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Les Malheurs de Sophie

D’après la Comtesse de Ségur


Les professeurs des écoles et des grandes classes de maternelles à qui
s'adresse en priorité ce dossier, y trouveront des outils pour préparer la
venue de leurs élèves au théâtre, puis des pistes d'exploitation
pédagogique.

Avant de voir le spectacle :


Les objectifs :
· Préparer la venue au spectacle.
· Faciliter la compréhension de la pièce.
Les documents proposés :
· Résumé de la pièce
· Etude d’un extrait du texte
· Les thèmes
· Notes d’intention des adaptatrices et du metteur en scène
· Activités en prolongement

Après la représentation : pistes de travail


Les objectifs:
· Exercer la mémoire visuelle des enfants
· Repérer les éléments propres au théâtre musical
· Transférer un savoir faire possible
Les pistes de travail proposées :
· Remémorations
· Scénographie et personnages
· Chansons
· Activités à mener avec les élèves
Annexe 1 : Biographies de la Comtesse de Ségur, de Danielle Barthélemy
et Catherine Maarek, de Rebecca Stella
Annexe 2 : Lexique théâtral

Dossier réalisé par Danielle Barthélemy et Catherine Maarek


Avant la représentation
1) Résumé
Vingt-deux chapitres sans lien entre eux qui narrent les aventures quotidiennes d’une
petite fille de quatre ans. M. et Mme de Réan, aristocrates du Second Empire, habitent
en France, un château à la campagne. Leur fille Sophie y vit le plus souvent en
compagnie de son cousin Paul et parfois de ses amies Camille et Madeleine de
Fleurville. Comme toutes les petites filles de quatre ans au caractère bien trempé, le
plus souvent livrée à elle-même, elle tente des expériences multiples qui la mènent au
désastre, bien au-delà de ce qu’elle imagine.
Activités proposées :
En fonction du niveau des élèves, leur faire écouter ou lire (par groupes ou
individuellement) des chapitres des Malheurs de Sophie de la Comtesse de Ségur.
Chaque groupe aura un rapporteur qui racontera à l’ensemble de la classe le
chapitre lu.
On fera concevoir aux plus petits un dessin sur l’histoire.
Pour les plus grands, un résumé pourra être réalisé sur une fiche qui servira ensuite
de navette pour l’ensemble des activités autour du spectacle.
2) Les Malheurs de Sophie, un roman pour les enfants
En quoi Les Malheurs de Sophie présentent-ils une originalité au moment de leur
parution ? Ce roman pour enfants propose une vision réaliste mais close du mode de
vie des enfants et de leurs parents. Ce dernier contraste avec le modèle traditionnel de
l’époque, c’est-à-dire le conte qui met en scène des personnages merveilleux, des
animaux doués de pouvoirs exceptionnels et souvent supérieurs aux hommes pendant
un voyage initiatique qui les entraîne à la découverte d’autres mondes fictifs ou réels.
L’éducation des enfants d’aristocrates sous le Second Empire.
On peut appréhender l’éducation que donnaient les aristocrates à leurs enfants en
étudiant l’attitude de Mme de Réan dans Les Malheurs de Sophie.
Mme de Réan n’éduque pas Sophie, elle ne lui apprend rien de concret, mais se pose
en censeur dès qu’elle fait une bêtise. Elle ne s’en occupe pas vraiment, elle
n’intervient qu’en cas d’urgence ou appelée par l’un de ses domestiques. Puis, elle
sévit, punit et fait la morale lorsque Sophie est sortie du droit chemin. Mais personne
ne la fait réfléchir à la conduite à tenir, c’est pourquoi elle expérimente sans cesse, au
risque de se mutiler, de tuer les animaux qu’elle aime ou même de faire du tort à ses
domestiques. La seule chose que sa mère lui apprenne c’est d’être soumise, de ne rien
faire de peur de déranger le monde des adultes. L’enfant est laissée à l’écart, sous la
garde des domestiques.
Pistes de réflexion :
A comparer avec la vie d’enfants du peuple à la même époque, livrés à eux-mêmes
sur la voie publique ou employés dans les mines, dans l’industrie ou dans les champs
dès quatre ans.
Voir Victor Hugo (Melancholia), Jules Vallès (l’Enfant), Jules Renard (Poil de
Carotte), Zola (Nana), George Sand (François le Champi, La Petite Fadette)
Les thèmes
• La monotonie de l’emploi du temps de Sophie : Sophie s’ennuie, personne ne
s’occupe d’elle (L’abeille)
• La modélisation : Sophie ne fait que reproduire en caricaturant ce qu’elle voit
faire par sa mère ou par sa bonne (Le Thé, la Boîte à ouvrages), sans qu’on lui
en donne les moyens.
• L’enfermement : Sophie est interdite de jardin (la Chaux)
• La solitude : Sophie joue seule avec sa poupée (la Poupée de cire)
• Le manque de reconnaissance : Sophie cherche à être reconnue de tous : tout
d’abord de sa mère, de Paul et de ses amies Camille et Madeleine.
• L’humiliation : Sophie se défigure et sa famille la stigmatise (les Sourcils
coupés les Cheveux mouillés)
• La cruauté inconsciente : elle maltraite et tue les animaux qui l’entourent
(L’écureuil, Les petits poissons, l’abeille, L’âne) par des sévices répétés et
expérimentaux car elle n’a pas conscience de ce qu’est la physiologie d’un être
vivant. Son expérimentation s’exerce sur des animaux de plus en plus grands et
elle trouve toujours des mutilations plus perfectionnées. Elle expérimente mais
n’en tire aucune conclusion. Elle est tellement culpabilisée par Mme de Réan
qu’elle n’a pas le temps de réfléchir à la portée de ses actes et recommence sans
cesse.
• Le manque de communication entre la mère et la fille : Mme de Réan n’est
nullement pédagogue, elle se contente de constater les dégâts causés par Sophie
et de sévir en la punissant de manière parfois démesurée. Cette manière de
procéder fait que Sophie n’ose pas communiquer avec sa mère de peur de se
faire punir une nouvelle fois.
• L’absence du père : il n’intervient qu’une fois dans le roman et c’est pour
émettre une réflexion banale et vexante « Ce que c’est que d’être coquette ! On
veut se rendre jolie et on se rend affreuse ! » (Les cheveux mouillés) et tenter
d’adoucir la punition préconisée par sa femme pour se donner bonne
conscience, sans intervenir vraiment dans l’éducation de Sophie.
• Les châtiments corporels : ils sont le fait de la perversité de Mme de Réan qui
surgit toujours à la fin pour sévir, jamais avant ou pendant pour empêcher la
mauvaise action. (En partie en écho à la propre enfance malheureuse de la
Comtesse de Ségur avec sa mère)
• Le respect des classes sociales : Sophie ne communique pas avec les
domestiques qui mouchardent et ne sont jamais compréhensifs. Ils sont asservis
à l’autorité qu’ils ne contesteront jamais.
• Les leçons de morale à rebours : elles ne sont données qu’après les mauvaises
actions commises. En tout état de cause, il s’agit toujours d’une morale
chrétienne et bien pensante qui veut que Sophie ne soit pas coquette, ni
gourmande, ne se mette pas en colère, n’envie pas les autres, ne soit ni
paresseuse, ni orgueilleuse, qu’elle ne mente pas, qu’elle écoute et obéisse aux
adultes, sans faire souffrir ni les hommes ni les animaux…
• L’éducation : Madame de Réan est responsable aussi de la déstabilisation de
Sophie puisqu’elle peut être en contradiction avec elle-même. Dans l’épisode
des petits poissons que Sophie a coupé en morceaux, elle lui pardonne séance
tenante sous prétexte que Sophie s’est dénoncée pour éviter que Simon le
contremaître, accusé à tort, ne soit renvoyé. On voit là, que devant la gravité de
l’acte de Sophie, Mme de Réan aurait dû sévir de façon déterminante.
Le personnage principal : Sophie
Sophie est espiègle, curieuse, inventive, toujours active. Elle cherche à tuer le temps
qui s’écoule fort lentement, ponctué par les visites fréquentes de Paul ou plus rares de
Camille et Madeleine. Ceci justifie ses expérimentations. Elle ne vit qu’avec des
adultes, dans le monde clos du château, reléguée auprès des domestiques qui ne la
surveillent pas, occupés qu’ils sont aux tâches du quotidien (repassage, lessive,
cuisine). Sophie est laissée à elle-même et elle accumule les expériences afin d’attirer
les regards des adultes.
Physiquement, elle est décrite comme une petite fille quelconque n’attirant pas
l’attention. On peut imaginer que la Comtesse de Ségur adulte, en rédigeant son
roman, décrive Sophie telle qu’elle se voyait lorsqu’elle était petite. L’aspect
autobiographique ici prend tout son sens. Sophie adulte n’a qu’une vision dégradée de
Sophie enfant.
3) Du roman au théâtre : l’adaptation
L’idée première donnée par le metteur en scène au moment de la commande, était que
cela se passe à notre époque, et qu’une grand-mère, Mamie So, reçoive ses petits
enfants pour son anniversaire. Les enfants vont alors se plonger dans la mémoire de
l’aïeule et revivre son enfance.
La contrainte principale imposée était que seuls quatre acteurs seraient engagés pour
représenter la totalité des personnages : trois filles et un garçon.
A donc été décidé que Madeleine de Fleurville n’apparaîtrait pas dans l’adaptation, et
que la comédienne qui jouerait Camille serait également Mme de Réan. Les
personnages secondaires comme le conducteur de diligence, ou la bonne, seraient
interprétés par les acteurs en scène.
La grand-mère servirait de narratrice et interviendrait quand l’action le permettrait (au
début et à la fin par exemple, et aussi de nos jours) Sophie resterait au centre de
l’adaptation.
Extrait du roman Extrait de l’adaptation

