Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 54

PRELUDE présente :

OURIKA

Une série créée par :

Clément Godart, Elie Yaffa, Clément Gournay, Vincent L’Anthoen

EPISODE PILOTE

SCENARIO :

Clément Godard, Elie Yaffa, Vincent L'Anthoen, Clément Gournay,


Sabine Dabadie

ADAPTATION ET DIALOGUES :

Marine Francou

Version du 19 Décembre 2022


ii.
101 INT. CITE DE LA GRANDE BORNE /APPARTEMENT CONDITIONNEMENT 101
SHIT/PALIER - NUIT

Du sang se dilue dans l’eau qui coule du robinet d’un lavabo.


Un homme savonne énergiquement un maillot de corps blanc.

L’homme ferme le robinet, essore le maillot et se retourne.

Arabe, carrure imposante, visage fermé, c’est Moussa (35). On


découvre la salle de bain dont la baignoire et les murs sont
couverts de grandes giclées de sang. Deux adolescents
s’appliquent à les nettoyer.

Moussa étend le maillot sur la barre métallique du rideau de


douche. Il sort un billet de 50 euros de sa poche et le tend
à un des gamins.

MOUSSA
Faites-ça bien.

Moussa quitte la pièce et s’engage dans un long couloir qui


mène au salon.

Off on entend une chaine d’info en continue. Un reportage sur


les émeutes qui depuis 5 jours, embrasent la banlieue, suite
à la mort de Zyed et Bouna. Deux adolescents électrocutés,
après avoir trouvés refuge dans un transformateur EDF à
Clichy sous Bois, pour échapper à la police.

Moussa pénètre dans le salon où deux types (plus tard


Nouredine et Ali), regardent les infos devant une grande
télévision. Ils sont assis sur un vieux canapé avec une table
basse sur laquelle traine des cartons de pizzas. Au fond, une
grande table couverte de blocs de résine de cannabis, prêts à
être conditionnés.

Sur l’écran de télévision, on découvre les images qui


accompagnent le flash info sur les émeutes urbaines.

MOUSSA (CONT’D)
C’est bon.

Nouredine et Ali se dirigent vers un coin de la pièce où


repose un cadavre entouré dans une bâche (du sang a coulé au
sol). Ils le prennent, chacun par un bout, pendant que Moussa
enfile un bournous blanc, (genre de long manteau en laine
avec une capuche pointue)

Moussa saisit ses trois téléphones portables alignés sur la


table et les range dans ses poches.
2.

Ils traversent le salon en portant le cadavre, et se dirigent


vers la sortie de l’appartement. Moussa referme la porte
derrière eux. Ils s’engagent sur le palier.

OFF, le reportage télévisé se poursuit. Le Préfet de


l’Essonne parle des émeutes qui gagnent maintenant la
banlieue sud de Paris. Les villes de Viry-Châtillon et
Grigny, font l’objet de toute l’attention des forces de
l’ordre.

102 EXT. ABORDS DE LA CITE DE LA GRANDE BORNE - NUIT 102

Une quinzaine de fourgons policiers sont garés sur un parking


aux abords de la cité. Des flics en tenue de maintien de
l’ordre, descendent des fourgons et s’équipent pour une
intervention (casques, boucliers, protections lourdes).

Bruits de bottes, émaillés de cris de motivation des


troupes... Allez les gars, on y va !...

Flashball, grenades, munitions, passent de main en main...

Off on entend des tirs de mortier en provenance du coeur de


la cité. De la fumée dépasse des bâtiments.

Au cul d’un fourgon, quelques policiers en civil s’équipent


eux aussi. William (27) est au milieu d’eux. Cheveux courts,
regard clair, acéré. Il se prépare tout en écoutant le
commissaire Brousseau qui dirige l’opération et motive ses
troupes.

BROUSSEAU
Ok les gars, on a pas de compagnie
de CRS avec nous, va falloir gérer
l’effectif au mieux.

Taz (35), beau mec charpenté, d’origine guadeloupéenne, les


cheveux tressés sous un bandana, tend un flashball à William.

TAZ
Gros, t’es avec moi là ?

William hoche la tête, aux taquets. Brousseau s’approche des


flics en civils (dont Taz et William).

BROUSSEAU
L’hélico n’est pas dispo, j’ai
besoin de vous en éclaireurs pour
localiser les émeutiers.

Il se tourne vers Taz et William.


3.

BROUSSEAU (CONT’D)
Les stups vous prenez le flanc
ouest.(il se tourne vers les
autres) La BAC vous rentrez par
l’Est. Je veux un point radio
régulier.

Le commissaire embrasse tous les flics en civil du regard.

BROUSSEAU (CONT’D)
Rappelez-vous qu’ici, les zones de
non droit ça n’existe pas. On
rentre partout, même à la grande
borne ! COMPRIS ?!

William acquiesce ostensiblement. Le langage martial agit sur


lui. Des tapes viriles sont échangées pour se donner du
courage.

Les deux flics partent en trottinant. William suit Taz de


très près. Ils traversent un nomans’land herbeux largement à
découvert.

Off, on entend des nouveaux tirs de mortiers en provenance du


coeur de la cité.

Shbam ! William et Taz trouvent refuge contre la façade d’un


premier bâtiment. Ca y’est, ils y sont !

103 EXT. LA GRANDE BORNE - PLACE AUX HERBES - NUIT 103

Les deux flics longent en courant les grillent métalliques


fermées des magasins de la place aux herbes.

Ils voient passer une bande de jeunes qui courent tous dans
la même direction. Ombres fugitives flippantes dans
l’obscurité.

Les deux flics se planquent dans un recoin pour ne pas se


faire voir.

Dès que les gamins se sont éloignés, William se lance devant,


Taz suit avec un peu de retard, plus flippé que son collègue.

104 INT. CITE DE LA GRANDE BORNE - CAGE D’ESCALIERS - NUIT 104

Moussa téléphone à l’oreille, descend les escaliers de son


immeuble et arrive dans le hall. Devant lui, ses deux sbires
continuent de porter le cadavre enroulé dans une bâche. Du
sang coule sur les escaliers en béton.
4.

MOUSSA
(au téléphone) Ok mec, on va
s’organiser, je vais décaler la
livraison aux Lyonnais. (...)
T’angoisse pas. Rappelle-moi, quand
tu arrives à Saint-Arnoud.

Moussa raccroche. Il passe devant ses deux sbires et leur


ouvre la porte du hall.

105 EXT. CITE DE LA GRANDE BORNE - COURSIVES - NUIT 105

De nouveau, les tirs sourds des mortiers, et les cris des


jeunes au loin.

Taz progresse derrière William, la main légèrement posée sur


l’épaule de son collègue.

Ils longent une coursive percées de moucharabiehs en béton.

Soudain, sur la route légèrement en contre bas, une bande


d’une cinquantaine de jeunes courent en hurlant. Ils vont
tous dans la même direction, “armes” à la main (barre de fer,
club de golf). Une grappe de scooters les suit en roue
arrière. Des tirs de mortiers accompagnent ce défilé.

Taz et William se collent au mur et marquent un arrêt.

TAZ
(dans sa radio) A tous de Taz, on a
des gamins armés de barre de fer
qui quittent le square Solstice en
direction du terrain Jebli.

BROUSSEAU (VO A LA RADIO)


Terrain Jebli, vous êtes sûrs de
vous ?

TAZ
(dans sa radio) Affirmatif patron.

WILLIAM
(à Taz) Pourquoi ils vont là bas ?
Ça pète jamais normalement sur le
point de deal.

De nouveau les sons sourds des mortiers, et les cris des


jeunes au loin.
5.

BROUSSEAU (VO A LA RADIO)


Taz de TI, demande confirmation en
visu des émeutiers avant
déploiement sur place des
effectifs.

Un temps. Taz se rencogne en grimaçant, pas envie d’exécuter


cet ordre qui les expose.

WILLIAM
(dans sa radio, volontaire)
Reçu patron.

Taz a un petit sourire en direction de William, genre, OK,


t’es un mec qui en veut, on y va ! Les deux flics reprennent
leur progression.

Toujours sur fond de tirs de mortiers, dont la fréquence et


l’intensité sonore augmentent à mesure qu’ils progressent.

106 EXT. CITE DE LA GRANDE BORNE - QUARTIER DU MERIDIEN - NUIT106

Au rez-de-chaussée d’un immeuble, une femme un peu âgée


plantée devant les images des émeutes à la télévision voit
passer les flics. William croise son regard et lui fait signe
de fermer sa fenêtre. Elle s’exécute.

Les deux flics s’engagent sur une petite place plantée


d’arbres.

Soudain face à eux : Moussa et ses deux sbires qui portent


toujours le cadavre roulé dans la bâche.

Taz a un geste réflexe, il plaque William dans un


renfoncement.

TAZ
Putain... C’est Moussa Jebli !...

William fixe Moussa qui passe devant eux sans les voir. Il
réalise que les deux sbires derrière lui portent un cadavre.

WILLIAM
(scié, les yeux rivés sur la bâche)
Mec, on fait quoi là ?!

TAZ
On fait rien. On est deux putain !
(dans sa radio)TI de TAZ, Moussa
Jebli et deux types transportent un
cadavre dans le secteur du
méridien.
6.

BROUSSEAU (VO A LA RADIO)


Ça va où ?

TAZ
On sait pas patron.

William sort de son renfoncement. Il voit que Moussa et ses


sbires passent le coin de la place. Il fait signe à Taz et
reprend sa progression le long du mur.

TAZ (CONT’D)
(flippé) Putain, on est loin des
collègues là. Ça craint, merde !

107 EXT. LA GRANDE BORNE - MERDIEN COURSIVE EN S - NUIT 107

Moussa, ses deux sbires et le cadavre, marchent maintenant


dans une coursive qui serpente entre deux façades en forme de
S, (rendant impossible de voir ce qu’il y a au bout).

MOUSSA
(au téléphone) Ça arrive sur Paris
t’inquiètes pas. (...) Non,
attends, est-ce que je t’ai déjà
planté ? (...) Bon alors. Je suis
sur un truc là, je te rappelle
après.(Moussa raccroche) Pète les
couilles le Lyonnais là !

