ribambelle de minuscules
chaussettes marron. Être amis? Vraiment, quelle idée ! Il faut vite broder des vêtements blancs pour
toutes les chaussettes dépareillées !
Voyez-vous les commères et compères s’affairer à grands coups de rumeurs enthousiastes, de sourires
en coin, d’interprétations malsaines? Et ça fait des théories, et ça se justifie, et ça pose des questions,
dans une voix à peine étouffée, à la manière dont une comédienne peut crier un aparté. Personne ne
regarde, mais tout le monde voit. Ce n’est pas le nez au milieu de la figure, non. Ce sont seulement
deux ami.es-chaussettes. Un.e rouge, un.e vert.e. Une fourchette, un couteau. Une femme, un homme.
Un être binaire, un être non-binaire. Un.e enfant, un.e enfant.
M’est d’avis qu’en termes d’amitié, le plus important est de trouver chaussette à son pied.
La princesse et le roi

La reine et le prince se plaignent et se moquent, tout en même temps, de la relation de la princesse et


du roi. Ces derniers seraient complices dans leur mauvaise foi, camarades dans leur rage, acolytes
dans leur désespoir. L’explication viendrait des étoiles, alignées de manière similaire à chacune de
leur naissance. Tout est bon pour vérifier ces théories : accueillir chacune de leurs paroles avec
dédain, leur demander de justifier chaque mot de chaque phrase prononcée, les faire culpabiliser
d’essayer de communiquer, ne pas chercher, surtout, à les comprendre. La reine devient alors égérie
de sagesse, le prince savant équilibré aux envies de patricide. Le peuple se range sans conteste à leurs
côtés car, après tout, qu’y a-t-il de plus réconfortant qu’une mère?
Le roi se range dans le silence, maudissant les étoiles à chaque son dépassant ses lèvres. La princesse
se terre dans le désespoir, y découvrant la sécurité des mots écrits et l’empathie de ceux qui ressentent
tout trop fort. Elle en sort avec dans les bras un dictionnaire des non-dits, un manuel de
communication, une notice d'utilisation des cordes vocales. Elle étudie et apprend, articule les silences
et les lettres, infiltre les discussions et autres incompréhensions. Mais la mauvaise foi fait loi dans ces
terres où avoir tort est un signe de faiblesse, la rage est inarrêtable face aux autres grands orateurs et le
désespoir se plaît à prendre de la place au fil des oublis, des balbutiements, des erreurs de parcours et
autres mauvais choix de vocabulaire.
La princesse se retrouve seule. Le roi se retrouve seul. Mais qu’importe, les étoiles ont décidé qu’ils
étaient complices, camarades et acolytes, et les étoiles ne souffrent d’aucune contradiction. La
princesse observe la reine et le prince, et prend en notes les intonations, les tournures de phrases, les
virgules et les respirations. La copie est un art difficile et, malgré les efforts de la princesse, ne peut
être que rarement apprécié. La princesse devient fausse, manipulatrice, usurpatrice, portée par un
personnage trop grand pour elle tandis que ses propres pensées s’effacent peu à peu. Le roi observe la
reine et le prince, et se sent bafoué, insulté, empli d’une jalousie nouvelle qu’il ne savait pas même
exprimer en pensée, et qui prend un malin plaisir à se déverser sous forme d’invectives violentes. Ses
traits d’esprit, autrefois remplis d’humour, deviennent une pâle copie des réflexions du prince. Son
enthousiasme, autrefois charmant, devient une énergie épuisée et épuisante sans aucun attrait.
La princesse et le roi se perdent. Ils portent timidement leurs couronnes lors des repas comme pour
excuser leur présence. La concentration demandée pour ne parler que si nécessaire leur donne un air
grave mais vide. Ils ne savent plus qui ils sont, quoi raconter, quoi demander, quoi répondre. Ils
alternent entre essai désespéré et silence blessant. La reine et le prince les invitent à ommuniquer plus
puis les félicitent de ne rien dire. Les rires sont acceptés, et même encouragés, et les bouches de la
princesse et le roi se tordent parfois dans une mimique parfaite, cherchant ce qui est drôle, cherchant
ce qui est vrai, se demandant ce qu’ils voulaient communiquer, pourquoi ils voulaient communiquer,
est-ce qu’ils voulaient communiquer, qui ils étaient.
Martine veut une petite fille

