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Ourika S1e1 V3 221219
Ourika S1e1 V3 221219
OURIKA
EPISODE PILOTE
SCENARIO :
ADAPTATION ET DIALOGUES :
Marine Francou
MOUSSA
Faites-ça bien.
MOUSSA (CONT’D)
C’est bon.
BROUSSEAU
Ok les gars, on a pas de compagnie
de CRS avec nous, va falloir gérer
l’effectif au mieux.
TAZ
Gros, t’es avec moi là ?
BROUSSEAU
L’hélico n’est pas dispo, j’ai
besoin de vous en éclaireurs pour
localiser les émeutiers.
BROUSSEAU (CONT’D)
Les stups vous prenez le flanc
ouest.(il se tourne vers les
autres) La BAC vous rentrez par
l’Est. Je veux un point radio
régulier.
BROUSSEAU (CONT’D)
Rappelez-vous qu’ici, les zones de
non droit ça n’existe pas. On
rentre partout, même à la grande
borne ! COMPRIS ?!
Ils voient passer une bande de jeunes qui courent tous dans
la même direction. Ombres fugitives flippantes dans
l’obscurité.
MOUSSA
(au téléphone) Ok mec, on va
s’organiser, je vais décaler la
livraison aux Lyonnais. (...)
T’angoisse pas. Rappelle-moi, quand
tu arrives à Saint-Arnoud.
TAZ
(dans sa radio) A tous de Taz, on a
des gamins armés de barre de fer
qui quittent le square Solstice en
direction du terrain Jebli.
TAZ
(dans sa radio) Affirmatif patron.
WILLIAM
(à Taz) Pourquoi ils vont là bas ?
Ça pète jamais normalement sur le
point de deal.
WILLIAM
(dans sa radio, volontaire)
Reçu patron.
TAZ
Putain... C’est Moussa Jebli !...
William fixe Moussa qui passe devant eux sans les voir. Il
réalise que les deux sbires derrière lui portent un cadavre.
WILLIAM
(scié, les yeux rivés sur la bâche)
Mec, on fait quoi là ?!
TAZ
On fait rien. On est deux putain !
(dans sa radio)TI de TAZ, Moussa
Jebli et deux types transportent un
cadavre dans le secteur du
méridien.
6.
TAZ
On sait pas patron.
TAZ (CONT’D)
(flippé) Putain, on est loin des
collègues là. Ça craint, merde !
MOUSSA
(au téléphone) Ça arrive sur Paris
t’inquiètes pas. (...) Non,
attends, est-ce que je t’ai déjà
planté ? (...) Bon alors. Je suis
sur un truc là, je te rappelle
après.(Moussa raccroche) Pète les
couilles le Lyonnais là !
TAZ
(à la radio) TI de Taz, ça va à la
plaine.
ZORA
Il est où Driss ? (Moussa hausse
les épaules, il ne sait pas. Zora
est contrariée) On commence pas
sans ton frère.
INES
(à cran) C’est un grand malade ton
frère.
DRISS
Hé, c’est ma famille ça, c’est pas
moi OK ?
William hallucine.
WILLIAM
C’est quoi ce bordel ?
SUR L’ESPLANADE :
TAZ
(à la radio) A Tous de Taz, c’est
un putain de méchoui... Je répète,
c’est un putain de méchoui !
TAZ (CONT’D)
(regard fixé sur Moussa) Ok, ce
crevard de Moussa régale la cité.
Ca veut dire une chose...
TAZ (CONT’D)
... Il fête son premier million.
WILLIAM
Attends, tends, tends !
TAZ
(saoulé) Quel mot tu comprends pas
exactement dans “ordre de repli” ?!
WILLIAM
On se fait chier tous les jours à
faire tomber des petits dealers de
merde, là on en a un gros sous nos
yeux, avec tous ses potes autour de
lui, et on va pas se casser ?!
TAZ
Les types comme Moussa Jebli, le
plus dur c’est pas de les
identifier, c’est de trouver de
quoi les accrocher. C’est pas notre
taf ça.
WILLIAM
On est dans un groupe stup non ?
TAZ
Le mec fête son million. C’est du
trop gros gibier pour nous ça !