Les flics courent et récupèrent Moussa et ses gars en visu


juste avant qu’ils ne disparaissent dans la courbe de la
coursive.

Soudain, William se prend un objet sur la tête, en provenance


d’un étage. Nerveux, il sur-réagit et se baisse en position
tortue. Taz pointe son flashball sur l’étage.

Une petite fille penchée à la fenêtre du 3ème leur sourit


malicieusement. Au sol, le ballon rebondit...

William expire pour reprendre son calme et sa progression


avec Taz.

TAZ
(à la radio) TI de Taz, ça va à la
plaine.

BROUSSEAU (VO A LA RADIO)


Ok reçu. On se déploie !

Tandis que les deux flics passent la courbe de la coursive,


la vision se dégage.
7.

A 50 mètres devant lui, William découvre : des silhouettes de


jeunes qui se dessinent à peine derrière un rideau épais de
fumigènes.

Moussa et ses sbires, avalés par cette foule, disparaissent


du champ de vision des flics. On entend des cris, des
acclamations un peu frénétiques.

Tirs de feux d’artifice de mortiers, fumigènes, rodéo de


scooter, de motos, l’ambiance est à la fois électrique et
crépusculaire...

William voyant qu’ils ne peuvent plus avancer, attire Taz dan


un recoin.

108 EXT. CITE DE LA GRANDE BORNE/ ESPLANADE MERIDIEN - NUIT 108

Deux cents personnes sont massées sur une esplanade herbeuse,


entourée d’immeubles.

Moussa et ses deux sbires qui portent toujours le cadavre,


fendent la foule qui s’ouvre devant eux. On sent un mélange
de crainte et de respect pour cet étrange cortège. De
l’excitation aussi chez les plus jeunes qui tirent des
mortiers en l’air. La nuit se charge de feux d’artifices
colorés au milieu de la fumée blanche.

Au pied des escaliers qui mènent à une estrade, le cortège


mené par Moussa croisent une femme marocaine. Visage d’aigle,
tenue “occidentale” sobre, c’est ZORA JEBLI (53). Elle arrête
son fils d’un geste.

ZORA
Il est où Driss ? (Moussa hausse
les épaules, il ne sait pas. Zora
est contrariée) On commence pas
sans ton frère.

Moussa monte les marches, ses deux sbires et le cadavre à sa


suite dont on comprend qu’il va être exhibé à la foule. Un
groupe d’hommes monte avec eux (le crew de Moussa).

Moussa contrarié lui aussi balaie la foule du regard, à la


recherche de son frère. Zappe sur plusieurs groupes.

On découvre qu’il y a des familles dans l’assemblée. Tout le


monde a le regard rivé sur la scène, dans une forme d’attente
déférente et craintive.

Le regard de Moussa finit par se poser sur un type en


costard, dont l’allure charismatique frappe d’emblée. C’est
Driss Jebli,(26).
8.

A ses côtés, Inès Santaki (26), une jeune femme maghrébine


dont l’élégance détonne dans cet environnement. Elle se tient
à Driss qui cherche à la protéger.

Depuis l’estrade, Moussa, sibyllin, observe un temps ce


couple lumineux.

Un scooter en roue arrière manque de la percuter. Driss


l’entoure de son bras pour la protéger.

Inès flippée a le regard rivé sur l’estrade sur laquelle


trône toujours le cadavre enroulé dans la bâche. Elle se
penche à l’oreille de Driss, flippée.

INES
(à cran) C’est un grand malade ton
frère.

DRISS
Hé, c’est ma famille ça, c’est pas
moi OK ?

108B EXT. LA GRANDE BORNE - BORDURE DE L’ESPLANADE - NUIT 108B

William et Taz toujours planqués en marge de l’esplanade


découvre eux aussi Moussa sur l’estrade (avec ses sbires) et
le cadavre qui va être exposé. Les jeunes qui ne cessent de
tirer des mortiers, les rodéos de scooters, etc...

William hallucine.

WILLIAM
C’est quoi ce bordel ?

SUR L’ESPLANADE :

Driss croise le regard de son frère Moussa à quelques


dizaines de mètres sur l’estrade.

Moussa se détourne vers ses sbires et d’un hochement de tête


donne le signal.

Noredine et Ali déroulent la bâche. Deux moutons égorgés


tombent au sol !

Au milieu de la foule, à l’autre bout de l’esplanade,


derrière les platines, deux jumeaux noirs d’origine
comorienne, DJIBRIL (25) et DJEBRIL (25), habillés en baggies
avec des maillots de basket, envoient un gros son de rap. La
foule crie, en délire.
9.

109 EXT. LA GRANDE BORNE - BORDURE DE L’ESPLANADE - NUIT 109

Depuis leur poser d’observation, les deux flics sont sciés !

TAZ
(à la radio) A Tous de Taz, c’est
un putain de méchoui... Je répète,
c’est un putain de méchoui !

William a les yeux rivés sur le terrain, il se détend.

TAZ (CONT’D)
(regard fixé sur Moussa) Ok, ce
crevard de Moussa régale la cité.
Ca veut dire une chose...

William l’interroge du regard.

TAZ (CONT’D)
... Il fête son premier million.

Les tirs de mortiers redoublent, accompagnés cette fois de


youyou ! Les moutons sont embrochés sur deux grandes piques
et portés par les hommes de Moussa jusqu’à un feu. Moussa
sourit enfin, en pleine gloire.

Il lève les bras, tel un homme politique acclamé par la foule


qui laisse éclater sa joie !

La caméra prend de la hauteur. On découvre la cité de la


grande borne qui apparait comme un labyrinthe d’immeubles bas
et tortueux. Imaginée par Emile Alliaud comme une cité
radieuse, elle est en 2005 l’un des lieux les plus pauvre et
les plus criminogène de France.

110 GENERIQUE TITRE : OURIKA 110

111 EXT. LA GRANDE BORNE - BORDURE DE L’ESPLANADE - NUIT 111

William et Taz qui n’ont pas bougé, reçoivent un message


radio :

BROUSSEAU (VO A LA RADIO)


A tous les effectifs, faites retour
au bercail. On remballe, je répète,
on remballe.

Taz amorce un mouvement pour se barrer, mais William l’arrête


d’un geste, le regard toujours rivé sur Moussa qui déambule
maintenant au milieu de la foule avec son grand bournous
blanc. Une grappe d’hommes le suit (son crew).
10.

WILLIAM
Attends, tends, tends !

TAZ
(saoulé) Quel mot tu comprends pas
exactement dans “ordre de repli” ?!

WILLIAM
On se fait chier tous les jours à
faire tomber des petits dealers de
merde, là on en a un gros sous nos
yeux, avec tous ses potes autour de
lui, et on va pas se casser ?!

TAZ
Les types comme Moussa Jebli, le
plus dur c’est pas de les
identifier, c’est de trouver de
quoi les accrocher. C’est pas notre
taf ça.

WILLIAM
On est dans un groupe stup non ?

TAZ
Le mec fête son million. C’est du
trop gros gibier pour nous ça !
T’as pris la grosse tête ou quoi ?!

112 EXT. TERRAIN ATTERRISSAGE PROCHE SAINT ARNOULT PEAGE - NUIT


112

Les pales d’un hélico qui tournent. L’appareil vient de se


poser... Un homme en descend et se courbe en s’éloignant. La
cinquantaine, blanc, Racheton a la dégaine du flic en pleine
possession de ses moyens.

Il rejoint son adjointe, Allyah (35)jeune femme maghrébine,


regard affuté, intense.

RACHETON
L’ouvreuse a fait son coup de sécu
à Savan. Ils foncent droit sur
nous.

ALLYAH
(dans sa radio) OK à tous, objectif
en approche, on se tient prêt à
intervenir. Fermeture des caisses.
11.

113 EXT. PEAGE SAINT ARNOULT - NUIT. 113

D’un coup, sur le fronton du péage de Saint Arnoult, une


dizaine de caisses affichent la croix rouge en X.

Seules les trois caisses du milieu restent ouvertes. Les


véhicules en approchent du péage dévient toutes vers ces
caisses.

114 EXT. LA GRANDE BORNE - ESPLANADE DU MERIDIEN. NUIT 114

Les moutons grillent, le méchoui bat son plein dans une


ambiance festive. Les assiettes passent de main en main.
Driss et Inès saluent des gens sur leur passage.

Joel (24), noir d’origine congolaise et Mappy, (35) blanc un


peu gros, fondent sur eux.

JOEL
Wow Driss, tu t’es souvenu que
t’avais une famille ou quoi ?!

Driss sourit à ses anciens potes.

DRISS
Les gars, qu’est-ce que vous foutez
là. Vous êtes plus tricards ?

Mappy, assiette à la main se goinfre.

MAPPY
On va pas rater une occas de manger
gratos mec.

JOEL
(se moquant de Mappy) Attends, il
s’est fait grave chaouché, il a
monté l’estrade toute la nuit pour
ton frère...

LOLA (VO)
Pire qu’une pute congolaise !

Driss se retourne et salue Lola (25), jeune femme d’origine


Antillaise, sourire radieux, dégaine badasse.

DRISS
(entourant Inès de son bras)
Wesh Lola, ça va ou bien ?

Lola avise le costard de Driss dont elle palpe l’étoffe,


faussement impressionnée.
12.

MAPPY
C’est ses potes de Sciences Po,
t’as vu, ils se sont cotisés pour
l’rhabiller.

JOEL
(clin d’oeil à Inès) Hé, faut voir
la princesse aussi... Et ouais,
faut être à la hauteur gars... T’as
rien sans rien, tu vois ce que je
veux dire ?

Inès sourit.

DRISS
On vient voir la daronne... (coup
d’oeil complice à Inès) On a un
truc à lui annoncer...

JOEL
(qui devine) Nooooonnnn... Sans
déconner gros, tu te maries ?!

Ines et Driss se sourient. Tous comprennent.

JOEL (CONT’D)
Ah ouaaaaiis...(il prend Driss dans
ses bras, un peu ému malgré lui)
Putain t’avances mec.

