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Par M. Le Mierre .
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A PARIS.
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(lee le Ja y, Librare, rue Se Jacques au)
deflus de celle des AM ath UIs, (al Grand Cornedle.
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AVERTISSEMENT.
J "Av OIs deflein de traduire en vers le Poéme de
I'Abbé de Marfy fur la Peinture : les beautés dont il eft
rempli, font regretter quelles ne {oient pas connues de
tous les Le&eurs ; mais les meilleures tradu&ions ne font
gueres que les reverberations des Ouvrages originaux.
Drailleurs ayant réfléchi fur les circonftances oi Auteur
avoit ecrit fon Poéme, jai cru m’appercevoir qu'elles
I'avolent empéche de lui donner une jufte étendue, &
que le fujet débordoit pour ainfi dire louvrage. Je me
{uis donc déterminé a commencer le mien, fans renon-
cer pourtant a profiter de tout ce qui m'avoit frappé dans
le Poete Latin.
Jai vu les avantages & les difficultés que je pouvors
“rencontrer dans mon travail, mais fans les pefer, je me
{uis laiffé entrainer 4 ce quil avoit d’attrayant; jofera
méme dire que je crois avorr {enti mon fujet, cette con-
vi&ion me l'a rendu plus facile & je I'ai foutenu.
a
TR RAT RR Oe
i AVPERTISSEMZINT.
~ En effet, il ouvre a l'eflor poetique le champ le plus
vafte, il met la nature entiere fous la main du Poéte com-
me fous celle du Peintre , & tout ce que l'un préfente aux
yeux, l'autre doit Ioffrira I'imagination. |
L’art Poetique étoit peut-étre un fujet moins heu-
reux : en traitant de lui-méme, il eft pour ainfi dire trop
pres de lui; femblable 4 Peeil qui voit les objets & ne fe
voit pas lurméme, Pefprit humain fe fatigue a fe confi-
dérer, il a befoin d’éloigner les objets fur lefquels 1l s’e-
xerce , & pour quill puifle agir librement fur eux, 1l faut
quils foient a une certaine diftance. Auffi Defpréaux qu
a mis dans fes vers toute la corre&tion que Léonard de
Vinci mettoit dans {es tableaux, me paroit-il avoir eu a
{urmonter plus d'obftacles dans le choix de fon fujet, &
on admirera toujours qu'il ait fu couvrir de tant de beau-
tes & d'images laridité des détails.
LaPeinture offroit plus d'avantages au Poete; sil doit
faire briller les images , quelque matiere qu'il traite, &
lorfque le fujet s'y refufe le plus, pourroitl les aban-
donner quand elles s'offrent delles-mémes; pourroit-l ne
pas appliquerla Poéfie 4 la Peinture, & ne pas montrer
4 chaque pas Ianalogie des deux Arts ?
AVERTISSEMENT. ij
La Peinture repréfente a tout moment I'Art Poetique
{ans le répéter, le Poete oblige de retracer les images
qu'elle amene naturellement, crée ce quil mite, s'ap-
proprie ce quil emprunte, fair valoir fon Art & en
montre un autre.
Je mai point marqué de divifion: on verra aif¢ment
que je parle du Deflin dans le premier Chant, & quel-
quefois de l'ordonnance qu'on peut appeller le Deflin
moral. Le fecond Chant traite du Coloris, & je parle
dans le dernier, du choix des fujets , de I'exprefiion, de
Invention, du pouvoir de la Peinture ; mais comme dans
les différentes parties de VArt, il en eft qui rentrent né-
ceflairement les unes dans les autres, je n'ai fait quindi-
quer la divifion de I'ouvrage, pour éviter le reproche
quon m’elit pu faire d’avoir confondu les matieres fous
‘une dénomination exclufive 4 la téte de chaque Chant.
Ceux qui ont traité ce fujet avant moi ont eu des avan-
tages qui m'ont manque. Dufrefnoy qui nous a laifié un
Poeme Latin fur la Peinture, étoit lui-méme un Peintre
habile ; il n’écrivit quapres avoir fait des tableaux, & fes
vers furent le réfultat de fes connoiffances pratiques.
L’Abb¢ de Marfy, defcendant du fameux Sculpteur
i
v AVERTISSEMENZL
quia fait a Verfailles les bains de Latone , avoit du puifer
dans les lumieres de fa famiile les notions quil a repan-
dues dans fon Ouvrage.
| ‘
M. Watelet diftingué par fes talens en divers genres
& par fon golit pour les Arts, avoit pris le crayon &
:
manié le burin avant de donner fon Poéme de PArt de
BS
Peindre; il a été le premier qui ait entrepris de chanter
dans notre Langue un Art dont les deux autres Ecrivains
avoient enveloppé les préceptes dans une Langue étran-
gere & prefque abandonnée.
D’apres ces exemples je pouvois tre intimidé, je pou-
vois penfer qu'on ne devoit gueres hazarder un Ouvrage
{ur la Peinture, fans exercice ou une grande théorie de
IArt. Mais dans les Arts d’imitation & dont on juge par
le fentiment autant que par étude, celui qui ignore les
regles peut prononcer comme celui qui les poflede. He!
le Public atl donc les connoiffances des Artiftes ? Net. L
ce pas cependant de fon fuffrage qu'ils font jaloux? Ne
le preferent-ls pas a celui de leurs rivaux méme? Dans
les Sciences exalles il y a une f&rie quiil faut fuivre: ce-
lut qui weft encore quaux premieres propofitions de la
Geométrie, telles que le carré de Thypothenufe, eft bien
AV ERTISSEMENT
loin d’entendre les courbes tranfcendantes; mais l'on
peut dire que les points fondamentaux des Arts font in-
nes, ce ne font que les details qu'on apprend. Ainfi quoi-
que je n'aye jamais touché ni pinceau, ni crayon, fe-
couru feulement de quelques le&tures & de quelques
converfations avec les Artiftes, {fecondé {ur-tout par mes
propres fenfations a la vue des chefs-d'ceuvres de LArt,
pai ofé entreprendre mon Ouvrage.
Mais quand la Science m’a abandonné , jai appellé
mon Art 3 mon fecours , jai tiché de fubflituer les
beautés Poetiques , ai imite ces Pentres peu verfés dans
I' Anatomie, qui ne fachant comment montrer le mécha-
nifme des mufcles & la fouplefle des contours fur les
membres des figures, pour déguifer le défaut de ces em-
manchemens, les couvrent d'une riche draperie.
Jai'écrit pour le Public autant que pour les Peintres;
un Poeme doit tre a I'ufage de tous les Le&eurs, & il
en eft de ce genre d'ouvrages , comme de ces figures pit-
tore{ques plus habilement combinées fuivant les loix de
Toptique , & qui fe préfentent toujours en face de quel-
que cote que le Speftateur foit place. Dans un fujet ot
le golit & le fentiment décident , ce n'eft point aux Ar-
vy AVERTISSEMENT.
tiftes feulement qu'on doit parler. Les lumieres fur la par-
tie technique ne font point néceflaires pour Etre frappe
des beautes ; des yeux & une ame fenfible, voila ce quiil
faut pour juger d'un tableau.