T’as pris la grosse tête ou quoi ?!
RACHETON
L’ouvreuse a fait son coup de sécu
à Savan. Ils foncent droit sur
nous.
ALLYAH
(dans sa radio) OK à tous, objectif
en approche, on se tient prêt à
intervenir. Fermeture des caisses.
11.
JOEL
Wow Driss, tu t’es souvenu que
t’avais une famille ou quoi ?!
DRISS
Les gars, qu’est-ce que vous foutez
là. Vous êtes plus tricards ?
MAPPY
On va pas rater une occas de manger
gratos mec.
JOEL
(se moquant de Mappy) Attends, il
s’est fait grave chaouché, il a
monté l’estrade toute la nuit pour
ton frère...
LOLA (VO)
Pire qu’une pute congolaise !
DRISS
(entourant Inès de son bras)
Wesh Lola, ça va ou bien ?
MAPPY
C’est ses potes de Sciences Po,
t’as vu, ils se sont cotisés pour
l’rhabiller.
JOEL
(clin d’oeil à Inès) Hé, faut voir
la princesse aussi... Et ouais,
faut être à la hauteur gars... T’as
rien sans rien, tu vois ce que je
veux dire ?
Inès sourit.
DRISS
On vient voir la daronne... (coup
d’oeil complice à Inès) On a un
truc à lui annoncer...
JOEL
(qui devine) Nooooonnnn... Sans
déconner gros, tu te maries ?!
JOEL (CONT’D)
Ah ouaaaaiis...(il prend Driss dans
ses bras, un peu ému malgré lui)
Putain t’avances mec.
MAPPY
(qui lui aussi a vu Zora, excité
d’avance) Elle va partir en toupie
ta mère ! Wallah, je veux trop voir
ça !
Zora qui les rejoint embrasse Inès, puis son fils. Sans même
un regard pour les potes, elle prend Driss à part.
ZORA
Viens...
Zora entraîne son fils. Inès suit. Les potes sont frustrés.
TAZ
Lui c’est l’autre fils Jebli.
Jamais eu en garde à vue. Parcours
d’excellence, décoré par le Préfet
à 20 piges... Un mystère ce mec là.
WILLIAM
Elle sait la daronne ?(comme Taz le
fixe) Je veux dire, elle sait ce
que fait Moussa ?
TAZ
Tu crois quoi ? Son mari est en
cavale depuis 10 ans, son fils fait
vivre la moitié de la cité, comment
tu veux qu’elle soit pas au courant
? Elle fait comme tout le
monde, elle prend le pognon.
(fixant un homme en costume qui
parle avec Zora dans la foule) Et
l’autre élu de mes couilles là,
qu’est-ce qu’il fout là lui ?...
ZORA
(à l’élu) Vous vous souvenez de mon
fils Driss ? (fière) Il termine son
master à Sciences Po Paris.
L’ADJOINT AU MAIRE
(à Driss) Ah bravo, c’est
formidable. Non vraiment... Un
jeune comme vous.
DRISS
(avec humour) Comment ça “comme
moi” ?... Pas très gentil pour ma
mère ce que vous dites là...
14.
L’ADJOINT AU MAIRE
(lancé) Je monte un programme de
soutien à la réussite scolaire des
gamins de la grande borne. Votre
profil m’intéresse beaucoup.
DRISS
Ca aurait été avec grand plaisir,
mais je reviens plus trop sur
Grigny en fait...
ZORA
(impérieuse) Bien sûr qu’il va vous
aider. Ce sera un honneur.
L’ADJOINT AU MAIRE
(tend sa carte à Driss) Appelez-moi
sans faute, faut qu’on se voit avec
le maire.
L’adjoint s’éloigne.
DRISS
(tendu)Pourquoi tu lui as dit ça ?
ZORA
Le maire veut faire installer des
barrières à l’entrée de la cité.
C’est mauvais pour le business,
j’ai besoin qu’il me soit
redevable.
ZORA (CONT’D)
Quoi ? Tu peux bien rendre un peu
ce qu’on t’a donné non ?
ZORA (CONT’D)
Maitre Zuckerman me dit que du bien
de toi. Ça se passe bien, ils te
mettent sur des belles affaires ?