Driss croise subrepticement le regard de Lola qui masque un


peu. Il se détourne et fixe son regard sur Zora (sa mère vue
précédemment au pied de l’estrade à côté de Moussa), qui
s’approche d’eux.

MAPPY
(qui lui aussi a vu Zora, excité
d’avance) Elle va partir en toupie
ta mère ! Wallah, je veux trop voir
ça !

Zora qui les rejoint embrasse Inès, puis son fils. Sans même
un regard pour les potes, elle prend Driss à part.

ZORA
Viens...

Zora entraîne son fils. Inès suit. Les potes sont frustrés.

115 EXT. LA GRANDE BORNE - BORDURE DE L’ESPLANADE - NUIT 115

Depuis son poste d’observation, William a les yeux rivés sur


Zora et Driss qui marchent côte à côte, Inès derrière eux.
13.

Taz qui observe lui aussi, fait les présentations à William.

TAZ
Lui c’est l’autre fils Jebli.
Jamais eu en garde à vue. Parcours
d’excellence, décoré par le Préfet
à 20 piges... Un mystère ce mec là.

WILLIAM
Elle sait la daronne ?(comme Taz le
fixe) Je veux dire, elle sait ce
que fait Moussa ?

TAZ
Tu crois quoi ? Son mari est en
cavale depuis 10 ans, son fils fait
vivre la moitié de la cité, comment
tu veux qu’elle soit pas au courant
? Elle fait comme tout le
monde, elle prend le pognon.
(fixant un homme en costume qui
parle avec Zora dans la foule) Et
l’autre élu de mes couilles là,
qu’est-ce qu’il fout là lui ?...

116 EXT. LA GRANDE BORNE - ESPLANADE MERIDIEN - NUIT 116

Driss est maintenant en pleine conversation avec Zora et


l’élu dont parle Taz. Un type en costard gris, sans grande
envergure. C’est l’adjoint au maire à la jeunesse (50),
accompagné de deux jeunes médiateurs de la ville (doudounes
rouge, sans manche, griffées au nom de la ville).

ZORA
(à l’élu) Vous vous souvenez de mon
fils Driss ? (fière) Il termine son
master à Sciences Po Paris.

Driss a un petit sourire, un peu contraint.

L’ADJOINT AU MAIRE
(à Driss) Ah bravo, c’est
formidable. Non vraiment... Un
jeune comme vous.

DRISS
(avec humour) Comment ça “comme
moi” ?... Pas très gentil pour ma
mère ce que vous dites là...
14.

L’ADJOINT AU MAIRE
(lancé) Je monte un programme de
soutien à la réussite scolaire des
gamins de la grande borne. Votre
profil m’intéresse beaucoup.

DRISS
Ca aurait été avec grand plaisir,
mais je reviens plus trop sur
Grigny en fait...

ZORA
(impérieuse) Bien sûr qu’il va vous
aider. Ce sera un honneur.

L’ADJOINT AU MAIRE
(tend sa carte à Driss) Appelez-moi
sans faute, faut qu’on se voit avec
le maire.

L’adjoint s’éloigne.

DRISS
(tendu)Pourquoi tu lui as dit ça ?

ZORA
Le maire veut faire installer des
barrières à l’entrée de la cité.
C’est mauvais pour le business,
j’ai besoin qu’il me soit
redevable.

Driss, scié, réalise que sa mère se sert de lui.

ZORA (CONT’D)
Quoi ? Tu peux bien rendre un peu
ce qu’on t’a donné non ?

Zora se tourne vers Inès, tout sourire.

ZORA (CONT’D)
Maitre Zuckerman me dit que du bien
de toi. Ça se passe bien, ils te
mettent sur des belles affaires ?

INES
Je plaide aux assises cette
semaine. Première fois !... Je vous
remercierai jamais assez Zora.

ZORA
(faussement modeste) Hé j’y suis
pour rien moi, c’est toi qui a
réussi le barreau ma fille.
15.

Driss se crispe. Pas longtemps qu’il est là et déjà, le


cirque manipulateur de sa mère lui pèse.

INES
En tout cas, on voulait vous
dire...

Elle se tourne vers Driss pour lui laisser annoncer la bonne


nouvelle.

DRISS
(calme mais impérieux)
Pas maintenant...

Inès interloquée masque. Zora l’interroge du regard.

ZORA
Qu’est-ce qu’il y a ?

DRISS
Rien.

ZORA
T’as dit bonjour à ton frère ?

117 EXT. LA GRANDE BORNE - ESPLANADE DU MERIDIEN - NUIT 117

Moussa est près du buffet. Il veille à ce que tout le monde


ait à manger. Il est auprès d’un vieux Chibani qui a son
assiette à la main.

MOUSSA
(main sur le coeur) Ca me fait
plaisir... Vraiment, régale-toi
Ali. S’il te manque un truc,
t’hésite pas tu me dis. Je suis là.

Le Chibani sourit. Le téléphone de Moussa sonne.

Changeant brusquement d’humeur, Moussa se met un peu à


l’écart.

MOUSSA (CONT’D)
Ouais Julien, t’en es où là ? C’est
passé ?

EN ALTERNANCE AVEC :

118 EXT. AUTOROUTE PROCHE PEAGE SAINT ARNOUD - NUIT 118

On découvre Julien (32), physique sec, joues creusées, au


volant d’une golf modèle sport.
16.

JULIEN
(tendu) J’arrive au péage là.

MOUSSA
Et l’autre ?

Julien jette un coup d’oeil à un camion d’une société


espagnole de transit, qui prend place dans la file de péage
d’à côté, à une trentaine de mètres en amont.

JULIEN
Il est juste devant.

MOUSSA
Ok raccroche pas, je reste avec
toi.

Julien pose le téléphone allumé sur le siège passager au


milieu de canettes de Red Bull vides.

119 INT. CAISSE PEAGE SAINT ARNOULT - NUIT 119

Racheton, (le flic vu précédemment descendant de


l’hélicoptère), est assis à la caisse du péage de
l’autoroute. Il porte une jasuble jaune fluo. Face à lui, le
camion de la société espagnole de transit mentionné par
Julien s’avance. Un monospace rempli d’une jolie famille le
sépare encore de la cabine de caisse.

Racheton rend la monnaie au père de famille du monospace.

RACHETON
Bonne route...

Le camion espagnol s’avance et s’arrête à la hauteur de la


caisse.

Le chauffeur (40 ans), baisse sa vitre et tend un billet de


50 euros à Racheton qui le prend. Tout en faisant mine de
plonger dans sa caisse, Racheton appuie sur sa radio
accrochée à sa poitrine.

RACHETON (CONT’D)
Top action !

A ce moment-là, des grenades aveuglantes explosent sur la


barrière de péage.

... Deux flics surgissent de l’arrière des cabines de caisse


et balancent des sceaux de peinture pour obstruer le pare
brise.

... Deux autres se jettent sur les portières du camion.


17.

Ça gueule dans tous les sens.

POLICIERS OCRTIS
POLICE ! POLICE ! ARRETE TOI !

Le chauffeur enclenche une marche avant et brise la barrière,


mais deux flics positionnés au-delà de la barrière, en face
du camion, tirent dans le moteur qui explose.

Le camion immobilisé, le chauffeur se fait sortir de la


cabine.

Un peu en arrière, dans l’autre file de péage, Julien en


panique dans sa Golf, percute la voiture arrière et s’avance
à nouveau pour rejoindre la bande d’arrêt d’urgence.

JULIEN
Putain de sa mère ! On se fait
niquer !

EN ALTERNANCE AVEC :

120 EXT. LA GRANDE BORNE - ESPLANADE DU MERIDIEN - NUIT 120

Moussa en panique entend Julien crier dans le téléphone.

MOUSSA
Mec il se passe quoi là ?!

Moussa voit son frère qui s’approche de lui. Inès à ses


côtés.

Il lui fait signe que non non ! Et lui tourne le dos.

Driss se demande ce qui se passe. Inès aussi.

MOUSSA (CONT’D)
Julien putain parle moi !

PEAGE DE SAINT ARNOUD SUITE :

Tandis que Julien au volant de sa golf, manoeuvre dans tous


les sens pour tenter de s’échapper vers la bande d’arrêt
d’urgence...

... Des flics à pied, positionnés derrière la golf tirent


dans les pneus.

... Julien se fait bloquer par deux voitures banalisées de


flics.

... Arrivant en courant face à lui, Racheton grimpe sur le


capot et défonce le pare brise d’un coup de talon.
18.

RACHETON
Arrête-toi connard !

Julien manoeuvre, tourne son volant mais Racheton qui saute


de nouveau au sol, sort une grenade fumigène qu’il balance
dans l’habitacle.

... Julien tente de se protéger en tirant son tee shirt sur


son visage mais se met à tousser. Les yeux explosés par la
fumée, il perd le contrôle de sa voiture qui vient mourrir
dans une forêt de plots puis dans la glissière du bord de
l’autoroute.

... Julien au bord de l’asphyxie, ouvre sa portière pour


tenter de fuir.

... A peine il a posé le pied au sol, Allyah se rue sur lui


et le sort violemment de l’habitacle.

ALLYAH
POLICE ! TU BOUGES PLUS ! TES
MAINS, TES MAINS ! DONNE TES MAINS
CONNARD PUTAIN !

Racheton rejoint AllYAH et termine avec elle le serrage de


Julien qui se débat au sol comme un beau diable.

SUR LE TERRAIN DU MECHOUI :

Moussa qui entend les flics crier à travers son téléphone a


les mains qui tremblent.

Il ouvre son téléphone, arrache la carte SIM.

Driss qui le fixe à distance, vient à lui.

DRISS
Wow Moussa, ça va ?

MOUSSA
Non ça va pas ! On s’est fait
baiser la gueule putain !

DRISS
Quoi baiser la gueule ?

La question reste en l’air. Moussa fixe maintenant Zora qui,


à quelques mètres, interrompt sa conversation avec d’autres
femmes de la cité et le fixe intensément.

Elle se rapproche de ses fils. Moussa hoche la tête


négativement. Elle comprend immédiatement et s’effondre sur
elle-même.
19.

Driss est le premier à fondre sur elle. Il prend la tête de


sa mère sur ses genoux.