Sophie et Paul se regardaient d’un air Sophie (à Paul) Des chocolats ! Tu peux
malheureux. « Demande à Maman de pas demander à maman d'ouvrir la
l’ouvrir (la boite), dit tout bas Sophie à boite?
Paul. Paul : Nan ! j'ose pas !
Paul (tout bas) : Je n’ose pas ; Ma tante Sophie : S’il te plaît Paul ? Allez s’il te
n’aime pas qu’on soit impatient et plaît ? Paul ? Ah je sais ! T’as qu’à lui
curieux. demander si elle veut qu'on ouvre le
Sophie (tout bas) : Demande lui si elle paquet à sa place ça lui évitera de se
veut que nous lui évitions la peine fatiguer les doigts.
d’ouvrir le paquet en l’ouvrant nous- Paul : Non, ma tante n’aime pas qu’on
mêmes. soit impatient et curieux, tu le sais bien.
La Maman : J’entends très bien ce que D’autre part, elle se doutera tout de suite
vous dites Sophie ; C’est très mal de de ce que tu manigances. Toute notre
faire la fausse, de faire semblant d’être famille connaît ta passion pour les
obligeante et de vouloir m’éviter un chocolats.
ennui, quand c’est tout bonnement par Sophie : Paul, sois sympa pour une fois !
curiosité et par gourmandise que tu veux Tu en profiteras aussi !
ouvrir ce paquet. Si tu m’avais dit Paul : Non Mademoiselle la gourmande,
franchement : « Maman, j’ai envie de vas-y, te dégonfle pas, demande-lui toi-
voir les fruits confits, permettez-moi de même pour une fois !
défaire le paquet », je te l’aurais permis. Mme de Réan: J'entends tout ce que
Maintenant, je te défends d’y toucher. » vous dites ! Pourquoi demander à Paul
Sophie confuse et mécontente, s’en alla de faire les choses à ta place. Adresse-
dans sa chambre, suivie de Paul. « Voilà toi à moi directement et dis-moi, j'ai
ce que c’est que d’avoir voulu faire des envie de manger un chocolat qui est
finesses, lui dit Paul. Tu fais toujours dans la boite. Si tu avais été franche, on
comme cela et tu sais que ma tante l'aurait ouverte, cette fichue boite,
déteste les faussetés… » maintenant, je te défends d'y toucher.
Paul (à Sophie doucement) : T'es bien
avancée maintenant d'avoir voulu faire
la maligne.

Quelques propositions pédagogiques


Faire trouver aux élèves les différences et les ressemblances entre les extraits. Cette
expérience peut être pratiquée sur tout autre chapitre traité dans l’adaptation :
• Les petits poissons (chap. 4)
• L’abeille (chap. 6)
• Le thé (chap. 12)
• Les fruits confits (chap. 16)
• L’âne (chap.19)
• Chapitres seulement évoqués dans l’adaptation :
• La poupée de cire (chap.1)
• Les cheveux mouillés (chap.7)
• Les sourcils coupés (chap.8)
• L’écureuil (chap.11)
• La joue écorchée (chap.14)

Différences Ressemblances
Dans l’adaptation, le texte théâtral est Ce sont les mêmes personnages qui se
présenté entièrement sous forme trouvent en scène
dialoguée entre les trois personnages
présents. Dans le roman, les dialogues
sont au discours rapporté direct

Les fruits confits et pâtes d’abricot La situation est identique dans les deux
deviennent des chocolats extraits

La langue parlée est assez familière dans Des expressions sont communes dans les
l’adaptation : deux extraits :
pas de négation, nan à la place de non, celles qui se rapprochent du langage
répétitions insistantes de Sophie, mot courant utilisé de nos jours
raccourci (sympa), mots familiers (te (ma tante n’aime pas qu’on soit impatient
dégonfle pas, cette fichue boite) et curieux – j’entends tout ce que vous
dites)

Dans le roman, les enfants ont très peur


de la réaction de la mère qui est présente
donc ils parlent bas. Dans l’adaptation, ils
sont seuls, puis Mme de Réan surgit ce
qui laisse à penser qu’elle écoutait
derrière la porte : cela provoque un effet
comique.

