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Séance 6 : Lecture linéaire de « Au Cabaret-Vert1, cinq heures du

soir »

Depuis huit jours, j’avais déchiré mes bottines


Aux cailloux des chemins. J’entrais à Charleroi2.
– Au Cabaret-Vert : je demandai des tartines
De beurre et du jambon qui fût à moitié froid3.

5 Bienheureux, j’allongeai les jambes sous la table


Verte : je contemplai les sujets très naïfs4
De la tapisserie5. – Et ce fut adorable,
Quand la fille aux tétons énormes, aux yeux vifs,

– Celle-là, ce n’est pas un baiser qui l’épeure6 ! –


10 Rieuse, m’apporta des tartines de beurre,
Du jambon tiède, dans un plat co/lo/ri/é7,

Du jambon rose et blanc parfumé d’une gousse


D’ail, – et m’emplit la chope8 immense, avec sa mousse
Que dorait un rayon de soleil arri/é/ré9.

Octobre 1870.

1
Enseigne d’une auberge
2
Rimbaud arrive à la mi-octobre à Charleroi en Belgique, où existait une auberge dont l’enseigne était « Ala
Maison verte »
3
Le jambon peut se manger chaud, comme plat principal
4
Les personnages de la tapisserie murale représentés de manière très simpliste
5
Papier peint qui recouvre les murs
6
Qui lui fait peur
7
Plat de mauvaise qualité sommairement coloré
8
Le bock de bière
9
D’arrière-saison

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