DRISS (CONT’D)
Maman !...Oh Maman ! Tu m’entends ?

Zora semble inconsciente. Moussa s’accroupit face à lui.

DRISS (CONT’D)
Il se passe quoi là ?!

Moussa élude la question et tente lui aussi de ranimer sa


mère. Inès se précipite avec un linge mouillé.

Les gens autours forment un cercle.

Driss continue de tenter de ranimer sa mère.

DRISS (CONT’D)
Appelle le SAMU !

Mais Zora ouvre les yeux et s’accroche à Driss.

ZORA
Non, pas le SAMU !...

121 EXT. LA GRANDE BORNE - BORDURE DE L’ESPLANADE - NUIT 121

Depuis son poste d’observation, William voit soudain la foule


qui se fend pour laisser passer Zora soutenue par ses deux
fils qui l’encadrent.

WILLIAM
Qu’est-ce qu’elle a la mère ?

Taz croise le regard de Moussa qui fait un signe à Stan (30)


un grand costaud qui marche à ses côtés.

TAZ
On est détronché gros. Faut y aller
là.

William a le regard fixé sur Stan qui prend d’autorité deux


assiettes de méchoui des mains d’un type.

WILLIAM
C’est qui lui ?

TAZ
(bas) Le fournisseur officiel
d’armes de la cité. Un yougo.
20.

Stan, ses deux assiettes à la main avance maintenant


clairement sur eux.

TAZ (CONT’D)
Il vient sur nous, faut y aller là.

William obtempère. Ils vont pour se casser quand ils


entendent une voix dans leur dos.

STAN
Oh les gars !

William se retourne sur Stan.

STAN (CONT’D)
(brandissant les assiettes) C’est
pour vous.

William et Taz se regardent.

STAN (CONT’D)
(donnant l’assiette à Taz) Cadeau
de la maison Djébli.

TAZ
(soulagé) Merci vieux.

William scié, refuse d’un geste de prendre l’assiette. Il


jette un regard en direction de Moussa qui passe à quelques
mètres toujours en soutenant sa mère.

WILLIAM
Ca va aller merci.

STAN
Détends-toi, c’est pas de la
corruption, c’est juste du partage.

William est trop fier pour accepter. Il regarde Taz qui se


goinfre.

TAZ
T’as tord, c’est vachement bon !

122 INT. LA GRANDE BORNE - APPARTEMENT JEBLI - SALON - NUIT 122

Zora est allongée sur une banquette dans le salon de


l’appartement Jebli.

Moussa se tient auprès d’elle. Driss est debout.

ZORA
Quelqu’un nous a balancé.
21.

MOUSSA
Je suis sûr des gars de mon équipe.
Ils sont tous bien traités, aucun
n’a intérêt à rencarder les flics.

ZORA
(agacée) Ça tu n’en sais rien...

Zora s’agite, elle veut se relever mais n’a pas assez de


force.

ZORA (CONT’D)
Julien est un incapable. C’est toi
qui aurais dû diriger ce go fast.

MOUSSA
Le méchoui, c’était ton idée.
Acheter la paix dans la cité.
Eviter que les gamins foutent le
dawa comme partout en Seine Saint
Denis et fassent fuir les clients.

ZORA
(sèche) N’empêche ! T’aurais jamais
dû déléguer cette livraison ! La
preuve, maintenant on en est là !

Driss ne supporte pas de voir sa mère enfoncer son frère.

DRISS
Qui d’autre était au courant de la
livraison ?

ZORA
Te mêle pas de ça toi.

Driss se tourne vers son frère, attendant sa réponse.

MOUSSA
On avait mutualisé le transport
avec des gars de Lyon. La moitié de
la came était pour eux.

DRISS
T’es sûr d’eux ?

MOUSSA
J’ai déjà fait trois remontées pour
eux. Ils avaient déjà payé la
moitié de la came, je les vois mal
nous balancer aux flics.
22.

DRISS
Sauf s’ils ont un intérêt supérieur
à nous faire tomber.

ZORA
C’est vrai qu’ils parlent beaucoup
avec les Benali paraît-il...

DRISS
Quels Benali ?

ZORA
Mais si tu connais... T’étais au
collège avec le fils. Il tient le
plus gros four de Grigny II
maintenant.

DRISS
Tu crois que les Lyonnais auraient
pu s’associer avec eux pour vous
faire tomber et vous piquer le
four ?

Zora fixe Driss. Même si elle n’aime pas qu’il s’en mêle,
elle ne peut s’empêcher de sourire en voyant la rapidité avec
laquelle il raisonne. Moussa sent que ça lui échappe :

MOUSSA
Mais vous nagez en plein délire là
! Les Lyonnais c’est nos clients !
S’ils nous plantent, ils n’ont
juste plus de matos à vendre. Ils
ont pas les connexions au Maroc
pour se fournir eux.

ZORA
(s’énerve) Mais les Benali en ont
eux ! (léger temps) Tu te crois
toujours indispensable !

Moussa encaisse.

ZORA (CONT’D)
(désignant Driss) Ton frère, lui,
se met dans la tête des autres.
C’est pour ça qu’il est meilleur
que toi.

Moussa prend la claque. Un temps. Il se lève dignement.

MOUSSA
Les Lyonnais attendent leur cam.
Faut que j’aille leur parler.
23.

Moussa va pour sortir. Driss le rejoint, mal.

DRISS
Je voulais pas--

MOUSSA
(le coupe, impérieux, désignant
Zora) -- Reste avec elle ! Je veux
pas qu’elle soit seule.

Moussa s’en va, Driss reste un temps dans l’entrée face à une
photo encadrée accrochée au mur. La famille Jebli pose devant
une petite maison de village, accrochée aux flancs d’une
vallée montagneuse au Maroc. Driss (7) brandit ses muscles
sur les épaules de Moussa (16). Derrière eux, Zora (35) est
dans les bras de Mokthar (42). Tout le monde sourit. En
légende, on lit : Ourika 1987.

Driss pousse la porte de la cuisine...

123 INT. LA GRANDE BORNE - APPARTEMENT JEBLI - CUISINE - NUIT 123

... Driss retrouve Inès qui s’agite dans la cuisine.

DRISS
Qu’est-ce que tu fais ?

INES
Rien je m’occupe, je range. Ca va
ta mère ?

DRISS
Je vais rester avec elle ce soir.
Moussa a des trucs à régler.

INES
Ok, ben, je reste avec toi.

DRISS
(doux) Je crois pas non...

Inès le fixe.

INES
Driss, je sais qu’il s’est passé un
truc, je suis pas conne. Raconte
moi.

DRISS
(smart, léger) T’es avocate Inès,
t’es pas censée être au courant des
infractions de tes clients avant
les flics sinon--
24.

INES
-- Ça fait de moi leur complice, je
sais...

Driss fixe Inès en souriant, avec une moue pour dire, CQFD.

INES (CONT’D)
Promets-moi que tu restes en dehors
de leurs histoires.

DRISS
(rassurant) C’est ma mère, Inès.
Elle a fait un malaise, alors je
reste avec elle cette nuit, c’est
tout. Juste le temps que Moussa
fasse ce qu’il a à faire.

Inès sourit. Elle comprend.

124 INT/EXT. BUREAU WILLLIAM - ESCALIERS - PARKING COMMISSARIAT


124-
JOUR

Depuis la fenêtre de son bureau, William et Taz voient le


camion espagnol, intercepté par Racheton et son équipe sur
l’autoroute. Il trône au milieu de la cour du commissariat,
portes ouvertes.

Allyah est montée dans le camion. Elle décharge des


banquettes de salon marocain (en tissus bordeaux et doré) qui
masquent une partie du chargement de la drogue.

Curieux le deux flics quittent leur bureau.

Dans les escaliers, ils croisent deux flic qui portent la


banquette de salon marocain.

TAZ
Tu veux refaire ton salon ?

WILLIAM
J’aime pas trop le bordeaux. Ca me
rappelle la rentrée de classes.
(léger temps, désignant les
banquettes) Pourquoi ils mettent ça
les gars ?

TAZ
Pour passer le scanner, à la
douane.

Ils arrivent sur le parking, derrière la première rangée de


banquettes apparaissent les premiers ballots de shit
marocain.
25.

WILLIAM
Dire qu’on se fait chier à longueur
de journée pour trois barrettes de
shit.

A ce moment-là, William croise le regard d’Allyah qui lui


fait signe de venir. William prend un temps avant de réaliser
que c’est à lui qu’elle fait signe.

TAZ
Mec, je crois que t’as une touche !

William un peu gêné s’avance vers le camion.

ALLYAH
Tu m’aides ?

Elle lui tend la main pour qu’il grimpe dans le camion.

William se met au travail. Les ballots de shit (30 kilos


chacun), passent du camion à la cour où deux autres flics de
l’OCRTIS les pèsent sur une énorme balance.

POLICIER OCRTIS 1
Scellé 1, 1 ballot, 30 KG510.
Scellé 2, 1 ballot, 35KG400...

Un policier note au fur et à mesure sur un calepin.

Allyah observe William dont elle sent l’excitation.

ALLYAH
C’est la première fois ?

William a une moue d’incompréhension.

ALLYAH (CONT’D)
... Que tu vois une telle quantité.

WILLIAM
(avoue dans un sourire) Ouais.
(léger temps) On était à la cité
t’à l’heure, Moussa Jebli fêtait
son million. Pendant ce temps-là
vous étiez entrain de le niquer.

ALLYAH
(amusée) Ca te plait ?

WILLIAM
(rayonnant) Grave !
26.

A ce moment-là, un flic de l’OCRTIS qui a sorti son appareil


photo veut immortaliser l’image de la saisie avec les flics
autour, comme c’est la tradition. Toute l’équipe prend la
pause. Racheton se met sur le côté.

RACHETON
Faites-vous beaux les gars, pour
vos femmes !

A ce moment-là, le flic derrière son appareil repère William.

POLICIER OCRTIS 2
Excuse-moi, tu peux sortir du cadre
s’te plait ?

William descend du camion devant tout le monde. Un peu


humilié, il rejoint Taz qui lui frotte la tête
affectueusement.