INES
Je plaide aux assises cette
semaine. Première fois !... Je vous
remercierai jamais assez Zora.
ZORA
(faussement modeste) Hé j’y suis
pour rien moi, c’est toi qui a
réussi le barreau ma fille.
15.
INES
En tout cas, on voulait vous
dire...
DRISS
(calme mais impérieux)
Pas maintenant...
ZORA
Qu’est-ce qu’il y a ?
DRISS
Rien.
ZORA
T’as dit bonjour à ton frère ?
MOUSSA
(main sur le coeur) Ca me fait
plaisir... Vraiment, régale-toi
Ali. S’il te manque un truc,
t’hésite pas tu me dis. Je suis là.
MOUSSA (CONT’D)
Ouais Julien, t’en es où là ? C’est
passé ?
EN ALTERNANCE AVEC :
JULIEN
(tendu) J’arrive au péage là.
MOUSSA
Et l’autre ?
JULIEN
Il est juste devant.
MOUSSA
Ok raccroche pas, je reste avec
toi.
RACHETON
Bonne route...
RACHETON (CONT’D)
Top action !
POLICIERS OCRTIS
POLICE ! POLICE ! ARRETE TOI !
JULIEN
Putain de sa mère ! On se fait
niquer !
EN ALTERNANCE AVEC :
MOUSSA
Mec il se passe quoi là ?!
MOUSSA (CONT’D)
Julien putain parle moi !
RACHETON
Arrête-toi connard !
ALLYAH
POLICE ! TU BOUGES PLUS ! TES
MAINS, TES MAINS ! DONNE TES MAINS
CONNARD PUTAIN !
DRISS
Wow Moussa, ça va ?
MOUSSA
Non ça va pas ! On s’est fait
baiser la gueule putain !
DRISS
Quoi baiser la gueule ?
DRISS (CONT’D)
Maman !...Oh Maman ! Tu m’entends ?
DRISS (CONT’D)
Il se passe quoi là ?!
DRISS (CONT’D)
Appelle le SAMU !
ZORA
Non, pas le SAMU !...
WILLIAM
Qu’est-ce qu’elle a la mère ?
TAZ
On est détronché gros. Faut y aller
là.
WILLIAM
C’est qui lui ?
TAZ
(bas) Le fournisseur officiel
d’armes de la cité. Un yougo.
20.
TAZ (CONT’D)
Il vient sur nous, faut y aller là.
STAN
Oh les gars !
STAN (CONT’D)
(brandissant les assiettes) C’est
pour vous.
STAN (CONT’D)
(donnant l’assiette à Taz) Cadeau
de la maison Djébli.
TAZ
(soulagé) Merci vieux.
WILLIAM
Ca va aller merci.
STAN
Détends-toi, c’est pas de la
corruption, c’est juste du partage.
TAZ
T’as tord, c’est vachement bon !
ZORA
Quelqu’un nous a balancé.
21.
MOUSSA
Je suis sûr des gars de mon équipe.
Ils sont tous bien traités, aucun
n’a intérêt à rencarder les flics.
ZORA
(agacée) Ça tu n’en sais rien...
ZORA (CONT’D)
Julien est un incapable. C’est toi
qui aurais dû diriger ce go fast.
MOUSSA
Le méchoui, c’était ton idée.
Acheter la paix dans la cité.
Eviter que les gamins foutent le
dawa comme partout en Seine Saint
Denis et fassent fuir les clients.
ZORA
(sèche) N’empêche ! T’aurais jamais
dû déléguer cette livraison ! La
preuve, maintenant on en est là !
DRISS
Qui d’autre était au courant de la
livraison ?
ZORA
Te mêle pas de ça toi.
MOUSSA
On avait mutualisé le transport
avec des gars de Lyon. La moitié de
la came était pour eux.
DRISS
T’es sûr d’eux ?
MOUSSA
J’ai déjà fait trois remontées pour
eux. Ils avaient déjà payé la
moitié de la came, je les vois mal
nous balancer aux flics.
22.
DRISS
Sauf s’ils ont un intérêt supérieur
à nous faire tomber.
