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BARKATI ROCHDI G1

Surmonter les ambivalences ‫التغلب على التناقض‬

dans « Le Petit Chaperon Rouge », la grand-mère et l’enfant sont bel et bien avalées par le
loup. Comme la plupart des contes de fées, cette histoire existe dans de multiples versions
différentes. La plus populaire est celle des frères Grimm, où le Petit Chaperon Rouge et sa
grand-mère renaissent à la vie et où le loup reçoit le châtiment qu’il mérite.

Mais l’histoire littéraire de ce conte commence avec Charles Perrault. C’est sous le
titre de Little RedRiding Hood. C’est probablement ce qui se serait passé si la
version des frères Grimm n’avait pas fait de cette histoire l’un des contes de fées les
plus populaires. Mais comme l’histoire littéraire de ce conte débute avec Perrault,
j’envisagerai tout d’abord sa version, avant de l’éliminer.
L’histoire de Perrault commence, comme toutes les autres versions les plus connues
du conte, *****
Dans la version de Perrault, le loup ne revêt pas les effets de l’aïeule (la grand mère)
et se contente de se coucher dans son lit. Quand arrive le Petit Chaperon Rouge, le
loup lui demande de le rejoindre dans le lit. L’enfant se déshabille et se couche,
étonnée de voir que sa mère-grand est nue, et elle s’exclame : « Ma mèregrand, que
vous avez de grands bras ! » À quoi le loup répond : « C’est pour mieux t’embrasser,
ma fille. » Puis le Petit Chaperon Rouge dit : « Ma mère-grand, que vous avez de
grandes jambes ! » Et elle reçoit cette réponse : « C’est pour mieux courir, mon
enfant. » Ces deux répliques, qui ne se trouvent pas dans la version des frères
Grimm, sont alors suivies par les questions bien connues sur les oreilles, les yeux et
les dents de la grand mère. Et à la dernière question, le loup répond : « C’est pour
mieux te manger. » « Et en disant ces mots, ce méchant loup se jeta sur le Petit
Chaperon Rouge, et la mangea. ».
C’est sur ces mots que se termine la traduction de Lang, comme beaucoup d’autres.
Mais la version originale de Perrault se poursuit par un petit poème qui tient lieu de
moralité : « ... les jeunes filles, belles, bien faites et gentilles, font très mal d’écouter
toute sorte de gens. » Si elles le font, il ne faut pas s’étonner que le loup les attrape
et les mange. Quant aux loups ils se présentent de façons différentes, et, parmi eux,
les plus dangereux sont les plus gentils, particulièrement ceux qui suivent les
demoiselles dans les rues et même dans leur maison. Perrault, avec ses contes, ne se
contentait pas de vouloir distraire son auditoire ; il voulait aussi donner une leçon de
morale précise. Il est donc facile de comprendre qu’il les modifiait en conséquence.
Malheureusement, en agissant ainsi, il privait ses contes d’une grande partie de leur
signification. Dans son histoire, telle qu’il la raconte, personne ne dit au Petit
Chaperon Rouge de ne pas traîner en route et de ne pas s’écarter de son chemin. De
même, dans la version de Perrault, on ne comprend pas que la grand-mère, qui n’a
rien fait de mal, trouve la mort à la fin du conte.
« Le Petit Chaperon Rouge » de Perrault perd beaucoup de son charme parce qu’il
est trop évident que le loup du conte n’est pas un animal carnassier, mais une
métaphore qui ne laisse pas grand-chose à l’imagination de l’auditeur. Cet excès de
simplification, joint à une moralité exprimée sans ambages (nettement, sans détours),
fait de cette histoire, qui aurait pu être un véritable conte de fées, un conte de mise
en garde qui énonce absolument tout.
Comme la fillette, en réponse à cette tentative de séduction directe et évidente,
n’esquisse pas le moindre mouvement de fuite ou de résistance, on peut croire
qu’elle est idiote ou qu’elle désire être séduite. Dans les deux cas, elle n’est
certainement pas un personnage avec lequel on aurait envie de s’identifier. De tels
détails, au lieu de présenter l’héroïne telle qu’elle est (une petite fille naïve,
séduisante, qui est incitée à négliger les avertissements de sa mère et qui s’amuse
innocemment, en toute bonne foi), lui donnent toute l’apparence d’une femme de
mauvaise réputation.