Dans l’adaptation, Sophie supplie Paul de


se ranger à ses côtés. Ils sont de
connivence dans le roman.

La mère est beaucoup plus moralisatrice La mère punit de la même façon Sophie
dans le roman et Paul est plus craintif, il et lui fait les même reproches.
se range du côté de l’autorité.

Commentaires :
Il paraissait plus vraisemblable de parler de chocolats plutôt que de fruits confits et de
pâtes d’abricot, les enfants d’aujourd’hui ne connaissant peut-être pas ce genre de
friandises.
L’écriture de la Comtesse de Ségur châtiée et soutenue, est trop en décalage avec le
langage actuel tant au niveau du vocabulaire que des tournures syntaxiques. Le choix
a donc été de moderniser les échanges entre les enfants. Seule Mme de Réan conserve
dans l’ensemble le langage d’époque. Sophie et Paul s’expriment toujours avec
respect et distance en présence de Mme de Réan. Le vouvoiement est utilisé dans tous
les cas lorsqu’ils s’adressent à une grande personne.
Sur la psychologie des personnages : il est apparu plus intéressant de créer une
complicité affectueuse entre Sophie et Paul. Cela allège les charges permanentes
menées contre l’héroïne. Elle semble ainsi moins isolée et moins solitaire que dans le
roman. Paul, le seul représentant masculin, est trop flagorneur et soumis à l’autorité
des adultes dans le roman. Il a donc été décidé d’adoucir ce trait de caractère en
développant une relation affectueuse entre les deux cousins.
Dans le roman la mère est psychorigide, elle passe son temps à sévir, surgissant dès
que Sophie commet un impair. Elle fait rarement un effort de compréhension,
ramenant tout à des leçons de morale généraliste et en décalage avec la situation, ceci
a été conservé. Mais plus la pièce avance dans le temps, plus le personnage de Mme
de Réan présente les symptômes d’une mère au bord de la crise nerfs.
Remarque :
Le spectacle est également musical. En effet Lola Ces et Cyril Taïeb ont écrit et
composé cinq chansons qui reprennent l’essentiel du contenu du texte adapté.
La première « Chocomiam » est insérée dans l’épisode des chocolats (anciennement
fruits confits)
La seconde « Viens viens » remplace le cauchemar dans ce même chapitre
La troisième « Mon tour passe » fait partie de l’épisode de l’âne
La quatrième « Une fille exemplaire » est une création complète qui annonce
l’épisode du thé
La cinquième « Jeux de mains » évoque la réconciliation entre Sophie et Paul et
préfigure la fin du spectacle.
3) Note d’intention des adaptatrices Danielle Mesguich et Catherine
Maarek
Les Malheurs de Sophie ont bercé toute notre enfance. C’est un ouvrage de référence
qui était lu de génération en génération et permettait de voir la place de chacun dans
la société : la mère autoritaire, le père inexistant, les enfants dans l’apprentissage du
bien et du mal, dans la relation aux domestiques et aux animaux. C’était aussi la
rencontre entre les principes moraux et la vie, un terrain expérimental en quelque
sorte. C’était aussi celui des contacts sociaux, du clivage entre les employés et les
maîtres, le domaine féminin et masculin. Ce dernier est représenté uniquement par
Paul, personnage ambigu, petit homme en train de se faire.
L’éducation était l’exclusivité des femmes de même que le train de maison. Sophie
nous a servi de transfert. Elle réalisait ce que nous n’osions faire mais auquel nous
avions pensé. A partir de ce modèle entre autres, toutes les générations suivantes ont
tenté de régler les interdépendances générées par le rapport à la mère, le rapport à la
famille, la domination de l’homme (sous entendue), les conventions sociales, les
relations à la domesticité. Nous sommes devenues des femmes autonomes,
indépendamment du carcan dans lequel on a voulu enfermer Sophie et nous–mêmes,
ou bien ce dernier n’était-il pas tenable.
Ce qu’on retient de Sophie, c’est qu’elle est toujours dans la transgression. Elle vit «
ses malheurs » mais grâce à sa volonté tenace, à travers ce chemin initiatique, elle
parviendra au bonheur, forte de toutes les expériences qu’elle a vécues.
C’est pour cela que nous avons décidé d’adapter une partie de ses aventures, comme
une sorte de catharsis proposée aux jeunes filles, pour que dans une éducation de
pluralité elles parviennent à trouver leur équilibre. On peut supposer une Sophie
réussissant sa vie, on pourrait alors parler « des bonheurs de Sophie ».
4) Note d’intention de Rébecca Stella
Ce projet est né de ma rencontre avec Sabine Perraud et de celle de nos deux univers
complémentaires : le sien, musical et le mien, poétique. Nous avions le désir de
proposer au jeune public un texte « classique », dans lequel l‘héroïne serait une petite
fille. Mais pas une petite fille de conte de fées qui subit passivement une intrigue
qu’elle ne peut maîtriser. Nous nous sommes alors souvenues des histoires qui ont
bercé notre enfance, racontées par nos grands-mères respectives : Les Malheurs de
Sophie de la Comtesse de Ségur. Histoires dans lesquelles la petite Sophie mène la
danse et brode par ses trouvailles une trame réjouissante. A la relecture du texte, nous
fûmes frappées par deux impressions. La première que les bêtises de Sophie étaient
atemporelles et universelles. Et la seconde, que le contexte avait un peu vieilli. Cela
nous a amenées alors à réfléchir à une adaptation actualisée des aventures de
Sophie, une sorte de voyage à travers le temps, incluant la présence active de la
grand-mère, en écho à toutes les grands-mères d’aujourd’hui.
Quand je parle de mon univers poétique, j’entends aussi la poésie de l’image. Je suis
une enfant du cinéma de Stephan Spielberg, de Tim Burton et j’ai été nourrie de films
tels que les Goonies, Beetle Juice, Edouard aux mains d’argent, Batman, Charlie et la
chocolaterie et bien d’autres encore – je pense aussi à Qui a peur de Roger Rabitt,
Mary Poppins et la Famille Adams -. C’est donc à travers cet univers bien différent de
celui de la Comtesse de Ségur que vont voyager les personnages des Malheurs de
Sophie. Comme dans un entre-deux : entre la vie de tous les jours et le jeu des
comédiens, entre la réalité représentée par la grand-mère et la fiction des aventure de
Sophie. Autrement dit, entre l’enfance et le monde adulte.
La petite Sophie, finalement, n’est-ce pas Sabine, moi, et toutes les petites filles de
notre société en train de grandir, découvrant naïvement la réalité de ce monde.
La note d’intention peut éclairer les enseignants de primaire avant d’emmener les
enfants au spectacle.
Pour les élèves de sixième, l’enseignant peut leur faire lire la note d’intention par
tranches et leur demander :
Pourquoi le metteur en scène a choisi de monter ce texte ?
Qui est l’héroïne du spectacle ?
Quel est l’intérêt pour les élèves de ce spectacle ? Que peut-il leur apporter
principalement ?