Martine veut une petite fille et lui achète des robes. La petite fille est grosse, dépasse en tout sens,
déchire les manches et prend de la place.
Martine veut une petite fille et lui offre des poupées. La petite fille leur rase le crâne, colorie leurs
peaux, déplore le manque de réalisme de leurs mains figées mais pas de leurs tailles ciselées.
Martine veut une petite fille mais pas n’importe laquelle. La petite fille se retrouve guenon, peste, sale
princesse, bizarre, pas croyable, accroupie dans un coin pour pleurer.
Martine veut une petite fille et lui dit comment être aimée. La petite fille n’arrête pas d’être grosse, de
se curer le nez, de parler trop fort et de se comparer.
Martine veut une petite fille et des souvenirs à admirer. La petite fille est mal à l’aise mais sourit, et ce
n’est pas bien. La petite fille essaie de prendre la pose, et ce n’est pas bien. La petite fille essaie à
nouveau de sourire, avec les larmes aux yeux, et ce n’est pas bien. La petite fille pleure, et c’est le seul
souvenir qu’elle aura.
Martine voulait une petite fille heureuse et a tout essayé. Elle lui a pavé un chemin de fortune au
travers des moqueries sans âge, des oppressions invisibles et des attentes malsaines.
Elle a fait de son mieux, mais ne s’est pas rendue compte qu’elle n’était elle-même qu’un écho
tyrannique de la société qu'elle méprise tant.
Peut-être

Ce n'est pas que je t'aime


Mais les corps qui se mêlent me font penser à toi
Simple proximité à laquelle je n'ai pas droit
Je compte les battements d'ailes d'Icare
Ce n'est pas que je t'aime
Mais chaque trace que l'on sème prend sens avec toi
Le bord d'un trottoir, caresse du bout des doigts
Une rue un peu perdue, la prudence qui s'égare

Ce n'est pas que je t'aime


Ce n'est sûrement qu'un besoin naturel
De la chaleur humaine dans ce monde irréel
Un goût dans l'air qui pétille, qui réveille
Ce n'est pas que je t'aime
Tu m'as juste appris à respirer le ciel
A goûter l'Eternité de mon geste frêle
Tu me fais me sentir belle

Les entrelacs des âmes


Les entrelacs de corps

Je suis la sorcière
Déesse tombée sur Terre
Attachée aux hommes
Je croque la pomme

Je repense aux entrelacs


Ceux qui dansent et suivent
Les courbures de mon corps qui se détend, je sens
Mes cellules qui se resserrent et se desserrent
Au souvenir de ce semblant de péché
Qui ne peut qu'être pardonné

La sorcière se sent seule


Son sort est sur le sol
Maintenant il sait, maintenant il sait
La saleté salvatrice
Se recycle en sourire
Maintenant il sort, maintenant il sort
A la bonne heure

Décroche-moi la lune
Qui éclaire les cafards
Que j'ai dans mon lit le soir
Décroche-moi l'astre
Témoin du désastre
Et symbole du temps qui passe

La couturière
Manque de fil
Pour rabibocher les idylles
Les petits soldats
Sont toujours dans tes draps
Mais tu ne te bats pas pour moi

Je tiens à cette étiquette, ces mots


Seuls remparts face au bourreau
Face à la guillotine en porte-à-faux
Que je ferais pleuvoir sur nos dos

Je veux le beurre
L'argent du beurre
Et cette pute de crémière
Je t'aime encore
A la bonne heure
Mais dis-moi qu'est-ce qu'on peut bien en faire ?