TAZ
Et ouais biquet, c’est les cadors
de l’OCRTIS ça, pas ta catégorie...

125 INT. COMMISSARIAT - JOUR 125

Dans une grande salle de réunion vitrée du commissariat,


Racheton a réuni son staf. Depuis le couloir, William, le nez
dans un café l’observe tandis qu’il fixe au mur la photo de
Moussa Jebli. (Il pense que ça signifie qu’ils veulent
l’arrêter).

Racheton croise le regard de William qui quitte son poste


d’observation.

126 INT. COMMISSARIAT - SALLE DE REPOS - JOUR 126

Dans la salle de repos, une banquette marocaine tombée du


camion, agrémente maintenant les fauteuils en skai. Des flics
en tenu discutent avec Taz et d’autres collègues en civil.
Dans un coin, une télé branchée sur BFM diffuse des images
d’affrontements entre les forces de l’ordre et des jeunes en
Seine Saint-Denis.

Un brigadier chauve, genre petit nerveux, s’agace en se


servant un café. C’est Tonio (35).

TONIO
Sans déconner, les mecs de l’OCRTIS
ils veulent faire une descente chez
les Jebli, alors que la moitié de
la banlieue est en guerre ! C’est
du grand n’importe quoi !
27.

COLLEGE BLEU 1
(explique à William) Le patron a
réquisitionné Tonio en soutien à
l’OCRTIS.

TAZ
A Ris ça a grave pété aujourd’hui.
Y’a 4 collègues qui sont partis à
l’hosto. C’était putain de chaud à
ce qui parait !

TONIO
Moi j’y vais pas au Méridien, c’est
mort... Si on arrache Moussa Jebli,
elle va partir en sucette la cité !
C’est sûr ça... Ils jouent les cow
boy, ben qu’ils s’démerdent.

WILLIAM
Moi je prends ta place s’tu veux.

Tous se retournent sur William. Tonio le fixe interloqué. Il


ne veut pas y aller, mais n’aime pas du tout que William joue
les héros. Il se rapproche de lui, le scrute un temps puis :

TONIO
T’as pris la confiance toi hein ?

Taz qui connait le caractère sanguin de Tonio s’interpose.

TAZ
Laisse tomber... Il est amoureux
lui, c’est pas pareil.

COLLEGUE BLEU 1
C’est vrai qu’y en a une putain de
bonne à l’OCRTIS.

Tout le monde se marre. Tonio continue de défier William du


regard mais redescend.

127 EXT. M.I.N DE RUNGIS - JOUR 127

Moussa sort d’une BMW tout juste garée sur un parking.

Samir (35), grand chauve au regard inquiétant en sort lui


aussi. Ainsi que Nouredine et Ali.

Samir enfile un gilet pare balle et sort un calibre. Moussa


le toise du regard, en mode range ça.
28.

MOUSSA
C’est un bon client le Lyonnais...
(en suspens : on a pas besoin de
ça).

Tous s’avancent en direction d’un quai de déchargement où les


attendent un groupe de trois hommes.

128 EXT. M.I.N RUNGIS - QUAI DE DÉCHARGEMENT - JOUR 128

Moussa repère immédiatement un homme blanc (50), physique


d’ancien braqueur, genre plutôt beau gosse. Il est entouré de
deux sbires.

Moussa s’avance vers eux et serre la main du Lyonnais.

Nouredine, Ali et Samir saluent d’un hochement de tête les


sbires du Lyonnais et restent à distance.

LE LYONNAIS
Vous êtes en retard. C’est quoi ce
merdier ?

MOUSSA
On a eu un problème.

Moussa lui fait un signe de tête, les deux s’éloignent en


marchant.

LE LYONNAIS
Quel genre ?

MOUSSA
Le camion s’est fait péter par les
flics à Saint Arnoud.

Le Lyonnais se tend immédiatement.

LE LYONNAIS
Putain mais t’es un grand malade
toi, t’as les flics au cul et tu
viens me voir comme ça !

MOUSSA
T’aurais préféré que je t’appelle ?

Le Lyonnais marque un arrêt.

LE LYONNAIS
J’ai perdu 500 000 dans l’histoire.
Tu comptes faire quoi pour moi ?
29.

MOUSSA
(calme, en marchant) Je fais une
prochaine remontée dans 15 jours,
je remets 5 mètres de côté pour
toi.

LE LYONNAIS
Et je fais quoi moi pendant 15
jours ? J’ai plus rien à vendre.

MOUSSA
Je te rajoute un mètre gratos.(main
sur le coeur) Geste commercial,
normal.

LE LYONNAIS
On peut pas continuer comme ça
Moussa. T’es pas fiable sur le
transport. Je vais m’organiser
autrement moi.

MOUSSA
Comment ça ?

LE LYONNAIS
T’es pas le seul à pouvoir me
fournir figure toi.

Moussa voit rouge et se place en face du Lyonnais.

MOUSSA
On était que deux à savoir pour le
camion. Toi et moi. (se rapprochant
de lui, menaçant) Tu parles aux
Benali c’est ça ?! C’est eux qui
m’ont balancé ?

Aussitôt les sbires du Lyonnais se crispent. Ceux de Moussa


aussi. Ça se regardent... Moussa qui n’a pas peur, sonde
intensément le Lyonnais du regard. Il veut savoir.

LE LYONNAIS
(impassible) Qu’est-ce qui te
prend, tu veux la guerre ?

MOUSSA
(menaçant) T’avises pas de me
baiser la gueule, parce que moi je
te tues sur place. Maintenant là.

LE LYONNAIS
(calme)Et, tu t’emballes trop là.

Moussa redescend.
30.

LE LYONNAIS (CONT’D)
Je veux dix mètres dans la
prochaine livraison. Et je mets pas
un centime de plus. Tu te démerdes.

Un temps. Le Lyonnais est gourmand, mais Moussa est soulagé


de retrouver un rapport commercial “sain”.

Il offre sa main au Lyonnais qui la prend pour sceller


l’accord.

Moussa rejoint ses sbires. Ils marchent vers leur voiture.

129 EXT. RUNGIS - JOUR 129

Moussa marche vers sa voiture avec ses sbires. Il sort une


clope, cherche du feu. Samir lui tend son briquet allumé.

Moussa tire une looonnnngue taf qui grille la moitié de sa


cigarette.

SAMIR
Il est dur en négo ce con.

Ni une ni deux Moussa plaque Samir contre la voiture, main


sur sa gorge.

MOUSSA
T’insinues quoi là ?...

Ça dure. Samir peine à respirer, Moussa augmente la pression


sur sa jugulaire.

MOUSSA (CONT’D)
Ben vas-y dis-le !

SAMIR
(à moitié étouffé) Arrête...

Moussa le fixe puis relâche son emprise. Samir se plie en


deux, pour reprendre son souffle. Moussa le relève et le
force à le regarder.

MOUSSA
Je vais lui refourguer la merde que
mes oncles livrent aux Italiens.
Il y verra que du feu ce connard.

Samir opine.
31.

130 INT. LA GRANDE BORNE - APPARTEMENT JEBLI - JOUR 130

Driss rentre dans la cuisine et retrouve sa mère qui fume


pour tromper son inquiétude.

ZORA
Ton frère est pas rentré. Je sais
pas où il est.

DRISS
T’as l’air d’aller mieux en tout
cas.

Il s’assied à la table. Elle lui sert un café.

ZORA
J’aime pas quand il me dit pas ce
qu’il fait.

Un temps.

DRISS
Inès et moi on va se fiancer maman.

Zora a une moue, un peu dubitative.

DRISS (CONT’D)
(détendu) T’as raison, t’es pas
obligé de me féliciter.

ZORA
(raide) Tu vas faire comment ?

Driss a une moue pour dire qu’il ne comprend pas la question.

ZORA (CONT’D)
Tu vas te faire entretenir ?

DRISS
Je termine mes cours le mois
prochain. J’ai des plans pour
bosser dans une banque d’affaire.

ZORA
(sceptique) Ah oui ? Et ça paie
bien ça ?

DRISS
(se moquant gentiment d’elle)
Oui maman, ça paie même TRRREEESSS
bien.
32.

ZORA
Rigole pas avec ça. Fais pas comme
si l’argent n’était pas important.
Y’a que les riches qui peuvent se
permettre de penser ça.

A ce moment-là, le portable de Zora sonne. Elle décroche.

Son visage se fige. Sans un mot, elle fixe Driss. Puis se


lève précipitamment et se rue dans le couloir. Driss la suit.

DRISS
Il se passe quoi ?

ZORA
(Sans prendre la peine de se
retourner) Les flics ! Ils sont en
bas !

Driss se fige au milieu du couloir. Sa mère entre et sort


d’une chambre et lui refourgue dans les bras un sac de sport.

ZORA (CONT’D)
(désignant le sac) C’est pour
Moussa... Tu lui donneras.

Driss a à peine le temps de réaliser ce qu’il peut y avoir


dans ce sac, Zora l’entraine vers la sortie.

DRISS
Mais et toi ?

Sans l’écouter, elle ouvre la porte de l’appartement.

ZORA
Sors d’ici, dépêche-toi !

Il s’exécute. Sur le seuil, agité par l’idée d’abandonner sa


mère, il se retourne sur Zora qui enfile des chaussures. Il
prend quelques micro secondes pour fixer ce geste,
impressionné par la façon dont Zora va vers son destin sans
trembler.

Elle lui fait signe de dégager, il sort et referme la porte.

131 INT. PALIER APPARTEMENT JEBLI - JOUR 131

Driss, le sac sur les bras, se retrouve sur le palier. Il


entend le bruit des flics qui, 5 étages plus bas, prennent
possession du hall.

Il reste quelques secondes figé.


33.

Puis fond sur la dernière porte, à l’autre bout du palier et


se met à frapper.

La porte s’ouvre sur Lola qui vient de se réveiller et n’en


revient pas de le voir.

LOLA
Qu’est-ce que--

Sans lui laisser le temps de finir, il la pousse, rentre et


referme la porte précipitamment.