On supprime toute la valeur du conte de fées si on précise à l’enfant le sens qu’il
doit avoir pour lui. Perrault fait pire que cela : il assène ( met ) ses arguments. Le
bon conte de fées a des significations sur différents niveaux ; seul l’enfant peut
connaître la signification qui peut lui apporter quelque chose sur le moment. Plus
tard, en grandissant, il découvre d’autres aspects des contes qu’il connaît bien et en
tire la conviction que sa faculté de comprendre a mûri, puisque les mêmes contes
prennent plus de sens pour lui. Cela ne peut se produire que si l’on n’a pas dit à
l’enfant, d’une façon didactique, ce que l’histoire est censée signifier. En découvrant
lui-même le sens caché des contes, l’enfant crée quelque chose, au lieu de subir une
influence.
Les frères Grimm donnent deux versions de l’histoire, ce qui, chez eux, est très
inhabituel. Dans ces deux versions, l’histoire et l’héroïne sont appelées « Le Petit
Chaperon Rouge » parce que « son petit chaperon de velours rouge lui allait
tellement bien qu’elle ne voulut plus porter autre chose ».
Comme dans « Jeannot et Margot » « Hansel et Grethel », la peur d’être dévoré est le
thème central du « Petit Chaperon Rouge » ; les mêmes constellations
psychologiques fondamentales que l’on retrouve dans tout individu peuvent aboutir
aux destins et aux personnalités les plus divers selon les autres expériences que
connaît chaque individu et ses façons de les interpréter pour lui-même. *******
« Le Petit Chaperon Rouge » aborde quelques problèmes cruciaux que doit résoudre
la petite fille d’âge scolaire quand ses liens œdipiens s’attardent dans son
inconscient, ce qui peut l’amener à s’exposer aux tentatives d’un dangereux
séducteur. ********
Le loup est le séducteur, mais, selon le contenu apparent de l’histoire, il ne fait rien
qui ne' soit naturel, c’est-à-dire qu’il dévore pour se nourrir. Et il est tout naturel que
l’homme détruise le loup, bien que la méthode utilisée dans « Le Petit Chaperon
Rouge » soit inhabituelle.
Pour l’héroïne, le monde qui s’étend au delà des limites de la maison familiale n’est
pas un désert menaçant où l’enfant est incapable de trouver son chemin. À peine
sortie de sa maison, le Petit Chaperon Rouge trouve un chemin bien tracé et sa mère
lui dit de ne pas s’en écarter.
le Petit Chaperon Rouge quitte volontiers sa maison. Le monde extérieur ne lui fait
pas peur, elle en apprécie même la beauté ,quand le loup lui demande (au Petit
Chaperon Rouge) : « Toutes ces jolies fleurs dans le sous-bois, comment se fait-il
que tu ne les regardes même pas ?... Et les oiseaux, on dirait que tu ne les entends
pas chanter ? Tu marches droit devant toi comme si tu allais à l’école, mais c’est
pourtant rudement joli, la forêt ! » C’est ce même conflit entre ce que l’on aime faire
et ce que l’on doit faire .
L’idée que le Petit Chaperon Rouge hésite, comme le font les enfants, entre le
principe de plaisir et le principe de réalité, est renforcée par le fait que la petite fille
ne cesse de cueillir des fleurs que lorsque « son bouquet était si gros que c’était tout
juste si elle pouvait le porter ». À ce moment-là, « le Petit Chaperon Rouge pensa à
sa grand-mère et se remit bien vite en chemin pour arriver chez elle ». Autrement
dit, la petite fille ne reprend conscience de ses obligations que lorsqu’elle ne tire plus
plaisir de sa cueillette et cesse d’obéir à son ça.