ZORA
C’est vrai qu’ils parlent beaucoup
avec les Benali paraît-il...
DRISS
Quels Benali ?
ZORA
Mais si tu connais... T’étais au
collège avec le fils. Il tient le
plus gros four de Grigny II
maintenant.
DRISS
Tu crois que les Lyonnais auraient
pu s’associer avec eux pour vous
faire tomber et vous piquer le
four ?
Zora fixe Driss. Même si elle n’aime pas qu’il s’en mêle,
elle ne peut s’empêcher de sourire en voyant la rapidité avec
laquelle il raisonne. Moussa sent que ça lui échappe :
MOUSSA
Mais vous nagez en plein délire là
! Les Lyonnais c’est nos clients !
S’ils nous plantent, ils n’ont
juste plus de matos à vendre. Ils
ont pas les connexions au Maroc
pour se fournir eux.
ZORA
(s’énerve) Mais les Benali en ont
eux ! (léger temps) Tu te crois
toujours indispensable !
Moussa encaisse.
ZORA (CONT’D)
(désignant Driss) Ton frère, lui,
se met dans la tête des autres.
C’est pour ça qu’il est meilleur
que toi.
MOUSSA
Les Lyonnais attendent leur cam.
Faut que j’aille leur parler.
23.
DRISS
Je voulais pas--
MOUSSA
(le coupe, impérieux, désignant
Zora) -- Reste avec elle ! Je veux
pas qu’elle soit seule.
Moussa s’en va, Driss reste un temps dans l’entrée face à une
photo encadrée accrochée au mur. La famille Jebli pose devant
une petite maison de village, accrochée aux flancs d’une
vallée montagneuse au Maroc. Driss (7) brandit ses muscles
sur les épaules de Moussa (16). Derrière eux, Zora (35) est
dans les bras de Mokthar (42). Tout le monde sourit. En
légende, on lit : Ourika 1987.
DRISS
Qu’est-ce que tu fais ?
INES
Rien je m’occupe, je range. Ca va
ta mère ?
DRISS
Je vais rester avec elle ce soir.
Moussa a des trucs à régler.
INES
Ok, ben, je reste avec toi.
DRISS
(doux) Je crois pas non...
Inès le fixe.
INES
Driss, je sais qu’il s’est passé un
truc, je suis pas conne. Raconte
moi.
DRISS
(smart, léger) T’es avocate Inès,
t’es pas censée être au courant des
infractions de tes clients avant
les flics sinon--
24.
INES
-- Ça fait de moi leur complice, je
sais...
Driss fixe Inès en souriant, avec une moue pour dire, CQFD.
INES (CONT’D)
Promets-moi que tu restes en dehors
de leurs histoires.
DRISS
(rassurant) C’est ma mère, Inès.
Elle a fait un malaise, alors je
reste avec elle cette nuit, c’est
tout. Juste le temps que Moussa
fasse ce qu’il a à faire.
TAZ
Tu veux refaire ton salon ?
WILLIAM
J’aime pas trop le bordeaux. Ca me
rappelle la rentrée de classes.
(léger temps, désignant les
banquettes) Pourquoi ils mettent ça
les gars ?
TAZ
Pour passer le scanner, à la
douane.
WILLIAM
Dire qu’on se fait chier à longueur
de journée pour trois barrettes de
shit.
TAZ
Mec, je crois que t’as une touche !
ALLYAH
Tu m’aides ?
POLICIER OCRTIS 1
Scellé 1, 1 ballot, 30 KG510.
Scellé 2, 1 ballot, 35KG400...
ALLYAH
C’est la première fois ?
ALLYAH (CONT’D)
... Que tu vois une telle quantité.
WILLIAM
(avoue dans un sourire) Ouais.
(léger temps) On était à la cité
t’à l’heure, Moussa Jebli fêtait
son million. Pendant ce temps-là
vous étiez entrain de le niquer.
ALLYAH
(amusée) Ca te plait ?
WILLIAM
(rayonnant) Grave !
26.
RACHETON
Faites-vous beaux les gars, pour
vos femmes !
POLICIER OCRTIS 2
Excuse-moi, tu peux sortir du cadre
s’te plait ?