5) Prolongements
Travaux d’écriture :
Faire adapter aux élèves par groupes un chapitre au choix parmi ceux qui n’ont pas
été traités dans la pièce, à savoir :
Chapitre1 : La poupée de cire
Chapitre 2 : L’enterrement
Chapitre 3 : La Chaux
Chapitre 5 : Le poulet noir
Chapitre 8 : Les sourcils coupés
Chapitre 13 : Les Loups
Atelier théâtre
Décors, costumes et accessoires :
Faire dessiner aux élèves un décor sur la scène qu’ils ont écrite.
Qu’ils imaginent les costumes des protagonistes et les accessoires dont ils auront
besoin pendant la scène.
Mise en scène, lumières et musique
Leur faire imaginer la mise en scène, les lumières et la musique de leur scène.
Distribution des rôles :
Metteur en scène, acteurs, éclairagiste…
Répétitions et mini représentation devant éventuellement une autre classe.
6) Quelques conseils
Rappeler aux élèves les règles de conduite à respecter pendant une représentation
théâtrale (bien se tenir, contrôler ses réactions, applaudir).
Préparer éventuellement avec les élèves une rencontre avec les différentes personnes
liées au spectacle (metteur en scène, comédiens, décorateur)
Après la représentation : pistes de travail
1. Jeu des remémorations
Après la représentation, donner un temps de paroles et d’échanges aux élèves pour
leur permettre d’exprimer sentiments, opinions, réactions, voire émotions face au
spectacle qu’ils ont vu. Ce peut être l’occasion de l’organisation d’un débat, des
tours de parole, d’une confrontation d’opinions, l’occasion d’exprimer des accords et
des désaccords, d’argumenter les choix faits sur les thèmes du spectacle,
l’interprétation des comédiens... Pour les plus jeunes il s’agit plus simplement de
s’assurer qu’ils ont compris la pièce. Utiliser ces moments pour relever les éléments
cités et organiser une discussion sur le spectacle et approfondir la réflexion.
Faire rédiger aux élèves un compte rendu de 5 à 10 lignes de la sortie organisée au
théâtre.
Pour les plus jeunes, un dessin représentatif avec une phrase.
2. Scénographie et personnages
Faire décrire aux élèves le décor et leur faire énumérer les principaux accessoires
dont ils se souviennent: on peut les écrire ou les dessiner au tableau. A quoi servent-
ils ? Comment se transforment-ils pendant le spectacle? Repérez les éléments
magiques.
Décor et accessoires, costumes et travestissements : leur utilisation pendant le
spectacle
Le décor se modifie au fur et à mesure des différentes scènes grâce à ses éléments
modulables :
• La bibliothèque chargée de livres du salon contemporain de Mamie So se
transforme en arbres lumineux dans le jardin ou en panneaux de bois
décoratifs dans la maison de Sophie.
• L’horloge qui marque les heures se transforme en arbre lumineux.
• La cheminée devient successivement le lit de Sophie, la table de la dînette, le
muret et la platebande
• du jardin et l’aquarium lumineux.
• Les tabourets se transforment en table, banc, bac à terre, brouettes.
• Le Rocking chair reste à l’avant scène jardin. C’est la place de la grand-mère
narratrice, meneuse de jeu.
• Le tableau au-dessus de la cheminée devient un écran lumineux.
Successivement on peut y voir apparaître le titre du livre Les Malheurs de
Sophie, puis une petite fille dont on voit ensuite défiler les aventures. L’abeille
et ses souffrances. Les poissons et leur martyre. A la fin de l’histoire, les
images défilent en sens inverse. On assiste à un retour en arrière des images,
sous forme de récapitulatif jusqu’au point de départ : la célébration de
l’anniversaire de Mamie So. Les enfants autour d’elle, habillés comme lors de
leur arrivée, au premier tableau.
Certains accessoires se transforment aussi au cours du spectacle :
• Le livre, cadeau d’anniversaire de Sophie, en boite à peinture
• Les paquets cadeau en cadeau pour Mamie So, puis, boite de chocolats, puis la
boite contenant le service à thé offert par la maman de Paul à Sophie.
• Le tissu marron dans les brouettes symbolise la terre du potager. Les ampoules
électriques de couleur, les fleurs du jardin.
D’autres accessoires sont utilisés dans le spectacle :
• Plusieurs livres sortis de la bibliothèque : Un amour d’enfant, Un bon petit
diable, Les petites filles modèles, Les malheurs de Sophie
• Un couvre-lit turquoise réversible en marron
• Les chocolats et un cookie de taille géante
• Une boite rouge comme une boite à outils pour contenir les mouches
• Une abeille en peluche garnie de velcro prédécoupé
• Sept poissons en tissu de couleur brillante. Les deux poissons « tranchés » par
Sophie présentent une grosse arrête blanche centrale.
• Le téléphone de Mme de Réan
• Deux épingles à cheveux de Sophie dont l’une sert à piquer l’âne
• Un plateau sur lequel sera posé tout à tour deux services à thé, un grand (pour
l’anniversaire de Sophie) et un petit (pour celui de Mamie So).
Cas particuliers :
• Les accessoires de la grand-mère : un grand livre ancien qu’elle consulte et sur
lequel elle rédige ses mémoires, une canne, un cabas contenant : une poupée
de cire unijambiste, un écureuil marionnette, un petit âne, le tout recouvert
d’une étole.