Jai voulu fur-tout exciter lenthoufiafme de Art, &
dans cette idée, ce qui me manquoit de connoiffances
m’a peut-étre fervi. Affigner trop de regles , c’eft embar-
rafler la marche du génie , cleft enclore de murs un
champ qui doit étre & plus d'une expofition pour fruc-
tifier. Si Daubignac elit eté Peintre, il elit fiirement com
pofe un mauvais tableau felon toutes les regles de Leo-
nard de Vinci ; {i Rubens elit fait des Tragédies, 1l elit
euavec le génie les inégalités de Corneille. L’enthoufiaf-
me eft fi rare en tout genre, tant dOuvriers & {i peu
d’Artiftes! On ordonne avec fagefle, on connoit 'har-
de I'¢-
monie, I'élégance; mais oli voit-on de énergie,
lan ? Le golit fi défirable a tant d'égards, fert fouvent a
éteindre linvention. Dela ces compofitions exalles ,
mais froides & monotones; quelques fautes & du genie,
c’eft & quot je reconnois le grand Artifte.
Jaivu au-deld méme de la Peinture , j'ai voulu enflam-
mer les efprits nonfeulement dans cet Art, mais dans
AVERTISSEMENT. vj
les autres Arts d’'imitation; ils ont tous leurs principes
dans le fentiment, ils ne forment parla qu'un feul Art,
ils étoient tous de mon fujet.
Mon Ouvrage ne fera ni des Deffinateurs ,ni des Co-
loriftes ; mais sil peut échauffer des Peintres, fi a1 jette
dans mes vers quelques étincelles du feu que je veux al-
lumer, mon objet eft rempli, & le prix de mon travail
{era dans le fucces des talens que jaurai encourages.
Je n'ai loué aucun des Peintres vivans. Le Lefteur les
ajoutera luiméme aux hommes célebres que jai nom-
més : les différens genres ou ils ont excellé rappelleront
aifément les noms de ceux qui sy diftinguent aujour-
d’hui. Cet hommage implicite rendu a nos Artiftes vr-
vans, macquitte aflez envers eux; un €loge direlt n'eut
fait quanimer lenvie fans les honorer davantage , d’ail-
leurs la réputation des grands hommes eft dans leurs tre-
vaux & non dans leurs ¢loges; autrement tant de vils
mercenaires qui ont trafiqué de la louange & du blime,
auroient été les Juges du mérite & les arbitres de la
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gloire.
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PEINTURE,
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Mais que dans le tableau la figure premiere
Frappe d’abord les yeux par fa vive lumiere;
Sur leurs bafes entr'eux que les corps balancés
Se répondent des points oli tu les as places;
En reculant objet , fais décroitre I'iimage,
Marque bien le concours de chaque perfonnage;
Que le refte au hafard feulement appercu,
Soit comme abandonné dans un coin du tiff.
de la vie,
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Le bras qui.terrafla le monftre du Némée..
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PEINT URE
CHANT SECOND:
(; LOBE refplendiffant , océan de lumiere,
De vie & de chaleur fource immenfe & premiere ,,
Qui lances tes rayons par les plaines des airs ;
De la hauteur des cieux aux profondeurs des mers,
Et feul fais circuler cette matiere pure,
Cette féve de feu qui nourrit la nature ,
Soleil, par ta chaleur I'Univers fécondé
Devant toi sembellit de lumiere inondé;
Le mouvement renait, les diftances, Iefpace;
Tu te leves, tout luit ; tu nous fuis , tout sefface;
Le Pocte fans toi fait entendre fes vers,
22 LA PEINTUR A
Sans toi la voix d'Orphée amodulé des airs,
Le Peintre ne peut rien quwaux rayons.de ta fphere.
Pere de la couleur, auteur de la lumiere,
Sans les jets éclatans de tes feux répandus
L’Artifte, le tabl
I'Arteau,
lui-méme n'eft plus.
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Jette un éclat plus vif fur les traits du Deflin;
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Ces raifins font tracés & n'ont rien qui me frappe,
Mais colorez ces grains, je vais cueillir la grappe.,
ry—r
Cette chaine, 6 Neuton! echappe a ton genie:
Tu dégages les cieux des atdmes preflés,
De tous ces tourbillons par Defcarte entaffcs:
La lumiere en paflant fans cefle réfraltée
Par des chocs trop fréquens devoit étre arretee: |
Ton immortel compas a trace les fillons
Par ot jufqu'a la terre elle epand fes rayons;
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Mais quel eft ce rapport du fon a la lumiere 2
mie
Dalembert , Ceft & toi d’expliquer ce myflere,
fey
Recule cette borne ou s’arréta Neuton,
CS
Dis en quels points communs la lumiere & le fon
Dirigés 'un vers l'autre en leur courfe rapide
Se meuvent de concert dans le méme fluide :
Indique-nous du moins dans quels mondes jaloux
Sentend cette harmonie encor fourde pour nous.
L'ingénieux Caftel de ce jour qu'on ignore
P.O
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Fit peut-étre a nos yeux luire la foible aurore.
Il €leve en buffet Pinftrument argentin
Ou Tart ingénieux d'une mobile main
Interroge I'ébene & I'yvoire harmonique ;
Au bout de chaque touche un long fil élaftique
Reépond a des rubans I'un fur l'autre pliés,
Et felon que la main par des tons variés
Sait diriger les fons que la corde renvoye,
Plus haut chaque tiff Sentrouvre, fe déploye,
Et du pourpre, du verd, de lorange, du bleu
~ Fait retentir a leeil le paflfage & le jeu.
Mais que T'aftre du jour aprés un long orage
Dans d’humides vapeurs lance au loin fon image,
Quill montre a nos regards fi doucement furpris
Ses rayons divifés fur Iécharpe dTris,
Ce grand arc qui des cieux traverfe Pétendue,
Ce prifme fufpendu dont sembellit la nue,
Ou par d’heureux accords cette couleur qui Juit
Tient du ton quelle quitte & du ton qui la fuit,
Ou par effet d'un art invifible & {upréme
vw LARPEINTUORE,
Cette teinte n'eft plus & femble encor la méme,
Ou laiffant voir par-tout d'infenfibles rapports
Le contrafte des tons ne paroit quaux deux bords,
Aux campagnes du ciel oculaire harmonie
Du concert des couleurs te montre le genie.
D'un regard créateur approfondis ces lox,
Que ce fublime accord renaifle fous tes doigts,
Et pour faire briller une toile immortelle
Voyage en des climats oti la nature eft belle.
on
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AN AANA,
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( LV.( o( oh im « files del, Aug. de S Aubin Seulp .
Artfte {um s mon vol au defdus dela nue 8,
CHANT TROISIEME
1 A figure eft formée & homme refte 4 naitre,
Ravis le feu des cieux, va, cours lui donner Yéire:
Dans ce corps languiffant méme fous la couleur
Fais circuler la vie & repands la chaleur,
Qu'il foit frappé par-tout de ce rayon célefte,
Que le port, le maintien, le vifage, le gefle,
Tout parle; & pour cueillir un immortel laurier
Embrafle au méme inftant , {1tu peux, U'Art entier.