TAZ
Et ouais biquet, c’est les cadors
de l’OCRTIS ça, pas ta catégorie...
TONIO
Sans déconner, les mecs de l’OCRTIS
ils veulent faire une descente chez
les Jebli, alors que la moitié de
la banlieue est en guerre ! C’est
du grand n’importe quoi !
27.
COLLEGE BLEU 1
(explique à William) Le patron a
réquisitionné Tonio en soutien à
l’OCRTIS.
TAZ
A Ris ça a grave pété aujourd’hui.
Y’a 4 collègues qui sont partis à
l’hosto. C’était putain de chaud à
ce qui parait !
TONIO
Moi j’y vais pas au Méridien, c’est
mort... Si on arrache Moussa Jebli,
elle va partir en sucette la cité !
C’est sûr ça... Ils jouent les cow
boy, ben qu’ils s’démerdent.
WILLIAM
Moi je prends ta place s’tu veux.
TONIO
T’as pris la confiance toi hein ?
TAZ
Laisse tomber... Il est amoureux
lui, c’est pas pareil.
COLLEGUE BLEU 1
C’est vrai qu’y en a une putain de
bonne à l’OCRTIS.
MOUSSA
C’est un bon client le Lyonnais...
(en suspens : on a pas besoin de
ça).
LE LYONNAIS
Vous êtes en retard. C’est quoi ce
merdier ?
MOUSSA
On a eu un problème.
LE LYONNAIS
Quel genre ?
MOUSSA
Le camion s’est fait péter par les
flics à Saint Arnoud.
LE LYONNAIS
Putain mais t’es un grand malade
toi, t’as les flics au cul et tu
viens me voir comme ça !
MOUSSA
T’aurais préféré que je t’appelle ?
LE LYONNAIS
J’ai perdu 500 000 dans l’histoire.
Tu comptes faire quoi pour moi ?
29.
MOUSSA
(calme, en marchant) Je fais une
prochaine remontée dans 15 jours,
je remets 5 mètres de côté pour
toi.
LE LYONNAIS
Et je fais quoi moi pendant 15
jours ? J’ai plus rien à vendre.
MOUSSA
Je te rajoute un mètre gratos.(main
sur le coeur) Geste commercial,
normal.
LE LYONNAIS
On peut pas continuer comme ça
Moussa. T’es pas fiable sur le
transport. Je vais m’organiser
autrement moi.
MOUSSA
Comment ça ?
LE LYONNAIS
T’es pas le seul à pouvoir me
fournir figure toi.
MOUSSA
On était que deux à savoir pour le
camion. Toi et moi. (se rapprochant
de lui, menaçant) Tu parles aux
Benali c’est ça ?! C’est eux qui
m’ont balancé ?
LE LYONNAIS
(impassible) Qu’est-ce qui te
prend, tu veux la guerre ?
MOUSSA
(menaçant) T’avises pas de me
baiser la gueule, parce que moi je
te tues sur place. Maintenant là.
LE LYONNAIS
(calme)Et, tu t’emballes trop là.
Moussa redescend.
30.
LE LYONNAIS (CONT’D)
Je veux dix mètres dans la
prochaine livraison. Et je mets pas
un centime de plus. Tu te démerdes.
SAMIR
Il est dur en négo ce con.
MOUSSA
T’insinues quoi là ?...
MOUSSA (CONT’D)
Ben vas-y dis-le !
SAMIR
(à moitié étouffé) Arrête...
MOUSSA
Je vais lui refourguer la merde que
mes oncles livrent aux Italiens.
Il y verra que du feu ce connard.
Samir opine.
31.
ZORA
Ton frère est pas rentré. Je sais
pas où il est.
DRISS
T’as l’air d’aller mieux en tout
cas.
ZORA
J’aime pas quand il me dit pas ce
qu’il fait.
Un temps.
DRISS
Inès et moi on va se fiancer maman.
DRISS (CONT’D)
(détendu) T’as raison, t’es pas
obligé de me féliciter.
ZORA
(raide) Tu vas faire comment ?
ZORA (CONT’D)
Tu vas te faire entretenir ?