On pourrait en faire une prière


Adressée aux étoiles du bord de mer
On pourrait en faire un rêve
Juste pour nous deux dans la drève
Une danse dont le cinquième temps
Dure indéfiniment
Des pas dans la neige
Des confidences près du feu
Des bisous intempestifs
Des je t'aime moi non plus
Des baisers sur un banc
Des regards qui veulent tout dire
Et des mots sans sens
Des poésies au petit matin
Des chansons sans fin
Des sourires de fous
Des...
Bonheur.

Je veux tes yeux


Je veux ton âme
Et je veux que la sorcière crame
Renaître

Je me perds et, en même temps, te perds


Je suis coupable mais je n'ai pas provoqué ça
Je pense toujours que nous deux, c'est la paire
Si seulement ce nuage pouvait s'échouer plus bas

Remise en question, je n'ai pas toutes les réponses


Mais je veux tes « je t'aime » et tes yeux qui brillent
Dès que je peux, je suis mon cœur quand il fonce
Mais c'est con, parfois je reste une bille

Mais pour toi, moi et notre belle histoire


Pour ma vie qui s'illumine de ton sourire
Ensemble nous pouvons être notre but et notre espoir
Pourquoi pleurer lorsqu'on peut en rire

J'ai vraiment honte de ne pas être « normale »


Mais tu m'as dis que tu acceptais mon malheur
Car le présent sera passé, et qu'il faut perdre des batailles
Pour pouvoir entendre plus fort les battements de nos cœurs

Je voudrais que l'on crie un jour à l'unisson


Que nous avons grandis grâce à nos mauvais côtés
Car nos sentiments seulement pour nous ils sont
Faisons concurrence au monde et à sa beauté

Si nous restons figés par la peur


Alors comment pouvons-nous être ?
Notre courage gardera pour nous ce bonheur
De nous voir à chaque regard renaître
Effleurer, etcetera

C'a été une longue journée


Je suis fatiguée, je me sens éparpillée
Je me loverais bien dans tes bras
Avec nos doigts qui s'effleurent etcetera

C'est juste agréable ainsi


Je ne veux pas te perdre mon ami
La cristallisation peut se faire
Mais je t'en prie reste terre-à-terre

C'a été une longue semaine


Viens sur la scène, écarter ma peine
Non, pas mes jambes, je n'en suis pas friande
Réchauffe-moi le cœur, mais sans trop d'ardeur

Je sais que c'est tentant


Mais je ne te veux pas comme amant
Plutôt que mes fesses, prends ma tendresse
Ce serait vraiment dommage que ça cesse

Dans les bras des hommes


Les attentions se transforment en tensions
Un bisou sur la joue, descend sur le cou
Une caresse dans le dos, vrille un peu trop

Dans les bras des hommes


Je perds mes choix, mes repères
Je ne veux pas être tienne et je ne veux pas te perdre
Ne m'embrasse pas, je ne veux pas te perdre

Je ne veux pas la fin


De nos doigts qui s'effleurent, etcetera
Je ne veux pas pleurer en me cachant
Pour ne rien te gâcher, etcetera

Laisse nos doigts s'effleurer, etcetera


Les amoureux du soir

Les amoureux du soir


Prennent le large
Avant la fin
Viens à la mer
J'ai envie de compter les bulles
Avant la faim

Viens à la mer
Tu me prendras la main
Dans le sac à tout tenter
Le diable sera déjà
Loup embusqué ici bas
Les masques tout emmêlés

On croisera les gens éléphants


Tomes infinis à encre d'ivoire
Goûtent à la peur de la page
Blanche, écument les fonds
De Calypso chrome 24 et servent
Aux épuisés à l'ennui

L'amertume m'a prise


La main dans le sac
A tenter le diable jaloux
A bas les masques !
Et les fantômes qui
N'y voient goutte
Sur la page blanche
Cherchent dans les fonds de cale
Un extrait de cerveau