Rapproche mes legons dans un méme exercice,
Le moment du genie eft celui de lefquifle,
Cleft-la qu'on voit la verve & la chaleur du plan
Fy
wg Ld PEINTURE,
Et du Peintre infpiré le plus fublime élan.
Redoute un long travail : une pénible couche
A mortiroit le feu de la premzere touche,
Souviens-toi que tu dois fouvent du méme jet
~ Imprimer la couleur & la forme & leffet.
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Semble porter la main ala foudre des Disk
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Quelle fource de feux doit jaillir a la cime.
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La paffion toujours felon l'4ge & les rangs
Pome]
Dans des fignes pareils eut des traits différens;
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Pour nous peindre I'A&teur mefure fon théitre,
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La douleur d'un Heros n'eft point celle d'un Patre ;
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Diftingue par le {exe autant que par [état
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Les larmes d'une femme & les pleurs d'un foldat,
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Le méme {entiment felon les caralteres
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Se manifefte encor par des fignes contraires,
Ce pere en fa douleur d'un courage affuré
Peint les livades traits de fon fils expire,
POF MT 47
Toi, malheureux Dédale, auteur de ta bleflure
Deux fois tu veux graver ta fatale aventure ’
Deux fois ton ceeur fe ferre & tu fens {ur l'airain
De ta main paternelle échapper le burin.
—
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Ta croupe sarrondit nonchalamment fur 'herbe;
Tes fils preflant ton fein de lalevre & des doigts
Sucent avec le lait la rudefle des bois;
Le Centaure forti de la forét voifine
Paroit a demi corps au dos de la colline,
POEME tes
Tient en lair un Lion quil perca de fes dards,
Ses fils ont appergu , quel feu dans leurs regards!
Le Centaure fourit a leur naiflante audace,
Dans leur ceil qui pétille il reconnoit fa race.
Je vois avec plaifir ces traits ingénieux
Ou la faillie attire & captive les yeux.
Calot méme entrainé par fa verve burlefque
Me plait par les ecarts de fa touche grotefque,
Lor{quil peint de démons Antoine harcelé,
L’Enfer en mafcarade & le Saint defolé.
FIN
DU TROISIEME ET DERNIER CHANF.
73
NOTES,
CHANT PREMILDR
Ky
6
Page 3, vers 3.
D’abord 4 la Peinture on ne pouvoit atteindre.
La Sculpture eft une copie plus matérielle, plus palpable de la
nature |, elle eft fufceprible de tous les points de vue,
elle laifle juger
fes dimenfions, elle parle immédiatement aux fens; elle a
di prece-
der la Peinture & &cre le fonds de cet Art,
Raphaél jugeoit qu'il y avoit bien plus de vérité dans la Sculpt
ure,
parce quelle eft mefurable & qu'il femble que le toucher en puifle
dé-
cider autant que la vue; la Peinture I’a confultée pour acquér
ir lillu-
fion des reliefs, cleft pour cela que les Eleves comme
ncent toujours
a travailler fur ce quonappelle la Boffe.
Mais d’aprés ces réflexions méme, ne pourroit-on
pas penfer que
la Peinture eft plus furprenante d'avoir tenté Pimit
ation fans les
movens matériels de la Sculpture, quil a fallu plus
de fagacité pour
faire paroitre un corps bombé fur une furface
plate, & porter 11 ih
fion jufqu’a nous dérober ce qui dément dans objet
imité le rap-
port avec objet réel?
‘Le champ de la Peinture eft valle , elle peint
la terre, Peau, Pair
& le feu; la Sculpture bornée 4 "élément de Ia
terre, ne peut rien
imiter dans les trois autres,
77
De méme que la Peinture a exigé plus de combinaifons de la part
de I'Artifte, il femble auffi que {es ouvrages ne puiflent étre fentis
que par des yeux déja exercés.
Dans la Peinture, c’eft Pefprit qui enfeigne aux yeux a voir; en-
fant peu frappé de cet Art, a_befoin qu'on lui fafle diftinguer les
objets {ur un tableau » comme les rivieres fur une carte de Geogra-
phie;s & fi lorfqu’il entre A la vie il lui faut une forte d'apprentiffage
pour parvenira voir méme les objets naturels, combien lui faut-il
plus d’étude pour s'inftruire a difcerner ceux qui ne font quartificiels !
Le mechanifme de I'habitude eft donc néceffire pour jouir de la
Peinture. Ainfi cet Aveugle a qui on avoit levé les cararadtes & qui
fut long-tems 4 apprendre a voir, n’appercevoit dans les tableaux
qu'une confufion de couleurs; fi pour premier effai d’objets artifi-
ciels on lui efit préfenté des ftatues colorées ou drapéesa la maniere
qu'il connoiffoit déja dans les figures naturelles, fes fens euffent ded
{lrement plus acceflibles a ce genre d’Imitation.
Page
81
0
ne fachant quelle expreflion donner 4 Ia téte de Judas , & ne croyant
pas que pour le carattérifer il fuflife de le peindre une bourfe 4
la main.
nn
nifer I'enthoufiafme : heureufe la nation qui les fournit & les ames
qui en font touchées! Le fentiment qu’ils infpirent n’eft point fans
effet, on ne peut gueres admirer ces traits de magnanimité, {ans
quils faffent naitre en nous une douce émulation pour la vertu.
n'y elit point de miféricordieux & qu'il n’y efit point de mifere; eh!
quel eft ’homme compatiffant qui n’aimdc pas mieux ter I'indigence
que de la foulager: De méme il vaudroit mieux quil ny elit jamais
eu de courages aufli fublimes, que d’avoir vu naicre des ames auffi £é-
roces pour les exercer.
Que ne peut-on retrancher de la mémoire des fiecles les tems de
crime & de perfécution ! les Tyrans font comme ces tres qui fortent
des proportions ordinaires, comme ces monftres qui font cenfés ne
point faire race, & dont on ne doit point perpétuer exiftence apres
qu'ils ne font plus. Ceft deja trop qu'ils vivent dans Ihiftoire , 8 que
voulant conferver la mémoire des evénemens, on ne puiffe laiffer
entiérement refpirer les générations de Ihorreur quinfpirent les mé-
chans a quelque diftance qu’ils foient; ils ne doivent point reparoftre
avec toute leur fureur fur la toile, & n'y peuvent exciter que cette
curiofite des ames dures pour le fpectacle des fupplices, & qu'il feroit
trop odieux de fatisfaire dans les Temples, ou bien cette invincible
horreur qui fait le tourment des ames fenfibles.