132 INT. APPARTEMENT LOLA - JOUR 132

Sans un mot, Driss traverse l’appartement et va à la fenêtre


du salon. Il tire le voilage et observe le déploiement des
flics (dont William qu’il repère car il est le seul en civil
avec TAZ au milieu d’une dizaine de flics en tenue et de
quelques hommes de la BRI qui sécurisent l’intervention).

Lola vient derrière lui et comprend.

Driss se rencogne en prenant Lola par les épaules pour la


mettre à l’écart de la fenêtre elle aussi. Ce contact
physique les trouble un peu. Mais Driss s’en défend.

Il traverse de nouveau le salon en direction de l’entrée.

Il se colle à l’oeilleton. Et voit le déploiement des flics


devant la porte de l’appartement de sa mère.

133 SEQUENCE SUPPRIMEE. 133

134 INT. PALIER APPARTEMENT JEBLI - JOUR 134

(Note : La scène est entièrement vue en point de vue Driss, à


travers l’oeilleton)

Une colonne de la BRI a pris possession du palier, les hommes


sont répartis de part et d’autre de la porte.

Le chef de l’unité, une main levée, visible de tous, fait un


décompte avec ses doigts, 3, 2, 1 : un homme traverse la
colonne avec un énorme bélier et explose la porte.

Les flics entrent en hurlant :

POLICIERS BRI
POLICE ! POLICE !

SUITE : INT. APPARTEMENT LOLA - JOUR


34.

Lola qui a entendu, échange un regard compatissant avec


Driss.

Il se colle de nouveau à l’oeilleton.

Et voit sa mère plaquée contre le mur de l’entrée. La photo


d’Ourika se décroche et se brise au sol.

ZORA
Ça va, ça va... Du calme...

Zora se laisse menoTter. Tandis que les flics fouillent toute


les pièces de l’appartement en gueulant :

FLICS AD’LIB
CLAIR ICI ! CLAIR ICI ! CLAIR ICI
AUSSI !

Racheton fait son apparition sur le palier avec Allyah.

Elle s’approche de Zora.

ALLYAH
Zora Jebli, il est 7H22, vous êtes
placée en garde à vue pour
complicité de trafic de
stupéfiants.

Zora échange un regard intense avec Racheton.

Le chef de la colonne de la BRI revient du fond de


l’appartement.

CHEF DE LA BRI
(à Racheton) Elle est seule
commandant.

Zora est embarquée. Elle sort du champ de vision de Driss.

135 EXT. LA GRANDE BORNE - PIED DE L’IMMEUBLE JEBLI- JOUR 135

Zora menottée, tenue par Racheton, sort de l’immeuble sous le


regard de quelques habitants. D’autres sont postés aux
fenêtres. La tension monte d’un cran.

Les flics se replient tous rapidement en direction de leurs


véhicules.

William qui couvre cette retraite avec ses collègues,


concentré sur le moindre dérapage, se retrouve proche
d’Allyah.
35.

WILLIAM
Vous avez pas trouvé Moussa ?

ALLYAH
Il est pas con, il se planque. On
l’aura pas. Pas cette fois.

VLAM, les portes des fourgons se referment. Quelques


projectiles volent en provenance des étages, mais les flics
s’arrachent rapidement avant que ça ne dégénère.

136 INT. APPARTEMENT LOLA - JOUR 136

Dans l’appartement de Lola, Driss, téléphone vissé à


l’oreille essaie de joindre son frère.

DRISS
Putain, il répond pas Moussa. T’as
le numéro de Samir ?

Lola a elle aussi le téléphone vissé à l’oreille.

LOLA
Laisse tomber, il répond pas lui
non plus. T’façon, là ils ont tous
dû changer leur puces.

Driss s’assied dans le canapé, la tête entre les mains. Son


regard se pose sur le sac de sport à ses pieds. Il l’ouvre.
Voit qu’il est rempli de cash, croise le regard de Lola, et
le referme rapidement. Ce tas de fric n’est pas vraiment une
surprise, mais ne fait qu’ajouter à son agitation.

LOLA (CONT’D)
Vas-y, c’est juste du pognon Driss,
détends-toi...

DRISS
... Ma mère est en garde à vue,
comment tu veux que je me détende !

LOLA
Hé, c’est pas sa première
d’accord ? C’est une putain de meuf
ta mère, elle va tous les niquer
comme d’hab.

DRISS
(agité, désignant le sac) Qu’est-ce
que j’fais de ça moi ?!

Lola s’allume un joint. Driss se lève comme un ressort. Etre


ici à côté d’elle dans son salon n’aide pas.
36.

Elle le comprend, écrase son joint, attrape un blouson et va


pour sortir.

LOLA
Je vais te le trouver moi ton
frère.

DRISS
Non putain, Lola ! (il la rejoint à
la porte, smart) Je veux pas te
mettre dans mes embrouilles de
famille.

Lola le fixe intensément, regard brillant.

LOLA
J’suis une grande fille Driss.

Elle sort. Driss s’en veut, il n’aurait pas dû venir chez


Lola.

137 INT. COMMISSARIAT - HALL - SALLE ACCUEIL DES GARDE A VUE -137
JOUR

Dans une petite pièce prévue à cet effet, William termine les
formalités de la garde à vue de Zora avec Taz. Ils prennent
ses empreintes digitales.

La porte de la pièce est ouverte et donne sur le hall du


commissariat où les avocats de Zora s’agitent. Du coin de
l’oeil, William observe Inès qu’il reconnait (il l’a observée
au méchoui avec Driss).

Elle se tient à côté de maitre Zuckerman, son patron, (60


ans), belle prestance d’avocat pénaliste. Il s’en prend à
Allyah.

MAITRE ZUCKERMAN
Je dois m’entretenir avec Madame
Jebli !

ALLAYAH
On a aucune obligation de vous
l’autoriser maître.

INES
Son état de santé est fragile, elle
doit voir un médecin.

Allyah a un sourire forcé en direction d’Inès.

William se rapproche de Taz.


37.

WILLIAM
(bas, désignant Inès) Qu’est-ce
qu’elle fout là elle ?

TAZ
Elle bosse avec Maitre Zuckerman.

WILLIAM
Mais putain, elle était au
méchoui ! C’est la meuf du frère
Jebli, celui que tu m’as dit qui
était clean.

TAZ
Ben, ils font des affaires en
famille, qu’est-ce que tu veux que
je te dise.

William repère qu’Inès s’est mise à l’écart dans le hall pour


téléphoner (en catimini, elle couvre sa bouche de sa main).

William se dirige vers la machine à café, et s’en commande un


pour mieux écouter la conversation d’Inès :

INES
(au téléphone avec Driss) Non, ils
ont pas chopé ton frère. (...) Mais
t’es où toi ?

EN ALTERNANCE AVEC DRISS CHEZ LOLA :

DRISS
(au téléphone) Chez Lola. J’ai dû
me planquer chez elle.

INES
(que ça contrarie) Je viens te
chercher.

DRISS
Non attends, faut que je trouve mon
frère d’abord.

INES
Pourquoi tu veux le voir ? (un
temps, tout bas) Putain Driss les
flics sont forcément sur lui. Te
mets pas dans la merde.

DRISS
Fais-moi confiance. Je sais ce que
j’ai à faire.
38.

INES
J’arrive !

Elle raccroche, trop vite pour que Driss ait eu le temps de


dire quoi que ce soit. Elle vient glisser un mot à l’oreille
de son patron et se dirige vers la sortie du commissariat.

William (qui a presque tout entendu de la conversation), fond


sur Taz sans même prendre son café.

WILLIAM
Viens avec moi. (Comme Taz ne
réagit pas) Dépêche-toi putain !

William l’entraine vers la sortie en le poussant légèrement


dans le dos.

138 SEQUENCE SUPPRIMEE 138

139 EXT/INT. LA GRANDE BORNE - PARKING ABORDS SQUARE SOLSTICE/139


VOITURE FLICS - JOUR

Inès se gare sur un parking proche du square Solstice.

La voiture des flics qui la suit (avec William et Taz à son


bord), se gare non loin de là.

Driss arrive au bout du parking, à pied. En costard raccord


de la veille, il marche à grand pas en direction de la
voiture d’Inès.

William le voit depuis sa voiture.

WILLIAM
J’en étais sûr !

William remarque le sac de sport au bout de son bras.

Driss redoute les flics, il scrute un peu les alentours, et


monte dans la voiture d’Inès.

WILLIAM (CONT’D)
Il a l’air nerveux non ?

Taz a une moue pour dire qu’il ne sait pas. Il scrute les
alentours, un peu parano lui aussi, peur de se faire repérer.
Il met sa capuche, chope une casquette sur la banquette
arrière et la visse sur la tête de William.
39.

140 EXT/INT. LA GRANDE BORNE - PARKING ABORDS SQUARE SOLSTICE 140


VOITURE INES /- JOUR

Driss prend place dans la voiture d’Inès. Planque le sac de


sport à ses pieds et claque la porte.

INES
T’as vu ton frère ?

DRISS
Pas encore, mais Lola a vu Mappy.
Moussa est au four, planqué dans un
appart. (il la regarde) Faut que
j’y aille, j’en ai pas pour
longtemps.

INES
(stressée) Mais pourquoi tu dois le
voir ?

DRISS
(serein) Pose pas des questions
auxquelles tu sais que je veux par
répondre.

INES
C’est supposé me rassurer ça ?

Driss soutien son regard. Elle s’efforce de rester calme.

INES (CONT’D)
Tu devais pas t’en mêler. Tu te
souviens tu m’avais promis ?

DRISS
(calme mais clair) Complique pas
les choses Inès. J’ai juste UN truc
à régler après on sera débarrassé.

Il ouvre sa portière, va pour sortir.

INES
(ouvrant sa portière aussi)
Je viens avec toi !

Driss qui avait déjà un pied dehors s’interrompt et referme


sa porte.

INES (CONT’D)
Je suis l’avocate de ta mère, si
les flics te chopent, je pourrais
grave t’aider à justifier ta
présence ici.
40.

Il prend le sac de sport à ses pieds, l’ouvre pour qu’elle


voit le cash. Sidérée elle referme sa porte.

INES (CONT’D)
Putain ! Ça sort d’où ça ?!