Je rêve encore de la brume


Je pense toujours devoir résister
Près de moi, le nuage fume
Sallie chante les histoires ratées
Après avoir descendu quatre étages
C'est toujours aussi dangereux de sauter
Dites, j'ai toujours été sage
Laissez-moi planer

Viens à la mer
J'ai envie de compter les bulles
Avant la faim
Les amoureux du soir
Prennent le large
Avant la fin
Les loups de Ja

Les loups de Ja
Croqueront les joues de la jolie
Déjà vu
La joie est là
Contre les lois de la logique
Déjà vu

Ils sentent son odeur


Et ils sentent ta peur
Ils pourraient presque sentir
Quand tu la fais jouir
Il semble que mon âme sœur
A trop de cases dans son cœur
Et que pour les remplir
Le meilleur soit de fuir

Laissons le gaz allumé


Si c'est la seule manière de nous aimer
Moi aussi j'ai voulu fuir
Les loups de Ja et leurs dires

Si j'ouvre la gueule, c'est pour ne plus les entendre rire


Aime-moi, déteste-moi, respire-moi
Si j'ouvre la gueule, c'est pour étouffer leurs dires
Aime-moi, déteste-moi, respire-moi

Hurlements, hurlements
Sois sûr du mensonge que tu entreprends
Hurlements, hurlements
Fais taire les doutes tendrement
Hurlements, hurlements
Epouse les courbes du faux amant
Hurlements, hurlements
Qui est la proie, agneau de sang

Hurlements, hurlements
Découvre Ja, ses loups, ses gens
Hurlements, hurlements
Travaille ton texte, prends ton temps
Hurlements, hurlements
Rajoute des larmes de temps en temps
Hurlements, hurlements
Tu n'entends pas les hurlements

Ja qu'a dit
Jouons du jazz
Cherchons l'extase
Ja qu'a dit
Allume le gaz
Fêtons l'instase

Qui t'a conduit jusqu'à nous


Qui t'a libéré des coups

Sois l'as de trèfle qui pique son cœur


Prends ta cam et fuis loin de tes peurs
Sois las des nèfles que ta trique effleure
Panse ton âme et suis moins tes ardeurs
Mécanique quantique d’une bombe à retardement

Vois-tu le physique d'une bombe


Bombasse à retardement
Quand tic-tac, les rouages,
Se transforment en chat

Les fleurs de Schrödinger


Sont et restent indécises
Elles finiront noyées dans le trop d'eau
Ou asséchées de trop baver

(Pandore, reste calme, Pandore, reste calme)

Les fleurs de Cheschire


Savent comment disparaître
Tout en laissant le mystère de leur absence
Bouffer ce qui nous reste de bon sens

(Pandore, reste calme, Pandore, reste calme)

Dis-moi Alice
As-tu déjà vu un coeur sans épine?
Dis-moi Alice dis moi
As-tu déjà vu une fleur sourire?

Le chat du mal
Horloge à la beauté fatale
Se dandine en arborant nos peurs
Et célèbre sans fin les erreurs

(Pandore, reste calme, Pandore, reste calme)

Le chat de Van Gogh


Dont le soleil se tarit un peu
Perd le compte des hommes
Et même son espoir se sent vieux

(Pandore, reste calme, Pandore...)

Dis-moi Alice
As-tu déjà vu un coeur sans épine?
Dis-moi Alice dis-moi
As-tu déjà vu une fleur sourire?

Je l'aime..
Un peu
De vieillesse apporte le sel de la sagesse
Beaucoup
De maladies ne signifie pas le répit pour ceux qui
Passionnément
Font la guerre, inlassablement se désespèrent
A la folie
De la famine, buvons à la folie de la famine car
Pas du tout,
Rien du tout, la misère des mots nous rendra tous fous

(Pandore calme-toi, Pandore calme-toi)

Je l'aime
Un peu
De folie saine reste coincée dans nos veines
Beaucoup
De rêves de vice se réalisent sur une scène putride
Passionnément
La tromperie prend les devants, et les dessous
A la folie
De la passion se déchirent et s'embrasent
Pas du tout
D'orgueil, vraiment? Où sont les préjugés maintenant?

