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Etude de cas

Madame T. a 40 ans. Elle est originaire de la région PACA et vient d’une fratrie de 3 enfants.
Elle a 2 sœurs plus âgées avec qui le lien est rompu. Elle a perdu son papa en 2012 d’un
cancer de la prostate. Elle est l’aidante principale de sa maman qui habite à 100 km de chez
elle et doit faire des allers-retours au moins 1 fois par semaine. Ses sœurs ne seraient pas
impliquées dans l’accompagnement de leur maman.

Madame T. travaille en tant qu’agent de Police.


Elle est mariée depuis 20 ans avec un agent de Police avec qui les horaires seraient décalés.
Elle a trois enfants de 17, 15 et 12 ans dont deux avec un trouble neurodéveloppemental.
L’ambiance à la maison peut être pesante avec les enfants pleins d’énergie et dont les points
de vue diffèrent énormément.

Malgré ces tensions, Madame T. qualifient comme ressources ses enfants et son mari.
Elle aurait une meilleure amie dans le Nord de la France et pas d’attache amicale depuis son
déménagement à Marseille.

Elle vient à la Consultation Post-Traumatique à la suite d’un conseil de son médecin


généraliste qui l’a mise en arrêt de travail pour burn out.
Elle trouve que son comportement a changé. Elle se sent dépassée de tout, elle dit être
constamment irritable.
Elle rapporte avoir arrêté la plupart des activités qu’elle appréciait comme le sport, pas
manque de motivation et elle a du mal à se lever le matin. Elle se sent épuisée chaque jour,
même en réduisant les activités de la journée.
Elle dit boire beaucoup parfois une bouteille par jour alors qu’elle consommait de l’alcool
seulement occasionnellement, dans les moments festifs.
Elle verbalise ne plus avoir envie de rien et s’est parfois posé la question de l’utilité de la vie
sans avoir essayé de passer à l’acte.
Le sommeil semble altéré par des difficultés d’endormissement et des réveils nocturnes avec
rumination et signes de stress (sudation, augmentation du rythme cardiaque).

Elle évoque spontanément son passé et son passage à Paris. Elle y habitait jusqu’en 2017 avec
son mari et ses enfants. Elle a dit avoir été touchée par les attentats de 2015 avec une peur
pour elle et ses enfants. En 2016, la famille s’installe donc à une 60aine de kilomètres de la
capitale, pour prendre de la distance.

Dans l’interrogatoire des antécédents, elle évoque plusieurs situations en lien avec son
travail :

- 2023 : personne en garde à vue qui se taillade les veines, vue du sang, pense qu’il va
mourir. La hiérarchie s’interroge sur sa responsabilité.
- 2021 : intervention sur un accident de la voie publique entre un camion et un 2 roues
avec une mère et sa fille qui sont décédées sur le coup.
- 2019 : suicide d’un collègue.
- 2016 : attentats Nice s’est effondrée en apprenant cette situation, devait participer à ce
feu d’artifice.
- 2015 (13 novembre) : était en poste au PC sécurité à Paris pour la coordination des
effectifs. Il s’agit d’une salle avec pleins d’écrans. Soudainement elle voit des images
de caméras du Bataclan avec des assaillants tirer sur les civils ainsi que les flashs
lumineux au moment des tirs.

- 2015 (janvier) : Charlie Hebdo – son équipe se charge de la sécurisation du périmètre.


Un collègue est décédé et un autre est blessé au pied par un éclat de balle de kalash.

De nombreuses aux situations sont listées sans être détaillées. Avant novembre 2015,
Madame T. disait gérer les interventions sur lesquelles son équipe était appelée, même s’il
s’agissait de « Delta Charlie Delta ».

Elle exprime voir un avant et un après attentat sans pour autant avoir voulu consulter jusqu’à
fin 2023, pensant qu’en partant de Paris, cela permettrait de couper avec cette insécurité et ce
sentiment de danger perpétuel.
Depuis l’humeur se dégrade avec des pics de colère avec ses enfants (l’intensité l’inquiète), de
l’anxiété très importante et de la tristesse.
De nombreuses pensées intrusives sont présentes du type :
- Culpabilité : « Je m’en veux »
- Ruminations sur le travail : « on ne souvient pas, on n’est que des matricules », « je
suis considérée comme de la merde »
- Confiance en soi : « Je suis la plus faible »
Malgré le changement de poste et de région, le sentiment de danger durant son exercice
professionnel se maintient. L’insécurité pour elle et sa famille est également présente et
envahie sa vie personnelle. En effet, Madame T. limite les sorties en famille pour éviter le
risque d’agression / de situations de stress.
A chaque situation difficile au travail ou d’informations vues/lues dans les médias, Madame T.
décrit des reviviscences en ressentant les mêmes émotions et sensations corporelles qu’en
novembre 2015. Les images intrusives de l’assaillant sont également présentes
quotidiennement.

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