Enfin la repréfentation pittorefque de ces événemens eft fiire-
ment horrible, en ce qu'elle met les bons &les méchans en fcene
d’'une maniere néceflairement plus marquée pour le crime que pour
la vertu ; reproche qu'on ne peut faire a la repréfentation théarrale,
oli le Poéte plus maitre des meeurs , peut repoufler par la fucceflion
des impreflions celles dont il veut Seer le danger, montrer les ty-
rans dans plus d'un moment & amener toutes les {uites de leurs fore
faits; mais il n’y a point de commentaire dans le tableau, il ne peint
qu'un moment & c’eft celui du crime, & comme la Peinture eft faite
86
pour parler aux yeux, je vois bien plus les fureurs des bourreaux &
Pappareil des tortures, que je ne vois la patience & le courage des
of
victimes.
A
En fuppofant que ces tableaux puffent fervir indiretement 4 en-
durcir les hommes a la douleur dans des occafions moins terribles ,
ce ne feroit pas moins un objet d’horreur que la lacheté préfentée a
coté du courage; peut-€tre quelques ames ferventes ne voyent dans
£2.
le tableau d'un Martyr que fa conftance , & leur pureté faura cher-
£8
cher le bien a travers le {fcandale méme; mais il eft point dans la
difpofition ordinaire des efprits de sexciter au courage a la vue de
Poppreflion: 'innocence a la merci des méchans ne donne que de
Pindignation & de I'horreur. Montrez-moi le courage dans ces ac-
tions nobles & fermes, ou le fpectacle de la vertu n'eft point troublé
par celui des crimes ?
Sil eft contre la morale de chercher a amollir les ames par des
images trop licencieufes , de peindre le délire des fens, leur aban-
donnement dans les plaifirs; doit-il étre plus permis d’éraler des paf-
fions execrables, bien plus démenties par la nature? Eft-il moins
——s
fcandaleux de peindre 'acharnement de la tyrannie , que les extafes
de la volupte 2
oS
Les femmes fur qui les impre{fions font plus vives, doivent-elles
Etre expofées a rencontrer dans nos Eglifes ces images atroces qui
donnent le fpeftacle de lindécence avec celui de la barbarie , &
bleflent quelquefois I'imagination autant que 'humanité; fi ces ta-
bleaux n'ont point pour elles la forte de danger qu'on leur attribue,
s'ils ne font point la caufe des accidens qu'on en racente, comme
87
nos plus habiles Phyficiens le foutiennent avec raifon; peut-on nier
que beaucoup de femmes prevenues de cette opinion, ne puiflfent
&tre véritablement troublées A la vue des objets défigurés qu'on leur
prefente, & que l'inquiétude & l'agitation qu’elles en peuvent gat-
der, ne foient un mal trés-réel 2
Les Peintres penferont peut-€tre que pour lintérée de I’Art on ne
doit point abandonner ce genre de tableaux, parce que ceft le genre
de la force, & que Ceft-la qu'on voit a découvert les différentes
contractions des mufcles; mais outre qu'il feroit contre le refpe des
Temples de vouloir fixer I’attention principale fur Art & non fur
le
{ujet repréfenté, les Peintres pour conferver ces robuftes Académies,
n'ont-ils pas ces {ujets ot la ftature des perfonnages & les exercices
vigoureux fous lefquels on les repréfente, peuvent déplover le jeu
des mufcles dans de fortes attitudes: Mais qu'on abandonne ces ta-
bleaux de fupplice, fur lefquels on regrette que le pinceau de le
Brun & de Jouvenet fe foient épuifés; ou qu'on nous montre les
fouffrances dans ces hazards malheureux od homme n'a point de
part au fupplice de fon femblable , comme dans le Milon de Crotone 3
s'il faut peindre des tortures, ceft affez de faire geémir la nature fans
affliger la vertu.
Ces reflexions paroltront fortir des bornes d’une note 5 mais jai été
ai . os
entrain parle {ujet, & javoue que je. n'ai
5 is oy A > A
pas ete maitre de m’arréeer.
Page
Page 60, vers 18.
De trois fils divifés lorgueil envenimé
Fait rendre la couronne 3 leur pere allarmé.
Ces trois Princes font Lothaire , Pepin & Louis, tous troisfils de
Louis le Débonnaire,
Pour rendre avec plus de vérité cette déroute des Géans, & pour
faire fervir la nature a art il a bAti une caverne , &c.
A en juger par ces vers, il fembleroit que Jule Romain fe feroit
réellement affocié a la nature pour jetter plus d'illufion dans cette
image; cependant il ma rien fait dans le pourtour des murs oll ce
combat eft peint, que ménager un enfoncement qui fert de cheminée,
Il feroit heureux de pouvoir s'aflocier a la nature pour donner plus
de preftige a limitation, mais il eft bien rare qu'on réufliffe a c6té
delle, 'objet de comparaifon eft alors trop pres; les Arts méme qu'on
a voulu réunir pour imiter la nature , n'ont fait ordinairement que
sentrenuire & s’¢loigner delle : les bas reliefs de Sculpture unis a la
Peinture dans un méme corps d'ouvrage y laiffent moins d’illufion;
au moins faut-il tirer de Art qu'on met en ccuvre toutes les ref=
fources qu'il peut fournir, & favoir fe concerter quelquefois avec
le local lorfqu’on ne peut le changer. Ceft ce qua exécuté un ha-
bile Architedte dans la ville de Lyon. On demandoit qu'il conftrui-
sic une chapelle de Saint Pierre 5 mais le licu étoit obfcur, & ne
pouvoit recevoir le jour que de cbté, L’Artifte y bAtic la prifon de
My
9 2
[a
fource qui ne fournifloit qu'une trés-modique quantité d'eau, & dé-
firant de faire {ervir cette découverte a embelliffement de fa maifon ,
s'adrefla au Cavalier Bernini: celui-ci ayant examiné la fource & Ia
hauteur a laquelle elle pouvoit sélever , imagina une ftatue repre-
fentant une nymphe qui, au fortir du bain, prefle fa chevelure &
en exprime la petite quantité d’eau que donnoic la fource.
APPROBATION
J ’AT lu par ordre de Monfeigneur le Chancelier, un Poeéme intitulé,
LA PEINTURE, & je crois qu'on peut en permettre 'impreflion. A Paris
ce 9 Juillet 1769. MARIN. I
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ABLEAU que I'eeil humain ne {cauroit
{outenir |
La honte du Préfent , leffroi de I' Avenir !
Le plus Grand, le plus Jufte, & le Meilleur des Princes,
Tel qu'autrefois Henri, l'amour de {es Provinces , |
Cher 3 tout I'Univers, le Roi méme des cceurs.....
Par un Fer facrilége. ..... 6 Spectacle dhorreurs!
A
2 La FRANCE SAUVEE.
Mon! je ne puis vous peindre 3 a la Race future|
Yentens fe récrier la France & la Nature 5
Je vois, aux premiers traits que tente mon pinceau ,
Du Jour épouvante reculer le Flambeau : NE
A de moindres forfaits refufant {a lumiere,
Mycenes, tu las vu retourner en arriere
Senfible méme, 6 Dieux ! le pinceau me trahit,
Et fous ma main tremblante il fe révolte & fuit!