(Pandore calme-toi, Pandore calme-toi)

Dis-moi Alice
As-tu déjà vu un coeur sans épine?
Dis-moi Alice dis-moi
As-tu déjà vu une fleur sourire?

Retard physique quand tic-tac


Le chat se fane.
Mélomane

La nuit tant attendue arrive sur nous


Je sens l'étreinte des nerfs tendus qui se dénoue
Comme autant de coutures sans prises
Sur un cœur incompris qui cicatrise

Viens, nous partons, si tu le veux


Toujours
Nous commençons alors le jeu
Du jour

Par la fenêtre jetons nos fautes


Notre mémoire reste dans les notes
Et si la mer est assez haute
Les espoirs seront nos hôtes
Sur la route dans les détours
S'effacent les gens devenus sourds
Réfugions-nous aux alentours
De cette chose nommée amour

Le temps des noirceurs a été long


Je ne connaissais que l'amertume des saisons
Sans tes yeux pour me voir comme un don
Sans tous les cadeaux que tes mots me font

Tiens, prends mon cœur, si tu le veux


Toujours
Garde-le au chaud dans tes bras

Comme des paumés, nous avons cherché


Notre âme derrière des cils
Comme des fous, nous nous sommes liés
Pour l'éternité par un fil
Et si je me sens piégée à jamais
Dans ce labyrinthe, cette île
Il n'est plus question d'abandonner
Car je te suis à jamais liée

Je m'étais piégée et enfermée


Toute seule dans mes pensées
Si longtemps à vouloir m'échapper
Du seul monde que je connaissais
J'ai tout essayé pour pouvoir rêver
Dessiner des espoirs qui ne se brisent jamais
Chanter les maux qui m'obsédaient
Laisser la mélodie des autres m’enivrer

J'ai tout essayé

Ca n'a pas si bien marché

Et tu es arrivé

La vie ne tient bien qu'à un fil

Comme par un fil d'Ariane


Dans les nuages qui se fanent
Et les senteurs qui émanent
De ce labyrinthe aux âmes qui flânent
Les amoureux sont mélomanes
Quand se tissent dans leurs crânes
Des paroles de courtisanes
A la douceur profane

Danse, danse, danse avec moi


J'ai dansé sur quatre temps
Beaucoup trop longtemps
Danse, danse, danse avec moi
Éloigne-toi puis reprends
Mon cœur et mon sang
P.S.

Petits pas sur la musique


Puis arrive le nuage fatidique
Plumes de soufre aux élans poétiques
Le mal a des allures mélodiques

Le corps du froid se détend et se tord


S'infiltre et me mord encore
Consume mes forces, mes combats, mes efforts
Tend mes muscles à la mort

La peur des mots se renouvelle


Ce choix des consonnes et des voyelles
Dont la logique se fait doucement la belle
Tout cela a laissé bien trop de séquelles

Mes discours prennent des allures de cataclysme


Mon cœur est atteint de métamorphisme
Je me sens comme atteinte de somnambulisme
Allant jusqu'à apprécier le sadisme

Post-Scriptum comme à la fin des lettres


Celles qu'on écrit quand on veut bien paraître
Et que tout à la fin quand on sent des forces naitre
On peut enfin parler de son mal-être

Ces paroles sonnent comme une mécanique


Ce jeu des sons est si loin de ma musique
Le naturel laisse place à la robotique
Trop de sincérité sèmerait la panique

Paranoia, schizophrenia,
Ne pars pas
Paranoia, schizophrenia,
Je me bats
Paranoia, schizophrenia,
Ne me laisse pas
Paranoia, schizophrenia,
Ne fais pas ça, ne dis pas ça
Paranoia, schizophrenia
Surtout pas, surtout pas
Paranoia, schizophrenia,
Ne fais pas ça, ne dis pas ça
Paranoia, schizophrenia,
Surtout pas, surtout pas
Pavés

