Vous êtes sur la page 1sur 3

Cahiers d'outre-mer

Une monographie des Gouro (Côte d'Ivoire) : Meillassoux (Claude).


Anthropologie économique des Gouro de Côte d'Ivoire, 1964
Yves Péhaut

Citer ce document / Cite this document :

Péhaut Yves. Une monographie des Gouro (Côte d'Ivoire) : Meillassoux (Claude). Anthropologie économique des Gouro de
Côte d'Ivoire, 1964. In: Cahiers d'outre-mer. N° 70 - 18e année, Avril-juin 1965. pp. 215-216;

https://www.persee.fr/doc/caoum_0373-5834_1965_num_18_70_4310_t1_0215_0000_2

Fichier pdf généré le 22/04/2018


BIBLIOGRAPHIE 215

Le succès des cultures d'exportation est dû à l'influence de la puissance


colonisatrice: après des essais assez décevants pour développer les cultures
commerciales, le cacao, puis le café et la banane ont été l'objet d'un véritable
engouement de la part des peuples de la forêt. Ces cultures convenaient bien
à des planteurs qui n'ont jamais été des paysans, ou qui ont désappris à
l'être depuis qu'ils ont quitté la savane: elles permettaient de réaliser des
profits rapides, sans demander des soins trop minutieux et trop de travail.
Elles s'inscrivent dans une tradition de civilisation de cueillette, comme le
sont la plupart des civilisations forestières. Et le développement des cul¬
tures d'exportation se fait au prix d'un vaste gaspillage d'espaces vierges.
Derrière les fronts pionniers, les paysages des régions cultivées sont des
paysages d'abandon. L'incapacité de fixer l'homme au sol constitue une des
faiblesses essentielles de la Côte d'Ivoire contemporaine — et l'oppose à
d'autres régions sous-développées plus lentes à s'intégrer dans les grands
courants du monde actuel, mais plus profondément stables.
L'analyse géographique menée par M. Gabriel Rougerie débouche sur
les grands problèmes de l'heure, permet de discerner, parmi les problèmes
généraux du sous-développement, ceux qui sont spécifiques au pays.
Paul CLAVAL.

Une monographie des Gouro (Côte d'Ivoire)

Meillassoux (Claude). Anthropologie économique des Gouro de Côte d'Ivoire.


Mouton, 1964, 382 p., 17 cartes.
C'est dans la zone de contact forêt-savane de la branche occidentale du
Vbaoulé que vivent les Gouro. Sans origine commune ni homogénéité cultu¬
relle, l'ethnie gouro procède surtout d'une solidarité issue des regroupements
imposés par l'administration coloniale. L'histoire précoloniale du peuplement
gouro est faite de migrations, alors qu'après la conquête, malgré de fortes
résistances, les villages doivent se regrouper et s'aligner au long des voies
de communication. Depuis 1950, avec les progrès rapides de l'économie de
plantation, ces mouvements se sont accélérés. En même temps, de nombreux
étrangers, Dioula, Baoulé et Mossi surtout, se sont installés dans le pays.
Après avoir montré que l'unité familiale correspondant au lignage ou
Goniwuo est la cellule de base de la société villageoise, l'auteur décrit l'éco¬
nomie de subsistance qui reposait traditionnellement sur la chasse, l'agri¬
culture, l'élevage, la cueillette et l'artisanat. Mais la chasse collective au
filet et l'élevage des bovins sont en voie de disparition. L'agriculture combine
l'exploitation rizicole en forêt et la culture de l'igname en savane, dans le
cadre de communautés agricoles façonnées sur le modèle du lignage et où
la répartition des tâches s'explique surtout dans une perspective sociale.
Il existe des formes occasionnelles d'organisation collective du travail, véri¬
tables bases d'une coopération villageoise. Entre les communautés lignagères,
aucun échange de type marchand n'a lieu, chacune se suffit matériellement
à elle-même. Pourtant, depuis longtemps, les Gouro utilisaient des produits
d'importation, car leur pays se trouve sur une des grandes routes d'échange
216 LES CAHIERS d'OUTRE-MER

entre pays de la savane et basse côte de « Bassam ». Par le biais de trocs


successifs, les Gouro pouvaient se procurer des produits précieux réservés au
règlement des rapports matrimoniaux, souvent en dehors de l'autorité des
chefs de lignage. A partir de 1906, commence une difficile conquête du pays.
Si l'implantation du commerce européen, la mobilisation de la main-d'œuvre,
l'impôt et les prestations en furent les séquelles, le développement de l'agri¬
culture commerciale est le fait essentiel. Café et cacao expliquent l'intensi¬
fication des échanges, l'apparition de la propriété foncière et l'éclatement des
structures traditionnelles.
Ainsi, du passé au présent, au long de pages agréables à lire, abondam¬
ment illustrées de croquis, cartes et photos, l'auteur évoque avec talent les
problèmes d'absorption par l'économie moderne d'une société traditionnelle.
C'est là une contribution essentielle à l'étude de l'évolution des sociétés
africaines.
Yves PÉHAUT.

Les populations du Nord Togo

Froelich (J.-C.), Alexandre (P.), Cornevin (R.): Les populations du Nord-Togo.


Institut International Africain : Monographies ethnologiques africaines.
P.U.F., 1963.
Le Nord Togo est habité par une mosaïque de peuples. C'est à l'étude
ethno-sociologique des principaux d'entre eux que sont consacrées une série
de monographies. Sont successivement étudiés les Kotokoli et les Bassari
de la région de Sokodé, les Kabré, les Lamba et les Naoudemba de Lama-
Kara, les Konkomba, Moba et Dye du Nord-Ouest, les populations nordiques
du Moyen-Togo et les minorités ethniques non voltaïques.
Inspirées par les recherches souvent inédites faites sur le terrain par
des non spécialistes, surtout des administrateurs, ces études essentiellement
descriptives et analytiques apportent des faits pris sur le vif. A l'occasion
de chaque peuple présenté, le point est fait des connaissances actuelles sur
ses origines, ses techniques économiques et son organisation sociale. Les
auteurs sont conscients de livrer ainsi une « matière mal dégrossie », mais
exempte d'idées préconçues, qui s'avérera précieuse pour les chercheurs spé¬
cialisés.
Yves PÉHAUT.

Imprimé en France dans les ateliers de l'Union Française d'Impression, BordeauxLe Gérant, Louis PAPY

Vous aimerez peut-être aussi