Driss referme le sac.

INES (CONT’D)
Mais t’es malade, pourquoi tu te
trimbales avec ça ?!

Inès prend la mesure du bordel, regarde alentours, fébrile...


Driss a un geste pour la calmer.

DRISS
Faut que je m’en débarrasse, tu
comprends maintenant ? Et y’a pas
moyen que tu m’aides. Parce que si
les flics nous chopent ensemble
avec ça, tu vas perdre ton barreau
à cause de moi. Et ça je me le
pardonnerai jamais.

Inès est mal, mais elle sait que Driss a raison.

DRISS (CONT’D)
C’est bientôt fini. Fais-moi
confiance, rentre à Paris.

Il sort.

141 EXT. LA GRANDE BORNE - PARKING PROCHE SQUARE SOLSTICE - 141


SQUARE SOLSTICE - JOUR

Toujours en planque avec Taz dans la voiture des flics,


William voit Driss sortir de la Fiat 500 d’Inès.

Le sac au bout du bras, Driss se dirige de nouveau vers la


cité.

William va pour sortir et le filocher à pied, Taz le retient.

TAZ
Qu’est-ce que tu fous ? Tu te
prends pour Rambo ou quoi ?!

WILLIAM
Je veux juste voir où il va. Reste
dans la bagnole, tiens-toi prêt à
repartir. ...
41.

Taz est très inquiet mais ne voit pas comment retenir William
qui sort. Baisse la visière de sa casquette, et s’avance
derrière Driss qui marche 50 mètres devant lui.

Driss s’enfonce dans la cité en direction du point de deal


(four du Meridien).

142 EXT. LA GRANDE BORNE - SQUARE SOLSTICE - QUARTIER MERDIEN 142


/
FOUR - JOUR

William reste à distance. Il repère une femme âgée qui prend


le soleil sur un banc dans un genre de petit square, non loin
du point de deal.

William va s’asseoir auprès d’elle, tout en observant le


manège des chouffes, des charbonneurs et des clients qui
rentrent et sortent des halls 9 et 10 pour se faire servir.

Un temps. La femme le jauge, William lui sourit.

LA FEMME DU BANC
Vous êtes flic ?

William s’amuse de sa perspicacité.

LA FEMME DU BANC (CONT’D)


Un type de votre âge, assis tout
seul sur un banc... (en suspens :
c’est signé)

WILLLIAM
J’suis pas tout seul, j’suis avec
vous là...

Tout en poursuivant la conversation en souriant, (sur-jouant


une forme de complicité censée le protéger), William continue
d’observer Driss et le point de deal. Il repère soudain Samir
(le lieutenant chauve de Moussa, vu dans la scène avec le
Lyonnais), qui se dirige droit sur Driss.

143 EXT. LA GRANDE BORNE - QUARTIER MERIDIEN FOUR - JOUR 143

Driss qui tient toujours son sac de sport pendu au bout de


son bras retrouve Samir.

DRISS
Faut que je vois mon frère.

SAMIR
(méfiant) Je sais pas où il est.

Driss sait qu’il ment.


42.

DRISS
Ça a été avec les Lyonnais ? Vous
avez tiré les histoires au clair ?

SAMIR
D’où t’es au courant de ça toi ?

DRISS
Ma mère est en garde à vue. J’aime
pas trop l’idée qu’une taupe s’en
prend à ma famille alors je
m’intéresse aux affaires.

Driss fixe intensément Samir, sous entendant très précisément


qu’il pourrait le soupçonner aussi.

DRISS (CONT’D)
(désignant le sac, tranquille)
Je dois remettre ça à mon frère.
S’il apprend que tu m’empêches de
l’aider, je suis pas certain qu’il
le prendra très bien dans le
contexte.

Samir n’en revient pas, il s’est fait totalement retourner la


tête. Un temps puis, il fait signe à Driss de le suivre.

POV WILLIAM : William les voit rentrer dans un hall.

Il appelle Taz sur son portable.

WILLIAM
Mec ça rentre dans le hall 10.

TAZ (VO AU TELEPHONE)


(fébrile) Surtout tu bouges pas,
vas pas là bas, tu vas te faire
défoncer. Raccroche pas, j’veux
toujours t’entendre putain...

William sourit, plus Taz lui signifie qu’il prend des risques
plus on sent qu’il prend son pied. Pour autant il laisse son
téléphone en ligne avec Taz et le remet dans sa poche.

144 INT. LA GRANDE BORNE - APPARTEMENT CONDITIONNEMENT SHIT - 144


JOUR

Driss suit Samir qui le fait rentrer dans l’appartement où


Moussa et ses sbires conditionnent le shit (raccord SEQ 1).

Driss découvre Moussa, assis à la table devant les plaquettes


de shit empilées.
43.

Moussa a un geste en direction de Samir pour lui signifier de


les laisser seuls. Il regarde Driss avancer vers lui.

Driss dépose le sac de sport sur la table. Un temps.

MOUSSA
C’est pas le Lyonnais qui nous a
balancés.

Driss sent que son frère est “content” de lui donner tord.

DRISS
Tant mieux. Ecoute, c’est pas mes
oignons tout ça. Je devais te
rendre ce fric, voilà c’est fait.

Moussa a un petit geste pour dire, ok.

DRISS (CONT’D)
Je vais y aller.

Le regard de Driss se pose sur les plaquettes de shit qui


sont marquées du chiffre 7 par un “tampon” en relief.

DRISS (CONT’D)
Tu marques la came maintenant ?

MOUSSA
Sept, comme les 7 cascades de la
vallée d’Ourika. La marque des
oncles, celle des Jebli. C’est
important pour nos clients. Ils
savent qu’on leur vend pas de la
merde.

DRISS
(ne peut s’empêcher d’ironiser)
Les flics aussi peuvent vous suivre
à la trace comme ça.

Moussa a un sourire narquois, voir Driss ironiser sur son


business lui est pénible, mais il fait bonne figure. Il prend
Driss sous son bras, genre grand frère.

MOUSSA
T’es bien dans ton appart à
Paname ?

DRISS
Pas mal ouais.

MOUSSA
Faudra que je remercie Zuckerman
alors.
44.

Driss bugge.

MOUSSA (CONT’D)
Elle t’a pas dit Inès ? C’est lui
qui vous a trouvé l’appart... Et
ouais, il peut rien me refuser
Zuckerman, avec tout le fric que je
lui donne.

Driss fixe son frère, lui devoir son appart lui est pénible,
mais il fait tout pour rester calme.

MOUSSA (CONT’D)
J’étais content de t’aider, ça sert
à ça la famille, non ?

DRISS
(froid) Elle a raison maman,
t’aimes ça te croire indispensable
hein ?!

Moussa encaisse. Driss tourne les talons et va pour sortir de


l’appartement.

145 EXT. LA GRANDE BORNE - QUARTIER MERIDIEN FOUR - JOUR 145

Driss débouche du hall en marchant vite. La conversation avec


son frère l’a éprouvé, il veut partir maintenant.

Moussa sort sur ses talons.

POV WILLIAM : Depuis son point d’observation un peu à


l’écart, William a vu Moussa sortir !

Il appelle Taz :

WILLIAM
Putain ça sort mec! C’est noël,
Moussa est là !

POV MOUSSA :

Moussa rattrape Driss à la hauteur du square Solstice.

MOUSSA
Te barre pas comme ça merde !

Driss se retourne à peine mais Moussa le rattrape.

DRISS
Lâche-moi maintenant.

Moussa le chope et le force à lui faire face.


45.

MOUSSA
(explose) Je me coltine toute la
merde moi, tu vois pas ça ?!

Un temps. Driss fixe son frère, la tension laisse soudain


place à la pitié. Il voit aussi que Samir et les gars du four
les fixent. Il repère aussi William sur son banc qui n’a rien
perdu de la scène. (Il le reconnait, il l’a vu en seq.132)

DRISS
Putain y’a le flic !

Moussa et Driss se regardent une fraction de seconde et


partent en courant dans la même direction.

146 EXT. LA GRANDE BORNE - QUARTIER MERIDIEN - JOUR 146

William part en courant derrière Moussa et Driss. Il parle à


Taz dans son téléphone toujours branché.

WILLIAM
... ÇA PART A LA COURETTE MEC !...

TAZ (VO AU TELEPHONE)


T’ES TOUT SEUL PUTAIN ! T’ES
MALADE !

William toujours derrière les deux frères est maintenant


repéré par tous les choufs de la cité qui gueulent dans sa
direction.

L’un d’eux tente de faire barrage de son corps. William


arrive sur lui à pleine vitesse et l’envoie valdinguer.

Il poursuit sa course, se retourne, réalise qu’il est suivi


par 5 ou 6 chouffes qui hallucinent de voir un flic là seul.

William voient les deux frères s’engouffrer dans un hall.

Il rentre derrière eux.

Moussa et Driss traversent un appartement en rez-de-chaussée.


William à fond derrière eux, croise le regard ahuri d’un
habitant.

Les frères sautent par-dessus une fenêtre et ressortent sur


une grande étendue d’herbe.

William fait de même. Il sort son flingue et tire en l’air.

WILLIAM
POLICE arrête-toi !
46.

POV TAZ : Toujours garé sur le parking, Taz qui a entendu les
coups de feu hallucine dans sa voiture. Il gueule dans son
téléphone.

TAZ
Putain William t’es où ? Qu’est-ce
que tu fous merde !

Sur la prairie, les deux frères ont pris de l’avance. Et vont


déboucher plus loin dans une coursive qui fend un bâtiment.

WILLIAM
Ça va ressortir rue du labyrinthe.

147 EXT. LA GRANDE BORNE - PARKING PROCHE SQUARE SOLSTICE - JOUR


147

POV TAZ : Taz démarre sa voiture comme un fou et fonce vers


le lieu indiqué par William.

Toujours derrière les frères, William entend en off dans sa


radio.

TAZ (VO A LA RADIO)


A tous de Taz, demande de renfort
avenue du Méridien, à la hauteur du
parking du solstice. Moussa Jebli
repéré.

Seul flic dans cet univers hostile, William est en danger.

Des gamins en scooter commencent à débouler au loin.