J'ai cherché les mots justes


Pour que ma punition soit telle
Tu as pris la voie facile
Et je t'ai suivi, on a avancé
Pas étonnant que ça vacille
Quand des mensonges se transforment en pavés

La jalousie s'est pointée


Avec ses mots acérés
Elle t'a montré du doigt
Elle possède mon corps
Et mes sens en effroi
Ne veulent plus avancer sur ces pavés

Non, on ne vivra pas ensemble à mon retour


Non, tu ne viendras pas me voir
Non, je ne rentrerai pas pour toi
Non, je ne t'écrirai pas

Non, je ne dormirai pas chez toi la semaine prochaine


Non, tu ne me prendras pas dans tes bras
Non, je ne t'embrasserai pas demain
Non, je ne t'embrasserai pas
Soleil de mes nuits

Je voudrais t'écrire une histoire


Une heureuse pour changer
Je voudrais trouver dans les arts
Une belle manière de t'aimer

Si je pouvais effacer
Mon nuage qui s'amène
Serais-je aussi déterminée
A te garder dans mes veines

Je ne fermerai plus les yeux


J'attends beaucoup trop de tes baisers
Dis-moi qu'on sera mieux
Que nos âmes seront lavées

Les valves de mon âme


Ne laissent pas passer la lumière
Encore une fois je te proclame
Gardien de mon cœur et de mes repères

Dans mon coeur il fait encore nuit


Comment ais-je fais pour laisser entrer la pluie
Demain sera beau
Je te jure demain sera beau
Dans mon cœur il fait encore nuit
Mes humeurs ont rendu notre soleil gris
Demain sera beau
Je te jure demain sera beau

Au revoir, adieu
Si ça peut te rendre joyeux
A demain, mon aimé
Si ça peut t'aider à respirer

Demain sera beau


Je te jure demain sera beau
Fin de l’acte

Mon chez moi me ferme ses portes


Je n’aurais pas dû être aussi sotte
J’y étais bien le temps que ça a duré
Enfin je crois puisque j’y allais

Mon chez moi ne me reconnait plus


Mes mots, mon être, lui ont déplu
J’y étais bien mais j’ai trop joué
Et brisé les liens qui s’étaient noués

C’était bien quand je pouvais quitter mon lit


Bien que mon cœur y restât toujours pour pleurer
C’était un bien précieux, un brin de vie
Et je chassais les doutes qui m’effleuraient

Mon chez moi a pris ses aises


Face à la vision de mes malaises
J’étais bien accrochée, toujours masquée
Mais la mascarade a trop duré

Mon chez moi teinte ses vitres


Change les serrures et m’évite
Bien que je crie pour qu’on me laisse entrer
Je ne fais plus partie des invités

C’était bien quand je restais tapie


Bien loin de dire tout ce que je pensais
Mais j’ai bel et bien voulu être une amie
Toujours freiner les rideaux qui tombaient

Et moi j’ai bien assez pleuré


A prendre dans la face ton désintérêt
La dernière scène sera bâclée
J’amènerai des fleurs à ton chevet
Je vois

Je vois mes parents, mon monde est petit


J’ai la main tendue, de l’air au bout des doigts
Ma famille rétrécit, avant que j’en ai joui
Je pleurerais bien, les larmes sont dans ma voix

Le silence a un goût étrange


Je ne pense plus donc je m’oublie
Moi qui voulais tant que ça change
Rien ne peut me dire qui je suis

Je vois mes parents et mes débuts d’apathie


Mes poignets sont nus en l’attente d’un poids
Ma famille est ici dans les querelles et l’oubli
Je pleure pour un rien, mon caractère est sournois