DRISS
Je termine mes cours le mois
prochain. J’ai des plans pour
bosser dans une banque d’affaire.
ZORA
(sceptique) Ah oui ? Et ça paie
bien ça ?
DRISS
(se moquant gentiment d’elle)
Oui maman, ça paie même TRRREEESSS
bien.
32.
ZORA
Rigole pas avec ça. Fais pas comme
si l’argent n’était pas important.
Y’a que les riches qui peuvent se
permettre de penser ça.
DRISS
Il se passe quoi ?
ZORA
(Sans prendre la peine de se
retourner) Les flics ! Ils sont en
bas !
ZORA (CONT’D)
(désignant le sac) C’est pour
Moussa... Tu lui donneras.
DRISS
Mais et toi ?
ZORA
Sors d’ici, dépêche-toi !
LOLA
Qu’est-ce que--
POLICIERS BRI
POLICE ! POLICE !
ZORA
Ça va, ça va... Du calme...
FLICS AD’LIB
CLAIR ICI ! CLAIR ICI ! CLAIR ICI
AUSSI !
ALLYAH
Zora Jebli, il est 7H22, vous êtes
placée en garde à vue pour
complicité de trafic de
stupéfiants.
CHEF DE LA BRI
(à Racheton) Elle est seule
commandant.
WILLIAM
Vous avez pas trouvé Moussa ?
ALLYAH
Il est pas con, il se planque. On
l’aura pas. Pas cette fois.
DRISS
Putain, il répond pas Moussa. T’as
le numéro de Samir ?
LOLA
Laisse tomber, il répond pas lui
non plus. T’façon, là ils ont tous
dû changer leur puces.
LOLA (CONT’D)
Vas-y, c’est juste du pognon Driss,
détends-toi...
DRISS
... Ma mère est en garde à vue,
comment tu veux que je me détende !
LOLA
Hé, c’est pas sa première
d’accord ? C’est une putain de meuf
ta mère, elle va tous les niquer
comme d’hab.
DRISS
(agité, désignant le sac) Qu’est-ce
que j’fais de ça moi ?!
LOLA
Je vais te le trouver moi ton
frère.
DRISS
Non putain, Lola ! (il la rejoint à
la porte, smart) Je veux pas te
mettre dans mes embrouilles de
famille.
LOLA
J’suis une grande fille Driss.
137 INT. COMMISSARIAT - HALL - SALLE ACCUEIL DES GARDE A VUE -137
JOUR
Dans une petite pièce prévue à cet effet, William termine les
formalités de la garde à vue de Zora avec Taz. Ils prennent
ses empreintes digitales.
MAITRE ZUCKERMAN
Je dois m’entretenir avec Madame
Jebli !
ALLAYAH
On a aucune obligation de vous
l’autoriser maître.
INES
Son état de santé est fragile, elle
doit voir un médecin.
WILLIAM
(bas, désignant Inès) Qu’est-ce
qu’elle fout là elle ?
TAZ
Elle bosse avec Maitre Zuckerman.
WILLIAM
Mais putain, elle était au
méchoui ! C’est la meuf du frère
Jebli, celui que tu m’as dit qui
était clean.
TAZ
Ben, ils font des affaires en
famille, qu’est-ce que tu veux que
je te dise.
INES
(au téléphone avec Driss) Non, ils
ont pas chopé ton frère. (...) Mais
t’es où toi ?
DRISS
(au téléphone) Chez Lola. J’ai dû
me planquer chez elle.
INES
(que ça contrarie) Je viens te
chercher.
DRISS
Non attends, faut que je trouve mon
frère d’abord.
INES
Pourquoi tu veux le voir ? (un
temps, tout bas) Putain Driss les
flics sont forcément sur lui. Te
mets pas dans la merde.
DRISS
Fais-moi confiance. Je sais ce que
j’ai à faire.
38.
INES
J’arrive !
WILLIAM
Viens avec moi. (Comme Taz ne
réagit pas) Dépêche-toi putain !
WILLIAM
J’en étais sûr !
WILLIAM (CONT’D)
Il a l’air nerveux non ?