• Les accessoires de Paul : un petit dictionnaire, un mouchoir, un couteau, un
ruban, un yoyo.
Costumes : Les personnages et leurs travestissements : l’art du théâtre
Certains comédiens se transforment aussi grâce aux costumes
• Les personnages enfants débutent dans des costumes contemporains :
Imperméables à pois pour les filles et suroît jaune pour le garçon.
• La comédienne qui joue Camille interprète aussi Mme de Réan, la carotte du
cauchemar et l’âne :
Ø Camille a une robe courte dans les tons mauve et prune avec des ballerines
assorties.
Ø Mme de Réan, une jupe longue très élégante de soie dans les mêmes tons
que celle de Camille, des bottines. Une capeline assortie.
Ø Quand elle est la carotte géante du cauchemar, sa tête, ses bras et ses pieds
seuls, émergent du déguisement.
Ø Quand elle est âne, elle est habillée d’un manteau cape en tissu gris avec
une capuche en forme de tête d’âne. Au fur et à mesure de sa danse et de
sa souffrance, des morceaux de tissu rouge s’échappent de poches
habilement disposées dans le vêtement.
• Sophie est habillée d’une robe tablier courte, fleurie dans les tons turquoise, à
jupons volumineux, culotte à volant et bas épais de couleur assortie,
ballerines, petit haut coloré bouffant. Porte deux petits noeuds dans les
cheveux
• La grand-mère : robe grise à motifs de dentelle incrustée inspirée de Chanel,
bas noirs, chaussures richelieu, capeline, petit caraco noir, châle gris à fleurs,
sautoir avec des papillons, longues mitaines noires. Quand elle joue le livreur :
un chapeau haut de forme et une cape noire
• Paul porte un haut de chausse de couleur olive et un gilet ajusté, une chemise à
la façon XIXème. Un tablier de jardinier, un masque de Zorro. Quand il joue
le cupcake du cauchemar, il est revêtu d’une énorme armure représentant un
gâteau, d’où émergent son visage, ses deux mains et ses deux pieds.
3. La chorégraphie, les chansons :
Les cinq chansons apportent à l’action des précisions, soit sur le caractère des
personnages, soit représentent des évènements que l’on ne peut imaginer
scénographiquement parlant, soit permettent d’éviter un texte trop éprouvant pour les
enfants. C’est également une respiration au sein du spectacle qui contient beaucoup de
texte. Elles permettent une chorégraphie attrayante qui divertit le public et désamorce
le côté pathétique de ces aventures.
Chocomiam Viens Viens
Am stram gram pique et pique et miam miam La carotte : Viens, viens…
Qu’est ce que ça a l’air bon Ne goûte pas à ces fruits Sophie
C’est tout doux c’est tout rond Sophie ces fruits-ci donnent envie
Bourre et ratatam Mais tu connaîtras bien des souffrances
Am stram miam Dans cette abondance
Comment choisir quel drame je fais des Ne sens pas ces fleurs mon enfant
amalgames Ces fleurs ont en fait un effet envoûtant
Caramel mou dégoulinant Tentation et délectation
Chocolat blanc ou chocolat fondant Sont souvent un poison
Escargot tout entortillé Refrain :
Am stram pique et piqué Viens viens fais moi confiance
Refrain : Après l’effort vient la récompense
Mais je n’ai qu’à goûter Viens viens fais quelques pas
Un p’tit morceau Suis-moi et tu verras
Un p’tit de chaque vraiment pas gros Le cupcake : Viens, viens
Mais demain c’est trop loin N’écoute pas ce légume mon chou
Et croyez-moi À quoi bon s’égratigner les genoux
Le chocolat ça n’attend pas Entre les pierres et les cailloux
Am stram gram pique et pique et miam miam Tu parles d’un rendez vous
Sur quel goût j’vais tomber Ici-bas tout t’appartiendra
Si j’ouvre le petit paquet Tu goûteras tout ce que tu voudras
Bourre et pique et tout ce ram dam Que des douceurs pas de betteraves
Me fait perdre la boule miam miam Régale-toi et kiffe…..GRAVE !!!!
Mais comme la reine ne le veut pas je ne Refrain :
devrais peut être pas Viens viens dans mon décor
Juste un p’tit et puis on verra Que du plaisir et jamais d’effort
Ce sera toi au bout de trois Viens viens viens jusqu’à moi
Refrain Suis-moi et tu verras
Tchip tchip tchip tchip Passage de Break Dance
Une bille en or c’est toi qui sors Viens viens fais moi confiance
Et les autres je les mords Une vie sans efforts en récompense
J’aime le chocolat c’est comme ça Viens viens
Je les mange trois par trois Fais quelques pas
Maintenant j’en ai plein les doigts Suis-moi et tu verras
OHHHHHHHH
A partir des comptines enfantines comme Cette chanson vient après l’indigestion de
Amstram-gram, la chanson évoque la chocolat de Sophie. C’est donc son
gourmandise disproportionnée de Sophie et inconscient qui s’exprime. Sophie est tiraillée
la tentation à laquelle elle succombe. La entre l’attrait trompeur des sucreries
chorégraphie accentue son obsession représentées par le cupcake et la rudesse
gourmande. Apparaissent dans une danse d’un repas de légumes représentée par la
endiablée Paul, Camille et la grand-mère carotte. La musique est très moderne, fait
avec des chapeaux démesurés en forme de penser à du hip-hop. Là aussi, il y a un effet
chocolat. L’effet en est comique et comique qui désamorce la peur que provoque
dédramatise l’idée fixe de Sophie. un cauchemar chez une petite fille. C’est la
première intrusion de Mamie So dans les
Malheurs.