Il faut.... il faut pourtant qu'une terrible Image;
Mortels , montre 3 quel point peut vous porter la Rage,
Peut vous poufler I'Enfer & tous {es noirs Démons,
Lor{que livrant votre ame au feu de leurs Tifons ,
Vous étouffés en vous cette Flamme divine
Dont vous tenez , Ingrats, la vie & l'origine:!
Monftres qu'on nomme Humains , & qui l'éces {1 peu ,
A de femblables traits reconnait-on un Dieu..
Reprenons mes pinceaux; que le Crime en frémifle
Que mes Ecrits vengeurs commencent {on fopslice
Puiflent-ils apporter dans le cceur des Méchans
Le Remords plus cruel encor que les Tourmens !
Puiffent-ils..... fi jamais...... mais i former cette Ame
Le Tartare HY {es poifons & fa flamme.
Ma Patrie, ofe voir ce Portrait effrayant
Que tu voudrois hélas ! effacer de ton fang ;
"POE MB |
11 te rendra plus cher I'Objet de ta tendrefle
Ce Roi qui dans tes bras... .. que ton défefpoir cefle;
Souleve enfin ce Voile, & revois la clarté:.
Revois ton Roi vivant & plein de majefté. ...
~ Tu pleures, tu gémis, tumeurs dans Pamertume,
Tu meurs..... qu'un de tes Fils.... la douleur te confume ;
Va ! tes autres Enfans le feront oublier
Il ne fut point ton Fils, horrible Meurtrier
Les Enfers I'ont vomi de leur brilant Abime,
Pour fouiller cette Terre & lui préter leur crime.
Noble ardeur du Francais , digne amour de mon Roi,
Digne amour de LOUIS, viens me remplir de toi;
Sois mon feu créateur, mon fupréme Génie;
Recueille dans mes Vers les pleurs de ma Patrie :
Que ces Vers, Monument de nos juftes Regrets,
Par la Douleur gravés dans tous les ceurs Francais,
En redoublant I'horreur pour un Monftre exécrable
Redoublent notre amour pour un Maitre adorable.
| EtToi qui mas vu natre| & puifer dans ton fein
Ce refpect attendri pour un autre Antonin,
~ Toi qui briiles de voir sélever fon Image,
De lui porter tes veeux & ton plus pur hommage ,
Paris , recoils ces vers confacrés 3 LOUIS,
De cet augufte Nom ils empruntent leur prix.
Ajj
4 LA FRANCE SAUVE E
Cités qu'égalemientvante & chérit la France,
Ne vous offenfez point de cette préférence;
Votre amour pour vos Rois a {cl {e déclarer;
Mais lorfque les Romains voulurent honorer
Ceux de leurs Empereurs dont LOUIS {uit Fexemple,
Rome, ceft dans tes murs qu'on leur bartitun Temple.
Ces Hommes demi-Dicux& dignes des Autels|
Heureux par le {eul bien qu’ils failoient aux Mortels ;
Ces Ames dont la paix, l'amour, la bienfaifance
Compcfoient le feu pur & la célefte effence,
Qui voyoient {ur leurs pas tous les cceurs empreflés
& Titus...... Quels Noms jai prononcés:t
Marc Aurele
Ce n'eft quiavec des pleurs que l'on peut lesredire ,
A la priere, aux veux de tout un vafte Empire,
Au cri du Monde entier & de I'Humanit¢,
Avoient quitté Féclat de immorrtalite ;
Ils avoient de I'Humain revétu lapparence;
Sous les traits de LOUIS ils gouvernoient la France;
Ce Monarque , comme eux de la Terre adoré|
D’un {acrilége encens n’étoit point enyvrd ;
11 rejettoit ces noms de Foudre de la Guerre,
D’Arbitre des combats, de Vainqueur de la Terre,
Titres dont sindigna I'Univers opprimé;
Hommes, on’ le nommoit LOUIS le Bien-Aimé,
| Por mE -'g
Son Tréne étoit I'Autel de 'Humanité fainte ; -
Du Malheureux, du Pauvre il écoutoit la plainte;
Il efluyoit les pleurs du Mortel afflige ;
Le Faible I'imploroit, sir d'étre protege;
Un regard de {es yeux diflipoit les allarmes:
Tout jufqui la Grandeur prenoit en lui des charmes.
Que dis-je2 il éroit Maitre & golitoit la douceur
De la pure Amitié {1 digne de fon cceur.
Peu jaloux d'une gloire en ruines féconde
Il ne vouloit, hélas | que rendre heureux le Monde,
Que briller d'un éclat & doux & confolant;
_ Soleil , ce n’éroit point ton flambeau dévorant
Qui brie les Moiffons, qui tarit les Fontaines,
Et de I Aridicé couvre lestriftes Plaines :
C’éroit ton feu facré, tes rayons bienfaicteurs
Qui font miirir nos fruits , peignent nos Champs de flcurs,
Se plaifent 3 nourrir, la Nature embellie,
Et dardent avec eux la chaleur & la vie.
Le Laboureur content de vivre {ous{a loi
A des chanfons fans art méloitle nom duRoi;
Ce nom de {es travaux abrégeoit la carriere;
Rentré fousles rofeaux de fon humble Chaumicre ,
Pour récréer fes {ens de fatigue émouflés,
Pour charmer fes Enfans autour de lui prefics,
6 LA FRANCE SAUVE'E.
Tandis qua "écouter fa Compagne attentive
Sulpendant fon fufeau laifoit fa main oifive
1l ne leur difoic pas. Jai vil Paris, la’ Cour.
Il difoit fihplement, plein de joie & d'amour;
Jaiviile Roi. Les Fils apprenoient de leurs Peres
A nommer apres Dieu LOUIS dans leurs prieres.
Peuple vraiment heureux Monarque vraiment grand
LOUIS, envirois-tu I'Eloge de Trajan 2
Tu cachois tes Lauriers {ous I'Olive innocente:
Tu repouflois toujours la Victoire fanglante;
Toujours prée a quitter le Glaive des combats,
Tu rappellois la Paix & lui tendois les bras. -
Elle veilloit fur toi des Voutes azurées ;
Tes géncreufes mains aux bienfaits confacrées|
Qui méme a Fontenoi, dans les Champs du Trepas,
Ont répandu la vie, & fauvé des Ingrats,
A regret pour punir lorgueilleufe Angleterre
Avoient repris Egide & lancé le Tonnerre.
Ainft le Dieu des Dieux qui fe plait dans fes dons,
Chaque jour, de la Terre humecte les fillons,
Y répand la rofée ; & cette Ame agiffante
Dont s'¢chauffe & fe meut la Matiere impuiffante ;
Et {i {on Equité le force afe venger
Des coupables -Humains ardens Foutrager;
Poerewme,
Contraint de sannoncer par la voix des Tempétes ,
Sil appelle I'Orage & la Nuit fur nos tétes:
Il gémit en troublant Theureux Calme de I'Air 5
Et {a Foudre ne part quapres plus d'un Eclair.
De lefprit de fon Roi la France ¢toit remplie :
Tel I'Aftre des Saifons brille| & fe multiplie
Dans un Nuage empreint de {es vives couleurs.