Le Petit Chaperon Rouge aime faire des découvertes, comme l’indique le fait que sa
mère l’avertit de ne pas fourrer son nez partout. En arrivant chez sa grand-mère, elle
remarque tout de suite qu’il y a quelque chose d’anormal : « La grand-mère était là,
couchée, avec son bonnet qui lui cachait presque toute la figure, et elle avait l’air si
étrange. » Mais elle est déroutée par l’accoutrement (déguisement )du loup qui a
revêtu les effets de la grand-mère. Le Petit Chaperon Rouge essaie de comprendre :
elle questionne sa grand-mère sur. ses quatre sens: l’ouïe, la vue, le toucher et le
goût ; l’enfant pubère se sert de tous les sens pour comprendre le monde.
dans « Le Petit Chaperon Rouge » où la mère et la grand mère ne font rien : elles ne
protègent pas, ne menacent pas
Le Petit Chaperon Rouge est universellement aimée parce que, tout en étant
vertueuse, elle est exposée à la tentation ; et parce que son sort nous apprend qu’en
faisant confiance aux bonnes intentions du premier venu,
Mais le loup ne se contente pas d’être le séducteur mâle, il représente aussi les
tendances asociales, animales, qui agissent en nous. En oubliant les principes
vertueux de l’âge scolaire qui veulent que l’on « marche droit », comme le devoir
l’exige, notre héroïne retourne au stade œdipien de l'enfant qui ne cherche que son
plaisir. En suivant les suggestions du loup, elle lui donne également l’occasion de
dévorer sa grand-mère. Ici, l’histoire témoigne de certaines difficultés œdipiennes
qui sont restées sans solution chez la petite fille, et celle-ci, quand le loup la dévore,
est justement punie d’avoir tout fait pour que le loup puisse éliminer une figure
maternelle. Cette dernière doit recevoir sa part de blâme. La petite fille a besoin
d’une figure maternelle forte pour sa propre protection et comme modèle à imiter.
Mais la grand-mère de l’histoire se laisse mener par ses propres désirs au delà de ce
qui est bon pour l’enfant : « Sa grand-mère... ne savait que faire ni que donner
comme cadeaux à l’enfant. » Ce ne serait pas la première ni la dernière fois qu’un
enfant gâté par son aïeule irait vers les ennuis dans sa vraie vie. Que ce soit la mère
ou la grand-mère (cette mère destituée), elle ne peut que nuire à la petite fille si elle
renonce à son pouvoir de séduction sur les hommes et le transfère à l’enfant en lui
offrant un bonnet rouge trop joli.
Ll’importance de la couleur rouge, arborée par l’enfant, est fortement soulignée. Le
rouge est la couleur qui symbolise les émotions violentes et particulièrement celles
qui relèvent de la sexualité. Le bonnet de velours rouge offert par la grand-mère à la
petite fille peut ainsi être considéré comme le symbole du transfert prématuré du
pouvoir de séduction sexuelle, ce qui est encore accentué par le fait que la grand-
mère est vieille et malade, trop faible même pour ouvrir une porte
Tout se passe comme si elle disait au loup : « Laisse-moi tranquille ; va chez grand-
mère, qui est une femme mûre ; elle est capable de faire face à ce que tu
représentes ; pas moi. »
les frères Grimm présentent une variante importante du « Petit Chaperon Rouge »
qui n’est qu’un additif à l’histoire principale. Dans cette variante, on nous raconte
qu’un peu plus tard, le Petit Chaperon Rouge allant de nouveau porter une galette à
sa grand-mère, un autre loup essaie de la détourner du sentier (de la vertu) qu’elle
doit suivre. Cette fois, la petite fille va tout droit chez sa grand-mère et lui raconte
tout. Ensemble, elles bouclent la porte pour que le loup ne puisse pas entrer. À la fin,
le loup glisse du toit, tombe dans une auge remplie d’eau et se noie. L’histoire se
termine ainsi : « Allègrement, le Petit Chaperon Rouge regagna sa maison, et
personne ne lui fit le moindre mal. »
Cette variante explicite quelque chose dont l’auditeur de l’histoire se sent
convaincu : qu’après sa triste expérience, la petite fille comprend qu’elle n’est
absolument pas assez mûre pour tenir tête au loup (le séducteur) et qu’elle est prête à
conclure une alliance efficace avec la figure maternelle. C’est ce qu’exprime
symboliquement le fait qu’elle se précipite chez sa grand-mère dès qu’un danger la
menace au lieu de ne pas le voir, comme elle l’a fait lors de sa première rencontre
avec le loup. C’est grâce à cette alliance, en s’identifiant au substitut de la mère, que
l’enfant, rendue consciente, peut progresser avec succès vers l’âge adulte.