L’âne Une fille exemplaire


Acclamé en passant le portail Mon âne,
Comme un vainqueur après la bataille Piqué, blessé,
On m’a ouvert les portes du paradis Cette fois c’est sûr
Un âne en pâte, admiré, applaudi J’en ai trop fait
Ces deux enfants impatients m’attendaient L’abeille, les p’tits poissons
J’étais le messie, le héros, leur vedette Ce ne sont pas des façons
à peine entré je me suis vu orné Ce n’est pas ma faute
d’une jolie couronne de fleurs sur la tête Ranger ma chambre
Refrain : J’le jure
Mais même les plus beaux jouets se Et manger moins
remplacent De confiture
On joue on aime on se lasse Poupée, plus besoin de colle
C’est la vie, c’est le temps qui passe Je serais gentille avec Paul
Et puis un jour, j’ai tiré la langue Ce n’est pas ma faute
Trop chargé je me suis essoufflé Ce n’est pas ma faute
Elle était bien trop serrée cette sangle 18 juillet, je te promets
Et mon cuir s’est mis à saigner Que pour mon anniversaire
Pourtant je n’ai pas compté mes efforts Je serais douce et sincère
Mais je dois avouer je n’étais plus de taille Je serais une fille exemplaire
Pour les enfants je n’étais plus le plus fort Enfin…j’espère
J’ai simplement perdu la bataille
Refrain 2 :
Mais même les plus beaux jouets se
remplacent
On joue on aime on se lasse
C’est la vie, c’est le temps qui passe
Mais l’amour des hommes me dépasse
On me veut et puis on me casse
C’est la vie et puis mon tour passe
Et voici la fin de l’histoire
Un coup de pied et une aiguille plus tard
Je m’enfuis et je cède ma place
Sophie m’a porté le coup de grâce
Me voici comme un âne en peine
Derrière moi le portail se referme
J’espère bien trouver un jour peut-être
Quelqu’un qui redeviendra mon maître
Pourvu qu’avec amour il me traite
La scène de maltraitance de l’âne étant Pour se déculpabiliser, Sophie reconnaît ses
impossible à représenter scéniquement, la méfaits en les énumérant un à un. Comme le
solution d’un monologue intérieur pour 18 juillet – jour de son anniversaire – arrive,
évoquer ses souffrances et ses humiliations, elle promet, avec un clin d’oeil, d’être « une
paraissait plus simple. Pour éviter la fille exemplaire ». C’est la seconde intrusion
dramatisation exagérée de la maltraitance, le de Mamie So dans
passage à la chanson et au tango, est devenu la fiction des Malheurs. On comprend, que
une évidence. c’est elle qui se retrouve petite et fait amende
La scène reste cependant émouvante et forte. honorable.

Jeux de mains Sophie et Paul, après la scène du thé et une


Se faire vivre un enfer ça on sait faire grosse dispute, se réconcilient en chanson,
Préparer des coups par derrière une chanson tendre, sur une musique douce.
Se moquer se mentir évidemment
C’est ce qu’on vit tout le temps
Se donner des surnoms à tout bout de champ
Madame grognon monsieur méchant
Se fâcher se vexer chacun son tour
Faire la paix douze fois par jour
Refrain
En même temps y’a que nous donc forcément
C’est toi qui prends
Se chamailler c’est sur ça sert à rien
Mais qui aime bien châtie bien
Prendre la mouche pour un rien ça va de soi
Enfin ça c’est surtout toi
Se débrouiller pour que tu sois grondé
Et puis se faire pardonner
Refrain
Et tour à tour je te tiens tu me tiens
Jeux de mains mais je t’aime bien
Et qui aime bien châtie bien

4. Musique et bruitage
• Musique à la Charlot quand Sophie range rapidement le lit de chocolat avant
l’apparition de Paul en vengeur masqué.
• Le cauchemar de Sophie est annoncé par un bruit d’orage et un changement de
lumière.
• Bourdonnement quand les mouches s’échappent de la boite
• Bourdonnement quand s’annonce l’abeille
• Musique brésilienne (bossa-nova) pendant qu’elle découpe les petits poissons
• Musique brésilienne (bossa-nova) pendant les deux goûters
• Musique à chaque changement de tableau
5. Le comique dans le jeu des comédiens
Faire repérer aux élèves ce qui les a fait rire dans le jeu des comédiens, leur faire
décrire ce jeu. Au besoin leur faire rejouer la scène en imitant les comédiens.
Ø L’arrivée des enfants par la salle de spectacle
Ø Les enfants bousculent la grand-mère
Ø La grand-mère dit un mot pour un autre
Ø Le miracle de la magicienne Sophie qui fait apparaître la petite fille sur l’écran
Ø La grand-mère joue le livreur, ne trouve pas ses mots et mime la diligence
Ø Edouard et Anna se cachent derrière les livres
Ø Mme de Réan apparaît toujours fort à propos
Ø Elle se « goinfre » de chocolats
Ø La boite géante de chocolat devient le lit de Sophie
Ø Quand Sophie raconte qu’il y a des rats dans la maison, Mme de Réan grimpe
terrifiée sur le lit en criant.
Ø Rire sardonique de Sophie quand elle découpe l’abeille
Ø Sketch du bourricot
Ø Scènes du thé sur musique brésilienne (enfants et grand-mère)
Ø Scène de la barbichette à la fin de la chanson de Sophie
Ø Paul dit bon anniversaire dans toutes les langues
6. Pistes d’activités avec les élèves
• · Atelier théâtre à mener pour sensibiliser les élèves à la mise en voix et la
mise en espace ;
o Travailler la gestuelle et la voix pour interpréter un texte ; articuler et
mettre le ton en respectant la ponctuation ; mémoriser de courts passages
récités avec le ton.
• · Fabrication de décor ou d’accessoires:
o Fabriquer des marionnettes qui représentent les animaux cités au travers
du spectacle : l’écureuil, l’abeille, les mouches, les poissons et l’âne.
o Représenter le décor des Malheurs de Sophie ou en imaginer un autre.
• · Littérature :
o Découvrir les spécificités du théâtre (vocabulaire précis : scènes,
didascalies, etc.) par rapport à la poésie et à la narration ; repérer la
présentation du texte de théâtre par rapport au texte narratif ;
o Réaliser collectivement une adaptation théâtrale d’une autre histoire des
Malheurs de Sophie en maniant les outils de l’écriture dramatique.
• · Ecriture :
o Réaliser la fiche d’identité des personnages en prélevant des indices dans
le texte ou en se rappelant de leur jeu sur le plateau. Leur faire imaginer
d’autres chutes possibles à la scène des poissons, de l’âne, etc.
o Faire rédiger un compte rendu de 5 à 10 lignes de la sortie organisée au
théâtre ou un dessin
• · Langage oral/écriture :
o Préparer et réaliser l’interview d’un des comédiens. En faire le compte-
rendu
o Organiser un débat, pour exprimer des accords et des désaccords,
o Argumenter les choix faits pour l’adaptation du texte et la réalisation du
spectacle.