Le Francais d'un beau jour refpiroit les douceurs.
Ces Démons odieux, & de Ligue & de Fronde
Sétoient precipites dans une Nuit profonde ;
Leur Regne éroit couvert de I'éternel Oubli 5
‘Dans leur Ombre un Dieu méme avoit enfeveli
La Superftition, Mere de tous les Crimes;
Le Tems avoit {fureux fermé les noirs Abimes.
Un nceud facré joignoit, & le Trone & I'Autel :
Tous deux ils fe prétoient un appui mutuel.
Sujets obéiffants, non ferviles Efclaves ,
Le Peuple avoit des loix, & non pas des entraves
Le Devoir eft borné ;, mais 'Amour ne [eft pas;
Il donnoit au Pouvoir d’invincibles appas.
Glorieux de fervir, quand il aime fon Maitre ,
Le Francais fait un Dieu d'un Roi digne de [é:re;
Il drefloit dans fon cceur des Autels 3 LOUIS.
Les Arts enfin les Arts, du Ciel Préfents cheris
8 LA FRANCE SAUVEE
Parmi nous répandoient leur clarté la plus pure.
Des cfprits cultivés folide Nourriture,,
Ils avoient amené {ur leurs pas bienfaitants -
La Raifon., fruit tardif de I'Erude & du Tems,
Cette Douceur aimable , aux Mceurs {i néceflaire,
Par qui mémeal Anglais ma Nation {cait plaire:
La tendre Humanite , les Vertus , les Plaifirs ;
Et tous ces Gofits Enfants d'ingénieux Loifurs.
France, ils tavoient appris a connairre une Gloire
Au-deflus de 'éclat dont brille la Victoire,
A combattre fans halne, a vaincre fans orgueil,
A voir tes Ennemis& tes Fils du méme ceil :
A dompter tes Rivaux, fans le {ecours des Armes,
Par tes Talents polis, ta Sagefle & tes Charmes :
A chafler loin de toi ces Préjugés honreux,
Ces Menfonges grofliers qui faifoient a tes yeux
De la Noblefle oifive un Néant honorable,
Et duCommerce utile un Trafic méprifable.
Les Arts, par leurs Travaux , leurs Précepres flatteurs
Par la Voix de Voltaire & fes Vers enchanteurs,
le N
ia Not
Dans
PoEemME, Ro 9
Dans 'amour des Humains affermiffoient ton Ame:
Des plus beaux fentiments ils y verfoient la lime ;
Ils échauffoient furrout ton zéle & tes tranfports
Pour un Roi, qui daignoit carefler leurs efforts;
IIs te montroient , de Mars la Demeure chérie
Berceau de la Valeur par ton Maitre ennoblie;
Ces fertiles Canaux & ces hardis Chemins ,
Ou notre art s'applaudit & difpute aux Romains;
Le Louvre, Monument fi cher i la Patric,
Deéterré de la Fange & de la Barbarie;
LOUIS armant le bras d'un Peuple de vainqueurs ,
Mahon fumant encor fous {es Foudres vengeurs.
Tandis que tes Vaifleaux , nés 3 fa voix féconde ;
Alloient porter ta gloire au bout d'un nouveau Mo nde;
Tandis qu'en écartant la Guerre de tes Bords,
Contre la perfidic il affuroit tes Ports )
Quiil effagoit ta honte & ton ignominie,
Qu'il relevoit Dunkerque & ton puiffant Génie;
Tu recueillois le fruit de fes heureux bienfaits:
Les foudres d’Albion ne troubloient point ta paix.
Le Dieu de I'Univers, le Maitre des Royaumes
Qui voit fous {a Grandeur , pareils 3 ces Fantd mes
Bercean de la Valeur par ton Maisre ennoblie. 1'Ecole Militaire , & Edit de
la Nobleffe Militaire. -
B
10 LA FRANGE sauvEE
Que les Rayons du Jour font difparaitre & fuir,
Les Empires divers naitre & s'¢vanoiiir,
En créant chaque Etat, & le couvrant de laile
Dun Ange tutelaire, 2 fa garde fidéle,
Le foumit aux fureurs d'un Démon malfaifant |
Qui fouvent plus que I'Ange eft heureux& puiffant.
Sur {es Décrets profonds que I'Humaine Faiblefle
Tremble d'interroger I'érernelle Sagefle.
Dieu voulut. A ce mot, Terre, profterne toi,
Baiffe les yeux, adore, & fléchis fous fa loi.
Son Ouvrage, la France, ainfi que chaque Empire
A {on mauvais Génie armé pour la detruire
Cleft ce Démon jaloux qui domptant 3 la fois
Le cri de la Nature & la force des Loix
Du Tréne repoufla I'Héritier légitime,
Y mit le Prince Anglais pour couronner fon crime 3
~
dl
A dimmortels honneurs eft par moi confacrée.
Tandis que fur la Terre, expofée 2 tes, coups;
Elle éprouve fouvent ton infernal courroux ,
Ici la Vérité fcair lui rendre juftice. |
Vois I'éclar: de LOUIS5 qu'il fafle ton {upplice. :
Posmma’ .
Sur mes dons éternels tu n’as aucun pouvoir. |
De ce Spectacle heureux nourris ton délefpoir.
Mais ceft aflés fouffrir que ton eille contemple.
Sors. L'Immortalité¢ te chafle de fon Temple.
Ah! Francais, cen eft trop! Votre Roi, fes Etats,
Ses vertus a mes yeux de nouveaux attentats,
Vous, difparaiffés tous fous ma promte vengeance.
11 dit. Et dans les Cieux le Barbare s'élance
D'une trace enflimée il {illonne les Airs,
Se précipite , & tombe aux gouffres desi Enfers: 8 - H 2
Et dans fes flancs d’ou fort une) vapeur impure ,
5 ’ . |
L’Abime l'engloutit avec un long murmure. I |
Digne rival dHomere, O Toi dontles pinceaux
Nous ouvrent de I'Enfer les brulants {oupiraux,
Dans {es Champs défolés malgré nous nous entrainent,
Par un plaifir affreux toujours nous y ramenent:
~ Viens m’enfeigner cet Art qui maicrife Vefprit,
Qui, te faifant regner en Tiran qu on chéric
Verfe un jour {éduifant fur tes ¢lartés funébres,
Et préte des attraits a Ihorreur des Ténébres.
Il eft pres de ce Lieu du Soleil abhorré.,
Séjour de défefpoir aux Tourmentsconfacré,
Une Caverne obfcure, encor plus déteftable,
Plus lugubre,, pl us fombre, & plus Sponvansable..
Digne R'yal d Homere. Milton,
14 LaFRANCE SAUVE'E.
<>
ID
<n
Le Démon qui creufa ce Gouffre de terreur
A
k wg
a2
Recula confterné de crainte & de frayeur;
1
/ E =
Les Torches de la Mort éclairent cet Abime,
=
Le Cachot de I'Horreur & le Berceau du’ Crime.