Taz a une moue pour dire qu’il ne sait pas. Il scrute les
alentours, un peu parano lui aussi, peur de se faire repérer.
Il met sa capuche, chope une casquette sur la banquette
arrière et la visse sur la tête de William.
39.
INES
T’as vu ton frère ?
DRISS
Pas encore, mais Lola a vu Mappy.
Moussa est au four, planqué dans un
appart. (il la regarde) Faut que
j’y aille, j’en ai pas pour
longtemps.
INES
(stressée) Mais pourquoi tu dois le
voir ?
DRISS
(serein) Pose pas des questions
auxquelles tu sais que je veux par
répondre.
INES
C’est supposé me rassurer ça ?
INES (CONT’D)
Tu devais pas t’en mêler. Tu te
souviens tu m’avais promis ?
DRISS
(calme mais clair) Complique pas
les choses Inès. J’ai juste UN truc
à régler après on sera débarrassé.
INES
(ouvrant sa portière aussi)
Je viens avec toi !
INES (CONT’D)
Je suis l’avocate de ta mère, si
les flics te chopent, je pourrais
grave t’aider à justifier ta
présence ici.
40.
INES (CONT’D)
Putain ! Ça sort d’où ça ?!
INES (CONT’D)
Mais t’es malade, pourquoi tu te
trimbales avec ça ?!
DRISS
Faut que je m’en débarrasse, tu
comprends maintenant ? Et y’a pas
moyen que tu m’aides. Parce que si
les flics nous chopent ensemble
avec ça, tu vas perdre ton barreau
à cause de moi. Et ça je me le
pardonnerai jamais.
DRISS (CONT’D)
C’est bientôt fini. Fais-moi
confiance, rentre à Paris.
Il sort.
TAZ
Qu’est-ce que tu fous ? Tu te
prends pour Rambo ou quoi ?!
WILLIAM
Je veux juste voir où il va. Reste
dans la bagnole, tiens-toi prêt à
repartir. ...
41.
Taz est très inquiet mais ne voit pas comment retenir William
qui sort. Baisse la visière de sa casquette, et s’avance
derrière Driss qui marche 50 mètres devant lui.
LA FEMME DU BANC
Vous êtes flic ?
WILLLIAM
J’suis pas tout seul, j’suis avec
vous là...
DRISS
Faut que je vois mon frère.
SAMIR
(méfiant) Je sais pas où il est.
DRISS
Ça a été avec les Lyonnais ? Vous
avez tiré les histoires au clair ?
SAMIR
D’où t’es au courant de ça toi ?
DRISS
Ma mère est en garde à vue. J’aime
pas trop l’idée qu’une taupe s’en
prend à ma famille alors je
m’intéresse aux affaires.
DRISS (CONT’D)
(désignant le sac, tranquille)
Je dois remettre ça à mon frère.
S’il apprend que tu m’empêches de
l’aider, je suis pas certain qu’il
le prendra très bien dans le
contexte.
WILLIAM
Mec ça rentre dans le hall 10.
William sourit, plus Taz lui signifie qu’il prend des risques
plus on sent qu’il prend son pied. Pour autant il laisse son
téléphone en ligne avec Taz et le remet dans sa poche.
MOUSSA
C’est pas le Lyonnais qui nous a
balancés.
Driss sent que son frère est “content” de lui donner tord.
DRISS
Tant mieux. Ecoute, c’est pas mes
oignons tout ça. Je devais te
rendre ce fric, voilà c’est fait.
DRISS (CONT’D)
Je vais y aller.
DRISS (CONT’D)
Tu marques la came maintenant ?
MOUSSA
Sept, comme les 7 cascades de la
vallée d’Ourika. La marque des
oncles, celle des Jebli. C’est
important pour nos clients. Ils
savent qu’on leur vend pas de la
merde.
DRISS
(ne peut s’empêcher d’ironiser)
Les flics aussi peuvent vous suivre
à la trace comme ça.
MOUSSA
T’es bien dans ton appart à
Paname ?
DRISS
Pas mal ouais.
MOUSSA
Faudra que je remercie Zuckerman
alors.
44.
Driss bugge.