• Activité proposée en jeu : en fonction du niveau des élèves, leur faire mettre en
scène et interpréter par groupe quelques scènes qu’ils auront écrites.
Annexe 1

 
Portrait de la comtesse de Ségur en 1823
Biographie de Sophie Rostopchine, Comtesse de Ségur
Née le 1er août 1799 à Saint-Pétersbourg, la Comtesse de Ségur est issue d’une
famille aristocratique russe illustre, les Rostopchine, apparentés au clan de Gengis
Khan. Elle passe son enfance dans le domaine de Voronovo près de Moscou,
propriété de 45 000 ha faisant travailler 4 000 serfs. Sa mère la maltraite et l’oblige
se convertir au catholicisme à 13 ans. Petite fille turbulente, elle est souvent punie par
ses parents.
En 1812, son père, gouverneur de Moscou donne l’ordre aux prisonniers qu’il a
libérés de mettre le feu à la ville, ce qui provoque la célèbre retraite de Russie de
Napoléon Ier et des troupes françaises.
Rostopchine est mis en disgrâce par le tsar pour avoir causé trop de dégâts et il s’exile
seul successivement en Pologne, en Allemagne, en Italie et, enfin, en France en 1817.
C'est à Paris qu'il fait venir sa famille et que Sophie rencontre Eugène de Ségur, petit-
fils du maréchal de Ségur, et ils s'épousent le 14 juillet 1819. L'année suivante, ses
parents repartent pour la Russie. Ce mariage tourne vite court. Epoux volage, le
Comte ne rend que rarement visite à sa femme au château des Nouettes (offert par
Fédor Rostopchine à sa fille en 1822), ce qui ne l’empêche pas de mettre au monde
huit enfants. C’est pourquoi elle reporte toute son affection sur ses enfants et ses
petits-enfants, et elle entame une carrière littéraire.
Celle-ci démarre fort tardivement, à cinquante-huit ans. Alors qu’elle est grand-mère,
il lui vient l’idée de regrouper les contes qu’elle lit à ses petits enfants en un seule
recueil : Les Nouveaux Contes de fées.
Elle signe son premier contrat avec Hachette en octobre 1855 pour seulement 1 000
francs pour la nouvelle collection de la « Bibliothèque des Chemins de Fer », reliée en
rose et or. Le succès de ce premier ouvrage l’encourage à composer un ouvrage pour
chacun de ses autres petits-enfants. Elle obtient son émancipation financière en
obtenant que ses droits d'auteur lui soient directement reversés.
Suivront de 1858 à 1868 : Les Malheurs de Sophie, Les Petites Filles modèles
(présenté par l'auteur comme la suite des Malheurs de Sophie), Les Vacances.
(également présenté par l'auteur comme la suite des Malheurs de Sophie), Mémoires
d'un âne, Pauvre Blaise, La Soeur de Gribouille, Les Bons Enfants, Les Deux
Nigauds, L'Auberge de l'Ange gardien, Le Général Dourakine, François le bossu, Un
bon petit Diable, Comédies et proverbes, Jean qui grogne et Jean qui rit, La Fortune
de Gaspard, Quel amour d’enfant ! Le Mauvais Génie, Le Chemineau, ultérieurement
re-titré Diloy le chemineau, La Bible d’une grand-mère, Après la pluie, le beau
temps.
Tout en continuant à écrire, la Comtesse de Ségur entre dans les ordres en 1866.Vers
la fin de sa vie, son état de santé se détériore, elle souffre de crises nerveuses et
correspond avec son entourage à l’aide de sa célèbre ardoise. Son veuvage et
l'effondrement des ventes de ses livres l’obligent à séparer de son château en 1872 et
à se retirer à Paris où elle meurt à 75 ans, entourée de ses enfants et petits-enfants.
Parcours sommaire des auteurs de l’adaptation théâtrale
Danielle Barthélemy et Catherine Maarek, auteurs et professeurs, ont travaillé
pendant longtemps à l’Education nationale. Elles en gardent l‘amour de la
transmission et souhaitent l’épanouissement des enfants. Passionnées de théâtre, elles
sont investies dans le conseil auprès de plusieurs jeunes compagnies théâtrales.
Elles travaillent conjointement, auprès des enseignants et des artistes depuis quelques
années, aussi bien dans le domaine théâtral que de la pédagogie.
Biographie du metteur en scène Rebecca Stella
A Lille, lorsqu’elle était petite, sa cour de jeu ressemblait à des coulisses, ses jouets à
des accessoires, ses héros d’enfance étaient sur les planches et ses rêves les plus fous
derrière un rideau rouge ! Très vite les cours de théâtre du mercredi après midi ne lui
sont plus suffisants, alors pour juguler la passion, elle s’inscrit à un atelier, où pour la
première fois, elle éprouve un sentiment de liberté extrême. Désormais son choix est
fait, elle sera comédienne ! jouer deux comédies musicales en anglais à Canterburry.
De retour à Paris, au lycée, elle choisit l’option théâtre aux côtés de Nicole Caillon et
David Géry et elle tourne avec José Giovanni dans « Mon père »
Après le bac, elle n’a qu’une idée en tête, intégrer une école de théâtre afin
d’approfondir ce qui s’est ébauché pendant toutes ces années.
Elle tente alors la classe libre des cours Florent. Pendant le concours, Anne Delbée,
membre du jury, voit en elle sa Doña Sol dans « Hernani » de Victor Hugo.
Elle obtient alors la classe libre et deux années s’écoulent à Florent où elle a la chance
de travailler principalement avec Jean-Pierre Garnier, Michel Fau et Cécile Brune.
De rencontres en rencontres, elle tourne dans une vingtaine de téléfilms et séries
télévisées comme Julie Lescaut, Commissariat Bastille, ou encore Joséphine ange
gardien. Elle interprète aussi « Florence », la fille de Franck Keller (Claude Brasseur)
pendant 2 ans, dans une série policière diffusée sur TF.
Comme un éternel retour à la scène, elle devient tour à tour « Appoline » dans Tohu
Bohu, « la Reine » dans Ruy Blas, « la Belle » dans La Belle et la Bête, mais aussi «
Etoile » dans La vie est un songe de Calderón, Ophélie dans Hamlet, etc. Diversifiant
son champs artistique elle s’initie aux ateliers et à la postsynchronisation.
Elle rencontre Sarah Fuentes, avec qui elle crée leur compagnie Era Flates. Elles
montent Les 4 jumelles de Copi et jouent deux des personnages principaux …
Grâce à cette aventure, son choix s’est démultiplié : certes elle voulait être
comédienne et voilà elle devient aussi metteure en scène ! Elle accompagne Lionel
Cecilio dans deux spectacles, un one man show Suite royale2026 et Monologue pour
les vivants, joués respectivement au Théâtre de Nesle et au Trianon.
Elle rencontre alors Sabine Perraud. Confortées par une grande entente artistique,
elles décident de créer Les Malheurs de Sophie en 2011.
Elle décide de créer sa propre compagnie Le Théâtre aux Etoiles en 2011 et monte le
second volet de l’aventure Comtesse de Ségur : Un Bon petit Diable en 2013.