4
Sur un Tombeau plaineif & qui luifert d’Autel,
L'Efpric le plus farouche & le plus criminel
Eternel inventeur de nouvelles fouffrances i
A cet Antre prefide, y dice fes vengeances ;
pee
Aflife {ur fon Front avec tous fes Serpents
[a]
La Rage en fait jaillir mille éclairs' menacants;
pao
x
D'une main'il fecoiie un’ Glaive Parricide:
ET
L'autre main sapplaudit d'une’ Coupe homicide,
Ecumante de Pleurs, de Sang, & de Poifons.
Autour du Tombeau vole un Peuple de Démons
Tels que d’i impurs Oifeausx que les ombres font naitre |
Miniftres empreflés d’obéira leur Maire.
A fes pieds. font rangés des Poignards affaffins
Tous les Traits dont’ la/Mort immole les Humains.
Ceft-la que font notrtis ces Crimes dont audace
Plus dune ois du Mode3 pil changer la face),
L'Ignorance , I'Orgueil , Pardente Ambition,
Le plus cre) de tous, la. Superftition,
La Tirannie enfin. Ceft de-1a que s ‘envolent ]
Sur ce Globe tremblant que leurs fureurs défolent
=
bore
Poxewme. i
Ces Efprits deftructeurs qui foufflent le Trépas,
La Famine, la Pefte, & la Soif des Combats :
Qui brifent les Autels, qui renverfent les Trones,
Qui meme de la Terre ¢branlent les Colonnes |
Et de cet Univers font un vafte Tombeau.
Lifbonne brule encor des feux de leur flambeay!
Ceft-1a que font forgés ces Glaives de la Guerre,
Ces Chars enfanglantés qui ravagent la Terre,
Tous ces Sceptres d’airain, ces Chaines & ces Fers
Dont les Tirans heureux accablent Univers.
La d'un limon impur détrempé ‘dans vos flames ,
Démons, vous paitriflés ces {célerates Ames ,
Inftruments des Forfaits & de la Cruautd }
Fléaux de la Nature & de 'Humianité,
Par le vil Intéréc aux Actentats vendués,
De I'Echaffaut vengeur i vos Cachots rendués.
Li, le dirai-je enfin ? Dans un: obfcur Détour
Santuaire abhorré de cet affreux Séjour
Préwrefle de I'Erreur & de la Barbarie :
Le bandeau {ur les yeux, une fombre Furie
Aiguife ces couteaux qui de nos meilleurs Rois . ..
Fuis... . Spectacle odieux que toujours je revois |
Notre Perfécuteur vient d’Abime en Abime
Rouler julquen ces Licux la. fureur qui l'anime.
16 : LA FRANCE SAUVEE.
D’une nouvelle horreur cet Antre fe remplic,
Et d'un long hurlement la Voute retentit ,
Elle souvre. Mon Frere entens ma voix plaintive.
Cleft trop long-temps laiffer notre Vengeance oifive:
Ramafle tous {es traits, rallume ton couroux;
Que Empire Francais s'écroule {ous nos coups;
Pour hater fa ruine , il me faut un grand crime,
le Sang le plus facré. ... La plus grande Victime....:
Je ten ai dit aflés ... Moi-méme, jen fremis.
A ces mots les Démons demeurent interdits.
Cent Foudres a linftant dans la Caverne grondent,
Et par autant d'échos les Enfers leur répondent.
Ennemi de la France, Ennemi des Bourbons,
Je tentens , lui répond le Tiran des Démons.
Sur fa téte aufli-tot tous {es Serpents fe dreflent.
Sans doute a tes {ucces les Enfers sintéreflent.
Jembrafle tes defleins ; je refens tes fureurs ;
Ton ame toute entierel paflé dans nos cceurs.
Mais comment te {ervir : Mes mains font enchainées.
Cet Antre voit mourir nos vengeances bornces.
Ma Fille, mon Appui, 'Ame de mes travaux,
La Superftition languit dans ces Cachots.
Cet heureux temps n'eft plus, od par fa main facrée,
Des feux de I'Encenfoir la France dévorée
Posgme. 1 17
Au crime toujours préte & rebelle 2 fes Rois,
Ofoit fouiller le Tréne & violer {es droits!
Un Pontife modefte a {G joindre dans Rome
L’humanité du Sage, aux ralens du grand Homme:
De la Religion il fert les intéiérs, |
Mais la {eule Vertu cimente {es Décrets.
La Noblefle 3 la fois courageufe , éclairée,
Par penchant & par choix 4 fesdevoirs livrée
Ne connait que 'Honneur , & n’alpire aujourd hui
Qu’ vivre pour fon Prince, & qua mourir pour lui.
L'Ame la plus grofliere eft de ce feu nourrie ,
Ils portent cet amour julqu’a l'idolatrie.
Les Arts fur-tout les Arts , mes mortels Ennemis,
Mont enlevé ce Peuple a mes fureurs foumis,
Ils ont ouvert {es yeux , ils ont changé fon étre....
Ma gloire eft écliplée & ne peut plus renaitre!
A peine on’ fe {fouvient de mes combats fameux
Le dernier des Frangais Citoyen orgueilleux
S'arme de la Raifon, & n'écoute plus quelle.....
Si dans ce Peuple immenfe , 2 mon culte infidele,
Enflammé pour fon Roi d'un amour éprouvé,
Il en pouvoit étre un! un feul.... je lai trouvé!
S'écrie avec tranfport le barbare Génie:
Au fein de la baffefle & de lignominie,
ME: LA FRANCE SAUVEE.
Dans l'état le plus vil, dans la Fange des rangs,
Dans la fouillure enfin des crimes les plus grands
Tai foiiillé, jai trouvé cette Ame monftrucufe,
Affez dénacurée, aflez audacieufe. ..
Qu’il faut encor pourtant de ta rage €chauffer.
Appelle a ton fecours tes Démons, tout 'Enfer;
Tu le peux; tu le dois; acheve mon ouvrage.
Et le voici... Soudain3 fes pi¢s un Nuage
Sentr'ouvre & laifle voir, [Enfer en a- palit:
Le Montftre..... un Charme affreux le tenoit affoupi;
On lifoit fur fon front un crime abominable:
Tout déceloit I'horreur de fon ame execrable.
Telle, fur ces Amas de Foudres fouterrains,
Nouveaux Enfers creufés des éeernelles Mains 5
Des Rochers entaflés la Maffe menacante
Exhale de'fa Cime une vapeur briilante.
Ainfi le Ciel couvert d'une effroyable Nuit,
Annonce le Tonnerre & la Mort qui le fuit.
Du Perfide auffi-tét tous les Démons s'emparent ;
Déja les noirs Poifons , les Flammes fe préparent ;
Sous leur Magique effort {fon Sang coule & tarit,
Dans {es Veines déja s'allume
& § épaiffic
Le Venin infernal chargé de tous les Crimes:
Ces Coupables , I'Effroi des funébres Abimes,
PoEwME To
Les Ames des Chitels, des Ravaillacs enfin,
Avec des heurlemens retournent dans fon fein.