Dans le noir, dans le noir, dans le noir, si pâle


Des anges passent
Dans le noir, émouvoir ne veut dire que dalle
Sans nos rapaces

Je vois mes parents, et le trouble dans leurs esprits


Les tables sont sues, le comportement déçoit

Éteins tes étoiles


On ne sait plus rêver
Étreins de tes toiles
Tes constellations oubliées

Dans le noir, dans le noir dans le noir, si pâle


Des anges passent
Dans le noir, émouvoir ne veut dire que dalle
Sans nos rapaces
La recherche

Je ne saurai jamais
Ce qu’il aurait pu arriver
Mais je continue de chercher à traverser le miroir
Notre chance est passée
Je ne sais même pas qui tu serais
Mais je me convaincs qu’il me suffirait de te voir

Je compte les univers


Puisque tu n’es pas sur ma Terre
Je trouverai sûrement quelque part ton regard
Mon coeur et mes poings se serrent
Peu importe si je me perds
Après tout on ne sait pas ce qu’il y a dans les trous noirs

Des étoiles meurent autour de moi


C’est la matière des rêves qui s’éteint
Un pas, deux pas, un bond dans le temps
Je réécrirai l’existence quand la réalité me donnera
L’opportunité de le faire de tes bras
Je réessaie, je recommence
C’est de ça qu’est fait l’éternité

Je te sens briller
A travers les possibilités
La réponse me file encore entre les doigts

J’ai la preuve de l’absence de destinée


Combien courent en pensant que tout est calculé
Mais rien n’est à sa place, et surtout pas toi
Alors espoir, courage, tristesse et rage
Rien n’a de sens, tout n’est que reflet
Je réessaie, je recommence
C’est de ça qu’est fait l’éternité

Quand je te verrai, je te raconterai


Bim Badaboum

Je ne trouve pas ma place


Un goût de fin du monde dans tous les coins
Mon identité qui s’efface
La goutte de trop qui ne change rien
Envie de briser ce vase
Prendre une valise et le prochain train
Que veux-tu qu’on y fasse
Je passe le temps dans le creux de mes reins

Mais il arrive et ça fait


Bim badabim bim badaboum

Coeur en morceaux éparses


Je n’ai pas essayé de trouver le frein
Mon cor en morse comparse
Sonne vrai, sonne juste, tant que tu me tiens
Viens on continue la farce
Dans le doute, on y arriverait peut-être bien
Et puis t’as tant d’audace
J’ai envie de voir ce que l’on devient

Tu arrives et ça fait
Bim badabim bim badababoum

Prends des notes, tu vas en avoir besoin


Je connais pas l’ironie mais je l’utilise quand même
Je sors les poubelles mais pas mes défauts
Je penserai que tu n’es rien si tu deviens quelqu’un
Je prends les choses pour acquis et les laisse dans un coin
Si je ne t’y mets pas, ne me laisse pas

J'vais commencer à voir un mal imaginaire


Comme si tu mentais, comme si tu usais des mots comme Molière
Comique de répétition trop terre à terre
Un moment de trop, j'ai le coeur qui se terre
Au moins j'en ai un, à battre comme le fer
J'ai moins envie de me tourner vers un verre

Si t'es là, à quoi ça sert


Si je ne me perds pas, à quoi ça sert
Si je me dirige vers toi, à quoi ça sert
Si tu m'aimes, à quoi ça sert

Tu arrives et ça fait
Bim badabim bim badabadaboum
Les mots

Et quand j’écris ces mots, preuves de ma faiblesse


L’encre ocre issue de la blessure de l’Espoir
Me boit, me noie, profite de ma maladresse
Je suffoque, je manque d’air, est-ce trop tard?