Annexe 2
Lexique théâtral
Une pièce de théâtre comprend :
• Des actes : cinq actes dans le théâtre classique.
• Des scènes : à l’intérieur de chaque acte, des scènes découpent le texte.
• Des tableaux : en absence d’acte et de scène, il peut y avoir des tableaux.
La double énonciation :
La situation de communication d’un texte théâtral, comme tout texte écrit, met en
relation un auteur avec ses lecteurs ou spectateurs. Mais la situation d’énonciation est
particulière, car s’expriment plusieurs émetteurs (les acteurs) qui s’adressent en même
temps à plusieurs destinataires (les spectateurs).
Les didascalies : Ce sont les indications scéniques fournies par l’auteur dans le texte
écrit par lesquelles il s’adresse au lecteur, au metteur en scène et aux comédiens pour
suggérer des jeux de scène, décrire les lieux, les costumes, etc.
Le prologue : Chez les Grecs, débité par un seul personnage, humain ou divin,
annonce le sujet, parfois le dénouement, et résout les difficultés premières comme si
l'auteur craignait d'être mal compris de la foule.
La scène d’exposition : C’est la première scène d’une pièce de théâtre classique qui a
pour objet d’informer le spectateur de tout ce qu’il a besoin de connaître pour
comprendre l’action et en suivre le déroulement. Dans le théâtre du XXème siècle,
l’exposition peut ne plus exister ou bien exister sous forme d’allusion.
Les répliques : brefs échanges de paroles entre les personnages.
Les tirades : Longues répliques adressées à un ou plusieurs personnes présentes sur la
scène. Les personnages parlent entre eux tout en s’adressant au public.
Le monologue : discours théâtral prononcé par un personnage seul sur scène. Le
personnage s’adresse à lui-même, mais aussi aux spectateurs.
Les stances : poème lyrique comportant un nombre variable de strophes du même
type. C’est une forme de monologue mis en vers.
L’aparté : le personnage s’adresse soit au public, soit à un autre personnage comme en
cachette.
L’intrigue : la trame d’une oeuvre théâtrale classique, son fil rouge qui assure la
cohésion de la pièce.
Du texte à la scène
Appuyer : faire monter un décor un rideau ou un accessoire dans les cintres (opposé à
charger).
Avant-scène : Partie de la scène se trouvant devant le cadre de scène*
Cadre de scène : Ouverture fixe ou mobile de la scène
Cintre : Partie du théâtre située au dessus de la scène et qui comprend : les services*
de chaque côté du plateau, les passerelles * reliant les services, le gril* surplombant le
tout, permettant de stocker et de cacher les décors équipés* et d’accrocher les
appareils d’éclairage.
Conduite : Ensemble des indications relatives au déroulement technique d’un
spectacle (plateau, son, lumière)
Console : Pupitre de mélange et de traitement du son ou de la lumière.
Contrepoids : Nombre de poids de fonte nécessaires pour contrebalancer le poids d’un
décor sur une tige. Aussi appelé charge.
Côté cour/ côté jardin: côté droit de la scène quand on est spectateur et côté gauche de
la scène quand on est spectateur. A l’origine de l’expression, la salle des “machine”
aux Tuileries où s’était installée provisoirement la Comédie française en 1770 donnait
d’un côté sur l’intérieur de bâtiments (la cour) et de l’autre sur le parc (le jardin). Le
jardin est le “bon” côté, c’est le côté de l’entrée du héros. Le danger, la menace
viennent toujours du côté cour (en remontant le sens de la lecture).
Découverte : Partie des coulisses ou du cintre visible par les spectateurs ; petit rideau
placé derrière une porte ou une fenêtre pour simuler l’arrière plan.
Dessous : Étages se trouvant sous le plateau.
Douche : Faisceau lumineux dirigé verticalement de haut en bas.
Gril : Plancher à claire-voie situé au dessus du cintre et où se trouve l’appareillage de
toute la machinerie.
Herse : Appareil d’éclairage suspendu dans les cintres, équipé d’une série de lampes
en ligne restituant un éclairage en douche*.
Jauge : Capacité d’une salle en nombre de spectateurs ; recette d’une salle pleine.
L’avant scène ou proscenium : partie de la scène devant le cadre de scène. On dit,
descendre à l’avant-scène.
La face : devant du plateau
La rampe : système d’éclairage en forme de herse posé en bordure d’avant-scène.
Le jeu d'orgues : pupitre et gradateurs qui commandent les lumières.
Le lointain : partie du plateau placée le plus loin du public, au fond de la scène. On
dit, remonter au lointain.
Le plateau : la scène
Le rideau de scène :
o à la française : rideau associant deux évolution, à l’allemande et
à l’italienne.
o à la grecque : rideau équipé sur un rail métallique équipé de
galets coulissants s’ouvrant du milieu vers les côtés.
o rideau à la polichinelle : le rideau s’ouvre en se roulant sur lui-
même par le bas.
o à l’allemande : rideau équipé sur une perche s’appuyant
verticalement d’un seul bloc ; également appelé “à la
guillotine”.
o à l’italienne : rideau s’ouvrant en deux parties et remontant vers
les côtés en drapé. Les cintres : partie du théâtre située au-
dessus de la scène
Les coulisses : espaces à proximité de la scène où attendent techniciens et acteurs
avant que le spectacle commence.
Les dessous : étages se trouvant sous le plateau.
Les loges : petits salons où les acteurs se préparent avant d’entrer en scène.
Les projecteurs : permettent d’éclairer le plateau.
Manteau d’Arlequin : Partie supérieure horizontale du cadre mobile coiffant les
draperies et permettant de régler la hauteur du cadre.
Noir : Effet sec ou lent pour éteindre tous les projecteurs.
Pan coupé : surface plane à l’angle de deux murs (élément de décor)
Pan droit : panneau vertical qui cache la coulisse (peut être un pendrillon en tissu)
Pendrillon : Rideau étroit et haut suspendu au cintre utilisé pour cacher les coulisses.
Perche ou porteuse : Tube métallique équipé dans les cintres pour accrocher les
décors, les rideaux, les projecteurs ...
Raccord lumière : répétition de la conduite lumière. Prise de marques des intervenants
pendant le spectacle.
Rampe : Système d’éclairage en forme de herse posé en bordure d’avant-scène.
Rideau de fer : Rideau métallique placé devant les draperies destiné à isoler la salle du
plateau en cas d’incendie. Il est essayé en présence des spectateurs à chaque
représentation.
Services : Passerelles situées de chaque côté de la scène le long des cheminées de
contrepoids et y donnant accès.

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