Son coeur eft un Foyer dévoré de leur Flime:.
Tout I'Enfer a la fois a volé dans fon Ame:
Le Charme eft accompli; la Nature en gémit.
Il eft armé du Glaive, il s'éveille, il frémit.
Trois fois tombe le Fer de fa main égarée,
Trois fois de ces Démons la rage conjurée
Lui remet dans les mains le {acrilége Acier;
Un Cri de mort l'annonce a I'Univers entier :-
L'Ennemi de la France en rugiffant 'embrafle,
Et de fon Souffle encore irritant fon audace,
A travers les Vapeurs du Gouffre ténébreux,
Le remporte avec lui dans {fon Nuage affreux:
La Nuit & I'Epouvante ont devancé leur Route.
Des Peres le meilleur, le plus aimé fans doute 3
fos =
Son Fils fous la Douleur fans ceffe fuccombant
Tend une‘main tremblante 2 fon Pere expirant.
a
Quand la Terreur accourt fur fa trace fanglance :
Quand tout ce qui I'entoure eft frappé d’épouvante:
Quand la Nature entiere 3 treflailli feffroi:
LOUIS feul eft tranquille; & la Mort voit un Roi.
a
—
INCRE
Poswme “°° 21
Ft voit les Flots , les Vents & la Mort déchainés
A fes pieds entr’ouvrir les Enfers confternés.
A travers les fanglots. ... Nature ! quelle Image...
L'amour, l'amour d'un Fils Souvre enfin un paflage. ...
‘Que le Monftre en mon flanc wa-tdl porté fes coups:
Vous vivriés mon Pere, & je mourrois pour vous....
Yen {erois, 6 mon Fils; mille fois plus a plaindre,
Répond le Roi; Vivés... Pour vous {eul jai pu craindre...
Sur mon Peuple.... Frangais,
en ce moment dernier, |
LOUIS Ze Bien-Aimé fe montroit tout entier.
Il ne peut achever. Son Palais en allarmes,
La Patric a fes pieds qu'elle inonde de larmes,
Se cachant le Vifage, égarée, hors de foi,
Et ne pouvant que dire: O mon Maitre! O mon Roi | LY
Ah Barbarer.. Une Cour frémiffante, éplorée,
A la douleur , au trouble, a la terreur livrée ,
Des fanglots érouffés, de longs gémiffements |
Des cris, le défefpoir qui croit a tous moments ,
Des Princes éperdus .... Une Reine mourante,
Qu'entoure fa Famille avec Elle expirante.
Voila quels nouveaux coups tu portes a LOUIS,
Enfer, la tu vois 'Homme, & tu ten applaudis !
Cette Fille du Temps qui fouverit le dévance,
Qui des Cieux & des Mers franchit I'Efpace immenfe;
\
22 La FRANCE SAUVEE
Dont I'Aile s'affermit & s'accroit en volant ;
Dont la Voix forme un bruit toujours plus ¢clatant,
Meflagere que {uit le Soupgon & la Crainte ,
Mélant4 fes récits l'ignorance ou la feinte ;
Faible Organe du Vrai, Trompette de I'Erreur,
Plus promte a répéter le cri de la Douleur,
Qui porter I'Efpérance ou {emer I Allégrefle,
Dans l'ombre de la Nuit, en sécriant fans cefle,
Oo
Deja la Renommeée a volé vers Paris.
Tout eft frappé du coup dont eft bleflé LOUIS.
—
Ces Jours ou, vers le Rhin, jaloufe de fa Gloire,
La Mort vint l'atraquer au {ein de la Victoire,
De ténébres, de deuil; reviennent plus couverts;
On n'entend qu'un {eul cri s'élancer dans les Airs,
Tour fc nit: IIntérée I'Amour & la Nature.
On ne voit que LOUIS & fa perte future,
On court avec fureur embrafler les Autels;
On les charge d’Encens & de veeux folemnels:
On invoque en pleurant la fupréme Puiffance :
La Douleur a bien-tét couvert toute la France,
Comme un Fleuve rapide en nos Champs deborde.
La paleur. fur le front, par la frayeur guidé,
On fe demande. Eh bien!.". . Nous rendra-t-on la vie?
Ses jours... {ont en danger. L'efpérance:... Eft bannie.
Poe wmze. 23
Le Roi 2.. Vafuccomber... Ah nous fommes perdus!
IL eft préc dexpirer.... Il expire.... Il n'eft plus!
Il n'eft plus? Ce Cri meurt dans un vafte filence.
Il vie. Il vit 1... On voit dans fa Carriere immenfe,
Semant I'or & lazur fur des traces de Feu,
L’Ange brillant des Lys, Miniftre heureux d'un Dieu:
Les rubis du Soleil ont couronné fa téte:
Sur les murs de Paris il defcend il sarréce.
Oui, pourfuit-il, Francais, votre Maitre eft vivant.
Ceeft moi qui vous I'annonce au nom du Tout-puiffant,
L'Ecernel a voulu conferver fon Image.
D'un Démon deftructeur il enchaine la rage;
Pour jamais il le plonge aux Gouffres infernaux;
Cleft ce Démon cruel, {eul Auteur de vos maux,
Qui, pour combler I'exces defa noire furie |
Vous difoit que LOUIS avoit perdu la vie.
11 refpire: la Gloire environne fes jours.
D'un Regne bienfaifant il étendra le cours :
1 verra {a Famille augufte & floriffante ,
Comme autant de Rameaux dune Tige abondante |
Perpétuer {on Nom, fon immortel éclat.
La Race des Bourbons régira votre Etat,
Julqu'a ces Temps cachés dans une Nuit profonde 3
Ou doivent s'écrouler les Fondements du Monde,
24 LA FRANCE SAUVEE.
Et devant 'Evernel porté fur les Eclairs,
Comme le Plomb fondu s'écouler I'Univers.
Allés , Francais , voles aux pieds de votre Maitre:
Il vousaime toujours. Soyés dignes de I'érre.
Ah ton Peuple, Grand Roi, mérite ton amour!
Tous les cceurs par ma voix te parlent en ce jour;
Vapporte a tes genoux Toffrande de leurs larmes.
Du bonheur détre aimé gotite bien tous les charmes.
Oui ton Peuple tadore. ... oui tes zélés Sujets
Te feront oublier.... Que le Monftre eft Frangais.
La Grece, des Heros la Mere & la Patrie,
Vit fon Temple embrafé des mains d'un Grec Impie;
Et parmi fes Enfants Rome en pleurant compta
La Perfide nourrie aux Autels de Vefta.
Vois, LOUIS, dans la France une famille entiere
Qui donneroit fon fang, qui mourroit pour {on Pere.
Que fon refpe&t, {es veux ; fon hommage ¢rernel
Chaffent de ta mémoire un {ouvenir cruel.
Viens te montrer aux yeux de ta Ville chérie
Elle te tend les bras; Paris entier te cric.
Le Vieillard expirant ne retient fon foupir ,
Qne pour te voir encor, tadorer, & mourir.
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