Les contes de fées s’adressent à notre conscient et à notre inconscient et, tout comme
ce dernier, ne reculent pas devant les contradictions. À un niveau tout différent de
signification, ce qui arrive au Petit Chaperon Rouge et à sa grand-mère peut être vu
sous une lumière très différente. L’auditeur de l’histoire peut se demander à juste
titre pourquoi le loup s’abstient de dévorer la petite fille au moment même où il la
rencontre. le loup aurait bel et bien mangé la petite fille s’il n’avait pas eu peur des
bûcherons qui travaillaient dans la forêt. Comme dans l’histoire de Perrault le loup
n’est rien d’autre que le séducteur mâle, on comprend parfaitement qu’un adulte
renonce à séduire une petite fille s’il risque d’être vu ou entendu par d’autres
adultes.
Mais, comme le dit la suite de l’histoire, on peut ressusciter de cette « méchanceté ».
Très différent du Petit Chaperon Rouge qui cède aux tentations de son ça et qui, ce
faisant, trahit sa mère et sa grand-mère, le chasseur, lui, ne se laisse pas emporter par
ses émotions. Sa première réaction, quand il trouve le loup couché dans le lit de la
grand-mère, est de dire : « C’est ici que je te trouve, vieille canaille ! Il y a un
moment que je te cherche !... » et il s’apprête à tuer le loup. Mais son moi (sa raison)
s’affirme, malgré les sollicitations du ça (sa colère contre le loup), et il comprend
qu’il est plus important d’essayer de sauver la grand-mère que de tuer le loup dans
un mouvement de colère. Il ouvre donc le ventre du loup en se servant de ciseaux,
avec le plus grand soin, et libère ainsi le Petit Chaperon Rouge et sa grand-mère.
Le chasseur est un personnage très sympathique, pour les garçons comme pour les
filles, parce qu’il sauve les bons et punit les méchants. Tous les enfants éprouvent
des difficultés à obéir au principe de réalité et ils identifient aisément dans les
personnages contraires du loup et du chasseur le conflit entre les aspects de leur
personnalité qui se rattachent au ça et au moi-surmoi. Dans le rôle que joue le
chasseur, la violence (quand il ouvre le ventre du loup) est inspirée par un dessein
hautement social : sauver les deux femmes.
Le Petit Chaperon Rouge doit être délivrée du ventre du loup comme s’il s’agissait
d’une césarienne, ce qui est une façon de suggérer l’idée de grossesse et de
naissance
La justice du conte de fées veut que le loup subisse le sort qu’il a essayé d’infliger
aux autres : son avidité orale l'amène à se détruire lui-même.
Le conte a une autre bonne raison de ne pas faire périr le loup au moment où on lui
ouvre le ventre : c’est que ce conte de fées, comme tous les autres, doit mettre
l’enfant à l’abri de toute angoisse inutile. Si le loup mourait de sa « césarienne », les
auditeurs pourraient croire que l’enfant tue sa mère en sortant de son corps. Mais si
le loup survit à l’opération et ne meure que parce qu’on a rempli son ventre de
lourdes pierres, il n’a aucune raison d’être angoissé à propos de la naissance.
Mais pourquoi la grand-mère doit-elle connaître le même sort que l’enfant ?
Pourquoi doivent-elles « mourir » toutes les deux et régresser à un stade
inférieur d’existence ? Ce détail est dans la ligne de l’idée que l’enfant se fait de la
mort : que les morts ne sont plus disponibles, qu’ils ne servent plus à rien. Les
grands-parents doivent être utiles à l’enfant, ils doivent le protéger, lui apprendre
beaucoup de choses, lui donner à manger ; s’ils ne le font pas, ils sont réduits à un
stade inférieur d’existence. En étant aussi incapable que le Petit Chaperon Rouge de
tenir tête au loup, la grand-mère doit subir le même destin qu’elle.