MOUSSA (CONT’D)
Elle t’a pas dit Inès ? C’est lui
qui vous a trouvé l’appart... Et
ouais, il peut rien me refuser
Zuckerman, avec tout le fric que je
lui donne.
Driss fixe son frère, lui devoir son appart lui est pénible,
mais il fait tout pour rester calme.
MOUSSA (CONT’D)
J’étais content de t’aider, ça sert
à ça la famille, non ?
DRISS
(froid) Elle a raison maman,
t’aimes ça te croire indispensable
hein ?!
Il appelle Taz :
WILLIAM
Putain ça sort mec! C’est noël,
Moussa est là !
POV MOUSSA :
MOUSSA
Te barre pas comme ça merde !
DRISS
Lâche-moi maintenant.
MOUSSA
(explose) Je me coltine toute la
merde moi, tu vois pas ça ?!
DRISS
Putain y’a le flic !
WILLIAM
... ÇA PART A LA COURETTE MEC !...
WILLIAM
POLICE arrête-toi !
46.
POV TAZ : Toujours garé sur le parking, Taz qui a entendu les
coups de feu hallucine dans sa voiture. Il gueule dans son
téléphone.
TAZ
Putain William t’es où ? Qu’est-ce
que tu fous merde !
WILLIAM
Ça va ressortir rue du labyrinthe.
WILLIAM
TES MAINS! Donne tes mains connard!
TAZ
(dans sa radio) RENFORTS COLLEGUES
avenue de la grande borne !
Essuyons tirs de mortiers et jets
de projectiles.
WILLIAM
(à Taz, tout guilleret) OK, tu
gères la GAV ?
48.
RACHETON
A quel moment je t’ai demandé de
ramener Moussa Jebli ?
RACHETON (CONT’D)
Tu t’es pris pour qui ?! (prenant
Allyah à témoin) T’as déchargé le
camion, ça t’as fait bander, tu
t’es dit ça y’est, je vais jouer
dans la cour des grands !
WILLIAM
Je suis désolé, j’ai cru que...
Racheton le coupe.
RACHETON
Moussa Jebli c’est un putain de
grossiste ok ! On voulait péter
tous ses clients connard !
RACHETON (CONT’D)
Maintenant qu’il est tombé, plus
personne va bouger, on est mort !
RACHETON (CONT’D)
Y’a plus d’un an d’instruction sur
ce dossier ! Je sais pas ce qui me
retient de t’en coller une putain !
RACHETON (CONT’D)
Allez vas-y dégage.
WILLIAM
Mais, c’est mon bureau là...
RACHETON
Et bah, casse-toi de ton bureau
alors !
STAN
Je savais bien ce matin que je
t’avais déjà vu quelque part.
CUT TO :
153 EXT. RUES PARIS - QUARTIER SAINT GERMAIN DES PRES- NUIT 153
DRISS
Inès ?!
DRISS (CONT’D)
Qu’est-ce que vous foutez là ?!
DRISS (CONT’D)
Comment vous êtes rentrés ?... Vous
êtes qui ?
LE LYONNAIS
On attendait ta fiancée mais elle
bosse tard apparemment.
LE LYONNAIS (CONT’D)
Fais comme chez toi.
51.
LE LYONNAIS (CONT’D)
Ton frère m’a promis une tonne de
shit dans sa prochaine remontée
mais je viens d’apprendre qu’il
s’est fait serrer. J’ai plus
confiance.
DRISS
Comment tu sais qu’il s’est fait
serrer ?... Qui t’a rencardé ?
LE LYONNAIS
(très calme) Pose pas des questions
de voyou... J’ai vu toutes tes
jolies photos de vacances dans ta
chambre, tu te prépares une belle
vie, c’est bien.
LE LYONNAIS (CONT’D)
Moi les avocates ça m’a toujours
fait bander. Puis, les voyous ça
les excitent, alors tu vois--
DRISS
-- Ok ça va, arrête ça !
DRISS (CONT’D)
T’as perdu du fric, on va te
rembourser. Laisse-moi 15 jours.
LE LYONNAIS
T’as interêt à être plus fiable que
ton connard de frère.
CRIS TAULARD
Wow Metis ! Vas-y t’as capté le
message ?!...