C’est une panique tranquille, une de celles


Qui nous asservissent par leur présence oppressante
C’est un vent sournois qui tel une clé me scelle
Ma volonté est recroquevillée, gémissante

Je me perds, me cherche, ne trouve que la peur


Je veux me battre, je n’ai aucune arme, ni dent,
Ni griffe, aucune force dans mes membres. Meurent,
Oui, les mots meurent sous ces regards indifférents.
Le monde réel

Le monde réel, c’est un jeu dont les règles changent inlassablement. En fonction du lieu, en fonction
du média, en fonction du nombre de joueurs. Ce ne sont jamais les mêmes dés que tu lances, les
mêmes cartes en main, les mêmes pions à bouger. Et ils ne ressemblent jamais à ceux des joueurs d’à
côté.

Là-dedans, au milieu de ce fouillis inextricable, on est censé trouver notre voie. Alors on cherche des
astuces de grand-mère, on regarde des tutos, on clique sur des pubs de formations promettant la
soluce. On perd quand même.

On perd parce qu’on se perd. On perd parce qu’on ne se cherche pas. On fait deux-trois choix en
accord ou en contradiction avec les autres, et on attend que le chemin s’illumine. Ca demande plus
d’efforts de croire en soi que de croire au destin.

Croire en soi, croire en ses choix, croire le sens que l’on donne aux règles que l’on suit et à celles
qu’on esquive, croire que les petits pas feront les grandes avancées, croire que donner le meilleur de
nous-mêmes vaut le coup, c’est arrêter de chercher un mode d’emploi qui n’existe pas.

C’est graver ses dés, dessiner ses cartes, sculpter ses pions. Et les prêter aux autres plutôt que les
comparer, apeurés que nos amis deviennent nos ennemis.
Le besoin de l’ennui

Tu te nourris de l’ennui autant qu’il se nourrit de toi.

Tu le savoures, ce plat à base de temps qui s’écoule lentement, aux arômes de pensées qui s’évadent,
relevé de projets jamais terminés et de doutes quant à l’avant et à l’après. Ce plat, tu ne le montres à
personne, car personne ne veut le voir.

C’est du temps. Finalement, qu’y a-t-il de plus important que le temps? Que les secondes qui passent,
uniques et limitées? Que savoir que ce qui est passé ne passera plus jamais?

C’est du vide. Le vide ne serait-il pas un des concepts les plus excitants, les plus invitants? Qu’y a-t-il
de mieux qu’un espace vierge pour libérer son expression, ses pensées?

Le temps n’est pas parfait. Le vide n’est pas parfait. Notre manière de passer le temps, nos pensées
qui conquièrent le vide, rien de tout cela n’est parfait.

C’est pour cela que toutes ces choses se mêlent avec tant de satisfaction créative et parfois même,
productive.
Les cinq sens

En premier, un toucher manquant. Une bulle entoure chaque membre qui n’oserait jamais s’approcher
dans un élan émotionnel, qui ne saurait même pas comment faire. Les bises claquent, obligatoires et
tristement nécessaires. Les joues qui se frôlent comme seules caresses.

En deuxième, une ouïe embrouillée, toujours sollicitée, entre les pas, les voix, les objets, les cris, les
portes, le désespoir strident qui revient, toujours. Aucun repos pour les oreilles quand la bande son de
la journée se rejoue la nuit dans une rediffusion silencieuse et macabre, ponctuée de larmes et
d’incompréhension.

En troisième, une vue détachée sur une sitcom tragique qu’il était pourtant interdit de regarder. Donc
il faut voir mais ne pas regarder. Percevoir mais ne pas observer. Rester les yeux grands ouverts
devant un spectacle tour à tour absurde et dramatique. Ne pas cligner des yeux.

En quatrième, un odorat inexistant. Aucune odeur pour un bon repas au centre de la table, seulement
une nécessité d’enchaîner les bouchées. Aucun parfum à associer à une quelconque zone de confort, à
part peut-être le coussin aux relents de larmes quotidiennes.

En cinquième, un goût âpre dans la bouche, dans la gorge, dans le coeur. Une envie de vomir
constante, toile de fond de sentiments d’injustice et d’incompréhension beaucoup trop récurrents.
Déglutir n’y fait rien. Boire n’y fait rien. Manger n’y fait rien. Partir fonctionne.

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