L’histoire montre clairement qu’elles ne cessent pas de vivre au moment où elles
sont dévorées par le loup. On ne peut en douter quand la petite fille sort du loup en
criant : « Oh là là ! quelle peur j’ai eue ! Comme il faisait noir dans le ventre du loup
! » Si elle a eu peur, c’est qu’elle était bien vivante ; et elle a peur du noir parce que
son comportement lui a fait perdre sa conscience supérieure qui, jusque-là, avait
éclairé son monde. Il en va de même pour l’enfant qui, sentant qu’il a mal agi, ou
qu’il n’est plus protégé par ses parents, se sent pris de frayeur quand la nuit se
referme sur lui.
Après avoir été plongée dans la profondeur des ténèbres (dans le ventre du loup), le
Petit Chaperon Rouge est prête à apprécier une nouvelle lumière, à comprendre
mieux les expériences émotionnelles qu’elle doit maîtriser, et celles qu’elle doit
éviter, pour ne pas se laisser engloutir par elles. Grâce à des histoires du genre du «
Petit Chaperon Rouge », l’enfant commence à comprendre — du moins à un niveau
préconscient — que seules les expériences qui nous dépassent éveillent en nous des
sentiments correspondants auxquels nous ne pouvons faire face. Une fois que nous
sommes parvenus à maîtriser ces derniers, le loup ne nous fait plus peur.
Cette idée est appuyée par la phrase qui conclut le conte : le Petit Chaperon Rouge
ne dit pas qu’elle ne risquera plus jamais de rencontrer le loup, ou qu’elle n’ira
jamais plus toute seule dans le bois ; au contraire, la conclusion dit implicitement
que le fait de fuir toutes les situations problématiques est une mauvaise solution.
Voici cette phrase : « Mais pour ce qui est du Petit Chaperon Rouge, elle se jura : «
Jamais plus de ta vie tu ne quitteras le chemin pour courir dans les bois , quand ta
mère te l’a défendu. » Forte de cette résolution et de l’expérience éprouvante qu’elle
a vécue,
« Le Petit Chaperon Rouge » parle des passions humaines, de l’avidité orale, de
l’agressivité et des désirs sexuels de la puberté. Il oppose l’oralité maîtrisée de
l’enfant en cours de maturité (les bonnes choses que l’enfant porte à sa grand-mère)
à l’oralité sous sa forme primitive de type cannibale (le loup dévorant la petite fille
et l’aïeule). Avec sa violence — y compris l’éventration du loup, qui sauve ces deux
derniers personnages, et la mort de l’animal, le ventre rempli de pierres — le conte
ne fait pas voir la vie en rose. À la fin de l’histoire, chaque personnage (la petite
fille, la mère, la grand-mère, le chasseur et le loup) agit pour son compte : le loup
essaye de s’enfuir et tombe mort, après quoi le chasseur le dépèce et emporte chez
lui sa dépouille, la grand-mère mange ce que lui a apporté la petite fille et celle-ci
conclut sur la leçon qu’elle a apprise. Les adultes ne conspirent pas entre eux pour
obliger l’héroïne de l’histoire à s’améliorer comme l’exige la société, ce qui
enlèverait toute valeur à l’autodétermination : le Petit Chaperon Rouge n’a besoin de
personne pour se jurer que « jamais plus de sa vie elle ne quittera le chemin pour
courir dans les bois... ».
La seconde version des frères Grimm montre bien que cette interprétation est
justifiée. Elle raconte comment, au cours d'une autre visite, la grand-mère a protégé
la petite fille contre le loup et réussi à l’éliminer. C’est bien ainsi qu’une (grand-)
mère est supposée agir ; si elle le fait, ni la (grand-)mère ni l’enfant n’ont à redouter
le loup, si intelligent soit-il.

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