Devant lui, Moussa et Driss continuent de courir. Moussa


devant, Driss juste derrière.

148 EXT. PARKING AUX ABORDS DE LA GRANDE BORNE -JOUR 148

Alors que Moussa et Driss débouchent à la hauteur de l’avenue


de la grande Borne, Taz sorti de sa voiture arrive en courant
par le côté, percute violemment Moussa et le fait tomber au
sol.

Driss un peu derrière, voit son frère à terre et s’arrête en


panique.

William se jette sur Moussa et vient en aide à Taz. Les flics


le maintiennent plaqué au sol.

WILLIAM
TES MAINS! Donne tes mains connard!

Driss voit son frère se faire serrer ! Impuissant.


47.

Une bande d’une trentaine de gamins déboulent, certains se


mettent à tirer des mortiers, d’autres jettent des
projectiles en direction des flics.

Taz et William se regardent en stress. Ils relèvent Moussa et


l’entrainent en courant vers leur voiture.

Les collègues de la BAC descendus de voiture arrivent en


courant et viennent en soutien. Ils tirent à coups de LBD...
Plusieurs grenades fumigènes sont aussi tirées. Leurs fumées
toxiques repoussent un temps les gamins.

.... Quelques précieuses secondes qui permettent à William de


propulser Moussa à l’arrière de leur voiture.

Les collègues de la bac peinent maintenant à retenir les


gamins qui les visent avec leur mortier.

Ca gueule dans tous les sens.

TAZ
(dans sa radio) RENFORTS COLLEGUES
avenue de la grande borne !
Essuyons tirs de mortiers et jets
de projectiles.

Les flics remontent tous en bagnole et s’arrachent en tirant


des flash ball et des grenades depuis les fenêtres ouvertes
de leurs véhicules.

Driss, protégé par la ligne de front que forment les jeunes


reprend son souffle. Son costard est déchiré.

149 EXT. COUR DU COMMISSARIAT - JOUR 149

La voiture de William et Taz arrive dans la cour du


commissariat.

Les flics sortent Moussa de leur véhicule et l’entrainent


vers le bâtiment sous le regard admiratif des autres
collègues. Une flic en tenue s’approche de William.

LA COLLEGUE QUEUE DE CHEVAL


Y’a le commandant de l’OCRTIS qui
veut te voir.

WILLIAM
(à Taz, tout guilleret) OK, tu
gères la GAV ?
48.

150 INT. COMMISSARIAT - ESCALIERS/ COULOIR - SOIR 150

William grimpe 4 à 4 les marches qui le mènent à son bureau.

Dans le couloir, il croise des flics qui le checkent. William


se sent des ailes, c’est aussi pour des moments comme ça
qu’il a choisi ce métier.

151 INT. COMMISSARIAT - BUREAU WILLIAM - JOUR 151

William dépasse la salle de réunion vitrée, précédemment


investie par l’OCRTIS (vide), il a la surprise d’entendre des
voix en provenance de son bureau dont la porte est ouverte.

A sa grande surprise, Racheton est assis à sa place, les deux


pieds sur le bureau. Dès qu’il le voit Racheton braque son
regard sur lui.

RACHETON
A quel moment je t’ai demandé de
ramener Moussa Jebli ?

William est cueilli.

RACHETON (CONT’D)
Tu t’es pris pour qui ?! (prenant
Allyah à témoin) T’as déchargé le
camion, ça t’as fait bander, tu
t’es dit ça y’est, je vais jouer
dans la cour des grands !

Silence. Allyah qui se tient debout contre la fenêtre masque.

WILLIAM
Je suis désolé, j’ai cru que...

Racheton le coupe.

RACHETON
Moussa Jebli c’est un putain de
grossiste ok ! On voulait péter
tous ses clients connard !

William commence à réaliser.

RACHETON (CONT’D)
Maintenant qu’il est tombé, plus
personne va bouger, on est mort !

William ne sait plus où se foutre.


49.

RACHETON (CONT’D)
Y’a plus d’un an d’instruction sur
ce dossier ! Je sais pas ce qui me
retient de t’en coller une putain !

Au prix d’un effort surhumain, Racheton redescend.

RACHETON (CONT’D)
Allez vas-y dégage.

WILLIAM
Mais, c’est mon bureau là...

RACHETON
Et bah, casse-toi de ton bureau
alors !

William sort de la pièce. Humilié. Il fait quelques pas dans


le couloir et donne un violent coup de poing dans le mur.

152 INT. SALLE DE BOX DE GRIGNY - NUIT 152

Des sacs qui pendent du plafond, dans lesquels des mecs


frappent eux aussi. C’est une grande salle d’entrainement
avec plusieurs rings.

William fait son entrée dans la salle en tenu de combat. Il


se frayent un chemin jusqu’à un ring sur lequel se tient un
combat de MMA.

Autour du ring, des gars matent et lancent des invectives.


Parmi eux, Stan, le yougo qui a apporté une assiette de
méchoui à William (au début de l’épisode).

William le repère et soutient son regard. Comme Stan le


reconnait et lui sourit, William s’avance vers lui, et vient
regarder le combat à ses côtés. Stan s’amuse de le retrouver
là. Décidément ce flic est atypique, ça lui plait.

STAN
Je savais bien ce matin que je
t’avais déjà vu quelque part.

CUT TO :

Stan et William se battent à la loyal sur le ring.

C’est violent. William décharge toute sa frustration


accumulée. En face Stan ne lâche rien. Le corps à corps est
intense.
50.

A un moment, William qui se trouve en difficulté retourne la


situation, place une clé de bras et serre la gorge de Stan au
creu de son coude.

Ca dure... Stan tape sa main au sol pour signaler qu’il


demande l’arrêt du combat, mais William continue de serrer.
Les yeux de Stan lancent des SOS.

L’arbitre finit par intervenir, et demande à William


d’arrêter. William a un mouvement de recul, comme effrayé lui-
même de son niveau de violence.

153 EXT. RUES PARIS - QUARTIER SAINT GERMAIN DES PRES- NUIT 153

Driss sort de la bouche de métro à Odéon. Il marche dans la


nuit parisienne et reprend pied dans cet autre monde auquel
il aspire. Son costume déchiré attire sur lui les regards
anxieux des bourgeois parisiens.

154 INT. APPARTEMENT DRISS ET INES/ ENTREE ET SALON - NUIT 154

Driss rentre chez lui. De la lumière en provenance du salon


attire son attention.

DRISS
Inès ?!

Silence. Driss s’avance dans le couloir intrigué par


l’absence de réponse.

Dans le salon, il découvre le Lyonnais assis dans son canapé,


ses trois sbires debout dans la pièce.

DRISS (CONT’D)
Qu’est-ce que vous foutez là ?!

Silence. Le Lyonnais laisse monter le flippe.

DRISS (CONT’D)
Comment vous êtes rentrés ?... Vous
êtes qui ?

LE LYONNAIS
On attendait ta fiancée mais elle
bosse tard apparemment.

Driss fait tout pour dominer son stress. Le Lyonnais lui


désigne un fauteuil.

LE LYONNAIS (CONT’D)
Fais comme chez toi.
51.

Driss reste debout. Surtout ne pas se soumettre. Le Lyonnais


se recale dans son fauteuil, la résistance de Driss lui
plait.

LE LYONNAIS (CONT’D)
Ton frère m’a promis une tonne de
shit dans sa prochaine remontée
mais je viens d’apprendre qu’il
s’est fait serrer. J’ai plus
confiance.

DRISS
Comment tu sais qu’il s’est fait
serrer ?... Qui t’a rencardé ?

LE LYONNAIS
(très calme) Pose pas des questions
de voyou... J’ai vu toutes tes
jolies photos de vacances dans ta
chambre, tu te prépares une belle
vie, c’est bien.

Le lyonnais sort de sa poche plusieurs photos d’Inès qu’il


pose méticuleusement les unes après les autres sur la table
basse. Driss le fixe, ne pas donner prise.

LE LYONNAIS (CONT’D)
Moi les avocates ça m’a toujours
fait bander. Puis, les voyous ça
les excitent, alors tu vois--

DRISS
-- Ok ça va, arrête ça !

Le Lyonnais est séché par l’aplomb de Driss.

DRISS (CONT’D)
T’as perdu du fric, on va te
rembourser. Laisse-moi 15 jours.

Le Lyonnais se lève calmement.

LE LYONNAIS
T’as interêt à être plus fiable que
ton connard de frère.

Le Lyonnais sort, ses sbires derrière lui. Driss fixe d’en


haut la table basse avec toutes les photos d’Inès, comme un
carrousel de leur bonheur. La porte claque.
52.

155 INT. CENTRE PENITENTIAIRE DE FLEURY MEROGIS COURSIVE ET 155


CELLULE MOUSSA - NUIT

Moussa porte son petit paquetage dans une coursive derrière


un surveillant pénitentiaire.

Les deux s’arrêtent devant une cellule. Le surveillant ouvre


la porte.

Moussa rentre. La porte se referme sur lui.

Des voix d’hommes qui s’interpellent en gueulant depuis les


fenêtres troublent le silence. L’une d’elles attire
l’attention de Moussa.

CRI TAULARD (VO)


Oh Metis !... Metis tu m’entends ?!

Moussa tendu s’approche de la fenêtre de sa cellule. A


travers les barreaux, il voit un drap utilisé comme une corde
(système carcéral du Yoyo), qui tombe sur la façade en face,
d’une fenêtre de l’étage supérieur vers l’étage en-dessous.

CRIS TAULARD
Wow Metis ! Vas-y t’as capté le
message ?!...

Moussa fixe le drap sur la façade en face d’un air


angoissé...

Une main d’homme prend l’extrémité du drap et décroche le mot


qui y est accroché. Moussa cherche à voir le visage de cet
homme resté dans l’obscurité de sa cellule. Il ne voit que la
main qui déplie le message.

INSERT SUR le papier. Ecrit à la main : LE FILS JEBLI EST LA.

On remonte de la main qui tient le message au visage. On


découvre Metis, joué par Booba, le visage fermé.

FIN DU PREMIER EPISODE

Vous aimerez peut-être aussi